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L'ACTION CATHOLIQUE OUVRIERE VOLUME VII, No 2 FEVRIER 1957 SOMMAIRE Le pèlerinage mondial à Rome — Mgr Joseph Cardijn, P.D. 42 Regards sur une paroisse ouvrière R.P. Gaston Morissette, o.m.i. 53 Excellent travail de la J.O.C. de St-Jean 66 Vie des mouvements — J.O.C. Regard sur la visite au Canada du fondateur de la J.O.C. mondiale 73 Vie des mouvements — L.O.C. Ste-Anne-de-la-Pocatière 78 Journées d'Etudes des aumôniers diocésains 78 Conseil National de novembre 79 Valleyfield 80 Montréal 80 Visite du Provincial des Oblats 81 Journées d'Etudes des propagandistes 81 M. l'abbé Henri Giguère, nommé à l'hôpital S.-François d'Assise 82 "L'Action Catholique Ouvrière" est publiée sous la responsabilité des Aumôniers nationaux et diocésains de la J.O.C. et de la L.O.C. Avec autorisation de l'Ordinaire. Rédaction et Administration: 1001, rue St-Denis, Montréal 18, P.Q. Canada Conditions d'abonnement (de janvier à décembre) Abonnement régulier : $2.00 — Pour les Séminaristes : $1.50 Le numéro : 0.25

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L'ACTION CATHOLIQUE OUVRIERE VOLUME VII, No 2 FEVRIER 1957

S O M M A I R E

Le pèlerinage mondial à Rome — Mgr Joseph Cardijn, P.D. 42

Regards sur une paroisse ouvrière

R.P. Gaston Morissette, o.m.i. 53

Excellent travail de la J.O.C. de St-Jean 66

Vie des mouvements — J.O.C. Regard sur la visite au Canada du fondateur de la

J.O.C. mondiale 73

Vie des mouvements — L.O.C.

Ste-Anne-de-la-Pocatière 78

Journées d'Etudes des aumôniers diocésains 78

Conseil National de novembre 79

Valleyfield 80

Montréal 80

Visite du Provincial des Oblats 81

Journées d'Etudes des propagandistes 81

M. l'abbé Henri Giguère, nommé à l'hôpital S.-François d'Assise 82

"L'Action Catholique Ouvrière" est publiée sous la responsabilité des Aumôniers nationaux et diocésains de la J.O.C. et de la L.O.C.

Avec autorisation de l'Ordinaire. Rédaction et Administration: 1001, rue St-Denis, Montréal 18, P.Q. Canada Conditions d'abonnement (de janvier à décembre)

Abonnement régulier : $2.00 — Pour les Séminaristes : $1.50 Le numéro : 0.25

LE PELERINAGE MONDIAL A RDME par Mgr Joseph CARDIJN, P.D.

A l'occasion de la visite de Mgr Cardijn au Canada, il s'est tenu à Toronto, du 27 au 29 décembre dernier, une première rencontre nord-américaine de la J.O.C. Les trois équipes natio­nales, celle de la J.O.C. Américaine, celle de la J.O.C. Cana­dienne de langue anglaise et celle de la J.O.C. canadienne de langue française étaient présentes. Parmi les aumôniers qui assis­taient à ces journées d'étude, on remarquait Mgr Reynold Hillenbrandt, aumônier national de la J.O.C. américaine, le R.P. William Power de la J.O.C. canadienne de langue anglaise, le R.P. P.-E. Pelletier, o.m.i. aumônier national de la J.O.C. canadienne-française ainsi que le R.P. Louis Raby, o.m.i. son assistant.

Le but de cette rencontre était de préparer le grand pèle­rinage de toutes les J.O.C. du monde à Rome et le premier conseil international de la J.O.C. qui se tiendra au lendemain du Congrès.

La pièce maîtresse de la rencontre fut la conférence de Mgr Cardijn sur le sens et les buts du pèlerinage. Voici le texte de cette conférence :

Monseigneur l . Révérends Pères et Aumôniers, et très chers délégués,

C'est pour moi une bien grande grâce que de pouvoir prendre part à cette première rencontre des délégués de l'Amérique du Nord et je remercie le bon Dieu de cette faveur. Je suis tellement heureux de vous rencontrer, de vous remercier et de vous dire que je compte sur chacun de vous pour le pèlerinage à Rome et pour l'extension du mouvement en Amérique du Nord.

Nous avons fait le tour de i'Afrique, de l'Amérique du Sud, de l'Amérique Centrale. Nous avons été à New-York, Brooklyn, Washing-

1. Mgr Reynold Hillenbrandt, P.D. de Chicago, aumônier national de la J.O.C. américaine.

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ton, puis au Canada-français et maintenant au Canada-anglais. Nous avons déjà tenu trois rencontres continentales : Une en Afrique, à Douala, au Cameroun, avec des délégués noirs, des jeunes gens et des jeunes filles, des missionnaires et aumôniers de 16 pays de l'Afrique noire, depuis le Sénégal jusqu'à l'Afrique du Sud, du 12 au 20 sep­tembre 1956. Rencontre très importante : pour la première fois la J.O.C. se coordonne entre ces 16 pays.

La seconde rencontre a eu lieu à Santiago du Chi i, réunissant 11 pays d'Amérique du Sud et un observateur de Cuba. Toute l'Amé­rique du Sud était représentée. Et cela, pour la première fois.

La troisième rencontre a eu lieu à San José de Costa-Rica. 8 pays de l'Amérique Centrale et de la mer des Caraïbes.

Et voici maintenant la quatrième rencontre de cette tournée. J 'ai conscience qu'elle sera la plus importante à cause de l'importance même de l'Amérique du Nord. Tous les yeux sont tournés vers les Etats-Unis et le Canada d'où le monde attend son relèvement écono­mique. Même Rome, au temps des débuts du christianisme, n'a pas eu une mission aussi grande que le Canada et les Etats-Unis dans notre monde économique actuel. Et voilà pourquoi nous attachons une importance tellement grande à la J.O.C. des Etats-Unis, à celles du Canada-français et du Canada-anglais.

Je suis heureux maintenant de vous parler de cette réalisation, la plus importante de la J.O.C. : cette première rencontre mondiale à Rome.

I — EMPORTANCE D r PELERINAGE

D'abord il faut que nous comprenions tous, et que par nous, nos dirigeants fédéraux et locaux comprennent et soient pénétrés de l'im­portance de cette réalisation pour la J O C . elle-même. C'est le cou­ronnement du travail de 40 années et le déclanchement d'une nouvelle J.O.C. qui sera vraiment et totalement internationale. Ce sera la réali­sation du rêve de ma vie. Et alors, je pourrai dire comme le vieillard Siméon : « Nunc dimittis... vous pouvez maintenant laisser partir votre serviteur, Seigneur... »

Il y aura, présents, des délégués de tous les peuples, qui s'enga­geront là à répandre le règne du Christ, le règne de sa justice et de sa charité dans le monde.

Ce pèlerinage sera important pour la J.O.C. elle-même, mais il sera aussi une réponse aux besoins les plus pressants du monde dans lequel nous entrons.

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1. Cro i s sance r a p i d e de la p o p u l a t i o n et industr ia l i sat ion

Aujourd'hui, avec une rapidité vertigineuse, le nombre de jeunes travailleurs et de jeunes travailleuses augmente, non seulement dans la race blanche, mais dans les races de couleur, dans tous les pays et dans tous les continents. Nous devons y réfléchir. Le nombre des jeunes travailleurs augmente, non seulement en Amérique, non seulement en Europe, mais il augmente en Afrique, en Australie, en Asie, dans tous les continents et dans toutes les races de la terre.

La population du monde augmente avec une rapidité effrayante. Ça ne s'est jamais vu dans l 'humanité, car autrefois les famines, les guerres, les épidémies empêchaient un tel accroissement de la popu­lation. Elle augmente beaucoup plus rapidement qu'auparavant: chaque année, 30.000,000 en plus — la plupart venant des pays sous-développés. En dix ans. la population du monde augmente plus que depuis la création jusqu'au temps de Notre-Seigneur, plus qu'autrefois en un siècle auparavant. Et en un siècle, aujourd'hui, elle augmente plus que depuis la création du monde jusqu'à nos jours.

La population du monde est de 2,600, millions d'hommes — sur ce nombre 450,000.000 de catholiques. Chaque année, un à deux millions de catholiques de plus, mais aussi des millions et des millions de païens en plus. Problème missionnaire formidable !

A cause de l'extension rapide de la technique, l'Afrique est en train de devenir, d'une région de forêts-vierges, le continent le plus industriel du monde. 100,000 travailleurs noirs dans une seule entre­prise. parfois !

A cause du progrès, du développement économique rapide, chaque année des dizaines de millions de travailleurs en plus. Et quand on songe que la durée moyenne de la vie dans le monde se si ue entre 25 et 30 ans... : ce sont des jeunes qui pour !a première fois de leur vie entrent au travail. Nous devons réfléchir à ce problème. Le monde d'aujourd'hui a besoin de comprendre la dignité des travailleurs, c'est tout l'avenir de l'Eglise qui est en jeu.

2 . Contras te entre q u e l q u e s p a y s r iches et le grand nombre d e s p a y s p a u v r e s

Il y a aussi un deuxième problème. Pas seulement l'accroissement de la population de; travailleurs du monde entier, mais surtout ce contraste qui existe aujourd'hui entre que'ques pays riches et le grand nombre des pays pauvres, le contraste entre le niveau de vie de la jeunesse travailleuse des Etats-Unis, du Canada, de l'Europe Occi­dentale, et celui de la jeunesse travailleuse des pays sous-développés d'Asie, d'Afrique et d'Amérique Latine.

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Pour les trois-quarts, même les quatre-cinquièmes de tous ces travailleurs, un nouveau prolétariat est né. Pour tous ces travailleurs : il y a manque de nourriture, d'habitation, de soins pour la santé, surtout déficience au point de vue enseignement et éducation.

Ce contraste apparaît véritablement aujourd'hui comme une monstruosité, une injustice qui crie vengeance au ciel. Problème for­midable que celui de tous ces peuples qui, pour la première fois, prennent conscience du contraste qui existe entre la race blanche et les autres races du monde. Aujourd'hui la mass*" voit ce contraste, la masse le sait, à cause de la radio, de la télévision, des journaux, des rencontres internationales de plus en plus nombreuses auxquelles ils participent et au cours desquelles i.s entrent en contact avec les autres pays du monde.

400,000.000 de personnes meurent de faim... La moitié des enfants sont mort-nés parce que la maman n'a pas un peu de riz à s'offrir chaque jour. 80% n'ont pas d'école, ne savent ni lire, ni écrire.

Mais ils savent tous le contraste qui existe entre la race blanche et les autres races, entre le niveau de la vie des pays riches et leur niveau de vie : on les appelle sous-développés et ils le savent ! En eux monte une aspiration irrésistible : « Ça doit cesser ! se disent-ils, Nous devons nous relever, nous devons participer aux progrès sociaux, moraux, culturels, spirituels de l'ensemble de l'humanité ! »

3 . Sens de la responsabi l i t é in ternat iona le

Dans tous ces pays, les communistes excitent 'a population. Ils leur disent : « Si vous êtes dans cette situation inférieure, c'est à cause de la race blanche, qui ne vous donne pas la chance de partager ces progrès. » Ils leur dirent aussi : « Il n'y a que les communistes qui puissent faire disparaître ce contraste et relever votre niveau de vie ».

C'est aujourd'hui le plus grand danger pour le christianisme, pour l'Eglise, le plus grand danger en Afrique, en Amérique Latine, en Asie et dans tous es grands pays du monde qui seront perdus pour l'Eglise, et sans qui l'Eglise sera aussi perdue, si on ne fait pas dis­paraître au plus tôt cette différence énorme qui existe entre les races, entre les niveaux de vie quelques pays riches et des autres pays de la terre.

Et c'est là le but de la J.O.C. internationale. Nous devons beau­coup réfléchir sur la nécessité d'une J.O.C. internationale qui unisse 1ns jeunes travaileurs des pays riches aux centaines de millions de travailleurs des pays pauvres. Ils doivent sentir que nous voulons aider à leur relèvement matériel, culturel, à leur relèvement spirituel surtout. No r devons leur donner une réponse chrétienne : réponse positive et construe live, qui seule peut lutter contre le communisme.

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Ils doivent sentir qu'on les aime, ils doivent sentir qu'on les res­pecte, qu'ils ne sont pas des instruments, des animaux. Ils doivent découvrir qu'ils ont une vocation divine. Nous devons leur donner cette éducation par cette grande union internationale de toutes les races : blanche, jaune, noire... Par cette union de tous les continents, cette solidarité entre tous les pays, même ceux qui sont encore loin de l'Eglise, comme l'Inde, la Chine et ces autres pays où l'Eglise n'a pas pénétré, ou n'a pas encore suffisamment pénétré, mais où la J.O.C. internationale est déjà au travail. Dans 75 pays du monde : en Afri­que, en Asie, en Amérique Latine, la J.O.C. est là pour unir tous les jeunes travailleurs dans l'Eglise, pour répandre la justice interna­tionale.

Par l'union, et la collaboration, elle veut aider à former une humanité toute entière unie au Christ, une humanité qui comprend que le Christ est né pour tous les hommes et pour tous les peuples de la terre.

Plus de 2,000,000,000 d'hommes pour qui il n'est pas né et qui attendent encore la venue du Christ ! Nous devons aller faire entendre ce message qui doit être entendu de tous, ce message qui les trans­portera de joie, qui associera dans un grand mouvement d'entraide internationale 'a jeunesse nouvelle que nous voulons construire pour l'édification d'un monde nouveau.

Le pèlerinage international, le rassemblement international à Rome est donc une réponse à l'appel du St-Père Depuis plus de 30 ans, chaque fois que je vois le St-Père, il me demande : « Quand amènerez-vous à Rome tous les jeunes travailleurs du monde ? »..

Le pèlerinage va répondre aux aspirations des jeunes travail'eurs de s'unir, de s'entraider pour sortir de la situation indigne où sont plongés, les neuf-dixièmes des jeunes travailleurs du monde !

Le rassemblement de Rome ne sera pas un voyage de plaisir, ni une dépense de luxe pour les jeunes travailleurs. Il ne sera pas un voyage de vacances pour voir de belles choses. Les jeunes travail'eurs n'iront pas à Rome en touristes... Ceux qui veulent venir à Rome dans cet esprit-là n'ont qu'à rester à la maison !

30,000 ieunes travailleurs et ieunes travailleuses de tous les pays du monde, de toutes les races de la terre, de tous les continents et de toutes les couleurs, pour la première fois dans l'histoire du monde se rencontreront à Rome dans un esprit apostolique et missionnaire... Représentants des jeunes travailleurs du Japon, de l'Inde, de l'Asie, de l'Australie, de l'Afrique, de l'Amérique Latine... et aussi représen­tants des jeunes travailleurs des pays riches, qui par leur présence, par leur esprit d'amitié et de fraternité prouveront au monde l'union entre tous les jeunes travailleurs de la terre, la force de leur union et de la fraternité entre les races.

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Le rassemblement à Rome est donc d'abord une rencontre de tous les délégués des jeunes travailleurs de tous les pays du monde.

II — LES BUTS DU RASSEMBLEMENT MONDIAL

Le rassemblement à Rome a un quadruple but :

1. U n t é m o i g n a g e publ ic de fraterni té m o n d i a l e

Le ra-semb'ement sera diffusé au monde entier. Par la radio, par la télévision, par la presse, on saura partout que trente mille délégués des jeunes travailleurs de tous les pay.; sont réunis sur la Place St-Pierre, et dans la basilique St-Pierre, pour faire comprendre au monde qui les verra, qui les regardera, qui les écoutera, les besoins des jeunes travai leurs : et pour s'engager ensemble afin de trouver et d'apporter, dans toutes ces contrés, la réponse à ces besoins.

2. Le Conseil Internat ional de la J .O.C.

Le rassemblement à Rome sera aussi l'occasion du premier Conseil International de la J O.C où la J.O.C. internationale, pour la pre­mière fois, va élire, par les représentants de tous les pays du monde, ceux qui la dirigeront.

Jusqu'à présent, la T O C est internationale parce qu'elle est diffu­sée dans tous les pays du monde, parce qu'i; y a unanimité dans son programme, dans ses buts. Mais, c'est l'Europe, pour une grande part, qui jusqu'ici a eu le Gouvernement de la T O.C. internationale, quoique deux représentants des Etats-Unis, un du Brésil et une du Chili en fassent partie, et que l'Afrique ait aussi apporté sa coopération.

Pour la première fois la J.O.C. internationale, dans un premier Conseil international, réunira des délégués de 75 pays du monde, qui se choisiront un président international, une présidente internationale, un Bureau International dans lequel siégeront des représentants de l'Afrique, de l'Asie, de l'Europe et de tous les continents. Et pour la première fois, le programme et les statuts de la J.O.C. seront approu­vés, non seulement par un petit Bureau dont les membres sont Euro­péens. mais par un conseil où les porte-paxoles de l'Afrique et de l'Asie auront autant de poids que ceux d'Europe et d'Amérique.

Far là, nous montrerons au monde que nous savons édifier un mouvement dans a compréhension mutuelle et la démocratie véritable parc" q_ie nous avons une même foi, une même confiance aux possi­bilités de tous les travailleurs quelle que soit leur race ou leur couleur ;

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parce que nous croyons que tous les travailleurs sont des fils de Dieu avant une même dignité, et les mêmes droits de partager les progrès du monde.

Par ce premier rassemblement à Rome, la J .O C. in ternat ional répondra à la volonté du Pape qui a voulu ces statuts internationaux et ce Conseil international.

Il faut que ce conseil apparaisse à la face du monde pour prouver qu'il est possible à tous les peuples de la terre d'être sur un même pied que les peuples riches, et qu'une co'laboration organisée est pos­sible entre tous.

3. Un pèlerinage et un engagement apostolique

En troisième lieu, cette rencontre sera un pèlerinage, dans tous les aspects du voyage et de la rencontre.

Les délégués iront à Rome pour demander aux premiers martyrs et aux premiers chrétiens, la foi et la volonté du sacrifice suprême pour l'Eglise et les jeunes travailleurs. Ils demanderont 'e courage et la volonté nécessaires contre les persécutions. Il y a aujourd'hui plus de martyrs qu'au temps de Néron... La J.O.C. internationale ira de­mander le courage nére-saire pour porter la foi, malgré toutes les difficultés que présente notre monde présent.

4. Bénédiction et directives du St-Père

Le quatrième point est. je dirais, ]e plus important. Les délégués de la T O C internationale iront recevoir la béné­

diction du St-Père. Ils iront recevoir les directives du Chef suprême de la Hiérarchie qui donnera ses directives pour une justice inter­nationale qui tienne compte des besoins et des droits des jeunes travail­leurs. Le St-Père parlera et il donnera des directives pour qu'une éducation plus généralisée soit donnée à la jeunesse travailleuse du monde pour qu'elle puisse se relever. Et elle le sera, non par des belles paroles et des déclarations, mais par des actes.

Le St-Père parlera. Et c'est cette volonté du St-Père, connue par tous les pays du monde, qui donnera un choc, qui aura un retentis­sement dans toute la classe ouvrière du monde.

Il y a de plus une circonstance que j'appelle providentielle, et qui donnera à notre rencontre un retenticsement plus grand encore. Le même mois, Moscou convoque, à Moscou, les représentants des jeunes travailleurs du monde entier.

A peu près à 'a même date, deux rencontres internationales grou­peront des représentants des jeunes travailleurs du monde. Eux aussi

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sont décidés, et ils le montrent plus que nous. Ils emploient tous les moyens : radio, télévision, presse, pour diffuser cette rencontre inter­nationale à tout l'univers.

Le monde entier pourra voir ces deux rencontres, leur esprit, leur prorgamme. Où se irouve le salut, l'avenir de la jeunesse travailleuse du monde ? Le monde pourra juger.

C'est pourquoi, nous, responsables de la jeunesse travailleuse, .nous devons prendre conscience que cette heure est une heure décisive, une heure qui marquera un tournant pour la jeunesse travailleuse du monde.

Il ne suffit pas de réfuter ce qui se dira à Moscou. Nous devons présenter positivement une solution aux problèmes de la jeunesse travailleuse par notre mouvement. Nous devons présenter un esprit, un programme et une doctrine.

III — PREPARATION DE CE RASSEMBLEMENT MONDIAL

Voi à donc la signification, le but et l'importance du pèlerinage. Je dis toujours : tout va dépendre de la préparation du pèlerinage. Chez-nous, nous avons l'habitude de dire : La préparation, c'est 99% de la valeur de la réalisation, ei la réalisation elle-même 1%. Nous n'improvisons rien pour Rome. Tout jusque dans les moindres détails doit être préparé par les J .O C. nationales, à travers les J.O.C. régio­nales et locales.

Chez-nous, depuis un an et demi, 7,000 participants épargnent tous les mois et se préparent spirituellement et doctrinalement à cette rencontre internationale Car nous ne voulons pas tromper le Pape en amenant à Rome des jeunes travailleurs qui ne sont pas préparés. Ceux-là doivent rester à la maison qui veulent s'amuser, même s'ils ont des millions. Et nous n'a'lons surtout pas tromper la jeunesse et la classe ouvrière du monde.

1. Préparat ion des part ic ipants

La rencontre doit être préparée par les participants d'abord. Dans quel esprit y venir ? Ceci est très important surtout pour les pays techniquement développés. Ils doivent comprendre que ce n'est pas un voyage de plaisir, mais que cette démarche les engage au service de la jeunesse travailleuse du monde.

Le jeune travailleur de Bolivie doit épargner 18 millions de pesos boliviens pour un pèlerinage comme celui-là. Et quand on songe que

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18.000 pesos valent un dollar américain : voyez les efforts formidables à faire pour envoyer un délégué à Rome.

Chez-nous en Belgique, tantôt on ne fume plus, tantôt on ne va plus au cinéma ou à la salle de danse. Les participants assistent à des récollections mensuelles dans les sections, personne n'ira à Rome sans avoir passé par ces récollections et s'être engagé par des résolu­tions précises. Les délégués iront à Rome réalisant pleinement les missions apostolique et missionnaire qui est la leur. I's étudient la situation de la jeunesse travailleuse du monde. C'est une occasion unique pour les former à l'esprit jociste missionnaire.

2. Préparation de tous les jocistes et de la population

D'abord, les participants doivent être préparés, mais aussi tous les jocistes. En Belgique, 7,000 délégués iront au nom de 80,000 jocistes belges. Mais les 80,000 jocistes participeront à la préparation spiri­tuelle et mora'e. Us épargnent aussi car les délégués vont là pour tous ; ils n'y vont pas en leur nom personnel. Ils ne seront pas seule­ment physiquement présents mais ils vont parler pour nous et prier pour nous ; et non seulement au nom des jocistes, mais pour tout le monde.

On mettra des appareils de télévision dans tous les quartiers. Il y aura des appareils de radio dans les usines, les restaurants. Tout le monde saura que ces délégués sont à Rome pour les représenter.

Tous les jeunes travailleurs de Belgique sont invités à donner une heure de salaire pour aider leurs camarades du Japon, même ceux qui ne vont pas à la messe... Tous les foyers d'anciens jocistes ont une tirelire où les enfants déposent leurs sous au lieu d'acheter de la crème glacée. Quelle éducaiion apostolique et missionnaire à donner déjà à ces jeunes enfants !

Dans les journaux, à la radio, dans des meetings, on parle des problèmes des jeunes travailleurs. On fait des expositions dans les quartiers et on affiche des photos sur l 'Inde ou sur quelque autre pays moins favorisé. Tout cela pour préparer tous les jeunes travailleurs, et non seulement les participants, car encore une fois, ils n'y vont pas en leur nom personnel, mais au nom de tous.

Les par.icipants des pays riches doivent savoir qu'ils vont ren­contrer les participants des pays les plus pauvres du monde. Ils vont rencontrer les délégués d'Afrique, d'Asie qui, eux, n'auront pas ou presque pas d'argent Si vous emportez des cigarettes, si vous emportez avec vous de l'argent, que ce soit pour les donner à d'autres qui ne peuvent pas rien acheter parce qu'ils n'ont pas d'argent. Il faudra savoir demander cela à tous nos délégués.

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Il faudra, par cette rencontre internationale, qu'on montre au monde cette jeunesse nouve le qui s'est révélée à c a u e de cette pré­paration. Il faut que nous apportions ce témoignage irrécusable de la solidarité entre les peuples, de la fra ernité entre les races.

En 1929, 1,500 jeunes travailleurs sont allés à Rome. En 1931, I 500 jeunes travailleuses. Et le Pape les a reçus et leur a pa r é . A chacun, il a donné son anneau à baiser. Il les a bénis chacun, leur famille, leur usine, leur quartier. Puis, il leur a dit : « Vous êtes les missionnaires de l'Eg ise dans vos milieux de vie. Allez dire que le Pape compte sur vous. »...

Après le Congrès, le Pape m'a fait venir à son bureau et m'a dit : « Je vous remercie... je vous remercie... Vous savez, le Pape a sa « police secrète ». J'ai vu l'excellente conduite de vos jocistes à la récep'ion que je leur ai faite... Mais je sais aussi la conduite qu'ils ont eue dans les rues de Rome, dans les autobus et dans les hôtels. Et je vous félicite et je vous remercie !... »

I! faut qu'après la séparation à Rome des 30.000 délégués, le Pape puisse m'appeler et me dire : « Je vous remercie ! Ah ! quel témoi­gnage vous avez donné à Rome par votre attitude et votre con­duite » /...

Il faut donc que nous attachions à cette préparation la plus grande importance, pour nous et pour tous les pays sous-développés — et cela sur tous les plans : international, national, régional et local.

Et pour cela nous devons nous entraider. Plus de 30 délégués du Congo seront présents à Rome grâce à l'épargne des jocistes belges. Nous savons très bien que ces jeunes ne peuvent pas payer leur voyage.

En Amérique Centrale, durant no re voyage, après avoir parlé du pèlerinage, tout simplement, comme je viens de le faire, nous recevions une lettre d'une section de Costa Rica qui est une section très pauvre Eh bien ! dans cette lettre cette section très pauvre nous envoyait $5.00 pour le: jeunes de Bolivie qui viendront à Rome.

De grâce, réfléchissons bien, quand 'a J.O.C. d'Amérique du Nord dit : Voilà $1,000. pour les dé egués du Viet-Nam, mais c'est beaucoup plus que si votre gouvernement donnait $10.000. C'est formidable quand des jeunes travailleurs savent faire cela !

Imprégnons notre préparation spirituelle et matérielle de cet esprit de solidarité entre tous les peuples de la terre.

T" "iens à vous demander encore de réfléchir : le pèlerinage n'est pas une fin ; il est un commencement, celui d'une nouvelle J.O.C. II doit nous aider à préparer des milliers et des dizaines de milliers d'apôtres dont l'Eglise a un besoin absolu. Le Royaume de Dieu ne p^u: ;>a: être répandu sur la terre si nous ne formons pas ces apôtres qui iront poner le message du Christ à la classe ouvrière.

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Préparons-nous par l'assistance à la messe, par la communion, comme nous l'avons fait ce matin à cette messe si émouvante. Il faut que ce'a se répète dans nos fédérations, dans nos sections, pour que Noël puisse être vraiment la fête de cette nouvelle jeunesse et de cetîe classe ouvrière que nous voulons préparer par notre pèlerinage.

Au cours de notre voyage en Amérique du Sud, nous avons assisté à une assemblée générale dans une section du Guatemala. Tous les jeunes travailleurs étaient nu-pieds, tous sans exception n'avaient pas de chaussures, et ils portaient des habits râpés. Mais quel militants merveilleux ! Si nou; voulons les amener à Rome, il faut d'abord leur donner de quoi se vêtir, il faut aussi acheter ce qu'il leur faut pour le voyage, et non seulement se contenter de payer le billet pour ce voyage. Il nous faut penser à tout cela. De grâce, réfléchissons !

Voulons-nous sauver la jeunesse travailleuse, oui ou non ? Nous devons faire quelque chose — réfléchissons-y sérieusement !

LA J .O.C. C A N A D I E N N E S E R A P R E S E N T E A R O M E

La J-O.C. a tenu les 26 et 27 janvier dernier un conseil national spécial en vue de mieux préparer les événements majeurs de l'année : le pèlerinage à Rome et le 25e anniver­saire du mouvement. Une ceniaine de délégués venant des divers diocèses ont été choisis pour représenter la J.O.C. cana­dienne française à ce grand rassemblement. 25 jocistes de la J .O C. canadienne anglaise compléteront la délégation cana­dienne.

Déjà tout un programme de préparation est en marche tant pour les délégués que pour .e3 autres jocistes, les jeunes travailleurs et le public. Epargne, neuvaine des premiers ven­dredis du mois, sollicitation des prières des communautés reli­gieuses, actes d'offrande signés par les malades, rencontre d'im­migrés venant des pays que l'on visitera, corrc-nondancc avec le; sections jocistes européennes, etc. Dans la plupart des sec­tions. il y a un nouveau courant de générosité missionnaire qui redonne de l'élan et du souffle apostolique et qui dérive de cette préparation du pèlerinage à Rome.

Regards sur une paroisse ouvrière par Je K P. Gaston MORLSSETTE, o.m.i.

Rien de plus révé'ateur que la vie en marche d'une paroisse urbaine L'observateur qui découvre le point d'inser.ion du divin dans l'humain, les contingences psychologiques do transmission de la grâce, et le rôle d'intendance des prêtres du Seigneur dans la distribution des biens de Dieu. Le chrétien moyen vaut ce que vaut sa paroisse. Que l'intellectuel de haut vol puisse s'abstraire du mouvement parois­sial et en transcender les faiblesses, peut-être, mais très difficilement les fidèles qui composent les rangs modestes du troupeau de Dieu « grex Dei ». La paroisse qui réussit est dite vivante parce que les âmes dispersées d'une communauté humaine retrouvent en un certain contexte de prière et de charité le Dieu vivant. Il ne manque jamais à l'homme quoique ce dernier puisse se rendre plus ou moins per­méable à l'action inlassable e multiforme de la grâce. D'où l'intérêt apporté à la paroisse devenue en quelque sorte un lieu théologique de rencontre personnelle avec Dieu et de vie communautaire liturgique. Durant trois semaines nous avons vécu dans une sympathique paroisse ouvrière Notre-Dame d^ la Recouvrance, à Québec-Ouest. Notre Revue en a déjà entretenu se lecteurs. Monsieur le Chanoine Alfred Côté veut bien excuser ,'audacp du missionnaire intéressé à utiliser sa paroisse comme un champ d'observation sur l'évolution de la pas­torale paroissiale.

UNE PAROISSE HOMOGENE ET TYPIQUEMENT URBAINE

Quelques brèves notations sociologiques sans aucune prétention scientifique. Composée de onze cent vingt familles, la paroisse Notre-Dame de la Recouvrance qui en comptait seize cent jusqu'à ces derniers temps, s'avère remarquablement homogène. Fondée il y a une trentaine d'années, dans la banlieue ouest de Québec, elle a attirée des fami les ouvrières ordinairement nombreuses qui ont vécu les heures sombres de la crise avec un courage et une détermination qui n'eurent d'égales que le dynamisme et la débrouillardise de leur pasteur. Elle ne possède pas les fortes traditions des paroisses plus anciennes ; cependant, une notable proportion de propriétaires — 40% — lui assure une s'abilite enviable et la promesse de progrès constant. Comme toute ban ieue, elle accueille une certaine proportion de population flottante de journaliers chargés d'enfants, repoussés des

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quartiers domiciliaires et les premiers atteints par le chômage saison­nier particulièrement grave cette année. Comparée à la situation des grandes villes, la condition du logement est normale. Cela veut dire qu'il existe des taudis II les faut visiter pour sympathiser avec ceux qui en souffrent dans leur fierté et leur chair. Et aussi pour conserver bien vivace cette faculté d'indignation contre une société qui les tolère et les propriétaires qui en profitent. Le budget de charité des œuvres d'assistance publique ou paroissiale reste élevé.

La fréquentation scolaire est celle de la Province, où 60% des garçons laissent l'école à 15 ans. Elle a cependant tendance à aug­menter.

Bref, une paroisse typiquement ouvrière de mentalité et de réac­tion. Elle appartient à cette classe laborieuse, généreuse devant la vie, croyante quoique pas particulièrement pieuse, et qui entend vivre à la moderne, dut-elle pour cela acheter à termes le réfrigérateur ou l'appareil de T.V... Et d'ailleurs, avec un salaire de $40.00 ou de $50.00 par semaine, la prévoyance n'est-elle plus qu'un mot dans le dictionnaire et la vertu de ceux qui physiquement peuvent économiser? Et si nos ouvriers qui bâtissent la cité sans toujours parvenir à la citoyenneté de première zone se permettent des défauts voyants et une vie quelquefois au-dessus de leurs moyens, quelle autre classe sociale peut lui jeter la première pierre ?

UIÏ CLERGE SYMPATHIQUE ET OFVERT

Disons que le clergé qui anime cette paroisse laisse une impression ineffaçable de sérieux, d'union et de dévouement. Monsieur le Cha­noine Alfred Côté est un curé de vieille trempe, complètement donné à ses gens qu'il aime avec leurs qualités et leurs défauts. Il a vécu avec eux les heures inoubliables de la crise et s'est identifié à tous leurs problèmes. Qu'il se penche sur son passé comme Pierre l'Ermite et nous lirons le plus savoureux recueil d'anecdotes et de faits hauts en couleurs. Avec eux, il garde son franc parler. Son accès est facile, car il vit avec ses quatre vicaires dans un presbytère ouvrier d'aspect qui est à lui seul une éloquente prédication de simplicité évangélique. L'épineux problème financier est rég é ; le sous-sol suffit aux besoins actuels et le Chanoine n'entend pas charger d'un autre fardeau les épaules de ses paroissiens. Il pratique avec ses collaborateurs une charité large au bénéfice de nombreux besoins qui s'expriment au presbytère, la maison du peuple.

Les quatre vicaires se partagent également et allègrement la tâche. I s y suffisent. Et bien que travaillant sans arrêt, ne donnent pas l'im­pression d'être débordés. Ce qui leur permet de viser à l'amélioration de leur méthode alors que les pauvres vicaires surchargés de certaines

paroisses urbaines vont au plus pressé, renoncent à la stratégie offensive et regardent jouer les lois sociologiques de la déchristianisation. Avec leur curé et les mi.-sionnaires de passage, ils causent volontiers des problèmes de ministère, d'Action catho ique, de méthodes nouvelles. Ils veulent allier à ce que la tradition révèle de sur ce que le progrès promet de valable. Ce qui s'appelle ouverture d'esprii, tout à l'opposé du fixisme, la seule attitude normale de l'inte Tg^nce qui prend on bien partout au lieu de se refermer sur ses acquisitions comme l'huître sur sa perle. Ces prêtres, curé en tête, consentent à ce qu'on parle du nombre de jeunes influencés par le Patro qui prend sept soirs par semaine d'un vicaire. Ils causent voloniiers de la visite de paroisse d'automne, de son efficacité, du double emploi des œuvres, de la communion avant la messe, du nombre d'abstentions à la messe domi­nicale, et des méthodes à l'essai pour activer la participation des fidèles à la messe. A un vicaire qui venait de confes:er 15 personnes à la messe du dimanche, je demandai s'il n'aurait pas mieux valu rendre actif les 800 fidèles dans la nef ; au lieu de m'infliger une épithète de rêveur dangereux, il entama avec son interlocu;eur une discussion animée et objective. Décidément, le plus atrabilaire des misanthropes qui désespère du genre humain et de l'espèce sacerdotale, au contact de ces prêtres, se surprend à sourire et à espérer...

Ce clergé paroissial se rend compte de a nécessaire évolution de la pastorale. Avec lucidité voit-il se bousculer les modes de vie des gens alors que la pas orale paroissiale évolue à un rythme beaucoup plus ecclésiastique compo-é d'un indéfinissable mélange de sagesse, de prudence et de enteur. Parlant du Canada français le Chanoine Groulx affirmait qu'il passait son temps à reprendre le temps perdu. En serait-il de même de l'Eglise de chez-nous liée à des formules valables en chrétienté rurale fermée mais qui ont perdu leur mordant en pleine civilisation urbaine ? Ces prêtres nous ont aidé à voir clair dans une paroisse-type du monde nouveau.

EE MOZVDE D E S O E S T R E S

Pourquoi aborder tout de suite ce sujet ? La paroisse n'est-elle pas avant tout une communauté de eu te, de célébration liturgique ? Une paroisse atteint sa finalité selon Pius Parsch lorsque la totalité des chrétiens adultes accèdent à la communion dominicale hebdoma­daire. Evidemment, le dimanche couronne le travail de la semaine durant laquelle le ministère strictement sacerdotal d'enseignement et d'administration des Sacrements ne surcharge pas les quatre vicaires. Pas même les confessions du samedi. C'est dire que si la vie liturgique inten e demeure le terme de l'activité sacerdotale, dans la pratique des journées remplies, elle s'estompe dans l'implicit. Les oeuvres pren-

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nent le premier plan. Pour le curé et deux vicaires, les tracas admi­nistratifs et les œuvres de charité d'aposto'at accaparent pratiquement la majorité du temps mathématique. Pour tous, elles assument la priorité des soucis immédiats. Qu'il me soit permis de pousser les choses au pire sans nullement impliquer le clergé de Québec-Ouest. Les prêtres tiennent à réussir leurs œuvres. Il y va de leur prestige officiel, de leur réputation de meneurs d'hommes ou de financiers heureux alors qu'un catéchisme improvisé ou un sermon sans chaleur risque moins de les déconsidérer dans une perspective de rendement humain. Tentation subtile dont parlent tous les auteurs de pastorale et qui semble valoriser les œuvres visibles au détriment des ministères moins éclatants au nombre desquels s'établit la fin même de la paroisse, la participation enthousiaste et communautaire au cu l e chrétien. Regardons de plus près ce monde si prenant et si co'.oré des œuvres paroissiales où se déploie le zèle incontestable du clergé et d'une élite méritante.

VIS INVENTAIRE DES MOUVEMENTS PAROISSIAUX

Nous excluons le monde scolaire et les Amicales. Dressons une liste complète des œuvres : Dames de la Ste-Famil'e, St-Vincent-de-Paul féminine et masculine, Ligue Catholique Féminine, Tiers-Ordre, Légion de Marie, Lacordaire et Jeanne-d'Arc, L.O.C . Ligue du Sacré-Cœur, Enfants de Marie, St-Jean-Baptiste, Patro, Loisirs d'été, J .O.C. - J.O.C.F. Comparé à d'autres paroisses, c'est un minimum. On ne semble pas ambitionner d'en fonder d'autres. Ces mouvements sont vivants et implantés depuis assez longtemps. La Légion de Marie commence ses activités de même que la L O.C. ; la Ligue du Sacré-Cœur cherche une nouvelle formule d'action plus adaptés. Ces trois mouvements aspirent à un rayonnement apostolique difficilement éva-luab'c que semble atteindre à plein la section de J.O.C. masculine et féminine.

Crayon en main, avec l'aide des aumôniers, nous avons fait le décompte des membres influencés au moins mensuellement par les assemblées, les réunions, les comités convoqués par ces diverses œuvres. Nous atteignons le chiffre de 140 pour les dames et de 87 pour les hommes. A soustraire 30 hommes et femmes qui se retrouvent dans les diverses œuvres ; ce qui fait un total de 200 adultes réparti^ en 12 groupements. Les inscrits et les cotisant dépassent de beaucoup ce nombre. Quelques chiffres : 350 hommes sont assez convaincus pour verser annue lement un dollar à notre société nationale. A la réunion mensuelle de la St-Jean-Baptiste, rarement plus de 10 mem­bres. Le Tiers-Ordre est peut-être le mouvement le plus fervent de la paroisse ; sur 223 inscris, 75 assistent au Discrétoire.

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Passons aux mouvements de jeunesse. La J.O.C. et la J.O.C.F. totali ent 71 membres inscrits et militants Avec les sympathisants et les pré-jocistes ce mouvement atteint plus d'une centaine de jeunes gens. Les services du S.P.M. du S.P.A. et des Lo ;s ;rs en influencent une centaine d'autres. D'autre part, 80 jeunes filles, jocistes ou non, se retrouvent dans le Tiers-Ordre, les Jeanne-d'Arc et les Enfants de Marie. Le Patro accueille habituellement 60 jeunes gens, très indirec­tement infuencés par l'aumônier débordé rie 'âçhe r^° ériV'W ^"s jeunes sont tout de même soustraits à des milieux moins surveillés. Evidemment, ne pas mettre sur le même pied l'apprenti cjui vient jouer aux quilles trois fois par semaine et le dirigeant jociste a ;sidu à s~s trois réunions Les deux cependant sont dans la mouvance de l'Eg ise et se réclament d'une responsabilité sacerdotale. Sur les 852 jeunes gens et jeunes filles de 16 ans et plus que comple la paroisse, les divers mouvements de jeunesse en atteignent 40% au maximum. Ce qui est un beau succès. Les adultes engagés dans les mouvements paroissiaux constituent un fort dixième d^s paroissiens susceptibles d'en faire partie. En effet, sur 1120 familles, quantité de malades, de vieillards et de légitimement empêchés. La proportion des gens d'oeuvres est excellente et est rarement dépas-rée en vi le. Une enquête menée aux Etats-Unis dans 23 paroisses urbaines comptant treize sociétés pour laïcs notait 3 6Ç£ de paroissiens réellement influencés.

Cet inventaire quanti atif n'est pas toute la réalité. Il conduit humblement à la vérité. Tcsus a dit que son Père recherchait des adora­teurs en esprit et en vérité. L'univers de la grâce échappe à tout recen­sement, mais il n'est pas indifférent à Dieu que soient nombreux ou clairsemés les confirmés qui travaillent à l'extension de Son règne d'amour. Te les nous apparaissent les forces vives de la paroisse. Elles prolongent l'action du prêtre, animent les organisations, épaulent les bons mouvements et se compromettent de plus en plus dans le témoi­gnage spontané et organisé du christianisme militant. Jésus-Christ lui-même n'a pas voulu ne pas dépendre des services des saintes femmes et du rayonnement des apôtres et des disciples. Pour mieux comprendre le problèmes des œuvres, de leur efficience, du temps que leur con­sacrent les prêtres, nous avons rencontré à trois reprises une cinquan­taine de membres es plus représentatifs des quinze mouvements parois­siaux d'adul es et de jeunes.

DIALOOEE AVEC DES «ENS D'OEUVRES

Toutes ces gens furent enchantés de se retrouver ensemble. Fruc­tueuse prise de conscience de leur force et des problèmes communs qu'il, affrontent seuls. Oui, seuls L'individualisme les guette, nos gens d'eeuvres. Il leur manque souvent le large souffle de l'Eglise qui

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déblaie l'horizon, balaie les poussières d'égoïsme, de susceptibilité, les rivalités d'œuvre à œuvre trop humaines pour ne pas exister, mais qui paralysent tant d'élans. Et cela, sans préjudice d'un dévouement éclairé et illimité et de réalisations indiscutables de tout ordre, apos­tolique ou financier. Les gens d'œuvres disparaissant dans une paroisse, le clergé perdrait un milieu qui le comprend, l'appuie et prolonge son influence. Ce serait le désert où le prêtre ne rencontrerait qu'une indifférence respectueuse des chrétiens moyens. De plus en plus les responsables des mouvements paroissiaux entrent dans l'Eglise comme des adultes, supérieurement outillés pour les tâches laïques qui les attendent. Nous les croyons prêts à porter avec nous l'inquiétude maternelle de l'Eglise devant le problème de la paroisse actuelle. Nous leur avons exprimé dans toute son amp'eur : 200 adultes atteints dans 12 œuvres — ce nombre peut difficilement augmenter —, une minorité de privilégiés qui ne sont pas pour cela tous des apôtres, à côté de la masse satisfaite d'une messe dominicale sans communion et une autre minorité imposante de non-pratiquants reconnus et de négligents occasionnels. La situation est-elle normale ? Le temps des prêtres pourrait-il mieux se répartir sur l'ensemble des tâches ? Le clergé va-t-il au plus facie et les gens d'œuvres fuient-ils le vif du combat ? La masse des paroissiens se désintéresse des œuvres et le nombre des négligents augmente sans cesse. Les gens d'œuvres sont surchargés et les prêtres ne fournissent pas à animer les innombrables réunions. C'est en effet un lieu commun dans le clergé de soutenir que les œuvres sont trop nombreuses et très accaparantes, que les mêmes gens se rencontrent dans des mouvements différents qui se ressemblent et que des tâches urgentes s'imposent ailleurs à des prêtres pratiquement débordés. Que faire en ces conjonctures ? Le moyen de voir clair et d'intensifier le rendement maximum des forces du bien ?

L'IMPOSSIBLE FUSION DES O U V R E S

Nous avons hésité à employer l'épithète peu française « impos­sible ». Impossibilité psychologique actuelle de fusionner certaines œuvres, apparentées par la finalité et les membres actifs. Sur le plan des principes, les logiciens impénitents que nous sommes conçoivent fort bien quatre mouvements de formation chrétienne pour les caté­gories de chrétiens avec les divers services v.g. services de charité, d'abstinence, de patriotisme, de piété et d'aposto'at strictement dit. D'où une plus grande unité de doctrine, d'action, une économie sérieuse de temps, une plus judicieuse répartition des forces. D'ailleurs, la formule existe en certains pays. Est-elle réalisable chez-nous, une fois enracinées dans le terroir paroissial, les œuvres telles que nous les connaissons, qui reliées à des fédérations diocésaines, possédant

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'eurs traditions, leur finance, leurs états de service et leur autonomie ? Le seul fait de poser le problème dans un éclairage d'Egiise et de proposer pour réflexion cette solution possible a jeté un certain émoi dans l'état-major paroissial... Le projet d'une réunion mensuelle ou périodique coïncidant avec les réunions particulières des divers Pfrou-pements pleinement autonomes sourit davantage encore que sa réali­sation pose un problème d'entente, d'horaire, dont la so ution relève d'une immense bonne volonté universelle.

Cet état d'esprit laisse songeur. La situation de la paroisse peut se détériorer et l'on ne voit pas du côté des oeuvres un allégement probable de cet équipement précieux mais lourd et disparate. L'ex­périence des pays connus est éclairant. Les égli-es se vident et le clergé paroissial travail sur un infime minorité de paroiss:ens dispersés en une cons ellation d'ceuvres les plus diverses. Témoin ce brave curé parisien d'une paroisse de trente mille âmes comptant 1163 pratiquants av\ décrivait avec un humour un "eu ombre le monde compliqué et exigeant de ses œuvres. Le mot d'un curé recevant de son évêque un cinquième vicaire révèle une situation aus^i pénible que paradoxale : « encore un autre pour s'oceuper des mêmes personnes». Dans le domaine des œuvres, les solutions d'autorité sont impensables et le courant général porte beaucoup plus à la multiplication des œuvres qu'à leur coordination, encore moin à leur fusion. 11 reste le moyen tout simple de retrouver le sens de la paroisse et de faire se rencontrer autour de l'autel ces sen- d'œuvres, de les fondre dans l'unité d'esprit d'une fraternité supérieure Dans cet optique, se conçoit une réunion mensuelle des groupements paroissiaux pour une messe expliquée, dialoguée, une instruction sur 'e Corps mystique et l'Apostolat. L'autel paroissial tel un foyer, irradie la lumière et rassemble en un faisceau les meilleures énergies chrétiennes d'une action indépendante risque de disperser au vent de l'incohérence et de l'individualisme. Au génie de la division qui préside aux œuvres de Satan et de l'homme sans Dieu, opposons le bien de l'unité, signature d'une présence divine. Si la mu'tiplicité des œuvres paroissiales s'explique par l'individualité de la matière, il appartient à une sagesse supérieure d'ordonner ces groupements selon un critère d'unité, la paroisse, qui a fait naître les œuvres et qui seule demeure nécessaire. Les œuvres n'ont pas d'exis­tence indépendante de la paroisse. Il est bon qu'elles le sachent et consente de; sacrifices de toutes sortes et très réels pour le bien de la communauté paroissiale.

1.4 GRANDE TRISTESSE DES MESSES DOMINICALES

Le problème dé'icat des œuvres, de leur multiplicité, de leur double emploi et de leur unité à refaire nous a ramenés à l'autel.

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Les œuvres manifestent la vitalité d'une paroisse ; elles n'en donnent pas la définition. Depuis une quinzaine d'années, les yeux s'ouvrent sur le problème des messes populaires, sur la quantité des assistants et la qualité de leur participation au Sacrifice Notre inquiétude ne s'est pas encore matérialisée dans des enquêtes scientifiques de pratique religieuse courantes en pays européens. Cependant, elle ne laisse pas de s'exprimer trop discrètement à notre sens devant l'urgence de la situation. La passivité dominante de nos messes silencieuses énerve un grand nombre de prêtres jeunes et vieux le moindrement au courant des richesses inexploitées de la liturgie. La parole de Saint Pie X « sur la participation à la liturgie génératrice d'esprit chrétien » leur appa­raît aussi frappant que celles de Pie XI sur « la misère imméritée des travailleurs » et sur le scandale de la perte par l'Eglise de la classe puvrière. Quelle tristesse pour ces fidè'es sous-alimentés spirituelle­ment de se priver d'une aussi substantielle nourriture d'âme et « de mourir de soif auprès de la fontaine ». On dirait nos paroissiens insufisament initiés au Mystère chrétien. Un chrétien des premiers temps transporté dans une messe de onze heures de nos grandes villes reconnaîtrait sans peine le texte du Canon ; il se croirait cependant parachuté en pleine assemblée de catéchumènes... Sans doute, tout s'explique par des siècles de décadence liturgique et d'individualisme religieux. Il faut lire dans Pius Parsch le déroulement du drame — le mot dit vrai — d'une messe qui se sépare du peuple. La langue liturgique cesse d'être populaire, le Canon se récite à voix basse, l'autel s'éloigne du peuple et quelquefois s'en isole, tandis que la schola s'empare du chant devenu spécialisé. « La chaire aussi s'écarte de l'autel, la prédication se sépare de plus en plus du culte et de la litur­gie ». Les fidèles rendus inactifs par la force des choses « assistent » à la messe et se réfugient dans une indifférence pieuse et une curiosité vite lassée. Pour être juste, disons qu'une proportion appréciable de paroissiens feuillettent leur missel, mais la masse des chrétiens reste aux abords de ce que Claudel appelle « la messe là-bas ».

UNE ASSEMBLEE DE .MASSE REUSSIE

Les groupements paroissiaux convoquent périodiquement des assemblées de masse. L'Eg'ise en prévoit une obligatoire à tous les dimanches. Grâce à Dieu, la grande majorité des chrétiens répondent à la convocation dominicale. Quelle belle assemblée de masse qu'est la messe ! Y songe-t-on suffisamment ? Et que fait-on pour instruire « ce grex Dei » en comparaison des efforts que l'on fait pour la poignée des chrétiens de nos œuvres ? Ce point d'interrogation menace de se changer en acte d'accusation. Ecoutons l'Apôtre : « qu'on nous regarde comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu.

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Or, ce qu'on demande à un intendant, c'est que chacun soit trouvé fidèle. » (1 Cor. 4, 1-3.) Le mystère de Dieu s'accomplit sous les yeux de mil iers de chrétiens et il reste voilé. Nous semblon; satisfait que nos gens assistent à la messe. Sans doute les exor ons-nous à s'unir au prêtre par l'usage du missel, mais leur disons-nous as ez l'idéal d'une participation active et communautaire au Sacrifice du Corps mystique. Le Prie avec l'Eglise, avec son titre au singulier, marque bien cju'il s'agit d'une participation personnelle, sinon individualiste, au Sacrifice de la Messe. Le sens communautaire qui s'affirme dans une partici­pa ion col ective reste pour le chrétien moyen un idéal à peine connu. De toute façon, de notre part, rien de tellement spécial pour le réaliser. Durant la messe, il se trouve des prêtres pour confesser et même pour ,quêter. et il est exceptionnel que l'un d'eux se consacre à rendre active la participation des fidèles au Sacrifice du prêtre qui est aussi le leur. Le réveil liturgique est certain mais i n'a pas à date suscité un mou­vement général de participation vivante à la messe Tout de même, on signale des essais de messe dialoguée, commentée, chantée. Des techniques se précisent ; des esprits cherchent. Us ne peuvent que trouver l'accès aux eaux vives d'une liturgie communautaire. Les premiers chrétiens y puisaient l'élan jusqu'au martyr. Nos fidèles ré­pondront aux vœux exprimés par Jésus à la dernière Cène : « j'ai désiré d'un grand désir, manger cette Pâques avec vous ».

Le curé de Notre-Dame de la Recouvrance, un vétéran du ministère, réaliste au possible, disait : « ce qui est difficile dans une paroisse, ce n'est pas de trouver des fonds pour financer la fabrique ou secourir les pauvres, mais c'est d'amener les fidèles à l'église et de les y intéresser ». Cette réflexion dénote le vrai pasteur, qui va au cœur du problème et s'inquiète de la minorité croissante des non-pratiquants.

EES ABSENTS » r BANQUET EUCHARISTIQUE

Us s'imposent à l'attention du clergé paroissial. Us constituent une minorité reconnue en marge de la vie sacramentelle de l'Eglise. Us ne coupent pas les ponts derrière eux, se réservant de poser le geste pascal par un «ursaut de foi, de tradition vivace ou de conformité au milieu ambiant. Le clergé et même les paroissiens connaissent les raisons souvent publiques de ces abstentions de moins en moins sur­prenante. dans nos milieux urbains. Le croyant non-pratiquant entrera très bientôt dans le paysage religieux de notre monde industrialisé. Il appartenait autrefois aux « vieux pays » ; voici qu'il se naturalise canadien, empruntant aux péchés capitaux, aux sophismes courants, à certaines sectes, les prétexies les plus divers pour se relier au Christ sans passer par l'Eglise. Les prêtres de Québec-Ouest ont évalué à 476,

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répartis en 136 familles, le nombre de paroissiens chroniquement négligents et praf'quement séparés de la communauté liturgique. 75 ne feraien: plus leurs Pâques. Ajouter à cela les négligents occa­sionnels nous donnera une idée approximative de la population chré-lienne marginale de cette paroisse ouvrière. Elle est assez représen­tative de la paroisse urbaine moyenne. La construction d'une chapelle facilitera à une soixantaine de familles la pratique dominicale. Dieu continue à poursuivre les hommes de Sa grâce sans vio enter leur liberté. Ouvrir un temple ne veut pas dire automatiquement chris­tianiser un quartier Les Chantiers du Cardinal Verdier oni rehaussé le prestige de l'Eglise ; ils n'ont pas ramené au Christ le? ouvriers de la banlieue parisienne. Et c'est souvent à deux pas des plus presti­gieuses cathédrales que s'étale l'ignorance religieuse la p u s abjecte.

Nos non-pratiquants sont connus du clergé dans une paroisse à taille humaine où les prêtres en nombre su'ffisan s dorrr'nent la situation. Dans telle paroisse métropolitaine ils forment une masse anonyme et dispersée. Notre pastorale traditionnelle axée sur 'a pratique domini­cale massive — une pastorale de bercail — est quelque peu prise au dépourvu devant la naissance d'une gentilité moderne. Ces chrétiens très approximatifs échappent à nos moyens d'atteinte, la messe et les œuvres. Ils ne sont pas des païens et subissent de toutes parts une influence chrétienne difficilement évaluable mais réelle. I s rencontrent des chrétiens dont le Christ rougit, mais des témoins qui inquiètent leur trompeuse ceràtude.

Dans la stratégie de conquête d'une paroisse urbaine, quelle tac­tique adopter à leur endroit ? Car ils doivent entrer dans la préoccu­pation du clergé local comme une plaie vive Sa Sainteté !e Pape Pie XTI disait que la situation du catholicisme en Amérique latine l'empêchait de dormir. Quel curé peut disposer à la légère de ce problème qui affecte quinze à vingt pour cent des âmes commises à ses soins ?

LE CONTACT PERSONNEL ORGANISE

Sans abandonner le grand dessein de christianiser les structures, les milieux de vie où baignent les individus, i! est permis de revenir aux humbles méthodes du contact pastoral. Il s'inspire de la pratique évangélique et demeure une obligation du pasteur zélé. Dans maints milieux, il s'avère réalisable. Les dissidents se mon rent honorés de l'attention que leur porte le prêtre genti homme et apôtre. Au cours de la mission qui s'est tenue dans la paroisse de Notre-Dame de la Recouvrance du 11 novembre au 8 décembre, les missionnaires ont visité tous les foyers et ont rencontré les paroissiens les plus réfrac aires. Evidemment, on sentait quelque fois la gêne, des réticences ; certains

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d'entre eux ont parlé franc et haut, mais jamais l'irrespect encore moins la haine. Le prestige du prêtre passablement en amé dans es conversations populaires au restaurant et à l'usine, se retrouve intact lorsque le paroissien négligent parle avec cet homme en qui il devine la sympathie, le désintéressement et une autorité supérieure. Illusion d'espérer des re'ours magiques et des conversions spectaculaires quoi­que relativement facile de rétablir .!e courant de sympathie humaine par où la grâce quelque jour passera. Il y a des heures dans la vie — maladie, épreuve, pauvreté, décès, — où la présence amicale du prêtre ouvre la porte à Celui qui frappait depuis très longtemps...

La plus grande spontanéité devrait présider à ce contact avec les non-pratiquants. Comme dans l'Evangile. Jésus au hasard des routes rencontre Zachée, Mathieu et Made eine. Aussi tenir compte que sur quatre prêtres, l'un ou l'autre se prête mieux aux techniques de l'abor­dage et au repêchage des âmes. Tout de même, est-ce verser dans la bureaucratie que de répartir un certain nombre de paroissiens à visiter sur une période donnée ? Nos gens d'oeuvres s'offusqueraient-ils qu'on consacre aux non-pratiquants deux fois plus nombreux qu'eux quel­ques heures de ce temps dont nous sommes redevables à tous ? La prédication et les œuvres ne perdront pas de vue les absents auxquels il est loisible d'intéresser les plus apôtres et les p u s discrets de nos laïcs. Le cen re médico-social, les services d'assistance paroissiale ména­gent avec plusieurs éléments de la population des précieux contacts. Aucune œuvre plus direc cment sacerdotale que cette recherche à la fois personnelle et désrntéres:ée des âmes qui nous échappent, tant il est vrai de dire avec Vekeman « qu'une conversion s'établit sur des motifs individuels ». Quelques goûtes d'eau et une communication de l'Esprit établissent dans l'ordre de la filiation divine un enfant des hommes ; telle parole humaine traduisant une vérité éternelle ramè­nera à Dieu l'âme momentanément distraite de l 'Unique Nécessaire.

Il se peut que notre formation au séminaire ou au scholasticat ait moins précisé les exigences et détai lé les techniques de ce ministère éminemment évangélique. Les œuvres gardaient la vedette. Il faudra se réconcilier avec la réalité et considérer la visite au foyer, le contact individuel sous son aspect positivement pastoral et non seulement dans une perspective d'intégrité sacerdotale à préserver. La facilité d'abord du prêtre américain, son souci de présence et de rayonnement est un précieux appoint de la pastorale d'outre-frontière à intégrer dans nos méthodes traditionnelles. Dans combien de pays s'est creusé un fossé en re e prêtre et le peuple justement parce que la masse des non-pratiquants a pris un consistance agressive et c'est elle-même délibé­rément séparée de l'Eglise. L'abbé Michoneau dans « Paroisse et Com-mi'ni.uté missionnaire » parle ouvertement de paganisme constitué dans certaines couches de la population parisienne. Ces baptisés d'autrefois

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ont dépassé le stage de la haine con re l'Eglise ; ils l'ignorent sereine-ment et s'en désintéressent comme d'un fossile de musée dont il im­porte peu de connaître le nombre de vertèbres. Ici, .e respect humain joue en faveur de la pratique religieuse. Nos réfractaires remontent un courant très fort à l'époque des grandes fê es liturgiques. Plusieurs préféreraient qu'on supprime du calendrier la Semaine Sainte trop remplie de réflexions sombres et de rappels indiscrets... Ne nous berçons pas d'une illusoire sécurité. Les événements vont vite en politique comme en religion. La masse imposante et indreise de nos pratiquants routiniers, ballotés au vent de l'opinion et du conformisme, peut adopter en une génération 'a mode européenne de croire au Christ sans s'astreindre à la messe dont elle méconnaît le sens et sous-estime la valeur.

LE «ESSOritCESSEMEIVT DE L'ESPIÎIT

La paroisse Notre-Dame de la Recouvrance, avec ses problèmes, ses œuvres, ses limites comme ses espoirs, nous a servi de matière à réflexion sur une pastorale en évolution. Elle a le mérite de dessiner nettement les contours que prend de plus en plus la communauté paroissiale moderne : deux groupes très minoritaires de non-prati­quants et de gens d'œuvres séparés, dirions-nous, par le groupement massif des catholiques moyens. C'est le terme employé pour qualifier que Jésus-Christ appelle à la perfection : « soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Pas de mur de Chine entre ces catégories de fidèles. Le non-pratiquant et le messalisant se rencontrent au même restaurant, lisent les mêmes revues, fréquentent les mêmes clubs, et devant plusieurs problèmes de base, réagissent semblablement II se rencontre peu d'agressivité chez le dissident et rarement de prosély­tisme chez le monsieur-qui-va-à-la-messe... Les gens d'eeuvres eux tranchent davantage sur le milieu. En somme, l'Evangile nous offre la même répartition des âmes autour de Jésus : les Douze, ie groupe des Disciples, les masses juives et une minorité active d'ennemis per­sévérants. A tous, notons-le, Jésus a délivré son message dans toute son intégrité. Il ne s'est refusé à personne et dans les derniers chapitres de St-Jean. nous voyons une insistance de sa part pour confondre sinon convertir ses adversaires aveuglés. Bien qu'envoyé aux seuls brebis perdues de la maison d'Israël, Notre-Seigncur n'était pas lié comme nous le sommes par les structures paroissiales qui en loca isar.t le zèle, le rendent prisonnier d'institutions, de cadres administratifs et de traditions humaines rencontrées par le Maître dans l'interpré­tation rabbinique de la Loi. Certains hérétiques ont rêvé d'une Eglise spirituelle affranchie des servitudes humaines de la vie en société. Proposition inacceptable. « Le spirituel est lui-même charnel ». Le

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Verbe en s'incarnant et en fondant une Eglise à son image a pris le risque de voir l'humain inégal devant sa tâche de transmettre le Divin. La paroisse, image d'Eglise, porte en elle la spontanéité de l'Esprit et la limite que lui impose la matière. On trouve chez les prêtres comme chez les fidèles un mélange constant d'élan, et d'inertie, de zèle apos­tolique et de prudence calculatrice, de dynamisme créateur et de stagnation dans les méthodes. L'Eglise comme toute société humaine tend à s'institutionnaliser, à s'organiser, à plafonner. Nous citons l'abbé Michoneau : « l'Esprit-Saint, lui, ne vieillit pas, garde intact l'ardeur première de la Pentecôte. Et nous devons être, sans défail­lance, animés de cet esprit de renouvellement pour ne pas nous atta­cher à « la figure de ce monde qui passe » mais repenser sans cesse les pioblèmes et maintenir jeune notre action ».

7 0 0 0 M A L A D E S S I G N E N T U N A C T E D ' O F F R A N D E P O U R LA J .O.C.

La J.O.C. a déclanché une grande croisade de prières et de sacrifices à l'occasion de son jubilé d'argent et du pèlerinage mondial à Rome. Les malades furent les premiers invités à par­ticiper à cette offensive spirtuelle. A date environ 7000 ont signé un acte d'offrande de leurs sacrifices, de leurs prières, de l'ac­ceptation de la volonté de Dieu sur leur vie. Le premier acte d'offrande à rentrer à la Centrale nous est venu du président fondateur de la L.O.C. de la région de Shawinigan atteint d'un cancer qui devait l'emporter trois semaines plus tard. Il s'agit de M. Rosaire Jacques de Shawinigan-Sud. Deux jours avant de mourir, il disait sa joie de donner sa vie pour le salut de notre jeunesse travailleuse. On comprend que les malades soient con­sidérés comme les joyaux de la J.O.C.

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EXCELLENT TRAVAIL de la J.O.C. de St-Jean

Le 5 janvier dernier, les dirigeants de la J.O C. rencon­traient leur Evêque, Son Excellence Mgr Gérard-Marie Coderre, pour leur visite traditionnelle des fêtes.

Après avoir assisté à la Messe de Son Excellence, ils lui présentèrent un rapport fort intéressant du travail accompli au cours de 1956 à la J.O.C. des garçons. C'est M. Jean-Paul Hétu, le président diocésain qui prépara le rapport et en fit la lecture. Son Excellence félicita les jocistes de leur bon travail d'apos­tolat et les encouragea à l'intensifier toujours davantage.

Voici le texte du rapport qui fut présenté à cette occasion :

REVISION DES OBJECTIFS

Lors de notre dernière rencontre, l'an dernier, nous Vous avons présenté un bilan de no= activités de même que nos projets pour l'avenir. Vers cette période de l'année, nos projets étaient plus nom­breux que notre action qui, disons-le, était à l'état d'embryon.

Six projets d'envergure faisaient partie du programme. Pour être franc, précisons que trois projets et demi ont été réalisés. Ce sont : — Consolidation de nos seciions de St-Jean et de Jacques-Cartier qui étaient alors en fondation. — Initiation diocésaine vers la fin de janvier. — Une rencontre avec les étudiants de l'éco'e des Arts et Métiers et de l'Académie s'est tenue en vue de les intéresser à la fois au mou­vement et à leurs problèmes futurs.

Ceux qui n'ont pas été réalisés sont les suivants : — Fondation de nouvelles sections à Longueuil, à Laprairie, à Boucherville et à Mackayville. Le manque d'homme-clefs (ii n'y en avait qu'un) et le surcroît de travail occasionné par les deux autres sections (Jacques-Cartier et St-Jean) en fondation, nous en ont em­pêché. — L'organisation d'un Service de Préparation à l'Avenir. En cours de route, nous nous sommes aperçus qu'il était préférable de ne point commencer ces cours pour le moment. Nos chefs locaux n'étaient pas

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assez formés pour en supporter le poids et, aussi, pour en retirer tout le bénéfice. — Rencontre avec les jécistes du Séminaire de Longueuil. Cette action aurait pu se faire, mais l'oubli et la négligence d'une part et d'autre part les besoins urgents de nos sections en fondations ne nous ont point permis d'atteindre cet objectif.

STATISTIQUE

Avant de vous présenter notre travail aposto'ique, voici quelques chiffres révélant une partie de la situation du mouvement dans le diocèse. 1 ) Nombre de sections : deux : St-Jean et Jacques-Cartier. 2) Nombre de militants : 20 : 2 au diocésain ; 11 à Jacques-Cartier ;

7 à St-Jan ; Total : 20 militants. 3) Nombre de sympathisants : 42 : 25 à Jacques-Cartier ; 17 à St-

Jean. Actuellement, au mois de décembre, la J.O.C. a atteint 62 jeunes

ouvriers. Tout compté dans ce total les 20 militants et les 42 membres sympathisants, si l'on compare avec l'an dernier, à pareille date, l'on reconnaît l'indice d'une amélioration sensible.

Il n'y avait que trois jocistes d'affiliés, en 1955 ; 26 jeunes ouvriers étaient approchés, et parmi ceux-là nous comptions sur quatre chefs authentiques. Ce qui veut dire qu'en 1956, il y a eu une majoration de 17 nouveaux militants et d'une vingtaine de membres sympathi­sants. Précisons que nos 42 membre:, sympathisants sont plus pris par la J .O C. que ne l'étaient les 26 de 1955. Un bon nombre d'entre eux en effet ont signé une carte de membre s'engageant pendant une période de trois mois à respecter trois engagements : payer sa con­tribution ; assister aux assemblées ; appuyer l'action de la J.O.C. Même avec cette augmentation de membres, on sait que c'est nette­ment insuffisant pour un diocèse comme le nôtre.

D'autre part, le mouvement, durant l'année 1956, a groupé direc­tement près d'une centaine de jeunes ouvriers. Mais nos deux sections, étant encore dans la période de l'enfance, si l'on peut s'exprimer ainsi, n'ont pu canaliser à bon escient, l'opportunité qui s'est présentée. Toutefois, notons que ces 38 jeunes ouvriers qui sont encore au large n'ont aucun préjugé, — si l'on s'en fie aux apparences —. Mais c'est plutôt de l'indifférence qu'ils manifestent à l'égard du mouvement et de: activités qui y sont organisées.

D'autres considérations pourraient être alignées ici, mais passons aux actions qui ont été menées par le mouvement cette année.

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I/ORIENTATION DE NOTRE ACTION APOSTOUQ5 lî

Une idée a guidé notre action : La Rechristianisation des milieux de VIE. Par milieux de vie nous voulons dire es gangs de jeunes ouvriers, les lieux où ils vivent durant leurs temps libres et les endroits où ils travaillent.

Nous savons que cet objectif est élevé. Mais c'est le but foncier de l'Action Catholique spécialisée.

PENETRATION DU MILIEU

Pour l'obtention de cet idéal, il fallait poser un premier geste : pénétrer ce milieu. Ce qui fut fait.

Présentement, nous avons une section qui, depuis novembre 1955, a pénétré cinq milieux de vie :

2 salles de pool ou billards : 2 gangs dans une ; 1 gang dans l'autre.

3 restaurants : 1 gang dans chacun de ces restauran's. Moyens de pénétration : le contact personnel en tendant comme

appât — l'organisation des loisirs (Voyage, camp, culture physique, balle-molle, etc. .)

Recrutement : 11 iocistes répartis dans ces milieux — et 25 autres qui sympathisent fortement en participant à des réunions et à des activités.

Mentionnons également que trois milieux de travail, en parti­culier, ont été atteints. Ces milieux de travail étant situés à Montréal, nous avons préféré centrer davantage notre action sur les milieux de loisirs.

N.B.—Depuis trois mois, nous avons perdu du terrain dans la conquête des milieux de vie. Un jociste qui avait une gang dans la saile de pool chez Bossé a déménagé à l'extérieur de la ville. Maintenant, nous n'avons aucun jociste dans ce milieu.

En plus de pénétrer et d'accrocher des jeunes ouvriers, il fallait, pour réaliser notre but, leur proposer une vie nouvelle : la vie Chré­tienne.

Par des faits, nous relaterons dans ces lignes qui suivront les prin­cipales étapes que nos chefs d'équipe ont vécues tout en essayant de les communiquer à d'autres jeunes ouvriers.

a ) Des jeunes ouvriers sont en train de devenir des hommes . . .

I ) . . . sri ' i rc à mu- nmil 5<- vér i table . . . Le premier point sur lequel on a insisté, ce fut l'amitié. La pre­

mière responsabilité qui fut confiée aux premiers chefs des sections,

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ce fut de gagner un autre jeune ouvrier par l'amitié. Il s'agissait tout simplement de s'intéresser à la vie, aux problèmes, aux aspirations et aux besoins du jeune ouvrier contacté. Les résultats furent très signi­ficatifs :

— Un jociste actuel révéla spontanément dans une réunion : « J'ai fait partie de plusieurs organisations sociales, mais je préfère la J.O.C. à cause de l'amitié qu'on y retrouve. Ce que je n'avais pas trouvé dans les autres. »

— 3 autres jeunes ouvriers qui sont parmi les jocistes les plus actifs confiaient eux aussi : « Ce qui nous a gagnés à la J.O.C, c'est l'amitié désintéressée des jocistes. On voulait faire de la culture phy­sique. On en a fait dans le local de la J.O.C. Et ce qui nous a con­vaincus définitivement, c'est qu'on nous prêtait le local sans que per­sonne nous surveille. La J.O.C. n'avait pas peur de se faire voler. Ils nous faisaient confiance... »

Cette amitié ne fut pas sans lendemain. Les premiers chefs locaux l'ont exploitée à bon escient.

2 ) . . . se traduisant par une prise de responsabi l i té . . .

A chacune des rencontres avec les nouveaux prospects, les premiers chefs d'équipe les faisaient jaser sur différents sujets. C'est grâce à cet échange qu'on en est venu à l'organisation d'une ligue de balle-molle.

Pour nous, jocistes. l'occasion était belle d'une part à cause d'un manque de loisirs organisés, d'autre part à cause de l'opportunité qui s'offrait pour !es engager à fond en leur confiant des responsabilités.

Un plan fut tracé. Des responsabilités furent distribuées. Une revision hebdomadaire se faisait régulièrement. Cette revision nous a permis de les former en partant de la vie même.

Par cette activité, sept chefs ont offert volontairement leurs ser­vices.

Ces sept chefs ont fait une quantité de démarches : — pour le recrutement de leurs joueurs — pour la recherche de commanditaires — pour la trouvaille des terrains nécessaires, e tc . . e tc . .

Toutes ces gens qui furent mis en branle venaient des milieux de vie mentionnés plus haut.

Tous ces efforts ont donné de bons résultats : quatre équipes furent organisées et, grâce à Vous Excellence, ces clubs ont pu pos­séder le matériel nécessaire leur permettant par le fait même de jouer leurs narties durant la saison. Nous Vous en remercions beaucoup.

Pour conclure, disons que cette activité, en plus de procurer des loisirs sains à une quarantaine de jeunes ouvriers, a eu comme effet d- -^couvrir et d'engager dans la J.O.C. près d'une douzaine de militants.

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Cette activité ne fut qu'un moyen, qu'un instrument fort u i'e. D'autres activités de moindre envergure furent utilisées, comme l'uti­lisation de soirées folkloriques et de culture physique.

Outre ces activités de loisirs, d'autres furent également mises sur pied. Durant le chômage, une dizaine de jeunes ouvriers furent placés. Trois autres ont suivi un test d'Orientation Professionnelle. 11 Jeunes ouvriers ont participé à une retraite fermée ; cinq parmi eux en étaient à leur première. 5 ont suivi pour la première fois de leur vie une retraite paroissiale (le chef d'équipe devait à chaque soir les chercher chez eux). 2 cas de jeunes délinquants ont été réglés par la J O C . ; elle s'est engagée devant un juge de la Cour Juvénile à les suivre de très près et à les éduquer.

A chacune des fois, ces activités ont nécessité de la part des jocistes une prise de responsabilité. Pour la très grande majorité d'entre eux, c'était une chose qu'ils n'avaient jamais fait auparavant, « Etre responsable des hommes et de quelque chose ».

Parce qu'i s ont pris ces différentes responsabilités et réfléchi sur leur sens véritable, ces jeunes ouvriers sont en train de devenir des hommes.

Cette action menée au cours de l'année a provoqué une trans­formation profonde dans leur vie. En effet, ces services ont permis de faire fructifier les dons qu'ils ont reçus de Dieu ; ils s'intéressent les uns aux autres. La fraternité, ce n'est pas des mois, il la vive. Le don de soi, ils le réalisent. La justice, ils essaient de la faire régner entre eux. Chacun de ses jeunes ouvriers par l'action qu'il réalise se dépasse un peu chaque jour. Bref, par leur montée humaine, surtout les chefs d'équipe, ces jeunes s'ouvrent au Christianisme, s'acheminent vers une connaissance du Christ ; plus encore, ils commencent à en vivre. Les autres, les membres sympathisants sont en marche vers cette décou­verte, dans une vie plus ou moins con-ciente du Christianisme. Notons également que ces jeunes ouvriers découvrent petit à petit ce qu'est la Hiérarchie — le rôle d'un Evêque dans un diocèse, la mission des prêtres. Cette prise de conscience s'est réa isée tout simplement par des rencontres qui se sont faites en différentes occasions.

b ) D e s chré t i ens se forment , voire d e s apôtres

— Deux amis d'un jociste, orphelins, demeuraient chez leur beau-frère. A la suite d'un malentendu, le beau-frère les jeta dehors. N'ayant point d'économie, ils furent contraints de dormir à la belle étoile, et dans les wagons du Canadien National.

Après avoir connu trois de ces nuits froides et malcommodes, l'un des deux frères, voulant se faire rapidement de l'argent pour se payer une chambre chaude et confortabe, décida de commettre un

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vol dans un restaurant. Le jociste ayant eu vent de l'affaire réussit à le convaincre du contraire. L'argument décisif fut l'offre du jociste lui offrant de partager son lit jusqu'au moment où il pourrait se payer une chambre.

— 4 jocistes ont su par leur présence et leur entrain, créer une atmosphère de gaieté et de fraternité dans une noce.

Pour le prouver, voici le témoignage d'un participant : « J'en reviens nas encore .. Il n'y a pas eu de saoulade, ni de bataille dans une noce de la famille des...

N.B.—quatre mariages ont précédé celui-là. — Trois dirigeants avaient décidé pour faire comme les autres

d° se saouler dans le temps des fêtes, et dans leur party de Noël, à l'usine. Après discussion dans leur ce . , ils ont résolu de ne point le fa;re à cause de leur dignité d'hommes et de chrétiens, et en plus d'aider les membres sympathisants à faire la même chose.

— 2 jocistes nous ont confié qu'ils étaient allés à la confesse cet é'é, au congrès des chefs, pour la première fois depuis leur sortie de l'école. Ils ne savaient plus leur formule de confession. On a dû leur réapprendre avant d'y aller.

— Un jociste fut invité sur la fin d'une soirée populaire à imiter Elvis Presley. De minuit à trois heures a.m., il chanta à trois reprises. Il n'accepta aucune liqueur douce, ni aucune boisson. La raison : il voulait communier le lendemain.

— Un jociste a complètement arrêté de manger de la viande le vendredi. C'était une habitude chez lui de manger soit à la maison, soit au restaurant de la viande cette journée-là.

Un jociste de 17 ans, qui n'a'lait plus à la messe depuis près de deux ans a recommencé à y aller.

Un autre fait continuellement des efforts inouis pour rester pur dans son milieu de travail. Une jeune fille, même si le jociste l'a aver­tie souvent, aime venir travailler en chandail serré, aime aussi se frôler et se permettre certaines caresses. « Si je n'avais pas connu la J.O.C. je n'aurais pas la même attitude avec elle, a-t-il dit ».

— Dans ses fréquentations un autre jociste a arrêté de donner des petites caresses délicates pour que la J O.C. progresse davantage.

D'autres faits pourraient être cités encore, mais contentons-nous de préciser que cette transformation chrétienne s'opère avant tout chez les chefs d'équipe et que l'action apostolique commence à se réa­liser par eux. C'est donc dire qu'un travail immense reste à réaliser auprès d^ nos membres sympathisants. Cette lacune, si elle en est une, se résoudra par le facteur temps et surtout par les chefs d'équipe eux-mêmes.

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OIJ.ÎEC T I F S P O Ï T I I B 5 7

1er objec t i f

Comme la J O C . vise à transformer le jeune travai'lrur nous voulons faire porter nos efforts sur les sympathisants. Le Comité Fédéral suivra systématiquement les comités locaux sur ce point et verra à vérifier périodiquement les résultats dans ce sens.

2 è m e objec t i f

Revivifier notre présence dans les restaurants, salles de pool déjà atteints, en voyant à ce que nos jocistes gardent contacts avec ces milieux et leur donnent graduellement un visage p u s chrétien.

3 è m e objec t i f

Fonder une nouvelle section à Napierville. Une dizaine de gars sont prêts, grâce au travail magnifique réalisé par l'Abbé Gendron.

4 è m e objec t i f

Recruter 15 nouveaux militants.

5 è m e objec t i f

Envoyer trois délégués masculins au pèlerinage international.

COXCLÏ'SIOÎVS

En terminant, nous Vous remercions de tout coeur, Excelence, de Votre collaboration qui fut si précieuse en 1956. Dans la nomina­tion entre autre de M. l'abbé Deslauriers comme aumônier de J.O.C. à Ville Jacques-Cartier

En dernier lieu, nous Vous demandons de déléguer officiellement messieurs les abbés Deslauriers et Gendron au Centre de formation que la J .O.C. organise annuellement au courant de l'été.

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V i e des m o u v e m e n t s — J .O.C.

REGARD SUR LA VISITE AU CANADA DU FONDATEUR DE LA J.O.C, MONDIALE

Le 21 décembre dernier Mgr Jos Cardijn descendait de l'avion à l'aéroport de Dorval pour être l'hôte de deux J.O.C. canadiennes pour une période d'un peu plus d'une semaine. C'était la quatrième visite de Mgr Cardijn au Canada. Il était accompagné de Mlle Mar­guerite Fievez une de la première équipe jociste du monde et actuel­lement membre du secrétariat du bureau international de la J.O.C. à Bruxelles.

En séjournant chez nous Mgr ajoutait une autre étape à son périple à travers le monde pour inviter les jeunes travailleurs de tous ' les pays à participer au grand ralliement de Rome en août 1957.

Parti de Belgique le 12 septembre dernier Mgr Cardijn a fait une première escale en Afrioue où il a assisté à une grande réunion interafricaine à laquel'e s'étaient rendus des jocistes noirs de 16 pays d'Afrique, d?ns le but de s° préparer au pèlerinage à Rome et au premier conseil international de la J.O.C. qui aura lieu à Rome en août prochain. En Amérique du Sud et en Amérique centrale et ensuite au Canada Mgr Cardiin a tenu de semblables réunions continentales.

A 74 ans l'artisan infatigable de la J.O.C. mondiale poursuit sans relâche son interminab'e périgrination à travers la terre pour redonner à la jeunesse travailleuse du monde sa dignité chrétienne et ouvrière.

En arrêtant quelques jours au Canada Mgr voulait aussi s'unir aux jocistes canadiens pour célébrer le 25e anniversaire de fondation de la J.O.C. de leur pays. Et l'on peut dire que le passage de Mgr Cardijn parmi nous a donné lieu aux premières grandes célébrations du 25e anniversaire de notre T O C . Sa présence a occasionné une série de vastes réunions de famille ou jocistes et anciens se sont groupés autour de leur fondateur pour se réjouir des 25 années d'aposto'at jociste au Canada et pour envisager de grands plans apostoliques et m:ss:fvmaires pour l'avenir. La présence du grand homme qu'est Mgr r'nrdtjn, en terre canadienne a aussi alerté l'opinion publique. La T.V , la radio, les journaux ont été fort intéressés par le message du grand mi-sionnaire moderne de la jeunesse travailleuse mondiale.

Voici en quelques lignes un compte-rendu du séjour de Mgr Cardijn parmi nous.

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Le soir même de son arrivée à Montréa le 21 décembre Mgr fut intéressé par un groupe de journalistes à l'émission « conférence de presse » à la télévision du réseau d'état.

Le lendemain dans la journée du 22 décembre Mgr rencontrait Son Eminence le Cardinal Léger, et tenait une rencontre d'étuc!" a v e les équipes nationales de la J O.C. canadienne d'expression française. A midi il prenait le dîner avec les comités diocésains de Montréal. A 5.30 il faisait :a lecture spirituelle aux séminaristes du grand sémi­naire de Montréal. Le soir Cardijn parlait devant plus de 1000 jocistes et anciens jocistes de Montréal et des fédérations environnantes à l'occasion d'un grand meeting qui avait lieu au Plateau sous la pré­sidence d'honneur de Son Eminence le Cardinal Paul-Emile Léger qui était accompagné de Son Excellence Mgr Laurent Morin, v.g., secrétaire de la Commission Episcopa'e d'action catholique. Les dio­cèses représentés étaient St-Jérôme, St-Jean, Sherbrooke, Valleyfield, Nicolet et Joliette.

A l'occasion de la présence de Mgr Cardijn 75 nouveaux jocistes eurent l 'honneur d'être initiés par le Père de la J.O.C. Mgr Cardijn adressa un vibrant message aux jocistes et aux anciens. Son Eminence le Cardinal Léger dans son allocution eut des paroles bien aimab es à l'adresse du grand apôtre de la J.O.C.

Après le ralliement Mgr Cardijn, Marguerite Fiévez, le R.P. Paul-Emile Pellelier et deux jocistes furent interviewé sur place pour un reportage télévisé qui parut à l'émission « actualité religieuse ».

Le lendemain, dimanche le 23 décembre, Mgr se rendait à Qué­bec où l'attendait une chaleureuse réception dès l'arrivée du train. Ma'ses à la gare du palais, jocistes et anciens qui arboraient des pancartes et des drapeaux firent re ten i r la station de chants jocistes et d? longues acclamations. Mgr leur adressa quelques paroles vibran­tes des hauts parleurs de la gare. Une flotte d'automobiles précédés de motocyclistes de la police municipale escorta Mgr et sa suite au Palais Archiépiscopal où Son Excellence Mgr Maurice Roy l'attendait. Immédiatement après, avait lieu à la salle des promotions de l'univer­sité Laval en présence de Son Excellence l'archevêque et du corps professoral de l'université .'a remise d'un doctorat d'honneur à Mgr Cardijn.

Venait ensuite un meeting jociste à la salle où eut lieu la réception jociste par Mgr de plus d'une centaine de jeunes travailleurs et tra­vailleuses. A cette occasion Mgr Cardijn adres.-a la parole aux jocistes et anciens jocistes il fut remercié par Mgr Audet, auxiliaire et directeur diocésain d'action catholique.

Les jocistes de Chicoutimi, du Lac St-Jean et de Ste-Anne-de-la-Pocatière é,aient venus se joindre à ceux de Québec.

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A sept heures avait lieu au cercle universitaire un souper intime qui réunissait une centaine de convives sous la présidence de Mgr l'Archevêque.

Le lendemain à 10.30 Mgr Cardijn signait le livre d'or de la cité de Québec. A 11 heures il adressait la parole pendant une heure aux grands séminaristes.

Dans l'après-midi Mgr Cardijn partait pour Trois-Rivières où il rendait visite à Son Excellence Mgr Georges-Léon Pelletier et à Son Honneur e maire Laurent Paradis

Le lendemain, jour de Noël Mgr célébrait ses messes de Noël au sanctuaire national du Cap-de-la-Madeleine. Le midi la fédération jociste de Trois-Rivières recevait Mgr à un dîner intime auquel assis­taient les équipes fédérales et nationales et bon nombre d'aumôniers du diocèse.

Dans l'après-midi avait lieu un grand ralliement jociste à l'audi­torium De LaSa le. 75 jeunes travailleurs et jeunes travailleuses furent reçus jocistes par Mgr Cardijn qui adressa la parole aux jocistes et aux anciens et fut remercié par Mgr F.X. St-Arnauld, curé de la Cathédrale.

Le soir même Mgr Cardijn revenait à Montréal. Mercredi le 26 décembre dans l'avant-midi Mgr Cardijn donnait une conférence de presse aux journalistes de la métropole. Dans l'après-midi il adres­sait la parole aux prêtres de Mon;real et de la région au grand sémi­naire. Une centaine de prêtres étaient venus l'entendre et le ques­tionner.

Le soir Mgr Cardijn rencontrait les jocistes de langue anglaise de Montréal.

Le même jour, Mlle Marguerite Fiévez du secrétariat interna­tional était interviewée à l'émi.sion « carrefour » à la télévision d'état.

Jeudi le 27 décembre Mgr était l'hôte de Son Excellence Mgr Arthur Douville, président de la Commission Episcopale d'action catholique. Pour la circonstance on avait convoqué tout le clergé du diocèse qui s'est rendu dans sa presque totalité. Mgr Cardijn y fit deux intéressantes conférences sur les graves problèmes qui se posent à notre pastorale d'aujourd'hui.

Mgr Cardijn rencontra ensuite les équipes diocésaines de la J.O.C. ainsi que les aumôniers diocésains de J O.C. et de L.O.C.

Le jeudi soir Mgr revenait à Dorval prendre l'avion qui le con­duisait à Toronto où l'attendaient les équipes nationales des J.O.C. canad'ennes de langue française et de langue anglaise et de la J.O.C. des Etats-Unis. Etaient aussi présents à cette réunion interaméricaine, Pat Keegan le président international de la J.O.C. et Mlle Carolyn

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P^zzulo membre du bureau international et représentante de la J.O.C. à PO.N.U. La réunion avait lieu au collège St-Miche! dirigé par les RR. PP. Basiliens.

La réunion dura deux jours les 28 et 29 décembre. L'agenda comprenait trois item principaux.

Le premier item portant sur le pèlerinage à Rome débuta par un exposé de Mgr Cardiin sur la signification d'un tel ralliement et les fruits qu'il produira. Le texte complet de cet exposé est présenté dans le présent numéro de la revue. Cet exposé fut suivi d'un échange entre les représentants des trois J.O.C. sur leurs réalisations et leurs projets pour l'organisation du pèlerinage et la préparation des délégués.

Le second item au programme débuta par un exposé de Pat Keegan sur la signification de la tenue en août prochain, immédiate­ment après le ralliement à Rome, d'un premier conseil international de la J.O.C. mondial, où quatre cents délégués environ représenteront les 75 pays où la T O C . existe. Pat fit l'historique du déve'oppement de la J.O.C. et démontra l'importance historique pour l'Eglise et la jeunesse travailleuse de ce conseil international où seront adop'és les statuts de !a J.O.C. mond'ale récemment approuvé; par le St-Siège et où seront élus 'es membres du bureau international. On passa ensuite à une étude attentive des statuts de la J.O.C. internationale.

Dans un troisième item Marguerite Fiévez fit un exposé sur la manière d'utiliser dans chaque pays l'information recueillie par la grande enquête sur la situation religieuse menée depuis un an par chaque J.O.C.

Au cours de la réunion Son Eminence le Cardinal Tames Patrick McGuigan vint rencontrer Mgr Cardijn et les délégués jocistes II eut des paro'es très élogieuses pour Mgr et encourageantes pour la J.O.C.

Le soir du 29 décembre à un grand ralliement qui eut lieu dans un auditorium du collège St-Michel, Mgr Cardijn s'adressait en anglais aux jocistes et aux jeunes travailleurs de Toronto. Son Excel­lence Mgr Marocco, auxiliaire de Toronto était présent.

Le lendemain 30 décembre Mgr Cardijn et les dirigeants inter­nationaux prenaient l'avion à destination de Chicago où les attendait, le soir même, un autre ralliement de Jocistes et de jeunes travailleurs américains.

Pendant quatre jours encore le programme de Mgr Cardijn allait être rempli de rencontres de prêtres e! de ralliements de jociites. Aux environs du 4 janvier un avion transatlantique ramenait finalement Mgr Cardijn, chez-lui. à Bruxelles, après un long voyage de quatre mois.

IJ peut sembler étonnant que cet homme de 74 ans puisse encore

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s'imposer un régime de vie aussi harassant. Ceux qui l'ont rencontré, qui ont entendu sa parole vigoureuse, ceux, sur;out, qui ont vécu avec lui plusieurs jours ont trouvé l'explication. Sous une chevelure devenue blanche ils retrouvent l'ardent vicaire de Laaken qui après 40 ans poursuit avec la même extraordinaire détermination, l'idéal des premiers jours. Cet idéal, va bientôt se réaliser lorsqu'aura lieu le premier conseil international et le ralliement des 30,000 jeunes travail­leurs à Rome. Le premier noyau jociste aura enfin atteint sa pleine dimension.

D'ici là Mgr Cardijn reste infatigable. Son intense zèle mission­naire le soutient alors qu'il parcourt les continents pour convoquer à Rome la jeunesse travailleuse du monde. Quand il aura vu ses trente mille jeunes travailleurs « de toutes les races, de toutes les couleurs » assemblés autour du Vicaire du Christ : « alors, dit Mgr Cardijn en souriant, je pourrai chanter mon nunc dimitis ».

G R A C E A U X J E U N E S T R A V A I L L E U R S C A N A D I E N S 7 0 JOCÏSTES D E P A Y S

P A U V R E S IRONT A R O M E

On a annoncé, au Conseil National de janvier, que la somme de $1500 a été recueillie à date auprès des jeunes travailleurs canadiens pour aider d'autres jeunes ouvriers des pays moins riches à participer au Congrès mondial de la J.O.C. à Rome. Grâce à cette générosité, à cet esprit d'entraide internationale 7 délégués de 4 pays différents seront à Rome au mois d'août prochain. Ces 7 délégués viennent de trois continents différents: 1 du Chili ; 2 du Liban ; 1 d'Afrique occidentale française et 3 d'Egypte.

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La V i e d e s m o u v e m e n t s — L.O.C.

S T E - A N N E - D E - L A - P O C A T I E R E

Dans le diocèse de Ste-Anne-de-la-Pocatière, la L.O.C. compte deux sections bien vivantes à Montmagny et à Rivière-du-Loup. Vers la mi-octobre, Mlle Thérèse Vigeant et M. Roger Aube, permanents à la Centrale Nationale et le R.P. Jacques Champagne, o.m.i., assis­tant-aumônier national ont pu se rendre compte personnellement du beau travail qu'elles accomplissent. Chacune d'e les avait organisé sa journée d'Etude qui fut fort bien réussie. Et après avoir entendu les réalisations et les projets des comités locaux, les visiteurs nationaux quittèrent encouragés et édifiés, des hôtes très charmants. Dans la ville épiscopale, à Ste-Anne, ils complétèrenr leur heureux voyage par un échange d'impressions avec l'aumônier diocésain monsieur l'abbé Paul-Emile Deschênes.

M. l'abbé Gérard Labbé est l'aumônier de la L.O.C. et de la L.O.C.F. de Montmagny. M. l'abbé Liguori Lemieux était à ce moment l'aumônier de la L.O.C. et de la L.O.C.F. de la paroisse St-François-Xavier de Rivière-du-Loup; depuis ce temps, il a été nommé desservant de la paroisse St-Pamphile de l'Islet ; M. i'abbé Robert Landry lui succède. Nous remercions sincèrement M. l'abbé Lemieux de l'intérêt soutenu qu'il portait à ses locistes et qui lui était bien rendu. Nous lui souhaitons bon succès dans sa nouvelle charge.

J O U R N E E S D ' E T U D E S D E S A U M O N I E R S D I O C E S A I N S

Les 22, 23, 24 octobre derniers, se sont tenues à l'Oratoire St-Joseph les Journées d'Etudes des aumôniers diocésains de la L.O.C. Bien que cette année, les aumôniers de a J.O.C. ne s'étaient pas joints à eux, l'assistance nombreuse, 24 étaient présents, a compté pour beaucoup dans le succès de ce te rencontre. Les discussions ont été des plus enrichissantes, chacun pouvant exprimer son opinion en toute confiance. La partie la plus importante de ces journées fut consacrée à l'étude du programme religieux et social de l'année lociste. Les autres délibérations portaient sur des sujets généraux, comme nos pu­blications, la femme dans notre mouvement, l'action apostolique, etc.

Pour les traiter, le R.P. Clément Rousseau, o m.i., a u m ' n ^ r national avait fait appel à plusieurs personnalités dont Mgr Larr~nt Morin, secrétaire de la Commission épiscopale de l 'A.C, M. l'abbé Félicien Rousseau, aumônier à l 'A.G.C, le R.P. Germain Lalande, c.s.c, provincial des PP. de Ste-Croix, le R.P. Louis Lachance, o.p. et M. l'abbé Gaston Bcauchesne, aumônier diocésain de Trois-Rivières.

De préférence à tout autre détail, il faut signaler une innovation. Pour la première fois, semble-t-il, les dirigeants nationaux furent invités à participer à ces journées d'aumôners. Mlles Monique Cloutier et Thérèse Vigeant, MM. Jean Biais et Leopold Séguin présentèrent des travaux et participèrent à des échanges de vues. Tous ont tiré profit de cette façon de procéder.

Une fois de plus, aumôniers et dirigeants furent à même d'appré­cier la grande place que joue ces réunions dans l'avancement du mouvement et son adaptation aux problèmes de l'heure.

CONSEIL N A T I O N A L D E N O V E M B R E

Le Conseil National de la L.O.C. a tenu sa réunion régulière d'automne, les 24 et 25 novembre derniers.

S. Ex. Mgr Laurent Morin, secrétaire de la Commission épiscopalc de l'Action Catholique, a rencontré les quatre-vingts délégués. Il a souligné comment l'esprit apostolique est vivant dans l'Eglise cana­dienne. S'adressant particu'ièrement à la L . O . C , il a affirmé que ce mouvement, même avec des effectifs restreints, exerce une influence sur le milieu canadien : le travail fait actuellement aura des réper­cussions profondes sur l'avenir. Mgr Morin a terminé en demandant aux militants de la L.O.C. d'avoir foi en leur mouvement ; c'est en coopérant avec l'Eglise que chacun pourra réaliser véritablement son apostolat.

Les débats étaient sous la présidence de Mme Aurore Nicolas et M. David Bosset. En p us de définir le programme de travail de ce mouvement, les délégué.; on' consacré plusieurs heures à étudier l'orien­tation de la L.O.C. et les champs d'action où elle doit s'engager. A la suite de ces travaux, une commission d'orientation a été formée. Elle est composée du R.P. Clément Rousseau, o.m.i., aumônier natio-tional de la L.O C. ; de M. le Chanoine Gaston Hains, St-Hyacinthe; du R.P. Jules Bélanger, o.m.i., St-Jérôme ; Mme F. Fugère, Trois-Rivières-Shawinigan-Fa ls ; Mlle Thérèse Vigeant, responsable des services ; M M . Edouard Gratton, Montréal ; R. Beaupré, Québec ; Jean Biais, secrétaire national de la L.O.C.

Le Conseil national s'est terminé par la formation des Comités nationaux de la L.O.C. pour l'année 1956-1957. A la L.O.C.F., Mme Aurore Nicolas, présidente et propagandiste ; Mlle Monique Cloutier, s^errtaire-trésorière ; Mlle Thérèse Vigeant, responsable des services ; Mme Bernadette Bé anger, responsable du Service d'Orientation des Foyers ; Mme Suzanne Malo. Le Comité national de la branche mas­culine est composé de MM. David Bosset, président ; Jean Biais, sec;"taire-propagandiste ; Roger Aube, trésorier ; Leopold Séguin, responsable du Service d'Orientation des Foyers. Les aumôniers natio-

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naux sont : RR. PP. Clément Rousseau et Jacques Champagne, o.m.i. A la suite de ce Conseil, M. D. Bosset commence son 9e terme comme président de la L.O.C.

V A L L E Y F I E L D

Le Comité National de la L.O.C. masculine a tenu une « réunion de charges » dans la fédération de Valleyfie'd. En effet, dimanche le 9 décembre, M M . Dave Bosset, président ; Roger Bélanger, respon­sable du S.O.F. ; Leopold Séguin, responsable de; noyaux de forma­tion ; Roger Aube, trésorier et le Pv.P. Jacques Champagne, o.m.i., assistant-aumônier national se sont rendus à Valleyfield pour discuter des problèmes de la fédération et des sections avec les dirigeants con­cernés, dont le président Robert Hal e et l'aumônier, M. l'abbé Fran­çois Laurin. Le lendemain, 10 décembre, les RR. PP Clément P.ous-seau et Jacques Champagne, o.m.i., aumôniers nationaux, rencon­trèrent l'aumônier diocésain et tous les aumôniers locaux donf plusieurs sont curés de paroisse, et quelques prêtres intéressés à la L O C . Cette réunion animée d'un esprit de paternelle entraide fut clôturée par une visite d'encouragement de l'évêque du lieu, Son Excellence Mgr Alfred Langlois.

Le Comité Naiional a apprécié à sa juste valeur ces contacts aussi profonds avec une fédération ; il en a pour sa part tiré de grands profits et en espère beaucoup pour l'avenir.

M O N T R E A L

Vers la fin de l'année, nous est parvenue à la Centrale Nationale la compilation de la grande enquête que la L.O.C.F. de Montréal avait lancée pour connaître les milieux de vie actuellement atteinle par les militants de la L.O.C.F. En entreprenant cet immense travail, en novembre 1955, le comité diocésain prévoyait profiter de cette étude pour organiser plus efficacement la pénétration de ces milieux de vie. Les chiffres et les statistiques sont c airs, d'interprétation facile, ils nous révèlent les milieux familial, social et de travail des militants et le milieu de travail de leurs maris. Tous les renseignements sont répartis pour chaque district. Les dirigeantes diocésaines, les respon­sables de districts et 'eurs aumôniers possèdent là un instrument de travail très utile ; elles peuvent, si elles veulent s'en donner la peine, retirer beaucoup d'inspiration apostolique de ces tableaux et de ces colonnes.

C'est d'ailleurs ce qu'elles ont compris, car el'es profi èrent de leur Conseil diocésain semi-annuel du 9 décembre, pour étudier les principales conclusions de cet imposant document. Une centaine de

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dirigeantes assistaient à ce Conseil. Mme Aurore Nicolas, présidente nationale et M.le Thérèse Vigeant, responsable des Services, y étaient présentes. Son Excellence Mgr Laurent Morin, directeur diocésain de l'Action Catholique et secrétaire de la Commission épiscopale de l'Action Catholique a résumé les conclusions de la soirée.

Une quinzaine d'aumôniers locaux de la L.O.C. de Montréal ont répondu le 11 décembre, à l'invitation de M. /abbé Jean Désorcy itumônier diocésain. Des travaux furenl présentés par Mme Simonne Vanier et M. Edouard Gratton président et présidente diocésaine ; un échange de vues présidé par M. l'abbé Désorcy termina la réunion.

VISITE D U P R O V I N C I A L D E S O B L A T S

Le R.P. Albert Sanschagrin, o.m.i., provincial religieux des aumô­niers nationaux, a visité le 18 janvier, la Centrale de la L.O.C. Très aimablement, il a causé avec les dirigeants, rappelant ses propres expé­riences comme aumônier national de la J.O.C.F. et fondateur du Service de Préparation au Mariage. Les permanents ont apprécié cette dé.icatesse et leurs aumôniers y ont vu une preuve de plus de l'intérêt que porte leur Supérieur Provincial à l'Action Catholique et l'Action Catholique Spécialisée. Le Révérend Père s'est principale­ment montré intéressé à notre Budget Familial dont les éditions suc­cessives atteignent déjà 90,000 et à notre Service d'Orientation des Foyers, dont le tirage est de 7300.

J O U R N E E S D ' E T U D E S D E S P R O P A G A N D I S T E S

Les 26 et 27 janvier, les propagandistes nationaux convoquaient leurs vis-à-vis, pour une éiude plus approfondie de leur rôie. A l'ordre du jour, il fut question de Télé-Foyer, des soirées populaires de février et de mai, de la Semaine Nationale de la famille ouvrière. Tous ces item ont été discutés dans un atmosphère de fraternité. Le clou de cette rencontre fut sans contredit un panel portant sur les relations Famille-Ecole et composé d'un commissaire d'école : M. Fortin, de Ville Jacques-Cartier, M. Albert Colanzelo, principal de l'école ; de Mme Marthe Goulet et de M. Jos Buisson, propagandistes de Trois-Rivières et de Shawinigan, mère et père de famille. Le sérieux des problèmes soulevés, la grande participation de l'assistance et l 'ardeur des discu.sion^ firent un véritable succès de cet échange de vues. Notre programme social de cette année traite pour une bonne part, de ce problème Famille-Ecole ; des enquêtes précises et révélatrices ont déjà été menées par la L.O.C. dans ce domaine. Ces études devraient aboutir d'ici peu à la créa.ion d'un nouveau service Famille-Ecole ; ce sera un instrument pratique de rénovation chrétienne, bâti par des

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expériences contrôlées et accessib'es au goût marqué de nos foyers ouvriers pour une action concrète. La journée d'étude des propagan­distes avait été préparée par les Comités nationaux et surtout par Mme Aurore Nicolas et M. Jean Biais, propagandistes.

M O N S I E U R L'ABBE H E N R I G I G U E R E N O M M E A L ' H O P I T A L S . -FRANÇOIS D'ASSISE

Les aumôniers et les dirigeants regretteront l'absence de M l'abbé Henri Giguère de )purs réunions nationales. Une récente nomination l'assignait au poste d'aumônier des religieuses et infirmières de l'Hôpital St-François d'Assise de Québec.

M. l'abbé Giguère était un des doyens de nos aumôniers diocé­sains d'Action catholique ouvrière : C'est en effet, en 1945 qu'il deve­nait aumônier diocésain de la J.O.C. du diocèse de Québec ; en 1946, il cumula la fonction d'aumônier diocésain de L.O.C.

Son profond attachement à la classe ouvrière clairement manifesté depuis les premiers jours de son ordination sacerdotale en 1936, le désignait pour ces difficiles et apostoliques fonctions dont il s'acquitta avec grand dévouement et savoir-faire.

Il passe au rang des anciens dont on rappellera non sans nostalgie, la franche collaboration, l'esprit combattif, de la riche expérience, l 'ardeur apostolique.

L'Action catholique ouvrière exprime sa vive reconnaissance à M. l'abbé Henri Giguère. Les exemples et les initiatives de son zèle continueront à inspirer dirigeants et aumôniers.

Nous lui souhaitons bonheur et consolations apostoliques dans le nouveau champ d'apostolat où la Divine Providence l'appelle.

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