Sol de Tunisie n°1

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No 1

ANNEE 1969

S O L S DE TUNISIEBULLETIN DU SERVICE PEDOLOGIOUE

SOMMAIRE

M. HAMZAL'Etude des sols en Tunisie

A. MORlLa dfinition (ou codification) des horizons typiques

de quelques sols en TunisieK. BELKHODJA Les sols halomorphes de Tunisie

9

2151

M. ELFEKIHLe palmier dattier : Ecologie et condition de culture

R. BELAIDL'Erosion dans le Bassin-versant de l'oued Miliane

67

D. 1. DlMOVHydrogne changeable dtermin par quatre mthodes

77

-

~

REPUBLIQUE TUNISIENNEDIRECTION H . E . R .-

-

MlNlSTERE DE L'AGRICULTURE

SERVICE PEDOLOGlQUE - T U N I S

Direction, rdaction, impression et diffusion Service Pdologique. Avenue de la Rpublique TUNIS . PORT. l1. 246.232

INTRODUCTION

La Pdologie connait en Tunisie depuis une diiaine dannes un essor particulierqui lui a permis de prendre une place importante parmi les disciplines de base sur lesquelles nous difions notre agriculture moderne. Il est ncessaire en effet de connatre avec prcision les exigences daphiques de chaque type de plante ainsi que les conditions du milieu dans lequel nous devons intervenir dune faon telle que nous nous assurions le maximum de chances de succs. Le facteur sol qui a t longtemps nglig dans la determination des aptitudes culturales est class aujourdhui au premier plan de nos proccupations. Tous les projets de mise en valeur font actuellement appel h la carte pdologique; & cet effet le service des sols a procd h la cartographie systmatique des sols de Tunisie: 7000.000 dhectares ont t cartographis h des chelles variables suivant le type de projet de mise en valeur. Ce vaste programme de cartographie excut en grande partie par des ingnieurs et des cadres tunisiens a t dict par notre miici de dvelopper au maximum nos ressourcvs en 3c basant sur !es possibilits offertes par chaque type de sol et en adaptant les cultures aux milieux qui lcur conviennent le niieiiu. Ce travail sera exploit au mauirm.cn au profil de la popiiiation dans les diffrents secteurs dexploitation agricole qui sadapteront trs rapidement h gnraliser les rsultats des recherches chel. tous Icz agriculteurs Aujourdhui la phase de reconnaissance et dinventaire des sols tant presque lermine, nos services abordent des travaux de recherches et de synthse qui dbouchent sur des conclusions scientifiquesdintrt gnra! qui auront leur application aiissi bien en Tunisie que dans les pays voisins ou les p;iys ayant les mmes conditions de climat et de sol. Il est donc ntkessaire, pour une large diffusion (le ces tra\aux, de disposer dun outil tel que ce nouveau bulletin ((Sols de Tunisie)) pour taire connatre dans tous les milieux scientifiques en Tunisie et i ltranger les travaux de recherches pdologiques qui ont t oii qui seraient effectus. Ceci pcjurrliit crer un courant dchange entre le Service Pdologique et les sen ice, analogues des autre\ pays. afin que nous puissions profiter de leur exprience et les fairc profiter de la notre. Le bulletin Sols de Tunisie)) traitera des sujets les plus divers: classification, physique et chimie du sol, problmes agronomiques lis i la fertilit du sol et ii la relation sol vegtation, sols sals, gypse, calcaire, coirection des sols volution des sols sous irrigation ainsi que tous les problmes auxquels sont souvent confronts les pays de la zone aride. Ce bulletin diffusera aussi bien ii lintrieur quri lextrieur de nos frontires les fruits de la recherche de nos jeunes techniciens et encouragera nos ingnieurs & prendre conscience de leurs possibilits, h approfondir les problmes et h tirer le maximum de profit de leurs travaux pour assurer au mieux le dveloppement rapide du pays. Je leur souhaite le plein succs dans le travail et je ne doute pas que tous les articles que publiera ce bulletin auront une haute valeur scientifique qui le classera riu niveau des publications internationales. LASSAAD BEN OSMANSecrtaire dbat auprs du Ministre de lAgriculture

LETUDE DES SOLS EN TUNISIEPar

M. HAMZA

Ingnieur Principal Chef du Service Pdologique

LETUDE DES SOLS EN TUNISIEEn 1932, sur linitiative de Mr. M. BOEUF, fondateur et chef du Service Botanique et Agronomique de TUNISIE, la premire tude ou enqute sur les sols du pays fut confie au Professeur V. AGAFONOFF, attach au Laboratoire de Gographie Physique la Sorbonne (PARIS) Mr. M. L. YANKOVICH, Chef du Laboratoire de Chimie et dAgrologie au Service Botanique a second le Professeur AGAFONOFF en TUNISIE et la accompagn dans tout son itinraire en laidant a prlever les chantillons et le faisant profiter de sa connaissance des rgions naturelles du pays. Cette premire enqute destine montrer, dune manire certaine, lexistance dun certain nombre de types pdologiques en TUNISIE, a abouti ltablissement de la premire carte pdologique au 1/800.000e de tout le territoire - (1) Pour raliser cette carte, et pour dcrire et dterminer chaque type de sol, MMrs. AGAFONOFF et YANKOVICH ont fait intervenir deux mthodes dtudes des sols : - la premire, celle de DOKOUTCHAEFF, climatique et qui montre que lapparition dun type de sol donn est de surtout au climat - et la deuxime celle de RISLER, base sur la gologie Quelques annes plutard, en 1941, une quipe de spcialistes des sols fut cre pour tudier un certain nombre de primtres irrigus. Ctait la Direction des Travaux Publics qui tait charge de lamnagement de ces primtres et qui voulait sassurer le concours de cette quipe afin de ne pas commettre derreurs graves sur le choix des terrains irriguer et de pouvoir utiliser les eaux disponibles. En 1943, cette premire quipe fut rorganise par Mr. TIXERONT, Ingnieur en Chef aux Travaux Publics avec le concours du Chef du Service Botanique et un certain nombre dtudes spciales sont venues accroitre le champ de ses activits. Cest pourquoi, elle fut appele, cette poque l, section spciale dtudes de Pdologie et dHydrologie et faisait partie du Service de lHydraulique et des Amnagements Ruraux. Ces tudes spciales traitaient divers sujets : - lirrigation - le drainage - la lutte contre lrosion - lutilisation des eaux sales - la mise en valeur des terres sales - ltude des plantes en relation avec le milieu etc. , . Mais cest surtout sur ltude des sols du pays que ses efforts ont port. La mthode dtude des sols utilise tient compte de tous les facteurs de formation du sol et fait intervenir tous les lments physiques, chimiques et climatiques. Cette mme mthode est, par ailleurs, adopte jusqu nos jours, mais reprise et perfectionne chaque fois que de nouvelles donnes lexigeaient. Avec la naissance de cette section spciale, les tudes_-

(1)

-

V. AGAFONOFF : Sols types de TUNISIE. Annales du Service Botanique et Agronomique Tome XII-XII1 (1935-36)

pdologiques proprement dites ont commenc ri paratre sous forme de rapport contenant : - une tude gographique - une tude climatique - une tude gologique - une tude pdoagrologique et la vocation culturale des sols. Aussi, parmi les tudes spciales effectues, nous pouvons citer : - Les premiers essais de construction de tabias en courbe de niveau entrepris i Kasserine pour la lutte contre lrosion. - Lenqute dans les oasis o leau utilise a une forte teneur en sel et les essais dirrigation avec une eau salure croissante dans les planches dessais de Ain Zerig. - Lenracinement de lolovier. - Essais de cultures resistantes aux sels dans les planches dessais de Ain Zerig et de Ksar Rhilane - Etudes des plantes en relation avec le milieu et contribution i ltablissement des cartes botaniques et phytosociologiques de la TUNISIE. Donc. avant son indpendance, la TUNISIE possdait dj un certain nombre de documents pdologiques non ngligeables. Cependant, la plupart des tudes effectues repondaient surtout aux problmes damnagement des ressources hydrauliques. Parmi les quelques tudes rgionales portant sur linventaire des sols du pays, les plus importantes concernent les rgions suivantes : - La plaine de Kairouan - LOffice dEnfida - Bled Sisseb - La haute valle et la basse vaIlCe de la Medjerdah - Le plateau de Kasserine - et la plaine de Maknassy Et surtout la carte pdologique de la rgion Nord de la TUNISIE au l/S.oOO~ (feuilles de Bizerte et de TUNIS au 1 /200.000) Aprs lIndpendance, le dpart de lancienne quipe a amen lAdministration Tunisienne faire appel, en 1958, IORSTOM pour prendre en charge la section du point de vue personnel des cadres en fournissant des Ingnieurs Franais dont le Chef de la section et en assurant la formation des Pdologues Tunisiens: et, ce nest quen 1961 que lAdministration Tunisienne a pris en main la direction de cette section. Pendant cette priode qui a suivi lindpendance du pays, les tudes pdologiques ont jou un grand rle dans lAgriculture Tunisienne; car, elles constituaient un lment de base et intervenaient dans tous les programmes de mise en valeur agricole. Tous les primtres de mise en valeur devaient tre cartographis: et, quand la section ne pouvait pas absorber toutes les demandes, elle avait recours A des Socits prives dont les Ingnieurs travaillaient sous son contrle, La section de Pdologie fut, en quelque sorte, charge de linventaire et de la cartographie de tous les sols du territoire et toutes les chelles : ce qui explique dune part limportance accorde, jusquii nos jours, 6 la cartographie Pdologique en TUNISIE-2-

et le rle prpondrant quelle a jou au sein de la section. La superficie totale couverte slve 7.000.000 ha environ et, selon les chelles, se rpartit comme suit : au 1/200.000e : 1000.000 ha au l/lOO.OOOe : 3600.000 ha au 1/50 .000e : 2000.000 ha au 1/20 .000e : 300.000 ha et au 1/10 .O00 : : 100.000ha et 1/5 .O00 (cf carte ci-jointe) La section de Pdologie a, en outre, tabli des cartes densemble du pays: La carte Pdologique au 1/ l .OOO.OOOe de la TUNISIE publie en 1959 (1) La feuille Nord de la TUNISIE au 1/500.000, actuellement sous forme de maquette et en voie dimpression. Dautre part, de grands efforts furent dploys dans le choix des mthodes dtude des sols et dans lemploi des chelles. Les amliorations apportes sont les suivantes: - Dtermination de critres valables pour le classification des sols de TlJNISIE - La mise sur pied de lgendes de cartographie bien adaptes la nature et la diversit des sols du pays. - Ladaptation chaque type de carte et chaque chelle dune lgende propre et caractristique. Enfin la recherche et lexprimentation pdologiques restes embryonnaires du fait de lurgence accorde la cartographie pdologique furent rorganises et renforces afin daboutir une meilleure connaissance des problmes que pose la mise en valeur des sols de TUNISIE. Les sujets de recherche traits ou entrepris touchent plusieurs domaines de la science du sol:.

1

Typologie et gense des sols: - Monographie des sols de TUNISIE - Les sols rouges de TUNISIE - Les vertisols dans le Nord Tunisien - Les sols sals de TUNISIE - Les sols de bourrelets marginaux des Sebkhas de TUNISIE - Les sols doasis - Essais de synthse de lvolution pdologique et gomorphologique au Quaternaire Tunisien Evolution du sol sous irrigation - Evolution du sol irrigu leau sale(1)

P. ROEDERER (1959) : Notice explicative de lesquisse prliminaire des sols de TUNISIE au i/lOOO.OOo

- 3-

- Evolution dun sol gypseux irrigu leau sale - Contrle de lvolution du sol dans les primtres irrigus de TUNISIERelations sol-plante - Etude de laptitude des sols de la rgion de Bj la culture de la Betterave - Les sols agrumes - Les sols oliviers - Etude agrologique de quelques palmeraies dans le Sud Tunisien Reconstitution et correction des sols. - Utilisation des terrains sals - Essai damlioration des sols alcalis sals par amendements minraux et organiques Kairouan. - Etude des cultures fourragres en terrain sal autour des oasis. A ces deux activits essentielles de la section, lacartographie pdologique et la recherche et exprimentation pdologiques, viennent sajouter les tudes et recherches gomorphologiques et les travaux de Laboratoire. La gomorphologie fut introduite en 1963 la section de Pdologie pour contribuer, la fois, une meilleure connaissance des problmes de formation des sols et de leurs interactions avec le milieu et pour rsoudre certains problmes relatifs lrosion et aux travaux de CES en TUNISIE Parmi les tudes gomorphologiques ralises, nous pouvons mentionner : - Etude du bassin-versant du Moyen Miliane - Etude de lrosion dans la rgion de Medjez-El-Bab - Carte et notice de lrosion de la TUNISIE au i/5.Oe - Etude des bassins-versants de la rgion des Matmata pour la construction de G Jessours D (terrasses) Quant aux travaux de Laboratoire, ils son1 reprsents, jusquii lheure actuelle, paides analyses effectues en serie en vue de complter ltude morphologique des sols suile terrain. Quelques mthodes danalyses telles le dosage des sels solubles, la dtermination de la texture, lanalyse du complexe absorbant, ont fait lobjet de mise au point particulire afin de mieux les adapter aux types de sols du pays. Entre autre, quelques tentatives ont t effectues pour rechercher de nouvelles mthodes danalyse intressant le dosage du gypse et du calcaire et la dtermination de lhumidit des sols gypseux. Enfin, parmi les travaux de Laboratoire effectus, nous pouvons citer lanalyse des eaux rsiduaires pures qui constitue, depuis quelques annes, une activit rgulire di1 Laboratoire. En conclusion, les travaux dinventaire. de cartographie et de recherches raliss jusqu prsent sur les sols de TUNISIE sont encore loin de rsoudre tous les problmes de mise en valeur poss par ces sols.

- 4-

En effet, plusieurs domaines dtudes et surtout de recherches restent encore approfondir, i savoir : - LEtude de la pdognse des diffrents types de sols du pays (en particulier le problme du gypse dans les sols du Sud Tunisien). - Etude de lvolution des sols sous irrigation (volution de la salure et de la fertilit). - Amlioration de la fertilit des sols - Les exigences daphiques des cultures etc.. . Tant de sujets quil faut bien tudier et qui, une fois rsolus, pourraient apporter une grande amlioration a lAgriculture Tunisi.enne et permettraient, aussi, la rcupration de grandes zones du territoire qui, i lheure actuelle, sont mal exploites ou incultes.

-5-

LA DEFINITION (ou Codification) DES HORIZONS TYPIQUES DE QUELQUES SOLS DE TUNISIEPar

A. MORlORSTOM de TUNISIE

Pdologue de la mission

LA DEFINITION (ou Codification) DES HORIZONS TYPIQuEnsDE QUELQUES SOLS DE TUNISIE 1) - INTRODUCTIONIl sagit dune dfinition synthtique des diffrents horizons de quelques sols bien reprsents dans une ou plusieurs rgions de Tunisie. Elle vise, si possible, intgrer lensemble des proprits essentielles du sol et aussi des processus physico-chimiques ayant t A la source de la manifestation de ces proprits. Cette dfinition nest, bien sr, pas analytique mais elle nest pas, non plus, exhaustive : elle intgre les proprits de lhorizon ayant une influence directe sur la physionomie, le comportement gnral, et en consquence H lutilisation de lhorizon. Lobjectif est donc au moins partiellement pratique. Elle tient obligatoirement compte de la position de lhorizon au sein du profil de sol. La symbolisation est fonde sur la caractristique (produite par un processus physicochimique) ayant le plus dinfluence sur la physionomie, le comportement et lutilisation de lhorizon. Les symboles utiliss sont, en premier lieu, fonds sur les symboleshabituels attribus aux horizons gntiques ou gnraux, ou majeurs : A. B .C. AB. BC . AC. (A). (B) . (C). . . etc dont la dfinition en a t donne rcemment par G . AUBERT et J . BOULAINE (1967) puis reprise en grande partie par la commission runie cet effet par la F. A . O. (Septembre 1967). Elle tient galement compte de la liste des horizons particuliers tablie par cette mme commission. Lu reprsentution cartographique de ces mmes horizons est prvue en fonction des signes conventionnels contenus dans la lgende des cartes Pdologiques de Tunisie (Signes) (ES. 51): Il est utile dajouter que cette dfinition code (ainsi que sa reprsentation cartographique) devrait trouver son maximum defficacit pour les cartes moyennes chelles : 1/50.000 (ou 1/20.000). De plus, il faut toujours avoir prsent lesprit que cette dfinition des horizons nest pas une tape essentielle du travail classificatoire * ,mais seulement un moyen pratique de dfinition et de reprsentation des horizons, aussi dans les articles qui vont suivre nous envisagerons autant que possible successivement les horizons des diffrentes classes de sols. Nous dbuterons par les vertisols. Il va sans dire que cest par commodit dexposition que nous adoptons cette faon de faire mais il est bien vident que certains horizons sont prsents dans plusieurs ((catgories)) de sols. Chaque fois que cela se prsentera, nous le signalerons.

*

Tout travail classificatoire comprend : dtermination de la succession des horizons de lunit, tude des rapports entre caractres intrinsques et extrinsques de lunit, afin davoir une ide prcise des processus physico-chimiques qui ont prsid la formation du sol ou la manifestation de ses caractres.-9-

I r . - LES HORIZONS PARTICULIERS DES VERTISOLS 1 . - D f ~ t i o n verisols desCes sols ont t pendant lonqtemps consicires par les pdologues d u Service Pdologique de Tuiiisir. comme des sols 1iydi:omorphes (noirs hydromorphes dorigine topographique ou pktrographique) el des sols peu volus (sousgroupe ((inal drainant )>). A Iheurc xtiielle ils sont places tous dans la classe IV la de classtfLilion utilise (G. Aubert 1965) ( linstar de la classiiication prvue dans la 7 appi-oxiination puis 8)approximation USDA) o iis sont dfinis comme des sols G A profil A (B) C ou A (B) gC plus ou moins homogenes ou irrgulirement diffrenci par suite de mouvements internes sexprimant souvent par la prsence dun microrelief (( gilga)) et deffondements. Ces sols prsentent une structure polydrique prismatique large au moins en (B) dont la maoroporosit est trs faible et la cohsion ainsi que la consistance, trs forte ds que le sol est sec. Sols frquemment trs argileux et A dominance gonflante. Sols de couleur fmce de relativement la teneur en matire organique)). En Tunisie. une mise au point (MADRID A. MORI 1966) prsente les caractres gnraux de quelques sols se rattachant plus ou moins aux vertisols tels quils sont dfinis et les phnomks physico-chimiques qui prsident leur formation et la diversification des units observes dans la nature.

2. - Description du profd de rfrence :Nous nous rapporterons, dans la suite de ce chapitre, pour la dfinition des horizons particuliers des vertisols la description dun profil typique pris comme rfrence : vertisol caractres vertiques accentus et facis noirci (ou tirsifi) :

Profil No 14 (Carte 1 /50.000 de Ferryville)Lieu dit : Henchir Seba Aouinet-

(

coordonnes

(

Zone de dpart dun Oued Relief gilgah en voie de destruction-Fentes de retrait importantes. Cultures annuelles. O - IO cm : Argileux - brun gris - humide - structure lments granulaires calcaire AP10

480.250 = X 417.600 = y 150m == z (

mes de plus 10 - 15 cm, consistance et compacit leves - fentes de retrait importantes - taches et amas - inclusions de cailloux (AB) racines pntration verticale. 60 - 130 cm : Argileux - brun gris - structure lments prismatiques, (10 m ) i-10-

- 60 an

: Argileux - brun gris - structure prismatique grossire, gros pris-

aux faces gauchies, lisses, brillantes, inclines; de plus en plus dveloppes vers la base de lhorizon. Taches et amas - inclusions racines 130 - 155 cm : Argileux - jaune - nombreuses ((coules))et ((marbrures)) fonces Amas et nodules calcaires de 1 2 an - racines (B)vh ca 155 - 180 cm : Argileux - jaune - structure i tendance prismatique 2 faces lisses i peu dveloppes - amas et nodules calcaires. (B)h c :

Rsultats danalyses :AP O Argileux % Limon % Sables trs fins /, Sables fins Sables grossiers (B) v ca

1

(B) h ca

-

IO cm) (10 - 60)

(60 - 130) (130 60 13,5 9s 6 134

-

155) (155 - 180)

57 143 10 7 1,3 231 11 3s 23,6136 11 3$4

61 17 7 5 196

M. organique cIN M. humiqueCO/

174 13,4

CO3 Ca(mmhos/cm) (ES).

23,4

261

30,O

1I

28,7

Sels solubles (ES). en mg/ 10 O g.(B).v ca Ca Mg K + Na

++ +++

c _1

S 0 4 -CO3 H -

PH eau

8.4-1 1-

8.8

8,9

Bases changeables (meq/iOO g)

APCa

++

33,8

1

29,4

1

28,7

Mg i + Mg C + / S

KNa Na S

i-1-

t

/s 58,7 57,9

T

Remarques1") Noter l'accroissement des teneurs enCi- et Na des horizons (B)vca et (B)hCa 20) Noter l'accroissement rgulier et progressif des taux de Mg et Na changeables L'augmentation est sensible au sein des l'horizons (B)v et (B) vca. 3. - Horizons caractres vertiques:

+

Caractristiques gnrales :Cet horizon est situ, en rgle gnrale sous l'horizon de surface. Comme pour tous les horizons de vertisols, il comporte un fort pourcentage d'argile : 59 "/O pour le profil de rfrence (il semble que 40 "4 d'argile corresponde un minimum). A l'tat sec, l'horizon prsente une forte consistance et compacit alors que la structure est marque par de gros blocs sans forme dfinie, dlimits par des fentes de retrait. On peut noter une sous-structure lments lamellaires qui est pius visible l'tat humide lorsque l'horizon est plastique. (La capacit de retention est souvent suprieure 50 "/, ou gale). La couleur (comme pour tous les horizons de vertisols) est situe au code Munsell dans les teintes 5 Y ou 2,5 Y (il existe quelques rares vertisols de teinte rouge); les intensits et les chroma sont videmment lis la prsence ou l'absence de tirsification marque

dans l'horizon par une augmentation du taux de matires humiques (plus de 2,5 de Co/"").

Laccumulation des sels solubles est excessivement rare au sein de cet horizon. Le complexe absorbant a les caractres de ceux de tous les horizons de vertisols: forte capacit dchange (50 - 70 meq / 100 g); le calcium est le cation le plus reprsent mais laugmentation des teneurs en Mg et Na changeables est dj sensible au sein de cet horizon. Les proprits prcdentes de lhorizon sont rattacher la forte teneur dargile de type montmorillonite (de 65 90 ?( dargile) Hypothses relatives au procesus de formation:

Les alternances dhumectation et de dessication sexerant sur un milieu particulirement riche en argile gonflante sont, sans aucun doute lorigine des phnomnes de foisonnement et de retrait qui se manifestent au sein de cet horizon. (A. MORI. 1966). Symbole :Le caractre ((feuillet))ou lamellaire de la structure semble correspondre le mieux

iI la proprit confrant lhorizon son originalit.En consquence, lhorizon pourrait tre dsign par le symbole ( B ) y ou ( A B ) y

UTILISATION :La forte compacit et consistance, ltat sec, de cet horizon constitue un inconvnient pour le dveloppement des racines de vgtaux : la vigne est la seule des cultures arbustives pouvoir se dvelopper; mais cet inconvnient peut disparatre sous irrigation. On peut penser remdier h cette structure dfavorable par le maintien de cultures fourragres racine pivotante qui pourront provoquer une dsagrgation de cet horizon et auront lavantage supplmentaire dempcher une rosion (par dcapage) de lhorizon superficiel. - Il conviendra de prendre des prcautions pour linstallation de routes, pistes et voies ferres, de mme que pour celles des lignes tlphoniques ou lectriques; linstabilit de cet horizon (et surtout de lhorizon sous-jacent) ncessite de prvoir des soubassements ou des renforcements plus importants que partout ailleurs.Les mmes prcautions sont iI prvoir pour les constructions surtout celles implantes sur des pentes apprciables.40) Horizon caractres vertiques accentues (structure ((miroirs de glisserneiit H) Caractristiques gnrales (morphologiques et physico-chimiques):

La position de IhoriLon au sein du profil est trs prcise, il sagit dun horizon de moyenne profondeur, entre 60 et 120 an environ. Comme pour tous les horizons de profils de vertisols, cest un horizon ii forte teneur en lments fins et plus particulirement en argile; le profil de rfrence en contient 61 (,: cest l une teneur habituelle, les chiffres observs sont couramment compris entre 50 et 75 0. La teneur en calcaire est assez variable 26 ( mais on note une moindre teneur en calcaire pour les horizons de vertisols ayant t soumis ri un processus de noircissement (la teneur en calcaire peut parfois tre nulle).(~

-13-

La forte teneur en argile (et nous verrons quil sagit dune argile de type montmorillonite) est A lorigine de la structure qui donne A cet horizon une particularit propre : structure marque par des faces de glissement A surface gauchie, lisses et brillantes parfois stries, inclines A plus de 40 et se recoupant pour donner ce que certains ont appel des ((miroirs de glissement)). A ltat humide, lhorizon prsente une trs forte plasticit et ltat sec une non moins forte consistance et compacit (saison sche). Pour ce profil de rfrence, on note une trs faible accumulation de sels solubles, et cela est frquent; mais il est un fait que ce sont les caractristiques du complexe absorbant qui refltent le mieux les proprits de cet horizon : diminution du taux de Ca changedble et augmentation correliative du Mg et Na changeables; haute valeur du p H/eau : 8,8. Elles sont sans doute en relation directe avec les caractristiques physiques particulires de cet horizon. La couleur est directement lie la prsence ou A labsence des phnomnes de noircissement qui se traduisent par un pourcentage de matire organique, relativement pour le profil de rfrence. (Des lev pour un horizon de profondeur moyenne; 1,4 4 rsultats danalyse observs par ailleurs montrent quil sagit essentiellement dacides humiques ((gris))qui ont la proprit dtre fortement lis la matire minrale). Les analyses minralogiques rvlent la prsence de forte quantit dargile de type montmorillonitique (70 - 95 A). Hypothses relatives au processus de formation de lhorizon: Les Caractristiques de lhorizon telles que : compacit, plasticit, structure A miroirs de glissement sont, sans doute, produites par le processus de vertisolisation (dformation dune masse argileuse plastique) li aux alternances dhumectation et de dessication sexerant sur une masse argileuse. La dformation atteint, du fait de la pression de la masse argileuse sus-jacente, dans cet horizon, une intensit maximum. Elle est A lorigine des dcollements par solifluxion sur une surface topographique A pente suffisante.

Symbole :Dans les descriptions de profils, nous dsignons cet horizon par le symbole (B) Y. Le choix de lhorizon gnral de type (B) est command par le fait que lhorizon tire sa particularit, non pas dune profonde altration physico-chimique, mais dune simple transformation de ses caractres de structure, consitance et compacit. Nanmoins, pour les horizons ((noircisD, on peut se demander sil est lgitime diitiliser (B) : laccumulation de matires humiques, certes faible commanderait la dsignation de (AB). Si cette seconde solution ntait pas retenue, le processus de tirsification qui confre A lhorizon certaines proprits, pourrait tre signal par la lettre (minuscule)c

& o u n.

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Uilisation :Les alternances dhumectation (e:i saison humide) et de dessication (saison sche) entrainent une forte plasticit et compacit (la porosit parait trs faible): de plus, la prsence dune structure miroirs de glissement n entrave (sans lempcher) le dveloppement des racines (on note souvent dans cet hori7on, un feutrage de racines ((plaques)) wr les surfiaces de glissement). Cest 1A un inconvnient insurmontable pour les cultures arbustives, hormis la vigne; mais lirrigation dappoint permet dviter cet inconvnient. De plus, cet hori7011est rli lorigine des phnomnes de solifluxion lorsquil sagit de sols situes sur des pentes moyennes (on y pensera pour le choix des techniques de lutte contre lrosion). Il est dconseill dinstaller, au sein de cet horizon, de conduites deau ou autres peu rsistantes, des drains de poterie: les mouvements internes atteignant une grande intensit au niveau de cet horizon, rendront les dformations ou les ruptures frquentes.Cas Particuliers : Horizon caractres vertiques faiblement accntus (Structure

A faces de glissement).

Il sagit dun horizon prsentant des caractristiques gnrales trs voisines de lhorizon prcdent {mais une teneur en lments fins plus faible) 1 occupe la mme position au sein du profil. 1 1 comporte des caractristiques communes, mme compacit et consistance A ltat 1 sec, mme plasticit A ltat humide: il se particularise par une structure A faces de glissement ne sentrecoupant pas pour donner des miroires de glissement. Il existe une trs forte correlation (ou liaison) entre la prsence de cette structure et une position du profil dans le paysage qui dnote u n pdoclimat relativement plus sec: pentes moyennes - position convexe des pentes.

50) Horizon hydromorphe redistribution du calcaire des vertisols aux caractres accentus et facis noircis : Caractristiques gnrales (morphologiques et physico-chimiques): La position de cet horizon dans les profils des vertisols noircis est bien dtermine : cest toujours un horizon profond, succdant lhorizon miroirs de glissement et assurant prwfiis la transition avec le matriau originel sous-jacent (marne ou argile calcaire). Il sen suit que cest frquemment rli ce niveau que se marque la discontinuit lithologique par la prsence dun cailloutis ou dun passage ondul. La proprit essentielle confrant rli lhorizon sa physionimie propre, en plus de la position dans le profil, est rli coup sr son aspect bigarr d aux coules ((brunes))OLI ((fonces))se dtachant dans un fond de couleur jaune clair. Cest un horizon constamment humide, plastique et adhsif, de texture argileuse (Dans le profil de rfrence 61 puis 65d dargile) o lindividualisation de calcaire (la teneur en calcaire est gnralement forte: 30 puis 29 :O dans le profil de rfrence) a lieu sous forme de taches et damas calcaires.-1s-

La forte teneur en argile est, sans doute, comme pour tous les hori~ons vertisols, des une des causes de la forte plasticit, de Iadhsivit et de la structure massive de cet horizon. Notons (et le profil de rfrence le montre) que la structure ii miroirs de glissement, caractristique de lhorizon sus-jacent est souvent prsente bien qual tenue au sein de cet horizon. En revanche. le noircissement nintresse que particulirement ou pas cet horizon : la teneur en matire organique y est plus faible que dans les horizons sus-jacents noircis. Lexamen des rsultats danalyses relatifs aux sels solubles revle une faible accumulatio: des sels wliibles (cond. (ES) : 2,7 puis 3.8 nimhos/m), et cest l une ObSerVdtion asse7 constante pour ce type dhorizon (elle est dans dautres profils plus kleve. de 6 A 12 mmhos/cm). Il sagit de chlorure de sodium, parfois de sulfates. Mais il nen reste pas moins vrai que les caractres de la dynamique des sels revels par les chiffres en dions changeables, visibles dans les autres horizons des vertisols, sont quelque peu conservs au sein de cet horizon, qui conserve par ailleurs les cdractristiqiies physiques propres aux vertisols : forte compacit. forte plastivit ct forte adhsivit. Ces chiffres montrent en effet une faible augmentation (progressive et rgulire) de la teneur du Mg changeable et parfois du sodium changeable, marque de plus par Iaugnentation du pH - eau quand la salure nest pas trop forte. (11 y a inversement. diminution du pH ds quil y a accumulation de sels solubles). Hypothses concernant les processus de formation : Il est vident que les caractristiques physiques de lhorizon dcoulent du processus de vertisolisdtion quon a djh dcrit par ailleurs et qui se manifeste encore dans cer horizon. Lindividualisation du calcaire qui confire A lhorizon une particularit certaine est safis aucun doute lie A un processus dhydroinorphie faible (la forte humidit et la prsence de nappe. observes dans Ihoriion le confirment). La faible accumulation des sels est probablement partiellement A lorigine de cel, par un dplacement dquilibre des solutions et dune prcipitation du calcaire SOUS forme damas et de nodules calcaires. On ne peut encore connatre le processus qui est ; lorigine de la coloration en jaune i de lhorizon: t\t-ce de A une individualisation du calcaire ou plutt ti Lin changenenl doxydation du fer (et du manganse).Symbole :11 doit tenir compte de la particularit essentielle de lhorizon A savoir une indiviaccompagne dune dualisation du calcaire sous linfluence dune faible i~~~~oi?ior~)lii~J salure plus ou moins forte. En consquence on proposera h.ca . Lorsque lhoriion prsente encore des carac-V ca. tres vertiques accentus, on pourra ajouter la lettre V II sagira le plus souvent dun horizon de type gnral (B) ou (BC). Le \ynbolc sera donc (B) hca,-16-

Lorsque la salure atteint un degr apprciable, il sera prfrable de substituer S A h. (Enfin, lorsquune discontinuit lithologique est prsente, on la signalera par un chiffre romain prcdant le symbole).

Utilisation :Les observations de profils montrent que les racines de crales ne pntrent que peu dans ces horizors, sans doute, A cause de leur forte compacit mais aussi la faible hydromorphie, constamment prsente. Cela ne saurait constituer un inconvnient majeur. On pensera A la prsence dune faible salure lors de lirrigation. Lhydromorphie marque la profondeur ii laquelle les nappes stagnent le plus souvent, cest une indication prcieuse pour le drainage. De mme, cette hydromorphie pourrait constituer un inconvnient, certes mineur, pour linstallation de conduites car elle favorisera la corrosion.

-1 7-

BIBLIOGRAPHE RELAIVE AUX CHAPITRES 1 et iIG . AUBERT--

: Classification des sols

(cahiers O . R . S . T . O . M . - Srie Pdologie 1965, I I I No 3 ) Cours de Pdologie - Centre de formation de Bondy (1957 - 1958)

G. AUBERT et J . BOULAIME (1967) : La Pdologie - (collection que sais-je - Paris) La Classification des sols prsente dans la 7 Approximation (U.S.D.A.) O (Traduction ronotype)

F. A . O.

: Commission spciale runie pour la dfinition des horizons (Runion

Septembre 1967 - Compte rendu paru dans le Bulletin de la Socit Internationale de la Science du Sol)

E.S.51A . MORI

: Lkgende des cartes pdologiques employe au S . Pdologique : Les sols vertiques, les vertisols et les sols tiraifis de la Tunisie du-

Nord (confrence de Pdologie Mditerranene MADRID 1966) Carte Pdologique de reconnaissance h lchelle de l/lOO.OOOO de LU . R . D . de Memel Bourguiba (coupure 1 /50. OoOO de Ferryville)Carte non publie.

-1X-

LES SOLS HALOMORPHES DE TUNISIEPar

K. BELKHODJA

Ingnieur Principal au Service Pdologique

LES SOLS HALOMORPHES DE TUNISIE

-

INTRODUCTION

-

Limportance du sel dans les eaux et les sols, agissant comme facteur limitant dans lagriculture, nchappe plus personne, et revt un caractre particulier en Tunisie o le sel est largement rpandu. A part quelques rgions priviligies du Nord, le sel se trouve en quantit plus ou moins grande dans les eaux de surface et de profondeur, avec les dangers et les limitations que leur utilisation comporte par irrigation, et affecte les sols sur des tendues normes, (environ 1,5 millions dhectares). Ainsi aprs lrosion sur les reliefs, et les croutes calcaires ou gypseuses affleurantes, la salinit vient rduire, en troisime position, les surfaces agricoles utiles, ou bien diminuer leurs possibilits culturales. Dans cet article nous nous sommes limits prsenter les principaux types de sols sals ou halomorphes dans les diffrentes rgions de la Tunisie et nous naborderons pas le problme de leur classification ni de leur utilisation. Ce travail est loin dtre exchaustif, des travaux ultrieurs permettront de mieux caractriser ces sols ou den dcouvrir dautres. Il faut ajouter que nous avons mentionn, plus particulirement nos propres observations et fait appel le moins possible celles de nos collgues par le simple souci de prsenter et de discuter du concret, vu et touch. Cela nempche que tous nos collgues ont particip cet article par les discussions et les tournes sur le terrain que nous avons eues ensemble. Quils mexcusent si leur nom nest pas cit pour ne pas surcharger la bibliographie, et quils trouvent dans cette modeste revue des sols halomorphes de Tunisie lexpression de mon amiti et le point de dpart de dveloppements plus complets.

-21-

1

- DEFINEION ET DIAGNOSTIC DE LHALOMORPHIE :

Lhalomorphie ou sodisation traduit linfluence predominaiite que revt la prsence en excs dans le sol de lion sodium associ soit des cations formant des sels solubles (salinisation) soit au complexe absorbant principalement largile (alcalisation). La salinisation et Ialcalisation introduisent des caractres morphologiques et physiochimiques spcifiques qui servent reconnatre et differencier les sois qui en sont affects. 1 ) Lobservation A lobservation on peut reconnatre la salinisation par lapparition defflorescences blanches, sales au got, la surface du sol ou sur les parois dun profil, dune croute saline blanche et brillante dans les cas les plus accentus, de pseudomycelium et damas salins blancs, ou bien dune structure poudreuse soume en surface forme de petits agregats argileux mls de cristaux de sel et parfois de gypse. On reconnait galement la salinisation par la prsence dune vgtation typique qui sen accomode ou par labsence de toute vgtation dans les cas les plus accentus comme les Sebkhats. Lalcalisation se traduit souvent par une structure large dans les sols texture fine avec des formes plus ou moins gomtriques prismatiques ou cubiques a ltat sec et massive continue (ou fondue) lments plastiques et collants A ltat humide. Dans la plus part des cas cest par lanalyse chimiques et les tests physiques quon peut prciser la salinisation et Ialcalisation travers le profil du sol ou les deceler quand elles ne sont pas apparentes ou peu nettes.

2 - LES ANALYSES CHIMIQUESa) Les sels solubles sont dtermins globalement par la mesure de la conductivit lectrique exprime en mmhos/cm sur la solution extraite de lchantillon port la

saturation en eau. Sur cette solution on dtermine et on dose les cations et les anions qui constituent les sels solubles (1 5). b) Lalcalisation se mesure par la quantit de sodium fix sur le complexe absorbant. Les analyses comportent lextraction et le dosage des cations fixs sur le complexe et la capacit dchange totale des bases de ce complexe (T). Ceci permet de faire le rapport des cations fixs entre eux et principalement le sodium par rapport la totalit des cations fixs Na/T. Dans certains cas ce dernier rapport est calcul partir des rsultats du dosage des cations de lextrait de la pte sature. Le calcul est .bas sur la notion dquilibre qui existe entre les cations de la solution du sol et ceux fixs sur le complexe absorbant suivant lquation de Gapon :

- 22-

Na

x

- K

Na

C a x $ Mgx

v Ca + Mg2

complexe absorbant Solution du sol Do lon tire le taux dabsorption du sodium (SAR) et le pourcentage de sodium changeable (E. S . P)

3

- LES TESTS PHYSIQUES :

Les tests physiques permettent principalement de prciser ltat de dgradation de la structure et de son instabilit suivant la mthode mise au point par M. HENIN et ses collaborateurs (8). Deux tests sont utiliss, lun sadressant juger de linstabilit dagrgats structuraux, sous leffet de lagitation et de liquides tension superficielle diffrente (eau, alcool, benzne). et lautre consiste en une percolation dans un permeamtre.

4 INTERPRETATION DES RESULTATS ANALYTIQUESLinterpretation des rsultats est indissociable des normes parfois arbitrairement tablies ou bases sur des observations de terrain. Dans le cas des sols halomorphes deux optiques sont lorigine de leur interpretation et mme de leur classification, lune dordre gnetique et lautre base sur des considrations agronomiques. Pour lapplication pratique cest la dernire qui prvaut videmment. Daprs les normes amricaines de Riverside les sols halomorphcs sont dtermins et classs analytiquement ainsi. Conductivit Na / T O/, Sol salin > 4 mmhos/cm 15 Sol calcali < 4 mmhos/cm 2 15 Sol salin calcali > 4 mmhos/cm 15

< >

La valeur de 4 mmhos/cm a t adopte cause de leffet depressif qui commence apparatre partir de ce seuil.De mme pour lalcalisation, la valeur de 15 50de Na changeable apparat comme une limite partir de laquelle la structure commence se dgrader Ces limites sont constamment remises jour et modifies. Ainsi dans la 7 Approximation de IUSDA les horizons de diagnostic halomorphes sont ainsi dfinis.

-21-

HORIZON SALIQUE Cest un niveau denrichissement secondaire en sels plus solubles dans leau froide que le gypse de plus de 15 cm dpaisseur. II renferme au inoins 2 de sels, le produit de lpaisseur en pouces par le pourcentage poids de sels est gal ou suprieur A 24 5 pouces. (Ainsi un horizon de 20 cm dpaisseur doit renfermer 3 de sels pour tre m appel salique tandis quun horizon de 15 c dpaisseur devrait renfermer 3 ), Si les sels solubles sont exprims en milliquivalents par litre de lextrait de saturntion le pourcentage poids de sel peut tre valu de la manire suivante: deau A la saturation x 1.000 Meq/l de cations solubles x 0,058 xO,>01)O O

HORIZON NATRIQUECest un horiion argillique qui possde une structure prisintique ULI plus coininunement colomnaire et une saturation en sodium changeable suprieure i 15 ) Ca H changeables. En Tunisie les Pdologues ont adopt les normes suivantes: pour quun sol soit class comme salin il faut que la conductivit lectrique soit suprieure ii 4 mmhos dans les 60 premiers centimtres ou suprieure A 8 mmhos dans lensemble du profil pdologique. Dans le cas des sols salins hydromorphes A nappe il faut que la salure dpasse en toute saison I O mmhos/cm. Quant ii lalcalisation elle est decele la fois par des valeurs de PH leves, un rapport Na/T supkrieur A 13 - 15 (1 et surtout par ltat de dgradation de la structure. Daprk M. IiENIN (8) les indices dinstabilit structurale. 1s et de permabilit K peuvent peiinettrc de deceler lalcalisation et non de la mesurer. Ainsi a-t-il t propos telle que quun critre de Ialcalisation soit une valeur de Na ou Mg suprieure B I O log 10 1s 1 I,7 ou log 10 K < I ou une stabilit structurale suprieure ii 40. Stabilit St 20 (?,5 1 log 10 K - 0,837 log 10 1s) La valeur de 10 a t retenue i de sorte que lon soit certain que la dgradation soit bien due i Ialcali\ation ( 1 3). Si les chiffres trouvs sont infrieurs B ces normes la salure oit Ialcaliution apparaissent B des niveaux infrieurs dans la classification. Ces nomies sont bideinment pratiques A la fois pour le cartographe et lutilisateur. Cependant plus particulirement dans le cas des sols halmorphes les rwltats analytiques chiffrs doivent tre traits avec prudence. Trs souvent les rsultats ne sont p a s complets, les analyses comme celle du complexe et le test HENlN son1 longues et couteuses. Ainsi, cest par des rapports. des extrapolation7 quon est ameni. dans bien dec ca; A se prononcer sur certains sols. Si bien que cest par lanalyse critique des rsultats quon arrive A dterminer leurci limites de validit, leur vritable signification qui sont fonction des mthode\ et Egnlement d u soin et de la precisioii de loprateur. Les chiffres ne sauraient en aucun cas constituer le seul critre de diagnostic, ils permettent de prciser et de mieux inteipreter lobservation sur le terrain.

+

(( ),

Nous aurons loccasion de montrer que surtout dans le milieu Tunisien lhalomorphie peut revtir des formes trs diverses et que les analyses permettent de saisir ii un instant donn un phnomne fluctuant, qui volue plus ou moins rapidement suivant les conditions locales du milieu qui elles non plus sont loin davoir t statiques.

II - ETUDE REGIONALE DES SOLS HALOMORPHES DE TUNISIELa rgionalisation de ltude des sols halomorphes prsente lintrt de les inserer dans le contexte volutif normal de tous les sols. Les rgions naturelles dlimites correspondant A des entits bioclimatiques A lintrieur desquelles lvolution la fois gomorphologiques et pdologique a pu tre dgage (2). Dans ces zones les interfrences du climat, de la gologie et de dhydrologie ont abouti A la fois au paysage et aux sols que nous observons. Les lments les plus marquants dans lvolution des sols halomorphes sont le climat actuel et le relief qui a une influence sur lhydrologie superficielle et subsuperficielle. Le climat actuel est du type mditerranen caractris surtout par une scheresse estivale presque totale, et plus ou moins prolonge du Nord au Sud.1)

La zone humide du Nord de la Tunisie :

Elle comprend la rgion de Sedjenane, la Kroumirie, et une partie des Mogods. Elle reoit une pluviomtrie trs importante suprieure 1 m ce qui permet une importante vgtation forestire (chne, lige, zen. . .) La lithologie comprend des roches peu ou non calcaires non salifres ii lexception du Trias gypseux et salin. Lvolution du relief tout au long du quaternaire a t marque par la solifluxion. Prs de la cte et dans les valles les versants se raccordent assez brutalement aux terrasses o linfluence de leustatisme se remarque trs nettement. Les sols volus prsentent des caractres dhydromorphie assez nets. parfois hrits de priodes encore plus humides. On y observe des sols bruns forestiers, des sols lessivs (en argile et en fer) et mme des sols podzoliques. Les sols hydromorphes prsentent une gamme varie ( gleypseudogley mouvement du calcaire) pouvant aller jusquaux sols tourbeux. Lhalmorphie a t surtout observe dans les sols hydromorphes des plaines ctieres par A. FOURNET (6). A Tabarka et J. LECOQ ii Sedjenane, o le phnomne est complexe (cf. P. 46). La tourbire observe Dar Fatima prs dAin Drahani installe dans un barrage cre par la solifluxion prsente des caractres assez particuliers car elle est acide, sale et sulfureuse. Des analyses sont en cours pour la caractriser. Sa salinit provient vraisemblablement des argiles du Trias qui se trouvent dans le bassin versant.

-25-

-~

La &ne Sub humide de Bizerte Mateur et du Bjaoua Comme dans la zne prcdente leffet de Ieustatisine se traduit par le passage brutal des versants solifluxion aux terrasses rcentes qui stendent largement et rejoignent les dpressions actuelles. Le raccord se fait par une frange submerge temporairement (comme dans le cas du Lac Ichkeul). Que ce soit sur les versants marneux encore soumis la solifluxion ou sur les terrasses et dans les plaines, les sols sont marqus par la vertisolisation. Sur ces sols apparaissent souvent des caractres de salure soit dorigine gologique (marnes sales) soit ds la remonte de la nappe phratique. Cependant les qualits chimiques des nappes ont une grande importance et varient suivant les terrains et les sols quelles ont traverss. Cest ainsi que dans la rgion de lOued Melah (sal) prs de Mateur, deux types de nappes existent. Une nappe centrale qui se localise dans les alluvions de lOued et se raccorde au Lac Ichkeul. Sa direction est Ouest Est et provient des formations argileuses Danomontiennes sales. Deux nappes priphriques qui descendent des reliefs direction N E et S E. traversent des formations calcaires, grseuses et des sols rouges et ne sont pas sales Au contact des formations colluviales de pente et des alluvions de plaine dont la structure et lorientation sont diffrentes les nappes priphriques remontent et induisent la formation de sols hydromorphes.

2)

CARALTERES CHIMIQUES DES EAUX (1965)Conductivit mmhos/cm Ouled Melah 173 Nappe Centrale 158 : 174

!

4,4

38 157 93 97 8 3,6l1

i

48 15 16,l 16 1,3

p a p p e Sud-Est.---

L

Nappe N . E____ _ _

53 109--

;

182

2,O

3,3

379

-_.-

Dans les znes de contact priphriques lexcs deau se traduit seulement par des caractres dhydromorphie, dans la zne basse de raccordement de la plaine au lac, la remonte de la nappe se traduit la fois par des caractres dhydromorphie et des caractres de salure et daicalisation. Dans cette zne lexploitation des donnes des puits buss montre linfluence du rgime doscillation de la nappe sur les caractres dhydromorphie.-16-

Diagramme c h i m i q u e de5

CJUX

des nappes

Diagramme ch,'m/'gue d eSs2urC.e.

fexlrai't

dcpte

I

1

-t3 7

I

---- --- ----?--"-

T--1

1

I

--l-----l----

OUED MELAHNappe centraleNappe N N E..

Surface

5 6

_ _ _ Profondeur3.15 Conductivite n o m b r e s en chiffres

7 -g- N a p p e S O

-27-

I

z/151

4

/ %

l/

/ /\100

II %

\

5c

10

O' N

'

D

'J'

F' M

A

'M'J

L

p

J L 1A ' 5r

Courbes de f a p i u v l o m c ~ i r e f-0-1

/;;a-

po transpiration dc flatcur

-

P r o f o n d e u r par r a p p o r t a la s u r l a c e d u

501

++-+t-+-+

t E x t r a i t s e c en

3.

CI

CI]

meq.

-28-

Le niveau de la nappe centrale se situe en fin dt (Septembre) au point le plus bas et amorce ds lors une remonte graduelle jusqu atteindre le maximum la fin du printemps (Mai). L comparaison des courbes de prcipitations et dvapotranspiration potentielle a avec le rgime doscillation de la nappe nous montre une variation inversement proportionnelle avec un lger dcalage. Le maximum de prcipitations se situe entre Novembre et Fvrier. IETP tant A son niveau le plus bas, mais la nappe natteint son plafond quau mois dAvril Mai. (moyenne de trois annes conscutives). Alors que la variation de lextrait sec est parallle celle des chlorures, les deux (extrait sec et chlorures) varient de faon inverse par rapport au niveau de la nappe montrant ainsi 1influence.de la dilution et de la concentration saisonnire de la salure. Le puit bus observ et cit se trouve prs dun profil) o la nappe se situe 150 m, ce qui correspond au niveau moyen de la nappe au mois de Mars. Lhorizon 60 - 90 nest satur par la nappe que quelques mois dans lanne (2 4) on y observe quelques tches de rduction. Il correspond la franges capillaire et la .zone doscillation de la nappe. Lhorizon 90 - 140 est satur entre 8 et 19 mois dans lanne. Sa couleur est gris olive avec quelques taches ocres. Le fer est en grande partie ltat rduit et se roxyde partiellement le long de voies prfrentielles daration (fentes de retrait, passages de racines). Le reste du profil est constitu par un gley, constamment satur par la nappe et o le fer est rduit. Ces observations concordent avec celles de G. NOVIKOF (II) dans la Gara Mabtouha, et de M. MORI (12) dans la Gara de llchkeul.3)

LA ZONE SEMI

- ARIDE SUPERIEURE :

Cette zone est trs varie au point de vue gologique et c1imatique;laltitude relativement leve de la dorsale et des hauts plateaux du Kef et leur exposition aux vents humides font quils reoivent des prcipitations moyennes de 500 600 mm par an, alors que les reliefs peu levs et les plaines sont plus secs avec 350 - 400 mm par an. Les sols halomorphes y sont localiss dans les plaines, dont en distingue plusieurs sortes suivant leur origine et leur rgime hydrologique. a) Les plaines en fond de barque dallure uniforme sont souvent peu larges, remblayes par des colluvions et alluvions quaternaires et sont peu ou non affectes par la subsidence. Lhydrologie superficielle et subsuperficielle entretient dans les zones les plus basses des nappes phratiques, se rapporchant saisonnirement de la surface mais sans prsenter dartsianisme (les merjas) SOUISSI A (14).________ __ 151 creus et observ en Mars. 1965.

0) Profil

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La crote qui tapisse les glacis environnants continue au fond de certaines plaines en gardant un facis dhydromorphie typique. La salure et lalcrilisation affectent les sols par la concentration des eaux des nappes qui se rapprochant de la surface. Les sols sont soit des alluvions recentes soit danciens sols caractres dhydromorphie ancienne (encroutement calcaire ou engrogement superficiel noircissant). Ainsi dans la plaine des Zoiicirine il y a un passage graduel des 501s hydromorphes aux sols halomorphes sous linflucnce de la nappe. de la topographie et des pandages alluviaux des diffrents oueds Le Floch (10). b) Les plaines exoreiques draines par les oueds importants (Mellegue. Medjerda, Miliane. Siliana. . .) sont constitues par des terrasses tages dont les plus basses sont encore inondables ou affectes par la nappe, Les sols de ces terrasses recentes sont peu volus et gardent encore des caractres de salure et surtout dalcalisation. Leffet de la salure apparait trs rapidement dans les zones les moins bien draines, dans les mandres et les embouchures souvent barres par des cordons littoraux (Garaa Mabtouha, plnine titique, bas Miliane, Cirombalia, Soliman). Sur les terrasses rcentes de la Medjerda, les sols sont lourds, affects une profondeur plus ou moins grande par lhalomorphie. Dans la moyenne valle de la Medjerda ri Bou Salem, les sols de la parcelle exprimentale (CGR-S Pdo) reprsentent un cas moyenO - 15 Beige gris, argilo-limoneux. structure massive en prismes larges, compacte.15 - 20 Beige gris argilo-limoneux structure large prismatique, quelques fentes de

retrait. 30 - 100 Gris lgrement bruntre, argilo-limoneux structure massive, faiblement m fissure, en prismes de 10 25 c de large, sous-structure en plaquettes gauchies faces lisses.1O - 130 Brun gris marmoris, argilo-liinoneux, quelques fentes fines. structure cubique 0 faces brillantes.

130 - 170 Brun gris marmoris, argilo-limoneux, frais traces de pseudogley radiculaire le long de certaines pores - pseudomycelium blancs petits amas calcaires.170 - 200 idem avec nombreux mycelium blanc sale radiculaire plus accentu.

-

bigarrure plus net+.e,pseudogley

Jusqu 2,50 m le mme horizon continue avec des bigarrures et des pseudcrmycelium blancs.

Sels Solubles~ _ _ _ _

A-

L

STF

SF

SG

PH CO3Cd

__

___. .

_ .

-~

_ .

___

30 - 100 52,15 39,2____ _ _ _

5

6

Traces 8,86

-

,

17.7

2,60

$5

Le complexe absorbant en Meg/ 100 g de terre

Ca

Mg

O - 15

19-17 17 -28 13,030 11,59 11,289,97

4 4 7 9,4 10 12 10,4 0,32 0,4 0,47 0,52

15 - 30 30- 100 100- 130 130- 170180 - 200

11

1

3,59 3,42 3,66 5,3

24,9

11

1

14,41 I1 13,62 14,02 19,06

46 44,9 37,s 42,5

25,l 26,l 27,2

11

1

1 37,6

1

40

1 45,938

1 1

220 - 250

11,58

Dans la plupart de ces sols la conductivit de lextrait de pte sature varie de 2 8 mmhs et le rapport Na/T slve partir de 60 cm audessus de 10 pour atteindre 1 m des valeurs entre 14 et 23 /,. La salinit semble de principalement au chlorure de sodium mais on remarque aussi des taux relativement levs de bicarbonates.-11-

Le pH est alcalin, suprieur a 8 et atteint mme des valeurs de 9 et plus: on remarque que lorsque le taux de bicarbonates augmente et que les chlorures restent faibles le pH slve; par contre la salinit leve tend A baisser le pH. Aussi pour les valeurs de salinit faibles, les bicarbonates semblent jouer un grand rle dans lalcalinit du sol. Dans les horizons superficiels lquilibre entre la solution du sol et le complexe absorbant est constamment perturb par la dilution de leau de pluie et llimination en profondeur des sels solubles. En profondeur la solution du sol semble tre en quilibre avec le complexe, Ihumidit est persistante et les traces de pseudogley et de gley en temoignent. Il se peut que cette hydromorphie fut plus forte et fonctionnelle alors que la Merdjerda navait pas encore approfondi son lit et quon se trouve actuellement dans la frange capillaire suprieure dune nappe profonde. Les courbes de salinit et dalcalisation des diffrents sols de cette parcelle sont parallles. Aux fortes salures correspondent les forts pourcentages de sodium changeable. Cependant on remarque ici les forts pourcentages de Mg changeahle qui accompagne le Na. c) Les plaines endoreiques sont constitues par des dpressions fermes, affectes par la subsidence recente qui les aurait soustraites ii des systmes exoreipues avec lesquels elles communiquent pisodiquement. Ceci expliquerait limportance de leur sedimentation qui ne provient pas uniquement des collines encroutes environnantes. La nappe deau apparait saisonnirement en surface, elle nest pas de uniquement au ruissellement mais se trouve constamment alimente par les remontes deau artsienne . riche en sels qui se dposent A leur surface. Les sols oni un rgime de Sebkha A crote saline estivale, et sont aurols de sols sals et alcalis. Cest le cas de la Sebkha Sedjouini et Kourzia. Autour de ces Sebkhas des collines argileuses, appeles bourrelets, gardent encore en profondeur des caractres de d u r e et dalcaiisation et mme une individualisation du gypse, tmoin dune ancienne salinisation plus accentue . Certains auteurs comme A. JAUZEIN (9) attribuent ces collines A une ancienne dflation eolienne, mais ils pourraient tre aussi danciennes terrasses dformes par la notectonique quaternaire et recente, et lrosion leur donnerait leur modle bomb actuel. Les sols provenant du colluvionnement de ces matriaux sont pour la plupart dessals, alors que ceux qui sont soumis A lrosion restent plus sals. (J. BOURALY)4) La zone semi - aride infrieure Elle constitue le Nord du Sahel caractris par une pluviomtrie de 300 - 350 min. Elle est forme par une ancienne surface encroute par la puissante dalle inoulouyenne (fini villa franchien) ondule. Le fond des valonneinents est occup par des terrasses l-. luviales rcentes peu larges qui ont t plus ou moins bien draines, comme en tmoigne lexistence de sols noircis anciennement hydromorphes et actuellement recouvert par des dpts recents. Les parties les plus basses de ces valles o le mauvais drainage persiste (Foss di: Djemmal; basse valle de lOued Hamdoun et Oued Melah, Sahline. . .) sont affectes par la nappe.-il-

Les caractres de salure et dalcalisation sont trs inarqus A ct de caractres dhydromorphie ancienne ou actuelle. Le profil suivant nous en donne un exemple Profil BK 60.X = 275 Y = 568,5 Z = 11 Zone terminale des mandres de lOued Hanidoun O - 20 Beige grisatre, sdbio-limoneux, structure nuciforme friable quelques nodules calcaires 20 - 60 Beige ocre, texture quilibre, structure polyedrique grossire, nombreux nodules calcairp friables de 0,2 2 cm de diamtre. 60 - 100 Beige ocre avec des plages gris verdatre - argilo-limoneux structure polyedrique, tins nodules calcaires durcis, pntrs doxydes de fer et marganse (rouille et noir), cristaux de gypse lenticulaire. Cil1 N a j T meq 1 des

1

Ce profil a t observ en hiver 1964, il se peut que la salinit augmente beaucoup plus en t. A partir de 20 cm la salure et Ialcalisation deviennent trs importantes. Elles se superposent A un sol trs commun dans la rgion, du type brun nodules calcaires, remani en surface. Dans les mandres de lOued,la nappe est afileurante et la salinit est encore plus accentue.

5 ) La zone aride suprieureElle est constitue par les plaines du Centre, des zones de steppe et par les basses plaines orientales qui constituent le Sud du Sahel. Cest dans cette zone que les sols haloinorphes commencent A prendre une norme extention. a) Les plaines du Centre. On en distingue principalement deux celle de Kairouan et de Gamouda (Sidi-Bou-Zid). Elles constituent de vastes tendues dpandage des Oueds Zeroud, Merguellil et Nebhana pour le Kairouanais et de lOued Fekka pour la plaine Gamoudienne. Les alluvions qui remblaient ces plaines sont constitues de lentilles de textures varies. superposes et juxtaposes mais dominante fine. Lcoulement des oueds et des nappes phratiques plus ou moins artsiennes est dirig vers les zones basses de la plaine o elles se,rapprochent de la surface.- 13-

La majorit des sols de la plaine sont affects par la salure et l'alcalisation A des degrs divers qui ont une double origine. D'une part les matriaux argileux proviennent des roches marneuses riches en gypse et en sels (marnes de 1"ocne)trs fortement rodes sur l'ensemble des bassins r'ersants. D'autre part les eaux de ruissellement et d'infiltration s'enrichissent en sels. tiu contact de ces formations et se concentrent encore plus lorsqu'elles s'approchent de la surface du sol en y sjournant. Le profil suivant est un exemple moyen des sols du Kairouanais. Il a t observ dans la plaine alluviale du Merguellil, remanie en surface par de petite oueds Profii 1 Chbika Malouch 0 - 20 Beige brunatre argilo-limoneux, structure polyedrique grossire se dbitant en plaquettes. 20 - 70 Beige brunatre argilo-limoneux structure en plaquettes gauchies ii faces lisses, cohsion faible consistance forte, porosit nulle, nombreux pseudomyceliums blancs en profondeur. 70 - I l 5 Couleur bigarre brun fauve, argileux, structure massive t r h compact, porosit nulle, trs nombreux pseudomyceliums. 115 - 160 Alternance de sable argileux massif et lits d'argile de quelques mm ii 5 cm, gris verdtre A structure feuilletel taches ferrugineuses et nombreux psei.1doniyceliiim 160 - 180 Brunatre, argilo-limoneux, structure massive, trs compacte, porosit nulle, nombreux pseudomyceliums.

I

I

Sels Solubles

I

Complexe absorbent

I~

a p

Dans ces sols du Kairouanais et aussi de la plaine de Gainouda, des caractres vertiques apparaissent chaque fois que la texture devient fine, probablement lies ii la natute du matriaux riche en argiles gonflantes et a la dynamique hydrique saisonnire. Mais trs souvent A ces caractres physiques le salure et surtout l'alcalisation se surimposent. Certains sols du Kairouanais ont jusqu'ii 38,6 9; de sodium changeable. Le Mg est aussi trs largement reprsent et peu atteindre 43 et mme lorsque Na/ T est de 3,4 ou 3,9 Mg peut atteindre 16 et 18 00 (profil BK Kairouan 169).

-5.1-

.

_--__STF 20

-

.. . _

__

-

_ _ ~ _ _

- . . -

A

L 25

SF16 14

SG Co3Ca_____

So4 1,6 3

C1 424 536

Conductivit 22 46

Crote Pseudosable

24 23

11

23,2 13

29

7

13

Les crotes superficielles se forment aprs des piuies fines qui dtruisent la structure en pseudosable (la stabilit structurale tant trs faible, largile alcalise se disperse trs rapidement devenant gluante). Le phnomne sapparente ,4 la battance des sols limoneux mal structurs en surface. Il se produit une diminution de la salinit de la crote et le sel vient cristalliser au milieu des agrgats soit en veines soit en cristaux bien individualiss. En t lorsque la crote clate par dessication et que lhorizon de surface est dessech, le vent une prise importante, sur la surface du sol (terrain peu couvert, tendue plane) et peut dplacer les morceaux de crote superficielle et remanie lhorizon de pseudosable. Le tamisage ,4 sec de cette formation a donn les rsultats suivants Henriet El Batene (BOURALY) (4)

0,65

La bordure de la Sebkha, Kelbia a fourni les rsultats suivants: Surface de Sebkha3

1

de Salicorne

0-9__

Associs aux sols halomorphes du Kairouanais, des sols profonds pseudosable stendent largement entre la Sebkha Kelbia et Sidi-El-Hani et recouvrent des sols anciens A erote calcaire, Ils ont t considrs comme des sols apports par le vent, accumuls en dunes ou bourrelets (lunettes) ou tales sur de vastes zones par saupoudrage. Ces sols sont soumis 21 des phnomnes drosion hydrique accentus surtout ceux en bordure de la Sebkha Kelbia. Ce remaniement a pour effet de dessaler les colluvions alors que les partie5 rajeunies gardent encore A la fois la structure en pseiidosable efleurante et une salure encore leve. Le profil suivant nous en donne un chantillon. Profil Sahel 231 x 264 Y = 546 Z 66 Vgtation quelques touffes de Lygeum spartum 0 - 18 Beige jaune fauve - Sablo-limoneux. structure lamllaire, friable poreux, debris de coquillages - nombreuses racines. 18 - 50 Beige lgrement brunatre argilo-sableux, structure polyedrique fine, tendance ii une macrostructure prismatique, cohsion et consistance fortes - quelques myceliumsblancs aplatis.:

50 - 160 Beige fauve - argilo-limoneux structure large prismatique friable se rduit en pseiidosable form dargile entourant de petits cristaux de gypse et de sel. Nombreux amas gypso-salins.

On remarque que dans les deux premiers horizons, la salinit et Ialcalisation sont moins fortes que dans lhorizon A pseudosable , cela serait d ii la fois au lessivage et au remaniement superficiel. On remarque ici que le taux de Mg et de Na varient en sens inverse, dans le complexe absorbant.

b) Laf basses plaines orientales

___ ____

Profondeur

PH

Co3Ca

Gypse

Cond. 30

CI

O - 20 70- 115

893 872 826 876 8,3

674 29,6 31,211,2

3,82 6 2381,3

242 343-___

37 67 29813-

115 - 130130- 150 150- 180 180 - 200

88016 112

234 2,4- ~ _ _ _

40,2

87 4

I ? ____ . 20,7 ? 64

Ce profil est complexe, on y distingue plusieurs sols superposs (un sol encrotement gypseux, un sol A accumulation calcaire nodulaire et des alluvions recentes) et lensemble est affect par la salure.

-37-

6) La zone aride infrieure : Elle prsente de grandes analogies avec les basses steppes de la zone bioclamatique prcdente. L encore les sols halomorphes sont localiss dans les zones dpandage des oueds et lis a la prsence de nappes phratiques. Alors que les sols limoneux et lourds de lOasis de Gafsa sont saliniss cause de lirrigation sans drainage, la bordure ouest de lOasis de raccorde progressivement la Sebkha El Melah, par les valles entaillant les surfaces crote gypseuse. Le profil suivant reprsente un terme de passage P. 48 Gafsa S . O (Belk.) O - 30 Sable ocre lgrement limoneux 30 - 55 Sable limoneux consolid par du gypse microcristallis 55 - 150 Crote gypso-saline dure Crote gypseuse compacte humide 150 Sels solubles-~

ProfondeurO - 30

PH9,1

Co3Cal So4 15,3

Cond.

[

CI

CoH 31 Ca

1 1Mg

Na

8,65

30 - 55

30 - 55 8,5 8,7 8,3

8352,1

40,440,5 26,4

55 - 150150 -

6,7 12,9

La salure est trs leve, de mme que le pH dans les horizons superficiels - alors que lencrotement gypseux est beaucoup moins sal. En bordure de la Sebkha nous retrouvons galement les sols pseudosable, mais cette fois il est form de petits cristaux de gypse salis par du limon. Profil 22 G S O (Belk.) O - 30 Beige,sable gypseux faiblement limoneux, ameubli par les travaux culturaux .quelques racines dolives. 30 - 1O Beige, cassure blanchatre, sable limoneux compact se reduit en poudre A la 0 moindre pression, quelques fentes verticales de retraction - quelques myceliums gypso-salins le long des fentes. 100 - 200 Idem compact sans fentes - Frais en profondeur.

Sels solubles meq / 1I L Z f

Calcaire 18,7 18.3. -

so4 24.8 25,6 23,4

Cond. 5,618

C1 5 99 37

Co3H 2 1,75 2S 26,2

~

0-30 30- 100 100-200

I

r

1

I

1

79,8

1

I

130

1

I

L -

15

10

La pluviomtrie actuelle ne semble pas pouvoir dessaler le sol bien que la permeabilit soit bonne et que la denivellation soit importante par rapport la Sebkha. On ne remarque quune faible migration du sel dans lhorizon moyen ou il cristallis sous forme de mycelium avec le gypse. Dautres profils comportant du sable gypseux sali par du limon sont couronns par un encrotement gypseux polygon. Ces sols quon retrouve autour de la Sebkha El Guettar et plus au Nord autour des Sebkhas de la plaine gamoudienne semblent constitus de rsidus de formations de fond de Sebkha plus ou moins oliss et ayant subi une phase de remaniement par leau du gypse sous forme dencrotement. Bien que deniveles en y retrouve encore des traces de salure parfois importante. 7) La zone saharienne L encore les sols haiomorphes apparaissent trs troitement lis lhydrologie, la comparaison avec la carte hydrogologique du Sud montre que la localisation des sols les plus sals est lie des zones dartsianisme des nappes profondes. Il a t dalleurs tabli par R. COQUE (1960) (5) pour le Chott El Djerid que ce ne sdnt point les apports superficiels (pluviomtrie et dbit des drains des Oasis) qui sont responsables de la dynamique de Sebkha mais plutt un quilibre entre le dbit artsien et lvaporation. La prsence de sources (Aiouns) lintrieur du Chott El Djerid est un argument qui taye cette hypthse. Les sols doasis situs en bordure du Chott recelent une nappe dorigine mixte, une partie provenant de Iartsianisme capt par le systme des foggara du Nefzaoua et par les failles qui affectent le flanc sud des montagnes bordant le Djerid. et une partie de leau dirrigation quils reoivent de la surface. La salinit apparait ici en liaison directe avec la nappe, son coulement plus ou moins rapide et avec le travail de lhomme M. EL FEKIH (7). Cest ainsi qu Tozeur la salure est lie lentretien plus ou moins parfait et aussi la situation du sol par rapport au niveau de la Sebkha. Dans les parcelles de lOasis bien entretenue (travail du sol irrigation et drainage) les sols sont reprsents par le profil 113 (M. FEKIH). Vgtation Palmier Dgla Alig, figuier pchers.-39-

Noir trs organique, sablo-argileux, structure grumeleuse fine trs poreux, calcaire, racines denses, frais 20 - 40 Gris ple,faiblement organique, sableux fin, structure grumeleuse grossire, amas gypseux friables mal individualiss 40 - 115 Gris pale - tches gris cendr tales dans la partie infrieure, sable fin, compact massif, amas gypseux 1 15 - 150 Gris clair blanchatre, sable gypseux, massif trs dur, nombreux nodules gypseux, frais. Horizon hydromorphe ii encrotement en formation 150 - 170 Blanchtre. sablo-limoneux, massif, trs dur, sans racines. gypse microcristallis consolid. 170 - 190 Noir mouchetifinement sableux et gypseux, structure diffuse, amas et nodules gypseux abondants, frais. Horizon hydromorphe gley.~

O - 20

Nappe

a

120 cm.

Profondeur BH Co CaSo G MO Cond. 3 4H0 C1 Co H 3 Ca-

Mg

Na

-

O - 2020 - 40 40- 115115 - 150150 - 170I

8,05 15,2 6,4 8,05 9,7

2,06 5,O

39,6 0,62 0,62 5,7 6,4 20 1,4 28,5 17,O 36,5 34,O 26,5 78,3 10,5 0,265340

8,25 10,5 38,6 835 9,78,55

45,548,s

7.8i

33,O

32,O 75,7

[

170- 190

1

I

8,251 8,2

1 36

1,6

30,O 26,O 53,6~

Dans les parcelles dlaisses, les palmiers sont disperss et une vgtation spontane halophile revient, compose dArthrocnemum glaucum et Atriplex halimus - T 92.(7) O - 45anNoir fonc, organique, sable faiblement argileux, structure polyedrique fine, trs poreux, calcaire, pseudomyceliums et amas blanchatres. 45 - 115 Gris mouchetures brun ple, sable fin, structure grumeleuse grossire, compact, Amas gypseux, humide. 115 - 155 Gris ple taches rouille, finement sableux et gypseux structure massive dure, compact. Amas et nodules abondants - trs humide. 155 - 190 Blanc ros ple, limon gypseux, trs dur, compact, crote gypseuse de nappe.

-41)-

Nappe

200 cm.I

r

1

Profondeur

1

I

-

PH ICoCalSoCa M O Cond. Ci

l-

1

1 3 11

CoH

~

Ca

175

2,60 I33,O

j l533 277,:933 366,i

I

1

I

,On remarque ainsi que lorsque le soi est bien entretenu la salinite baisse en surface et se maintient en profondeur en quilibre avec celle de la nappe, alors que le sol dlaiss voit rapparaitre une concentration de sels en surface. Lhalomorphie dans les Oasis est directement lie laction de la nappe, lorsque ctdle-ci est convenablement rabattue par drainage et le sol irrigu rgulirement la salinit baisse normment, mais peut rapparaitre chaque fois que lintervention de lhomme cesse. Dans lextrme sud les sols affects par la salure ont t observs soit sur la plate forme saharienne, l o des sols peu profonds sont plaqus sur la crote calcaire ou calcaro gypseuse soit dans les dpressions fermes, affectant les sols encrotement gypseux, soit dans les creux interdunaires. Dans les dpressions, la nappe prsente des caractres artsiens accentus. Dans les endroits relativement drains la salinit apparait comme un caractre rsiduel de lancienne activit hydrologique responsable des encrotements gypseux et que le climat actuel narrive pas liminer. Dans les znes sans drainage et artsianisme des nappes la salinit est un facteur dvolution rcente et actuelle. Ainsi la pointe extrme Sud Saharienne, la rgion de Fort Saint est forme dune cuvette plane lgrement gondole et constitue de niveaux faiblement emboits dont les plus anciens portent un sol crote gypseuse, les plus rcents portent des sols sableux racines ptrifies et lamelles dencrotement gypseux,et le niveau le plus bas et le plus rcent un soi de Sebkha (Sebkha Mzezzem) encrotement gypso salin superficiel surmontant un horizon noiratre sulfures. Les niveaux crote gypseuse prsentent des caractristiques assez particulires dont le profil suivant nous donne un chantillon assez typique: Belk (1967) F S 4 - Surface ensable jonche de caillouties et dclats de silex. O - 5 cm.Crote gypseuse blanc clatant, vacuolaire, lgre (aspect de popcorn) 50 - 20 Fauve ocre sableux, trs gypseuse, frais friable Idem gypseux 20 - 35 35 - 60 Idem gypseux 60 - 90 Crote gypseuse, compacte massive, blanc grisatre. Le sable est consolid par le gypse avec des passages bien cristalliss.-41-

Profondeur PH

So4 C o c a Cond. 3

CI

Co H 3 1,l 1,4 1,3 1,2 1,2

Ca

Mg

l

Na

TSAR Na/T calcull

I

O-5

8,3 8,45

60,838,9 31,3 23,l 33,4

1,2 0,4 0,4 O O

16,O 120

33 47 30 33

55

123

5 - 20 20 - 3535 - 60

50,O 51070,O 800 67,O 780 43,O 415

186,5 584-

8,58,35 8,35

135,5 1138 197 1000

60 - 90

433 107

506

Lencrotement profond est gypso-salin, alors quen surface il est en grande partie dessal. Lffet des orages aurait pour effet dliminer une partie du sel de la surface mais nest pas capable de mobiliser le gypse qui se trouve presque cuit sous le soieil saharien. Ce qui expliquerait laspect spongieux de la surface de lencrotement. La salure dans ce cas est un effet rsiduel de Ihydromorphie qui a rgn et se trouve encore dans la dpression de Fort Saint (qui se constitue en Lybie vers Ghadams). Le gypse et le sel amens ensemble actuellement vers la surface, comme on le constate en ce moment la Sebkha Mezezzem, auraient rvolu du fait de la nouvelle position topographique et lamlioration relative du drainage. Si plus au Nord, dans le centre et la rgion des Chotts le climat a permi llimination plus ou moins complte du sel, sous le climat saharien le rmaniement parait tr6s faible le sol garde encore un stock apprciable de sels solubles que ce soit pour les sols encrotement et crote gypseux ou dans les sols ayant subi une action plus faible de leau, racines, gypsifies comme le profil suivant. Profil Belk 1967 ES SIA Ensablement superficiel nombreuses racines ptrifies casses et granules blancs gypseux O - 15 Beige blanchatre sableux monoparticulaire, encrotement gypseux discontenu 15 - 45 Beige jaune sablo-limoneux quelques racines ptrifies fines, frais 45 - 65 H,orizon discontinu lamelles subhorizontales dencrotement gypseux 65 - 200 Beige clair sableux, fines lamelles subhorizontales gypseuses et nombreuses grosses racines et fines ptrifies dans toutes les directions. Autour des racines croissance de roses de sable.

-42-

9

11

5 - 15 15-45

11

3,3 3.3

1

I

2,l

1 1 1 12 31

1

62

41

51

8,501 127

2

L

65 - 200

__-

1

1

1

73 91

4 /Trace

1 1

l

1

20

1 8,581 0,428,62 0,85

6

1

11,O

____-

1

72

Malgr une denivellation de 2 m. par rapport au bas fond tout proche et malgr la texture grossire et la bonne permabilit,la salure et la prsence de chlorures, reste encore assez importante. 8) Les sols halomorphes des zones littorales (Tabarka, Sedjenane, El Alia, Porto Farina - Basse valle de la Medjerda Tunis et banlieu Sud, Soliman - Cote du Cap-Bon Sahel Nord Hergta Monastir Sahel Sud et rgion Sfaxienne - zone du Golfe de Gabs Djerba). Toute ces rgions littorales constituent lexutoire normal des eaux superficielles (Oueds exoreiques) et des nappes phratiques, coulement subsuperficiel. Cet coulement est souvent gn sinon bloqu par ldification de dunes et cordons littoraux difis tout au long du quaternaire en liaison avec les regressions et transgressions marines. Ce blocage se traduit sur les sols actuels par une remonte du niveau de la nappe qui se consentre en sels chaque fois quelle sapproche de la surface. Outre ce phnomne fondamental, des contaminations secondaires des sols du littoral peuvent se produire par le sel marin soit apport par les embruns lors des temptes hivernales, phnomne quon observe particulirement dans la rgion de Bou-Ficha, soit par des incursions marines dans les Sebkhas par rupture des cordons littoraux en des points privilgis lors de ces temptes (Cap-Bon). II est remarquer galement que les mouvements des mares sensible sur la cte Sud cre des znes submersion temporaire par la mer. Dans la basse plaine de Tabarka (Nord O. ) la nappe phratique une composition variable suivant son origine, elle est plus ou moins charge suivant son niveau par rapport la surface et les terrains o elle scoule (0,4 7 g / 1 de sels solubles). Lorsque lle sapproche du complexe dunaire ctier elle est contamine par la mer et son rsidu sec monte h 12 et mme 25,24 g / 1 (profil 1 Fournet) (6). Le profil o a t observe cette nappe a les caractres suivants: Na Co 3Ca M .O Cond 18 0 - 10 gris noiratre lhono-argileux, nuciforme grossier 1,7 3,5 20 5,8 1,9 14 22 10 - 85 noiratre argilo-limoneux prismatique grossire 21 27 7-9 85 - 120 jaunatre argilo-limoneux en plaquettes 6,2 13,5 23 120 - 200 jaune argilo-limoneux en plaquettes

x

-43 -

Lanalyse de leau de la nappe a donn les rsultats suivantes : mg/ 1 T M T P T T___7- 7

j

25,240-_/ 1 __ g La salinit et lalcalisation se surrimposent une ancienne pdogense de type hydromorphe accumulation organique en siirface et mouvement du calcaire en profondeur. Dans les 7ones littorales de la cte Est on retrouve ce mme phnomne de la surimposition de la salure ri un ancien sol hydromorphe d accumulation calcaire pouvant aller jusqu lencrotement dans la plaine de Soliman et ceci jusquau Sahel. A partir de cette zne et plus au Sud, les sols hydromorphie ancienne sont souvent encrotement gypseux depuis Ksour Essaf jusqu Djerba. Si le blocage par les dunes peut saliniser danciens sols volus, les alluvions rcentes subissent galement le mme phnomne soit dans la basse plaine de la Medjerdha o lcoulement des eaux est gn la fois par la topographie plane et le barrage ctier, ainsi que dans le bas Miiiane dans la banlieu Sud de Tunis (Rads, Zahra, laniniam-Lif). Le profil est peu diffrenci, texture hetrogne le plus soiivcnt fine.l

!

1360

,-

Fi 1

residur]

- _-.

6200 -

1928

12958

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III CONCLUSIONS GENERALES Bien que linventaire de tous les types de sols halomorphes en Tunisie est loin dtre tennin et que cette tude ne saurait prtendre h tre exhaustive,il est possible de mettre en vidence quelques caractres gnraux de ces sols. Les sols halomorphes appabaissent trs varis si en considre lorigine du sel, les causes de son accumulation dans le profil, sa dynamique et les matriaux ou les sols qui en sont affects. a) lorigine du sel: La source principale se trouve dans les matriaux sdimentaires qui forment les assises gologiques de la Tunisie. Les marnes et argiles des divers tages stratigraphiques renferment des quantits plus ou moins importantes de sels solubles accuinuls au cours de leur sedimenttion marine ou lagunaire. Lrosion de ces formations arrache des matriaux dj sals et alcaliss et la circulation de leau mtorique ou souterraine senrchit en sels leur contact. De nombreux Oueds et sources portent le nom de Malah (sal) du Nord au Sud. Ces eaux superficielles ou souterraines scoulent vers les fonds de plaines o elles se rapprochent de la surface et sy concentrent. Dans les bassins nonnalement exoriques trs souvent les barrages littoraux contribuent A bloquer lcoulement et produisent un talement de leau et de la nappe formant des lagunes et Sebkhas ctires. Des contaminations par leau de me1 peuvent seffectuer dans certains cas soit par phnomne dinterface entre la nappe phratique et la mer, soit par perce des cordons lors des grandes temptes soit par les embruns accentuant ainsi la salinisation. Dans les bdssins endoreiques. la siibsidence est gnratrice dun alluvionnement intense et dun artsianisme des nappes phratiques qui nourrit coiistaimnent la surface en eau qui vient sy concentrer.-44-

La salinisation des sols peut tre de galement A laction de lhomme par irrigation leau sale sans drainage adequat.

b) La dynamique du sel:Le sel du fait de sa grande solubilit accompagne leau dans ses dplacements. Dans le plupart des cas, l o elle se trouve en excs le sel saccumule. Le rgime climatique mditerranen scheresse estivale favorise sa concentration chaque fois que les eaux se rapprochent de la surface. Cependant si dans le Nord humide lexcs deau hivernal favorise la dilution ou le lessivage du sel, plus au Sud la salinit se maintient i un niveau lev toute lanne. Ceci une grande importance pour la mise en valeur et lirrigation leau sale.c)

Les sols affects par lhalomorphie:

Les sols affects par lhalomorphie sont trs divers, on peut les subdiviser en deux catgories suivant quils aient eu une volution pdologique antrieure ou non en place. Les sols ayant en une volution pdologique ancienne ou rcente autre que lhalomorphie sont affects par lhalomorphie : soit cause dune dsorganisation plus accentue du rseau hydrographique. - soit cause de laridification plus grande du climat actuel. Cest le cas de sols hydromorphes anciens, et la salure apparait comme le phnomne le plus rcent dune srie volutive gochimique qui travers les paloclimats plus ou poins agressifs du quaternaire a mobilis et accumul le fer, le calcaire le gypse et en dernier lieu le sel. Ce qui tmoigne de la faiblesse du climat actuel. Ce cas est observ El Alia dans le N de la Tunisie. - Soit cause dun changement relatif de topographie qui fait que ces sols soni affects par une nappe superficielle (cas du Sahel). Ceci est trs couramment observ dans les basses plaines orientales subsidentes. Les sols affects par la salure et observs jusqu prsent sont donc soit des sols recents (non volus et peu volus sur matriau rod, alluvial, colluvial, olien et marin), soit des sols anciennement volus de type ydromorphe (tourbeux, gley, pseudogley, noircis, encrotement calcaire ou gypseux) des sols de type isohumique accumulation calcaire nodulaire ou diffuse et des sols vertiques plus ou moins accentus.d) Caractres chiques des s l halomorphes: os

La nature des sels solubles dpend dans chaque cas de lenvironnement gologique et de la nature des nappes. Dans la majorit des cas ce sont les chlorures qui dominent nettement les autres sels. Les carbonates ne sont pas reprsents, les bicarbonates le sont faiblement. Les sulfates existent en trs faible quantit dans le nord et peuvent manquer sauf dans le cas o le bassin versant comporte des affleurements triasiques gnralement gypseux. Mais mesure quon se dplace vers le Sud la part des sulfates augmente la fois dans la gologie et dans tous les sols. Dans le Nord les sols sont pour la plupart chlorurs dans le centre chlorosulfats et dans le Sud suivant les cas sulfatochlorurs ou chlorofortement sulfats.-45-

Le pH des sols halomorphes est variable et oscille autour de 75 et peut dpasser 9. Ses variations sont dinterprtation difficile. On remarque cependant que plus la salure est leve plus le pH tend diminuer, et que pour des salinits faibles (taux de chloru res bas) le pH est dautant plus. leve que le taux de bicarbonates HC03 est lev. Le complexe absorbant est gnralement satur et comporte une proportion encore importante de Ca ct du Mg et du Na. Les taux levs de Na dans le complexe accompagnent gnralement les salinits leves, alors que des fortes teneurs en Mg peuvent tre prsentes mme en labsence de salinit trs forte.e) Essai de rcapitulation des types de sols halomorphe Observs en Tunisie

On pourrait dabord subdiviser les sols salins o la salure existe seule ou domine et les sols alcali suivant quils subissent ou non laction de lhydromorphie actuelle. Cette subdivision dj propose par P. RODERER (13) et G. NOVIKOF (11) lavantage de serrer la ralit dune part et dtre intressante pour la mise en valeur dautre part.

Les sois salins non hydromorphes:La roche mre soit en place (marnes rodes) soit dapport alluvial contient du sel dans la masse ltat diffus. Le sel migre en profondeur en hiver et remonte en surface en t.Les sois sans hydromorphes :10) Le sel est fourni par la nappe phratique et la concentration en sels est saisonnire. Des effloressences peuvent apparatre mais sans former de crote ou encroutement salin en surface en t (la nappe tant rabattue en profondeur). En hiver la pluviomtrie entraine le sel dans la nappe qui se trouve dilu. Cest le cas des sols salins du Nord, dans les rgions humides et subhumides. Lhydromorphie est caractrise par un pseudogley et un gley de profondeur suivant la dure de lengorgement de lhorizon. 20) La nappe est constamment prs de la surface, et lhydromorphie est caractrise par un gley pouvant comporter sur quelques centimtres des taches doxydation surmontant un horizon noir sulfures,laccumulation de sel en surface peut revtir deux facies. - un encrotement salin, le sel formant un ciment englobant les matriaux du subtrat (sab e limon, argile ou gypse) craquel et boursoufl. La nappe affieure sans provoquer dinondation et le sel est fourni par lvaporation en surface de leau dexsudation. - une crote saline blanche, le sel se dposant en lamelles en t aprs une priode dinondation hivernale par des eaux sales, et peut continuer tre nourrie par la base le sol gley et sulfure sous jacent. Ces sols gnralement striles constituent les zones centrales des Sebkhas et sont trs rpandus partir des zones semi arides.

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Les sols alcali non hydromorphes :

- Sols faiblement sals en surface moyennement sals en profondeur avec des caractres dhydromorphie faibles, heritage probable dune ancienne nappe plus importante avec accumulation de gypse peu accentue dans le Nord (Valle de la Medjerda) plus accentue dans le centre (plaine de Kairouan). Lalcalisation dans le sens dune dgradation de la structure pourrait tre attribue ii la fois au sodium et au magnesium (dont laction devrait tre prcise). - Sols faiblement sals en surface moyennement sals en profondeur sur bourrelet marginal de Sebkha pseudosable dtruit dans le Nord peu gypseux (Sedjoumi) pseudosable argileux conserv moyennement gypseux dans le centre (Kelbia), et pseudosable gypseux dans le Sud (Gafsa Guettar). Dans tous ces sols lalcalisation semble tre un caractre rsiduel, du sol tmoin dune salinisation plus accentue dans le pass.Les Sols alcalis hydromorphes:

- Sols fortement sals structure souffle ou en pseudosable en t, moyennement sals en hiver, et pouvant tre soumis un engorgement superficiel deau douce. La structure en pseudosable ou souffle tant diie A une cristallisation rapide et fine de sels au sein de lhorizon superficiel auparavant transform en boue. Ces sols forment des auroles autour des garaas du Nord (Lac Ichkeul) et des sebkhas. - Sols fortement sals de bourrelet olien encore fonctionnel form de pseudosable argileux et des cristaux de sel (zone de Hergla) et de gypse dans le Sud (Gafsa Guettar). Trs souvent on trouve des associations de sols halomorphes qui se differencient par la microtopographie et se disposent soit en auroles autour des zones les plus basses (Sebkhas) ou en succession dans le cas des zones dpandage.f) Place des sols halomorphes dans les classifications trangres

Les sols halomorphes de Tunisie malgr la diversit des facies ne peuvent tre intgrs que dans quelques catgories des classifications gnrales. Ainsi la plupart des sols salins et mme de certains sols alcali sals seraient rattacher aux solontchaks. Cependant ni les solonetz ni les solods nont t reconnus en Tunisie o aucune migration dargile na pu tre decele mme dans le Nord. Mme lhorizon de diagnostic natrique de la 70 approximation amricaine serait difficilement applicable si lon tient le prsenter comme un horizon argillique denrichement en argile par lessivage. 1 na pas t reconnu en Tunisie de sols alcalins noirs et carbonate de soude. 1 Dans le cadr