SARKOZY de Pierre PUJO L’éditorial à la remorque · 2 0 0 0 L’ACTION N° 2733 FRANÇAISE 61e...

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2 0 0 0 L’ACTION FRANÇAISE 2733 61 e année du 4 au 17 octobre 2007 Prix : 3 s (20 F) paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Téléphone : 01-40-39-92-06 – Fax : 01-40-26-31-63 – Site Internet : www.actionfrancaise.net 3:HIKLKJ=XUXUUU:?c@h@n@n@a; M 01093 - 2733 - F: 3,00 E L'ESSENTIEL Pages 2, 4, 5 et 16 POLITIQUE FRANÇAISE – L'euro : Nicolas Sarkozy l’hypocrite par Henri LETIGRE Roselyne Bachelot : la betterave par VINDEX Délinquants et victimes à la carte par Aristide LEUCATE Francophonie : il faut rejeter le protocole sur les brevets ! par Pierre PUJO – Le dimanche sacrifié au culte de la rentabilité par Jean-Philippe CHAUVIN Page 6 POLITIQUE ÉTRANGÈRE – Les tribulations new- yorkaises de M. Ahmadinéjad – Turbulences en Birmanie par Pascal NARI Pages 11, 12 et 13 HISTOIRE ET LETTRES – Celui qui donna Louis XIV à la France par René PILLORGET « 2000 jeunes saints, jeunes témoins » par Michel FROMENTOUX – 1917, année fatale par Pierre-Frédéric DANJOU – Plaidoyer pour l’enfant martyr par Pierre LAFARGE – La Croix et le Croissant par Anne BERNET Pages 14 LES GRANDS TEXTES – Aux sources du nationalisme par Gérard BAUDIN NATION TION ET ET SOUVERAINETÉ SOUVERAINETÉ 2 e partie par Michel FROMENTOUX Pierre HILLARD Entretien avec Paul-Marie COÛTEAUX DOSSIER pages 7 à 10 Tout ce qui est national est nôtre La Conférence épiscopale n’a rien à dire sur l’ouverture des commerces le dimanche – le Jour du Seigneur. En revanche, elle prend position sur les tests ADN qu’il est question de demander aux candidats au regroupement familial des immigrés en France. Les évêques se sont en effet interrogés récemment sur les risques d’« utilisation délétère » desdits tests. Nos prélats ont avant tout le souci de dé- fendre les valeurs familiales. Ils trouvent hu- miliant de faire passer aux candidats au re- groupement familial des tests génétiques pour justifier leur demande. Le 25 septembre, M. Brice Hortefeux a reçu Mgr Schokert, évêque de Belfort-Montbéliard, responsable de la Pastorale des migrants, et le P. Stéphane Joulain, directeur adjoint du service national de la Pastorale des migrants. Ils se sont déclarés satisfaits du recul du mi- nistre sur ses exigences premières concer- nant les ressources des immigrés légaux et leur connaissance de la langue française, mais contestent le bien-fondé des tests gé- nétiques. Le P. Joulain a démenti faire partie d’un lobby gauchiste et a déclaré se placer sur un plan humaniste et familial. Il ne tient pas compte que le recours aux tests ADN sera fa- cultatif et que les Français ont le droit en prio- rité de bénéficier de la défense des évêques pour protéger leur identité nationale. A.F. LES ÉVÊQUES SE MOQUENT DE L'IDENTITÉ NATIONALE SARKOZY à la remorque des Américains L L ’éditorial ’éditorial de Pier de Pier r r e PUJO e PUJO (pa (pa g g e 3) e 3) La faillite, dans combien de temps ? L es commentateurs étaient nombreux ces dernières se- maines à reprocher au Pre- mier ministre François Fillon de ne pas exister et de se borner à être le “collaborateur” de M. Sar- kozy... Voilà que M. Fillon a conquis son franc-parler. Devant les agriculteurs corses, l’autre di- manche, il a évoqué « un État en situation de faillite » qu’il ne fal- lait pas assaillir de revendications. Quelques jours après, il corrigeait légèrement son propos en parlant d’une situation « critique ». M. Sarkozy ayant déclaré peu avant que M. Fillon et lui-même étaient « interchangeables » (mais non leurs fonctions respec- tives !), on pouvait en tirer que ce qu’avait dit François Fillon, Ni- colas Sarkozy le pensait aussi. Le mot de faillite était-il ex- cessif ? Sans doute la France paie-t-elle encore ses créanciers, car il y a encore des pays pour lui faire crédit. D’autres États béné- ficieraient de moins d’indul- gence... Il reste un fait : la faillite n’est pas loin. Or quand un Premier ministre emploie un tel mot, on a des rai- sons de penser qu’il ne le fait pas à la légère. Il devrait donc en ti- rer toutes les conséquences. Un pays en état de faillite, s’il ne veut pas être pris en tutelle par le Fonds monétaire international, se doit de décréter un plan de rigueur au- tour d’une mobilisation générale. Le Premier ministre devrait dra- matiser la situation, mettre en route un plan de rigueur, faire comprendre l’importance de l’en- jeu, faire appel au patriotisme des Français. Hélas, le mot patrio- tisme est dévalué, tout comme le mot “faillite”. Les Français conti- nueront à vivre dans l’insouciance de l’avenir et des problèmes réels qui se posent au pays. Le déficit de la Sécurité so- ciale atteint cette année 11,7 mil- liards, alors qu’il ne devait pas dépasser 8,9 milliards selon les prévisions de l’an passé. Les pé- nalités subies par les malades comme par les médecins n’auront servi à rien. Les “franchises” an- noncées par M me Bachelot auront le même sort. Les mesures qu’elle a décidées conduisent à un re- plâtrage, non à un redressement des comptes de la Sécurité sociale qui est remis à plus tard. Le déficit des comptes publics de la France touche aussi le bud- get de l’État qui, de même, sera en déficit. Sans parler de celui des collectivités locales dont le bud- get n’a cessé d’augmenter ces der- nières années, l’État se déchar- geant sur elles de tâches toujours plus nombreuses... La France ne pourra pas re- tarder indéfiniment les échéances : un plan d’austérité s’imposera un jour ou l’autre. Plus on attendra, plus la potion à ava- ler par les Français sera amère. Il ne suffira pas de compter sur la reprise de la croissance pour résoudre des problèmes dont on aura différé la solution quand il était encore temps. Jacques CEPOY

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2000

L’ACTIONFRANÇAISE

N° 273361e année

du 4

au 17 octobre 2007

Prix : 3s (20 F)

paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Téléphone: 01-40-39-92-06 – Fax : 01-40-26-31-63 – Site Internet : www.actionfrancaise.net

3:HIKLKJ=XUXUUU:?c@h@n@n@a;M 01093 - 2733 - F: 3,00 E

L'ESSENTIELPages 2, 4, 5 et 16

POLITIQUE FRANÇAISE

– L'euro : Nicolas Sarkozyl’hypocrite

par Henri LETIGRE

– Roselyne Bachelot : la betterave

par VINDEX

– Délinquants et victimes à la carte

par Aristide LEUCATE

– Francophonie : il fautrejeter le protocole sur lesbrevets !

par Pierre PUJO

– Le dimanche sacrifié au culte de la rentabilité

par Jean-Philippe CHAUVIN

Page 6

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

– Les tribulations new-yorkaises de M. Ahmadinéjad

– Turbulences en Birmanie

par Pascal NARI

Pages 11, 12 et 13

HISTOIRE ET LETTRES

– Celui qui donna Louis XIVà la France

par René PILLORGET

– « 2000 jeunes saints, jeunes témoins »

par Michel FROMENTOUX

– 1917, année fatale

par Pierre-Frédéric DANJOU

– Plaidoyer pour l’enfant martyr

par Pierre LAFARGE

– La Croix et le Croissant

par Anne BERNET

Pages 14

LES GRANDS TEXTES

– Aux sources du nationalisme

par Gérard BAUDIN

NNAATION TION ETET

SOUVERAINETÉSOUVERAINETÉ2 e p a r t i e

par Michel FROMENTOUX

Pierre HILLARD

Entretien avec Paul-Marie COÛTEAUX

DOSSIER

pages 7 à 10

Tout ce qui est national est nôtre

n La Conférence épiscopale n’a rien à diresur l’ouverture des commerces le dimanche– le Jour du Seigneur . En revanche, elle prendposition sur les tests ADN qu’il est questionde demander aux candidats au regroupementfamilial des immigrés en France. Les évêquesse sont en ef fet interrogés récemment sur lesrisques d’« utilisation délétère » desdits tests.

Nos prélats ont avant tout le souci de dé -fendre les valeurs familiales. Ils trouvent hu -miliant de faire passer aux candidats au re -groupement familial des tests génétiques pourjustifier leur demande.

Le 25 septembre, M. Brice Hortefeux a reçuMgr Schokert, évêque de Belfort-Montbéliard,responsable de la Pastorale des migrants, et

le P. Stéphane Joulain, directeur adjoint duservice national de la Pastorale des migrants.Ils se sont déclarés satisfaits du recul du mi -nistre sur ses exigences premières concer -nant les ressources des immigrés légaux etleur connaissance de la langue française,mais contestent le bien-fondé des tests gé -nétiques.

Le P. Joulain a démenti faire partie d’unlobby gauchiste et a déclaré se placer sur unplan humaniste et familial. Il ne tient pascompte que le recours aux tests ADN sera fa -cultatif et que les Français ont le droit en prio -rité de bénéficier de la défense des évêquespour protéger leur identité nationale.

A.F.

LES ÉVÊQUES SE MOQUENT DE L'IDENTITÉ NATIONALE

SARKOZY à la remorquedes Américains

LL’éditorial ’éditorial

de Pierde Pierrre PUJO e PUJO

(pa(pagge 3)e 3)

La faillite, dans combien de temps?L es commentateurs étaient

nombreux ces dernières se-maines à reprocher au Pre-

mier ministre François Fillon dene pas exister et de se borner àêtre le “collaborateur” de M. Sar-kozy... Voilà que M. Fillon aconquis son franc-parler. Devantles agriculteurs corses, l’autre di-manche, il a évoqué «un État ensituation de faillite » qu’il ne fal-lait pas assaillir de revendications.Quelques jours après, il corrigeaitlégèrement son propos en parlantd’une situation « critique ».M. Sarkozy ayant déclaré peuavant que M. Fillon et lui-mêmeétaient « interchangeables»(mais non leurs fonctions respec-

tives !), on pouvait en tirer quece qu’avait dit François Fillon, Ni-colas Sarkozy le pensait aussi.

Le mot de faillite était-il ex-cessif ? Sans doute la Francepaie-t-elle encore ses créanciers,car il y a encore des pays pour luifaire crédit. D’autres États béné-ficieraient de moins d’indul-gence... Il reste un fait: la failliten’est pas loin.

Or quand un Premier ministreemploie un tel mot, on a des rai-sons de penser qu’il ne le fait pasà la légère. Il devrait donc en ti-rer toutes les conséquences. Un

pays en état de faillite, s’il ne veutpas être pris en tutelle par le Fondsmonétaire international, se doitde décréter un plan de rigueur au-tour d’une mobilisation générale.Le Premier ministre devrait dra-matiser la situation, mettre enroute un plan de rigueur, fairecomprendre l’importance de l’en-jeu, faire appel au patriotisme desFrançais. Hélas, le mot patrio-tisme est dévalué, tout comme lemot “faillite”. Les Français conti-nueront à vivre dans l’insouciancede l’avenir et des problèmes réelsqui se posent au pays.

Le déficit de la Sécurité so-ciale atteint cette année 11,7 mil-liards, alors qu’il ne devait pasdépasser 8,9 milliards selon lesprévisions de l’an passé. Les pé-nalités subies par les maladescomme par les médecins n’aurontservi à rien. Les “franchises” an-noncées par Mme Bachelot aurontle même sort. Les mesures qu’ellea décidées conduisent à un re-plâtrage, non à un redressementdes comptes de la Sécurité socialequi est remis à plus tard.

Le déficit des comptes publicsde la France touche aussi le bud-get de l’État qui, de même, seraen déficit. Sans parler de celui descollectivités locales dont le bud-get n’a cessé d’augmenter ces der-nières années, l’État se déchar-geant sur elles de tâches toujoursplus nombreuses...

La France ne pourra pas re-tarder indéfiniment leséchéances: un plan d’austérités’imposera un jour ou l’autre. Pluson attendra, plus la potion à ava-ler par les Français sera amère.Il ne suffira pas de compter surla reprise de la croissance pourrésoudre des problèmes dont onaura différé la solution quand ilétait encore temps.

Jacques CEPOY

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2 L’Action Française 2000 n° 2733 – du 4 au 17 octobre 2007

10, rue Croix-des-Petits-Champs,75001 Paris

Tél. : 01-40-39-92-06 • Fax : 01-40-26-31-63I.S.S.N. 1166-3286

• Directeur : Pierre Pujo• Secrétaire de rédaction :

Michel Fromentoux• Politique : Georges Ferrière,

Yves Lenormand• Politique étrangère : Pascal Nari• Économie : Henri Letigre,

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ÉCONOMIE

parHenri LETIGRE

L'illusionnismen'aura qu'un temps.

L ' E U R O

Nicolas Sarkozy l’hypocriteLe dollar américain vient de

battre de nouveaux recordsde faiblesse : 1,41 dollar

pour 1 euro, soit un dollar à moinsde 4,65 francs ! Il ne s’agit pasd’un “accès de puissance” de ladevise européenne, mais biend’une évolution recherchée par les

ling ; même le peso argentin s’ap-précie face à la devise américaine,l’euro n’a pas de quoi pavoiser !Mais derrière ces variations mo-nétaires se cachent de véritablesstratégies, que la France ne peutplus mettre en œuvre.

L’Union européenne nous atransformés en “unijambistes”. Enmatière économique, les gouver-nements s’appuient traditionnel-lement sur deux mécanismes : lapolitique monétaire (ou politiquede change) et la politique budgé-taire. La mise en place de l’euroa supprimé depuis 1999 toute pos-sibilité de recourir à la première.Au moment de l’élaboration dutraité de Maastricht, celle-ci étaitdiscréditée par les dévaluationsdéclenchées en catastrophe dansles années quatre-vingt par lesgouvernements socialistes fran-çais, qui n’avaient pas permis ànotre économie de se rétablir à lasuite de chocs budgétaires à répétition.

Pour conjurer ce désastre, unestratégie de monnaie forte futadoptée à partir de 1983 pour imi-ter les choix qui avaient fait leurspreuves en Allemagne. Ce dog-matisme vient d’atteindre ses li-mites en provoquant une triplecrise qui va infiltrer peu à peutoutes nos infrastructures dans lesmois avenir.

Déficits records

Premier aspect de crise :l’euro fort (je ne le répéterai ja-mais assez) n’est pas adapté ànotre économie. Plus l’euro monte,plus nous importons et moins nousexportons. L’année 2006 a battu

tous les records de déficits com-merciaux : avec plus de 30 mil-liards de découverts, nous cu-mulons désormais un double syn-drome déficitaire, celui du déficitbudgétaire et celui du commerceextérieur. Or, ces deux déficits nesont pas indépendants, ils se com-

et qu’en conséquence il allait pourla première fois délocaliser en Indeune usine de fabrication de chaus-sures (merci pour la ville de Ro-man qui voit disparaître tout sonsavoir-faire depuis l’apparition del’euro).

Deuxième élément de la crise :le “crash” de l’économie américainesuscite un attentisme mondial, enparticulier auprès de nos princi-

autorités américaines, soucieusesde redresser leur propre conjonc-ture économique. Le dollar s’af-faiblit en effet par rapport à l’en-semble des monnaies internatio-nales et a même franchi deuxseuils particulièrement symbo-liques : il faut désormais moins de1 dollar canadien pour obtenir undollar américain, et plus de deux“billets verts” pour une livre ster-

Géopolitiquede la

francophonieSi vous voulez disposer

d’un tableau universel de lafrancophonie, de ses possibili-tés réelles – et de ses enne-mis très actifs – il convient delire de toute urgence le livre ad-mirable d’Albert Salon : Colascolo, Colas colère qu’inspirentl’intelligence, le savoir et unbeau patriotisme.

Un tirage limité chez l’Har-mattan appelle un grand tirage,d’un million d’’exemplaires, desalut public.

PERCEVAL

(1) Albert Salon : Colas colo, Co -las colère. Éd. L’Harmatt an, 5 ruede l’École Polytechnique, 75005Paris, 25,50 euros.

NAISSANCE

● Nous sommes heureux d’apprendre la nais-sance de Nicolas KA YANAKIS au foyer de nosamis M. Renaud Kayanakis et de Mme née Élo-die Bouchez, Boulogne (Hauts-de-Seine), le 5juillet 2007.

Le jeune Nicolas est le petit-fils de nos amisde longue date Nicolas Kayanakis ancien se-crétaire général des Étudiants d’A.F. et Mme, àqui nous adressons nos bien vives félicitations,avec nos vœux de santé et de longue vie.

DÉCÈSSerge BOUTS

● Nous avons appris avec tristesse la mort denotre ami Serge BOUTS décédé dans sa 84e

année le 18 septembre 2007 à Paris.Les obsèques religieuses ont été célébrées

le 24 septembre en l’église Saint-François deSales. Le souvenir de son épouse ChristianeBouts, décédée en 1973, a été rappelé pen-dant la cérémonie. Pierre et Marie-GabriellePujo ainsi que Nicole Dalibert représentaientl’Action française.

Neveu de Maxime Real del Sarte, il ap-partenait à une famille où nous ne comptonsque des amis. Au moment de sa retraite pro-

fessionnelle, il se mit au service de l’Actionfrançaise et lui apporta un concours appréciédans les services comptables. Cet homme dis-cret, profondément dévoué, au jugement sûr,était un travailleur efficace. Les années pas-sant, nous le vîmes moins souvent dans nosbureaux, mais ce père de famille nombreusen’en demeurait pas moins fidèle aux grandesmanifestations de l’A.F., comme le Banquet an-nuel et le Cortège de Jeanne d’Arc auxquellesil invitait certains de ses enfants.

Nous prions ses huit enfants, Gérard etAgnès Vestiel, Laurent et Véronica Bouts, Xa-vier Bouts, Gaston et Odile Labouise, Chris-tian et Clotilde Gauchy, Emmanuel et ManuelaBouts, Sophie Bouts, Christine Bouts, ainsi queses vingt-et-un petits-enfants et ses trois ar-rière-petits-enfants, d’agréer nos sentiments deprofonde sympathie, ainsi que nos prières pourle repos de son âme.

● Nous apprenons avec peine le décès le 17août 2007, à l’âge de 85 ans, de notre ami fi-dèle et généreux Jacques LACOSTE , ancienexpert en objets d’art auprès des Tribunaux..

Les obsèques religieuses ont été célébréesle lundi 20 août en l’église de Vaux-sur-Vienneen toute intimité.

À Mme Renée Lacoste son épouse, à sesenfants, ses petits-enfants et arrière-petits-en-

fants, nous présentons nos condoléances etl’assurance de nos prières.

MESSE

● La messe pour le repos de l’âme de S.M. lareine MARIE-ANT OINETTE aura lieu le di -manche 21 octobre 2007, place de laConcorde, à 15 h 15. Elle sera célébrée parl’abbé Néri.

INFORMATION

● Une pièce réalisée, mise en scène et inter-prétée par Marie PISTEKOVA seule sur scène,La dernière nuit de Jeanne d’Ar c, sera don-née les samedi 6 et dimanche 7 octobre 2007à 18 heures à l’Espace Georges Bernanos, 4,rue du Havre Paris 8e (métro Saint-Lazare).Droit d’entrée : 15 euros ; enfants : 10 euros.

PETITE ANNONCE

● JEUNE FAMILLE ROYALISTE rech. appar-tement 2-3 pièces, 40-50 m2, 900 euros parmois max, situé rive gauche. Tél : 06 18 48 01 88.

LE MONDEET LA VILLE

mation des ménages surendettés,va déclencher une chute généra-lisée de notre activité.

Critiques sans lendemain

Troisième dimension de lacrise : le phénomène des “sub-primes mortgage” rend plus diffi-cile le financement des investis-sements nécessaires aux entre-prises. Les banques, confrontéesà des clients américains insol-vables et constatant les défauts denotation des créances en circula-tion, se méfient des emprunteurs,même européens. Ceux-ci sontdoublement pénalisés, car lors-qu’ils parviennent à négocier uncrédit, ils doivent faire face au ni-veau élevé des taux d’intérêts dé-crétés par la Banque centrale eu-ropéenne. La compétitivité de nosentreprises s’en trouve fortementcompromise.

Nicolas Sarkozy réagit de fa-çon “hyperactive” en multipliant lesdéclarations très critiques à l’égarddes instances chargées de la ges-tion de l’euro. « Quelle initiativea-t-il prise ? » pouvait-on en-tendre dans la bouche présiden-tielle à propos de l’inaction du pré-sident de l’euro-groupe et « J’aitrouvé curieux d’injecter des li -quidités sans baisser les t aux »en guise de reproche à l’encontrede la BCE.

L’Union européenne, en nousprivant de notre souveraineté, adonc transformé la présidence dela République en “ministère de laparole critique sans lendemain”.L’illusionnisme n’aura qu’un temps ;la vraie rupture consisterait à pas-ser aux actes pour mener toutesles politiques nécessaires au re-dressement de la France, en aban-donnant cette galère européennedans laquelle nous sommes en-ferrés. ■

plètent pour mieux s’amplifier :plus le commerce extérieur s’en-fonce, plus nos entreprises fontfaillite et délocalisent, moins l’É-tat récupère d’impôts, et plus ledéficit s’aggrave...

Le groupe LVMH – symbolede notre capacité à nous imposermondialement sur des marchéstrès porteurs, dans des branches(le luxe) qui échappent en théo-rie aux méfaits de l’euro fort – vientde démontrer combien notre ave-nir est compromis : son P-DG aaffirmé qu’avec une telle haussede la monnaie le groupe com-mençait à souffrir (la désaffectiontouristique à Paris va réduire lechiffre d’affaires de ses boutiques)

paux partenaires (Royaume-Uni,Espagne, Allemagne, etc.), rédui-sant encore nos perspectives d’ex-portations. Les mythes de la puis-sance européenne et de son in-dépendance économiques’effondrent lorsque Wall Streetéternue. Le Vieux Continent se plieaux soubresauts de l’économieaméricaine : lorsque les ménagesdu Wisconsin ne parviennent plusà faire face à leurs échéances, c’estla Northern Rock, huitième banquebritannique, ainsi que deux éta-blissements bancaires régionauxallemands, qui se retrouvent enquasi-faillite. La baisse des inves-tissements américains, accompa-gnée d’une diminution e la consom-

La BCE entretient l’euro fort au détriment de notre économie.

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L’Action Française 2000 n° 27333 – du 4 au 17 octobre 2007 3

É D I T O R I A L

En mars 1966, le général De Gaulle fitun éclat en annonçant que la Franceallait se retirer des organismes inté-

grés de l’O.T.A.N., l’Organisation du traitéde l’Atlantique nord. Il ne voulait plus quenotre pays dépendît des décisions prises parun organisme où les Américains occupaientune place prépondérante, même si la Francey avait voix délibérative. Notre pays, à sesyeux, ne devait pas être entraîné dans unconflit avec l’U.R.S.S. ou ses alliés sur uneseule décision américaine.

L’O.T.A.N. replia ses installations mili-taires en France sur la Belgique. La Francen’en conservait pas moins une présence enson sein. Elle avait un pied dedans et un pieddehors; il subsistait une coordination et uneinformation réciproques entre notre pays etses alliés.

En avril 1999, le traité arrivait à expira-tion, la France allait-elle le dénoncer en fon-dant désormais son alliance avec les États-Unis sur d’autres bases? À cette époqueles Occidentaux s’efforçaient d’exercer unepression sur la Serbie au profit des Albanaisprétendument persécutés dans la provincedu Kosovo. Jacques Chirac, président de laRépublique, accepta que l’armée françaisepassât sous le commandement américain etconduisît les opérations.

Pourtant l’O.T.A.N. n’avait plus de rai-son d’être puisque l’U.R.S.S. n’existait pluset donc ne représentait plus un danger pourl’intégrité du territoire français et de l’Eu-rope occidentale. La guerre du Kosovo, demars à juin 1999 fut menée au service desintérêts américains. Nous lâchâmes les Serbesqui pourtant depuis 1914 étaient demeurés

les alliés de notre pays. Qui plus est les Amé-ricains dirigèrent les opérations pour répri-mer la résistance des Serbes à la subversionentretenue à l’intérieur du Kosovo par lesAlbanais.

Alignementsur les États-Unis

En annonçant que la France effectue unpas de plus vers la réintégration de notre paysdans l’O.T.A.N., Nicolas Sarkozy s’alignesur les États-Unis dans les Balkans et auProche-Orient, cela ne sera pas sans consé-quences diplomatiques. M. Sarkozy amorceune sorte de renversement des alliances. Nonque les États-Unis étaient devenus nos en-nemis parce que nous avions refusé de leuremboîter le pas lorsqu’ils avaient agressél’Irak d’une façon inconsidérée.

Aujourd’hui la France tend à redevenir unpartenaire privilégié des États-Unis. BernardKouchner et Nicolas Sarkozy sont d’accordsur cette orientation. Mais la France n’a rienà attendre d’un partenariat avec les États-Unissinon à entrer dans leur empire. Nous devronsprendre nos distances avec la Russie, avec laSerbie aussi. Rien ne prouve que nous gar-derons notre liberté d’action. M. Sarkozy nousassure que le rapprochement avec l’O.T.A.N.ne signifierait pas un alignement sur les États-Unis, mais serait compensé par le renforce-ment de la défense européenne. Certains ajou-tent que l’adoption de la “constitution sim-plifiée” ferait apparaître une autorité politiqueet une diplomatie européennes en mesure deprendre en charge la défense de l’Europe. LesÉtats-Unis auraient ainsi un contre-poids surle continent. Cette perspective est un leurre.Il n’y aura pas de diplomatie indépendantede celle des États-Unis, ce sont eux qui re-présentent une force et les États recherche-ront une alliance étroite avec eux.

La Constitution européenne, espérons-le,sera rejetée comme elle l’a déjà été en 2005.La France sauvegardera son indépendance etcherchera des alliés qui la renforcent et nel’étouffent pas. Elle ne manque pas d’atouts,encore faut-il que ses dirigeants ne perdentpas confiance dans le rôle qu’elle est encoreappelée à jouer sur la scène internationale.C’est hélas une constante depuis la TroisièmeRépublique que la diplomatie française nepeut s’empêcher de se mettre à la remorquede l’étranger comme si nos politiciens avaienttoujours besoin d’un tuteur. De Gaulle n’aconstitué qu’une exception temporaire.

À LA REMORQUE DES AMÉRICAINS

SIGNESDES TEMPS

PARPIERRE PUJO

n Nous poursuivons dans le dos -sier de ce numéro notre enquêtesur “Nation et souveraineté” – unthème p articulièrement actuel. Ildébouche sur un grand débat quitouche à l’existence même de laFrance.

M. Sarkozy et M. Fillon ten -tent de l’esquiver . À l’Action fran -çaise, nous le ramenons à l’es -sentiel sans chercher à faire del’esbroufe.

L’AF doit pouvoir continuer às’exprimer et à faire connaître lavérité politique malgré la duretédes temp s . Pour cela elle a be -soin d’une aide généreuse de lapart de ses amis.

Nous avons proposé à ceux-ci de nous adresser soixante eu -

ros correspondant aux soixantebougies de l’anniversaire du jour -nal que nous célébrons cette an -née. Beaucoup ont répondu posi -tivement mais ce n’est p as suffi -sant. Continuez à nous aider . Ilnous faut porter la souscription à55 000 euros. Pour toute somme

de soixante euros (ou davant age)qui nous sera versée, nous adres -serons une belle reproduction pho -tographique grand format du Co -mité directeur en 1908.

Merci d’avance ! P.P.

* N.B. Prière d’adresser les ver -sements à M me Geneviève Castel -luccio, L’A.F. 2000, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris.

Soixante euros...ou davantage

La France en minorité

l « La gauche au service de la France »,tel est le titre de l’article de Jean-PierreChevènement dans le MONDE du 22 sep-tembre. Un titre trop indulgent sur l’ac-tualité, un peu optimiste s’il concerne lesdésirs de l’ancien ministre : la gauche n’apas été souvent “au service de la France”dans le passé ! Ce n’est même pas sonobjectif essentiel.

Jean-Pierre Chevènement n’en a pasmoins une vision juste de la situation dela France dans le monde aujourd’hui. Ilécrit : « Dans l’Europe à vingt-sept, laFrance n’est pas structurellement ma -joritaire. Elle doit nouer des alliancesavec les petits pays européens, et ren -forcer ses partenariats avec de grandespuissances comme la Russie, le Brésil,

l’Inde, la Chine et même si ce n’est pasaujourd’hui à la mode, en créer avec laTurquie et l’Iran. La France doit enfinrester fidèle à sa vocation méditerra -néenne et africaine. C’est ainsi et nonen nous alignant sur la politique deGeorge W. Bush qu’une gauche répu -blicaine pourra donner à la France lesmarges de liberté qu’aujourd’hui elle aperdues ou est en train de perdre. ».

Tartufferies démo-chrétienne

l MARIELLE DE SARNEZ, vice-prési -dente du MODEM, l’of ficine électoralede François Bayrou, répond aux ques -tions de Pascal Galinier à l’occasion duForum des Démocrates dans MATINPLUS (13/9/07) (journal gratuit publié par

le Monde) à propos de la “politique d’ou-verture” de Sarkozy : « Ça ressemble àce que François Bayrou proposait. Maisce n’est pas du tout fait dans le mêmeesprit. Pour Nicolas Sarkozy , c’estd’abord une manœuvre politicienne. Ilveut assécher la gauche, pas l’asso -cier . La véritable ouverture, c’est de ras -sembler les Français, même s’il ne sontpas de votre bord, pour rendre pos -sibles les réformes dont le pays a be -soin. Et de le faire sans arrière-penséespoliticiennes .»

Parce que François Bayrou et ses amiscentristes n’ont pas d’arrière-pensées po-liticiennes en recherchant l’alliance avecce qui reste des socialistes...

Toujours aussi Tartuffes, les démo-crates-chrétiens.

Jacques CEPOY

NOTRE SOUSCRIPTION POUR L’A.F.

L E C R É N E A U

CSAFrançois Hollande a eu raison

de demander au CSA de se pen-cher sur la question de « l’omni -présence » de Nicolas Sarkozydans les médias. En dehors descampagnes électorales, la règledu CSA était de réserver un tiersdu temps de parole au gouverne-ment, un tiers à la majorité et untiers à l’opposition. Parce que lesprécédents hôtes de l’Élyséeétaient plus discrets, on n’avait ja-mais songé à limiter le temps deparole du président de la Répu-blique ! Même en Russie, le pré-sident est moins présent à la télé-vision. Il n’y a que les chefs d’É-tat nord-coréens qui battent NicolasSarkozy sur le terrain de l’omni-présence médiatique !

FMI ou RMI ?Envoyer Dominique Strauss-

Kahn au FMI n’est pas suffisantpour s’en débarrasser : on pour-rait imaginer qu’il revienne avant2012 avec l’aura que lui confèrerasa stature internationale. Ce quiempêchera DSK de redevenir unadversaire de Nicolas Sarkozy,c’est son salaire mirobolant : 420000 dollars (295 000 euros) paran, totalement défiscalisé, et une“allocation forfaitaire pour frais” de75 000 dollars (53 000 euros).Après quelques années à ce ré-gime, il ne sera plus très crédiblepour venir plaider la cause du pe-tit peuple des ouvriers, salariés,retraités... Le FMIste pourra-t-il dé-fendre les RMIstes ?

CUMULLorsqu’on est maire d’une ville

de 49 000 habitants, député, pré-sident du groupe UMP à l’Assem-blée nationale, a-t-on encore unpeu de temps pour être avocat d’af-faires ? Jean-François Copé,adepte du “travailler plus pour ga-gner plus”, répond oui en redeve-nant avocat d’affaires. Il pourraainsi agrémenter l’ordinaire au-delàde ses 7 100 euros mensuels d’in-demnités d’élus et assure qu’il netravaillera pas sur les dossiersconcernant directement l’État quetraite le cabinet d’avocats qu’il re-joint. Dans un pays où le futur se-crétaire d’État aux Sports fait de lapub pour du jambon, on nes’étonne plus de rien. Bravo M.Copé ! Vous montrez le bonexemple aux travailleurs qui seplaignent d’une baisse de leur pou-voir d’achat : ils n’ont qu’à cumu-ler plusieurs emplois !

ABSENTSL’amendement Mariani sur les

tests ADN a ému une large partiede l’opinion publique. De quoi,sans doute, provoquer une fortemobilisation des députés qui in-carnent la représentation natio-nale. Eh bien non ! Il ne s’esttrouvé que 142 députés, soit moinsdu quart de l’Assemblée, présentsdans l’hémicycle lors du vote del’amendement. Et seulement 23députés, vers 4 h 20 du matin,pour adopter l’ensemble de la loi.Lorsque la commission Balladurproposera de réduire les pouvoirsdu Parlement pour fabriquer un ré-gime présidentiel, les Français, quisavent que leurs députés ne ser-vent plus à grand chose, ne lève-ront pas le petit doigt...

Guillaume CHA TIZEL

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4 L’Action Française 2000 n° 2733 – du 4 au 17 octobre 2007

Le Français moyenne fait pas vendre.

POLITIQUE FRANÇAISE

parAristide LEUCATELa sordide

galerie destrognes de

nos politiciens républicains n’avaitguère besoin d’une horreur deplus, et pourtant, Mme Bachelotest venue rajouter sa bobine debetterave entre le navet Chirac,l’endive frisée Sarkozy et l’as-perge De Gaulle, ce qui prouveà l’évidence que la famille dite“gaulliste” est décidément richeen légumes.

Délinquants et victimes à la carte

«Selon que vous serezpuissant s ou misé -rables, les juge -

ment s de cour vous rendrontblancs ou noirs. » La déconfi-

(le 25 janvier 1985), la classe po-litico-médiatique se fait subitementplus complaisante. Louant, avecdes trémolos dans la voix, les an-ciens modèles de leur jeunesse“soixantuitarée”, tel ancien ministresocialiste, tel député couleur “pas-tèque” (vert à l’extérieur, rouge àl’intérieur) ou tel journaleux deL’Huma ou de France Inter “inter-pelle” l’opinion en lui bourrant lecrâne sur les conditions “injustes-et-inhumaines” du système péni-tentiaire français.

Grandesconsciences

Au seul motif (un peu léger,non ?) qu’il est un prisonnier mo-dèle, les grandes consciences fontégalement pression pour la remiseen liberté du chanteur, ex-chef du

victimes comme de certains dé-linquants. Il arrive souvent, en ef-fet, que parmi celles-ci, quelques-unes soient plus dignes d’intérêtque d’autres. Ainsi le procès desdeux incendiaires présumés qui,le 28 octobre 2006 à Marseille, ontmis le feu à l’autobus dans lequelse trouvait une étudiante franco-sénégalaise, la brûlant grièvement,expose-t-il à la vive lumière desprojecteurs et des paparazzi avidesde scoops la désormais célèbreMama Galledou qui n’en deman-dait certainement pas tant.

Victimes et audimat

Bien sûr, on ne peut rester in-sensible à l’incommensurable dou-leur physique et morale qui affectecette jeune personne ainsi que safamille. Pourtant, combien de pe-tits vieux, de citoyens moyens, decommerçants qui ne demandentrien à personne, se font-ils agres-ser, voler, mutiler voire, parfois,massacrer dans l’indifférence mé-diatique la plus générale ? Quipleurniche sur ceux de nos com-patriotes qui retrouvent leur voi-ture carbonisée, au lendemaind’émeutes urbaines ? (C’est vrai,quoi ! nos “jeunes” s’ennuient !)Qui compatit au sort de ces pa-rents qui vivent dans la terreur queleur progéniture se fasse racket-ter, attaquer, enlever et/ou violerà la sortie des écoles ou dans lessupermarchés, aires d’autorouteset autres jardins publics ?

À la vérité, tout le monde pour-ritico-radiotélévisuel s’en fiche pourla simple raison que le Françaismoyen, surtout si c’est un honnêtetravailleur dont l’apparence vesti-mentaire (?!) laisserait supposerqu’il est de droite (?!!), ne fait pasvendre. La compassion médiatiqueest sélective et les larmes (de cro-codile) se monnayent à prix d’orsur l’autel de l’audimat. En somme,victimes et criminels sont devenusdes objets de consommation cou-rante, interchangeables et péris-sables (pour ne pas lasser).

[email protected]

ture extrême de nos sociétés “ins-tantanéistes”, consuméristes et li-bertaires, nous pousse à inverser,pour l’actualiser, cette célèbre mo-rale de Lafontaine : « Selon quevous serez blanc ou noir, degauche ou de droite, vous n’aurezpas droit au même traitement ju-diciaire et médiatique. » Les cri-tères sont ainsi posés pour effec-tuer le choix de ses délinquantsou des ses victimes.Quid du sortde Michel Lajoye, ce militant “na-tionaliste”, enfermé depuis vingtans dans les geôles de la Répu-blique pour avoir stupidement pro-voqué, en novembre 1987, un at-tentat (heureusement sans victime)dans un café maghrébin du PetitQuevilly ? À l’époque des faits, ilavait été condamné à la réclusioncriminelle à perpétuité assortied’une peine de sûreté de dix-huitans. C’est le 25 octobre que le tri-bunal d’application des peines deTroyes se prononcera sur sa li-berté probatoire pour une duréede sept ans.

Hormis son comité de soutienqui se bat pour le faire élargir, etles officines spécialisées dans la“chasse aux nazis” qui militent pourson enfermement ad vitam, per-sonne ne se soucie guère de ce-lui que d’aucuns ont pu appeler,peut-être abusivement, un “pri-sonnier politique”. Prisonnier idéo-logique serait plus juste. Car, lors-qu’il s’agit de libérer, fût-ce à moi-tié, d’ex-vrais terroristes, à l’instarde Nathalie Ménigon ou de sonmari, Jean-Marc Rouillan, tousdeux fondateurs et membres d’Ac-tion directe et condamnés en-semble, avec trois autres membres(Joëlle Aubron, Georges Ciprianiet Régis Schleicher), pour les as-sassinats du P-DG de Renault,Georges Besse (le 17 novembre1986), et du général René Audran

l Stéphanie Maupas retrace dans le MONDE(7/9/07) les mésaventures de Mme Carla Del Ponte,“procureure “auprès du Tribunal pénal interna-tional pour la Yougoslavie (T.P.I.Y.) depuis qu’ellefait la chasse aux deux dirigeants bosno-serbes,le président Karadjic et le général Mladic. Celadure depuis dix ans... Elle cite un ouvrage deFlorence Hartmann, ex “porte-parole” de Mme DelPonte : « Mme Del Ponte décide, en 2002, deconstituer sa propre cellule de recherche etrassemble 150.000 euros afin de “ ne plus dé -pendre des Occident aux ”. Mais nouvelle dé -convenue, en 2004. Elle avait appris “ la misesous surveillance policière de Karadzic et sonarrest ation imminente [...]”. “Les Serbes ontfait appel à la France pour assurer le trans -fert jusqu’à La Haye. Au grand dam des Amé-ricains, qui interviennent auprès des Serbespour suspendre l’opération” , écrit l’auteur .

Quand les limiers du T .P.I.Y. retrouvent la tracede Karadzic à la frontière serbe, “ l’informa -tion est immédiatement transmise au com -mandant de la S.F .O.R. (forces de l’O.T .A.N.en Bosnie) à Sarajevo”. “Quelques heuresplus t ard, un hélicoptère survole la zone, aler -tant ainsi Karadzic”. Nouvelle fuite. »

Non seulement les Américains mais plusieurspays européens entravent la chasse aux diri-geants bosno-serbes. Malheureuse Carla DelPonte ! Elle va quitter prochainement ses fonc-tions. « Le Conseil de sécurité, lui, a pro -grammé pour 2010 la fermeture du T .P.I.Y. »,conclut Stéphanie Maupas qui semble déplorerque deux “criminels de guerre” échappent auxpoursuites pénales... Mais quelle valeur a cette“justice” internationale que les vainqueurs infli-gent aux vaincus ?

Jacques CEPOY

1717ee MARCHE POUR LA VIEMARCHE POUR LA VIE

organisée par Renaissance Catholique

Samedi 13 octobre 2007

Marche aux flambeauxde Notre-Dame des Victoires

au Sacré-Cœur de Montmartre

Rendez-vous devant Notre-Dame des V ictoiresplace des Petits-Pères Paris 2 e (métro Bourse )

18 heures :cérémonie et prières de départ

18 h 30 :départ de la Marche aux Flambeaux

20 heures :arrivée au Sacré-Cœur (métro Anvers)

Salut du Saint-Sacrement.

ROSELYNE BACHELOT

La betterave

CHRONIQUE JUDICIAIRE

CARLA DEL PONTE EN ÉCHEC

groupe rock-punk Noir Désir, Ber-trand Cantat, lequel serait pris souscontrat par la compagnie Univer-sal. Croyez-vous que l’on seraitaussi magnanime avec un chan-teur de rock identitaire ? Poser laquestion c’est y répondre, d’autantque l’on serait moins indulgent àl’encontre de ce dernier qu’à l’en-droit d’un pédophile condamné à(seulement ?) quatorze ans de pri-son pour le viol d’une fillette de 11ans !

Il existe manifestement des dé-linquants plus fréquentables qued’autres. Mais, de façon inverse-ment proportionnelle, il en est des

Il est vrai que Roselyne étaittombée dans la politique depuissa plus tendre enfance, papaayant été en son temps députédu Maine-et-Loire. Les coulissesdu Palais Bourbon n’avaient doncpas de secrets pour la demoisellesi bien qu’elle chaussa naturelle-ment les pantoufles du paternelquand celui-ci préféra aller taqui-ner le goujon plutôt que de fairela sieste sur les bancs de l’As-semblée nationale…

Après avoir été vice-présidentde la région Pays de la Loire du-rant trois ans, où elle brilla pluspar ses tenues vestimentaires quepar ses capacités à exercer safonction, Rafar-nain eut la singu-lière idée de l’inviter à jouer laBlanche Neige de l’écologie dansson gouvernement en 2002. Làencore, elle tint parfaitement sonrôle de miss tapisserie avec sou-rire de demi-queue automatique.Vêtue de tailleurs aux couleurssurprenantes, accumulant les dé-clarations aussi creuses que des

tuyaux d’orgues,elle se tailla bienvite une réputa-

tion de gentille fille simplette éga-rée par mégarde parmi lesmeubles d’un ministère.

Mais Mme Bachelot a tout demême des convictions : elle faitpartie depuis fort longtemps de lameute des grognasses empanta-lonnées, défendant bec et onglesles revendications féministes lesplus avancées. En effet, commentne pas être pour la parité ? Ceserait tellement “ringard” ! Saprise de parti en faveur du PACSen 1998 lui valut d’ailleurs d’en-trer dans le sérail chiraquien. Cequi prouve sans doute qu’un cer-tain courage l’habite, celle-ci n’hé-sitant pas à hennir contre les po-sitions jugées rétrogrades de sonpropre camp politique.

À partir de ce moment, com-ment ne pourrait-elle pas aussidéfendre le fatras de bitophiles etbitophobes ? Une lutte tellement“tendance” ! D’ailleurs ne se gar-garise-t-elle pas de faire avancerles esprits “dans le bon sens” surce sujet à l’UMP ? Chose amu-sante, les propos de ChristianVanneste concernant les homo-sexuels amenèrent cette perrucheà piailler de toutes ses forces afinde réclamer l’exclusion de l’infâmehomophobe ! Comme quoi, êtredans le vent rime fort bien avecsectarisme.

Longtemps soutien incondi-tionnel de Chirac, la trahison nel’a pas effrayée… Il faut dire qu’ilfaut parfois savoir mettre le prixpour obtenir un maroquin…D’ailleurs la voilà membre du clubdes groupies officielles de notrecher président… Certes nous nelui envions guère cet honneur,même si cela nous permet de sa-vourer son incontinence verbaleavec d’autant plus d’inquiétudeque l’humour rejoint souvent sapensée… Elle a dit, au sujet deRamada Yadé, autre ministre dugouvernement : « Elle estfemme et noire. Elle va être pro -mue. Heureusement qu’ellen’est pas lesbienne et handi -capée, elle serait Premier mi -nistre ». Au secours ! ■

parVINDEX

Roselyne est tombée dans la politique

dans sa plus tendre enfance...

Nathalie MenigonLa justice moins sévère avec l’extrême gauche

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L’Action Française 2000 n° 27333 – du 4 au 17 octobre 2007 5

EUROPE ET FRANCOPHONIE

L’Assemblée nationale a rati-fié le 26 septembre le pro-tocole de Londres qui sup-

prime l’obligation de traduire enfrançais les brevets européens. Ilspourront être déposés dans l’unedes trois langues officielles de l’Of-fice européen des brevets (anglais,français et allemand) et non plusobligatoirement dans chacune deslangues des trente-deux paysmembres de l’organisation.

Les souverainistes font cam-pagne depuis longtemps contre laratification de ce Protocole qui en-traînera des frais supplémentairesde traduction pour les P.M.E. fran-çaises. Le député Nicolas Dupont-Aignan a déclaré ces jours der-niers : « C’est un mensonge defaire croire que le français se -rait magnifié ; dans les fait s, cesera la généralisation de l’an -glais ».

Il faut rejeter le protocole sur les brevets !

LETTREDU DUC D’ANJOU

AUX DÉPUTÉS

Paris, le 17 septembre 2007

Mesdames etMessieurs

les Députés,

« L’opinion françaisecommence à s’émouvoird’un projet de loi portant

ratification du traité dit“Protocole de Londres”,

qui doit vous être présentédans les prochains jours.

Il apparaît, lorsqu’onconsidère la question

dans toutes sesdimensions, que cette

dernière ne saurait êtreréglée sans un débat

public. T ous ceux qui onteu, dans notre Histoire, la

charge des af faires dupays savent que la

précipitation peut êtremauvaise conseillère,

surtout lorsqu’il n’y a pasde véritable urgence. Ilimporte de considérer

l’intérêt à long terme de laFrance.

Dans le cas présent, ils’agirait d’abolir , par une

voie détournée,l’Ordonnance de V illers-Cotterêts de 1539. Cette

ordonnance, toujours enapplication, impose la

langue française pour toutdocument of ficiel. Le

Protocole de Londres, s’ilétait ratifié, annihileraitcette volonté française,vieille de cinq siècles etqui a si bien su protéger

notre langue.Il semble par ailleurs

que l’intérêt desentreprises françaises

risque d’être gravementatteint par ce texte,

comme le confirmentplusieurs spécialistes des

brevets d’invention etcontrairement à une

présentation unilatéralequi a pu en être faite.

C’est pourquoi,soucieux du rayonnement

de la langue françaisecomme du développementde nos entreprises et de la

créativité de noschercheurs, je vous

demande, pour l’intérêtsupérieur de la France, dene pas ratifier le Protocole

de Londres. Il faudraitprendre le temps

d’élaborer une formule quipermette de sauvegarder à

la fois le statut de lalangue française et les

intérêts véritables de notrepays et de ses acteurs

économiques. »

Prince Charles-Philipped’ORLÉANS,

Duc d’ANJOU

LETTRE DU DÉPUTÉ

JEAN-LUC PRÉEL

AU MINISTRE

CHRISTINE LAGARDE

« ...Si l’application de cetexte est souhaitée par lesmultinationales pour réaliserune économie substantielle,il inquiète fortement lesP.M.E.-P.M.I. qui ne disposentpas d’un service interne detraduction, ainsi que les tra-ducteurs qui craignent pourleur emploi.

Le Protocole de Londressemblerait ne pas corriger ledéficit de la France en ma-tière de dépôts de brevets,mais au contraire, rendre auxP.M.E. françaises la tâche plusdifficile et coûteuse, en lesobligeant à traduire à leursfrais les brevets en anglais eten allemand qui leur sont op-posés. Le potentiel d’écono-mies réelles apparaîtrait faible.L’économie résultant del’abandon des traductions parquelques pays européens,dont la France, pourrait setraduire par de telles consé-quences que certains doutentde son bien-fondé. D’autressources d’économies existent,immédiates (annuités) ou fu-tures (traduction assistée parordinateur), qui préserveraientle rayonnement du françaisainsi que l’équilibre entre lesdroits des brevetés et ceuxde leurs concurrents.

En outre, tous les paysparticipant à l’accord garde-raient le droit d’exiger qu’encas de litige fondé sur un bre-vet, une traduction complètedu brevet soit fournie par letitulaire dans la langue na-tionale du pays. Cependant,on peut se demander com-ment un tribunal pourrait ju-ger d’une contrefaçon d’untitre en langue étrangère surla base d’un texte traduitaprès coup, par exempleaprès une saisie effectuéechez le concurrent.

En conséquence, je sou-haiterais que vous me préci-siez les mesures que le gou-vernement entend prendrepour réconcilier les intérêtsdes entreprises, des innova-teurs et ceux de leurs conseilset prestataires et comment ilentend promouvoir la diver-sité culturelle et linguistiquede l’Europe. »

Jean-Luc PRÉEL

Question écrite

du député Jean-Luc PréelPropriété intellectuelle

(brevets - brevets européens - traduction en français - maintien)

LE DUC D’ANJOU

SUR LES ONDES DE RADIO-COURTOISIE

Le prince Charles-Philippe d’Orléans, duc d’Anjou, sera l’invité d’Henri Fouquereau pour son émission de Radio-Courtoisie le jeudi 4 octobre de 18 à 21 heures.

NE MANQUEZ PAS L’ÉCOUTE ! Et prenez la bonne longueur d’ondes (95,6).

Les auditeurs pourront intervenir dans l’émission en téléphonant au 01 46 51 00 85 ou 01 45 51 21 82.

3897. – 4 septembre 2007. –Jean-Luc Préel attire l’attentionde M. le secrétaire d’État chargédes entreprises et du commerceextérieur sur la ratification du pro-tocole de Londres. En effet, si l’ap-plication de ce texte est souhai-tée par les multinationales pourréaliser une économie substan-tielle, il inquiète fortement lesP.M.E.-P.M.I. qui ne disposent pasd’un service interne de traduction,ainsi que les traducteurs, qui crai-gnent pour leur emploi. Le proto-cole de Londres semblerait ne pascorriger le déficit de la France enmatière de dépôts de brevets,mais au contraire, rendre auxP.M.E. françaises la tâche plusdifficile et coûteuse, en les obli-

geant à traduire à leurs frais lesbrevets en anglais et en allemandqui leur sont opposés. Le poten-tiel d’économies réelles apparaî-trait faible. L’économie résultantde l’abandon des traductions parquelques pays européens, dontla France, pourrait se traduire parde telles conséquences que cer-tains doutent de son bien-fondé.D’autres sources d’économiesexistent, immédiates (annuités)ou futures (traduction assistée parordinateur), qui préserveraient lerayonnement du français ainsi quel’équilibre entre les droits des bre-vetés et ceux de leurs concur-rents. En outre, tous les pays par-ticipant à l’accord garderaient ledroit d’exiger qu’en cas de litige

fondé sur un brevet une traduc-tion complète du brevet soit four-nie par le titulaire dans la languenationale du pays. Cependant, onpeut se demander comment untribunal pourrait y juger d’unecontrefaçon d’un titre en langueétrangère sur la base d’un textetraduit après coup, par exempleaprès une saisie effectuée chezle concurrent. En conséquence,il lui demande de bien vouloir luipréciser les mesures que le Gou-vernement entend prendre pourréconcilier les intérêts des entre-prises, des innovateurs et ceuxde leurs conseils et prestataireset comment il entend promouvoirla diversité culturelle et linguis-tique de l’Europe. ■

■ Pour la troisième fois en quelques an-nées, la tombe du maréchal Philippe Pé-tain, au cimetière de Port-Joinville à l’îled’Yeu, a été profanée dans la nuit du 18au 19 septembre. Une croix a été cassée,des décorations funéraires de tombes avoi-sinantes jetées et le contenu d’une pou-belle renversé sur la tombe du Maréchalqui mourut ici le 23 juillet 1951 à l’âge de 95 ans.

Un tel acte de vandalisme n’est évi-demment pas innocent, les commandi-

taires n’ont d’autre but que d’entretenir unclimat de haine en ne permettant pas dereposer en paix à celui qui fut le vainqueurde Verdun en 1917 et le Chef de l’Étatfrançais de 1914 à 1944 dans les annéesles plus tragiques de notre histoire.

Le pèlerinage du souvenir prévu de-puis longtemps pour le samedi 22 sep-tembre a ainsi revêtu le ton d’une céré-monie de réparation. Y ont participé no-tamment l’abbé Régis de Cacqueray,supérieur du district de France de la Fra-

ternité sacerdotale Saint-Pie X, et l’abbéXavier Beauvais, curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris, renouvelant la dé-marche accomplie par Mgr Marcel Lefebvrele 13 avril 1987 réclamant qu’honneur etconsidération soient rendus au Maréchal.

De son côté le général Jacques le Groi-gnec, président de l’Association pour Dé-fendre la Mémoire du Maréchal Pétain,s’est porté partie civile contre les profa-nateurs.

M.F.

La tombe du maréchal Pétain vandalisée

S.A.R. le prince Charles-Phi-lippe d’Orléans, Duc d’Anjou, quiparticipait le 13 septembre à laséance du Forum pour la Francetenue dans l’enceinte de l’Assem-blée nationale, a pris position contre

la ratification et annoncé l’envoid’une lettre adressée à tous les dé-putés pour leur demander de s’op-poser à la ratification. On en trou-vera le texte ci-dessous. Parailleurs, on lira le texte d’une lettredu député de la Vendée Jean-LucPréel, adressée à Mme ChristineLagarde, ministre de l’Économie,des Finances et de l’Emploi, ainsique celui de la question écrite qu’ila déposée auprès du secrétaired’État, chargé des entreprises etdu commerce extérieur.

Après les députés, les séna-teurs vont avoir à débattre de laratification. Le combat n’est pasterminé. Il n’y a pas urgence à clorele débat : actuellement, dix-neufpays européens n’ont pas ratifié leprotocole. Les défenseurs du fran-çais ne manquent pas d’alliés !

P.P.

Le duc d’Anjoumet en garde contre la ratification

du protocole de Londres.

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6 L’Action Française 2000 n° 2733 – du 4 au 17 octobre 2007

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

Nicolas Sarkozya coupé l'herbe

sous le pied des islamistes

et ouvert un chantierqui pourrait

être prometteur.

Les tribulations new-yorkaises de M. Ahmadinéjad

Comme prévu, le péripleaméricano-onusien duprésident de la république

islamique d’Iran n’est pas passéinaperçu.

il avait centréson discours surl’absence del’homosexualité en Iran islamiste !Les nombreux manifestants, dontbeaucoup d’Iraniens, n’avaientqu’à brandir les photos des di-zaines de personnes penduesdans les rues récemment pour“crime d’homosexualité”. Lefiasco fut complet.

Son voyage a surtout donnélieu à une rude bataille de com-munication – ou plutôt de pro-pagande – entre Washington etTéhéran. Vainqueur inattendu decette épreuve : Nicolas Sarkozy !

On avait préparé une”grande” conférence pour Ah-madinéjad à la prestigieuse uni-versité de Columbia. Étrange at-titude d’une grande université ré-putée libérale et très influencéepar la diaspora juive américaine.Le personnage a bien fait leschoses. Répétant la litanie habi-tuelle de la propagande islamiste,

Turbulences en Birmanie

Le régime birmann'est guère

fréquentable.Il ne faudrait pas

rester inerte devantla situation de ce pays.

Parvenu à l’indépendance en1947, dont le héros fut legénéral Aung San, père de

Mme Aung Sang Suu Kyl, symbo-le de l’opposition en Birmanie, cepays vit sous une dure dictaturemilitaire depuis 1962.

dure, guère un régime totalitairedepuis la disparition de Ne Win.Il s’appuie sur une armée forte, undemi-million, équipée principale-ment, mais non exclusivement, parla Chine.

Le pays est riche, très riche :pétrole, gaz, métaux précieux,diamants. Pourtant la pauvreté yrègne, mais non la misère. Lesprojets des travaux publics etd’équipement sont assez impres-sionnants. Les généraux de lajunte se sont fait construire “leur”capitale, loin de Rangoon. L’état-major, les services administratifs,le pouvoir politique et naturelle-ment la présidence y sont confor-tablement installés. Bien à l’abrides mouvements de foule et desmanifestations de rue.

Le régime birman est un régi-me fermé, replié sur lui-même. Lesétrangers, touristes peu nom-breux et hommes d’affaires, y sontadmis, mais sous contrôle. Cen’est pas la Corée du Nord, ni leLaos, mais on n’en est pas loin.

Plus de la moitié des échangesextérieurs du pays se font avec laChine et moins de 1 % avec laFrance. La Chine constitue le prin-cipal soutien du régime birman.Avec l’Inde, la Thaïlande, laRussie et quelques grandes mul-tinationales, pétrolières surtout, quifont des “affaires” juteuses avecle pays et les hommes de la junteet n’ont aucun intérêt à la désta-bilisation de la Birmanie.

Les manifestations anti-gou-vernementales ont commencépar suite de l’augmentation desprix des produits pétroliers. Ellesont été largement encouragées

par certains milieux occidentaux etsurtout par une forte campagnemédiatique.

Le régimepeut tenir

Néanmoins, au delà descondamnations verbales,l’Occident qui a probablementvoulu faire un geste désagréable,ou envoyer un “message”, à laChine, ne peut faire grand-chose.

L’instaurateur de cette dicta-ture fut le général Ne Win quirégna sur le pays pendant vingt-six ans. Père de “la voie birmanedu socialisme”, Ne Win était,comme Nasser, Kassem d’Irak,Boumedienne et quelques autresde son espèce, admiré et adulé dela gauche intellectuelle occiden-tale. Son régime était proche del’U.R.S.S. et de la Chine.

Un protectoratchinois ?

Après sa disparition en 1988,des élections supposées devoirmettre le pays sur la voie de ladémocratie débouchèrent à deuxreprises sur une certaine anarchieet la junte militaire, actuellementprésidée par le général ThanShaw, reprit le pouvoir.

Le régime birman n’a rien desympathique. C’est une dictature

tion semblentvraiment mal-adroits.

Sur ces faits, cependant quenul n’ignore, que la bombe ira-nienne est pour dans un an à dix-huit mois, et que Téhéran necherche qu’à gagner un répit, lesdiscussions commencées.. le 21mai dernier pour une nouvellerésolution du Conseil de sécu-rité sur le sujet continuent. Onne pourrait mieux rendre serviceà Téhéran.

Nucléaire civilou militaire ?

L’inattendu, surtout aux yeuxde l’opinion en Iran et dans la ré-gion, est venu du président dela République française, NicolasSarkozy.

Toute la propagande mal-adroite orchestrée par Washing-ton depuis deux ans était et resteconcentrée sur le danger du nu-cléaire iranien. Nous avons sou-ligné dans ces colonnes cettefaute de communication que lapropagande de Téhéran exploiteauprès de son opinion. Non sans

succès. Or, ce n’est guère le nu-cléaire civil qui est en jeu et dé-noncé, mais la bombe nucléaireque le régime de Téhéran pré-pare activement.

Nicolas Sarkozy a fait uneproposition qui a immédiatementfrappé l’opinion dans la région :la mise en œuvre d’un plan in-ternational pour doter tous lespays de la région qui le souhai-teraient de centrales nucléairesen conformité avec la Conven-tion de Vienne.

C’était très bien joué, cela acoupé l’herbe sous le pied desislamistes et ouvert un chantierqui pourrait être prometteur. Mal-gré l’immense écho favorableprovoqué en Iran et dans la ré-gion, l’idée n’a pas été mise envaleur par les médias occiden-taux, même ceux destinés à larégion. On le regrettera.

Cela étant, après son échecnew-yorkais, le président iraniens’en est allé trouver son “frère”– c’est ainsi qu’il appelle HugoChavez – à Caracas. L’un etl’autre dilapident leurs revenuspétroliers non pour leur pays,mais au service de la révolution,ou de la subversion. ■

La répression des manifesta-tions hostiles au régime, princi-palement menées par les bonzes,a été sanglante à Rangoun. Onparle au moins d’une vingtaine devictimes et de nombreuses arres-tations. La Birmanie profonde n’apas bougé, l’armée est solide, lajunte sans scrupule et l’appui dupuissant voisin chinois et de laThaïlande ainsi que la neutralitérusse acquis. Le régime pourraitdonc tenir et durer. N’empêche, ilne faudrait pas rester inerte devantla situation de ce pays, mais sou-haiter son évolution pacifique.

Ce lundi matin, au moment oùnous écrivons, les manifestationsà Rangoun semblent s’essouffler.Un émissaire des Nations-Unis estarrivé à Rangoun où il a pu ren-contrer librement pendant uneheure Mme Aung San Sun Kyl, queles médias occidentaux avaientdéclaré être mise en prison etdéportée dans une lointaine caser-ne provinciale.

Rien d’important ne sembledevoir se produire à court terme ;une révolution de palais à l’intérieurde la junte n’est pas totalementexclue. Elle pourrait venir d’uneprise en compte du mécontente-ment populaire et des protestationsdes bonzes, mais aussi de pres-sions exercées par les amis asia-tiques du pays, la Chine avant tout,l’Inde et la Thaïlande. Les décla-rations américaines, françaisesou les prises de position de cer-tains intellectuels occidentaux ont,malheureusement, très peu d’in-fluence sur la région et surtoutdans ce pays fermé !

P. N.

parPascal NARI

POUR UNE NOUVELLE

DICTATURE EN IRAK

l GEORGES MALBRUNOT ,grand reporter du FIGARO(15-16/9/07) souligne que lesAméricains, sous le choc desréalités, sont conduits à révi-ser bien de leurs conceptionssur la façon de régler le pro-blème irakien. Ainsi, « ils ontfini par redécouvrir le rôlestabilisateur des tribus, aux -quelles des armes sont dé -sormais livrées, contre al-Qaïda. Discrètement, le Pen -tagone coopte égalementdes insurgés sunnites, in -quiets eux aussi de la mou -vance terroriste. Sur le ter -rain, l’agence américaine dedéveloppement et les Pro-vincial ReconstructionTeam multiplient les micro-projets pour regagner lescœurs de ceux que les G .I.avaient souvent malmenés,à leur arrivée à Bagdad,après la guerre qui renversaSaddam Hussein en 2003.Tardivement les respon -sables américains décou -vrent les données incon -tournables de la société etde l’histoire irakiennes. »

Plus loin, le rédacteur duFigaro cite une journalisteaméricaine : « “Les Améri -cains sont prisonniers deleurs péchés originels et deleur politique sélective enfaveur des Kurdes et deschiites” constate Alexandrade Hoop Schef fer, spécia -liste de la politique améri -caine en Irak. Ils peuventdif ficilement reconnaîtreleurs erreurs, en convo -quant une conférence in -ternationale pour remettreà plat le processus [...] Dumagma irakien, certains la -boratoires d’idées, déses -pérément en quête de so -lutions, attendent l’émer -gence d’un national uniondict atorship , une “dictatured’union nationale”, un “Sad -dam soft” en quelque sorte,qui saurait recoller les mor -ceaux de la mosaïque ira -kienne. Quel spectaculairerevirement ! Les États-Uniscommencent à regarderl’Irak pour ce qu’il est et nonpour ce qu’ils auraient sou -haité qu’il soit. Loin d’êtredevenue une démocratie,l’ancienne Mésopotamie estun pays en lambeaux.... »Que les Américains en vien-nent à envisager une “dicta-ture” mesure leur aveugle-ment et le démenti que lesfaits leur ont apporté. Leur pé-ché originel, c’est le messia-nisme démocratique.

Jacques CEPOY

À la tribune de l’O.N.U., leprésident iranien a surtout insistésur la crise nucléaire, arguantque le dossier était clos, que ledébat n’avait pas lieu d’exister.Ses conseillers en communica-

Ahmadinéjad devra compter avec la fermeté

de Nicolas Sarkozy ...

À quoi servirait une audienceaccordée à tel chef de l’opposi-tion en exil ou une condamnationdu régime par Mme Rama Yad oupar le numéro 2 du départementd’État ?

Le régime birman n’est peut-être pas fréquentable. Mais celalui importe peu. Il y a d’autresrégimes encore pires que lespuissances occidentales, pourdiverses raisons, parfois justi-fiables, tolèrent et même fré-quentent ouvertement.

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L’Action Française 2000 n° 27333 – du 4 au 17 octobre 2007 7

Est-il possiblede concilier

la souveraineténationale

avec les principes de 1789 ?

D O S S I E RNATION ET SOUVERAINETÉ (II)

INCARNER LA SOUVERAINETÉNous publions aujourd’hui

la deuxième partie de notredossier consacré à

analyser en profondeur lesconcepts de nation et de

souveraineté, afin defournir à nos amis

l’arsenal intellectuelnécessaire dans les

combats qui nousattendent au service

de la France.

Nous remercions pour leurparticipation à cette

réflexion Aristide Leucate,le professeur Michel

Michel, M e Élie Hatem,Pierre Hillard, ainsi que les

personnalités ayantaccepté de répondre ànotre enquête : Jean-

Marie Le Pen dans notredernier numéro, Paul-Marie

Coûteaux dans celui-ci.

Nous ne prétendons certespas avoir épuisé le débat,

qui durera tant quepèseront les menaces sur

l’indépendance de laFrance. Nous espérons

toutefois avoir attirél’attention de tous ceux,

républicains ou royalistes,que l’avenir de notre paysinquiète, sur le fait que la

souveraineté nationale,pour demeurer ce qu’elle

est par nature : préservéedes querelles de partis,

située au-dessus deshumeurs de l’opinion,

pérennisée de générationen génération, doit êtreincarnée à l’image des

familles qui constituent la nation.

La nation, communautéhistorique de destin, est

tout simplement unefamille de familles et la

souveraineté ne peut êtreen péril quand le pays vit

au rythme des battementsde cœur d’une lignée dont

les bonheurs et lesmalheurs se confondent

avec ceux de tous lespères de famille de

ce pays.

Dans “l’Europe”mercantile et sans âme qui

prétend nous régenter , laFrance est assurément

plus menacée dedisparition que ne le sont

les six pays de l’Unioneuropéenne vivant en

monarchie et gardant ainsitoujours sous les yeux, en

dépit des aléas de leurpolitique intérieure, le

symbole de leur unité et deleur continuité.

Poser la question durégime est plus que jamais

un devoir de salut public.

M.F.

La quadrature du cercle

parMichel FROMENTOUXAristide Leucate, dans la pre-

mière partie de ce dossier,a parlé avec juste raison du

« bouleversement copernicien »que représenta la Révolution de1789, provoquant la dégénéres-cence de la notion même de sou-veraineté. Son raisonnement im-parable se fondait sur l’article 3 dela fameuse Déclaration des Droitsde l’homme et du citoyen du 26août 1789 : « Le principe de toutesouveraineté réside essentiel -lement dans la nation. Nul corp s,nul individu ne peut exercerd’autorité qui n’en émane ex -pressément. »

narchie, contre tous les pouvoirsreçus d’En-haut, et très vite biensûr contre même l’autorité despères de famille, contre la moralechrétienne et contre toute réfé-rence aux lois non écrites.

Les souverainistes nous rétor-queront que, pour eux, le mot “na-tion”, même quand ils prononcentl’article droit-de-l’hommiste enquestion, reste revêtu de toute laportée historique d’un héritage.Nous sommes absolument certainsde leur sincérité. Mais pourquois’attacher pour défendre un bienà une formule dont tout prouvequ’elle n’a jamais engendré que lemal, ou du moins qu’elle est por-teuse de très graves ambiguïtés ?

dans telle ou telle région) pouvantentraîner la sécession de pansentiers de la nation, sécessioncontre laquelle seul un centra-lisme outrancier peut alors ga-rantir le pays ;

– enfin parce que la “Déclara-tion des Droits de l’homme et ducitoyen” n’est pas, n’a jamais étéet ne pourra jamais être celle desdroits de l’homme en tant que ci-toyen, mais au contraire celle ducitoyen en tant qu’Homme, autre-ment dit elle fonde la notion denation dans celle d’humanité ettend à faire de la nation une idéo-logie “libératrice” s’attaquant à tousles liens traditionnels et historiqueset faisant de l’individu un “citoyendu monde” à l’aise partout oùd’autres individus mènent lesmêmes luttes libératrices (la “Fra-

rir le peuple de passions haineusescontre l’étranger, guillotiner enmasse, instaurer la Terreur queRobespierre allait même continueret renforcer après la victoire tantil craignait que le pays se laissâtaller... Or cette tension des nerfsde toute une nation en un seulcorps ne peut exister à jet continu !

Causeset conséquences

Tel est, depuis lors, le dramede ceux qui veulent concilier lesinconciliables : la France et lesDroits de l’homme. Capables derésorber quelque peu le venin sub-versif de leurs idées, mais ayantaboli tous les liens concrets desindividus avec le bien commun na-tional, ils n’ont plus comme recoursque le centralisme nourri d’une mé-fiance sourcilleuse à l’égard detout ce qui leur paraît étranger àla volonté générale : l’Église, l’écolecatholique, les traditions régio-nales... On peut parler, noussemble-t-il, aujourd’hui d’unedouble prospérité des jacobins :

– D’un côté des jacobins abâ-tardis emportés par la logique desprincipes démocratiques et trou-vant normal que la France soit ab-sorbée dans une Europe artificielleoù les Français ne seraient plusfrançais, mais heureux du momentqu’ils resteraient hommes et ci-toyens (du monde). Pour aboutirà leurs fins et anéantir les oppo-sants au rêve européiste, ces po-liticiens n’hésitent pas à moderni-ser les méthodes jacobines lesplus éculées, on s’en aperçoit tousles jours. Ce sont ceux que Paul-Marie Coûteaux désigne commeles “démocrates”.

– De l’autre côté des jacobins,si l’on peut dire, de tradition..., ceuxchez qui l’instinct du sang est restévivace et qui ne tolèrent aucuneatteinte à l’indépendance et àl’unité de la nation. Ce sont la plu-part des souverainistes, ceux quePaul-Marie Coûteaux appelle les“républicains”. Ils doivent bien sou-vent se sentir condamnés à ré-soudre la quadrature du cercle :résister contre les conséquencesdes principes auxquels ils se réfèrent !

Incarnation

Pour en sortir, nous leur pro-posons de revenir à la notion chré-tienne d’incarnation. La patrie, ja-dis, était incarnée. On considéraitles hommes comme ils étaient –comme ils sont et seront toujours :de même qu’ils ont eu besoin d’unDieu incarné qui rendît sensible àleurs cœurs et à leurs intelligencesles moyens du salut éternel par laCroix, ils avaient – et ont toujours– besoin d’attachements familiauxpour s’élever à la notion de salutde la communauté temporelle oùs’inscrivent leurs destins. Leconcept de patrie (sous l’An-cien Régime le mot nation

C’est pourtant quand même surce paragraphe que s’appuient cer-tains de nos amis souverainistespour défendre l’indépendance dela France. Ils vont jusqu’à y voirun prolongement de l’adage del’Ancien Régime : « Le roi est em -pereur en son royaume. » On setrouve ici devant une difficulté qu’ilimporte de résoudre sans, biensûr, remettre en cause ni la fidé-lité ni la sincérité de ces Françaisrésolus et fiers de l’être.

Contratentre individus

Il importe d’abord de se de-mander si le mot nation est em-ployé par les auteurs du fameuxarticle 3 dans un sens acceptable.La réponse est dans le contexte,celui de la Déclaration des Droitsde l’homme, dont nous ne cessonsde rappeler après nos maîtresqu’elle se rapporte à un Hommedésincarné, coupé de toute racinecomme de toute transcendance. Ils’ensuit que toute communauté ré-unissant de tels hommes, mêmesi l’on se permet de lui donner lenom de “nation”, n’est en fait quele fruit d’un “contrat” entre des in-dividus qui ne s’accordent pourvivre ensemble qu’autant qu’ils ytrouvent un certain intérêt, qu’au-tant qu’ils s’y sentent bien, qu’au-tant qu’ils le veulent bien... Une“nation” ainsi pensée, pure idéo-logie, est condamnée à vacillerconstamment entre l’exaltation exa-cerbée et le plus lâche abandon,entre le jacobinisme et la démis-sion nationale. Il y a plus de deuxcents ans que cela dure...

N’oublions tout de même pasque cet article 3 est le premier res-ponsable de tous les totalitarismesdepuis la Terreur jusqu’aux sys-tèmes concentrationnaires du XXe

siècle. Il s’agissait d’écraser sousle joug d’une entité collective leshommes concrets donc de mettreen route une machine de guerrecontre à la fois l’Église et la mo-

D’ailleurs comment peut-on fairereposer la défense de la nationfrançaise sur le seul concept de« volonté générale » laquelleseule serait “souveraine” ?

Autodestruction

Une telle conception de la sou-veraineté contient en elle-mêmele principe de son anéantissementet cela pour trois raisons :

– d’abord parce qu’elle amènechacun à s’échafauder sa propreidée de la nation à partir, répétons-le, de l’intérêt qu’il y trouve, et celapeut donner lieu à tous les dé-bordements de passions, de fa-natismes et d’épurations dont notrehistoire en deux siècles a donnétant d’exemples ;

– ensuite parce que le mythede la volonté générale comme mo-teur de la “nation” peut toujoursse retourner contre la nation, lesvolontés particulières (“générales”

ternité”...). En fin de compte le ja-cobinisme uniformisateur fait le litdu mondialisme.

C’est pourquoi les rapportsentre cette souveraineté du peupleet le véritable amour de la Francen’ont cessé depuis la Révolutiond’être sources des pires malen-tendus. On vit sous la Conventionles jacobins, sans renier les prin-cipes dissolvants de 1789, se rai-dir contre leurs conséquences.Face à l’invasion du territoire, ilsse transformèrent en défenseursdu sol natal, de la patrie. Les chi-mères ployaient sous la logiquedes faits : les apôtres de la libé-ration universelle se voyaientcontraints de défendre le pré carrécomme jadis les rois de France.On arracha de leurs contrées lesmeilleurs des Français, on les en-cadra par des officiers formés sousl’Ancien Régime et on permit àCarnot d’organiser la victoire...

Mais à quel prix ! Il avait falluréellement sacraliser l’État, nour-

La Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen se rapporte à un homme désincarné, coupé de toute racine.

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8 L’Action Française 2000 n° 2733 – du 4 au 17 octobre 2007

NATION ET SOUVERAINETÉ (II)

D O S S I E R

parPierre HILLARD

La constructioneuropéenne

constitue le piège mortel

capable de détruire les restes

de la souverainetéfrançaise.

n’était pas employé à toutesles sauces...) était donc,

comme écrivait Marie-MadeleineMartin, « perpétuellement nourrides réalités les plus concrètes,relié aux racines les plus pro -fondes de la vie quotidienne etrésumé dans la fidélité à une fa -mille de chefs qui symbolisaientla pérennité d’un hérit age et lelien entre le p assé et l’avenird’une nation ».

Le sort de la patrie était lié àla sauvegarde des cités, des toitsfamiliers, des bornes des villages,des murailles des villes, des corpsde métiers, des coutumes régio-nales..., ces particularismes s’élar-gissant à la notion de communautéplus vaste à travers l’image du roi,être de chair et de sang, fédéra-teur paternel au-dessus des pas-sions des uns et des autres – leroi dont la postérité était garantiepar les lois mêmes qui assurent leprolongement du genre humain.Et ces institutions, fidèles auxconseils de la nature et à la tradi-tion catholique qui a façonné l’âmefrançaise, débouchaient non surun repliement mais sur une ou-verture à l’universel : la patrie, lieud’amitié entre les hommes, lieu defloraison du goût et des vertuspropres à la France, enrichissaitde sa longue expérience le biencommun de la civilisation.

Qu’est-ce quela souveraineté

nationale ?Voilà ce qui “constituait” une

nation souveraine et que la Ré-volution et les Droits de l’hommeont anéanti tout en se gargarisantdu mot de nation totalement dé-pouillé de son sens précis decommunauté historique de destin.Une souveraineté nationale qui neréside plus que dans une “nation”entendue comme le peuple en unseul corps ne cesse de se nierelle-même. La souveraineté enFrance n’est qu’une abstractionquand elle n’est pas incarnée dansla personne du roi de générationen génération.

Il est certes des républiquesoù, comme parfois à Rome, unÉtat guidé par le seul souci dubien commun (la res publica,chose publique) et soutenu par lavertu des citoyens peut être l’in-carnation de la souveraineté. EnFrance où la république, n’étantpas le fruit de l’histoire, ne se nour-rit que de sa propre idéologie, la“volonté générale” ne sera jamaisque celle d’hommes “libres etégaux”, ne se reconnaissant nihéritiers ni débiteurs, mais créan-ciers attendant de la nation tousles droits qu’ils désirent – ce quipermet aux “lobbies” de s’appro-prier la souveraineté nationale. Et– car tous les problème se tien-nent – ce qui rend insolubles lesproblèmes d’intégration des nou-veaux arrivants.

Pas de France souverainesans un souverain ! ■

Mondialismeet souveraineté

Les deux mots “mondia-lisme” et “souveraineté” ré-sument l’histoire de l’hu-

manité. En effet, ces deuxconcepts s’affrontent depuisl’aube des premières civilisations.

religions et toutes les culturesse seraient côtoyées, libre à cha-cun de trouver son bonheur danscette mosaïque multiculturelle.La mort de Frédéric II de Ho-henstaufen en 1250 mit fin tem-porairement à cette ambition.

Les instancesgermano-

anglo-saxonnesParallèlement à l’idée d’em-

pire, l’idée d’État-nation a pristournure avec la monarchie ca-pétienne, défini par les légistesde Philippe le Bel : le roi est« empereur en son royaume »,La France s’est construite en op-position à l’idée d’Empire dèsHugues Capet en particulier faceaux Plantagenêt et aux Othon.La politique française s’est tou-jours caractérisée par sa volontéd’établir une relation d’équilibreentre les États européens et sonrefus de voir émerger un empirecapable de tout régenter. Cetteidée maîtresse a conditionné lapolitique de la monarchie. Ceciexplique que la Lotharingie deCharles le Téméraire, l’empiredes Habsbourg puis des Ho-henzollern ont toujours trouvésur leur chemin les rois deFrance qui ne pouvaient pas ac-cepter le concept de dominationimpériale.

Ce combat permanent s’estaccru avec l’opposition entre laFrance et les ambitions impé-riales anglaises. De part sa si-tuation géographique, la Franceest largement intégrée au conti-nent européen tout en bénéfi-ciant de larges façades mari-times. Cet atout présente aussile désavantage d’être dans laconstance obligation à jonglerentre les impératifs continentauxet les obligations maritimes.L’Empire britannique a su jouerde cette contradiction pour sus-citer en Europe des adversairescapables de retenir les forcesfrançaises tandis que les ambi-tions britanniques cherchaient àse tailler la part du lion en Amé-rique du Nord ou dans l’océanindien. La fameuse “deuxièmeguerre de cent ans” (1689-1815)qui prit fin à Waterloo a scellé lavictoire impériale britannique auxdépens d’une France exsangueaprès les aventures napoléo-niennes.

Les standardsconsuméristes

Depuis 1815, la France nes’est jamais relevée de cette fo-lie qui a détruit notre potentielhumain et économique. Soumiseaux caprices financiers de la Citypuis, à partir de 1945, de WallStreet, la France flotte pareilleà un bouchon de liège et court

droit vers une dissolution civili-sationnelle. La construction eu-ropéenne inspirée par les hautesinstances germano-anglo-saxonnes constitue le piègemortel capable de détruire lesrestes de la souveraineté fran-çaise. Cette Union européenne,véritable empire comme l’a of-ficiellement reconnu le présidentde la Commission européenne,José-Manuel Barroso, le 10juillet 2007, représente cet an-tique façon d’imposer un mo-dèle fidèle à la pensée mondia-liste : une humanité uniformi-sée et alignée sur des standardsconsuméristes communs. Belavenir en perspective !

Les oligarchiesfinancières

En fait, ces ambitions déme-surées commencent à être affi-chées sans vergogne par les pro-moteurs de cette politique, enparticulier sous la plume de Da-vid Rockefeller. Cet ancien diri-geant du Council on Foreign Re-lations (CFR), haut lieu de l’éla-boration de la politique étrangèreaméricaine, fondateur de la trèsinfluente Trilatérale et animateurattitré du Bilderberg, ne s’est pasgêné pour affirmer dans sesMémoires parus en 2006 que lemonde se dirigeait vers son uni-fication.

Dans le premier cas, “mon-dialisme” signifie la volontéd’aboutir à un syncrétisme reli-gieux, politique et culturel où unenouvelle humanité verrait le jour.Les premiers empires antiquesont poursuivi cet idéal. Ainsi,Alexandre le Grand n’hésita pasà épouser la fille de Darius III en334 avant notre ère tandis que10 000 de ses hommes convo-laient en justes noces avec lesfemmes de l’Empire perse.

nomique chère à John Kennedyet au président de la Commis-sion José Barroso, il ajoute :« L’interdépendance mondiale,ce n’est p as du domaine de lapoésie ou de l’imaginaire, maisc’est la réalité concrète queles révolutions de ce siècle entechnologie, en géopolitiqueet dans les communicationsont rendue irréversible. Lalibre circulation des capit aux,des marchandises et des per -sonnes p ar-delà les frontièresdemeurera le facteur fonda -ment al de la croissance éco -nomique mondiale et du ren -forcement des institutions dé -mocratiques p artout dans lemonde. Les Ét ats-Unis ne peu -vent p as échapper à leurs res -ponsabilités mondiales. Lemonde d’aujourd’hui réclameune direction des affairesmondiales et notre p ays doitrépondre à cette demande. AuXXIe siècle, il ne peut y avoirde place pour les isolation -nistes ; nous devons tous êtredes internationalistes ».

Ces propos qui ont le méritede la clarté ont été renforcés parles écrits du directeur écono-mique du CFR, Benn Steil. Dansun article du Foreign Affairs (mai-juin 2007) intitulé La fin desmonnaies nationales, l’auteur atout simplement affirmé que lesÉtats, entre autres les États-Unis,devaient abandonner leur « sou -veraineté monétaire ». Il ajoutemême que « le marché pour -rait privatiser les monnaies deson propre chef ».

En termes directs, cela si-gnifie que seules les grandes oli-garchies financières pourraientgérer les masses monétaires audépens des États réduits austade de coquille vide. Pour réus-sir cette mutation, une crise bru-tale bouleversant les structuresprofondes du monde occidentals’avère nécessaire. Face à despopulations traumatisées par unecrise violente, des solutions derechange s’engageant dans lavoie promue par ces hautes ins-tances permettraient ce grandvirage en faveur d’un mondia-lisme renforcé.

Un “bloc”européen

Parallèlement à cette muta-tion, les tentatives d’unificationcontinentales continuent leurcours. Outre le lancement de laCommunauté sud-américainedes nations (décembre 2004) oude l’Union nord-américaine (mars2005), les instances européistess’acharnent à imposer un “traitésimplifié” depuis l’accord duConseil européen du 23 juin2007. La réussite de ce Conseilreprésente la dernière lignedroite permettant de réduire laFrance à une simple entité ad-ministrative au sein d’un bloccontinental européen unifié s’in-sérant dans l’architecture poli-tique mondiale. Certes, cetteétape décisive nécessite la rati-fication des vingt-sept États, pointessentiel qui n’est pas encoreacquis. Cependant, si le projetréussit, cela sera la fin d’unebelle aventure française com-mencée avec Clovis. ■

L’Empire romain réussit à unirtemporairement l’Occident etl’Orient. Ce fut le mélange despeuples et des religions. En 212,l’empereur Caracalla octroya lanationalité romaine à tous leshabitants de l’Empire. Cepen-dant, cette naturalisation géné-rale s’inspirant par avance duslogan “citoyen du monde” n’em-pêcha nullement l’éclatement dubloc romain en deux parties en395 de notre ère. Les rivalitésculturelles et religieuses minaientl’Empire.

Cependant, cette vieille idéeimpériale prit un tour singulieren pleine période de catholicitétriomphante avec Frédéric II deHohenstaufen. En plein règnede saint Louis, cet empereur ap-pelé aussi la “stupeur du monde”décida de nouer des liens étroitset œcuméniques avec l’Islam. Ilosa même établir une commu-nauté musulmane à Lucera enSicile en lui octroyant une mos-quée. Le rêve de cet empereurétait d’aboutir à la création d’unvaste empire englobant l’Occi-dent et l’Orient. Ainsi, toutes les

Comme il l’affirme sans dé-tours dans le chapitre 27 : « Cer-tains croient même que nousfaisons partie d’une cabale se -crète agissant contre lesgrands intérêts des États-Uniset ils représentent ma familleet moi comme des internatio -nalistes ; ils (NDLR : les « ex-trémistes » selon David Rocke-feller) vont jusqu’à prétendreque nous conspirons avecd’autres capit alistes dans lemonde pour construire unestructure politique et écono -mique mondiale plus intégrée– un seul monde, si vous vou -lez. Si c’est ce dont on m’ac -cuse, je plaide coup able et j’ensuis fier . »

Affichant sa fierté d’être in-ternationaliste et reprenant l’ex-pression d’interdépendance éco-

Frédéric II de Hohenstaufenrévait de créer un vaste empireenglobant l’Occident et l’Orient.

L’Union européenne est un véritable empire, de l’aveu

même de José-Manuel Barroso.

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L’Action Française 2000 n° 27333 – du 4 au 17 octobre 2007 9

D O S S I E RNATION ET SOUVERAINETÉ (II)

L ' A . F. R E Ç O I T

PAUL-MARIE COÛTEAUX

« Le XXIe siècle pourrait bien être celui

du grand retour des nations »

Député français auParlement européen, directeur

de La Lettre del’Indépendance et des Cahiers

de l’Indépendance , auteur deplusieurs ouvrages défendant

la souveraineté française(Clovis, une histoire de

France , Lattès 1996 ; L’Europevers la guerre , Michalon 1997 ;

Ne laissons p as mourir laFrance , Albin Michel 2004...),

grand défenseur de la languefrançaise ( Être et p arler

français , Perrin 2006), Paul-Marie Coûteaux n’est un

inconnu ni pour les lecteursde L’Action Française 2000 , nipour les auditeurs de l’Institut

d’Action française.Comme Jean-Marie Le Pen

dans la première partie de cedossier ( AF 2000 du 20septembre), Paul-Marie

Coûteaux, autre représentant“of ficiel” du mouvement

souverainiste, a bien vouluaccepter de participer au

débat que nous avons ouvertdans l’esprit du “compromis

nationaliste”. Il s’agitessentiellement de mettre enévidence les points qui noussont communs dans le grand

combat pour défendre lasouveraineté de la France.

Nous laissons à Paul-MarieCoûteaux la responsabilité deses propos élogieux envers le

général De Gaulle. Parailleurs, il ne nous semble pasque le mot “nationalisme” soitaujourd’hui inutilisable. Nous

nous en expliquons parailleurs dans ce dossier

(page 10).Cela dit, nous sommes

toujours heureux d’accueillirdans nos colonnes ce grand

défenseur de l’indépendancefrançaise.

M.F.

ACTION FRANÇAISE 2000. –Quelle est votre définition dusouverainisme ?PAUL-MARIE COÛTEAUX – Lemot souverainisme fait peur à biendes gens et c’est pourquoi je sug-gère de lui donner la définition laplus simple possible : il est d’abordl’expression d’un peuple qui en-tend être maître chez lui, et, mieuxencore, être responsable de lui-même. Cette volonté peut s’éla-borer en doctrine, celle-ci consis-tant à développer comme un en-semble logique tous les aspectsde la souveraineté, notamment sestrois espèces cardinales que sont :

– D’abord la souveraineté dela nation, autrement dit l’indépen-dance nationale vis-à-vis des hé-gémonies extérieures, qu’ils’agisse d’empires purs (commeaujourd’hui Washington ou jadisles empires allemands), ou des

super-structures internationalesdont l’archétype est évidemmentpour l’heure l’Union européenne– mais il y en a d’autres ; il fau-drait citer notamment l’OMC, laBanque centrale de Francfort etd’une manière générale le maquisdes organisations internationalesqui tentent toujours de se trans-former en organisations suprana-tionales.

– La deuxième espèce de lasouveraineté n’est pas moins im-portante : la souveraineté de l’É-tat face à toutes les féodalités in-térieures qui prétendent soit s’ar-roger l’intérêt général, comme lespartis ou les médias, soit le com-battre, comme les syndicats, ycompris les syndicats qui prospè-rent à l’intérieur même de l’État –tels les syndicats d’enseignantsou ceux de la magistrature –, maisaussi les bonnes vieilles féodali-tés locales ou régionales, sans ou-blier bien entendu les féodalitésfinancières ou industrielles, lesgroupes de pression et les di-verses mafias plus ou moins or-ganisées : la prétention des unset des autres à s’arroger ou à dé-tourner le bien commun, l’intérêtsupérieur du peuple et notammentson intérêt à long terme sont au-tant d’atteintes à la souverainetépopulaire.

face aux hégémonies supranatio-nales, aux incessantes menacesimpériales. De ce point de vue,souverainisme et nationalisme ontle même contraire : l’impérialisme.On pourrait dire que l’un et l’autresont des anti-impérialismes, ce quipourrait être une de leurs défini-tions – du moins une de leurs “en-trées” possibles.

Questionde vocabulaire

AF 2000. - Pensez-vous que ceconcept importé d’outre-Atlan -tique soit p articulièrementadapté à la réalité politique fran -çaise ? P.-M. C. - En effet le mot “souve-rainisme” a pour origine et réfé-rence la situation propre du Qué-bec au sein de l’ensemble fédé-ral canadien. Elle est certesdifférente de notre situationpuisque le Québec n’est pas unÉtat souverain ou ne l’est que par-tiellement (il y a tout de même ungouvernement doté de larges pou-voirs, quelques dizaines d’am-bassades québécoises de par lemonde) alors que la France, elle,serait souveraine.

Hélas, les deux situations nesont pas aussi contrastées quecela. La France, elle aussi, n’estque partiellement souveraine dansune Union européenne dont leséléments de fédéralisme sontbeaucoup plus avancés qu’onn’ose le voir en France : la poli-tique commerciale extérieure, lapolitique commerciale intérieure,la politique industrielle, la politiqueagricole, la politique monétaire etdésormais une partie de la poli-tique étrangère et même des af-faires judiciaires sont du ressortde l’UE. Le Québec a réussi àadopter une législation linguistique,et à l’appliquer, ce qui est interdità la France pour infraction au libremarché intérieur. Nous ne sommesdonc pas dans des situations sidifférentes que cela !

Quoi qu’il en soit, en lançantce mot en France voici une dizained’années, ma préoccupation n’étaitcertes pas de nous assimiler à lasituation québécoise, aussi inté-ressante soit-elle (la revendicationde souveraineté a quelque chosede gaulois…) mais de formulercomme un impératif préalable àtoute politique la condition de sou-veraineté, tout en évitant les motsque les esprits forts, ces “Mo-dernes” qui gouvernent aujour-d’hui, sont parvenus à dévalueren coudant complètement le vraisens du mot nationalisme, motrendu à mon avis inutilisable, etd’éviter les équivoques attachéesaux autres mots dont nous étionsaffublés, par exemple anti-euro-péens voire chauvins.

Certes, les écoles sont atta-chées à leurs noms comme desfétiches, même quand ils sont usés.Pour beaucoup, la revendicationde souveraineté nationale et po-pulaire s’est longtemps nommée

“gaullisme” ; d’autres croient toutdire, en se nommant “républicains”.Mais ces appellations sont fort ré-ductrices, outre qu’elles sont char-gées de bien lourdes équivoques.Évidemment le mot souverainistea été mal vu des gaullistes, desnationalistes, des républicains :mais je crois qu’il est assez large,qu’il peut rassembler diverses sen-sibilités, qu’il exprime une reven-dication assez positive (la souve-raineté est une valeur en elle-même, y compris morale…), et qu’ilcorrespond assez à la situationd’aujourd’hui et même de demainpour s’imposer peu à peu dans levocabulaire politique français.

Notez bien que cette opposi-tion, pour neuve qu’elle soit, n’enparcourt pas moins toute la poli-tique française depuis ses ori-gines les plus lointaines. Commeje l’ai montré dans mon premierouvrage consacré au lointain roiClovis, l’essentiel de l’effort poli-tique a toujours été de conquérirune souveraineté, finalement lesouci le plus constant de nos roisau fil des siècles tant vis-à-vis deshégémonies extérieures que desféodalités intérieures. Au XXe

siècle ce fut encore vrai del’œuvre politique remarquable quefut celle du général De Gaulledont j’ai toujours pensé qu’elles’inscrivait en droite ligne dansl’effort multiséculaire de l’État pours’affirmer souverain, « empereuren son royaume », comme di-sait Philippe-Auguste voici huitsiècles ; cette ligne relieLouis VI et son conseiller Sugerà Louis XIII et son ministre Ri-chelieu, aussi bien que Charles Vet Nicolas Oresme, ou Charles VIIet Jeanne à Louis XIV et Colbert,etc. Le souverainisme est trèsneuf et très ancien, ce qui lui assure à mon avis un très grand avenir.

AF 2000. - Ne serait-il p as op -portun d’ét ablir un “compro -mis nationaliste” qui permet -trait au mouvement souverai -niste, tout en sort ant d’unerelative marginalité, de peserefficacement sur les politiquesgouvernement ales, en Franceet en Europe ? P.-M. C. - Je vois mal ce que vousentendez par “compromis natio-naliste”. S’il s’agit de réunir toutesles forces, diverses quant à leurshorizons idéologiques, à leurs vo-cabulaires, à leur manière de po-ser les questions politiques, jesuis tout à fait d’accord ; c’est ceque certains ont appelé “uniondes patriotes”, formule excellenteque l’on attribue à M. Le Pen cestemps-ci mais qui remonte aumoins au parti Armagnac face auxéternels Bourguignons.

D’ailleurs, dans la pratique po-litique, je vois mal ce que seraitle nationalisme, et de même lesouverainisme, en dehors d’uncompromis. L’un et l’autre sontdes rassemblements et tout ras-semblement est nécessairementun compromis...

Nécessitéd’une doctrine

AF 2000. - Ne manque-t-il p asune vérit able doctrine souve -rainiste en France ? P.-M. C. - Elle manque peut-êtreun peu et c’est d’ailleurs pour-quoi je m’évertue à la définir parpetites touches. Je dis “par pe-tites touches” car lorsque j’ai vuque ce mot entrait bel et biendans le vocabulaire politique fran-çais, aux alentours de l’année2000, je me suis plusieursfois empêché de le définir

– J’ajouterai un autre versantdéterminant de la souveraineté, ceque l’on pourrait appeler la sou-veraineté culturelle qui serait la tra-duction juridique du réflexe, enprincipe naturel à tout peupleconstitué par l’histoire, de défendresa civilisation propre, ses principespolitiques, son patrimoine, salangue, ses créateurs : ce que l’onpeut appeler l’exception françaiseen sachant que, à toute nation, àtout peuple tel que l’histoire l’a fait,correspond une civilisation parti-culière et en effet exceptionnelle,l’ensemble de ces exceptions as-surant la diversité de l’univers – laculture universelle.

Nous ne sommes pas loin, di-sant cela, de la logique pure dunationalisme qui est à l’origine unelecture du monde et même d’unmonde en ordre : une diversité denations qui se respectent, se re-connaissent dans leur altérité, co-opèrent, et éventuellement s’al-lient les unes aux autres, notam-ment dans un esprit de défense

RichelieuL’effort multiséculaire de l’ État

ColbertLe souverainisme est à la fois

très neuf et très ancien

Au reste, j’ai toujours penséque, pour faire de la politique, ilvalait mieux se nommer soi-mêmeplutôt que d’accepter les mots dontles autres, y compris vos adver-saires, vous nomment. Le motsouverainisme est entré dans leRobert voici trois ans : bon début !C’est en tous les cas le mot le plusneuf de notre vocabulaire politiqueen même temps qu’il désigne unetradition très ancienne...

Le nouveauclivage

AF 2000. - Le clivage droite-gauche ayant fait long feu, ce -lui opposant les souverainistesaux européo-mondialistes vousparaît-il pertinent comme grillede lecture de la vie politiquefrançaise ? P.-M. C. - Oui, beaucoup plus per-tinent en effet que le clivage droite-gauche – lequel pour autant n’apas encore fait long feu, et mes di-verses expériences politiques m’ontprouvé que, contrairement à ce queje croyais il y a dix ans, il continueà structurer très puissamment lesesprits même si les réalités droiteet gauche se sont évaporées. Àquoi sert-il de prétendre mener unepolitique dite de “droite” ou de“gauche” s’il n’y a plus de véritablemoyen pour la France de menerune politique tout court ? C’est bienpourquoi l’opposition entre les sou-verainistes et les euromondialistes,comme vous dites, surplombe toutdésormais, ce dont les esprits nes’aperçoivent que peu à peu – carils sont lents !

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10 L’Action Française 2000 n° 2733 – du 4 au 17 octobre 2007

parMichel FROMENTOUX

NATION ET SOUVERAINETÉ (II)

D O S S I E R

trop strictement et même dele monter en doctrine

comme on monte en bague unepierre précieuse : c’était prendrele risque, en délimitant trop stric-tement ses concepts-clés, d’écar-ter les gens de bonne volonté quine se reconnaissaient pas spon-tanément en eux ; ou trop figerles choses, trop tôt ; j’ai peur plusque tout des sectarismes alorsque justement le souverainismeest une volonté de rassemble-ment national.

Il faut penser radicalement,certes, mais quant à dire, à pu-blier, ou agir, il faut veiller à nepas brusquer les choses ni lesesprits ; attendre que les réalités,y compris les réalités de la viequotidienne, parlent d’elles-mêmes et ne théoriser qu’à me-sure. C’est ce que j’ai fait d’unepart par mes ouvrages, d’autrepart par le mensuel La Lettre del’Indépendance qui a cinq ansd’existence bientôt, et désormaisde façon un peu plus doctrinalepar la revue Les Cahiers de L’In-dépendance. Tout vient à sonheure, la “doctrine” aussi.

Non au “sensde l’histoire”

AF 2000. - Croyez-vous en unesorte de “sens de l’histoire” quiconsacrerait la fin des souve -rainetés nationales ?P.-M. C. - Je n’y crois pas du tout,bien entendu. D’ailleurs, àl’échelle de l’histoire, chacun peutobserver que la formule nationale,que l’on peut certes référer à desorigines très anciennes notam-ment bibliques (par exemple la fi-gure du petit roi David, le bon roide la Bible qui borne sa puissanceau-dehors pour mieux l’affermirau-dedans), n’en est pas moinsplus récente que la formulecontraire, qui est celle de l’em-pire, celle de la force brute d’unpouvoir qui s’étend aussi loin qu’ille peut jusqu’à la domination dumonde, quitte à laisser au-dedansse développer une plus ou moinsdouce anarchie. L’empire, “la su-pranationalité” comme on dit au-jourd’hui, le vieux rêve d’unir tousles hommes en un seul peuple(rêve de Babel), fut celuid’Alexandre, de Rome, des Habs-bourg, et s’est toujours effondré ;alors que les nations perdurent,quelquefois en silence, lentementmais sûrement.

Il n’y a pas tant de “sens del’histoire” que des va-et-vient etje crois que si le XXe siècle fut,pour son malheur, le siècle desempires (le IIIe Reich, l’empire so-viétique, l’hyper-puissance amé-ricaine) le XXIe siècle peut trèsbien être celui du grand retourdes nations, ce dont on voit par-tout les signes. De toute façon,cela dépend de nous aussi – denous, un peu…

Propos recueillispar Aristide LEUCA TE

Du nationalismeà la monarchie

Une "doctrine" ?En voici une.

Paul-Marie Coûteaux, guidépar son désir, que nousn’avons pas à lui repro-

cher, d’être compris de tous lesFrançais sans risquer de les of-fusquer, déclare dans les co-lonnes voisines préférer le termesouverainisme (auquel il a donnéses lettres de noblesse politique)au terme nationalisme que pournotre part nous n’entendons re-nier pour rien au monde. Ce n’estévidemment pas lui chercherquerelle que d’expliquer ici nosraisons.

XIXe siècle : « Il n’y a pas depossibilité de rest auration dela chose publique sans unedoctrine. »

Que disait alors Maurras ? Deposer « d’abord l’idée de laFrance ». Voilà une recomman-dation qui n’a pas pris une rideau moment où les Français sontplus que jamais menacés d’êtretransformés en simples consom-mateurs dans un magma euro-péiste mercantile. Poser l’idée dela France c’est aujourd’hui unequestion de vie ou de mort.

S’agissait-il alors de faire dela nation un absolu? Lisons les“idées-mères” de l’Action fran-çaise (15 novembre 1899) :

D’abord, dès lors que l’on aposé la nation, sa défense et sapérennité, au centre du débat po-litique, nous ne voyons pas pour-quoi l’on devrait renoncer à utili-ser le mot bâti sur elle. Unenuance, tout de même : nous nesommes pas à l’Action françaisedes fanatiques des mots en ismequi bien souvent désignent dessystèmes idéologiques que nousabhorrons. Et de fait, Maurras aparfois déploré qu’il ait fallu audébut du XXe siècle créer enFrance un état d’esprit “nationa-liste” : c’est parce que l’état dela France était déplorable qu’ilfallut envisager une réaction, maisune réaction de défense.

Ce point est capital car jamaisle nationalisme maurrassien n’aété un nationalisme agressif àl’égard des autres nations. Nousn’avons donc pas à rougir d’em-ployer le mot, peut-être imparfaitcomme tout langage humain,mais qui annonce nettement lacouleur, au moment où défendrela France en tant que nation estle devoir politique primordial.

Poser d’abordl’idée

de la FranceM. Coûteaux tente d’élaborer

une doctrine “souverainiste”. Sansdoute va-t-il songer à s’inspirer,à défaut du mot, de la doctrine –car c’en est une, et parfaitementcohérente – du nationalisme.Celle-ci répond au vœu exprimépar Maurice Barrès à la fin du

tuelles de l’univers seraientégalement compromises etmenacées : nous aurions àcraindre un recul de la civili -sation. Le nationalisme n’estdonc p as seulement un fait desentiment ; c’est une obliga -tion rationnelle et mathéma -tique. »

C’est clair : la nation est uneréalité qui nous fait être ce quenous sommes. L’habitude sécu-laire, pour des hommes diverspar leurs lointaines origines (par-ler de race française est une âne-rie), de vivre ensemble selon lesmêmes références naturelles etsurnaturelles, de développer unart de vivre propre, voilà ce quifonde notre manière d’être aumonde et, du fait même, nousouvre à l’universel.

Civilisation

Car Maurras ne s’est jamaiscrispé sur la nation, son regards’élève à la notion de civilisation.Quand il dit que la nation est « ledernier cercle social sur lequell’homme puisse s’affirmer », ilprécise aussitôt « au temporel »,car il n’ignore point ce qui dé-passe la nation dans l’ordre spi-rituel. Il a toujours amèrement re-gretté l’éclatement, sous le fouetde l’individualisme de Luther, dela Chrétienté de jadis où existaitpar-dessus les royaumes, par-delà les conflits, au moins « unlangage commun » servant « depoint d’appui aux communi -cations supérieures deshommes ».

Hélas, la réalité est là : pourcontenir les appétits individualistescomme les volontés de puissancedes États, donc assurer la paix ci-vile et la paix entre les peuples, ilfaut abriter plus que jamais l’hé-ritage matériel, moral et spirituel,derrière des frontières. Mais celles-ci ne sont point destinées à ga-rantir un “splendide isolement” ;elles permettent des protections,des directions, des transmissionsd’héritage, sans lesquellesl’homme lui-même se retrouveraitappauvri, mais grâce auxquellesil est armé pour appréhender, l’en-richissant de son originalité, cequ’il y a de mieux dans le biencommun de l’humanité.

Maurras dit en outre que « lesoubassement des nations »s’impose « pour tout acte d’in -ternationalisme réel » car il dé-pend de la capacité de chaquenation à rester elle-même, à êtreun réservoir de sagesse et d’ex-périence ancestrale, que leconcert international soit fondésur la justice. Mais il ajoutait quela croyance en l’égalité des na-tions est contraire à la justice,donc cause de guerres, commele XIXe et le XXe siècles en ontconnu, après que le principe ré-volutionnaire des nationalités eutfait naître des nationalismes dé-bridés, sans racines historiqueset désireux d’espace vital...

Il s’ensuit que, pour Maurras,un nationaliste « conçoit, traite,résout toutes les questionspendantes dans leur rapportavec l’intérêt national. Avec l’in -térêt national et non avec saparesse d’esprit, ou ses cal -culs privés ou ses intérêt s per -sonnels ».

Nationalismeintégral

C’est donc à une réelle for-mation morale et politique queles Français sont appelés afin dese débarrasser au plus tôt dusystème électoral qui empêchede considérer l’intérêt national.C’est pourquoi le nationalismemaurrassien se dit intégral. Il vajusqu’à la recherche des lois quiconviennent à la pérennité de lanation. Il se plie à l’image de laFrance, œuvre de longue haleinede la lignée capétienne qui avecobstination a toujours imposé sasouveraineté contre les convoi-tises impériales et contre les féo-dalités frondeuses ou mercan-tiles, protégeant les humblescontre les débordements desgrands. Donc le nationalismefrançais se fait inévitablementmonarchique. Comment mieuxfaire sentir aux Français que laFrance est une réalité vivanteque de la montrer incarnée dansune famille portant les souvenirset les espérances de toutes lesfamilles françaises ?

Les premiers dirigeants del’Action française, de 1899 à1908, ont mûrement réfléchiavant de se laisser convaincrepar Maurras d’aboutir à la mo-narchie. Chez nous le royalismen’est ni sentimental, ni mondain,ni routinier, il est l’aboutissementd’une profonde analyse des faitssociaux et politiques. Nousconvions les souverainistes à s’yatteler. ■

■ Les deux mots, par leur passé et par leurétymologie comme par leur sens, ont desacceptions parfaitement distinctes. Patrio-tisme s'est toujours dit de la piété envers lesol national, la terre des ancêtres et, par ex-tension naturelle, le territoire historique d'unpeuple : la vertu qu'il désigne s'applique sur-tout à la défense du territoire contre l'Étranger. Comme le mot suppose une fron-tière déterminée, un État politique défini, ila quelque chose d'officiel et d'installé. Lesintrigants et les flibustiers, comme disait Mis-

tral, sont bien obligés de lui tirer le chapeau.Mais, si nécessaire que soit le patriotisme,loin de rendre inutile la vertu de nationa-lisme, il la provoque à la vie.

Nationalisme s'applique en effet, plutôtqu'à la Terre des Pères, aux Pères euxmêmes, à leur sang et à leurs oeuvres, àleur héritage moral et spirituel, plus encoreque matériel.

Le nationalisme est la sauvegarde dueà tous ces trésors qui peuvent être mena-cés sans qu'une armée étrangère ait passé

la frontière, sans que le territoire soit physi-quement envahi. Il défend la nation contrel'Étranger de l'intérieur. La même protectionpeut être due encore dans le cas d'une do-mination étrangère continuée dont la forceconsacrée par un droit écrit n'est pourtantpas devenue un droit réel, ainsi qu'il était ar-rivé, notamment, pour la Pologne, pour l'Ir-lande et, plus anciennement, pour l'Italie dutemps de Mes Prisons.

Charles MaurrasMes idées politiques

PATRIOTISME ET NATIONALISME : DÉFINITIONS

« De toutes les formes so -ciales usitées dans le genre hu -main, la seule complète, la plussolide et la plus étendue, estévidemment la nationalité. De -puis que se trouve dissoutel’ancienne association connueau Moyen Âge sous le nom deChrétienté, et qui continuait àquelques égards l’unité dumonde romain, la nationalitéreste la condition rigoureuse,absolue, de toute humanité. Lesrelations internationales qu’ellessoient politiques, morales ouscientifiques, dépendent dumaintien des nationalités.

Si les nations ét aient sup -primées les plus hautes et lesplus précieuses communica -tions économiques ou spiri -

Charles MaurrasLe maître

du nationalisme “intégral”

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L’Action Française 2000 n° 27333 – du 4 au 17 octobre 2007 11

HISTOIRE

Celui qui donna Louis XIV

à la France

Mazarin,à quiSimone

Bertière vient de consacrer uneremarquable biographie, est l’undes personnages les plus im-portants non seulement de l’his-toire de la France, mais ausside celle de l’Europe du XVIIe

siècle. Et surtout, de tous leshommes d’État de cette époque,celui dont la carrière a été laplus étonnante.

Toute sa vie,Mazarin a été“un homme de

paix”, un diplomate de premierordre. Lors de la Fronde, il a sutriompher des magistrats et desgrands seigneurs indociles, maissans jamais user de dures re-présailles. Il a su défendre l’au-torité royale avec fermeté maisavec souplesse. « Il a usé deson pouvoir avec une modé -ration louable » écrit Mme deMotteville. « Il aimait l’Ét at etservit le Roi avec toute la fi -délité que mérit ait la confianceque la Reine avait en lui. »

Mme Bertière ne dissimulenullement l’enrichissement deMazarin, mais elle souligne qu’encontre-partie, lorsque l’État setrouvait en détresse, il mobilisait,pour l’aider, ses avoirs person-nels. Également qu’il légua auroi ses précieuses collectionsd’œuvres d’art. Mme Bertière dé-montre qu’il n’existait pas (ainsiqu’on l’a trop souvent écrit...) demariage secret d’Anne d’Autricheavec ce cardinal qui n’était pasprêtre ; que tous deux étaientliés par une parfaite entente in-tellectuelle et morale, par unetotale solidarité dans l’action.L’un et l’autre étaient dévouésau roi, et Mazarin lui expliquaità fond les données de la poli-tique étrangère.

Éducateur de roi

Le chef-d’œuvre de la diplo-matie mazarine fut le traité desPyrénées, qui prévoyait le ma-riage du roi avec l’Infante d’Es-pagne. Or, cet édifice faillit s’ef-fondrer à cause de l’amour trèssincère, de Louis pour MarieMancini. Un chapitre d’unegrande intensité psychologique,sans doute le plus beau du livre,analyse les efforts du cardinalpour dissuader ce jeune princede vingt ans d’épouser sa nièce.Le 16 juillet 1659, il lui rappelleque les rois qui ont sacrifié leurdevoir à « leurs p assions p ar-ticulières » ont attiré sur lesÉtats « des révolutions et desaccablement s » (p. 550). Etcomme Louis refuse de se lais-ser convaincre, « il le renvoieà ses ministres pour toutesles affaires courantes ». Ensomme, Mazarin se met partiel-lement en grève ! Le roi acceptela leçon, « fait amende hono -rable auprès de son p arrain,et se dit résolu à surmontersa passion » (p. 553).

Mazarin a donné Louis XIVà la France. Le bilan éducatif deson pupille est positif. Il a fait delui un grand roi (p. 637).

Dans cette passionnante bio-graphie, Simone Bertière allie larigueur de l’historienne au talentde l’écrivain. ■

* Simone Bertière : Mazarin. Lemaître du jeu. Éd. de Fallois, 2007,697 pages.

parRené PILLORGET En 1994, notre ami François-

Marie Algoud publiait un ou-vrage magistral intitulé

Jeunes saints, jeunes témoins deleur foi, de leur idéal, de toujours etde maintenant. Cette bouffée d’airpropre et sain a apporté à de fortnombreux lecteurs un réconfort ences temps où les “stars” proposéesà l’admiration de la jeunesse rayon-nent la plupart du temps par leur artd’assouvir les plus bas instincts. Celivre a permis à nombre de parentsde fournir à leurs enfants desexemples d’enfants de leur âge ca-pables de se donner pleinementpour les plus belles causes : la foi,la patrie. Dans ces pages dont cha-cune ouvre à nos yeux si souventblasés comme une porte vers leCiel, beaucoup ont puisé des pré-noms pour les nouveau-nés.

Toujours inlassable dans sonaction pour épargner à la jeunesseles miasmes de la décrépitude re-ligieuse et morale, François-MarieAlgoud, véritable semeur de sain-teté, s’est remis à l’ouvrage et vientde sortir une nouvelle édition de cebeau livre, revue, corrigée, aug-mentée et accompagnée d’untome II où sont classés par régionet par pays du monde entier plusde 2000 héros et martyrs, tous âgésde moins de trente-cinq ans, cer-tains illustres mais aussi beaucouprestés quasi ignorés, tous ayant eule courage d’aller jusqu’au bout deleur sacrifice. Pour chacun l’histo-

rique est très précis, nourri auxmeilleures sources, avec quand il ya lieu la date de la canonisation oul’état du procès en béatification.

Héroïsme et sainteté

Dans sa préface, le R.P. Jean-Paul Argouarc’h, supérieur deSainte-Croix de Riaumont, écrit :« À un moment où t ant de valeursreligieuses et p atriotiques sontpiétinées, caricaturées, rejetées,massacrées p ar les nouvelles co -lonnes infernales médiatiques, ilfaut se tourner vers la Rome éter -nelle et vers la Jérusalem céleste[...] Les saint s transfigurent notrepauvre monde défiguré. Les mar -tyrs sont toujours semence dechrétienté car l’amour est plusfort que la haine. »

Le début de l’année scolaire etuniversitaire est le temps desgrandes résolutions. Mettre ce livreentre les mains des jeunes est unebonne action : ils y trouveront desmodèles enthousiasmants qui, dutemps des premiers chrétiens jus-qu’à nos jours, en passant par lesCroisades, les guerres de Vendée,les Cristeros du Mexique, les mas-sacres de la guerre d’Espagne, sansbien sûr oublier sainte Jeanne d’Arc(notre héroïne nationale de dix-neufans !) armés de leur seule pureté,soutenus par la seule force de leur

foi, ont accompli des actions extra-ordinaires. L’Action française tientsa place dans ce florilège de bellesâmes : sa doctrine qui forge les es-prits autant que les caractères, sesactions, les hauts faits des Came-lots du roi, leur combat pour impo-ser la fête nationale de Jeanned’Arc, les treize secrétaires géné-raux des Étudiants d’AF tombésdurant la guerre de 1914-1918, lesvictimes d’agressions communistes,les militants tombés le 6 février 1934place de la Concorde, les généreuxsoldats tombés pour résister contrel’Occupant, puis dans les combatsd’Indochine et d’Algérie... que debeaux exemples d’ardeur au com-bat pour la France chrétienne !

Voilà donc un livre qui enthou-siasmera les jeunes et les proté-gera contre les mauvais bergers,mais aussi qui passionnera les pa-rents, lesquels trouveront de quoiméditer sur leurs propres respon-sabilités dans la formation de leurprogéniture...

Michel FROMENT OUX

* François-Marie Algoud : Plus de2000 jeunes saint s, jeunes témoinsde leur foi, de leur idéal de toujourset de maintenant. Éd. de Chiré. Deuxtomes de 550 et 276 pages. Dispo -nibles à nos bureaux : 57 euros +4,98 de port : 62,98 euros.

Sous ce titre, la N.R.H. – laNouvelle Revue d’Histoire– que dirige Dominique Ven-

ner, vient de publier dans son der-nier numéro (n° 32 de septembre-octobre 2007) un dossier pas-sionnant sur 1917, année fatale.Pour le présenter, nous reprodui-sons en partie sa présentationdans la revue.

« Pour ouvrir notre dossier ,il import ait d’évoquer la guerreproprement dite sur les diversfront s de 1917. C’est le préalableindispensable que traite PhilippeConrad, excellent connaisseurde ce conflit. Aussitôt après, leregard va se porter sur la Rus -sie, théâtre des révolutions quivont changer l’histoire dumonde. Ces révolutions russessont nées de la guerre, maisaussi d’un drame privé, l’hémo -philie du petit t sarévitch, sanscompter le mysticisme de l’im -pératrice qui lui fit prendre Ras -poutine pour l’envoyé de Dieu,ce qui eut des conséquences ma -jeures pour les Romanov et laRussie, ainsi que le montreCharles V augeois. Nous enchaî -nons sur le récit des improbablesrévolutions de 1917, celle de fé -vrier (mars) et celle d’octobre(novembre). En les dét aillant, Do -minique V enner souligne qu’ellesauraient pu bifurquer autrement.

Parmi tous les acteurs des ré -volutions de 1917, nous avonsdressé le Who’ s Who des prin -cipaux. Sans Lénine à Petrograd,pas de révolution. Mais Lénineétait en Suisse quand tout a com -mencé. C’est une décision alle -mande qui l’expédia en Russie“comme le bacille de la peste” ,ce que raconte en dét ail Jeandes Cars. Rien n’est pourt ant en -core joué. Le général Hoffmann,bon connaisseur de la Russie etacteur essentiel du traité deBrest-Litovsk, imagina un planqui aurait pu changer l’issue dela guerre et le sort du monde.Dominique V enner révèle cet épi -sode peu connu.

L’autre événement majeur de1917 est, bien entendu, l’entréeen guerre des Ét ats-Unis. Ay-meric Chauprade en dévoile lesraisons réelles et les consé -quences.

Retour sur la Russie avec l’in -terprét ation ultérieure de la ré -volution p ar le cinéma. NorbertMulteau l’évoque de main demaître, insist ant sur Le DocteurJivago de David Lean. En conclu -sion de ce dossier , il ét ait né -cessaire de montrer comment laRussie d’aujourd’hui s’arrangede son terrible p assé. En excel -lent connaisseur de la Russie,Jean-Pierre Arrignon propose

une interprét ation qui surpren -dra et fera réfléchir . »

D’autre part, indépendammentdu dossier spécial sur 1917, plu-sieurs articles du dernier numérode la N.R.H. méritent d’être signa-lés : La tragique épopée de Nu-mance, Comment est née la puis-sance maritime anglaise et LeMonde, une institution en crise parJean-Claude Valla.

Cet article rappelle notamment– ou fait savoir – que Pierre Jean-tet, président du directoire duMonde depuis juillet dernier, est lefils de Gabriel Jeantet, décédé en1978, qui fut avant la guerre l’undes chefs de la Cagoule, organi-sation activiste dissidente de l’Ac-tion française... À Vichy, de 1940à 1943, il fut chargé de missiondu cabinet civil du maréchal Pé-tain et la N.R.H. nous révèle qu’ila été l’un des parrains de Fran-çois Mitterrand dans l’ordre de laFrancisque...

S’agissant d’Hubert Beuve-Méry qui créa Le Monde à la fin de1944, la N.R.H. fait savoir que ce-lui-ci avait été de 1940 à 1942 ledirecteur des études de l’école descadres d’Uriage « créée par le ca -pit aine Pierre Dunoyer de Se -gonzac, avec l’aval du gouver -nement du Maréchal ».

Pierre-Frédéric DANJOU

1917, année fatale

2000 JEUNES SAINTS, JEUNES TÉMOINS

Susciter l’enthousiasme de la jeunesse

Pur Italien, il fut recommandéau roi par Richelieu, alors qu’ilétait nonce à Paris. Dix-huit moisde travail en commun avaientconvaincu le cardinal de la va-leur de cet étranger. Puis LouisXIII lui demanda d’être le par-rain de son fils.

Son appartenance au clergé(l’Église catholique étant, nousle savons bien, “la seule Inter-nationale qui tienne”) contribuelargement, avec d’éminentesqualités personnelles, à expli-quer cette ascension, ce pas-sage d’un pays à l’autre, au plushaut niveau. Il est le produit d’uneméritocratie au sein d’un clergétrès ouvert. Il fut élève des jé-suites, officier dans l’armée pon-tificale, diplomate au service duSaint-Père. Il frappa ses contem-porains par sa grande pénétra-tion psychologique. Séduisant etcultivé, il parlait parfaitement es-pagnol, et français avec un lé-ger accent.

Homme de paix

Enfin, il était courageux, no-tamment sur le champ de ba-taille. En 1630, alors que Fran-çais et Espagnols allaient s’af-fronter devant Casal, et que l’onattendait le signal de l’assaut,Mazarin apparut à cheval entreles lignes criant :« Halte, halte! Pace, pace ! » la paix ! Et bran-dissant le texte de l’armisticedont il venait d’achever la né-gociation. « On n’a rien vu desi extraordinaire », affirme untémoin oculaire, du Plessis-Praslin. « Deux armées n’ontjamais été aussi prêtes de semêler , et c’est une espèce demiracle que l’entremise d’unseul homme les ait arrêtéestout court. Il faut avoir vu lachose pour le croire. »

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12 L’Action Française 2000 n° 2733 – du 4 au 17 octobre 2007

JOURNÉEDE LECTURE

THÉÂTRE

Un étonnant romansur la vie

et l’agoniede Louis XVII.

HISTOIRESSANS PAROLES

■ Décidément, en cette find'été, chaque jour apporte des

coupes sombres dans lesrangs de nos amis artistes.

Marcel Marceau, le mime sur-doué, qui savait si bien nousconter des histoires sans pa-

role, s'éclipse à son tour. Cet élève du grand maître

du mime, Étienne Decroux, aacquis, dès le début des an-

nées cinquante, une exception-nelle renommée par son art

délicat et retenu. Que ce soit

en France, en Europe et par lemonde entier, le visage fardé

de blanc et la souplesse félinede l'artiste devinrent fameux.Dans un siècle de bruit et de

paroles, il nous donna le geste,à l'exacte mesure, et le cadeau

du silence. Artisan consciencieux et ar-

tiste mythique, laissons, avecun salut, Marcel Marceau

s'éloigner sur la pointe des pieds. Toujours

sans bruit. M.B.

Àl’heure où les média s’in-terrogent avec une mal-veillance à peine voilée sur

la place du catholicisme dans lasociété française et annoncent soninévitable déclin, laisser s’expri-mer des journalistes, des écrivains,des historiens, des philosophescatholiques sur leur foi et le sensqu’elle donne à leur existence etleur œuvre, est une démarche in-téressante et précieuse.

Notre consoeur Catherine Gra-vil s’y est risquée, et signe, avecParoles de croyants, un premierlivre qui se révèle d’abord une ma-gistrale enquête au sein d’une pen-sée catholique plus vivante, plusclairvoyante, plus lumineuse, qued’aucuns se plaisent à le croire etle dire.

Il convenait, pour que l’étudefût digne d’intérêt, et pût s’inscrirecomme un instantané précieux,qui reste et permette plus tard auxspécialistes de l’histoire religieused’appréhender le phénomène, derassembler dans ces pages despersonnalités de tous âges, et deparcours divers, allant de la Tra-

dition aux courants avancés de l’É-glise. Hommage au courage et auprofessionnalisme de CatherineGravil, les collaborations qu’elledemandait lui sont venues de tousbords et ce n’est pas le moins re-marquable de trouver réunis dansces pages Yves Amiot, Jean Bas-taire, Anne Bernet, Alain Besan-çon, Bruno Bioul, Joachim Bou-flet, Thierry Boutet, Rémi Brague,Yves Chiron, Jean Delumeau,Ghislain de Diesbach, François-Georges Dreyfus, Jacques Du-quesne, François Foucart, Chris-tophe Geffroy, Gérard Leclerc,Jean Madiran, Philippe Maxence,Thierry Paillard, René Rémond,dont ce fut l’un des tout dernierstextes, Jean Salvan, Jean Sévil-lia, Denis Sureau et Éric Werner.

À tous, les mêmes questionsont été posées : sur leurs convic-tions, la place du doute et de lavérité, le rapport entre morale etreligion, les éléments de perma-nence, l’aggiornamento conciliaireet ses suites, le principe de laïcité,l’avenir du catholicisme dans lasociété française, les relations

entre la foi et la science, les finsdernières et la miséricorde divine.

Certes, en fonction des tem-péraments, des itinéraires, desconvictions, voire de l’âge, car les

enfants nés et grandis avec leconcile ont connu plus de difficul-tés que leurs aînés, les réponsesvarient ; mais, signe encourageant,pas autant que l’on pouvait le sup-poser. C’est finalement un dis-

cours, sinon univoque du moinsassez concordant que tiennent cescroyants, et ils le tiennent, ferme-ment, mettant en garde tous oupresque contre les mêmes périls,les mêmes dérives, les mêmes er-reurs. Quel que soit le ton em-ployé, le fond des propos estbrillant et profond.

Curieusement, cette enquête,qui méritait un accueil enthou-siaste, ne l’a pas trouvé, peut-être précisément en raison del’audace d’une démarche trop ré-conciliatrice et certains de ceux-là même qui avaient accepté d’yparticiper n’y ont pas fait écho, ir-rités de se trouver en compagniede tel ou tel. Étroitesse d’espritdéplorable à laquelle vous nevous associerez point, certainsde trouver dans ce livre plus,beaucoup plus que ce que l’onpouvait rêver de mieux.

A.F.

* Sous la direction de CatherineGravil : Paroles de Croyants.Via Romana, 253 p., 20 euros(131,19 F).

En cet été 2007 qui mar-quait le cinquantième an-niversaire de la mort de

Sacha Guitry , on nous a an-noncé de nombreuses reprises :Jean Piat redonnera son excel-lent De Sacha à Guitry, on re-monte Mon Père avait raison, àÉdouard VII, “son” théâtre, avecles Brasseur père et fils – onfera tout pour s’y rendre – mais,d’ores et déjà, voici du Sachaet du meilleur – moins connu,aussi – Aux deux colombes,mis en scène à la Potinière-Opéra par Jean-Laurent Co -chet qui a été séduit sans nuldoute par le côté quasi loufoquede la pièce.

Une nouvelle fois, en effet,Sacha utilise la situation du re-tour inopiné : déjà, dans Monpère avait raison, il nous contaitque l’épouse, partie au Brésil,réapparaissait des années plus

La courte etterrible viede Louis

XVII continue à fasciner. Nulle am-bition chez le cinéaste et écrivainChristophe Donner de gloser surla réalité de sa mort au Temple ou

Aux deux colombesDE SACHA GUITRY

parMonique BEAUMONT

Et vous, qui dites-vous que je suis ?

Plaidoyer pour l’enfant martyr

bunal révolution-naire : « Acteursde l’histoire,

certes, mais d’une histoire désin -carnée, sans enfant s et sans an -cêtres, donc sans projet char -nel : des p antins pour lesquelstoutes les combinaisons moralessont possibles. »

de discuter la crédibilité de tel outel faux dauphin. Dans un livre quel’on n’attendait pas, Donner nousretrace de façon romancée maissans romantisme aucun le martyrdu fils de Marie-Antoinette, victimedu totalitarisme et du jusqu’au-bou-tisme révolutionnaire.

Mettant en scène un scénaristede films se penchant sur la ques-tion, il dresse la généalogie dudrame, portant ses attaques contreHébert et son Père Duchesnecomme sur l’éducation rous-seauiste des principaux acteurs dela Terreur.

Une victimeexpiatoire

Christophe Donner refuse dedistinguer 1789 de 1793 : « Lesdroit s de l’homme sont une dé -claration de guerre à la religion.Ils annoncent une société im -possible, égalit aire, un enfer oùles individus naissent et meu -rent égaux en droit s, mais où iln’est jamais question de devoirs,jamais question d’interdit s. » Parailleurs, il juge sans appel Hébertet sa clique, les jacobins et le Tri-

tard. Le thème de l’absence etdu changement qu’elle apporteaux êtres lui semble un ressortmagique de drame ou de vau-deville. Allez savoir ? Ainsi danscette comédie, le héros, Jean-Pierre, voit-il revenir au foyerson épouse, amnésique, et dis-parue depuis plus de vingt ans.Il y a maintenant un menu obs-

de chignon auquel assiste, mi-attristé, mi-amusé, Jean-LaurentCochet qui, tout humour et lé-gèreté, les laisse gaiements’écharper. Mais, à vrai dire,comment s’en débarrasser... ?

C’est dans cette comédiequ’on peut entendre le célèbreadage de Guitry : « les femmesont les a d’abord au bras, puisdans les bras et enfin sur ledos... » . Mais l’intrigue qui pa-raît emmêlée se dénouera ma-gnifiquement grâce à un héri-tage inattendu qui réconcilierales deux sœurs. Ah, l’argent, l’ar-gent, quel magicien : projetsdonc et châteaux en Espagne !Le Ciel soit loué, car, éternelamoureux des femmes, Sachaoffre à son héros une planchede salut : c’est pour Jean-Pierreun mystérieux appel télépho-nique d’une voie inconnue aucharmant accent slave ; notrehéros a le champ libre et déjàentre en scène un nouvel amour.

Cette œuvre légère, menéetambour battant et sans tracede vulgarité, donne aussi àAnne-Marie Mailfer un rôle degouvernante stylée qui apportele thé, une rose sur le plateau,et à Catherine Griffoni , à l’élé-gante silhouette, celui de la prin-cesse russe qu’elle incarne, évo-quant irrésistiblement – sans lacopier – Lana Marconi pour quila pièce fut écrite en 1948.

La délicate musique de Boc -cherini ponctue les actes. Entrerire et émotion : un délicieux mo-ment de théâtre. ■

* Potinière-Opéra, 7, rue Louis leGrand, 75002 Paris. Tél : 01 4261 44 16.

tacle à la situation ante : Jean-Pierre a, entre temps, convoléavec sa belle-sœur ; c’est à l’évi-dence, une dame de trop surl’échiquier.

On assiste à l’affrontementsans merci des deux sœursavec cris, colères, griffes...Paule Noëlle et Virginie Pra -dal se donnent sans retenue etse surpassent dans le crêpage

parPierre LAFARGE

Oublié dans un cachot de la si-nistre tour du Temple, l’enfant quidécède de privations et de mala-die en 1795 est la victime expia-toire par excellence de la folie deshommes de son temps. Cantonnédans cette impasse de l’Histoirequ’est le rayon des énigmes, oc-culté pour ne pas entacher lesgrands principes républicains, lescandale de sa mort est ici parfai-tement décrit.

Par son arrière-plan intellec-tuel, par son audace contre-révo-lutionnaire, ce roman est peut-êtrele meilleur que l’on ait écrit sur lamécanique implacable de la Ré-volution française depuis Héloïsede Philippe Beaussant. ■

* Christophe Donner : Un roi sanslendemain. Ed. Grasset, 384 p.,20,90 euros.

En cet été 2007 qui marquait le 50e anniversaire de la mort

de Sacha Guitry , sont annoncées

de nombreuses reprises...

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l Anne-Marie Éddé et Françoise Micheau :L’ORIENT AU TEMPS DES CROISADES

Intelligent travail que cette anthologie thématiqued’auteurs, de chroniqueurs et d’historiens arabes duXIe au XIIIe siècles, accompagnée de notes, d’expli-cations, de présentations, illustrant la vie politique, lequotidien, les relations diplomatiques d’une sociétérarement ainsi abordée de l’intérieur à l’intention dupublic occidental. Indispensable à tous ceux qui s’in-téressent à ce sujet mais ne peuvent accéder auxtextes musulmans.* Garnier-Flammarion, 400 p., 11 euros (72,16 F).

l Walter Scott : LE TALISMANIl ne fait pas bon, pour un Écossais, se mêler à

l’ost anglais qui part combattre en Terre Sainte. Pour-tant, Kenneth, le mystérieux chevalier au léopard, l’avoulu. Mais il est vrai que cet inconscient ose aimerla noble Edith Plantagenêt, la cousine de RichardCœur de lion. Un amour qui, très vite, va mettre savie, et plus grave, son honneur, en grand péril. Aucours de ses péripéties orientales, le jeune homme

découvrira que loyauté et dévouement se rencontrentaussi dans l’autre camp, lors même qu’ils paraissentavoir déserté celui des Croisés.

Peu connu en France, ce roman de Scott se ré-vèle un petit chef d’œuvre dont il ne faut surtout passe priver. * Phébus, 382 p., 20 euros (131,19 F).

l Pierre Chartier : AUBRINCOURT, CHRONIQUE DE LA PREMIÈRE CROISADE

Pour avoir sauvé la vie de son seigneur, Odon, lejeune serf de l’Argonne, est devenu écuyer. À la suitedu baron d’Aubrincourt, il part avec Godefroy deBouillon délivrer Jérusalem. Le pèlerinage armé seraplein de surprises, de drames, d’éblouissements dontun vieux parchemin découvert dans une cache ou-bliée retrace la chronique.

Un joli roman historique, bien documenté, aux per-sonnages touchants et attachants, qui se laisse lireavec plaisir.* Nouvelles Éditions latines, 256 p., 20 euros.

L’Action Française 2000 n° 27333 – du 4 au 17 octobre 2007 13

HISTOIRE & RELIGION

parAnne BERNET

LUS AUSSI

La Croix et le Croissant

Depuis le 11 septembre, lachute des talibans en Af-ghanistan et l’invasion amé-

ricaine en Irak, l’habitude s’est prise,dans le monde musulman, de qua-lifier les troupes occidentales de“croisés”. On pourrait en sourire sicette sémantique ne soulignait latrès longue mémoire des uns, etles vues très courtes d’Occiden-taux désormais sans passé ni ra-cines, largement déchristianisés,confrontés à un héritage qu’ilsn’osent ni ne veulent revendiquer,alors que l’antagonisme entre l’Is-lam et la Chrétienté s’avère plusque jamais d’actualité.

Croyancesantagonistes

Ainsi qu’il le dit lui-même, Jean-Paul Roux, éminent spécialiste desempires nomades et du monde ot-toman, a passé l’essentiel de sa vieet de sa carrière à faire découvrir,admirer et aimer l’univers, l’art et laculture islamiques. On ne le soup-çonnera ni de haines rancies ni demépris rédhibitoire de l’étranger.Son dernier ouvrage, Un choc dereligions, n’en est à prendre queplus au sérieux.

Avec le remarquable esprit desynthèse qui le caractérise, sonénorme culture et sa capacité àrendre accessibles au plus grandnombre des faits et des notions par-fois difficiles et méconnus, Rouxretrace l’histoire des relations entrela foi du Christ et celle de Maho-met, relations qui, en dépit de toutce que l’on raconte, ne furent ja-mais sereines, apaisées, aimables.Pour l’excellente raison que lesdeux croyances sont fondamenta-lement inconciliables et antago-nistes, d’autant que l’islam s’estd’emblée inscrit dans une ambitionuniversaliste, et a choisi de s’im-poser par le glaive. Certes, à cer-tains moments, dans certaines cir-constances, tel pays, tel souverain,chrétien ou musulman, a tendu unemain fraternelle à l’adversaire.Certes, des liens se sont tissés,des amitiés sont nées, et une pro-fonde estime. Il est nécessaire dene pas l’oublier ; tout comme il estindispensable de se souvenir quecela est resté exceptionnel et n’apas empêché la réalité d’un conflitqui n’a jamais cessé, et ne le peut,puisque le Coran doit s’imposer àtous ceux qui refuseraient de pliersous la loi musulmane.

Jean-Paul Roux ne reste pasdans la théorie, et, des premièreschevauchées des cavaliers du Pro-phète à l’actualité immédiate, il dé-montre, chronologiquement, que laguerre n’a pas connu de trêve, quele sang n’a cessé de couler. S’ima-giner le contraire, ou que cela pour-rait changer, relève d’une utopiedont notre civilisation serait la vic-time. Sa brillante conclusion paraî-tra pessimiste quand elle n’est quelucide. Nous savions déjà ceschoses, mais ce livre, par les faitset les arguments qu’il fournit, se ré-vèle, plus encore qu’un remarquableet passionnant ouvrage historique,un avertissement à prendre encompte avant qu’il soit trop tard.

C’est une démarche assez si-milaire, quoique beaucoup plus ra-massée et bornée aux grandeslignes, que poursuivait Daniel Raf-fard de Brienne, mort en juillet der-nier, dans sa toute petite mais puis-

sante Enquête sur les Croisades.Des croisades en tant que telles,au vrai, il est ici assez peu ques-tion. L’objectif est plutôt de dé-monter le processus qui a conduitdepuis un demi-siècle à transfor-mer un épisode historique, non dé-nué de sa part d’ombre, à l’instarde toute entreprise humaine, maisjusque-là jugé unanimement glo-rieux, en monstruosité pour laquellenous ne devrions plus cesser debattre notre coulpe.

À l’évidence, il s’agissait d’unemanipulation destinée à culpabiliserl’Occident. Raffard de Brienne, toutcomme nous, avait son idée sur lesbuts poursuivis et sur ceux qui or-chestraient l’affaire, animés d’abordpar une détestation farouche de nosdeux millénaires chrétiens. Un dé-tail qu’il est bon de garder à l’espritpour décrypter plus d’une parutionrécente sur ces sujets.

Caricature

Les Sarrasins, de John Tolan,ne s’adresse pas au grand public,le thème en est trop pointu. Il s’agitde savoir pourquoi et comment, dèsle début de la conquête arabe, lesintellectuels chrétiens ont véhiculédans l’opinion une image caricatu-rale et haineuse de l’adversaire, àla racine de nos rejets et de nos ra-cismes… Le travail accompli pourremonter à ces sources disperséeset variées, puis les analyser, lescomparer, est impressionnant. Resteque la pensée qui sous-tend cetterecherche, comme ses conclusions,est insatisfaisante.

Le professeur Tolan admet quel’on trouverait les équivalents de cescaricatures chez les musulmans,mais l’intolérance, à ses yeux, de-meure à sens unique, imputable auxchrétiens, et il perd de vue, quoiquetout son travail le démontre, lecontexte d’effroi, le sentiment dedanger réel et imminent, qui habi-tait les auteurs de ces textes faceà des ennemis redoutables et despersécuteurs. Quant au sentimentde supériorité des chrétiens, trèsconscients de leur retard sur l’Orientde l’époque, on en saisit mal le mé-canisme, sauf à les taxer de vanitéstupide. Ces regrettables partis prisfaussent une recherche sans celades plus intéressante.

Dialogueinterreligieux

Une autre tendance de l’histo-riographie actuelle voudrait, aucontraire, démontrer la constructiond’un dialogue positif et constantentre les deux religions que l’on au-rait ensuite occulté faute de le biencomprendre. De ce dialogue, l’ordredu Temple aurait été l’initiateur etc’est l’une des raisons qui ont in-cité l’historienne italienne SimonettaCerrini à titrer sa thèse La Révolu-tion des Templiers. Une autre rai-son étant, selon elle, que Hughesde Payens, fondateur et premierMaître, aurait conçu sa sainte mi-lice comme un défi à une hiérar-chie ecclésiastique de plus en plus

hostile aux laïcs et qui sacralisaitle clergé pour amoindrir le peuple,démarche illégitime…

Outre que cette volonté de sé-parer prêtres et fidèles n’est paspropre à la réforme de Grégoire VII,mais déjà bien présente dans la pri-mitive Église, saint Cyprien l’atteste,et qu’elle n’avait donc pas de ca-ractère scandaleusement innovant,cette lecture s’inscrit davantage dansnotre perception moderne que danscelle d’Hugues de Payens. Pa-reillement, faire des Templiers dechauds partisans d’un dialogue in-terreligieux va à l’encontre des faits,même s’il leur arriva d’entretenir desrapports courtois avec des musul-mans, tel l’émir Oussama dont Mme

Cerrinni fait grand cas. C’est oublierles sanctions à l’égard des frèrestrop prompts à se lier avec l’infidèle,la haine particulière des musulmansenvers les ordres militaires, et lesdeux cent trente chevaliers suppli-ciés en juillet 1187, au lendemaindu désastre de Hâttin, parce qu’ilsrefusaient d’abjurer. La toléranceavait ses limites…

Ces conclusions, le préfacier dulivre, Alain Demurger, est le premierà les nuancer. Cela dit, cette étudedes statuts du Temple et du quoti-dien de l’ordre exclusivement à par-tir des exemplaires de la règle en-core en notre possession, n’est passans intérêt et l’on y trouve des dé-tails touchants. À la condition deposséder déjà une solide connais-sance de l’histoire de l’ordre.

Mauvais génie ?

Parmi les prisonniers que Sa-ladin fit exécuter après la bataillede Hâttin qui lui livra Jérusalem, fi-gurait l’un des personnages les pluscontestés de la geste croisée, Re-naud de Châtillon. Ni les contem-porains ni les historiens n’ont ététendres avec cet homme, tenu pourl’un des responsables de la catas-trophe, dépeint en aventurier bru-

tal et méprisant qui, par ses erreurset sa méconnaissance des mœursdu royaume latin, serait devenu lemauvais génie du piètre Guy deLusignan. Il faut se méfier de cesportraits trop noirs et des com-modes boucs émissaires que sontces prétendus antihéros. En en pu-bliant, sous le titre Un croisé contreSaladin, une biographie, PierreAubé, auquel l’on doit d’admirablesvies de Baudouin IV le lépreux, deGodefroy de Bouillon ou de saintBernard, pour ne citer que celles-là, s’annonçait prometteur. Faut-ille dire ? Ses lecteurs auront dumal à le reconnaître dans ce ré-cent ouvrage…

encore des jugements, des opinionsd’un politiquement correct dont Aubéne paraissait point adepte…

Sommet del’historiographie

Dans ces conditions, et quoi-qu’il soit de bon ton de s’en gaus-ser en prétextant de nauséabondsrelents colonialistes, il convient d’enrevenir au plus classique, au pluscomplet, et sans doute au plus beaulivre jamais écrit sur le sujet, l’ad-mirable Histoire des Croisades deRené Grousset. Ce sommet del’historiographie fut longtemps in-trouvable tant on le dénigrait. Di-recteur des éditions Perrin, le re-gretté François-Xavier de Vivie leréédita voilà quinze ans en trois vo-lumes sous coffret vite devenus in-trouvables en dépit d’un prix rela-tivement élevé. Il en reparaît uneédition de poche, toujours en troistomes, qui met ce chef d’œuvrepresque à la portée de toutes lesbourses. Certaines analyses deGrousset apparaissent marquéespar l’esprit des années trente etdonc insupportables à quelquescenseurs vigilants des repentances.On dédaignera ces critiques parceque la vraie raison de cette hosti-lité est à chercher ailleurs : dansle patriotisme et la foi éclairée d’ungrand honnête homme qui conçutce livre à l’instar d’un monumenten mémoire de nos ancêtres, évi-demment insupportable à tous ceuxqui, de longue date, ont décidé d’enfinir avec la France et la Croix. ■

* Jean-Paul Roux : Un choc de reli -gions . Fayard, 460 p., 25 euros(163,99F).* Daniel Raf fard de Brienne : Enquêtesur les Croisades . Via Romana, 85 p.,10 euros (65,60 F).* John T olan : Les Sarrasins . Col -lection Champs, Flammarion. 470 p.,prix non communiqué.* Simonetta Cerrini : La Révolutiondes Templiers . Perrin, 320 p., 21 eu-ros (137,75 F).* Pierre Aubé : Un croisé contre Sa -ladin . Fayard, 300 p., 20 euros(131,19 F).* René Grousset : Histoire des Croi -sades et du royaume latin de Jéru -salem . Perrin T empus, trois volumesentre 800 et 1000 p., 36 euros(236,14 F).

Bien sûr, les sources concer-nant Châtillon sont lacunaires, et ilest impossible de pallier ces vides.Du coup, la vie de ce cadet d’unegrande famille du Gâtinais issue dupatriciat gallo-romain, qui alla cher-cher en Orient une colossale for-tune, épousa d’abord la dame de laprincée d’Antioche, puis celle de laseigneurie d’outre-Jourdain, deve-nant, du chef de ses épouses suc-cessives, l’un des plus puissantsseigneurs de Terre Sainte, passaquinze années dans les geôles sy-riennes, en sortit enragé contre lesmahométans et eut l’incroyable au-dace de conduire un raid contre LaMecque, sacrilège que Saladin,quand il le prit, lui fit payer de satête, ne peut avoir la continuité qu’onlui rêverait. Mais cela ne suffit pasà expliquer le décousu du récit, parmoments incompréhensible à quine connaît déjà l’histoire, et moins

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14 L’Action Française 2000 n° 2733 – du 4 au 17 octobre 2007

LES GRANDS TEXTES POLITIQUESCHRONIQUE

La France reste pour nous

comme une petite ville,

à nos heures de rêve,

de souvenirsvéritables et de

dévotions réelles.

TARIF DES ABONNEMENTS(paraît les 1er et 3e jeudis de chaque mois)

1. Premier abonnementFrance (un an) . . . . . . . . . . . . . . . 76 s

2. Premier abonnementÉtranger (un an) . . . . . . . . . . . . . . 85 s

3. Abonnement ordinaire (un an) . 125 s4. Abonnement de six mois . . . . . . . 70 s

5. Abonnement de soutien(un an) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 s6. Étudiants, ecclésiastiques,

chômeurs (un an) . . . . . . . . . . . . . 45 s7. Outre-mer (un an). . . . . . . . . . . . 135 s8. Étranger (un an) . . . . . . . . . . . . . 150 s

BULLETIN D’ABONNEMENTNom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – C.C.P. Paris 1 248 85 A

LLEE TTRÉSORRÉSOR

DEDE LL’A’ACTIONCTION FRANÇAISEFRANÇAISE

Sous la direction de Pierre PUJO

Avec Sarah BLANCHONNET, Stéphane BLANCHONNET, Grégoire DUBOST,Michel FROMENTOUX, Vincent GAILLÈRE , Pierre LAFARGE, Aristide

LEUCATE, Alain RAISON, Francis VENANT

Depuis sa fondation en 1899, l'école d'Action française a produit un nombre considérable d'ouvrages de critique historique, politique,

ittéraire, qui, ensemble, constituent un trésor. Trente et un de ces ouvrages ont été sélectionnés pour faire l'objet d'articles publiés dans L'Action Française 2000 en 2004 et 2005...

Éd. de l’Âge d’homme, 138 p,, 20 s. Disponible à nos bureaux : 22,11 s franco (chèque à l’ordre de la PRIEP).

Aux sourcesdu nationalisme françaisn Hier, sujet d’un empereur que j’avaischoisi fort peu librement pour échapper àdes maîtres qui s’annonçaient pire quetout ; aujourd’hui, citoyen contre mon gréd’une république bâclée sans ma p artici -pation p ar des hommes élus d’eux-mêmeset qui me jurent que je les appelle ; demain,je ne sais quoi p ar décret de je ne sais qui :voilà donc le tot al de mes immortellesconquêtes de 89 et le fruit de ma souve -raineté !... À travers les formes les plus in -génieuses, mes conquêtes et ma souve -raineté se réduisent toujours à être cor -véable quand la corvée est imposée,contribuable quand la contribution est vo -tée, électeur d’un député déjà nommé,constituant d’une constitution déjà faite…Mais il y a encore quelque chose que je di -gère moins et, pour mieux dire, que je nedigère p as du tout : … Je suis constitué,

déconstitué, reconstitué, gouverné, régi,taillé p ar des vagabonds d’esprit et demœurs… venus de p ays d’hérésie… delieux pires encore… Les uns n’ont p as reçule baptême, les autres l’ont gratté de leurfront. Renégat s ou étrangers, ils n’ont nima foi, ni ma prière, ni mes souvenirs, nimes attentes. Mon âme n’espère p as aveceux : leurs cœurs ne battent p as avec moncœur . En quoi sont-ils donc mes conci -toyens ? Or, ils me gouvernent, ils sontmes maîtres, ils ont le pied et la main surma vie… Est-ce que cela durera toujours ?

Louis VEUILLOT , L’Univers , 1870,

cité dans André Bellessort,Les Intellectuels et l’avènement

de la IIIe République,Grasset, 1931

Remarquons tout d’abordcomment est écrit ce texte.Veuillot affecte un style

“peuple” qui rappelle l’indignationdu Figaro de Beaumarchais. Lesdéfenseurs de l’ordre, au XIXe

siècle, les journalistes du particonservateur, du parti catholique,répondaient aux sarcasmes de lagauche avec un tact et une gra-vité qui manquaient de vigueur.Un des grands mérites de LouisVeuillot fut de retourner contrel’adversaire ses propres mé-thodes, l’invective, la dérision, enretrouvant l’esprit de Rivarol eten l’adaptant à son époque plé-béienne. On n’hésiterait pas dé-sormais à se battre à armeségales ; Louis Veuillot annonceen cela la polémique d’Actionfrançaise.

L’illusionélectorale

La “liberté” n’a pas permis àVeuillot de peser sur le destin dela France : il a voté pour Napo-léon III afin d’échapper à pire,c’est le vote négatif que lesconservateurs français pratiquentsi bien. La chute de l’Empire a étéproclamée par une opposition mi-noritaire qui a proclamé qu’ellereprésentait le pays ; demain lesélections seront arrangées par lesmanipulations de la carte électo-rale, par la propagande et par lespressions des comités électoraux.

Veuillot se voit corvéable, contri-buable “électeur d’un député déjànommé”, citoyen d’un régime quilui est imposé comme on veutnous imposer un traité européenque les Français ont rejeté. Voilàles fruits de 89 !

Une classepolitiquesuspecte

Au pays réel, qui travaille, quipaie des impôts, s’oppose doncun pays légal de profiteurs du ré-gime. Peut-être Veuillot se rési-gnerait-il s’il se sentait exploitépar des voisins sans scrupule quiprofitent de la situation. Mais sonindignation grandit parce que laFrance est expulsée de sespropres affaires par une classepolitique formée en grande par-tie de ceux que Barrès appellerabientôt dans un de ses grands ro-mans les Déracinés, déracinés del’intérieur bientôt suivis de déra-cinés de l’extérieur. Français tra-ditionnel, Veuillot se sent un ci-toyen de seconde zone dans sonpays dirigé par une classe poli-tique étrangère aux intérêts et auxaspirations du pays réel.

Le peuple français va être dé-fini par le rejet de ce qu’il n’estpas : les Français possèdent unpassé commun, une histoire, desracines religieuses qui sont ca-tholiques (“venus de pays d’hé-résie… les uns n’ont pas reçu le

baptême, les autres l’ont grattéde leur front”). Ainsi, bien avantBarrès, sans utiliser le mot, LouisVeuillot a eu l’idée du nationa-lisme français qui est l’affirma-tion du droit de la France à vivre dirigée par une élite socialefrançaise.

Le nationalismefrançais

Dès qu’on parle de nationa-lisme, nos adversaires, condi-tionnés au point d’avoir perdu toutesprit critique et tout bon sens élé-mentaire voient l’armée se por-tant aux frontières et l’étrangerconsidéré non seulement commel’ennemi mais aussi comme unêtre inférieur : il n’y a dans le na-tionalisme français aucune agres-sivité envers les autres peuples,aucune revendication d’hégémo-nie, aucun élément de racisme.On peut devenir français par des services rendus au pays, rap-pelons-nous le poème du légion-naire qui se sent français « nonpar le sang reçu mais p ar lesang versé ».

Et terminons par un passagede l’Histoire de France deJacques Bainville qu’il ne faut ja-mais se lasser de rappeler : « Lepeuple français est un com -posé. C’est mieux qu’une race.C’est une nation. »

Gérard BAUDIN

Errances en Terre promise

Nous nepouvonsempêcher

les années, les décennies même,de s’entasser comme d’épais dos-siers dans les armoires de grincheuxet désuets ministères ; pas plus quenous n’éviterons de payer tribut auxscolioses et autres tourments arti-culaires. Je ne refuse pas les boitesde pilules et autres pharmacopées ;mais je trouve quelque soulagementaux misères inéluctables en par-

Aussi, c’estsans vain scru-pule que je veux

saluer, comme lieu de mes pas-sages quotidiens, l’Auberge du Ca-nard Bleu, la Tour-Vieille et la Tour-Neuve, aussi anciennes sans doute,et le Passage de la Halle-aux-Grains. Je me garderais bien d’ou-blier le Mail des Bien-Connus ainsinommés parce que tout enfant dela cité connaissait les noms de cesbourgeois sagaces et sentencieux,au nombre desquels je pense queje puis me compter désormais...Quant à la Rue Tirelaine je crainsque son nom ne revienne en usage,car j’ai appris que dans l’ombre ves-pérale il est arrivé récemment quel’on dérobât des sacs-à-main.

La mémoire des anciennes pé-riodes fériales garde son prestige,et je revis au printemps lors de laFoire-Exposition, le Mail du Tourde Ville s’emplir de machines agri-coles toutes neuves, rouges etbleues sous les frondaisons. Et autournant de la rue menant à la ca-thédrale, il y a peut-être encore lapetite épicerie où nous aimions àfaire l’emplette d’un sac de berlin-gots, mais où nous retrouvions pournous faire un bout de conduite nonsouhaité, un chien appelé “Mordi-cus”, surnom d’ailleurs injuste caril était bondissant et bruyant, maissans intention agressive.. Il a re-joint dans le petit peuple des gé-nies protecteurs de la ville ce Mon-sieur Félicien Lenoir, auteur oubliéde quelque amélioration urbaine –peut-être l’éclairage au gaz avantla guerre de Quatorze....

Chacune de ces villes, long-temps habitées ou entrevues enquelque soirée d’automne, appa-raît comme pourvue des signesd’un étrange et durable attache-ment – que dis-je ?, – une sortede tendresse. Et en même tempselle détient les témoignages du-rables d’une puissance aux trois-quarts mystérieuse, où le Sacrés’unit au Royal.

La France tout entière restepour nous comme une petite ville,à nos heures de rêve, de souve-nirs véritables et de dévotionsréelles ou remplies d’aspirations fi-dèles, authentiques ou imaginaires.Telle est la Terre promise, le lieuélu des “ascensions du cœur”comme eût dit Chateaubriand enun autre siècle, déjà éloigné et pour-tant tout proche... ■

courant lors d’une promenade réelleou imaginaire les quartiers des villesanciennes, celles de ma véritableenfance ou d’autres dont je ne saisplus si elles furent les patries de ro-manciers d’autrefois.

Ainsi j’ai vu hier surgir dans mamémoire le nom de la “Rue Fran-çaise” ; il faudra que je vérifie sielle figure toujours sur le plan de laville d’Auxerre ; et pour expliquerl’appellation donnée à un lieu deBasse-Bourgogne, je pense qu’ellemenait vers le pays sénonais, autrepays, autre province... Disposé àchercher dans le même trésor desouvenances féodales et royalesde quoi composer un étrange et sa-voureux régal, digne de nos an-ciennes cuisines, je vais faire ap-pel à tout un lexique surréel, où lesnoms de rues d’Auxerre, de Dinanet autres asiles de mon passé m’ap-paraissent comme un royaume debénédictions : en somme la Terrepromise de la Sainte Écriture...

Il n’y aura jamais trop de nomsvénérables de rues, quartiers, courset venelles pour nous permettre dereconquérir l’image complète duroyaume. Je ne crois même pascommettre de sacrilège en mêlantaux noms réels des vieilles villesceux que l’imagination poétique oufacétieuse a suggérés aux bonnesgens d’autrefois et aux écrivains rê-veurs, badins et gaulois du tempsmédiéval et des siècles des chaises-à-porteurs.

parJean-Baptiste MORVAN

Page 15: SARKOZY de Pierre PUJO L’éditorial à la remorque · 2 0 0 0 L’ACTION N° 2733 FRANÇAISE 61e année du 4 au 17 octobre 2007 Prix : 3s(20 F) paraît provisoirement les premier

L’Action Française 2000 n° 27333 – du 4 au 17 octobre 2007 15

L’ACTION FRANÇAISE EN MOUVEMENT

Dir ecteur Michel FROMENT OUX10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris

01 40 39 92 14 - [email protected]

Mercredi 10 octobre 2007

L' IDÉOLOGIE DÉMOCRATIQUE par Maxence HECQUARD

philosophe et écrivain

à 20 h 30 précisesBrasserie Le François-Coppée, premier ét age

1, boulevard du Montp arnasse, 75006 Paris (métro Duroc)Particip ation aux frais : 5 euros. Étudiant s et chômeurs : 2 euros

INSTITUT D'ACTION FRANÇAISE

10, rue Croix-des-Petits-Champs,75001 Paris

TÉL : 01-40-13-14-10 – FAX : 01-40-13-14-11Dans la ligne du mouvement fondé

par Pierre JUHEL

PRÉSIDENT : Pierre PUJOVICE-PRÉSIDENT :

Stéphane BLANCHONNET

CHARGÉS DE MISSIONFORMATION : Pierre LAFARGE

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES ÉTUDIANTS :Jean-Baptiste Kiavel

ADMINISTRATION :Mlle de BENQUE d’AGUT

COTISATION ANNUELLE :MEMBRES ACTIFS (32 L),

ÉTUDIANTS, LYCÉENS, CHÔMEURS (16 L),BIENFAITEURS (150 L)

C.R.A.F.a s s o c i a t i o n d é c l a ra s s o c i a t i o n d é c l a r é eé e

CENTRE ROYALISTE D’ACTION FRANÇAISE

Dimanche 7 octobre 2007

RASSEMBLEMENT DE LA SAINT MICHELRASSEMBLEMENT DE LA SAINT MICHELÀ JAMBLES EN SAÔNE-ET -LOIRE

- 10 h 30 : messe traditionnelle en l'église de Jambles- 12 heures : dépôt de gerbes puis vin d'honneur dans le chai de Mme Peyrerol- 13 heures : déjeuner bourguignon au restaurant du Centre à Saint-Jean-de-Vaux

Allocution de Michel FROMENTOUX, directeur de l'Institut d'Action française, vice-président de l'Association professionnelle de la Presse monarchique et catholique

Inscription auprès du CLIP, 20 rue Auguste Comte, 69002 Lyon. Tél. : 06 62 48 12 31

Participation : 25 euros ; étudiants : 17 euros ; tarif spécial pour familles nombreuses.

Pour des raisons d'organisation et permettre à nos amis non véhiculés de se rendre au déjeuner, nous demandons à toutes les personnes disposant d'une voiture de prendrecontact avec Alexandre Boritch au 06 62 48 12 31.

Le samedi 22 septembre 2007,l’Action française étudiante deParis, répondant à l’appel du

Collectif France indépendante, dé-filait entre la place d’Estienned’Orves et la place de l’Europe afinde manifester son hostilité à la vo-lonté du gouvernement et du chefde l’État d’imposer à la nation fran-çaise un nouveau traité “simplifié”européen, reprenant en substancele Traité établissant une constitutionà l’Europe, traité pourtant rejeté lorsdu référendum du 29 mai 2005.

Au total, entre cinq cents et sixcents personnes ont rejoint le cor-tège, parmi lesquelles environ unecinquantaine de militants de l’AFE,réunis autour des slogans tels « Eu-rope trahison, la France est unenation ! » ou encore « Europecommunaut aire, régime tot ali -taire ! » Le gros de nos militantsavaient pour charge d’assurer le ser-vice d’ordre de l’avant du cortège,qui fut ainsi sécurisé tout au long dela manifestation.

Celle-ci, rassemblant, en plusde l’Action française qui défilait entête, de nombreux mouvements po-litiques souverainistes et nationa-listes (parmi lesquels Debout la Ré-publique, la Nouvelle Action roya-liste, la Réconciliation nationale, leFront national, le Mouvement na-tional républicain), doit être un signe

pour les européistes que les pa-triotes ont l’intention de continuer àfaire entendre leur voix contre ceuxqui souhaiteraient brader la souve-raineté nationale ; contre ceux quisouhaitent dissoudre la France dansle magma euro-mondialiste, l’Actionfrançaise pratiquera le compromisnationaliste aussi souvent que cela

sera nécessaire, et à chaque foisque cela sera possible.

Cependant, nous tenons à ré-affirmer que la solution contre le re-noncement national n’est pas dansla république : si des initiatives sou-verainistes ou “nationales-républi-caines” peuvent paraître sympa-thiques, elles demeureront lettremorte tant que la réflexion institu-tionnelle n’aura pas conduit leursauteurs à rejeter le régime des par-tis pour lui préférer la monarchie desalut public, seule garante de l’in-dépendance nationale à la foiscontre les intérêts partisans et lesprétentions étrangères. Nous ap-pelons nos camarades souverai-nistes, à la suite de Maurras et deses compagnons, initialement ré-publicains, à accomplir la démarcheintellectuelle nécessaire à l’élabo-ration d’une doctrine “souverainiste”cohérente qui ne fasse pas l’im-passe sur la question du régime.

AFE

CERCERCLE DE FLCLE DE FLOREORE

Prochain dîner-débatmardi 23 octobre

à 20 heures

PIERRE HILLARD

traitera le sujet :

Politique étrangère de Nicolas Sarkozy

et de Bernard Kouchner : politique américaine ?Restaurant Casa Festa,16, rue J.-J. Rousseau,

75001 Paris Prix : 16 euros.

CONFÉRENCECONFÉRENCEÉTUDIANTESÉTUDIANTES

Venderdi 5 octobre 2007JEAN PHILIPPE CHAUVIN

Royalisme et Modernité

Vendredi 12 octobrePASCAL NAIZOT

La politique d'AristoteÀ 19 h 15 aux locaux de l’AF,

10 rue Croix-des-Petits-Champs,Paris 1er

(métro Palais Royal)

SAMEDI 20 OCTOBRE 2007

SAINTSAINT-MAXIMIN-MAXIMINLA SAINTE-BLA SAINTE-BAAUME UME

2 e j o u r n é e d ’ A m i t i é e t d ’ A c t i o n f r a n ç a i s e

En présence de SAR le prince Sixte-Henri

de Bourbon Parme

Messe chantée en grégorienpour la France, le repos del’âme de ses rois et de ses

martyrs, à 10 h 30 en la basilique ;

apéritif et déjeuner amical audomaine du Billardier .

Prix de la journée : 35 euros

Réservation : 04 94 59 22 18 - 01 40 39 92 06

[email protected]

En vue de la préparation de la fête de la Saint Michel, nos amisde Bourgogne se sont rassemblés chez le professeur Foyard le

lundi 24 septembre. Ils ont constitué solennellement la section deBourgogne dont le but sera de maintenir la Saint Michel et de

créer une section à Dijon. Après un déjeuner offert dans sa pro-priété par le professeur Foyard, nos amis ont déposé une gerbesur la tombe du curé Juillet, prêtre réfractaire honoré dans la ré-

gion. La réunion s'est terminée chez Mme Peyrerol, en pleineforme. Le rendez-vous est donné à la Saint Michel !

Ci-contre : le professeur Foyard, l'abbé de la Grave, AlexandreBoritch et Gaëtan di Lernia, responsable avec Sébastien de

Pouzols des jeunes de Bourgogne.

MOBILISAMOBILISATION SOUVERAINISTE TION SOUVERAINISTE

LA BOURLA BOURGOGNE,GOGNE, C'EST PC'EST PARARTI !TI ! INSURRECTION

Le n°64 est paru !

L’organe de combat des jeunesroyalistes d’Action française est disponible gratuitement

sur Internet :

http://Insurrection.actionfrancaise.net

Pour recevoir Insurrection surformat papier , envoyez

10 euros au CRAF , 10 rue Croix-des-Petits-Champs,

75001 Paris.

Contact :[email protected]

Î L E D E F R A N C E

P ROV I N C E

Page 16: SARKOZY de Pierre PUJO L’éditorial à la remorque · 2 0 0 0 L’ACTION N° 2733 FRANÇAISE 61e année du 4 au 17 octobre 2007 Prix : 3s(20 F) paraît provisoirement les premier

Édité par PRIEPS.A. au capital de 59 880euros – 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Imprimerie RPN – 93150 Le Blanc-MesnilNuméro de commission paritaire 0407K86761 – Directeurde la publication : Pierre Pujo

COMBAT SOCIAL

Préserver le dimanche chômé

c’est montrer que la vie

des êtres humainsn’est pas réductible

à la seule activitéconsommatrice.

UN VŒU DE SARKOZY

Le dimanche sacrifié

au culte de la rentabilitépar

Jean-Philippe CHAUVIN

Àl’occasion de la fête natio-nale du 14 juillet qui, cetteannée, tombait un samedi,

de nombreux centres commer-ciaux et grandes surfaces avaientdécidé d’ouvrir leurs portes pourne pas “perdre un samedi” en cettepériode de soldes : ce fut le cas

à Parly 2, situé aux portes de Ver-sailles, malgré l’opposition dessyndicats de salariés et la grognede nombreux commerçants ducentre lui-même. En fait cette ou-verture fut un demi-échec puisquela fréquentation n’atteignit pas lesespérances des promoteurs decette ouverture : 60 000 personnesau lieu de 90 000 attendues. Maisle mal était fait.

En fait, cette ouverture, étaitun “test” quelques semaines aprèsla mise en place d’un gouverne-ment où les partisans de l’ouver-ture maximale des centres com-merciaux sont légion : derrière le“14 juillet”, jusque là préservé(c’était la première fois depuisl’inauguration de Parly 2 en 1969que ce centre ne respectait pasce jour férié et chômé…) alors queles autres jours fériés sont, depuisdéjà quelques années, “ignorés”par les grandes structures com-merciales (sauf, pour l’instant, Noëlet le Jour de l’An), c’était le di-manche chômé qui était visé.

L’affaire de Plan-de-Cam-pagne, grand centre du sud de laFrance, à qui les tribunaux or-

donnent le respect de la ferme-ture dominicale et à qui, dans lemême temps, le préfet donne ledroit, pendant un an (le temps quela loi change…), d’ouvrir ses portestous les dimanches est, à cetégard, révélatrice. L’actuelle mi-nistre de l’Économie et des Fi-nances, Christine Lagarde, dansle cadre de la politique du « tra-vailler plus pour gagner plus »,est elle-même favorable à la finde cette “restriction” dominicale,au nom, bien sûr, de “l’intérêt del’emploi” et de celui des consom-mateurs…

“L’intérêtéconomique”

Elle est soutenue par le prési-dent de la République qui vientencore de réaffirmer cette posi-tion dans ses récentes déclara-tions télévisées. En somme, ils’agit d’une offensive généralecontre le repos dominical, au nomde “l’intérêt économique”, notionqu’il est bon d’encadrer de guille-mets pour en montrer toute l’hy-pocrisie.

La loi de juillet 1906 instaurantle repos hebdomadaire du di-manche et qui était jusqu’alorsconsidérée comme un progrès so-cial semble avoir vécue. Pourtant,cette loi qui permettait aussiquelques dérogations sans en fairela règle était un bon équilibre entreles intérêts des uns et des autreset, jusqu’à une période récente, nesoulevait guère d’opposition : lestemps, ou l’état d’esprit du moment,

compte la nécessaire « respira -tion sociale » que permet la fer-meture dominicale.

Bien sûr, il s’agit de préserverla vie familiale en permettant auxsalariés de disposer de ce jour“chômé” commun aux enfants sco-larisés et aux parents, et cela estd’autant plus important dans unesociété où les liens sociaux onttendance à se distendre, voire à

a visiblement changé sans quecette “rupture” puisse être consi-dérée comme une bonne chose.

Car évidemment, le gouver-nement s’appuie sur des sondagesqui donnent une large majorité denos concitoyens favorables à cetteouverture dominicale et sur les sa-lariés, souvent étudiants, prêts àvenir ainsi travailler le dimanche,avec l’espoir d’être plus payés queles autres jours de la semaine. Or,il faut bien constater que cette pra-tique a été le meilleur moyen dene pas augmenter les salaires dessalariés “habituels” et que, dansle cadre du travail saisonnier, lessalariés n’ont pas vraiment, contrai-rement à ce qui est dit, le choix derefuser le travail dominical : le fairec’est s’exposer à des vexations ouà des mesures de rétorsion, enparticulier sur l’organisation deshoraires de travail…

Un jour commeles autres ?

Les arguments qui évoquentla forte disponibilité des consom-mateurs le dimanche sont souventmis en avant mais, s’ils peuventparaître logiques dans une sociétéqui a érigé la consommation enprincipe vital (« consommer pourproduire » est le mécanismemême de la “société de consom-mation”), ils ne doivent pas pourautant déterminer toute organisa-tion du travail sans prendre en

c’est-à-dire le banaliser et en faireun jour comme un autre, qui se-rait travaillé comme les autres et,une fois officialisé, rapidementpayé comme les autres : c’est ceque demandent déjà certains pa-trons au nom des principes de libreconcurrence et, plus habilement,en s’appuyant sur l’interdiction depratiques qui “fausseraient laconcurrence” (c’est, par exemple,l’argumentation d’un PierreBergé)... Après tout, pourra consi-dérer le législateur européen oufrançais, pourquoi maintenir unequelconque différence, même detraitement, entre les jours, de toutefaçon tous travaillés ?

C’est une conséquence à la-quelle de nombreux Français, quipensent en consommateurs maispour beaucoup ne seraient pasd’accord pour travailler eux-mêmes le dimanche, ne réflé-chissent guère : le leur rappelerpourrait ouvrir quelques yeux…

Le “tempsmarchand”

En fait, au-delà de ces consi-dérations, il faut garder le di-manche comme un symbole d’untemps de repos nécessaire pourles personnes, comme un jour “dif-férent” des autres qui se marquepar cet éloignement à l’égard du“temps marchand” : il reste en-core six jours pour acheter et,dans notre société, il est rare (etde toute façon peu souhaitable)que les gens travaillent plus decinq jours, ce qui en laisse tou-jours un qui puisse être, pour ceuxqui ne peuvent s’en passer, celuides “courses”… Préserver le di-manche chômé c’est montrer quela vie des êtres humains n’est pasréductible à la seule activitéconsommatrice ou à la fonctioncommerçante. ■

AACTION FRANÇAISE,CTION FRANÇAISE,AACTION SOCIALECTION SOCIALE

Le capitalisme international a prisune importance considérable.Chaque économie est conduite àvouloir se protéger contre ses in-gérences. Il en résulte une solida-rité très forte entre les partenairessociaux. Les relations entre le ca-pital et le travail doivent cependanttoujours être réglées. Et c'est làque l'esprit corporatif qui imprégnaitjadis la société française apportedes solutions toujours bonnes pournotre temps.

Nos amis rédacteurs de L’ActionSociale Corporative sous l’égide deFrédéric Winkler * se proposent d’ap-profondir la question sociale tellequ’elle se pose actuellement, sanspour autant cesser de suivre lesgrandes leçons de l’expérience an-cestrale de notre vieux pays chré-tien. Nous publions aujourd’hui l’ar-ticle suivant de Jean-Philippe Chau-vin au sujet du travail dominical, nonsans rappeler que c’est le baronChaurand, député royaliste de l’Ar-dèche, qui dès 1872 déposa la pre-mière proposition de loi sur le reposdominical, alors bien peu respecté.

Michel FROMENTOUX

* www.asc.new.fr

Le renouvellement nécessairedes idées sociales et écono-miques, la publication men-

suelle sur la toile d’une revue nom-mée Action Sociale Corporative(ASC) et l’attrait que portent tradi-tionnellement aux questions so-ciales les milieux royalistes enga-gent L’AF 2000 à publier désormaisle plus fréquemment possible unetribune sur ce sujet.

Les dangers du mondialismeavec ses délocalisations et sesconséquences sur l’écologie et lavie familiale, ainsi que le capita-lisme triomphant par le bradage desecteurs entiers de notre écono-mie, font craindre le pire pour l’ave-nir de notre pays…

L’exportation scandaleuse desusines vers des pays sans protec-tion sociale rappelle l’esclavageodieux des ouvriers durant le XIXe

On ne rappellera jamais trop quela question sociale a sa source dansles principes de 1789. Sous prétextede “libérer” l’homme, la Révolutiona détruit les fortes organisations na-turelles, familiales, communales, cor-poratives, provinciales, confisquantl’immense capital corporatif accu-mulé pendant des siècles qui assu-rait aides, formation, retraites,œuvres sociales. Et le libéralismetriomphant s’est glorifié de rendrel’homme “libre” ...de mourir de faim.

L’ultralibéralisme,voilà l’ennemi

Contre le capitalisme tout puis-sant et l’individualisme engendrantla lutte des classes, les premiers àréclamer justice ont été aux XIXe etXXe siècles les catholiques roya-

listes à la suite d’Henri V comte deChambord, du pape Léon XIII et deRené de La Tour du Pin. Ce sonteux, et non les hommes de gauche,qui les premiers militèrent pour pro-téger les ouvriers, pour la diminu-tion des heures de travail dans lesmanufactures, pour le repos domi-nical, pour la réglementation du tra-vail de nuit, pour des logements sa-lubres, pour la création de caissesde retraite, de secours mutuels, d’al-locations familiales, d’assurancessociales, etc... toutes mesures que,pour des raisons idéologiques, lagauche haineuse et la droite affai-riste s’employèrent à retarder et quele Front populaire osa prétendreavoir inventées.

Aujourd'hui le développementdes techniques et des échangesconduit à poser les problèmes so-ciaux dans des termes nouveaux.

siècle… C’est aujourd’hui l’argenttout puissant, le mirage de l’euro,les grands financiers parlant la mainsur le cœur des droits de l’homme,de la liberté et de l’égalité républi-caine tout en faisant travailler desAsiatiques à 500 euros par mois.

La questionsociale remonte

à 1789Comment qualifier cette société

acceptant le système qui met unhomme au chômage entraînant safamille dans la précarité sans unminimum de protection. La concur-rence et la destruction de nos pro-duits sur notre sol par des orga-nismes étrangers plus “rentables” etfruits de la misère humaine doit éga-lement cesser.

disparaître au profit des mondes“virtuels”, ludiques ou non. Mais,pour les étudiants sans attachesfamiliales particulières durant l’an-née ? Leur emploi dominical n’est-il pas une manière de ne pas tou-cher aux familles tout en permet-tant une activité commercialeouverte à ces mêmes familles pourqui la grande surface serait de-venue “l’église de substitution” ?

Cet argument est en fait uti-lisé pour “défaire” le dimanche,

Les centres commerciaux sont devenus

des “églises de substitution”.