Scène Vagabonde Festival 2021

23.4-13.6

Parc Trembley Genève

PRESENTATION

Durant la période printanière 2019, Tour Vagabonde Festival a émerveillé le tout public par sa programmation originale et son ouverture sur le quartier qui a encouragé une belle convivialité avec les habitant.e.s. Ainsi un théâtre de proximité a su s’inscrire dans la conscience collective sur la rive droite dans le somptueux parc Trembley. C’était notre objectif mais aussi une véritable demande manifestée pour notre plus grand plaisir par l’enthousiasme et la curiosité des jeunes et des enseignant.e.s qui ont assisté aux représentations. En 2020, Tour Vagabonde Festival avance dans cette perspective et devient : Scène Vagabonde Festival qui dans sa deuxième édition désirait soulever une réflexion sur la perte des idéologies et la transformation constante de notre identité. Malheureusement, en raison de la crise sanitaire qui touche toutes les scènes culturelles, Scène Vagabonde Festival a dû reporter et modifier sa programmation et son édition au printemps 2021. La deuxième édition de ce nouveau rendez-vous aura donc lieu du 23 avril au 20 juin 2021 avec une proposition enrichie et captivante. LE POUVOIR DE JOUER L’acte poétique est un langage puissant qui stimule l’imaginaire et éveille dès l’enfance, nos premières

perceptions du monde. Son pouvoir est celui de l’évocation, de la suggestion ; ingrédient de l’identité qui fouille à travers l’inconscient et constitue un réservoir universel, des archétypes de la nature humaine.

Edition 2019, la Tour Vagabonde de nuit. Crédit Photo Carole Parodi.

Edition 2019, l’intérieur de la Tour Vagabonde. Crédit Photo Carole Parodi.

LE PUBLIC Le Festival est destiné à tous les publics, avec une attention particulière portée sur les étudiant.e.s en formation du post-obligatoire et sur les jeunes adultes qui font un apprentissage dans le cadre d’une formation professionnelle. Ce dernier groupe, trop souvent oublié par les événements artistiques et les scènes de théâtre, tient une place importante dans notre projet. Si l’on considère le théâtre comme un outil pédagogique, les mises en scènes classiques et contemporaines peuvent donner l’espace-temps pour explorer les émotions afin d’apprendre pour savoir et pas seulement pour agir dans l’immédiat. Le défi de Scène Vagabonde Festival est lié à une approche qui cherche à développer l’intérêt des jeunes et attiser leur sensibilité esthétique et leur le regard critique. Une représentation théâtrale transforme le texte en mouvement, musique, parole et donne à penser et à ressentir. De plus, elle élargit les compétences de compréhension du discours d’autrui ainsi que les capacités d’expression personnelle tant orales qu’écrites. Nous sommes convaincus que le théâtre est une opportunité d’élargir les connaissances historiques et culturelles tout en développant la construction identitaire et le sentiment d’appartenance, des nouvelles générations.

Scène Vagabonde Festival se démarque de par sa volonté d’être plus qu’une programmation de spectacles. Nous désirons que la scène se transforme en un lieu d’échanges, de dialogue et de réflexion pour le public. Avec la collaboration de diverses associations du quartier Servette-Petit Saconnex des évènements artistiques pourront avoir lieu durant les deux mois du Festival afin de contribuer à l’ouverture de la scène à d’autres

Edition 2019, Les Précieuses ridicules de Molière. Crédit Photo Carole Parodi.

Edition 2019, L’île des esclaves de Marivaux. Crédit Photo Carole Parodi.

LE LIEU : PARC TREMBLEY C’est avec joie et satisfaction que nous avons constaté lors de la première édition du Festival, que la fréquentation des familles et des habitant.e.s du quartier a été très importante. Force de constater que nous avons aussi répondu à un besoin culturel sur la rive droite. L’important pour le projet est de maintenir le rapprochement entre les acteurs et le public. Que l’espace reste éphémère et accueillant dans le but de préserver une ambiance chaleureuse et bucolique. LA STRUCTURE Le chapiteau, un outil pour sublimer les arts vivants. Il apporte une grande polyvalence et permet de proposer une forme de théâtre originale, moins traditionnelle. Un chapiteau peut s’adapter à son environnement extérieur et avoir un espace intérieur modulable. En effet, il peut proposer des configurations pouvant accueillir des esthétiques différentes : théâtre, danse, cirque, concerts, soirées cabarets, conférences ou ateliers. Lieu populaire par excellence, le chapiteau suscite la curiosité du spectateur qui s’y rend autant pour voir le lieu que pour profiter de la représentation. Une scène de proximité, c’est notre objectif, pour faire découvrir au public des structures scéniques différentes et des formes artistiques conciliant, recherche et répertoire et donner tout son sens au Scène Vagabonde Festival

Une scène théâtrale au cœur de la rive droite. Crédit Photo Carole Parodi.

En 2021, le festival prendre ses quartiers sous un chapiteau.

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A l’intérieur, une salle de spectacle modulable. .

Crédit Photo Loris Von Siebenthal

PROGRAMMATION

I Huis clos de Jean-Paul Sartre I Mise en scène José Lillo I 23 avril au 09 mai 2021

Cette pièce écrite par Jean-Paul Sartre, écrivain philosophe, se déroule en enfer, un enfer très ressemblant au monde réel. Dans un espace fermé les personnages devront cohabiter, coexister malgré leur désir de rester repliés sur eux-mêmes ou de fuir les autres. Pour Sartre, les êtres humains existent et n’ont pas une essence prédéterminée. Ils sont là, avec leur passé, leurs angoisses qui les font prendre conscience de ce qu’ils sont vraiment. Profondément humains. Sartre imagine la vie après la mort en enfer. Trois personnages sont condamnés à passer l’éternité ensemble dans un salon où sont disposés trois canapés. Un homme, deux femmes, Garcin, Inès, Estelle. Ils ne se sont jamais rencontrés avant. Pas d’instrument de torture, pas de diables ni de créatures infernales, rien qui s’apparente aux descriptions contenues dans le folklore religieux ; au contraire un espace où d’apparence il fait bon vivre avec la présence d’un serviteur raffiné et diligent qui mènera le jeu des personnages à leur paroxysme dans ce lieu clos qui sera leur résidence définitive.

Jean-Paul Sartre s’est défendu d’avoir écrit avec Huis clos une pièce « sérieuse ». Pourtant, c’est constamment sous cet angle-là qu’elle a, dès sa création été montée. La réputation de grand philosophe qui lui a été faite ainsi que ses nombreux engagements politiques ont empêché que la pièce de Sartre soit perçue selon les intentions premières de l’auteur comme une pochade, une farce, mais plutôt comme une satire féroce et ironique de la condition humaine.

Avec Pascal Berney, Hélène Hudovernik, Lola Riccaboni, Valentin Rossier / Lumières Rinaldo del Boca Scénographie Florian Cuellar Coproduction Attila Entertainment et Théâtre Le Crève-Cœur.

I

I Paroles et Cailloux I Mise en scène Letizia Quintavalla I 26 avril au 07 mai 2021

L’histoire d'Antigone dans un récit-laboratoire pour les nouvelles

générations. Ce collectif regroupe des femmes qui adhèrent au mouvement né en Italie avec la mobilisation du 13 février 2011. Son objectif est la mise en valeur de l’histoire orale à travers la transmission de récits historiques et littéraires afin de réaffirmer le théâtre dans sa fonction sociale, éthique et esthétique. Porter le projet de la tragédie d’Antigone est une remise en question du pouvoir politique dans un contexte social non paritaire. Une comédienne avec comme seul petite richesse des cailloux, raconte l’histoire d’Antigone aux enfants de 8 à 12 ans. Un projet féminin de théâtre engagé, où adultes et enfants font ensemble l’expérience de cette tragédie grecque du poète Sophocle écrite vers 441 av. J-C. La pièce met en scène les rapports et les conflits passionnels d’une famille où les trahisons, les pactes manqués et les rituels se mêlent aux lois non écrites, imposées par le pouvoir des hommes.

La tragédie d'Antigone dans un récit-laboratoire Paroles et Cailloux est destinée aux nouvelles générations. Le succès du Collectif met en scène ce récit pour des petites filles et des petits garçons afin qu’ils puissent s’en souvenir et le raconter à leur tour, devenant ainsi témoins engagés d’une narration qu’ils réactualiseront et confronteront à leurs propres expériences de vie. Le Pacte avec les enfants est fait : « S’ils considèrent que l’histoire d’Antigone est importante, ils devront la raconter à leur tour au plus grand nombre. C’est ainsi qu’avant de partir, la narratrice leur confiera les paroles, c’est à dire le texte et les cailloux utilisés durant le spectacle ». Avec Giada Melley Soutiens Teatro delle Briciole - Ghett’art – Marie d’Erice – Fondation Erice Arte – Festival Pergine Spettacolo Aperto – Cie Les Muettes Bavardes

I Trahisons d’Harold Pinter I Mise en scène Valentin Rossier I 13 au 30 mai 2021 Stratégies de l'indicible : regard, parole, silence.

Harold Pinter (Prix Nobel de littérature 2005) est sans conteste le dramaturge anglais qui a le plus marqué le théâtre britannique de l’après-guerre. Sa dramaturgie, tout en nuance et sous-entendus, met en scène une stratégie discursive de l’esquive et de la diversion, pour ne pas dire de la déviance.

Les créations de Pinter sont appréciées pour leurs recherches stylistiques, leur mélange de bouffonnerie et de noirceur et leur précision presque maladive. Elles renvoient généralement le théâtre à sa base élémentaire avec des dialogues qui basculent de manière inattendue et des pièces closes où les êtres sont livrés les uns aux autres. Le masque des convenances sociales tombe. La vacuité de la société bourgeoise est vite notifiée. Les personnages, fondamentalement imprévisibles, révèlent une faille ou une étrangeté dans leur identité, due à leur passé insaisissable qu'ils tentent vainement de reconstituer à travers des récits flous et contradictoires.

Les conversations les plus banales se révèlent être l'espace privilégié de stratégies de domination physique, psychologique et sexuelle. Des rapports de forces brutaux resurgissent dans le glissement progressif des

répliques. Les dialogues de Pinter mélangent un certain naturel d'expression (courtes répliques, formules simples, notations grivoises, utilisation de l'argot) à un dérapage verbal à la limite de l'onirisme, empli de saturations et de répétitions (monologues, suspensions, coupes, ellipses, silences). L'idée de communication est ainsi mise à mal dans un univers où le faux et le véridique se télescopent sans pouvoir être démêlés. Le style inimitable de l'auteur, empli de perturbations langagières absurdes d'où émerge un certain humour, a même donné naissance à un adjectif couramment utilisé dans le domaine artistique : pinteresque.

Trahisons : pièce maîtresse.

Dans “Trahisons”, Pinter traite un sujet vieux comme le monde : l'adultère bourgeois ; il reprend la situation la plus éculée : le triangle constitué du Mari, de la Femme et de l'Amant, comme chez Feydeau ou Guitry, sauf qu'ils sont plus effrayants, plus contemporains, plus réels. Pinter fait du théâtre de boulevard subverti par le cynisme, la duplicité, la menace qui s'insinuent dans les dialogues. Tout a déjà eu lieu de ces trahisons entre amis, mais tout se rejoue et se déjoue,

se recompose et se déconstruit, en neuf tableaux rétrospectifs. Pinter, en remontant le temps avec brio, fait de l'amour une comédie dérisoire, ironique et mortelle.

Il se livre à une déconstruction qu’il opère avec sa vision habituelle, multiforme et impénétrable. Il raconte cette pièce en commençant par la fin, en présentant les épisodes à rebours. Ce schéma chronologique inversé est un coup de génie, car, à travers ces reflets insidieux d'existences brillantes et vaines, on comprend peu à peu pourquoi ces personnages sont devenus amants. En retournant dans

le passé, on retrouve le plaisir de cette relation avec des sous-entendus, des silences intimes qui révèlent des mensonges et des remarques obliques. Cette pièce si belle, si fuyante et douce cache ainsi des moments de brutalité assourdis dans ses répliques, de mélancolie et d’un suprême cynisme.

Avec Mauro Bellucci, Camille Figuereo, Valentin Rossier Scénographie et lumières Davide Cornil Musique David Scrufari Costumes Trina Lobo Administration Eva Kiraly Coproduction New Helvetic Shakespeare Company et Théâtre Le Crève-Cœur

I Manuela de Claude-Inga Barbey I Regards extérieurs Séverine Bujard et Doris Ittig I 01 au 13 juin 2021

Bien connue du public romand, la comédienne, écrivaine et humoriste Claude-Inga Barbey a créé avec succès ce personnage il y a deux ans, dont les chroniques hebdomadaires « Olé! » sont diffusées sur les sites des Quotidiens romands. Son personnage, Manuela parle de tous les sujets sociétaux et nous renvoie une image caustique de notre monde avec un parler franc, qui donne une voix à celles et ceux que l’on ne veut pas trop voir ni écouter…Ainsi ce spectacle en création promet une vision de l’autre et du soi des plus irrévérencieuse et sarcastique, détournant les codes de la bienséance et du politiquement

correct. Ce qui différencie Claude-Inga Barbey des autres humoristes, c’est sa duplicité artistique qui vacille entre humour et tragédie. C’est ce qui transparaît dans son ou ses personnages, profondément humains.

Manuela fait le ménage dans un théâtre après les représentations. Sur scène se joue chaque soir la pièce « Othello », dans une version plus proche de la performance théâtrale que de la représentation classique de Shakespeare.

Malheureusement Manuela, notre femme de ménage, perd un accessoire essentiel pour la pièce. Ce drame réel, va ainsi devenir un prétexte pour Manuela qui s’en empare, pour décrire sa propre condition de femme de ménage, sa vie d’immigrée victime des injustices sociales.

L’infâme Iago prend les traits de son assureur, parfois ceux du concierge Kosovar ou de Pierre Maudet, Othello ceux du chef des ressources humaines de l’entreprise de nettoyage, et Manuela elle-même se reconnaît parfois dans les traits de la crédule Emilia ou de ceux de la pauvre Desdémone.

Manuela parle de tout... De la crise climatique des inégalités de genre, en passant par les sujets d’actualité qui nous touchent dans notre quotidien. Amazon, les robots, James Bond, Greta Thunberg, Federer, le bio etc. Ce spectacle plein d’humour et d’ironie est évidemment une façon aussi de parler du théâtre, du bon théâtre, mais aussi des pièces interminables aux prétentions intellectuelles cloisonnées.

Avec Calude-Inga Barbey Lumière Rinaldo Del Boca Production La Compagnie sans scrupules Soutien Fondation du Casino de Meyrin