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Université de Bretagne Occidentale

Institut de Géoarchitecture

Se déplacer à l’ère du numérique

Gwénola ANDRÉ - Arthur FAUCONNET - Étienne PICHOT DAMON

Membres du jury : Mr Patrick Dieudonné - Mme Hélène Martin-Brelot - Mr Lionel Prigent

Licence 3 - Aménagement et urbanisme durables, environnement - Brest, Mai 2013

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Remerciements Ce mémoire a fait l’objet de multiples questionnements auxquels les personnes que nous avons rencontrées ont eu la gentillesse de répondre. Nous aimerions remercier tout particulièrement Monsieur Arnaud Willaime, responsable de la direction organisation de Brest Métropole Océane, pour ces réponses professionnelles lors de notre entretien. Monsieur Jean-Philippe Deloge, responsable communication et marketing de Bibus, merci de nous avoir fait partager votre expérience sur l’organisation de l’entreprise Bibus. Monsieur Léonard Vassord, responsable de la convention entre BreizhGo et BMO, nous vous remercions pour vos explications sur la mise en place du site BreizhGo. Monsieur Pierre Le Borgne, service transport et stationnement de BMO, merci pour vos éclaircissement sur la politique numérique mise en place à Brest. Nous adressons également nos remerciements à nos professeurs référents qui ont toujours été disponibles pour nous recevoir et nous donner leur avis précieux quant à la pertinence et l’orientation de notre problématique. Merci à Mr Patrick Dieudonné qui nous a guidés dans l’orientation de notre sujet. Merci également à Mme Hélène Martin-Brelot, pour ses critiques constructives et ses raisonnements quant aux différents impacts des TIC, et à Mr Lionel Prigent qui nous a conseillé sur notre méthodologie. Et nos derniers remerciements s’adressent aux passagers des transports en commun brestois ayant répondu à notre questionnaire, lors de notre travail d’enquête.

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Sommaire

Remerciements ................................................................................................. 3

Table des matières ............................................................................................ 3

Introduction ....................................................................................................... 5

PARTIE I. Les TIC comme moyen de développement de nouvelles mobilités 5

1. Théorie et changements récents des mobilités ............................................ 6

1. Pourquoi se déplace-t-on ? ....................................................................... 6

2. Une société qui cherche à gagner du temps ............................................. 8

3. Evolutions récentes au sein des mobilités ................................................ 9

2. Contexte et apparition des TIC dans les transports ....................................11

1. Les années 1970, une entrée dans l’ère numérique ...............................11

2. Les TIC d’aujourd’hui aux services des transports urbains ......................13

3. Une société qui s’adapte aux progrès des technologies numériques .....15

3.Nouveaux usages et pratiques des mobilités : quelles évolutions sociétales

et urbaines ? ....................................................................................................17

1. Le e-covoiturage, un bouleversement des trajets pendulaires très

prometteur ..................................................................................................17

2. Le transport à la demande, une aubaine pour les populations les moins

mobiles ........................................................................................................20

3. Les nouvelles mobilités influencent le « vivre la ville » ..........................20

4. Les « bureaux du temps » : optimiser les temps de déplacement grâce

aux NTIC .......................................................................................................23

PARTIE II. L’organisation de la transition numérique en territoire brestois 25

1. La valeur ajoutée de l’open data et des données en temps réel ................ 26

1. Ouverture des données au public : le changement est pour bientôt ..... 26

2. Le temps réel et le croisement de données : une valeur ajoutée .......... 28

2. Les transports en commun brestois : un projet d’actualité ........................ 29

1. Les raisons d’un lancement tardif à Brest ............................................... 29

2. Y a-t-il une demande de la part des brestois ? ....................................... 30

3. Attirer de nouveaux usagers des transports en commun de Brest ? ..... 31

4. La question financière et tarifaire ........................................................... 32

3. L’intermodalité : plusieurs défis de taille .................................................... 33

1. Les données interopérables .................................................................... 33

2. Concurrence entre acteurs ..................................................................... 33

3. Ergonomie des applications et sites internet pour trajets multimodaux34

PARTIE III. Enjeux et avenir des mobilités, jusqu’où peut-on aller ? ............ 37

1. Grâce aux NTIC, une possible conversion des automobilistes vers les

transports en commun... ................................................................................ 38

1. … en rendant les transports collectifs plus prévisibles ........................... 38

2. …en réduisant le sentiment d'insécurité ................................................ 39

3. …en améliorant les services et le confort proposés ............................... 39

2. Des impacts sur l'urbanisme dans et en dehors de la ville ......................... 40

1. L'opportunité de nouveaux aménagements urbains .............................. 40

2. La probabilité d'un étalement urbain croissant ...................................... 41

3. TIC et déplacements : entre ségrégation et aide à l'accessibilité, des avis

partagés .......................................................................................................... 42

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1. Les TIC facilitent-elles les déplacements de tous ? .................................42

2. À BMO, une volonté de réduire ces discriminations ...............................44

1. Des supports d'information adaptés à chacun ....................................44

2. Une politique du « numérique pour tous » pour accompagner les

habitants ..................................................................................................44

3. Les TIC en faveur de l'accessibilité et de l'autonomie : une fracture

numérique inexistante ? .............................................................................45

Conclusion .......................................................................................................47

Lexique ............................................................................................................49

Bibliographie ...................................................................................................51

Liste des entretiens : .......................................................................................53

Annexes ...........................................................................................................54

Résumé ............................................................................................................57

Mobility and ICT: how we move today............................................................57

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Introduction

Lorsque le magazine Sciences et Vies, dans son numéro de juin 2000, vantait

les impressionnants 128 méga octets de mémoire d’un « ordinateur de

poche », le monde était loin d’imaginer à quoi ressemblerait le paysage

informatique d’aujourd’hui. Conforme à ce que l’on peut attendre d’une

révolution technologique, l’informatique et internet ont rapidement

bouleversé nos modes de vie et les communications entre les individus. Et

c’est cette nouveauté que l’on qualifie de troisième révolution industrielle,

une période dans laquelle se trouvent au cœur des innovations et du progrès

les nouvelles technologies de l’information et de la communication (« TIC, qui

s’est définitivement imposé au détriment de NTIC. On a rapidement constaté

que le « N » était de moins en moins pertinent, avec le temps qui passe »1).

Les TIC ne sont pas apparues au XXIème siècle, comme il est parfois pensé à

tort ; elles ont toujours existé, « la presse à imprimer de Gutemberg ou le

télégraphe de Chappe ont été des TIC en leur temps ». Quand nous parlons de

TIC, nous parlons surtout des applications et usages qui sont fait de ces

technologies.

Issus des révolutions industrielles antérieures, le chemin de fer, puis

l’automobile ont considérablement amplifié, puis démocratisé le

déplacement des personnes. Et aujourd’hui, la mobilité est un thème que

l’on retrouve dans les priorités de toute agglomération. L’avenir des

transports urbains est un enjeu actuel : il s’agit non seulement de réduire les

émissions de gaz à effet de serre, en rendant les transports davantage

1 MUSSO Pierre – Télécommunications et philosophie des réseaux – PUF : Paris : 1994 – p.89

durables, mais également d’inciter à des mobilités plus « intelligentes ». Le

problème se pose différemment selon les villes. Plus elles sont grandes, plus

leur potentiel d’innovation sera conséquent.

En voyant les affichages électroniques des horaires investir les stations de

bus brestoises, il est évident que la ville est en train de se « mettre à jour ».

En effet, notre volonté à l’origine était de traiter du numérique dans la ville,

des « cités connectées » ou encore des « smart cities » ; les innovations

territoriales et le potentiel de créativité des villes étant des thèmes qui nous

captivent. Par la suite, nous avons compris que le potentiel des TIC, en

particulier d’internet, réside en le fait que ces technologies sont mobiles, et

peuvent absolument répondre à la fois aux besoins de l’usager des transports

en commun ainsi qu’aux programmateurs des déplacements.

Les modes de mobilité fondent le rapport des individus aux territoires, nous

nous intéresserons ici aux mobilités physiques : « déplacements du corps

dans l'espace, de l'échelle la plus petite à la plus grande »2. Il existe aussi

plusieurs registres de mobilité, tous seront abordés dans ce mémoire :

- les mobilités stratégiques, qui « recouvrent les rapports à l'espace inscrits

dans des projets plus ou moins explicites et intentionnels des individus et des

groupes, et à travers lesquels ils poursuivent des objectifs » (quitter la ville

pour s'installer à la campagne...) ;

- les mobilités quotidiennes qui « s'opèrent dans la vie de tous les jours et ne

poursuivent pas nécessairement d'objectifs explicites hormis celui de

permettre l'accomplissement de tâches routinières » (aller au travail, faire ses

courses...) ;

- les mobilités incorporées qui sont un « ensemble de mécanismes plus ou

moins inconscients à travers lesquels s'opèrent les relations d'un individu à

2 BONNET Michel, et alii. - La ville aux limites de la mobilité – Paris : Presses universitaires de

France, 2006 – p.25-26

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ses territoires de vie » (les perceptions d'ambiances urbaines suscitant le

bien-être ou au contraire la gêne,...).

La mobilité est une dimension transversale à toutes les pratiques sociales

sans exception. Les mobilités sont structurées par les fonctionnements

familiaux, les appartenances collectives, les rythmes de vie etc... et

inversement ; les pratiques de mobilité qu'impose la société impactent et

modifient les fonctionnements familiaux, les appartenances collectives, etc...

Les NTIC représentent l’outil qui est à la portée de (presque) toutes ces villes.

Avec leur développement récent, elles constituent une solution pour gérer,

prévoir et planifier les réseaux de transports en commun. Pour

l’agglomération, l’exploitant du réseau et l’utilisateur, internet existe et est

devenu un dispositif omniprésent ainsi qu’accessible.

Mais justement, comment internet peut-il changer nos modes de

déplacements ? On peut présupposer que des nouvelles mobilités sont en

train d’apparaître, mais que dans le même temps, celles qui existent se

transforment au fil de l’apparition de fonctionnalités innovantes…

A Brest, le projet est actuel. Un site mobile est sorti au début du mois d’avril

2013, et une politique du numérique est déjà en place. La question qui se

pose est de savoir s’il existe des moyens à disposition des pouvoirs publics

pour initier ou accompagner la « transition numérique » des transports

urbains.

Mais le problème se pose vraiment lorsque l’on réfléchit à l’avenir de ces

mobilités : L'aménagement du territoire est-il influencé par ces nouvelles

technologies ? Comment la société est-elle touchée par ces évolutions ?

Sommes-nous tous égaux devant les TIC ? Il s'agit de savoir jusqu'où ces

progrès peuvent aller.

Il est possible de résumer ces questionnements de la sorte :

Quelles politiques d’innovation numérique pour les mobilités de demain ?

Pour y répondre, nous nous appuierons sur les acteurs de l’agglomération

brestoise, qui œuvrent ensemble sur des projets concrets et confronterons

leurs points de vue. Il sera également nécessaire de s’intéresser à l’avis des

usagers des transports en commun, afin de comprendre leurs éventuelles

attentes ou craintes. Aussi, les réalisations existantes dans d’autres pays

pourront faire l’objet d’observations ou comparaisons avec ce qui est

entrepris en France ou plus localement à Brest. Pour se procurer ces

informations, une multitude de sources s'offre à nous (articles de recherches,

conférences, documentaires vidéos, ouvrages, séminaires,...) ; le sujet des

innovations en matière de mobilité est très couramment traité depuis

quelques années.

En conséquence, nous traiterons en premier lieu des évolutions qu’ont

induites les TIC dans les transports, car leur impact est multiple et il est

indispensable de les comprendre afin de se projeter dans une analyse

davantage territorialisée. Ainsi, par la suite, nous étudierons plus localement

la question, en s’intéressant à la politique menée sur le territoire de Brest

Métropole Océane. Enfin, il sera pertinent d’élargir notre étude aux

conséquences sur le « vivre la ville ».

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PARTIE I.

Les TIC comme moyen de

développement de nouvelles

mobilités

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Pourquoi se déplace-t-on ? Y a-t-il des raisons pour lesquelles nous souhaitons constamment gagner du temps, prendre de la vitesse ? Ces questionnements sont essentiels pour tenter de mieux comprendre les changements qui ont eu lieu ces dernières décennies dans le domaine des transports. Pour commencer, nous tenterons une approche anthropologique, pour comprendre les origines de nos déplacements. Ensuite, il s’agira de chercher à savoir d’où viennent les changements qui ont opéré au sein des mobilités, comme l’arrivée des NTIC.

1. Théorie et changements

récents des mobilités

1. Pourquoi se déplace-t-on ? Si la majorité des déplacements des individus concerne des trajets

domicile-travail, ou est liée à une activité professionnelle, les raisons de la

mobilité n’en demeurent pas moins complexes et multiples.

C’est à la préhistoire que l’Homme s’est sédentarisé. Après des

millénaires de nomadisme, les premières traces d’habitat ou modes de vie

sédentaires correspondent au début du néolithique (9000 av-JC). Les

déplacements avaient pour motif principal la satisfaction des besoins vitaux

(chasse, cueillette, recherche de matériaux). Avec les communautés

sédentaires et les premières villes, les mobilités tendent à se réduire et à se

complexifier. La satisfaction des besoins vitaux ne constitue plus la seule

raison de se déplacer, car l’Homme vit de moins en moins au jour le jour.

En effet, les villes et regroupements sédentaires ont considérablement

changé les pratiques spatiales. Les individus dans ces sociétés se sont

spécialisés dans leur production, obligeant à une certaine logistique des

biens, et à une spatialisation des services.

Aujourd’hui, le mot mobilité englobe un grand nombre de types de trajets :

migrations, tourisme, mobilités professionnelles, déplacements intra-urbains,

etc…

Trois grandes échelles d'espace :

L'échelle des grandes mobilités : elles sont le plus souvent exceptionnelles.

« Elles concernent les mobilités internationales, nationales et régionales, […]

elles s'effectuent par avion, train et voiture. »

Les mobilités occasionnelles : la voiture y est dominante. « Elle concerne les

espaces urbains avec les places dans les villes, les centres commerciaux, les

parcs ou les centres de loisir. »

Les micros mobilités quotidiennes pratiquées grâce à l'usage des « modes

doux, des transports collectifs et des voitures, concerne des espaces de

proximité. »3

Nous le voyons ici, la multiplicité des échelles et des modes de

transport se couple d’une multiplicité des motifs de déplacement. Les

déplacements majoritaires (dans les régions urbanisées) sont des trajets

« domicile-travail », ou mobilités professionnelles. « En 2007, 63 % des actifs

3 BONNET Michel, et Ali. - La ville aux limites de la mobilité – Paris : Presses universitaires de France, 2006 – 316 p, p.37

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travaillaient en dehors de leur commune de résidence, contre 52 % en

1999. »4

Le fait de travailler ailleurs que chez soi induit l’idée d’une mobilité

quotidienne (ou régulière). De plus, ces déplacements sont plus importants

dans les grandes agglomérations, où la périurbanisation éloigne les emplois

(dans les pôles) des logements (en périphérie) : « en région parisienne, ce

sont 73% des actifs qui ne travaillent pas dans la commune où ils habitent. » 5

Le tableau suivant nous montre pourquoi et en combien de temps les

individus se déplacent. Notons que la différence entre les pratiques urbaines

et rurales est relativement peu significative, par rapport aux différences de

pratiques selon le statut social. Quant aux distances parcourues dans les

trajets domicile-travail, les différences se font nettement plus ressentir

notamment entre les habitants de centres villes et habitants de banlieues. 6

4 DATAR, Observatoire des territoires, novembre 2010

5 INSEE, Les déplacements domicile-travail amplifiés par la périurbanisation, pôle Analyse

territoriale, n°1129, mars 2007

6 Voire Annexes

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2. Une société qui cherche à gagner du

temps

Ce qui nous pousse à poser la question « pourquoi cherche-t-on

toujours à gagner du temps », c’est de comprendre pourquoi les TIC vont

avoir une utilité dans ce sens, et s’il existe une réelle demande de gain de

temps de la part des populations.

Il paraît quelque peu évident que lors des transports intra-urbains, les

individus ne souhaitent pas que les temps de trajet s’éternisent. Se déplacer

est pour beaucoup d’entre nous une nécessité et non pas un loisir. (Sauf bien

sûr lorsqu’il s’agit de certaines mobilités touristiques, ou de ballades

urbaines en vélo par exemple).

L’Article L 3121-4 du code du travail stipule que : « Le temps de déplacement

professionnel pour se rendre sur le lieu d'exécution du contrat de travail n'est

pas un temps de travail effectif. » Dès lors, on peut comprendre qu’un

« salarié lambda », n’étant pas rémunéré lors de ses déplacements préfère

gagner du temps sur la route ou en transports en commun plutôt qu’en

perdre…

C’est en tout cas ce qu’il en est dans les sociétés occidentales. Dans les pays

en développement, la question se pose différemment : ce sont les classes les

plus aisées qui demandent à se déplacer rapidement, les populations en

difficultés étant peu mobiles.

Le fait de vouloir gagner du temps lors de ses déplacements résulte d’une

conception du trajet comme une « corvée », ou comme une nécessité. Les

individus ont généralement pour souhait d’habiter proche de leur lieu de

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travail, même s’ils doivent payer plus cher leur loyer. Dans les grandes

agglomérations, les déplacements fatiguent, ils demeurent parfois pénibles

aux heures de pointe et les attentes entre correspondances peuvent être

longues. C’est pour cela que les entreprises de transports en commun et les

collectivités territoriales travaillent à réduire les temps de trajets.

FIGURE 1 CARTE ISOCHRONIQUE DES TEMPS DE TRAJETS DANS PARIS, EN VELO

ET A METRO. SOURCE : VILLE DE PARIS

On peut ainsi se demander si construire davantage de logements denses et

accessibles à proximité des zones d’emploi peut constituer une solution.

Cependant, l’éloignement de son lieu de travail n’est pas nécessairement

subi. Il relève aussi d’initiatives individuelles, expliquant par la même

occasion les logiques de l’étalement urbain. Même si le problème est

complexe, nous pouvons facilement observer la tendance actuelle à la

réduction des temps de trajet : « l’éloge de la lenteur » n’est pas à l’ordre du

jour, bien au contraire. Par exemple, la construction des lignes à grande

vitesse traduit une volonté de rapprocher les villes françaises entre elles en

temps : le phénomène est bien visible sur l’axe Lille –Paris – Lyon – Marseille.

Néanmoins, il est impossible de générer des gains de temps pour tous, en

même temps, car ces mesures concernent certaines lignes, certains trajets. A

plus petite échelle, le problème est le même : lorsqu’une ville se dote d’un

tramway ou d’une nouvelle ligne de métro, elle accélère les temps de trajet

entre deux points seulement, favorisant donc une certaine forme de

« distorsion » de son espace-temps.

Les TIC vont dans cette direction : faire gagner du temps. Nous reviendrons

ultérieurement sur les mécanismes de l’information en temps réel, mais il est

clair que notre question n’est pas de savoir s’il serait préférable de vivre plus

lentement, ou de se déplacer moins, car la société, ou plutôt notre société,

se dirige vers ce modèle, de plus en plus mobile et véloce.

3. Evolutions récentes au sein des mobilités

Outre l’augmentation constante de la vitesse des déplacements, certaines

pratiques ou éléments ont changé durablement les trajectoires des

personnes. D’une part, l’arrivée d’internet a modifié les perceptions de

l’espace et les distances spatio-temporelles, et d’autre part, les TIC ont

transformé les modes de vie et les pratiques. Fabien Eychenne, dans son

ouvrage La ville 2.0, l’explique ainsi : « Le numérique ne tombe pas par

mégarde sur la ville. Derrière ces mouvements, s'exprime et s'accélère une

transformation profonde de nos modes de vie en ville, de notre mobilité, de

nos pratiques sociales et de consommation […] »

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Plus concrètement, il ajoute : « Les déplacements des citadins se ponctuent

désormais d'échanges téléphoniques ou SMS, qui peuvent en retour modifier

leurs destinations ou leurs itinéraires... »7

Nous pouvons également lier les changements récents à des mutations plus

structurelles ou sociétales. Par exemple, l’émergence du télétravail semble

avoir un impact important. Il invente notamment une solution à

l’enclavement des zones rurales, en permettant aux travailleurs isolés de

recourir au travail à distance par internet. C’est ce qu’Olivier Paul Dubois

Taine tente d’expliquer : « Seulement 5 à 10% de la population en France a

recours au télétravail. Cette proportion est relativement faible par rapport

aux autres pays d’Europe, comme les pays scandinaves et le Benelux. Les

territoires ruraux restent en marge de cette pratique, bien qu’ils puissent en

tirer bénéfice (déplacements vers les villes, exode rural – et pour les

métropoles : désengorgement des flux) » 8

L’auteur souligne : « L’impact du télétravail sur la mobilité en zones peu

denses peut s’apprécier sous deux angles : il soulage le télétravailleur de la

contrainte du déplacement qui nécessite une voiture là où les transports

collectifs ne sont pas pertinents et, de ce fait, contribuent à désengorger les

zones denses. »

On comprend ici qu’une nouvelle direction est prise, et que le phénomène

est probablement en voie de s’amplifier. A Brest comme ailleurs, le

télétravail engendre l’apparition de « tiers lieux », et les collectivités locales

accueillent à bras ouvert ces nouveaux espaces de travail collaboratif (co-

working en anglais), aussi parce que nous sommes dans un contexte

d’augmentation des loyers.

7 EYCHENNE Fabien – La ville 2.0, complexe... et familière – Paris : FYP Editions, 2008 – 95 p

8 O.P. DUBOIS TAINE Les nouvelles mobilités dans les territoires périurbains et ruraux, la documentation française, n°47, 2012, Page 116

En plus du télétravail, c’est le commerce par internet (e-commerce) qui tend

à se développer. L’impact de ce dernier sur les mobilités consiste en le fait

qu’il puisse amener à une réduction des déplacements, en substituant l’achat

sur place par l’achat en ligne.

« Sur l'année 2011, malgré la crise, l'e-commerce (les achats sur internet) a

atteint 22% de croissance de son chiffre d'affaire. Le numérique a tellement

envahi les processus d'achat et de vente que le e-commerce est devenu « le

commerce ». 9

9 MARZLOFF Bruno – E-commerce et nouveaux itinéraires du citadin – Urbanisme n°384 –

Mai-juin 2012 – p.16

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2. Contexte et apparition des

TIC dans les transports

Adapte-t-on notre vitesse de déplacement à la technologie ou au contraire

est-ce que la technologie s’adapte à nos mobilités ? Comprendre comment les

TIC ont évolué et investi nos moyens de transport, mais surtout quel rôle joue

internet entre toutes ces innovations technologiques nous paraît essentiel.

« Les Homo Sapiens…ont fait deux très grandes révolutions dans l’Histoire...

La première, il y a 10.000 ans avec le néolithique et sa révolution agricole, la

deuxième plus proche de nous : la révolution industrielle il y a 250 ans. Nous

allons donc vers notre 3ème Révolution. C’est pour le milieu de ce Siècle, et

l’Internet y jouera le rôle qu’a eu l’imprimerie entre la 1ére et 2éme

Révolution… »10

1. Les années 1970, une entrée dans l’ère

numérique

Depuis maintenant un demi-siècle, nous avons mis les pieds dans

l’ère numérique grâce à l’évolution technologique des processeurs, qui a

ensuite permis l’élaboration de machines pensantes. La miniaturisation et

l’amélioration de leur rapidité de fonctionnement transforment cet objet en

microprocesseur, utilisé pour la première fois pour les ordinateurs dans les

10

BILLAUT Jean Michel – Président fondateur de l’atelier BNP Paribas

années 1971. Le minitel est l’un de ces premiers outils produits à grande

échelle par l’état Français, permettant d’accéder à des données

informatiques stockées sur ce terminal grâce aux réseaux de

télécommunication. C’est sous le gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing

que le développement du Minitel a fortement été encouragé, ce qui lui a

permis de rivaliser avec l’accès à internet pendant plusieurs années entre

1980 et 1990 car le taux d’équipement par foyer était supérieur à celui de

l’accès à internet. Sa distribution à grande échelle par l’état, lui a valu d’être

principalement utilisé par le grand public. Celui-ci peut ainsi accéder à des

services en ligne dont l’annuaire téléphonique, les sites de rencontres

(messagerie rose), la vente par correspondance des billets de train et les

renseignements sur leurs horaires. Ce dernier avantage représente une

grande avancée sur la façon de communiquer avec les voyageurs et ont un

impact sur leur mobilité.

Notre rencontre avec Jean Philipe Deloge, responsable communication et

marketing chez Bibus, nous renseigne sur les différentes évolutions des

moyens de communication utilisés par cette société de gestion des réseaux

de transport dans la ville de Brest. Il nous explique qu’avant l’apparition du

minitel, la société de transports en commun affichait des fiches horaires ou

des guides horaires papier, et qu’ils étaient les seuls outils disponibles pour

diffuser l’information. La première révolution réside dans le fait de pouvoir

transmettre des données via le minitel pour renseigner le passager

directement chez lui sans qu’il soit nécessaire de se déplacer pour obtenir les

informations imprimées. Puis est arrivé internet, qui a renforcé cette

accessibilité, cependant ce qui était présent sur internet l’était déjà sur

minitel. En effet, consulter ses horaires par assistance était déjà possible,

depuis de nombreuses années sur ce type de terminal. L’assistance

téléphonique est elle aussi encore en place avec des standardistes qui

assurent les liaisons interne et externe de l’entreprise avec pour objectif

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12

d’assurer les missions de première information du public.

Par ces propos, on peut constater que l’évolution des outils de

communication ne fait pas évoluer le type de renseignements transmis au

voyageur, mais seulement la vitesse et la facilité avec laquelle ils y ont accès.

Le minitel étant un terminal, il est directement relié au réseau téléphonique

qui en retour lui retransmet des données, et n’est pas capable d’assurer le

traitement de l’information.

« Ce n’est qu’un simple clavier accompagné d’un écran qui affiche

l’information », explique Jean Philipe Deloge, et c’est là qu’apparaît son point

faible face à l’ordinateur et son réseau internet.

En peu d’années Internet détrône complètement le minitel grâce à la

croissance qu’il connaît. Nous pouvons rappeler qu’internet a été créé en

1968 au sein du ministère de la Défense américaine11 en tant que simple

projet, jusqu’à sa démocratisation dans les années 1995 puis l’offre ADSL en

2000 avec l’apparition de l’internet au haut débit. Cette amélioration bien

plus performante pour accéder au réseau et mettre en place de nouvelles

plateformes, stimule l’équipement des foyers en ordinateur et remplace

petit à petit les minitels. En plus des améliorations en matière d’affichage, de

résolution graphique et d'interface homme-machine qu’a connues

l’ordinateur, le Minitel, lui, n’a pas eu les mêmes équivalences.

« Internet, associé à la dérégulation de l’offre, est apparu en 1995,

connaissant l’extraordinaire succès que l’on sait et condamnant le minitel,

pourtant support de nombreuses applications. (150000 utilisateur en 1995 et

maintenant 38 millions d’utilisateur d’internet) »12 .

11

INTERNET SOCIETY - What is the internet? 12

PAQUOT Thierry, DUPUY Gabriel. - Dossier : Aires numériques – Urbanisme n°376 – Janv-fev 2011 – p. 38

Avec cette démocratisation du haut débit, internet reste davantage attractif

pour la diffusion et l’élargissement de pièces graphiques, l’utilisateur a accès

aux éléments de communication d’une entreprise d’une façon rapide et

accessible. Pour la société de transport, la première amélioration qu’apporte

internet, est le fait de pouvoir faire des requêtes beaucoup plus

sophistiquées, notamment des recherches d’itinéraires avec des

correspondances. Le site internet des entreprises complète donc l’horaire

fixe papier.

Ce système repose sur le réseau de télécommunication et pour y avoir accès

nous devons utiliser un ordinateur qui reste le principal terminal pour

accéder à l’information. Les personnes ont les informations chez eux, au

travail, ou même dans la rue et cette information est mise à jour

régulièrement.

Cependant le déplacement avec les transports en commun reste contraint,

on doit regarder les horaires, organiser les correspondances à l'avance et

cela peut être considéré comme une « véritable aventure » pour les

personnes n’ayant pas la pratique de ce moyen de locomotion.

Un autre terminal, le téléphone mobile, a également fait preuve ces

dernières années d’une croissance extrêmement rapide ainsi que

d’importantes mutations qui l’engagent avec les autres outils de

communication dans le monde des réseaux informatisés. Cette technologie

vieille de 50 ans, est dopée par l’internet. La première connexion d’un

téléphone mobile aux réseaux internet remonte aux années 2000, et elle se

fait grâce au WAP (Wireless Application Protocol) alors même que les

capacités de transmission étaient modestes, cela reste l’une des avancées

majeures d’accessibilité à l’information pour les terminaux mobile. Le réseau

wifi et la 4G qui sont les nouvelles générations du réseau WAP, l’ont

maintenant remplacé pour s’adapter à la technologie de précision qu’offrent

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13

les Smartphones.

« Actuellement, le nombre de téléphones portables en France a dépassé le

nombre de français. Ces téléphones comportent de plus en plus de fonctions

qui permettent différents types de communication. Ils offrent une multitude

de services comme par exemple, un guidage visuel permettant d’atteindre

n’importe quelle adresse en ville »13

Bruno Moriset utilise le terme de convergence numérique, il souligne qu’il

existe une rupture créée par le passage de l’analogique au numérique. La

numérisation des produits « informationnels » (les dossiers administratifs et

commerciaux, les plans, les cartes, les photos, ou les vidéos) permet de les

dupliquer, de les partager et de les stocker à l’infini. Nous avons vu plus haut

que le principal avantage d’internet réside dans la vitesse de transmission et

lorsqu’il est couplé aux terminaux numériques, cette union offre de nouvelles

possibilités. Nous pouvons parler de convergence numérique dans les

communications. Le smartphone symbolise au mieux cette convergence.

Le mobile devient un terminal multi-usages, qui permet de recevoir, stocker

et consulter plusieurs types de données. Il devient même à son tour un

dispositif de production d’information numérisée. Cette évolution s’accentue

avec la généralisation de la 4G.

« L’urbain autonome se saisit du numérique pour définir de nouvelles

urbanités. La fièvre de la donnée urbaine s’installe et grossit avec l’accès aux

réseaux sociaux et autres outils tels qu’email, SMS, twitter, et site

internet....qui produisent d’abondantes données. »14

D’une manière générale, on peut dire que les technologies numériques sont

13

PAQUOT Thierry, et alii. - Dossier : Aires numériques – Urbanisme n°376 – Janv-fev 2011 –

article p. 39 article par Gabriel Dupuy 14

Urbanisme, N°376 Janvier /Février 2011, L’aire numérique, page 41, Dominique BOULIER

devenues à toutes les échelles un outil et un enjeu dans les politiques de

développement des transports et d’aménagement des territoires. Ces

dernières y trouvent un moyen pratique de communiquer avec leurs clients

tout en amenant des innovations qui apporteront de l’aide pour les

déplacements. Ainsi ces politiques

augmentent leur propre efficacité

de réseaux et évite

l’alourdissement de ce dernier.

2. Les TIC d’aujourd’hui aux services des

transports urbains

Nous pensions que c’était à cause d’une volonté d’innovation de la part des dirigeants de la société Bibus que les TIC s’imposaient aux transports en commun bretons mais les personnes rencontrées au cours de notre étude nous ont appris qu’il y avait des avis contradictoires sur ce sujet. Nous aborderons ultérieurement ce point de vue dans notre mémoire. Par contre nos recherches tendent vers un autre raisonnement qui peut s’expliquer par l’engouement médiatique dont fait l’objet les TIC, et surtout l’Internet, et la rapidité avec laquelle ces techniques se sont diffusées à travers la société. C’est l’Internet qui permet d’accéder à une multitude de services (téléphone, TV, réservations, achats...) depuis une plateforme électronique commune, que l’on consulte sur un écran de téléphone, d’ordinateur, et sur n’importe lequel d’un des terminaux disponibles à proximité (dans une maison ou au bureau), reliés les uns aux autres grâce à un réseau sans fil (Wifi et le 4G). Et l’on retrouve maintenant aussi l’accessibilité à ces services depuis une voiture que ce soit des données multimédia pour distraire les passagers, ou

« Le Métropolitan transit agency de

New York city se repose sur les

développeurs (track 34th street

buses from your computer or phone)

pour généraliser son système

d’information en temps réel sur les

bus et les métros ». BOULIER Dominique –

L’aire numérique – urbanisme n°376, Janvier –

février 2011

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14

bien des données de navigation pour le conducteur. « L’automobile, objet sacré de la société occidentale, devient un ordinateur roulant, truffé de capteurs, guidé par GPS, un salon roulant doté de lecteur de CD et climatisation dont l’ensemble est piloté électroniquement »15 La possibilité que nous offre internet d’échanger et d’accéder aux informations présentes sur le réseau depuis n’importe quel terminal, que l’on possède ou qui est à notre disposition est réellement pratique pour l’utilisateur lorsque qu’il se déplace. L’utilisateur obtient la possibilité de construire et de générer son propre itinéraire. Et c’est d’ailleurs cette idée qui séduit les entreprises de transports en commun comme nous le fait remarquer Jean-Philippe Deloge chez Bibus. Les informations les plus intéressantes sont certainement les données de géolocalisation rendues possibles par le GPS. Cette technologie permet d’améliorer le trafic du réseau de différentes manières. Les systèmes de régulation de vitesse couplés aux GPS permettent d’adapter la conduite en fonction des dénivellations, des limitations de vitesse,... et donc de réduire la consommation. Autrement, la mesure du trafic routier permet, dans plusieurs projets, d’améliorer sa fluidité et l’adaptation automatique des limitations de vitesse offre encore plus de bénéfices. Les solutions actuelles sont cependant mal considérées car coûteuses (pour l’infrastructure et pour les utilisateurs). On retrouve d’ailleurs cette technologie de géolocalisation utilisée pour gérer les réseaux dans les villes. Par exemple, Singapour, ville trop étroite pour trop de trafic se penche depuis les années 1970 sur la régulation et ne cesse d’inventer jusqu’à envisager la mobilisation de satellites pour ajuster le débit de trafic automobile.16 Il n’est donc pas étonnant que la plupart des moyens de transport soit aujourd’hui équipés avec ce genre de système pour pouvoir prévoir leurs temps de déplacement et leurs positions. Cette généralisation du système embarquer de localisation dans les transports en commun est

15 MORISET Bruno - Technologies de l'information et de la communication, espace, territoires - Mémoire pour le diplôme d’Habilitation à Diriger des Recherches – Université Jean Moulin Lyon 3 – 2005 – 281p

16

BOULIER Dominique - L’aire numérique – Urbanisme - N°376 Janvier-Février 2011 - p41

une première étape pour afficher des informations en temps réel afin de pouvoir mettre en place des bornes sur les stations de bus ou de tramway pour indiquer le temps d’attente des prochains passages. Une application des TIC déjà bien connue des entreprises, «c’est un moyen qui remonte à il y a vingt ans déjà» affirme le responsable communication et marketing chez Bibus et il ajoute là-dessus, « la vraie nouveauté c’est effectivement le smartphone ». Maintenant c’est au tour de l’individu d’être équipé d’un système embarqué par le biais du Smartphone qui l’intègre directement. La possibilité d’avoir des informations en temps réel et d’optimiser la mobilité de l’information devient vraiment intéressante pour les sociétés de transports en commun. Cela permet de mettre à la disposition de leur clientèle de nouveaux moyens de renseignement sur les horaires et les déplacements dans l’ensemble des réseaux de bus, train ou tramway. Ce besoin de « je veux des informations en temps réel » a évolué en fonction des technologies, minitel, puis la borne information voyageur, jusqu'à la connexion à internet via le mobile. Jean Philippe Deloge nous fait partager un constat sur les pratiques du voyageur. En effet ces derniers disent où ils veulent aller, et demandent quel transport utiliser pour aller d’un endroit à un autre, mais une à deux fois sur trois, ils ne disent pas, ou bien ne savent pas d’où ils partent. En réponse à ce problème, les sociétés de transport utilisent les données de géolocalisation de l’individu et mettent en place des applications pour l’aider à trouver l’arrêt de tramway ou de bus le plus près possible sans perdre de temps. Nous pouvons appuyer cette constatation par les propos de l’auteur Fabien Eychenne qui explique que « dans l'usage habituel du plan, on « se localise », on cherche à déterminer où l'on se trouve sur une carte d'ensemble de la ville. […] Avec la géolocalisation embarquée sur un appareil mobile, on passe à une navigation dans laquelle la ville, ses services, ses habitants, se déploient autour de soi. On n'utilise plus une carte pour savoir où l'on se trouve, on demande à la carte d'indiquer où les ressources de la ville se situent par rapport à nous. » Dans ce cas-là, les TIC sont des outils utilisés pour guider et assister l’utilisateur et c’est exactement ce que recherchent les entreprises de

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15

transport pour rajouter du confort aux services qu’ils proposent. D’autres technologies sont aussi allouées pour assurer une fidélisation de l’usager, par exemple, les cartes d’abonnements, ou les bornes de paiement qui sont remplacées par des cartes multiservices. L’idée est d’adapter le titre de transport à un support pratique et que tout le monde puisse l’avoir sur soi. Ainsi, les cartes sans contact comme le pass Navigo, rassemblent la composition des transports d’une ville. Donc dans la capitale, elle donne accès au métro parisien et aux transports de banlieue, elle permet également de louer un Velib’, mais aussi de prendre des trains vers des destinations européennes, comme Bruxelles ou Amsterdam. Elles peuvent aussi servir de moyen de paiement, par exemple, « en Asie, plusieurs métropoles ont des cartes multiservices: accès aux transports en commun, paiement dans de nombreux magasins et services, reconnaissance pour accès à université ou autres lieux... »17. C’est un outil multifonctionnel comme notre téléphone mobile, qui grâce encore une fois à l’efficacité du réseau informatique et de l’internet, simplifie l’utilisation des transports en commun. Finalement les TIC trouvent vraiment leur utilité dans les transports, pour gérer le réseau complexe qu’ils forment en ville. La technologie est réellement un « facilitateur » pour diminuer l’impact des transports sur l’environnement. Cependant beaucoup de challenges sont à dépasser (habitudes des utilisateurs, coût…)

17 EYCHENNE Fabien – La ville 2.0, complexe... et familière – Paris : FYP Editions, 2008 – 95 p

3. Une société qui s’adapte aux progrès des

technologies numériques

Nous avons vu que l’évolution grandissante des technologies autour de nous

joue un rôle majeur dans les techniques de communication entre l’usager et

l’opérateur. La population s’équipe de plus en plus individuellement

d’appareils ayant un accès direct à internet. Les réseaux de

télécommunication sont de plus en plus performants avec ce type d’appareil.

Les grands groupes de télécommunication sont en constante évolution

depuis cinq ans. Ils proposent de nouveaux types de forfaits, qui incluent

maintenant toujours une connexion à internet. Et avec l’arrivée des

opérateurs « low cost » depuis deux ans déjà, le prix du forfait devient

abordable pour une grande majorité de la population. On retrouve aussi dans

la presse locale des articles qui stipulent que le Finistère s’équipe avec la

fibre optique18 et que l’étendue de la 4G commence elle aussi à prendre

forme. C’est une amélioration des réseaux que l’on retrouve dans la plupart

des métropoles qui sont confrontées à une demande de la part des

habitants. Les innovations en ville s’appuient souvent sur les nouvelles

technologies numériques, ainsi Fabien Eychenne décrit les dernières

améliorations qui sont apportées dans l’espace urbain.

« Presque toutes les innovations dans les services et les usages de la ville

s'appuient sur le numérique et les réseaux. Le vélo ou l'automobile partagée,

la ville durable, la démocratie participative, les nouveaux dispositifs culturels,

les zones d'activités, les politiques sociales, etc., ont toutes un substrat

numérique de plus en plus essentiel : des systèmes d'information, des canaux

de communication multiples, des outils de mesure ou de modélisation, des

18 LE DROFF Jean-Marc - Brest enfin en très haut débit – Le Télégramme, 17 janvier 2013

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16

services à distance et mobiles... »19

L’habitant qui a appris à utiliser ces technologies dans un cadre privée - à

l’école, grâce à un ami ou collègue de travail - reste en lien avec le réseau

informatique mis à sa disposition autour de lui dans la ville. Les opérateurs

de services urbains développent des systèmes d'information, des sites web,

des services numériques. Les municipalités mettent en place des portails

d'information, des forums de discussions, des systèmes d'information

géographique, installent des points d'accès Wi-Fi dans les jardins publics et

les bibliothèques. Les blogueurs discutent de la ville, de ce qui s'y déroule.

Sur les sites sociaux, ils en discutent, s’y donnent rendez-vous, y organisent

des évènements. Les utilisateurs de Google Maps et des sites qui s'appuient

sur ces cartes annotent les lieux, y ajoutent descriptions, commentaires,

photos et vidéos. Certains enrichissent les cartes numériques des villes,

notent les restaurants, les lieux de sortie, indiquent et renseignent les

événements de la ville, utilisent les réseaux sociaux pour se retrouver,

partager et échanger.

Un lien fort unit la ville et l’urbain, et si l’urbain s’attache aussi aux pratiques

numériques, alors la ville devra suivre cette voie. Nous le voyons chaque jour

autour de nous, utiliser des outils nous permet de perdre le moins de temps

possible et sert à nous organiser un peu mieux chaque jour. « Ceux qui

pratiquent le plus la ville sont aussi ceux qui parcourent le plus Internet, la

corrélation est sans appel. Le Web va au-delà des ordinateurs, il inclut des

éléments qui nous entourent dans le monde physique. Déjà Internet facilite et

fluidifie la ville, mais demain on ne pratiquera plus la ville sans le côtoyer. »20

19 EYCHENNE Fabien – La ville 2.0, complexe... et familière – Paris : FYP Editions, 2008 –

95 p

20

MARZLOFF Bruno - Du Web à la ville, les mobilités de l'homme au radar – Urbanisme n°348 – mai-juin 2006 p87

Certes l’avancée technologique est là mais on remarque aussi qu’il y a encore

des inégalités au niveau de l’utilisation de l’accès au haut débit par la

population. On se rend compte que le réseau, ne couvre pas encore la

totalité du territoire et on peut se demander si toute la population y aura un

jour accès. La mise en place de ces infrastructures prend du temps, ce qui

permet à la population de s’adapter progressivement à ce type de

technologies. En faisant notre enquête sur les personnes utilisant les

transports brestois et en consultant les chiffres sur de différents sites web

d’opérateurs, comme Sosh ou Be and You on se rend compte que des

personnes restent en marge vis-à-vis de ces nouvelles technologies qui

promettent une réelle augmentation de la vitesse d’échange d’informations.

Mais tous ont cependant un accès internet, et/ou un téléphone mobile. Le

citoyen apprend constamment de nouvelles pratiques numériques, et il

devient évident que celui-ci applique ses méthodes à ses déplacements.

Reste encore, aux sociétés de télécommunication et de transport, la lourde

tâche d’adapter leurs réseaux à l’ensemble de la population.

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17

3.Nouveaux usages et pratiques

des mobilités : quelles évolutions

sociétales et urbaines ? En plus d'améliorer l'offre de transports déjà existante, les TIC actuelles sont

à l'origine même de certains nouveaux modes de déplacement. En effet,

depuis maintenant quelques années, nous pouvons profiter de formes de

mobilités novatrices, inexploitables tant qu'Internet n'existait pas. Ainsi sont

nés le covoiturage, le transport à la demande, les auto-partagées, le

télétravail, le e-commerce, ou encore le « drive ». En quoi ces nouvelles

pratiques de mobilité sont-elles de véritables évolutions sociétales et

urbaines ?

1. Le e-covoiturage, un bouleversement des

trajets pendulaires très prometteur

Le covoiturage est l'utilisation organisée d'une seule voiture par plusieurs

personnes effectuant le même trajet au même moment. En favorisant les

échanges entre les personnes, les nouvelles technologies (Internet, les

réseaux sociaux...) ont grandement contribué à l'apparition de cette pratique

; le covoiturage organisé par l'affichage de petites annonces est aujourd'hui

de plus en plus marginal. En 2010, 26% des Français pratiquaient le

covoiturage.21

21

ConsoGlobe - "E-covoiturage : le covoiturage est-il déjà dépassé ?" -

A nouvelles mobilités, nouveaux

aménagements : les aires de covoiturage

en fort développement dans le

Finistère1

D'autres aménagements novateurs

voient aussi le jour, comme les voies

réservées au covoiturage, qui existent

entre autre à San Francisco.

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18

UN SCENARIO POSSIBLE GRACE A L'E-COVOITURAGE22

Le e-covoiturage (ou covoiturage dynamique) se différencie du covoiturage

classique par la mise en relation immédiate entre les conducteurs et les

passagers, ce qui offre la possibilité aux usagers de « covoiturer » au pied

levé. Le covoiturage dynamique offre davantage de flexibilité, de souplesse,

d'instantanéité et de fiabilité que le covoiturage classique.

Concrètement, cette mise en relation se fait par le biais d'applications pour

mobile : « l’abonné contacte le service quelques minutes seulement avant son

départ pour chercher le conducteur pouvant offrir un covoiturage sur

l’itinéraire demandé »23

est-il expliqué sur le site d'informations Innov'in the

city. Ce service repose donc sur les données en temps réel, exploitées par le

biais d'une application pour mobile et d'un système de géolocalisation. 22 Source : Certu – Le covoiturage en France et en Europe, Etat des lieux et perspectives – Paris, 2007 – p.56 –

23SIDAWY Elsa – Le covoiturage dynamique sort de l'impasse – Innov'in the city – 2011 –

La cible principale de ce nouveau type de covoiturage sont les personnes

effectuant des trajets assez courts et réguliers, à savoir les travailleurs sur

leurs trajets pendulaires24. MobiBreizh25 est la première application de

covoiturage dynamique au quotidien, elle est utilisée sur l'agglomération de

Lannion.

24

Voire lexique « Déplacements pendulaires » 25

:http://www.mobibreizh.com/presentation.html

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19

Cette pratique, promet de belles avancées pour les villes ; selon Jean-Claude

Gondard26 et Jean-Charles Lardic27, d'ici quelques années, le covoiturage

dynamique peut transformer « des centaines de milliers de véhicules en

circulation en heure de pointe en un gigantesque système de transport

collectif à la demande, en temps réel, sécurisé, et apte à desservir de manière

performante, fiable et écologique »28 une très large part du territoire et de

réduire notablement les flux pendulaires automobiles.

Ce mode de déplacement a aussi des atouts sociétaux : l'aspect convivial

peut être perçu comme un avantage dont on ne bénéficie pas en se

déplaçant seul en voiture, et ces rencontres éphémères mais quotidiennes

contribuent à créer de la cohésion sociale.

CI-CONTRE : UNE EXPLICATION IMAGEE DU COVOITURAGE DYNAMIQUE29

Il se développe donc grâce aux NTIC un moyen de se déplacer qui constitue

sans doute (pour ce qui est des trajets pendulaires surtout) une des

meilleures alternatives à la voiture individuelle, en offrant à la ville un

environnement plus serein et de nouvelles formes de sociabilité.

26

Directeur général des services de la ville de Marseille 27

Adjoint au directeur général de la ville de Marseille, directeur de la prospective 28

GONDARD Jean-Claude, LARDIC Jean-Charles - « Urbanisme, déplacements et TIC : quels

scénarios pour le développement des villes ? … un questionnement pour Marseille et les grandes villes » - Conférence CODATU XV : Le rôle de la mobilité urbaine pour « re »modeler les villes – Addis Abeba (Ethiopie), 22-25 octobre 2012 29

Source : Certu (Idem)

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20

2. Le transport à la demande, une aubaine

pour les populations les moins mobiles Le transport à la demande, généralement géré par une collectivité locale,

s'organise sous plusieurs formes : les points de départ et d'arrivée peuvent

être des arrêts fixes ou le domicile de l'usager ; les horaires peuvent être

fixes ou librement définis ; les itinéraires peuvent être fixes, s'appuyer sur

une ligne de bus déjà existante ou être librement définis,... Ce service ne

fonctionne que lorsqu’une réservation a été enregistrée, généralement par

un appel téléphonique. Les voyageurs n'ont donc pas besoin d'utiliser de TIC

actuelles pour emprunter les transports à la demande. Cependant, ces TIC

sont nécessaires à la mise en service de ce mode de transport : leurs horaires

et itinéraires sont définis selon la demande générale - qui est évaluée par

une analyse des demandes individuelles - et la faisabilité de ces demandes

(planification des circulations, croisement des données,...).

« En partant des besoins individuels, ce dispositif [...] renverse la logique

même des transports collectifs »30 et est donc susceptible de convaincre une

clientèle nouvelle, estime le directeur marketing et innovation de la RATP

Développement. « Le transport à la demande est une solution pertinente

pour les territoires périurbains et ruraux, où la demande de transport est

souvent diffuse et où les lignes régulières "classiques" sont peu efficaces. »31

Ce service, « proche de l’utilisation d’une voiture particulière ou d’un taxi,

permet de toucher des publics très peu mobiles »32, c'est donc une

30

Interview de Patrick Vautier, directeur marketing et innovation de RATP Dev, disponible en ligne 31 DUBOIS TAINE Olivier-Paul, et alii. – Les nouvelles mobilités dans les territoires périurbains et ruraux – Paris : la Documentation française : Centre d’analyse stratégique, 2012 – p.107 32

Idem

opportunité notamment pour les populations rurales ou les personnes âgées,

et un pas vers davantage d'égalité entre espaces urbains et ruraux.

Dans l'agglomération brestoise, Bibus offre un service de transport à la

demande : « Resago ». Ce service propose des taxis et minibus dont les

itinéraires sont fixes et les arrêts déterminés.33

3. Les nouvelles mobilités influencent le

« vivre la ville »

De nombreuses autres évolutions des pratiques de la mobilité apportent des

changements considérables :

- Le télétravail34

réduit le nombre de trajets pendulaires et participe donc

à la réduction du trafic automobile ;

- Le e-commerce35

réduit le nombre de trajets quotidiens participant ainsi

au désengorgement des villes. Il permet une réduction du temps consacré aux « corvées » et par conséquent un accroissement du

temps libre des ménages

- Le « drive » : Les supermarchés utilisent aussi les NTIC pour faire gagner du temps au client ; ainsi, ils lui proposent de commander en ligne puis

de récupérer, en voiture, ses courses emballées et préparées. Ce

procédé crée de nouveaux itinéraires et de nouvelles infrastructures36

;

- Le « walk » : Dans la même idée que le « drive », Monoprix a instauré le

« walk » (dans le quartier de Batignolles à Paris) : le client commande en

33

Informations recueillies sur le site internet de Bibus 34

Cf Partie 1 - 1 35

Idem 36

MARZLOFF Bruno – E-commerce et nouveaux itinéraires du citadin – Urbanisme n°384 –

Mai-juin 2012 – p.16

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21

ligne et récupère sa commande en rentrant chez lui à pied37

;

- L'autopartage présente une alternative à un véhicule personnel peu utilisé. La réservation se fait le plus souvent par téléphone, sms, ou

Internet.

37

Idem

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22

LA MOBILITE VIRTUELLE : SE DEPLACER DANS LA VILLE DEVANT

SON ORDINATEUR

Google Maps offre la possibilité de « voler » au-dessus des territoires grâce

à des photos satellites. Cependant, cette vision ne correspond pas à la

réalité de notre quotidien, « notre perspective quotidienne sur la ville est

plutôt horizontale que verticale »1. En 2007, Google Maps invente la Street

View, qui « permet d'explorer les sites du monde entier en profitant

d'images à 360 degrés des rues : [...] explorer des sites remarquables,

découvrir des merveilles naturelles, suivre une route touristique, entrer

dans des restaurants et des petites entreprises, et même naviguer sur

l'Amazone ! »1 (En 1999, le site de l'annuaire Pages Jaunes avait déjà rendu

accessible la photo des façades des bâtiments situés le long des rues des

grandes villes françaises, et on pouvait s'y déplacer virtuellement.) « Pour

entrer dans Street View, on sélectionne un point de départ sur une carte,

puis on navigue dans l'une des directions proposées par des flèches en

superposition sur les photos. »1 L'utilisateur est ainsi en mesure de se

déplacer dans la ville de son choix sans y être physiquement. Cela peut

l'inciter à s'y rendre IRL (« in real life »)1 ou au contraire il peut estimer

suffisante cette visite virtuelle et s'en contenter.

VISITE DE BREST DEVANT L'ECRAN D'ORDINATEUR : LE COUR DAJOT EN STREET VIEW

(GOOGLE MAPS)

LE COUCHSURFING :

GENERATEUR DE MOBILITES

TOURISTIQUES ?

Le site couchsurfing.org a été fondé en

2004. C'est une pratique qui consiste à

héberger gratuitement à son domicile des

voyageurs, pour « rapprocher les personnes

et les lieux dans le monde, créer des

échanges de savoir, élever la conscience

collective, diffuser la tolérance et faciliter

la compréhension interculturelle »1. Les

voyageurs contactent les hébergeurs via le

site internet. Cette nouvelle façon de

voyager n'existerait pas sans Internet. Payer

un hébergement lors d'un voyage peut

dissuader de se rendre dans les régions où le

coût de la vie est élevé ; le couchsurfing

peut alors effacer cette barrière dissuasive et

faire venir des voyageurs, créant ou

développant ainsi les mobilités touristiques

vers ces régions. En avril 2013, la

communauté des couchsurfers compte 1030

Brestois parmi ses membres ; peut-elle ont-

ils une influence sur le tourisme brestois ?

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23

4. Les « bureaux du temps » : optimiser les

temps de déplacement grâce aux NTIC Chaque personne essaye de gérer et d'organiser du mieux possible les

différents temps de sa vie : vie familiale, vie professionnelle, temps libre, vie

quotidienne,... Cependant ces temps sont souvent difficiles à combiner, en

partie parce qu'ils sont confrontés aux rythmes de nombreux services publics

et privés : commerces, transports en commun, services administratifs,... Pour

coordonner ces rythmes, il existe, depuis une dizaine d'années en France, des

«bureaux du temps », qui « sont une façon de repenser les fonctionnements

collectifs tant dans leur dimension temporelle que spatiale »38

. L'urbanisme

devient alors « chronotopique », c'est-à-dire qu'espace et temps

fonctionnent ensemble. Le temps passé à se déplacer est une préoccupation

de taille pour cette politique des temps. Comment les TIC peuvent-elles

remédier à ces difficultés d'optimisation des temps de déplacement ?

Les bureaux du temps de plusieurs agglomérations imaginent des sites

interactifs pour les habitants, afin que leurs déplacements soient effectués

judicieusement et avec une plus grande simplicité. La ville de Rennes a ainsi

mis en place le dispositif en ligne « Tic-Tac le temps à la carte »39

, qui met en

relation des données spatiales et des données temporelles. L'usager est alors

en mesure « de déterminer - dans la période de temps libre dont il dispose-

les services ou activités disponibles les plus proches de l’endroit où il se

trouve »40

. Le rapport entre le temps passé à cette activité et le temps pris

pour s'y rendre est alors cohérent, sans que le citadin n'ait besoin de faire de

38

BOULIN Jean-Yves – « Rythmes et temps collectifs : Les temps de la ville » - Projet n°273, mars 2003

39Tic-tac, le temps à la carte – Disponible en ligne à l'adresse : http://vivrarennes.fr/

40. KERGOAT Michelle, TOUCHARD Danièle – La ville et le temps des femmes : l'exemple de la

ville de Rennes – Espace, population, société, Février-mars 2007 – p.411-420

savants calculs (entre les horaires des transports en commun, les temps de

trajet à pied...) pour savoir s'il a le temps de se rendre à la piscine à sa pause

déjeuner, par exemple. Dans une idée proche, Liège a créé des cartes

interactives estimant les temps de marche entre différents lieux de la ville.

A BMO, aucune politique des temps n'a pour l'instant vu le jour. Pierre Le

Borgne, du service transport de BMO41, nous explique qu'ils ne sont pas

fermés face à ce type de projets mais qu'il est simplement trop tôt pour les

envisager, car Brest n'en est qu'à ses premiers pas dans en matière de

mobilités novatrices.

41

Entretien avec Pierre Le Borgne le 27 février 2013

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24

Pour terminer, il semble que les déplacements sont plus ou moins perçus comme une perte de temps depuis que l’homme c’est

sédentarisé. Les mobilités ont évolué et se sont diversifiées, l’Homme réalise de nombreux aller-retour, sur des territoires de plus en

plus grands, entre chez lui et sa destination. Depuis toujours nous essayons d’optimiser nos déplacements avec les évolutions

technologiques de notre société. De la roue au chemin de fer, elles ont contribué à augmenter notre vitesse d’un endroit vers un

autre. Nous avons vu que l’homme recherche constamment ce gain de temps à cause des contraintes que la société lui inflige. Depuis

la révolution industrielle, les villes sont des espaces qui subissent un étalement urbain fort et une complexification de leur structure.

Aujourd’hui, la forte imbrication entre tous les réseaux est telle que cela les rend de plus en plus difficiles à gérer. Traditionnellement,

la notion de réseau dans les transports notamment, est celle du « canal » ou du flux, nous avons l’habitude de parler d’artères

routière, de chemin de fer, de voie de desserte. Or avec l’arrivée d’internet et la mise en place de gares multimodales grâce à

l’évolution des TIC, le raisonnement sur la gestion des réseaux passe par une compréhension des connexions. Pour reprendre la

métaphore de l’auteur Georges Amar, « on passe d’une visions tuyaux à une approche synapses ». Les infrastructures numériques

mises en place pour les transports urbains sont capables d’interagir entre elles. Les terminaux, la fibre optique, les écrans, le

Smartphone, s’échangent des données de plus en plus rapidement grâce à l’Internet jusqu’à obtenir une information en temps réel.

Notre société voit apparaître de véritables changements sur le temps consacré aux déplacements, les TIC amènent un nouveau

confort, rassurent et informent le citadin. On voit apparaître de nouvelles pratiques chez l’usager, qui changent ses façons de se

déplacer. Les entreprises et les collectivités le conçoivent et ont déjà mis en place des procédures de gestions des espaces et

infrastructures numériques en ville. C’est pour comprendre quelles avancées ou retard sur l’utilisation des TIC dans les transports en

communs, que nous avons ouvert notre réflexions sur le territoire brestois, et avons décidé de rencontrer les différent acteurs qui

sont à la tête de cette gestion des déplacements des habitants.

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25

L’organisation de la transition

numérique en territoire brestois

PARTIE II.

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26

1. La valeur ajoutée de l’open

data et des données en temps

réel

1. Ouverture des données au public : le

changement est pour bientôt

Les collectivités locales et les entreprises œuvrant dans le domaine

des transports détiennent une grande quantité d’informations. Et nous

l’avons constaté préalablement : internet est un réseau favorisant l’échange

des données. L’open data (données ouvertes en anglais) est un principe selon

lequel une certaine quantité d’informations numériques détenues par les

administrations et collectivités peuvent être rendues publiques et utilisables

par des tiers (population, développeurs d’applications ou sites internet,

etc…). Concernant les transports urbains ou interurbains, voici ce que ces

données numériques peuvent comprendre :

- Les informations de géolocalisation des arrêts de bus, stations de tramway

ou de métro ;

- La géolocalisation des rames de tramway et des bus eux-mêmes ;

- Les horaires de passages prévus ou estimés ;

- Les incidents et retards connus à l’avance ou révélés en temps réel ;

- Le nombre de vélos disponibles dans les stations de type « vé ’lib ».

Après avoir décrit le contexte dans lequel s’inscrivaient les

changements induits par les TIC sur les déplacements, il s’agit

désormais de comprendre l’enjeu dans une problématique

territoriale. Nous nous sommes ainsi basés sur le territoire de

Brest Métropole Océane, en rencontrant plusieurs acteurs et

en interrogeant les usagers des transports en commun. Le

cas brestois est bien d’actualité, puisque la collectivité

projette de se lancer dans l’ouverture des données (open

data – (Cf. Lexique)) dont elle dispose, comme celles

concernant les transports.

La première question qui se posait lorsque l’on s’est penché

sur ce territoire était de savoir pourquoi il n’existait pas

d’application mobile dédiée au réseau de transports en

commun Bibus. Mais justement, le projet était existant et un

site mobile est sorti le 4 avril 2013.

Il s’agit alors de comprendre comment ce programme s’est

inséré et organisé à BMO. En premier lieu sera abordée la

question de l’open data, en exposant les avis des différents

acteurs. Ensuite nous observerons de plus près comment se

met en place le projet brestois, en expliquant aussi les

raisons d’un lancement quelque peu tardif du site mobile.

Puis, avec l’exemple du site Breizh Go, nous exposerons les

défis que suggère l’intermodalité.

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27

A Brest, les données existent, mais ne sont pas toutes connues du grand

public. « Dans la ville de Brest, les bus sont géolocalisés depuis dix ans

environ » 42 Cette géolocalisation existe à l’origine pour gérer le trafic des

transports en commun, ou indiquer les horaires sur les bornes d’information

en temps réel (SAEIV - Service d’Aide à l’Exploitation des Informations pour

les Voyageurs). Il s’agit ainsi de données internes, appartenant à Kéolis, mais

n’étant pas accessibles au grand public.

Mais l’open data fait actuellement débat à

Brest, et un changement se prépare. Plusieurs avis

se confrontent : il y a d’un côté Brest Métropole

Océane (BMO) qui se place du côté de l’initiative de

l’ouverture des données au public, et de l’autre la

société Bibus, qui n’en voit pas réellement les

avantages. Concrètement, Jean-Philippe Deloge,

responsable de la communication et marketing à

Bibus, aborde un problème lié à la sécurité de

l’usage des données : « Il y a aussi une question

d’infrastructure pour mettre toutes ces données à

disposition, puisque d’abord nous devons sécuriser

notre propre processus. Il est hors de question que

le grand public puisse aller piocher directement

dans la base de données de l’outil qui permet

d’avoir les données en temps réel, car il gère aussi les données de sécurité du

tramway. »

42

Entretien J.P. Deloge responsable communication marketing bibus, le 27 mars 2013

Mais pour Arnaud Willaime, le responsable

de la direction organisation de BMO, cet

argument n’est pas réaliste : « Ce que ne

vous a pas dit Bibus, c’est que les données de

géolocalisation, importantes également pour

le pilotage et la gestion des flux pour Kéolis,

sont répliquées. Il y a le serveur d’exploitation

du matériel roulant, gérant la sécurité et les

informations du conducteur, etc… Mais ce ne

sont pas ces données-là qui sont affichées sur

les panneaux. On duplique alors en temps

réel les données en laissant de côté les

serveurs de production, et on publie ces

mêmes données sur un autre serveur. Et ce

sont celles que l’on peut utiliser. »

On voit bien que l’ouverture des données ne fait pas l’unanimité chez

tous les acteurs pouvant l’initier. Cependant, tous sont d’accord pour

exprimer leur souhait de voir un jour l’Open Data sérieusement initié à Brest.

L’enthousiasme d’Arnaud Willaime sur la question - en étant chargé de

l’Open Data à Brest - ainsi que l’avis, certes mitigé, mais plutôt positif de

Bibus sur la question, démontrent d’un chemin sur lequel s’engage le

territoire brestois.

De plus, il y a l’idée de lancer un concours d’idées autour de l’ouverture des

données à Brest. Ainsi, des développeurs d’applications mobiles, de sites

internet ou même des étudiants pourraient proposer des initiatives

d’utilisation des données rendues accessibles par BMO.

ARNAUD WILLAIME,

RESPONSABLE DIRECTION ET

ORGANISATION A BMO,

CHARGE DE L’OPEN DATA.

JEAN-PHILIPPE

DELOGE,

RESPONSABLE

COMMUNICATION ET

MARKETING BIBUS

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Il existe aussi une maquette en trois dimensions de la ville de Brest,43 réalisée

et enregistrée récemment sous forme de fichier de données interopérables,

et qui offrira à terme la possibilité d’être incorporée des logiciels publics ou

privés.

Mais c’est bien Rennes qui a été précurseur en matière d’open data : « Une

grande partie des données publiques de l’agglomération rennaise ont été

ouvertes et mises à disposition de tous en 2010. » 44 Un concours de la même

catégorie que celui qui est projeté pour Brest, a eu lieu du 1er octobre 2010

au 1er février 2011, pendant lequel « les développeurs devaient […]

s’approprier les données et inventer des usages et applications au bénéfice de

tous ». 45

2. Le temps réel et le croisement de

données : une valeur ajoutée

Ce qui différencie l’Open Data du temps réel, c’est le fait que les données

ouvertes concernent également les données fixes, tandis que les

informations en temps réel doivent impérativement tenir compte du présent

et donc être mises à jour. C’est en cela que le temps réel est une valeur

ajoutée : le cœur du sujet est ici, internet permet la mise en réseau de

données instantanément mises à disposition des utilisateurs.

C’est grâce aux données en temps réel qu’il est possible par exemple d’être

averti de la proche arrivée du dernier tramway lors d’une sortie entre amis,

43

Voire annexe 5 44

O.P. DUBOIS TAINE Les nouvelles mobilités dans les territoires périurbains et ruraux, la

documentation française, n°47, 2012, Page 55 45

Idem

sans qu’on ne le demande préalablement. Il s’agit d’une possibilité offerte

par la combinaison entre géolocalisation de l’individu, géolocalisation du

tramway et calcul de distance – temps.

Mais le véritable avantage que confèrent les informations en temps réel à

l’organisation des transports réside aussi dans le croisement de données

improbables. C’est ce qu’explique Arnaud Willaime : « A mon avis il y a de la

valeur dans le temps réel et il y a de la valeur dans le croisement de données

improbables. Le croisement de données improbables c'est la corrélation de

données qui a priori n'ont rien à voir

entre elles, c'est le principe même de la

recherche fondamentale, c'est de ne

pas savoir ce que l'on cherche, et ce

qui est intéressant c'est le volume de

données et la diversité de données. […]

La valeur qui est dans la Data elle est

là, dans les croisements improbables,

dus au hasard. C'est la base du travail

des chercheurs. »

C’est aussi en accumulant les données

sur les utilisateurs et leurs trajets que

l’on peut constituer une base

d’informations intéressante et

exploitable.

Autrement, comme l’indique un article

issu de la Commission Européenne45, ces données ouvertes en temps réel

demeurent une source utilisable dans des cadres connexes, comme sur la

gestion / prévision du trafic routier : « Les informations en temps réel sur le

trafic et les déplacements permettent de fournir à chaque usager de la route

des informations de minute en minute, tenant compte des besoins particuliers

Le croisement de données

improbables ?

Petite parenthèse historique,

c’est justement par le

croisement de données

improbables que l’on a pu

connaître l’origine du

Choléra, au XIXème siècle à

Londres : on a comparé la

carte des foyers de choléra

dans la population, et la carte

de situation des fontaines de

la ville. La corrélation était

évidente.

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de chacun, et elles sont un important élément d'une gestion de la circulation

efficiente. La collecte des données relatives au trafic et leur traitement en

temps réel sont des objectifs très ambitieux exigeant de nouvelles recherches

et de nouvelles études. La stratégie et les bases de données en matière de

transport, la gestion des routes et la logistique ainsi que la gestion du parc

automobile sont autant d'autres domaines de recherche et développement

technologique. »46

C’est de cette façon que les TIC peuvent vraiment révolutionner les

transports urbains. A Brest, le potentiel est le même qu’ailleurs : la

population est connectée, Brest Métropole Océane détient des données et

commence à les mettre à disposition du public, notamment celles en temps

réel.

2. Les transports en commun

brestois : un projet d’actualité

1. Les raisons d’un lancement tardif à Brest Si l’on compare à d’autres villes françaises, comme Rennes, l’open data et le

développement d’applications arrive assez tard à Brest. Mais plusieurs

raisons expliquent ce que l’on pourrait appeler un léger retard.

Premièrement, le projet du tramway a été à la tête des priorités durant

quelques années. Pendant que d’autres agglomérations développaient (ou

46 The ITPS Report, Numéro spécial : mobilité urbaine, n°11, 1997, Commission européenne,

p.16

faisaient développer) l’interface web de leur réseau de transports, BMO s’est

concentré sur la mise en place de la ligne de tramway et la refonte de

l’intégralité du réseau de bus.

Ensuite, il faut comprendre que le projet d’ouverture des données, jusqu’à

aujourd’hui, n’a pas fait l’objet d’une promesse d’élu ou d’un programme

électoral à Brest. Arnaud Willaime l’explique en ces termes : « Il faut saisir

qu’une collectivité telle que BMO est un objet organisationnel politique. C’est

une institution qui reçoit un mandat par les électeurs. Le dernier mandat des

électeurs était de développer une ligne de tramway, et non pas de développer

des applications. Il faut bien se rendre compte de cela pour comprendre dans

quel temps on est. Il y aura des élections en 2014, élections municipales. Les

candidats présenteront peut-être une communication sur le numérique et ses

avantages… Là sera le temps de la parole politique : les promesses

électorales. Si les électeurs sont d’accord, ils leur donneront un mandat et les

élus attribueront un budget. Il n’y a pas eu cette promesse à Brest. Si c’était le

cas, il faudrait donc obliger Kéolis à développer ses moyens pour atteindre cet

objectif [faciliter le report modal et l’ergonomie par le numérique] »

Le fait que Bibus et Kéolis (exploitants) n’aient pas lancé l’initiative plus tôt

semble cohérent, si l’on comprend la logique d’acteurs. Brest Métropole

Océane (autorité organisatrice des transports) délègue un service public à

Bibus, et lui attribue alors un budget. Si elle ne lui accorde pas les moyens

financiers nécessaires pour développer l’interface par les TIC, il parait normal

que la société n’en fasse pas sa priorité. Arnaud Willaime, là encore, donne

son avis sur la question : « Entre BMO et Bibus, la relation est contractuelle,

et qui dit contrat dit prestation d’un côté, et en contrepartie d’un paiement. Si

rien n’est écrit, ils n’ont aucun intérêt à le faire, sauf si on leur offre 50,000

euros pour favoriser le report modal. Il faut ainsi comprendre l’avis de la

personne dans son contexte professionnel. »

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2. Y a-t-il une demande de la part des

brestois ?

AVIS D’UN INTERNAUTE SUR LA PAGE FACEBOOK DE BIBUS

Il est certain qu’une demande dans ce genre d’application existe à Brest.

D’autres villes l’ont expérimenté, les sites mobiles47 et applications pour les

transports urbains sont plébiscités par les possesseurs de Smartphones.

Même si certaines catégories de populations ne se sentent pas concernées

(et ne le sont pas) par le projet de site mobile, la demande suffit, selon

47

Site Mobile : Un site internet, optimisé pour les téléphones portables et petits écrans. (A la différence d’une application, qui doit être téléchargée)

Arnaud Willaime, à poursuivre l’objectif. Bibus l’a compris en lançant le 4

avril 2013 son premier site mobile.

Peu après sa sortie, les avis des internautes sont mitigés, en voici quelques

exemples :

« Derrière chaque « râlerie » il y a un service

à créer, pourquoi ne pas essayer ? » Arnaud

Willaime, responsable direction et organisation à BMO

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31

Mais revenons-en à la demande, il y a un point à souligner : les usagers du

tramway planifient peu leurs déplacements. Nous avons constaté cela dans

l’enquête que nous avons menée auprès de 133 passagers du tramway et des

bus de Brest. Parmi les 50 passagers du tramway interrogés, 34 d’entre eux

n’avaient pas planifié leur trajet et avaient attendu le passage de la rame.

En effet, il n’existe pour l’instant qu’une seule ligne à Brest, et l’avantage

principal du tram est qu’il constitue une desserte régulière, sûre et

relativement fréquente. Beaucoup d’individus se rendent à l’arrêt le plus

proche et attendent le prochain passage, sans consulter les horaires (en ligne

ou sur papier).

La demande est donc sûrement plus insistante du côté des usagers du bus,

bien que ceux-ci puissent aussi être utilisateurs du tram. D’autant que les

passagers interrogés ne sont pas catégoriques, certains sont enthousiastes

quant à l’arrivée du site mobile alors qu’ils n’ont manifestement pas prévu

leur trajet.

3. Attirer de nouveaux usagers des transports

en commun de Brest ?

Si l’on peut imaginer que l’objectif premier de Bibus n’est pas d’attirer de

nouveaux clients, on peut émettre l’hypothèse que l’amélioration du confort

des passagers peut constituer un de leurs objectifs.

Voici comment Jean Philippe Deloge, responsable communication et

marketing à Bibus l’exprime : « Par contre lorsque l’on possède cet outil-là [le

site mobile] et qu’on l’utilise cela facilite l’utilisation des transports. Donc je

ne dirais pas que cela va ramener de nouveaux clients mais plutôt les

fidéliser. On contribue donc à ce que le transport en commun devienne fluide

et facile d’utilisation. À partir du moment où le service est optimal le client

est satisfait. »

Il est donc question d’apporter plus de confort, mais aussi de fidéliser la

clientèle, et non pas d’en attirer. C’est ce que confirme Pierre Le Borgne, du

service transport et stationnement de BMO. Il ajoute qu’aucune étude n’a

été faite sur le sujet. On peut se demander si justement, cela ne cache pas un

manque de volonté de la part de Bibus et des élus…

Arnaud Willaime pense différemment. Il voit un réel potentiel dans les TIC,

au contraire elles pourraient apporter de nouveaux usagers, car la marge est

importante à Brest : la proportion de la population se déplaçant

majoritairement en transports en commun est faible (pas de chiffre ou

COMMUNICATION SUR LE SITE INTERNET DE BIBUS, LORS DE L’ANNONCE

DE SON NOUVEAU SITE MOBILE. POUR PLUS DE PRECISION SUR LE SITE MOBILE, VOIRE

EN ANNEXES.

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32

d’étude existant là non plus…) De plus, on remarque que la communication

effectuée par Bibus pour promouvoir leur site mobile a sûrement le but de

séduire l’usager…

4. La question financière et tarifaire

La production et la mise en place d’applications peuvent se révéler

coûteuses. Si Bibus a préféré le site mobile à l’application Smartphone, c’est

aussi parce que sa conception est nettement moins onéreuse. Jean-Philippe

Deloge estime son coût à près de 4000 euros.

Certaines villes font appel à des grands groupes privés pour développer leur

interface web ou smartphone. C’est le cas de Lyon, avec Veolia et IBM, dans

le projet Optimod Lyon.

« La solution Smarter Mobility développée par IBM et Veolia Transdev offre

de nouvelles perspectives à tous les projets de mobilité urbaine. Cette

capacité d'innovation justifie que nous ayons fait appel à IBM et Veolia

Transdev - en complément des autres partenaires du projet - pour consolider

le partenariat Optimod'Lyon, dont l'objectif est de construire les outils de la

mobilité durable de demain. » Gérard Collomb, Sénateur Maire de Lyon

« Nous avons une vision différente et novatrice de la façon dont il est possible

de gérer les problématiques de fluidité urbaine : nous apportons, avec notre

partenaire IBM, une solution globale nouvelle, originale, pertinente, qui peut

être répliquée et adaptée quelles que soient les villes et les agglomérations.

Cette solution contribue à développer l'attractivité des villes en mettant en

œuvre des investissements moindres que ceux que de nouvelles

infrastructures pourraient entraîner, tout en permettant de les optimiser au

bénéfice de leurs habitants » Jérôme Gallot, Directeur général du groupe

Veolia Transdev

Ces propos48 illustrent bien comment les politiques urbaines, dans le

domaine des transports publics, entretiennent des partenariats avec des

groupes privés. Ceux-ci sont avantagés par leur forte expérience (notamment

internationale) dans les nouvelles technologies, disposant de moyens

considérables et d’équipes de Recherche & Développement performantes. Il

s’agit d’une échelle de projet plus grande qu’à Brest, mais l’idée est là : il y a

peu de solutions alternatives pour être performant tant financièrement que

qualitativement, lors de mises en places de programmes de cette envergure

(Optimod Lyon).

Il existe pourtant la possibilité de s’associer avec des écoles d’ingénieurs et

de commerce, en lançant des concours d’idées par exemple. Brest Métropole

Océane n’exclut pas l’hypothèse d’en lancer un prochainement, notamment

en misant sur la présence de Télécom Bretagne et du technopole : une

solution peu coûteuse pour développer le système d’information des

transports de la ville.

La question de la tarification des applications est différente. Le fait qu’un

service soit payant constitue logiquement une barrière à son accès.

Généralement, en France, les applications téléchargeables dans le domaine

de la mobilité sont gratuites, car elles sont le plus souvent liées à un service

public. Par exemple, Breizh Go, est un site aux coûts de maintenance et de

mise à jour bien plus élevés que ceux du site mobile « bibus.mobi ».

L’opération est estimée entre 700 000 et 1 000 000 euros, selon Léonard

Vassord, chargé de la convention Breizh Go à Brest. Néanmoins, le service

reste complètement gratuit, même si le concepteur est une entreprise privée

(Canal TP) : la Région Bretagne offre le service.

48

Propos recueillis sur le site internet d’IBM

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33

3. L’intermodalité : plusieurs défis

de taille

Ce qui paraît primordial dans l’avenir des transports de personnes, est bien

de faciliter le report modal. Il est donc indispensable de simplifier la

planification des trajets par les individus, pour qu’ils puissent aisément

choisir leur mode de transport.

De ce fait, on peut imaginer que les TIC fonctionnent idéalement dans un

contexte de « concurrence pure et parfaite », lorsque l’offre en transports

est transparente (en prix), et que l’atomicité des compagnies de transports

est réelle. Mais pour que les sites internet / applications de recherche

d’itinéraires multimodaux fonctionnent, il faut surtout une homogénéité des

données.

1. Les données interopérables

Premier défi, donc : rendre les données

issues des transporteurs compatibles

entre-elles. Cela suppose qu’elles

doivent être publiées au même format.

En effet, lorsque les données sont

interopérables, il n’y a plus qu’à les

rassembler pour les publier puis les

exploiter sur une plateforme de

recherche d’itinéraires. C’est ce

qu’explique Arnaud Willaime : « Aujourd'hui, la difficulté qu'a Kéolis

(opérateur de transports) vis-à-vis des données ouvertes, est qu'il n'a

absolument pas les mêmes données entre Lorient, Brest, Rennes et Nantes ;

ils ne peuvent donc pas investir dans une application qui consommerait un

seul format de données et fonctionnerait d'une seule manière. Par contre, le

jour où toutes ces agglomérations publieront les mêmes données, sous la

même forme, et avec le même rythme, elles pourront alors s'autoriser à

dépenser 30 ou 40.000 € pour développer une application qui marchera aussi

bien pour un usager qui sera à Rennes que pour un autre qui sera à Nantes.

Donc il faut un certain nombre de conditions pour que ce genre d'applications

voit le jour. »

2. Concurrence entre acteurs

Le second défi est de surmonter l’obstacle de la concurrence entre les opérateurs en transports. Jusqu’à il y a peu de temps, l’application mobile RATP ne prenait pas en compte les lignes de RER gérées par la SNCF. Elle « générait » par conséquent des itinéraires dépourvus de toute logique en évitant ces lignes.

Il s’agit d’un des nombreux exemples qui touchent de près ou de loin au

ridicule aux yeux de l’utilisateur, situation devenant même agaçante. Mais le

problème de la concurrence entre les transporteurs se pose plus

simplement : quel est leur intérêt de normaliser leurs données ? Plus

concrètement, il paraît peu probable qu’un opérateur en transport souhaite

une normalisation de ses données pour qu’un site intermodal ne le

référencie pas en premier choix de trajet en raison de son prix… Par exemple,

si une application réellement intermodale comparaissait les données de tous

les moyens de transports sur un territoire, elle proposerait des choix de

trajets qui excluraient systématiquement (selon les critères lors de la

Interopérabilité ?

C’est la capacité que possède un

produit ou un système, dont

les interfaces sont intégralement

connues, à fonctionner avec

d'autres produits ou systèmes

existants ou futurs et ce sans

restriction d'accès ou de mise en

œuvre.

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recherche d’itinéraires) certaines solutions de déplacements. Ce serait aussi

suggérer au grand public des transports alternatifs, comme le covoiturage,

ou l’autopartage, ce qui, comprenons le, pourrait faire grincer des dents les

géants des transports urbains privés tels que Vinci…

Illustration : la construction de la nouvelle ligne de tram-train « Rhône-

express » entre le centre-ville de Lyon et l’Aéroport St Exupéry a rendu le

trajet plus cher que ce qu’il coûtait : de 8,90 euros à l’origine, on est passé à

13 euros pour un aller simple. Or une application multimodale

démocratiserait au final « l’intelligence » du choix d’itinéraire, en offrant une

visibilité à l’usager par la transparence des informations (prix, horaires,

temps de trajet) sur la même plateforme. Dans cette optique, l’usager sera

davantage incité à utiliser le covoiturage plutôt que le tram-train de Vinci…

Alors cette application favoriserait-elle enfin la mise en place d’une véritable

concurrence, celle que l’on redoute tant en France dans le domaine des

transports?

3. Ergonomie des applications et sites

internet pour trajets multimodaux

Si les sites internet et les applications mobiles peuvent aider à mieux

organiser ses trajets, encore faut-il qu’ils soient ergonomiques et simples

d’utilisation. Un site ergonomique est un site qui marche, surtout lorsqu’il

s’agit de planifier un itinéraire complexe. Car ce qui pourrait inciter à utiliser

une application, c’est bien ce côté pratique et intelligent, qui fait d’un

téléphone mobile un assistant personnel. A Brest, la question se pose peut-

être moins que dans les grandes agglomérations. En effet, il n’existe que

deux modes de transports en commun principaux : les bus et le tramway.

Alors bien que l’ergonomie de l’application doive être soignée (et a été

soignée) les choix des correspondances ou des différents modes de

déplacement pour un même itinéraire ne font pas l’objet d’un large panel de

propositions.

Voici un exemple de site internet néerlandais (9292), qui se veut réellement

multimodal, et couvrant tout le territoire national (aussi parce que c’est un

petit pays, au maillage urbain resserré).

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Ce site, existant aussi sous forme d’application pour Smartphone, met

l’accent sur chaque étape du trajet, en détaillant si l’utilisateur le demande,

un itinéraire piéton lors d’une correspondance par exemple. En étant

multimodal, le système propose donc le prix total du trajet. 9292 n’est pas un

processus révolutionnaire, car il existe partout dans le monde, à l’échelle des

agglomérations, mais il est intéressant car il concerne un territoire

relativement grand.

Mais en Bretagne, il existe un site semblable : Il s’agit de Breizh Go. Le

système rassemble la plupart des possibilités de déplacements en Bretagne.

L’ergonomie du site internet fait l’objet d’une attention particulière.

On remarque que plusieurs choix de trajet sont proposés, et surtout, que les

moyens de transport sont variés49 (colone de droite, sur

la capture d’écran). Principal manque (inhérent à la non-

interopérabilité des données) : le site ne calcule pas le

prix des différents itinéraires. Aussi, certains modes de

transport, comme le covoiturage, ne sont pas détaillés

(le site fait une suggestion, mais n’offre pas un trajet

existant). Autre manque : les données présentées ne

sont pas en temps réel, mais en horaires théoriques.

L’ergonomie du site est donc amoindrie, car l’utilisateur

devra consulter plusieurs autres sites internet pour

planifier en détail ses trajets. Mais selon Léonard

Vasseur, responsable de la convention Breizh Go, service

transports et stationnement à BMO : « Dans le site

Breizh Go seront intégrées de nouvelles informations, et

notamment des données en temps réel. Aujourd’hui les données ne sont que

théoriques. » Le défi est par conséquent relevé, le Bretagne disposera bientôt

d’un site multimodal complet, et ergonomique.

49

Voire annexes : Occurrence des modes de transports proposés, rapport d’activités de Breizh Go.

FIGURE 2 LEONARD

VASSEUR,

RESPONSABLE DE LA

CONVENTION

BREIZH GO A BREST

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Ainsi, l’open data est la clé du changement. C’est sur cette ouverture des

données que se baseront les sites, applications et bornes d’informations

pour les voyageurs. Mais le temps réel est la « valeur ajoutée » que l’on

peut apporter à l’open data, nous l’avons vu, l’intérêt de l’information

instantanée est primordial. En effet, en abordant l’intermodalité des

déplacements, le temps réel est le seul moyen de faire gagner du temps

aux passagers lorsqu’un retard peut être prévu, pour qu’il puisse

modifier son itinéraire à la dernière minute. En ayant étudié le cas

brestois, nous avons observé de près comment la transition numérique

du réseau Bibus opérait. Le site mobile récemment opérationnel

symbolise la place grandissante du numérique dans les transports en

commun. Cependant, il est difficile d’évaluer à long terme l’impact de ce

nouvel outil, car justement le projet est nouveau et n’est pas encore

arrivé à son aboutissement. Faut-il encore qu’il existe un aboutissement,

au vu de la vitesse de développement des technologies, qui investissent

de manière croissante notre environnement. C’est justement ce que

nous allons montrer dans la partie suivante.

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Partie III.

Enjeux et avenir des mobilités,

jusqu’où peut-on aller ?

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38

1. Grâce aux NTIC, une possible

conversion des automobilistes vers

les transports en commun... Un aboutissement idéal de l'utilisation des TIC dans les bus et tramways serait

une conversion des automobilistes vers les transports en commun. Cela suppose

que les transports collectifs deviennent plus pratiques et plus simples d'utilisation

que la voiture.

1. … en rendant les transports collectifs plus

prévisibles « Ce que l’on reproche principalement aux systèmes de transport public est leur

manque inhérent de flexibilité. Les bus […] obligent à se renseigner sur les

horaires, sauf s’ils sont très fréquents. Sinon, l’incertitude quant à leur heure

d’arrivée à l’arrêt dissuadera le consommateur d’utiliser les transports publics. »50

Si l'on fait abstraction des TIC, avec les transports en commun rien n'est vraiment

certain et prévisible (retard ou absence d'un bus, embouteillages, travaux

imposant un changement d'itinéraire,...), tandis que la voiture est un mode de

déplacement plus prévisible : possibilité de l'emprunter à n'importe quel

moment, ou encore de changer d'itinéraire... C'est principalement sur ce point

qu'une application mobile s'avère utile, grâce à l'utilisation des données en temps

réel qui résout ce problème de manque de prévisibilité (informations en temps

réel des horaires de passage des bus, du temps de trajet selon la circulation au

moment donné,…).

50

The ITPS Report, Le transport rapide personnalisé : peut-être une nouvelle solution de transport

urbain, n°56, 2001, Commission européenne p.13

Transports et NTIC évoluent à une vitesse ahurissante, et cet empressement

s'accélère sans cesse. De grandes mutations des mobilités vont survenir très

rapidement. Quels changements durables des pratiques de la mobilité sont

envisageables ? Les TIC peuvent-elles jouer en faveur de la réduction du

trafic automobile en ville ? Qui dit changements des mobilités dit

changement des infrastructures qui leur sont consacrées, induisant alors un

impact sur l'aménagement du territoire et l'urbanisme des villes.

On parle ici de la mobilité des personnes ; plus que leurs pratiques et

usages, ce sont donc bien les personnes en elles-mêmes qui sont touchées.

Face à ces progrès en croissance permanente, il semble légitime de se

demander si dans tous ces projets un temps suffisant est pris pour évaluer

l'impact sociétal qu'ils auront. Généralement, les destinataires de ces

nouveaux dispositifs, applications et autres TIC sont mis devant le fait

accompli ; ils n'ont plus qu'à faire usage de ce qui leur est proposé.

Comment les populations s'adaptent-elles à ces évolutions qui leur sont

imposées ? L'ensemble de la société y trouve-t-elle son compte ?

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2. …en réduisant le sentiment d'insécurité Le sentiment d'insécurité est aussi un des facteurs qui dissuadent les personnes

d'utiliser le bus ou le tramway ; une certaine appréhension peut parfois être

présente quand il s'agit de se déplacer en

transports publics le soir ou la nuit. Cette

crainte ne réside pas dans le trajet en lui-

même, mais plutôt dans ce qui l'entoure,

comme le fait de devoir attendre le bus seul

dans la rue à une heure tardive. C'est un

élément de contexte absent chez les

automobilistes, qui n'ont pas à se soucier de

ces questions d'horaires et d'attente. Une

application mobile en temps réel apporte

alors un avantage non négligeable, il n'y a

plus de risque d'attendre à l'arrêt de bus ou

de tram, il suffit de consulter les horaires en

temps réel sur son mobile et de se rendre à

l'arrêt à l'heure de passage. « La promesse

d’ouverture des données offre la possibilité

de développer des applications pour l’usager,

pour maximiser son expérience en transports

publics et minimiser ses risques. » complète

Arnaud Willaime51. Sur le réseau de transport urbain brestois, cet avantage est

désormais présent grâce au tout nouveau site mobile de Bibus52.

51

Propos recueillis auprès d’Arnaud Willaime, responsable de la direction organisation de

BMO, le 13 mars 2013 52

Accessible en ligne à l'adresse : http://www.bibus.mobi/

3. …en améliorant les services et le confort

proposés Le confort et les services proposés ne sont pas non plus les mêmes dans un bus

que dans une voiture, « dans le bus il y a simplement le tableau d’affichage alors

que dans la voiture on peut avoir jusqu’à quatre écrans qui diffusent de multiples

informations à la fois pour le conducteur et pour les passagers.» en témoigne

Jean-Philippe Deloge, responsable communication et marketing de Bibus. « En

matière de concurrence avec la voiture, à la fois pour les images et les services, on

a beaucoup de retard. » ajoute-t-il. Peut-être est-il possible qu'un jour nous

puissions choisir de visualiser des clips musicaux ou de regarder les actualités

dans le bus, sur des écrans plus grands que ceux des téléphones, et sans gêner les

autres voyageurs...? En tout cas, dans le domaine des TIC et des transports, de

moins en moins de projets semblent irréalisables.

CI-CONTRE, UN EXEMPLE D'EQUIPEMENT HIGH-TECH

EN VOITURE : UNE CONSOLE DE JEU PARE-SOLEIL53

Les TIC peuvent donc permettre de rendre les

transports en commun plus attractifs, à leur conférer tous (voire plus ?) les

avantages dont bénéficient les automobiles, de sorte qu'ils deviennent plus

attrayants que celles-ci, et que la décision d'emprunter les transports publics ne

se fasse plus par défaut (pas de permis de conduire par exemple) mais qu'il

s'agisse d'un choix délibéré, et que ce choix devienne de plus en plus courant. Ces

innovations rendent tout à fait envisageable une conversion des automobilistes

vers les transports collectifs. A Brest, cela constitue un défi intéressant car « la

marge de captation est colossale : il y a beaucoup d’automobilistes à Brest. »

considère Arnaud Willaime.

53

SOLIVELLAS Benoît – Ces accessoires high-tech inutiles en voiture

L'IMAGE VEHICULEE PAR LE

TRAMWAY, AUTRE FACTEUR

DE CETTE CONVERSION

Depuis la mise en service du

tramway à Brest, on peut y

observer une clientèle

différente de celle qui

fréquente les bus. En effet, une

large partie des usagers du

tram ne prend jamais le bus ;

elle ne s'est mise à utiliser les

transports en commun qu'avec

l'ouverture de la première ligne

de tramway : le tramway est

synonyme de ville moderne,

dynamique et innovante.

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40

2. Des impacts sur l'urbanisme

dans et en dehors de la ville

1. L'opportunité de nouveaux aménagements

urbains

Les TIC pourraient, à terme, permettre la conversion de nombreux citadins

automobilistes vers les transports collectifs. On peut aussi imaginer un même

scénario de report des voitures individuelles vers les auto-partagées, le

covoiturage ou encore le vélo, alors devenu facile à utiliser en ville grâce aux

applications spécialement conçues pour le cyclisme urbain. En tout cas, quel que

soit le mode de déplacement que privilégieraient ces « ex » automobilistes, cette

forte réduction du trafic automobile en ville aurait nécessairement un

retentissement sur l'aménagement des villes.

Les infrastructures routières seraient grandement réduites ; les artères

principales assureraient l'essentiel des transports grâce à des lignes de tramway

et de bus. Les autres voies, notamment les rues résidentielles ou commerciales,

seraient très largement piétonnisées et réaménagées : les anciens espaces de

stationnement laisseraient place à divers aménagements comme des pistes

cyclables des deux côtés de la voie, des bandes d'espaces publics (petites places,

zones végétalisées, espaces de jeux,...), de larges trottoirs, ou encore des voies

partagées. Les parkings des centres commerciaux, alors de taille réduite,

dégageraient également des terrains pour de nouveaux aménagements

(construction de logements, infrastructures,...). Concernant l'accès à la ville, les

populations qui s'y rendraient en voitures la déposeraient sur des parkings relais à

l'entrée de la ville.

La réduction du trafic automobile qui pourrait découler de l'utilisation des TIC

dans l'usage des transports offrirait donc un gain d'espaces urbains, opportunité

pour les villes de reconsidérer leur aménagement, en l'adaptant à ces nouvelles

formes de mobilité.

FIGURE 3 FICTION URBAINE : MONTREAL AVEC PUIS SANS VOITURE.1

L'ALLIANCE DE LA MOBILITE ET DES TIC SIGNERA-T-ELLE LA FIN DE LA

VOITURE INDIVIDUELLE EN VILLE ?

A BREST, UNE CERTAINE REDUCTION DU TRAFIC AUTOMOBILE

A Brest, certains éléments d'aménagement évoqués ici sont déjà

d'actualité. En effet, le tramway désengorge le centre-ville d'une part de

la circulation automobile, et les usagers peuvent déposer leur voiture sur

les parkings relais présents aux terminus. De plus, plusieurs grandes

artères de la ville sont dorénavant piétonnes. Cependant, aucune étude

ne nous permet d'affirmer que ces aménagements sont une

conséquence des TIC, nous pouvons même presque exclure cette

hypothèse car Brest est encore novice dans ce domaine (cf. Partie 2 de

ce mémoire).

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41

2. La probabilité d'un étalement urbain

croissant Aujourd'hui, « en ville, les personnes qui ne disposent pas de voiture peuvent

accéder à pied ou en transports collectifs à de nombreux services urbains. Dans les

territoires faiblement urbanisés, ces personnes ne se déplacent pratiquement

pas. » Est-il décrété dans Les nouvelles mobilités : adapter l’automobile aux

modes de vie de demain54. Sachant qu'en 2011, 16,5% des ménages français

étaient non motorisés55, cela met à l'écart une part de la population trop

importante. Cette situation est-elle sans solution ? Etant donné les grandes

évolutions actuelles en matière de mobilité, grâce aux TIC notamment, nous

pouvons supposer que certaines initiatives peuvent apporter des réponses à ce

problème, et par conséquent avoir un impact sur l'organisation du territoire.

La facilité d'accès aux services urbains est indéniablement un facteur conséquent

dans le choix du lieu de vie des habitants (zone rurale, périurbaine ou urbaine). La

proximité de ces services est donc prise en compte, mais si les pratiques et usages

possibles en matière de mobilité permettent d'y accéder sans difficulté, cette

proximité passe au second plan. Les aptitudes à se déplacer jouent donc un rôle

non négligeable sur l'implantation des ménages sur le territoire.

Comme expliqué plus tôt dans ce mémoire, de nouvelles manières de se déplacer

naissent grâce aux TIC. Il est plus cohérent que ce soit les modes de transport et

les « outils » de la mobilité qui vont au-delà de la ville qui jouent un rôle sur la

localisation des zones d'habitation : transports à la demande, covoiturage et sites

de mobilité intermodale. Ces nouveaux moyens de déplacement permettent de

resserrer les liens de la campagne et du périurbain avec la ville et les services

54

DUBOIS-TAINE Paul Olivier, et alii. - Les nouvelles mobilités : adapter l’automobile aux modes de

vie de demain - Paris : la Documentation française, 2010 – 134 p

55D'après les résultats d'une enquête Insee, disponible en ligne à l'adresse :

http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF05160

qu'elle propose ; il est alors possible de vivre dans des zones moins urbanisées

tout en profitant facilement des avantages de la ville, sans pour autant devoir

utiliser une voiture personnelle. Ces nouvelles opportunités de déplacements

peuvent donc amener à une implantation plus dispersée des habitants sur le

territoire et à un étalement urbain.

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42

3. TIC et déplacements : entre

ségrégation et aide à

l'accessibilité, des avis partagés

Les transports publics pris d'assaut par les TIC, les usagers se voient imposer de

nouvelles façons de gérer leurs déplacements. Ces nouvelles pratiques sont-elles

adaptées à l'ensemble de la population ?

1. Les TIC facilitent-elles les déplacements de

tous ?

Aujourd'hui, nous assistons à une individualisation des modes de vie, mais cela ne

revient pas à un repli des individus sur eux-mêmes. Cet individualisme est

« relationnel », « en réseau », et constitue des formes de lien social dont le

numérique et les réseaux – notamment mobiles – sont l'outil rêvé. « A l'inverse,

par contre, [...] leur complexité peut contribuer à installer dans l'exclusion ceux qui

ne disposent pas [...] des capacités de s'en servir : la « fracture numérique »

épouse assez fidèlement les contours de la « fracture sociale ». »56 Cette fracture

numérique se retrouve aisément quand il s'agit de se déplacer, les transports

étant désormais quasi-indissociables des TIC. « Etre mobile suppose une diversité

de compétences allant des plus incorporées (la cognition de l'espace) aux savoirs

plus formels (comprendre une langue) et jusqu'aux pratiques expertes d'utilisation

de la panoplie des machines »57 auxquelles nous pouvons intégrer l'utilisation des

56

EYCHENNE Fabien – La ville 2.0, complexe... et familière – Paris : FYP Editions, 2008 – p.9 57

BONNET Michel, et Ali. - La ville aux limites de la mobilité – Paris : Presses universitaires de

France, 2006 – p.30

applications pour smartphone et autres sites mobiles. Les études sur les

déplacements ont longtemps laissé entendre que les usages allaient de soi. « Or

les mobilités et les inscriptions territoriales dépendent de savoirs ancrés dans les

cultures et dans la hiérarchisation des groupes sociaux. On peut discriminer les

groupes sociaux en fonction de leurs capacités respectives à instrumenter les

offres et les environnements du monde du transport. »58 D'après Michel Bonnet,

une mobilité intégrant de plus en plus d'outils nécessitant certains savoir-faire fait

alors apparaître une forme de ségrégation intellectuelle ; nous ne sommes pas

tous égaux face à l'utilisation de ces nouveaux instruments et n'avons donc pas

les mêmes facilités à nous déplacer. Une étude menée par TNS Media Intelligence

et la revue Urbanisme a même mis en évidence une corrélation entre l'intensité

des mobilités et le niveau de connaissance : « Lorsque l'on décrit l'hypermobile

autour d'un indice 100, la ligne qui rejoint le niveau du certificat d'études

primaires à celui de bac +3 s'étale d'un indice 15 à un indice 200. Ceux qui n'ont

pas le ticket d'entrée d'Internet (et des outils électroniques, d'une façon plus

générale) sont pénalisés dans leur découverte de la ville et dans sa maîtrise. La

mobilité numérique est le sésame de la ville contemporaine et tous n'ont pas les

mêmes moyens d'y accéder. »59

Parmi ces individus mis à l'écart, nous pouvons également compter les personnes

âgées, qui sont celles qui généralement connaissent le plus de difficultés dans

l'utilisation des nouvelles technologies. Or, d'après nos observations, sur les

communes de BMO les personnes âgées représentent une large part des usagers

du réseau de bus. De plus, à BMO, les usagers des transports en commun qui ne

peuvent pas accéder à Internet depuis leur téléphone mobile (et donc au site

mobile de Bibus, accessible depuis le 4 avril 2013) sont surtout les plus âgés, c'est

ce qu'a révélé l'enquête que nous avons menée auprès de 133 usagers des bus et

tramway de l'agglomération brestoise :

58 BONNET Michel : Idem 59

MARZLOFF Bruno - Du Web à la ville, les mobilités de l'homme au radar – Urbanisme n°348 –

mai-juin 2006 – p.87

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43

De même, suite à notre enquête, ces personnes (possédant un smartphone) se

révèlent peu enthousiastes face à la propagation des TIC dans les transports :

Ce faible taux d'équipement et ce peu d'intérêt pour ces innovations montre une réelle mise à l'écart des personnes âgées dans le monde numérique, désormais indissociable des transports. Cependant, outre les frontières entre générations, même les jeunes utilisent l’informatique différemment : certains consultent

seulement leur profil facebook, et d’autres ne se servent de leur ordinateur uniquement pour les jeux par exemple.

La ségrégation est aussi

financière : les applications et

autres sites mobiles sont certes

accessibles gratuitement,

cependant il faut au préalable

se procurer le matériel pour y

avoir accès.

Léonard Vassord, technicien

transport et stationnement à

BMO, estime aussi que « Ce

n’est pas accessible à tout le

monde, ce serait utopique. On

développe des outils qui sont

dans l’air du temps, c’est sûr

que ce n’est pas adapté à tous

les publics, certains sont un peu

marginalisés. »60 Pierre Le

Borgne, du même service à

BMO, explique que « c'est ce qui [les] dérange. Pour un service public qui se doit

d'être accessible à tout le monde ça pose problème. »61 Est-ce une fatalité ? Ou

est-ce que BMO peut jouer en la faveur de ces publics laissés pour compte ?

60

Propos recueillis auprès de Léonard Vassord du service transport et stationnement de BMO, le 11

mars 2013 61

Propos recueillis auprès de Pierre Le Borgne du service transport et stationnement de BMO, le 27

février 2013

10 à 20 21 à 30 31 à 40 41 à 50 51 à 60 61 à 70

0

20

40

60

80

100

Age (en années)

%

Individus possédant un téléphone mobile avec accès à Internet ( en

pourcents)

11 à 20 21 à 30 31 à 40 41 à 50 51 à 60 61 à 70

10

20

30

40

50

60

70

80

Age (en années)

%

" Seriez-vous intéressé par un site mobile Bibus ? "

Oui

Non

Peut-être

SOCIETE HYPERMODERNE, SURINFORMATION, HYPERCHOIX,... FAVORISENT LA TECHNOPHOBIE ?

Aujourd'hui, « les environnements de réalité

augmentée » fusionnent les mondes physique

et numérique : des couches d'information,

d'images, de vidéos, sont « ajoutées » au

monde physique

dès lors qu'on l'observe par l'intermédiaire

d'un équipement adéquat : un téléphone

mobile doté d'un appareil photo et d'un GPS,

[...] plus tard des lunettes ou des lentilles de

contact... »1 En résumé, la ville devient de

plus en plus complexe à «naviguer» ; nous

appartenons à une société hypermoderne et

sommes en permanence confrontés à

l'hyperchoix et à la surinformation. Certaines

populations sont parfois réticentes à adopter

ces nouveautés ; cela génère de la

technophobie (ce terme désigne la peur des

nouvelles technologies en raison d'un

manque de compréhension).

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44

2. À BMO, une volonté de réduire ces

discriminations

1. Des supports d'information adaptés à chacun

Bibus, le réseau de transport urbain de BMO, observe plusieurs façons de

gommer les ségrégations engrangées par les TIC. Le réseau de transport

urbain étant un service public, Jean-Philippe Deloge, responsable communication

et marketing de Bibus, considère qu'il ne peut pas mettre de côté toute la

population qui ne détient pas de smartphone, « donc nous continuerons de faire

des guides. On a beau rajouter des outils informatiques, on consomme toujours

autant, voire plus, de guides horaires. »62 précise-t-il. A l'inverse, pour d'autres

populations, l'utilisation d'Internet (pour planifier un voyage par exemple) est la

meilleure solution pour ne pas être mis à l'écart, « certaines enquêtes du service

communication démontrent qu’une personne sur deux est capable de comprendre

rapidement et correctement les documents écrits [les plans et horaires sur papier].

Il en est de même pour les horaires, les personnes ont du mal à s’y retrouver.

Internet a donc été la réponse à ce problème-là », grâce au site Internet de Bibus,

les usagers ont la possibilité de prévoir leurs horaires et itinéraires de voyage sans

avoir besoin de les situer sur un plan ni de calculer les temps de trajet, comme

c'est le cas en utilisant les brochures sur papier. Ce service proposé par le site de

Bibus fonctionne très bien puisque, d'après Monsieur Deloge, « la page de

recherche d’itinéraire représente 75% de la consultation du site ». Pour que la

population mise à l'écart soit la moins nombreuse possible il n'y a donc pas

d'unique solution ; en effet tout dépend des difficultés que chacun peut

rencontrer, que ce soit face à Internet ou aux documents sur papier.

62

Propos recueillis auprès de Jean-Philippe Deloge, responsable communication et marketing de Bibus, le 27 février 2013

D'autres mesures sont prises pour réduire cette ségrégation intellectuelle et

générationnelle, comme l'installation de bornes d'information numériques aux

arrêts de bus et de tramway, lisibles par tous, sans distinction, comme l'expose

Pierre Le Borgne63.

2. Une politique du « numérique pour tous » pour

accompagner les habitants

BMO mène depuis une dizaine d'années une véritable politique du « numérique

pour tous », avec la volonté de faciliter l'accès à Internet pour le plus grand

nombre. « Ainsi, 105 points d’accès public couvrent l’ensemble des équipements

de quartier et nombre d’associations d’insertion. L’aménagement numérique du

territoire comprend trois volets [dont] le numérique social. »64 présente Michel

Briand, en charge d'Internet et de l'expression multimédia pour BMO. Ainsi, deux

quartiers brestois sont dotés d'une connexion à un euro par mois, avec en plus un

accompagnement humain et matériel.

L'idée suivie par BMO n'est pas de faire à la place des gens, mais de s'appuyer sur

leurs envies de faire, sur leurs projets pour un meilleur accès de tous au

numérique (par exemple, soutenir des jeunes en échec scolaires qui apprennent à

des personnes âgées à utiliser Internet). De plus, « des ateliers hebdomadaires

aident habitants et associations à s’approprier les outils du numérique »65.

63

Propos de Pierre Le Borgne 64

BRIAND Michel – Interview du 24 février 2013 - « A Brest, la question de l’accès à

internet laisse la place aux questions d’usage » Michel Briand est élu à Brest, en charge d’internet et de l’expression multimédia, et membre du Conseil national du numérique 65

Idem

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45

A Brest, des efforts sont donc fait pour éviter les ségrégations que peuvent causer

les TIC. Cependant, certains avis divergent : cette discrimination est-elle vraiment

prédominante dans ce nouveau monde numérique ?

3. Les TIC en faveur de l'accessibilité et de

l'autonomie : une fracture numérique

inexistante ?

« En octobre 2004, Darty fait campagne sur le thème d’une ruralité et d’un

troisième âge idéalisés, en mettant en scène un vieux berger gardant ses moutons,

assis sur un rocher, un ordinateur portable sur les genoux. Avec le slogan : «

bienvenue dans un monde où la technologie n’oublie personne » (sous-entendu :

ni les ruraux, ni les personnes âgées). »66 Un monde moderne, où le numérique

est omniprésent, et où tout le monde trouverait sa place ; réalité envisageable ou

utopie ? Pour Arnaud Willaime, responsable de la direction organisation de BMO,

cela est loin d'être inconcevable.

66

MORISET Bruno - Regard géographique sur le paradigme numérique : Technologies de

l'information et de la communication, espace, territoires - Mémoire pour le diplôme d’Habilitation à Diriger des Recherches – Université Jean Moulin Lyon 3 – 2005 – p.23

En effet, il n'y voit aucune ségrégation, bien au contraire, il est convaincu que les

TIC sont porteuses de nouvelles formes d'aide à l'accessibilité. Concernant les

transports, les applications à reconnaissance vocale peuvent permettre « d'avoir

la même application mais avec une interface différente selon les capacités

cognitives de chacun »67 Une application de ce genre donnerait de l'autonomie à

des personnes qui ne pourraient autrement pas se débrouiller seules pour se

déplacer dans la ville, par exemple des personnes en situation de handicap

cognitif.

Les signalisations classiques n'apportent sans doute pas suffisamment de sens

pour ces personnes-là. Ainsi, l'usager préciserait son lieu d'arrivée par une simple

commande vocale sur son téléphone, le téléphone commencerait par localiser

son point de départ grâce à son système de géolocalisation, puis indiquerait

vocalement et en temps réel le bus dans lequel elle doit monter, l'arrêt auquel

elle doit descendre, etc. C'est de l'ergonomie68. « Aux Etats-Unis il y a

énormément de programmes de recherches sur ce que peuvent apporter les

tablettes tactiles, que ce soient les Smartphones, les Ipad ou autres, pour favoriser

l'accessibilité des personnes en situation de handicap cognitif, pour compléter ce

qu'elles ne savent pas faire toutes seules. » En France, nous n'en sommes pas

encore là.

67

Propos recueillis auprès d’Arnaud Willaime, responsable de la direction organisation de BMO, le 11 mars 2013 68

« Le but de cette science est de tenter d'adapter le travail à l'homme en analysant notamment les différentes étapes du travail industriel, leur perception par celui qui exécute, la transmission de l'information et, de façon parallèle, l'apprentissage de l'homme qui doit s'adapter aux contraintes technologiques. » (Extrait du dictionnaire Larousse)

BIENVENUE DANS UN MONDE OU LA

TECHNOLOGIE N'OUBLIE PERSONNE »,

CAMPAGNE DE PUBLICITE DARTY (2004)

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Pour Arnaud Willaime, les TIC sont donc « loin d'être un problème ; au contraire

c'est une solution. […] Il faut éviter la fracture numérique, elle n'est pas

inévitable. »69. « Quand l'articulation entre couches physiques et numériques se

fait intelligemment, cela devient un puissant vecteur de maîtrise individuelle et

collective sur la ville. »70, il serait alors possible de passer outre les inconvénients

évoqués précédemment.

Entre ségrégation et, à l'inverse, aide à l'accessibilité, les avis sur la « fracture

numérique » que pourrait causer les TIC dans les transports sont donc très

divergents. Un autre aspect ségrégatif pourrait aussi être perçu : la rapidité de ces

évolutions serait susceptible d'entraîner l'exclusion de certains publics ? Ceux-ci,

confrontés à la sur-modernité et à l'hyperchoix pourraient connaître des

difficultés à trouver leur place dans ces nouvelles pratiques du déplacement.

69

Propos recueillis auprès d’Arnaud Willaime 70

EYCHENNE Fabien – La ville 2.0, complexe... et familière – Paris : FYP Editions, 2008 – p.12

Dans un avenir proche, les NTIC sont en mesure de rendre les transports

collectifs plus attractifs que la voiture, et donc de leur apporter davantage

de clientèle tout en désengorgeant les villes de la circulation automobile.

Pour parvenir à cela, les transports publics doivent gagner en prévisibilité,

en fiabilité, en sécurité et en confort. Cela aura inéluctablement des

conséquences sur l'aménagement du territoire ; de nouveaux

aménagements urbains verront le jour, réinventeront la ville. Une meilleure

desserte des zones périurbaines et rurales mènera à un étalement urbain

croissant et à plus d'égalité entre les territoires. Si la ville change, la

manière de la vivre aussi ; les habitants sont donc les premiers concernés

par ces évolutions technologiques. Chacun d'eux appréhendent ces

nouveautés avec son vécu personnel et ses propres aptitudes, tous ne sont

donc pas égaux face à ces phénomènes. Nous pouvons parler de

ségrégation intellectuelle, générationnelle, et aussi financière. A BMO, une

politique du « numérique pour tous » vient en aide à ceux qui en ont besoin

afin de réduire ces discriminations. Néanmoins, ces différences entre les

individus peuvent aussi être perçues comme une dimension à prendre en

compte dans la conception de TIC dans le but de faciliter l'accessibilité de

tous à la mobilité. En France, ces mesures d’accompagnement ne sont pour

le moment pas très courantes, mais c'est un projet très prometteur qui

mérite qu'on s'y intéresse.

N'ALLONS-NOUS PAS VERS UN ASSISTANAT DES DEPLACEMENTS ? En ayant de plus en plus d'informations à portée de main (grâce aux applications mobiles notamment), les individus n'ont plus besoin de prévoir à l'avance leurs horaires de déplacements en transports en commun, ni même de savoir lire un plan. Certaines compétences et savoir-faire humains disparaissent donc au fur et à mesure des avancées technologiques, mais est-ce réellement un problème ? Si ces compétences disparaissent peut-être est-ce simplement qu'elles ne sont plus utiles ; c'est déjà le cas depuis des décennies, des savoirs-faire anciens ne cessent de se perdre. Nous pouvons donc penser, comme l'affirme Arnaud Willaime, que « les NTIC vont reformuler le package de

compétences à avoir ». Cependant, d'autres estimeront que les nouvelles technologies ne doivent pas tout faire à la place des humains. Un vaste débat...

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Conclusion Nous avons pu étudier la question des TIC dans les transports en partie dans une

perspective chronologique : au cours de la première partie, nous avons abordé

leur apparition et appropriation dans les logiques de mobilités, ensuite, nous

nous sommes consacrés à l’observation du présent, des travaux actuels, et enfin,

des futures avancées dans le domaine et des possibles conséquences sur la

société.

En ayant commencé par une partie plutôt historique, nous avons pu constater

une progression technologique rapide, qui corrélée à un changement des usages,

a donné naissance à l’apparition de nouvelles mobilités (covoiturage, transports à

la demande, couch-surfing, etc…). L'arrivée d'internet joue un rôle prépondérant

dans ces innovations. Ces nouvelles mobilités n'influencent pas uniquement les

déplacements en eux-même, mais ont aussi des conséquences sociétales et donc

urbaines : le gain de temps qu'elles procurent offre de nouveaux temps libres, les

« déplacements corvées » se font plus rares (grâce au e-commerce par exemple),

de nouvelles formes de lien social apparaissent (par le covoiturage notamment),...

C’est de cette façon que l’on a pu comprendre l’intérêt et l’enjeu des politiques

numériques actuelles, qui doivent correspondre aux attentes et besoins des

populations.

Par la suite, c’est la question des politiques d’innovations numériques qui a été

traitée. La mise à disposition du public de données en temps réel est la clé de ces

innovations en matière de transport. Nous nous sommes concentrés sur le

territoire brestois, et le sujet étant réellement d’actualité, nous avons rencontré

des interlocuteurs qui ont pu répondre pertinemment à nos interrogations. En

effet, les avis sur la question sont mitigés, mais globalement, l’agglomération

brestoise se dirige tranquillement vers un projet d’insertion des TIC dans son

réseau de transports. Les projets à Brest existent, et les populations sont en

demande de plus de confort et de simplicité dans leurs déplacements quotidiens.

Et il s’agit bien de cet objectif (simplification, optimisation du confort), que visent

les politiques d’innovations numériques.

En s’intéressant à l’avenir des mobilités, nous avons voulu montrer d’une part

combien ces progrès sont susceptibles de continuer à façonner les usages et de

transformer le « vivre la ville » de chacun (conversion des automobilistes vers les

transports en commun, systèmes de transports à la demande en perpétuelle

évolution, (nouveaux aménagements urbains, réorganisation de la répartition de

la population sur le territoire : étalement urbain, etc…) ; et d’autre part, nous

avons aussi souhaité souligner le fait que la fracture numérique n’est pas

inévitable. En effet, différents points de vue s'opposent : les TIC sont parfois

considérés comme un facteur de ségrégation et de mise à l'écart de certaines

populations (personnes âgées, personnes en situation de handicap...), mais, à

l'inverse, elles peuvent être utilisées comme des outils d'aide à l'accessibilité de

tous aux transports, instaurant ainsi plus d'égalité entre tous.

Le fait de ne pas s’être concentrés sur Brest et son territoire tout au long de notre

étude n’a pas été un choix. Effectivement, jusqu'au mois de juin dernier, BMO

était concentré sur l'ouverture de la première ligne du tramway ; la politique

d’ouverture des données et d’informations en temps réel dans les transports

n'était donc à ce moment pas la préoccupation principale en matière de

transports. Il s'agit donc d'une politique tout à fait récente. Ainsi il aurait été

difficile de ne s’intéresser qu’au territoire brestois. Nous avons ainsi choisi

d’élargir nos horizons vers des villes qui ont déjà entrepris plusieurs projets,

comme par exemple en France : Rennes et Lyon.

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Mais même en observant des villes que l’on appelle « villes 2.0 », il n’est pas aisé

de prendre du recul sur leurs avancées, toujours nouvelles. Plusieurs doutes

persistent alors, car le domaine est en perpétuel renouvellement.

Les avancées en matière d’open data sont en cours, et même, celle-ci fait l’objet

d’une véritable politique d’ouverture des donnée. Seulement, un questionnement

persiste : peut-on être contre l’ouverture de ces données ? Apparemment oui.

Dans certaines « gated communities » américaines, les résidents, craignant les

nuisances font pression afin d’éviter que leur voirie soit indiquée comme

itinéraire par les GPS. On peut aussi se demander si l’ouverture des données par

les administrations peut être une aubaine pour des géants comme Google. Mais

au final, qu’appréhender réellement ? C’est le principe de liberté et transparence

de l’information qui prône dans ce changement, peu importe l’utilisation

ultérieure…

En ayant constaté, de par l’Histoire et les actuels progrès de la microinformatique

et des TIC, on ne peut s’attendre qu’à des innovations dans le domaine des

mobilités. Une « Méga » application pourrait voir le jour, au niveau national,

européen ou mondial, comprenant toutes les données, de tous moyens de

transports confondus. Le support ne serait plus un téléphone mobile ou un

ordinateur, mais des lunettes électroniques ou un objet générant une « réalité

augmentée » (comme le propose le « Project Google glasses »). A Brest, la carte

Korigo est en passe de devenir une carte multifonctionnelle, en intégrant les

abonnements aux services de la ville (piscines, bibliothèques…). Nous nous

dirigeons vers

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Lexique Application mobile : C’est un logiciel applicatif développé pour être installé sur un

appareil électronique mobile, tel qu'un assistant personnel, un téléphone

portable , un « smartphone », ou un baladeur numérique.

Autopartage : Il est un système dans lequel une société, une agence publique,

une coopérative, une association, ou même un groupe d'individus de manière

informelle, met à la disposition de « clients » ou membres du service un ou

plusieurs véhicules.

CERTU : Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les

constructions publiques

Covoiturage : est l'utilisation conjointe et organisée (à la différence de l'auto-

stop) d'un véhicule, par un conducteur non professionnel et un ou plusieurs

tiers passagers, dans le but d’effectuer un trajet commun.

Déplacement pendulaire : est un phénomène caractéristique des métropoles et

de leurs zones péri-urbaines dû à l'étalement urbain et de la division spatiale des

activités, notamment par le zonage. L’expression désigne les déplacements

quotidiens des personnes de leur domicile à leur lieu de travail et inversement.

E-commerce : Le commerce électronique ou vente en ligne, désigne l'échange

de biens, de services et d'informations entre deux entités sur les réseaux

informatiques, notamment Internet.

E-covoiturage : Il s’agit aussi du covoiturage dynamique associe plusieurs

technologies, la géolocalisation par GPS et les connexions 3G. Il permet de

synchroniser en temps réel les demandes et les offres de trajets

Ergonomie : C’est est « l'étude scientifique de la relation entre l'homme et ses

moyens, méthodes et milieux de travail1 » et l'application de ces connaissances à

la conception de systèmes « qui puissent être utilisés avec le maximum de confort,

de sécurité et d'efficacité par le plus grand nombre

Hypermodernité : Elle désigne pour certains penseurs contemporains

l'épistémè qui succède à la modernité et la postmodernité.

IRL : « In Real Life », dans la vie réelle, par opposition au monde virtuel.

Géolocalisation : La géolocalisation ou géo référencement est un procédé

permettant de positionner un objet (une personne, etc.) sur un plan ou une carte

à l'aide de ses coordonnées géographiques

Mobilité : La mobilité est la propriété de se déplacer dans un espace. Cet espace

peut aussi être virtuel.

NTIC : Nouvelles technologies de l'information et de la communication

Open data : En informatique, une donnée ouverte est une information

structurée ou pas, publique ou privée et généralement non utilisable par un

humain mais interprétable par une machine.

Réalité augmentée : La réalité augmentée désigne les systèmes informatiques qui

rendent possible la superposition d'un modèle virtuel 3D ou 2D à la perception

que nous avons naturellement de la réalité et ceci en temps réel.

Réseau social : Sur Internet, les réseaux sociaux regroupent des amis de la vie

réelle. D'autres aident à se créer un cercle d'amis, à trouver

des partenaires commerciaux, un emploi ou autres. Il s'agit de services

de réseau,comme Facebook, Twitter, Identi.ca, MySpace, Mupiz, Viadeo, Instagra

m, LinkedIn ou Pheed.

SAEIV : Service d'aide à l'exploitation des informations aux voyageurs

Smartphone : Un smartphone, ou téléphone intelligent, est un téléphone

mobile disposant aussi des fonctions d'un assistant numérique personnel. La

saisie des données se fait par le biais d'un écran tactile ou d'un clavier. Il fournit

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des fonctionnalités basiques comme : l'agenda, le calendrier, la navigation sur

le web, la consultation de courrier électronique, de messagerie instantanée,

le GPS, la photographie numérique, etc. À partir de fin 2007, le marché des

smartphones1 s'étend considérablement jusqu'à dépasser en quelques années

celui des téléphones mobiles classiques

Surinformation : La surcharge informationnelle ou surinformation (ou infobésité)

est un concept couvrant le trop plein d'informations reçues.

Technophobie : Ce néologisme qualifie péjorativement le rejet d'une ou

plusieurs techniques. Son opposé est la technophilie. Le terme est généralement

utilisé pour désigner les opposants, même modérés, à

une technologie particulière.

Télétravail : Le télétravail désigne une organisation du travail qui permet aux

salariés d'exercer leur activité en dehors des locaux professionnels grâce aux

technologies de l'information et de la communication

TIC : Technologies de l'information et de la communication

Ubiquité : L'ubiquité ou l'omniprésence est la capacité d'être présent en plusieurs

lieux simultanément. Le terme est dérivé du latin « ubique » qui signifie

« partout ». La notion se rencontre aussi bien dans les domaines de

l'informatique, de la biologie, de l'écologie, de la géographie, de la sociologie, de

la théologie et des mathématiques.

WAP : Le protocole WAP (en anglais : Wireless Application Protocol)1 est

un protocole de communication qui permet d'accéder à Internet à partir d'un

appareil de transmission sans fil, comme un téléphone portable ou un assistant

personnel.

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71JINU : Junior conseil pour l'innovation urbaine, a été créée par des

professionnels en devenir au sein de l’Institut Français d’Urbanisme.

L’équipe de JINU a pour ambition de mettre ses compétences d’urbanistes

au profit des acteurs de la ville et du territoire. JINU intervient comme un

bureau d’études traditionnel mettant en œuvre ses savoir-faire au service des

demandes de ses commanditaires. Fort d’un positionnement unique,

JINU se démarque grâce à des outils innovants, pour imaginer « la ville

autrement ».

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Liste des entretiens :

Le 27/02/2013 rencontre avec Monsieur Pierre Le Borgne responsable du service

transport et stationnement chez Brest Métropole Océane.

Le 27/02/2013 entretien avec Monsieur Jean-Philippe Deloge, responsable

marketing et communication de la société Bibus.

Le 13/03/2013 rendez-vous Monsieur Arnaud Willaime, responsable de la

direction organisation de BMO.

Le 13/03/2013 rencontre avec Monsieur Léonard Vassord responsable de la

convention BreizhGo à BMO.

Durant la première quinzaine du mois de mars, nous avons interrogé 133

passagers sur l’ensemble de la ligne du tramway et de la ligne 12 du bus.

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Annexes

Y.CROZET, Le temps et les transports de voyageurs,

Université Lumière Lyon 2, Laboratoire d’économie des transports 2005

ANNEXE 2 : L'ARRIVEE DE L'OPEN DATA A BREST

ANNEXE 1 : LES DEPLACEMENTS DOMICILE TRAVAIL INTERCOMMUNAUX EN

FRANCE

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ANNEXE 3 : LA MAQUETTE 3D DE BREST, 7 JOURS A BREST DU 10 AVRIL

2013.

ANNEXE 4 : ANNONCE DU NOUVEAU SITE MOBILE SUR LE SITE INTERNET

DE BIBUS, AVRIL 2013

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ANNEXE 5 : ARTICLE TRAITANT DU NOUVEAU SITE MOBILE BIBUS, 7 JOURS

A BREST DU 10 AVRIL 2013

ANNEXE 6 : DIAGRAMME PRESENTANT L'OCCURRENCE DES PROPOSITIONS

DE MODES DE TRANSPORTS MOYENNE SUR LE SITE BREIZH GO. RAPPORT

D'ACTIVITE DE BREIZH GO SUR L'ANNEE 2012

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Résumé S’il est indéniable que les nouvelles technologies d’information et de

communication (NTIC) ont révolutionné la communication entre les individus, la

conséquence de leur émergence est davantage visible sur les pratiques

individuelles que sur les pratiques sociétales, citadines. Cependant, ce sont ces

pratiques qui fabriquent et transforment en grande partie la ville.

La mobilité est un enjeu grandissant dans les territoires, et les TIC deviennent de

plus en plus un outil organisant les déplacements des personnes. Un grand

nombre de villes dans le monde se sont saisies de cette occasion pour innover

dans ce domaine, afin de flexibiliser, adapter et développer leur offre de

transports en commun.

A Brest, la question est d’actualité : Un site mobile « bibus.mobi » est sorti le 4

Avril 2013. Localement, une politique numérique est bel est bien mise en place, à

la fois par Brest Métropole Océane, Kéolis, et des associations ou entreprises

diverses. Il s’agira dans ce mémoire de comprendre comment sont mises en place

les innovations numériques pour les mobilités de demain. Il sera ainsi nécessaire

d’aborder la question du changement des pratiques urbaines, pour mieux définir

l’impact des TIC sur les mobilités et leur avenir.

Mobility and ICT: how we

move today Information and communication technologies (ICT) have had a huge impact on

the communication between individuals. But the consequence of their

occurrence is more detectable on singular practices than group or urban

activities. However, these activities significantly impact the transformation of

cities. A lot of cities in the world seized the opportunity to innovate and invest in

ICT solutions, so as to make the transport services more flexible and adapted.

In Brest, this is topical issue: a mobile website “bibus.mobi” was first available in

April. Locally, a “digital policy” is taking on, both undertaken by local authorities

(such as Brest Métropole Océane) and Kéolis (a transportation system firm).

This account is trying to understand how digital innovations are used in

tomorrow transportation solution. It is based on several professionals’ point of

view and an inquiry about transport users ICT habits in Brest but also on articles

and books about innovations in foreign cities.

Results of the inquiry in Brest showed that new technologies are getting involved

in the way that people move in the city. For instance, there is a real demand in

applications on smartphones. Nevertheless, ICT still remain a source of the

“digital gap”: Brest city planners do not share the same opinion: some think new

technologies could reduce this gap and bring positive solutions, and others see in

ICT as a segregating answer.

Finally this study will try to imagine the future of transport systems, considering

the fact that internet is developing extremely quickly. Cities still have great

innovations to experiment in this direction.