Simplicité et Retour à l’Essentiel : Comment la réduction de...

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Prix EPE – Metronews 2015 Auteur du dossier : Alice Dardelet Simplicité et Retour à l’Essentiel : Comment la réduction de mes émissions de CO2 a changé ma vie Février 2015

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Prix EPE – Metronews 2015

Auteur du dossier : Alice Dardelet

Simplicité et Retour à l’Essentiel :

Comment la réduction de mes

émissions de CO2 a changé ma vie

Février 2015

Introduction

Ma motivation pour relever ce défi ne date pas du jour où j'ai décidé de participer au Prix EPE-Métronews. Cette idée de diminuer mon impact sur l'environnement mijote depuis longtemps dans ma tête. Depuis que je suis toute petite en fait. Mais je crois que ma volonté de changer les choses à travers mon mode de vie a émergé au cours des derniers mois. Plusieurs facteurs en sont à l'origine : mon entrée en école d'ingénieurs en agriculture et en agroalimentaire, qui m'a permis de mieux connaître ces domaines et tous les enjeux qui y étaient reliés ; ma rencontre avec Yann, qui a été un élément déclencheur. Cette rencontre a révélé mes valeurs profondes car il avait les mêmes que moi. Cela ne s'est pas fait du jour au lendemain, mais plutôt comme une certitude qui grossit, grossit… prend de l'ampleur… et un jour : on le fait. On se met à abandonner les supermarchés de centre-ville au bénéfice des petites épiceries qui vendent des produits locaux. On lit des livres, des tas de livres, pour réfléchir à ce qu'on fait. On se retrouve dans les idées qu'ils véhiculent. On fait attention à ne pas s'enfermer, à ne pas devenir rigides, à rester ouverts aux autres points de vue. Un jour, on renonce au Nutella et au jus d'orange. Ou du moins, on les réserve pour les grandes, très grandes occasions. Le jour où ces très grandes occasions arrivent, on a appris à cuisiner un dessert délicieux avec des produits locaux et ne pas revenir aux produits qu'on achetait avant en grande surface n'est pas une souffrance. On redécouvre le plaisir de faire soi-même. Et le pouvoir que cela apporte. Les liens que l'on tisse avec des personnes que l'on n'aurait jamais rencontrées si on n'avait pas sauté le pas. On redécouvre des sensations, des goûts, des odeurs. Qu'on avait oubliées, ou qu’on n’a jamais connues, parce qu'elles s'étaient tues, sous les sacs plastiques, sous les emballages, sous l’industrialisation de nos modes de vie. On redécouvre ce que cela veut dire de prendre le temps, de ne pas suivre le mouvement général de consommation excessive, de redonner de l'espace à d'autres richesses que l'on avait négligées jusqu'ici. On se cherche. On trouve sa voie. Mais personne ne le sait. Jusqu'au jour où on se dit : il faut trouver sa voix maintenant. Crier à tout le monde que c'est possible. Non, le chanter. Montrer à quel point ce n'est pas compliquer sa vie que d'appliquer tous ces gestes, mais plutôt la simplifier, la soulager des éléments superflus. Montrer à quel point on est riches, à présent, de rencontres, de savoir-faire, de savoir-être. Que nos vies ont perdu en vitesse mais ont gagné en ampleur. On fait moins de choses mais on les fait mieux. Plus en profondeur. Donner une application à tous ces gestes qui font désormais partie de notre quotidien, et refuser de tomber dans la facilité. C'est ainsi que les habitudes changeront. Je rajouterais que ces habitudes, si elles sont accompagnées d'une volonté politique certaine, prendront leur place plus rapidement au sein de la société. Je vous laisse découvrir dans les pages qui suivent mon cheminement, mes ressentis, mes impressions, les réactions des personnes face à ma nouvelle façon de vivre. Que cette lecture vous amène, vous aussi, à sauter le pas.

I) Le défi

A) La première chose qui a changé : mon alimentation

Les premières réflexions qui m'ont taraudé l'esprit ont concerné ce que nous mangeons. Plusieurs sites Internet m'ont donné la nausée à ce sujet, en montrant les trajets que pouvaient faire un produit avant d'être consommé. Il paraît donc évident que c'est un enjeu énorme en termes d'émissions de CO2. Surtout, ces trajets sont le plus souvent inutiles : nous avons tout ce qu'il faut pour nous nourrir chez nous. Mais nous avons créé un système où les éleveurs de cochons sont dépendants du soja cultivé en Argentine pour nourrir leurs animaux. C'est un débat qui mériterait des pages et des pages, alors arrêtons-nous là et concentrons-nous sur notre tâche : diminuer les émissions de CO2. Si les trajets nécessaires pour la

fabrication d'un produit émettent du CO2 alors qu'on pourrait faire autrement, privilégions la consommation de produits locaux. Promouvons le développement de produits qui ont peu d'impacts en termes de CO2 ! C'est ainsi que je me retrouve, sous l'impulsion de Yann, à l'épicerie Le Récantou, en plein centre-ville de Toulouse. On pousse la porte, un bruit de clochette nous tombe dans l’oreille. Ici, l'ambiance n'est pas la même que dans un supermarché : au mur, on peut voir les portraits des producteurs dont les produits sont en vente. Parfois, il n'y a plus le pain qu'on souhaite et c'est merveilleux : on en découvre un autre. Parfois, il n'y en a plus du tout, et c'est ici que l'on redécouvre la valeur de la nourriture : il est faux de croire qu'elle se doit d'être disponible partout et tout le temps. Cette réalité ne me fait pas fuir, mais me fait me rendre compte qu'avoir de la nourriture à disposition n'est pas quelque chose d'acquis, et que tout gaspillage est un mal éthique, écologique, et aussi économique.

Les fruits et légumes ont parfois des tâches, on sent que la philosophie du lieu incite à l'acceptation des conditions que pose un travail lié au vivant. Ne pas pouvoir prévoir, ne pas pouvoir obtenir l’homogène, le standardisé.

J’aime ce lieu, l’épicerie Le Récantou. Quand on y entre, c’est un peu comme si le temps ralentissait. Les gens discutent entre eux. On connaît les personnes qui y travaillent. Je crois avoir croisé des personnes de tout âge : des personnes âgées, des étudiants (trop peu sûrement il est vrai), des parents avec leurs enfants. A côté, les grandes surfaces, les supermarchés, me paraissent bien trop grands et impersonnels. En retournant dans des supermarchés plus tard, j’ai simplement trouvé qu’il y avait trop de choix, que l’on créait nos besoins. Que l’on passait beaucoup trop de temps à décider quel produit prendre dans les rayons. Qu’il y avait trop de publicité, aussi.

Ici j’ai pris l’habitude d’acheter fruits, légumes, fromages, viande et yaourts. Cependant, je ne suis pas allée jusqu’à acheter les pâtes, trop chères pour mon budget. Je dirais que c’est la principale difficulté rencontrée, avec celle de trouver le temps (je reviendrai sur ce point plus tard): nous sommes étudiants et avons donc un budget limité. Nous faisons le choix d’acheter des produits de qualité, mais parfois au détriment d’autres choses (sorties, activités extrascolaires…). Cependant, il faut nuancer ce que je dis ici : il revient souvent moins cher, pour certains produits, d’acheter local et de bonne qualité et de cuisiner soi-même, que d’acheter des plats tout prêts en grande surface. Cela nous ramène à l’autre principale difficulté : trouver le temps.

De plus, j’ai fait le choix de manger moins de viande, mais de meilleure qualité. J’ai plusieurs fois hésité à devenir végétarienne jusqu’au jour où je me suis avoué que j’appréciais manger un bon pâté de temps en temps. Mais il m’arrive de ne pas manger de viande pendant plusieurs jours ou semaines.

Acheter ses fruits et légumes dans une épicerie de produits locaux est une belle assurance contre l’achat de produits qui ne sont pas de saison. Acheter des produits de saison est, pour ainsi dire, logique : faire le contraire, c’est dépenser une énergie pour produire quelque chose que la nature n’est pas capable de nous fournir en cette saison et donc, c’est faire porter un poids à l’environnement qu’il n’est pas fait pour supporter.

Je vais bientôt avoir la joie de participer à ma première DiscoSoupe (cuisiner un repas avec des légumes qui auraient été gaspillés sinon, avec plein d’autres personnes inconnues !). Cela promet d’être riche en rencontres et en idées.

Pendant le défi (et aussi après, en fait), j’ai décidé de bannir de mon alimentation certains produits comme la pâte à tartiner, les produits contenant de l’huile de palme en général, et le jus d’orange. En effet, ce sont des produits ayant un impact carbone important.

B) Les transports Concernant les transports, la situation avant le défi et après n’a pas beaucoup changé : je ne possède pas de voiture car j’ai fait le choix d’habiter près de mon école, ou du moins près d’un arrêt de métro. Ainsi, mes déplacements au quotidien se font uniquement en métro, tram, bus, vélo ou à pied. Pour les trajets plus longs, pour visiter ma famille ou partir en vacances, je prends le train ou un covoiturage. Tout dépend de ma destination. Après plusieurs trajets de 9h en train entre mon lieu d’études et là où habitent mes parents, j’ai opté pour le covoiturage : deux à trois fois moins cher, deux fois moins de temps de trajet. Enfin, les deux points noirs de ces deux dernières années : un voyage en avion pour effectuer mon stage en Australie, et un autre pour effectuer un semestre d’études au Canada. Je suis partie plusieurs mois chaque fois et me suis dit que c’était une émission de carbone beaucoup plus « rentabilisée » que dans le cas d’un voyage à l’autre bout du monde pour une semaine de vacances. Durant ces 21 jours où j’ai essayé de réduire mes émissions carbone, je n’ai pas pu réaliser ce rêve que j’espère pouvoir réaliser un jour : partir à vélo ou à pied en voyage, durant plusieurs semaines ou mois. J’aimerais ajouter un détail sur mes trajets en vélo en ville. Certes, il y a déjà de nombreuses pistes cyclables dans notre belle ville rose. Mais certaines sont à partager avec les bus, qui n’apprécient pas notre présence –on les freine, pauvres de nous, avec nos petits muscles chauffés par l’effort. Il m’est déjà arrivé d’avoir des accidents à vélo. Je me suis déjà fait peur plusieurs fois. J’ai arrêté pendant plusieurs mois après mon plus gros accident puis j’ai recommencé, en modifiant mon trajet. Maintenant, j’emprunte les rues piétonnes de la ville. Maintenant, c’est moi qui ai peur de faire mal à un piéton. Mon trajet dure 10 minutes de plus avec mon nouvel itinéraire mais je préfère cela au sentiment d’insécurité qui me prend quand un bus me colle à deux centimètres. Cela me paraît évident que les gens utilisent peu le vélo dans ces conditions. Quand on tient à ses convictions, on tient le coup, mais certains se feront peur une fois et n’essaieront plus ! Pourtant, quel bonheur de passer sur le pont Saint-Pierre sous un soleil radieux et d’admirer le Dôme de la Grave qui étend fièrement sa couleur bleu-vert sous vos yeux… Plus sérieusement, on a affaire ici à une difficulté majeure. Créer plus de pistes cyclables (et non des voies vélo-bus !) doit sûrement être possible…

C) Les déchets

Avec le volet «nourriture », le volet «déchets » est le point sur lequel j’ai le plus travaillé pour diminuer mes émissions de CO2. Mon but, durant ces 21 jours, était d’atteindre le zéro déchet. J’aimerais tout d’abord vous faire part de mes réflexions avant de me lancer.

La première chose à faire, et la plus simple, était de refuser tous les sacs plastiques qu’on me proposait dans les magasins. Utiliser les cabas réutilisables est très vite devenu un réflexe pour moi, mais je reste surprise du nombre de supermarchés où les sacs plastiques sont encore proposés, qu’ils soient gratuits ou payants. Que ce soit pour un achat dans une librairie, dans un magasin de vêtements, ou dans un supermarché, ce geste était facile à réaliser partout. Il fallait juste sauter le pas, oser dire : non, je n’en ai pas besoin, et aucun autre de vos clients n’en a vraiment besoin d’ailleurs. Autre exemple, à l’épicerie Le Récantou, je peux venir avec ma boîte d’œufs utilisée la fois précédente et la remplir. Concernant les emballages des produits alimentaires, les affaires se corsent. Pour les céréales, la farine, les légumineuses, je me tourne vers l’achat en vrac. Pour les yaourts, je décide de m’approvisionner au Récantou, où les pots de yaourt sont en verre. Pour des questions de manque de temps, je ne me suis pas encore lancée dans la fabrication de mon propre savon ou shampoing. Pour le lait, remplir des bouteilles en verre de lait ensuite consignées reste difficile à réaliser : un ou deux distributeurs existent sur les parkings des grandes surfaces, mais celles-ci se trouvent trop loin de chez moi. Si des fois je possédais une voiture, le geste perd de son intérêt si je peux consommer du lait sans produire de déchets mais qu’il faut que je pollue en allant l’acheter en voiture… Enfin, pour mes déchets organiques, j’ai fait l’effort d’aller les déposer au compost du jardin du Grand Rond durant le défi. Il se trouve à 20 minutes à pied de chez moi, autant dire qu’avec mon emploi du temps d’étudiante bien rempli, je rêve de faire installer un compost plus près de chez moi.

D) Le logement

Comment travailler sur ce point durant le défi ? Tout d’abord, il m’a paru important de prendre conscience de ce que nous consommions en électricité, en chauffage. J’avais déjà pris l’habitude d’éteindre les lumières quand elles n’étaient pas nécessaires. Je réfléchis souvent

à ce qu’on pourrait faire pour réduire la pollution lumineuse des villes et voir à nouveau les étoiles de là où j’habite. J’ai découvert les dernières avancées lancées par une start-up belge : http://pepsnews.com/une-startup-belge-invente-leclairage-intelligent-faible-consommation/. Mais je m’égare, on m’a demandé un rapport sur le défi de 21 jours pour diminuer mes émissions de carbone ! Oui mais indirectement… je bénéficie de l’éclairage de ma ville… Il y aurait donc moyen d’aller plus loin de ce côté-là aussi… Intéressant…

Étant donné que je suis étudiante et qu’entre stages et semestre d’études à l’étranger, je change de logement en moyenne tous les 6 mois, les meilleures choses que j’ai pu faire concernant mon logement ont été :

- Ne pas laisser d’appareils électroniques en veille - Passer mon ordinateur en mode économie d’énergie - Prendre garde à la performance énergétique de mon logement lors d’un prochain

changement de logement

E) Et tout le reste (Objets électriques et électroniques…)

Les cafés bricol’ vont me permettre, bientôt, de réparer mon grille-pain, qui vient de tomber en panne. Malheureusement je n’ai pas pu participer à un de ces rencontres, qui consiste à apprendre à bricoler grâce à des bricoleurs aguerris et bénévoles, durant le Défi.

II) Les bénéfices personnels que je tire de cette expérience

Depuis que j'ai commencé à transposer mes idées en actes, je sens que je vis plus en cohésion

avec moi-même et, j’ai l’impression aussi, avec l'avenir de notre monde. Je me dis que si tout

le monde tentait l'expérience, puis voyait à quel point c'est une simple question d'habitude,

le plus grand pas serait fait. L'idéal serait que le mouvement vienne des gens. Les entreprises

seraient alors obligées de s'adapter. Par exemple, un commerçant qui se rend compte que

tout le monde se met à acheter en vrac va bannir les céréales emballées dans du plastique.

Malheureusement, je crois que je suis bien utopiste. Chaque personne a ses propres rêves et

aspirations, qui passent bien avant un quelconque effort à réaliser pour réduire leur

empreinte carbone. L'Homme est intelligent, mais pas assez pour voir que réduire certains

impacts à court terme, à un certain prix, pourrait peut-être nous sauver la vie à long terme.

Ce début d’année 2015 est aussi le début pour moi d’une aventure : celle du Défi Loca Cité.

Ce défi étudiant permet à des jeunes de mettre leurs idées, leurs compétences et leurs talents

au service de la ville de Toulouse, à travers des projets menés par équipe. Les jeunes sont

suivis durant plusieurs mois dans leur découverte de l’entreprenariat, de l’émergence de

l’idée au business plan. Pour ma part, j’essaye avec mon équipe de monter un projet pour

lutter contre le gaspillage alimentaire et les déchets. Créer une épicerie sans emballages me

fait rêver.... Des initiatives de ce genre ont déjà vu le jour dans d’autres villes. Je pense

notamment à l’épicerie La Recharge, à Toulouse, ou encore aux villes de Londres et de Berlin.

A Berlin, une association lutte contre le gaspillage alimentaire en installant des frigos dans la

rue où sont stockés les invendus. Les personnes dans le besoin peuvent s’y approvisionner.

Après la réduction des déchets, voilà le deuxième combat que nous aimerions mener, moi et

mon équipe, à travers notre projet : lutter contre le gaspillage alimentaire. Nous savons que

les consommateurs qui choisissent les quantités exactes qu’ils achètent auront moins de

chance de gaspiller la nourriture.

Que ce soit la réduction des déchets ou la réduction du gaspillage alimentaire, ces initiatives

permettent de réduire notre impact sur l’environnement et notamment la production de CO2.

Le Défi Loca Cité, et donc indirectement mon souhait de diminuer mes émissions de carbone,

m’a permis de rencontrer de nombreuses personnes aux talents très divers et venant de tous

horizons. J’aime cette idée de mélange de compétences, j’aime rencontrer des étudiants

d’autres écoles, qui nous apportent une autre vision des choses.

III) Les réactions de mon entourage

A) Ma famille

J’ai commencé mon défi des 21 jours pour le prix Epe-Metronews au moment où ma famille avait d’autres problèmes beaucoup plus délicats à gérer. Ce n’était absolument pas le bon moment pour intégrer de nouvelles habitudes dans ma famille. Il est probable qu’elle ne soit même pas au courant de ma démarche et me trouve bien trop écolo. Mais les membres de ma famille connaissent ma sensibilité aux thématiques environnementales. Ma famille achète aussi des produits locaux, simplement, le rythme de travail de mes proches leur laisse peu de temps pour cuisiner. Je pense que toute démarche de développement durable s’inscrit dans un contexte social favorable. Il faut être disponible, et avoir du temps et de l’énergie à revendre pour sortir de ses habitudes confortables. Et on peut comprendre, dans certaines situations, que ce ne soit absolument pas la priorité. Plus qu’on ne le croit, ces thématiques de rythme de travail et de temps libre sont primordiales pour que les messages trouvent leur chemin jusqu’aux oreilles des gens. Souvent, je constate aussi que certaines personnes n’ont pas le temps, parce qu’elles sont occupées à consommer ou se divertir. Il doit sûrement y avoir un moyen d’allier l’utile à l’agréable, et l’agréable à l’écologiquement éthique.

B) Mes amis

Lorsque j’ai parlé à mes amis du Prix Epe-Metronews 2015, et de ce que je comptais faire pour y participer activement, ils ont trouvé que j’en faisais déjà bien assez. A l’époque où j’ai pris cette décision, il y a quelques semaines, je faisais déjà l’effort de manger local et je n’ai de toute façon pas de voiture, donc pas de tentation de polluer, et de préférer la voiture au métro, au bus ou au vélo. Toutes les personnes à qui j’en ai parlé étaient étonnés que je cherche à faire plus que ce que je faisais déjà. Moi j’estime qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant que ma manière de consommer et de vivre soit exemplaire !

C) Réflexion

Pour moi, il était essentiel d’aller plus loin. Quand je vois à quel rythme nous remplissions la poubelle avant, et maintenant, je vois de manière concrète que nos façons de faire ont changé et les résultats qui en découlent. Je pense qu’il manque des consommateurs avisés pour pousser les politiques à agir de ce côté-là. Installer plus de composteurs en ville est réalisable, mais il faut s’en occuper, et trouver un budget pour le projet. Les politiques sont probablement dans la perspective de « faire plaisir aux gens » (améliorer les choses sur le court terme) plus que de traiter des problèmes de fond dont les résultats ne seront visibles que sur le long terme. Il était essentiel d’aller plus loin donc, du côté des déchets mais aussi de la manière de consommer, que ce soit la nourriture ou les appareils électroniques. Personnellement, je trouve cela tellement plus simple d’aller acheter un nouvel ordinateur plutôt que de le faire réparer. Surtout, je suis étudiante et je n’ai pas les sous pour faire cela ! Tant que notre système fonctionnera dans une logique de consommation-remplacement des objets usés de manière prématurée (obsolescence programmée), certes, de petites initiatives pourront se dessiner çà et là, mais il restera très difficile de lancer un mouvement de fond. Il faut que les gens trouvent un intérêt financier à réparer plutôt que jeter. Il faut, aussi, qu’ils sachent que demain ils ne manqueront de rien, pour faire des choix qui les exposent à des frais financiers plus importants. Il manque, enfin, un socle de connaissances de base dont la plupart des gens ne disposent pas aujourd’hui. Je ne suis pas sûre que tout le monde sache ce qu’est le compostage, ni en quoi il est si urgent de réduire ses déchets. Surtout, on semble être aujourd’hui dans une logique de culpabilisation du consommateur. D’un côté, on le tente par des publicités pour qu’il consomme, de l’autre, on lui fait comprendre que ses agissements sont bien trop lourds à supporter pour la planète. Le consommateur, fatigué d’entendre toujours les mêmes choses, se réfugie dans le refus et le déni de la réalité, car il n’a pas les outils pour mettre en œuvre des solutions concrètes, et en plus, il est occupé à consommer –c’est bien plus facile à entreprendre que de s’allier collectivement pour l’avenir de notre société et du monde.

IV) Mes nouvelles habitudes qui seront bientôt les vôtres

A) Manger local… et de saison !

Je me répète un peu mais l’enjeu de la nourriture aujourd’hui me paraît prépondérant. Il est très lié aux problématiques de l’énergie. Si vous habitez à la campagne, demandez aux agriculteurs du coin : peut-être auront-ils des victuailles à vous donner car ils ont trop de tel ou tel fruit ou légumes à une certaine période de l’année. Vous pourrez toujours leur rendre un service en échange. Cela bénéficiera à la vie dans les campagnes. Les liens en milieu rural se multiplient et le tissu social des campagnes se recrée doucement… Bientôt ils vous inviteront à dîner pour vous faire goûter leurs produits et vous garderez leurs enfants le mercredi après-midi car ils s’entendent à merveille avec les vôtres… La question de l’éducation est phare. Les enfants qui ne savent plus reconnaître les légumes ne sauront pas défendre le goût des bons produits, ni l’environnement qui a permis leur production, lorsqu’ils seront adultes.

B) Refuser la dictature des emballages Refuser qu’on vous donne un sac plastique lorsque vous allez faire votre shopping, alors que les deux tee-shirts que vous venez d’acheter rentrent dans votre sac (de toute façon, vous êtes prévoyants, vous avez emmené votre sac réutilisable avec vous !). Acheter en vrac, il y a des rayons de vrac qui se développent de plus en plus dans les grandes surfaces.

C) Refuser le gaspillage alimentaire N’acheter que ce qu’on sait qu’on pourra manger. Si les promotions 2 pour le prix d’un vous donnent envie, partagez le butin avec ceux qui n’ont pas pu s’acheter la denrée rare, ou partagez-le avec votre voisin.

D) Réparer au lieu de jeter Le grille-pain, l’ordinateur, l’imprimante… Vous êtes entourés d’objets qui ne sont pas faits pour durer. Cette lutte contre l’obsolescence programmée doit devenir le souci de tous. L’argument est écologique et financier. Apprendre à réparer et à faire soi-même permet de gagner en autonomie et de rencontrer des personnes brillantes.

E) Bouger !

Proposer son aide à l’agriculteur du coin pour découvrir ce que cela veut dire de produire de

la nourriture, pour mieux comprendre les problématiques qui sont liées à la production de

nourriture et pour ressentir que ce que l’on mange tous les jours a été produit grâce à la force

d’hommes et de femmes qui travaillent avec passion pour obtenir des produits de qualité qui

ont du goût –car à présent vous achetez local et soutenez l’économie locale et réduisez vos

émissions de CO2.

V) Ce qui pourrait vous empêcher de me suivre dans l’aventure

- Vous habitez dans une maison à la campagne et ne pouvez pas réduire l’utilisation de

votre voiture : A défaut de réduire l’utilisation de votre voiture, compensez par le fait

que vous pouvez produire une grande partie de votre nourriture vous-mêmes. Créez

votre potager, apprenez à produire vous-mêmes, ou approvisionnez-vous chez vos

voisins agriculteurs. Vivre à la campagne ne représente pas que des inconvénients en

termes d’émissions de CO2, au contraire. Et si vous rêvez de changer de vie, ou si vous

avez l’opportunité de faire du télé travail, ou encore de vous rapprocher de votre lieu

de travail, ce sera bon pour l’environnement et pour votre santé et votre qualité de

vie : moins de temps de trajet signifie plus de temps pour d’autres activités (manger,

dormir, jouer avec ses enfants, lire un bon bouquin ou respirer l’air frais du soir sur sa

terrasse).

- Le seul magasin qui vend des produits locaux ou des produits en vrac est beaucoup

plus loin de chez vous que les autres supermarchés standards : à ce moment-là,

l’intérêt devient limité si vous allez chercher des produits locaux en voiture au lieu

d’aller à pied au centre commercial d’à côté. Mais les rayons de produits en vrac se

multiplient dans les grandes surfaces et les épiceries de produits locaux en ville se font

de plus en plus nombreuses en centre-ville. Si vous vous regroupez à plusieurs

personnes ayant les mêmes attentes, pourquoi ne pas faire entendre vos voix pour

inciter les supermarchés à faire des efforts en matière de produits « direct

producteur » par exemple ?

Pourquoi certaines choses que l’on fait sont impossibles pour d’autres et pourquoi vous ne

suivrez peut-être pas la voie que j’ai suivie durant ces 21 jours + l’infini ? Parce qu’en centre-

ville, l’accès aux magasins commercialisant des produits locaux est facile, mais qu’en est-il des

banlieues, zones entre villes et campagnes, trop loin des agriculteurs et pas assez proches du

centre pour que les habitants s’y approvisionnent en denrées alimentaires ? Parce que vous

pouvez trouver que le coût des produits locaux est trop élevé – alors vous pouvez trouver

plein de fruits et légumes sur les fins de marchés, qui, si vous ne les récupérez pas, seront

gaspillés.

VI) Conclusion

En conclusion, cette aventure du Défi EPE-Metronews a été l’occasion pour moi de rencontrer de nouvelles personnes, de réfléchir sur ma façon de consommer, de me confronter aux points de vue des autres et d’aiguiser ma force de conviction ! Je reste persuadée aujourd’hui de l’importance des petits gestes de chacun, qui peuvent devenir un énorme mouvement une fois rassemblés. Je pense, aussi, que c’est une question de priorités, et que (trop) rares sont les personnes qui ont pour priorité au quotidien de réduire leur empreinte carbone car, en effet, il y a des millions de choses passionnantes à faire dans ce monde autres que de réduire ses déchets ou acheter des produits locaux. Malgré tout, je pense que c’est la diffusion de ces habitudes qui pourront changer le monde de demain. Longtemps, je me suis sentie impuissante face aux documentaires alarmistes sur l’environnement. Le principal frein, je crois, est la désinformation, ou l’absence d’information. Savoir, c’est pouvoir. Une fois l’information acquise, il faut oser. Le Défi Epe-Metronews m’a aidée dans cette démarche. Y participer m’a aidée à concrétiser mes idées, à les mettre en pratique, comme d’autres le font partout en France aujourd’hui, certains bien mieux que moi. Soyez, vous aussi, les sentinelles de ce mouvement, afin que d’autres, à leur tour, vous suivent.

Table des matières Introduction ............................................................................................................................... 2

I) Le défi ..................................................................................................................................... 2

A) La première chose qui a changé : la nourriture ................................................................ 2

B) Les transports .................................................................................................................... 5

C) Les déchets ........................................................................................................................ 5

D) Le logement ...................................................................................................................... 6

E) Et tout le reste (Objets électriques et électroniques…) .................................................... 7

II) Les bénéfices personnels que je tire de cette expérience .................................................... 7

III) Les réactions de mon entourage .......................................................................................... 8

A) Ma famille ...................................................................................................................... 8

B) Mes amis........................................................................................................................ 8

C) Réflexion ........................................................................................................................ 8

IV) Mes nouvelles habitudes qui seront bientôt les vôtres ....................................................... 9

A) Manger local… et de saison ! ......................................................................................... 9

B) Refuser la dictature des emballages ........................................................................... 10

C) Refuser le gaspillage alimentaire................................................................................. 10

D) Réparer au lieu de jeter ............................................................................................... 10

E) Bouger ! ....................................................................................................................... 11

V) Ce qui pourrait vous empêcher de me suivre dans l’aventure ........................................... 11

VI) Conclusion .......................................................................................................................... 12