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le château de versailles consacre une exposition à la place des sciences à la cour des rois. sciences véritables ou curiosités ?
Sous la direction de béatrix saule, Directeur
général de l’Établissement public du musée
et du domaine national de Versailles,
et catherine arminjon, Conservateur général
honoraire du patrimoine.
1leS LIEUX DE SCIENCES à versailles
En introduction, sous une reproduction
du globe céleste de Coronelli,
symbole d’une science au service
du pouvoir puisqu’il présente l’ état
du ciel au moment de la naissance
de Louis XIV, un fi lm « full HD 360° »
montre que le Château, ses
dépendances, ses jardins et parcs,
ses environs, ont accueilli toutes
les formes de l’ activité scientifi que :
l’application, l’ expérimentation,
l’enseignement, la pratique et la
démonstration. Chacune fait l’ objet
d’une section de l’exposition.
Cependant, Versailles est d’ abord
le lieu du pouvoir.
2-1 & 2-2
Sciences et pouvoir
Siège offi ciel de la monarchie absolue
pour plus d’un siècle, de 1682 à 1789,
Versailles exerce une tutelle sur
les sciences par l’ entremise notamment
de l’ Académie royale des Sciences.
La période, qui couvre la fi n de l’ âge
classique et le temps des Lumières,
connaît l’ essor d’une véritable politique
scientifi que.
sciences et curiosités à La cour de versaillesParcours de l’exposition par Béatrix Saule
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l'exercice de la tutelle du pouvoir
À Versailles, les ministres en charge
de la tutelle des sciences interviennent
dans la nomination des académiciens,
suscitent des « enquêtes » à travers
le royaume et des expéditions lointaines,
accordent des subsides aux savants.
Ils favorisent les disciplines qui répondent
aux objectifs du pouvoir : l’astronomie
pour la navigation, la géométrie
et la chimie pour l’artillerie, la géodésie
et la cartographie à des fi ns cadastrales
et fi scales, la médecine et l’apothicairerie
pour la santé publique, la botanique
et l’agronomie pour lutter contre les
famines, la physique pour ses applications
techniques...
Accompagnant la promotion des arts
utiles et des techniques, les premières
écoles d’ingénieurs sont fondées : Ponts
et chaussées, Génie maritime, Génie
de Mézières pour les fortifi cations, Mines.
Parallèlement sont créées l’Académie
de chirurgie, les Écoles vétérinaires
de Lyon et d’Alfort, les Sociétés
d’agriculture et la Société royale
de médecine. Bien des savants, parmi
les plus renommés, sont à la Cour comme
offi ciers de santé ou enseignants
des princes. Cette présence de savants
en attire d’autres. Quesnay, médecin
de Madame de Pompadour, reçoit
dans son logement au château Diderot
et d’Alembert. Si le pouvoir interdit
l’Encyclopédie, c’est en raison des positions
philosophiques qu’elle adopte, non pour le
recensement des savoirs et des techniques
qu’il n’ a cessé d’encourager depuis Colbert.
planSalle 1Lieux de sciences
à Versailles
Salles 2-1 & 2-2
Sciences et pouvoir
Salle 3Versailles,
lieu d’application
des sciences
et des techniques
Salles 4-1 & 4-2
Versailles, terrain
d’expérimentation
Salle 5Versailles, lieu
d’enseignement
des sciences
et des techniques
Salles 6-1 & 6-2 Versailles, lieu
de pratiques princières
Salle 7Versailles, lieu
de démonstrations
entrée
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4-1 4-2
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travaux d'adduction d'eau et hydraulique
Pour off rir à Louis XIV le plaisir
des fontaines, il faut 35 292 muids d’ eau
(env. 9500 m3) pour 2 heures et demie
de spectacle. Entre 1670 et 1685, temps
de la création du grand réseau versaillais,
les questions hydrauliques mobilisent
savants et ingénieurs.
Ce qui était jusqu’alors empirique devient
scientifi que : Perrault, Mariotte, La Hire,
Gobert, Picard, Römer se livrent
aux premiers calculs de débits a priori,
aux études des frottements et de résistance
des matériaux pour les conduites.
Avancée technologique, des canalisations
en fonte de fer constituées d’éléments
standardisés qui s’emboîtent sans soudure
remplacent les tuyaux de terre cuite,
bois ou plomb. Les ajutages, qui donnent
aux jets leur forme, sont perfectionnés
par les Francine et, selon les conseils
de Huygens, la consommation en eau
est réduite.
Le système fonctionnant par gravitation,
il faut non seulement beaucoup d’ eaux
mais des eaux élevées. Tout un ensemble
de pompes, d’aqueducs, de réservoirs
est alors créé. La gigantesque machine
de Marly puise les eaux de la Seine
grâce à 14 roues à aube. Trop ambitieux,
allant jusqu’ à 70 km de Versailles,
l’aqueduc par Vauban, conseillé par
les académiciens, ne sera pas achevé.
Sciences et techniques sont aussi à l’ œuvre
sous les formes les plus variées au
service de l’embellissement et du confort
de la résidence royale. En retour, elles
se trouvent glorifi ées par leur évocation
dans les décors des Grands Appartements
(où chaque salon est dédié à une planète)
jusqu’ à l’appartement intérieur du Roi
(garde-robe de Louis XVI).
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3 versailles, lieu d'application des sciences et des techniques
C’est par son ampleur sans précédent
que le chantier de Versailles pose
de nouveaux problèmes. Il sollicite,
outre les savoir-faire traditionnels,
de nouvelles connaissances scientifi ques
et techniques. Plus que les bâtiments,
ces besoins nouveaux concernent
les jardins.
arpentage et nivellement
Le terrain ne se prête pas naturellement
aux projets du Roi : il n’ est pas structuré
et il n’ offre aucune eau utilisable pour
les fontaines. Avant de réaliser les travaux,
il convient de dresser la figure du terrain
et des environs grâce à l’arpentage et au
nivellement. Trouver des eaux nécessite
d’aller si loin que de nouveaux instru-
ments et des calculs prenant en compte
la rotondité de la terre sont mis au point
puis perfectionnés au fil des pratiques
par une équipe d’académiciens autour
de l’astronome, l’abbé Jean Picard.
Inspirée de ses lunettes astronomiques,
la lunette de visée de Picard est capable
de mesurer les angles et les niveaux.
Grâce à elle, il prouve l’impossibilité
de dériver les eaux de la Loire, solution
dont Riquet, réalisateur du Canal
du Midi, avait convaincu Colbert. Outre
l’ économie qu’il fait ainsi faire au Trésor
royal, Picard préconise des solutions
pratiques et pérennes tant pour les eaux
d’agrément que pour les eaux bonnes
à boire. Parallèlement au travail des
académiciens, Le Nôtre et ses aides font
de même à l’intérieur du domaine, mais
avec des instruments et un savoir
en géométrie et optique qui remontent
pour la plupart à la fi n du XVIe siècle
mais qui, dès lors, s’ affi nent et se théorisent.
2-1
la fondation de l'académie royale des sciences
Autrefois, partout en Europe, les savants
se groupaient autour de mécènes qui
les rétribuaient. Colbert entreprend
de les rattacher au Roi, dans l’idée de faire
servir les sciences au bien de l’État.
En 1666, il réunit une douzaine
de savants autour du hollandais Huygens.
Peu à peu sont attirées d’autres célébrités,
tel le bolonais Jean-Dominique Cassini
qui va diriger l’Observatoire créé l’ année
suivante. Le grand tableau de Testelin
célèbre la fondation de l’Académie
et de l’Observatoire, sous la forme d’ une
visite du Roi à la Compagnie. Le Roi
est entouré de son frère, Monsieur,
et des seigneurs de sa suite. Colbert,
au centre de la composition et agissant
comme intermédiaire, lui présente
les académiciens. Il s’ agit toutefois d’une
représentation imaginaire puisque
la peinture est antérieure à l’unique visite
du Roi à l’Académie, le 5 décembre 1681.
Ce n’ est qu’ en 1699 que le pouvoir
accorde à la compagnie le titre offi ciel
d’Académie royale ainsi qu’un règlement
qui défi nit 6 sections : la géométrie,
l’astronomie, la mécanique, l’anatomie,
la botanique et la chimie. En début
d’année, l’ Académie se rend à Versailles
pour y présenter ses publications.
Ce rituel souligne que l’ Académie royale
des Sciences off re au Roi un gage tangible
des travaux qu’il a subventionnés.
Les liens entre Paris et Versailles sont
désormais défi nis, et l’Académie devient
l’instrument de la science offi cielle.
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10. Jean Le Rond d’Alembert (1717-1783), mathématicien, directeur de « l’Encyclopédie » jusqu’en 1757, d’après Maurice Quentin de La Tour, 1773
11. Louis XIV, protecteur des Arts et des Sciences, Jean Garnier, 1672
12. Portrait présumé d’Antoine-Laurent de Lavoisier, (1743-1794), chimiste, François-Louis Brossard de Beaulieu, 1784
13. Anne-Robert-Jacques Turgot, (1727-1781), contrôleur général des Finances (1774-1776) Antoine Graincourt, d’après François Hubert Drouais, 1782
1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 14. Colbert présente à Louis XIV les membres de l’Académie des sciences créée en 1666, (détails), Henri Testelin
15. Graphomètre à pinnules, Michael Butterfi eld, avant 1700
16. Vue de la machine de Marly, Pierre Denis Martin, 1722
17. Boussole, Cabinet de la Garde-robe de Louis XVI, 1788
18. Char de Saturne, esquisse pour la peinture du plafond du salon de Saturne, Noël Coypel, 1672
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Horaires
Le Château est ouvert
tous les jours, sauf
le lundi et certains jours
fériés, ou lors de
cérémonies offi cielles :
haute saison de 9h à 18h30,
dernière admission : 18h.
basse saison de 9h à 17h30,
dernière admission : 17h.
Crédits
© Château de Versailles,
Jean-Marc Manaï
© Château de Versailles,
Christian Milet
© RMN, Franck Raux
© RMN, René-Gabriel
Ojéda
© RMN, Gérard Blot
© RMN, Michèle Bellot
© RMN, Droits réservés
© RMN, Hervé
Lewandowski
© RMN, Daniel Arnaudet
© Musée des arts
et métiers-Cnam, Paris,
photo Philippe Hurlin
© Musée des arts
et métiers-Cnam, Paris,
photo Michèle Favareille
© Musée Lorrain, Nancy,
photo C. Philippot
© RMN, Agence Bulloz,
Musée Carnavalet
© Des Signes, Paris
L’exposition est organisée par l’Établissement public du musée et du domaine national de Versailles. Grâce au mécénat
du groupe Alten
et de la Compagnie de Saint-Gobain
ÉTABLISSEMENT PUBLIC DU MUSÉE ET DU DOMAINE NATIONAL DE VErSAILLESRP 834 78 008 Versailles cedex
Information et réservation au 01 30 83 78 00
www.chateauversailles.fr
6-2pratiques et collections scientifiques de louis xvi
Louis XVI dépasse son grand père
Louis XV dans sa démarche scientifique.
Confrontée à l’inventaire de ses
cabinets privés dressé à la Révolution,
l’image du « roi serrurier » apparaît
bien caricaturale. Sa pratique des sciences
et surtout des techniques révèle, au-delà
de l’intérêt personnel, la volonté de
hisser la puissance militaire, économique
et industrielle du royaume au premier
rang en Europe.
À Versailles, dans l’appartement privé
du Roi, les collections royales de curiosités
et d’instruments scientifi ques s’enri-
chissent de nouveaux chefs-d’œuvre :
meubles mécaniques, baromètres,
pendules astronomiques… Une ancienne
salle à manger est transformée
en conservatoire de curiosités. Expert
en matière de marine (contrairement
à Louis XV), Louis XVI s’entoure
de maquettes et de plans d’exécution
de vaisseaux, de vues des ports de France,
dont celui de Cherbourg, l’une des
grandes réalisations du règne. Expert
également en cartographie, le Roi corrige
lui-même les cartes. Ayant suivi
les voyages de Cook et leur tragique fi n,
il décide et participe à la préparation
de l’expédition scientifi que de La Pérouse.
Au-dessus de l’appartement privé,
Louis XVI dispose de dix laboratoires,
ateliers et bibliothèques dont un cabinet
de chimie, une galerie de physique
où il se livre à des expériences d’électricité,
un cabinet d’artillerie pour l’étude
des nouveaux fusils et canons, deux pièces
pour abriter ses cinq tours et une forge
auprès des ateliers de serrurerie
et de menuiserie.
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et spécialiste des serres chaudes, qui
va constituer, avec son fi ls Antoine, la plus
grande collection botanique d’Europe
(4000 variétés). Trianon devient alors un
véritable centre de recherche en botanique.
Durant plus de 30 ans, des plantes arrivent
du monde entier, rapportées par des
botanistes voyageurs ou échangées avec
des savants étrangers, tel le botaniste
suédois Linné. Ces nouvelles plantes sont
acclimatées dans trois types de jardins :
le fruitier, le fl euriste et le botanique, dotés
de serres chaudes et de bassins pour
les plantes aquatiques. En 1759, Bernard
de Jussieu, démonstrateur de botanique
au Jardin du Roi, réalise le catalogue
de ce jardin où les plantes se trouvent
distribuées suivant sa nouvelle méthode
dite « naturelle ». Duchesne y conduit
ses expériences sur le croisement
des fraisiers, études fondamentales
sur l’évolution des espèces.
agronomie
À partir de 1740, on assiste à un véritable
engouement pour l’agronomie et
l’économie rurale. À l’initiative personnelle
de Louis XV, des expériences agricoles
s’installent à Trianon contre la corruption
des blés, pour l’amélioration des cultures
fourragères et légumières. Par ailleurs, dans
son entresol du Château, Quesnay collecte,
avec ses amis physiocrates, des données
agricoles et économiques afi n d’établir
le Tableau œconomique (1758), représen-
tation schématique de l’économie
du royaume.
4-1 & 4-2
médecine, chirurgie, apothicairerie
En la matière, la Cour n’est pas le cadre
de véritables expérimentations, mais,
faisant appel aux meilleurs praticiens
et promouvant de nouvelles techniques,
elle participe à l’avancée des sciences
médicales. Les médecins du Roi Fagon,
Chirac, Helvétius, Sénac, Lassone
et Vicq d’Azyr, les chirurgiens Félix,
Maréchal, Dionis, La Peyronie,
La Martinière, les apothicaires Lémery
et Boulduc ont marqué leur époque
par leurs publications ou leurs pratiques.
Quand rois et princes soumettent leur
corps sacré et leur sang royal à l’acte
médical, ils lui confèrent valeur d’exemple
et de garantie : opération de la fistule
de Louis XIV, usages de nouveaux
remèdes à base d’antimoine, d’ipéca,
de quinquina, inoculation des princes
contre la variole après la mort de Louis XV.
Contre les charlatans et les empoison-
neurs, Louis XV crée la Commission
des remèdes secrets dont les membres
sont en majorité officiers de la Cour,
jusqu’à la création de la Société royale
de médecine (1778) qui prend le relais.
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7 versailles, lieu de démonstrations
Présentation au Roi et démonstration
devant la Cour constituent la consécration
suprême, équivalente à un Prix Nobel.
Elles sont aussi destinées à être acquises
par la Couronne et à faciliter les débouchés
vers les manufactures ; les capitaux,
tant ceux du Trésor royal que ceux
des particuliers, sont concentrés à la Cour.
Comme on se méfie des charlatans
ou des fous, l’autorisation royale
n’est pas aisée à obtenir. Cependant
les présentations au Roi sont très
fréquentes ainsi que l’attestent La Gazette de France et Le Journal des Savants.La démonstration devant toute la Cour
est plus rare et tient davantage
de la science-spectacle. Elle divertit,
satisfait la curiosité pour les nouveautés ;
elle peut aussi servir au prestige
du royaume.
huit exemples de présentation au roi ou de démonstration devant la cour
- Le miroir ardent présenté par Villette en vue
de son acquisition par Louis XIV (1669) ;
- L’ expérience d’électricité de Nollet
dans la galerie des Glaces, cas typique
de science-spectacle (1746) ;
- La pendule de La Création du monde, présentée
à Louis XV pour servir la notoriété de son
inventeur Passemant, car elle a déjà un acquéreur
(1754) ;
- La carte de Cassini, afin de convaincre le Roi
de trouver les finances qui manquent à son
achèvement (1785) ;
- Le procédé de fabrication de la porcelaine dure,
pour promouvoir la production de la manufacture
de Sèvres (1769) ;
- La joueuse de Tympanon, acquise par la Reine
comme curiosité, et finalement remise
à l’Académie des sciences en considération
de sa valeur scientifique (1784) ;
- Le baquet de Mesmer, un exemple à la limite
du charlatanisme (1781) ;
- Enfin la Montgolfière des frères Montgolfier,
la plus célèbre des démonstrations devant
la Cour, qui assure à son inventeur le soutien
du Roi et sert le prestige du royaume
car tous les ambassadeurs des pays étrangers
y assistent (1783).
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23. Pendule astronomique de Passemant (détail),1749-1753
24. Machine pneumatique de l’Abbé Nollet, 1750-1755
25. Microscope off ert par Louis XV au roi Stanislas, Alexis Magny, 1751
26. Louis XVI donnant ses instructions au capitaine de vaisseau La Pérouse, le 29 juin 1785, Nicolas André Monsiau, 1817
27. Pendule de la création du mondede Passemant, (détail), 1754
28. La joueuse de tympanon, Peter Kintzing et David Roentgen, 1784
26 octobre 2010 - 27 février 2011
4-1 & 4-2 Versailles, terrain d'expérimentation
Versailles off re, sur place et dans
ses dépendances, des ressources pour
la recherche : des espaces, des
collections, des équipements coûteux.
4-1
zoologie
À partir de 1660, l’anatomie animale
connaît un essor sans précédent.
La Ménagerie de Versailles y participe
en fournissant aux savants les cadavres
de ses animaux. En vue de la publica-
tion par l’Académie de l’Histoire naturelle des animaux, projet soutenu
par Colbert, Claude Perrault et
Du Verney procèdent aux dissections
qui ont parfois lieu sur place. En 1681,
Louis XIV assiste à celle d’un
éléphant et d’un crocodile. Plus tard,
La Peyronie, Premier chirurgien
de Louis XV, puis Buffon, le directeur
du Jardin royal à Paris (futur Jardin
des plantes), tirent profit du zoo
royal, notamment de la présence
du rhinocéros de Louis XV, pour leurs
études. Inspiré par Madame de
Pompadour, grande amie de Buff on,
Louis XV fait aménager à Trianon
de 1749 à 1751 une nouvelle ménagerie
« domestique », qui comporte une
vacherie, une bergerie, des poulaillers
et une volière. Elle est créée pour
la distraction, mais aussi pour l’utilité :
l’acclimatation de races étrangères,
notamment de vaches hollandaises,
et l’ amélioration des races autochtones.
À son tour, Louis XVI crée une ferme
modèle dans le domaine de
Rambouillet qu’il vient d’acquérir
pour l’acclimatation des mérinos,
en lien avec les études de Daubenton
sur le croisement du mouton.
Maréchaux-ferrants à la Petite Écurie,
de père en fi ls, les Lafosse, spécialistes
en hippiatrie, y font évoluer la
maréchalerie, l’anatomie et les sciences
vétérinaires.
4-2
botanique
Créé pour fournir les tables royales,
le Potager du Roi, de 9 hectares,
est aussi un lieu d’expérimentation
scientifique sous la direction
de La Quintinie. Plus que dans
la culture des melons, pêches, poires
ou petits pois où pourtant il fait
merveille, ses réelles innovations
concernent celle des asperges
et des figuiers ainsi que l’emploi
en grand nombre de cloches
et de châssis en verre de grand prix.
Au XVIIIe siècle, les Le Normand
y acclimatent le caféier et l’ananas.
Lorsque Louis XV décide en 1750
d’aménager à Trianon de nouveaux
jardins, il en confi e la direction
à Claude Richard, horticulteur
19
5 versailles, LIEU d'enseignement des sciences et des techniques
De Louis XIV à Louis XVI, l’ enseignement
princier des sciences – jusqu’alors,
enseignement « curieux » de phénomènes
scientifi ques et acquisition de connais-
sances pratiques de métiers –
se transforme en un enseignement
méthodique dispensé par les plus grands
savants, à la pointe des connaissances.
Les matières scientifi ques privilégiées sont
la géométrie pour l’art des fortifi cations
et l’artillerie, la géographie pour l’analyse
des cartes et des plans militaires,
et l’astronomie estimée digne des rois.
Au milieu du XVIIIe siècle, les sciences
expérimentales (physique, chimie)
prennent vraiment leur place à Versailles.
La connaissance des animaux
et la botanique s’enseignent au cours
de promenades à Trianon.
Puis les mathématiques s’émancipent
de la castramétation (art de choisir
et de disposer l’emplacement d’un camp
ou d’une place forte), et la marine devient
l’objet d’une science à part entière.
Sous Louis XIV, l’enseignement théorique
est complété par des déplacements
à l’Académie, à l’Observatoire, au Jardin
du Roi. Le jeune Louis XV visite
également des cabinets de particuliers.
À son retour à Versailles en 1722,
bibliothèques et laboratoires se dévelop-
pent. En 1744, Louis XV transforme
le prestigieux Cabinet des médailles
de Louis XIV pour le mettre à disposition
de l’abbé Nollet, savant électriseur, avant
que celui-ci ne se transporte à l’Hôtel
des Menus-Plaisirs et forme le Cabinet
de physique des Enfants de France.
À la veille de la Révolution, le cabinet de
curiosités ethnographiques du marquis
de Sérent est acquis pour les princes.
À côté d’instruments scientifi ques
(globes, trousses de mathématiques)
et de traités dédiés aux jeunes princes,
apparaissent les premiers instruments
pédagogiques, au premier rang desquels
fi gurent ceux de l’abbé Nollet.
6-1 & 6-2 versailles, lieu de pratiques princières
Dans les cabinets de Louis XIV, au milieu
de ses collections précieuses, rares
sont les instruments, textes ou manuscrits
scientifi ques ; car s’il protège les sciences,
Louis XIV ne les pratique pas, au contraire
de ses successeurs dont les cabinets
scientifi ques se développent sur trois
niveaux autour de la cour des Cerfs.
6-1pratiques et collections scientifiques de louis xv
La culture de Louis XV est nettement
à dominante scientifique. Dès 7 ans,
il se passionne pour la géographie et la
cartographie ; à 11 ans, il découvre
l’astronomie. En marge de son instruction,
il aborde l’anatomie et la chirurgie ;
de la médecine, il en vient à s’intéresser
à la botanique. Il lit beaucoup, consulte
assidûment les cartes de sa galerie
de géographie, assiste à des dissections,
herborise à Trianon, observe le ciel,
ne manquant aucun événement
astronomique. Dans le parc de son petit
château de La Muette, un Cabinet
d’optique et de physique abrite le plus
grand télescope existant alors.
Il recherche la compagnie des savants :
les astronomes Cassini II et son fi ls
Cassini de Th ury, les frères Lemonnier,
l’un astronome et l’autre médecin-
botaniste, le chirurgien La Peyronie,
et parmi les courtisans, le duc d’Ayen,
le duc de Croÿ, le duc de Chaulnes.
Ce dernier surtout est un savant
renommé, inventeur d’instruments
de mesure. Les collections d’art de
Louis XV ne sont plus des peintures,
des sculptures ou des pierres dures
mais des instruments scientifi ques dont
la pendule de Passemant est le plus
beau fl euron.
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19. Un ananas en pot, Jean-Baptiste Oudry, 1733
20. Antoine Parmentier (1737-1806), agronome et botaniste, François Dumont, l’Aîné, 1812
21. L’ Ange anatomique, Jacques Gautier Dagoty, 1746
22. Louis XV enfant recevant une leçon de mathématique en présence du Régent et du cardinal de Fleury, École française, début du XVIIIe siècle ©
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