Samedi 30 Mars 2013 C.A.L.M Visites et loisirs Le pÈre...
Transcript of Samedi 30 Mars 2013 C.A.L.M Visites et loisirs Le pÈre...
Samedi 30 Mars 2013 C.A.L.M Visites et loisirs
Le pÈre lachaise
Le rendez-vous est à 14h30 Métro Gambetta, à l'entrée de la rue du
Père-Lachaise nous pénétrons immédiatement dans le cimetière.
Le Cimetière du Père Lachaise est le plus célèbre et le plus grand cimetière de la capitale. Situé dans le 20ème
arrondissement, il s’étend aujourd’hui sur une surface de 44 hectares. A l’origine, le domaine avait été acheté
par les Jésuites au XVIIème siècle afin d’en faire un lieu de convalescence. Il fut notamment occupé par
François d’Aix de La Chaise, dit «Le Père Chaise», confesseur du Roi Soleil.
Au XIXème siècle, sous l’impulsion du Consul Napoléon Bonaparte, plusieurs nouveaux cimetières furent
créés afin de pallier le manque de sépultures intra-muros : les cimetières de Montmartre et de
Montparnasse virent ainsi le jour hors la ville. En 1803, c’est le Préfet de Paris
qui demanda à l’architecte Brongniart de transformer le domaine qui allait
devenir le cimetière de l’Est communément appelé cimetière du Père-Lachaise.
Lorsque le cimetière ouvre ses portes le 21 mai 1804, les Parisiens se
montrent réticents. En 1817, les corps supposés être ceux de La Fontaine et
de Molière sont rapatriés au Père-Lachaise, ainsi que ceux d'Héloïse et
d'Abélard. Dès lors, les chiffres s'envolent. Aujourd'hui le cimetière totalise 70
000 concessions environ. Un million de personnes y ont été inhumées à ce
jour et plus de deux millions de visiteurs s'y rendent chaque année. Les trois consuls
Cambacérès, Bonaparte, Lebrun
Alexandre-Théodore Plan du cimetière de l’Est dit du Père-Lachaise Le cimetière du Père Lachaise et le 1er Empire Brongniart ou Mont-Louis Exécuté par A-T Brongniart année 1813 Le cimetière du Père Lachaise en 1837
A partir du jardin à la française des jésuites, Brongniart a conçu un nouveau type de cimetière mêlant étroitement parc à l'anglaise et lieu de recueillement. Le Père-Lachaise est aujourd'hui l'un des plus beaux espaces verts paysagers de la capitale. Il est ombragé de plus de 5000 arbres, essentiellement des érables, des frênes, des thuyas et des marronniers auxquels s'ajoutent quelques platanes, robiniers, hêtres, tilleuls, acacias, sophoras, noyers... L'heureuse harmonie qui règne ici entre la nature et la sculpture fait de la nécropole un remarquable musée en plein air de l'art funéraire du XIXe siècle. Tous les styles y sont représentés. Entre la flamboyante tombe gothique, le pompeux caveau haussmannien, le somptueux mausolée à l'antique, la simple pierre tombale, les marbres les plus rares et les fers forgés délicats, le visiteur n'a que l'embarras du choix. De plus, le cimetière compte de nombreux monuments funéraires signés par les architectes et les sculpteurs les plus représentatifs de leur époque.
Au XIXème siècle, deux événements tragiques viennent troubler la sérénité des lieux, transformant ce champ de repos en véritable champ de... bataille.
Le premier se déroule le 30 mars 1814, après l'abdication de Napoléon, lors de l'invasion de Paris par les troupes alliées. Ce jour-là, les élèves des écoles militaires de Polytechnique et d'Alfort se retranchent dans le cimetière et y établissent leur ligne de défense en utilisant le mur d'enceinte, afin de repousser l'assaut des Russes. Les forces étant par trop inégales, ils sont écrasés. Les Russes, alors maîtres du terrain, installent leur bivouac au milieu des tombes, abattant de nombreux arbres. Le second événement est lié à l'histoire de la Commune de Paris. Du 21 au 28 mai 1871 (la semaine sanglante), tous les Fédérés retranchés dans le cimetière y sont massacrés par les troupes versaillaises de monsieur Thiers. Ils sont ensuite sommairement inhumés dans des fosses creusées aux abords du mur qui porte leur nom, au nord-est du cimetière. Mur des Fédérés devant lequel 147 d'entre eux, qui n'ont pas été tués au cours des combats, sont fusillés le 28 mai 1871. Avec les derniers suppliciés rue de la Roquette et place Voltaire, ce sont 1 018 cadavres qui ont été entassés dans ce coin du cimetière. Ce lieu fut chanté par Jules Jouy : « Tombe sans croix et sans chapelle, sans lys d’or, sans vitraux, d’azur, quand le peuple en parle, il l’appelle Le Mur ».
Guerre civile le 28 mai 1871 Le Père-Lachaise et les derniers combats de la commune
Mur des Fédérés Mur des Fédérés
La tombe du journaliste Yvan Salmon, dit Victor Noir (1848-1870), est aujourd’hui l’un des monuments
les plus visités du cimetière parisien du Père-Lachaise. Journaliste d’opposition, Victor Noir est tué le 10
janvier 1870 lors d’une altercation avec le prince Pierre Bonaparte, cousin de Napoléon III. Ses obsèques
réunissent plus de cent mille personnes; il devient le symbole de la répression de l’Empire face à la lutte
pour la liberté. Le sculpteur républicain Jules Dalou édifie à sa mémoire, en 1891, un gisant de bronze.
Dans le courant du XXème siècle, sa tombe acquiert progressivement des connotations et des vertus
érotiques, la légende voulant qu’en frottant le gisant, à un endroit bien particulier, on recouvre fécondité
ou virilité.
Assassinat de Victor Noir par Bonaparte Pierre en 1870 Tombe du journaliste Yvan Salmon dit Victor Noir
Au Père Lachaise on s’incline devant les Monuments à la mémoire des déporté(e)s et victimes des
camps de concentration et d’extermination nazis. C’est un témoignage fort de la mémoire collective, un
rappel des temps de la barbarie la plus noire de l’histoire de l’humanité. Celui d’Auschwitz-Birkenau
exprime la primauté de l’esprit sur la matière qui permet à l’individu de survivre et de lutter contre
l’arbitraire et la barbarie. Pour Bergen-Belsen, le regard du visiteur est accroché et se dirige vers la
fracture centrale ouverte sur l’obscurité et le néant. En souvenir de Buchenwald-Dora est rassemblé dans
une composition saisissante un groupe de trois déportés décharnés, témoins de la déchéance physique
où conduit le système concentrationnaire. Evoquant Auschwitz-Monowitz, cinq figures longilignes en
bronze montrent leurs silhouettes courbées et affaissées témoignant de la souffrance et de l’épuisement
des déportés ; un corps transporté dans une brouette nous rappelle la mortalité effrayante de ce camp.
Pour Dachau, l’ensemble représente le passage étroit de la porte du camp que beaucoup n’ont franchi
que dans un sens. D’autres camps sont évoqués dont le seul nom exprime l’horreur : Flossenbürg,
Mauthausen, Struthof, Neuengamme, Sachsenhausen, Ravensbrück…
Auschwitz-Birkeneau Auschwitz-Monowitz
Dachau Mauthausen
Le monument aux déportés de Sachsenhausen Buchenwald-Dora
Abélard, un poète, philosophe et théologien scolastique, était né de famille noble, en 1079. Pendant son
séjour à Paris, en pension chez le chanoine Fulbert, il s’éprit de la nièce de celui-ci dont il avait été chargé
de parfaire l’éducation, la « très sage » Héloïse âgée de 15 ans. Fulbert, ayant eu connaissance de leurs
amours et de leur mariage secret, la punition s’imposait. Abélard était châtré et les deux amants furent
séparés n’ayant plus que leurs célèbres lettres à s’échanger. En 1817, le roi louis XVIII prit la décision de
transférer leurs dépouilles au cimetière du Père Lachaise. Leur monument funéraire se présente sous la
forme d’un sarcophage couvert de leurs statues couchées.
Monument funéraire Héloïse et Abélard
Giovanna Gassion qui deviendra Edith Piaf est née le 19 décembre 1915. C’est un mythe, une légende,
entre conte et réalité, la réalité étant souvent proche du sordide ou du sublime. Sulfureux mélange des
genres, elle a marqué son époque d’une empreinte indélébile. Mon légionnaire, l’accordéoniste, la vie en
rose, l’hymne à l’amour, Jézébel, Milord…Son dernier compagnon, Théo Sarapo, fait une courte carrière
de chanteur avant de disparaître à son tour dans un accident de voiture. Ils reposent tous les deux dans la
même sépulture. Plus de quarante années après sa mort, Edith Piaf est encore la chanteuse française la
plus populaire en France comme à l’étranger. Sa tombe est l’une des plus visitées du Père Lachaise.
La première passion de Jim Morrison fut la littérature. Jeune, il écrivait des journaux intimes, des
poèmes et lisait beaucoup. Parti étudier le théâtre et le cinéma à Los Angeles en 1964, il rencontre alors
les futurs membres du groupe mythique « The Doors ». Le nom du groupe vient de The Doors Of
Perception, un ouvrage sur la mescaline d’Aldous Huxley. Le groupe remporte un grand succès, Jim
devient une star. Mais le chanteur abuse des drogues et de l'alcool. Dans les studios où il enregistre, il
détruit le matériel et les équipements. Il est sujet à des crises de rage et de violence. C’est le roi de la
provocation, il se tient dans des positions suggestives sur scène, dévoilant ses parties intimes. Il est
poursuivi à maintes reprises pour exhibitionnisme et atteinte aux bonnes mœurs. En 1971, il rejoint Paris
avec sa femme. Déprimé et usé par sa vie tourmentée, il décède le 3 juillet 1971, alors qu'il est à peine
âgé de vingt-sept ans. Il disait : « Dans la vie, j'ai eu le choix entre l'amour, la drogue et la mort. J'ai choisi
les deux premiers et c'est la troisième qui m'a choisi ». La visite de sa sépulture est souvent l’occasion de
débordements de tous genres (graffitis, consommation d’alcool, vandalisme etc...) maintenant sévèrement
réprimés, des barrières entourent le monument empêchant toute approche intempestive. Sa tombe est
sans doute la plus visitée du cimetière.
C’est à Montdidier que naît en 1737 Antoine Parmentier. Après des études brillantes, il commence sa
carrière professionnelle dans la pharmacie. Il est pharmacien militaire à Hanovre pendant la Guerre de
Sept ans et obtient ensuite une place d’apothicaire à la Maison Royale des Invalides. Pendant cette
période, une très grave disette fait rage dans tout le Royaume. Il persuade les experts agronomes de
l’époque de l’intérêt de la pomme de terre comme substitut au blé consommé comme aliment de base en
France. Pour réussir à convaincre le Roi et la cour, il fait accommoder diverses préparations de ce
légume et le fait goûter. Malgré ses efforts, la vulgarisation de la pomme de terre reste limitée. Il a alors
l’idée de faire garder les champs par la troupe, incitant ainsi les gens à venir la dérober. Il est à l’origine
du développement de cette culture. Sa sépulture au Père-Lachaise est régulièrement agrémentée de
pommes terre ou de fleurs de tubercules.
Antoine Parmentier
Oscar Wilde est né à Dublin en Irlande en 1854. Il fait de brillantes études à Dublin, puis à Oxford où il se
distingue par son goût exquis, ses discussions et le raffinement de ses manières. En 1891, il fait la
connaissance de lord Alfred Douglas. Il expose sa liaison avec lui et affiche en public son homosexualité.
Le père d’Alfred Douglas condamne cette liaison et poursuit Wilde en vertu d’une loi de 1885 interdisant
l’homosexualité. Oscar Wilde est condamné à la peine maximale de deux ans de travaux forcés. Il quitte
alors l’Angleterre pour la France. Malgré l’aide de ses amis, il finit ses jours dans la solitude, le désespoir
et la misère. Il meurt à Paris, le 30 novembre 1900. Il repose au Père-Lachaise sous un tombeau
impressionnant, représentant un sphinx ailé couché. La virilité de la statue a été émasculée par des
inconnus. Des ferventes admiratrices de cet écrivain, ont pris pour habitude, lors de leur visite touristique,
d’embrasser sa tombe afin d’y laisser la trace de leur rouge à lèvres. Ces nombreux témoignages
d’affection ont fini par endommager la pierre, laissant des traces indélébiles.
Tombeau Oscar Wilde
Pour finir, apprécions trois citations de ce merveilleux homme d’esprit :
« Les femmes sont faites pour être aimées, non pour être comprises. »
« La vraie valeur d'un homme réside, non dans ce qu'il a, mais dans ce qu'il est. »
« L'expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs. »