Séquence 1 : Le récit au XIXe siècle : Le refus de l ... · Diaporama sur un mouvement...

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Séquence 1 : Le récit au XIXe siècle : Le refus de l’idéalisation. Objet d’étude : Le roman et la nouvelle au XIXe siècle -réalisme et naturalisme Groupement de textes : « Représenter la réalité. » Problématique: Comment les romanciers réalistes et naturalistes représentent-ils la réalité sans idéalisation? Groupement 1: De nouveaux types de personnages : G. Flaubert, « Un cœur simple », Trois Contes ,1877 : Félicité, une servante G. Flaubert, Madame Bovary, 1857 : Catherine Leroux, une domestique G. de Maupassant, Boule de Suif, 1880 : une galante E. Zola, Au Bonheur des Dames, 1883 : le vie des vendeuses Groupement 2: Ambitions et désillusions Stendhal, Le Rouge et le Noir , 1830 : « la destinée de Julien » et « le procès » H. de Balzac, Le Père Goriot, 1835 : Rastignac, le défi à Paris G. de Maupassant, Bel Ami, 1885 : incipit et fin du roman G. Flaubert, Madame Bovary, 1857 : « deux visions du bonheur » Document complémentaire: L’Homme au balcon, Caillebotte Reflet du contexte historique Flaubert : L’Education sentimentale, « La prise des Tuileries » , 1869 Ce récit réaliste d’un fait historique est-il objectif? Document complémentaire : La Liberté guidant le peuple, Delacroix , 1830 Histoire littéraire : - Le réalisme: repères historiques – un siècle de mutations - Repères littéraires : caractéristiques du réalisme - Le travail d’un romancier réaliste : Flaubert et l’écriture de Madame Bovary (travail sur le site de la BNF) Histoire des Arts : La peinture réaliste Un Enterrement à Ornans, G. Courbet - La Lessiveuse, Millet - Les Déchargeurs de charbon, Monnet La peinture réaliste au XXème : The Problem we all live with, N. Rockwell, 1963. Lecture cursive Ouverture sur la littérature contemporaine: Petit Pays, G. Faye. Roman réaliste? Activités : Lancement du prix littéraire L’Albert d’OR 2018. Diaporama sur un mouvement littéraire : travail de groupe 2 nde 1 - Descriptif ORAL 2018 - Mme de Surmont Les 5 textes étudiés sont surlignés en jaune.

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Séquence 1 : Le récit au XIXe siècle : Le refus de l’idéalisation. Objet d’étude : Le roman et la nouvelle au XIXe siècle -réalisme et naturalisme

Groupement de textes : « Représenter la réalité. »

Problématique: Comment les romanciers réalistes et naturalistes représentent-ils la réalité sans idéalisation?

• Groupement 1: De nouveaux types de personnages :

G. Flaubert, « Un cœur simple », Trois Contes ,1877 : Félicité, une servante G. Flaubert, Madame Bovary, 1857 : Catherine Leroux, une domestique G. de Maupassant, Boule de Suif, 1880 : une galante E. Zola, Au Bonheur des Dames, 1883 : le vie des vendeuses

• Groupement 2: Ambitions et désillusions

Stendhal, Le Rouge et le Noir , 1830 : « la destinée de Julien » et « le procès » H. de Balzac, Le Père Goriot, 1835 : Rastignac, le défi à Paris G. de Maupassant, Bel Ami, 1885 : incipit et fin du roman G. Flaubert, Madame Bovary, 1857 : « deux visions du bonheur » Document complémentaire: L’Homme au balcon, Caillebotte

• Reflet du contexte historique

Flaubert : L’Education sentimentale, « La prise des Tuileries » , 1869 Ce récit réaliste d’un fait historique est-il objectif?

Document complémentaire : La Liberté guidant le peuple, Delacroix , 1830

Histoire littéraire :

- Le réalisme: repères historiques – un siècle de mutations - Repères littéraires : caractéristiques du réalisme

- Le travail d’un romancier réaliste : Flaubert et l’écriture de Madame Bovary (travail sur le site de la BNF)

Histoire des Arts : La peinture réaliste

• Un Enterrement à Ornans, G. Courbet - La Lessiveuse, Millet - Les Déchargeurs de charbon, Monnet

• La peinture réaliste au XXème : The Problem we all live with, N. Rockwell, 1963.

Lecture cursive

Ouverture sur la littérature contemporaine: Petit Pays, G. Faye. Roman réaliste?

Activités : Lancement du prix littéraire L’Albert d’OR 2018. Diaporama sur un mouvement littéraire : travail de groupe

2nde 1 - Descriptif ORAL 2018 - Mme de Surmont

Les 5 textes étudiés sont surlignés en jaune.

Séquence 2: Les ambitions du naturalisme

Objet d’étude : Le roman et la nouvelle au XIXe siècle - Réalisme et naturalisme.

Groupement de textes : Du réalisme au naturalisme- héritages et spécificités

Problématique : Comment Zola fait-il du roman le laboratoire de ses expériences ?

• Emile Zola, Les Romanciers naturalistes, 1881 - Le Roman expérimental, 1880

• Emile Zola, La Fortune des Rougon, préface, 1871, Thérèse Raquin, préface, 1867/ Documents complémentaires : - Claude Bernard, Introduction à l’étude de la médecine expérimentale - Arbre généalogique des Rougon-Macquart

• Emile Zola, Thérèse Raquin, ch. VII, 1867 : « portrait de Thérèse » En quoi le personnage illustre-t-il la théorie de l’hérédité ?

Textes complémentaires: E. Zola, La Bête humaine, ch. II, 1890 E. Zola, Thérèse Raquin, excipit

• Fonction de l’incipit.

• L’intérêt dramatique de la rencontre avec les canotiers

• Images de la femme dans la nouvelle

• Réflexion sur la famille bourgeoise et le mariage

Histoire des Arts :

- Comparaison entre extraits de romans naturalistes et tableaux impressionnistes :La gare Saint Lazare, Monnet/La Bête humaine, Zola – L’Absinthe, Degas/ L’Assommoir, Zola - Portrait de Zola par Manet

Documents complémentaires: Zola au cœur de la polémique impressionniste :« Les Actualistes », Mon Salon, 1868 - Une exposition, les peintres impressionnistes, 1877- Le naturalisme au Salon, 1880

- Le Déjeuner sur l’herbe, Manet, 1862. Les Canotiers ramant sur l’Yerres, Caillebotte,1877

- Liens entre littérature, peinture et cinéma: Partie de campagne, J. Renoir, 1936

- La naissance de la photographie : le réel capturé.

Lectures cursives : - Une Partie de campagne et autres nouvelles au bord de l’eau, G. de Maupassant

- Lecture d’un livre de la sélection du Prix littéraire

Etude d’oeuvre intégrale: Une Partie de campagne et autres nouvelles au bord de l’eau, Maupassant.

Problématique : En quoi littérature et peinture ont-elles une influence réciproque?

Séquence 3- La poésie romantique entre lyrisme et engagement

Objet d’étude: La poésie du romantisme au surréalisme

Comment le poète romantique fait-il se répondre préoccupations personnelles et interrogations collectives?

Groupement de textes : Le lyrisme romantique Problématique: Quels sentiments la poésie romantique exprime-t-elle ?

• Groupement 1: Une nouvelle sensibilité poétique

Dumarsais, L’Encyclopédie, article Philosophe, 1751-1772 J.W. Von Goethe, Faust, 1774

J.J. Rousseau, Les Rêveries d’un promeneur solitaire, (5ème promenade), 1782 R. de Chateaubriand, René, 1802 J. Keats, Poésie, 1818 A. de Lamartine, Méditations poétiques, « L’Isolement », 1820

Documents complémentaires : Al. de Musset, Les Confessions d’un enfant du siècle, 1836.

• Groupement 2: La Nature dans la poésie romantique

Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques, « Le Lac », 1820 Alfred de Vigny, La Maison du berger, 1844 Alfred de Musset, Les Nuits, 1835 Victor Hugo, Les Feuilles d’automne « Soleils couchants » ,1831

Comment la contemplation de la Nature devient-elle méditation sur la condition humaine?

Groupement de textes : le romantisme social, une poésie engagée Problématique: Comment la poésie s’engage-t-elle?

V. Hugo, Les Contemplations, « Melancholia », 1856 En quoi la poésie permet-elle de s’engager pour une cause?

Documents complémentaires : - Vie de Victor Hugo à travers caricatures et photos /Comparaison de plusieurs discours de V.

Hugo avec 4 poèmes + extrait d’un documentaire sur les luttes de V. Hugo. / Rimbaud, Poésies, « Les Effarés », 1870. / Echo du XXème et XXIème : Pablo Neruda, J’avoue que j’ai vécu,1974 - JR, Face 2Face, 2007 - dessin de presse sur le travail des enfants, 1998.

Histoire des Arts :

- La peinture romantique: Voyageur contemplant une mer de nuage de Friedrich, 1818 - La Mort de Sardanapale, E. Delacroix, 1827.

- Le Romantisme noir : origines et thèmes/ influences sur le cinéma

Lectures cursives: - Découvrir la révolution romantique théâtrale: V. Hugo, Hernani, 1830

- Lecture d’un livre de la sélection du prix littéraire

Séquence 4: La poésie moderne - du Parnasse au Symbolisme Quels sont les nouveaux enjeux poétiques?

• Groupement 1: Entre beauté et étrangeté

Théophile Gautier, Préface de Mademoiselle Maupin, 1836, « L’Art », Emaux et Camées, 1852 Leconte de Lisle, « Le Rêve du jaguar », Poèmes barbares, 1862 Charles Baudelaire,« Une Charogne », Les Fleurs du Mal, 1857

Comment le poète renouvelle-t-il le thème de la fuite du temps?

Paul Verlaine, « Art poétique », Jadis et Naguère, 1884

Textes complémentaires: Ch. Baudelaire,« Correspondance », « Harmonie du soir », « Parfum exotique », « Quand le ciel bas et lourd », Les Fleurs du Mal, 1857 P. de Ronsard, « Mignonne allons voir », Odes, 1545 R. Queneau, « Si tu t’imagines », Instant fatal, 1946

• Groupement 2: Comment le poète se place-t-il dans la société ?

Ch. Baudelaire, « L’Albatros », Fleurs du Mal, (1857). Arthur Rimbaud, « Ma Bohême », Poésies, 1870

Documents complémentaires: La vie de bohème des artistes au XIXème Extraits de documentaire sur la vie de Rimbaud

Histoire littéraire: - Du Parnasse au surréalisme - Fonctions de la poésie à travers les siècles

Histoire des arts : Liens entre poésie moderne, musique et dessin

- G. Apollinaire, « La cravate et la montre», Calligrammes - La musicalité de la poésie de Verlaine : écoute de plusieurs mises en musique de poèmes

Activités: Semaine de la poésie: Arts visuels et poésie - analyse de plusieurs courts métrages du Festival Cinépoème.

- composition d’un recueil à partir des poèmes de Rimbaud: faire dialoguer 5 poèmes avec 5 images

- Rencontre avec un artiste illustrateur de poèmes, Robert Lobet. - Débat et vote pour le prix littéraire l’Albert d'OR

Séquence 1: Le récit au XIXème , le refus de l’idéalisation

Texte 1:

Flaubert : L’Education sentimentale, « La prise des Tuileries » , 1869 Ce récit réaliste d’un fait historique est-il objectif?

Et ils arrivèrent dans la salle des Maréchaux. Les portraits de ces illustres, sauf celui de Bugeaud percé au ventre, étaient tous intacts. Ils se trouvaient appuyés sur leur sabre, un affût de canon derrière eux, et dans des attitudes formidables jurant avec la circonstance. Une grosse pendule marquait une heure vingt minutes. Tout à coup la Marseillaise retentit. Hussonnet et Frédéric se penchèrent sur la rampe. C'était le peuple. Il se précipita dans l'escalier, en secouant à flots vertigineux des têtes nues, des casques, des bonnets rouges, des baïonnettes et des épaules, si impétueusement, que des gens disparaissaient dans cette masse grouillante qui montait toujours, comme un fleuve refoulé par une marée d'équinoxe, avec un long mugissement, sous une impulsion irrésistible. En haut, elle se répandit, et le chant tomba. On n'entendait plus que les piétinements de tous les souliers, avec le clapotement des voix. La foule inoffensive se contentait de regarder. Mais, de temps à autre, un coude trop à l'étroit enfonçait une vitre ; ou bien un vase, une statuette déroulait d'une console, par terre. Les boiseries pressées craquaient. Tous les visages étaient rouges, la sueur en coulait à larges gouttes ; Hussonnet fit cette remarque : "Les héros ne sentent pas bon ! " "Ah ! vous êtes agaçant " , reprit Frédéric. Et poussés malgré eux, ils entrèrent dans un appartement où s'étendait, au plafond, un dais de velours rouge. Sur le trône, en dessous, était assis un prolétaire à barbe noire, la chemise entrouverte, l'air hilare et stupide comme un magot. D'autres gravissaient l'estrade pour s'asseoir à sa place. "Quel mythe ! " dit Hussonnet. " Voilà le peuple souverain ! " Le fauteuil fut enlevé à bout de bras, et traversa toute la salle en se balançant. "Saprelotte ! comme il chaloupe ! Le vaisseau de l'Etat est ballotté sur une mer orageuse ! Cancane-t-il ! cancane-t-il ! " On l'avait approché d'une fenêtre, et, au milieu des sifflets, on le lança. "Pauvre vieux ! " dit Hussonnet, en le voyant tomber dans le jardin, où il fut repris vivement pour être promené ensuite jusqu'à la Bastille, et brûlé. Alors, une joie frénétique éclata, comme si, à la place du trône, un avenir de bonheur illimité avait paru ; et le peuple, moins par vengeance que pour affirmer sa possession, brisa, lacéra les glaces et les rideaux, les lustres, les flambeaux, les tables, les chaises, les tabourets, tous les meubles, jusqu'à des albums de dessins, jusqu'à des corbeilles de tapisserie. Puisqu'on était victorieux, ne fallait-il pas s'amuser ! La canaille s'affubla ironiquement de dentelles et de cachemires. Des crépines d'or s'enroulèrent aux manches des blouses, des chapeaux à plumes d'autruche ornaient la tête des forgerons, des rubans de la Légion d'honneur firent des ceintures aux prostituées. Chacun satisfaisait son caprice ; les uns dansaient, d'autres buvaient. Dans la chambre de la reine, une femme lustrait ses bandeaux avec de la pommade ; derrière un paravent, deux amateurs jouaient aux cartes ; Hussonnet montra à Frédéric un individu qui fumait son brûle-gueule accoudé sur un balcon ; et le délire redoublait au tintamarre continu des porcelaines brisées et des morceaux de cristal qui sonnaient, en rebondissant, comme des lames d'harmonica. Puis la fureur s'assombrit. Une curiosité obscène fit fouiller tous les cabinets, tous les recoins, ouvrir tous les tiroirs. Des galériens enfoncèrent leurs bras dans la couche des princesses, et se roulaient dessus par consolation de ne pouvoir les violer. D'autres, à figures plus sinistres, erraient silencieusement, cherchant à voler quelque chose ; mais la multitude était trop nombreuse. Par les baies des portes, on n'apercevait dans l'enfilade des appartements que la sombre masse du peuple entre les dorures, sous un nuage de poussière. Toutes les poitrines haletaient ; la chaleur de plus en plus devenait suffocante ; les deux amis, craignant d'être étouffés, sortirent. Dans l'antichambre, debout sur un tas de vêtements, se tenait une fille publique, en statue de la Liberté, -- immobile, les yeux grands ouverts, effrayante.

Séquence 2: Les ambitions du naturalisme

Texte 2:

Emile Zola, Thérèse Raquin, ch.VII « le portrait de Thérèse », 1867 En quoi le personnage illustre-t-il la théorie de l’hérédité ?

Elle pleurait, elle embrassait Laurent, elle continuait avec une haine sourde : — Je ne leur souhaite pas de mal. Ils m’ont élevée, ils m’ont recueillie et défendue contre la misère…Mais j’aurais préféré l’abandon à leur hospitalité. J’avais des besoins cuisants de grand air ; toute petite, je rêvais de courir les chemins, les pieds nus dans la poussière, demandant l’aumône, vivant en bohémienne. On m’a dit que ma mère était fille d'un chef de tribu, en Afrique ; j’ai souvent songé à elle, j’ai compris que je lui appartenais par le sang et les instincts, j’aurais voulu ne la quitter jamais et traverser les sables, pendue à son dos… Ah ! quelle jeunesse ! J’ai encore des dégoûts et des révoltes, lorsque je me rappelle les longues journées que j’ai passées dans la chambre où râlait Camille. J’étais accroupie devant le feu, regardant stupidement bouillir les tisanes, sentant mes membres se roidir. Et je ne pouvais bouger, ma tante grondait quand je faisais du bruit… Plus tard, j’ai goûté des joies profondes, dans la petite maison du bord de l’eau ; mais j’étais déjà abêtie, je savais à peine marcher, je tombais lorsque je courais. Puis on m’a enterrée toute vive dans cette ignoble boutique. Thérèse respirait fortement, elle serrait son amant à pleins bras, elle se vengeait, et ses narines minces et souples avaient de petits battements nerveux. — Tu ne saurais croire, reprenait-elle, combien ils m’ont rendue mauvaise. Ils ont fait de moi une hypocrite et une menteuse… Ils m’ont étouffée dans leur douceur bourgeoise, et je ne m’explique pas comment il y a encore du sang dans mes veines… J’ai baissé les yeux, j’ai eu comme eux un visage morne et imbécile, j’ai mené leur vie morte. Quand tu m’as vue, n’est-ce pas ? j’avais l’air d’une bête. J’étais grave, écrasée, abrutie. Je n’espérais plus en rien, je songeais à me jeter un jour dans la Seine…Mais, avant cet affaissement, que de nuits de colère ! Là-bas, à Vernon, dans ma chambre froide, je mordais mon oreiller pour étouffer mes cris, je me battais, je me traitais de lâche. Mon sang me brûlait et je me serais déchiré le corps. À deux reprises, j’ai voulu fuir, aller devant moi, au soleil ; le courage m’a manqué, ils avaient fait de moi une brute docile avec leur bienveillance molle et leur tendresse écœurante. Alors j’ai menti, j’ai menti toujours. Je suis restée là toute douce, toute silencieuse, rêvant de frapper et de mordre.

Séquence 3: la poésie romantique: entre lyrisme et engagement

Texte 3 Victor Hugo, Les Feuilles d’automne « Soleils couchants » ,1831

Comment la contemplation de la Nature devient-elle méditation sur la condition humaine?

Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées ; Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ; Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ; Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !

Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule Sur la face des mers, sur la face des monts, Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule Comme un hymne confus des morts que nous aimons.

Et la face des eaux, et le front des montagnes, Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.

Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête, Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux, Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête, Sans que rien manque au monde immense et radieux !

Texte 4

V. Hugo, Les Contemplations, « Melancholia », 1856 En quoi la poésie permet-elle de s’engager pour une cause?

…Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ? Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ? Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ? Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement Dans la même prison le même mouvement. Accroupis sous les dents d'une machine sombre, Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre, Innocents dans un bagne, anges dans un enfer, Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer. Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue. Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue. Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las. Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas ! Ils semblent dire à Dieu : - Petits comme nous sommes, Notre père, voyez ce que nous font les hommes ! Ô servitude infâme imposée à l'enfant ! Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, oeuvre insensée, La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée, Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! - D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin ! Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre, Qui produit la richesse en créant la misère, Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil ! Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ? Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme, Une âme à la machine et la retire à l'homme !

Séquence 4: La poésie moderne du Parnasse au symbolisme

Texte 5 Charles Baudelaire,« Une Charogne », Les Fleurs du Mal, 1857

Comment le poète renouvelle-t-il le thème de la fuite du temps?

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d'été si doux : Au détour d'un sentier une charogne infâme Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture, Comme afin de la cuire à point, Et de rendre au centuple à la grande Nature Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'épanouir. La puanteur était si forte, que sur l'herbe Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, D'où sortaient de noirs bataillons De larves, qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague, Ou s'élançait en pétillant ; On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague, Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique, Comme l'eau courante et le vent, Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve, Une ébauche lente à venir, Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète Nous regardait d'un oeil fâché, Epiant le moment de reprendre au squelette Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure, A cette horrible infection, Etoile de mes yeux, soleil de ma nature, Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces, Après les derniers sacrements, Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses, Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine Qui vous mangera de baisers, Que j'ai gardé la forme et l'essence divine De mes amours décomposés !

Séquence 1 : Le récit au XIXe siècle : Le refus de l’idéalisation.

La Liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix, 1830

Un Enterrement à Ornans, Gustave Courbet, 1850

La Lessiveuse, Jean-François Millet, 1861

Les Déchargeurs de charbon, Claude Monnet, 1875

L’Homme aux balcon ou Jeune homme à la fenêtre, Gustave Caillebotte, 1876

La peinture réaliste au XXème

The Problem we all live with, N. Rockwell, 1963

Séquence 2: Les ambitions du naturalisme

La gare Saint Lazare, Monnet

L’Absinthe, E. Degas

Portrait de Zola, E. Manet, 1868

Le déjeuner sur l’herbe, E. Manet, 1863

Les Canotiers ramant sur l’Yerres, G. Caillebotte, 1877

Séquence 3- La poésie romantique entre lyrisme et engagement

Face 2 face, JR, 2007

Voyageur contemplant une mer de nuages, C. Friedrich, 1818

La Mort de Sardanapale, E. Delacroix, 1827

Séquence 4: La poésie moderne - du Parnasse au Symbolisme

« La Cravate et la montre », Calligrammes, Guillaume Apollinaire, 1918