Sciences économiques et sociales Terminale Thème 5 ...

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Sciences économiques et sociales Terminale Thème 5 : Intégration et solidarité 1 Lycée Olympe de Gouges, Madame Nave-Bekhti Chapitre 10. Comment les individus s’intègrent-ils à une société et comment se construit la cohésion sociale ? Notions à acquérir cohésion sociale, instances d'intégration, lien social, socialisation, intégration, pauvreté, anomie, déviance, individualisme, solidarité mécanique/organique Introduction Entre le discours de l’ancien président de la République française, Jacques Chirac sur le thème de la fracture sociale, et les moments d’effervescence populaire comme lors de la finale de la coupe du monde de football de 1998, la société française s’interroge régulièrement sur l’efficacité de son intégration, sur la force de sa cohésion sociale. Au-delà des discours politiques et de certains moments forts, il reste à comprendre par quels mécanismes sociaux les individus prennent place dans la société dans laquelle ils vivent, et comment ce faisant cette société acquiert une relative unité, est traversée par des liens de solidarité entre ses membres. Cela renvoie en fait au thème de la socialisation (processus d’acquisition de normes et de valeurs tout au cours de la vie d’un individu) non seulement du point de vue de la relation de l’individu à la société, mais aussi de la structure de la société elle-même. Toutefois, en décrivant ces mécanismes d’intégration, il faut garder à l’esprit le fait qu’ils n’aboutissent pas toujours à une intégration réussie. La montée en puissance de l’exclusion et de la pauvreté, et leurs analyses sociologiques semblent même montrer que certaines instances d’intégration sont défaillantes notamment du fait de leurs transformations récentes. Après avoir expliqué quels étaient les mécanismes d’intégration des individus à la société et la nature de la solidarité sociale qui en résulte, nous étudierons les conséquences des transformations des instances d’intégration avant d’expliquer comment se construisent l’exclusion, l’anomie et la déviance. I. Les mécanismes de l’intégration des individus à la société A. La socialisation est au cœur de l’intégration des individus à la société Document n°1 page 258. Documents n° 6 (questions 1 et 3) et 8 (questions 2 à 5) pages 260-261. Document n°18 pages 266-267. B. Et peut mener à plusieurs formes de solidarité Document n°3 page 259. II. Ne sont pas infaillibles, notamment du fait de certaines évolutions sociales en cours

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Sciences économiques et sociales Terminale Thème 5 : Intégration et solidarité

1 Lycée Olympe de Gouges, Madame Nave-Bekhti

Chapitre 10. Comment les individus s’intègrent-ils

à une société et comment se construit la cohésion sociale ?

Notions à acquérir

cohésion sociale, instances d'intégration, lien social, socialisation, intégration,

pauvreté, anomie, déviance, individualisme, solidarité mécanique/organique

Introduction Entre le discours de l’ancien président de la République française,

Jacques Chirac sur le thème de la fracture sociale, et les moments d’effervescence populaire comme lors de la finale de la coupe du monde de football de 1998, la société française s’interroge régulièrement sur l’efficacité de son intégration, sur la force de sa cohésion sociale.

Au-delà des discours politiques et de certains moments forts, il reste à comprendre par quels mécanismes sociaux les individus prennent place dans la société dans laquelle ils vivent, et comment ce faisant cette société acquiert une relative unité, est traversée par des liens de solidarité entre ses membres. Cela renvoie en fait au thème de la socialisation (processus d’acquisition de normes et de valeurs tout au cours de la vie d’un individu) non seulement du point de vue de la relation de l’individu à la société, mais aussi de la structure de la société elle-même. Toutefois, en décrivant ces mécanismes d’intégration, il faut garder à l’esprit le fait qu’ils n’aboutissent pas toujours à une intégration réussie. La montée en puissance de l’exclusion et de la pauvreté, et leurs analyses sociologiques semblent même montrer que certaines instances d’intégration sont défaillantes notamment du fait de leurs transformations récentes.

Après avoir expliqué quels étaient les mécanismes d’intégration des individus à la société et la nature de la solidarité sociale qui en résulte, nous étudierons les conséquences des transformations des instances d’intégration avant d’expliquer comment se construisent l’exclusion, l’anomie et la déviance.

I. Les mécanismes de l’intégration des individus à la société A. La socialisation est au cœur de l’intégration des individus à la société

Document n°1 page 258. Documents n° 6 (questions 1 et 3) et 8 (questions 2 à 5) pages 260-261. Document n°18 pages 266-267.

B. Et peut mener à plusieurs formes de solidarité Document n°3 page 259.

II. Ne sont pas infaillibles, notamment du fait de certaines évolutions sociales en cours

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A. La famille se transforme Documents n°13, 14 et 17 pages 264-265. Document A.

B. Un rapport complexe à l’école Document A. Document n°21 page 267.

C. Avec le chômage de masse et la précarisation, le travail peine à jouer pleinement son rôle intégrateur

Liens avec les cours menés depuis le début de l’année et question 6 sur le document 8 page 261

III. Donc des phénomènes se développent qui laissent penser que la cohésion sociale est insuffisante A. L’exclusion

Dossier complémentaire B.

B. L’anomie et la déviance Documents n°31 et 32 page 272.

Conclusion

Ce sont les mécanismes de socialisation, primaires et secondaires, tout au long de la vie, par différentes instances de socialisation au premier rang desquelles on trouve la famille, l’école, le travail et la citoyenneté qui permettent une double intégration sociale. Intégration des individus à la société en leur faisant intérioriser les normes et les valeurs de celle-ci, mais aussi intégration sociale en donnant à cette société une cohérence minimale qui permet à tous les membres de la société de coexister ensemble. La forme de cette solidarité tend de plus en plus à être organique, c’est-à-dire fondée sur la différenciation et l’interdépendance de tous, et de moins en moins mécanique, c’est-à-dire fondée sur la similitude des individus. Ces évolutions laissent plus de place à l’individualité, à l’individualisme. Dans le même temps, les principales instances de socialisation connaissent des transformations importantes (divorcialité, familles monoparentales et recomposées en augmentation, une école qui peine à répondre aux attentes de la population, un chômage et une précarisation croissants) qui rendent plus difficile la réussite de la socialisation. C’est sans doute en partie ce qui explique la permanence et l’augmentation des phénomènes tels que l’exclusion, l’anomie et la déviance qui révèlent les échecs d’intégration qui peuvent fragiliser la cohésion sociale.

Une fois ce constat fait d’une intégration dont on connaît les mécanismes et dont on sait les défaillances, reste à savoir si le politique doit rester les bras croisés ou s’il peut intervenir, et si oui comment, afin de contribuer lui aussi à la cohésion sociale.

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Documents complémentaires Document A

Cette distinction entre socialisation primaire et secondaire est de plus en plus remise en cause. Très tôt, le jeune enfant se socialise à l’extérieur de la famille par l’extériorité grandissante de la socialisation primaire : scolarité précoce obligatoire et développement du travail des femmes entraînent les expériences de la nourrice, de la crèche, de la maternelle, du moins en France. […] Cette pluralisation des instances de socialisation a son revers et entraîne des problèmes : « dès lors que la famille ne constitue pas l’unique instance de socialisation primaire, rien ne garantit a priori la convergence des principes socialisateurs hétérogènes, voire concurrents, et même potentiellement contradictoires des différentes instances qui interviennent1 ». Les individus, affranchis d’une socialisation uniforme, peuvent se sentir abandonnés.

1. Bernard LAHIRE, L’homme pluriel, les ressorts de l’action, Paris, Nathan, 1998. Source : Alexis TREMOULINAS, « Etat des lieux sur la socialisation », Ecoflash, n°224, janvier 2008, Scérén-CNDP.

Questions : 1) La famille est-elle seule responsable de la socialisation des jeunes enfants ? 2) En quoi les transformations récentes de la famille peuvent-elles accentuer l’hétérogénéité des

principes socialisateurs,

Dossier documentaire B

Document 1 : l’exclusion, un processus plutôt qu’un état

Questions :

1) Qu’est-ce qu’un exclu ? 2) La notion d’exclusion désigne-t-elle seulement la situation des exclus ? 3) Quels peuvent-être les facteurs qui conduisent à l’exclusion selon Serge Paugam ?

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Document 2 : caractéristiques socio-démographiques des sans-domicile en France

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Document 3 : les visages de la pauvreté

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Document 4 : la pauvreté, un concept aux formes multiples et aux contours flous

Pour sortir de France Document supplémentaire : En Irlande du Nord, des écoles jouent la carte de l'intégration

Ces établissements ont encore un rôle de pionnier dans la province, qui votait mercredi pour consolider la paix entre protestants et catholiques

La devise du Lagan College, dans la banlieue sud-est de Belfast, ressemble à une profession de foi : « Donner la meilleure éducation aux catholiques, aux protestants et aux autres. » Accomplir ce programme irait de soi dans la plupart des écoles d'Europe. En Irlande du Nord, cela reste une prouesse.

Le Lagan College est une école secondaire pas comme les autres. Elle est « intégrée », c'est-à-dire ouverte à tous les enfants. Et elle fut la première à l'être, il y a vingt-six ans. Depuis, cinquante-sept écoles l'ont imitée. Statistiquement, c'est peu, puisque ces établissements n'accueillent que 5 % de la population scolaire. Mais, par leur exemple, ils montrent le chemin de la réconciliation.

Les débuts difficiles du Lagan College appartiennent à la légende. Il a vu le jour en 1981 grâce à la volonté d'un groupe de parents protestants et catholiques. Ces familles chrétiennes, convaincues que le conflit nord-irlandais n'était pas d'essence religieuse, et résolues à le démontrer, ont rassemblé leurs enfants dans une classe de 28 élèves, autour d'un seul professeur. Elles lancèrent un défi à l'Etat, aux Eglises, aux politiciens et à l'opinion. Au pire moment de la guerre civile, cela demandait du courage. Les adversaires de cette initiative ne se privèrent pas de manifester leur bruyante hostilité, rappelle la principale du collège, Helen McHugh.

Après bien des péripéties, et quelques déménagements, cette école pionnière est devenue un lieu d'excellence. Initialement financé par des donations et les contributions des parents, le collège a été pris en

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charge, à partir de 1991, par le ministère de l'éducation. Il compte aujourd'hui 1 150 élèves des deux sexes, âgés de 10 à 18 ans, et 80 enseignants. L'originalité du Lagan College, explique Helen McHugh, tient d'abord à l'origine religieuse de ses élèves : 40 % de catholiques, autant de protestants et 20 % d'autres ou de non-croyants, catégorie de moins en moins rare, car l'Ulster n'échappe pas à la déchristianisation. L'équilibre s'applique aussi aux enseignants et aux membres du conseil des gouverneurs qui veille sur la gestion. Un prêtre et un pasteur font office d'aumôniers et animent en commun, pour ceux qui le souhaitent, les séances de prières.

Le programme d'études et l'organisation scolaire reflètent cette mixité. Exemple : les jeunes protestants s'initient au football gaélique, un jeu traditionnellement catholique. Il s'agit de permettre aux élèves « de se respecter et d'accepter leurs différences ». Et cela marche, comme le confirme Stephen, un jeune protestant : « Ici, on apprend à mieux connaître les traditions des autres. »

80 % des parents nord-irlandais, selon un sondage, jugent l'éducation intégrée « essentielle à la paix et à la réconciliation ». Mais l'offre est loin de répondre à la demande. L'Irlande du Nord compte, pour l'essentiel, deux catégories de collèges : les écoles d'Etat, que fréquentent, de facto, les enfants protestants ; les écoles gérées par les Eglises, en grande majorité catholiques. Pour devenir intégrée, une école doit accepter au moins 30 % d'enfants appartenant à l'autre communauté. Au fil des ans, une vingtaine d'écoles d'Etat se sont « converties » à l'intégration, et aucune catholique. Mais des catholiques ont, individuellement, largement contribué à la création de nouvelles écoles intégrées.

L'influence de ces dernières, souligne Helen McHugh, est sans rapport avec leur nombre, car elles donnent le ton, anti-sectaire, à l'ensemble du système. Dans un pays où, à cause de la chute de la natalité, 50 000 places sont vides dans les écoles, le Lagan College refuse du monde.

Source : Jean-Pierre Langellier, Le Monde, 8 mars 2007.