SAMEDI 4 AVRIL 2015ANDREAS STAIER AUTOUR DU CLAVIER BIEN TEMPÉRÉ

PROGRAMME

3

SAMEDI 4 AVRIL 2015................................................15H

AMPHITHÉÂTRE

AUTOUR DU CLAVIER BIEN TEMPÉRÉ

John BullUt, ré, mi, fa, sol, la (MB XIV/17)

Antonio VivaldiGigue (BWV 975) - Largo (BWV 973)

Johann Sebastian BachLe Clavier bien tempéré IIPrélude et fugue en do dièse mineur BWV 873

François CouperinHuitième Ordre - Second Livre des Pièces de clavecin (La Raphaèle, Gavotte)

Johann Sebastian BachLe Clavier bien tempéré II Prélude et fugue en fa dièse majeur BWV 882

Wilhelm Friedemann BachPolonaise en fa majeur et fa mineur (Falck 12/9+10)

Johann Sebastian BachLe Clavier bien tempéré II Prélude et fugue en fa mineur BWV 881

4

Johann Jakob FrobergerMéditation faite sur ma mort future (FbWV 611a)

Johann Sebastian BachLe Clavier bien tempéré I Prélude et fugue en si mineur BWV 869

ANDREAS STAIER, CLAVECIN

FIN DU CONCERT VERS 16H35.

5

Autour du Clavier bien tempéré

En 1717, après avoir successivement travaillé à Arnstadt, Mülhausen et Weimar, Johann Sebastian Bach entre au service du prince Leopold d’Anhalt-Köthen. S’ouvrent alors six années fécondes qui marquent le début de la « maturité » du compositeur. Il trouve là-bas le poste le plus prestigieux de sa carrière : il y est maître de chapelle et directeur de la musique de la chambre. Leopold est toutefois calviniste. Cette confession ne tolère pour les cultes aucune autre musique que les psaumes et les cantiques. Durant cette période, Bach se détourne de la musique liturgique et s’adonne à la composition de sonates, suites, pièces pour clavecin et autres concertos pour divers instruments. Il compose aussi ses premières œuvres didactiques : l’Orgelbüchlein, les Inventions, et le Petit Livre d’Anna Magdalena Bach qu’il rédige à l’intention de celle qu’il avait épousée en secondes noces, en 1721.

« ... durch alle Töne und Semitonia.. »

C’est à Coethen, en 1722, que Bach achève la rédaction du Premier Livre de son Clavier bien tempéré. Un recueil réunissant vingt-quatre préludes et fugues composés dans toutes les tonalités réalisables sur un clavier, disposées suivant chacun des douze degrés de l’échelle chromatique : « Clavier bien tempéré, ou préludes et fugues dans tous les tons et demi-tons, tous deux avec la tierce majeure ou ut, ré, mi et avec la tierce mineure ou ré, mi, fa. Pour la pratique et le profit des jeunes musiciens désireux de s’instruire et pour la jouissance de ceux qui sont déjà rompus à cet art. »

En 1744, Bach compile un second recueil, construit suivant le même principe. Ces deux recueils connaissent une large diffusion du vivant de leur auteur, grâce à de nombreuses copies manuscrites. Ils comptent parmi les premières œuvres du Cantor publiée à l’aube du XIXe siècle, jouant alors un rôle essentiel dans la redécouverte de Bach à l’orée du romantisme.

6

L’idée de construire une œuvre explorant toutes les possibilités d’une harmonie chromatique au clavier n’est pourtant pas neuve. Ainsi, John Bull (1563-1628) compose, au seuil de la Renaissance, une Fantaisie sur l’hexacorde (Ut ré mi fa sol la), conservée dans le célèbre Fitzwilliam Virginal Book, dont le thème principal est énoncé dix-sept fois suivant un parcours audacieusement chromatique.

« Stylus phantasticus »

Les deux recueils du Clavier bien tempéré ne forment pas seulement un manifeste didactique en faveur d’un accordage permettant de jouer dans tous les tons chromatiques (Kircher, Heinichen et Mattheson l’avaient précédé dans cette voie). Ils sont surtout une prodigieuse anthologie stylistique où toute les sources d’inspiration et tous les procédés d’écriture que Bach a pu connaître se trouvent convoqués.Dans sa monumentale Musurgia Universalis (1650), le prêtre jésuite Anasthasius Kircher propose une ingénieuse classification des styles. Il oppose le stylus impressus et le stylus expressus, ce dernier se décomposant en huit autres styles distincts. Parmi ceux-ci, le stylus phantasticus utilise librement des sujets musicaux inventés. C’est, selon Kircher, « une méthode extrêmement libre de composition », particulièrement adaptée à la musique pour clavier. Girolamo Frescobaldi avait précédemment employé, dans les préfaces de ses recueils, la dénomination de stile fantastico pour désigner non seulement l’écriture, mais aussi le mode « passionné » d’interprétation de ses toccate.

7

Kircher, quant à lui, cite pour meilleur exemple du stylus phantasticus les toccate de Johann Jakob Froberger (1616-1667). Ce style irrigue également les nombreux Lamenti, Déplorations et autres Tombeaux du maître wurtembergeois. Parmi ces compositions singulières, toutes emplies « d’humeur mélancolique », la Méditation faite sur ma mort future se distingue par ses errances harmoniques, aussi tortueuses qu’énigmatiques.

Carl Philipp Emanuel Bach, dans une lettre adressée à Forkel le 13 janvier 1775, rappelle que son père, devenu orphelin, avait passé cinq années (entre 1695 et 1700) auprès de son frère Johann Christoph, et que là, « il reçut l’éducation qui convient à un organiste (....). Il aima particulièrement Frescobaldi (....), quelques bons Français anciens, Buxtehude, Reinken, Bruhns, et l’organiste de Lüneburg, Boehm ». Le Praeludium, Fuga et Postludium en sol mineur de Georg Boehm (1661-1733) relève encore de ce « style fantastique », dont Bach s’imprègne dans sa jeunesse avant de le réinterpréter dans ses propres préludes et fugues (en si bémol et mi bémol en particulier).

« ... alla maniera italiana » et « in stile francese… »

Le Clavier bien tempéré rappelle combien Bach fut le compositeur des « gouts réunis », confrontant et fusionnant tour à tour les deux « manières » française et italienne. Il appréciait tout particulièrement les créations de Vivaldi, qu’il découvre grâce aux éditions réalisées par la « main fameuse » d’Etienne Roger, à Amsterdam. Tout au long de sa vie, il arrange les concerti du maître vénitien, tant pour le clavecin ou l’orgue seul, (cf. la Giga et le Largo proposés aujourd’hui), que pour des effectifs plus originaux (comme dans le Concerto pour quatre clavecins en la mineur).Bach admirait également les clavecinistes français du Grand Siècle, en premier lieu François Couperin (1668-1733), auteur estimé bien au-delà des frontières du royaume, comme le rappelle Titon du Tillet en

8

1732 : « Le grand nombre des Œuvres de Couperin fait connoître la beauté et la fécondité de son génie. […] Ces pièces ont fait honneur à leur Auteur, non seulement dans toute la France, mais encore dans les pays étrangers : elles sont très estimées en Italie, en Angleterre et en Allemagne ».

« ... und andere Galanterien… »

A l’instar de son père, Wilhelm Friedemann Bach (1710–1784) fut un prodigieux organiste et claveciniste. Il était cependant instable, et ne put entretenir durablement aucune fonction officielle, quoique de nombreuses cours allemandes l’aient appelé à leur service : Dresde, Halle, Darmstadt, Brunswick et finalement Berlin, où il mourut dans la misère après avoir vendu tous les manuscrits de son père en sa possession. Charles Burney disait de lui : « il est bon mathématicien, et passe pour le meilleur compositeur de fugues et le plus savant musicien d’Allemagne ». Il composa après 1765 treize Polonaises pour le clavier, qui illustrent l’éclosion d’une nouvelle sensibilité : le règne de « l’émotion naturelle » vient alors supplanter la « théorie des passions ». Le rationalisme des Lumières s’estompe, tandis que le romantisme s’apprête à naître.

DENIS MORRIER

9

ANDREAS STAIER

Andreas Staier a sans aucun doute porté l’art d’interpréter le réper-toire baroque, classique et roman-tique sur instruments anciens à son apogée. Reconnu par ses pairs et un public toujours plus nombreux, il défend avec une exigence intel-lectuelle et artistique les pièces connues du répertoire et des œuvres de compositeurs négligés. Né à Göttingen, Andreas Staier a étudié le piano moderne et le clavecin à Hanovre et à Amsterdam. Après ses études, il devient le clave-ciniste de Musica Antiqua Köln avec lequel il tourne et enregistre de manière intensive pendant trois ans. En 1986, il commence une carrière de soliste au clavecin et au pianoforte, et joue dans le monde entier en récital et avec les orchestres tels que Concerto Köln, Freiburger Barockorchester, Akademie für alte Musik Berlin et l’Orchestre des Champs-Élysées. Andreas Staier est l’invité du Festival de La Roque d’Anthéron, Festival de Saintes, Festival de Montreux, Edinburgh International Festival, Styriarte Graz, Schubertiade Schwarzenberg, Schleswig-HolsteinMusik Festival, Bach-fest Leipzig, Bachtage Berlin, Bachwoche Ansbach et Kissinger Sommer. Il s’est produit dans les salles les plus

prestigieuses, particulièrement en Europe, aux États-Unis et au Japon. Il est régulièrement invité par la BBC. Andreas Staier a formé un trio avec le violoniste Daniel Sepec et le violoncelliste Roel Dieltiens, et se produit en duo (ou quatre mains au clavier) avec Christine Schornsheim, Sasha Melnikov et Tobias Koch. On le retrouve également avec ses parte-naires réguliers : le baryton Georg Nigl, les violonistes Petra Müllejans et Isabelle Faust et le clarinettiste, Lorenzo Coppola, avec qui il a enregistré un CD consacré aux sonates de Brahms, à paraître en avril. Il a travaillé avec les actrices/récitantes Senta Berger et Vanessa Redgrave ainsi qu’Anne Sofie von Otter, Pedro Memelsdorff et Alexej Lubimov, et son partenariat musical avec le ténor Christoph Prégardien a donné naissance à de nombreux enregistrements de lieder (Schubert, Schumann, Mendelssohn, Beethoven et Brahms), tous acclamés par la critique internationale. Artiste Associé à l’Opéra de Dijon depuis septembre 2011, il offre une palette de programmes pour clavecin ou pianoforte, en récital, musique de chambre et avec orchestre. Il a également collaboré avec le compositeur Brice Pauset, avec qui il a donné en création mondiale la

10

Kontra-Sonate (qu’il a depuis enre-gistrée pour AEON), et joué le concerto Kontra-Konzert avec le Freiburger Barockorchester. Andreas Staier a déjà à son actif plus de cinquante enregistrements pour BMG/Deutsche Harmonia Mundi, Teldec et Harmonia Mundi. Nombreux ont reçu les éloges et récompenses de la presse internationale : Diapason d’Or de l’Année pour Am Stein vis-à-vis avec Christine Schornsheim (œuvres de Mozart), le Preis der Deutschen Schallplattenkritik (2002), Gramo-phone Award dans la catégorie baroque instrumentale pour son enregistrement des concertos de C. P. E. Bach avec le Freiburger Barockorchester (2011). Sa version des Variations Diabelli de Beethoven et autres maîtres viennois a été récompensée d’un Diapason d’Or, ffff de Télérama, E de Scherzo, G de Gramophone, « Disc of the Month » du BBC Music Magazine et 10/10 de Classica. Il a été suivi d’un recueil de pièces pour clavecin de compositeurs allemands et français sous le titre évocateur Pour passer la Mélancolie, pour lequel Andreas Staier a obtenu un deuxième Baroque Music Gramophone Award en 2013. Après son second volume de pièces de Schumann, Variations & Fantasiestücke, il sortira un enregis-

trement des concertos de Bach avec le Freiburger Barockorchester. En mai 2014, il recevait le International Classical Music Award’s Artist, récompensant le meilleur soliste de l’année.

Impr

imeu

r BA

F •

E.S

1-10

4155

0 -

2-10

4154

6 -3

-104

1547

01 4 4 8 4 4 4 8 42 21 , AV E N U E J E A N - J A U R È S 7 5 019 PA R I S P O R T E D E PA N T I N

P H I L H A R M O N I E D E PA R I S . F R