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    REN SCHWABL

    JUA

    DrvINE MAGIE\V.

    *,_ :

    V;Unej,Gonversion. L'Eglise et la Science.

    L'Hermtisme chrtien, L'Imposition des mains.La Pierre philosophale,

    Une transmutation contemporaine.Le Spiritisme. Des Hrsies,

    PARIS

    CHEZ TOUS LES LIBRAIRES

    I918

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    BU MMB/AUTEUR ;

    Les Pierres vivent et meurent (La forme et lavie minrale, Les proprits et l'volution dela forme, Gnration spontane ds mtaux et^des mtallodes, L'alchimie et les alciiimisies,La vie minrale, Croissance, reproduction etmort de la cellule minrale, etc.), avec 12pho-totypies hors texte. ,,,.,,,,,. 4fr.S0

    Les Excentricits mdicales (La mdecine auMoyen-ge, La mdecine astrologique, Curesympathique, Possession, Magntiseurs, Em-piristes et gurisseurs, etc.), avec un portraitde Paracelse, . , , , 4fr.

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    A

    Mgr R. H. BENSON

    Hommage respectueux

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    LA DIVINE MAGIE

    i

    Mon cher Matre, vous tes un fourneau ! Jevous le rpte pour la centime fois. Vous vivez en

    ours, dans un trou, YOUSregardez par la fentre vos

    concitoyens gaffer, s'emptrer, s'embourber, et vousvous tordez ! C'est bien malin 1 vous ne bougez pas,vous n'avez rien ni personne, vous vous fichez de tout,vous pouvez tout mpriser. Vous tes un monument

    d'gosme. Mais aussi vous n'avez aucune joie... Eh ! mon cher Schwaebl, vous venez de dire

    vous-mme que j'ai celle de me payer la tte de mesconcitoyens.

    Y compris la mienne 1Eh bien, aujourd'hui vous

    avez tort, la rvolution est complte je crois en Dieu,au Dieu do l'Eglise catholique, apostolique et romaine.

    Pour quinze jours l

    Non non : j'ai subi un choc trop rude pour nepas avoir t dfinitivement touch.

    Serment d'ivrogne.* Zut ! vous m'ennuyez ! je vous voir venir d'ici,

    vous allez de nouveau me vanter les charmes de Shatan

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    ou de je ne sais quelle association d'escrocs ou in-

    vertis, martinistes, rosi-cruciens, gnostiques, tho-sophes, voire spirites !je connais vos histoires, Pt jeconnais ces gens : ils ne m'intressent plus, et je les

    ai pris encore trop au srieux dans mon dernier bou-

    quin. Quelle attention voulez-vous que je porte des

    religions fondes hier, fondes, surtout, par des pon-tifes rencontrs au caf ?elles me font rire : or le riredistrait sans consoler, et je cherche une consolation.Je continue de frquenter chez vous par archasme,

    parce que votre vie, votre intrieur, votre silhouette

    mme, votre conversation m'aident reconstituer ledcor

    moyengeuxdans

    lequelse

    complatmon inva-

    gination : mais, vrai ! mon cher Matre, je ne viens

    pas ici par amour de vous ! Mon cher Schwabl, allons prendre tin verre :

    in 'irib Veritas.Joberi se leva pniblement, et se couvrit d'un grand

    feutre boei*.Un homme d'une soixantaine d'annes; aux longs

    cheveux assyriens trs noirs, aux petits yiix hindbtistrs vifs, au gros iiez bourguignbti trs rouge, au gesterare et exagr: il habitait l-bas, au bout del rd de

    Vaugirard, J)rs des fortifications, un logement ini-

    nuscule dans une vaste maison moiti canipgnehiditi province avec des poules picotant 'ntre les

    pavs de la cour.Une petite toile kabalistiqiie colle kt k porte la

    dsignait discrtement ati visiteur, devant lequel,

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    d'ailleurs, elle ne s'ouvrait que s'il avait sonn trois

    coups ; il pntrait alors dans une pice salon, ate-lier, laboratoire ? o il apercevait : une tortue setranant misrablement en salissant le parquet, unchat noir miaulant lamentablement, des plantes pous-sant la racine en l'air et portant les feuilles la placedes fleurs, des nnuphars croissant dans de la terre

    et dos rosiers dans de l'eau, un serpent empaill, unette de mort, des chantillons de minerais, des cris-

    taux, des vieux journaux, des bouquins, des manus-

    crits, des plans, dos cartes gographiques, des

    planches dessin, une petite forge, un atelier de me-

    nuiserie, deux fourneaux rverbre, des centaines

    do fioles, des cornues, des prouvettes, des bocaux

    pleins de liquides inquitants, dos piles colossales,une balance, des turbines, moulins et aroplanes de

    carton, un Bouddha, im gong, et sur tout cela de la

    poussire, delapoussite Je sortirai volontiers mon cher Matre : chez

    vous on touffe littralement avec votre sacr four-

    neau, et la cuisine qui brlo dans la pice voisine mefait venir des nauses^ a pue l'oignon, le ptrole, te

    renferm, l'urine de chat, c'est une odeur indfinis-sable comme toutes les odeurs.

    Ilsdescendirent,

    le docteur Joberts'appuyantsur une canne.

    Et votre mtal plus lger que l'air, mou cherdocteur? O en est-il ? quand le brevet ?

    Jobert n'aimait pas qu'on blagut ses travaux : ga-2

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    lement expert en astrologie, hbreu, chimie, mca-

    nique, biologie, physique, balistique, thrapeutique,chirurgie, tarot, etc., il avait tabli une toupie mar-

    chant au plafond la tte en bas, un bateau filant sur

    l'eau sans moteur, un appareil prvoyant les tremble-

    ments de terre et toute perturbation atmosphrique,un instrumenta tablir commodment les

    horoscopes,des couleurs dont le bas prix rvolutionnerait le mar-

    ch en gros, une pile d'une force extraordinaire, une

    turbine d'un rendement inconnu, un petit cheval au-

    tomate marchant, trottant, galopant, sautant la

    faon d'un vritable cheval, un baromtre d'un sr

    pronostic,etc.

    Evidemment le docteur bluffait : pourtant il s'em-

    ballait si sincrement dans la nomenclature de ses

    inventions, et de telles lueurs de dfi la Socit illu-

    minaient ses yeux que non moins videmment il

    croyait ses dcouvertes. Peut-tre folie de l'inven-

    teur qui s'illusionne facilement, qui pense avoir trouvce qu'il cherche encore. Mon mtal, rpondit-il, ils ne l'auront pas ! Ils

    veulent tout avoir sans peine, ils n'ont qu' travailler

    comme moi !

    Ce mot ils revenait souvent dans ses discours,

    dsignant apparemment l'ennemi, un ennemi vague. Ils c'taient ceux qu'il voyait l'espionnant, dro-baht ses ides, refusant de le prendre au srieux, c'-taient les savants officiels, les gens de l'Acadmie et

    de l'Universit, ceux qui n'admettaient la vrit que

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    lamine par leurs mains, ceux dont la parole faisait

    loi, Ils c'taient aussi les capitalistes achetant bas prix les procds qui les enrichissaient, c'taient

    les journaux fomentant la conspiration du silence sur

    les plus sublimes produits de la pense et vantant des

    drogues nuisibles, Ils c'taient... c'taient, en

    somme,tous ceux

    quine

    proclamaient pasnotre

    homme le Matre des Matres et ne dposaient pas sespieds leurs forces et leur fortune !

    Mais quel inventeur ne connat pas et ne hait pasces Ils ? Que dis-je ? quel homme n'a pas ses Ils ?

    Non, mon nouveau mtal ils ne l'auront pas ! Cesgens sont tranges : ils dsirent jouir, possder, pro-

    fiter sans travail, sans initiation.,Tenez, entrons ici,le vin n'y est pas mauvais.

    Ils entrrent chez un bistro. Des hommes jouant lamanille salurent Jobert.

    Tout le monde me connat Vaugirard, pro-clama-t-il.

    Puis, ayant barbouill son nez de tabac, il s'assit, etcommanda :

    Un verre de vin rouge pour moi et un piconpour YOUS,hein ?

    Non, un quinquina ! Cette fois la conversion est parfaite ! Mme plusde picon ! O donc le temps du pernod !

    ta le regrette, le pernod 1j'ai le courage do l'a-vouer. J'attendais son heure avec impatience, il me

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    tenaitcompagnie,

    il bouleversait unpeu

    les meubles

    de mon cerveau, mais cela me donnait des ides ori-

    ginales, ce qui ne nuit pas un crivain. Il multipliaitles penses, ouvrait la porte du pays des songes etdes illusions. Il donnait travailler et rver.

    Il remplaait la morphine !

    La morphine c'est Shatan, comme la Mystiquec'est Dieu. Voyez-vous, les extrmes se touchent:

    morphine et mystique conduisent l'Infini, seule-

    ment la premire sous peine d'esclavage. La morphine est une matresse cramponnante,

    pronona Jobert en levant l'index en l'air d'un

    geste sec de guignol lui familier. Elle consent sedonner condition qu'on se donne elle. Et elle sur-

    veille jalousement son amant ! Admirez l'enchane-ment : vous avez le courage de plaquer ce collage,vous trompez la blonde morphine avec la brune

    absinthe, le Gouvernement envoie celle-ci Saint-

    Lazare, et vous vous rejetez sur la Mystique 1 Dieuconduit bien sa barque ! Ah ! le juif !

    Mais, mon cher Matre, vous croyez en Dieu

    puisque vous l'engueulez 1Si vous saviez, d'ailleurs,ce qu'il se fiche de vos ineptes plaisanteries I Eh bienoui !j'prouve la lecture do la bienheureuse Anglo

    de Foligiio ce que j'prouvais la piqre de mor-phine ou la dgustation du pernod i tourdisse-

    ment, allgement, spiritualisation, dmatrialisation,dtachement, envol, srnit toute preuve, paixsuprieure la raison;.

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    Amour du prochain aussi?

    Certes. C'est--dire mpris : car, entre nous, le sage ne

    pardonne si aisment qu'en pensant : Il ne sait ce

    qu'il fait , c'est un fou, un inconscient, un enfant

    dont les actes et les paroles ne tirent pas cons-

    quence. Taisez-vous : vous tes le Gnie du Mal !

    cAvez-Yous dj reu un coup de massue sur la

    tte, avez-vous dj eu le crne pris entre l'enclume

    et le marteau-pilon, avez-vous, passant dans la rue,senti tomber sur votre chef une pierre de taille dta-

    che d'un cinquime tage ? moi j'ai subi cette sensa-tion lorsqu'un mdecin m'a annonc que ma fillette

    atteinte de mningite ne passerait pas la journe :

    mesjambes ne me portaient plus, ma cervelle pesaitcent kilos. L'abrutissement. Un peu remis je pensainaturellement votre Shatan, la vengeance, vos

    pitreries de messes noires ; et tout coup je comprisl'ingalit de la lutte, que la volont et la raison netenaient pas devant la Providence, que Dieu en une

    minute renversait les plans les plus solidement cha-fauds. Autant implorer sa paix, autant se soumettre.Autant abandonne!' les drogues et l'alcool, et utiliser

    la prire. Alors, l'heure de l'apritif vous prenezquelques pages de la bienheureuse Angle ? Vous enavez toujours un exemplaire sur vous?

    Sans doute. Le voici. Tenez, j'ouvre au hasard.

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    Est-ce beau ! Les attentatsque

    tu as commisparles couleurs contre nature que tu as donnes tes

    joues et les torsions tes cheveux, cela est expi !Pour ces peintures et onguents qui ont dshonor ta

    tte la mienne fut tire par la barbe, dpouille de

    cheveux, perce d'pines, frappe coups de roseau.

    Tu te peignais les joues pour les montrer aux hommes ;sois tranquille : ma face a t couverte par leurs cra-chats. Tu t'es servie de tes yeux pour regarder envain ; les miens ont t aveugls par le sang qui cou-lait de mon front. Pour les crimes de tes oreilles quiont pris plaisir aux paroles nuisibles j'ai entendu les

    insultes, les moqueries, les blasphmes et les pleursde ma mre ! Tu as connu les plaisirs de la gourman-

    dise, et tu as mme abus de la boisson : on m'a pr-sent le fiel et le vinaigre. Pour les pchs de tes mains

    qui ont fait ce que tu sais bien les miennes ont t

    perces de gros clous. Pour les pchs de tes pieds,

    pour leurs danses lascives les miens ont t fixs aubois. Pour tes chaussures lgantes les miens ont t

    habills de sang, Pour les pchs de ton coeur le mien

    a t dchir d'un coup de lance .

    Jobert avait pris le volume et le parcourait. Bigre ! fit-il, elle va fort la bienheureuse ! Je lis :

    Mon mari et mes fils moururent en peu de temps.Et comme j'avais pri Dieu qu'il me dbarrasst d'eux,leur mort me fut une grande consolation . Voil le

    parfait dtachement ! Ou le parfait sacrifice ! tant elle aimait les siens

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    qu'elle dsirait souffrir affreusement de leur mort tUne telle pense ne surgit videmment que dans l'me

    d'un mystique consomm. Voulez-vous encore un

    verre de vin? oui? Garon, un verre de vin ! Seule-

    ment, dpchez-vous : si vous n'avez rien faire jevous emmne en taxi dans la Cit, je vais chez un

    bouquiniste.Jobert se barbouilla nouveau le nez de tabac,

    avala le vin, enseigna une sre formule un consom-

    mateur qui se plaignait de rhumatisme, et monta dans

    la voiture o l'attendait son pseudo-lve.Et cependant qu'elle suivait l'interminable rue de

    Vaugirard celui-l sortit de sa poche un paquet de pa-

    piers graisseux, en tira une lettre, et dclara : Il faut que je vous relise un passage d'une de

    vos rcentes missives : J'ai vu Dieu. Oui. Un matin ;

    le globe du soleil, d'un rouge aveuglant, s'levait in-

    sensiblement au-dessus des collinesbleutres, perantde ses longs rayons les nuages moutonneux, rosis-

    sant les arbres en fleurs, dbrouillant les buissons,faisant scintiller les perles de rose. Et les oiseaux

    s'veillaient, jetant des cris joyeux, le coucou lanait

    gaiement ses cou-cou, cou-cou , des merles, des

    geais traversaient le chemin tire d'ailes. Mes yeuxregardaient partout, curieux, charms, trouvant par-tout nouveaux sujets de ravissement, des fleurettesd'une dlicatesse inoue, des tonalits d'une harmo-nie parfaite, des sentiers se perdant sous les bois...Et l'air s'emplissait de parfums si frais, si purs qui

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    ouvraient grand les poumons... Vraiment le spectacletait trop magnifique ! Chaque coin offrait un coupd'oeil prcieux, vallons s'estom^ant dans la brume in-

    cendie, Yachesse levant paresseusement dans l'herbe

    paisse, poulains gambadant follement, oies se dan-

    dinant solennellement en file indienne, cochons gro-

    gnantdans le foss

    ; et, l,une

    petitesource

    quicou-

    lait claire et guillerette parmi les cailloux ! Le soleil

    continuait de monter, et la nue se bleuissait par desteintes infiniment douces... *

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    seaux ; emmur; sans lumire, je le vois dans moncoeur. Je m'enferme dans mon coeur, et j'attends les

    coups avec une srnit qu'ils n'osent branler. Ouais ! vous me la billez belle ! et votre fille? Ah I a... a... videmment je l'adore par-dessus

    tout, et rien ne me dtachera d'elle. Pour l'instant je

    cherche ma voie, je ne sais comment faire marcherles deux do front ; quelquefois mme, me rappelantla phrase de l'Evangile : c Celui qui aime son pre ousa mre plus que moi n'est pas digne de moi , je

    juge inconciliables les deux amours. La religion catho-

    lique ue convient-elle qu' des clibataires, et encore

    des clibataires solitaires ? non : i l y a moyen dos'arranger, a se tassera. C'est l'histoire d'un veuf avecenfant qui se marie avec une femme sans enfant.

    Mais, dites-moi, si vous enseignez votre fillele Credo quia absurdum le commentrez-vous en luifaisant remarquer que chaque fois qu'elle comprendra

    quelque chose elle s'loignera de Dieu et qu'en tantla dernire en classe elle s'en rapprochera ?

    Quelle blague la Religion n'exclut pas la Science 1La Science n'est pas l'apanage de Shatan*

    Vous n'avez peut-tre pas tort. Tenez, ordonnezdonc au chauffeur d'arrter, nous passons justementdevant Notre-Dame, je Vais vous lire le portail Saint-

    Marceltequeldonuelareceltedolapierrephilosophale.Ils descendirent de voiture, et longeant la cath-

    drale se dirigrent vers les plates-bandes qui la s-

    parent de la Seine.

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    Quelques sculptures

    doNotre-Dame, expliqua

    lo

    docteur, et do la tour Saint-Jacques, ainsi que quelquesvitraux de la Sainte-Chapelle indiquent la recette de

    la pierre philosophale, Notre-Dame abrito, d'ailleurs,un pou de la merveilleuse poudre de projection, car

    dans l'un des piliers du choeur l'voque Guillaume do

    Paris en a scell une petite quantit, et j'ajouterai quepour reconnatre ce pilior il suffit do suivro lo regardde certain corbeau de la faade.

    Quelle masse imposante tout de mme, cette ca-

    thdrale ! Imposante et majestueuse par son normit,mais combien laide avec ses artes de poisson, sa

    carcasse d'arcs-boutants, son corset d'chafaudages !Ah ! ce style gothique ! vide, fragile, fminin !

    Passons, Ecartez ce lierre qui drobe aux curieux

    la cour de M. l'Archidiacre, on mme temps que le

    ct sud du monument. Voil lo portail Saint-Marcel :on haut, trois personnages dsignant le soufre, le

    mercure et le sel philosophiques lesquels composent laPierre ; en-dessous, gauche, les cinq mtaux vils (fer,

    mercure, plomb, cuivre, tain) jetant, sous forme de

    pierres, leur partie fixe, c'est--dire leur principe,leur essence, leur alcalode, la Pierre en formation > droite, les cinq personnages, les cinq mtaux main-

    tenant spiritualiss, dpouills de leur personnalit,c'est--dire sur la voie de la perfection, prparant laPierre en la plaant dans le tombeau, c'est--dire danslo vase philosophique, le fourneau, Vathanor; enfin,tout fait en-dessous, gauche, sept personnages en-

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    *9-

    seignant que l'OEuvre passe par sept couleurs avant doparvenir maturit, tandis que, droite, douze autres

    rvlent les douze stades de son volution. Vous avez une sacre imagination ! C'est d'une

    clart, d'ailleurs,,. Moi, je vois tout btement: en

    haut, le Seigneur prsidant, entour de deux anges ;

    en-dessous, gauche, le peuple lapidant un saint,lequel finit par tomber ; droite, une mise au tom-

    beau j et, encore en dessous, l'homme conduit pardeux soldats devant le juge, cependant que d'autres

    personnages dlibrent ou se dsesprent, L'un n'empche pas l'autre. Vous n'ignorez pas

    que l'Exgse s'applique aussi bien la sculpture, la

    peinture, la musique qu'aux Ecritures, et que la

    plupart des compositions sacres possde un double

    sens. L'Hermneutique enseigne convertir le pain et

    le vin au corps et au sang de Jsus, c'est donc l'alchi-

    mie divine.

    11me vient une ide : vous ne savez plus quoifaire, quoi crire, vous avez renonc la Sorcellerie, Shatan, ses pompes, ses oeuvres, et pourtant la

    Science vous tente : donnez-nous donc une vie de

    Nicolas Flamel, le fameux alchimiste dont certains

    traitsc'est lui-mmequi

    leproclame

    ont double

    sens, sens thologiquo et sens philosophique ou scien-

    tifique. En effet, c'est une ide... Je pourrais vous documenter pour la partie

    alchimique.

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    sto.

    Je ne dis pas,., je no dis pas,,,

    Ainsi, pour la plus grande gloire do Rome pour-riez-vous prouver que Science et Religion ne sont pasincompatibles !

    ,,, Quand ils so furent quitts, Schwaebl, reve-

    nant h pied chez lui, monologua : Quel drle d'homme! qui est-il ? qu'est-il? d'o

    soi t-il? comment s'appelle-t-il? mystre et discrtion,Excontriquo par nature et par affectation, Il excite les

    dsirs et no les satisfait pas, il provoque et il fuit, ilattire et repousse, il crit et il ne rpond pas aux

    lettres, il court aprs les gens, et quand les genscourent aprs lui, pouf ! le voil qui se terro. D'ail-

    leurs, mauvais comme la gale, Il a frquent assidment chez les occultistes, il

    les connat par coeur, mais il parait fch avec tous.Il a d so payer trop copieusement leur tte.

    Il englobe tout, il parle victorieusement avoc

    n'importe qui de n'importe quoi. Iljouit

    d'une m-moire tonnante et d'une extraordinaire facult d'as-similation. Il parcourt une page d'un bouquin, et il lasait de A jusqu' Z. Et pourtant il ignore les plus l-mentaires rgles de l'orthographe, il se livre d'ini-

    maginables fautes, Il ne possde le franais que des

    vieuxauteurs,

    et son vocabulairerappelle

    Rabelais

    illusion qu'entretiennent ses citations alchimico

    astrologico mystiques. Dconcertant et sublime !Mais quel orgueil ! quel pontife ! Je sais tout !

    En tous cas chimiste merveilleux. Mdecin aussi...

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    II

    Nom d'un chien ! qu'il fait chaud chez vous, monchor Matre ! Comment pouvez-vous vivre avec une

    telle temprature ! Qu'est-ce que vous fabriquez dans

    votre fourneau ? encore une cuisine du diable ! a, mon cher Schwaebl, pronona Jobert en

    levant, do son geste de guignol, l'index droit, c'est du

    soufre qui va devenir tellure quand je l'aurai accrude la quantit de carbone et d'hydrogne ncessaire.

    Mais, propos de transmutations, o en est Nicolas

    Flamel? Vous tes-vous dcid l'aborder? Avez-vous trouv des documents?

    J'ai pris quelques notes, niais j'ai peur d'aller

    trop vite, j'prouve tant do joie la confection de ce

    livre, j'y noy si profondment le prsent, la politiqueet tout ce qui se lit dans nosjournaux, elle me vhi-cule si confortablement vers le Moyen-Age que je re-doute d'avancer. Je dguste le plaisir par petites

    tranches,et

    chaque ligne que je pondsme dsole

    parce qu'elle me rapproche de la fin.

    Vous m'avez donn l une riche ide, A certainsmoments je m'effraye la pense que, l'oeuvre termi-

    ne, je demeurerai dsempar, sans but, parmi des

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    gens coiffs de melons et des maisons h cinq tages,et des livres qui me parleront d'adultro. Reculer savie de six sicles ! Quel rve ! et lo tout sans mor-

    phine, sans pernod..,r Et sans Angle do Foligno !

    Tenez, voil quelques notes : Le

    moyen-ge,son lacis de ruelles noires

    zigza-guant au hasard, de venelles aux fentres bardes,aux tages dbordant les uns au-dessus des autres

    comme tiroirs moiti tirs,., Le souffleur cherchela Pierre dans les sel commun, sel ammoniac, sel de

    pin, sel sarracin, sel mtallique, alun de roche, alun

    de glace, alun de plume, marchassito, sang, cheveux,urine, fiente d'homme, sang des menstrues, matires

    herbales, animales, vgtables, plantables, pierresminrales, eaux-fortes, couperose, oeufs ; par spara-tion des lments en athanor et par alambic et pelli-can, par circulation, dcoctition, rverbration, as-

    cension et descension, fusion, ignition, rectification,vaporation, conjonction, lvation, subtiliation et

    commixtion, sublimation, calcination, conglationd'argent vif par herbes, pierres, huyles, fumiers, feuet vaisseaux trs tranges...

    Bien, mais il faudra arriver h un peu plus de

    prcision : les alchimistes les souffleurs, si a vousfait plaisir de les dsigner sous un vocable ddai-

    gneux n'taient pas tous des fumistes ; outre les

    dcouvertes que nous leur devons, l'eau rgale, l'acide

    chlorhydrique, les acides sulfurique et sulfureux, l'a-

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    - Vk

    cide carbonique, In sulfure do potassium, le sulfate

    de soude, l'azotalo d'argont, certains ont parfaitementchang lo mercure en argent,

    Hum,., hum,,, Nous en reparlerons quand le moment sera

    venu, Pour l'instant restons dans la note mystico-scion-

    tifique, n'oubliez pas le but de mon livro, la double

    interprtation de l'oeuvre et de la vie de Flamel, Nous

    consacrerons le dernier chapitre l'alchimie mo-

    derne, si toutefois cela ne dtonne pas en prsence de

    la direction do mon bouquin, Au reste je vous chargede Ja traduction en formules contemporaines de= re-

    cettes mystrieuses de notre philosophe. Chose moins difficile que vous le pensez: les

    Anciens dsignaient sous le nom de lion dvorant ,

    par exemple, toute substance rongeante, baptisant, en

    somme, la choso du nom de la qualit ; vous me r-

    pondrez quenos chimistes ont cr une

    langueinfini-

    ment plus explicite, sinon plus lgante, entre autres

    le mot Tetramethylmlaphenylnediamine ! Les

    vieux traits, je le confesse, renferment nombre

    d'obscurits, obscurits dues la peur de nos gensde passer pour sorciers et de rtir comme tels...

    Mais rien ne pouvait mieux les dnoncer que ce

    galimatias ! Dues aussi au dsir de ne pas bouleverser le

    monde en indiquant la recette de la Pierre.-^ Alors pourquoi crire tant do livres?

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    Duos encore l'intention do nopas

    dsobir Dieu qui Jour a dvoil Je secret : Celui qui rvle ce

    secret est maudit, dit Arnauld do Villeneuve j Jo te

    jure sur mon me que si tu dvoiles ceci tu seras

    o^mn, affirme Raymond Lulle, Heureusement, mon cher Matre, que la dam-

    nation vous indiffre ! et que vous dvoilerez le secret ! Dues enfin la volont de n'tre compris quedes leurs,

    Mais les leurs n'arrivent pas les comprendre !

    7- Jo vous dmontrerai lo contraire, et que les al-chimistes se comprenaient et se comprennent entre

    eux, et qu'ils mnageaient l'Eglise laquelle redoutaitleur science. Vous.,,

    De grce ne me parlez pas de Galile ! Nous sommes en plein dans le sujet de votre

    bouquin : L'Eglise contre la Raison ! C'est idiot la raison! Qu'est-ce que c'est que la

    raison? o a commence-t-il? o a finit-il ? Je neraisonne pas comme vous ! il n'y a pas deux personnesqui raisonnent de la mme faon, Et puis elle est joliela raison ! le jour o la religion catholique a raisonnelle a cr la scolastique, des disputes dignes d'un

    greffe de paix ! L'on dfinit Dieu l'Incomprhen-

    sible j chercher comprendre Dieu quivaut sa n-gation. Vous-mme, mon cher Matre, vous, le malinentre les malins, ne comprenez pas nombre de chosesau-dessous de vous ; et vous voudriez comprendre deschoses au-dessus? Si l'homme comprenait les oeuvres

    3

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    de Dieu ces oeuvres seraient humaines ot non divines,

    Quoi do plus draisonnable, a dit saint Bernard, ques'efforcer d'aller au-del de la raison l'aide do la

    raison ? Vous l'avez dit vous-mme : o commence, o

    finit la raison ?

    ,L'Egliseest franche et

    loyale; ne

    proc|ame-t-ellopas sur tous les toits que la raison n'a rien voir chezelle? Elle propose prcisment de sortir de la raison,de lui chapper, elle lui oppose l'illimit, l'indfini,l'ternel, ot la raison ne peut les concevoir puisqu'elleno peut les percevoir.

    Alors la... Ecoutez, jo vous vois venir : vous allez me parlerdo l'Inquisition, do la Saint-Barthlomyot du bcherde Jeanne d'Arc !

    Non, j'allais vous parler de Calvin... Un joli coco ! jo reconnais, d'ailleurs, qu'il m'a

    fait marcher ! Au premier coup d'oeil il attire avec sonculte de l'indpendance do la raison, avec sa libert

    d'examen; seulement, au second on s'aperoit queCalvin est homme, c'est--dire constamment en con-tradiction avec les principes qu'il proclame : il imposesa doctrine par la force, il touffe la raison

    d'autrui,il supprime le Pape de Rome pour le romplacer par le

    Calvin de Genve, il se dit le seul dpositaire de la

    vrit, il devient infaillible ! oui, on s'aperoit queCalvin est homme : il se venge d'un ennemi person-nel, de Michel Sorvet, il le fait brler.

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    ~ 27

    r- Je voudrais vous demanderpourquoi

    la loijuiveest bien la loi de Dieu en tant que figure et prpara-

    tive, mais non en tant que finale et absolue, Zut ! zut ! fichez-moi la paix ! L'absurde

    puisque absurde il y a ddouble mon corps phy-

    sique, me permet, par instants, de dpouiller mon v-

    tement humain, de rompre mes attaches terrestres,de m'lancer dans un monde spiritualis, de m'al-

    ger, de m'envoler, d'atteindre l'extase, au dta-chement des choses d'ici-bas,,,

    Toutes choses qui se rsument en ces mots Jom'en f,.,, Rsultat que les asctes obtiennent par

    lo jene : tant il est vrai, encore une fois, que les ex-trmes se touchent, et que boire trop et ne pas boire

    assezproduisent mme effet. Et comme ils dtriorent

    galement le corps je prfre le premier, Tenez, go-tez-moi donc ce petit vin blanc : je l'ai trouv chez unbistro de Vaugirard, il vous a un arme

    pas

    dsa-

    grable, Vous tes content, vous avez dvi la conversa-

    tion ! Revenons nos moutons, Nicolas Flamel et

    l'alliance de l'Eglise et de la Science. Assez de digres-sions ! Ancrez-vous dans la tte, malgr sa duret,

    ceci: pendant vingt ans j'ai

    1

    stupidement hauss lespaules la pense de la messe, dnonc le trafic des

    indulgences et des mdailles, applaudi aux scandales

    ecclsiastiques, ador Renan, approuv Lemire et

    Loisy, et, un beau jour? je me suis surpris disant : Ils ne me gnent pas ! Chacun est libre de penser!

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    et, quelque tomps aprs Si a ne fait pas do bien

    a no fait pas do mal , puis : Comme doivent treheureux ceux qui croient ! , Et la Foi arriva toute

    sole, simplement parce que lorsqu'on la chercheon en est dj touch, et que la dsirer c'est la poss-der. Quand on commence visitor les glises paramour de

    l'arton est

    pinc, Cela dfinitivement tabli, occupons-nous, s'ilvous plat, de l'Alchimie au Moyen-Age.

    La faade do Notre-Dame do Paris passe poursymboliser la science de cetto poque avec son triple

    portail reprsentant gauche l'Astrologie, au milieu

    la Mystique, droite l'Alchimie. Manque la Scolastique. Dans son Opuscule trs excellent de la vraye philo*

    Sophie naturelle desmtaux t traictantde l'augmentationd'iceux (A Lyon, chez Pierre Rigaud, en rue Mercire, l'enseigne de la Fortune 4612) Denis Zacaire, gen-

    tilhomme guiennois, nous apprend que il ne passaitjour, mmement les ftes et dimanches, que les alchi-mistes ne s'assemblassent ou au logis de l'un d'eux ou Notre-Dame la grande qui est l'glise la plus fr-

    quente de Paris pour parlementer des besognes quis'taient

    passesaux

    jours prcdents,

    Et ce propos je m'tonne que les pontifes de la

    littrature franaise qui nous ennuient si copieuse-ment avec leurs sempiternels Rabelais, Montaigne,

    Froissard, Villon et compagnie ignorent si profond-ment la prose si nave des alchimistes ! le bonhomme

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    - 29

    Flaniel raconlo : Jo fis mille brouillories, non tou-

    tefois avec te sang ce qui est mchant et vilain , il se

    flicite do savoir sa chro femme Pernelle discrelto

    et secretto ; Zacaire avoue sans honte ses msaven-tures : Si c'tait profit Dieu le sait, et moi aussi quidpensai des cus plus de trente.,, Tout l'augment

    que j'en reus ce fut la faon do la livre diminue $et ce passage d'Alexandre de la Tourrelte : Nous

    voyons aussi comment ce trs excellent alchimistenostre bon Dieu a basty son four (qui est le corps de

    l'homme) d'une si belle et propre structure qu'il n'ya rien redire, avec ses soupiraux et registres nces-

    saires comme sont la bouche, le nez, les oreilles, lesyeux afin de conserver en ce four une chaleur temp-re et son feu continuel, ar, clair et bien rgl poury faire toutes les oprations alchimistiques .

    Nos officiels raseurs brevets de l'Universit ont

    pourtant le choix : Le livre de la Philosophie ?ialurelle

    desmtaux du bon Trvisan, Les douze Clefs de la Phi-

    losophie de Basile Valentin, La Somme deperfection de

    Geber, Le Chemin du CViewiind'Arnauld de Villeneuve ,*Le Livre desLumires, L,e Compos des Composs,Mi-roir d'Alchimie, La Clavicule, La Fleur des Fleurs,Moelle

    d'Alchimie,Char du

    triomphede

    l'Antimoine,L'Entre ouverte au Palais ferm du Roi, etc., etc. 1 Sans compter les ouvrages apocryphes de notre

    hros Flamel ! Poursuivons. Au XIVe sicle on avait la manie

    de l'alchimie comme on a aujourd'hui celle de l'auto,

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    du cinma on do lapolitique,

    on s'arrachait lestraits,on les copiait, on so les repassait, on chauffait l'atha-

    nor (notre fourneau rverbre), Point besoin d'tresavant : chacun s'y mettait, le plus petit bourgeoischauffait jour et nuit, brlant, d'ailleurs, n'importequoi, au hasard. C'tait une pidmie : les receltes

    pour la Pierre philosophai circulaient comme actuel-lement les recettes pour les cors aux pieds ou la poussedes cheveux aussi efficaces ! Et, bien entendu,nombre de charlatans vivaient les dbiter.

    Dites donc, mon cher Schwaebl, si nous allions

    prendre un peu l'air ? Si vous le voulez, errons par

    le quartier do Nicolas Flamel, Volontiers, d'autant que je commence avoir

    mal la tte avec votre sacre cuisine.Ils descendirent et prirent le mtro jusqu'

    Raumur.Le soleil n'tait pas tout fait couch, et du milieu

    de la rue Saint-Denis ils aperurent, encadre troi-tement par de vieilles et sombres habitations, lasilhouette noire de la Tour de l'Horloge du Palais deJustice se dcoupant sur le ciel lilas. Une ruelle de

    prison, de sales maisons s'touffant mutuellement, et

    dans le fond l'ombre menaante du Palais : le Parisdu Moyen-Age ! rue Marie Stuart, rue de la Grande

    Truanderie, rue de Montmorency, rue aux Ours (pri-mitivement dnomme rue o l'on cuit les oies

    cause des rtisseurs qui s'y taient donn rendez-

    YOUS),rue Brantme, rue des Etuves-Saint-Martin,

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    rue de la Forronnorie, maigres logis aux entres peurassurantes, repaires de ribaudes et gens de potence,pavs humides, tour de Jean-sans-Peur cela illu-sionne. Evidemment on ne contemple plus, rue Saint-

    Denis, ce qu'y contempla, la fontaine du Ponceau,Louis XI, lors de son entre : trois belles filles fai-

    sant personnages de sirnes toutes nues, et qui di-saient de petits motets et bergerettes ; et prs d'elles

    plusieurs instruments qui rendaient de grandes mlo-dies,..

    Nous arrivons temps, mon cher Matre : on

    perce, on dmolit I on are ce labyrinthe, on pose des

    plots ! bientt la place de ce lacis de sentes mis-rables et tant pittoresques s'lveront des casernes

    cinq tages ; bientt Saint-Merri dont l'humilit s'ac-corde avec la tristesse des venelles avoisinantes se

    dressera au milieu d'un square plant de statues deM. Rodin

    ;bientt les rues

    Brise-Miche,Simon-le-

    Franc, de Venise et autres qui zigzaguent au hasard,filant droit, biaisant soudain, aboutissant un cul-

    de-sac, se divisant, se runissant, ces corridors aux

    ouvertures bardes, aux porches barricads, aux es-

    caliers tantt dboulant jusqu'au trottoir, tantt rel-

    gus au fond d'un couloir d'encre, aux coupe-gorge,aux htels infmes (Ici on loge la nuit, 0 fr. W), auxentres de caves, aux filles qui raccrochent dbraillessur les seuils, ces ruelles traverses par les rver-bres et les enseignes de brocanteurs et do fripiers,et dont quelques-unes la rue Brise-Miche, par

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    -- 32

    exemple, au n 29 montrent encore les crochets

    des chanes qui les fermaient s'largiront pour livrer

    passage aux autos. Dpchons-nous si nous voulons

    contempler ces derniers restes du royaume de Thunes ! Seuls demeureront, dans les Arts et' Mtiers, l'an-

    cien rfectoire du prieur Saint-Martin avec sa chaire

    o pendant les repas, lisait un frre, et l'ancienneglise ; mais l'on atransform celui-l en bibliothque,et dans celle-ci rang des modles de machines, aprsavoir badigeonn de fraches couleurs les colonnetteslances ! Il n'y manque qu'un bar anglais !

    Vous no voudriez tout de mme pas laisser sub-

    sister en plein Paris, dans son quartier le plus com-merant, des taudis, des coupe-gorge, des htels in-

    fmes, des entres de caves, des filles dbrailles, des

    sentes misrables, puantes, humides, noires! Quelle

    hygine ! Ah ! vous en avez de bonnes, Messieurs duVieux-Paris! Sous prtexte de pittoresque vous sou-

    haitez des cloaques, des mares de purin, des dili-gences, des lumignons fumeux, des escaliers tortueux,des vitraux opaques,'des gouttires arrosant les pas-sants ! Ah ! la Capitale serait jolie si on vous cou-tait 1Allez en Bretagne ou en Auvergne, vous y verrezles nids cochons dont vous rvez !

    < Mais nous voici devant Saint-Merri, chef-d'oeuvredu Gothique, assurent les guides. Entrons-nous?

    Ah non! l'glise est intressante sans doute,mais les paroissiens l'ont dshonore avec une statuede Jeanne d'Arc encadre de drapeaux tricolores.

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    Bon ! vous le nouveaucroyant,

    vousn'aimez pasJeanne d'Arc?

    Jeanne d'Arc, si. Et c'est un bien lamentablemalentendu celui qui depuis si longtemps spare laNation au sujet de cette simple fille. Jeanne symbolisela rcenave de l'Histoire do France, comme Napo-

    lon ia force brutale ; les deux se compltent. Leurlgende est telle qu'elle survole nos contingences et

    resplendit d'un clat supra-terrestre. Qu'importe ce

    que les hommes y ajoutent dans le vulgaire but de d-fendre leurs intrts? Quelle doit tre l'originalitd'une personne pour que les partis adverses la reven-

    diquent ! Jeanne d'Arc est vraiment l'me de la France,c'est le plus exquis vitrail du Moyen-Age, une hronede contes de fes, de romans de chevalerie, d'imagesd'Epinal si parfaite qu'il faut faite un effort pourcroire qu'elle a exist, qu'on l'a vue.

    Autretem'ps

    autres moeurs ;aujourd'hui

    Jeanneserait suffragette elle rclamerait le service militaireot le vote pour les femmes, et coucherait au poste.Avec a vous ne m'avez pas dit pourquoi vous ne vou-lez pas entrer dans Saint-Merri ?

    A cause des drapeaux. Quand je vois des dra-

    peaux dans une glise ou quand j'y entends le tam-bour ou le clairon sous prtexte de ftes patriotiques,je fuis. Ces instruments brutaux m'offusquent mmedans la maison de Dieu, dans le temple de paix. Et

    puis malgr tout ce que le clerg a racont proposde la gutre on ne me fera pas gober l'alliance du Ca-

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    tholicisme avec lapatrie rpublicaine

    !que

    leclergpar politique se soumette, soit ; mais qu'il n'espre

    pas le retour du duc d'Orlans, je ne le croirai jamais !

    Et comme cet intressant prince a pous une autri-chienne ; et comme le Pape ne hait pas l'Autriche...

    J'aurais voulu vous voir la place du Pape ou

    la place de Dieu ! qui des catholiques allemands oudes catholiques franais favoriser ? Non, non, le drapeau tricolore dans une glise

    c'est un manque de sincrit, c'est une concessioncousue de mauvais fil blanc. On peut croire en Dieu

    sans croire en Marianne ! Je visite les vieilles glises

    pour oublier notre poque, non pour admirer dessymboles guerriers ; la chapelle des Invalides suffit !

    Quel dplorable fidle! Vous saisissez ce quivous plat, vous rejetez le reste, vous choisissez, vousfondez un nouveau schisme

    Sapristi 1 si le Saint-Pre est infaillible ses

    ouailles ne le sont pas, et je prtends n'tre pas tenu l'admirajtion de leurs ttes, de leurs caractres, de

    leurs jugements, de leurs actes. Je n'atteins pasencore la discipline de {'Imitation, il ne faut pas me

    brusquer sous peine de me buter, etj'en prends etj'en

    laisse. Je prends saint Sverin et je laisse la Trinit,jo prends saint Bernard et je laisse Bossuet, je prendsRembrandt et je laisse Raphal je prends Sluter et

    je laisse Michel-Ange.Bavardant ils avaient enfil des rues au hasard, pas-

    sant devant la porte surmonte d'armoiries peintes et

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    les deux tourelles de l'htel deClisson, puis,

    au coin

    de la rue des Francs-Bourgeois et de la rue Vieille-

    du-Temple, devant les vestiges de l'htel Barbette

    qu'habita Gabrielle d'Estres, plus loin, rue des Ar-

    chives, devant le clotre des Billettes. Plus loin en-

    core, la rue des Rosiers, le campement des Juifs : car

    les Juifs des petites classes continuent de faire bande part, il ont l, rue des Rosiers, leurs cafs, leurs

    fournisseurs reconnaissables aux inscriptions h-

    braques des devantures.

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    III

    Eh bien ! mon cher Matre, le soufre est-il de-venu tellure ?

    Il l'est devenu, comme il tait devenu slnium. Ah l le soufre-devient tout ce que l'on veut? Vous l'avez dit l Outre qu'il possde des pro-

    prits fort diffrentes suivant la temprature la-quelle on l'expose et la forme cristalline qu'on lui fait

    prendre si diffrentes qu'on serait autoris voir

    des corps diffrents, on le transmute aisment. Lesoufre qu'on note C*H8..,

    Vous dites ?

    Sans doute ! tous les corps sont composs, com-

    poss de mmes atomes diversement groups. Le

    soufre, lui est compos de carbone et d'hydrogne,ainsi que le slnium et le tellure, mais pas dans lesmmes proportions. De sorte que si l'on extrait dusoufre

    (C*H 8)4 lments

    d'hydrogneon a le sl-

    nium (C*H 4); si l'on introduit dans le soufre 8 l-ments de carbohe et 46 d'hydrogne on a le tellure

    (G"H). Seule la forme importe, puisqu'elle seule fait les

    proprits des corps, c'est--dire les corps eux-mmes*

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    _ 37

    Voil cequ'Us

    n'ontjamais compris,

    cequ'Us

    netrouvent pas dans leur Lavoisier ou leur Pasteur!

    Quand Ils apercevront cette vrit alors peut-tre se-ront-ils moins nes qu'aujourd'hui.

    Et pour parvenir la connaissance de la Formeil faut d'abord tudier l'Astrologie.

    L'Astrologie ? L'Astrologie... Mais nous tombons bien ! noussommes rue du Louvre, venez, tournons autour de laBourse de Commerce. Cette colonne qui se dresse...

    Je la connais : c'est l'obls^rvatoire de Catherinede Mdicis.

    En effet. Dernier vestige de l'Astrologie Paris.Eh ! nous voici devant Saint-Eustache ; entrez-vous ?

    Ah non ! Pas dans celle-l non plus ? Elle est trop grande, trop claire, c'est un hall

    de chemin defer,

    on nepeut pas

    s'isoler l-dedans.Il me faut des chapelles discrtes, des oratoires in-

    times, j'y prouve dj assez do peine prier honn-

    tement, sans distraction, pendant quelques secondes,sans entendre le sacristain nettoyer grands coups de

    balai, sans voir les statues de pltre bleu, rouge et

    jaune, sans sentir l'encens, sans penser aux mille em-btements de la vie ou Nicolas Flamel ou vous.Mais je m'efforce de prier c'est l'essentiel, je dsire

    prier loyalement, je fais ce que je peux et en somme

    j'acquiers le bnfice de la prire* La plupart des glisesressemblent aux femmes s l'extrieur tente avec

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    ses chichis de sculpture, voire avec ses badigeon-

    nages comme Saint-Germain-l'Auxerrois, avec sessourires de vierges qu'ombrage le chapeau du portailtandis que l'intrieur n'offre que le vide. S'il se ren-

    contre une glise vraiment habite par la Vierge ou

    Jsus, alors c'est, comme Notre-Dame-des-Victoires,la cohue d'une exposition la modo, le va-et-vient

    d'une foire ; allez donc prier l-dedans, essayez doncd'oublier votre individu quand on le bouscule ou luimarche sur les pieds ! J'ajouterai que dans la mmeNotre-Dame-des-Victoires des ampoules lectriquesclairent l'intrieur des confessionnaux, et que ce

    perfectionnementmoderne me

    parat incompatibleavec la bonne et vieille religion ; il sirait tout au

    plus des Amricains. Quant moi je me dclare

    incapable de me confesser la lumire lectrique. Vous voyez bien que la Science ne s'accorde pas

    avec la Religion ! Ah ! pendant que j'y pense il faut

    que je vous montre ce passage d'un catalogue que j'aireu ce matin, il vous confirmera l'Hermtisme chr-

    tien, la Science catholique ; il s'agit d'un livre quel-

    conque le libraire le vante ainsi : Sous un titre

    mystique l'auteur a su cacher tout le mystre du vraifeu philosophique, car ce mystre n'est autre que

    celui de la Croix pris dans son acception hermtiqueet dans sa ralisation minrale . Voil encore ladouble interprtation de Nicolas Flamel.

    Mais do quoi parlions-nous donc tout Thme?

    Ah ouil de l'Astrologie ! vous disiez?

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    !1 Savez-vous ce qu'est l'Astrologie?

    I Dame, oui ! l'Astrologie est la science qui pr-

    I dit l'avenir.i

    l Quand on ne sait pas on se tait. Vous venez de

    \ dire une idiotie ! Vous saurez que l'Astrologie est

    l uniquement la science des correspondances.

    \ Dieu en crant les

    sept plantes,le

    Soleil,la Lune,

    ! Mars, Mercure, Jupiter, Vnus et Saturne, attribua

    chacune des vertus spciales, et pour reconnatre

    celles-ci un sceau particulier. G'est ce que les Kabba-

    lisles enseignaient en disant que l'ide signe la chose,

    queIamme ide imprime le mme sceau sur l'homme,

    les animaux, les vgtaux les minraux que les chosesportant le mme sceau correspondent la mme ide.

    Le signe indique donc ce qu'est la chose, pourquoielle a t cre.

    Telle ide correspond telle lettre tel chiffre, tel groupe de lettres, tel groupe de chiffres, telle

    note, telle couleur, tel mtal, tel minral, telleplante, tel temprament, tel jour, telle odeur,

    telle saveur, tel dfaut, telle qualit; mme forme

    donne mmes proprits. Nous voil revenus, vous le

    voyez, ce que je vous disais pour l'alchimie : tout

    dpend de la forme.

    Crollius qui vivait dans la premire moiti du

    XVIe sicle expose que, comme Dieu un en essence et

    triple on personne l'homme est un en personne et

    triple en essence, savoir^eh corps terrestre, en espritthrien et en me vivante infuse do Dieu. Gela ne

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    vous apparat peut-tre pas trs clair, je n'insiste pas.

    Il en rsulte en tous cas une troite communion per-mettant l'homme de dcouvrir la signature des

    choses, de connatre la maladie et le remde, lui d-fendant aussi d'user de ces beaux secrets la lgre.Ainsi, la fleur do lys qui pend comme une gouttegurit la goutte ; les

    noyauxdo cerises le

    calcul;l'oli-

    vier elles arbres portant raisins, lesquels ont l'corce

    fendue, gurissent les plaies et cicatrices; le jonc

    aquatique les fistules ; la dcoction du sandal rouge,le granium racine rouge arrtent le flux de sang ;l'corce du bouleau tachete de macules blanches te

    les macules et lentilles du visage ; la rue qui est faiteen forme de croix dissipe les hallucinations;la scro-fularia les escrouelles ; le serpentaire la morsure des

    vipres. Aprs le serpentaire on peut tirer l'chelle,.. Pourquoi rire? Crollius enseigne : Et par ainsi

    les venins mesls ou redoubls, par une certaine fa-cult contraire, servent de remde l'un l'autre ; ils'est mme trouv des mdecins qui se sont servis de

    crapauds pestifrs contre la peste. Voil le vaccin,voil le srum tant prn aujourd'hui. Au fait Crol-lius indique une recotte qui pourra vous tre utile l

    pour faire repousser les cheveux! Le poil follet,

    dit-il, qui vient autour des coings reprsente les che-

    veux : aussi sa dcoction les fait-elle crotre . Vous

    pourriez essayer ! En somme l'Astrologie montre que tout se tient,

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    s'enchane, que tout dpend de tout, que le mouve-ment d'une molcule quelconque a son retentisse-

    ment, si petit qu'il puisse tre, dans l'univers entier.

    Un savant nJa-t-il pas prtendu qu'en tendant la

    main il drangeait le cours de la Lune ? Ce qu'il y a

    de sr c'est que la Lune, lorsqu'elle passe au-dessus

    de notre tte, soulve la terre entire, dplace leseaux de l'Ocan, et que chacun de nous pse un peumoins que lorsqu'elle est l'horizon : dix-huit milli-

    grammes exactement. Voil probablement pourquoi les amoureux se

    sentent si lgers au clair de lune !

    Cette vaste thorie des correspondances do-mine la science du Moyen-Age, elle donne la cl de

    la Symbolique grce laquelle cette poque sachant

    qu' la Lune, par exemple, correspondent les plantes

    aquatiques et froides, l'argent, le cristal de roche,

    la couleur jaune, la plupart des animaux domes-tiques, le temprament lymphatico-bilieux, la para-lysie et l'hydropisie, le cerveau la paresse et ^ima-

    gination dsignait la paresse par l'imagination, le

    jaune ou le nnuphar (plante aquatique), soignaitcontre la paralysie ou l'hydropisie toute personne

    ne sous le signe de la Lune reprsentait le mtalargent sous la forme du croissant lunaire et l'appelait((lune , etc. De mme l'or correspond au soleil et

    prend son nom, Dans vos diverses spculations alchimiques ne

    perdez donc jamais de vue le nombre sept si cher

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    l'Eglise, ni le nombre douze qu'elle chrit galementet qui est celui des signes du zodiaque. Ce zodiaque,d'ailleurs, vous le trouverez sculpt sur plusieurs ca-

    thdrales, entre autres sur le portail gauche de la fa-

    ade de Notre-Dame de Paris. N'oubliez pas non plusle nombre quatre qui indique les lments Eau, Terre,Fou et

    Air,et les animaux

    vangliques.Enfin

    rappe-lez-vous que Jsus nat au solstice d'hiver et renat

    l'quinoxe de printemps. Je vous vois venir ! vous allez me parler de Du*.

    puis et de son Origine de tous les cultes l Rassurez-vous, jo vous quitte : je suis arriv, je

    vais visiter un malade dans celte maison. Mon cher Matre, exercice illgal de la Mde-cine ! Gare la correctionnelle !

    Bah ! pour cihquante francs d'amende...Jobert l'ayant quitt, l'autre rentra chez lui, et, les

    pieds dans les pantoufles, s'attela Nicolas Flamel.

    ... Nicolas Flamels'tant lui-mme, dans le Psautierchimique) qualifi de ruril de Pontoise , je dclare :

    Nicolas Flamel naquit Pontoise. Et dire que sur ce

    point si simple, si clair ses biographes se disputent !leur hros leur apptend qu'il naquit Pontoise ; eh

    bien ! ils se donnent un mal normepour placer

    sa

    naissance autre part ! Pourquoi ? pardi l parce quel'historien ddaigne les documents faciles qui lui en-

    lvent sa raison d'tre, lo plaisir de tripatouiller ou

    d'amalgamer les paperasses dniches dans des gre-

    niers, d'attacher une importance considrable des

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    niaiseries, et surtout sonoriginalit,

    carl'originalitd'un historien consiste affirmer le contraire de ses

    prdcesseurs, et l'tayer sur des preuves bran-

    lantes.Mais si je m'arrte dj ! Continuons : Flamel na-

    quit vers 1335. D'aprs mes notes je ne puis hlas !

    fixer une date plus prcise. Ses parents, estims gensde bien par sesenvieux eux-mmes , lui dohnrent

    une modeste ducation comprenant lments de latin

    et lments de franais, suffisante l'apprentissaged'ciivain.

    Le mtier d'crivain embrassait, outre la copie des

    actes courants, les inventaires, comptes et arrts desdpenses des tuteurs et mineurs, et une grande partiede notre librairie ; imprimerie (que la main rempla-ait), dition, vente. En somme contentieux et librai-

    rie, Mtier d'ailleurs assez couru l'on comptait

    Paris environ six mille crivains.

    Ses parents morts, Flamel put acheter une chargede libraire-jur au Charnier des Innocents, et, pra-

    tique, srieux, l trouva bientt le bon parti en Per-

    renelle, belle et honnte dame, veuve dj deux fois de Raoul Lethas et de Jehan IlanigUes , et plus

    ge que lui (vers 1355).Le Charnier des Innocents occupait l'emplacementdu square actuel \ tout un ct subsiste rue des Inno-

    centsdont les votes supportent de hautes niaisons,

    ou, perces, sous le n 11, servent de passage. Autre-

    fois, lgalerie vote l'enfermait entirement, sombre,

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    humide, pave de tombeaux, tapisse de monuments

    funbres et d'pitaphes, borde d'troites boutiquesde modes, de lingerie, de mercerie, de bureaux d'cri-

    vains. Et cecommerce devait certainement moins trou-

    bler les morts qu'aujourd'hui la rue qui coupe en deux

    le cimetire Montparnasse, le pont qui traverse le ci-

    metire Montmartre ou le chemin de fer qui ctoy le

    Pre-Lachaise. La partie del galerie occupant la ruede la Ferronnerie (autrefois rue de la Charonnerie)portait en fresques une danse macabre ou danse des

    morts. Au milieu, le cimetire, avec ses tombes se-

    mes au hasard, et, la nuit, une grande lumire pour

    faire respecter le sjour des morts.Quelque temps aprs l'installation de Flamel au

    Gharnier la corporation des Ecrivains migra en masse

    vers l'glise Saint-Jacques comme, il y a quelquesannes, la corporation des bijoutiers quitta le Palais-

    Royal pour la rue Royale et la rue de la Paix, Les in-

    dividus du mme mtier s'tablirent toujours procheslos uns des autres, pour se mieux surveiller, se mieux

    concurrencer, mais non pour la commodit des clients

    qui prfreraient, sans doute, trouver des reprsen-tants de chaque corps dans leurs quartiers respectifs.

    Voyez aujourd'hui les bondieuseries autour de Saint-

    Sulpice les grainetiers au Chtelet, les bouquinistesprs de la place Saint-Michel, les graveurs passage du

    Caire, les bnistes faubourg Saint-Antoine ; autrefois,les cloutiers et vendeurs de fil avaient envahi la ruode Marivaus, et les armuriers les rues do la Vieille

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    Monnoyeet La Haumerie. La rue de

    l'EgliseSaint-

    Jacques o s'installrent les crivains devint la rue desEcrivains.

    Flamel suivit ses confrres, acheta deux choppesadosses l'glise, prs du petit portail ; et sur unterrain situ au coin de la rue de Marivaus et do la rue

    des Ecrivains il fit btir une maison (la rue de Mari-vaus s'appelle aujourd'hui rue Nicolas Flamel) enface de celle de Jean Harengin, crivain, laquelles'levait l'autre coin de la rue de Marivaus. Dans les

    choppes, longues de cinq pieds et larges de trois,d'un loyer total de deux sols parisis pour fonds de

    terre au roi et de deux sols l'oeuvre de Saint-Jacques,s'exposaient les prcieux manuscrits, les enluminures

    compliques qui devaient appter le passant qu'atten-dait Nicolas Flamel, cependant que ses lves copiaientlonguement la Bible, des psautiers, des livres d'Heures,des traits d'alchimie dans sa maison l'enseigne de

    la Fleur de Lys.L'glise Saint-Jacques la Boucherie tait loin d'tre

    termine quand Flamel la prit pour abri ; bien quedj clbre en 1119 elle ne fut acheve que sous Fran-

    ois Iw. (La Rvolution la dmolit, n'en laissant quela

    tour

    la tour Saint-Jacques

    dont les fonde-ments furent jets en 1508). Elle abritait, ainsi que la

    plupart des autres glises, des choppes, telles quenous en voyons actuellement encore colles Saint-Roch et Saint-Nicolas-du-Ghardonnet.

    Flamel et sa femme s'entendaient fort bien de gots

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    semblables, mangeant dans do la vaisselle de terre,

    bons chrtiens, aids do doux servantes, MargueriteLaQuosnel ot sa fille Colette. L'on me permettra, tou-

    tefois, de ponser que l'excellent couple n'tait pas tout fait aussi modeste qu'on s'est plu lo reprsenter :

    jo n'en veux pour tmoins que ses portraits et statues

    qu'il mit un peu partout.L'excellente Perrenello, au Charnier des Innocents ot

    sur le Porlail deSaint'Jacques, apparaissait plus petiteque son mari, suffisamment lanco, dmise dconte ot

    modeste, le visage rgulier, quoique le menton lgre-ment saillant. Flamel, aux mmes endroits, en outre

    SainteGenevive des-Ardents, apparaissait massif, lescheveux courts, le front large, les yeux grands, enfon-

    cs, le nez long et tombant, la bouche pince, lo cou

    pais, les mains fines, portant le grossier habit de

    plerin, manteau long et retrouss surl'paule droite,le chaperon demi abattu autour du col, la cornette

    pendant trs bas, une ceinture avec l'critoire, signede sa profession. Ajoutons que dans la vieillesse illaissa crotre sa barbe.

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    IV

    Un chanoine, mon cher Matre, un vrai ? Un vrai ! Vous m'tonnez ! Et o l'avez-vous rencontr ? Chez un bouquiniste. Il bouquinait, je bouqui-

    nais, et le bouquiniste se rappelant qu'il confection-

    naitun

    livre sur laScience et la

    Religionme le

    pr-senta, lui assurant que je pourrais le tuyauter sur la

    question chimique. Alors, il me concurrence ? Non, il cantonne dans l'abstraction et plane trop

    haut. Aprs tout il existe une catgorie de lecteurs pour

    cette catgorie d'auteurs que M. Boulroux rsume. Dites-moi, le chanoine connat-il vos opinionsreligieuses ?

    Il est d'esprit large. C'est--dire que vous l'avez dj embt avec

    vos plaisanteries plus ou moins spirituelles, et qu'il

    les a mprises. Si vous voulez... Et quand lo verrai-jo ? Tout l'heure : j'ai rendez-vous avec lui Saint-

    Sverin.

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    r- Et vous n'allez pas lo laisser attendre ? Jobort,

    vous m'tonnoz do plus on plus ! Mais pourquoi Saint-Sverin ?

    Parce qu'il doit y visiter jo no sais qui ou je ne

    sais quoi, Et je vous emmnerai, Soit, Vous no lui exhiberez pas le portail Saint-

    Marcel ! Et comment s'appefle-t-il ?

    - Bournier, Maintenant, nous avons deux heures pordre ; si nous parlions do Nicolas Flamel ?

    Allons-y, J'en suis au moment o un hasard d-vie la destine de notre homme,

    Lisez, Je prends une prise et je vous ouis. Un jour de l'an 1357, Flamel

    acheta, pourla

    somme de deux florins, un livre dor, vieux, large,

    point do papier ou parchemin comme les autres, maisde dlies corces de tendres arbrisseaux. La couver-

    ture tait de cuivre, toute grave de lettres ou de

    figures tranges, lesquelles parurent Flamel des ca-

    ractres de langue grecque ou d'autre semblablelangue ancienne : il savait seulement qu'elles n'taient

    point notes, ni lettres latines ou gauloises. Quant au

    dedans, ses feuilles d'corce taient graves, et, d'unetrs grande industrie, crites avec une pointe de fer,en belles et trs nettes lettres latines colores. Il

    tait divis en trois parties de sept feuillets chacune,le septime ne portant jamais d'criture, mais bien, le

    premier une Verge et des Serpents s'engloutissant, lesecond une Croix avec un Serpent crucifi, et le troi-

    sime des dserts au milieu desquels coulaient plu-

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    sieurs belles fontaines dont sortaient des serpents

    courant par-ci et parl, (Ici encore nous retrouvonsles chiffres 3 et 7),

    Au premier des feuillets il y avait crit en lettres

    grosses capitales dores ; Abraham lo Juif, prince,

    prostr lvite, astrologue et philosophe, la gent desJuifs

    parl'ire de Dieu

    disperseaux Gaules. Salut. D.

    I, Aprs cela il tait rempli de grandes excrationset maldictions (avec le mot Maranatha souvent r-

    pt) contre toute personne qui le regarderait si ellen'tait Sacrificateur ou Scribe,

    Ce livre tait probablement l'oeuvre du rabbi

    Abraham, Quant Maranatha c'est--dire Anathmec'tait une formule que les alchimistes mettaient entte de leurs traits pour,., attirer l'attention du lec-

    teur,Au reste, Flamel, en jouant sur le mot, tait scribe

    sinon Sacrificateur, il pouvait donc poursuivre

    la lecture. Vritable trouvaille, et, certainement, celuiqui avait vendu ce livre notre homme ne connaissait

    pas plus que lui sa valeur. L'ouvrage avait d tredrob aux misrables juifs, ou trouv dans leur an-cienne demeure. L'auteur, au second feuillet, conso-lait sa nation, lui conseillant de fuir les vices et sur-tout l'idoltrie, d'attendre patiemment la venue duMessie qui vaincra tous les rois de la terre, et rgneternellement avec son peuple.

    Il faut dire qu' cette poque les rois malmenaient

    quelque peu les juifs, les chassant aprs les avoir d-

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    r- 50 ~

    pouills, et leur permettant de revenir moyennant do

    fortes sommes.Abraham devait tre savant et philanthrope ; car

    au troisime feuillet et aux suivants, pour aider sa

    nation captive payer los tributs aux Empereurs ro-

    mains, et pour faire autre chose que jo no dirai pas

    (etpour

    cause !),

    il lui enseignait la transmutation

    mtallique en paroles communes, peignait les vais-seaux sur le ct des pages, et avertissait des couleurset de tout le reste sauf du premier agent dont il

    ne disait mot ; il le peignait seulement, comme il le

    disait, et le figurait par trs grand artifice aux qua-

    trime et cinquime feuillets. Encore qu'il ft bienintelligemment figur et peint, aucun ne l'et comprissans tre fort avanc en la Cabale classique, et sansavoir longuement tudi les livres.

    Donc les quatrime et cinquime feuillets taient

    sans criture, tout remplis de belles figures enlumi-

    nes : l'auteur y avait peint d'abord un jeune hommeavec des ailes au talon, tenant une verge caduce en-

    tortille de deux serpents, dont il frappait une salade

    lui couvrant la tte (c'tait, videmment, le dieu Mer-cure des Paens), et vers lequel descendait, volant

    ailes dployes, un grand vieillard, avec une horlogeattache dans le dos, et tenant dans ses mains une

    longue faulx dont il semblait vouloir couper les piedsde l'autre.

    A l'autre face du quatrime feuillet tait peinte unebelle fleur au sommet d'une haute montagne sur la-

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    quelle soufflait rudement l'Aquilon ; la plante avait le

    pied bleu, les fleurs blanches et ronges, les fouillesreluisantes comme l'or fin ; autour d'elle un Dragonet un Griffon Aquiloniens construisaient leurs nids,

    Au cinquime feuillet il y avait, dans un riche jar-din, un beau rosier fleuri appuy contre un chno

    creux, et, ses pieds, une fontaine d'eau trs blanchequi se prcipitait dans un abme aprs tre passeparmi de nombreux aveugles qui la cherchaient sansla rencontrer,

    Au revers du cinquime feuillet se trouvait un Roiivec un grand coutelas, en prsence duquel des sol-

    dats tuaient une collection de petits enfants, cepen-dant que leurs mres pleuraient ses pieds ; d'autressoldats recueillaient le sang des victimes et le met-

    taient dans un vaisseau o baignaient le Soleil et laLune.

    J'en suis rest l. Aussi embarrass que Flamel

    pour trouver quelques explications. C'est pourtant bien simple. Simple? Mais oui, Lo jeune homme avec des ailes aux ta-

    lons, c'est Mercure, Le Mercure en Alchimie possdecollection de sens : tantt le mercure

    ordinaire,tantt

    le Mercure philosophique prt entrer dans l'athanor

    en cuisson avec le Soufre et le Sel philosophiques,tantt la matire premire de la Pierre c'est--dirocelle dont on extrait le MerGure philosophique, tanttla Pierre elle-mme, etc.

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    Notre Mercure tient une verge caduce entortille

    do deux serpents : ces deux serpents reprsentent l'unlo Fixe, l'autre le Volatil, La Pierre philosophale, on

    effet, est faito do Fixe et do Volatil.,,

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    Tout alchimiste vous fournirait cette explication, Vous appelez a une explication ? Sur ce, levonsle camp, et allons rejoindre le chanoine,

    Dans la rue Jobert continua : Avez-vous dj pens l'origine du monde, la

    Gense?

    Souvent. Et votre opinion ? Je n'en ai pas. Ou, plutt, j'en ai tant ! Il est crit La terre tait informe et nue, et

    les eaux l'entouraient de toutes parts, et l'esprit deDieu flottait sur les eaux, et les tnbres couvraient

    la surface de l'abme , Eh bien, au fit lux l'azote etle carpone se sparent du grand H 0, L'Eternel n'a-vait pas encore donn la matire premire la formeet la fonction. Ce grand H 0 c'est l'nergie cosmiquedans laquelle baignent les plantes, c'ost la vie uni-

    verselle,la

    lumire obscure,le

    Pantogne? c'est l'Etre,c'est Tout, Au fit luxle Mercure universel se dissocie,donnant l'oxygne (la terre) et l'hydrogne (l'atmos-phre). Sur cetto terre l'oxygne se transforma enazote et l'hydrogne en carbone : d'o la chlorophylle,les vgtaux. Des vgtaux naquirent l'iode, le chlore,

    le brome, le fluor, le bor. Puis vinrent les mtaux denature animale, l'ammonium et le phosphore. De la

    putrfaction des eaux sortit le soufre. Enfin arri-vrent les mtaux hydrocarbons et les mtaux dri-vant de la silice/

    -- Vous me rendrez fou! Mais nous sommes en

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    avance,nous avons le

    tempsd'errer un

    peu. Tenez,rogardez-moi co coin do province, l, au n915, Nous sommes dans la ruo des Carmes, c'est ce

    qui reste de l'ancien collgo dos Lombards, Cette cour vieillotte, cotto chapelle flanque

    d'arbres,,,

    Ils montaient les rues Laplaco, Valette, un quartieroubli du Conseil municipal, loign do la Capitale :des voies troites et grouillant do pauvres gens, desmaisons tout en hauteur, tombant les unes sur les

    autres, ou penches sur la chausse comme pour en

    obscurcir encore le triste jour, suant l'humidit, les

    portes basses, sombres, des entres de fours, do ca-chots conduisant des escaliers en vis; un bal-musette,des mastroquets, des tripiers, des fripiers ; la rue

    plutt l'impasse d'Ecosse, la rue de Lanneau,la rue

    Fromenlel, Hein ! fit

    Jobert,vous jouissez, l'amateur du

    Vieux-Paris! Nou* voici dans un vritable coupe-

    gorge, parmi des bandits, des souteneurs et des pros-titues ! Quel pittoresque ! Vous devriez vous y pro-mener le soir.

    Tenez, l, au 51 de la rue de la Montagne-Sainte-

    Genevive cette grille de bistro l'enseigne de Saint-Etienne avec, de chaque ct de la porte, un pied de

    vigne dans une gaine de bois ! Et ici, rue Clovis, cette

    portion de l'enceinte de Philippe-Auguste ! voyez, do-

    minant la rue, ce coin de fort vierge, cette vgtation

    paisse, ces arbustes, ces arbres poussant au hasard,

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    ce bout do nature qu'on est tout tonn ot tout heu-reux do rencontrer \ Vous prfreriez, leur place,des usines avec de droites chemines, ou une casernedo pompiers comme colle que la Ville a installe dansla longue nef aux fentres ogivales, aux rosaces dli-

    cieuses de l'ancien COUYOIUdes Bernardins, rue de

    Poissy prs d'ici ? Vous savoz, la Ville n'est pas indispensable !

    dans la rue Galande o nous sommes, au n 42, un

    simple commerant a appliqu un large criteau surlo naf bas-relief reprsentant, dans une barque,saint Julien, sa femme et un lpreux par eux recueilli.

    L ; l'apercevez-vous ? Voici Saint-Sverin et son clocher do campagne

    surmont d'un coq. Hlas ! la pauvre est dnude, onlui a retir sa robe de vieilles maisons qui la dissimu-

    laient aux yeux des barbares, elle apparat au grand

    jour,elle

    s'effare,elle a honte, Enfin,,.

    Approchons.Tiens, on peut dchiffrer encore, en bas du porche dela tour carre gauche, cette inscription grave en ca-

    ractres du XVe sicle : Donnes gensqui par cy passes,priez Dieu pour les trpasss. Elle est tout de mmeune des plus aguichantes de Paris cette glise, petite,

    intime, d'extrieur rustique ot d'intrieur prcieux.On no s'y sent pas microbe comme dans la plupart desautres dont les vastes dimensions s'agrandissent en-

    core des artifices de l'architecte qui semble n'avoir

    cherch qu' pater le visiteur ou lui imposer l'idedo sa petitesse devant Dieu. A Saint-Sverin on se

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    trouve chezsoi,

    ons'y

    cherche un cointranquille,

    on

    s'y rfugie derrire des piliers qui bien que parallless'enchevtrent, mnageant des perspectives curieuses,des faux-fuyants amusants, des aperus pittoresques

    parmi leurs alles, Mais, mon Dieu, pourquoi ces

    vitraux modernes, pourquoi ces morceaux de verre

    peinturlur portant orgueilleusement les noms des do-nateurs et dignes des pierres du Sacr-Coeur de Mont-

    martre ? pourquoi cette sainte Marie-Madeleine en

    Provence, don de la famille Roulbac , badigeonnede lie-de-vin et de vert-de-gris, pourquoi cette pre-mire communion avec, genoux, feu le baron Al-

    phonse de Rothschild et des dames habilles boule-vard Sbastopol ?

    O allez-vous rencontrer votre chanoine ? Entrons, je le dnicherai aisment. Tenez, le

    voici regardant en Fair. Venez, que je vous prsente,Le chanoine Bournior ne

    payait pasde

    mine,la

    soutane visiblement tache et rapice, les mains

    rouges, les ongles noirs, la face paysanne, la taille

    courte, la dmarche grossire. Seulement les yeux p-tillaient d'une flamme ironique, dmentant assez l'in-diffrence de la bouche. Cet homme assurment igno-

    rait la flatterie, l'appareil mondain, et du haut de satranquillit regardait peut-tre non sans plaisir ses

    pareils gaffer et s'embourber. Ce contraste quasi-mys-trieux tentait tout observateur, l'irritait par l'impos-sibilit de dmler la vrit : saint ou idiot, on ne sa-

    vait quelle tiquette lui coller premire Yue. Il tenait

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    r- 57 -

    do l'orgueilleux,du

    fumiste,du

    dsabus, dujem'en-fichiste, du mystique,Mais ses premiers mots on lo sentait sr de lui,

    rflchi, cal, mri, Monsieur, dit-il, j'ai lu votre livre Les Pierres

    vivent et meurent que M. Jobert m'avait indiqu, etje

    vous avouerai que les trs curieuses expriences duProfesseur Stphane Leduc m'ont vivement intress,mais pas convaincu, Voyons, entre nous, ces plantes

    pousses de graines exclusivement minrales vous

    apparaissent-elles vivantes ? Jo ne vous dirai pointcomme l'Acadmie qu'elles ne sont que des prcipits

    tubulaires mtalliques, et pas doues de vie puisqu'illeur manque une fonction, la reproduction, quoivous avez rpondu que dans ce cas le mulet n'tait

    qu'un prcipit tubulaire mtallique puisqu'il ne re-

    produisait pas. Mais pour leur prter la vie ne devez-vous

    pas,dans votre

    prface,donner de la vie une dfi-

    nition ad hoc? La vie, avancez-vous, est la rsultantede deux forces, l'une active, la pression osmotique,

    qui met en mouvement les molcules et les ions ;l'autre passive, la rsistance oppose par les plasmes ces mouvements . Voyons, est-ce l la vie? cette

    dfinition explique-t-efle l'instinct de conservation,l'quilibre qu'elle maintient entro tant d'lmentsennemis? explique-t-elle, si vous prfrez, la pressionosmotique et la rsistance elle oppose ?

    Encore une fois ces recherches biologiques m'in-tressent extrmement, et je fie les vois nullement

    5

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    d'un mauvais oeil. Mais il ne faut pas aller trop loin,

    et vouloir s'attribuer la puissance qu'on refuse Dieu,crer la vie ! Que l'homme singe Dieu, soit ; mais

    qu'il prtende le dpasser,,. Laissez Dieu l'unit, le

    point de dpart, amusez-vous avec le reste, Ne re-

    montez pas la source, vous perdriez votre temps, ou

    vous tomberiez des dfinitions aussi obscures que

    celle-ci ; La matire c'est l'nergie en mouvement ! Essayez donc do vous reprsenter l'nergie en mou-

    vement, passez donc de l'impondrable au pond-rable ! La Science a une limite : Dieu, l'Inconnais-

    sable, l'Incomprhensible, A la

    rigueur j'admettraisles thories de l'volu-

    tion et de l'adaptation lesquelles s'accordent avec la

    loi du progrs physique et moral, de l'acheminementvers l'harmonie, loi qui indique en somme le rle

    scientifique du libre-arbitre do l'homme : partir d'un

    point incomprhensible et admis pour tendre vers un

    autre point galement incomprhensible et admis.Partir, la nuit, d'un endroit pour arriver, la nuit, dansun autre endroit aprs un beau voyage de jour. R-

    soudre un problme selon la formule : Supposons le

    problme rsolu. Dfinir comme d'ailleurs on a

    coutume de le faire une chose l'aide de ses qua-

    lits, c'est--dire bonnet blanc, blanc bonnet. Echa-fauderdes lois, des rgles, des thormes sur desfondations creuses, la gomtrie, par exemple, sur la

    ligne horizontale courbe (puisqu'elle suit la direction

    de l'eau dormante) et sur la ligne verticale horizontale

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    (puisque Ja verticale au ple est perpendiculaire la

    verticale l'quateur), Avouons donc qu'on se heurte

    l'Incomprhensible, l'Indomptable, que la science novit que de thories relatives, phmres et multiplescependant que Dieu demeure absolu, ternel, un,

    Vous rduisez, M, le Chanoine, la science un

    amusementsans

    porte,

    une distraction bonne contenter quelques pauvres fous de savants, Mais jamais de la vie ! Loin de moi une telle

    pense ! La science sert Dieu : plus l'homme acquiertde connaissances, plus il constate son ignorance ;

    plus il avance, plus il recule la faon des excurr-

    sionnistes en montagne qui se figurent que lo sommets'loigne mesure qu'ils grimpent. Seul le vritablesavant comprend le peu de chose qu'il est.

    Que vous tes indulgent ! La plupart des savantssont d'un orgueil assommant, ils assassinent*leurs

    confrres, proclament la vrit de leurs dcouvertes,

    se posent en rformateurs, dtruisent tout, cha-faudent de nouvelles bases, et se laissent adorer jus-qu' ce que d'autres plus adroits, plus audacieux, ou

    simplement plus riches, les crasent leur tour, Lo

    savant devient charlatan avec une incroyable facilit.Et Pasteur,,,

    Et Berthelot donc ! interrompit Jobert heureuxde trouver l'occasion de maudire un officiel.

    Laissons les personnalits, riposta le chanoine.Je puis vous assurer que je connais d'excellents ca-

    tholiques qui sont de parfaits savants.

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    Ces catholiques, M. le Chanoine,

    nepeuvent treque des mystiques, je veux dire des croyants se pas-

    sant, en somme, de l'intermdiaire du prtre et du

    culte, s'adressant directement Dieu. Oui, il faut

    qu'ils soient des simples, qu'ils ne cherchent pas de

    vingt-quatre Yingt-six heures, qu'ils ignorent la rai-

    son, la scolastique, les dogmes transcendanteux, lesspculations thologiques pour que les tudes scien-

    tifiques ne les conduisent pas la ngation de la foi.Ils cuisinent des expriences de laboratoire commeils enlumineraient des missels, pour la seule gloiredu Seigneur, et ils lui offrent leur nouvelle mthode

    de prparation du sulfure de strontium phosphores-cent comme ils lui offriraient une miniature ou unchant.

    Votre dfinition des mystiques n'est pas trs

    orthodoxe mais elle renferme une grande part de v-rit.

    Heureux,cher

    Monsieur,les

    pauvresen

    esprit,ceux qui vivent en Dieu ainsi que Dieu vit en eux,ceux qui se contentent d'aimei la posie des cloches,la lgende de Nol, la figure de la Vierge, ceux dontseuls le coeur et l'imagination s'chauffent, ceux quin'aspirent qu' la consolation, qu' la communioh

    avec un Pre indulgent, ceux qui ignorent la mta-physique, la cosmogonie...

    Et la Gnose, dit Jobert. La Gnose l Ah ! parlons-en ! Charlatanisme pur !

    Gnose ou sciehee parfaite 1 rien que a! Dieu passau crible de la science et de la philosophie ( Dieu jug

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    par les hommes, et leur serviteur ! Pure invention de

    Shatan, Messieurs! Le dmon en prsentant sous l'ap-

    pareil gnostique l'alliance de la religion et de la science

    tend un abominable pige. Confondre science et reli-

    gion, vouloir en amalgamer un tout confine l'h-

    rsie, la folie : qu'a-t-elle donn l'humanit, la

    science? des commodits matrielles superflues, etcr des besoins vains qui loin d'allger les malheu-

    reux les crvent d'envie, leur exhibant le riche pro-men en chemin de fer ou en auto, clair l'lec-

    tricit, et ne leur rappelle pas que ce riche meurt

    comme eux et que la science ne l'arrache pas la

    mort. La France est-elle plus prospre depuis qu'ellepossde des voies ferres ? non, n'est-ce pas, puisqueles autres pays on sont galement sillonns, et les

    migrants souffrent-ils moins prir d'inanition en

    Amrique qu'en Italie? Us connaissent les fivres en plus. quoi servent les dirigeables et les avions

    sinon au mal, la guerre ? et la chimie sinon falsi-fier les denres et composer des explosifs ?

    Bigre ! M. le Chanoine, c'est le procs de lascience que vous exposez !

    Franchement, croyez-vousle monde

    plusheu-

    reux aujourd'hui qu'il y a deux mille ans ?Nos anctres

    se passaient fort bien du tlphone, et nous nous pas-sons fort bien des inventions qu'on produira dans

    deux mille ans. La culture romaine valait la ntre ! Avant ou aprs Jsus-Christ? interrogea Jobert.

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    Les sicles s'enchanent sansque

    la consciencedu bien ou du mal varie dans son essence...

    Mais qu'elle varie dans la forme! Sur ce, M. le

    Chanoine, je vous laisse avec le Matre, ne craignez pasde le rabrouer vigoureusement s'il vous taquine. De-mandez-lui quoi sert la fabrication de l'or, et d-

    montrez-lui qu'elle n'influera nullement sur notrepauvre humanit.

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    V

    Si la science ne s'entend pas avec la religion elle

    ne s'entend gure plus volontiers avec l'art ! Cette

    carte postale qu'un de mes amis m'a expdie parce*

    qu'il s'embtait dans uh caf reprsente la statue d'A-

    dam la Tour de Beurre de la cathdrale de Rouen :

    pourquoi, diable, le sculpteur a-t-il creus un nom-bril dans le ventre du premier homme? Je sais bien

    que les artistes ne sont pas a prs, qu'ils ne se gnen

    pas pour couronner, non d'glantines, mais de nosroses les Romains qui les ignoraient totalement. Etles occultistes, initis parfaits 1les imitent en ornant

    d'une magnifique rose de France la croix en tau. Celaa d plaire Sienkiewicz lequel dans Quo vadis a sibtement dmarqu Les derniers jours de Pompi de

    Lytton. Celui-l ne s'entendait ni avec la science niavec l'art !

    Sa

    tisanelittraire

    aenthousiasm les masses.N'oubliez pas, moucher M. Schwaebl, que ces masses

    constituent la Chrtient laquelle les prfre certaine-ment pour leur simplicit aux intellectuels souvent

    gnants. Voyons, M. le Chanoine nous avons bifurqu,

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    reprenons notre premier sujet : quand partons-nous

    pour la Bretagne ? Alors, vous abandonnez Nicolas Flamel ? Je le quitte pour quelques jours : au reste le

    bain de Moyen-Age qui m'enveloppera l-bas m'aidera le situer dans son cadre et son poque.

    Voulez-vous fixer notre dpart lundi? J'aurai

    ainsi le temps de me procurer les paperasses que lenotaire de Morlaix exige pour rgler ce mince hritagedont le seul bnfice, si cela continue, sera ce voyageen votre compagnie.

    Soit, lundi en route ! Je me rjouis de revoir la

    Bretagne avant que les autos et les chemins de ferl'aient entirement civilise la faon du Mont Saint-

    Michel, avant que, M. le Chanoine, le Clerg l'ait abso-lument corrompue.

    Que vient faire le pauvre Clerg dans cette

    aventure ?

    Mais oui, le Clerg ! Ecoulez-moi : le Bretonest grave mlancolique : peut-tre s'inquite-t-il va-

    guement de choses entrevues, souponnes ; et en-

    core, non, cela dpasse non entendement, il ne

    cherche pas comprendre, il ne pense pas, attendantla mort rsign, incapable d'effort, fataliste. Comme

    ces animaux qui sentant venir l'orage s'arrtent aulieu do le fuir lui laisse trahquillement arriver la fin

    de tout parmi la tristesse de son ciel sa mer grise,ses couleurs teintes. En un mot le Breton a besoind'tre dirig, peronn.

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    Los Celtes taient des hommes nergiques, des

    hommes d'action. Ne redoutant pas la mort qui lestransvasait simplement en d'autres corps ils allaientde l'avant, agissaient.

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    tarde,oublieux. Il vous est

    djarriv

    Paris,n'est-

    ce pas, la tombe de la nuit, l'hiver, d'entrer dans

    une chapelle bien chaude, de vous asseoir prs d'une

    bouche de chaleur, et de sentir bientt votre corps,votre me s'engourdir, de demeurer inconscient de

    l'extrieur, avec des envies de pleurer ?

    Souvent. Eh bien ! le climat breton influe la faon decette chapelle, il attendrit, il rconforte, offrant un

    air salutaire aux poumons et l'me. Il gurit celle-ci des plus vieilles ngations, des plus vieux doutes,sans coup de foudre, insensiblement. A Lourdes l'E-

    glise assomme, met les pieds dans le plat, ordonne;en Bretagne elle caresse, enveloppe s'insinue. L elle

    commande, ici elle prie. Quant ces divers saints qui vous chiffonnent

    soyez plus indulgent : songez que saint Bat, saint

    Golomban,saint

    Marcoul,sainte

    Osmane,saint Pa-

    terne, saint Secondel, saint Hlier, saint Samsonsaint Bieuzy saint Guingaloc saint Jacut, saint Pa-

    drick, saint Herbot, saint Tudi, saint Corhli, saint

    Jorhand, saint Envel saint Pever, saint Iguinou saint

    Gily, sainte Eliboubane, sainte Ache, sainte Lallac,

    sainte Coupaa sainte Landouenne, sainte Tugdoniesainte Tunevel saint Beuzc saint Gorgon saint Yvi,saint Lvias, saint Uzec saint Gestin, saint Miliusaint Nrin saint Lonan saint Bergt, saint RaVen^saiht Mandan saint Vell saint Isis saint Idunet,saint Guehnol saint Corentin, saint Goulven, saint

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    Goeznou, saint Efflam, saint Ronan,saint

    Vouga,sainte Nennok... Ah bien ! vous avez une mmoire ! Songez, dis-je, que chaque saint gurit une ma-

    ladie ! Saint Maur la goutte, saint Job la lpre, saint

    Gilles le cancer, saint Guy la chore, saint Aventin le

    rhume, saint Fiacre le flux de sang, sainte Geneviveles ophthalmies, sainte Catherine d'Alexandrie les mi-

    graines, sainte Reine les maladies secrtes, saint Bar-

    thlmy les convulsions, saint Firmin les crampes,saint Benoit les rsyples et la pierre, saint Loup les

    douleurs d'entrailles, saint Hubert la rage, sainte

    Appoline les nvralgies faciales et les maux de dents !De vritables spcialits pharmaceutiques ! Et, j'ypense, voil un nouveau document pour vous : lessaints gurisseurs l'alliance de l'Eglise et de la M-decine !

    Beaucoupde

    lgende, beaucoupde

    superstition,peu de science. Je possde mieux dans mes notes ;tenez, les origines, en somme, du magntisnie, la

    rndeeine par le toucher divin. Je lis au hasard :

    Jsus gurissait les malades en les touchant. Soit

    qu'il les toucht de sa propre main soit qu'il leur ft

    toucher ses vtements, il soulageait les misrables,semblant d'ailleurs, croire plus la foi qu' sa

    science ne dit-il pas FidesMa te salvam fecit une

    femme dbarrasse d*un flux de sang par le seul con-

    tact de la frange de sa tunique ?

    Au moment de l'arrestation de Jsus, rapporte

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    saint Luc, un de ses compagnons frappant lo servi-

    teur du grand prtre lui emporta l'oreille droite;mais Jsus lui adressa ces mots : Abstenez-vous ;et, touchant l'oreille, il la gurit.

    Et saint Marc : Jarus vint trouver Jsus pour le

    prier de se rendre auprs de sa fille l'agonie. Cheminfaisant on leur

    annonason dcs, Mais Jsus

    engageale pre ne pas dsesprer encore. Arriv au chevetdu lit de lajeune fille, il lui ordonna de se lever, et ellese leva.

    Encore saint Luc : Jsus croisant le cortge funbredu fils unique de la veuve de Nam dit la mre : Ne

    pleure point , et, touchant le corps, il s'crie :

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    de nos docteurs, de ce texte de l'Evangile Les boiteuxcheminent: Ne pourrait-il s'agir de claudication hys-

    trique, due soit une coxalgie de mme nature ; soit

    un pied-bot varus ; soit une nvralgie sciatique,avec parsie hystrique du membre infrieur droit,dterminant une gne dans la marche ; soit une

    contracture hystrique du membre infrieur gauche,dterminant une pseudo-ankylose du genou et un pied-bot talus ; soit aune contracture du membre infrieur

    gauche, rendant la marche impossible ; soit une con-

    tracture hystrique des muscles de la jambe, suffisante

    pourdterminer la claudication

    ; soit, enfin, de l'h-

    miplgie droite suivie des mmes effets? . Avouez quevous n'avez que l'embarras du choix...,, des mots, et

    que, quand vous l'aurez arrt, vous saurez que les

    boiteux cheminaient parce que... ils cheminaient! Revenons aux rois. Le roi (Louis VI), notre

    sire, crit Guibert, abb de Nogeht qui vivait sousson rgne *- fait ordinairement des prodiges : il gu-rit les personnes affectes d'crouelles au col, ou en

    tout autre endroit, en ajoutant son attouchement

    le signe de la croix ; tant prs de lui j'ai YU les

    malades accourir, et j'ai contribu, comme les autres

    personnes de sa suite, carter la foule... cAu moment de mourir Philippe-le-Bel mande son

    fils an, rapporte du Tillet

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    selon l'Ecriture, Dieu n'oyt ni exauce les vicieux, et

    par eux ne fait miracle.

    Aprs que le roi (Charles VI) eut entendu la messe

    (de son sacre), on apporta un vase plein d'eau. S. M.,

    ayant fait sa prire devant l'autel, toucha le mal dela main droite, le lava dans cette eau que le malade

    porta sur la partie neuf jours de jene. (Conti). Au sortir de notre sacre de Reims, dit Franois Ier,et allant l'glise de M. Saint-Marcoul, o nous etnos prdcesseurs avons coutume aller faire nos o