Semper gestion - Un vent d'optimisme

1
ui, la finance helvétique, et plus particulière- ment la gestion de fortune privée, traverse une phase difficile. Oui, l’environnement légal et législatif s’est durci. Oui, les contraintes sont nombreuses. Oui, la Suisse veut être première de classe et instaure des règles nouvelles qui ne sont appliquées dans aucune autre juridiction. Oui, la Suisse en fait trop, la finance en souffre et indirectement tout le pays également, même si bien peu s’en rendent compte. Cependant, ne serait-ce pas le moment de poser les bonnes questions, de cesser de nous plaindre et d’aller de l’avant? A quoi bon se démoraliser à longueur de journée? Notre pays et notre industrie possèdent encore grand nombre d’atouts. Il est bon ici d’en rappeler quelques uns. Je ne m’attarderai pas sur la stabilité du franc suisse, mais le débat sur la ques- tion est vaste. Je citerai la stabilité politique; quel pays peut aujourd’hui se vanter d’une telle démocratie? Les initiatives, les référendums et autres possibilités données au peuple suisse de se pronon- cer sur un sujet spécifique mais sans limite font l’admiration de nos voisins. Regardez l’initiative Minder, même le premier ministre français nous a cités en exemple. Quel honneur! Quelles sont les autres démocraties aussi directes que la nôtre? Dans quel autre pays le peuple peut-il se prononcer aussi librement? Que dire de la sécurité? La subtile alliance de Messieurs Maudet et Jornot à Genève nous promet d’enrayer la hausse de la criminalité. C’est un juste débat. Genève n’est certes plus aussi sure qu’il y a dix ou vingt ans. Mais quelle est la situation ailleurs? Hormis quelques rares exceptions, la crimi- nalité augmente partout. La faute à l’économie, la faute à nos dirigeants, la faute au manque de moyens. Il me semble que nous sommes encore privilégiés par rapport à d’autres villes européennes. Encore heureux me direz-vous? Certes, mais il y a aussi des points positifs. Lorsque j’étais étudiant, il m’était quasiment impossible d’aller travailler dans un pays européen. Depuis l’entrée en vigueur de l’accord sur la libre circulation des personnes en 2002, nous pouvons aisément le faire. C’est un progrès. Alors oui, nos frontières se sont ouvertes et, de ce fait, on entre et on sort de Genève plus facilement, avec tous les inconvénients que cela représente. Des concessions sont nécessaires pour avancer. Nos banques, malgré les erreurs paradoxales de certaines, sont encore parmi les plus stables et les mieux capitalisées du monde. Imaginez que vous disposiez demain d’une somme importante à placer. Dans quelle institution iriez-vous la dépo- ser? Quelles sont les banques en qui vous avez confiance? Certes, un manque total de bon sens et de logique a poussé nombre d’entre elles à transmettre des données confidentielles concernant leurs clients ou leurs collaborateurs et c’est propre- ment inadmissible. Mais notre épargne serait-elle plus en sécu- rité dans une banque européenne, américaine ou asiatique? J’en doute. De plus, le professionnalisme et la qualité du ser- vice dans les banques suisses sont encore bien supérieurs à la plupart des autres pays. Les collaborateurs de nos banques vouent encore une certaine dévotion à leurs clients et c’est tant mieux. Mais attention à ne pas les décourager. Les pressions de l’Europe et de l’OCDE qui désirent mettre un terme à l’imposition différenciée des sociétés pèsent lourd sur l’emploi. Certaines entreprises envisagent de quitter le territoire suisse afin de trouver d’autres contrées plus clémentes. Néanmoins, ce débat a le mérite d’ouvrir le dialogue, et Monsieur Hiler, conseiller d’Etat en charge des finances genevoises, d’en- visager un taux d’imposition unifié à 13% pour toutes les entre- prises. Ne serait-ce pas là une nouvelle positive, qui permettrait aux PME de souffler un tant soit peu et aux sociétés mixtes, qui représentent près de 50 000 emplois dans l’Arc lémanique, de ne pas avoir à regarder ailleurs? Il y aurait certes des conditions, mais voyons, pour une fois, le verre à moitié plein et espérons que cette proposition fasse son chemin. L’être humain est réfractaire à tout changement, quel qu’il soit. Mais force est de constater que l’espèce humaine est obligée de s’adapter pour évoluer, sous peine d’extinction. Les politiciens, comme la majorité des dirigeants de grandes entreprises, ne gardent leur poste que quelques années pour s’en aller ensuite vers d’autres cieux. Ils n’ont donc qu’une mission: résoudre une situation immédiate sans penser aux conséquences à plus long terme. Ce qui a amené ces mêmes personnes à effectuer des choix peu judicieux afin de parer au plus pressé. Malgré cela, essayons de positiver plutôt que de toujours nous morfondre dans le négativisme. Soyons conscients de ce que nous avons encore, battons-nous pour le conserver et défendons nos avantages. O CHRONIQUE G RÉGOIRE V AUCHER CEO, MANAGING PARTNER , S EMPER WWW . SEMPER - GESTION . CH Un vent d’optimisme La Suisse n’est plus ce qu’elle était! La gestion de fortune en Suisse, c’est fini! Nous passons notre temps à régler des problèmes administratifs! Telles sont les innombrables rengaines que nous entendons maintenant fréquemment depuis quelques années. Pléthore de gérants, banquiers, financiers ne cessent de se lamenter sur la situation. 35

description

La Suisse n'est plus ce qu'elle était! La gestion de fortune en Suisse, c'est fini! Nous passons notre temps à régler des problèmes administratifs ! Telles sont les innombrables rengaines que nous entendons maintenant fréquemment depuis quelques années. Pléthore de gérants, banquiers, financiers ne cessent de se lamenter sur la situation

Transcript of Semper gestion - Un vent d'optimisme

Page 1: Semper gestion - Un vent d'optimisme

ui, la finance helvétique, et plus particulière-ment la gestion de fortune privée, traverse

une phase difficile. Oui, l’environnement légal et législatif s’est durci. Oui, les contraintes sont nombreuses. Oui, la Suisse veut être première de classe et instaure des règles nouvelles qui ne sont appliquées dans aucune autre juridiction. Oui, la Suisse en fait trop, la finance en souffre et indirectement tout le pays également, même si bien peu s’en rendent compte. Cependant, ne serait-ce pas le moment de poser les bonnes questions, de cesser de nous plaindre et d’aller de l’avant? A quoi bon se démoraliser à longueur de journée? Notre pays et notre industrie possèdent encore grand nombre d’atouts. Il est bon ici d’en rappeler quelques uns. Je ne m’attarderai pas sur la stabilité du franc suisse, mais le débat sur la ques-tion est vaste.Je citerai la stabilité politique; quel pays peut aujourd’hui se vanter d’une telle démocratie? Les initiatives, les référendums et autres possibilités données au peuple suisse de se pronon-cer sur un sujet spécifique mais sans limite font l’admiration de nos voisins. Regardez l’initiative Minder, même le premier ministre français nous a cités en exemple. Quel honneur! Quelles sont les autres démocraties aussi directes que la nôtre? Dans quel autre pays le peuple peut-il se prononcer aussi librement? Que dire de la sécurité? La subtile alliance de Messieurs Maudet et Jornot à Genève nous promet d’enrayer la hausse de la criminalité. C’est un juste débat. Genève n’est certes plus aussi sure qu’il y a dix ou vingt ans. Mais quelle est la situation ailleurs? Hormis quelques rares exceptions, la crimi-nalité augmente partout. La faute à l’économie, la faute à nos dirigeants, la faute au manque de moyens. Il me semble que nous sommes encore privilégiés par rapport à d’autres villes européennes. Encore heureux me direz-vous? Certes, mais il y a aussi des points positifs. Lorsque j’étais étudiant, il m’était quasiment impossible d’aller travailler dans un pays européen. Depuis l’entrée en vigueur de l’accord sur la libre circulation des personnes en 2002, nous pouvons aisément le faire. C’est un progrès. Alors oui, nos frontières se sont ouvertes et, de ce fait, on entre et on sort de Genève plus facilement, avec tous les inconvénients que cela représente. Des concessions sont nécessaires pour avancer.Nos banques, malgré les erreurs paradoxales de certaines, sont encore parmi les plus stables et les mieux capitalisées du monde. Imaginez que vous disposiez demain d’une somme

importante à placer. Dans quelle institution iriez-vous la dépo-ser? Quelles sont les banques en qui vous avez confiance? Certes, un manque total de bon sens et de logique a poussé nombre d’entre elles à transmettre des données confidentielles concernant leurs clients ou leurs collaborateurs et c’est propre-ment inadmissible. Mais notre épargne serait-elle plus en sécu-rité dans une banque européenne, américaine ou asiatique? J’en doute. De plus, le professionnalisme et la qualité du ser-vice dans les banques suisses sont encore bien supérieurs à la plupart des autres pays. Les collaborateurs de nos banques vouent encore une certaine dévotion à leurs clients et c’est tant mieux. Mais attention à ne pas les décourager.Les pressions de l’Europe et de l’OCDE qui désirent mettre un terme à l’imposition différenciée des sociétés pèsent lourd sur l’emploi. Certaines entreprises envisagent de quitter le territoire suisse afin de trouver d’autres contrées plus clémentes. Néanmoins, ce débat a le mérite d’ouvrir le dialogue, et Monsieur Hiler, conseiller d’Etat en charge des finances genevoises, d’en-visager un taux d’imposition unifié à 13% pour toutes les entre-prises. Ne serait-ce pas là une nouvelle positive, qui permettrait aux PME de souffler un tant soit peu et aux sociétés mixtes, qui représentent près de 50 000 emplois dans l’Arc lémanique, de ne pas avoir à regarder ailleurs? Il y aurait certes des conditions, mais voyons, pour une fois, le verre à moitié plein et espérons que cette proposition fasse son chemin.L’être humain est réfractaire à tout changement, quel qu’il soit. Mais force est de constater que l’espèce humaine est obligée de s’adapter pour évoluer, sous peine d’extinction. Les politiciens, comme la majorité des dirigeants de grandes entreprises, ne gardent leur poste que quelques années pour s’en aller ensuite vers d’autres cieux. Ils n’ont donc qu’une mission: résoudre une situation immédiate sans penser aux conséquences à plus long terme. Ce qui a amené ces mêmes personnes à effectuer des choix peu judicieux afin de parer au plus pressé. Malgré cela, essayons de positiver plutôt que de toujours nous morfondre dans le négativisme. Soyons conscients de ce que nous avons encore, battons-nous pour le conserver et défendons nos avantages. •

O

C H R O N I Q U E

G r é G o i r e V a u c h e r

C E O , m a n a g i n g p a r t n E r , S E m p E r

w w w . S E m p E r - g E S t i O n . C h

Un vent d’optimismeLa Suisse n’est plus ce qu’elle était! La gestion de fortune en Suisse, c’est fini! Nous passons notre temps à régler des problèmes administratifs! Telles sont les innombrables rengaines que nous entendons maintenant fréquemment depuis quelques années. Pléthore de gérants, banquiers, financiers ne cessent de se lamenter sur la situation.

35

Vaucher_FRbat.indd 35 08/04/13 11:51