Sommaire À pleines pages - TétrasLireçais, on choisit le mot « génie » pour traduire djinn....

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2 p. 74 MATHÉMAGIE Un tour de magie de Dominique Souder p. 78 LA PETITE FABRIQUE Une délicieuse recette de pain oriental p. 64 TÉTRAS-DÉLIRE p. 54 L’AS-TU LU ? L’AS-TU BIEN LU ? p. 58 DIS-M’EN PLUS Ton dossier pour tout savoir sur Bagdad au temps des Mille et Une Nuits. p. 3 À PLEINES PAGES La Huitième Nuit et celles qui suivent Des histoires tirées des Mille et Une Nuits d’Antoine Galland. La nuit est là et l’aube est encore loin. Alors, de sa voix d’or, Schéhérazade commence pour son sultan un nouveau conte. P. 88 LIRE ET SORTIR Des pistes de lecture pour aller plus loin, des idées de sorties pour de nouvelles découvertes. p. 82 DU MONDE ENTIER LE CHAMP DU DJINN Un conte du Niger illustré par Stéphanie Augusseau À pleines pages La Huitième Nuit et celles qui suivent extraits choisis des Mille et Une Nuits d’Antoine Galland illustrés par Clémence Meynet Sommaire

Transcript of Sommaire À pleines pages - TétrasLireçais, on choisit le mot « génie » pour traduire djinn....

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p. 74MATHÉMAGIEUn tour de magie de Dominique Souder

p. 78LA PETITE FABRIQUEUne délicieuse recette de pain oriental

p. 64TÉTRAS-DÉLIRE

p. 54L’AS-TU LU ? L’AS-TU BIEN LU ?

p. 58 DIS-M’EN PLUS

Ton dossier pour tout savoir sur Bagdad au temps des Mille et Une Nuits.

p. 3À PLEINES PAGESLa Huitième Nuit et celles qui suivent

Des histoires tirées des Mille et Une Nuits d’Antoine Galland.La nuit est là et l’aube est encore loin. Alors, de sa voix d’or, Schéhérazade commence pour son sultan un nouveau conte.

P. 88 LIRE ET SORTIRDes pistes de lecture pour aller plus loin, des idées de sorties pour de nouvelles découvertes.

p. 82DU MONDE ENTIERLE CHAMP DU DJINN

Un conte du Niger illustré par Stéphanie Augusseau

À pleines pages

La Huitième Nuit et celles qui suiventextraits choisis des Mille et Une Nuits

d’Antoine Gallandillustrés par Clémence Meynet

Sommaire

Un savant reconnuRien ne prédisposait Antoine Galland à devenir un écrivain. Après de brillantes études du-rant lesquelles il apprend le grec ancien, le latin et l’hébreu, il devient, à l’âge de 25 ans, secrétaire de l’ambassadeur de France à Constantinople. Il com-mence une série de voyages qui le mènent de l’Asie Mineure (actuelle Turquie) jusqu’en Syrie et en Palestine. Il achète sur son passage des médailles et des manuscrits anciens, grecs, persans et arabes, pour lesquels il se passionne. Il met aussi à pro-fit ses voyages pour apprendre les langues arabe et persane, et pour étudier la civilisation otto-mane. À son retour en France, il est nommé antiquaire du roi, chargé de veiller sur les trésors qu’il a rapportés de son périple.

Traducteur ou écrivain ?En 1701, Antoine Galland est un savant couvert d’honneurs. Il se fait envoyer par des amis sy-riens un manuscrit arabe dont il commence la traduction. Ce sont des contes d’origine persane, qui lui fourniront les 282 premières nuits de ses Mille et Une Nuits. Ce premier volume connaît aussitôt un succès immense. Les contes de fées sont à la mode et les génies, les lampes magiques et les tapis volants séduisent les lecteurs français. Pressé par son éditeur, Antoine Galland poursuit ses traductions pour compléter les Nuits, mais arrive bientôt à cours de manuscrits. Il rencontre alors Hanna Diab, originaire d’Alep, en séjour à Paris. Le jeune homme raconte au savant des contes de son pays, dont Antoine Galland s’inspire pour écrire 7 longues histoires, parmi lesquelles celles d’Aladdin, de Sindbab le Marin ou d’Ali Baba. Antoine Galland devient ainsi écrivain autant que traducteur.

Du même auteurtu peux lire :

Les contes des Mille et Une Nuits ne sont pas tous pour les enfants… mais il existe de nombreuses éditions jeunesse dans lesquelles tu peux puiser avec bonheur. Le Tétras te donne quelques pistes p. 90 !

L’AUTEURAntoine Galland

Les Mille et Une Nuits

L’ŒUVRE

Le compte est-il bon ?Y a-t-il vraiment 1001 récits dans les Mille et Une Nuits ? Non ! De nombreux contes occupent plusieurs nuits et sont simplement découpés, comme des feuilletons, pour laisser le récit en suspens à un moment crucial.

À pleines pages

né en 1646, mort en 1715

nombreux contes orientaux

La plupart des œuvres d’Antoine Galland sont des écrits sa-vants sur les civilisations orientales. Mais ce sont les Mille et Une Nuits qui ont fait

sa renommée.

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L’encyclopédie des contesLes Mille et Une Nuits regroupent des contes d’origine in-dienne, persane, turque et arabe. Ces histoires ont longtemps été transmises à l’oral par des conteurs, qui faisaient l’ani-mation dans les cafés ou les jardins, à Bagdad, à Damas ou au Caire. Vers le XIIIe siècle, des copistes ont commencé à les mettre par écrit et à les rassembler en recueil, en créant des contes enchâssés, c’est-à-dire emboîtés les uns dans les autres comme des poupées russes. Dans la version d’Antoine Galland, tous les contes sont rangés dans la grande « boîte » de l’histoire de Schéhérazade. Femme instruite, sûre de ses talents, elle brave le destin en se proposant elle-même pour épouse du roi Schahriar. Elle sait qu’elle est capable de briser la terrible vengeance du roi par ses récits. Fidèle à la tradition persane et arabe, elle propose au sultan à la fois des histoires exemplaires donnant à réfléchir, et des contes d’agrément à écouter pour le plaisir. Mais l’art de Schéhérazade lui permet surtout de rendre ses récits captivants et de tenir son mari en haleine jusqu’à ce que sa colère contre les femmes soit complètement apaisée.

Sauvé par le conte ! Schéhérazade n’est pas la seule à devoir la vie à ses contes. Dès les premières nuits, elle raconte l’histoire de Kurafa, sauvé par les récits de trois voyageurs. Le pêcheur de la Huitième Nuit est lui aussi en danger de mort et sans autre moyen de défense que son imagination. À l’exemple de Schéhérazade, les vrais héros des Mille et Une Nuits sont les conteurs. En prenant la parole, ils prennent le pouvoir. L’un après l’autre, tous les contes redisent cette vérité : une histoire peut vous sauver la vie ! Contre la tyrannie des princes, contre l’arbitraire des puissants, contre les esprits maléfiques, contre le déchaînement des éléments se dresse la littérature, qui fait tourner le monde. 54

France

« Ma chère sœur, s’écria Dinarzade, si vous ne dormez pas, je vous supplie en attendant le jour, qui paraîtra bientôt, de me raconter un de ces contes agréables que vous savez. »

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Le génie et le pêcheur

Le sultan Schahriar régnait avec justice sur son peuple. Un jour, il partit en voyage, mais à son retour, il apprit que sa femme avait profité de son absence pour le

tromper avec un esclave. Fou de colère, le sultan décida de se marier chaque jour avec une jeune fille qu’il ferait exécuter le lendemain matin, afin d’être sûr désormais qu’aucune femme ne le tromperait plus. Après un an de ce terrible régime, le peuple désespéré avait vu mourir un grand nombre de ses jeunes filles.

Schéhérazade, la fille du grand Vizir, décida alors de faire cesser la malédiction. Elle persuada son père de la marier au sultan Schahriar. Avant de se coucher pour la seule nuit qu’elle devait passer avec le sultan, elle lui demanda comme dernière grâce de garder sa sœur Dinarzade auprès d’elle. Peu avant l’aube, Dinarzade s’éveilla et demanda à Schéhérazade un conte en attendant le jour. La jeune femme enta-ma alors un récit passionnant qu’elle interrompit au matin. Le sultan, qui brûlait de connaître la suite du conte, lui laissa la vie sauve un jour de plus. La nuit venue, Schéhérazade poursuivit son conte, en prenant bien soin de commencer avant l’aube une nouvelle histoire qu’elle laissa en suspens. Le stratégème fonctionnait depuis sept nuits déjà…

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« Sire, ajouta Schéhérazade, quelque beaux que soient les contes que j’ai racontés jusqu’ici à votre Majesté, ils n’approchent pas de celui du pêcheur. »

Dinarzade, voyant que la sultane s’arrêtait, lui dit :

« Ma sœur, puisqu’il nous reste encore du temps, de grâce, racontez-nous l’histoire de ce pêcheur ; le sultan le voudra bien. »

Schahriar y consentit, et Schéhérazade, reprenant son discours, le poursuivit de cette manière :

«Sire, il y avait autrefois un pêcheur fort âgé et si pauvre, qu’à peine pouvait-il gagner de quoi faire subsister sa femme et trois enfants, dont

sa famille était composée. Il allait tous les jours à la pêche de grand matin ; et chaque jour, il s’était fait une loi de ne jeter ses filets que quatre fois seulement.

Il partit un matin au clair de la lune, et se rendit au bord de la mer. Il se déshabilla, et jeta ses filets. Comme il les tirait vers le rivage, il sentit d’abord de la résistance ; il crut avoir fait une bonne pêche, et s’en réjouissait déjà en lui-même. Mais un moment après, s’apercevant qu’au lieu de poisson il n’y avait dans ses filets que la carcasse d’un âne, il en eut beaucoup de chagrin.

Se faire une loi : s’obliger à quelque chose.

Carcasse : squelette.

Récit de Schéhérazade Histoire du pêcheur

et du génie

Les Mille et Une Nuits regroupent des contes d’origine indienne, persane et arabe. Ces récits reposent aussi sur un héritage venu de l’Antiquité grecque et romaine. Certains contes sont très anciens, d’autres plus

récents s’yajoutent progressive-ment. Au XIIIe siècle, les contes commencent à être regrou-pés en recueil et copiés. C’est l’époque où les Mongols, venus des steppes d’Asie centrale, ravagent Bagdad et menacent la domination du califat. Sous leur influence, les contes s’en-richissent encore de nouvelles histoires turques et indiennes.

L’Orient des Mille et Une Nuits est une mosaïque culturelle où se croisent des influences multiples, qui font la richesse de son art et de sa littérature.

Dans les cultures persane et arabe, le jardin est par excellence le lieu de la détente. Les villes s’organisent autour de jardins. Dans la maison, ce sont les tapis qui représentent un jardin stylisé, orné de motifs végétaux et peuplé d’animaux.

D’abord objet de luxe réservé aux princes, le tapis devient peu à peu dans le monde arabe un objet de la vie quotidienne, un espace personnel dédié au repos, à la rêverie, ou à la prière.

Sur son tapis, le rêveur fait un voyage immobile par la seule force de son imagination. Les conteurs orientaux ont créé l’objet magique du tapis volant, qui permet d’extraordinaires voyages imaginaires.

Du rêve tissé dans le tapis…

Raconter pour distraire ou pour instruire ?

Illustration de Léon Carré pour Les Mille et Une Nuits. Les bassins et les fleurs sont des éléments essentiels des jardins au Moyen-Orient. Ils apportent la fraîcheur nécessaire au repos dans ces pays chauds.

Les fables indiennes de Kalila et Dimna sont destinées à instruire les souverains par l’exemple de deux chacals, l’un sage et l’autre perfide.

Une mosaïque culturelle

Les contes occupent une place à part dans la littérature orien-tale. Ils ne sont pas considé-rés comme des textes nobles, par opposition à la poésie. Ils se distinguent aussi des fables qui ont une morale et doivent servir à l’instruction des princes. La littérature persane regorge de ces courts récits qui sont autant d’exemples à suivre ou au contraire à éviter pour bien gouverner.

Les contes des Mille et Une Nuits sont quant à eux des « contes à dormir debout », pleins d’objets magiques et d’événements merveilleux, d’abord destinés à divertir l’auditoire. Longtemps considé-rés comme des récits vulgaires, ils gagnèrent finalement une place de choix dans la littéra-ture orientale grâce au succès immense qu’ils remportèrent en Europe à partir du XVIIIe siècle.

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Le Livre des rois du poète Ferdowsi raconte l'épopée persane avant la naissance de l'islam.

Dans la culture musulmane, les djinns sont des esprits tan-tôt bienfaisants, tantôt malfai-sants. Ils peuvent prendre dif-férentes apparences, et vivent près des cours d’eau, dans les bois sombres ou dans les airs. Les hommes doivent se méfier des djinns, à qui ils ne peuvent faire confiance.

Quand on commença à traduire les contes orientaux en fran-çais, on choisit le mot « génie » pour traduire djinn. Jusqu’alors, on utilisait le mot génie pour désigner une sorte d’ange gar-dien, inspirant aux hommes de bonnes actions (bon génie) ou au contraire de sombres pensées (mauvais génie). Le génie des contes orientaux ressemble davantage aux fées, mages et sorcières qui peuplent

les contes de Charles Perrault ou des frères Grimm.

La mode du merveilleuxQuand les premières traduc-tions de contes orientaux sont publiées en France, la mode est au merveilleux. Dans les salons à la mode comme à la cour des rois de France, on passe des soirées à écouter des contes de fées, des histoires d’esprits et des récits fantastiques. Les contes orientaux, avec leurs djinns et leurs objets magiques sont donc tout à fait au goût du jour. Cette mode du merveil-leux et de l’exotisme oriental dure longtemps. Pendant tout le XIXe siècle, artistes et écrivains continuent de se laisser inspirer par les djinns.

La mode des contes arabes au XVIIIe siècle se diffuse rapidement dans les arts. Tissus ottomans, motifs orientaux et décors à la turque sont repris par les artistes pour mettre les garde-robes et les salons de la noblesse au goût du jour. C’est aussi l’époque où les fêtes et les spectacles orientaux se

multiplient, pour l’amusement de la cour.

En 1888, le compositeur russe Rimski-Korsakov compose Shéhérazade.

Ce poème symphonique est adapté en 1910 pour les ballets russes. Léon Bakst crée des costumes éblouissants, qui soulignent la splendeur et l’exotisme de l’Orient tel qu’on peut l’imaginer en lisant les Mille et Une Nuits.

En 1926, avec des papiers découpés, Lotte Reiniger crée un dessin animé de 65 minutes, le tout premier de l’histoire du cinéma. Pendant 3 ans, Lotte Reiniger fabrique une à une les 300 000 images de ce conte fabuleux, tout en dentelles de papier.

les « turqueries »

Shéhérazade et les ballets russes

Les aventures du

prince Ahmed

La postérité des Mille et Une Nuits

Qu’est-ce qu’un génie ?

Djinns et génies de l’Orient à l’Occident

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LES MOTS CROISÉS DE SCHÉHÉRAZADE

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LE SCEAU DU ROI

UNE LETTRE EN PLUS

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1. Homme de confiance du roi.

2. Les pages du livre en sont imbibées.

3. Il y en a 1001.

4. Pays où se passe l’histoire.

5. Il y en a de bons et de mauvais.

6. Terme de chasse à courre.

7. Le pêcheur n’en a pas.

8. Nom du médecin du roi.

9. Synonyme de roi.

10. Ministre en Orient.

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1. Avant deux.

2. D’une seule couleur.

3. Contraire de jour.

4. Capitale de la Tunisie.

5. Petits êtres imaginaires vivant dans les forêts.

6. Participe présent du verbe luire.

7. Ville de Turquie qui s’est appelée Byzance puis Constantinople.

CONSIGNE

Le roi Salomon a perdu son anneau légendaire, qui lui permet de commander

aux Djinns et de parler aux animaux. Sauras-tu le retrouver parmi les faux

sceaux.

S

Mon sceau est uniquement

fait à partir de multiples de 3.

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Il y avait un terrain que personne n’avait jamais osé défricher, car

on disait qu’il appartenait à un djinn. Or voici qu’un homme moins craintif que les autres décida d’y planter du grain. Il y apporta ses outils et se mit au travail.

Soudain, une voix terrible fit trembler la terre : — Qui défriche ainsi mon champ ?— C’est moi ! Le terrain est bon, je veux y planter du grain. — Qui t’y a autorisé ?— Personne.— Aidez-le ! ordonna le djinn. Aussitôt surgirent cent serviteurs qui travaillèrent avec le paysan toute la journée. Au soir, le terrain était défriché.

Le champ du djinnconte du Niger