PÈLERINAGE DU PAPE FRANÇOIS

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PÈLERINAGE DU PAPE FRANÇOIS EN TERRE SAINTE À L'OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE DE LA RENCONTRE À JÉRUSALEM ENTRE LE PAPE PAUL VI ET LE PATRIARCHE ATHÉNAGORAS 24 - 26 MAI 2014 RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS JORDANIENNES Amman - Samedi 24 mai 2014 Majestés, Excellences, chers frères Evêques, chers amis, Je remercie Dieu de pouvoir visiter le Royaume Hachémite de Jordanie, sur les traces de mes prédécesseurs Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI, et je remercie Sa Majesté le Roi Abdullah II pour ses cordiales paroles de bienvenue, dans le vivant souvenir de notre récente rencontre au Vatican. J’étends mon salut aux membres de la famille royale, au Gouvernement et au peuple de Jordanie, terre riche d’histoire et de signification pour le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam. Ce pays fait un accueil généreux à un grand nombre de réfugiés palestiniens, irakiens, et provenant d’autres régions en crise, en particulier la Syrie toute proche, bouleversée par un conflit qui dure depuis trop longtemps. Un tel accueil mérite, Majesté, l’estime et le soutien de la communauté internationale. L’Eglise Catholique, selon ses possibilités, veut s’engager dans l’assistance aux réfugiés et à ceux qui vivent dans le besoin, surtout par l’intermédiaire de Caritas Jordanie. Alors que je constate avec douleur la permanence de fortes tensions au Moyen Orient, je remercie les Autorités du Royaume pour ce qu’elles font et je les encourage à continuer de s’engager dans la recherche d’une paix durable, souhaitée pour toute la région ; dans ce but une solution pacifique à la crise syrienne est plus que jamais nécessaire et urgente, ainsi qu’une solution juste au conflit israélo- palestinien. Je profite de cette occasion pour renouveler mon profond respect et mon estime pour la communauté musulmane, et manifester mon appréciation pour le rôle de guide joué par Sa Majesté le Roi dans la promotion d’une plus juste compréhension des vertus proclamées par l’Islam, et la sereine cohabitation entre fidèles des différentes religions. Vous êtes connu comme un homme de paix, un artisan de paix : merci ! J’exprime ma reconnaissance à la Jordanie pour avoir encouragé diverses initiatives importantes en faveur du dialogue interreligieux pour la promotion de la compréhension entre Juifs, Chrétiens et Musulmans, parmi lesquelles le « Message Interreligieux d’Amman », et pour avoir promu au sein de l’ONU la célébration annuelle de la « Semaine d’Harmonie entre les Religions ». Je voudrais maintenant adresser un salut plein d’affection aux communautés chrétiennes, accueillies par ce Royaume, communautés présentes dans le pays depuis les temps apostoliques : elles offrent leur contribution au bien commun de la société dans laquelle elles sont pleinement insérées. Bien qu’étant aujourd’hui numériquement minoritaires, elles peuvent développer une action qualifiée et appréciée dans les champs éducatif et sanitaire, par des écoles et des hôpitaux, et elles peuvent professer avec tranquillité leur foi, dans le respect de la liberté religieuse qui est un droit humain fondamental et que je souhaite vivement être tenu en grande considération partout au Moyen Orient et dans le monde entier. Celui-ci « comprend à la fois au niveau individuel et collectif, la liberté de suivre sa conscience en matière religieuse et la liberté de culte… la liberté de choisir la religion que l’on juge être vraie et de manifester publiquement sa propre croyance » (Benoît XVI, Exhort. Ap. Ecclesia in Medio Oriente, n. 26). Les chrétiens se sentent et sont citoyens à part entière, et ils entendent contribuer à la construction de la société avec leurs concitoyens musulmans, en offrant leur contribution propre et spécifique. J’adresse enfin un souhait spécial pour la paix et la prospérité du Royaume de Jordanie et de son peuple, avec le vœu que cette visite contribue à augmenter et à promouvoir les bonnes et cordiales relations entre chrétiens et musulmans. Et que le Seigneur Dieu nous préserve tous contre cette peur du changement à laquelle Sa Majesté a fait référence. Je vous remercie pour votre accueil chaleureux et votre courtoisie. Que Dieu Tout Puissant et Miséricordieux accorde à Vos Majestés bonheur et longue vie, et qu’il comble la Jordanie de ses bénédictions. Salam ! MESSE AU STADE D’AMMAN EN JORDANIE Amman - Samedi 24 mai 2014

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PÈLERINAGE DU PAPE FRANÇOISEN TERRE SAINTE À L'OCCASION DU 50e

ANNIVERSAIRE DE LA RENCONTRE À JÉRUSALEM

ENTRE LE PAPE PAUL VI ET LE PATRIARCHE ATHÉNAGORAS

24 - 26 MAI 2014 

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!RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS JORDANIENNES

Amman - Samedi 24 mai 2014 Majestés, Excellences, chers frères Evêques, chers amis, Je remercie Dieu de pouvoir visiter le Royaume Hachémite de Jordanie, sur les traces de mes prédécesseurs Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI, et je remercie Sa Majesté le Roi Abdullah II pour ses cordiales paroles de bienvenue, dans le vivant souvenir de notre récente rencontre au Vatican. J’étends mon salut aux membres de la famille royale, au Gouvernement et au peuple de Jordanie, terre riche d’histoire et de signification pour le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam. Ce pays fait un accueil généreux à un grand nombre de réfugiés palestiniens, irakiens, et provenant d’autres régions en crise, en particulier la Syrie toute proche, bouleversée par un conflit qui dure depuis trop longtemps. Un tel accueil mérite, Majesté, l’estime et le soutien de la communauté internationale. L’Eglise Catholique, selon ses possibilités, veut s’engager dans l’assistance aux réfugiés et à ceux qui vivent dans le besoin, surtout par l’intermédiaire de Caritas Jordanie. Alors que je constate avec douleur la permanence de fortes tensions au Moyen Orient, je remercie les Autorités du Royaume pour ce qu’elles font et je les encourage à continuer de s’engager dans la recherche d’une paix durable, souhaitée pour toute la région ; dans ce but une solution pacifique à la crise syrienne est plus que jamais nécessaire et urgente, ainsi qu’une solution juste au conflit israélo-palestinien. Je profite de cette occasion pour renouveler mon profond respect et mon estime pour la communauté musulmane, et manifester mon appréciation pour le rôle de guide joué par

Sa Majesté le Roi dans la promotion d’une plus juste compréhension des vertus proclamées par l’Islam, et la sereine cohabitation entre fidèles des différentes religions. Vous êtes connu !comme un homme de paix, un artisan de paix : merci ! J’exprime ma reconnaissance à la Jordanie pour avoir encouragé diverses initiatives importantes en faveur du dialogue interreligieux pour la promotion de la compréhension entre Juifs, Chrétiens et Musulmans, parmi lesquelles le « Message Interreligieux d’Amman », et pour avoir promu au sein de l’ONU la célébration annuelle de la « Semaine d’Harmonie entre les Religions ». Je voudrais maintenant adresser un salut plein d’affection aux communautés chrétiennes, accueillies par ce Royaume, communautés présentes dans le pays depuis les temps apostoliques : elles offrent leur contribution au bien commun de la société dans laquelle elles sont pleinement insérées. Bien qu’étant aujourd’hui numériquement minoritaires, elles peuvent développer une action qualifiée et appréciée dans les champs éducatif et sanitaire, par des écoles et des hôpitaux, et elles peuvent professer avec tranquillité leur foi, dans le respect de la liberté religieuse qui est un droit humain fondamental et que je souhaite vivement être tenu en grande considération partout au Moyen Orient et dans le monde entier. Celui-ci « comprend à la fois au niveau individuel et collectif, la liberté de suivre sa conscience en matière religieuse et la liberté de culte… la liberté de choisir la religion que l’on juge être vraie et de manifester publiquement sa propre croyance » (Benoît XVI, Exhort. Ap. Ecclesia in Medio Oriente, n. 26). Les chrétiens se sentent et sont citoyens à part entière, et ils entendent contribuer à la construction de la société avec leurs concitoyens musulmans, en offrant leur contribution propre et spécifique. J’adresse enfin un souhait spécial pour la paix et la prospérité du Royaume de Jordanie et de son peuple, avec le vœu que cette visite contribue à augmenter et à promouvoir les bonnes et cordiales relations entre chrétiens et musulmans. Et que le Seigneur Dieu nous préserve tous contre cette peur du changement à laquelle Sa Majesté a fait référence. Je vous remercie pour votre accueil chaleureux et votre courtoisie. Que Dieu Tout Puissant et Miséricordieux accorde à Vos Majestés bonheur et longue vie, et qu’il comble la Jordanie de ses bénédictions. Salam !

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MESSE AU STADE D’AMMAN EN JORDANIE

Amman - Samedi 24 mai 2014

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! ! « La paix ne peut se vendre ni s’acheter : elle est un don à recevoir avec patience et à construire "artisanalement" par des petits et des grands gestes qui impliquent notre vie quotidienne » Dans l’Évangile, nous avons entendu la promesse de Jésus aux disciples : « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais » (Jn 14,16). Le premier Paraclet est Jésus lui-même; l’« autre » est l’Esprit Saint. Nous nous trouvons ici non loin du lieu où l’Esprit Saint est descendu avec puissance sur Jésus de Nazareth, après que Jean l’ait baptisé dans le Jourdain (Cf. Mt 3,16). L’Évangile de ce dimanche, ainsi que ce lieu, dans lequel par la grâce de Dieu je suis en pèlerinage, nous invitent à méditer sur l’Esprit Saint, sur ce qu’il accomplit dans le Christ et en nous, et que nous pouvons résumer ainsi : l’Esprit accomplit trois actions : il prépare, il oint, il envoie. Au moment du baptême, l’Esprit se pose sur Jésus pour le préparer à sa mission de salut ; mission caractérisée par le style du Serviteur humble et doux, prêt au partage et au don total de soi. Mais l’Esprit Saint, présent dès le début de l’histoire du salut, avait déjà opéré en Jésus au moment de sa conception dans le sein virginal de Marie de Nazareth, réalisant l’événement admirable de l’Incarnation : “ l’Esprit Saint viendra sur toi, il te couvrira de son ombre – dit l’ange à Marie – et tu enfanteras un Fils auquel tu donneras le nom de Jésus ” (Cf. Lc 1, 35). Ensuite, l’Esprit Saint avait agi en Siméon et Anne le jour de la présentation de Jésus au Temple (Cf. Lc 2,22). Tous deux dans l’attente du Messie ; tous deux inspirés par l’Esprit Saint, Siméon et Anne ont l’intuition, à la vue de l’enfant, qu’il est vraiment Celui qui est attendu par tout le peuple. Dans l’attitude prophétique des deux vieillards s’exprime la

joie de la rencontre avec le Rédempteur et, dans un certain sens, une préparation de la rencontre entre le Messie et le peuple a lieu. Les diverses interventions de l’Esprit Saint font partie d’une action harmonique, d’un unique projet divin d’amour. La mission de l’Esprit Saint, en effet, est de générer l’harmonie – lui-même est harmonie – et de faire la paix dans les différents contextes et entre des sujets divers. La diversité de personnes et de pensée ne doit pas provoquer refus et obstacles, parce que la variété est toujours un enrichissement. Par conséquent, aujourd’hui, invoquons avec un cœur ardent l’Esprit Saint, en lui demandant de préparer la route de la paix et de l’unité. En deuxième lieu, l’Esprit Saint oint. Il a oint intérieurement Jésus, et il oint les disciples, pour qu’ils aient les mêmes sentiments que Jésus et puissent ainsi assumer dans leur vie les attitudes qui favorisent la paix et la communion. Avec l’onction de l’Esprit, notre humanité est marquée de la sainteté de Jésus Christ et cette onction nous rend capables d’aimer nos frères avec l’amour même dont Dieu nous aime. Par conséquent, il est nécessaire de poser des gestes d’humilité, de fraternité, de pardon, de réconciliation. Ces gestes sont les prémices et la condition pour une paix vraie, solide et durable. Demandons au Père de nous oindre afin que nous devenions pleinement ses enfants, toujours plus conformes au Christ, pour nous sentir tous frères et ainsi éloigner de nous rancunes et divisions et nous aimer fraternellement. C’est ce que Jésus nous a demandé dans l’Évangile : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements ; et je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet pour qu’il soit avec vous à jamais » (Jn 14,15-16). Et enfin l’Esprit Saint envoie. Jésus est l’Envoyé, rempli de l’Esprit du Père. Oints du même Esprit, nous sommes aussi envoyés comme messagers et témoins de paix. La paix ne peut s’acheter : elle est un don à recevoir avec patience et à construire « artisanalement » par des petits et des grands gestes qui impliquent notre vie quotidienne. Le chemin de la paix se consolide si nous reconnaissons que nous avons tous le même sang et faisons partie du genre humain ; si nous n’oublions pas que nous avons un unique Père céleste et que nous sommes tous ses enfants, faits à son image et à sa ressemblance. Dans cet esprit je vous embrasse tous : le Patriarche, mes frères Evêques, les prêtres, les personnes consacrées, les fidèles laïcs, les nombreux enfants qui, aujourd’hui, reçoivent la première communion, ainsi que leurs parents. Mon cœur s’adresse aussi aux nombreux réfugiés chrétiens provenant de la Palestine, de la Syrie et de l’Irak : portez à vos familles et à vos communautés mon salut et ma proximité. Chers amis ! L’Esprit Saint est descendu sur Jésus près du Jourdain et a commencé son œuvre de rédemption pour libérer le monde du péché et de la mort. Demandons-lui de préparer nos cœurs à la rencontre avec nos frères au-delà des différences d’idées, de langues, de cultures, de religions ; demandons-lui d’oindre tout notre être de l’huile de sa miséricorde qui guérit les blessures des erreurs, des incompréhensions, des controverses ; demandons-lui de nous envoyer avec humilité et douceur sur les sentiers exigeants, mais féconds, de la recherche de la paix. Amen ! !

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RENCONTRE AVEC LES RÉFUGIÉS ET LES JEUNES HANDICAPÉS

Église latine, Béthanie au-delà du Jourdain Samedi 24 mai 2014

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Autorités, Eminences, Excellences, Chers frères et sœurs, J’ai beaucoup souhaité vous rencontrer au cours de mon pèlerinage, vous qui, à cause de conflits sanglants, avez dû laisser vos maisons et votre Patrie et avez trouvé refuge en cette terre hospitalière de Jordanie; et en même temps, j’ai voulu vous rencontrer, chers jeunes qui faites l’expérience du poids de quelque limite physique. Le lieu dans lequel nous nous trouvons nous rappelle le baptême de Jésus. En venant ici au Jourdain se faire baptiser par Jean, Jésus montre son humilité et partage notre condition humaine : il s’abaisse jusqu’à nous et, par son amour, il nous rend la dignité et nous donne le salut. Cette humilité de Jésus, le fait qu’il se penche sur les blessures humaines pour les guérir, nous touche toujours. Jésus se penche sur toutes les blessures humaines pour les guérir. Et à notre tour nous sommes profondément touchés par les drames et les blessures de notre temps, spécialement par celles provoquées par les conflits encore ouverts au Moyen Orient. Je pense en premier lieu à la Syrie aimée, déchirée par une lutte fratricide qui dure depuis désormais trois ans, et qui a déjà fait d’innombrables victimes, obligeant des millions de personnes à se faire réfugiées et exilées en d’autres pays. Tous nous voulons la paix ! Mais en voyant ce drame de la guerre, en voyant ces blessures, en voyant tant de personnes qui ont quitté leur patrie, qui ont été obligées de s’en aller, je me demande : qui vend les armes à ces gens pour faire la guerre ? Voilà la racine du mal ! La haine et la cupidité de l’argent dans la fabrication et dans la vente des armes. Cela doit nous faire penser à qui est derrière, qui donne à tous ceux qui sont en conflit les armes pour continuer le conflit ! Pensons, et dans notre cœur disons aussi une parole pour ces pauvres gens criminels, afin qu’ils se convertissent. Je remercie les Autorités et le peuple jordanien pour l’accueil généreux d’un nombre très élevé de réfugiés provenant de la Syrie et de l’Irak, et j’étends mes remerciements à tous ceux qui font œuvre d’assistance et de solidarité envers les réfugiés. Je pense aussi aux œuvres de charité réalisées par des institutions de l’Église comme Caritas Jordanie, et d’autres, qui, en portant assistance à ceux qui en ont besoin, sans distinction de foi religieuse, d’appartenance ethnique ou idéologique, manifestent la splendeur du visage charitable de Jésus qui est miséricordieux. Que Dieu Clément et Tout-Puissant vous

bénisse tous et chacun pour vos efforts, afin de soulager les souffrances causées par la guerre ! Je m’adresse à la communauté internationale pour qu’elle ne laisse pas seule la Jordanie, si accueillante et courageuse, à faire face à l’urgence humanitaire venant de l’arrivée sur son territoire d’un nombre si élevé de réfugiés ; mais qu’elle continue et accroisse son action de soutien et d’aide. Je renouvelle mon appel le plus pressant pour la paix en Syrie. Que cessent les violences et que soit respecté le droit humanitaire, en garantissant l’assistance nécessaire à la population qui souffre ! Que tous abandonnent la prétention de laisser aux armes la solution des problèmes et que l’on revienne sur le chemin de la négociation. La solution, en effet, ne peut venir que du dialogue et de la modération, de la compassion pour celui qui souffre, de la recherche d’une solution politique et du sens de la responsabilité envers les frères. A vous les jeunes, je demande de vous unir à ma prière pour la paix. Vous pouvez le faire aussi en offrant à Dieu vos peines quotidiennes, et ainsi votre prière deviendra précieuse et efficace. Et je vous encourage à collaborer, par votre engagement et votre sensibilité, à la construction d’une société respectueuse des plus faibles, des malades, des enfants, des personnes âgées. Même dans les difficultés de la vie, soyez signe d’espérance. Vous êtes dans le cœur de Dieu, vous êtes dans mes prières, et je vous remercie pour votre chaleureuse, joyeuse et nombreuse présence. Merci ! Au terme de cette rencontre, je renouvelle le souhait que prévalent la raison et la modération et, qu’avec l’aide de la communauté internationale, la Syrie retrouve le chemin de la paix.

Que Dieu convertisse les violents ! Que Dieu convertisse ceux qui ont des projets de guerre !

Que Dieu convertisse ceux qui fabriquent et vendent les armes, qu’il fortifie les cœurs et les esprits des artisans

de paix et qu’il les récompense de ses bénédictions. Que le Seigneur vous bénisse tous.

BETHLEEM 25 MAI

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! Tôt le matin, un hélicoptère a transporté le pape François de Amman à Bethléem. Cette première démarche est déjà un symbole : le Pape ne passe pas par Israël pour rentrer dans les territoires. Plus forte encore a été sa volonté de se rendre auprès du Mur de séparation érigé par Israël depuis les années 2000. Descendant de sa papamobile, le pape a fait quelques pas pour le longer, tout petit à côté des grandes barres de béton. La construction de cette « barrière de sécurité » au-delà des frontières fixées en 1967 est fortement mise en cause par la communauté internationale, et aussi parfois par la justice israélienne. La décision du Pape de s’y rendre peut donc marquer les esprits, et –ce que beaucoup espèrent – influer sur le projet du gouvernement israélien de prolonger encore le Mur. !

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RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS PALESTINIENNES

Bethléem - Dimanche 25 mai 2014 

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Monsieur le Président, Chers amis, Chers frères,

Je remercie le Président, Monsieur Mahmoud Abbas, pour ses paroles de bienvenue et j’adresse ma cordiale salutation aux représentants du Gouvernement et à tout le peuple palestinien. Je suis reconnaissant à Dieu d’être aujourd’hui ici avec vous en ce lieu où est né Jésus, le Prince de la Paix, et je vous remercie pour votre accueil chaleureux. Le Moyen Orient, depuis des décennies, vit les conséquences dramatiques du prolongement d’un conflit qui a produit tant de blessures difficiles à cicatriser ; même quand heureusement la violence ne se déchaîne pas, l’incertitude de la situation et l’incompréhension entre les parties produisent insécurité, droits niés, isolement et exode de communautés entières, divisions, carences et souffrances de tout genre. En manifestant ma proximité à tous ceux qui souffrent le plus des conséquences de ce conflit, je voudrais dire du plus profond de mon cœur qu’il est temps de mettre fin à cette situation, qui devient toujours plus inacceptable, et ce pour le bien de tous. Que redoublent donc les efforts et les initiatives destinés à créer les conditions d’une paix stable, basée sur la justice, sur la reconnaissance des droits de chacun et sur la sécurité réciproque. Le moment est arrivé pour tous d’avoir le courage de la générosité et de la créativité au service du bien, le courage de la paix, qui s’appuie sur la reconnaissance, de la part de tous, du droit de deux États à exister et à jouir de la paix et de la sécurité dans des frontières internationalement reconnues. Je souhaite vivement qu’à cette fin on évite de la part de tous des initiatives et des actes qui contredisent la volonté déclarée d’arriver à un vrai accord et qu’on ne se lasse pas de poursuivre la paix avec détermination et cohérence. La paix apportera avec elle d’innombrables bénéfices pour les peuples de cette région et pour le monde entier. Il faut donc marcher résolument vers elle, même en renonçant chacun à quelque chose. Je souhaite aux peuples palestinien et israélien et à leurs respectives autorités d’entreprendre cet heureux exode vers la paix avec ce courage et cette fermeté nécessaires à tout exode. La paix dans la sécurité et la confiance mutuelle deviendront le cadre de référence stable pour affronter et résoudre les autres problèmes et offrir ainsi une occasion de développement équilibré, tel qu’il devienne un modèle pour d’autres zones de crise. Je tiens à mentionner l’active communauté chrétienne, qui offre sa contribution significative au bien de la société et qui participe aux joies et aux souffrances de tout le peuple. Les chrétiens entendent continuer à remplir ce rôle comme citoyens de plein droit, ensemble avec leurs autres concitoyens considérés comme des frères. Monsieur le Président, vous êtes connu comme un homme de paix et un artisan de paix. La récente rencontre au Vatican avec vous, et ma présence aujourd’hui en Palestine attestent des bonnes relations existantes entre le Saint-Siège et l’État de Palestine, dont je souhaite qu’elles puissent ultérieurement se renforcer pour le bien de tous. A ce sujet, j’exprime mon appréciation pour l’engagement en vue d’élaborer un Accord entre les Parties, concernant divers aspects de la vie de la Communauté catholique du pays, avec une attention spéciale à la liberté religieuse. Le respect de ce droit humain fondamental est, en effet, une des conditions inaliénables de la paix, de la fraternité et de l’harmonie ; il dit au monde qu’il est nécessaire et possible de trouver un bon accord entre cultures et religions différentes ; il témoigne que les choses que nous avons en

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commun sont si nombreuses et si importantes qu’il est possible de trouver une voie de cohabitation sereine, ordonnée et pacifique, dans l’accueil des différences et dans la joie d’être frères parce que enfants d’un unique Dieu. Monsieur le Président, chers frères réunis ici à Bethléem, que Dieu tout-puissant vous bénisse, qu’il vous protège et qu’il vous accorde la sagesse et la force nécessaires pour poursuivre le courageux chemin de la paix, de manière que les épées se transforment en charrue et que cette

Terre puisse à nouveau fleurir dans la prospérité et dans la concorde. Salam !

! !!MESSE A BETHLEEM

Place de la Mangeoire - Dimanche 25 mai 2014

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« Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12). Quelle grande grâce de célébrer l’Eucharistie en ce lieu où est né Jésus ! Je remercie Dieu et je vous remercie vous qui m’avez accueilli pendant mon pèlerinage : le Président Mahmoud Abbas et les autres Autorités ; le Patriarche Fouad Twal, les autres Évêques et les Ordinaires de Terre Sainte, les prêtres, les bons franciscains, les personnes consacrées et tous ceux qui œuvrent pour tenir vive la foi, l’espérance et la charité en ces territoires ; les représentations de fidèles provenant de Gaza, de la Galilée, les migrants de l’Asie et de l’Afrique. Merci de votre accueil ! L’Enfant Jésus, né à Bethléem, est le signe donné par Dieu à qui attendait le salut, et il reste pour toujours le signe de la

tendresse de Dieu et de sa présence dans le monde. L’ange dit aux bergers : « Voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un enfant… ». Aujourd’hui également les enfants sont un signe. Signe d’espérance, signe de vie, mais aussi signe “diagnostic” pour comprendre l’état de santé d’une famille, d’une société, du monde entier. Quand les enfants sont accueillis, aimés, défendus, protégés dans leurs droits, la famille est saine, la société est meilleure, le monde est plus humain. Pensons à l’œuvre que réalise l’Institut Effetà Paolo VI en faveur des enfants palestiniens sourds-muets : c’est un signe concret de la bonté de Dieu. C’est un signe concret que la société s’améliore. Dieu, aujourd’hui, nous répète à nous aussi, hommes et femmes du XXIème siècle : « Voici le signe qui vous est donné », cherchez l’enfant… L’enfant de Bethléem est fragile, comme tous les nouveau-nés. Il ne sait pas parler, et pourtant il est la Parole qui s’est faite chair, venue changer le cœur et la vie des hommes. Cet enfant, comme tout enfant, est faible et a besoin d’être aidé et protégé. Aujourd’hui également les enfants ont besoin d’être accueillis et défendus, depuis le sein maternel. Malheureusement, dans ce monde qui a développé les technologies les plus sophistiquées, il y a encore de nombreux enfants dans des conditions inhumaines, qui vivent en marge de la société, dans les périphéries des grandes villes ou dans les zones rurales. De nombreux enfants aujourd’hui encore sont exploités, maltraités, tenus en esclavage, objets de violence et de trafics illicites. De nombreux enfants sont aujourd’hui déracinés, réfugiés, parfois noyés dans les mers, spécialement dans les eaux de la Méditerranée. De tout cela nous avons honte aujourd’hui devant Dieu, ce Dieu qui s’est fait Enfant. Et nous nous demandons : qui sommes-nous devant l’Enfant Jésus ? Qui sommes-nous devant les enfants d’aujourd’hui ? Sommes-nous comme Marie et Joseph, qui accueillent Jésus et en prennent soin avec amour maternel et paternel ? Ou bien sommes-nous comme Hérode, qui veut l’éliminer ? Sommes-nous comme les bergers, qui vont en toute hâte, s’agenouillent pour l’adorer et offrent leurs humbles présents ? Ou sommes-nous indifférents ? Sommes-nous peut-être des rhéteurs et des piétistes, des personnes qui exploitent les images des enfants pauvres à des fins lucratives ? Sommes-nous capables de nous tenir à côté d’eux, de « perdre du temps » avec eux ? Savons-nous les écouter, les défendre, prier pour eux et avec eux ? Ou bien les négligeons-nous, pour nous occuper de nos intérêts ? « Voici le signe qui nous est donné : vous trouverez un enfant… ». Peut-être cet enfant pleure-t-il ! Il pleure parce qu’il a faim, parce qu’il a froid, parce qu’il veut rester dans les bras… Aujourd’hui également, les enfants pleurent, ils pleurent beaucoup, et leurs pleurs nous interpellent. Dans un monde qui met au rebut chaque jour des tonnes de nourriture et de médicaments, il y a des enfants qui pleurent, en vain, de faim et de maladies facilement curables. En un temps qui proclame la sauvegarde des mineurs, se commercialisent les armes qui finissent dans les mains d’enfants-soldats ; se commercialisent des produits confectionnés par de petits travailleurs-esclaves. Leurs pleurs sont étouffés : les pleurs de ces enfants sont étouffés ! Ils doivent combattre, ils doivent travailler, ils ne peuvent pas pleurer ! Mais leurs mères, Rachel d’aujourd’hui, pleurent pour eux : elles pleurent leurs enfants, et ne veulent pas être consolées (cf. Mt 2, 18).

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« Voici le signe qui vous est donné » : vous trouverez un enfant. L’Enfant Jésus né à Bethléem, chaque enfant qui naît et qui grandit en chaque partie du monde, est un signe “diagnostic”, qui nous permet de vérifier l’état de santé de notre famille, de notre communauté, de notre nation. De ce diagnostic franc et honnête, peut jaillir un nouveau style de vie, où les relations ne soient plus de conflit, d’oppression, de ‘‘consommation’’, mais soient des relations de fraternité, de pardon et de réconciliation, de partage et d’amour.

Ô Marie, Mère de Jésus,toi qui as accueilli, enseigne-nous à accueillir;

toi qui as adoré, enseigne-nous à adorer,toi qui as suivi, enseigne-nous à suivre. Amen.

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 REGINA COELI

Bethléem - Dimanche 25 mai 2014

En ce lieu, où est né le Prince de la paix, je désire adresser une invitation à Vous, Monsieur le Président Mahmoud Abbas, et à Monsieur le Président Shimon Peres, pour faire monter ensemble avec moi une prière intense en invoquant de Dieu le don de la paix. J’offre ma maison, au Vatican, pour accueillir cette rencontre de prière. Tous nous désirons la paix ; beaucoup de personnes la construisent chaque jour par de petits gestes ; nombreux sont ceux qui souffrent et supportent patiemment les efforts de beaucoup de tentatives pour la construire. Et tous – spécialement ceux qui sont placés au service de leur peuple – nous avons le devoir de nous faire instruments et artisans de paix, avant tout dans la prière. Construire la paix est difficile, mais vivre sans paix est un tourment. Tous les hommes et toutes les femmes de cette

Terre et du monde entier nous demandent de porter devant Dieu leur aspiration ardente à la paix.

* * * Chers frères et sœurs, Tandis que nous nous apprêtons à conclure cette célébration, nous tournons notre pensée vers la très Sainte Marie, qui ici même à Bethléem a donné le jour à son fils Jésus. La Vierge est celle qui, plus que quiconque, a contemplé Dieu dans le visage humain de Jésus. Aidée par saint Joseph, elle l’a enveloppé dans les langes et l’a couché dans la mangeoire. Nous lui confions ce territoire et tous ceux qui y habitent, afin qu’ils puissent vivre dans la justice, dans la paix et dans la fraternité. Nous lui confions aussi les pèlerins qui viennent pour s’abreuver aux sources de la foi chrétienne – il y en a, présents aussi, à cette Messe. Veille, ô Marie, sur les familles, sur les jeunes, sur les personnes âgées. Veille sur tous

ceux qui ont perdu la foi et l’espérance ; réconforte les malades, les prisonniers et tous les

souffrants ; soutiens les Pasteurs et toute la Communauté des croyants, pour

qu’ils soient ‘‘sel et lumière’’ en cette terre bénie ; soutiens les œuvres d’éducation, en particulier la

Bethlehem University. En contemplant la Sainte Famille ici, à Bethléem, ma pensée va spontanément à Nazareth, où j’espère pouvoir me rendre, si Dieu le veut, en une autre occasion. J’embrasse d’ici les fidèles chrétiens qui vivent en Galilée et j’encourage la réalisation à Nazareth du Centre International pour la Famille. Confions le sort de l’humanité à la Vierge Sainte, afin que s’ouvrent dans le monde les horizons nouveaux et prometteurs de la fraternité, de la solidarité et de la paix. !

RENCONTRE AVEC LES ENFANTS DES CAMPS DE RÉFUGIÉS DE DHEISHEH, AIDA ET BEIT JIBRIN

« Phoenix Center » du camp de réfugiés de Dheisheh - Dimanche 25 mai 2014

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Avant tout, je vous salue tous. J’espère que vous êtes en bonne santé, que votre famille va bien et que vous êtes bien. Je suis très content de vous rendre visite et je vois que vous avez beaucoup de choses dans le cœur ; j’espère que le Bon Dieu vous accordera tout ce que vous désirez. On m’a dit que vous voulez chanter. C’est vrai ?

Page 7: PÈLERINAGE DU PAPE FRANÇOIS

Un enfant : Cher pape François, nous sommes les enfants de la Palestine. Depuis 66 ans nos parents subissent l’occupation. Nous avons ouvert les yeux sur cette occupation et nous avons vu la nakba dans les yeux de nos grands-parents, quand ils ont quitté ce monde. Nous voulons dire au monde : assez de souffrances et d’humiliations ! Le Pape Je vous remercie pour les chants. Ils sont très beaux ! Vous chantez très bien. Et je te remercie pour les paroles que tu as prononcées au nom de tous. Je remercie pour le cadeau, il est très significatif ! J’ai lu ce que vous avez écrit sur les feuilles; j’ai compris ce qui était écrit en anglais, et le père m’a traduit ce qui était écrit en arabe. Je comprends ce que vous êtes en train de me dire et le message que vous me donnez. Ne faites jamais en sorte que le passé détermine votre vie. Regardez toujours devant. Travaillez et luttez pour obtenir les choses que vous voulez. Mais, sachez une chose : que la violence ne se vainc pas par la violence ! La violence se vainc par la paix ! Avec la paix, avec le travail, avec la dignité de faire aller de l’avant la patrie! Merci beaucoup pour m’avoir reçu ! Et je demande à Dieu de vous bénir ! Et à vous je demande de prier pour moi ! Merci beaucoup !

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CÉRÉMONIE DE BIENVENUE EN ISRAEL

Aéroport international Ben Gurion (Tel Aviv)Dimanche 25 mai 2014

Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Eminences, Excellences, Mesdames et Messieurs, Frères Je vous remercie cordialement pour l’accueil dans l’État d’Israël, que j’ai la joie de visiter au cours de mon pèlerinage. Je suis reconnaissant au Président, Monsieur Shimon Pérès, et au Premier Ministre, Monsieur Benjamin Netanyahu, pour les courtoises paroles qu’ils m’ont adressées, et je me souviens volontiers des rencontres avec eux au Vatican. Comme vous le savez, je viens en pèlerin 50 ans après le voyage historique du Pape Paul VI. Depuis lors, beaucoup de choses ont changé entre le Saint-Siège et l’État d’Israël : les relations diplomatiques, qui existent entre nous désormais depuis une vingtaine d’années, ont favorisé l’accroissement de relations bonnes et cordiales, comme en

témoignent les deux Accords déjà signés et ratifiés et celui en voie de perfectionnement. Dans cet esprit, j’adresse mon salut à tout le peuple d’Israël et je souhaite que se réalisent ses aspirations à la paix et à la prospérité. Sur les traces de mes prédécesseurs je suis venu comme pèlerin en Terre Sainte, où s’est déroulée une histoire plurimillénaire et où se sont produits les principaux événements liés à la naissance et au développement des trois grandes religions monothéistes, le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam; c’est pourquoi elle est le point de référence spirituel pour une bonne partie de l’humanité. Je souhaite donc que cette Terre bénie soit un lieu où il n’y ait aucune place pour celui qui, en instrumentalisant et en exacerbant la valeur de sa propre appartenance religieuse, devient intolérant et violent envers celle d’autrui. Durant mon pèlerinage en Terre Sainte, je visiterai certains lieux parmi les plus significatifs de Jérusalem, ville de valeur universelle. Jérusalem signifie ‘‘cité de la paix’’. C’est ainsi que Dieu la veut et c’est ainsi que tous les hommes de bonne volonté désirent qu’elle soit. Mais malheureusement, cette ville est encore tourmentée par les conséquences de longs conflits. Nous savons tous combien la nécessité de la paix est urgente, non seulement pour Israël, mais encore pour toute la région. Par conséquent, que se multiplient les efforts et les énergies en vue d’arriver à une résolution juste et durable des conflits qui ont causé tant de souffrances. En union avec tous les hommes de bonne volonté, je supplie tous ceux qui sont investis de responsabilité de ne laisser passer aucune tentative pour la recherche de solutions équitables aux difficultés complexes, de manière qu’Israéliens et Palestiniens puissent vivre en paix. Il faut entreprendre toujours avec courage et sans se lasser la voie du dialogue, de la réconciliation et de la paix. Il n’y en a pas d’autre. Par conséquent, je renouvelle l’appel que, de ce lieu, Benoît XVI a lancé : qu’il soit universellement reconnu que l’État d’Israël a le droit d’exister et de jouir de la paix et de la sécurité dans des frontières internationalement reconnues. Qu’il soit également reconnu que le Peuple palestinien a le droit à une patrie souveraine, à vivre avec dignité et à voyager librement. Que la ‘‘solution de deux États’’ devienne réalité et ne demeure pas un rêve. Un moment particulièrement touchant de mon séjour dans votre pays sera la visite au Mémorial de Yad Vashem, en souvenir des six millions de juifs victimes de la Shoah, tragédie qui demeure comme un symbole du point où peut arriver la méchanceté de l’homme quand, fomentée par de fausses idéologies, il oublie la dignité fondamentale de chaque personne, qui mérite un respect absolu quel que soit le peuple auquel elle appartient et la religion qu’elle professe. Je prie Dieu pour que plus jamais ne se produise un tel crime, dont ont été victimes en premier lieu les juifs et aussi tant de chrétiens et d’autres. Nous souvenant toujours du passé, promouvons une éducation où l’exclusion et l’affrontement laissent place à l’inclusion et à la rencontre, où il n’y ait pas de place pour l’antisémitisme, quelle que soit la forme sous laquelle il se manifeste, ni pour une quelconque expression d’hostilité, de discrimination ou d’intolérance envers des personnes et des peuples. Le cœur profondément affligé je pense à tous ceux qui ont perdu la vie dans l’atroce attentat survenu hier à Bruxelles. Déplorant vivement un tel acte criminel de haine antisémite, je confie à Dieu miséricordieux les victimes et je prie pour la guérison des blessés.

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La brièveté du voyage limite inévitablement les possibilités de rencontres. Je voudrais d’ici saluer tous les citoyens israéliens et leur exprimer ma proximité, en particulier à ceux qui vivent à Nazareth et en Galilée, où sont présentes aussi de nombreuses communautés chrétiennes. Aux Évêques et aux fidèles chrétiens, j’adresse mon salut fraternel et cordial. Je les encourage à poursuivre avec confiance et espérance leur témoignage serein en faveur de la réconciliation et du pardon, en suivant l’enseignement et l’exemple du Seigneur Jésus, qui a donné sa vie pour la paix entre l’homme et Dieu, entre frère et frère. Soyez ferments de réconciliation, porteurs d’espérance, témoins de charité. Sachez que vous êtes toujours dans mes prières. Je désire adresser une invitation à Vous, Monsieur le Président, et à Monsieur le Président Mahmoud Abbas, pour faire monter ensemble avec moi une prière intense en invoquant de Dieu le don de la paix. J’offre ma maison, au Vatican, pour accueillir cette rencontre de prière. Tous nous désirons la paix ; beaucoup de personnes la construisent chaque jour par de petits gestes; nombreux sont ceux qui souffrent et supportent patiemment les efforts de beaucoup de tentatives pour la construire. Et tous – spécialement ceux qui sont placés au service de leur peuple – nous avons le devoir de nous faire instruments et artisans de paix, avant tout dans la prière. Construire la paix est difficile, mais vivre sans paix est un tourment. Tous les hommes et toutes les femmes de cette Terre et du monde entier nous demandent de porter devant Dieu leur aspiration ardente à la paix. Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs, je vous remercie de nouveau pour votre accueil. Que la paix et la prospérité descendent en abondance sur Israël. Que Dieu bénisse son peuple avec la paix ! Shalom !

CÉLÉBRATION ŒCUMÉNIQUE À L'OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE

DE LA RENCONTRE À JÉRUSALEM ENTRE LE PAPE PAUL VI ET LE PATRIARCHE ATHÉNAGORAS

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Basilique du Saint-Sépulcre (Jérusalem) Dimanche 25 mai 2014

Sainteté, chers frères Evêques, chers frères et sœurs, Dans cette Basilique que chaque chrétien regarde avec profonde vénération, arrive à son point culminant le pèlerinage que j’accomplis avec mon frère bien-aimé en Christ, Sa Sainteté Bartholomée. Nous l’accomplissons sur les traces de nos vénérés prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras, qui, avec courage et docilité à l’Esprit Saint, ont donné lieu, il y a cinquante ans, dans la Cité sainte de Jérusalem, à la rencontre historique entre l’Évêque de Rome et le Patriarche de Constantinople. Je vous salue cordialement vous tous ici présents. En particulier, je remercie vivement, pour avoir rendu possible ce moment, Sa Béatitude Théophile, qui a voulu nous adresser d’aimables paroles de bienvenue, ainsi que Sa Béatitude Nourhan Manoogian et le Révérend Père Pierbattista Pizzaballa. C’est une grâce extraordinaire d’être réunis ici en prière. Le Tombeau vide, ce sépulcre neuf situé dans un jardin, où Joseph d’Arimathie avait déposé avec dévotion le corps de Jésus, est le lieu d’où part l’annonce de la Résurrection : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : ‘‘Il est ressuscité d’entre les morts’’ » (Mt 28, 5-7). Cette annonce, confirmée par le témoignage de ceux à qui le Seigneur Ressuscité est apparu, est le cœur du message chrétien, transmis fidèlement de génération en génération, comme, depuis le début, l’atteste l’apôtre Paul : « Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures » (1 Cor 15, 3-4). C’est le fondement de la foi qui nous unit, foi grâce à laquelle, ensemble, nous professons que Jésus Christ, Fils unique du Père et notre unique Seigneur, « a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli ; il est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts » (Symbole des Apôtres). Chacun de nous, chaque baptisé dans le Christ, est spirituellement ressuscité de ce tombeau, puisque dans le Baptême nous avons tous été réellement incorporés au Premier-Né de toute la création, ensevelis ensemble avec Lui, pour être avec Lui ressuscités et pouvoir marcher dans une vie nouvelle (cf. Rm 6, 4). Accueillons la grâce spéciale de ce moment. Tenons-nous près du tombeau vide dans un recueillement respectueux, pour redécouvrir la grandeur de notre vocation chrétienne : nous sommes des hommes et des femmes de résurrection,

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non de mort. Apprenons, de ce lieu, à vivre notre vie, les souffrances de nos Églises et du monde entier à la lumière du matin de Pâques. Chaque blessure, chaque souffrance, chaque douleur, a été chargée sur ses propres épaules par le Bon Pasteur, qui s’est offert lui-même et qui, par son sacrifice, nous a ouvert le passage vers la vie éternelle. Ses plaies ouvertes sont comme le chemin par lequel se déverse sur le monde le torrent de sa miséricorde. Ne nous laissons pas voler le fondement de notre espérance, qui est ceci : Christòs anesti ! Ne privons pas le monde de la joyeuse annonce de la Résurrection ! Et ne soyons pas sourds au puissant appel à l’unité qui résonne précisément de ce lieu, à travers les paroles de Celui qui, en tant que Ressuscité, nous appelle tous ‘‘mes frères’’ (cf. Mt 28, 10 ; Jn 20, 17). Certes, nous ne pouvons nier les divisions qui existent encore entre nous, disciples de Jésus : ce lieu sacré nous en fait ressentir le drame avec une souffrance plus grande. Et pourtant, à cinquante ans de l’accolade de ces deux vénérables Pères, nous reconnaissons avec gratitude et un étonnement renouvelé comment il a été possible, par l’impulsion de l’Esprit Saint, d’accomplir des pas vraiment importants vers l’unité. Nous sommes conscients qu’il reste encore du chemin à parcourir pour aboutir à cette plénitude de communion qui puisse s’exprimer aussi dans le partage de la même Table eucharistique, que nous désirons ardemment; mais les divergences ne doivent pas nous effrayer, et paralyser notre chemin. Nous devons croire que, comme la pierre du sépulcre a été renversée, de la même façon, pourront être levés tous les obstacles qui empêchent encore la pleine communion entre nous. Ce sera une grâce de la résurrection, que nous pouvons dès aujourd’hui savourer à l’avance. Chaque fois que nous demandons pardon les uns aux autres, pour les péchés commis contre d’autres chrétiens et chaque fois que nous avons le courage de concéder et de recevoir ce pardon, nous faisons l’expérience de la résurrection! Chaque fois que, ayant dépassé les anciens préjugés, nous avons le courage de promouvoir de nouvelles relations fraternelles, nous confessons que le Christ est vraiment ressuscité ! Chaque fois que nous pensons l’avenir de l’Église à partir de sa vocation à l’unité, brille la lumière du matin de Pâques ! A ce propos, je désire renouveler le vœu déjà exprimé par mes prédécesseurs, de maintenir un dialogue avec tous les frères en Christ pour trouver une forme d’exercice du ministère propre de l’Évêque de Rome qui, en conformité avec sa mission, s’ouvre à une situation nouvelle et puisse être, dans le contexte actuel, un service d’amour et de communion reconnu par tous (cf. JEAN-PAUL II, Enc. Ut unum sint, 95-96). Tandis que nous nous trouvons comme des pèlerins en ces saints Lieux, notre souvenir priant va à toute la région du Moyen Orient, malheureusement si souvent marquée par des violences et des conflits. Et nous n’oublions pas, dans nos prières, tant d’autres hommes et femmes qui, en diverses parties de la planète, souffrent à cause de la guerre, de la pauvreté, de la faim ; comme les nombreux chrétiens persécutés pour leur foi dans le Seigneur Ressuscité. Quand des chrétiens de diverses confessions se trouvent à souffrir ensemble, les uns à côté des autres, et à s’entraider les uns les autres avec une charité fraternelle, se réalise un œcuménisme de la souffrance, se réalise l’œcuménisme du sang, qui possède une particulière efficacité non seulement pour les contextes dans lesquels il a lieu, mais aussi, en vertu de la communion des saints, pour toute l’Église. Ceux qui par haine de la foi tuent, persécutent les chrétiens, ne leur demandent pas s’ils sont orthodoxes ou s’ils sont

catholiques : ils sont chrétiens. Le sang chrétien est le même. Sainteté, Frère bien-aimé, vous tous très chers frères, mettons de côté les hésitations que nous avons héritées du passé et ouvrons notre cœur à l’action de l’Esprit Saint, l’Esprit d’Amour (cf. Rm 5, 5), pour cheminer ensemble, d’un pas allègre, vers le jour béni de notre pleine communion retrouvée. Sur ce chemin, nous nous sentons soutenus par la prière que Jésus lui-même, en cette Ville, la veille de sa passion, de sa mort et de sa résurrection, a élevée vers son Père pour ses disciples, et que nous ne nous lassons pas de faire nôtre avec humilité : « Qu’ils soient un… pour que le monde croie » (Jn 17, 21). Et quand la désunion nous rend pessimistes, peu courageux, méfiants, allons tous sous le manteau de la Sainte Mère de Dieu. Quand dans l’âme chrétienne il y a des turbulences spirituelles, c’est seulement sous le manteau de la Sainte Mère de Dieu que nous trouvons la paix. Qu’elle nous aide sur ce chemin. !Allocution du patriarche Bartholomaios

« Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait » (Mt 28, 5-6).

Votre Sainteté et bien-aimé frère en Christ,

Votre Béatitude Patriarche de la sainte Cité de Jérusalem, bien aimé frère et concélébrant dans le Seigneur,

Vos Eminences, Vos Excellences, et vous tous les représentants des Eglises et des confessions chrétiennes,

Honorables frères et sœurs,

C’est avec crainte, émotion et respect que nous nous trouvons devant « l’endroit où le Seigneur reposait », le tombeau vivifiant d'où a jailli la vie. Et nous rendons gloire à Dieu miséricordieux, qui nous a rendus dignes, nous Ses indignes serviteurs, de la suprême bénédiction de faire de nous des pèlerins dans les lieux où le mystère du salut du monde s’est révélé. « Que ce lieu est redoutable ! C’est vraiment la maison de Dieu, la porte du ciel ! » (Gn 28, 17).

Nous sommes venus ici comme la femme qui porte la myrrhe au premier jour de la semaine « pour regarder le sépulcre » (Mt 28, 1), et nous aussi comme les femmes nous exhortons l’exhortation angélique: « Soyez sans crainte ». Otez des vos cœurs toute crainte, n’hésitez pas, ne désespérez pas. Ce tombeau irradie des messages de courage, d’espérance et de vie.

Le premier et le plus grand des messages qui jaillit de ce tombeau vide c’est que la mort, notre « dernier ennemi » (cf. 1 Co 15, 26), source de toute peur et de toute passion, a été vaincue; celle-ci n’a plus le dernier mot dans notre vie. Elle a été vaincue par l’amour, par Lui qui, volontairement, a accepté de souffrir et

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mourir par amour des autres. Chaque mort par amour, par amour de l’autre, se transforme en vie, la vraie vie: « Le Christ est ressuscité des morts, en mourant il a terrassé la mort et à ceux qui gisaient au tombeau Il a donné la vie ».

N’ayons pas peur de la mort ; n’ayons pas peur non plus du mal, malgré toutes les formes que ce mal puisse revêtir dans notre vie. La Croix du Christ s’est adossée toutes les flèches du mal : la haine, la violence, l’injustice, la douleur, l’humiliation — tout ce dont peut souffrir les pauvres, les personnes fragiles, les opprimés, les exploités, les marginalisés et les affligés dans ce monde. Qu’il soit tout de même clair: quiconque, comme dans le cas du Christ, est crucifié dans cette vie, verra la résurrection suivre la croix; la haine, la violence et l’injustice n’ont pas d’avenir, car l’avenir appartient à la justice, à l’amour et à la vie. On devrait donc travailler dans cette optique avec toutes les ressources disponibles, des ressources d’amour, de foi et de patience.

Un autre message émane néanmoins de ce vénérable tombeau, devant lequel nous nous trouvons en ce moment. C’est le message que l’histoire ne peut être programmée, que le dernier mot dans l’histoire n’appartient pas à l’homme mais à Dieu. Les gardes du pouvoir séculier ont surveillé vainement ce tombeau. En vain ils ont placés une grande pierre pour en fermer l’accès et que personne ne puisse ainsi la rouler et l’ôter. Les stratégies à longs termes des pouvoirs mondains sont vaines et en y regardant bien, tout est aléatoire face au jugement et à la volonté de Dieu. Tout effort de l’humanité aujourd’hui de façonner son avenir de manière autonome et sans Dieu est vaine prétention.

Enfin, ce tombeau nous invite à repousser une autre crainte qui est peut-être la plus répandue dans notre ère moderne, soit la peur de l’autre, du diffèrent, la peur de celui qui adhère à une autre foi, à une autre religion ou une autre confession. Dans un grand nombre de nos sociétés contemporaines les discriminations raciales et autres formes de discrimination sont encore aujourd’hui répandues; et pire encore, il est fréquent que celles-ci imprègnent même la vie religieuse des personnes. Le fanatisme religieux menace désormais la paix dans tant de régions du globe, où le don de la vie est sacrifié sur l’autel de la haine religieuse. Devant cette situation, le message qui émane de ce tombeau qui donne la vie, il est urgent et clair: aimer l’autre, l’autre avec ses différences, qui suit d’autres religions et confessions. Les aimer comme des frères et des sœurs. La haine conduit à la mort, tandis que l’amour « chasse la crainte » (1 Jn 4, 18) et conduit à la vie.

Chers amis, il y a cinquante ans, deux grands guides de l’Eglise, le pape Paul VI et le Patriarche œcuménique Athénagoras, chassèrent la crainte, chassèrent d’eux la crainte qui avait prévalu pendant un millénaire, une peur qui tint les deux anciennes Eglises, l’occidentale et l’orientale, à distance l’une de l’autre, voire même parfois l’une contre l’autre. Mais quand ils se sont placés devant cet espace sacré, ils ont transformé leur peur en amour. Et aujourd’hui nous voici ici avec sa Sainteté le pape François, leurs successeurs, en train de suivre leurs traces et honorer leur héroïque initiative. Nous avons échangé une accolade d’amour, pour continuer notre marche vers la pleine communion dans l’amour et la vérité (cf. Ep 4, 15) afin que « le monde croie » (Jn 17, 21), car aucune autre voie que celle de l’amour, de la réconciliation, de la paix authentique et de la fidélité à la Vérité, ne conduit à la vie.

C'est le chemin que tous les chrétiens sont appelés à suivre dans leurs relations réciproques — quelle que soit l’église ou la confession à laquelle ils appartiennent — se donnant ainsi en exemple au monde entier. La route peut être longue et fatigante; certains pourraient même avoir l’impression d’une impasse. Mais ce chemin est le seul qui mène à l’accomplissement de la volonté du Seigneur que « tous soient uns » (Jn 17, 21). Cette volonté de Dieu a ouvert le chemin parcouru par le guide de notre foi, notre Seigneur Jésus Christ crucifié et ressuscité en ce lieu saint. C’est à Lui qu’appartiennent la gloire et la puissance, en union avec le Père et l’Esprit Saint, pour les siècles des siècles, Amen.

« Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu » (1 Jn 4, 7).

Traduction d'Océane Le Gall !VISITE AU GRAND MUFTI DE JÉRUSALEM

Bâtiment du Grand Conseil sur l'esplanade des Mosquées (Jérusalem) - Lundi 26 mai 2014

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Page 11: PÈLERINAGE DU PAPE FRANÇOIS

Excellence, Fidèles musulmans, Chers amis musulmans, Je suis reconnaissant de pouvoir vous rencontrer dans ce lieu sacré. Je vous remercie de tout cœur pour l’aimable invitation que vous avez voulu m’adresser, et en particulier, je vous remercie, Excellence, ainsi que le Président du Conseil suprême musulman. Mettant mes pas dans ceux de mes Prédécesseurs, et en particulier dans le sillage lumineux du voyage de Paul VI, il y a cinquante ans, le premier d’un Pape en Terre Sainte, j’ai vivement désiré venir en pèlerin pour visiter les lieux qui ont vu la présence terrestre de Jésus Christ. Mais mon pèlerinage ne serait pas complet s’il ne prévoyait pas aussi la rencontre avec les personnes et les communautés qui vivent en cette Terre, et donc je suis particulièrement heureux de me retrouver avec vous, fidèles Musulmans, chers frères. En ce moment, ma pensée va vers la figure d’Abraham, qui vécut comme pèlerin sur ces terres. Musulmans, Chrétiens et Juifs reconnaissent en Abraham, bien que chacun de façon différente, un père dans la foi et un grand exemple à imiter. Il se fit pèlerin, laissant son propre peuple, sa propre maison, pour entreprendre cette aventure spirituelle à laquelle Dieu l’appelait. Un pèlerin est une personne qui se fait pauvre, qui se met en route, est tendu vers un but grand et désiré, vit de l’espérance d’une promesse reçue (cf. He 11, 8-19). Telle fut la condition d’Abraham, ce devrait être aussi notre attitude spirituelle. Nous ne pouvons jamais nous estimer autosuffisants, maîtres de notre vie ; nous ne pouvons pas nous limiter à rester fermés, sûrs de nos convictions. Devant le mystère de Dieu, nous sommes tous pauvres, nous sentons que nous devons être prêts à sortir de nous-mêmes, dociles à l’appel que Dieu nous adresse, ouverts à l’avenir que Lui veut construire pour nous. Dans notre pèlerinage terrestre, nous ne sommes pas seuls : nous croisons le chemin d’autres fidèles, parfois nous partageons avec eux un bout de chemin, parfois nous vivons ensemble une étape qui nous donne du courage. Telle est la rencontre d’aujourd’hui, et je la vis avec une particulière gratitude : c’est une halte commune heureuse, rendue possible par votre hospitalité, dans ce pèlerinage qu’est notre vie et celle de nos communautés. Nous vivons une communication et un échange fraternels qui peuvent nous donner du réconfort et nous offrir de nouvelles forces pour affronter les défis communs qui se présentent à nous. Nous ne pouvons pas oublier, en effet, que le pèlerinage d’Abraham a été aussi un appel pour la justice : Dieu l’a voulu témoin de son agir et son imitateur. Nous aussi nous voudrions être témoins de l’agir de Dieu dans le monde et pour cela, justement dans notre rencontre, nous entendons résonner en profondeur l’appel à être artisans de paix et de justice, à demander ces dons dans la prière et à apprendre d’en-haut la miséricorde, la grandeur d’âme, la compassion. Chers frères, chers amis, de ce lieu saint, je lance un appel pressant à toutes les personnes et aux communautés qui se reconnaissent en Abraham : Respectons-nous et aimons-nous les uns les autres comme

des frères et des sœurs ! Apprenons à comprendre la douleur de l’autre !

Que personne n’instrumentalise par la violence le Nom de Dieu !

Travaillons ensemble pour la justice et pour la paix !

Salam !

! Quelques minutes après et quelques mètres plus bas Juste après, le pape François s’est rendu au pied du Mur des Lamentations. Posant les mains dessus, le Saint Père s’est recueilli quelques instants avant de déposer un message entre les pierres du Mur, lieu saint principal des Juifs. Il semble que ce message soit la prière du Notre Père en espagnol, sa langue natale, qu’il a pris le temps de lire et de réciter juste devant le Mur. Le Pape a également surpris en donnant une belle et franche accolade à ses deux amis argentins avec qui il est venu : le rabbin Abraham Skorka, visiblement très ému, et le professeur musulman Omar Abboud qui, en se rendant sur le lieu saint Juif, fait un geste politique et religieux important. Un trio qui marque en image le discours que François essaye de tenir : les hommes doivent s’aimer et se respecter, quelle que soit leur religion, et même au nom de leur religion.

! !VISITE AU MÉMORIAL DE YAD VASHEM

Jérusalem - Lundi 26 mai 2014 

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‘‘Adam, où es-tu ?’’ (cf. Gn 3, 9). Où es-tu, homme? Où es-tu passé ? En ce lieu, mémorial de la Shoah, nous entendons résonner cette question de Dieu: ‘‘Adam, où es-tu ?’’. En cette question il y a toute la douleur du Père qui a perdu son fils. Le Père connaissait le risque de la liberté; il savait que le fils aurait pu se perdre… mais peut-être, pas même le Père ne pouvait imaginer une telle chute, un tel abîme ! Ce cri : ‘‘Où te trouves-tu ?’’, ici, en face de la tragédie incommensurable de l’Holocauste, résonne comme une voix qui se perd dans un abîme sans fond… Homme, qui es-tu ? Je ne te reconnais plus. Qui es-tu, homme ? Qu’est-ce que tu es devenu ? De quelle horreur as-tu été capable ? Qu’est-ce qui t’a fait tomber si bas ? !Ce n’est pas la poussière du sol, dont tu es issu. La poussière du sol est une chose bonne, œuvre de mes mains. Ce n’est pas l’haleine de vie que j’ai insufflée dans tes narines. Ce souffle vient de moi, c’est une chose très bonne (cf. Gn 2, 7). Non, cet abîme ne peut pas être seulement ton œuvre, l’œuvre de tes mains, de ton cœur… Qui t’a corrompu ? Qui t’a défiguré ? Qui t’a inoculé la présomption de t’accaparer le bien et le mal ? Qui t’a convaincu que tu étais dieu ? Non seulement tu as torturé et tué tes frères, mais encore tu les as offerts en sacrifice à toi-même, parce que tu t’es érigé en dieu. Aujourd’hui, nous revenons écouter ici la voix de Dieu : ‘‘Adam, où es-tu ?’’. Du sol s’élève un gémissement étouffé : Prends pitié de nous, Seigneur ! A toi, Seigneur notre Dieu, la justice, à nous le déshonneur au visage, la honte (cf. Ba 1, 15). Un mal jamais survenu auparavant sous le ciel s’est abattu sur nous (cf. Ba 2, 2). Maintenant, Seigneur, écoute notre prière, écoute notre supplication, sauve-nous par ta miséricorde. Sauve-nous de cette monstruosité. Seigneur tout-puissant, une âme dans l’angoisse crie vers toi. Écoute, Seigneur, prends pitié. Nous avons péché contre toi. Tu règnes pour toujours (cf. Ba 3, 1-2). Souviens-toi de nous dans ta miséricorde. Donne-nous la grâce d’avoir honte de ce que, comme hommes, nous avons été capables de faire, d’avoir honte de cette idolâtrie extrême, d’avoir déprécié et détruit notre chair, celle que tu as modelée à partir de la boue, celle que tu as vivifiée par ton haleine de vie. Jamais plus, Seigneur, jamais plus !

‘‘Adam, où es-tu ?’’. Nous voici, Seigneur, avec la honte de ce que l’homme, créé à ton image et à ta r e s s e m b l a n c e , a é t é c a p a b l e d e f a i r e . Souviens-toi de nous dans ta miséricorde. VISITE DE COURTOISIE AUX DEUX GRANDS RABBINS

D'ISRAËL

Centre Heichal Shlomo, près de la Jerusalem Great Synagogue (Jérusalem) - Lundi 26 mai 2014

! Estimés Grands Rabbins d’Israël, Chers frères et sœurs, Je suis particulièrement heureux de pouvoir être aujourd’hui avec vous : je vous suis reconnaissant pour l’accueil chaleureux et pour les aimables paroles de bienvenue que vous m’avez adressées. Comme vous le savez, depuis le temps où j’étais Archevêque de Buenos Aires j’ai pu compter sur l’amitié de nombreux frères juifs. Et il y a ici aujourd’hui deux rabbins amis. Avec eux nous avons organisé de fructueuses initiatives de rencontre et de dialogue, et j’ai vécu aussi avec eux des moments significatifs de partage sur le plan spirituel. Dans les premiers mois du pontificat j’ai pu recevoir diverses organisations et différents représentants du judaïsme mondial. Comme déjà pour mes prédécesseurs, ces demandes de rencontre sont nombreuses. Elles s’ajoutent à beaucoup d’initiatives qui ont lieu à l’échelle nationale ou locale, et tout cela montre le désir réciproque de mieux se connaître, de s’écouter, de construire des liens de fraternité authentique. Ce chemin d’amitié représente un des fruits du Concile Vatican II, en particulier de la déclaration Nostra Aetate, qui a eu tant de poids et dont nous évoquerons l’an prochain le 50ème anniversaire. En réalité, je suis convaincu que tout ce qui est arrivé ces dernières décennies dans les relations entre juifs et catholiques a été un authentique don de Dieu, une des merveilles qu’il a accomplies, pour lesquelles nous sommes appelés à bénir son nom :

« Rendez grâce au Seigneur des Seigneurs, éternel est son amour.

Lui seul a fait de grandes merveilles, éternel est son amour » (Ps 136, 3-4).

Un don de Dieu qui, toutefois, n’aurait pas pu se manifester sans l’engagement de très nombreuses personnes courageuses et généreuses, tant juives que chrétiennes. Je désire en particulier faire mention ici de l’importance qu’a eu le dialogue entre le Grand Rabbinat d’Israël et la Commission du Saint-Siège pour les Relations religieuses avec le Judaïsme. Un dialogue qui, inspiré par la visite du saint Pape Jean-Paul II en Terre Sainte, commença en 2002

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et en est désormais à sa douzième année d’existence. J’aime penser, en référence au Bar Mitzvah de la tradition juive, qu’il est maintenant proche de l’âge adulte : j’ai confiance qu’il puisse continuer et qu’il a un avenir lumineux devant lui. Il ne s’agit pas seulement d’établir, sur un plan humain, des relations de respect réciproque : nous sommes appelés, comme chrétiens et comme juifs, à nous interroger en profondeur sur la signification spirituelle du lien qui nous unit. Il s’agit d’un lien qui vient d’en-haut, qui dépasse notre volonté et qui demeure intact, malgré toutes les difficultés de relations malheureusement vécues au cours de l’histoire. Du côté catholique, il y a certainement l’intention de considérer pleinement le sens des racines juives de sa propre foi. J’ai confiance, avec votre aide, que se maintienne également du côté juif, et si possible s’accroisse, l’intérêt pour la connaissance du christianisme, également sur cette terre bénie où il reconnaît ses propres origines, et spécialement parmi les jeunes générations. La connaissance réciproque de notre patrimoine spirituel, l’appréciation pour ce que nous avons en commun et le respect devant ce qui nous divise, pourront servir de guide dans le développement futur de nos relations, que nous remettons entre les mains de Dieu. Ensemble nous pourrons donner une grande contribution à la cause de la paix; ensemble nous pourrons témoigner, dans un monde en rapide transformation, la signification éternelle du plan divin de la création; ensemble nous pourrons contrer avec fermeté toute forme d’antisémitisme et les diverses autres formes de discrimination.

Que le Seigneur nous aide à marcher avec confiance et force d’âme dans ses voies.

Shalom ! !VISITE DE COURTOISIE AU PRÉSIDENT DE L'ÉTAT

D'ISRAËL

Palais présidentiel Jérusalem - Lundi 26 mai 2014

Je vous remercie, Monsieur le Président, pour vos paroles et votre accueil. Et avec mon imagination et ma fantaisie, je voudrais inventer une nouvelle béatitude, que je m’applique aujourd’hui en ce moment : « Bienheureux celui qui entre dans la maison d’un homme sage et bon ». Et je me sens heureux. Merci de tout cœur. * * *

Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs, Je vous suis reconnaissant, Monsieur le Président, pour l’accueil qui m’a été réservé et pour vos aimables et sages paroles de salutation, et je suis heureux de pouvoir vous rencontrer à nouveau ici à Jérusalem, ville qui abrite les Lieux Saints chers aux trois grandes religions qui adorent le Dieu qui a appelé Abraham. Les Lieux Saints ne sont pas des musées ou monuments pour touristes, mais des lieux où les communautés des croyants vivent leur foi, leur culture, leurs initiatives caritatives. Aussi doit-on perpétuellement les sauvegarder dans leur sacralité, protégeant ainsi non seulement l’héritage du passé mais aussi les personnes qui les fréquentent aujourd’hui et les fréquenteront dans l’avenir. Que Jérusalem soit vraiment la Ville de la paix ! Que resplendissent pleinement son identité et son caractère sacré, sa valeur religieuse et culturelle universelle, comme trésor pour toute l’humanité ! Comme c’est beau quand les pèlerins et les résidents peuvent accéder librement aux Lieux Saints et participer aux célébrations ! Monsieur le Président, vous êtes connu comme un homme de paix et un artisan de paix. Je vous exprime ma reconnaissance et mon admiration pour votre attitude. La construction de la paix exige avant tout le respect pour la liberté et la dignité de chaque personne humaine, que Juifs, Chrétiens et Musulmans croient également être créée par Dieu et destinée à la vie éternelle. A partir de ce point ferme que nous avons en commun, il est possible de poursuivre l’engagement pour une solution pacifique aux controverses et aux conflits. À cet égard, je renouvelle le souhait que soient évités de la part de tous des initiatives et des actes qui contredisent la volonté déclarée de parvenir à un véritable accord et qu’on ne se lasse pas de poursuivre la paix avec détermination et cohérence. !Il faut repousser avec fermeté tout ce qui s’oppose à la recherche de la paix et d’une cohabitation respectueuse entre Juifs, Chrétiens et Musulmans : le recours à la violence et au terrorisme, à tout genre de discrimination pour des motifs raciaux ou religieux, la prétention d’imposer son propre point de vue aux dépens des droits d’autrui, l’antisémitisme sous toutes ses formes possibles, tout comme la violence ou les manifestations d’intolérance contre des personnes ou des lieux de culte juifs, chrétiens et musulmans. Dans l’État d’Israël diverses communautés chrétiennes vivent et travaillent. Elles sont partie intégrante de la société et participent à part entière à ses affaires civiles, politiques et culturelles. Les fidèles chrétiens désirent apporter, à partir de leur propre identité, leur contribution au bien commun et à la construction de la paix, comme citoyens de plein droit qui, en rejetant tout extrémisme, s’engagent à être des artisans de réconciliation et de concorde. Leur présence et le respect de leurs droits – comme du reste, des droits de toute autre dénomination religieuse et de toute minorité – sont la garantie d’un sain pluralisme et la preuve de la vitalité des valeurs démocratiques, de leur réel enracinement dans la praxis et dans le concret de la vie de l’État. Monsieur le Président, vous savez que je prie pour vous, et je sais que vous priez pour moi, et je vous assure de mon incessante prière pour les Institutions et pour tous les citoyens d’Israël. De manière particulière, j’assure de ma constante supplication à Dieu pour l’obtention de la paix et

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avec elle des biens inestimables qui lui sont étroitement liés, tels que la sécurité, la tranquillité de vie, la prospérité, et – ce qu’il y a de plus beau - la fraternité. Je tourne enfin ma pensée vers tous ceux qui souffrent à cause des conséquences des crises encore ouvertes dans la région moyen-orientale, afin que, le plus tôt possible, ils soient soulagés de leurs peines grâce à un règlement honorable des conflits. Paix sur Israël et dans tout le Moyen Orient ! Shalom ! !

RENCONTRE AVEC LES PRÊTRES, RELIGIEUX, RELIGIEUSES ET SÉMINARISTES

Église du Gethsémani près du Jardin des Oliviers (Jérusalem) - Lundi 26 mai 2014

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« Il sortit pour se rendre… au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent » (Lc 22, 39) Quand arrive l’heure marquée par Dieu pour sauver l’humanité de l’esclavage du péché, Jésus se retire ici, à Gethsémani, au pied du mont des Oliviers. Nous nous retrouvons dans ce lieu saint, sanctifié par la prière de Jésus, par son angoisse, par sa sueur de sang; sanctifié par-dessus tout par son « oui » à la volonté d’amour du Père. Nous avons presque peur de nous rapprocher des sentiments que Jésus a éprouvés en cette heure; nous entrons sur la pointe des pieds dans cet espace intérieur où s’est décidé le drame du monde. En cette heure, Jésus a senti la nécessité de prier et d’avoir auprès de lui ses disciples, ses amis, qui l’avaient suivi et avaient partagé de plus près sa mission. Mais ici, à Gethsémani, le suivre se fait difficile et incertain ; le doute, la fatigue et la terreur prennent le dessus. Dans la rapidité du déroulement de la passion de Jésus, les disciples auront diverses attitudes à l’égard du Maître : des attitudes de proximité, d’éloignement, d’incertitude. Cela nous fera du bien à nous tous, évêques, prêtres, personnes consacrées, séminaristes, de nous demander en ce lieu : qui suis-je devant mon Seigneur qui souffre ? Suis-je de ceux qui, invités par Jésus à veiller avec lui, s’endorment, et au lieu de prier, cherchent à s’évader en fermant les yeux devant la réalité ? Ou bien est-ce que je me reconnais en ceux qui se sont enfuis par peur, abandonnant le Maître à l’heure la plus tragique de sa vie terrestre ?

Peut-être y-a-t-il en moi la duplicité, la fausseté de celui qui l’a vendu pour trente pièces, qui avait été appelé ami, et qui pourtant a trahi Jésus ? Est-ce que je me reconnais dans ceux qui ont été faibles et qui l’ont renié, comme Pierre ? Peu de temps avant, il avait promis à Jésus de le suivre jusqu’à la mort (cf. Lc 22, 33); puis, poussé dans ses derniers retranchements et assailli par la peur, il jure de ne pas le connaître. Est-ce que je ressemble à ceux qui désormais organisaient leur vie sans lui, comme les deux disciples d’Emmaüs, insensés et lents à croire les paroles des prophètes (cf. Lc 24, 25) ? Ou, grâce à Dieu, est-ce que je me retrouve parmi ceux qui ont été fidèles jusqu’à la fin, comme la Vierge Marie et l’apôtre Jean ? Quand sur le Golgotha, tout devient sombre et que toute espérance semble finie, l’amour seul est plus fort que la mort. L’amour de la Mère et du disciple bien-aimé les pousse à rester au pied de la croix, pour partager jusqu’au bout la douleur de Jésus. Est-ce que je me reconnais dans ceux qui ont imité leur Maître jusqu’au martyre, témoignant combien il a été tout pour eux, la force incomparable de leur mission et l’horizon ultime de leur vie ? L’amitié de Jésus à notre égard, sa fidélité et sa miséricorde sont le don inestimable qui nous encourage à poursuivre avec confiance notre marche à sa suite, malgré nos chutes, nos erreurs, et aussi nos trahisons. Mais cette bonté du Seigneur ne nous dispense pas de la vigilance face au tentateur, au péché, au mal et à la trahison qui peuvent traverser aussi la vie sacerdotale et religieuse. Tous nous sommes exposés au péché, au mal, à la trahison. Nous percevons la disproportion entre la grandeur de l’appel de Jésus et notre petitesse, entre la sublimité de la mission et notre fragilité humaine. Mais le Seigneur, dans sa grande bonté et dans son infinie miséricorde, nous prend toujours par la main, afin que nous ne nous noyions pas dans la mer du désarroi. Il est toujours à nos côtés, il ne nous laisse jamais seuls. Donc, ne nous laissons pas vaincre par la peur et par le découragement, mais avec courage et confiance, allons de l’avant sur notre chemin et dans notre mission. Vous, chers frères et sœurs, vous êtes appelés à suivre le Seigneur avec joie sur cette Terre bénie ! C’est un don et c’est aussi une responsabilité. Votre présence ici est très importante ; toute l’Église vous est reconnaissante et elle vous soutient par la prière. De ce lieu saint je désire, de plus, adresser un salut affectueux à tous les chrétiens de Jérusalem : je voudrais les assurer que je me souviens d’eux avec affection et que je prie pour eux, sachant bien la difficulté de leur vie dans la cité. Je les exhorte à être des témoins courageux de la passion du Seigneur, mais aussi de sa résurrection, avec joie et dans l’espérance. Imitons la Vierge Marie et saint Jean, et restons près des nombreuses croix où Jésus est encore crucifié. C’est la route sur laquelle notre Rédempteur nous appelle à le suivre : il n’y en a pas d’autre, c’est celle-là ! « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur » (Jn 12, 26). ! !

MESSE AVEC LES ORDINAIRES DE TERRE SAINTE ET AVEC LA SUITE PAPALE

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Salle du Cénacle (Jérusalem) - Lundi 26 mai 2014

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C’est un grand don que le Seigneur nous fait, de nous réunir ici, au Cénacle, pour célébrer l’Eucharistie. Alors que je vous salue avec une joie fraternelle, je désire adresser une pensée affectueuse aux Patriarches Catholiques Orientaux qui ont pris part, ces jours-ci, à mon pèlerinage. Je désire les remercier pour leur présence significative, pour moi particulièrement précieuse, et je les assure qu’ils ont une place spéciale dans mon cœur et dans ma prière. Ici, en ce lieu où Jésus consomma la dernière Cène avec ses Apôtres; où, ressuscité, il apparut au milieu d’eux; où l’Esprit Saint descendit avec puissance sur Marie et sur les disciples. Ici est née l’Église, et elle est née en sortie. D’ici elle est partie, avec le Pain rompu entre les mains, les plaies de Jésus dans les yeux, et l’Esprit d’amour dans le cœur. Au Cénacle, Jésus ressuscité, envoyé du Père, communiqua aux Apôtres son Esprit-même et, avec sa force, il les envoya renouveler la face de la terre (cf. Ps 104, 30). Sortir, partir, ne veut pas dire oublier. L’Église en sortie garde la mémoire de ce qui est arrivé ici; l’Esprit Paraclet lui rappelle chaque parole, chaque geste et en révèle le sens. Le Cénacle nous rappelle le service, le lavement des pieds que Jésus a accompli, comme exemple pour ses disciples. Se laver les pieds les uns les autres signifie s’accueillir, s’accepter, s’aimer, se servir réciproquement. Cela veut dire servir le pauvre, le malade, l’exclus, celui qui ne m’est pas sympathique, celui qui me gêne. Le Cénacle nous rappelle, avec l’Eucharistie, le sacrifice. Dans chaque célébration eucharistique, Jésus s’offre pour nous au Père, pour que nous aussi nous puissions nous unir à Lui, en offrant à Dieu notre vie, notre travail, nos joies et nos peines…, tout offrir en sacrifice spirituel. Le Cénacle nous rappelle aussi l’amitié. « Je ne vous appelle plus serviteurs – dit Jésus aux Douze … je vous appelle mes amis » (Jn 15, 15). Le Seigneur fait de nous ses amis, il nous confie la volonté du Père et se donne Lui-même à nous. C’est cela l’expérience la plus belle du chrétien, et d’une façon particulière du prêtre : devenir l’ami du Seigneur Jésus, et découvrir dans son cœur qu’il est un ami. Le Cénacle nous rappelle le départ du Maître et la promesse de se retrouver avec ses amis : « Quand je serai parti, … je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi » (Jn14, 3). Jésus ne nous laisse pas, il ne nous abandonne jamais, il nous précède dans la maison du Père et là il veut nous emmener avec Lui.

Mais le Cénacle rappelle aussi la bassesse, la curiosité – « qui est celui qui trahit ? » , la trahison. Et cela peut être chacun de nous, pas seulement et toujours les autres, qui revit ces attitudes, quand nous regardons avec suffisance le frère, quand nous le jugeons ; quand nous trahissons Jésus par nos péchés. Le Cénacle nous rappelle le partage, la fraternité, l’harmonie, la paix entre nous. Que d’amour, que de bien a jailli du Cénacle ! Que de charité est sortie d’ici, comme un fleuve de sa source, qui au début est un ruisseau, puis s’élargit et devient grand… Tous les saints ont puisé ici; le grand fleuve de la sainteté de l’Église prend toujours son origine ici, toujours de nouveau, du Cœur du Christ, de l’Eucharistie, de son Esprit Saint. Le Cénacle enfin nous rappelle la naissance de la nouvelle famille, l’Église, notre sainte mère l’Eglise hiérarchique, constituée par Jésus ressuscité. Une famille qui a une Mère, la Vierge Marie. Les familles chrétiennes appartiennent à cette grande famille, et trouvent en elle lumière et force pour marcher et se renouveler, à travers les peines et les épreuves de la vie. Tous les enfants de Dieu de tout peuple et de toute langue, tous frères et enfants de l’unique Père qui est dans les cieux sont invités et appelés à faire partie de cette grande famille. C’est l’horizon du Cénacle : l’horizon du Ressuscité et de l’Église. D’ici part l’Église en sortie, animée par le souffle vital de l’Esprit. Recueillie en prière avec la Mère de Jésus, elle revit toujours l’attente d’une effusion nouvelle de l’Esprit Saint : Que descende ton Esprit, Seigneur, et qu’il renouvelle

la face de la terre (cf. Ps 104, 30) ! Traduction vatican.va ! !!!!!!!!

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DÉCLARATION COMMUNE DU PAPE FRANÇOIS ET DU PATRIARCHE BARTHOLOMÉE

Délégation apostolique (Jérusalem) Dimanche 25 mai 2014

1. Comme nos vénérables prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Patriarche Œcuménique Athénagoras, qui se sont rencontrés ici à Jérusalem, il y a cinquante ans, nous aussi, le Pape François et le Patriarche Œcuménique Bartholomée, nous étions déterminés à nous rencontrer en Terre Sainte «où notre commun Rédempteur, le Christ Notre-Seigneur, a vécu, a enseigné, est mort, est ressuscité et monté au ciel, d’où il a envoyé le Saint Esprit sur l’Église naissante» (Communiqué commun du Pape Paul VI et du Patriarche Athénagoras, publié après leur rencontre du 6 janvier 1964). Notre nouvelle rencontre, entre les Évêques des Églises de Rome et de Constantinople, fondées respectivement par les deux Frères, les Apôtres Pierre et André, est pour nous source d’une profonde joie spirituelle. Elle offre une occasion providentielle pour réfléchir sur la profondeur et sur l’authenticité des liens existant entre nous, qui sont les fruits d’un parcours rempli de grâce au long duquel le Seigneur nous a conduits, depuis ce jour béni d’il y a cinquante ans. 2. Notre rencontre fraternelle, aujourd’hui, est une nouvelle et nécessaire étape sur la route de l’unité à laquelle seul l’Esprit Saint peut nous conduire, celle de la communion dans une légitime diversité. Nous nous rappelons, avec une profonde gratitude, les étapes que le Seigneur nous a déjà rendus capables d’entreprendre. L’accolade échangée entre le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras, ici, à Jérusalem, après tant de siècles de silence, a préparé le chemin pour un geste important, le retrait de la mémoire et du sein de l’Église des actes d’excommunication mutuelle en 1054. Ce geste a été suivi par un échange de visites entre les Sièges respectifs de Rome et de Constantinople, par une correspondance régulière et, plus tard, par la décision, annoncée par le Pape Jean-Paul II et le Patriarche Dimitrios, tous deux d’heureuse mémoire, d’initier un dialogue théologique en vérité entre Catholiques et Orthodoxes. Tout au long de ces années, Dieu, source de toute paix et de tout amour, nous a enseignés à nous regarder les uns les autres comme membres de la même Famille chrétienne, sous un seul Seigneur et Sauveur, Jésus Christ, et à nous aimer les uns les autres, de sorte que nous puissions professer notre foi au même Évangile du Christ, tel qu’il fut reçu par les Apôtres, exprimé et transmis à nous par les Conciles Œcuméniques ainsi que par les Pères de l’Église. Tandis que nous sommes conscients de ne pas avoir atteint l’objectif de la pleine communion, aujourd’hui, nous confirmons notre engagement à continuer de marcher ensemble vers l’unité pour laquelle le Christ notre Seigneur a prié le Père « afin que tous soient un » (Jn 17, 21). 3. Bien conscients que l’unité est manifestée dans l’amour de Dieu et dans l’amour du prochain, nous attendons avec impatience ce jour où, finalement, nous partagerons ensemble le Banquet eucharistique. Comme chrétiens, nous sommes appelés à nous préparer à recevoir ce don de la Communion eucharistique, selon l’enseignement de Saint Irénée de Lyon (Contre les Hérésies, IV, 18, 5, PG 7, 1028), par la confession de la même foi, une prière persévérante, une conversion intérieure, une vie renouvelée et un dialogue fraternel. En atteignant ce but espéré, nous manifesterons au monde l’amour de Dieu par lequel nous sommes reconnus comme de vrais disciples de Jésus Christ (cf. Jn 13, 35). 4. À cette fin, le dialogue théologique entrepris par la Commission Mixte Internationale offre une contribution fondamentale à la recherche pour la pleine communion entre Catholiques et Orthodoxes. Aux temps successifs des Papes Jean-Paul II et Benoît XVI, et du Patriarche Dimitrios, les progrès de nos rencontres théologiques ont été substantiels. Aujourd’hui, nous exprimons notre sincère appréciation pour les acquis, tout comme pour les efforts en cours. Ceux-ci ne sont pas un pur exercice théorique, mais un exercice dans la vérité et dans l’amour qui exige une connaissance toujours plus profonde des traditions de l’autre pour les comprendre et pour apprendre à partir d’elles. Ainsi, nous affirmons une fois encore que le dialogue théologique ne recherche pas le plus petit dénominateur commun sur lequel aboutir à un compromis, mais qu’il est plutôt destiné à approfondir la compréhension de la vérité tout entière que le Christ a donnée à son Église, une vérité que nous ne cessons jamais de mieux comprendre lorsque nous suivons les impulsions de l’Esprit Saint. Par conséquent, nous affirmons ensemble que notre fidélité au Seigneur exige une rencontre fraternelle et un dialogue vrai. Une telle quête ne nous éloigne pas de la vérité; tout au contraire, à travers un échange de dons, sous la conduite de l’Esprit Saint, elle nous mènera à la vérité tout entière (cf. Jn 16, 13). 5. Cependant, même en faisant ensemble cette route vers la pleine communion, nous avons maintenant le devoir d’offrir le témoignage commun de l’amour de Dieu envers tous, en travaillant ensemble au service de l’humanité, spécialement en défendant la dignité de la personne humaine à toutes les étapes de la vie et la sainteté de la famille basée sur le mariage, en promouvant la paix et le bien commun, et en répondant à la souffrance qui continue d’affliger notre monde. Nous reconnaissons que la faim, la pauvreté, l’analpha-bétisme, l’inéquitable distribution des ressources doivent constamment être affrontés. C’est notre devoir de chercher à construire une société juste et humaine dans laquelle personne ne se sente exclu ou marginalisé. 6. C’est notre profonde conviction que l’avenir de la famille humaine dépend aussi de la façon dont nous sauvegardons – à la fois prudemment et avec compassion, avec justice et équité – le don de la création que notre Créateur nous a confié. Par conséquent, nous regrettons le mauvais traitement abusif de notre planète, qui est un péché aux yeux de Dieu. Nous réaffirmons notre responsabilité et notre obligation d’encourager un sens de l’humilité et de la modération, de sorte que tous sentent la nécessité de respecter la création et de la sauvegarder

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avec soin. Ensemble, nous réaffirmons notre engagement à sensibiliser au sujet de la gestion de la création ; nous appelons tous les hommes de bonne volonté à considérer les manières de vivre plus sobrement, avec moins de gaspillage, manifestant moins d’avidité et plus de générosité pour la protection du monde de Dieu et pour le bénéfice de son Peuple. 7. De même, il y a une nécessité urgente pour une coopération effective et engagée des chrétiens en vue de sauvegarder partout le droit d’exprimer publiquement sa foi, et d’être traité équitablement lorsqu’on promeut ce que le Christianisme continue d’offrir à la société et à la culture contemporaines. À ce propos, nous invitons tous les chrétiens à promouvoir un authentique dialogue avec le Judaïsme, l’Islam et d’autres traditions religieuses. L’indifférence et l’ignorance mutuelles ne peuvent que conduire à la méfiance, voire, malheureusement, au conflit. 8. De cette sainte ville de Jérusalem, nous exprimons nos profondes préoccupations partagées pour la situation des chrétiens au Moyen Orient et pour leur droit de rester des citoyens à part entière de leurs patries. Avec confiance, nous nous tournons vers le Dieu tout-puissant et miséricordieux, dans une prière pour la paix en Terre Sainte et au Moyen Orient en général. Nous prions spécialement pour les Églises en Égypte, en Syrie et en Irak, qui ont souffert le plus douloureusement en raison des récents événements. Nous encourageons toutes les parties, indépendamment de leurs convictions religieuses, à continuer d’œuvrer pour la réconciliation et pour la juste reconnaissance des droits des peuples. Nous sommes persuadés que ce ne sont pas les armes, mais le dialogue, le pardon et la réconciliation qui sont les seuls moyens possibles pour obtenir la paix. 9. Dans un contexte historique marqué par la violence, l’indifférence et l’égoïsme, beaucoup d’hommes et de femmes sentent aujourd’hui qu’ils ont perdu leurs repères. C’est précisément à travers notre témoignage commun de la bonne nouvelle de l’Évangile que nous pouvons être capables d’aider nos contemporains à redécouvrir la voie qui conduit à la vérité, à la justice et à la paix. Unis dans nos intentions, et nous rappelant l’exemple, il y a cinquante ans, du Pape Paul VI et du Patriarche Athénagoras, nous lançons un appel à tous les chrétiens, ainsi qu’aux croyants de toutes les traditions religieuses et à tous les hommes de bonne volonté, à reconnaître l’urgence de l’heure qui nous oblige à chercher la réconciliation et l’unité de la famille humaine, tout en respectant pleinement les différences légitimes, pour le bien de toute l’humanité et des générations futures. 10. En entreprenant ce pèlerinage commun à l’endroit où notre unique et même Seigneur Jésus Christ a été crucifié, a été enseveli et est ressuscité, nous recommandons humblement à l’intercession de la Très Sainte et toujours Vierge Marie nos futurs pas sur le chemin vers la plénitude de l’unité, en confiant l’entière famille humaine à l’amour infini de Dieu. « Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Nb 6, 25-26). !!!!!!François dans l’avion : « Dis-moi, ton Christ, quand est-ce qu’il ressuscite ? » TEL AVIV-ROME. Après trois jours intenses de rencontres et de prière en Terre Sainte, le pape François a rejoint la cité du Vatican hier dans la soirée. Dans l’avion, il s’est entretenu longuement avec les journalistes. Une date commune de la Pâques pour tous les chrétiens et une « rencontre de prière » au Vatican avec Abbas et Peres seront bientôt parmi les grands fruit de ce pèlerinage œcuménique et interreligieux hors du commun. Après un marathon minuté de trois jours, le Pape François, à peine monté dans l’avion, n’a pas demandé de répit. Il a accepté de répondre à toutes les questions des journalistes qui voyageaient avec lui vers Rome. 11 questions au total. Il est aussi revenu sur certains gestes posés lors de son voyage. « Les gestes les plus authentiques sont ceux auxquels on ne réfléchit pas, ceux qui viennent… » Le Pape, après un voyage sous haute surveillance, n’a pas manqué de faire l’éloge de la spontanéité. Il a continué : « J’ai pensé que je pourrai faire quelque chose, mais pas à un geste concret. Aucun de ces gestes n’a été pensé ainsi. Certaines choses comme, par exemple, l’invitation à prier aux deux présidents, on avait un peu pensé à le faire là (en Terre Sainte, ndlr), mais il y avait tellement de problèmes logistiques, tellement. Car ils doivent tenir compte du territoire, où on le fait, et ce n’est pas facile. On a pensé à une réunion, mais au final on a pensé à ce qui, j’espère, se passera bien. On n’y a pas pensé à l’avance. Je ne sais pas… il me vient à l’idée de faire quelque chose, c’est spontané, c’est ainsi. Au moins, pour dire la vérité, quelqu’un avait dit ‘là on pourrait faire quelque chose’, mais concrètement rien. Par exemple, au Yad Vashem, c’est venu ainsi. » Dans une autre question, il s’est exprimé sur la question de Jérusalem : « L’Eglise catholique, disons le Vatican, a sa position du point de vue religieux : ce sera la ville de la paix des 3 religions. C’est un point de vue religieux. Les mesures concrètes pour la paix doivent sortir de la négociation. Il faut négocier. Je serais d’accord pour que, dans les négociations, on dise : cette partie sera la capitale d’un Etat, celle-la de l’autre. Mais ce sont

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des hypothèses. Je ne dis pas que cela doit être ainsi. Ce sont des hypothèses qu’ils doivent négocier. Vraiment, je ne me sens pas compétent pour dire il faut faire ceci ou cela, ce serait une folie de ma part. Mais je crois qu’il faut entrer dans la négociation avec honnête, fraternité et beaucoup de confiance. Là-bas on négocie tout : le territoire, les rapports… il faut du courage pour faire cela et je prie beaucoup le Seigneur pour que ces deux dirigeants, ces deux gouvernements, aient le courage d’aller de l’avant. C’est l’unique voie pour la paix. Mais Jérusalem comme ceci ou comme cela, je ne peux dire que ce que l’Eglise doit dire et a toujours dit : que Jérusalem soit conservée comme capitale des 3 religions comme une référence, une ville de paix, et je pensais au mot ‘sacrée’, mais ce n’est pas juste, mais une ville de paix et religieuse. » Suite à sa rencontre avec Bartholomée, Le Pape a aussi évoqué des possibles rapprochements. A la question des « prêtres mariés » posée par un des journalistes, le Pape a répondu : « L’Eglise catholique a des prêtres mariés. Les catholiques grecs, les catholiques coptes, il y en a dans les rites orientaux parce que le célibat n’est pas un dogme de foi. C’est une règle de vie que j’apprécie beaucoup et je crois que c’est un don pour l’Eglise. N’étant pas un dogme de foi, la porte est toujours ouverte, mais maintenant nous n’avons pas parlé de cela comme un ordre du jour. » Le Pape a continué sur l’unité en soulignant la nécessité de gestes concrets. « On ne peut pas faire l’unité dans un congrès de théologie. (…) Athénogoras a dit à Paul VI ‘Restons ensemble tranquillement et nous mettons tous les théologiens ensemble sur une île pour qu’ils discutent entre eux, et nous nous avançons dans la vie. C’est vrai, Bartholomée me l’a dit ces jours-ci. Marcher ensemble, cheminer ensemble, travailler ensemble en toutes choses que nous pouvons faire ensemble. Nous aider. Par exemple, pour les églises à Rome et dans tant de villes, beaucoup d’orthodoxes utilisent des églises catholiques, à telle ou telle heure, comme une aide, pour marcher ensemble. Nous avons aussi évoqué la possibilité de faire quelque chose lors du concile panorthodoxe sur la date de Pâques. Parce que c’est un peu ridicule : « Dis-moi, ton Christ, quand est-ce qu’il ressuscite ? La semaine prochaine. Ah, le mien a ressuscité la semaine dernière ». La date de Pâques est un signe d’unité. » A propos de son invitation à Peres et Abbas, le pape François a souhaité une « clarification »: « Ce sera une rencontre de prière. Ce ne sera pas pour faire une médiation ou pour chercher des solutions. Non, nous nous réunirons pour prier, seulement. (…) Il y a aura un rabbin, il y aura un musulman et moi. J’ai demandé – je crois que je peux le dire – au Custode de Terre Sainte d’organiser un peu les choses sur le plan pratique. » Les problèmes et défis de la famille qui traverse actuellement une « crise mondiale » a souligné le Pape – et la protection de la planète, ont été également soulevés.Le Pape a également annoncé qu’il célébrerait bientôt une messe à la Maison Sainte-Marthe avec des victimes de prêtres pédophiles et qu’une « tolérance zéro » sera appliquée sur « ce crime tellement laid ».

ROME, 28 mai 2014 - « Avec ce pèlerinage, j’ai voulu apporter une parole d’espérance, mais je l’ai aussi reçue, à mon tour ! Je l’ai reçue de frères et sœurs qui espèrent "contre toute espérance" (Rm 4, 18), à travers tant de souffrances », confie le pape François au lendemain de son pèlerinage en Terre Sainte (24-26 mai).

Interrompant son cycle de catéchèses sur les dons de l'Esprit-Saint, le pape a dressé un bilan de son voyage, lors de l'audience générale de ce mercredi matin, 28 mai 2014, place Saint-Pierre.

Catéchèse du pape François

Chers frères et sœurs,

Ces jours derniers, comme vous le savez, j’ai effectué un pèlerinage en Terre Sainte. Cela a été un grand don pour l’Église et j’en rends grâce à Dieu. Il m’a guidé sur cette Terre bénie, qui a vu la présence historique de Jésus et où se sont vérifiés des événements fondamentaux pour le judaïsme, le christianisme et l’islam. Je désire redire ma reconnaissance cordiale à Sa Béatitude le patriarche Fouad Twal, aux évêques des différents rites, aux prêtres, aux franciscains de la Custodie de Terre Sainte. Ces franciscains sont forts ! Ils font un très beau travail ! Ma gratitude va aussi aux Autorités jordaniennes, israéliennes et palestiniennes, qui m’ont accueilli avec une telle courtoisie, je dirais même avec amitié, ainsi qu’à toutes les personnes qui ont coopéré à la réalisation de cette visite.

1.L’objectif principal de ce pèlerinage était de commémorer le cinquantième anniversaire de la rencontre historique entre le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras. Cela avait été la première fois qu’un Successeur de Pierre se rendait en Terre Sainte : Paul VI inaugurait ainsi, pendant le concile Vatican II, les voyages hors d’Italie des papes de l’époque contemporaine. Ce geste prophétique de l’évêque de Rome et du patriarche de Constantinople a posé une borne milliaire sur le chemin, difficile mais prometteur, de l’unité entre tous les chrétiens qui a, depuis, accompli des pas importants.

C’est pour cela que ma rencontre avec Sa Sainteté Bartholomaios, frère bien-aimé dans le Christ, a représenté le moment culminant de la visite. Ensemble, nous avons prié

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auprès du sépulcre de Jésus et il y avait avec nous le patriarche gréco-orthodoxe de Jérusalem, Théophile III, et le patriarche arménien apostolique Nourhan, ainsi que des archevêques et des évêques de différentes Églises et communautés, des Autorités civiles et de nombreux fidèles. En ce lieu où résonna l’annonce de la résurrection, nous avons perçu toute l’amertume et la souffrance des divisions qui existent encore entre les disciples du Christ ; et vraiment, cela fait tant de mal, cela fait mal au cœur. Nous sommes encore divisés ; dans ce lieu où justement a résonné l’annonce de la résurrection, où Jésus nous donne la vie, nous sommes encore un peu divisés. Mais surtout, dans cette célébration chargée de fraternité mutuelle, d’estime et de respect, nous avons entendu fortement la voix du Bon pasteur ressuscité qui veut faire de toutes ses brebis un seul troupeau ; nous avons éprouvé le désir de guérir les blessures encore ouvertes et de poursuivre avec ténacité le chemin vers la pleine communion. Une fois encore, comme l’ont fait les précédents papes, je demande pardon pour ce que nous avons fait pour favoriser cette division et je demande à l’Esprit-Saint de nous aider à guérir les blessures que nous avons faites aux autres frères. Nous sommes tous frères dans le Christ et, avec le patriarche Bartholomaios, nous sommes amis, frères, et nous avons partagé notre volonté de marcher ensemble, de faire tout ce que nous pouvons faire aujourd’hui : prier ensemble, travailler ensemble pour le troupeau de Dieu, rechercher la paix, protéger la création, toutes ces choses que nous avons en commun. Et en frères, nous devons aller de l’avant.

2.Un autre objectif de ce pèlerinage était d’encourager dans cette région le chemin vers la paix, qui est à la fois un don de Dieu et un engagement des hommes. Je l’ai fait en Jordanie, en Palestine et en Israël. Et je l’ai toujours fait en tant que pèlerin, au nom de Dieu et de l’homme, en portant dans mon cœur une grande compassion pour les fils de cette Terre qui vivent depuis trop longtemps avec la guerre et qui ont le droit de connaître enfin des jours de paix !

C’est pourquoi j’ai exhorté les fidèles chrétiens à se laisser « oindre », le cœur ouvert et docile, par l’Esprit-Saint, pour être toujours davantage capables de gestes de paix, de fraternité et de réconciliation. L’Esprit permet d’assumer ces comportements dans la vie quotidienne avec des personnes de cultures et de religions différentes, et de devenir ainsi « artisans » de paix. La paix se fait artisanalement ! Il n’existe pas d’industries de la paix, non. Elle se construit chaque jour, artisanalement, et avec un cœur ouvert pour que vienne le don de Dieu. C’est pour cela que j’ai exhorté les fidèles chrétiens à se laisser « oindre ».

En Jordanie, j’ai remercié les Autorités et le peuple pour leur engagement dans l’accueil de nombreux réfugiés venant des zones de guerre, un engagement humanitaire qui mérite et requiert le soutien constant de la Communauté internationale. J’ai été frappé par la générosité du peuple jordanien dans leur accueil des réfugiés, de tous ceux qui fuient la guerre dans cette zone. Que le Seigneur bénisse ce peuple accueillant, qu’il le bénisse beaucoup ! Et nous devons prier pour que le Seigneur bénisse cet accueil et demander à toutes les institutions internationales d’aider ce peuple dans ce travail d’accueil qu’il accomplit.

Pendant ce pèlerinage dans d’autres lieux aussi, j’ai encouragé les Autorités concernées à poursuivre leurs efforts pour atténuer les tensions dans la région du Moyen-Orient, surtout dans la Syrie torturée, et à continuer de chercher une solution équitable au conflit israélo-palestinien. Pour cela, j’ai invité le président d’Israël et le président de la Palestine, tous deux hommes de paix et artisans de paix, à venir au Vatican prier ensemble avec moi pour la paix. Et, s’il vous plaît, je vous demande de ne pas nous laisser seuls. Vous, priez, priez beaucoup pour que le Seigneur nous donne la paix dans cette Terre bénie. Je compte sur vos prières. Fort, priez, en ce temps, priez beaucoup pour que vienne la paix.

3. Ce pèlerinage en Terre Sainte a aussi été l’occasion de confirmer dans la foi les communautés chrétiennes qui souffrent tant, et d’exprimer la gratitude de toute l’Église pour la présence des chrétiens dans cette région et dans tout le Moyen-Orient. Ces frères sont des témoins courageux de l’espérance et de la charité, « sel et lumière » sur cette terre. Par leur vie de foi et de prière, et à travers leurs activités d’éducation et d’assistance tant appréciées, ils œuvrent en faveur de la réconciliation et du pardon, contribuant au bien commun de la société.

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Avec ce pèlerinage, qui a été une véritable grâce du Seigneur, j’ai voulu apporter une parole d’espérance, mais je l’ai aussi reçue, à mon tour ! Je l’ai reçue de frères et sœurs qui espèrent « contre toute espérance » (Rm 4, 18), à travers tant de souffrances, comme celles de ceux qui ont fui leur pays à cause des conflits, comme celles de ceux qui, dans différentes parties du monde, sont discriminés et méprisés à cause de leur foi dans le Christ. Continuons de leur être proches ! Prions pour eux et pour la paix en Terre Sainte et dans tout le Moyen-Orient. Que la prière de toute l’Église soutienne aussi le chemin vers la pleine unité des chrétiens, pour que le monde croie dans l’amour de Dieu qui, en Jésus-Christ, est venu habiter au milieu de nous. Et je vous invite tous, maintenant, à prier ensemble, à prier ensemble la Vierge Marie, Reine de la paix, Reine de l’unité entre les chrétiens, la maman de tous les chrétiens : qu’elle nous donne la paix, au monde entier, et qu’elle nous accompagne sur cette route de l’unité.

Traduction de Zenit, Constance Roques

ROME, 8 juin 2014 - Le président israélien Shimon Peres et le président

palestinien Mahmoud Abbas se sont retrouvés ce dimanche 8 juin 2014 au

Vatican, afin de prier pour la paix en Terre Sainte, à l'invitation du pape

François

Arrivé en premier aux environ de 18h05, le président Shimon Peres a été accueilli au

seuil de la Maison Sainte-Marthe par le pape François, dans une étreinte chaleureuse,

sous le soleil déclinant de Rome. Ils se sont ensuite entretenus en privé. Une vingtaine

de minutes plus tard, le pape a quitté Shimon Peres pour accueillir Mahmoud Abbas, qui

venait d'arriver à son tour. Très souriants, le pape et le président palestinien se sont

embrassés et ont rejoint un salon pour une rencontre privée. Un quart d'heure plus tard,

le pape et les deux présidents se sont rejoints dans le hall de la Maison, où ils ont

retrouvés le patriarche oecuménique Bartholomaios Ier. Shimon Peres et Mahmoud Abbas

se sont embrassés amicalement, sous les flashs des photographes. Tous les quatre se

sont rendus ensemble en mini-bus, au lieu prévu pour la rencontre : un espace

triangulaire, au cœur des jardins verdoyants du Vatican, entre l’Académie pontificale des

sciences sociales et les Musées du Vatican, où les attendaient des représentants des trois

religions, parmi lesquels le rabbin Abraham Skorka et l’imam Omar Abboud, amis

argentins du pape. Dans la douceur du soir et de la végétation vaticane, le pape et les

deux présidents ont pris place sur des fauteuils, tandis qu'un orchestre interconfessionnel

interprétait l'adagio pour cordes en si mineur de Simon Barber. Les trois religions – dans

l’ordre, juive, chrétienne, et musulmane – devaient avoir en ce lieu un temps de prière

distinct pour la paix. A la fin de ce temps, le pape, et les deux présidents prendront la

parole et exprimeront des gestes de paix : une poignée de main, et la plantation d’un

olivier de la paix.

Page 21: PÈLERINAGE DU PAPE FRANÇOIS

!

Discours du pape François

Messieurs les Présidents,

Sainteté,

Frères et sœurs,

Avec grande joie, je vous salue et je désire vous offrir à vous et aux distinguées

délégations qui vous accompagnent, le même accueil chaleureux que vous m’avez

réservé lors du pèlerinage que je viens d’effectuer en Terre Sainte.

Je vous remercie du fond du cœur pour avoir accepté mon invitation à venir ici afin

d’invoquer ensemble de Dieu le don de la paix. J’espère que cette rencontre sera le début

d’un nouveau chemin à la recherche de ce qui unit, pour dépasser ce qui divise.

Et je remercie Votre Sainteté, vénéré Frère Bartholomée, d’être ici avec moi pour

accueillir ces hôtes illustres. Votre participation est un grand don, un soutien précieux ;

elle est le témoignage du chemin que, comme chrétiens, nous parcourons vers la pleine

unité.

Votre présence, Messieurs les Présidents, est un grand signe de fraternité, que vous

accomplissez en tant que fils d’Abraham, et une expression concrète de confiance en

Dieu, Seigneur de l’histoire, qui nous regarde aujourd’hui comme frères l’un de l’autre et

désire nous conduire sur ses voies.

Cette rencontre d’invocation de la paix en Terre Sainte, au Moyen Orient et dans le

monde entier, est accompagnée par la prière de très nombreuses personnes, appartenant

à diverses cultures, patries, langues et religions : des personnes qui ont prié pour cette

rencontre et qui, maintenant, sont unies à nous dans la même invocation. C’est une

rencontre qui répond à l’ardent désir de tous ceux qui aspirent à la paix et rêvent d’un

monde où les hommes et les femmes puissent vivre en frères et non comme des

adversaires ou des ennemis.

Messieurs les Présidents, le monde est un héritage que nous avons reçu de nos ancêtres,

mais c’est aussi un prêt de nos enfants : des fils qui sont fatigués et épuisés par les

conflits et désireux de parvenir à l’aube de la paix ; des fils qui nous demandent

d’abattre les murs de l’inimitié et de parcourir la route du dialogue et de la paix afin que

l’amour et l’amitié triomphent.

Page 22: PÈLERINAGE DU PAPE FRANÇOIS

Beaucoup, trop de ces fils sont tombés, victimes innocentes de la guerre et de la

violence, plantes arrachées en pleine vigueur. C’est notre devoir de faire en sorte que

leur sacrifice ne soit pas vain. Que leur mémoire infuse en nous le courage de la paix, la

force de persévérer dans le dialogue à tout prix, la patience de tisser jour après jour la

trame toujours plus solide d’une cohabitation respectueuse et pacifique, pour la gloire de

Dieu et le bien de tous.

Pour faire la paix, il faut du courage, bien plus que pour faire la guerre. Il faut du courage

pour dire oui à la rencontre et non à l’affrontement ; oui au dialogue et non à la

violence ; oui à la négociation et non aux hostilités ; oui au respect des accords et non

aux provocations ; oui à la sincérité et non à la duplicité. Pour tout cela, il faut du

courage, une grande force d’âme.

L’histoire nous enseigne que nos seules forces ne suffisent pas. Plus d’une fois, nous

avons été proches de la paix, mais le malin, par divers moyens, a réussi à l’empêcher.

C’est pourquoi nous sommes ici, parce que nous savons et nous croyons que nous avons

besoin de l’aide de Dieu. Nous ne renonçons pas à nos responsabilités, mais nous

invoquons Dieu comme un acte de suprême responsabilité, face à nos consciences et

face à nos peuples. Nous avons entendu un appel, et nous devons répondre : l’appel à

rompre la spirale de la haine et de la violence, à la rompre avec une seule parole : «

frère ». Mais pour prononcer cette parole, nous devons tous lever le regard vers le Ciel,

et nous reconnaître enfants d’un unique Père.

C’est à Lui que je m’adresse, dans l’Esprit de Jésus-Christ, demandant l’intercession de la

Vierge Marie, fille de la Terre Sainte et notre Mère :

Seigneur Dieu de paix, écoute notre supplication !

Nous avons essayé tant de fois et durant tant d’années de résoudre nos conflits avec nos

forces et aussi avec nos armes ; tant de moments d’hostilité et d’obscurité ; tant de sang

versé ; tant de vies brisées, tant d’espérances ensevelies… Mais nos efforts ont été vains.

A présent, Seigneur, aide-nous Toi ! Donne-nous Toi la paix, enseigne-nous Toi la paix,

guide-nous Toi vers la paix. Ouvre nos yeux et nos cœurs et donne-nous le courage de

dire : ‘‘plus jamais la guerre’’ ; ‘‘avec la guerre tout est détruit !’’. Infuse en nous le

courage d’accomplir des gestes concrets pour construire la paix. Seigneur, Dieu

d’Abraham et des Prophètes, Dieu Amour qui nous a créés et nous appelle à vivre en

frères, donne-nous la force d’être chaque jour des artisans de paix ; donne-nous la

capacité de regarder avec bienveillance tous les frères que nous rencontrons sur notre

chemin. Rends-nous disponibles à écouter le cri de nos concitoyens qui nous demandent

de transformer nos armes en instruments de paix, nos peurs en confiance et nos tensions

en pardon. Maintiens allumée en nous la flamme de l’espérance pour accomplir avec une

patiente persévérance des choix de dialogue et de réconciliation, afin que vainque

finalement la paix. Et que du cœur de chaque homme soient bannis ces mots : division,

haine, guerre ! Seigneur, désarme la langue et les mains, renouvelle les cœurs et les

esprits, pour que la parole qui nous fait nous rencontrer soit toujours « frère », et que le

style de notre vie devienne : shalom, paix, salam ! Amen

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