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Résumés des communications

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Session I : Le Centrisme en général

Introduction théorique : le Centre existe… Je l’ai rencontré…Daniel-Louis SEILER, Professeur, CHERPA, Sciences Po Aix

Contrairement à la thèse de Duverger, le centre existe et la vérification empirique révèle qu’il s’agit rarement de l’union «de la partie droite de la gauche avec la partie gauche de la droite»; on se trouve le plus souvent en présence de partis qui se situent «ailleurs» que dans un espace gauche\droite. La présence de ou d’un parti centriste se traduit souvent par d’autres pratiques de gouvernement que celles produites par l’adversary politics», des pratiques plus consen-suelles, impliquant le dialogue.

A la recherche d’une espèce inconnue: le centre au Parlement EuropeenDavid HANLEY, Professeur, Université de Portsmouth

Nous explorons d’abord le concept polysémique du ‘centre’, en recourant à un certain nombre d’études classiques (Daalder, Duverger, etc.). Ensuite nous identifions un certain nombre de partis nationaux qui se réclament du centrisme ou qui sont classés sous cette rubrique par des experts. Rien de tout cela n’ayant abouti à des conclusions utiles, nous passons à l’analyse des groupes au PE (Parlement Européen), nous concentrant surtout sur l’ALDE. L’analyse des votes des députés ALDE révèle une grande cohérence interne mais une certaine variation par rapport aux autres groupes du PE, surtout selon le dossier. Cela permet de conclure à un comportement centriste de la part de l’ALDE, mais notre conviction, exprimée tout au long de cette communi-cation, est que ce genre de description ne sert pas à grande chose et qu’on ferait mieux de s’en tenir aux analyses rokanniennes classiques.

Les pays nordiques sont-ils (encore) le paradis des partis du centre ?Michel HASTINGS, Professeur, CERAPS, Sciences Po Lille

La littérature académique sur le centrisme, le centre ou les partis du centre présente fréquem-ment un certain nombre de rituels d’écriture : souligner, d’abord, son embarras devant la plasti-cité des notions, leur évanescence théorique et le piège des métaphores ; s’échiner, ensuite, à multiplier les critères d’identification et les typologies, au risque bien souvent de se noyer dans les exceptions ; conclure, enfin, sur un constat de frustration et d’impuissance devant l’impos-sible équation du centrisme.Nous ne chercherons pas à aborder de front la notion de centrisme, en cherchant par exemple à dégager d’emblée les principaux éléments de son éventuel ADN. Notre approche consistera plutôt à nous interroger sur les opportunités qui semblent faciliter non seulement l’émergence de formations souhaitant se présenter comme centristes, mais aussi un ensemble de stratégies conduites par des partis qui recherchent dans la « centralité » une ressource à la fois symbolique et fonctionnelle, afin de se positionner le plus favorablement possible dans le cadre de la com-pétition politique.Notre principale hypothèse est en effet que le centrisme est d’abord un lieu de gravitation du jeu politique qui doit son existence au fait que des acteurs sont prêts à y investir des attentes concernant à la fois les rétributions politiques offertes par une localisation idéologique médiane, et celles proposées par les dynamiques centripètes de certains régimes démocratiques, dont les systèmes partisans et les règles du jeu institutionnel ont connu ces dernières années de pro-fondes transformations.Les démocraties nordiques nous ont semblé ainsi constituer de bons laboratoires pour essayer de valider ces hypothèses. On y recense en effet non seulement des partis politiques qui ont adopté l’étiquette de Centre à la suite d’importants débats, mais également des structures d’op-

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portunité favorables à l’institutionnalisation de rôles de centralité dans la compétition politique et la constitution des majorités de gouvernement.

Session II : Etudes de cas. L’Europe de l’Ouest

La démocratie-chrétienne flamande: d’un parti centriste populaire prédominant

à un parti flamingant suiviste en voie de disparitionLieven de WINTER, Professeur, Université Catholique de Louvain

L’étude du CVP-CD&V (Christelijke Volkspartij rebaptisé en 2001 Christen-Democraten & Vlaams) est particulièrement intéressante principalement pour quatre raisons. Tout d’abord, dans la pé-riode d’après-guerre, les démocrates-chrétiens flamands ont été jusqu’en 2003 le parti le plus fort en Flandre comme dans l’ensemble de la Belgique, et avec leur parti-frère francophone (le PSC/cdh), ils constituaient jusqu’en 1987 la formation politique la plus forte du pays. La famille démocrate-chrétienne atteint le sommet de sa force électorale d’après-guerre en 1950, en cap-turant 48% du vote national (et 60.4% Flandre et une majorité absolue dans les deux chambres), tandis lors des dernières élections fédérales de 2010, il n’atteint que 18%). Deuxièmement le CVP/CD&V est le parti gouvernemental le plus important de la période d’après - guerre. Il est devenu le parti-pivot de toute coalition au cours des années 50 et le noyau dur de chaque coalition depuis 1958 (à l’exception de la période 1999-2007) et depuis 2011. Dans la 1958-1999 il a toujours figuré au gouvernement et avait habituellement l’embarras du choix de partenaire de coalition, à sa gauche les socialistes et à sa droite les libéraux. Ainsi, le CVP/CD&V, le plus grand des deux partis démocrates-chrétiens, a fortement dominé les différentes politiques gouvernementales et a fourni la plupart de ses ministres. En outre, presque tous les premiers-ministres d’après-guerre étaient Démocrates Chrétiens, habituellement appartenant au CVP/CD&V. Grâce à cette participation gouvernementale permanente et à la pratique belge des nominations politiques au sein du service public, le CVP/CD&V a aussi fortement occupé l’Etat et les institutions semi-publiques du pays et est donc - plus que tout autre parti traditionnel - responsable des mérites mais également des échecs des politiques gouvernementales dans la période d’après-guerre. Depuis sa création, le CVP/CD&V se définit autant comme «parti» que comme «mouvement politique». Les diverses tentatives de modification des statuts du parti reflètent cette ambiguïté. Ainsi, l’évolution de l’organisation interne du CVP représente une illustration intéressante du dilemme permanent des partis de masse contemporains, entre d’une part les principes de cen-tralisation, de professionnalisation, d’efficacité‚ des décisions et, d’autre part, les principes de démocratie interne, de participation de la base et de décentralisation. Enfin, le CVP/CD&V reste le représentant politique privilégié du puissant pilier Catholique (et de son large éventail d’organisations sociales), qui lui-même a subi des changements majeurs après la Guerre (déconfessionnalisation, sécularisation, professionnalisation, la révolution parti-cipative, etc.).Bref, depuis sa fondation en 1884 jusqu’à la fin du 20ème siècle, le parti catholique dans ses différentes formes et appellations a toujours monopolisé le leadership politique, en termes de son pouvoir électoral et parlementaire, sa position centriste sur l’axe gauche-droite, son rôle de lea-der dans la plupart des gouvernements, et l’emprise de ses organisations de piliers sur la société belge. Et pourtant, il n’est pas sûr qu’il puisse survivre cette décennie, pour plusieurs raisons: son hémorragie électorale sans précédent, un vieillissement de sa base électoral et de ses adhérents, l’affaiblissement de ses liens avec le pilier catholique, et last but not least le défi du nationalisme flamand, incarné par son ancien partenaire de cartel, la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA). 2

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CDH : le centre en creux en Belgique francophonePascal DELWIT, Professeur, Université Libre de Bruxelles

Depuis la fin des années cinquante, la famille sociale chrétienne occupe le centre de l’échiquier politique en Belgique. Cette représentation ne s’impose pourtant pas d’évidence tant il est vrai qu’elle a été longtemps été assimilée à la droite, en référence au clivage philosophique. Sym-boliquement d’ailleurs, elle occupe toujours la droite de l’hémicycle à la Chambre et au Sénat. L’apaisement du clivage philosophique et l’affermissement des clivages socio-économique et linguistique ont donc modifié la perspective, et conduit à qualifier les partis libéraux de partis de droite.Depuis lors, les démocrates chrétiens ont fait leur ce positionnement et s’en réclament explicite-ment. Ainsi, lorsqu’à bout de souffle à la fin du XXe siècle et après une défaite historique, le pari social chrétien ouvre-t-il un chantier de rénovation politio-idéologique, il décide à son terme de renommer le parti en intégrant volontairement le mot ‘centre’ dans le libellé : Centre démocrate humaniste. Pour autant, cette valorisation du centrisme est avant tout une valorisation en creux : le « Centre démocrate humaniste n’est plus un parti démocrate chrétien », le CDH est « contre les extrêmes », le CDH n’est « ni de gauche, ni de droite ». A contrario, on trouvera avec peine une définition positive et idéologique de la qualification « centriste » dans le chef du parti. Un temps, le parti se référa à l’humanisme et au post-matérialisme mais sans contenu manifeste et en décalage avec la définition politologique ou sociologique du post-matérialisme et des valeurs post-matérialistes. Ce n’est plus aujourd’hui le cas et le parti, revenu aux affaires, se donne à voir comme ce qu’il a toujours été, en s’adaptant aux mutations, le parti défenseur des intérêts des organisations du monde chrétien, singulièrement dans l’enseignement et la santé, et des valeurs démocrates chrétiennes.Ceci explique dans une large mesure la suite de son affaissement électoral mais aussi sa capacité à conserver un poids politique bien plus important que ne le suggèrent ses résultats électoraux.

Le régime des partis politiques allemands – un régime centriste ?Marcus OBRECHT, Professeur, Université de Fribourg

La réponse à la question du centrisme pour le système politique allemand prend la forme d’une genèse historique du système des partis, à la fois au niveau fédéral et au niveau des Länder. Surtout, le niveau fédéral constitue un exemple qui provoque des questions sur l’effondrement des clivages historiques entre partis politiques et leurs aptitude à élargir le spectre des coalitions possibles.La thèse que je souhaite développer dans mon intervention est la suivante : en ce qui concerne la question du centrisme sur le continuum gauche-droite du cas allemand on peut répondre assez simplement : sur les six partis représentés actuellement au Bundestag, tous, sauf le parti de gauche Die Linke, sont des partis centristes - ils peuvent coaliser entre eux. D’où vient cette étonnante flexibilité ?Je vois deux explications : premièrement, le système des partis tel qu’il s’est développé dans le cadre de la loi fondamentale est devenu un système centriste – les raisons à cela se trouvent dans la constitution même qui confère aux partis un rôle important. Deuxièmement, la différence idéologique entre les partis existe bel est bien, mais elle n’empêche pas la coopération – la raison à cela se trouve dans une culture politique qui n’est que peu marquée par les adversial politics. Celle-ci est due au caractère mixte du système politique allemand : il est à la fois concurrentiel (concurrence des partis) et concordanciel (négociation fédérale).

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Liberal Politics at the Beginning of the Twenty First CenturyDavid BELL, Professeur, Université de Leeds

There are often said that there are no centre party values: this is a somewhat difficult argu-ment in the UK case. This party has been the challenge to the left (‘replacing labour’ has been an objective since the 1950s) and has promoted a number of issues of which two are especially crucial: these are Europe and the Constitution. On both of these grounds the Party has been highly distinctive and has contributed to the debate and to the shaping of politics. On economic policy it has faced both ways making a contribution to the interven-tionist welfare state but also harbouring a tradition of non-interventionist free market politics that ran counter to the general trend but is currently working with the grain. These, so-called ‘Orange Book’ Liberal Democrats have made the running in the coalition and economic policy has been consistent with that minimal state disposition. In the coalition the Liberal Democrat Party negotiated rapidly and concluded a government platform with the Conser-vatives. Unlike the EU countries the coalitions are unusual in the UK. This government was put together rapidly and on the basis of a policy agreement. This left the major ministries in the hands of the major party in the coalition and the Liberal Democrats associated with all of the decisions. Some of the main changes prioritised by the Ministries were not in the coali-tion agreement but the Party chose to adopt them. For the Party the entry into government has been seen as a big gain but the unpopularity for many of the measures and for the policy of austerity as fallen on the minor party.

Session III : Etudes de cas. L’Europe Latine

Quand le centre français perd ses catholiques. Réflexions sur les transformations et les recompositions partisanes du centre à

l’aune de quelques changements de nature cultuelle et culturelleJulien FRETEL, Professeur, CURAPP, Université Picardie Jules Verne

«Bien qu’historiens et politistes aient toujours hésité à assimiler les formations centristes fran-çaises à des «partis démocrates chrétiens», il n’en reste pas moins que tant le recrutement que la culture partisane de ces organisations politiques ont bel et bien eu partie liée avec le catholi-cisme. En tant qu’affinité élective mais aussi en tant que réseaux sociaux interdépendants, les liens entre centrisme et catholicisme, quand on prend le Mouvement démocrate de François Bayrou comme terrain d’observation, paraissent aujourd’hui pour le moins distendus, sinon dis-parus. Il s’agira alors de formuler des hypothèses susceptibles d’éclairer cette disjonction. Pour ce faire, nous insisterons sur trois points. Le premier portera sur les transformations sociopoli-tiques de l’Église catholique, où il ressort que la formation de militants catholiques engagés au Centre s’est tarie. Le second concerne les déceptions et découragements de ce qui reste de militants centristes au sein d’une institution religieuse repliée sur des enjeux par trop ecclésiolo-giques. Enfin, nous nous demanderons comment, malgré tout, le Modem a connu un renouvel-lement de ses effectifs au moment de sa constitution en 2007/2008. Dès lors, on verra comment «anciens» et «nouveaux» adhérents ont pu faire corps alors même que l’ethos catholique n’est plus le dénominateur commun.

De la DC à l’UDC: vingt ans de luttes pour l’héritage centriste en ItalieRaul MAGNI-BERTON, Professeur, PACTE, Sciences Po Grenoble

L’année 1993 est considérée comme l’année de naissance de la seconde République italienne. Par rapport à la première République, celle-ci se caractérise par trois traits : 1. l’introduction d’un 4

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système électoral avec une forte composante majoritaire, 2. la création de nouveaux partis et la disparition d’anciens, suite au scandale connu sous le nom de Tangetopoli et 3. une forte insta-bilité dans les coalitions et dans la structure des partis. Le premier trait a produit une incitation à rendre le système bipolaire qui s’opposait au système dominé par une coalition de « centre », dont le parti principal était la Démocratie Chrétienne et qui avait gouverné sans interruption de la fin de la guerre à 1992. Le nouveau système bipolaire a été caractérisé par une forte alternance de la coalition de droite et de celle de gauche, si bien que pas une seule fois la coalition sortante n’a été élue. Le deuxième trait est allé dans la même direction. Le renouvellement des partis, notamment à droite, a étouffé la tradition centriste italienne en créant de pôles, la gauche issue du parti com-muniste, et la droite, regroupée autour du milliardaire Berlusconi, qui ont divisé les centristes. Ces derniers se sont donc retrouvés opposés les uns aux autres, les « centristes de gauche » et les « centristes de droite ». Le troisième trait peut être analysé à partir de ce que j’appelle ici la « lutte pour l’héritage centriste en Italie ». Depuis 1994, le système électoral et l’identité partisane ont été particulièrement ins-tables, en particulier à cause des partis centristes. Pas moins de 10 partis de centre représentés au parlement ont apparu sur la scène politique, avec l’ambition de recréer un grand pôle de centre, une force indépendante capable de créer et défaire des majorités. L’intervenant montre comment un centre indépendant est finalement né en 2008, autour de l’UDC (Unione di Centro) – issu d’un petit parti peu prometteur né en 1994 – et comment aux prochaines élections de 2013 ce centre a des chances de pouvoir remplir le célèbre rôle d’arbitre recherché depuis 20 ans.

L’Espagne : droite et gauche à la recherche de l’espace du centreJoan MARCET, Professeur, Université Autonome de Barcelone

En Espagne, l’émergence historique des partis politiques n’apporte pas une force centriste électoralement importante. Même la droite espagnole, à travers des formations politiques peu modernes dans son structure et orientation programmatique, n’a pas opté pour le développe-ment d’un État Constitutionnel et non plus pour une démarche claire vers un modèle politique démocratique. La démocratie récupéré, après des années de dictature de Franco, la lutte pour le centre poli-tique, où on peut trouver la majorité des citoyens espagnols du point de vue idéologique, a été une constante dans la confrontation entre la droite et à gauche électoralement majoritaires. L’évolution organisationnelle et programmatique des partis de droite, de la gauche modéré et ces formations politiques qui sont fondées sur une définition nationaliste (espagnole ou péri-phérique) illustre la tension constante pour réaliser des progrès électoraux dans cet espace du centre idéologique.

Session IV : Etudes de cas. Europe Centrale et Orientale

La faiblesse du centre en Europe centrale et orientaleJean-Michel DE WAELE, Professeur, Université Libre de Bruxelles

La communication analysera la place du centrisme en Europe centrale. Elle constatera que le clivage entre le monde post communiste et le monde anti communiste a freine l’émergence de parti centriste ou de parti pivot sauf sans doute en Pologne avec le PSL. IL est par contre intéressant de constater le rôle de parti pivot joué dans certains cas par les partis des minorités nationales. Si le centrisme systémique est faible en Europe centrale, le centrisme idéologique remporte un large succès qui lui aussi pose question sur la réalité et l’existence de ce centrisme.

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Le parti paysan polonais (PSL) - le centrisme idéologique ou tactique ?Anna PACZESNIAK, Maître de conférences, Université de Wroclaw

Le parti paysan polonais (PSL) s’est ancré dans le centre du système partisan non pas en raison de son programme que par sa position de parti pivot entre l’Alliance de la gauche démocratique (partis social-démocratique) et des partis de droite ou de centre-droite. Le centrisme des agra-riens n’est pas donc une valeur programmatique mais bien structurel.L’objectif de l’intervention est de montrer l’évolution du rôle centriste du PSL dans le système politique polonais et d’analyser le phénomène d’un parti, qui bien qu’il n’a jamais été initiateur d’une coalition gouvernementale avec le pouvoir de sélectionner les partenaires de la coalition, ne se limite pas pour autant au rôle de parti d’appoint. Dans le cas du PSL on peut observer la plus-value de son importance dans le système partisane, grâce à laquelle au cours des deux dernières décennies il a réussi à participer quatre fois au gouvernement. Il est dans les yeux de tous les autres acteurs politiques polonais un acteur essentiel pour former une coalition gou-vernementale. C’est d’ailleurs depuis le parti qui a participé le plus longuement aux différents gouvernements polonais depuis 1989.

Le KDU-CSL : le phoenix de la scène partisane tchèque ?Michel PEROTTINO, Professeur, CEFRES, Université Charles, Prague

Le parti démocrate-chrétien KDU-ČSL (Union démocrate-chrétienne – Parti populaire tchécos-lovaque), fait partie des partis politiques les plus anciens en République tchèque. La plupart d’entre eux trouvent des filiations anciennes, souvent formelles ou artificielles, dans le cas du ČSL, qui est la partie la plus ancienne des deux composantes originelles du KDU- ČSL, la créa-tion remonte à 1919. Cette longévité, si elle n’est pas en soit extraordinaire, n’en est pas moins une prouesse dans l’histoire tchèque, puisqu’au contraire par exemple de la social-démocratie, son existence est claire, nette et avérée y compris pendant la période socialiste, le ČSL faisant à l’époque partie des partis autorisés au sein du Front national. Cette continuité, et par là enten-dons également sa participation aux différents régimes, est par contre spécifique, au sens où à l’exception du parti communiste, il s’agit du seul cas de ce type en République tchèque. Le titre de mon intervention renvoit (en partie) justement à cette réalité, c’est-à-dire à cette capacité à opérer des reconversions ou des adaptations à son environnement. Cette continuité n’est pas uniquement la survivance à la marge mais la participation, souvent directe et active, à des ré-gimes très différents, et, si nous nous focalisons sur les régimes parlementaires, nous soulignons la capacité centriste du KDU- ČSL. Cette capacité est, depuis les dernières élections législatives en 2010, mise mal par le départ d’une partie de son élite qui a formé une nouvelle formation TOP 09, aujourd’hui au pouvoir.Nous reviendrons donc sur cette capacité –peut-être sépcifique- à l’adaptation et à la persis-tance, sa capacité à «survivre». Nous axerons notre propos sur différents points: l’affiliation idéo-logique de ce parti (le parti n’est plus aujourd’hui aussi fortement lié à l’église catholique, mais reste fondamentalement démocrate-chrétien), ses appuis électoraux et sa base militante et son aspect organisationnel (notamment la tension entre parti de masse et parti cartel).