Mona GreenbaumDirectrice de la Coalition desfamilles homoparentales

REGARDS SUR LES FAMILLESHOMOPARENTALESS’OUVRIR À LEURS RÉALITÉS POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DES ENFANTS

RegaRds suR les familles homopaRentales s’ouvRiR à leuRs Réalités pouR mieux RépondRe aux besoins des enfants

Recherche et rédactionmona gReenbaum

Design graphiqueJonathan Rehel pouR six CReativelab

Traductionnathalie tRemblay

Révision linguistiqueélise beRgeRon, aRiane beRtouille et aniCk dRuelle

Production et diffusionCoalition des familles homopaRentales

Droit de reproductionla reproduction de ce document par les intervenants travaillant avec enfants et familles est fortement encouragée.vous devez toutefois en préserver l’intégrité.

Le genre masculin utilisé dans ce document désigne aussi bien les femmes que les hommes.

pour tout autre usage, ainsi que pour toute question concernant la trousse ou la formation, veuillez contacter :

La Coalition des familles homoparentales110, rue sainte-thérèse, bureau 405, montréal (Québec) Canada h2y 1e6

tél : 514 878-7600 Courriel : info@familleshomoparentales.org site internet : www.familleshomoparentales.org

Ce guide est aussi disponible en anglais grâce à l’association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec.

En collaboration avec :

isbn : 978-2-9810505-2-6dépôt légale : 2e trimestre 2009bibliothèque nationale du Québecbibliothèque nationale du Canada© Coalition des familles homoparentalestous droits réservés

Merci à toutes les familles qui ont gracieusement partagé leurs photographies.

RemeRciementsnous souhaitons remercier chaleureusement le ministère de l’édu-cation, du loisir et du sport du gouvernement du Québec pour le financement accordé à la réalisation des ressources disponibles sur ce site. nous désirons aussi exprimer notre reconnaissance au service aux collectivités de l’uQam pour son soutien au cours de ce projet.

nous souhaitons également remercier dre danielle Julien et dre line Chamberland de l’université du Québec à montréal, ainsi que dre karine igartua de l’université mcgill pour avoir partagé avec nous leurs expertises et connaissances sur les familles homoparentales, sur l’homophobie, ainsi qu’en matière d’andragogie.

enfin, nous tenons à exprimer notre gratitude la plus profonde aux membres du comité consultatif, aux membres de la Coalition des familles homoparentales, aux parents, aux enfants et aux intervenants qui travaillent avec les enfants et les familles. merci d’avoir partagé avec nous vos témoignages, votre expertise et vos espoirs pour une transformation positive de la société.

Ce projet est dédié à Léo et Simon

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intRoductionRegaRds suR les familles homopaRentales : s’ouvRiR à leuRs Réalités pouR mieux RépondRe aux besoins des enfants

mise au point

Il y a des milliers d’enfants qui font partie de familles homoparentales au Québec et qui font face aux effets néfastes du silence et de l’invisibilité.

L’ignorance et l’omission renforcent les préjugés.

L’homophobie en milieu scolaire commence dès les premières années du primaire.

L’homophobie dans les écoles est nuisible pour tous les enfants.

L’homophobie à l’école se manifeste de manière directe et indirecte.

L’homophobie a un effet dommageable sur le développement des enfants.

Tout enfant a le droit à un environnement inclusif, qui promeut un curriculum, des habitudes et un vocabulaire accueillants pour des diversités familiales.

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Des milliers d’enfants au Québec vivent avec des mères ou des pères qui vivent une relation amoureuse avec une personne du même sexe et forment ainsi des familles homoparentales.

loin d’être un phénomène marginal, le nombre croissant de familles homo-parentales résulte d’un ensemble de facteurs interdépendants, tels que :

La diversité croissante des constellations familiales depuis les années 1960 (ex. : familles recomposées, monoparentales, biculturelles, etc.)

Le nombre croissant de parents homosexuels qui affirment leur orientation sexuelle;

L’adoption de lois québécoises qui reconnaissent et accordent les mêmes droits et responsabilités juridiques aux familles homo-parentales qu’aux autres familles;

Le Code civil permet aux couples gais ou lesbiens résidants au Québec d’adopter conjointement des enfants.

L’accès aux nouvelles technologies de reproduction s’est démocratisé;

Le nombre grandissant de personnes homosexuelles qui désirent et sont en mesure de fonder des familles dans une société qui accepte de plus en plus leur orientation sexuelle.

malgré cela, certaines personnes qui interviennent dans les milieux scolaires, les services de santé, les services sociaux ou dans des organismes communautaires peuvent avoir l’impression de ne jamais avoir rencontré une famille homoparentale et, même, d’ignorer que ce genre de famille existe. l’invisibilité et le silence constituent les obstacles les plus fréquemment rencontrés par les membres d’une famille homoparentale.

L’invisibilité des familles homoparentales fait en sorte qu’elles sont ignorées et incomprises. elles sont absentes des représentations sociales de la famille et de l’image globale de la diversité familiale au Québec. elles sont généralement ignorées par les institutions publiques telles que les cours prénataux, les Centres de la petite enfance (Cpe), les garderies en milieu familial, les services sociaux, les services de santé et, surtout, les écoles. Ces familles sont souvent oubliées et les pratiques ne sont pas conçues pour répondre à leurs besoins, ce qui a un impact significatif sur leurs enfants.

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le silence entourant les familles homoparentales est également nuisible. les enfants apprennent autant des silences que des paroles prononcées. si les enfants remarquent que les différences entre les gens sont dissimulées, ces différences peuvent devenir mystérieuses et menaçantes. lorsqu’un sujet n’est pas abordé en classe, il entre dans le domaine du secret, de la méfiance et de la honte.

les services de santé et les services sociaux qui ignorent les réalités des parents et futurs parents homosexuels envoient un message de rejet et de jugement négatif. l’omission renforce les préjugés.

les personnes qui interviennent dans les milieux scolaires, dans les services sociaux et de santé ou les organismes communautaires, ne sont pas toujours au courant des structures familiales homoparentales dans lesquelles vivent certains des enfants qu’ils côtoient. Cet état des choses découle peut-être du fait que les enfants et les parents ne savent pas si la classe ou l’établissement est un lieu sécuritaire pour partager ce genre d’information. plusieurs mères lesbiennes et pères gais ne se sentent pas à l’aise d’assumer publiquement leur homosexualité dans la culture dominante. même si beaucoup d’enfants ont un parent, un oncle, une tante, un cousin, une cousine ou un ou une ami(e) de la famille qui est gai ou lesbienne, ils peuvent hésiter à en parler à l’école. bien que les familles homoparentales soient souvent silencieuses et invisibles au sujet de l’homosexualité, à l’école les insultes telles que « tapette », « maudit gai », « moumoune », « butch », « maudite lesbienne » ou « homo » transforment les corridors en lieux hostiles à l’homosexualité pour bien des élèves.

les jeunes qui vivent dans une famille homoparentale rapportent faire face aux pré-jugés et à la discrimination à cause de l’homophobie de la société et ce, sans égard à leur propre orientation sexuelle (Pour plus de détails, voir le Module ‘Familles homoparentales face à l’homophobie et à l’hétérosexisme’). en dépit des progrès légaux et sociétaux, les familles homoparentales font face à plusieurs difficultés liées à l’invisibilité, au manque de compréhension et aux préjugés. les études indiquent que les personnes homosexuelles qui désirent fonder une famille, de même que les parents homosexuels et surtout leurs enfants, peuvent être victimes de préjugés et de discrimination. Comme les gais et lesbiennes en général, les enfants et les parents qui composent des familles homoparentales ressentent le stress de l’homophobie et cette pression peut avoir des répercussions sur leur santé et leur bien-être.

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l’homophobie dans les écoles est néfaste pour tous les élèves et pas seule-ment pour les enfants des familles homoparentales. elle touche également les enfants qui, un jour, seront gais, lesbiennes, bisexuels ou transgenres; ceux dont un membre de leur famille autre qu’un parent est homosexuel; et enfin ceux qui sont perçus comme étant gais ou lesbiennes parce qu’ils ne sont pas conformes aux stéréotypes des sexes. en fait, chaque élève est affecté lorsque la culture scolaire marginalise de manière routinière certains élèves à cause de leur orientation sexuelle réelle ou présumée, ou de celles de leurs parents.

des attitudes homophobes peuvent émerger dès les premières années du pri-maire lorsque les enfants utilisent des mots comme « gai » ou « lesbienne » en tant qu’insulte générique ou comme un terme lié à l’abus. des propos qui

questionnent la masculinité ou la féminité de certains individus, de même que ceux qui font directement référence à la sexualité, sont entendus fré-quemment et sont dommageables. les écoles, surtout les écoles primaires, fournissent des contextes idéaux pour modifier les attitudes homophobes parce qu’elles contribuent largement au développement des valeurs et des attitudes chez les jeunes enfants. plus tard, des valeurs et attitudes homophobes ancrées peuvent être plus difficiles à changer.

bien que les spécialistes et le personnel de soutien dans les écoles ainsi que dans les services sociaux et de santé peuvent avoir des convic-tions personnelles qui sont incompatibles avec le concept de famille homoparentale, celles et ceux qui travaillent au sein des établissements publics ont la responsabilité légale de fournir à toutes les familles et à tous les enfants un environnement inclusif et accueillant dans lequel ils peuvent réussir et s’épanouir.

les parents homosexuels, comme les autres parents, cherchent à établir des partena-riats avec les écoles et les organismes communautaires de manière à offrir un soutien à l’épanouissement scolaire, social et émotionnel de leurs enfants. les éducateurs et les familles homoparentales apprennent à interagir entre eux. en même temps, les éducateurs et les intervenants ont besoin de mieux connaître le vécu des familles homoparentales et les recherches au sujet de ces familles afin de travailler en équipe avec elles et soutenir tous les enfants. C’est pourquoi nous présentons ces ressources.

malgré des ressources financières qui diminuent sans cesse, les écoles, les services de santé et les services sociaux desservent des milliers d’enfants et de familles. la plupart des écoles et des services veulent accommoder les enfants et les familles le mieux possible, mais les besoins des familles homoparentales ne sont pas leur seule préoccupation. toutefois, offrir un environnement inclusif aux enfants et aux parents qui composent des familles homoparentales n’est pas difficile ni coûteux.

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les ressources sur ce site ont été conçues pour outiller les personnes qui interviennent dans les milieux scolaires et les services sociaux et de santé et pour répondre aux besoins des familles homoparentales sans surcharger les établissements. les outils vont également aider les personnes au sein de ces institutions à vaincre leurs hésitations et leurs craintes relatives à l’inclusion de ces familles dans leurs pratiques.

CRainTES, DouTES ET RéSERvES

EnFanTS

1 ma professeure et mes camarades vont penser que je suis bizarre.

2 mon professeur et mes camarades ne me traiteront pas comme les autres.

3 ma famille et moi serons insultés.

4 ma famille ne sera pas incluse comme les autres familles à l’école.

5 les parents de mes amis ne leur permettront pas de venir chez moi pour jouer ou pour y passer la nuit.

6 les professeurs et mes camarades d’école vont penser que je suis gai moi aussi.

PaREnTS

7 mon enfant sera victime de discrimination, de moqueries ou d’intimidation.

8 mon enfant ne sera pas invité chez ses amis.

9 les amis de mon enfant n’accepteront pas ses invitations à venir à la maison.

10 l’école ne fournira pas d’occasion à mon enfant de voir sa famille se représentée dans le curriculum.

11 les intervenants des services de santé et sociaux seront mal à l’aise avec ma famille ou exerceront une discrimination envers nous.

12 ma famille sera jugée ou rejetée. nous ne serons pas traités avec respect et on pourrait même nous refuser l’accès à un service.

13 même si nous sommes deux parents de même sexe reconnus légalement, les établissements pourraient ne pas nous considérer tous les deux comme les parents.

14 des préjugés pèseront sur notre famille et nous devrons faire face à des stéréotypes négatifs.

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CRainTES, DouTES ET RéSERvES (SuiTE)

éDuCaTEuRS ET inTERvEnanTS DES SERviCES SoCiaux ET DE La SanTé

15 traiter des sujets se rapportant aux familles homoparentales signifie que je devrais aborder la sexualité en classe.

16 Je suis mal à l’aise à l’idée d’utiliser les mots gai et lesbienne.

17 Je ne sais pas quels mots utiliser lorsque j’interagis avec des familles homoparentales.

18 Je ne sais pas comment concilier mes convictions personnelles avec ma responsabilité envers tous les enfants et les familles de ma classe ou de mon école.

19 Je ne connais pas les ressources qui existent pour les familles homoparentales et je ne sais pas où les trouver.

20 si je suis inclusif, on pourrait m’accuser de faire la promotion de l’homosexualité et je pourrais perdre mon emploi.

21 les parents des autres élèves auront l’impression qu’on enseigne à leurs enfants des valeurs avec lesquelles ils sont en désaccord.

22 les parents des autres élèves auront l’impression que les enfants seront influencés à devenir homosexuels.

23 les parents des autres élèves auront l’impression que les familles traditionnelles sont dévalorisées.

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DéSiRS ET bESoinS

EnFanTS

1 J’ai besoin de me sentir en sécurité et de savoir que la professeure me protégera en cas de besoin.

2 Je désire que mes amis et leurs parents m’acceptent et acceptent ma famille.

PaREnTS

3 Je désire le meilleur pour mon enfant.

4Je désire que les écoles et les autres établissements travaillent en partenariat avec moi afin de soutenir le développement affectif et social, ainsi que l’épanouissement scolaire de mon enfant.

5Je désire que mon enfant voie sa famille représentée et incluse dans les activités et le curriculum de l’école de la même manière que les autres familles.

6 Je désire que ma famille ait accès aux mêmes services et qu’elle soit traitée de la même manière que les autres familles.

éDuCaTEuRS ET inTERvEnanTS DES SERviCES SoCiaux ET DE La SanTé

7 nous désirons servir et inclure le mieux possible les familles homoparentales, surtout les enfants qui grandissent dans ces familles.

8 nous devons concilier les besoins de ces enfants et de leurs familles avec les nombreux autres besoins de notre établissement.

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le message à ReteniR paR toutes les peRsonnes qui inteRviennent dans les milieux scolaiRes et les seRvices de santé et les seRvices sociauxinclusion. acceptation. Soutien. les familles homoparentales sont un type de famille au sein de la multitude diversifiée des familles québé-coises. les enfants de ces familles ont besoin de se sentir en sécurité et soutenu par leur école. la famille traditionnelle est une forme parmi d’autres, ni meilleure ni pire que les autres. la structure des familles s’est diversifiée, et la notion de famille acceptable s’est élargie de manière à inclure les grands-parents, les familles recomposées, les familles monoparentales, etc., mais les familles homoparentales sont trop souvent laissées de côté.

faire en sorte que les écoles soient un endroit sécuritaire pour les enfants est une tâche complexe qui comporte des implications particulières. il est maintenant temps de tenir compte des questions relatives aux familles homoparentales. d’ailleurs, plusieurs commissions scolaires au Canada révisent leurs politiques et se déclarent officiellement contre la discrimination homophobe. les préjugés blessent. ils blessent les enfants, ils blessent les familles et ils blessent des communautés scolaires en entier.

Sur les plans juridique et éthique, chaque famille a le droit d’être visible et de vivre en sécurité. Les lois, chartes, tribunaux et organisations de la société civile du Québec et du Canada s’unissent afin de faire la promotion du bien-être de toutes les familles, incluant les familles homoparentales. Pour avoir plus de détails sur l’ensemble de ces lois et politiques, voir le module ‘Responsabilités légales et éthiques de la société face aux familles homoparentales’.

de simples changements dans le vocabulaire et les habitudes peuvent transformer un établissement de manière à ce qu’il devienne plus accueillant et d’un grand soutien pour les familles homoparentales. Quand une relation positive est établie entre les familles et les écoles, les élèves ont tendance à mieux réussir sur le plan scolaire. les éducatrices, les éducateurs et toutes les personnes qui interviennent au sein des milieux scolaires ont une belle occasion d’enseigner le respect de la diversité. de simples gestes peuvent grandement contribuer au sentiment d’acceptation et d’accueil pour les enfants et leurs parents qui forment des familles homoparentales au Québec.

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conclusionle défi est de passer du silence et de l’invisibilité à la tolérance jusqu’à une véritable acceptation et une appréciation authentique de la diffé-rence. le chemin pour devenir plus inclusif et combattre l’homophobie sera peut-être long, mais plusieurs réalisations marqueront ce parcours. au nombre de chacun des gestes qui compte, pensons à :

rendre un établissement suffisamment accueillant dans sa documentation de manière à ce que les enfants et les parents qui composent des familles homo-parentales soient à l’aise et puissent parler de leurs réalités avec les personnes qui interviennent quotidiennement dans les établissements scolaires, les services de santé, et les services sociaux;

rendre le curriculum plus inclusif;

réécrire la politique de l’établissement face à la discrimination ou simplement augmenter le nombre de représentations des familles non traditionnelles.

Chaque réalisation constitue un pas important, comme le dit si bien Kris Wells :

[Traduction] N’oubliez jamais que chaque vision nécessite des milliers de petits pas pour se réaliser. N’ayez pas peur de faire les premiers petits pas sur la route de l’inclusion. »

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