SOLAL EN SOLO - Karavane · PDF files’agit de récitals d’improvisation...

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SOLAL EN SOLO

Quelques opinions de professionnels

Les Récitals de piano de Martial SOLAL se distinguent par la spécificité du programme, puisqu’il s’agit de récitals d’improvisation conçus à partir de thèmes de jazz appartenant au répertoire courant – ceux qu’on appelle « standards » - revisités par un maître de l’expression musicale spontanée. La première constatation, la plus évidente, est la marque personnelle qu’imprime l’artiste à sa production. Aucune erreur d’identification n’est possible : on sait que c’est Solal. Pas seulement Solal jouant de l’Ellington ou du Gershwin – ou, plus exactement, par-dessus Ellington ou Gershwin- mais Solal se jouant lui-même, aussi reconnaissable dans le non-écrit que le serait une page de Chopin ou de Scarlatti. Ensuite il y a le degré de perfection que le virtuose atteint dans cet exercice qu’il s’impose. Une technique instrumentale, qu’admirent plus d’un concertiste « classique », est mise au service d’une discipline intellectuelle rare chez un improvisateur. Les ressources du piano sont inventoriées, l’instrument est exploré de fond en comble. Et puis encore, l’imagination sans cesse à l’affût, l’inventivité. A l’inverse de Thelonius Monk, qui tirait parti de ses insuffisances pianistiques et visait à l’épure par la réduction du matériau, Solal, servi par des doigts infatigables, repousse les limites de la paraphrase, cultive la diversité et introduit la profusion. Sa vitesse de pensée, peu commune (même parmi les grands improvisateurs), lui permet d’élaborer, au fil du discours, tout un peuple de figures inattendues, elles-mêmes génératrices d’autres figures . On pense à ces films d’animation de Norman Mc Laren dans lesquels, nés d’un simple cercle ou rectangle, les objets les plus étranges envahissent l’écran, par un processus d’auto-engendrement, en une prolifération indéfinie. Du thème traité, Solal révèle, ici et là, des aspects cassés, tronqués, dispersés, qu’il donne à voir dans des miroirs brisés, souvenirs des premiers tableaux cubistes. Rien ici n’est gratuit, les plus folles digressions sont fermement contrôlées. Martial Solal apparaît à tel point improvisateur, pur créateur de l’insant, qu’il est tout près de réaliser ce type d’ »improvisation composée » auquel rêvaient le Stravinski de Petruchka, le Debussy de Jeux et le Schoenberg des Cinq Pièces. Les accidents et les illuminations de ses parcours pianistiques font de lui, actuellement, le premier compositeur de jazz dans le monde.

André HODEIR

------------------------------------------------------ Solal au piano : un déluge d'idées, de rythmes, d'inventions mélodiques, de trouvailles harmoniques, d'inventions surprenantes (qu'il appelle modestement des ''solutions techniques''), tout ce qui fait que l'improvisation ressemble à la plus ingénieuse des compositions. Ce feu d'artifice perpétuel n'a rien d'artificiel. Solal est un original : il a pris au pied de la lettre le mot ''jazz'' - inventer sa propre musique. Tout ce qu'il joue, personne ne l'a jamais joué comme lui. Sidney Béchet, Django Reinhardt, Stéphane Grappelli ont enregistré avec lui leurs disques les plus bizarres. Ses solos, ses duos, ses trios, ses grands orchestres ont marqué l'histoire du jazz européen. Ses musiques de film (A bout de souffle de Godard) sont parmi les plus étranges de l'histoire du cinéma. On croise quelques uns des partenaires favoris du pianiste : Daniel Humair, Lee Konitz, Michel Portal... C'est une histoire aussi simple et riche que le jazz selon Solal : une improvisation sur le plaisir d'improviser.

------------------------------------------------------ Pianiste toujours surprenant, compositeur exclusivement motivé par la recherche de musiques complètement neuves, le pianiste brode depuis plus de trente ans des dentelles mélodiques fines et ajourées comme son humour, mais ayant la densité et la richesse de la perfection. On peut sentir parfois chez lui affleurer la tentation de l'académisme, car il ne cesse jamais d'améliorer sa technique. N'est-il pas reconnu d'ailleurs comme ce brillant soliste à l'articulation sans faille qui restitue un véritable orchestre au bout de ses dix doigts? Le plus accompli des pianistes de jazz actuels garde après une carrière entamée en 1945, une acuité et une fraîcheur qui lui donnent une liberté d'improvisation peu commune que l'on suppose même sans limites.

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1er mars 2003

Clés de Solal Pianiste et compositeur de talent, Martial Solal fait l'objet d'une rétrospective ambitieuse à la Cité de la musique. Quatre jours de concerts et de conférences pour un artiste polygone. Fin 2001, la Cité de la musique a changé de direction. Nouvelles têtes, nouvelles ambitions dont les choix se ressentent à partir de cette saison, décalages de la programmation obligent. La nouvelle équipe privilégie de grandes thématiques transversales, illustrées par des Domaines privés. Toujours la même formule trimestrielle : des rendez-vous marathon de quatre jours analysent, sous toutes les coutures, un objet musical en présence d'une personnalité du genre. Éric Watson, conseiller pour le jazz, s'est vu confronté à un choix cornélien au moment de monter ce rendez-vous de musicologues, d'artistes et de spectateurs raffinés : comment inviter une personnalité vivante incarnant l'histoire du jazz sans froisser toutes les autres ? Son choix s'est révélé habile : Martial Solal, pianiste comme lui, est une référence du milieu. De plus, la vie de ce compositeur, instrumentiste et arrangeur, éclaire cinquante ans d'histoire du jazz entre deux grands berceaux du genre, la France et l'Amérique.

Né en 1927, à Alger, le jeune Martial passe très vite du biberon au clavier du piano. À l'âge du premier bécot, Martial peaufine déjà ses premières improvisations. Dès sa majorité, avide de nouvelles gammes, il délaisse un temps le répertoire classique, auquel il reviendra, pour se consacrer exclusivement au jazz, et monte à Paris faire ses classes. Là, il participe à nombre d'enregistrements et accumule les collaborations prestigieuses avec les solistes de passage. Il acquiert ses lettres de noblesse à leur contact, se " fait un nom ", comme on dit dans le show-biz.

1956 : premier big band à son nom, premières compositions, premier disque. C'est l'époque du yé-yé, authentique succès populaire et véritable imposture artistique, mais qu'importe ! Le jazz ne nourrit pas son homme, Martial a besoin d'argent frais. Il signe, sous le pseudonyme de Joe Jaguar, le tube désastreux Twist à Saint-Tropez des Chats sauvages. Puis il trouve un gagne-pain plus avouable, et compose la musique de films policiers français. Ses bandes originales font mouche. Injustice de l'histoire : son nom est associé " stricto sensu " seulement à un film de Godard, À bout de souffle. Il faut mentionner son travail pour d'autres réalisateurs exigeants, tels que Melville, Becker, et Verneuil.

À bout de souffle ? Solal en est bien loin lorsqu'en 1963 il est invité au Festival de Newport. Second souffle, parfum d'Amérique : une carrière internationale s'ouvre à lui. Tournées à New York, San Francisco, Montréal, tout le monde l'adore, passionnés et néophytes. Moscou, Venise, Berlin suivent. Seul ou accompagné, à deux, à trois, et plus si affinités, rien ne déstabilise ce musicien au tempo acéré. Une véritable boulimie l'anime. " Le jeu ne consiste pas à vaincre l'autre, mais à gagner ensemble. Il faut être à l'écoute, à l'affût. " Cette authentique envie de se surpasser, conjuguée au besoin altruiste de partager, le conduit inévitablement à élargir ses plates-bandes. Il s'éloigne donc de son milieu d'adoption pour participer à l'élaboration de pièces de musique contemporaine. Avec lui, pas de temps mort. Martial Solal compose frénétiquement des concertos pour piano, violons, clarinettes et grand orchestre symphonique, pour lui et pour les autres. Pourquoi se restreindre ? En cinquante ans de carrière, sa discographie pèse et regroupe plus d'une centaine de disques, signés sur des labels disséminés sur toute la planète.

Existe-t-il un " style Solal " ? Seuls les sourds le nieront : ses pièces allient liberté tonale, fragmentations des thèmes, rythmiques complexes et oppositions des timbres musicaux. Quelque part, sous des tas de partitions griffées de sa plume, gisent les distinctions et les décorations dont on l'a gratifié aux quatre coins du monde.

Gaël Villeneuve