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APRES VATICAN II MARIE DANS L'EGLISE Texte de trois conférences faites dans la perspective du Synode diocésain par le Père J.-B. ARMBRUSTER, Marianiste PRESENTATION Le concile Vatican II a posé, le 29 octobre 1963, un acte prophétique au sujet de la Vierge Marie. Les Pères conciliaires devaient, ce jour- là, dire si oui ou non il fallait intégrer le texte sur Marie dans celui sur l'Eglise. Ce vote divisa le concile, car la majorité ne fut que de 40 voix sur 2.188 votants. Pourquoi, sur un point qui nous paraît minime, une telle division qui coupait le concile en deux ? Au-delà des textes, l'intégration de Marie dans l'Eglise était loin d'être une évidence. Le concile devait se prononcer à la fois sur la nature de l'Eglise et sur une certaine vision de la doctrine mariale. Ce vote historique touchait donc des points sensibles de la foi catholique et reflétait les hésitations qui habitent encore aujourd'hui le cœur de bien des chrétiens, concernant la place et la mission de Marie dans l'Eglise. Sans entrer dans des polémiques stériles, ces trois exposés veulent projeter quelque lumière sur la place et la mission de Marie dans l'Eglise telle que la présente le concile Vatican II, les Papes Paul VI et Jean-Paul II. Il est clair que la Mère de Dieu semble comme ignorée aujourd'hui par bien des croyants. En réalité ils ont perdu la " dévotion " envers la Sainte Vierge et ils sont en quête de ce que dit la foi chrétienne à son sujet. Comme le concile, situons Marie dans l'Eglise. Le titre même du chapitre 8 de la Constitution sur l'Eglise, Lumen gentium (en abrégé désormais: LG.), donne une orientation de base: La bienheureuse Vierge Marie Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l'Eglise. Cet admirable chapitre marial, 1

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APRES VATICAN IIMARIE DANS L'EGLISE

Texte de trois conférences faitesdans la perspective du Synode diocésain

par le Père J.-B. ARMBRUSTER, Marianiste

PRESENTATION

Le concile Vatican II a posé, le 29 octobre 1963, un acte prophétique au sujet de la Vierge Marie. Les Pères conciliaires devaient, ce jour-là, dire si oui ou non il fallait intégrer le texte sur Marie dans celui sur l'Eglise. Ce vote divisa le concile, car la majorité ne fut que de 40 voix sur 2.188 votants. Pourquoi, sur un point qui nous paraît minime, une telle division qui coupait le concile en deux ?

Au-delà des textes, l'intégration de Marie dans l'Eglise était loin d'être une évidence. Le concile devait se prononcer à la fois sur la nature de l'Eglise et sur une certaine vision de la doctrine mariale. Ce vote historique touchait donc des points sensibles de la foi catholique et reflétait les hésitations qui habitent encore aujourd'hui le cœur de bien des chrétiens, concernant la place et la mission de Marie dans l'Eglise.

Sans entrer dans des polémiques stériles, ces trois exposés veulent projeter quelque lumière sur la place et la mission de Marie dans l'Eglise telle que la présente le concile Vatican II, les Papes Paul VI et Jean-Paul II. Il est clair que la Mère de Dieu semble comme ignorée aujourd'hui par bien des croyants. En réalité ils ont perdu la " dévotion " envers la Sainte Vierge et ils sont en quête de ce que dit la foi chrétienne à son sujet.

Comme le concile, situons Marie dans l'Eglise. Le titre même du chapitre 8 de la Constitution sur l'Eglise, Lumen gentium (en abrégé désormais: LG.), donne une orientation de base: La bienheureuse Vierge Marie Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l'Eglise. Cet admirable chapitre marial, le plus important jamais proposé par un concile, reste encore trop ignoré par bien des catholiques.

La réflexion menée ici prend appui sur l'histoire de Marie telle que les textes bibliques nous la proposent. Une analyse détaillée de ces textes est sous-jacente au texte de ces trois exposés.

 Marie a existé avant Jésus comme femme juive, femme de l'Alliance. Elle devint Mère du Christ et fut associée à sa mission de salut qui est de faire naître l'Église au Calvaire: premier exposé. Ensuite la Mère de Jésus est activement présente dans l'Église confirmée par l'Esprit, à la Pentecôte. Cette Eglise vit le temps de l'espérance, orientée vers le retour du Christ glorieux: deuxième exposé.

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 Au bout de ce parcours historique, nous disposerons d'un ensemble de données qui nous permettront d'expliciter, selon la foi, notre relation filiale à Marie: troisième exposé.

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1ère conférenceMARIE IMMACULEE,

FEMME DE L'ALLIANCE BIBLIQUE

Dieu prépare chaque personne à sa vocation et lui donne les grâces pour remplir sa mission. C'est le cas pour Marie, la Mère de Jésus. Elle fut choisie pour devenir la Mère du Messie-Sauveur. Dieu l'a sanctifiée dès sa conception, il l'a appelée à une vie sainte, toute orientée vers le Seigneur. Ainsi préparée, elle a pu, le jour de l'Annonciation, répondre oui à Dieu, dans la joie et la liberté.

ROUTE DE MARIE, CHEMIN DE DIEU

Marie est cette femme juive que saint Luc présente, pour la première fois dans l'Ecriture, lorsque l'ange Gabriel lui est envoyé par Dieu. Une tradition dit qu'elle est née de saint Joachim et de sainte Anne. Son enfance nous est si peu connue. Mais la beauté de son âme et sa grâce apparaissent à qui prend la peine de se pencher sur l'Ecriture et de la Tradition chrétienne.

Marie la femme « comblée de grâce »Error: Reference source not found

La future Mère de Dieu, dès sa conception, a été et est encore comblée de grâce, comme le lui révélera l'ange Gabriel (Lc 1, 28). En Eglise nous avons pris l'habitude de dire que Marie a été conçue sans péché, ce qui est l'aspect négatif d'un mystère de la prévenance divine qui l'investit dès son origine et la rend sainte.

SAINTE ET IMMACULEE EN SA PRESENCE

Nous, pécheurs, nous avons besoin de la double dimension exprimée dans la conception de Marie: pardon du péché et plénitude de grâce. Et voici que nous découvrons que Dieu fait, pour l'Église entière, ce qu'il fait à notre baptême et ce qu'il a fait pour Marie en sa sainte conception. En effet, Dieu nous a élus dans le Christ dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence dans l'amour (Ep 1, 4). Ce que l'Église doit devenir, Marie l'est depuis sa première origine. Dieu la fait dès son commencement comme il veut que l'Église soit en son achèvement. Une telle situation montre combien Marie et l'Église sont liées dans le vouloir de Dieu. Pourquoi donc le sont-elles si peu dans notre foi vécue ?

Situons d'abord Marie par rapport à l'histoire de son peuple. En cette enfant sainte, Dieu amène à son accomplissement, à sa perfection, la sainteté du peuple de Dieu. Jésus dira plus tard qu'il est venu non pas abroger la Loi ou les Prophètes, mais il est venu tout accomplir (Mt 5, 17). En vue de la préparer à devenir la digne Mère du Christ, Dieu donne à Marie en plénitude ce qu'il a voulu trouver dans son

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peuple à qui il répète par ses prophètes: Soyez saints car je suis Saint (Lv 19, 2). En la fille d'Anne et de Joachim, Dieu amène à la plénitude la sainteté qu'il avait fait grandir dans son peuple. Tous les saints de l'ancienne Alliance peuvent regarder Marie et se reconnaître en elle.

En créant Marie, la Toute-Sainte, Dieu commence à faire accéder le monde à la plénitude du temps, au moment fixé par Dieu pour envoyer son Fils qui va naître d'une femme (Ga 4, 4). La Mère est déjà là; le Fils suivra, c'est sûr maintenant. Marie, sainte et immaculée, aujourd'hui encore, a pour mission de préparer l'accueil du Sauveur, d'attendre avec elle celui qui doit venir.

VERS LA NOUVELLE JERUSALEM

En la conception sainte et sans péché de Marie, Dieu crée donc, suite à une longue préparation, un nouveau départ pour l'humanité. Il met en route l'étape décisive de son dessein d'amour et de miséricorde.

Peut-on comparer la conception immaculée de Marie à la création originelle ? Adam et Eve en effet furent aussi créés saints et sans péché. Cependant, la conception immaculée de Marie n'est pas un retour au paradis perdu. Elle est, selon l'Ecriture, la pose de la première pierre de la Cité sainte, la Jérusalem Nouvelle, qui descend de chez Dieu (Ap 21, 2). Cette conception sainte de Marie est donc le commencement de l'Église, déjà présente en germe en la future Mère du Sauveur.

Cette plénitude de grâce est d'ailleurs offerte à Marie comme un don anticipé venant du sacrifice que Jésus offrira sur la Croix. Il est vrai que tous les hommes, avant le Christ, sont sauvés en considération de l'offrande rédemptrice de Jésus. Ce qui est propre à la conception immaculée de Marie, c'est la plénitude de la grâce reçue. Non seulement elle est, comme les autres hommes, sauvée du péché mais Dieu, dans l'amour spécial qu'il porte à la future Mère de son Fils, l'a préservée de tout péché.

Telle est la grande nouveauté de cette grâce première accordée à Marie. En elle, commence cette Eglise en laquelle la foi reconnaît une sainteté indéfectible, comme s'exprime Lumen gentium, car le Christ. . . a aimé l'Église comme son épouse et s'est donné pour elle afin de la sanctifier (Cf Ep 5, 25-26) (LG. n° 39). Ce que le Fils de Dieu fera pour son Eglise, il l'a d'abord fait, de façon plénière, pour sa Mère.

Cette sainteté est encore toute cachée dans le coeur de Marie. En elle Dieu met en route un monde nouveau, sauvé par son Fils. En elle commence la nouveauté de l'Évangile comme bonne Nouvelle. Le vin meilleur que Marie obtient de Jésus à Cana, symbolisera ce nouveau Testament qui a germé en sa propre personne dès sa première origine.

Il n'est pas étonnant, commente le concile, que les saints Pères appellent communément la Mère de Dieu la Toute Sainte, celle qui est indemne de toute tache du péché, celle qui est façonnée et formée comme une nouvelle créature par l'Esprit-Saint. Elle est ornée dès le premier instant de sa conception des splendeurs d'une sainteté tout à fait singulière (LG. n° 56).

Femme conçue dans la sainteté, Marie pourra être, en coopération avec l'Esprit Saint, à tous les départs vers la sainteté: baptême, conversions, réconciliations, retraites, choix d'un état de vie; missions, synodes, conciles,

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lorsqu'il s'agit de l'Église. Ceux qui s'approchent d'elle sont provoqués à progresser en sainteté, à vivre avec une profondeur toujours nouvelle les exigences de leur baptême. Marie conçue sans péché apprend aussi aux chrétiens à redécouvrir toute la richesse du sacrement de la réconciliation, sacrement qui les fait croître en sainteté tout en leur pardonnant leurs péchés.

Marie, Vierge sainte

Marie est née, elle a grandi. Dès qu'elle a pris conscience d'elle-même, la voici intérieurement portée, en un geste d'amour oblatif, à répondre au choix que le Dieu de l'Alliance a fait d'elle. La fête de la Présentation de Marie, le 21 novembre, veut célébrer cette première consécration de Marie à Dieu.

CONSECRATION VIRGINALE

Cette première offrande de la jeune Marie est aussi totale et plénière, que l'est sa grâce. Désormais cette enfant ne veut et ne peut être qu'à Dieu en une appartenance exclusive, virginale. L'ange Gabriel la trouvera plus tard fidèle à cette première consécration: comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge ? (Lc 1, 34).

La voici donc, Marie, la Vierge sainte ! L'Esprit de Dieu lui a fait saisir qu'elle était appelée à vivre un état virginal selon l'Alliance. Elle est, en sa personne, la fiancée de Yahvé (Cf. Os 2, 21-22), le symbole achevé de son peuple qui répond à son Dieu dans la tendresse de l'amour et avec une totale fidélité. En elle se réalise pleinement cette Alliance nouvelle annoncée par Jérémie en faveur du peuple renouvelé par son Dieu, (31, 31-34).

Désormais Marie, exempte de tout péché, dotée par son Dieu d'un coeur de chair (Ez 36, 25-26), appartient à Dieu seul et pour toujours. Elle s'abandonne à lui. Que sera son avenir ? La réponse, son Dieu la lui révélera en son temps. En effet, lorsque l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth, à une vierge, il trouvera celle-ci ouverte à Dieu et disponible pour accomplir sa Parole (Lc 1, 26).

VIRGINITE DE MARIE, VIRGINITE DE L'EGLISE

La virginité de Marie, comme sa grâce, est symbole et commencement de celle même de l'Église. Mieux que l'apôtre Paul, Marie peut dire aux siens: j'éprouve à votre égard une jalousie divine; car je vous ai fiancés à un époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ (2 Co 11, 2).

L'Eglise, comme Marie et avec elle, appartient à Jésus Christ en une virginité spirituelle qui la pousse à donner la priorité à l'amour pour son Maître et Seigneur. Elle s'attache à lui par une foi indéfectible inspirée par cet amour unique, une foi qui jaillit de son coeur. Ne répète-t-elle pas sans se lasser, depuis les temps apostoliques, je crois en Dieu, je crois en Jésus Christ, je crois en l'Esprit Saint ? Et elle a toujours lutté pour maintenir intègre et plénière cette foi du coeur, expression de sa virginité spirituelle.

Marie, la Vierge sainte, exerce très tôt, au sein de l'Église, une attirance sur bien des chrétiens et des chrétiennes et leur fait entrevoir comme une bonne chose (Cf.

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1 Co 7, 26), un état de vie semblable au sien, celui de vierge qui a souci des affaires du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur (1 Co 7, 32). Il revient à la Vierge Marie, autrefois comme aujourd'hui, de rester le témoin de la valeur de la virginité chrétienne, de la vie consacrée exclusivement au Christ, aimé plus que quiconque et à son service au milieu des frères.

Cependant, comme le remarque justement Paul VI, en contemplant la Vierge, telle qu'elle est proposée dans l'Évangile. . . on se rendra compte que le choix par Marie de l'état virginal, qui dans le plan de Dieu la préparait au mystère de l'Incarnation, ne fut point fait de fermeture aux valeurs de l'état conjugal, mais constitua un choix courageux, accompli pour se consacrer totalement à l'amour de Dieu (Paul VI, Le culte marial aujourd'hui, n° 37). Elle nous apprend donc et nous dispose à exprimer nos propres réponses d'amour à Dieu, car chacun reçoit de Dieu son don particulier, celui-ci d'une manière, celui-là d'une autre (1 Co 7, 7) afin de manifester au monde la richesse de la grâce du Christ Seigneur.

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Marie la croyante, Femme de l'Alliance

Femme juive croyante, Marie, tout normalement, vit de la Bible. Sa structure spirituelle et sociale est biblique. Elle croit de tout son coeur en Yahvé qui est le Dieu de son peuple, devenu par l'Alliance son Dieu. Elle prie avec les psaumes. De-vant Dieu elle se voit comme une humble servante qui cherche à faire la volonté de son Seigneur. Elle est au premier rang de ces humbles et de ces pauvres du Seigneur qui attendent le salut avec confiance, et reçoivent de lui le salut (LG. n° 55). Entrons plus avant dans la manière dont Marie a vécu sa foi biblique.

DE L'ANCIENNE A LA NOUVELLE ALLIANCE

Vivre avec Marie c'est apprendre d'elle à croire selon l'Ecriture. Par toute sa vie, Marie fait voir comment passer de l'ancien Testament au nouveau, comment l'un a préparé l'autre, car le dessein de Dieu est unique et s'inscrit dans toute l'histoire de l'humanité. Toute la Bible, ancien et nouveau Testament, manifeste la pédagogie de l'Esprit Saint qui veut amener progressivement les hommes à redevenir, dans le Christ, fils et filles de Dieu notre Père.

Marie fait le lien entre l'ancien et le nouveau Testament. En elle s'achève la préparation et commence la réalisation du salut en Jésus Christ. Avant d'être écrit, le nouveau Testament a été vécu par Marie, la Femme de l'Alliance. Par toute sa vie elle entre dans cette relation d'amour réciproque qui relie Dieu à l'humanité et celle-ci à son Dieu.

Marie a vécu le passage du judaïsme au christianisme. Sa foi de femme juive au Dieu d'amour lui a permis de franchir la frontière religieuse qui enferme encore aujourd'hui le peuple de l'ancienne Alliance dans son attente du Messie. Marie, l'humble Fille de Sion, saura le reconnaître dès qu'il lui sera annoncé par l'ange Gabriel.

On peut donc penser qu'aujourd'hui encore la mission de Marie est de faire passer son peuple de la Loi à la Foi en Jésus Christ. Ce fut la grande préoccupation de saint Paul qui l'exprime dans sa lettre aux Romains, chapitres 9 à 11. Plus que Paul et peut-être avec des mots plus maternels, Marie peut dire : Le voeu de mon coeur et ma prière à Dieu pour eux, c'est qu'ils parviennent au salut. Car, j'en suis témoin, ils ont du zèle pour Dieu, mais c'est un zèle que n'éclaire pas la connaissance: en méconnaissant la justice qui vient de Dieu et en cherchant à établir la leur propre, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. Car la fin de la loi c'est le Christ, pour que soit donnée la justice à tout homme qui croit (Rm 10, 1-4). Faire passer de la Loi à la Foi, du légalisme à l'amour du Christ, cela est aussi une conversion que doivent faire les chrétiens.

LA FOI DE MARIE : UNIR PAROLE ET EVENEMENTS

Oui, Marie a comme mission de nous initier à une foi semblable à la sienne. La foi de la sainte Vierge ne s'est jamais enfermée dans la Loi, mais, en Femme de l'Alliance, elle se réfère constamment à la Parole de Dieu et donc à ce que Dieu veut. Une telle foi, très inconfortable pour nos sécurités, laisse l'avenir ouvert.

Saint Luc, dans le récit de la naissance de Jésus, souligne la manière unique dont Marie réagit aux paroles des bergers (2, 19). Dans son coeur, elle a besoin de garder ensemble et de confronter ces paroles de révélation avec les événements

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qu'elle vient de vivre: donner naissance à son enfant qui est son Dieu. Alors devait surgir en elle une grave question: comment élever ce petit qui est à la fois son fils et son Dieu ?

Face à nos propres questionnements, la Mère de Jésus nous invite à chercher des réponses conformes à la volonté de Dieu dans la méditation de foi. Comme elle, il nous faut confronter la Parole de Dieu avec nos événements et tendre à mettre nos actes sous la lumière de la Révélation divine pour qu'ils deviennent histoire sainte, notre histoire humaine inspirée et orientée par le Dieu Saint.

LA FOI COMME REPONSE A L'ALLIANCE

Cette foi, ouverte à Dieu et aimante, a structuré la vie spirituelle de Marie. Femme de l'Alliance, elle cherche en toute sa vie à répondre au Dieu de l'Alliance. Il existe entre eux deux une profonde connivence d'amour. Quand Moïse au Sinaï cé-lèbre l'Alliance entre Dieu et le peuple sorti d'Egypte, celui-ci exprime son adhésion par ces simples mots: Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons, (Ex 24, 7). Telle est la foi de Marie. Le dire de Dieu appelle et provoque son faire à elle : Qu'il me soit fait selon ta parole, répond-elle à l'ange. Et son dernier mot retenu par l'Ecriture est adressé aux servants des noces de Cana: Faites tout ce qu'il vous dira, (Jn 2, 5).

Un véritable amour pour Marie est donc pour nous une constante invitation de sa part à référer, comme elle, notre propre vie à la Révélation biblique, particulièrement à l'Évangile. Avec Marie peut prendre forme en nous une spiri-tualité de l'Alliance, c'est-à-dire un amour qui soit réponse à celui que Dieu nous témoigne le premier, un amour réciproque, un amour qui nous inspire aussi à nous offrir généreusement à Dieu pour le bien de son Peuple.

Marie, la Femme de l'Avent biblique

Rejoignons Marie au moment où Dieu va lui envoyer son ange, quand est arrivée la plénitude du temps, son accomplissement (Ga 4, 4). Alors Marie achève son Avent biblique. Comme ses contemporains et plus qu'eux, elle attendait celui qui doit venir (Le 7, 19), le Messie de Dieu. Elle était tendue vers un avenir lumineux, une aurore avant le jour. Bien des textes bibliques que l'Église relit et médite durant le temps de l'Avent, conviennent merveilleusement à la future Mère du Messie. En cette Femme de l'Alliance, l'attente de son peuple s'accomplit. La longue espérance vécue par les siens et qui culmine en Marie, va devenir réalité.

L'AVENT, VRAI MOIS DE MARIE

Rien d'étonnant donc que, dans l'Église postconciliaire, Paul VI ait voulu souligner que le temps de l'Avent est le vrai mois de Marie, selon la liturgie. Outre l'occasion de la solennité du 8 décembre où l'on célèbre conjointement la Conception immaculée de Marie, la préparation fondamentale (cf Is 11, 1. 10) à la venue du Sauveur et l'heureuse aurore de l 'Eglise sans ride ni tache, la liturgie rappelle fréquemment la figure de la Vierge. . . De cette façon, les fidèles qui avec la liturgie, vivent l'esprit de l'Avent, en considérant l'amour ineffable avec lequel la Vierge Mère attendait le Fils, seront amenés à la prendre comme modèle et à se préparer à aller à la rencontre du Sauveur qui vient, Error: Reference source notfound (Paul VI, Le culte marial aujourd'hui, n° 3-4).

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Marie nous aide aussi à mieux vivre le sens eschatologique de l'Avent. Nous voulons faire observer également que la liturgie de l'Avent, en unissant l'attente messianique et l'attente du retour glorieux du Christ avec la mémoire pleine d 'admiration de sa Mère, présente un heureux équilibre cultuel qui peut être pris comme règle pour empêcher toute tendance à séparer, comme il est arrivé parfois dans certaines formes de piété populaire, le culte de la Vierge de son point de référence indispensable: le Christ.

Il en résulte que cette période, comme l'ont fait observer les liturgistes, doit être considérée comme un moment particulièrement adapté au culte de la Mère du Seigneur ; Nous confirmons cette orientation et souhaitons que partout on l'accueille et la suive (ibidem. n° 4). L'Avent, une période durant laquelle, de façon privilégiée, piété mariale et culte liturgique se rencontrent et se soutiennent.

L'AVENT MARIAL DE L'AN 2.000

Le Pape Jean-Paul II va encore plus loin. Pour lui, le fait que Marie précède la venue du Christ, fait qui se trouve reflété chaque année dans la liturgie de l'Avent, invite l'Église à célébrer un Avent marial. Car les années qui nous séparent de la conclusion du deuxième millénaire après le Christ et du commencement du troisième millénaire peuvent être rapprochées de cette antique attente historique du Sauveur.

L'invitation est claire et plusieurs fois répétées : l'Église entière doit se préparer à célébrer, au début du vingt et unième siècle, le deux millième anniversaire de la naissance du Christ. Et la meilleure manière de le faire est de mettre en relief la présence unique de la Mère du Christ dans l'histoire, particulièrement au cours de ces dernières années avant l'an 2.000 (Jean-Paul II, La Mère du Rédempteur, n° 3, 48-50). Tel est le sens de lavent marial inauguré par l'année mariale de 1987-1988, temps qui est à vivre, avec la Mère de Jésus, jusqu'au troisième millénaire chrétien. Une telle initiative met en un singulier relief à quel point Marie incarne l'espérance de notre monde qui attend un Sauveur.

Avant la naissance du Christ, Marie est la Femme juive en qui son rassemblées en plénitude toutes les attitudes bibliques fondamentales. Vécues par la Vierge très sainte, celles-ci ont mari, sous l'action de la grâce déjà chrétienne reçue par l'immaculée. En Marie, ces dispositions fondatrices sont devenues des vertus évangéliques. Liée virginalement au Dieu de l'Alliance, Marie est ouverte à l'avenir que ce Dieu d'amour lui prépare. Elle est prête à lui dire un oui total et définitif, au nom de toute l'humanité qu'elle va engager, avec elle, dans le mystère du Christ et de son Eglise.

ROUTE DE MARIE, CHEMIN DU CHRIST

Après la contemplation de cette longue et féconde préparation de Marie à sa vocation, il faut nous arrêter maintenant au fait central de l'histoire humaine, le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu. Marie reçoit la visite de l'ange Gabriel, envoyé par Dieu. La Femme de l'Alliance ancienne va entrer dans la nouvelle et éternelle Alliance en Jésus et entraver avec elle toute l'humanité. La croyante juive

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choisit alors de devenir pleinement chrétienne car le Nom du Christ Sauveur, Jésus, lui est révélé et, de tout coeur, elle lui donne sa foi.

Sa présentation à Dieu a préparé Marie à s'engager, à s'offrir, à se consacrer entièrement à son Fils et à être associée, en une intime communion, à sa mission de Sauveur. Commence alors pour la Mère, devenue disciple et coopératrice de son Fils, un long cheminement dans la foi, l'espérance, la charité et l'union au Christ qui est sa participation maternelle au mystère du salut réalisé par Jésus Christ.

Marie choisit de devenir la Mère de Jésus Sauveur

Toute la mission de Jésus Sauveur, en sa vie terrestre, consiste à établir l'Alliance nouvelle et éternelle. Car en son Fils Jésus, Dieu veut sceller entre lui-même et l'humanité un pacte d'amour définitif qui se vit dans l'Église.

« ET LE VERBE S’EST FAIT CHAIR »Error: Reference source not found

L'union des deux natures, la divine et l'humaine, en l'unique personne du Fils de Dieu, est la parfaite réalisation de l'Alliance entre Dieu et les hommes. Jésus est Dieu et Homme à la fois et pour toujours. Cela ne pouvait être que l'oeuvre de Dieu et comme telle, elle est d'emblée parfaite et définitive.

Marie, active et coopérante

Cependant ce mystère du Dieu fait homme ne s'est pas réalisé sans la participation consciente et active de Marie, la Mère de Jésus. Le récit de l'Annonciation, (Lc 1, 26-38) met en lumière les réactions et les paroles de Marie qui manifestent sa participation consciente et libre dans cette Alliance divine.

Elle accueille dans la foi la salutation puis la double annonce de l'ange. Ses réactions sont celles d'une croyante. Elle éprouve la crainte révérencielle devant Dieu. Elle écoute les paroles de l'ange, médiateur d'alliance, comme des paroles de Dieu. Elle réfléchit et pose sa question à l'intérieur de la foi avant de s'engager librement comme Femme de l'Alliance en qui le dire et le faire, la parole et les actes ne font qu'un: Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole ! Et voici Marie, de par l'Esprit Saint, devenue Mère du Fils de Dieu, Mère de Dieu en sa nature humaine.

Marie, Mère de Dieu

L'Eglise a très tôt reconnu Marie comme la Error: Reference source not found, la Théotokos, qu'elle honore à juste titre d'un culte spécial. . . C'est surtout à partir du Concile d 'Ephèse que le culte du peuple de Dieu envers Marie, à la fois vénération et amour, prière et imitation, grandit admirablement, selon la prophétie de Marie elle-même : , (Lc 1, 48-49). A la suite de cette affirmation de la grandeur de Marie, le concile Vatican II tient à préciser: Tandis que la Mère est honorée, le Fils pour qui tout existe et en qui Error: Reference source not found au Père éternel Error:Reference source not found (Col 1, 19), est reconnu comme il convient, aimé, glorifié et obéi (LG. n° 66-67). L'élévation de la Mère lui vient de la divinité de son Fils.

VIVRE LA FOI AVEC MARIE10

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Ce que l'Église apprend de Marie en son Annonciation ainsi que par le reste de sa vie, c'est surtout le discernement dans la foi afin de s'engager lucidement et pleinement, chacun dans sa propre vocation au service du Sauveur. Marie est une excellente conseillère dans nos choix parfois difficiles.

Prier la Mère de Dieu

Prier Marie, méditer sa vie évangélique, est source de lumière et de courage. Accueillir les projets de Dieu n'est pas toujours chose aisée. Ne nous arrive-t-il pas de penser qu'il en demande trop ? L'exemple de Marie en son Annonciation et notre prière stimulent la générosité dans nos décisions et nos engagements.

Pour garder ce mystère de l'Incarnation présent dans leur vie, pour baigner dans son atmosphère de foi et d'amour, bien des chrétiens ont maintenu ou repris la prière de l'Angélus, matin, midi et soir, aux trois moments caractéristiques de la journée qui délimitent les périodes d'activité et constituent une invitation à prendre un moment pour prier. Cette prière a une structure très simple. Trois textes bibliques et trois Ave Maria puis un verset et une oraison liturgique dans laquelle nous faisons référence à l'Incarnation ainsi qu'au mystère de la mort et de la résurrection du Christ. Excellente prière mariale, selon Paul VI qui la recommande aux chrétiens dans son Exhortation, Le culte marial aujourd'hui, n° 41.

La Foi de la Mère de Dieu

De façon plus approfondie, le comportement de foi de Marie en son Annonciation nous invite à une vie de foi intériorisée et réfléchie. A l'école de Marie et aujourd'hui très spécialement, la Error: Reference source not found ne peut plus avoir cours en une Eglise tout entière missionnaire. Les chrétiens sont interrogés de mille manières en un monde qui ne les comprend plus, en un monde qui se veut indépendant de Dieu tandis que les hommes d'aujourd'hui se construisent des systèmes de pensée et des religions naturelles qui rejettent la foi chrétienne.

La foi de Marie est celle d'une femme humble et habituée, dans la prière, à fréquenter Dieu. Contrairement à Zacharie (Lc 1, 18), elle ne demande pas de signe comme font les sceptiques, mais elle pose, à l'intérieur de la foi, la question dont la réponse doit lui apporter la lumière: Comment cela se fera-t-il ? Marie est théologienne car elle cherche, de toute son intelligence, à comprendre le sens et le contenu de la Parole de Dieu, à saisir comment cette Parole peut se réaliser pour elle, en elle. Et la réponse lui est donnée immédiatement par l'ange: L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu, (Lc 1, 35).

Lorsque l'apôtre Thomas rencontre Jésus ressuscité, celui-ci lui dit : Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu. (Jn 20, 29). Cette béatitude s'applique aux chrétiens qui ont cru sur le témoignage des Apôtres, de l'Église, sans avoir vu Jésus. Telle est la foi de l'Église. Telle fut déjà la foi de Marie qui crut à la parole de l'ange.

Saint Elisabeth, inspirée par l'Esprit Saint, béatifie sa cousine pour un autre aspect de sa foi. A la Visitation, Marie s'entend dire: Oui, bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur, (Lc 1, 45). Ici nous ne sommes plus à la source de la foi comme témoignage reçu, mais à son résultat, l'accomplissement de la foi. Et pour Marie à l'Annonciation, ce résultat était encore bien invisible et insensible. Cependant de tout son coeur elle croit, car rien n'est impossible à Dieu, lui avait affirmé l'ange. Cette simple parole lui suffisait.

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La foi de Marie comme celle de l'Église n'est pas seulement de croire au témoignage reçu mais aussi à l'accomplissement des promesses de Dieu, même lorsqu'elles sont encore enveloppées dans l'avenir et inconnues de nous. Alors la foi devient engagement.

Marie s'engage envers Jésus Sauveur

Quel fut le premier acte de la toute nouvelle Mère de Jésus en cet instant plein de mystère où le Verbe en elle s'est fait chair ? Des auteurs, des prédicateurs ont donné bien des réponses à cette question. Le concile Vatican II a avancé la sienne. Voyons-la de plus près.

MARIE SE CONSACRE A SON FILS

En Lumen gentium n° 56, le concile écrit que Marie, à ce moment-là, s'est consacrée totalement comme servante du Seigneur à la personne et à l'oeuvre de son Fils. Cette consécration elle l'a faite de plein coeur, sans être entravée par aucun péché. L'Immaculée seule pouvait faire une offrande aussi parfaite. Depuis sa première Error: Reference source not found à Dieu, elle a mûri, l'Esprit Saint l'a façonnée et formée comme une nouvelle créature. Maintenant qu'elle porte en elle, de façon consciente mais encore insensible, le Fils de Dieu, que peut-elle faire sinon de s'offrir à Lui qui vient de se donner à Elle: simple réponse d'amour à celui qui l'a aimée le premier.

En vraie chrétienne, Marie a compris dans la lumière de l'Esprit, que désormais se consacrer à Dieu c'est se consacrer à Jésus. L'Eglise la suivra sur cette route du don total au Christ Sauveur. Tant de chrétiens, mus par un amour sponsal envers Jésus, vont, à la suite de Marie, lui consacrer toute leur vie. Et voilà que Marie de Nazareth est à l'origine de la démarche qui constitue toute consécration religieuse dans l'Église.

La Mère de Jésus acquiert, par sa consécration à son Fils, une nouvelle qualité : elle sera l'épouse de son Fils. Envers lui, elle va investir tout son amour sponsal et vivre à un niveau unique le premier commandement de toute la Bible: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force (Mc 12, 30). Mais aimer sans coopérer, est-ce la plénitude de l'amour ?

MARIE SE CONSACRE A LA MISSION DE SON FILS

Le Fils et sa mission sont inséparables. Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, ad n que quiconque croit en lui ne se perde pas mais ait la vie éternelle (In 3, 16). Marie vient d'accueillir le don du Père. Elle devient, par l'Esprit Saint, Mère du Fils envoyé en mission sur terre. En se consacrant à Lui, elle s'engage à coopérer à sa mission de Sauveur du monde. Servante du Seigneur, elle devient Servante de son Fils.

La volonté de Dieu qui est de sauver les hommes, Marie la fait totalement sienne, elle l'embrasse de plein coeur. Elle portera désormais et jusqu'à la fin des temps, le souci du salut de tous les hommes. Car dans le mystère de l'Incarnation du Sauveur, le salut de l'humanité est déjà inscrit, il en est même le but. En devenant

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Mère du Christ qui est la Tête de l'Église, elle commence à devenir Mère du Corps ecclésial lui-même, mère de tous les hommes à sauver.

Cet engagement de Marie devient exemplaire pour l'Église et pour chacun de ses membres. Désormais recevoir et accueillir, comme Marie, le Christ grâce aux sacrements du baptême, de confirmation et d'eucharistie, entraîne nécessairement un engagement au service de la mission du Christ.

Exigences de la mission

La double démarche de Marie, se consacrant à la personne et à la mission de son Fils, est en fait une unique démarche. Pour avoir part à la mission, il faut d'abord se consacrer à la personne du Sauveur. Telle est une exigence fondamentale de toute Alliance d'amour. Pour aller jusqu'au bout avec quelqu'un et maintenir le dynamisme de son action, il faut entre les deux personnes un lien d'appartenance.

Parce que l'Église appartient à son Seigneur, elle se doit, en ce même amour sponsal, d'embrasser la mission du Sauveur. Pour s'engager au nom du Christ, et surtout pour persévérer dans cet engagement, il est logique de lui appartenir. De cette priorité de l'être sur le faire, Marie reste le meilleur exemplaire. Pas d'amour du Christ sans amour des hommes, mais à l'inverse aussi, pas d'amour des hommes sans amour du Christ, tel est un message essentiel de la jeune Mère de Jésus à toute l'Église.

Marie montre aussi à l'Église et à ses membres la plus parfaite manière de servir l'oeuvre du Sauveur. Le texte de Vatican II précise que Marie est toute au service du mystère de la Rédemption en dépendance de son Fils et en union avec lui, par la grâce du Dieu Tout Puissant (LG. n° 56). Car elle est Fille d'Adam comme nous. Jésus est premier. Marie coopère à sa mission en Servante qui dépend de lui.

Saint Matthieu, au chapitre 2 de son évangile, souligne discrètement qu'à partir de la naissance de Jésus, c'est lui, l'enfant, qui est premier. Les mages virent l'enfant avec Marie sa mère (Mt 2, 10). Pour fuir en Egypte, Joseph prit avec lui l'enfant et sa mère et il fit de même à son retour (Mt 2, 13-14. 20-21). Jésus, dès sa naissance, conditionne la vie de ses parents. Ils sont à son entier service, attentifs à faire la volonté de Dieu sur l'Enfant. N'est-ce pas l'authentique attitude de tout disciple qui répond à l'appel du Maître, viens et suis-moi ?

La grâce de la mission

Servir le mystère du salut des hommes n'est pas une occupation que Marie pourrait prétendre gérer elle-même, c'est une vocation divine, fruit d'une grâce du Dieu Tout-Puissant. Marie n'avait aucun droit ni à devenir la Mère du Christ ni à être as-sociée à tous ses mystères. Elle y fut préparée et appelée par un don gratuit de Dieu. L'Eglise n'a pas non plus à accaparer la mission; elle la reçoit sans cesse de son Seigneur et de l'Esprit Saint qui prolonge et mène à terme celle du Christ. La mission est une grâce et non un dû. Personne n'a le droit de la gérer à sa façon, mais le devoir de la servir. Elle est à accomplir en dépendance et en union avec le Christ, sous la direction de l'Esprit.

Aussi le Concile peut-il conclure que Marie ne fut pas un instrument purement passif dans les mains de Dieu, mais qu'elle coopéra au salut de l'homme dans la liberté de sa foi et de son obéissance. Marie, maîtresse de tout engagement ecclésial : dans la liberté de sa foi elle adhère pleinement à son Fils et Sauveur en se

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consacrant à lui; dans la liberté de son obéissance elle coopère, comme humble Servante entièrement dévouée, à la mission de son Fils, Sauveur des hommes.

Marie vit en communion avec Jésus Sauveur

Cette donation-consécration totale et irrévocable de la Mère à son Fils et à sa mission, il s'agit maintenant pour elle de la vivre tout au long de sa nouvelle existence de Mère. Le Concile, en évoquant le mystère du Christ (LG. n° 57-59), a volontairement mis en grande lumière cette union de la Mère avec son Fils dans l'oeuvre de la Rédemption qui se manifeste depuis le moment de la conception virginale du Christ jusqu'à sa mort (n° 57).

MARIE ASSOCIEE A TOUS LES MYSTERES DE JESUS

Il faudrait citer ici toute l'intéressante présentation que fait le Concile en Lumen gentium, n° 57-59. En voici quelques aperçus. A la Visitation qui est, avec l'Annonciation, la Pentecôte personnelle de Marie, celle-ci se porte en hâte vers Elisabeth. Le précurseur est sanctifié et Marie proclamée bienheureuse à cause de sa foi dans la promesse du salut.

Cette union se manifeste ensuite à la Nativité, lorsque la Mère de Dieu, toute joyeuse, montra aux bergers et aux mages son Fils premier-né. Puis elle le présenta au Seigneur dans le Temple où elle reçut l'annonce que le Fils serait un signe de contradiction et qu'une épée transpercerait l'âme de la mère. A douze ans, Jésus, en un acte prophétique, révèle à ses parents ce que serait sa mission future et sa passion. Les parents ne comprirent pas les paroles du Fils. Sa mère méditait et conservait toutes ces choses en son coeur.Durant la vie publique de Jésus, sa Mère fait des apparitions qui sont pleines de sens. A Cana, elle provoque par son intercession le premier des miracles de Jésus-Messie. Pendant la prédication de Jésus, elle entendit les paroles où son Fils, plaçant le Royaume au-dessus des rapports et des liens de la chair et du sang, pro -clama bienheureux ceux qui écoutent et gardent la parole de Dieu, ainsi qu'elle le faisait avec f délité (Cf Lc 2, 19 et 51).

Ainsi même la bienheureuse Vierge progressa sur le chemin de la foi, et elle resta fidèlement unie à son Fils jusqu'à la croix Là, ce n'est pas sans réaliser un dessein divin qu'elle se tint debout; elle souffrit profondément avec son Fils unique et s'associa de toute son âme maternelle à son sacrifice, acquiesçant avec amour à l'immolation de la victime qu'elle avait engendrée. Finalement, le même Christ Jésus, mourant sur la croix, la donna pour mère au disciple, en disant: Error:Reference source not found. (Cf Jn 19, 26-27).

MARIE « NOTRE MERE »Error: Reference source not found

Ce rapide survol de la vie de Jésus mérite d'être médité, approfondi car les textes évangéliques sont très riches et explicitent bien des aspects des mystères du Christ. La coopération de Marie avec le Sauveur, tout au long de sa vie, a fait d'elle la Mère spirituelle de l'humanité.

Jésus en croix révèle et proclame cette maternité qui est voulue par Dieu dans la prédestination de Marie et qui se réalise dans sa participation aux mystères du

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salut. Lumen gentium est très explicite sur cette vérité dont vivent les chrétiens: Marie est notre Mère.

La bienheureuse Vierge, dont la prédestination à la maternité divine est allée de pair, de toute éternité, avec celle de l'Incarnation du Verbe de Dieu, fut sur cette terre, par disposition de la divine Providence, la noble Mère du divin Rédempteur, l'associée du Seigneur la plus généreuse qui fût, et son humble servante.Elle, qui a conçu le Christ, l'a enfanté, l'a nourri, I'a présenté au Père dans le temple, qui a souffert avec son Fils mourant sur la croix, elle a coopéré, d'une manière toute spéciale, à l'oeuvre du Sauveur par son obéissance, sa foi, son espérance et son ardente charité. Elle a vraiment collaboré à la restauration de la vie surnaturelle dans les âmes. Voilà pourquoi elle fut pour nous une mère dans l'ordre de la grâce, (LG. n° 61).

MARIE DISCIPLE DE SON FILS

Grâce à sa foi, à son amour et à son obéissance, la Mère de Jésus a pu vivre très unie à son Fils et communier au sens de sa vie et de sa mission. En même temps que Mère, Marie fut aussi, toute sa vie, disciple de son Fils. Elle se met à son écoute, car elle sait que lui seul a des paroles de vie éternelle (Jn 6, 68). Ces paroles, elle les accueille avec joie et avidité spirituelle. Et lorsqu'elle ne les comprend pas immédiatement, elle les garde dans son coeur (Lc 2, 19), les confronte avec les événements pour en tirer des lumières pour sa conduite de mère-disciple.

De plus, le disciple lie sa destinée à celle de son Maître. Ce que fit la Mère de Jésus par rapport à son Fils. Elle est entièrement à son service, entraînée sur ses chemins à lui. Le viens et suis-moi que dira Jésus plus tard, sa Mère l'a vécu dès la naissance à Bethléem. A l'âge de 12 ans, Jésus ouvre à ses parents désemparés des perspectives jusque-là inconnues pour eux, celles de sa vie publique et de sa passion-mort-résurrection. Sans comprendre, ils suivent leur enfant. Marie et Jo-seph ont mis toute leur foi, leur confiance et leur amour en Jésus. Leur cheminement de foi et d'amour ouvre celui de toute l'Église. Tel est l'enseignement du Pape Jean-Paul II dans son encyclique sur La Mère du Rédempteur, n° 12-24.

Vécue comme partage de la destinée du Maître, la foi n'est plus un ensemble de vérités à croire et une morale à pratiquer, mais une relation d'amour et d'attachement à Jésus Christ : croire de tout coeur ce qu'il enseigne et que l'Évangile nous retranscrit, ce qu'il nous dit aujourd'hui par son Esprit dans son Eglise ; vivre ce qui lui plaît comme étant notre seul bien et rejeter avec lui ce qu'il rejette. Alors le disciple qu'est Marie et tout membre de l'Église avec elle, peut être vrai témoin du Christ dans un monde qui lui fait procès sur procès. Il montera à la barre pour se déclarer ouvertement pour Jésus qui est devenu son unique Maître.

MARIE NOUS ENTRAINE A VIVRE LA MISSION

Marie est une femme, une laïque dans l'Église du Christ. Sa manière de vivre la mission, en intime union avec son Fils et Sauveur, est donc celle de tous les laïcs chrétiens.

La mission de Marie

En contemplant Marie Mère de Jésus, nous pouvons découvrir quelle est la vraie mission de Marie et donc celle de l'Église en son ensemble. Mère de Jésus, Marie,

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par l'action de l'Esprit Saint, donne naissance au Christ. L'Église a comme mission de continuer ce travail maternel et, par la foi et l'action divine de l'Esprit, faire habiter le Christ en nos coeurs (Cf. Ep 3, 17). Associée à tous les mystères du Sauveur, Marie précède l'Église et lui apprend à se livrer tout entière à son Epoux divin afin d'enfanter avec lui, en humble servante, le nouveau peuple de Dieu, le Corps ecclésial de Jésus Christ.

La mission de l'Eglise avec Marie

Dans son texte sur L'apostolat des laïcs (n° 4), le concile souligne avec force la spiritualité des laïcs dans l'ordre de l'apostolat. Comme Marie, ils sont invités à une vie d'intime union avec le Christ dans l'Église, vie alimentée par des nourritures spirituelles communes à tous les fidèles, en particulier par la participation active à la Sainte Liturgie. Ainsi peuvent-ils témoigner du Christ dans les conditions ordinaires de l'existence. Mais une telle vie exige un continuel exercice de la foi de l'espérance et de la charité.

Aussi la Bienheureuse Vierge Marie, Reine des Apôtres, est l'exemple parfait de cette vie spirituelle et apostolique. Tandis qu'Elle menait sur terre une vie semblable à celle de tous, remplie par les soins et les labeurs familiaux, Marie demeurait toujours intimement unie à son Fils et coopérait à l'oeuvre du Sauveur à un titre absolument unique. Est-il étonnant dès lors que tous doivent avoir envers Elle une vraie dévotion et confier leur vie et leur apostolat à sa sollicitude maternelle ? Et pourquoi ne regarderaient-ils pas leur apostolat comme l'expression visible de cette constante sollicitude de Marie pour toute l'Église et chacun de ses membres, pour tout homme ?

L'EGLISE ASSOCIEE AUX MYSTERES DU SAUVEUR

Marie a été associée historiquement à la vie de Jésus et elle a participé à tous ses mystères. Mais comme tous les contemporains du Christ, elle a vécu une situation unique, celle de la présence sensible de Jésus. Aujourd'hui où l'Epoux nous a été enlevé (Cf. Mc 2, 20), nous vivons le temps de l'Église, le temps de la foi.

Célébrer les mystères

Cependant chaque année, en Eglise, nous avons la grande grâce de revivre, en les célébrant, tous les mystères du Christ Sauveur. La vie de Jésus est à nous, de l'Incarnation et la Nativité jusqu'à l'Ascension, jusqu'au jour de la Pentecôte, et jusqu'à l'attente de la bienheureuse espérance et de l'avènement du Seigneur. (Vatican II, La Sainte Liturgie, n° 102). Ce que Marie a vécu dans l'histoire et en sa vie humaine, nous sommes appelés à le vivre en le célébrant dans l'Église d'aujourd'hui.

Les dispositions qui ont animées Marie lorsqu'elle a participé aux mystères de son Fils seront donc pour nous aussi les meilleures, celles qui nous rendront proches du Sauveur et plus ouverts pour accueillir tout ce dont l'Esprit Saint veut nous combler. Car par la célébration des mystères du Christ, les fidèles sont mis en contact avec eux et remplis par la grâce du salut.

De façon moindre, cette présence active aux mystères de la joie, de la souffrance et de la gloire du Seigneur est encore assurée par la prière du Rosaire, la méditation personnelle, grâce à l'Évangile, de ces moments significatifs de la vie de Jésus.

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L'Eglise médiatrice dans le Christ

Marie coopérant aux mystères de toute la vie du Sauveur, ouvre à l'Église une autre perspective. Elle n'a pas été associée à son Fils uniquement pour elle-même. Sa présence signifiait, en sa propre personne, et appelait dans l'avenir, l'adhésion de l'humanité entière, celle particulièrement de l'Église qu'elle représentait auprès du Christ.

Aujourd'hui cette Eglise, en union avec Marie, doit prendre en charge sa propre participation. En contemplant Marie, en étant fortement unie à elle, l'Eglise, et en elle tous ses membres, doit accomplir son propre rôle médiateur dans l'unique Médiateur, le Christ (Lumen gentium, n° 60). Cela signifie que le chrétien ne peut célébrer la liturgie de façon individuelle. Parler de Error: Reference source notfound, comme on l'entend parfois, n'a pas de sens dans la lumière de Marie associée au Sauveur.

Marie apprend à l'Église à toujours dire Error: Reference source not found, à devenir cette communauté des croyants qui prie au pluriel, au nom de ceux qui ne viennent pas, qui ne peuvent pas se déplacer, qui n'ont encore pas de parole explicite pour Dieu, qui croient avoir rompu avec Lui. En vraie Mère, l'Église dont Marie est membre et inspiratrice, ne peut oublier aucun de ses enfants, aucun homme sauvé par Jésus. L'Église, avec Marie et comme elle, est médiatrice du salut parce qu'associée à toute la vie du Sauveur.

JESUS ET MARIE : LA DUALITE

Marie, selon le plan du Dieu-Amour, a été associée au Sauveur et, avec lui et sous sa dépendance, a contribué, pour sa part de Mère sainte, au salut de l'humanité. Ils étaient deux : l'Homme-Dieu et la Femme-Marie. Unis par la même volonté salvifique de Dieu dans l'amour de charité, ils ont coopéré, chacun selon ce qu'il était, Jésus comme Personne divine, Marie comme personne humaine sanctifiée.

Ainsi s'est réalisé, dans l'accomplissement du salut de l'humanité, le principe de la dualité voulu par le Créateur dès l'origine de cette humanité. La dualité se situe entre l'unique et la multiplicité, c'est-à-dire le grand nombre. Jésus Christ est l'unique : unique Fils de Dieu par nature, unique Médiateur (1 Tm 2, 5-6), unique Sauveur. L'Église, elle, est constituée par la multiplicité même de ses membres. Nous sommes habitués à rencontrer et à vivre dans notre foi ces deux principes : l'unique et le multiple. Il n'en est pas de même, semble-t-il, de la dualité.

Le principe de dualité

Le principe de dualité est celui qui permet de bien situer la Femme-Marie dans le mystère de l'Homme-Dieu. Il fut mis en relief par saint Irénée (135-202), le premier grand théologien du Christianisme occidental.

Une des bases de sa réflexion est que Dieu veut sauver l'humanité entière non pas en raccommodant, par quelque acte divin, prestigieux, la création première, mais en la reprenant à partir de l'Origine et selon les principes même de la création.

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Or dès l'Origine, dans le premier récit de la création, apparaît, comme une donnée primitive, la dualité : homme et femme il les fit. (Gn 1, 27). Cette dualité, saint Irénée la voit aussi réalisée dans la régénération, dans la mission du Christ Sauveur. L'humanité (homme et femme) est créée à l'image et ressemblance de Dieu. La Rédemption veut refaire cette image de Dieu en l'humanité, image manifestée non seulement par l'unicité de chaque être humain, mais aussi par la dualité homme-femme.

Saint Paul désigne Jésus comme le dernier Adam, l'Adam nouveau (1 Co 15, 45; Cf 15, 15-22; Rm 5, 12-21). Dans le texte de l'épître aux Romains, par exemple, l'Apôtre raisonne avec le principe d'unité : par un seul, le péché est entré dans le monde ; par un, seul la grâce est donnée. Cet unique, c'est le Christ Sauveur.

Il fallait la réflexion biblique et théologique de saint Irénée, qui éclaire la démarche rédemptrice de Jésus à la lumière du livre du commencement, la Genèse. Et dans cet éclairage nouveau, le théologien constate que le péché est l'oeuvre de deux personnes, une femme et un homme, Eve et Adam. Avec une philosophie qui admet l'analogie, il peut alors expliciter le rôle de Marie comme Eve nouvelle auprès du Christ, nouvel Adam. Une réflexion sur la dualité devient possible, s'impose même à toute théologie de l'Incarnation rédemptrice.

Une théologie de la dualité

Le concile Vatican II fait sienne cette théologie de la dualité. Avec saint Irénée, bien des anciens Pères affirment volontiers, dans leur prédication, que Error: Referencesource not found ; et par comparaison avec Eve, ils appellent Marie Error: Referencesource not found et affirment très souvent: Error: Reference source not found. (LG. n° 56).

Dans la création, la dualité est une donnée incontournable. Tous les couples humains et le sacrement du mariage en sont les meilleurs témoins. Mais dans la rédemption, la dualité ne s'impose pas comme un absolu, comme une nécessité. Le concile est clair à ce sujet : toute l'action de la bienheureuse Vierge sur les hommes dans l'ordre du salut ne provient pas d'une quelconque nécessité : elle naît du bon plaisir de Dieu et découle de la surabondance des mérites du Christ. (LG. n° 60).

La Femme-Marie associée à l'Homme-Jésus ne s'impose pas comme une conclusion logique d'un raisonnement théologique. Elle est un don de la grâce, un cadeau entièrement gratuit du Dieu-Amour. Le principe de la dualité dans le salut de l'humanité est donc une composante du dessein d'amour du Père. Il manifeste que Dieu reste fidèle aux principes de son amour créateur. Il veut sauver son oeuvre en toute sa richesse, en toutes ses dimensions : unité, multiplicité, mais aussi dualité.

JESUS ET MARIE

Concrètement cette doctrine explique aussi pourquoi Marie et sa mission auprès de Jésus, ne s'imposent pas comme une nécessité à tous les chrétiens. Certains peuvent aller jusqu'à dire : Jésus, oui, mais Marie, je ne puis la situer dans ma foi. Ces chrétiens ont encore à découvrir la fécondité du principe de dualité.

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Marie doit donc être accueillie comme le fit Jean, le disciple, près de la croix de Jésus. Marie est un signe de l'amour et de la fidélité de Dieu pour qui sauver l'humanité est la suite et le perfectionnement de la création. Le salut réalisé par Jésus est une reprise et un achèvement de l'oeuvre créatrice de Dieu.

Les chrétiens qui aiment Marie, utilisent souvent la formule : Jésus et Marie. Elle exprime clairement la dualité et a donc une grande valeur. Il ne faudrait cependant pas qu'elle marque une sorte d'égalité entre le Sauveur et sa Mère. Jésus est Dieu et il s'impose à tout croyant ; Marie est humaine, elle est signe et don de l'amour de Dieu. La complémentarité qui unit Jésus et sa Mère, est profonde et voulue par Dieu. L'expression Jésus et Marie exprime l'union spirituelle, dans la foi et l'amour, de la femme-humaine avec l'Homme-Dieu, de l'humanité-Eglise avec le Christ. Ce mystère est grand, écrit saint Paul aux Ephésiens (5, 32). En effet, il est signifié par le mariage chrétien, la dualité humaine sanctifiée par Dieu.

DUALITE ET MULTIPLICITE

Il nous faut donc sans cesse, pour mieux pénétrer et goûter l'oeuvre de Dieu, prendre en compte cette triple réalité constitutive de la création, à savoir : Jésus qui est l'unique ; Jésus et Marie unis en une dualité d'amour et de coopération ; Jésus, Marie et l'humanité en une multitude appelée à former ensemble l'Église, Corps du Christ.

Nous avons pu contempler, dans les développements précédents, combien Dieu a préparé Marie à vivre la dualité avec son Fils, le Sauveur. A partir de l'Incarnation, cette dualité fut vécue effectivement par l'alliance d'amour qui unit la Mère au Fils et celui-ci à sa Mère.

La dualité bien comprise donne toute son importance au rôle de la femme dans la création et à celui de la Femme-Marie auprès du Sauveur. La non intégration dans la réflexion chrétienne de ce principe fondamental ne serait-elle pas une des causes de la difficile reconnaissance de la place et du rôle de la femme dans la société tout comme dans l'Église ? Alors que l'union de Marie à Jésus est clairement exprimée dans l'Évangile, elle a du mal à être admise de manière aussi évidente dans l'Église.

Parce que Marie est fille d'Adam, elle fait partie aussi de la multitude des humains, de l'humanité rachetée, de l'Église universelle. Sa vocation particulière qui s'exprime, comme Mère de Jésus et femme associée à sa mission, tout en la rap-prochant de la très Sainte Trinité, ne la sépare nullement de l'humanité.

Les deux réalités, dualité et universalité, loin de s'exclure, s'appellent mutuellement. Les deux époux, unis par le sacrement du mariage en une dualité stable, ne cessent pas pour autant d'appartenir à une famille élargie, à une cité, à une nation. En situant Marie comme Dieu l'a voulue, nous pourrons l'accueillir dans notre foi chrétienne pour ce qu'elle est réellement : associée, en tant que femme unique, au Rédempteur (dualité) et membre à part entière de l'Église en sa multipli -cité.

Aussi, après avoir longuement médité la présence active de Marie dans le mystère du Christ, devons-nous maintenant mieux saisir sa présence non moins active dans le mystère de l'Église.

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2e conférence

ROUTES DE MARIE ET DE L'EGLISE

CHEMIN DE L'ESPRIT

Marie, de Nazareth au Calvaire, a vécu avec et pour Jésus. Dieu a voulu qu'elle prenne une part active à l'accomplissement de la mission de son Fils : faire naître l'Eglise comme humanité sauvée et sanctifiée. La mort du Sauveur, point culminant et accomplissement de sa vie, ouvre donc l'aventure de l'Esprit au coeur de l'Eglise.

Cet Esprit a comme mission de continuer celle du Christ. Il doit faire vivre l'Eglise de telle sorte qu'elle unisse tous les hommes et parvienne, avec eux, à sa plénitude de Corps glorieux du Christ, dans la vie éternelle. Marie, comme Vierge et Mère, à partir du Calvaire et jusqu'à la fin des temps, va être associée, comme membre de l'Eglise, à la personne et à la mission de l'Esprit Saint.

Pour mieux saisir l'activité de l'Esprit qui anime l'Eglise dans le temps, et y situer la mission de Marie, il est utile de prendre successivement trois moments historiques.

L'évènement de la Pentecôte. Marie, la Mère de Jésus, discrètement, tient une place dans la préparation de l'Eglise à la « confirmation » de l'Eglise, née au Calvaire.

Cette Eglise primitive, comment vit-elle sous l'impulsion toute nouvelle de l'Esprit de la Pentecôte ? Quelle y est la place du Christ et le rôle de l'Esprit Saint ? Quelle place pour Marie alors que l'Ecriture ne fait plus mention d'elle ?

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Cette jeune Eglise qui attendait le retour imminent de son Seigneur, se rendra vite compte qu'elle est appelée à vivre un long temps, le temps de l'espérance, avec ses vieillissements et ses renouveaux.

L'Eglise sera désormais la seule réalité visible du dessein de Dieu en notre monde. L'action de l'Esprit et la présence maternelle de Marie s'y manifesteront en des actes moins éclatants, le plus souvent spirituels et intérieurs : les fruits de l'Esprit dont la patience et la joie (Ga 5, 22).

Née de la mort de son Sauveur, l'Eglise, comme tout baptisé, avait besoin d'être confirmée, fortifiée, affermie en sa réalité nouvelle d'Eglise du Christ. Vous, dit Jésus aux siens avant de les quitter, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés d'ici quelques jours. . . Vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins (Ac 1, 5. 8).

Jésus avait besoin de rassurer ceux qui avaient pris le parti de le suivre et qui se sentaient si seuls à quelques heures de son départ. En ses dernières paroles, il leur laisse entrevoir ce que sera la première intervention de l'Esprit Saint qui va les confirmer dans leur foi. Ils seront revêtus d'une puissance intérieure qui leur permettra d'être les témoins de leur Maître. Une telle démarche exige, pour porter tous ses fruits, une préparation à la hauteur de l'évènement.

Marie prépare l'Eglise à sa « confirmation »

Après l'Ascension du Seigneur, les premiers croyants sentent la nécessité de se rassembler au Cénacle. Ils sont alors environ cent vingt personnes (Ac 1, 15). Le texte des Actes des Apôtres (1, 14),les présente en deux temps. D'abord sont nommés les onze apôtres qui vont bientôt être à nouveau douze par l'élection de saint Mathias (Ac 1, 15-26). Puis saint Luc ajoute que tous, les apôtres et le reste des croyants, étaient rassemblés dans la prière. Dans ce second groupe, un seul nom propre est cité, celui de Marie, la Mère de Jésus.

En effet, sa situation et son rôle se distinguent de ceux des Apôtres. Mais tous ensemble, ils forment la même Eglise, la communauté des disciples du Christ, que symbolise et rassemble la Mère de Jésus. Tous sont réunis, non plus par crainte des Juifs (Jn 20, 19), mais dans l'attente sereine de l'Esprit promis.

UNE EGLISE TOURNEE VERS L'AVENIR

Un grand désir anime cette poignée de fidèles. lis ont pu revoir Jésus ressuscité. La confiance est revenue. Ils attendent maintenant la réalisation imminente de la promesse faite par le Seigneur avant de les quitter.

Tranquillement, la Mère de Jésus, partage avec eux son espérance. Elle avait toujours cru en la réalisation des promesses de Dieu. Sainte Elisabeth, lors de la Visitation, pouvait déjà admirer cette foi en l'avenir, cette espérance invincible qui permettait à sa cousine de construire sa vie sur la parole de l'ange Gabriel : rien n'est impossible à Dieu (Lc 1, 37).

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Cette rencontre de l'espérance et du désir va rester une attitude caractéristique de l'Eglise, et cela d'autant plus que les Evangiles ignorent jusqu'au mot « espérance » par rapport au Christ. La Vierge de l'Avent, de l'attente du Messie, initie dès l'origine l'Eglise, non seulement à désirer l'Esprit Saint promis pour bientôt, mais à attendre, grâce à ce même Esprit, la venue du Seigneur Jésus en gloire, évènement promis mais dont la date reste incertaine.

Cette attente eschatologique, véritable objet du désir ardent de l'Eglise, a été suscitée clairement dans le coeur des apôtres par les deux anges de l'Ascension : Ce Jésus qui vous a été enlevé pour le ciel viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel (Ac 1, 11). Cette attente sera accueillie et priée avec la Mère de Jésus dès le Cénacle, et vécue comme un désir fondamental de l'Eglise sur la terre. Constamment, au coeur de l'Eglise, l'Esprit et l'Epouse disent : Viens ! Viens, Seigneur Jésus ! (Ap 22, 17. 20).

L'EGLISE EN PRIERE AVEC MARIE

L'espérance qui devient désir engendre tout normalement la prière. Marie maîtresse de prière est là, au cœur de cette toute jeune Eglise. Encore inactive par rapport à l'évangile à transmettre, incapable d'imaginer l'avenir, la communauté entière se recueille et prie avec persévérance. Autour de Marie, dans la prière, elle se prépare à évangéliser un monde qui lui paraît encore bien hostile.

Apprendre à prier

Pour les compagnons de Jésus, l'Ascension fut un changement radical. Durant trois ans, ils avaient vécu avec le Seigneur. Ils pouvaient lui parler. Ils avaient des réponses éclairantes, amicales et divines à la fois. La prière, pour eux, était un dialogue avec leur Maître. Désormais il n'en est plus ainsi. Ces juifs pieux ont maintenant à apprendre la prière chrétienne, celle qui s'adresse au Christ et qui structure et rassemble son Eglise. Pour les disciples commence le temps de la foi qui est encore le nôtre, celui du croire sans voir (Jn 20, 29).

Heureusement qu'ils ont au milieu d'eux Marie, la Mère de Jésus. Elle est là pour les initier à cette situation inconfortable. Elle a, durant les trois ans du ministère public de Jésus, expérimenté l'absence de son Fils. L'Esprit Saint lui apprit à prier, à croire en la valeur de la relation spirituelle avec Jésus. A nouveau, après l'Ascension, c'est pour elle le temps de la foi. Mais à présent elle a mission de partager sa prière avec les siens.

Prier avec Marie, aujourd'hui

Tout au long des âges, Marie a comme rôle de disposer l'Eglise à recevoir de l'Esprit et à vivre la grâce de la prière. Désormais, pour tous les chrétiens, la relation au Seigneur sera de l'ordre de la foi, de l'espérance et de l'amour. Marie, toujours maîtresse de prière, apprend à tous les croyants à se tourner vers Dieu, à l'adorer, ce qui est la démarche fondamentale de la prière, Elle les invite à s'associer à sa propre prière qui est adoration, louange, admiration du dessein du Seigneur. Son Magnificat n'est-il pas devenu prière de l'Eglise entière ?

L'Esprit Saint, grâce à des mouvements variés et à des groupes de prière, fait découvrir à l'Eglise d'aujourd'hui la place et le rôle de Marie. Dans un monde technique et qui court après le temps, la Mère de Jésus a encore et toujours comme mission de rassembler des chrétiens et de leur faire goûter la joie de prier, d'offrir du temps pour le Seigneur. Ce charisme de la prière est perçu par bien des croyants comme un signe avant-coureur d'une nouvelle Pentecôte pour l'Eglise, d'une

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nouvelle effusion de l'Esprit Saint qui prépare, à travers le concile et les synodes, l'Eglise du troisième millénaire.

Prier avec persévérance

Saint Luc précise les qualités de la prière de l'Eglise au Cénacle Tous étaient assidus à la prière et priaient d'un cœur unanime (Ac 1, 14).

Le verbe utilisé par saint Luc pour caractériser la prière assidue au Cénacle signifie : « tenir ferme » à quelque chose, donc « être empressé à le faire ». Le même verbe est employé en Ac 2, 42 ; 6, 4 ; Ro 12, 12 ; Ep 6, 18 ; Col 4, 2 ; He 11, 27. En Mc 3, 9 ; Ac 8, 13 ; 10, 7, ce verbe signifie aussi : « se tenir à la disposition de quelqu'un ».

Comme on peut le constater, ce verbe est employé, à part en Marc 3, 9, uniquement dans les Actes des Apôtres et les Epîtres. Il caractérise donc une attitude typique de l'Eglise après l'Ascension du Seigneur. Ce qui signifie que dès le Cénacle, les premiers disciples, autour de Marie et sous l'inspiration de l'Esprit Saint, ont inventé la prière chrétienne propre au temps de l'Eglise.

Donc, pour l'Église, prier signifie tout d'abord tenir ferme dans une démarche spirituelle qui paraît souvent difficile et sans efficacité. Persévérer dans la prière traduit une attitude de foi et d'espérance de l'Eglise. Cette prière assidue des chrétiens exprime aussi leur disponibilité et l'offrande d'eux-mêmes au Seigneur. Par avance ils se mettent à la disposition de l'Esprit Saint pour la mission d'évangélisation qui va, sous peu, leur être confiée.

Prier en Eglise à la façon de Marie, c'est vivre ouvert à l'Esprit, jour après jour. Prier rend tout croyant docile aux inspirations de l'Esprit, ouvert à l'avenir. Avec quelle simplicité Marie a appris d'emblée à l'Eglise première la prière missionnaire !

Prier d'un seul cœur

La prière du Cénacle était aussi unanime, affirme saint Luc Prier ensemble, unit les croyants, ce qui est la mission même de l'Esprit de la Pentecôte : faire advenir l'Eglise comme communion des saints. La Pentecôte, en effet, est l'envers de ce qui s'est passé lors de la construction de la tour de Babel où l'orgueil et non l'adoration fut le projet commun des peuples et la cause de leur dispersion (Gn 11, 1-9).

Autre constatation : l'adverbe unanimement, est un terme propre à saint Luc dans les Actes des apôtres (2, 46 ; 4, 24 ; 5, 15 ; 15, 25). Une seule exception se lit dans la lettre aux Romains 15, 6. L'Eglise, désormais communauté des croyants, continuait à apprendre la prière en commun. Cette manière nouvelle de prier veut exprimer la conscience des premiers disciples que l'Eglise est une communauté rassemblée autour de Jésus qui est au milieu d'elle, comme il l'a promis (Mt 18, 20). Ainsi expérimentent-ils aussi une des dernières paroles du Seigneur : Je serai avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps (Mt 28, 20). Les voilà donc, grâce à la prière commune, orientés aussi vers la parousie du Seigneur, sa venue glorieuse. En chaque célébration eucharistique, l'Eglise vit très fortement ces mêmes vérités et devient plus intimement Eglise de Jésus Christ. Au Cénacle, ce sont les premiers balbutiements de la prière liturgique chrétienne, celle qui réalise visiblement la communion des saints en rassemblant les croyants.

Grâce à la prière unanime, Marie commence aussi, discrètement, une de ses principales tâches maternelles. Elle invite les croyants à s'unir en Jésus son Fils. N'était-il pas mort pour réunir dans

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l'unité les enfants de Dieu dispersés (Jn 11, 52) ? Jésus a prié pour que tous soient un (Jn chap 17). La Mère invite les siens à prier pour construire de fait l'unité de l'Eglise du Christ. Aujourd'hui le Concile appelle cette démarche l'œcuménisme spirituel. En effet, si l'Esprit Saint est le principe de l'unité de l'Eglise (Vatican II, Décret sur l'œcuménisme, n° 2), Marie, Mère de l'Eglise, en est la Servante. Tôt ou tard c'est en la reconnaissant comme Mère, que l'Eglise retrouvera son unité.

Mais nous voyons, hélas ! qu'aujourd'hui encore il existe de sérieuses discordances entre chrétiens sur ce rôle de la Mère de Jésus, rassembleuse des croyants. Le Pape Paul VI, qui relève cette constatation, s'empresse cependant d'ajouter : Nous avons à coeur d'exprimer notre espoir confiant que la dévotion envers l'humble Servante du Seigneur, en qui le Puissant a fait de grandes choses (Cf Lc 1, 49), deviendra, fût-ce lentement, non pas un obstacle mais un intermédiaire et un point de rencontre pour l'union de tous ceux qui croient au Christ. Comme autrefois à Cana, ainsi en notre temps elle pourra par son intercession hâter l'heure où les disciples du Christ retrouveront la parfaite communion dans la foi. . . En effet, ceux qui appartiennent au Christ, Marie ne les a pas engendrés et ne pouvait pas les engendrer, si ce n'est dans une même foi et un même amour (Paul VI, Le culte marial aujourd'hui, n° 33).

La prière unanime de l'Eglise au Cénacle a contribué à souder cette communauté chrétienne de Jérusalem que saint Luc présente comme un idéal de l'Eglise première (Ac 2, 42-47 ; 4, 3237). Les mêmes fruits d'unité sont attachés, aujourd'hui encore à toute prière faite en commun, soit en famille, soit en toute communauté chrétienne. A travers la rencontre priante, Marie peut remplir, à l'ombre de l'Esprit, son rôle de Mère, enfanter l'Eglise en son unité.

L'Eglise de la Pentecôte

Ainsi préparée par la prière avec. Marie, toute l'Eglise de Jérusalem est prête. Au jour de la Pentecôte ils se trouvaient réunis tous ensemble (Ac 2, 1). L'Esprit Saint est descendu sur tous les croyants et les a tous confirmés dans leur foi de disciples du Christ. Tous sont devenus, mais chacun à sa manière, témoins du Seigneur Ressuscité.TOUTE L'EGLISE REÇOIT L'ESPRIT

Je me permets d'insister sur ce tous, car certaines formules rétrécissent la réalité de ce grand évènement ecclésial. En effet on lit ou l'on entend que l'Esprit Saint est descendu « sur les Apôtres » éventuellement « réunis avec Marie ». Bien des tableaux ou gravures représentent l'Esprit Saint ne descend que sur les douze apôtres. Il faut éviter ce rétrécissement du mystère de la Pentecôte et lui donner, selon le textes des Actes des apôtres, le sens d'une confirmation de l’Eglise entière présente au Cénacle. D'ailleurs, dans les Actes (4, 23-31 ; 8, 14-17 ; 10, 44-45) sont évoquées d'autres descentes de l'Esprit Saint sur des groupes de baptisés. Celui-ci vient toujours confirmer l'Eglise des croyants en Jésus Christ.

A partir de la Pentecôte, seule l'Eglise comme communauté va être visible aux yeux des hommes. Ce sera sa grandeur et son risque. L'Esprit Saint, lui, reste invisible tandis que Marie vit dis-crètement au sein de la communauté dont elle fait partie. Cependant l'Eglise visible ne sera jamais elle-même que dans la mesure où elle vit et traduit, au cœur de l'histoire humaine, sa réalité spirituelle (LG. n° 8). Concrètement elle est appelée à exprimer l'Evangile et l'action sacramentelle de Jésus Christ, son Seigneur ; à rester branchée sur la mission sanctifiante et unifiante de l'Esprit Saint ; à contempler et à imiter l'action virginale et maternelle de Marie, Mère et archétype de l'Eglise vue comme communauté de croyants au Christ.

MARIE PREPARE A TOUTES LES PENTECOTES

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La mission de Marie qui prépare l'Eglise à accueillir l'Esprit Saint, ne s'arrête pas à la première Pentecôte. Ce qu'elle a fait à l'Eglise en ses commencements, elle a charge de la continuer à cette même Eglise en son histoire. Car, élevée au ciel elle n'a pas renoncé à sa mission d'intercession et de salut (Paul VI, Le culte marial aujourd'hui, n° 18). La Pentecôte, dix jours après l'Ascension du Seigneur, n'est pas non plus un évènement sans prolongements. Elle se renouvelle à certaines époques importantes de l'histoire de l'Eglise. Elle peut être une grâce en faveur de groupes restreints ou même dans le coeur d'un seul croyant.

Il n'est pas toujours facile de déceler la présence active de la Mère de Jésus dans ces divers temps de renouvellement. Mais humblement, à l'ombre de l'Esprit Saint, Marie continue sa mission de préparer les coeurs à accueillir tout nouveau don de Dieu, en particulier ce don privilégié du Père et du Fils qu'est l'Esprit d'amour et de sainteté.

La Pentecôte est revécue par chaque chrétien lorsqu'il célèbre en Eglise la Confirmation. La préparation de ce sacrement pourrait valablement s'inspirer de celle que fit l'Eglise, au Cénacle, avec Marie. Cela mettrait en lumière le lien entre la première Pentecôte et ce sacrement, entre l'Eglise première et celle d'aujourd'hui. Une telle continuité à travers le temps renforce le sens de la continuité de l'Eglise et fait expérimenter clairement qu'autrefois comme aujourd'hui, la Mère de Jésus, nous dispose, dans la prière, à recevoir l'Esprit Saint.

Au matin de la Pentecôte, l'Esprit Saint est descendu sur l'Eglise sous forme de langues de feu (Ac 2, 1-13). Cet Esprit encore mystérieux a donné immédiatement à ce groupe de croyants de manifester au dehors le message pascal. L'Eglise, fondée par Jésus Christ est maintenant confirmée par l'Esprit Saint pour remplir sa mission évangélisatrice.

L'Eglise, communauté des croyants

Dans cette Eglise issue de la Pentecôte, il est aisé de distinguer trois composantes. L'une est visible, c'est ce groupe de croyants de Jérusalem. Les deux autres sont invisibles mais bien réelles : Jésus Christ et l'Esprit Saint, deux Personnes divines. Ces trois réalités constituent ensemble l'Eglise et chacune y joue son rôle spécifique.

Le groupe des croyants dont fait partie Marie, commence, sous l'action de l'Esprit, à évangéliser le peuple juif, à s'accroître rapidement et à vivre une vie qui lui est propre. Jésus Christ reste le « fondateur » de cette Eglise, celui qui en est le fondement, l'origine, à qui on se réfère ; il donne consistance à ce Corps ecclésial dont il est la Tête (Col 1, 18-20). L'Eglise, en effet, appartient au Christ. Quant à l'Esprit Saint, qui fut donné au Christ sans mesure (Jn 3, 34), il habite maintenant l'Eglise qu'il anime, qu'il pousse par l'intérieur à s'affirmer, à annoncer l'Evangile. Bref, il est l'âme de l'Eglise du Christ.

Cette jeune Eglise se veut fidèle à Jésus. Sans lui, elle n'est rien. Nulle faille entre le Christ et elle. L'Esprit Saint est lui-même le lien qui l'unit au Seigneur ressuscité. L'affirmation : le Christ, oui, l'Eglise, non, n'a aucun sens dans la lumière de la Pentecôte. Saul, sur le chemin de Damas,

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apprendra qu'en persécutant l'Eglise il persécute Jésus (Ac 9, 5). Peut-on séparer le corps de la tête sans tuer l'être tout entier ?

A deux reprises, saint Luc, dans les Actes des apôtres, présente, en sa ferveur, l'Eglise de la Pentecôte (2, 42-47 et 4, 32-35). L'essentiel en est résumé en cette sobre description qui ouvre la première de ces deux présentations : Ils étaient assidus à l'enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières (Ac 2, 42). Les autres précisions fournies par saint Luc vont dans le même sens que ces trois caractéristiques essentielles.

ASSIDUS A L'ENSEIGNEMENT DES APOTRES

L'Eglise du Christ se sait et se veut apostolique. Car Jésus l'a construite sur un fondement solide, les douze apôtres. La prédication que l'Eglise continue, à la suite et sur l'ordre de son Seigneur, va donc désormais s'exprimer par l'enseignement des apôtres. L'Esprit Saint, dès le matin de la Pentecôte, manifeste son assistance à la toute nouvelle Eglise en donnant courage à Pierre et à ses frères. Comme Esprit de vérité il va enseigner toutes choses aux apôtres et il les fait ressouvenir de tout ce que Jésus leur avait dit (Jn 14, 17.26 ; Cf. Jn 2, 22 ; 12, 16 ; 15, 26).

Il faut évoquer aussi ceux que l'Esprit a suscités pour nous laisser par écrit la prédication du Christ et l'enseignement des apôtres. Leurs textes sont pour tous les temps la Parole de Dieu au monde. Le rôle de l'Esprit était d'inspirer les écrivains, de les guider intérieurement pour qu'ils ne dévient pas de la vérité révélée.

Le témoignage de Marie

Marie apporte à certains évangélistes son témoignage, la lumière sur certains mystères qu'elle seule pouvait connaître comme l'Annonciation, la Visitation, la naissance de l'Enfant. Les évène-ments de sa vie, elle les a médités, confrontés avec la Parole de Dieu (Lc 2, 19. 51). Aussi la Tradition a-t-elle pu appeler la Mère de Jésus Maîtresse de vérité. Elle avait sa manière à elle d'enrichir l'Eglise : la parole simple que l'on se dit dans des conversations d'amis, le témoignage dont rayonnait sa vie sainte, l'encouragement aux apôtres et aux communautés où elle vivait.

Elle est attentive également pour aider la communauté naissante à dépasser les images fausses du Messie qui triomphe à coup de puissance et de miracles. A sa manière, Marie, comme Mère de l'Eglise, prend sa part à l'enfantement de la communauté des disciples et la fait devenir Corps ecclésial de Jésus. C'est sa manière de coopérer avec l'Esprit de vérité et de prolonger l'enseignement des apôtres.

Le témoignage des chrétiens

La référence continuelle des membres de l'Eglise au Christ les fait très tôt appeler Chrétiens, nom qui fut donné aux disciples à Antioche (Ac 11, 26). L'Esprit vient de les confirmer dans cette foi qu'ils vivent avec joie et rayonnent autour d'eux, ce qui attire au Seigneur une foule considérable (Ac 11, 23-24). Ils avaient en la Mère de Jésus l'exemplaire du parfait disciple du Christ, de la première Chrétienne.

Jésus, en promettant aux siens l'Esprit, avait ajouté : Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre (Ac 1, 8). Certains, dans l'Eglise, remplis de l'Esprit Saint (Ac 4, 8 ; 4, 31 ; 6, 3. 5 ; 11, 24 ; 13, 9. 52), devinrent très tôt des témoins privilégiés du Christ : des martyrs, comme Etienne, le diacre (Ac 6, 8-7, 60), ou des convertis no-

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toires comme Saul de Tarse. Témoin infatigable du Christ, Saul devenu Paul, est soutenu dans toutes ses activités et ses détresses par une vie intérieure d'union et d'indentification à son Seigneur au point de pouvoir affirmer aux Galates : Je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi (2, 20). Combien l'Esprit Saint avait rendu son expérience spirituelle proche de celle de la Mère du Christ, discret témoin de la sainteté chrétienne !

Une église sans frontières

L'Esprit Saint, pour rendre l'Eglise du Christ catholique c'est-à-dire universelle, dut un jour faire craquer les frontières du judaïsme. Car Jésus était venu pour rassembler en son Corps-Eglise tous les hommes. Eclairé par une vision et poussé par l'Esprit, Pierre offrit le baptême au païen Corneille et à sa famille. Les Actes de apôtres, au chapitre 10 en rapportent le récit détaillé. Ce fut, pour l'Eglise, un évènement extraordinaire, quand l'Esprit tomba sur tous ceux qui avaient écouté la Parole. Ce fut de la stupeur parmi les croyants circoncis qui avaient accompagné Pierre : ainsi jusque sur les nations païennes le don de l'Esprit Saint était maintenant répandu ! (v. 44-45). Et aujourd'hui, quelles frontières peuvent enfermer l'Eglise catholique ?

Peu de temps après cette première ouverture vers les païens, l'Esprit Saint lui-même fait envoyer en mission Barnabas et Saul. Pour eux aussi, se renouvelle l'expérience que fit Pierre. Les deux missionnés commencent par s'adresser aux Juifs pour leur annoncer Jésus comme Messie. Devant l'obstination de leurs compatriotes, ils se tournent vers les païens, ces rejetés du judaïsme et qui trouvent leur place dans l'Eglise, Corps du Christ.

La joie de Marie devait être grande à l'annonce de cette expansion de l'Eglise. Elle accueillit dans son coeur et dans sa prière ces nouveaux enfants. Désormais elle pouvait exercer avec plus de vérité, cette maternité universelle que Jésus avait révélée au Calvaire en proclamant Marie Mère de tous les hommes, sans distinction de races et de frontières.

UNE EGLISE ASSIDUE A LA COMMUNION FRATERNELLE

La prière fraternelle du Cénacle ouvre l'Eglise issue de la Pentecôte à des initiatives communautaires qui vont jusqu'au partage des biens.

L'Eglise du partage

Cette mise en commun des biens entre les frères (Ac 4, 32-37) n'est cependant pas le seul partage. La Communauté continue la prière commune, commencée avec Marie au Cénacle (Ac 4, 2331). Une autre mise en commun est celle des grâces et charismes spirituels, dont l'Esprit gratifie les frères en vue de construire, d'édifier l'Eglise du Christ (1 Co 12, 1-11). Mais point de jalousie ! L'apôtre Paul rappelle que l'amour est le plus grand de tous les dons (1 Co 13) et que la charité est donnée à tous pour qu'ils forment ensemble le corps du Christ (1 Co 12, 27).

La naissance et la croissance de ce Corps ecclésial de Jésus concerne très spécialement Marie. Sa qualité de Mère de tous les hommes, elle sent qu'elle peut désormais la partager avec cette jeune Eglise dont l'Esprit Saint approfondit la vocation. Comme Marie elle-même, l'Eglise est mère. Elle commence à faire l'expérience qu'elle n'est pas la Jérusalem actuelle, le judaïsme, mais la Jérusalem d'en haut qui est libre et qui est Mère. Tel est l'enseignement que saint Paul, l'apôtre des païens, développe aux Galates (4, 26). Pour cela il s'appuie sur un texte d'Isaïe qui présente déjà Sion comme une mère aux enfants nombreux (Is 54, 1).

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L'Eglise, famille de Dieu

Très vite, l'Eglise animée par l'Esprit d'amour, reconnaît qu'elle est l'Eglise de la charité. Solidaire du monde entier, elle est appelée aujourd'hui sacrement de l'unité par Vatican II. Par elle, l'Esprit Saint tend à réaliser vraiment l'unité de l'humanité en Jésus, le Sauveur de tous. La famille humaine, pour l'Eglise, n'est pas un vain mot, mais une première réalisation de la Famille de Dieu, comme la désigne saint Paul en écrivant aux Ephésiens (2, 19). En effet, elle a désormais Dieu pour Père, Marie pour Mère, Jésus comme le Frère de tous.

L'Esprit Saint qui est son âme, la réunit et la maintient dans l'unité, à l'image de la Sainte Trinité elle-même (Jn 17). Au sein de l'Eglise, Marie coopère à cette mission difficile de l'Esprit. Son coeur maternel est large comme le monde. Tous et chacun y trouvent une place, sont accueillis comme des frères de son Fils (LG. n° 62).

UNE EGLISE ASSIDUE A LA FRACTION DU PAIN ET AUX PRIERES

La prière ecclésiale commencée au Cénacle se continue dans les communautés chrétiennes. Car l'Eglise, préoccupée des hommes et de leur salut, doit en même temps rester tournée vers Dieu au nom de l'humanité entière. Elle a une mission de prière et de célébration sacramentelle à accomplir. Elle participe ainsi à la fonction médiatrice du Christ, lui, l'unique Médiateur entre Dieu et les hommes (1 Tm 2, 5-6 ; LG. n° 60).

L'Eglise célèbre l'Eucharistie

La fraction du pain désigne de manière précise l'Eucharistie, célébrée dès l'origine en mémoire du Seigneur et sur son ordre (1 Co 11, 24). Ce rassemblement dominical entretient la charité dans le coeur des croyants en même temps qu'il y maintient vivant le désir de la venue du Christ en gloire. Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne (1 Co 11, 26). En ce sacrement, Jésus reste donc mystérieusement présent à son Eglise, pour la rassembler autour de lui, l'enseigner, l'offrir à son Père et la nourrir de son propre corps, durant son pèlerinage terrestre.

Paul VI a largement développé comment Marie est, dans l'Eglise, la Virgo offerens, la Vierge qui offre son Fils et elle-même avec lui. De la Présentation de Jésus jusqu'au Calvaire, Marie offre son Fils au Père. Elle précède, là encore, l'Eglise qui, unie à la Mère de Jésus, prolonge cette même offrande maternelle et l'actualise quotidiennement dans la célébration eucharistique (Paul VI, Le Culte marial aujourd'hui, n° 20).

Prier en Eglise

Jésus, depuis sa monté au ciel, reste mystérieusement mais effectivement présent à son Eglise. Il ne peut la laisser. Et l'Esprit Saint ne vient pas le remplacer, mais ajouter sa propre action à celle du Seigneur Jésus.

Cette absence sensible du Christ a, dès le Cénacle, ouvert l'Eglise à la prière chrétienne qui rassemble la communauté et lui fait attendre la venue de son Seigneur en gloire. En effet, dès l'origine, l'Eglise est convaincue que, pour elle, déjà les derniers temps sont arrivés (1 Co 10, 11 ; LG. n° 48). Sa prière exprime son espérance qui se résume en un but unique : que vienne le règne de Dieu et que tout le genre humain soit sauvé. D'ailleurs, tout le bien que le peuple de Dieu, au temps de son pèlerinage terrestre, peut procurer à la famille humaine, découle de cette réalité que l'Eglise

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est le sacrement universel du salut, manifestant et actualisant tout à la fois le mystère de l'amour de Dieu pour l'homme (Vatican II, Gaudium et spes, n° 45).

Telle est l'Eglise issue de la Pentecôte, l'Eglise des premiers croyants. Pour tous les siècles chrétiens elle reste un idéal à contempler et à imiter. En elle, l'Esprit Saint a pu agir avec force et donner assurance à tous les croyants. Dans les temps où l'Eglise s'interroge sur ses fidélités à son Seigneur, elle a grand avantage à se référer à la ferveur et au courage missionnaire de l'Eglise dite primitive.

Durant les premières décennies chrétiennes, les chrétiens attendaient le retour imminent du Seigneur glorieux. Mais face à la réalité, il fallait changer d'optique et accepter d'entrer dans une histoire qui allait se prolonger sur plusieurs siècles. Nous en terminons le vingtième et l'histoire continue en nous orientant vers le troisième millénaire.

Ce temps de l'Eglise peut donner l'illusion que l'histoire terrestre est indéfinie, voire éternelle. Accepter, souvent inconsciemment, une telle vue anéantit l'espérance. Mais l'Eglise ne peut s'installer ici-bas. Elle passe sur cette terre où elle est en pèlerinage missionnaire vers la Jérusalem céleste. Elle expérimente déjà sa dimension divine et sait que l'histoire aura un terme, un achève-ment dans la plénitude éternelle de Dieu.

Situons-nous donc maintenant dans le temps de l'Eglise qui est le nôtre. Pour rester fidèle à sa mission et maintenir le cap sur l'avènement plénier du Royaume, elle a besoin de l'Esprit Saint qui affermit ses fidélités, la soutient en son parcours historique, l'inspire dans ses choix. Comment saisir aujourd'hui l'action multiforme de l'Esprit Saint, la présence active de Marie, au coeur de la mission de l'Eglise qui chemine au milieu des réalités terrestres ?

L'Esprit convertit au bien

Saint Paul, à la fin d'une série de conseils de vie chrétienne, résume le tout dans cette formule : Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien (Rm 12, 21). Non seulement l'Eglise, mais tout homme en son histoire, se trouve fréquemment confronté au mal, qu'il soit physique (la maladie) ou moral (le péché). Cette présence active du mal et aussi du Mauvais, reste un grand mystère. Pour beaucoup c'est proprement un scandale : que le Dieu infiniment bon et puissant ne fasse rien contre une situation aussi révoltante !

Les chrétiens ne peuvent éluder la réalité du mal. Face à un monde qui souffre, qui s'interroge, qui désespère parfois, l'Eglise se doit de se pencher sur les situations mauvaises, contradictoires. Cependant la révélation chrétienne fournit des éléments de réponse à ces interrogations. Nous savons que l'Esprit Saint est à l'oeuvre en ce monde, bien plus efficacement que l'esprit du mal.

LE BIEN ET LE MAL

Tout homme engagé dans la lutte pour le bien, doit avoir une saine philosophie du bien et du mal. Il faut tout d'abord évacuer de son esprit le schéma manichéen pour lequel le bien et le mal sont deux forces antagonistes de valeur et de puissance égales. Dans ce cas, le combat entre les deux est

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sans issue, désespérant, et la victoire peut à tout moment changer de camp. La lutte devient inutile, car perdue d'avance. L'espérance en ce cas n'est plus qu'une utopie.

Ce qu'en dit la Bible

La Bible ouvre aux croyants une perspective plus optimiste, sans pour autant supprimer le combat toujours actuel. Elle nous dit que Dieu est le Bien infini. Le Mauvais qui entretient le mal, n'est par contre qu'une créature déchue. En aucun cas il ne peut être infini. Il lutte précisément parce qu'il se sait limité dans le temps. Donc ce qui existe depuis toujours et qui existera éternellement, c'est le bien, c'est Dieu. Le mal est de l'ordre de la création, que ce soit satan, ange déchu ou l'être humain pécheur.

Le péché en effet, mal moral des hommes, a des conséquences cosmiques. Il entraîne pour la création tout entière des cassures symbolisées par les ronces et les épines de la Bible (Gn 3, 18). Celle-ci nous apprend aussi que la mort est un fruit inéluctable du péché d'origine. Elle fait donc désormais partie de la vie humaine sur terre.

Jésus notre Sauveur

Le Christ, en faisant de sa mort injuste un acte d'amour infini, a vaincu le mal. Il a éliminé ainsi, pour ceux qui l'accueillent comme leur Sauveur, la mort éternelle, mais non celle qui met fin à notre histoire pour nous faire naître dans l'éternité de Dieu.

Le Christ, par son sacrifice d'amour, est devenu pour tous ceux qui lui obéissent cause de salut éternel (He 5, 9). Cela signifie qu'à sa suite, la patience, l'espérance et l'amour des croyants en Jésus Sauveur auront toujours le dessus. Il nous répète aujourd'hui encore tout comme à ses disciples avant sa passion : courage, j'ai vaincu le monde ! (Jn 16, 33). Et l'apôtre Jean atteste aux chrétiens exposés à la persécution : la victoire qui a vaincu le monde c'est notre foi. Qui est vainqueur du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? (1 Jn 5, 4-5).

Bien plus, à la suite du Christ, le chrétien peut lui-même être appelé à préférer sa foi à sa vie. Tel est le martyre, estimé par l'Eglise comme une faveur du plus haut prix et la marque de la suprême charité (LG. n° 42). L'exemple du Sauveur Jésus entraîne alors les membres de son Eglise sur un chemin de dépassement, de liberté, d'amour d'une exceptionnelle exigence. Finalement, la présence du mal en notre monde et en notre cœur n'est pas un problème que nous pourrons résoudre un jour. Elle est un mystère qui s'éclaire dans la lumière de Jésus mort et ressuscité, dans la lumière de Pâques.

LUTTER POUR LE BIEN

Tout vrai disciple du Christ se situe nécessairement au coeur de cette lutte contre le mal, parce que pour le bien. La foi chrétienne invite à l'optimisme car, finalement, la victoire est acquise. Le chrétien, uni au Christ dans l'Eglise, peut perdre des batailles qui sont ses péchés, il ne peut pas perdre la guerre : l'Esprit Saint, l'Esprit de Dieu qui est amour, aura toujours le dernier mot.

Mais pas de triomphalisme ! S'il est écrit que la Femme écrasera la tête du serpent infernal, il est tout aussi vrai que celui-ci cherchera à la mordre au talon, et cela peut faire mal, peut faire .tomber certains (Cf. Gn 3, 15).

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Tout chrétien qui se veut ouvert à l'Esprit, mais qui se sait aussi attiré parfois vers le mal, est obligatoirement confronté à une lutte intérieure. Il répète avec saint Paul : Effectivement, je ne comprends rien à ce que je fais : ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais, je le fais. Mais avec l'Apôtre que l'Esprit inspire, nous sommes aussi invités à dire : Grâce soit rendue à Dieu par Jésus Christ, notre Seigneur ! (Rm 7, 15.25). En effet, c'est Lui, le Christ, le vainqueur de tout mal.

LUTTER POUR LA FOI

Non seulement la vie personnelle des chrétiens, mais aussi la mission de l'Eglise comporte sa part de lutte contre les forces de destruction, de mort. Travailler au service de la foi signifie, à certaines époques surtout, lutter contre toute hérésie, toute déviation doctrinale, et cela en alliance avec Marie qui a constamment vaincu le monde et l'enfer. C'est pourquoi toutes les hérésies, nous dit l'Eglise, ont incliné le front devant la très Sainte Vierge, et peu à peu elle les a réduites au silence du néant, note avec optimisme le P. Chaminade.

La mission de Marie en faveur de la foi chrétienne, mission qu'elle partage avec l'Eglise, suppose le refus de tout mal qui agresse et dévie l'humanité. Plus positivement, en sa seule personne sainte, la Vierge est la grande victorieuse de toutes les hérésies, parce qu'elle est la Femme sainte en qui Dieu n'a permis aucune déviation, aucun péché. Se tenir proche de la Mère, de Dieu, la contempler et l'imiter, c'est rester ferme dans la foi, une foi aimante en Jésus Christ.

Le courage de reprendre sans cesse la route du bien, est donc une victoire de l'espérance chrétienne. Croire que le Bien va triompher du mal même lorsqu'on vit dans les ténèbres intérieures ou dans les périodes de persécution, relève de l'abandon à l'Esprit Saint et d'une totale confiance en Marie invoquée comme la « Gardienne de la foi ».

AU SERVICE DE MARIE IMMACULEE

En notre monde malheureusement encore soumis au mal et au péché, nous sommes invités à contempler Marie Immaculée et toute Sainte. En sa conception même, Marie est victorieuse de sa-tan. Cette victoire est, de façon encore voilée, inscrite dans l'Ecriture, dès le moment où fut commis le premier péché : Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, entre sa race et la tienne, elle t'écrasera la tête et toi, tu chercheras à la mordre au talon (Gn 3, 15). Le P. Chaminade avait l'habitude, dans les luttes et les difficultés, de rappeler ce texte de la Genèse. Du coup sa confiance en la victoire de Marie sur le démon, sur l'antique serpent (Ap 12, 9), se renforçait et son regard sur les difficultés devenait positif.

Car en Marie Immaculée, le mal n'a jamais existé. L'Esprit de Dieu l'en a préservée. Aussi est-elle pour nous le signe d'une victoire définitive sur la mal et le Mauvais. L'auteur de l'Apocalypse invite l'Eglise à contempler la Femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds et couronnée de douze étoiles (Ap 12, 1). Telle est la victoire de Marie. Quant à la descendance de la Femme, ceux qui observent les commandements de Dieu et gardent le témoignage de Jésus, ils auront à lutter (Ap 12, 17), mais dans l'espérance d'une victoire déjà acquise par le sang de l'Agneau et par la parole dont ils ont rendu témoignage (v. 11).

Une Eglise renouvelée par l'Esprit

Bien des historiens, et d'autres personnes qui réfléchissent, considèrent comme un vrai miracle l'existence, le développement et la longue fidélité de l'Eglise durant vingt siècles. Elle est habitée

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par l'Esprit donné à la Pentecôte, cet Esprit qui renouvelle la face de la terre (Ps 104, 30). Une de ses mission est donc de rajeunir l’Eglise, de la renouveler dans sa jeunesse d'au-delà du péché.

UN CONTINUEL RAJEUNISSEMENT

Les obstacles sur la route de l'histoire sont nombreux et parfois perfides. L'Eglise, comme toute institution humaine, et parce qu'elle vit dans le temps, est guettée par le vieillissement. A ,l'action du temps s'ajoute celle du péché qui paralyse la générosité, alourdit les spontanéités, s'il ne les anéantit pas. Des temps de renouvellement sont de ce fait indispensables à l'Eglise.

L'action divine de l'Esprit et la sollicitude maternelle de Marie se déploient, elles aussi, sans relâche pour relancer l'Eglise du Christ sur les routes de la sainteté qui sont celles de son rajeunissement. Durant toute son histoire, l'Eglise, guidée par l'Esprit, a fait l'expérience et du péché et de la victoire sur lui. Sous des formes variées, elle continuera cette route difficultueuse.

Elle sait en particulier que dans le sacrement de la Réconciliation l'Esprit Saint est pardon du péché et renouvellement de l'espérance pour une vie meilleure. Il est bienfaisant aujourd'hui de redécouvrir le dynamisme spirituel de ce sacrement, grâce au nouveau rituel élaboré à la suite de Vatican II.

L'Eglise dispose aussi de l'action constante de Marie, la Mère de la Miséricorde qu'est Jésus lui-même. Pauvres pécheurs, nous nous adressons inlassablement à la Mère de Jésus. Elle nous ramène à notre Sauveur et, finalement, nous prépare à l'heure de notre mort à laquelle elle est présente, car c'est celle de notre dernière naissance, celle qui nous fait surgir dans l'éternité de Dieu.

Au cours des siècles, les conciles, les synodes, l'action des saints, les persécutions elles-mêmes et bien d'autres évènements ont joué un rôle important pour la rénovation de l'Eglise. L'Esprit Saint comme Personne divine .et Marie au coeur de la Communion des saints, rajeunissent constamment le Corps ecclésial du Christ en aidant les chrétiens à accéder à une plus authentique vie de charité selon l'Evangile.

MARIE, MERE DE L'EGLISE

Puisque nous nous intéressons ici spécialement, dans la mission de l'Eglise, au rôle de Marie, nous sommes amenés tout normalement à penser au titre de Mère de l'Eglise que Paul VI a donné officiellement à Marie, 21 novembre 1964. Ce titre, remarque un de mes confrères, aurait dû remplir tous les chrétiens d'espérance. Mais beaucoup ont été victimes d'une faute de perspective, en oubliant de prendre le recul suffisant devant vingt siècles de chrétienté. Marie s'est vue représentée dans l'imaginaire comme une bien vieille femme, inquiète et douloureuse, devant une église désemparée en un temps qui ne lui prête même plus une attention polie.Marie, Mère de l'Eglise, est en réalité la jeune mère en la primeure de sa maternité, une toute jeune fille de treize, quatorze années. Car l'Eglise n'est pas née autrefois, pour vieillir au long des millénaires. Elle est toujours à l'état naissant; pour chaque génération, elle est nouveauté qui renverse avec la grâce le cours et la fatalité de l'histoire.

L'Eglise ne cesse de naître, et Marie ne cesse de l'enfanter. Et ces naissances sont toujours imperceptibles aux historiens qui ne les découvrent qu'après-coup.

L'usure du temps ou le temps nécessaire aux maturations et à l'expansion de la foi ? A nous de choisir. Mais pour Marie, sous la mouvance de l'Esprit, la réponse est simple : le temps sert à la

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croissance et à la sainteté de l'Eglise dans la ferveur de l'Esprit. Ce qui ne se fait pas avec le temps, ne peut tenir contre le temps, disait un sage.

Enfanter un monde nouveau

Et voici que la mission de l'Esprit et celle de Marie se conjuguent en vue d'un travail d'enfantement, d'un resurgissement constant de la vie là même où des forces de mort sont à l'œuvre.

L'EGLISE TOUJOURS A NAITRE

Chaque fois qu'une naissance nouvelle s'impose à l'Église, continue mon confrère, Marie réalise sa fonction maternelle. Et les " époques charnières " ne cessent de réclamer une Eglise nouvelle. Quand une culture s'efface au profit d'une autre, encore mal définie ; quand une génération de jeunes balaie le chemin des anciens, et patauge dans un nouveau sentier à inventer…

De nouvelles frontières n'arrêtent pas de barrer sans cesse notre route, frontières de la mouvance des cultures, frontières des questions inédites posées à l'homme par les techniques qu'il vient d'inventer. L’Eglise doit toujours les franchir et réinventer un mode de vie chrétienne adapté.

En un mot, l'Eglise doit être toujours jeune, pour qu'aucun homme d'aucune époque et d'aucune culture ne demeure hors du champ de l'espérance.

Marie, par la grâce de maternité, qui lui a été confiée une fois pour toutes, est toujours présente à l'enfantement. Il nous faut redécouvrir la maternité en sa source originelle, en ses tout petits commencements : là où se rejoignent l'humble disponibilité humaine, elle-même fruit de la grâce, et la force de l'Esprit qui la féconde en vie éternelle.

Manifestons notre Espérance en Marie, Mère de l'Eglise, non pas en faisant des calculs inquiets sur l'avenir, à partir de nos imaginations ou de nos projets sans cesse démentis ; mais à partir de la confiance en la Mère, qui nous répète : "Faites tout ce qu'il vous dira ", sans bien savoir quoi pour le moment ; dans la disponibilité totale, sans raidissement ni pusillanimité…

La vue des réalités peut nous rendre anxieux sur l'avenir. La confiance en Marie, la Mère des tout petits commencements, nous invite à la sérénité et à l'Esprérance. Non, Marie n'est pas la vieille épouse qui n'aurait plus que ses rides et ses prières pour écarter les menaces qui pèsent sur ceux qu'elle aime. Elle est pour toujours l'éternellement jeune Eve, la Mère des vivants, dont la maternité naissante est fécondité jamais tarie. (Père Bernard Vial, sm., Jeune maman d'un jeune Eglise)

L'ENFANTEMENT D'UN MONDE NOUVEAU

La révélation chrétienne, ici encore donne à la mission de l'Eglise animée par l'Esprit un sens dynamique. Comme l'Esprit en Marie a fait naître le Christ et par là son Eglise en ce monde, ainsi continuent-ils ensemble jusqu'à l'achèvement du temps, l'enfantement du monde orienté vers sa plénitude finale. L'Esprit Saint est, selon le Credo celui qui donne la vie, le vivificateur et Marie est et reste en toute sa mission, la Mère, celle qui porte la vie, qui l'enfante et a le souci de sa croissance.

Saint Paul, dans sa lettre aux Romains, présente l'espérance de l'Eglise comme l'attente d'un enfantement toujours en cours. L'Esprit planait sur les eaux de la création. Aujourd'hui il fait progressivement advenir la plénitude de la gloire au coeur de ce monde : la création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l'enfantement. Elle n'est pas la seule ; nous aussi, qui

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possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons intérieurement, attendant l'adoption, la délivrance pour notre corps. Car nous avons été sauvés, mais c'est en espérance. Et espérer ce que nous ne voyons pas encore, c'est l'attendre avec persévérance (Rm 8, 22-25).

Telle est l'espérance chrétienne. A la lumière de la foi, nous savons et nous pouvons déjà entrevoir qu'un monde nouveau prend forme. Comme tout enfantement, cela ne se fait pas sans souffrance ni renoncement. Mais nous sommes assurés que l'Esprit de Dieu fera surgir de notre monde, atteint par le péché, un monde nouveau qui éclatera un jour dans la gloire du Christ ressuscité, le jour où celui-ci viendra sur les nuées du ciel (Mt 26, 64).

MARIE, MERE DU MONDE NOUVEAU

Qui dit enfantement cosmique, pense non seulement à l'Esprit de vie, mais aussi à la Femme par excellence, Marie, la Mère à la maternité universelle. Marie, en intime alliance avec l'Eglise, invite celle-ci à partager ses soucis maternels, à prendre part à sa souffrance et aussi à la joie d'avoir mis et de continuer à mettre un homme au monde. Ce texte de saint Jean (16, 21) nous reporte au Calvaire. Là, avec son Fils et seul Sauveur, Marie enfanta dans la souffrance l'Eglise.

Désormais, au cœur de l'Eglise animée par l'Esprit de la Pentecôte, elle est la Mère de ce monde nouveau continuellement en gestation à travers l'histoire humaine. Il naît chaque fois que dans le cœur des hommes le visage du Christ prend forme et que l'humanité, créée à l'image de Dieu, accède à la ressemblance de ce Dieu qui est Amour.

Pour exprimer cette vérité, le P. Chaminade aimait mettre sur la bouche de Marie cette parole de saint Paul aux Galates (4, 19) : Mes petits enfants, vous que j'enfante à nouveau dans la douleur jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous. L'enfantement du monde nouveau c'est l'enfantement du visage cosmique du Fils. Il est l'image du Dieu invisible, premier-né de toute créature. Tout est créé par lui et pour lui (Col 1, 15-16). Et le monde entier ne trouve sa plénitude qu'en Lui.

L'ESPERANCE CHRETIENNE

Espérer n'est pas seulement tenir dans le temps, mais aussi voir plus loin que le temps, l'au-delà, comme nous disons. La révélation, en Romains chapitre 8 (surtout v. 22-25), montre que telles furent déjà les perspectives de l'Eglise du premier siècle : souffrances, détresses, attentes, prennent tout leur sens lorsqu'elles sont vécues comme l'enfantement d'un monde spiritualisé, racheté par Jésus et sanctifié par l'Esprit Saint.

L'affirmation de saint Paul aux Colossiens (1, 24) ne peut avoir de sens que dans cette lumière : Je trouve maintenant ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et ce qui manque aux détresses du Christ, je l'achève dans ma chair en faveur de son corps qui est l'Eglise. Paul, annonçant l’Evangile aux nations, endure des épreuves qu'il situe en continuité avec celles du Christ durant sa vie terrestre. Elles préparent la fin des temps et donc la plénitude de l'Eglise. Tous les chrétiens sont invités, eux aussi, à partager cette, conviction et à situer leurs engagements pour le Royaume, leurs souffrances, leurs détresses, dans la perspective de l'enfantement du monde nouveau, celui de l'Humanité-Eglise dans la gloire.

Marie, déjà entrée dans la plénitude du Christ ressuscité, en corps et en âme, est aujourd'hui pour l'Eglise en pèlerinage sur terre le meilleur signe d'espérance certaine et de consolation, affirme le concile (LG. n° 68).

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La mission : le salut du monde

Le temps de l'Eglise est proprement le temps de la mission telle que Jésus ressuscité l'a confiée aux apôtres : Allez par le monde entier, proclamez l'Evangile à toutes les créatures. (Mc 16, 15). Tout homme doit pouvoir accueillir l'annonce de la bonne Nouvelle et l'appel au salut et à l'unité dont l'Eglise est le sacrement.

LA MISSION DE L'ESPRIT ET DE MARIE

Dans le but d'atteindre tous les hommes, l'action missionnaire de l'Esprit Saint se fait multiforme et se réfracte dans l'action de tous les chrétiens, de tous les hommes de bonne volonté. A travers la multitude des initiatives variées, l'Esprit Saint vivifie le corps tout entier de l'Eglise dont il est l'âme (LG. n° 7, § 7). Il dirige les hommes, rassemblés dans le Christ, et en pèlerinage sur la terre, vers le Règne du Père (Gaudium et spes, n° 1). Il appelle et aide les chrétiens à répandre la lumière de vie en toute assurance et courage apostolique, jusqu'à l'effusion de leur sang (Vatican II, La liberté religieuse, n° 14, § 3). En effet l'Esprit de Dieu conduit le cours des temps et rénove la face de la terre. Aussi est-il présent à l'évolution chrétienne du monde afin qu'advienne, par l'engagement des chrétiens, le Règne de Dieu (Gaudium et spes, n° 26, § 4).

Comme on peut le voir, le concile Vatican II a bien explicité l'action missionnaire de l'Esprit Saint. Mais si l'Esprit est divin, l'Eglise, sur terre, est humaine. Humaine est donc aussi sa. mission. Elle est invitée par le concile à regarder celle qui, auprès du Christ, fut l'Eglise en sa propre personne. De cette intime coopération avec le Sauveur découle aujourd'hui sa mission à la fois de Vierge et de Mère. De Vierge qui maintient intègre et pure la foi qu'elle a donnée à l'Epoux (LG. n° 64). De Mère du Fils de Dieu et des fidèles, ses frères, à l'enfantement et à l'éducation desquels elle coopère dans son amour de mère (LG. n° 63).

Le Concile ouvre ainsi une voie royale qui oriente les efforts missionnaires de l'Eglise. Avec Marie, la Vierge, l'Eglise est entraînée à se mettre au service de la foi en son Sauveur, le Seigneur Jésus. Avec Marie, la Mère, l'Eglise est appelée à déployer toutes les inventions de sa charité maternelle. L'une et l'autre mission, celle de la Vierge et celle de la Mère, sont à vivre dans l'espérance. L'Eglise, docile aux inspirations de l'Esprit de la Pentecôte, partage donc la mission de Marie qui, tout normalement, doit inspirer tous ceux qui sont associés à la mission apostolique de l'Eglise (LG. n° 65, fin).

VERS LA PLENITUDE

Ainsi l'Esprit et Marie, activement présents tout au long de l'histoire de l'Eglise en notre monde, préparent-ils le ciel nouveau et la terre nouvelle que nous attendons selon la promesse et où la justice habite (2 Pierre, 3, 13 ; cf. Is 65, 17).

Le livre de l'Apocalypse que saint Jean a écrit pour soutenir l'espérance des chrétiens persécutés, montre, en l'ensemble de son chapitre 12, que l'Eglise de tous les temps peut faire entière confiance à la Femme, la Mère du Messie, qui sera définitivement victorieuse du dragon, l'antique serpent, le séducteur du monde entier (v. 9). En attendant l'avènement de ce monde nouveau, l'Eglise vit dans l'espérance, car, en elle, tournés vers le Christ glorifié, l'Esprit et l'Epouse disent : Viens ! (Ap 22, 17).

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3e conférenceROUTE DE MARIE,

ROUTES DES HOMMES

Marie n'oriente pas seulement vers Jésus et vers l'Esprit Saint, elle désire apprendre à chaque chrétien à devenir, comme elle, membre actif de l'Eglise. Pour bien discerner la route de Marie aujourd'hui et donc la nôtre, il nous faut, comme a dû le faire le Concile lui-même, agrandir, dans notre esprit et dans notre cœur, l'idée même que nous nous faisons de l'Eglise elle-même.

Trop facilement l'Eglise est vue seulement comme une réalité historique et géographique, donc humaine. Cependant elle est en même temps un mystère divin, le dessein du Dieu Amour. Ce projet qui dépasse le temps, est en train de le réaliser en faveur de l'humanité et cela depuis bien avant la création, comme durant l'histoire terrestre et au-delà de cette vie, dans la vie étemelle. Alors, dans cette Eglise, appelée à être Communion des saints, la Sainte Vierge Marie trouve toute sa place.

Comme membre de l'Eglise, sa route est solidaire de celle de tous les membres de l'Eglise, de tous les hommes.

Comme l'archétype de l'Eglise, sa route est exemplaire de celle de l'Eglise entière.

Comme mère de l'Eglise, de chaque chrétien, sa mission maternelle appelle des réponses filiales.

Telle peut être présentée la route de Marie au cœur de l'Eglise dans laquelle nous vivons aujourd'hui et qui, pour notre diocèse, est entrée en Synode. L'Eglise peut tirer grand profit à se laisser interpeller, non seulement par les routes des hommes mais aussi par celle, exemplaire, de la Mère du Christ.

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ROUTE DE MARIE,

EN SOLIDARITE AVEC LES HOMMES

Que Marie soit membre vivant et actuel de l'Église, semble étonner bien des catholiques. Donc une question importante se pose qui mérite un examen attentif de notre part.

Une Tradition constante

Partons de deux textes qui peuvent éclairer et guider notre recherche. Le premier est de saint Augustin et nous exprime la Tradition ancienne de l'Église; le second, récent, est du Pape Jean-Paul II.

UN TEXTE DE SAINT AUGUSTIN

Dans le sermon 25 sur l'évangile de saint Matthieu (PL 46, 937938), saint Augustin cite d'abord les paroles de Jésus: Voici ma Mère, voici mes frères. Et ensuite: Celui qui fait la volonté de mon Père, qui m'a envoyé, c'est lui mon frère, ma sœur, ma mère (Mt 12, 48-50). Et voici quelques extraits de son commentaire.

Sainte Marie a fait, oui, elle a fait la volonté du Père, et par conséquent, il est plus important pour Marie d 'avoir été disciple du Christ que d'avoir été mère du Christ. . . Son âme a gardé la vérité plus que son sein n'a gardé la chair. La Vérité, c'est le Christ; la chair, c'est le Christ. La vérité, c'est le Christ dans l'âme de Marie; la chair, c'est le Christ dans le sein de Marie. Ce qui est dans l'âme est davantage que ce qui est dans le sein.

Sainte Marie, heureuse Marie ! Et pourtant l'Église vaut mieux que la Vierge Marie. Pourquoi ? Parce que Marie est une partie de l'Église, un membre éminent, un membre supérieur aux autres, mais enté n un membre du corps entier. S'il s'agit du corps entier, le corps est certainement davantage qu'un seul membre. (Texte cité dans La liturgie des heures, t.IV, p. 1144, à l'office des lectures du 21 novembre).

Ce témoignage du cinquième siècle exprime la Tradition de l'Eglise avant toutes ses divisions, durant les dix premiers siècles de sa vie. Le Concile Vatican II, en plaçant le texte sur Marie dans le Document sur l'Eglise, a donc été fidèle à cette antique tradition: Marie est un membre de l'Eglise, une membre éminent. La route de Marie concerne toute l'Eglise.

UN TEXTE ACTUEL

Lorsque le Pape Jean-Paul II veut présenter Marie comme membre de l'Eglise, il commence par évoquer le dessein éternel de Dieu tel qu'il nous est révélé par saint Paul dans sa lettre aux Ephésiens: Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spiri -tuelles, aux cieux, dans le Christ (1, 3). Ce plan est universel et concerne tous les hommes, du premier au dernier. Il concerne aussi, commente le Saint Père, le Fils de Dieu fait homme, le Christ qui a pris la tête de l'humanité. Dans cette humanité créée, une place unique est réservée à la " femme " qui est la Mère de celui auquel le Père a confié la mission de sauver les hommes (Jean-Paul II, La Mère du Rédempteur, n° 7).

Le Christ, Verbe incarné, est donc premier et unique dans l'humanité, en même temps qu'il est le Fils bien-aimé auprès du Père avant la fondation du monde (Ep 1, 4). En seconde place vient l'humanité

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entière dont fait partie Marie, créature sanctifiée comme nous. Cependant, parmi la multitude des sauvés, elle a été choisie et appelée pour être la Mère de Jésus et être associée à la mission du Sauveur, son Fils.

Marie se situe donc à l'intérieur de l'humanité rachetée, devenue Eglise. La vocation unique de Mère de Dieu donne à Marie une place particulière au sein de l'Eglise du Christ. Comme Femme croyante, Marie symbolise, dans l'Eglise, la communauté des croyants, l'Eglise de la charité, la Communion des saints, l'Eglise tout entière comme l'unique Peuple de Dieu.

La vie chrétienne vécue avec Marie

Eclairés par les deux textes précédents, il nous est possible maintenant d'en saisir quelques conséquences et d'ajuster mieux nos routes humaines à celle de Marie, membre de cette Eglise que, tous ensemble, nous formons sur la terre comme au ciel.

MARIE EST AVEC NOUS

Bien des catholiques sont tentés de mettre Marie au-dessus de l'Église et donc en dehors d'elle, au loin. Cependant toute la Tradition chrétienne présente Marie du côté de l'humanité sauvée et sanctifiée. Des liens d'une vraie fraternité chrétienne nous invitent à appeler Marie notre Sœur, liés que nous sommes par un amour mutuel.

Il est vrai que Marie est unie à son Fils par un lien étroit et indissoluble. Elle est revêtue de la fonction et de la dignité suprême de Mère du Fils de Dieu. Aussi est-elle la fille préférée du Père et le temple de l'Esprit-Saint. Par le don de cette grâce suprême, elle dépasse de loin toutes les autres créatures célestes et terrestres. Mais la suite du texte rappelle combien Marie, la Mère de Dieu, est proche de nous. Cependant elle est en même temps, de par sa descendance d'Adam, unie à tous les hommes, qui ont be -soin du salut (LG n° 53) Parce qu'elle est notre Sœur, nous sommes si unis à Marie, à la fois dans son humilité et dans sa grandeur. Avec elle, nous vivons mieux notre propre humilité comme notre élévation par la grâce du Seigneur.

LES GRACES DE MARIE SONT AUSSI NOTRES

Tout ce que Dieu a donné à Marie, il l'a donné en même temps à l'Église à qui Marie appartient avec tout ce qu'elle est et tout ce qu'elle a. Aurait-on idée d'exclure la maman de la famille parce qu'elle a de grandes qualités ? Bien au contraire, une telle situation fait la fierté de toute la famille et fait croître chaque membre dans la mesure même où il aime sa mère.

Non seulement Marie enrichit la Communion des saints mais ses grâces ne sont pas, en leur nature, différentes des nôtres. La grâce de sa conception immaculée, par exemple, est analogue à celle de notre baptême. L'une et l'autre rend saint et sans péché, bien que celle de Marie lui fût donnée avec une plénitude unique que l'Esprit maintenait et développait en elle, toute sa vie, sans qu'il y ait défaillance de sa part. Dieu l'enveloppe donc du même amour qu'il témoigne à chaque chrétien, bien que ses dons diffèrent de l'un à l'autre, selon la vocation de chacun.

VIVRE AVEC MARIE

La route de sainteté de Marie, parce qu'elle est chrétienne, est exemplaire de celle de l'Église. Ici encore le Concile apporte sa lumière. Tandis que l'Église a déjà atteint dans ,7a bienheureuse Vierge la perfection, par quoi elle est sans tache et sans ride (Cf. Ep 5, 27), les f dèles tâchent encore de croître en sainteté en triomphant du péché. Aussi lèvent-ils les yeux vers Marie: elle brille comme un modèle de vertu pour toute la communauté des élus. L 'Eglise, en songeant pieusement à elle et en la contem plant

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dans la lumère du Verbe fait homme, pénètre plus avant, pleine de respect, dans les profondeurs du mystère de l'Incamation, et se conforme toujours davantage à son Epoux (LG. n° 65). La sainteté de Marie, comme celle de l'Église, est conforme à celle du Christ lui-même, le seul Saint (LG. n° 39).

En faisant nôtre cette doctrine nous sommes amenés à vivre une grande proximité avec la Mère de Jésus qui est aussi la nôtre. Avec elle, nous sommes vraiment en famille. Nous sommes invités à entrer dans le coeur de Marie. Le Père Chaminade nous assure qu'on ny trouve jamais d'autres intérêts que ceux du Sacré Coeur de Jésus Christ son Premier-né et notre Frère aîné (Chaminade, Ecrits Marials, II, n° 596).

Le Fondateur des Marianistes était si convaincu de cela qu'il appelait l'Église la Famille de Marie, voulant souligner par cette expression que l'Église se rassemble et vit dans le rayonnement de l'amour de la Mère de Jésus. Aucun danger cependant qu'elle nous accapare. L'amour que Marie nous porte est si ardent, il est d'ailleurs si relatif à notre conformité avec son divin Fils, que toute son ambition, si l'on peut parler ainsi de la plus sainte des créatures, c'est que les enfants que sa charité engendre, après cet ado-rable Sauveur, ne fassent avec lui qu'un même f,7s (ibid.). A sa manière, le Concile affirme la même vérité: toute l'action de la bienheureuse Serge sur les hommes dans l'ordre du salut…. loin d'empêcher de quelque manière une union immédiate des croyants avec le Christ, la facilite bien plutôt (LG. n° 60).

Marie n'est donc pas cette médiatrice que nous avons parfois mise entre Jésus et nous, au point de la détacher de l'Église. Un tel schéma qui semble si simple et si beau, ne correspond pas à la réalité de ce qu'est l'Église en son mystère. Celle-ci, comme Jésus le dit dans la comparaison de la vigne (In 15), est unie à lui sans aucune médiation. Les sarments font partie du pied de vigne et les membres du corps sont directement unis à la tête, tout en ayant des liens entre eux. Marie a un rôle médiateur dans l'Église qui est unie à son Seigneur. Là, vu la très grande union de la Mère avec son Fils, elle intercède pour les frères et les sœurs de Jésus, tout en étant elle-même membre à part entière de l'Église.

ROUTE DE MARIE

ROUTE DE L’EGLISE

Continuons à explorer les conséquences de l'appartenance de Marie à l'Église. Plus qu'un modèle que l'on pourrait choisir entre plusieurs, Marie est le modèle humain, l'archétype de l'Église considérée comme humanité sanctifiée.

Marie est l'Église en une personne

Les auteurs chrétiens des dix premiers siècles chrétiens parlaient de Marie et de l'Église comme de deux réalités qui n'en faisaient qu'une. Pour eux, passer de l'une à l'autre ne leur posait aucun problème. Marie était pour eux comme la Personne-Eglise, I ‘Eglise en une personne.

QU'EST-CE QU'UN ARCHETYPE ?

Le Concile, lorsqu'il présente Marie en ses rapports avec l'Église, reprend ce que saint Ambroise, l'évêque de Milan au quatrième siècle, disait déjà à ses fidèles en leur exposant l'Évangile selon saint Luc (LG. n° 63, note 18): La Mère de Dieu est l'archétype de l 'Eglise. . . et cela dans l'ordre de la foi de la charité et de l'union parfaite avec le Christ. Saint Ambroise utilise le terme de " typos " en grec; il est difficile de transposer simplement ce mot en français. Aussi la plupart des traductions du texte conciliaire le rendent par figure ou modèle. Le mot " type " en grec peut avoir ce sens. Mais, en

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référence à la philosophie de Platon, le mot typos a pris aussi le sens de figure parfaite, exemplaire originel sur lequel tous les autres vont être faits. Son sens est alors celui d'archétype où arche en grec signifie commencement, début d'une série, comme en Jean 2, 11 qui présente le miracle de Cana comme le commencement des signes de Jésus, le miracle-type.

MARIE ARCHETYPE DE L'EGLISE

Il nous est permis d'appeler Marie archétype car elle est, avant la naissance de l'Église, sa figure et sa réalisation, en sa propre personne. L'Eglise, comme communion effective des croyants dans le Christ, est née au Calvaire par la mort de Jésus, de son côté ouvert. En effet, le Christ en croix, de ce qui était divisé, a fait une unité. Dans sa chair il a détruit le mur de séparation: la haine (Ep 2, 14). A partir de cette heure de salut, I'Eglise, comme nouveau peuple de Dieu, rassemblement de l'humanité rachetée, pouvait exister et a de fait existé. Jésus devait mourir pour réunir dans l'unité les enfants de Dieu qui sont dispersés par le péché (Jn 11, 49-52).

Avant donc la naissance effective de l'Eglise au Calvaire, Marie, en sa seule personne, vivait ce que sera appelé à vivre plus tard l'Eglise-communauté des croyants. Marie a été créée sainte et immaculée dès sa conception. C'est ainsi, affirme saint Paul, que doit devenir l'Eglise selon le dessein d'amour du Père (Ep 1, 4; 5, 27; Col 1, 22). Ce qu'est Marie dès son origine, l'Eglise doit le devenir en son achèvement. Marie, dès l'Incarnation et sous l'action de l'Esprit, s'est consacrée à la personne et à la mission de son Fils comme le fera l'Eglise à partir de la Pentecôte et dans la suite des temps. Marie a été, avant l'Eglise, élevée, corps et âme, dans la gloire du Ressuscité, comme le sera l'Eglise à la fin des temps. Marie offre donc d'une manière éminente et singulière (LG. no 63) l'image même de ce que doit devenir l'Eglise, selon la volonté de Dieu.

Toute vie chrétienne est mariale

Découvrir Marie comme archétype de l'Eglise et faire sienne cette vérité, représente un progrès important dans la connaissance et de Marie et de l'Eglise. Les liens qui les unissent sont si étroits qu'elles ne peuvent se passer l'une de l'autre. Ensemble, elles forment l'unique Eglise de Jésus Christ.

L'EGLISE EST MARIALE

Cette affirmation peut paraître exagérée même à l'ensemble des chrétiens d'aujourd'hui. En la remettant en lumière, le concile ne fait que renouer avec une ancienne tradition.

Une vérité ancienne altérée

A partir du quatorzième siècle, lorsqu'on a commencé à considérer davantage l'Eglise comme une réalité juridique, son image ancienne a commencé à s'altérer. L'Eglise, pour l'ensemble de la chrétienté, a tendu à s'identifier avec la hiérarchie, à s'incarner dans le Pape et les Evêques dont on soulignait surtout le pouvoir, spirituel bien sûr mais aussi temporel.

De plus, la seule réalité terrestre de l'Église tendait à s'imposer à la conscience chrétienne. L'Eglise sera dite militante. Commenceront alors ses luttes liées à un pouvoir à défendre. Marie n'avait plus sa place en cette Eglise limitée à la terre. Aussi la regardaiton, dans la communion des saints, reléguée, elle aussi, au ciel, comme au-dessus de cette Eglise et plus ou moins en dehors d'elle. Marie devenait Médiatrice entre le Christ Seigneur, juge puissant, et cette Eglise terrestre. Il suffit de regarder le Jugement dernier de Michel-Ange à la chapelle Sixtine (XV° siècle) pour saisir cette profonde transformation ecclésiale et, par le fait, mariale.

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Une vérité redécouverte

Aujourd'hui, grâce surtout à l'approfondissement des enseignements bibliques sur Marie, grâce au Concile qui nous a rendu une vision de l'Église comme Peuple de Dieu (LG. chapitre 2), Marie peut retrouver toute sa place dans l'Église. A condition toutefois que les chrétiens d'aujourd'hui aient le courage lucide de dépasser leur ancienne conception de l'Église uniquement terrestre pour retrouver l'Église en tout son mystère (LG. chapitre 1). Car la vision que nous nous faisons de l'Église conditionne celle que nous avons de Marie; les deux sont inséparables et s'interfèrent continuellement.

Conséquent avec tout l'enseignement du concile, le Pape JeanPaul II, en approfondissant la place de Marie dans la vie de l 'Eglise et de chaque chrétien, contemple le mystère du Calvaire où le Christ a exprimé au singulier la nouvelle maternité de sa Mère, en se référant à un seul homme: 'Voici ton fils' (Jn 19, 26). Puis il en tire l'affirmation suivante: Dans ces mêmes paroles est pleinement indiqué le motif de la dimension mariale de la vie des disciples du Christ: non seulement de Jean, qui se trouvait à cette heure sous la Croix avec la Mère de son Maître, mais de tout disciple du Christ, de tout chrétien. . . La maternité de Marie, qui devient un héritage de l'homme, est un don, un don que le Christ lui-même, fait personnellement à chaque homme. (Jean-Paul II, La Mère du Rédempteur, n° 45).

Non seulement toute l'Église, au Calvaire, est mariale de par la volonté expresse de Jésus mourant, mais il nous fait découvrir aussi la dimension mariale de la vie des disciples du Christ. Tout disciple de Jésus, et en un sens plus large, tout homme, a Marie pour Mère. Le chrétien est donc constitué, par la grâce de son baptême, fils de Marie, qualité que Jésus partage avec lui. Pourquoi ne pas l'admettre pour en vivre?

EN RESUME. . .

Marie comme archétype, réalise donc par avance, en sa propre personne, ce que l'Église réalisera plus tard en la multitude de ses membres. Voici comment le Père René LAURENTIN, en un texte qui date d'avant le concile, présente Marie en cette situation.Toutes ces anticipations ne sont pas étrangères à la vie de l'Église; car en Marie c'est l'Église qui commence sa vie cachée. Aussi pourrait-on dire qu'en Marie l'Église commence d'être sainte et immaculée, d'être incorporée au Christ, de communier à ses mystères et de ressusciter avec Lui. Dans cette perspective, Marie apparaît comme le premier membre de l 'Eglise, celui en lequel l'Église réalise de la façon la plus parfaite, et par anticipation, son essence la plus profonde, la plus inaliénable, qui est la communion au Christ.Ainsi confondue avec Marie au point de départ, I ‘Eglise devra apprendre peu à peu à se distinguer de Marie, un peu comme un enfant apprend à distinguer son corps du corps de sa mère, son sourire du sourire de sa mère. . . Ce sera peu à peu que l 'Eglise apprendra, d'un même mouvement, à se connaître elle-même plus distinctement et à connaître Marie plus distinctement.Et celle-ci lui apparaît comme le point où elle réalise sa perfection suprême, comme son âge d 'or initial et final. L'âge d’or initial: c'est celui où Marie était à elle seule l 'Eglise pour accueillir le Christ sur la terre par la foi et vivre avec Lui dans la charité. L'âge d'ordinal: c'est cette résurrection, cette consommation vers laquelle tend l 'Eglise militante et que la Vierge a personnellement atteint.Plus l 'Eglise s'éloigne de son âge d'or initial plus elle s'approche de son âge d'or f nal que sera la parousie, et plus elle découvre à son origine cette perfection de sainteté, et devant elle cette perfection de gloire qu'est le mystère de Marie. Plus elle fait l'expérience de ses limites, de ses imperfections, de sa condition laborieuse, et plus elle reconnaît en Marie son idéal et son modèle, plus elle la met en honneur comme l'image et le programme de son achèvement, plus elle découvre, enfin, la valeur de son assis-tance quotidienne. (René LAURENTIN, L'initiation théologique, IV, p. 299-300).

On ne peut mieux exprimer comment Marie est pour l'Eglise l'archétype, le programme de sa vie, de son développement, de son achèvement dans la gloire. L'Eglise de Jésus Christ ne peut se passer de Marie et celle-ci ne peut se passer de l'Eglise de son Fils et qui est devenue aussi son Eglise.

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L'Eglise, comme Marie, vierge et mère

Ainsi donc, ses attitudes les plus typiquement chrétiennes, l'Eglise les lit dans la vie de Marie. Le même Esprit Saint a formé, sur le modèle de Jésus Christ, la sainteté plénière de Marie comme exemplaire de celle de l'Eglise. En son propre mystère, l'Eglise vit celui de Marie tout comme celui de Marie se développe en celui de l'Eglise. En Lumen gentium (n° 63-64), le concile retient particulièrement deux qualités de Marie pour les appliquer spécialement à l'Eglise: l'une comme l'autre sont Verge et Mère.

L'EGLISE, COMME MARIE, EST VIERGE

Marie est Vierge, affirme le concile, car dans la foi et l'obéissance, elle engendra sur terre le Fils même de Dieu, sans relations charnelles, mais sous l'action de l'Esprit-Saint; nouvelle Eve, elle a cru, non plus au serpent ancien, mais au messager de Dieu, d'une foi qu'aucun doute n'altéra (LG. n° 63).

La virginité de Marie est donc présentée comme l'expression de sa fidélité sponsale envers Dieu, et, après l'Incarnation, envers son Fils Jésus. Elle la vit dans une attitude caractéristique: la foi et l'obéissance, c'est-à-dire dans l'obéissance de la foi, comme le médite Jean-Paul II à la suite de saint Paul (Rm 16, 26; Cf Rm 1, 5; 2 Co 10, 5-6).

Et l'application à Marie, la voici: A l'annonciation en effet, Marie s'est remise à Dieu entièrement en manifestant " l'obéissance de la foi " à celui qui lui parlait par son messager, et en lui ren dant " un complet hommage d'intelligence et de volonté " Elle a donc répondu de tout son moi humain, féminin, et cette réponse de la foi comportait une coopération parfaite avec " la grâce pré venante et secourable de Dieu " et une disponibilité parfaite à l'action de l'Esprit Saint qui " ne cesse, par ses dons, de rendre la foi plus parfaite " (Jean-Paul II, La Mère du Rédempteur, n° 13; Cf. Vatican II, Constitution dogmatique sur la Révélation divine, n° 5; Lumen gentium, n° 56).

La virginité est donc l'attitude typique de la Femme de l'Alliance, de celle qui s'est engagée totalement à faire ce que Dieu lui dit et à accomplir la Parole de Dieu comme fondement de son existence. La foi de la Vierge inspire son obéissance à Dieu ce qui engendre en Marie coopération et disponibilité.

La mission virginale de Marie-Eglise

Et voici, toujours selon le concile, l'attitude de l'Église, à la suite de Marie et en union avec elle. L 'Eglise est aussi la vierge qui maintient intègre et pure la foi qu'elle a donnée à l'époux A l'imitation de la Mère de son Seigneur, elle conserve d'une façon virginale, par la vertu de l'Esprit Saint, une foi intacte, une espérance ferme et une charité sincère (LG. n° 64).

Ensemble, Marie et l'Église, l'une dans l'invisible et l'autre dans le monde visible, ont même responsabilité par rapport à la foi en Jésus Christ: la maintenir en son intégrité telle que reçue du Seigneur, la vivre comme l'expression de leur fidélité vouée au Christ. La foi vécue par chaque chrétien est donc pour lui, dans l'Église et avec Marie, un témoignage d'appartenance à Jésus Christ. Dans cette perspective, le Credo devient une prière d'engagement envers Dieu.

Travailler en Eglise au service de la foi, de son extension, de son approfondissement, de son éducation dans le coeur des jeunes et des adultes, tous ces engagements peuvent être vé cus, en Eglise, comme des expressions fondamentales d'un amour chrétien envers Marie.

L'EGLISE, COMME MARIE, EST MERE

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Il suffit de rappeler ici que Marie est Mère de Jésus qui est le Fils de Dieu fait homme en son sein, par l'action de l'Esprit qui l'a couverte de son ombre (Lc 1, 35).

La maternité de grâce de Marie

La maternité divine de Marie inclut, de façon implicite, sa maternité de grâce envers les hommes. Car elle enfanta le Fils que Dieu a établi premier-né d'un grand nombre de frères (Rm 8, 29), c'est-à-dire de f dèles. Aussi coopère-t-elle, dans son amour de mère, à les engendrer et à les éduquer (LG. n° 63). En une même acceptation et en un même acte, Marie est donc devenue effectivement la Mère de Jésus et virtuellement déjà la Mère de tous ceux qui constitueraient. à travers temps et espace, le corps ecclésial de son Fils.

La maternité de grâce de Marie s'est développée et est devenue effective au fur et à mesure que Marie vivait, intimement unie à son Fils, les divers mystères du Sauveur. Car ainsi elle a vraiment collaboré à la restauration de la vie surnaturelle dans les âmes. Voilà pourquoi elle fut pour nous une mère dans l'ordre de la grâce (LG n°61).

La maternité de grâce de l 'Eglise

Le concile présente la maternité de l'Église en harmonie avec celle de Marie. L 'Eglise qui contemple la sainteté mystérieuse et imite la charité de Marie, I 'Eglise qui accomplit fidèlement la volonté du Père, devient mère, elle aussi par l'accueil plein de foi qu 'elle offre au Verbe de Dieu. Car par la prédication et le baptême, elle engendre à la vie nouvelle et immortelle des f ls conçus du SaintEsprit et nés de Dieu (LG. n° 64).

L'Eglise ne peut être mère, affirme le concile, que si elle contemple la sainteté mystérieuse de Marie et qu'elle imite tout particulièrement la charité de Marie. Ainsi se trouve souligné l'identité entre sainteté et charité, identité établie par le chapitre 5 de Lumen gentium. Ce chapitre important, dans la lumière de Marie, dévoile ici un prolongement nouveau: devenir saint dans l'Eglise, par une vie de charité, c'est participer à la maternité de Marie et l'actualiser dans l'Eglise. Telle est la fécondité spirituelle et ecclésiale de la charité.

En affirmant que l'Eglise devient Mère lorsqu'elle accomplit f dèlement la volonté du Père. . . par l'accueil plein de foi qu'elle offre au Verbe de Dieu, le Concile fait référence à l'Évangile déjà utilisé plus haut par saint Augustin: quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, c'est lui mon frère, ma soeur, ma mère (Mt 12, 30). En un autre endroit de son oeuvre, le même saint Augustin, repris par le Concile, affirme que Marie est vraiment Mère des membres du Christ . . parce qu'elle a coopéré par sa charité à la naissance, dans l'Eglise, des fidèles, qui sont les membres de ce Chef, le Christ (LG. n° 53). La coopéra-tion de Marie au salut, saint Augustin la voit très intimement unie à celle de l'Eglise en vue d'une même maternité qui fait naître aujourd'hui les fidèles comme frères de Jésus (LG. n° 63, fin). Pour mieux saisir comment vivre la maternité de l'Eglise aujourd'hui, il faut d'abord bien situer une autre res ponsabilité de Marie: elle est Mère de l'Eglise.

MISSION MATERNELLE,

REPONSES FILIALES

Marie est archétype de la virginité et de la maternité de l'Eglise. Mère, Marie l'est non seulement dans l'Eglise mais elle est aussi Mère de l'Eglise. Que veut-on exprimer par ce titre donné à la Mère de Dieu ?

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La Mère de l'Eglise

Le Pape Paul VI, on le sait, a solennellement proclamé Marie Mère de l'Eglise, le 21 novembre 1964. Ce titre n'est pas nouveau, car l'Eglise, depuis l'antiquité, a considéré Marie comme sa Mère.

AU CALVAIRE, MARIE MERE DE L'EGLISE

Pour saisir à sa source la maternité de Marie par rapport à l'Eglise, il nous faut revenir aux derniers moments de Jésus au Calvaire. Là, selon l'évangile de saint Jean (19, 25-27), Jésus a proclamé sa Mère comme Mère de son disciple bien-aimé. Cet acte du Sauveur n'est pas avant tout un geste de tendresse filiale et familiale.

Selon les exégètes, l'évangéliste présente son texte comme une révélation. Jésus en croix ne crée pas la maternité de grâce de Marie, mais il révèle une réalité qui existe depuis que Marie, à l'Incarnation, a conçu le Christ, premier-né d'une multitude de frères (Rm 8, 29). A cette heure-là le Sauveur, avant de mourir, achève sa mission en mettant le sceau définitif à toute sa vie. La mission du Christ était en effet de rassembler des disciples, de jeter les bases de l'Eglise. Mais celle-ci ne pouvait naître que dans le dernier acte de la vie de Jésus, sa mort.

Mais auparavant il veut présenter au monde son Eglise, en un acte prophétique, tout comme il a voulu célébrer sa mort dans l'eucharistie du jeudi saint, avant de la vivre, le lendemain, sur la Croix. L 'Eglise première ou mieux l'Eglise en sa naissance, n'est autre que sa Mère et son disciple, unis par le Sauveur lui-même. Le disciple accueille ce don qui lui est fait de la part de son Maître. Il prend la Mère de Jésus dans sa foi de disciple. L'Eglise, aujourd'hui encore, est invitée à accueillir de même la Mère de son Seigneur. Car Marie ne s'impose à personne, pas même à l'Eglise. Elle lui est offerte par Jésus pour être accueillie comme un don, une grâce.

En tant que Mère spirituelle de l'humanité, Marie, sous l'action de l'Esprit Saint, a la mission d'amener tout homme à découvrir Jésus, à l'accueillir, lui, le Sauveur et à entrer, par le baptême et la foi, dans l'Eglise. En humble servante de l'Esprit, Marie exerce sa maternité spirituelle envers les baptisés, en formant en eux le visage, l'image la plus parfaite de Jésus. Mais n'est-ce pas aussi la mission de l'Eglise ?

Marie et l'Eglise, une même maternité

Envers les frères de son Fils dont le pèlerinage n'est pas achevé, Marie exerce, avec amour son rôle maternel (LG. n° 62). Le Concile affirme qu'à la suite de Marie et en union avec elle, tel est aussi le rôle de l'Eglise (LG. n° 63).

LA MISSION MATERNELLE DE MARIE-EGLISE

L 'Eglise, qui contemple la sainteté mystérieuse et imite la charité de Marie, I 'Eglise, qui accomplit f dèlement la volonté du Père, devient mère, elle aussi, par l'accueil plein de foi qu'elle offre au Verbe de Dieu. Car, par la prédication et le baptême, elle engendre à la vie nouvelle et immortelle des f ls conçus du Saint Esprit et nés de Dieu (LG. n° 64). Les moyens de l'Eglise-mère sont donc la foi et les sacrements. Le rôle propre de Marie est de faire grandir l'Eglise de la charité, l'Eglise comme Communauté chrétienne au sein de laquelle les sacrements son célébrés. Car, dans toute sa vie, la Vierge Marie fut un modèle de cet amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui, associés à la mission apostolique de l 'Eglise, coopèrent à la régénération des hommes (LG. n° 65, fin).

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La maternité ne se limite pas à la naissance d'un être nouveau; elle consiste encore davantage à le faire grandir pour qu'il puisse librement choisir et accomplir sa destinée. Dans ce cas, le rôle de la mère se fait plus discret, il devient influence, que ce soit celle de Marie ou celle de l'Eglise, en vue du salut de tout homme. Vivre consciemment sous cette influence, l'accueillir comme un bienfait, la traduire à son tour envers d'autres frères, la rendre visible par toutes sortes d'actes d'amour, n'est-ce pas coopérer en Eglise à la maternité de Marie ?

AGIR EN EGLISE AU NOM DE MARIE

La plupart des chrétiens ne pensent qu'à profiter de la bonté maternelle de Marie-Eglise. Ils restent au niveau d'une foi peu développée, plutôt consommatrice de grâces et de sacrements. Marie et l'Eglise, en leur commune maternité, veulent faire accéder les chrétiens à l'âge adulte de la foi qui est l'enfance évangélique.

Alors nous ne prions plus seulement Marie mais, entrant dans son coeur de Mère, nous nous unissons à elle, à toutes ses intentions actuelles qui sont précisément les grandes intentions de l'Eglise universelle: évangélisation, multiplication de vocations variées, paix justice et charité dans le monde et dans le coeur des personnes. Ainsi tout chrétien qui aime Marie activement, partage son souci maternel tel qu'il le perçoit en communion avec l'Eglise: que tout homme puisse entendre, voir vivre, accueillir l'Évangile du Christ Sauveur.

Dans ce cas, tout apostolat de l'Eglise peut prendre un visage marial. Agir au nom de l'Eglise est en même temps et dans les mêmes actes, se dévouer au nom de Marie. Mais qui se présente au nom de quelqu'un d'autre, est invité, pour être crédible, à laisser transparaître, à travers son attitude et ses actes, la présence de Celle au nom de qui il agit. L'apostolat marial ne consiste pas uniquement à parler d'elle. Ne serait-ce pas, bien plus profondément, vivre avec elle et comme elle, dans l'Eglise afin que celle-ci soit perçue comme une Mère au coeur aussi large que le monde ?

En Eglise, faire alliance avec Marie

La question posée ici est la suivante: quel accueil faire à Marie qui fut donnée par Jésus mourant à son Eglise comme Mère ? Quel lien, quelles relations peuvent exister, en Eglise, entre les chrétiens et Marie? entre Marie et l'Eglise ?

Depuis le seizième siècle surtout, certains chrétiens, soit personnellement, soit collectivement, ont fait une consécration à Marie. Cette démarche a revêtu dans l'histoire bien des formes.

Aujourd'hui un certain nominalisme réserve le mot " consécration " à Dieu seul. Cependant, dans le langage courant comme dans celui de l'Église, les emplois analogiques du mot sont multiples: on se consacre à élever ses enfants, à faire une collection, à la musique, etc. Et pourquoi pas à Marie ? I1 semble que le mot de consécration soit moins en cause que la démarche qu'il recouvre. Revenons donc à la source évangélique de pareille démarche, au calvaire.

ENTRE MARIE ET JEAN, UNE ALLIANCE RECIPROQUE

Le texte révélateur est ici encore Jean 19, 25-27. Au moment où naît l'Église par le sacrifice du Christ, celui-ci fait savoir aux siens qu'ils ont une mère, la sienne propre. A la mort de son Fils, Marie assume donc une nouvelle matemité, celle envers l'Église de son Fils. (Jean-Paul II, La Mère du Rédempteur, n° 20).

Un texte d'alliance

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Jésus s'adressant à sa Mère et au Disciple, leur dit: voici ton f ls, voici ta mère. Max Thurian affirme que nous sommes en présence de paroles d'alliance, analogues à l'Alliance biblique. En effet, Jésus mourant établit un lien d'amour réciproque entre sa Mère et son disciple bien-aimé: elle est ta mère, tu es son fils. La Mère de Jésus devient Mère de l'Église des disciples du Christ et ceuxci deviennent fils de Marie par cette alliance réciproque que Jésus lui-même établit. Une fois ce dernier acte posé, Jésus savait que dès lors tout était achevé. I1 venait de fonder l'Église à l'image de ce qu'il est lui-même par son Incarnation rédemptrice: Fils de Marie. I1 pouvait donc, en mourant, lui remettre l'Esprit (Jn 19, 283o).

Par les paroles d'alliance que Jésus prononce, l'Église acquiert sa dimension mariale (Jean-Paul II, La Mère du Rédempteur, n° 45). Désormais cette nouvelle réalité fait partie de sa nature même et donc de sa foi. Telle est la dernière volonté du Sauveur, son testament en faveur de son Eglise. La Mère de Jésus n'avait pas à approuver cette alliance par un acte explicite. Depuis le " oui " de l'Incarnation, elle est entrée de tout son coeur dans le dessein du salut. En acceptant d'être mère du Christ, Tête de l'Eglise, elle avait déjà accueilli l'Eglise, Corps du Seigneur.

Le disciple, lui, ratifie cette alliance. La Mère de Jésus qui est maintenant officiellement la sienne, il l'accueille dans ses biens les plus personnels, selon le sens même des mots évangéliques. Et quels sont-ils, ses biens les plus personnels ? Pour le disciple bienaimé de Jésus, il ne s'agit pas de sa maison, mais de la foi aimante qu'il porte à son Maître. Tout disciple de Jésus dorénavant, par son baptême et son appartenance à l'Eglise, est objectivement fils de Marie, et l'Eglise universelle des disciples du Christ, telle que Jésus l'a constituée jusqu'à la fin des temps, est une Eglise à caractère marial, une Eglise dont les membres sont, par la grâce de Dieu et leur foi, fils et filles de Marie, tout comme ils sont fils et filles de Dieu, à la ressemblance de leur Maître.

Faire alliance avec Marie

Cette scène du Calvaire est de première importance pour bien comprendre le lien qui unit tout disciple à Marie: c'est un lien d'Alliance avec Marie, un lien d'amour filial et maternel réciproque entre nous, les disciples du Christ et Marie, notre Mère. Cependant, il faut répéter ici ce que nous avons déjà constaté plus haut. Marie ne s'impose pas comme Jésus Christ. Elle est, dans l'Eglise, don d'amour, grâce donnée par Dieu. Il s'agit donc de l'accueillir, comme Jean l'a fait spontanément parce qu'il aimait Jésus.

L'Alliance exprime une appartenance filiale à Marie. Elle n'est donc pas une consécration à Dieu en Jésus Christ, mais une démarche ecclésiale: autour de Marie, Mère de l'Eglise, se rassemblent ses fils et ses filles, frères et soeurs du Christ, pour constituer l'Eglise comme une immense Famille de Marie. Je ne vous laisserai pas orphelins, avait dit Jésus à ses disciples avant sa Passion (Jean 14,18). Que l'Eglise du Christ ne devienne pas, comme malheureusement bien des foyers aujourd'hui, une Eglise uniparentale. Au Calvaire, en un même acte d'amour, Jésus a donné aux siens son Père comme leur Père (Jn 20, 17) et sa Mère comme leur Mère (Jn 19, 26-27), tandis que lui, Jésus, devenait premier-né d'une multitude de frères, l'humanité sauvée par lui et appelée à se rassembler en son Corps-Eglise (Rm 8, 29).

Des degrés d'alliance

Cette alliance explicite avec Marie peut être vécue à des degrés divers de profondeur. Certains peuvent n'avoir pas encore compris le don du Christ à son Eglise, don que le Christ fait personnellement à chaque homme (Jean-Paul II, cité ci-dessus). Que l'homme, à plus forte raison le disciple du Christ, reconnaisse ou non le rôle de Marie, celle-ci est sa Mère selon l'Esprit et par la volonté formelle du Christ. L'important, vu de notre côté, sera toujours de prendre conscience de cette vérité fondamentale, constitutive de tout chrétien: sa filiation mariale en Jésus, Fils de Marie.

Mais le fait que les hommes et surtout les chrétiens vivent une certaine attitude filiale envers Marie, est déjà une première réponse d'alliance. Lorsque grandit cet amour filial, la réponse se fait plus

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engageante. Elle devient une réponse plénière lorsque l'amour filial envers Marie est accueilli, scellé par un engagement, pour être vécu dans la foi, l'espérance et la charité (LG. n° 67, fin). Alors Marie elle-même est reçue dans nos biens les plus personnels et les plus intimes, en notre vie chrétienne.

SUR LES CHEMINS DE LAGLOIRE

Marie vit, depuis son Assomption personnelle, dans la gloire du Christ ressuscité. L'Eglise est en partie déjà accueillie dans la gloire, en partie encore en route vers cette même destinée. Ainsi se prépare l'Assomption collective de toute l'humanité sanctifiée dans le Christ (LG. chapitre 7).

L'Assomption de la Femme (Ap 12)

En son Assomption personnelle, Marie a vécu l'ultime étape de sa vie, son entrée définitive dans la gloire où elle fut exaltée par le Seigneur comme Reine de l'univers ad n de ressembler plus parfaitement à son Fils, Seigneur des seigneurs et vainqueur du péché et de la mort. Marie fut ainsi associée à l'ultime mystère du Christ, son Ascension et sa Royauté universelle (Cf. Ph 2, 9-11). Dans la gloire, elle est encore "l'archétype" de l'Eglise, car elle est l'image et le commencement de ce que sera l 'Eglise en sa forme achevée (LG. n° 59). Ce qu'est Marie aujourd'hui, l'Eglise en la multitude de l'humanité le sera demain: leur commune destinée continue à les unir comme sont unis tous les membres de l'Eglise céleste à ceux de l'Eglise terrestre (LG. n° 49-51).

L'entrée de Marie dans la gloire fut aussi l'achèvement plénier de son Alliance personnelle avec Jésus. C'est la gloril-.cation de la dualité que la Mère vit maintenant en plénitude avec son Fils et Sauveur. La fiancée est introduite dans la demeure éternelle de son Fiancé en une communion ineffable et éter nelle. Elle est désormais cette Femme couronnée de douze étoiles présentée en Apocalypse 12, 1.

Cependant ce même chapitre 12 révèle à l'Eglise qui est sur terre, que la Femme, la glorieuse mère du Messie (v. 5) continue à rester activement présente au reste de sa descendance, ceux qui observent les commandements de Dieu et gardent le témoignage de Jésus (v. 17). Car si elle est arrivée, les siens sont encore en route. Son Assomption a été sa glorification définitive en corps et en âme, tandis que l'Eglise attend encore son Assomption.

L'Assomption de l'Eglise

A la fin des temps, quand adviendront la terre nouvelle et les cieux nouveaux, ce sera l'Assomption de l'Eglise (Ap 21 et 22), c'est-à- dire de toute l'humanité qui aura accueilli le salut en Jésus Christ. Alors la fiancée de l'Agneau sera la Cité sainte, la nouvelle Jérusalem. Ici l'Ecriture présente non une Femme seule mais une Citédivine qui rassemble tous les saints en une communion ineffable et éternelle. Cette cité est l'Église en sa multitude, rassemblée autour de la Femme Marie, devenues toutes deux ensemble, l'unique épouse de l'Agneau. Alors l'alliance, arrivée à sa plénitude, sera scellée par les noces de l'Agneau.

Jésus a souvent évoqué dans l'Évangile le Royaume de Dieu comme des noces. Il nous a ainsi orientés vers l'accomplissement dernier de son Eglise qui est appelée à vivre une tension eschatologique tout au long de sa marche terrestre. Mais des signes nous sont donnés pour éclairer notre foi, soutenir notre espérance et entretenir notre amour.

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L'Ascension de Jésus fut un premier signe divin, archétype de tous les autres: la glorification de notre Sauveur en son unicité est le fondement et le commencement de la gloire pour l'humanité.

Ensuite l'Assomption de Marie, sa Mère et coopératrice privilégiée, en fut le second acte: la glorification de Marie en son rôle de dualité. Désormais et jusqu'à l'avènement du jour du Seigneur (Cf 2 P 3,10), elle brille, devant le Peuple de Dieu en marche, comme un signe d'espérance certaine et de consolation (LG. n° 68).

Enfin viendra l'Assomption de l'Église, le dernier acte, lors du retour glorieux du Seigneur. Ce sera la glorification de l'humanité sainte, en sa immense multiplicité. Alors Dieu aura rassemblé, chez lui et pour toujours, tous les siens dans l'unité de la création renouvelée. Ce sera la célébration des noces de l'Agneau, l'achèvement plénier du dessein de Dieu sur l'humanité: toutes les familles des peuples réunies heureusement dans la paix et la concorde en un seul Peuple de Dieu pour la gloire de la très sainte et indivisible Trinité (LG. n° 69, fin).

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TABLE DES MATIERES

PRESENTATION..........................................................................................................1

1ère conférence

MARIE IMMACULEE, FEMME DE L'ALLIANCE BIBLIQUE..................................2

ROUTE DE MARIE, CHEMIN DE DIEU.........................................................................2

Marie la Femme « comblée de grâce »........................................................................2Marie, Vierge sainte...................................................................................................3Marie la croyante, Femme de l'Alliance......................................................................5Marie, la femme de l’Avent biblique...........................................................................6 10

ROUTE DE MARIE, CHEMIN DU CHRIST.....................................................................7

Marie choisit de devenir la Mère de Jésus Sauveur.....................................................7Marie s'engage envers Jésus Sauveur.........................................................................9Marie vit en communion avec Jésus Sauveur..............................................................11

JESUS ET MARIE : LA DUALITE.................................................................................14

Le principe de dualité...............................................................................................14Une théologie de la dualité.......................................................................................15

2e conférence

ROUTES DE MARIE ET DE L'EGLISE, CHEMIN DE L'ESPRIT............................17

ROUTE DE MARIE-EGLISE VERS LA PENTECOTE.......................................................17

Marie prépare l'Eglise à sa « confirmation »..............................................................18L'Eglise de la Pentecôte............................................................................................21

L'EGLISE DANS LA FERVEUR DE L'ESPRIT SAINT........................................................22

L'Eglise, communauté des croyants...........................................................................22

CHEMIN DE L'ESPRIT, ROUTES DE L'ESPERANCE.......................................................25

L'Esprit convertit au bien..........................................................................................26Une Eglise renouvelée par l'Esprit.............................................................................28Enfanter un monde nouveau....................................................................................29La mission le salut du monde....................................................................................31

3e conférence

ROUTE DE MARIE, ROUTES DES HOMMES...................................................33

ROUTE DE MARIE, EN SOLIDARITE AVEC LES HOMMES............................................3349

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Une Tradition constante...........................................................................................33La vie chrétienne vécue avec Marie..........................................................................34

ROUTE DE MARIE, ROUTE DE L'EGLISE....................................................................36

Marie est l'Eglise en une personne............................................................................36Toute vie chrétienne est mariale...............................................................................37L'Eglise, comme Marie, vierge et mère......................................................................38

MISSION MATERNELLE, REPONSES FILIALES...........................................................40

La Mère de l'Eglise....................................................................................................40Marie et l'Eglise, une même maternité.....................................................................41En Eglise, faire alliance avec Marie............................................................................42

SUR LES CHEMINS DE LA GLOIRE.............................................................................43

L'Assomption de la Femme.......................................................................................43L'Assomption de l'Eglise...........................................................................................43

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