SOCIOLOGIE DU RISQUE (4)

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SOCIOLOGIE DU RISQUE (4) Christian THUDEROZ Centre des Humanités

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SOCIOLOGIE DU RISQUE (4). Christian THUDEROZ Centre des Humanités. RISQUES ET PRINCIPE DE RESPONSABILITE. QU’EST-CE QUE LA « RESPONSABILITÉ » ?. D’abord, reconnaissons…. …la capacité des individus : à se demander ce qu’ils vont faire (et pourquoi…), - PowerPoint PPT Presentation

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SOCIOLOGIE DU RISQUE (4)

Christian THUDEROZCentre des Humanités

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RISQUES ET PRINCIPE DE RESPONSABILITE

QU’EST-CE QUE LA « RESPONSABILITÉ » ?

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D’abord, reconnaissons…

…la capacité des individus :

• à se demander ce qu’ils vont faire (et pourquoi…),

• à élaborer des scénarios d’action possibles,

• à parvenir à des conclusions avant d’agir !

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Les individus sont donc capables…

• d’identifier différents cours d’action, parmi d’autres cours d’action possibles,

• d’évaluer leurs conséquences (même s’ils dont dotés d’une « rationalité limitée » : ils savent grosso modo, sans plus, ce que leur faire peut faire…)

= Ils sont donc capables de reconnaître leur responsabilité dans les choix de ces scénarios…

• Et un tiers (un juge, par ex.) peut leur attribuer cette responsabilité (leur imputer, donc).

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Qu’est-ce l’imputation ? • L’imputation : le fait d’attribuer à quelqu’un une

action…• Vient de imputare, porter au compte de (en

comptabilité, on impute une dépense à un compte, putare)

• Donc : la responsabilité = une imputation qui établit ex post (quand l’action X a eu lieu et qui a entraîné les conséquences Y) une relation de causalité entre cette action X, attribuée à un auteur Z, et ses conséquences.

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Une responsabilité par anticipation…

• Cette responsabilité s’étend par anticipation envers un être ou une chose : par exemple, le développement durable = la reconnaissance de notre responsabilité collective envers des êtres à venir (les prochaines générations).

Ex : être « responsable » d’un groupe de randonneurs quand on est « responsable au CAF, Club Alpin Français » = répondre de ses actions et décisions (choix d’un itinéraire, interprétation de la météo, vérification de l’assurage des personnes lors de l’escalade de la voie, etc.) au regard de leurs conséquences pour quiconque placé sous cette responsabilité.

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Mais, 1) une personne ≠ une chose !  

Seule une personne peut être reconnue « responsable » de son action ; pour une chose : aucune imputation possible !

Cette possibilité de porter au compte d’un individu une action (la lui imputer) le définit comme un individu, un être de raison, avec une volonté autonome…

« Une personne est ce sujet dont les actions sont susceptibles d’imputation. La chose est ce qui n’est susceptible d’aucune imputation » (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, 1785).

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2) imputabilité ≠ responsabilité !• « Imputabilité » : la possibilité d’attribuer une

action à un individu. Si celle-ci est criminelle, il y a eu transgression de la loi, tort fait à la loi. Ce crime doit donc être puni car l’individu a contrevenu à la loi. Et tout se passe entre lui et la loi…

Ex. : le meurtrier d’une jeune fille. Il a fait souffrir, la loi le condamne à la prison à vie, car il doit également souffrir (et sa souffrance est censée effacer celle de sa victime – « il doit payer », dit-on).

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Et la responsabilité ? • « Responsabilité » = une altérité impliquée ! Il

y a extension de l’action à un ou à d’autres hommes : ici, la souffrance de la victime est prise en compte, c’est vers elle que la responsabilité est dirigée…

• Au plan moral = « Je suis responsable de la vie d’autrui, de la vie d’un autre homme que moi »

• Et au plan juridique = « Je suis responsable des conséquences de mon action sur autrui, ce dernier entendu comme un autrui vulnérable ».

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Lisons Emmanuel Lévinas, philosophe…

… dans L’humanisme de l’autre homme, éd. Fata Morgana, 1972 :

« Personne ne peut rester en soi : l’humanité de l’homme, la subjectivité, est une responsabilité pour les autres, une vulnérabilité extrême. Le retour à soi se fait détour interminable ».

« Si je ne réponds pas de moi, qui répondra de moi ? Mais si je ne réponds que de moi – suis-je encore moi ? » (Talmud de Babylone, Traité Aboth 6 a)