Saint Métropolite Varlaam de Moldavie - homélies (Cazanii)

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1 PRÉSENTATION DE LA TRADUCTION 1. La vie du Saint Hiérarque Varlaam, Métropolite de la Moldavie (fêté le 30 août) Considéré comme le père de la langue roumaine littéraire, Saint Varlaam, Métropolite de la Moldavie, fut l’un de plus grands Hiérarques de l’Église Orthodoxe Roumaine. Il nacquit dans le village Borceşti, à côté de Târgu Neamț (Moldavie), autour de l’an 1590, dans une famille de paysans orthodoxes très pieux. Il fut baptisé Vasile et étant appelé à servir l’Église du Christ, dès son enfance et pendant quinze ans, il fut le disciple de l’higoumène Dosoftei de l’ermitage de Zosima situé dans la vallée du ruisseau Secu. Il y approfondit sa connaissance du slavon, du latin et du grec. Après le rappel à Dieu de l’higoumène Dosoftei, en 1608, l’hiéromoine Varlaam fut élu higoumène du Monastère Secu où il se consacra à l'étude de livres religieux. En 1618, il traduisit « L’échelle » de Saint Jean Climaque. Vingt-quatre ans plus tard, soit le 23 septembre 1632, l’higoumène Varlaam devint métropolite de la Moldavie et il le resta jusqu’en avril 1653. L’une des préoccupations majeures du Saint Métropolite Varlaam fut de nourrir le peuple de Dieu avec des livres liturgiques et de catéchisme, écrits en langue roumaine. Aussi, fonda- t-il auprès du Monastère Les Trois Saints Hiérarques de Iași la première typographie de Moldavie. Il y imprima en roumain, trois livres qui comptent parmi les écrits les plus importants de la culture roumaine de cette époque : « Cazanii » : ce livre contient des homélies pour tous les Évangiles dominicaux de l’année liturgique, pour les fêtes royales et les grands Saints. Il fut imprimé en 1643 sous le nom de « Carte românească de învățătură » (« Livre roumain d’enseignement »). Son nom populaire est « Cazania lui Varlaam » (« Sermons de Varlaam ») et comprend 75 homélies dans un volume de 500 pages. « Sept Mystères de l’Église », livre imprimé en 1644. « Réponse au catéchisme calviniste », livre imprimé en 1647. Le 12 février 2007, le Métropolite Varlaam fut canonisé par l’Église Orthodoxe Roumaine et sa fête fut fixée au 30 août. 2. Les « Sermons de Varlaam »

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PRÉSENTATION DE LA TRADUCTION

1. La vie du Saint Hiérarque Varlaam, Métropolite de la Moldavie (fêté le 30 août)

Considéré comme le père de la langue roumaine littéraire, Saint Varlaam, Métropolite de la Moldavie, fut l’un de plus grands Hiérarques de l’Église Orthodoxe Roumaine. Il nacquit dans le village Borceşti, à côté de Târgu Neamț (Moldavie), autour de l’an 1590, dans une famille de paysans orthodoxes très pieux. Il fut baptisé Vasile et étant appelé à servir l’Église du Christ, dès son enfance et pendant quinze ans, il fut le disciple de l’higoumène Dosoftei de l’ermitage de Zosima situé dans la vallée du ruisseau Secu. Il y approfondit sa connaissance du slavon, du latin et du grec.

Après le rappel à Dieu de l’higoumène Dosoftei, en 1608, l’hiéromoine Varlaam fut élu

higoumène du Monastère Secu où il se consacra à l'étude de livres religieux. En 1618, il traduisit « L’échelle » de Saint Jean Climaque.

Vingt-quatre ans plus tard, soit le 23 septembre 1632, l’higoumène Varlaam devint

métropolite de la Moldavie et il le resta jusqu’en avril 1653.

L’une des préoccupations majeures du Saint Métropolite Varlaam fut de nourrir le peuple de Dieu avec des livres liturgiques et de catéchisme, écrits en langue roumaine. Aussi, fonda-t-il auprès du Monastère Les Trois Saints Hiérarques de Iași la première typographie de Moldavie. Il y imprima en roumain, trois livres qui comptent parmi les écrits les plus importants de la culture roumaine de cette époque :

‐ « Cazanii » : ce livre contient des homélies pour tous les Évangiles dominicaux de

l’année liturgique, pour les fêtes royales et les grands Saints. Il fut imprimé en 1643 sous le nom de « Carte românească de învățătură » (« Livre roumain d’enseignement »). Son nom populaire est « Cazania lui Varlaam » (« Sermons de Varlaam ») et comprend 75 homélies dans un volume de 500 pages.

‐ « Sept Mystères de l’Église », livre imprimé en 1644.

‐ « Réponse au catéchisme calviniste », livre imprimé en 1647.

Le 12 février 2007, le Métropolite Varlaam fut canonisé par l’Église Orthodoxe Roumaine et sa fête fut fixée au 30 août.

2. Les « Sermons de Varlaam »

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Les « Sermons de Varlaam » constituent le plus important livre ancien roumain d’enseignement spirituel, aux côtés de la Bible de Șerban de 1688. Ce livre connut un succès extraordinaire et se répandit sur tout le territoire où la langue roumaine était parlée, notamment en Transylvanie où l’on conserve encore de nos jours 350 exemplaires manuscrits.

En effet, les « Sermons de Valaam » devinrent rapidement et pour longtemps (plus de 250

ans) le texte homilétique de base dans les églises orthodoxes roumaines. Entre 1644 et 1791, le livre fut réédité huit fois: une fois au Monastère Dealu (1644), une

fois à Alba Iulia (1699), trois fois à Bucarest (1732, 1765, 1768), toujours trois fois à Râmnic (1748, 1781, 1792), et entre 1834 et 1929, il a été réédité encore six fois : à Buzău (1834), à Sibiu (1850) et Bucarest (1868, 1898, 1911, 1929).

La présente traduction est basée sur la troisième édition de Bucarest (1929), elle-même

prenant comme point de départ la version des « Cazanii » publiées en 1792 à Râmnic, pendant l’épiscopat de Monseigneur Filaret.

3. Bibliographie

Archimandrite Bălan, Ioanichie, Le paterikon roumain, vol. I, VIe édition, Maison d’édition du Monastère Sihăstria, 2011, p. 216-223. Cazanii ce cuprind în sine Evangheliile tâlcuite ale Duminicilor de preste an, și cu cazaniile Sinaxarului praznicilor împărătești și ale Sfinților celor mari de preste an, IIIe édition, Tipografia cărților bisericești, Bucarest, 1929. Ţâra, Vasile D., Discours religieux, modèle et norme d’expression soignée à l’époque ancienne1, Revue Perspectives liées au texte et au discours religieux2, Maison d’édition de l’Université Alexandru Ioan Cuza, Iaşi, 2013, p. 211-218.

                                                            1 Discursul religios, model şi normă de exprimare îngrijită în epoca veche. 2 Perspective asupra textului și discursului religios 

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AU 25 DÉCEMBRE / 7 JANVIER AU GLORIEUX ET LUMINEUX JOUR DE LA NAISSANCE DE NOTRE

SEIGNEUR JÉSUS CHRIST

Le Seigneur Dieu, le Créateur du monde, créa d’abord Adam, paré de tous les dons et livra toutes choses entre ses mains. Il lui donna une pensée libre, pour que personne ne puisse l’emporter sur sa raison et sa volonté. Il lui octroya le pouvoir d’un roi sur toutes les créatures de Dieu. Il lui donna une vie sans maladie, sans douleur, sans péchés et éternelle. Et que lui donna-t-Il encore ? Il lui donna la permission de manger de tous les arbres du Paradis3. Seulement, Il lui laissa quelques enseignements mais ce, uniquement pour qu’il sache qu’il y a Dieu au-dessus de lui. Mais lui, il n’a respecté même pas cela, en transgressant les enseignements de Dieu, raison pour laquelle il fut banni du Paradis4. Personne ne le trompa, personne ne le renvoya du Paradis. Lui-même, par sa faute, il se bannit, se priva de la gloire de Dieu et tomba sur cette terre maudite. Cela ne lui suffisant pas, l’homme se tourna vers encore plus de méfaits : meurtres, débauches, effusions de sang, brouilles ; l’homme commettait toutes les actions du démon. Et pire encore, car il n’adorait même pas Dieu, mais les idoles muettes et sourdes, les pierres et le bois, et ne pouvait plus connaître Dieu. Il ne pouvait pas comprendre que puisque les créations de Dieu sont aussi lumineuses et belles, tels le soleil et les étoiles, combien davantage le sera Celui Qui a dit et celles-ci furent créées ? Si le soleil brille autant, lequel est la création de Dieu, combien plus brillera Celui-là, le Créateur ? La terre, faite par Lui et qui nous porte tous, mais combien sera-t-Il plus puissant Celui Qui a créé la terre ? L’homme, créé par Dieu et qui est tellement sage et intelligent, tellement beau et habile, mais combien davantage le sera Dieu, Celui Qui l’a créé ? L’homme n’a pas pu comprendre autant, car sa raison était obscurcie par les péchés. Mais Dieu, voulant le faire revenir de son égarement, montra aussi de nombreux signes. Il y eut un déluge dans le monde entier, de sorte que tous les hommes se noyèrent5. Sodome et Gomorrhe, Il les fit périr par le feu6 ; guerres fréquentes, nombreuses servitudes. À côté de cela, Il leur envoya des prophètes et suscita des saints et des maîtres, mais les hommes persévéraient dans leurs mauvaises actions. Dieu attendit que les hommes se repentent ; mais eux, ils ne quittaient plus les péchés. Après tout cela, s’Il a vu que les hommes ne se redressaient plus, Il est Lui-même descendu et est né dans la chair de la Sainte Vierge Marie et ce jour, l’Invisible est venu au monde, le monde entier L’a vu et Dieu se fit homme7. Ce jour, Dieu, Celui Qui est sans commencement, est né avec commencement. Quelle autre chose est plus louée ? Qui va

                                                            3 Gn. 2, 16. 4 Gn. 3, 24. 5 Gn. 7, 21. 6 Gn. 19, 24 ; 25. 7 Jn. 1, 14.

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entendre sans s’étonner ? Qui contemplera sans s’effrayer ? Que Dieu soit homme ? Pour quoi ? Pour notre salut, pour notre bien, pour notre délivrance des mains du diable. Notre Seigneur Jésus Christ est né en l’an cinq mille cinq cent huit depuis le commencement du monde, pendant le règne du roi juif Hérode. À ce moment-là, il y avait quelques bergers qui gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit8. Et l’ange de Dieu se tint devant eux et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté. Et ils s’étonnèrent et furent saisis d’une grande crainte. Et l’ange leur dit : « soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David. Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche »9. Et soudain, se joignit à l’ange une multitude de puissances célestes, qui louaient Dieu avec une grande joie et chantaient des chants avec force, en disant : « gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre, aux hommes bienveillance ». Après que les anges s’en furent allés, les bergers dirent : « allons jusqu’à Bethléem pour voir cette parole que Dieu nous dit aujourd’hui ». Et en y allant, ils trouvèrent Marie et le nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche et racontèrent tout ce qu’ils avaient vu et entendu au sujet de cet enfant. En entendant cela, tous furent étonnés de ce que leur disaient les bergers. Sur ces entrefaites, arrivèrent également des philosophes d’Orient. Ces philosophes étaient des rois de Perse car, à cette époque-là, les rois et les empereurs étaient des philosophes qui connaissaient la rotation du ciel et la marche des étoiles. Cette science, ils la tenaient de Balaam, leur ancêtre, qui, en prophétisant au sujet du Christ, avait dit ainsi10 : « un astre issu de Jacob devient chef, un sceptre se lève, issu d’Israël. Il frappe les tempes de Moab et le crâne de tous les fils de Seth ». Ils avaient cette prophétie écrite dans le livre, dans leur propre langue, aussi calculaient-ils toujours le moment où cette étoile allait briller. Et à cette époque-là, ils virent l’étoile tellement grande et brillante, ne se dirigeant pas vers le couchant à l’instar des autres étoiles, mais vers le midi. Aussitôt, ils comprirent que cette étoile était celle de ce grand Roi qui resplendit par Sa naissance selon la chair dans la lignée de Jacob. Ils prirent conseil et partirent accompagnés de grandes suites, comme des rois, pour adorer le jeune Roi. Lorsqu’ils avançaient, l’étoile se déplaçait devant eux et les guidait ; et lorsqu’ils se reposaient, elle aussi s’arrêtait ; et s’ils repartaient, elle repartait également. Une fois arrivés à Jérusalem, l’étoile se déroba à leurs yeux, pour qu’ils n’aient plus de guide et pour qu’ils interrogent les juifs, de sorte que tout le monde soit au courant de leur arrivée. Aussi, une fois dans la ville, ils commencèrent à demander aux juifs : « où est votre Roi qui vient de naître ? » Et les juifs leur répondirent en disant qu’ils n’ont d’autre roi qu’Hérode. Alors, ces philosophes leur dirent : « nous ne nous enquérons pas d’Hérode, mais

                                                            8 Lc. 2, 8. 9 Lc. 2, 9-12. 10 Nb. 24, 17. 

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nous vous interrogeons au sujet de ce Roi qui vient de naître, car nous avons vu Son astre à l’Orient et nous sommes venus Lui rendre hommage ». L’ayant appris, Hérode s’émut, et tout Jérusalem avec lui. Il assembla tous les grands prêtres et les scribes juifs et leur demanda le lieu où devait naître leur Roi. Et ils lui dirent : « le prophète dit qu’Il naîtra à Bethléem ». Alors Hérode prit peur davantage et appela dans le secret les philosophes pour leur demander à quel moment l’astre leur était apparu, et leur dit : « allez vous renseigner exactement sur l’enfant ; et quand vous L’aurez trouvé, avisez-moi, afin que j’aille, moi aussi, Lui rendre hommage ». Par cela, il cherchait à savoir où Il était né, fin d’y envoyer quelqu’un, non pas pour Lui rendre hommage, mais pour Le faire périr. Après quoi, ces rois et philosophes quittèrent la ville, attristés à cause de l’étoile qui s’était dérobée à leurs yeux. Mais, pendant qu’ils s’attristaient ainsi, l’étoile qui les guidait leur apparut à nouveau et se déplaça devant eux, jusqu’à ce qu’elle soit arrivée au-dessus de la maison où se trouvait l’enfant. Et ces rois se réjouirent de tout cœur, entrèrent dans la maison et en voyant l’enfant avec Marie, Sa Mère, se prosternèrent pour Lui rendre hommage et Lui offrirent des présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. L’or représente l’ordre royal et par ce présent, ces rois ont figuré que le Christ est le Roi de l’univers. L’encens représente l’ordre divin et ils avérèrent que tous les sacrifices de bonne odeur sont apportés et consacrés au Christ, ensemble avec Dieu le Père, maintenant, dans la Nouvelle Alliance, comme jadis dans l’Ancienne Alliance. La myrrhe symbolise le corps d’un homme mort et par cela, ils avérèrent que le Christ est vrai homme et mourra et sera oint de myrrhe. Aussi, convenait-il d’offrir ces présents lors de Sa naissance et c’était ce que ces philosophes-là pensaient du Christ. Après quoi, l’ange de Dieu leur apparut et les avertit de ne point retourner chez Hérode mais de prendre une autre route pour rentrer dans leur pays11. Aussi, réalisez, mes bien-aimés chrétiens, que ces rois et philosophes abandonnèrent leur tranquillité et leurs cours, leurs femmes et leurs enfants et voyagèrent dans un pays étranger, en cherchant le Christ. De la même façon, vous aussi, chrétiens, vous laissez tout ce qui tient de ce monde. Vous laissez vos maisons, à savoir votre vie dans les péchés ; vous laissez les femmes, c’est-à-dire la débauche ; vous laissez les enfants, c’est-à-dire vos envies et vos pensées de péchés et en personne, vous allez Lui rendre hommage. Celui-là, pour toi, est descendu du ciel et est venu sur terre, mais toi, tu ne veux pas sortir du péché pour aller vers Lui ; et quelle miséricorde obtiendras-tu de Lui ? Les hommes étrangers et païens sont venus de loin, avec des présents, pour adorer le Christ, mais toi, tu traînes à faire même un pas jusqu’à l’église, pour voir là-bas le Christ et rendre hommage à Celui dont tu tiens tout le bien à la fois dans ce monde-ci et dans le futur. Ou peut-être penses-tu que tu vivras éternellement, pour ne te préoccuper que de ce monde-ci, comme il semblait au roi Hérode ? Celui au sujet duquel il est dit dans le Saint Évangile que, lorsqu’il apprit la naissance du Christ, il en fut attristé et effrayé, car il craignait pour son royaume, en ayant entendu la naissance d’un autre roi. Ainsi se passe-t-il avec les hommes orgueilleux et fiers, qui aiment la louange de ce

                                                            11 Mt. 2, 12.

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monde vain. S’ils apprennent la perte de leur gloire, ils craignent énormément et s’effraient, comme vous avez entendu aussi au sujet de ce Hérode ; car s’il n’avait pas obtenu le pouvoir pour la gloire et l’orgueil, il n’aurait pas pris peur, ni n’aurait provoqué autant de mort. Mais, lorsque ces philosophes ne retournèrent plus pour l’informer du Christ, il s’irrita et fit tuer quatorze mille enfants, en pensant que le Christ serait parmi eux, pour Le tuer aussi. Cependant, il se trompa grandement, malheur à lui, car comme dit aussi l’Écriture, ni conseil, ni intelligence, ni sagesse ne subsistent devant Dieu. Il fut abusé par ce qui faisait l’objet même de son calcul, car il tua les enfants et les présenta comme ses propres accusateurs devant Dieu, et Dieu, pour Son Fils, Se mit en colère contre lui et lui écourta le règne ; laquelle chose soit loin des chrétiens. Il convient de savoir également que le Christ Seigneur est venu au monde pauvre et humble. Premièrement, afin que tous les humbles et les pauvres, sans crainte et sans honte, aillent à Sa rencontre. Deuxièmement, afin que les pauvres et les malheureux ne soient pas rejetés et opprimés dans le monde, par les plus grands et les plus riches, mais qu’ils sachent que si l’un d’entre eux venait à les renier, il renierait le Christ, ainsi que l’affirme le Christ, Lui-même12 : « dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de Mes frères, soit bien, soit mal, c’est à Moi que vous l’avez fait ». Troisièmement, pour qu’Il nous montre Lui-même Sa manière d’être, à nous, Ses serviteurs, afin que nous imitions notre Christ Seigneur ; [pour être] non pas plus grands que notre Seigneur, mais comme Lui : humbles, doux, patients, raillés et dénigrés par ce monde, ne faisant aucun mal à personne, mais nous-mêmes portant le fardeau des autres. Quatrièmement, pour que les serviteurs de l’antéchrist soient distingués des serviteurs de Sa Sainteté, en ce qu’ils s’opposent en tout au Christ : orgueil, majesté, richesse, puissance, obligeant les gens, contre leur gré et par nécessité, à les suivre et à tous causant des ennuis. Cependant, ils ne souhaitent supporter aucune épreuve, tels les païens et les incroyants. Cinquièmement, le Christ S’est surtout incarné pour faire sortir tout le genre humain de la méchanceté qu’il avait amassée, en échange de sa désobéissance. Si le Christ, le Fils de Dieu, ne S’était pas incarné, les juifs seraient restés dans leur égarement ; et nous, les gentils, adorerions les idoles ; le monde entier serait dans la servitude du diable, le ciel serait fermé, la colère de Dieu serait au-dessus de tous les hommes et personne jusqu’à maintenant n’aurait été sauvé, ni n’aurait échappé aux tourments ; enfin, l’Esprit Saint n’aurait pas été donné aux hommes et le monde ne serait pas venu de l’égarement vers la vérité. Ce jour, pour nous les chrétiens, tout cela fut changé de mal en bien, par la Naissance du Christ Seigneur. Pour cette raison, célébrons, nous aussi, ce jour, honorons ce jour royal, glorifions le Christ, Qui est né aujourd’hui, non pas avec des fêtes païennes, non pas avec des danses, une multitude de mets et des beuveries. Ne nous enorgueillissons pas et ne nous vantons pas car la mort nous attend. Ne nous adonnons pas à la débauche, ne nous souillons pas, car le feu éternel se prépare pour certains de ceux-là. Ne mangeons pas beaucoup et ne nous enivrons pas, car demain nous aurons à nouveau faim, comme si nous n’avions pas mangé.

                                                            12 Mt. 25, 40.

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Qu’obtenons-nous par les beuveries ou quel bien gagnons-nous pour nos âmes ? Combien ont passé des journées comme celles-ci, avec des chansons, des orchestres et des danses, mais maintenant ils sont poussière dans la terre ! Seulement heureux sont ceux qui ont fait et font du bien pour leur âme. Aussi, rassasions les affamés, donnons à boire à ceux qui ont soif, habillons les nus, ayons de l’égard pour les malades, visitons les prisonniers et les enchaînés, recevons les misérables, soyons utiles aux persécutés, regrettons et pleurons nos péchés, louons les saints. Alors, Dieu recevra notre célébration et nous jugera dignes du Royaume céleste ; que nous l’obtenions tous, par la miséricorde et la grâce de notre Seigneur Jésus Christ Qui est né ce jour, à Qui il convient honneur et gloire, avec le Père et le Saint Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

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AU 1 / 14 JANVIER A LA CIRCONCISION DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST

Notre Seigneur Jésus Christ, le vrai Fils de Dieu, est auprès de Dieu Son Père depuis toute éternité et n’a ni commencement ni fin. Lorsqu’arriva la plénitude des temps, Il est né de la Sainte Vierge, pour le salut des hommes. Sa naissance fut glorifiée sur la terre, non seulement par les rois et les hommes, mais également par les anges. Pour cela, celui qui regardera à nouveau attentivement, verra de merveilleuses choses que Dieu a bien voulu accomplir ce jour. Car le Christ Seigneur n’est pas seulement né, mais Il fut aussi circoncis au huitième jour, à l’instar des autres enfants du peuple juif. Sa Sainteté, Qui donna la Loi, ce jour, prit de bon gré le fardeau de la Loi pour nous, à savoir la circoncision dans Sa chair sainte et pure. Le Christ notre Sauveur donna Son corps pour être circoncis, alors que Lui-même sans péché, premièrement pour montrer qu’Il avait un vrai corps, qu’Il est né dans la chair comme tous les hommes et qu’Il n’est pas apparu tel un esprit, comme disent les hérétiques. Deuxièmement, Il fut circoncis car la Loi Ancienne était en vigueur depuis Abraham, qui avait reçu le premier cette règle : la circoncision. Mais le Christ Seigneur n’a été circoncis pour aucune autre raison que celle de ne pas paraître aux juifs qu’Il ne respecte pas la Loi et qu’Il est l’ennemi de Dieu, Celui Qui a donné la Loi Ancienne, et afin d’éviter qu’ils disent que c’est pour cette raison qu’ils ne L’ont pas cru ; car Il n’est pas venu pour abolir la Loi, mais pour l’accomplir. Aussi, le Christ fit-Il tout ce que la Loi Ancienne enseignait, pour qu’ils n’aient pas de réponse, comme d’ailleurs ils n’en ont pas, hormis l’obstination et l’aveuglement de leur cœur. Troisièmement, Le Christ Seigneur prit sur Lui le fardeau de la Loi, pour nous libérer de la lourde servitude de la Loi juive et ainsi, nous sommes libres de la circoncision selon la Loi, en raison de la circoncision du Christ, notre Seigneur. Quatrièmement, le Christ S’est fait circoncire pour nous donner un exemple d’obéissance ; car de même que Sa Sainteté n’a été en rien coupable devant la Loi et de plein gré S’est soumis à la Loi, de même nous aussi devons-nous être obéissants aux enseignements du Christ. Le Christ Seigneur l’a fait comme un roi, qui montre lui-même de l’audace, lorsqu’il veut encourager ses soldats à la guerre. De la même manière, le Christ nous donna à nous aussi un exemple d’obéissance. Cinquièmement, le Christ Seigneur nous a montré par là Sa grande miséricorde, car par le sang qu’Il versa dès le départ, Il signifia que sur la croix également Il versera Son sang pour nous et que, Lui-même sans péché et encore dans les langes, Il avait commencé à être torturé pour les pécheurs.

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Considère, mon bien-aimé chrétien, la miséricorde et l’amour de ton Seigneur, combien Il t’aime car, en voulant te racheter, Il assuma Lui-même le fardeau de la Loi ; et, dès Son plus jeune âge, Il n’épargna pas Son corps, mais le donna pour être circoncis, avec douleur et brûlure, ce dont nous parle aujourd’hui le Saint Évangile. Maintenant écoute ce qu’est la circoncision et la raison pour laquelle elle fut prescrite dans la Loi Ancienne des juifs. La circoncision est une alliance de paix conclue par Dieu avec Abraham et sa race, comme l’écrit avec signature qu’établissent les hommes, pour la preuve, lorsqu’ils concluent un contrat entre eux. De la même manière, Dieu certifia Son alliance et la promesse donnée à Abraham par la circoncision, comme par un sceau et un écrit. Dieu promit à Abraham de lui donner le pays de la Palestine, de le rendre grand et renommé parmi tous les peuples et que de sa race s’élèvera Celui par Qui toutes les nations seront bénies, Qui est le Christ Lui-même né dans la chair de la race d’Abraham ; donc, étant donné que Dieu voulut naître dans les derniers temps de la race d’Abraham, Il a marqué ainsi sa race par la circoncision, afin que la race d’Abraham soit choisie et distinguée des autres langues et des autres peuples. Ensuite, Dieu prescrivit à Abraham la circoncision afin que sa race cesse de pécher, en raison de ce signe. Dieu institua la circoncision, pour que le peuple d’Abraham se garde de la débauche, de toute impureté et qu’il suive la foi et la justice d’Abraham. Et à nouveau, Dieu appliqua la circoncision sur le corps d’Abraham, pour que soient révélés ceux qui naîtront d’Abraham, car ce signe est mis sur son corps en raison de la promesse que Dieu lui fit selon laquelle, de sa race naîtra le Christ Messie, par Qui toutes les nations seront bénies et pour qu’il sache que la circoncision subsistera jusqu’à ce que la promesse faite par Dieu à Abraham au sujet du Christ Seigneur sera accomplie. Le Christ Seigneur S’est fait circoncire selon la Loi, pour mettre fin à la circoncision. Aussi, après la résurrection du Christ et Son ascension de la terre au ciel, la circoncision n’est plus pratiquée. D’Abraham jusqu’au Christ il y a deux mille quatre cent six ans. La circoncision se maintint également pendant tout ce temps car celle-ci fut donnée pour le Christ. Et une fois que le Christ fut mis au monde, la circoncision devint inutile, car ce que Dieu avait promis à Abraham s’accomplit. Donc, il a fallu maintenir la circoncision, le signe de la promesse, jusqu’au moment où Dieu accomplit la promesse. Et s’Il accomplit la promesse, à partir de ce moment-là la circoncision devint inutile, car voici que la bénédiction de tous les peuples naquit de la race d’Abraham, notre Seigneur Jésus Christ, Qui accomplit aujourd’hui la promesse de la circoncision par Sa propre circoncision. Celui qui se fera circoncire ne croit pas que le Christ est venu, mais attend toujours qu’Il vienne. Aussi, les juifs qui ne crurent pas au Christ continuent à se faire circoncire car ils attendent toujours que le Christ vienne. Quant à nous, laissons les juifs avec leur circoncision, car Dieu nous a libérés d’elle et en tant que fidèles du Christ, nous ne devons ni penser, ni observer quoi que ce soit selon la chair, car ceux-là marquaient leur corps par un signe selon lequel ils attendaient la venue du

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Christ et en vertu duquel ils espéraient obtenir la libération de la servitude d’autres peuples ; mais nous, nous marquons l’âme par le Saint Baptême, signe en vertu duquel nous obtenons le salut éternel, qui nous est donné par le Christ Seigneur. Ces deux signes, à savoir la circoncision et le Baptême, enseignent de s’arrêter et de se garder de commettre des péchés et toute iniquité. D’autant que le Christ est plus grand qu’Abraham, d’autant est aussi plus grand le Baptême que la circoncision. À ceux qui se faisaient circoncire, Dieu leur promit le pays de la Palestine avec cette Jérusalem qui est sur terre, car ils naissaient dans la chair, aussi reçurent-ils un héritage charnel ; alors que nous naissons spirituellement par le Saint Baptême, aussi recevons-nous un héritage spirituel, le Royaume de Dieu et la Jérusalem céleste. Dès lors, à partir du moment où la circoncision spirituelle est arrivée, à savoir le Saint Baptême, la circoncision charnelle s’arrête et n’est plus utile, non seulement pour nous, les fidèles du Christ, mais également pour les juifs eux-mêmes et pour les autres peuples. Ceux-là n’ont pas cru au Christ Seigneur et dès lors, ils se font circoncire, en espérant qu’ils recevront en échange une récompense de la part de Dieu ; mais ils recevront davantage de peines et de jugement avec colère de la part de Dieu, car ils n’ont pas cru en Son Fils unique. Donc, faisons-nous circoncire spirituellement. Tranchons de notre cœur les pensées mauvaises et impures, l’envie du péché, car du cœur sortent toutes les malices – selon la parole de Dieu – des pensées impures de meurtres, de débauche, de blasphème, de mensonges, de vulgarités ; et celles-ci souillent l’homme. Aussi, purifions notre cœur avec une circoncision spirituelle, déshabillons-nous de l’homme ancien et vêtons-nous de l’homme nouveau, celui qui est créé à l’image du Christ. En vue de cela, circoncisons même notre corps avec une circoncision spirituelle. Empêchons nos yeux de voir de la débauche, nos oreilles d’écouter des chansons mondaines d’amour, les mains de saisir et de piller, les jambes de courir à des meurtres et des effusions de sang et à d’autres choses mauvaises, la langue de proférer des médisances, des mensonges et des malédictions, la bouche de beaucoup manger et de boire jusqu’à l’ivresse. Ensuite, circoncisons-nous aussi de toute notre volonté et seulement, offrons-nous toujours à Dieu et [mettons-nous] à Son service. Et pas uniquement en ce qui concerne notre corps, mais également en ce qui concerne nos biens, il convient de trancher le surplus, s’il y a un surplus de pain dans nos greniers ou dans nos corbeilles, ou de vêtements dans nos coffres, ou d’argent, selon la parole de Dieu Qui dit : « que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas ». Et si tu as de quoi manger, du pain ou d’autres aliments, fais pareillement, et en échange tu recevras un héritage au ciel et une récompense dans le Royaume de Dieu. Dès lors, s’il est dit par Dieu « que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas », mais nous, qui avons même jusqu’à dix vêtements de rechange, non utilisés et mangés par les mites, dis-moi, quelle réponse donnerons-nous à Dieu ? Ou peut-être, avec autant de bagages, pourrons-nous rentrer au Royaume des Cieux ? Nous nous trompons en vain : car si nous gagnons le monde entier et si nous perdons notre âme, quelle bénéfice en retirerons-nous ? Ou peut-être, pourrions-nous racheter nos âmes des tourments avec la richesse de ce monde ? Souvenons-nous de ce riche qui passait ses jours à se changer de

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velours et de pourpre, alors que le pauvre Lazare gisait près de son portail, dans les ordures, et le riche ne lui donnait à manger même pas les miettes qui tombaient de sa table ; et après la mort de tous les deux, le pauvre fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham, tandis que le riche se retrouva dans les tourments. À la place des habits chers, il était brûlé et cuit par la fournaise. Au lieu des mets délicieux et bons, les vers mangeaient sa langue et son cou. À la place du bon vin sucré, il demandait une goutte d’eau et même celle-ci il ne put l’obtenir. Donc quel profit retira-t-il de sa richesse, ou que gâcha la pauvreté de Lazare ? Aussi, ne convoitons pas ce monde, car bientôt nous serons envoyés d’ici là-bas nus, comme nous sommes nés. Et toute notre fortune restera au monde et d’autres s’en réjouiront, qui n’ont pas peiné pour elle, et nous nous en irons accompagnés uniquement des péchés accumulés par elle. Pour cela, déplaçons-la à l’endroit où nous irons, partageons-la aux pauvres, aux nus, aidons les opprimés, les faibles, pour échapper au jugement avec colère et aux peines éternelles, et pour obtenir la vie éternelle et le Royaume des Cieux, pour notre Seigneur Jésus Christ, à Qui il convient toute gloire et louange, honneur et adoration, avec le Père et le Saint Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

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AU 6 / 19 JANVIER AU BÂPTEME DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST

Nous croyons et confessons que Dieu est par nature bon, miséricordieux et longanime. Jamais Il ne souhaite du mal à l’homme, mais Il aime tout bien, toujours considère ce qui est utile à l’âme humaine et Il est toujours bon en tout. Pour cette raison, Il créa d’abord l’homme, c’est-à-dire Adam, pur, sans péché, paré de tous les dons et livra toutes choses entre ses mains, et fit en sorte qu’il soit éternel et jamais ne meure. Et de surcroît, Dieu l’honorait ; mais celui-ci n’obéit pas à l’enseignement de Dieu et ne se montra pas fidèle à Ses paroles, aussi chuta-t-il du bien reçu de Dieu, et de l’honneur dans la honte, et à partir de là, tous ceux qui naissaient de lui, naissaient dans cette faute-là et dans cette condamnation à mort, en sorte qu’ils mourraient en ce monde avec leurs corps et dans l’autre, ils allaient avec leur âme dans les tourments sans fin et pour les siècles.

Mais même après cela, le Dieu miséricordieux ne laissa pas l’homme périr à tout jamais, mais Il vint du ciel sur terre et naquit dans la chair de la Très Pure Vierge Marie. Puisque l’homme est fait d’un corps et d’une âme, le Dieu puissant aussi, le corps, Il le lava et le purifia du péché d’Adam, avec de l’eau, et l’âme, Il la purifia et l’éclaira avec l’Esprit Saint, et ces deux – corps et âme – obtinrent ce jour le salut par le baptême de notre Seigneur Jésus Christ.

Parmi tant de bonnes choses que Sa Sainteté a bien voulu faire pour nous, le fait aussi de S’être fait baptiser ce jour dans l’eau du Jourdain n’est pas non plus sans importance, mais est une chose grande et merveilleuse. Il ne Se fit pas baptiser pour Soi, car Il fut sans péché, mais pour nous, pour nous montrer un exemple en vue du salut et pour nous ouvrir la voie vers le Royaume des Cieux, car le Baptême se nomme et est clef du Royaume des Cieux. De la même manière que la faute d’Adam ferma le Paradis, le Baptême l’ouvrit. Aussi, personne n’entrera au Royaume des Cieux sans le Baptême. Le Baptême s’appelle lumière, car il éclaire l’âme de l’homme et la fait sortir des ténèbres des peines éternelles. Il s’appelle vêtement immortel, car par le saint Baptême les péchés de l’homme sont effacés, pour le vêtir de la vie immortelle. Il s’appelle bain de la seconde naissance, car il purifie et lave l’homme de son péché : et le Baptême, c’est comme s’il faisait naître l’homme une deuxième fois, sans péchés.

Écoutez comment se déroula également le baptême de notre Seigneur Jésus Christ, que nous célébrons aujourd’hui. Après la naissance de notre Seigneur Jésus Christ, ainsi que vous l’avez entendu lors de la Naissance, ces rois et philosophes ne retournèrent pas raconter à Hérode, une fois qu’ils rendirent hommage au Christ, mais se moquèrent de lui en l’évitant et en rentrant dans leur pays par un autre chemin. Aussi, Hérode s’irrita-t-il et fit tuer quatorze mille enfants, de l’âge de deux ans et moins. Parmi ces enfants se trouvait également le Saint Jean Baptiste, jeune enfant dans les bras de sa mère Elisabeth. Voulant le tuer aussi, sa mère s’enfuit avec lui et un rocher se fendit en sorte qu’Elisabeth et le Baptiste purent passer de l’autre côté. L’ange de Dieu l’emmena dans le désert et le nourrit là-bas jusqu’à ce qu’il fut grand et qu’il atteignit l’âge de trente ans. Sa nourriture dans le désert était du miel de fleurs

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sauvages et des pousses d’arbres du désert. La Parole de Dieu vint chez lui et lui dit de quitter le désert et d’aller sur la rive juive, afin de prêcher le repentir dans les langues de la Galilée.

Toute la multitude des juifs allait vers lui et se faisait baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en confessant leurs péchés.13 Là, ils demandèrent à Jean : « es-tu le prophète ? » Et lui, il dit : « non, je ne le suis pas ». Ne fut-il pas prophète ? Si, il fut prophète. Mais ils ne lui demandaient pas : « es-tu prophète ? » mais « es-tu le prophète ? », c’est-à-dire : « es-tu ce Prophète-là dont Moïse avait dit : « Yahvé ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi », c’est-à-dire qu’il viendra un grand Prophète issu des juifs ? Partant de là, les juifs se demandaient si Jean n’était-il pas par hasard ce Prophète-là, à savoir le Christ. Aussi, ils le questionnaient et lui disaient : « es-tu ce Prophète-là ? » Jean répondit et leur dit : « je ne suis pas Celui-là, mais Il vient derrière moi ; mais à Celui-là je ne suis pas digne de délier les courroies de Ses sandales ; c’est-à-dire, je ne peux pas comprendre comment Il est né. En vérité, Il est né après moi, comme un homme, cependant comme Celui Qui est Dieu, Il était avant moi, d’après le temps de Sa divinité. Moi, je vous baptise seulement avec de l’eau, mais Celui-là vous baptisera dans l’Esprit Saint. Celui-là tient la pelle à vanner dans Sa main et vanne la balle du blé, c’est-à-dire que Dieu est connaisseur des cœurs. Il reconnaît les pécheurs parmi les justes ; Il condamne les pécheurs au feu éternel, alors qu’Il rassemble les justes dans le Royaume des Cieux ».

Tous les gens allaient lui demander : « que nous faut-il donc faire pour être sauvés ? » Et il leur disait : « que celui qui a deux tuniques, en donne une à celui qui n’en a pas. Celui qui a du pain, en donne aussi à celui qui n’en a pas ». Des publicains aussi allèrent lui demander que leur faut-il faire pour être sauvés ; et il leur dit : « gardez-vous de l’iniquité ; ne prenez rien au-delà de ce qui vous revient ». Les soldats allèrent également lui demander : « et nous, que nous faut-il faire pour être sauvés ? » Et il dit aussi à ceux-là : « gardez-vous de molester ou de dénoncer quiconque ; contentez-vous de votre solde pour vous nourrir ; ne prenez rien d’autrui ».

Le peuple se demandant au sujet de Jean s’il était le Christ, il répondit et dit : « je ne suis pas Celui Auquel vous pensez, mais voilà qu’Il arrive avec une multitude de gens ». Pendant que Jean disait cela, le Christ vint aussi Se faire baptiser. Et le Précurseur L’ayant aperçu, il dit aux juifs : « voici l’Agneau de Dieu, Celui Qui enlève les péchés du monde » ; c’est-à-dire, Celui-ci est Celui dont je vous parlais, le Fils du vrai Dieu, Celui Qui prit sur Soi les péchés du monde.

Alors, le Christ vint auprès de Jean et lui dit : « viens Me baptiser, car Je suis venu pour cela ». Et Jean Lui dit : « c’est moi qui ai besoin d’être baptisé par Toi et donner ma vie pour Ton Nom, et Tu veux que je Te baptise ? Le Jourdain, lorsqu’il Te vit, se retourna et fuit en arrière, mais moi, comment oser Te baptiser ? Alors que Moïse, le grand prophète, ne put regarder Ta face, comment moi pourrais-je toucher Ta sainte tête avec des mains pécheresses ? Je suis herbe séchée ; comment approcher le feu intouchable ? Seigneur, Toi-même sanctifie-moi, Maître, Toi-même purifie-moi de la souillure de mes péchés, mais moi, je n’ose pas Te baptiser ». Et le Christ lui dit : « Jean, laisse maintenant ces paroles, car ce                                                             13 Mt. 3, 5.

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n’est pas leur moment. Maintenant c’est le temps du mystère du salut du genre humain ; c’est pour cela que Je Me fis homme, que Je pris chair, que Je Me montrai humble et pauvre, pour accomplir toute justice. Donc, baptise-Moi pour que se réalise Mon mystère et toute Ma sagesse ». Alors, le Saint Précurseur se pressa et Le baptisa. En Le baptisant, les Cieux s’ouvrirent et l’Esprit Saint comme une colombe descendit sur le Christ, et une voix se fit entendre du ciel en disant : « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, avec Lequel J’ai bien voulu accomplir le salut des hommes ». Alors, le Christ sortit de l’eau baptisé. Ainsi nous enseignent les Saints Évangélistes au sujet du baptême du Christ.

Cependant, le Christ S’est fait baptiser non pas pour Soi, mais pour nous ; car Il n’avait pas besoin de baptême. Aussi, même les Cieux s’ouvrirent, non pas pour Soi, car Sa Sainteté était toujours avec le Père au ciel, mais pour nous, pour que nous sachions que de même que le ciel se ferma pour le premier homme, Adam, en raison de sa faute, et par lui, pour tout le monde, de même par le baptême, il s’ouvre pour le jeune enfant qui se baptise. Et l’Esprit Saint que l’homme a perdu par cette première faute, il L’obtient lorsqu’il se baptise. Si l’homme pouvait voir avec ses yeux de chair, ce qui n’est pas possible sauf avec les yeux de l’âme, il verrait les Cieux s’ouvrir et l’Esprit Saint descendre sur chaque jeune enfant qui se fait baptiser. Depuis Adam jusqu’au baptême, les hommes s’appelaient les fils de la colère de Dieu qui pesait sur le monde, car l’Esprit Saint n’était pas donné aux hommes, le pardon des péchés n’existait pas et leurs prières n’étaient pas reçues. Aussi, le Royaume des Cieux n’était pas non plus ouvert, par la faute du premier homme. Mais à partir du Christ, sur celui qui se fait baptiser, l’Esprit Saint descend aussitôt, le ciel s’ouvre pour lui, il est fils de Dieu et héritier du Royaume des Cieux.

Pour cette raison, lorsque nous baptisons le jeune enfant, nous le tournons vers le couchant, représentant ainsi le fait de le faire renoncer aux œuvres ténébreuses et honteuses du diable et à son service tout entier, aux vanités, aux mensonges, aux avidités, aux meurtres, à la débauche, à toutes les mauvaises actions. Aussi, nous crachons sur le diable, impur et souillé qu’il est. Après quoi, nous nous tournons vers l’orient, signifiant par cela que nous le confions à la lumière divine, au Christ notre Dieu, qui éclaire tout homme qui naît dans le monde.

Pour cela, il est oint avec du myrrhon d’abord sur le front, pour qu’il ne cherche pas à regarder les choses vaines de ce monde. Il est oint sur les mâchoires vers les oreilles, pour qu’il bouche ses oreilles à tous les conseils du diable et à ses paroles vaines, et écoute la Parole de Dieu et des Saintes Écritures. Il est oint au niveau de la bouche, sur la barbe, pour qu’il prononce avec la bouche des paroles vraies, et qu’il élève toujours des prières vers Dieu, Lui remercie de tous Ses dons, et qu’il renonce à toutes les paroles terribles et souillées. Il est oint dans le dos, pour qu’il connaisse Celui qui a donné Son dos pour recevoir des plaies pour nos péchés, et Qui porta sur Son dos le bois de la croix lorsqu’on L’emmena Le crucifier pour le salut du monde entier. Il est oint sur la poitrine, pour qu’il ne se souvienne pas des choses mauvaises et diaboliques ; mais qu’il se souvienne toujours et qu’il pense au bien éternel et au Royaume des Cieux. Il est oint dans les mains, pour faire le bien avec elles ; qu’il les étende toujours vers la prière et la charité, et les garder des vols et autres mauvaises actions.

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Pareillement, les cheveux de la tête ne sont pas tondus en vain, mais pour qu’il comprenne la sagesse de Dieu pour l’édification de l’homme ; car la tête n’est pas penchée vers la terre comme celle des animaux et des bêtes sauvages, mais Dieu l’a orientée vers le haut, pour que la force de la raison et de la sagesse qui sont en elle, ne penchent pas vers les choses du monde, mais qu’elles soient dirigées vers le haut, vers Dieu.

Aussi, mes bien-aimés chrétiens, vous qui avez été baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, ne souillons pas le Saint Baptême avec des mauvaises choses et actions, mais efforçons-nous de faire tout ce à quoi nous nous sommes engagés lors du Saint Baptême. Car nous avons promis d’écouter la Parole de l’Évangile, de mettre en pratique l’enseignement du Christ, d’acquérir notre salut, de rechercher le Royaume des Cieux, de haïr le diable, de nous garder de ses œuvres, de ne pas nous livrer à la débauche, de ne pas acquérir avec l’homme inique, de ne pas semer la discorde, de ne pas condamner autrui, de ne pas être impitoyables, implacables, orgueilleux et hautains, de n’avoir aucune chose du diable, mais d’apprendre les choses du Christ. Ayons de la pureté, de l’amour envers les étrangers, de l’amour envers tout chrétien, de l’espérance en Dieu, de la charité envers les pauvres, des bienfaits envers nos ennemis visibles, de la patience dans les malheurs du corps, de l’humilité envers les grands et les petits, de la patience à l’égard des passions du corps. Tout ceci, et encore davantage, nous nous sommes promis de le faire.

Dès lors, mes bien-aimés chrétiens, tenons celles-ci, faisons celles-ci. Ne nous montrons pas ingrats et insensés. Honorons le Christ. Glorifions ce jour royal, non par des célébrations païennes, avec des ivrogneries et des paroles futiles, des danses et des chansons. Car ces choses ne plaisent pas à Dieu. Mais si nous nous humilions pour le Christ, Celui Qui S’est humilié pour nous jusqu’à la mort ; si nous jeûnons pour Celui Qui a goûté du fiel, alors nous remercions Dieu. Si nous sommes insultés pour l’amour du Christ, Qui fut outragé pour nous, alors nous aurons des dons de la part du Christ. Si nous sommes insultés, si nous sommes chassés, si nous sommes enfermés et encore autre mal qui nous arriverait pour l’amour du Christ et pour la justice, alors soyons dans l’allégresse, alors réjouissons-nous, car nous avons une grande récompense dans le Royaume du Cieux, comme le Christ Lui-même le dit.14

Que Dieu reçoive notre fête et notre célébration. Ici, qu’Il nous rende dignes de passer une vie paisible, sans dangers, sans péchés, sans scandales, honorés par Dieu et par les hommes, et là-bas, qu’Il nous rende dignes de l’assemblée de tous les saints, de la vie éternelle, de l’honneur des élus, de ce bien que l’homme n’a ni vu de ses yeux, ni entendu de ses oreilles, ni représenté en pensée, là où il y a la beauté immarcescible et la joie sans fin. Que nous l’obtenions tous, pour le Christ notre Dieu, à Qui il convient la louange, l’honneur, l’adoration et la magnificence, avec Son Père sans commencement et le Très Saint et Vivifiant Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

                                                            14 Mt. 5, 12.

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AU 2 / 15 FÉVRIER À LA SAINTE RENCONTRE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST

Un roi quelconque lève une armée et fait la guerre pour l’un de ses serviteurs ; afin d’honorer ce serviteur, le roi consent de perdre son royaume et ensuite, ce serviteur oublie de remercier le roi qui l’a honoré et a perdu son royaume pour lui, mais il l’insulte et le réprimande ; quel jugement vous semble-t-il avoir ce serviteur ? Un homme comme celui-là ne doit recevoir rien d’autre que la mort. Ainsi, de la même manière en ce qui nous concerne, nous aussi, les chrétiens, Dieu était Roi du monde entier, les anges Le magnifiaient, les archanges Le glorifiaient, tout le genre humain L’adorait, comme il convient à Celui Qui est Dieu ; et pour notre salut, pour notre honneur, pour notre bien, Il vint du ciel sur la terre, Il naquît dans la chair de la Très Pure Vierge Marie ; Il fut homme et eut un corps, eut faim, eut soif et eut toutes les choses tenant de la chair, hormis le péché. Il fut insulté, giflé, crucifié, enseveli. Il supporta tout pour notre salut ; et nous, malheur à nous ! Nous ne Lui retournons aucun remerciement, et aucune bonne chose nous ne donnons ou ne faisons pour notre Roi Qui laissa le trône de Son Royaume des Cieux, descendit sur terre et porta le fardeau de la Loi Ancienne, ensemble avec ces enfants qui naissaient sous la Loi. L’Écriture de la Loi Ancienne dit dans le Lévitique15 que ce grand prophète Moïse, mais surtout Dieu à travers lui, enseignait que toute femme qui mettrait au monde un enfant, ne s’approche pas de son mari et n’entre pas dans une église pendant quarante jours. Aussi, le Saint Évangile nous raconte des choses merveilleuses qu’eurent lieu ce jour pour le Seigneur Jésus Christ et dit16 : lorsque furent accomplis les jours pour la purification de Marie, ils emmenèrent l’enfant Jésus pour le présenter à Dieu. À cette époque, ils avaient la coutume d’introduire les jeunes enfants dans l’église pour que le prêtre les consacre à Dieu ; car c’est écrit dans la Loi de Moïse17, que chaque tout premier-né d’une mère est saint et promis à Dieu. Pour cette raison, la Très Pure Vierge Marie aussi amena le Christ dans l’église, puisqu’Il était jeune enfant de quarante jours. Et ils avaient également une autre coutume selon laquelle, avec l’enfant, ils emmenaient à l’église un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes. Dès lors, la Très Pure Vierge Mère du Christ, avec Joseph, qui s’appelait le fiancé de sa Sainteté aux yeux des gens, accomplirent également ce commandement en apportant à l’église deux tourterelles, comme offrande au prêtre, pour le Christ Seigneur. À Jérusalem, dit le Saint Évangile, il y avait un homme du nom de Syméon ; et l’Esprit Saint lui avait promis qu’il ne mourrait pas avant de voir le Christ Seigneur sur terre, dans la chair. Lorsque Ses parents apportèrent le Christ dans l’église, ce vieillard Syméon Le reçut dans ses bras et dit : « maintenant, Souverain Maître, Tu peux, selon Ta parole, laisser Ton serviteur s’en aller en paix et me libérer de la vieillesse et de l’amertume et l’illusion du monde ; car mes yeux ont vu Ton salut. Tu fis une telle chose, Christ, mon Seigneur, que pour

                                                            15 Lv. 12, 4 ; 5. 16 Lc. 2, 22. 17 Ex. 13, 2.

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Ta lumière, la lumière fut montrée à tous les gentils, et Ton œuvre sera louée par tous les Israélites qui croiront en Toi ». Et Joseph et la Mère de Sa Sainteté s’étonnaient de ces paroles qu’il prononçait. Et Syméon les bénit et s’adressa à Marie, Mère du Christ : « vois ! Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre et sera un signe en butte à la contradiction ; car les juifs étaient auparavant dans l’illusion et chassés de la face de Dieu ; après cela, le prophète Moïse vint et les releva de l’erreur, par des miracles, par des enseignements, par la Loi, par des prophéties. Et maintenant, si le Verbe de Dieu prit chair, Celui Que je tiens dans les bras, ils vont chuter car ils ne vont pas écouter Son témoignage. Alors que les gentils qui croiront dans le Christ se lèveront de leurs péchés. Ils se lèveront des ténèbres des idoles et de l’enfer et s’élèveront dans le Royaume des Cieux, ils seront éclairés par la lumière de la connaissance de Dieu et seront purifiés par le baptême de ton Fils, Vierge, et c’est pour cela qu’ils s’élèveront. Mais les juifs renieront Sa lumière, L’appelleront samaritain et possédé, Le crucifieront et Le tueront ; aussi, chuteront-ils de Sa grâce initiale. Donc ce petit enfant produira la chute et le relèvement d’un grand nombre et sera un signe en butte à la contradiction ; car au moment de Sa crucifixion beaucoup, en se troublant, ne croiront pas, au point que même parmi Ses disciples certains Le renieront, certains autres fuiront et Le quitteront, et surtout les juifs, puisqu’ils ne croiront pas qu’Il est Dieu. Ils Le blâmeront et L’insulteront, en prononçant beaucoup de paroles de blasphème à Son sujet. La croix de ton Fils, Vierge, jusqu’à la fin des temps sera un signe en butte à la contradiction à l’encontre des chrétiens, et ils ne croiront pas en elle, le signe de ton Fils, mais ils renieront et blasphèmeront la croix avec laquelle Il sortira les âmes de nos ancêtres des liens de l’enfer ». Après quoi, le vieillard Syméon se retourna vers la Vierge Marie et lui dit : « Vierge, une épée tranchante des deux côtés transpercera ton cœur, lorsque tu verras le Christ, ton Fils, crucifié sur le bois de la croix, lorsque tu Le verras nu, lorsque tu Le verras mort. Alors tristesse et deuil et amertume, comme une épée tranchante, transperceront ton cœur ». La Très Pure Vierge répondit à Syméon qui avait dit ces paroles : « comment dis-tu, vieillard Syméon, que je ressentirai tristesse et amertume pour ce Fils, puisqu’avec joie je L’ai porté, avec joie je L’ai mis au monde, avec joie je L’ai nourri ? Et comment m’attrister pour Celui-ci, Qui est la joie du monde entier ? » Et de nouveau Syméon dit à sa Sainteté : « il te suffit de t’appeler Mère de ce Fils ; il te suffit d’être appelée Souveraine du monde et Mère de Dieu. Lorsque tu verras cela s’accomplir, lorsque tu pleureras, lorsque tu parleras, Vierge, tu te souviendras alors de mes paroles. Alors, cette épée dont je te parle transpercera ton cœur et alors se révèleront les pensées intimes de bien de cœurs ; à savoir, lorsque ton Fils sera crucifié, jugé, battu, craché dessus et à la fin aussi, tué. Alors apparaîtront ceux qui seront du côté de ton Fils et ceux du côté des juifs. On connaîtra celui qui Le vendra pour le faire mourir. Ceux qui L’aimeront et ceux qui Le haïront seront connus à ce moment-là. Et non seulement à ce moment-là, mais même jusqu’à la fin du monde on connaîtra ceux qui endureront pour Son amour des peines et des punitions, faim et soif, et à nouveau, on connaîtra aussi ceux qui Le renieront ».

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Dans cette église où ils amenèrent le Christ, Luc l’Évangéliste écrit (2, 36) qu’il y avait une femme qui s’appelait Anne, fille de Phanouel, de la tribu d’Aser. Et elle était arrivée à un grand âge, ayant passé uniquement sept ans avec son mari, et restant veuve jusqu’à quatre-vingt quatre ans. Elle ne quittait jamais le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière. Celle-ci, au moment où Syméon prit le Christ dans les bras, vint aussi et dit au sujet du Christ Seigneur de grandes et merveilleuses choses, en s’adressant à tous ceux qui s’y trouvaient et attendaient d’entendre quelque chose au sujet du salut de leurs âmes. Et les paroles prononcées par cette femme-là furent celles-ci : « voyez, gens qui vous trouvez ici aujourd’hui, ce petit enfant a fondé le ciel et la terre ; ce petit enfant a fait le monde entier. Voyez-vous ce petit enfant ? Celui-ci a fait les anges, le soleil, la lune, les étoiles. […]18. Celui-ci dit et furent créés les arbres fruitiers et les arbres sans fruits, les bêtes sauvages sur la terre, les poissons dans la mer, les oiseaux dans le ciel. Celui-ci adorons-Le nous aussi, Celui-ci magnifions-Le nous aussi, comme le seul vrai Dieu qu’Il est ». Ce sont ces paroles que prononça Anne au sujet du Christ Seigneur. Une fois qu’ils firent et accomplirent tout ce qu’enseigne la Loi de Moïse, ils retournèrent en Galilée, dans la ville de Nazareth. Et l’enfant, c’est-à-dire le Christ, grandissait, se fortifiait dans l’Esprit Saint et se remplissait de sagesse et la grâce de Dieu était sur Lui. Le récit du Saint Évangile s’arrête ici en ce qui concerne ce grand et honoré jour de notre Seigneur Jésus Christ. Plus en avant, écoutez à nouveau les enseignements que nous tenons du récit du jour d’aujourd’hui. Et d’abord, apprenons à être reconnaissants à Dieu pour tout ce qu’Il fit pour nous, car Celui Qui est béni par tous les peuples vint recevoir la bénédiction du prêtre, pour nous. Celui Qu’adorent tous ceux qui se trouvent au ciel et sur la terre et sous la terre inclina maintenant Sa tête sous la main du prêtre. Celui auquel les rois de Perse apportèrent des présents lors de Sa naissance, apporte maintenant, avec Sa Mère, une offrande au prêtre. Aussi, effraie-toi également, âme insensée et ingrate du genre humain, car ton Dieu, pour toi, Se fit pauvre tout en étant riche, afin que tu t’enrichisses de Sa bonté et que tu sois glorifié au ciel. Dès lors, remercie avec crainte et tremblement, en te couchant et en te levant et en tout temps. Et soumets-toi à Lui avec de bonnes choses : avec justice, charité, jeûne, pureté, veille à l’église, amour envers tout chrétien, douceur, humilité et remercie-Lui pour la santé et pour la vie. À Celui-ci demande tout bien et dans ce monde et dans celui à venir. Deuxièmement, nous apprenons que dans la Loi Ancienne, la femme avait la coutume, si elle enfantait, de se purifier pendant quarante jours, de ne pas s’approcher de son mari, de ne pas entrer dans l’église. De nos jours, dans notre génération, il ne se passe pas ainsi car les femmes, encore dans l’impureté naturelle, font des péchés. Ainsi, leurs fils en héritent de beaucoup de maux : dommages, cécité et infirmités de toutes sortes.

                                                            18 Phrase intraduisible (n.t.).

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Un autre enseignement concerne ces tourterelles que la Très Pure Vierge apporta en tant qu’offrande au prêtre, selon la Loi. Cet oiseau aime beaucoup son conjoint. Si elle le perd, elle languit après lui toute sa vie et de chagrin, elle ne peut jamais se poser sur des branches vertes, mais toujours sur des sèches, et ne cherche plus d’autre conjoint. Et par cela, chrétien, tu apprends à ressembler à la tourterelle : être aimant envers ton prochain, ne haïr personne, n’envier personne, ne penser du mal de personne mais aimer tout le monde pareillement. Comme tu aimes ton bien, ainsi [tu dois aimer] celui d’autrui. Et si tu perds, en raison du péché, le Christ, ton Époux, et tu ne Le vois pas dans ton cœur, alors désire-Le et lamente-toi après Lui. Et ne te pose jamais sur du bois vert, à savoir sur les plaisirs de ce monde ; mais sur du sec, à savoir sur le jeûne, sur la faim, sur la soif, sur la peine, sur les lamentations, sur les soupirs, jusqu’à ce que tu trouves à nouveau le Christ, l’Époux bien-aimé de ton âme et ta joie éternelle. Ne reçois pas d’autre époux, à savoir satan, ni ne t’approche de lui par la débauche, mais aime uniquement le vrai Époux, le Christ, et attache-toi à Lui avec toute l’espérance et la foi, car ceux qui demeurent dans la pureté et mènent une vie dure, avec afflictions, faim et soif, consacrent leurs âmes à Dieu comme une pure tourterelle. Ils avaient à cette époque-là la coutume d’apporter deux jeunes colombes, à défaut de tourterelles ; car cet oiseau est aussi très entier, c’est-à-dire doux, sans colère, ainsi que le dit Dieu dans le Saint Évangile19 : « montrez-vous donc prudents comme les serpents et candides comme les colombes ». De même que le serpent a l’habitude, lorsqu’on le tue, de laisser tout le corps à être tué et de cacher seulement la tête, de même nous aussi, les chrétiens, soyons sages, toute notre richesse et même notre corps donnons-le à la mort pour l’amour du Christ. Seulement notre foi protégeons-la davantage de tout et ne la donnons pas. Et soyons, comme les colombes, doux en tout et sans colère. Quel que soit le nombre de fois que l’on enlèverait les petits de la colombe, elle ne s’attriste pas, ni ne quitte la maison de son maître. Ainsi, nous aussi, pour le Christ, supportons tout : et des dangers, et des malheurs, et des afflictions qui nous arriveraient, soit de la part de Dieu, soit des hommes. Il convient de savoir aussi ce que le prêtre faisait avec ces deux colombes. L’une de ces deux colombes était égorgée et l’autre était libérée et laissée s’envoler. Et cela représente les deux natures du Christ : la nature divine et celle humaine. Car le Christ Seigneur fut homme parfait et Dieu parfait. Donc la nature humaine, à savoir le corps de Sa Sainteté, fut crucifiée, fut torturée et mourut, mais la Divinité resta libre de tout cela, sans peines, sans douleur. Le troisième enseignement concerne le vieillard Syméon car, à son sujet, l’Écriture dit qu’il fut un homme bon et juste. S’il n’avait pas été juste, il n’aurait pas eu le don du Saint Esprit, ni n’aurait été rendu digne de prendre le Christ dans ses bras. Et toi, ô homme, si tu veux avoir le Christ, non pas de manière charnelle comme Syméon, mais divine, non pas dans les bras, mais dans le cœur, sois bon et juste et crains Dieu. Sois juste, non seulement lorsque tu seras juge, afin de juger selon le droit, ou partageux, afin de partager selon le droit. Mais comprends et sache aussi le fait que l’âme de l’homme s’appelle image du Dieu invisible, et le

                                                            19 Mt. 10, 16.

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corps est terre et retourne dans la terre. Dès lors, puisque l’âme est image de Dieu, elle est plus grande et plus honorée ; et le corps est plus bas et plus petit que l’âme. Car l’âme recherche toujours les choses célestes et désire et aime toujours mettre en pratique les enseignements de Dieu, alors que le corps, puisqu’il provient de la terre, aime faire les choses terrestres, c’est-à-dire beaucoup dormir, beaucoup manger, beaucoup boire, s’adonner à la débauche et à d’autres choses mondaines que le corps a envie de faire. Donc dis-moi, homme, est-ce qu’il serait mieux que le plus grand vainque, ou le plus petit ? Il serait mieux et il conviendrait que le plus grand vainque, plutôt que le plus petit. Ainsi est-il également dans l’homme : c’est mieux que le corps fasse la volonté de l’âme, plutôt que l’âme la volonté du corps. Ceci est la justice qui caractérise l’homme juste. Lorsque tu soumets le plus petit au plus grand, alors tu agis en même temps selon la justice. Lorsque le corps fait la volonté de l’âme, alors tu t’appelles juste. Lorsque le corps ne satisfait aucune envie passant outre la volonté de l’âme, alors tu es juste, alors tu te rends digne d’avoir le Christ, à l’instar de Syméon. Aussi, bien-aimés, prenons soin jour et nuit de nous repentir, de soupirer et de pleurer, car Dieu est miséricordieux et reçoit ceux qui se repentent. Dès lors, lamentons-nous et pleurons pour nos grands et nombreux péchés et ne donnons pas de liberté au corps, pour que Dieu nous pardonne, à Qui appartiennent l’honneur et l’adoration dans les siècles des siècles. Amen.

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AU 6 / 19 AOÛT POUR LA TRANSFIGURATION DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST

Autrefois, le Dieu grand et puissant fit de nombreux et grands miracles dans le monde. Il y eut un déluge partout dans le monde et tous les hommes se noyèrent. Il brûla Sodome et Gomorrhe par un feu venant du ciel et les fit périr et tous les hommes qui y habitaient tombèrent dans les profondeurs de la terre avec tout ce qu’ils possédaient. Dans le monde, de grandes guerres, des servitudes et des meurtres avaient lieu, non pour autre chose mais pour que les hommes en entendent parler et les voient, afin qu’ils se retournent vers Dieu et qu’ils quittent les péchés qu’ils faisaient ; car le monde était plein de méfaits et de saletés, depuis la faute d’Adam ; et les hommes n’adoraient pas Dieu, mais ils adoraient les pierres et le bois, les idoles sourdes et muettes. Dieu attendit qu’ils se repentent mais ils n’abandonnaient pas leurs méchancetés. Après quoi, si Dieu vit que les hommes ne cessaient pas leurs mauvaises actions, Il descendit Lui-même et prit chair de la Sainte et Très Pure Vierge Marie. Il fut un tout petit enfant emmailloté, Il fut dans les langes, Il téta, Il fut un homme parfait comme nous, seulement sans péchés. Il eut soif et faim, Il but et mangea, Il peina et fatigua et de nouveau, Il Se reposa comme un homme. Il fut calomnié par les juifs, comme quoi Il était gros mangeur et buveur, et ils L’ont traité de possédé et de samaritain. Tout cela Le montre comme ayant été un homme parfait et vrai. Car s’Il n’avait pas eu tout cela, le monde aurait pu avoir l’impression, qu’Il n’était pas né avec un vrai corps, mais qu’Il S’était montré seulement avec une apparence corporelle, tel un spectre. Tout cela a trait à la connaissance de l’incarnation. La connaissance de Sa divinité repose sur ceci : la guérison des malades, la purification des lépreux, le fait de faire sortir les esprits impurs des hommes, la résurrection des morts et d’autres miracles qu’Il accomplit sur terre. Ceux-ci constituent le signe de Sa divinité. Et même la célébration de notre fête de ce jour est signe et connaissance de Sa divinité, car cette lumière que montra le Christ Seigneur aujourd’hui sur le Mont Tabor, ne fut pas une lumière de ce monde ou humaine, mais fut lumière intouchée et incréée. Ce fut une lumière divine, car le Christ Seigneur montra, dans ce corps qu’Il portait, sa nature divine, comme un reflet dans un miroir. Dès lors, renonçons à toutes les pensées du monde et terrestres, ne pensons pas à ce qui est éphémère, mais réfléchissons à ce qui est éternel ; haïssons les choses terrestres et aimons les choses célestes ; n’aimons pas les choses du monde en abandonnant les choses divines, mais désirons les choses éternelles et immortelles ; purifions nos pensées, pour être prêts à monter vers le Mont Tabor, pour voir de manière pure et claire la Sainte Trinité. Là-bas nous verrons le Fils apparaissant dans la lumière, le Père d’en-haut témoignant au sujet du Fils et l’Esprit Saint Se mouvant comme un nuage.

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À ce propos, écoutez ce que nous enseigne le Saint Évangile, tous les trois Évangélistes relatant ainsi : le Seigneur Jésus Christ, en parcourant la terre, alla aussi du côté de Césarée que Philippe de Macédoine avait bâtie. Là-bas, le Christ demanda à Ses disciples : « au dire des gens, Qui est-Il ? » Le Christ savait ce que les gens disaient de Lui et Qui ils disaient qu’Il était, mais Il voulait que d’autres disciples aussi entendent, par la bouche de Pierre, Qui était le Christ. Et s’Il leur posa la question, tous répondirent d’une seule voix et dirent : « certains disent, Seigneur, que Tu es Jean le Baptiste ; d’autres affirment que Tu es Élie le prophète, d’autres Jérémie ». Mais comment le Christ pouvait être l’un de ceux-là, alors que ces prophètes étaient morts depuis longtemps et Jean le Baptiste tué par Hérode ? Les gens pensaient que l’un de ces grands prophètes était ressuscité et pour cette raison, faisait des miracles ; mais les gens s’y connaissaient mal, car jamais aucun [des prophètes] n’était ressuscité, ni n’avait guéri des malades comme le Christ.

Il leur demanda de répondre eux-aussi et leur dit : « «mais vous, que dites-vous de Moi ? » Et Pierre répondit en disant : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Et le Christ lui répondit et lui dit : « tu es heureux, Simon fils de Jonas, car tu n’es pas gras et gros en pensée comme ces autres, ni n’as une quelconque pensée charnelle en toi, mais parce que tu es pur, Mon Père te permit de prononcer cette parole. Aussi, Je te dis : à partir de maintenant ton nom s’appellera Pierre, et sur la parole que tu prononças à Mon sujet, sur elle Je bâtirai Mon Église, à savoir sur Moi, le roc, de Qui tu tiens aussi ton nom de Pierre, et les Portes de l’Hadès, c’est-à-dire la bouche des hérétiques, ne pourront rien détruire à l’encontre de ton témoignage. Et Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux, afin que quiconque tu lieras sur terre, soit aussi lié au ciel et quiconque tu délieras sur terre, soit aussi délié dans le ciel ».

Et une fois passés six jours après que le Christ ait ainsi parlé, Il prit Pierre, Jacques et

Jean, le frère de Jacques. Il prit Pierre car celui-ci avait plus d’amour envers le Christ et le plus grand zèle parmi tous les Apôtres. Jean Lui était le plus cher de tous les disciples, pour sa pureté et sa sagesse. Et Jacques, puisqu’il avait promis de boire le calice de la mort et des peines du Christ. Il laissa tous les autres Apôtres, prit seulement ces trois-là et monta sur une haute montagne qui s’appelle Tabor.

Après y être monté, Il fut transfiguré devant eux. Il changea ainsi, car le Christ

Seigneur, tant qu’Il était en bas, était humble, pauvre et démuni envers les autres disciples et les autres gens ; pauvre, car de Dieu Il Se fit homme, de Roi serviteur, de riche pauvre. Démuni, car même pour une seule journée, Il n’avait pas de nourriture – ainsi était-Il en parcourant sur la terre. Alors qu’en montant sur la montagne, Il Se montra Dieu et Roi puissant, entièrement lumineux, entièrement embelli, entièrement extraordinaire. Aussi, l’Évangéliste dit qu’Il fut transfiguré, c’est-à-dire que Son visage changea et que Son corps et Ses vêtements furent différents. Son visage resplendit comme le soleil et Ses vêtements devinrent lumineux et blancs comme de la neige. L’Écriture compare Son visage au soleil et Ses vêtements à la neige. Mais Son visage fut sept fois plus lumineux que le soleil ; car [les Apôtres] voyaient le soleil tous les jours et ne tombaient pas, alors que lorsqu’ils virent Son visage, ils tombèrent à cause de la lumière et du grand éclat et ne pouvaient pas lever les yeux. Et comment ne pas être plus lumineux et plus blanc que la neige, puisque Celui-là est

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Seigneur et Créateur du soleil et de la neige ? Il n’a pas été possible de comparer à autre chose Son Être et Son visage, mais uniquement de dire que Son visage était lumineux comme le soleil et Ses vêtements blancs comme de la neige.

Ici, le Christ Seigneur montra Sa divinité devant Ses disciples, car Il voulait Se livrer

dans peu de jours aux mains des juifs incroyants, pour être crucifié et tué. Aussi, Se transfigura-t-Il devant eux avant Son calvaire, afin que, s’ils Le verront également lié, battu, insulté et crucifié, ils n’aient pas l’impression qu’Il n’est pas vrai Dieu, mais qu’ils se souviennent de la lumière qui avait resplendi devant eux et de la beauté du visage qu’ils avaient vu et qu’ils comprennent qu’Il supporte tout cela de Son plein gré, pour notre salut ; c’est la raison pour laquelle Il montra Sa gloire devant eux.

À l’endroit où Son visage resplendit ainsi, apparurent le prophète Moïse et Élie et [les

Apôtres] les virent comme ils parlaient tous deux avec le Christ. Les paroles qu’ils adressaient au Christ étaient celles-ci : Moïse le prophète disait « gloire à Toi, mon Christ Seigneur, car Tu accomplis ainsi que Tu me l’avais promis. Ta Sainteté es l’accomplissement de ma prophétie. Tu me donnas les tables de la Loi Ancienne écrites sur le mont Sinaï. Tu m’envoyas faire périr Pharaon dans la Mer Rouge. À l’aide de Ton enseignement, je fis des miracles en Égypte. Toi, mon Seigneur, Tu nous nourris pendant quarante ans, avec de la manne, dans le désert. Tu nous abreuvas avec de l’eau [jaillie] de la pierre sèche. Toi, même maintenant, Te transfiguras comme Celui Qui es vrai Dieu ».

Et le prophète Élie disait ces paroles : « je Te remercie, mon Christ Seigneur, car Tu

accomplis selon Ta promesse. Tu es vrai Dieu. Pour Ton Nom, je réprimandai le roi Achab qui avait enfreint la Loi. Tu écoutas aussi ma prière et Tu ne donnas pas de pluie sur terre pendant trois ans et six mois. Tu m’envoyas, avec Ton enseignement, et j’égorgeai cinquante faux prêtres. Par Ta puissance, je séparai les eaux du Jourdain et je traversai à pied sec. Tu m’enlevas au ciel dans un char de feu ; aussi, je Te remercie, me prosterne devant Toi et Te glorifie ».

D’après ces paroles, les Apôtres reconnurent lequel était Moïse et lequel était Élie.

Comment auraient-ils pu les reconnaitre autrement, puisqu’ils avaient quitté le monde, quelques centaines d’années auparavant ?

À ces mots, le Christ leur répondait par ces paroles : « vous, Mes serviteurs et Mes

prophètes, avez montré de grands et puissants miracles dans le monde, par Ma puissance. Aussi, Mon Père vous donna le Saint Esprit afin que vous connaissiez Ma venue dans le monde, vous avez été Mes témoins devant le monde et avez voulu Me voir dans la chair, sur terre, pour que votre parole s’accomplisse ainsi que votre désir à Mon égard, pour que vous voyiez votre salut. Et maintenant, Je suis venu sauver Adam et sa descendance des peines et de l’enfer. C’est pour cela que Je Me suis incarné, que Je Me suis humilié, que Je suis venu lumière dans le monde et que, dans peu de jours, Je serai arrêté, lié et livré aux mains des peuples et des païens. Le temps de Mon calvaire approche et Je serai souffleté, cloué sur la croix, abreuvé de fiel, percé avec la lance dans le côté, tué, enseveli et le troisième jour Je

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ressusciterai. Tout ceci, Je l’endurerai pour le salut du genre humain. Dès lors, Moïse, va témoigner de tout cela en enfer. Que [les âmes] y interrogent également le vieillard Syméon car il M’avait pris dans ses bras alors que J’étais jeune enfant de quarante jours. Que Jean le Baptiste le leur dise aussi, car lui aussi M’avait vu alors que J’avais trente ans, lorsqu’il Me baptisa dans les eaux du Jourdain. Que tu sois le troisième témoin et que tu dises aux âmes de ceux qui se trouvent en enfer comment tu Me vis transfiguré sur le mont Tabor et que leur salut est tout proche. Et toi Élie, retourne à l’endroit d’où tu fus pris et attends y Mon ascension de la terre au ciel. Tu verras, tu adoreras et tu glorifieras le mystère de Ma victoire et de Mon incarnation ».

Pendant que le Christ Seigneur échangeait ces paroles avec les prophètes, Pierre

répondit et dit : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ; si Tu le veux, je vais faire ici trois tentes, une pour Toi, une pour Moïse et une pour Élie ». D’une part, Pierre savait que les juifs cherchaient à tuer le Christ et d’autre part, il entendait le Christ dire qu’Il sera livré aux peines et à la mort et qu’Il sera tué par les juifs ; aussi, n’aimait-il pas descendre de la montagne et que le Christ Se fasse tuer. Il pensait aussi que s’ils allaient tuer le Christ, Lui Qui est Seigneur et Maître, eux, Ses disciples, combien plus devront-ils affronter de méchanceté et de nombreux malheurs ? C’est la raison pour laquelle Pierre disait de dresser une tente d’abord pour le Christ, car il prenait plus de soin de Sa Sainteté. En deuxième temps à Moïse, car [celui-ci] avait donné la Loi Ancienne et avait montré, le premier, la prophétie et la parole de Dieu dans le monde et [Pierre] savait qu’il était le plus grand de tous les prophètes. En troisième temps à Élie, comme à l’un plus petit que Moïse. C’est comme si Pierre avait dit au Christ ces paroles : « dressons une tente et un abri pour Toi seul, Seigneur, pour que Ta Sainteté, seul, Te reposes ici ; et nous, nous supporterons la chaleur étouffante et la canicule, le froid et le gel, la pluie et la neige ; nous supporterons tout pour Ton Nom, seulement ne descendons pas d’ici, car si les juifs Te cherchent pour Te tuer, nous aurons ici un bon secours. Moïse les tuera, comme il tua les premiers-nés d’Égypte ; et Élie fera descendre du feu du ciel et les brûlera, comme il brûla la centaine de serviteurs du roi Achab ».

Tandis que Pierre prononçait ces paroles, soudain une nuée lumineuse les couvrit et les

prit sous son ombre et une voix sortit de la nuée et dit : « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé dans Lequel J’ai bien voulu sauver le genre humain, écoutez-Le en tout ce qu’Il vous dira ». Il fut impossible à Pierre de finir de parler, car il avait encore d’autres paroles à dire, mais il n’y arriva pas, car dès que la nuée les enveloppa, Pierre cessa de parler, non pour une autre raison, mais par crainte, car à l’endroit où les Apôtres entendirent la voix qui avait parlé de la nuée, ils s’effrayèrent et de crainte, ils tombèrent sur leurs faces et eurent très peur. Mais le Christ alla les relever et leur dit : « relevez-vous et n’ayez pas peur ». Et eux, ouvrant les yeux, ne virent plus personne, ni Moïse, ni Élie, sauf le Christ, pour qu’ils comprennent que cette voix ne parla ni de Moïse, ni d’Élie, mais seulement du Christ ; car la nuée que les Apôtres entendirent parler n’était pas une nuée car une nuée, comment pourrait-elle parler ? Mais le Père Lui-même, invisible, parla et témoigna au sujet de Son Fils, le Christ. Et cette nuée était l’Esprit Saint. Ainsi, aux Apôtres il leur parut que la nuée parlait, car la voix sortit de la nuée, mais, en vérité, le Père du ciel témoigna que le Christ n’est ni Élie, ni Jérémie, ni un autre

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prophète, comme ils en avaient l’impression, mais qu’ils sachent que Celui-ci est Son Fils, pour Lequel Il a bien voulu accomplir le salut des hommes.

En descendant du mont Tabor, le Christ leur enjoignit de ne rien dire à personne de ce

qu’ils avaient vu, avant que le Christ ne ressuscite d’entre les morts. Et pourquoi le Christ leur dit-Il de n’en parler à personne ? Afin que les autres Apôtres ne l’entendent pas et qu’ils ne s’affligent de ce qu’ils ne furent pas présents également pour voir, et surtout Judas qui cherchait toujours une occasion de vendre le Christ Seigneur.

Les maîtres de notre Église disent que le Christ Seigneur Se transfigura sur le mont

Tabor devant Ses disciples quarante jours seulement avant Sa crucifixion, pour que les Apôtres ne l’oublient pas et qu’ils s’en souviennent au moment de Son calvaire. Aussi Se transfigura-t-Il à l’approche de Sa crucifixion.

Chrétiens bénis, nous parlâmes autant qu’il fut en notre pouvoir de notre fête, de la

raison pour laquelle nous célébrons et nous fêtons ce jour. Non autant qu’il aurait fallu, mais un tout petit peu et brièvement ; car j’ose dire que même les anges ne peuvent parler en détail du sens des paroles du Saint Évangile. Seulement, je vous prie de remercier avec crainte votre Seigneur, votre Dieu Jésus Christ Qui vous aima et souffrit tout cela pour vous, et en Lui remerciant, abandonnez les péchés, faites de bonnes actions et dans nos remerciements disons ainsi : « nous Te remercions, Christ Roi, nous, Tes ingrats et humbles serviteurs, car Ta Sainteté, comme un Dieu ami des hommes et miséricordieux que Tu es, es venu et pris chair pour nous, les ingrats ; et nous, les indignes, nous ne faisons aucune bonne chose selon Ta volonté. Mais nous nous humilions et prions Ta Sainteté de ne pas nous rendre selon nos actes, mais de nous prendre en pitié selon Ta miséricorde ; car si Tu nous jugeras selon tous nos péchés et si Tu considéreras qu’il faille que nous rendions compte de toutes les actions, Seigneur, qui répondra devant Toi ? Ou qui s’opposera à Ta colère ? Mais pardonne-nous, pour Ta grande miséricorde et fais nous don de Ton Royaume, car à Toi convient l’honneur, l’adoration, la gloire et le règne, avec le Père et le Saint Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

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POUR LE DIMANCHE DES RAMEAUX

Lorsque les ennemis se sont concertés au sujet de notre Seigneur Jésus Christ, après le miracle qu’Il avait accompli en ressuscitant Lazare, celui qui était mort depuis quatre jours et qui gisait dans le tombeau, Sa Sainteté Se cacha encore quelque temps, en nous montrant l’exemple de ne pas nous exposer nous-mêmes, de notre plein gré, aux dangers. Ce n’est pas par crainte qu’Il fit cela – car sans Sa volonté, personne n’a pu Lui faire aucun tort – mais parce qu’Il avait décidé et choisi l’heure et le moment de Son calvaire, à savoir précisément lorsque les juifs avaient l’habitude d’égorger l’agneau de Pâque, soit le quatorzième jour du mois de mars, selon la Loi que leur avait enseignée Moïse (ainsi qu’il est écrit à l’Exode 12, 6). Donc à ce moment-là, le Christ Seigneur Se montra devant Ses ennemis, à l’endroit de la ville de Jérusalem destiné aux sacrifices, afin que se réalise l’image de l’agneau de la Loi Ancienne, que les juifs égorgeaient lorsqu’ils fêtaient la Pâque. Aussi, ce jour, notre Seigneur Jésus Christ voyagea-t-Il vers ce lieu de sacrifice de Jérusalem, comme un vrai Messie – ainsi que nous l’entendrons maintenant.

[L’ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 12, 1-18]

ENSEIGNEMENT DE CE SAINT ÉVANGILE : POUR LE VOYAGE DE NOTRE CHRIST SEIGNEUR À JÉRUSALEM

Autrefois, lorsque les rois revenaient dans leur royaume en ayant remporté la victoire à la guerre, ils avaient l’habitude d’être accueillis par une foule de gens qui venaient à leur rencontre avec des rameaux de palmier à la main, en signe d’honneur et de victoire. Connaissant cette coutume, les gens de Jérusalem et ceux qui habitaient aux alentours vinrent au-devant du Christ pour L’accueillir avec des rameaux de palmier à la main, comme au-devant d’un Roi victorieux, car Il avait vaincu la mort et avait ressuscité Lazare. Aussi, écoutez ce que dit le Saint Évangile au sujet de cette sainte fête de ce jour. L’Évangéliste Jean écrit (11, 48) que le Christ ayant ressuscité Lazare, beaucoup de juifs Le rejoignaient et croyaient au Christ. C’est pour cette raison que les chefs juifs avaient formé le dessein de [Le] tuer. Mais ensuite, le Christ Seigneur cessa de circuler en public parmi les juifs et Se retira dans une région voisine du désert, dans une ville appelée Éphraïm. Et six jours avant la Pâque, le Christ vint à Béthanie où était Lazare que le Christ avait ressuscité d’entre les morts et là-bas, on Lui fit un repas. Lazare était parmi ceux qui mangeaient à table, afin qu’il ne leur semble pas que le Christ avait accompli un mirage et avait ressuscité un spectre, n’ayant pas véritablement ressuscité Lazare. Aussi, s’assit-il également à table, mangea avec les autres convives et but avec eux. Donc, le Christ S’étant assis à table avec Lazare et les autres invités, Marie, la sœur de Lazare, prit une livre de parfum avec des aromates de grand prix, oignit les pieds du Christ Seigneur et essuya avec ses cheveux les pieds de Sa Sainteté, et toute la maison s’emplit de la senteur du parfum. Mais Judas, le fils de Simon l’Iscariote, en voyant Marie verser le parfum sur les pieds de Dieu, s’emplit d’envie et dit : « pourquoi n’avez-vous pas vendu ce parfum pour trois cents deniers, pour les donner aux pauvres, mais vous l’avez répandu par terre et gaspillé ? » Mais Judas disait cela, non par

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souci des pauvres, mais parce qu’il tenait les comptes et la bourse du Christ et voulait prendre aussi cet argent et l’ajouter au reste, puisqu’il aimait l’argent. Vous voyez, chrétiens craignant Dieu, combien est mauvaise l’avidité de l’argent. Que manquait à Judas, puisque non seulement le Christ lui avait donné tous les dons, comme aux autres Apôtres – chasser les démons des gens, guérir les malades, ressusciter les morts – mais le Christ Seigneur, connaissant son avarice, lui avait confié la bourse, afin qu’il ne puisse pas se plaindre de ce qu’il lui manque quoi que ce soit, mais lui, il veut avaler même l’argent du parfum ? Il entendait toujours le Christ enseigner à être charitable et à ne pas amasser des biens, mais lui, de par une grande avarice, il n’en avait jamais assez, jusqu’à vendre même son Seigneur, le Christ. Car l’avare est ainsi : lorsqu’il a suffisamment, il s’efforce d’amasser encore plus. Ce qui est à lui, il le garde et ce qui appartient à autrui, il s’efforce de le dépenser. Et il ne se rassasie jamais d’amasser jusqu’à vendre même son âme, à cause de l’imposture et de l’avidité. Et après ce qui s’est passé dans la maison de Lazare, le lendemain, Il envoya deux de Ses disciples, Lui amener un âne, pour monter dessus et aller à Jérusalem. La foule qui s’était rassemblée à Jérusalem pour la fête de Pâque, ayant appris que le Christ viendra à Jérusalem, prit des rameaux de palmier dans ses mains et sortit au-devant du Christ pour L’accueillir. Et les Apôtres jetèrent leurs vêtements sur l’âne et le Christ Seigneur monta dessus. À l’endroit où la foule L’accueillit, elle Lui rendit honneur et grande gloire : certains étendaient leurs vêtements afin que l’âne du Christ marche dessus, d’autres coupaient des feuilles et les posaient sur le chemin sur lequel avançait le Christ, et tous ceux qui les précédaient ou les suivaient, non seulement les hommes et les femmes, mais aussi les jeunes enfants et les enfants dans les bras de leurs mères, tous s’écriaient et disaient : « Hosanna au plus haut des Cieux (c’est-à-dire, sauve-nous, sauve-nous, Celui Qui demeures parmi les armées des anges). Béni es-Tu, Celui Qui viens au nom de Dieu, car Tu es le Roi des Israélites ! » Ainsi cette foule louait le Christ. Avec cet honneur elle vint à Sa rencontre et de cette façon elle Le loua, comme Celui Qui est Roi des morts et vainqueur de l’enfer. Puisque les gens qui avaient vu le miracle accompli par le Christ en ressuscitant Lazare le racontaient et témoignaient auprès de tous à Jérusalem, les juifs l’ayant entendu, sortirent de cette manière au-devant de Sa Sainteté, pour L’accueillir avec autant de gloire. Si quelqu’un doute de la raison pour laquelle le Christ monta sur l’âne, il convient qu’il sache que tant [le Christ] parcourut sur la terre, Il Se déplaça à pied. Et lorsqu’Il voyageait sur de plus longues distances, jamais Il ne montait à cheval (le stade représente cent brasses ; quinze stades font mille cinq cents brasses. C’est la distance entre Béthanie et Jérusalem). Pour une distance aussi petite, le Christ Seigneur monta sur [l’âne], afin que s’accomplisse la parole que le prophète Zacharie avait prophétisée auparavant au sujet du Christ, en s’adressant à Jérusalem (ainsi qu’il est écrit au chapitre 9, verset 9) : « exulte avec force, fille de Sion ! Crie de joie, fille de Jérusalem ! Voici que ton Roi vient à toi : Il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse ». Le prophète formule cette prophétie de cette façon : « ne crains pas ce Roi, Jérusalem, mais plutôt, réjouis-toi et sois dans l’allégresse, car Il ne vient pas orgueilleux et hautain, mais doux et humble et

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monté sur un âne. Tu eus des rois, Jérusalem, mais ceux-là furent méchants et injustes, voleurs et rapaces, comme furent le roi Manassé, Achab, Nabuchodonosor, tyrans, adorateurs des idoles, souillés, pécheurs. Mais ce Roi Qui vient maintenant n’est pas comme ceux d’avant, mais Il est le Roi de justice, le Roi de la paix, le Roi de toute miséricorde et douceur, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Celui-ci n’est pas un roi étranger, mais Il est ton vrai Roi, Jérusalem, Celui Qui vient te sauver du joug de la servitude, Que les prophètes et tous les patriarches attendirent avec beaucoup de joie ». Par ces paroles d’antan le prophète annonça notre Seigneur Jésus Christ à Jérusalem. Mais puisque les habitants de Jérusalem Le renièrent et Le tuèrent, ces paroles du prophète s’adressent à nous, les vrais chrétiens ; car nous sommes dans l’Église de Jérusalem, à savoir dans l’Église du Christ qui fut créée à Jérusalem par les Apôtres et se fonda partout dans le monde, et dans laquelle nous, les chrétiens orthodoxes, nous trouvons. Donc, pour toi, chrétien, le Roi du ciel S’humilia et prit l’apparence d’un esclave. Ce jour, pour toi, Il vint à Jérusalem [pour subir] des peines et une mort ignoble et épouvantable, pour te sauver de la mort éternelle. Il vint et versa Son sang pour te racheter de la servitude de l’enfer et des peines. Il vint avec douceur pour que tu t’approches de Lui avec audace. Il vint pauvre afin de t’enrichir de Son Royaume divin. Il vint obéissant et humble afin de t’élever dans la gloire du ciel. Qui ne s’étonnera pas maintenant de Sa douceur et de Son infinie humilité ? Car non seulement les hommes, mais aussi les anges sont saisis de crainte et d’émerveillement en voyant comment le Dieu terrible, le Dieu des anges, le Dieu de tous, dont le trône est sur les chérubins, Auquel servent des milliers de milliers de voïvodes angéliques et de millions de millions d’anges, Celui Qui regarde la terre et la fait trembler, vint avec tant d’humilité et tant de patience que non seulement Il descendit du ciel sur terre, mais également Il supporta ensuite des supplices atroces. Et pour qui ? Pour nous, les pécheurs ; pour nous, les ingrats ; pour nous, les obstinés ; pour nous faire miséricorde, pour nous consoler, pour nous racheter, pour nous sauver de la mort éternelle, de la servitude du diable, de l’emprise de l’enfer et des peines ; nous, qui étions donnés et vendus en raison de la faute et de la désobéissance de notre ancêtre, Adam, par qui nous étions tous fautifs. Donc, comment être dans l’allégresse et nous réjouir de la venue de ce Roi, Qui est notre Sauveur miséricordieux ? Il convient, en vérité, que l’âme de tout homme croyant soit dans l’allégresse car notre Dieu fit tout cela pour nous. Donc remercions-Lui avec amour, pour des dons comme ceux qu’Il nous accorda ce jour par Sa venue. Il convient dorénavant de savoir, d’abord, ce que représentent les manteaux que les Apôtres jetèrent sur l’âne. Il convient de savoir, en deuxième temps, ce que l’âne représente. Aussi, écoutez. Notre Seigneur Jésus Christ, seul vrai Dieu, fut au ciel puissant et glorifié par les anges, mais étant miséricordieux et aimant les hommes, Il ne laissa pas l’homme être mortel, mais vint et Se montra humble et régna parmi nous, parmi les peuples laids et souillés, sans élection, ainsi que le dit également le prophète Sophonie (3, 19) : « en ce temps-là, Je sauverai

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les éclopées, Je rallierai les égarées, et Je leur attirerai louange et renommée par toute la terre où on leur faisait honte ». Dès lors, comprenez que l’âne sur lequel monta le Christ nous représente, nous, les peuples qui étions sans raison et sans sagesse, comme un âne. Mais, puisque le Christ Seigneur S’assit sur nous avec l’enseignement du Saint Évangile et avec le don du Saint Esprit, depuis lors, nous avons quitté l’adoration des idoles et nous adorons Sa Sainteté. Et les manteaux jetés sur l’âne par les Apôtres représentent les dons et les enseignements que les Saints Apôtres mirent sur nous. Et à nouveau, les vêtements que la foule étendait afin que l’âne du Christ marche dessus, signifient les péchés des peuples ; car si quelqu’un ne renonce pas à ses péchés, il ne pourra pas obtenir le Christ, Qui ne demeure pas dans l’âme pécheresse ; car Sa Sainteté n’a pas de place dans le cœur du pécheur, ainsi que le dit le prophète Isaïe (66, 1) : « quelle maison pourriez-vous Me bâtir ? ». La maison et la demeure de Dieu sont le cœur pur de l’homme. Et l’Apôtre Paul dit (la deuxième épître aux Corinthiens 6, 14) : « quelle union entre la lumière et les ténèbres ? » Les ténèbres sont les péchés de l’homme et la lumière est Dieu, comme Il le dit Lui-même (chez l’Évangéliste Jean 12, 46) : « Moi, lumière, Je suis venu dans le monde ». Par conséquent, si quelqu’un ne renonce pas à ses péchés, il ne pourra pas obtenir le Christ mais se séparera de Lui. Et la séparation du Christ, à cause des mauvaises actions, s’appelle la mort éternelle. Tous les pécheurs meurent de cette mort. De même que l’âme est la vie du corps, de même Dieu est la vie de notre âme. Dès lors, lorsque notre âme se sépare du corps, le corps meurt. Pareillement l’âme, si elle se sépare de Dieu en raison des mauvaises actions, alors elle meurt de la mort éternelle. Et qu’est-ce qui est souvent dit ? Le Christ Seigneur Lui-même dit, dans l’Évangile de Luc (16, 13) : nul serviteur ne peut servir deux maîtres, à savoir en même temps Dieu et le diable ; car il aimera l’un, c’est-à-dire le diable et haïra Dieu ; et il aimera les mauvaises œuvres du diable et haïra les œuvres de Dieu. Et de même que l’homme voulant courir sur un chemin, s’il est alourdi par beaucoup de vêtements, il ne peut pas courir, de même cet homme qui ne se déshabille pas de ses péchés, ne pourra pas courir pour arriver dans le Royaume du ciel. Et de même que l’homme ne peut pas regarder à la fois vers le ciel et vers la terre, de même quiconque a des péchés ne peut pas voir à la fois Dieu et le diable. Donc, en vérité, les vêtements qu’ils jetaient en les étendant devant le Christ, ne signifiaient rien d’autre que le renoncement aux péchés et la haine des méfaits. Et les autres habits que les Apôtres posaient sur l’âne, sont l’enseignement avec lequel les Apôtres couvrirent les péchés des peuples. Retenez que, comme je l’ai déjà dit, l’âne nous représente, [c’est-à-dire] les peuples ; donc les Saints Apôtres furent envoyés chez nous pour enseigner et confesser, ils firent des miracles et supportèrent tout, uniquement dans le but de convertir les peuples, de les conduire à la connaissance de Dieu et de couvrir leurs péchés. Les rameaux de palmier ont représenté la victoire sur les péchés.

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Aussi, ô mes bien-aimés chrétiens, voici qu’avec l’aide de Dieu nous traversâmes le Saint Carême. Donc, examinons-nous nous-mêmes pour que nous n’ayons pas jeûné avec orgueil et vantardise, pour que nous n’ayons pas jeûné avec paresse, en faisant la volonté du corps, pour que nous n’ayons pas jeûné avec colère et inimitié envers quelqu’un et avec parcimonie, car un tel jeûne a peu d’utilité et reçoit un maigre salaire. Dès lors, à nouveau arrive la semaine du Saint Calvaire de notre Seigneur Jésus Christ et au moins maintenant, efforçons-nous de nous redresser, afin de célébrer la Sainte Passion selon la volonté de Dieu et d’arriver aussi au jour lumineux de la Sainte Pâque. Par conséquent, laissons certains se parer en changeant des tenues, s’enjoliver et s’embellir, d’autres se soucier des mets et des boissons, certains mener une vie de plaisirs et se délecter, d’autres s’enrichir et s’emplir. Et qui ? Les peuples, les païens ignorants, les sans Dieu, qui ne connaissent pas le vrai Dieu, qui n’attendent pas une résurrection et un jugement à venir, ni n’espèrent recevoir selon leurs œuvres. Que des gens comme ceux-là se soucient de ces choses, mais nous, ceux qui croyons au vrai Dieu, prenons soin d’éclairer nos âmes, d’embellir nos âmes, de parer nos âmes de bonnes choses, d’offrir à Dieu de bonnes œuvres. Faisons celles-ci, obtenons celles-ci, car nous croyons en Dieu, Celui Qui aime ces choses, et nous attendons de ressusciter et d’être jugés et croyons que nous recevrons selon nos œuvres. Pour cela, faisons également les œuvres qui conviennent à notre foi ; n’espérons pas d’être sauvés sans bonnes œuvres. De même qu’il est impossible au feu de brûler sans bois, de même personne ne peut être sauvé, sans les œuvres de sa foi. Efforçons-nous de faire ces choses, frères, pour que le Christ Seigneur nous rende dignes de passer notre vie ici en bonne santé et en paix, sans dommage de la part des ennemis visibles et invisibles, d’arriver aussi à la Sainte Pâque, de nous libérer de nos péchés le jour de la résurrection de Jésus Christ – pour cela, que nous obtenions la vie éternelle et la joie pascale de ceux d’en-haut, dans le Royaume des Cieux, [Royaume] que nous obtenions tous, par la grâce et la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ, à Qui convient la gloire, l’honneur et l’adoration, avec le Père et le Saint Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

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AU GLORIEUX ET LUMINEUX JOUR DE LA RÉSURRECTION DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST

Enseignements pour la joie du jour, et combien de fois le Christ Seigneur,

ressuscité des morts, S’est montré à Ses disciples ce jour-là. Aujourd’hui, frères, le parole que le prophète et roi David avait prononcée jadis à

propos de ce jour lumineux, s’accomplit (Ps. 117, 24) : « voici le jour que fit Yahvé, pour nous allégresse et joie ». Et chacun peut savoir et comprendre la manière dont ce jour est pour nous joie et allégresse. Car si l’affliction et la peur nous saisissent à cause de la ruse et de la malveillance de nos ennemis, qui nous font perdre la santé, les biens, la liberté et nous font tomber dans la servitude, la pauvreté et dans toutes les misères, combien plus ne ressentons-nous pas de joie et d’allégresse, lorsque nous voyons nos ennemis vaincus, piétinés et détruits. À ce moment-là nous sommes joyeux et libérés de toute affliction et de toute peur. C’est de cette manière qu’aujourd’hui, nous nous réjouissons et sommes dans l’allégresse, car nos ennemis, les diables, qui nous avaient causé tout le mal et dont la ruse et l’hostilité nous avaient fait perdre le Paradis et la vie éternelle et tomber dans le dénuement et la servitude du diable et de l’enfer – raison pour laquelle, la crainte et une grande affliction nous avaient saisis – ces ennemis-là sont aujourd’hui piétinés et vaincus par la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ, et la joie et la bonne humeur nous sont revenues. Et ceux qui nous voulaient du mal nous les voyons aujourd’hui écrasés et détruits. Dès lors, à la place de l’affliction, aujourd’hui vint la joie ; à la place de la crainte, la paix et l’absence de peur ; à la place de la servitude, la liberté ; des ténèbres, nous sommes sortis à la lumière ; au lieu des peines, nous trouvâmes le repos ; à la place de l’enfer, aujourd’hui nous obtînmes le ciel.

Ciel, c’est-à-dire anges qui êtes au ciel, soit dans l’allégresse et réjouis-toi, terre, à

savoir les hommes qui sont sur terre ! Et pourquoi ? Parce que ce jour la malédiction d’autrefois disparut et arriva la nouvelle bénédiction. Le péché disparut et vint la sainteté. Morts, soyez dans l’allégresse et réjouissez-vous, ancêtres, car le Christ vous sauva. Il vous donna l’héritage premier, le Paradis. Il vous fit don de la vie éternelle. Tous les peuples et toutes les nations soyez aujourd’hui dans l’allégresse. Car ce jour, notre salut apparut ; ce jour le Christ est ressuscité et le pouvoir du diable fut écrasé ; aujourd’hui le Christ est ressuscité et l’ennemi de notre race fut vaincu ; aujourd’hui le Christ est ressuscité et les morts depuis les siècles se levèrent ; aujourd’hui le Christ Se montra en Roi et le diable en esclave.

Après l’ensevelissement de notre Seigneur Jésus Christ, mes bien-aimés chrétiens, les

juifs envieux allèrent et dirent à Pilate (ainsi que l’écrit l’Évangéliste Matthieu 27, 63) : « seigneur, nous nous sommes souvenus que cet imposteur a dit de son vivant : « Après trois jours Je ressusciterai ! » Aussi, accorde-nous le pouvoir de monter la garde autour du sépulcre pour éviter que Ses disciples ne viennent Le dérober et ne disent au peuple qu’Il est ressuscité des morts ». Mais d’où savaient-ils que le Christ ressuscitera ? De la parole de Sa Sainteté qu’Il leur avait dite au sujet du prophète Jonas : « de même, en effet, que Jonas fut dans le ventre du monstre marin durant trois jours et trois nuits, de même le Fils de l’homme

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sera dans le sein de la terre durant trois jours et trois nuits » (Matthieu 12, 40). À cause de cette parole, ils craignaient que le Christ ne ressuscite. Alors Pilate leur dit : « vous avez une garde ; allez et prenez vos sûretés comme vous l’entendez ». Et les juifs s’en allèrent, scellèrent le sépulcre et disposèrent cinquante soldats d’un côté du tombeau et de l’autre côté, encore cinquante soldats. La garde dont parle l’Évangéliste signifie cent soldats qui montaient la garde autour du tombeau du Christ. Saint Longin était centurion (c’est-à-dire commandant d’une unité de cent soldats) [ayant autorité] sur cette centaine [de soldats].

Et lorsqu’il fut minuit, un grand tremblement de terre eut lieu, car l’ange de Dieu

descendit du ciel (ainsi que l’écrit Matthieu l’Évangéliste 28, 2 en disant :) et il vint rouler la pierre de la porte du sépulcre. Et les gardes s’enfuirent de peur. Au moment où les gardes s’enfuirent, les femmes myrrhophores vinrent et apportèrent des aromates. Tout d’abord, la Très Pure Vierge et Marie Madeleine virent la résurrection du Christ (Marc 16, 9). Marie Madeleine et le Très Pure Vierge aperçurent cet ange qui se posa au-dessus du tombeau. Et à nouveau, [Marie de Magdala] vit deux anges qui lui dirent (Jean 20, 13) : « femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Il est ressuscité, Il n’est pas ici. Regarde l’endroit où ils L’ont enseveli, il est vide ». Alors elle courut auprès de l’Apôtre Pierre et de Jean et leur dit tout ce qu’elle avait vu. Mais en retournant ensemble avec la Très Pure Vierge, le Christ vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue » (Matthieu 28, 9). Il convenait que le peuple qui avait entendu le premier cette malédiction : dans la peine tu enfanteras des fils, entende à nouveau le premier la joie. Et Marie lorsqu’elle vit le Christ, pour le grand amour qu’elle avait envers Sa Sainteté, et lui semblant qu’Il avait un corps terrestre comme avant, voulut Le toucher. Et le Christ lui dit : « Marie, ne me touche pas ».

Pierre et Jean, en entendant de Marie ces paroles, coururent auprès du tombeau. Et

Jean se pencha uniquement pour regarder dans le sépulcre ; mais Pierre, comme un zélé qu’il était pour l’œuvre du Christ, entra même dans le sépulcre et trouva seulement les linges qui avaient enveloppé le corps du Christ et le suaire, c’est-à-dire le voile qui avait recouvert la tête de Sa Sainteté. C’est de cette façon que Se montra le Christ tout d’abord, après Sa résurrection des morts.

Deuxièmement, Il Se montra à nouveau à ces femmes myrrhophores au moment où

elles allèrent au tombeau, vers le lever du jour et lorsqu’elles Le virent, elles tombèrent aux pieds de Sa Sainteté en se prosternant devant Lui.

Au même moment, ces gardes-là allèrent aussi dire aux juifs tout ce qu’ils avaient vu ;

mais [ces derniers] tinrent une réunion, délibérèrent et donnèrent aux soldats beaucoup d’argent, comme pot-de-vin (Matthieu 28, 12 ; 13), avec pour consigne, de dire que tandis qu’ils dormaient, Ses disciples sont venus et Le dérobèrent, tout en disant aux gens qu’Il est ressuscité des morts.

En troisième lieu, le Christ Se montra à Luc et à Cléophas qui faisaient route de

Jérusalem vers un village du nom d’Emmaüs (Luc 24, 13) et marchant avec eux, Il leur citait les Écritures des prophètes au sujet de comment il convenait que le Christ endure des

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souffrances et le troisième jour ressuscite des morts et entre ainsi dans Sa gloire. Et une fois qu’ils furent arrivés, ils se mirent à table et à ce moment-là Il Se révéla à eux et ils Le reconnurent, mais Il disparut de devant eux.

Quatrièmement, Il Se montra au Saint Apôtre Pierre, le jour même de Sa résurrection ;

et plus tard, vers le soir, les Apôtres étant réunis, les portes étant closes par peur des juifs (ainsi que l’écrit Jean l’Évangéliste 20, 19 ; 20), le Christ vint, Se tint au milieu d’eux et leur dit : « paix à vous ! » Ensuite, Il leur montra Ses mains et Son côté percés ; et ils furent dans l’allégresse et se réjouirent ayant vu le Seigneur.

Autant de fois Se montra le Christ Seigneur le jour de Sa résurrection. Ô, quelle joie

ressentaient les Apôtres à la nouvelle de la résurrection du Christ, et combien ils étaient consolés de l’affliction dans laquelle ils étaient ! De même, nous aussi, comme les Apôtres, nous sommes dans l’allégresse par la force de notre foi, en croyant que le Seigneur Jésus Christ est en vérité ressuscité des morts et avec Lui, Il nous a tous ressuscités de la mort éternelle et nous a rendus héritiers du Royaume céleste. Ce jour, le Christ est ressuscité et par Sa résurrection, Il apporta la joie éternelle aux affligés, la consolation à ceux qui pleurent, le relèvement pour ceux qui sont tombés, la libération à ceux qui sont dans la servitude, le rachat à ceux qui sont vendus, la lumière à ceux qui sont dans les ténèbres, la vie aux morts et Il nous a fait passer de l’obscurité à la lumière, de la mort à la vie, de la terre au ciel. C’est cela que nous enseigne l’Apôtre Paul, en disant (épître aux Colossiens 3,3) que notre vie est cachée avec le Christ en Dieu.

Donc, lorsque le Christ viendra pour le jugement et Se montrera dans Sa gloire, alors

notre vie aussi se montrera dans Sa gloire. D’abord, se montrera la beauté de nos corps, car ils seront incorruptibles et plus lumineux que le soleil et nous serons dans l’allégresse pour les siècles en voyant notre beauté et l’honneur dans lequel nous vivrons au milieu des anges, alors que nous entendrons leur chant doux et beau. Ensuite, nous verrons à nouveau le bien et le délice de la vie éternelle et le lumineux visage de notre Créateur que même les anges désirent voir ; et également le trône magnifique de Dieu enveloppé d’une belle et inaccessible lumière, lumière en laquelle réside le trésor de toute joie. Et sur ce trône nous verrons Dieu plein de majesté et dans une grande gloire, d’où jailliront pour nous les sources de tous les bienfaits. Alors les âmes et les cœurs des justes s’empliront de joie et de la douceur de l’amour de Dieu ; ils se rassasieront de nourriture incorruptible et seront joyeux de l’ivresse de la boisson divine, de laquelle ils se rempliront de sagesse et de la science des mystères divins inconnus. Ensuite, ils verront les œuvres merveilleuses et les parvis lumineux du Roi céleste, où il n’y a qu’allégresse et joie et chants continuels. Là-bas, il y a la vie éternelle et les couronnes préparées pour ceux qui ont vaincu les passions et les péchés. Pour ceux qui peinent pour Dieu, il y a des lits de repos éternel avec des draps lumineux. Là-bas, il n’y a ni soupirs, ni larmes car Dieu essuiera toutes les larmes de leurs yeux et les remplira de bénédiction, d’allégresse et de tout bien. Là-bas, Il les fera demeurer afin de régner pour les siècles devant Sa face et Il posera sur leurs têtes des couronnes comme celles-ci. Les couronnés du Royaume du ciel habiteront dans cette gloire et cette majesté, et nous aussi rends-nous en dignes, Seigneur Jésus Christ ; car à Toi convient honneur, gloire et adoration

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de la part de toutes les créatures, avec le Père et le Saint Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

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À L’ASCENSION DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST

Tous les hommes ont l’habitude d’honorer et de glorifier ceux qui les sauvent de leurs ennemis et qui retournent chez eux en vainqueurs. Ainsi, il convient également que nous honorions et nous glorifions notre Christ Seigneur, Qui nous sauva de nos ennemis et Qui, ayant remporté la victoire, retourna dans Son Royaume ; pour ce fait, nous célébrons ce jour par les chants et dans l’allégresse. Notre Seigneur Jésus Christ, après Son calvaire qu’Il supporta pour notre bien et notre salut, est ressuscité des morts et S’est levé du tombeau, ainsi qu’il S’est montré au monde par des signes merveilleux et des exploits grands et glorieux. Avec quel tremblement de terre, avec quelle crainte et avec quelles gloire et puissance écrasa-t-Il l’enfer, vainquit le diable et le pilla des âmes qu’il avait englouties sous son pouvoir et sous sa domination ! Comme Il ne pouvait pas rester dans le tombeau, à l’instar des autres morts, comme il semblait aux juifs, Il ressuscita avec une telle puissance et une telle gloire que même les sceaux de Pilate sont tombés, les gardes s’enfuirent de peur en disant et en confessant à tous la résurrection du Christ. Pilate et tout le peuple juif en étaient tous arrivés à en avoir peur, à être intimidés et à ressentir une grande honte, puisqu’ils ne purent pas cacher la résurrection de Sa Sainteté : mais depuis ce moment-là jusqu’à maintenant il y a quarante jours, c’est-à-dire depuis que le Christ est ressuscité jusqu’à aujourd’hui, quand Il monta de la terre au ciel, et pendant tous ces jours la résurrection de Sa Sainteté s’est toujours avérée et s’est montrée au monde. Aujourd’hui le Christ Seigneur monta de la terre au ciel et avec Lui, Il emmena les patriarches, les prophètes et tous ces justes qu’Il avait sortis de la servitude de l’enfer, en même temps que beaucoup d’esclaves, à savoir les âmes sorties des peines, et Il retourna auprès de Son Père d’où Il était sorti. Aussi, ce jour tout le monde se réjouit et est dans l’allégresse et tous les habitants de la terre remercient et louent Dieu, car avec Lui, Il nous emmena auprès de Dieu Son Père, nous fit sortir des tourments de l’enfer et nous sauva de la colère de Dieu. Il nous faut seulement ceci : que nous vivions une vie nouvelle et sans péchés et que nous y demeurions ; et que nous ne retournions pas à la vie dans les péchés, que nous menions auparavant. Ce jour, le Christ Seigneur alla sur la montagne Eléon ensemble avec tous les saints : certains sortis de l’enfer – tels que les prophètes et les patriarches – d’autres, rassemblés sur la terre – tels que les Apôtres et les disciples – à qui Dieu a voulu montrer Son ascension de la terre au ciel. Aujourd’hui, Il Se montra à eux, sortit avec eux de Jérusalem et monta sur la montagne Eléon. Il leur parla longtemps au sujet des choses d’en-haut et du Royaume du ciel. Entre autres, Il leur dit aussi : « d’après le dessein de Mon Père éternel, Je suis descendu du ciel sur la terre, de la gloire dans l’humilité et pris la chair du pécheur Adam et la purifiai et la sanctifiai. Encore que J’aie supporté dans Ma chair des peines et des douleurs, et que J’aie goûté la mort, ainsi qu’il est écrit par les prophètes et qu’il convenait au Christ de vivre des tourments et de ressusciter des morts le troisième jour. Aussi, Je sauvai Adam et toute sa

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descendance de la douleur de la mort éternelle et Je l’emmenai vers la vie éternelle. Après Mes tourments, le troisième jour Je Me levai des morts et montrai à tous les morts la lumière de la résurrection et la transfiguration de la corruption en vie incorruptible et de la mort en vie immortelle. Le jour de Ma mort, J’ouvris beaucoup de tombeaux (Matthieu 27, 52) et ressuscitai les trépassés depuis les siècles. Vous êtes les témoins de tout cela, car Je le fis devant vos yeux, parmi de nombreuses autres choses merveilleuses. Aussi, annoncez à toutes les langues et à tous les peuples le repentir, afin qu’ils se repentent de leurs mauvaises actions et se convertissent pour croire en Mon Nom. Je les recevrai et pardonnerai tous leurs péchés. Ils seront Mon peuple et Moi Je serai leur Dieu (Ézéchiel 36, 28). Ils seront Mes fils et Mes filles, et Moi Je serai leur Père. Et si à vous, ô Mes amis et Mes disciples, il vous semble que vous ne pourrez pas entreprendre cela et faire revenir le monde pour qu’il croie en Mon Nom, ne vous éloignez pas et demeurez dans la ville de Jérusalem, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en-haut de l’Esprit Saint (Luc 24, 49). Moi, J’enverrai sur vous ce que Mon Père a promis et c’est pour cette raison que vous serez forts et puissants contre le diable et ses serviteurs. Vous écraserez tout leur pouvoir et vous ferez sortir à la lumière une multitude d’âmes tenues sous la domination ténébreuse [du diable] ». Une fois que notre Seigneur Jésus Christ leur dit ces paroles, Il les fit sortir de la ville de Jérusalem et les emmena à Béthanie vers la montagne Eléon (Luc 24, 50). Là-bas, Il leur parla de Son départ, de la manière dont Il quittera ce monde d’ici-bas qui connait les afflictions et les larmes, vers le monde d’en-haut, dans la beauté de Sa gloire, dans Son Royaume éternel, sur le trône à la droite du Père, où Il était auparavant. Et Il leur dit : « voici que Je M’en vais auprès de Mon Père et de votre Père. Aussi, réjouissez-vous avec Moi et ne vous attristez pas pour ces paroles ». Et il y avait rassemblés auprès du Christ, sur la montagne Eléon, beaucoup de croyants, jusqu’à cinq cents âmes, ainsi que la Très Pure Mère de Sa Sainteté. En entendant ces paroles de la bouche de Sa Sainteté, ils furent très peinés et s’emplirent d’une amère lamentation et d’humilité. Certains pleuraient et versaient des larmes sur leurs visages ; d’autres tombaient aux pieds de Sa Sainteté et les étreignaient avec des larmes en les embrassant et en disant avec une profonde douleur : « pourquoi pars-Tu aussi vite de chez nous, notre doux Maître ? À qui nous laisses-Tu ainsi effrayés et pauvres, notre Père miséricordieux ? Pourquoi nous quittes-Tu et renonces-Tu à nous, Tes faibles brebis au milieu de loups ravisseurs et cruels, au milieu du peuple juif, ceux qui ne connurent pas Ta gloire, ni ne voulurent croire en Ton Nom ? » Mais notre Seigneur Jésus Christ consolait Ses disciples avec ces paroles en disant : « renoncez aux larmes et ne vous affligez point car Je ne Me séparerai pas de vous, mais Je serai avec vous pour toujours jusqu’à la fin de l’âge (Matthieu 28, 20). Je ne vous laisserai pas pauvres, mais Je vous enverrai un autre consolateur, l’Esprit Saint, que Mon Père a promis de vous donner ; car Mon Père vous a aimés, comme vous aussi vous M’avez aimé. C’est votre intérêt que Je parte car si Je ne pars pas, le consolateur, l’Esprit Saint, ne viendra pas vers vous. Mais si Je pars, Je vous L’enverrai d’auprès de Mon Père, l’Esprit Saint vrai consolateur, Qui procède du Père (Jean 15, 26). Et lorsqu’Il viendra, Il vous dirigera vers

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toute la vérité et vous révèlera le mystère de Ma venue sur terre et de Mon incarnation. Il vous enseignera toute la sagesse du ciel et vous dira les choses à venir. Celui-là changera en joie votre affliction et consolera vos pleurs ». Ayant dit ces paroles, Il S’éloigna un peu d’eux et élevant Ses mains, Il les bénit ; et ils se prosternèrent pour L’adorer avec humilité. Et voici qu’une nuée lumineuse L’enveloppa et Le déroba à leurs yeux. Lorsque Sa Sainteté monta au ciel, les Cieux se réjouirent de la venue de leur Créateur et ouvrirent leurs portes. Les armées des anges, remplies de crainte et de joie, sortirent à la rencontre de leur Seigneur, comme Celui Qui est Roi du ciel et de la terre, se prosternèrent et L’adorèrent. Par des chants et avec des voix angéliques, les chérubins et les séraphins L’accompagnaient en montant de la terre au ciel. L’Esprit Saint sortit pour L’accueillir avec joie en raison de la victoire de Sa Sainteté. Le Père céleste prit Son Fils dans Ses bras, là où Il était auparavant. Les Apôtres restèrent en bas et regardaient le ciel avec une grande tristesse, se frappaient la poitrine et versaient des larmes sur leurs visages. Alors ils comprirent qu’Il est Celui Qui fit le ciel et la terre et Qui vécut misérablement avec eux sur terre, comme un inconnu. Alors, ils se remplirent encore plus de tristesse et de douleur, se rappelant que beaucoup de fois ils avaient douté et n’avaient pas cru en Lui de tout leur cœur, et que beaucoup de fois ils s’étaient opposés à Lui, en paroles aussi. Dès lors, leurs cœurs et leurs âmes s’étaient remplies d’affliction et de tristesse. C’est pareil que lorsqu’un grand roi renonce à son emblème et aux parures royales et va dans la maison de l’un de ses serviteurs afin de passer dans sa maison quelques jours, sans que personne ne le connaisse et pour supporter toutes les abjections et les paroles de colère de son serviteur ; mais lorsque ce roi s’en va de la maison de son serviteur, si ce dernier apprend que le roi fut dans sa maison, comment ne serait-il pas saisi d’affliction et de chagrin, puisqu’il ne savait pas que c’était son roi et son seigneur, alors que de nombreuses fois il s’y était opposé et l’avait affligé ; de même les Apôtres, aussi longtemps que le Christ fut avec eux dans le monde, ils ne L’ont pas connu comme étant Dieu et Roi et souvent, malgré le fait qu’ils Le servaient, ils se querellaient et beaucoup de fois ils Le contrariaient, comme Pierre, les fils de Zébédée et d’autres (Matthieu 20, 20). Le Christ Seigneur supportait tout et ne Se souvenait pas de leur maladresse, mais les consolait avec la promesse de l’Esprit Saint et leur donna Sa bénédiction en allant au ciel. Et eux, en Le voyant S’en aller au ciel, ils Le reconnurent à cet instant comme étant Celui Qui est descendu du ciel sur la terre ; alors, ils soupiraient et pleuraient encore plus à cause de Son départ. Dieu, en voyant leur affliction et leur chagrin, leur envoya Ses anges, Michel et Gabriel, afin de les consoler de leur peine. C’est-à-dire que deux hommes vêtus de blanc se trouvèrent à leurs côtés (ainsi qu’il est écrit dans les Actes 1, 10 ; 11) et leur dirent : « hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel ? Ce Jésus Qui a été élevé au ciel d’auprès de vous, reviendra de la même manière pour juger le monde entouré de millions de saints anges ». Alors, lorsque les Apôtres levèrent leurs yeux pour regarder les anges, ils oublièrent leur peine en s’étonnant de la beauté de leurs visages et des vêtements qu’ils portaient et se prosternèrent devant eux ; mais ceux-là disparurent de devant eux.

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Les Apôtres retournèrent de la montagne qui s’appelle Eléon en grande joie et ils étaient constamment dans le Temple, dans le jeûne et assidus à la prière (comme il est à nouveau écrit aux Actes 1, 14) et ils attendaient l’heureuse promesse et la venue de l’Esprit Saint. C’est cette fête que nous, les chrétiens, célébrons ce jour. Aussi, grands et petits, hommes et femmes, soyez dans l’allégresse. Glorifions ce grand et merveilleux miracle. Louons ce mystère incompris. Comprenons ce qu’est la sagesse de Dieu ; comment Dieu, Celui Qui est d’avant les siècles, est venu S’incarner pour nous de la Sainte Vierge Marie, eut soif, eut faim, fut appelé samaritain et possédé, s’enfuit de devant les ennemis, fut bafoué tel un menteur, fut outragé comme un trompeur, fut giflé comme un esclave, fut puni comme un étranger, fut battu comme un coupable, fut craché dessus comme un renié, fut crucifié entre deux larrons comme un malfaiteur, fut enseveli comme un mort. Et tout cela, Il le supporta comme un homme parfait qu’Il était. Et pourquoi ? Pour notre salut, pour notre rédemption, pour sauver le genre humain de l’amer et ténébreux enfer. Aussi, aujourd’hui Il S’éleva de la terre au ciel comme un vainqueur et Il emmena avec Soi une multitude auprès de Son Père, c’est-à-dire les âmes qu’Il fit sortir des geôles de l’enfer. Considérons et retenons tout cela, pour ne pas Le chagriner nous aussi par des choses mauvaises. C’est suffisant d’avoir été insulté par Ses ennemis, les juifs ; au moins, nous qui nous appelons Ses esclaves et Ses serviteurs, ne L’insultons pas avec nos mauvaises actions. C’est assez d’avoir été raillé par les juifs, les infidèles à la Loi ; au moins nous, les chrétiens, ne Le bafouons pas avec nos méchancetés. Car si nous raillons le chrétien qui a la même foi que nous, si nous outrageons le pauvre, lorsque nous opprimerons le malheureux, lorsque nous chagrinerons le malade, c’est le Christ Lui-même que nous outragerons et nous attristerons ; car le Christ le dit ainsi : « celui qui fera un bien ou un mal quelconque à l’un de ces plus petits, c’est à Moi qu’il le fera, car ceux-là sont Mes frères » (Matthieu 25, 40). Dès lors, n’importe quel mal nous faisons à un chrétien, c’est au Christ que nous le faisons. Quelle utilité y a-t-il, mes frères, si nous honorons les riches et offensons et chagrinons les pauvres ? Dites-moi, qui sont ceux qui nous oppriment, les pauvres ou les riches ? Qui nous trainent devant les tribunaux, qui nous oppriment, qui nous offensent : les pauvres ou les riches ? Nous sommes toujours opprimés le plus par les riches (l’Apôtre Jacques 2, 6). Aussi, il convient de considérer plus les malheureux, les pauvres, les faibles ; aidons ceux-là dans leur besoin ; servons au travail de ceux-là ; faisons des dons à ceux-là ; prêtons à ceux-là, afin que Dieu soit honoré et glorifié, pour nos actions, car le Christ Lui-même dit (Jean 15, 8) : « c’est la gloire de Mon Père que vous portiez beaucoup de fruit et deveniez Mes disciples ». Par conséquent, efforçons-nous jour et nuit de Le glorifier par nos œuvres, de L’honorer par nos bonnes actions et notre peine, afin qu’Il nous rendre dignes du Royaume du ciel, du bien éternel, car à Lui convient la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

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AU 8/21 SEPTEMBRE

À LA NAISSANCE DE NOTRE TRÈS SAINTE, TOUTE BÉNIE ET TRÈS PURE VIERGE MARIE

Écoutez, mes frères bien-aimés, ce que dit la Sainte Écriture au sujet de la naissance de la Très Sainte et Très Pure Vierge.

En Palestine il y avait un homme appelé Joachim, et sa femme s’appelait Anne. Tous deux étaient bénis de Dieu pour les aumônes et autres bonnes actions. Ils étaient de parenté royale et n’avaient pas d’enfants. La coutume était à cette époque-là, que ceux qui n’avaient pas d’enfants fussent vilipendés de tous. Personne ne partageait de repas avec eux. Dans l’Église, ils s’asseyaient plus bas que tous et lorsqu’ils apportaient leur sacrifice à l’Église, celui-ci était reçu après celui de tous les autres.

Un jour où il y avait une importante fête chez les juifs, Joachim alla aussi à l’église avec Anne, et en raison de la grande ferveur qu’ils avaient envers Dieu, ils osèrent et donnèrent leur oblation au prêtre avant d’autres personnes. Le prêtre se mit très en colère et les admonesta avec des paroles dures. De grande honte, ils sortirent de l’Église et en chemin pour rentrer chez eux, Joachim se retourna vers sa femme Anne et lui dit : « Moi, je n’ai plus le cœur à rentrer dans ma maison, ni à rester vivant pour un seul jour encore, car nous sommes opprimés par Dieu et les hommes. Toi, vas à la maison, fais l’aumône autant que tu peux et cache-toi dans le jardin à prier Dieu. Moi, j’irai dans une montagne où je jeunerai et prierai Dieu, peut-être prendra-t-Il pitié et nous accordera des enfants ».

Se séparant l’un de l’autre, Anne alla à la maison, entra dans son jardin et là, elle pria Dieu avec des larmes en disant : « Seigneur Tout-Puissant, Qui par la Parole seule as créé le ciel et la terre et tout ce qui se voit, Celui Qui as dit à tes créatures de croître et de se multiplier, Celui Qui as béni Sara, la femme d’Abraham et qui à la vieillesse enfanta Isaac, et as gratifié Anne qui fut stérile, elle aussi, et qui enfanta Samuel le prophète, donne à moi aussi, Seigneur, du fruit à mes entrailles et ne me laisse pas être opprimée par les hommes et la risée de tous. Ce que j’enfanterai, soit fils, soit fille, je le consacrerai à Ta Sainteté, de tout cœur, et je le donnerai pour servir dans l’Église de Ta Sainteté ». Ceci disait Anne avec des larmes en priant Dieu.

Joachim, son époux, une fois allé dans la montagne, dit encore plus de choses, en pleurant lui-aussi et en priant Dieu, comme sa femme. Pour cela, Dieu, en voyant leurs larmes et leurs soupirs, envoya l’Archange Gabriel et celui-ci alla auprès de Joachim, dans la montagne où il se trouvait, et lui dit : « Réjouis-toi, Joachim, et sois dans l’allégresse, car je suis l’ange de Dieu. Je suis venu te dire que tu feras une vierge, qui enfantera dans sa virginité, le Roi du monde – Dieu. Donc renonce à ton accablement et à l’amertume de ton âme, et retourne joyeux chez toi, car Dieu a entendu ta prière ; seulement aie confiance en ma parole et remercie Dieu ». L’ange dit ces paroles à Joachim et aussitôt alla auprès d’Anne et lui répéta mot pour mot.

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Joachim, ayant entendu la parole de l’Archange Gabriel, rentra joyeux chez lui et il y trouva Anne joyeuse, à cause de la parole de l’ange. Après cela, au bout de neuf mois, Anne a enfanté une vierge de la semence de Joachim, son époux. Seul le Christ est né sans semence masculine, mais la Très Pure Vierge, comme tous les êtres humains, a été conçue et est née par l’action masculine.

A cette époque, les juifs avaient la coutume d’appeler les prêtres le huitième jour après la naissance, à un banquet offert par les parents de l’enfant qui donnaient un nom à l’enfant. Ainsi, suivant la coutume, Joachim invita les prêtres au festin le huitième jour en vue de donner un nom à sa fille. Et il l’a appelée Marie. Marie signifie « impératrice » et selon la tradition grecque, seule celle-ci va sauver tous les hommes des ruses du diable, qui n’aime le bien de personne.

C’est cette fête que nous célébrons aujourd’hui, mes bien-aimés chrétiens. C’est ce mystère que nous célébrons, nous glorifions et nous adorons la Très Pure Vierge. Nous louons également Joachim et Anne, les parents de la Très Sainte. Aussi, ne nous montrons pas ingrats et ne déshonorons pas cette sainte fête avec des ivrogneries, des gloutonneries, des débauches, des paroles mauvaises, mais laissons certains se soucier des repas abondants et des boissons, d’autres des grandes richesses et des avarices, d’autres des désirs et délices charnels. Et qui sont-ils ceux-là ? Ce sont les langues désobéissantes et dans l’erreur, qui ne savent pas ce qu’elles croient, ni ne connaissent Dieu, ni n’attendent résurrection et jugement, ni ne croient qu’elles recevront à chacune selon ses actes. Que certains comme ceux-ci se préoccupent de choses telles que celles-ci, mais nous qui croyons au véritable Dieu, que ces choses ne nous assaillent pas, mais prenons soin de notre âme pour l’illuminer, embellissons notre âme de bonnes actions et nourrissons-la de la parole de Dieu. Vivons en harmonie avec Dieu par de bonnes actions. Prenons soin de celles-ci et œuvrons à celles-ci. Si nous croyons en Dieu Qui les aime, et si nous attendons la résurrection, le jugement et la rétribution à chacun selon ses œuvres, alors pour cela nous devons faire les œuvres qui conviennent à notre foi ; n’ayons pas l’impression que nous allons être sauvés sans œuvres. De même que le feu ne peut pas brûler sans bois, ainsi la foi sans bonnes œuvres ne peut seule sauver l’homme. Ceci nous pouvons le connaître également à l’exemple de Joachim et Anne, les parents de la Très Pure Vierge, car pour le jeûne, la prière et la charité qu’ils faisaient, ils sont loués aujourd’hui de par le monde. Heureux ceux qui ont fait la charité aux pauvres, aux captifs, aux églises, car Dieu va leur faire miséricorde et va leur donner au Royaume des Cieux ce bien-là impérissable et sans déclin. La charité peut beaucoup auprès de Dieu, comme le dit également le sage Salomon : « La charité sauve l’âme de la mort ».

Laquelle est l’âme et laquelle est la mort ? L’âme est l’âme de chaque homme, soit homme, soit femme. Selon l’âme, l’homme n’est pas différent de la femme car leurs âmes ont une seule forme ; seulement, l’homme est supérieur à la femme, de la même manière que Dieu est supérieur à l’homme ; en cela, ils se différencient mais autrement, Dieu leur a donné une âme en une forme unique. La mort de l’âme signifie les peines. L’âme est immortelle et ne meurt jamais. Or, si l’âme venait à se trouver dans les peines, à quoi lui servirait-elle sa vie, si elle vit dans les peines ? Mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître, comme le dit aussi le Seigneur Jésus Christ.

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Concernant la charité, à nouveau le sage Salomon dit que celui qui fera la charité aux mains des pauvres, va la retrouver dans la main de Dieu, le Juste Juge. Et à nouveau il dit : « Qui fait la charité au pauvre prête à Yahvé Qui paiera le bienfait de retour ». Le Christ dit aussi dans le Saint Évangile qu’heureux sont les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde de la part Dieu et Il leur donnera le Royaume des Cieux.

Quant à la charité, apprends-nous, Seigneur, à ne pas la faire devant les hommes, si nous en avons la possibilité, mais en secret, pour que les hommes ne nous glorifient pas, car nous perdrions notre récompense. Mais si nous n’avions pas la possibilité de faire la charité en secret, faisons-là aussi devant les hommes, avec humilité et un cœur pur, si nous voulons recevoir une récompense de Dieu. Avec humilité, pour ne pas nous enorgueillir de faire soi-disant quelque chose d’important. Avec un cœur pur, pour ne pas regretter après avoir donné, ou réprimander le pauvre, ou se vanter auprès des hommes, car celui qui aime la louange des hommes, perd la récompense de Dieu. Pour celui qui désire recevoir la récompense de Dieu, il convient qu’il ne se montre pas mais qu’il se cache lui-même et que ses richesses ne soient pas montrées, et alors Dieu, Celui Qui connait les cœurs de tous, va le gratifier et ici, sur terre, de sorte qu’il sera gardé par Dieu et estimé des hommes et au-delà, dans le Royaume des Cieux. Ainsi enseigne le Christ Lui-Même, que celui qui fait la charité au pauvre, ici, va recevoir de la part de Dieu au centuple et là-bas, va obtenir la vie éternelle avec la joie sans fin. Que Dieu, pour Sa grande miséricorde, nous rende dignes de recevoir aussi ce bien dans le Royaume des Cieux ; qu’à Lui conviennent honneur et adoration, avec le Père et le Saint Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

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AU 21 NOVEMBRE / 4 DECEMBRE

À L’ENTRÉE DANS L’ÉGLISE

DE LA TRÈS PURE VIERGE, JEUNE ENFANT DE TROIS ANS, QUAND SES PARENTS L’Y ONT AMENÉE POUR LA CONSACRER À DIEU

Toutes les fêtes des saints sont saintes et utiles aux âmes, mais la fête de ce jour, celle

de notre Souveraine, la Très Pure Vierge, est plus sainte, plus utile et plus merveilleuse encore, car les saints s’appellent et sont serviteurs de Dieu alors que la Toute Sainte et Très Pure Vierge est la Mère de notre Seigneur Jésus Christ, Souveraine et Reine du monde entier.

Beaucoup de saints et de prophètes vécurent avant le Christ et confessèrent la parole de Dieu, mais personne ne les a écoutés ou crus. Mais même ceux-là, bien qu’ils fussent saints, n’allaient pas au Royaume des Cieux, car la voie du Paradis n’était pas ouverte, mais fermée par le péché d’Adam, et tous les hommes qui mouraient avant le Christ, allaient dans les peines. Parce que personne n’était libéré du péché d’Adam, le Créateur et Seigneur du monde a bien voulu venir et naître de la Sainte Vierge Marie et S’est incarné d’elle. Dans la mesure où Il est né d’elle par le Saint Esprit, sans semence masculine, celle-ci est et demeure pure après l’enfantement, ainsi qu’elle l’était avant d’avoir mis au monde le Christ.

Beaucoup de miracles furent accomplis depuis le commencement du monde, comme le disent les Saintes Écritures, mais le fait que Dieu soit né dans la chair de la Vierge Marie, dépasse incomparablement tous les miracles. Ni les anges, ni les archanges, ni autres puissances du ciel ne peuvent Le voir clairement, et la Vierge Marie a été Sa Mère. Le ciel et la terre ne peuvent Le contenir, mais Il a été contenu dans une petite Vierge. Ô miracle admirable et nouvelle terrifiante ! Dieu est et peut faire ce qu’Il veut. Est-ce qu’il y aurait seulement quelque chose qui soit impossible à Dieu ? Comme nous l’entendons encore aujourd’hui par rapport à ce que Dieu a fait et prescrit concernant Sa Mère, selon la Sainte Écriture.

Il y est dit que les parents de la Très Pure Vierge, Joachim et Anne, étaient des gens riches et ne pouvaient pas avoir d’enfants. Pour cela, ils prièrent Dieu de leur donner un enfant de leur propre chair, et que ce qui naîtrait d’eux, soit garçon, soit fille, ils l’offriraient à Dieu. Dieu entendit leur prière et ils mirent au monde Marie.

Lorsque celle-ci eut trois ans, ses parents se rappelèrent de leur serment envers Dieu. Aussitôt, ils réunirent leurs parents ainsi que les dignitaires de la cité et accompagnèrent la Très Pure Vierge, avec des lumières et des flambeaux, jusqu’à ce qu’ils la firent entrer dans l’Église. À cette époque, Zacharie, père de Saint Jean Baptiste, était grand prêtre. Voyant la Très Pure Vierge jeune enfant de trois ans seulement, il connut, en tant que prophète qu’il était, ce qui allait arriver et adressa à la Très Sainte ces paroles : « Réjouis-toi, Reine du monde et Souveraine du genre humain. Réjouis-toi, Très Sainte Génitrice de Dieu et Mère du

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Christ, Grand Roi. C’est toi que les prophètes proclamèrent et glorifièrent. Aujourd’hui, tout ce qu’ils ont prophétisé, est accompli. Aujourd’hui les âmes des prophètes se réjouissent en te voyant dans l’Église. Nos ancêtres, c’est toi qu’ils ont attendue, toi, salut de ceux qui sont dans les tourments. Les anges t’adoreront, les archanges t’honoreront et les hommes te glorifieront. Nos ancêtres, c’est en toi qu’ils mettent leur confiance pour être délivrés des mains du diable. Aussi, entre dans l’Église, là où se trouve le Saint des Saints, car tu es plus pure que moi. Moi, Souveraine, j’y entre seulement une fois par an, mais toi, Vierge, fais en ta résidence et attends là-bas de devenir la demeure ornée du Saint Esprit. Réjouis-toi et sois dans l’allégresse, car les anges vont te servir, en tant que Reine du monde entier ».

Ensuite, il se tourna vers ses parents et dit : « Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car vous avez été rendus dignes d’être les parents de cette jeune enfant. Vous avez surpassé nos parents et tous nos ancêtres. Vous allez être glorifiés non seulement par les hommes, mais aussi par les anges ». Alors, Anne, la mère de la Très Pure Vierge, dit à Zacharie : « Reçois notre fille et emmène-la demeurer dans un endroit pur, car elle est pure et consacrée à Dieu ». Zacharie l’emmena et la fit entrer dans le saint autel. La Très Pure Vierge y passa douze années. Dans cet endroit qui s’appelle le Saint des Saints, personne n’osait entrer, sauf le grand prêtre, et celui-ci seulement une fois l’an.

Pendant toutes ces années passées par la Très Pure Vierge là-bas, l’Archange Gabriel la nourrit avec des nourritures célestes. Ces nourritures ne produisirent aucun résidu et la Très Pure Vierge ne sortit jamais de cet endroit où elle passa douze années, en parlant et discutant avec les anges, jusqu’au jour où Joseph, son fiancé, l’emmena pour la garder dans sa maison et pour lui être gardien.

C’est cette fête que nous célébrons aujourd’hui, mes frères. Aussi, faisons également les œuvres qui conviennent à notre foi, que Dieu aime que nous fassions. Que personne ne dise qu’il se repentira à la vieillesse, car nul ne sait ce que t’apportent le jour et la nuit et dans quoi te trouve la mort. Pour les bonnes actions tu obtiendras la vie éternelle et la joie impérissable, mais pour les mauvaises actions tu recevras amertume et peines, lorsque Dieu jugera chacun selon ses œuvres, lorsque le fleuve de feu coulera et séparera les justes des pécheurs. Alors seront séparés le père du fils, la mère de la fille, le frère de la sœur et la sœur du frère. Alors les parents verront leurs fils dans les tourments et le fils y verra son père. Ceux qui se trouveront dans les peines verront les justes dans le Royaume des Cieux et leurs cœurs s’enflammeront, car les pécheurs verront les justes pour qu’ils ressentent de l’amertume, mais les justes ne verront pas les pécheurs pour qu’ils ne ressentent pas de dégoût. Tout comme, pendant la nuit, celui qui se trouve dans l’obscurité voit celui qui est dans la lumière, de la même manière les pécheurs des ténèbres extérieures verront les justes qui se trouveront dans cette grande lumière. Une grande malfaisance sera là-bas, mes frères ; une grande détresse, une grande affliction. Heureux ceux qui auront fait miséricorde aux pauvres, aux captifs, aux églises ; à eux, Dieu fera aussi miséricorde en cet instant-là. Pour cette raison, mes frères, préparons-nous à la mort, avec bonnes œuvres, avec prière, avec charité, avec confession, avec faim, avec soif, avec repentir de nos péchés. Avec ces œuvres nous serons sauvés des peines éternelles et obtiendrons le Royaume des Cieux, par la grâce et la miséricorde de notre

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Seigneur Jésus Christ, à Qui convient honneur, gloire et adoration, avec le Père et le Saint Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

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AU 25 MARS / 7 AVRIL

À L’ANNONCIATION DE NOTRE TRÈS SAINTE SOUVERAINE ET TRÈS PURE VIERGE MARIE

Aujourd’hui une clameur d’exultation est parvenue comme une voix de tonnerre à tous les peuples de la terre, le salut s’est montré dans les demeures des hommes pécheurs et la lumière a brillé sur ceux qui étaient dans les ténèbres. Grands et admirables faits se sont manifestés aujourd’hui dans le monde. Une extraordinaire nouvelle s’est fait entendre aujourd’hui, jamais entendue auparavant, selon laquelle Dieu invisible est venu demeurer dans le sein d’une Vierge, S’est vêtu d’un corps le tenant d’elle, S’est montré dans le monde et a vécu parmi les hommes, Lui Que beaucoup de rois et de prophètes de jadis ont désiré voir mais ne L’ont pas vu. Aussi, ce jour est-il plus glorifié que tous les jours de notre siècle, car aujourd’hui Dieu a cherché du ciel vers la terre, a entendu les soupirs de nos ancêtres qui étaient aux enfers et leur a envoyé un Sauveur, Son Fils unique, Qui les a sauvés, et nous aussi, de la mort éternelle et des tourments de l’enfer. Aujourd’hui le monde entier se réjouit, les anges sont dans l’allégresse pour notre salut et le Royaume des Cieux se prépare à recevoir les âmes des hommes. Aujourd’hui commença notre rédemption et le mystère caché depuis la fondation du monde fut révélé.

Le Roi Céleste envoya un messager devant Lui en la personne de l’Archange Gabriel, pour qu’il dise à la Très Pure Vierge Marie et lui annonce la venue du Roi. Le Père céleste dit : « Va, Gabriel, à Nazareth dans la région de Galilée où habitent la Vierge Marie et Joseph, et prépare une demeure ornée et digne de l’incarnation de Dieu. Va et n’effraie pas son âme car elle est une Vierge pure et innocente ».

Ayant entendu tout cela, Gabriel s’étonna de ce mystère, de ce qui arrivera et de comment il servira. Mais ayant confiance en Celui qui l’envoya, il ouvrit la porte, imperceptiblement, et dit à la Vierge : « Réjouis-toi et sois dans l’allégresse, toi qui as reçu la bonne grâce, Dieu avec toi. En vérité tu es comblée, car dans le monde il ne s’est pas trouvé une autre Vierge pareille à toi. C’est toi que Dieu a choisie et tu t’avéras une demeure pure et digne du Saint Esprit. C’est toi que les prophètes ont prophétisée et que les Écritures ont proclamée. En vérité tu es comblée, car en toi l’espérance de tout le genre humain a triomphé. Toutes les langues te glorifieront et tous les peuples de la terre rediront ton nom. Réjouis-toi et sois dans l’allégresse, celle qui est le témoignage des prophètes et la gloire de leur parole. Les anges t’adorent, les hommes t’honorent, les saints te glorifient. Réjouis-toi et sois dans l’allégresse, car c’est toi que les prophètes ont annoncée, pour toi ils ont prophétisé, pour toi ils ont été illuminés par l’Esprit Saint. C’est toi qu’Habaquq a vue telle une montagne avec ombre épaisse, car tu es couverte des dons de l’Esprit Saint. Daniel t’a vue comme une montagne, de laquelle a voulu naître sans semence masculine le roc, le Roi du monde. C’est toi que le juste Jacob a vue comme une échelle, par laquelle Dieu descendit du ciel sur la terre et les hommes montent de la terre au ciel. Donc, réjouis-toi, sois dans l’allégresse et exulte, car tu es élue par Dieu, parée par le Père céleste et louée par tous les peuples. Pour cela, Dieu

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voulant accomplir son dessein de jadis, faire miséricorde, à savoir racheter le genre humain de la servitude du diable, je suis envoyé te dire une bonne nouvelle, car Il descendra et habitera en toi. Et Celui Qui est né du Père avant tous les siècles, maintenant, par la suite, naîtra de toi avec un corps humain. Celui Qui est Dieu au ciel, sera homme sur terre. Là-bas Il est né du Père céleste sans mère, et ici-bas Il naîtra de toi sans père. Donc, réjouis-toi et sois dans l’allégresse, toi qui as reçu la bonne grâce, Dieu avec toi ».

Et Marie, ayant entendu de l’ange ces paroles, fut étonnée et se souvint d’Adam et Ève, de comment le serpent les a trompés pour en arriver à être chassés du Paradis, et se dit en elle-même : « Que peut signifier cette adoration ? » Et elle s’adressa à l’ange : « Je vois ton visage, que je n’ai jamais vu auparavant, et j’entends tes paroles, que je n’ai jamais entendues, et je ne sais pas comment je t’appellerai. Je dirais que tu es un homme, mais ton habit et ton langage ne sont pas de ce monde. Je dirais que tu es un ange, mais tu as l’apparence d’un homme, et je crains de me tromper comme le serpent a trompé Ève au Paradis, car tu me dis des choses grandes et merveilleuses dont je ne saisis pas qu’elles puissent exister. Tu dis : Dieu habitera en moi. Mais comment pourrait-Il avoir de la place dans une petite Vierge ? Car le monde entier ne peut Le contenir ; et comment naîtrait-Il de moi ? Car Celui-ci a créé le monde entier de rien. Je m’étonne et m’émerveille de ta manière de parler ».

Et l’ange lui dit : « Ne crains pas, Marie, et ne t’étonne pas de mon adoration, car tu as reçu beaucoup de grâce de Dieu. Ne t’étonne pas de la manière dont Dieu naîtra et prendra un corps de toi, car Celui Qui a fait des miracles autrefois, au point de faire jaillir de l’eau du rocher et d’assécher la mer, fera aussi ceci, car Il est Dieu et peut faire tout ce qu’Il veut. Donc ne crains pas, Marie ; à moi il convient de te craindre, car tu es plus vénérée que moi, car tu vas mettre au monde un Fils et tu l’appelleras Jésus. Celui-ci sera grand, s’appellera Fils de Dieu, héritera le trône de Son Père et Son Royaume n’aura pas de fin ».

Marie répondit et lui dit : « Comment mettre au monde un fils alors que je ne connais pas d’homme ? Beaucoup de miracles ont été accomplis beaucoup de fois, mais je n’ai jamais entendu qu’une vierge enfante sans homme ».

Et à nouveau l’ange lui dit : « Ne t’étonne pas, Marie, de la manière dont tu enfanteras tout en étant Vierge. N’as-tu pas entendu Isaïe le prophète dire : « Voici, la Vierge est enceinte, elle va enfanter un Fils » ? Mais de quelle manière, je ne peux pas te le dire, hormis précisément ceci, pour que tu te rappelles : le rameau d’Aaron comment a-t-il verdi alors qu’il était sec et n’avait pas été arrosé ? Les Tables de la Loi ancienne, comment furent-elles écrites sans la main de l’homme ? Sara, la femme d’Abraham, comment enfanta-t-elle tout en étant stérile et âgée ? Ta mère, Anne, comment t-a-elle mise au monde, alors qu’elle aussi était stérile ? Ne t’en étonne pas, car Dieu, Qui va naître, fera également ceci. Ce buisson que Moïse, le prophète, a vu embrasé dans le mont Sinaï, comment ne s’est-il pas consumé, mais restait vert ? De même, tu prendras à l’intérieur de toi le feu de la divinité et celui-ci ne te brûlera pas. L’Esprit Saint descendra sur toi et tu seras enceinte et la puissance du Très-Haut te couvrira de Son ombre, l’Esprit Saint Qui a illuminé les prophètes, l’Esprit Saint Qui t’a gardée jusqu’à présent Vierge, celui-là va demeurer en ton sein. Et si tu ne me crois pas, va chez Elisabeth, ta cousine, pour voir que cela fait six mois maintenant depuis qu’elle aussi est

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enceinte, alors qu’elle est stérile et âgée. Alors, il faut croire que tout ce que Dieu veut, Il peut le faire, et il n’y a rien qui soit impossible à Dieu. Le Fils de Dieu, je te dis que tu enfanteras. Et toi tu restes, t’étonnes et te demandes comment tu enfanteras ? Le Saint Esprit Qui accorde les dons, Qui fait les prophètes, Qui enseigne les maîtres, Qui rend sages les insensés, Qui éclaire les aveugles, Qui fait tout ce qu’Il veut, Celui-là accomplira aussi ton enfantement ».

La Vierge répondit et dit : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole. Je suis prête à faire la volonté de mon Seigneur. Je suis la servante de Dieu, je ne transgresserai pas Sa parole, ni enfreindrai Son enseignement. Qu’il advienne comme tu le dis. Que Sa grâce demeure en moi. Je suis prête à enfanter, car c’est pour cela que j’ai préparé mon âme et que j’ai gardé ma virginité. Qu’il m’advienne selon ta parole ».

Aussitôt que la Très Pure Vierge prononça ces paroles, l’ange la quitta.

C’est cette fête que nous célébrons aujourd’hui, mes bien-aimés chrétiens. Les anges s’en étonnent, les justes s’en réjouissent et les saints l’honorent. Ceci est le commencement du salut des hommes ; car c’est pour eux que Dieu est descendu du ciel, pour élever Adam et avec lui toute sa descendance, là d’où il a chuté. Il S’est montré humble, pour élever l’homme. Il S’est montré sans honneur, pour l’honorer. Il S’est montré sans gloire, pour le glorifier. Il S’est montré pauvre, pour l’enrichir. Il fut contenu dans le sein d’une femme Vierge, pour le sauver des entrailles de l’enfer. Il fut jeune enfant, pour renouveler Adam. Il fut porté sur les mains d’une femme, pour le faire sortir des mains du diable. Tout ceci Dieu l’a fait pour le salut des hommes.

Pour cela, ne soyons pas non plus ingrats. Ne souillons pas les jours saints avec des ivrogneries, des débauches, des paroles ordurières, des hypocrisies, des empoignades et d’autres comme celles-ci qui réjouissent le diable, lorsque nous les accomplissons ; mais avec gratitude, que nous célébrions avec la garde de la Sainte Église, avec charité envers les pauvres, avec bienveillance envers chaque chrétien, avec amour non seulement envers les amis, mais aussi envers ceux qui ne nous aiment pas, avec repentir des péchés, avec confession, avec humilité, avec un cœur brisé. Alors Dieu se tournera vers nous avec miséricorde, pardonnera nos péchés et Sa Très Glorieuse Mère nous conduira vers le Royaume éternel de son Fils et notre Dieu, où Il règne dans une puissance et une Divinité avec le Père et le Saint Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

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AU 15 / 28 AOÛT

POUR LA DORMITION DE LA TRÈS SAINTE ET TRÈS PURE VIERGE MARIE,

LA MÈRE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST

Toutes les fêtes des saints sont saintes et honorées et les chrétiens se réjouissent de toutes et sont dans l’allégresse, mais lors des fêtes royales nous nous réjouissons davantage. Car les fêtes royales ont, de fait, beaucoup de gloire, la dignité royale surpassant toute gloire et toute majesté, alors que la dignité des serviteurs possède moins de majesté. Il convient alors à chacun de célébrer et de se réjouir et de faire tout ce qui sied à la dignité royale.

C’est une fête comme celle-là et un jour comme celui-là que nous avons aujourd’hui. De qui ? De la Souveraine et Mère de Dieu, la Reine du ciel, la Mère du Roi immortel. Qui a déjà vu ou entendu qu’une Mère soit Vierge et qu’une Vierge soit mère ? Sa Sainteté a été à la Mère de notre Roi Jésus Christ, et dans le même temps, est restée Vierge pure, car elle plus sainte que tous les saints, plus honorée que tous les honorés, plus glorifiée que tous les glorifiés et plus merveilleuse que tous les merveilleux. Elle est la deuxième après la Sainte Trinité et la première de tous les mystères. Aussi, la fête de sa Sainteté de ce jour est l’accomplissement de toutes les fêtes ; car, de même que l’Annonciation constitue le commencement, cette fête représente l’accomplissement, puisque sa Sainteté aussi, la Très Pure Vierge, est à la fois, début et accomplissement du salut des hommes. Tant qu’elle est restée avec son corps sur terre, elle fut le commencement et la pointe du mystère divin ; et une fois qu’elle fut élevée de la terre, elle est devenue l’accomplissement du dessein de Dieu.

La Très Pure Vierge avait cinquante neuf ans, au moment où elle devait mourir ; et comment ? Ecoutez. – La Très Pure avait trois ans lorsque ses parents l’amenèrent à l’Église pour la consacrer à Dieu. Elle passa ensuite douze ans dans l’Église de Dieu. Et jusqu’à ce qu’elle ait mis au monde le Christ, il se passa encore une année. Elle vécut ensuite avec le Christ, son Fils, trente deux ans. Elle vécut aussi après cela onze ans.

Une fois parvenue à cet âge, l’Archange Gabriel vint portant dans les mains un rameau de palmier et lui dit : « Sache, ta Sainteté, Mère de Dieu, que le troisième jour à compter de ce jour tu seras élevée de la terre au ciel. Donc prépare-toi et prends les dispositions en vue de la mort, et attends ta dormition, car ton Fils viendra pour prendre ton âme ». Et lorsque la Très Pure Vierge entendit cela, elle se leva aussitôt et alla à la montagne Eléon, là d’où est monté au ciel son Fils. Les arbres de cette montagne se sont tous inclinés, pour adorer sa Sainteté ; et sa Sainteté la Très Pure Vierge a élevé ses mains vers le ciel, vers Dieu et priait ainsi : « Mon bien-aimé Fils, Qui es descendu du ciel sur la terre et as pris chair de mon sang, emmène-moi dans Ton Royaume. J’en ai assez de l’exil, de la distance qui me sépare de Toi, mon Fils. Ainsi que Tu l’as dit, fais de même. Tu as dit que là où Je serai, là aussi sera celui qui Me servira. Je dis de même : rends-moi digne de venir moi aussi là où Tu es, mon Fils bien-aimé, car mon cœur brûle de Ton manque ».

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La Très Pure Vierge prononça ces paroles et ensuite descendit de cette montagne et retourna chez elle, dans le village qui s’appelle Gethsémani.

L’Apôtre Pierre et Jean le Théologien étaient là, à proximité, et enseignaient la parole de Dieu, car ils y demeuraient encore, Pierre ayant une grande foi envers la Très Pure Vierge ; et Jean le Théologien était un fils de sa Sainteté. Aussi, ne s’éloignaient-ils pas afin de servir la Très Pure Vierge.

Et le troisième jour, à l’endroit où ils se trouvaient et enseignaient, soudainement, un nuage les saisit et les emmena à Gethsémani, dans la maison de la Très Pure Vierge ; de la même manière, tous les autres Apôtres ont été saisis par des nuages et emmenés auprès de la Très Pure Vierge. A cette époque il y avait aussi Saint Denys l'Aréopagite, le maître d’Eleuthère, et Jacques qui s’appelle le frère de Dieu. Eux aussi furent saisis par le nuage et tous furent rassemblés à Gethsémani.

La Très Pure Vierge se réjouit de les voir et dit : « Asseyez-vous, mes fils, pour que je vous fasse mes adieux, car aujourd’hui je m’en vais auprès de mon Fils bien-aimé, puisque l’Archange Gabriel, qui m’a apporté la nouvelle lors de la naissance de mon Fils, est venu cette fois-ci me donner ce rameau de palmier en me disant : « Réjouis-toi, Mère de Dieu, et sache que dans trois jours tu seras élevée de la terre au ciel ». Pour cela, je remercie mon Fils et mon Dieu car Il vous a tous rassemblés maintenant, au moment de ma fin, pour que je vous voie ».

Lorsque les Apôtres entendirent, ils se mirent tous à pleurer avec des larmes, et Jean répondit avec beaucoup de larmes et dit : « Souveraine, Mère de Dieu, ton Fils bien-aimé resta avec nous et Il fut notre consolation ; et une fois élevé au ciel, Il nous permit de te garder toi. Maintenant tu nous quittes aussi ? Sur terre, qui aurons-nous, les Apôtres, nous qui sommes insultés par toutes les langues, pour nous consoler dans nos épreuves et nous enseigner, si toi aussi, ta Sainteté, nous quittes ? »

Alors, la Très Pure Vierge dit aussi avec des larmes : « Ne vous attristez pas, mes fils, et n’ayez pas d’amertume pour ma dormition, car même si je serai élevée de la terre, ô ! amis de mon Fils, je ne me séparerai pas de vous, ni de tous ceux qui m’invoqueront, mais je serai l’intercesseur et l’interlocutrice de mon Fils pour tous les chrétiens ; seulement ne pleurez pas, mais cherchez à m’enterrer telle que vous me voyez et que vous m’avez trouvée ».

L’Apôtre Paul, en larmes, prit également la parole et dit à la Très Pure Vierge : « Souveraine, Mère de Dieu, moi, je n’ai pas vu sur terre, dans Son corps, ton bien-aimé Fils, le Seigneur Christ, mais en voyant ta Sainteté, j’ai considéré que je voyais Sa Sainteté. Maintenant, ta Sainteté, tu me quittes. Mais qui me consolera dans mes tribulations ? Qui aurai-je comme secours et consolateur dans les amertumes que j’endure pour le témoignage de l’Évangile ? »

La Très Pure Vierge répondit en disant : « Paul, l’ami de mon Fils bien-aimé, que ma grâce te console, toi ainsi que tous les Disciples ».

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De trop de larmes, Pierre à peine put-il ouvrir la bouche pour dire à la Très Pure Vierge : « Nous savons, Souveraine, Mère de Dieu, qu’en vérité tu t’en iras de chez nous au ciel. Donc, au moins, laisse nous quelque parole et consolation de la bouche de ta Sainteté, pour que nous, tes serviteurs, on s’en souvienne ».

La Très Pure Vierge leur dit : « Mes chers fils, écoutez une petite parole d’enseignement de ma bouche, parce que vous le demandez et appréciez. Vous voyez, mes fils, ce monde est comme un négoce, et Dieu est comme un roi, et vous êtes ses serviteurs, en tant que négociants. Donc, que je vous le montre en parabole. – Il y avait un roi grand et puissant et il avait deux serviteurs. Apprenant qu’à un certain endroit une grande foire avait lieu, avec des affaires juteuses, il appela ses serviteurs et leur dit : « Prenez beaucoup d’avoirs et allez à cet endroit là, où est rassemblée la foire, faites y des affaires, et revenez au bout d’un mois ; et celui qui y restera plus d’un mois, payera avec sa tête même ». Donc, en emportant des richesses, les deux serviteurs s’en allèrent. L’un d’eux, fou et méchant qu’il était, n’acheta pas de choses que le roi appréciait afin de rentrer rapidement, mais il acheta des maisons, des tonnelles et des domaines, toutes choses dont le roi n’avait pas besoin et qui ne lui rapportaient pas d’intérêts. Jusqu’à ce que ce serviteur arrange les maisons, les tonnelles et les domaines il se passa trois quatre mois et plus. Tandis que l’autre serviteur, sage qu’il était, acheta des pierres précieuses et ce dont le roi avait besoin, et retourna auprès de ce dernier. Le roi l’honora et le loua, car il s’est montré fidèle ; et concernant l’autre, il donna ordre et lui trancha la tête comme à un ennemi du roi. Ainsi êtes-vous tous, les Apôtres. Mon Fils vous a envoyés dans le monde, tels des négociants, pour obtenir les âmes des hommes trompés. Donc, celui d’entre vous, mes fils, qui s’avèrera être l’ami de mon Fils, son Maître, celui-là sera honoré dans Son Royaume ; et à ceux qui n’agiront pas selon la volonté de votre Maître, vous-mêmes savez ce qui vous arrivera. Pour cela, mes fils, veillez à témoigner, illuminer et redresser le monde égaré, pourvu que vous le gagniez d’une façon ou d’une autre pour l’amener dans le Royaume de mon Fils. Ne craignez pas les rois, qui ont pouvoir seulement de blesser le corps mais n’ont aucun pouvoir sur l’âme. Et moi, bien que je m’en aille dans le Royaume de mon Fils, je serai avec vous toujours, pour vous réconforter et vous consoler dans vos tribulations ».

Ainsi parla la Très Pure Vierge et aussitôt, sa Sainteté ferma les yeux et dit d’une voix forte : « Mon Fils, entre Tes mains je remets mon esprit ». Et ainsi elle s’endormit alors que son Fils prit sa sainte âme entre Ses mains et que les Apôtres prirent son saint corps pour l’emmener dans la tombe – certains portaient le corps, d’autres marchaient en chantant et en louant.

Mais les juifs, comme des envieux qu’ils ont toujours été, en entendant les chants des anges et des Apôtres et en voyant autant de gloire, se sont concertés pour aller renverser le cercueil avec le corps de la Très Pure Vierge, et ils se sont tous mis en route afin de s’introduire au milieu des Apôtres. Mais tout d’un coup ils devinrent aveugles au point qu’ils ne se voyaient pas entre eux. Et l’un d’entre eux, plus audacieux, s’avança et saisit le cercueil mais l’ange de Dieu lui coupa invisiblement les mains. Alors, ayant reconnu le miracle, les juifs se ravisèrent et se prosternant devant les Apôtres, ils demandèrent d’être guéris. Les

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Apôtres, en voyant qu’ils se sont ravisés, ont pris le rameau de palmier et l’ont mis sur les mains de celui qui était coupé, et avec l’aide de Dieu ils ont été tous guéris.

Une fois arrivés près du tombeau, ils ont posé le corps afin que tous demandent pardon. Alors, tous commencèrent les uns envers les autres à glorifier la Très Pure Vierge et à honorer sa Sainteté. Tous les Hiérarques et les Apôtres prononcèrent des paroles de louage lors de l’enterrement de la Très Pure Vierge, paroles que non seulement aux hommes mais également aux anges il est difficile d’adresser.

Pour mémoire, citons un peu et brièvement leurs paroles : « Ô grande merveille ! A-t-on jamais vu ou entendu ce que nous, les hommes, voyons maintenant ? – La Reine de tous, comment gît-elle sans âme ! La Mère de la vie, comment gît-elle morte ! Tu es, Vierge, la prophétie des prophètes, tu es notre témoignage. Devant toi se prosternent les anges, les hommes t’honorent, les saints te magnifient. Donc, réjouis-toi et sois dans l’allégresse ! Dieu avec toi et pour toi, avec nous ! Avec Gabriel nous te magnifions, avec les anges nous te glorifions, avec les prophètes nous te louons. Car c’est toi que les prophètes ont prophétisée, pour toi ils ont été illuminés par l’Esprit Saint, pour toi ils ont tous témoigné. Habaquq t’a vue telle une montagne avec ombre épaisse, car tu es couverte par l’Esprit Saint. Daniel t’a vue comme un roc, duquel, sans semence masculine, est né le puissant Roi, notre Seigneur Jésus Christ. C’est toi que le juste Jacob a vue comme une échelle, par laquelle Dieu descendit du ciel sur la terre et les hommes montent de la terre au ciel, et par laquelle, ta Sainteté, montes maintenant avant nous. Réjouis-toi, Vierge, car Gédéon t’a vue en tant que rosée. David, vierge et fille et reine. Isaïe te proclame mère de Dieu. Ézéchiel, porte scellée. Et tous les prophètes c’est toi qu’ils ont prophétisée. Mais nous, comment, Vierge, t’appellerons-nous ? Nous t’appellerons Paradis, car tu fis pousser la fleur immarcescible, le Seigneur Christ, qui parfuma les âmes des hommes. Nous t’appellerons Vierge, car, sans semence masculine, tu enfantas notre Seigneur Jésus Christ ; car avant la naissance et pendant la naissance et après la naissance, tu es Vierge. Nous t’appellerons mère, car en vérité tu enfantas le Roi de tous, le Christ. Nous t’appellerons ciel, car tu fis briller le soleil de justice, notre Seigneur Jésus Christ. Donc réjouis-toi, Vierge, et vas dans le repos de ton Fils. Vas sur les parvis bien-aimés, vas retrouver la place qui te fut préparée, et souviens-toi, Souveraine Mère de Dieu, de tout ton peuple ; car nous et ta Sainteté, Vierge, nous tenons de la même race d’Adam. Aussi, intercède ; aussi, prie ton Fils que tu baignas, langeas et persuadas de nous soutenir dans notre témoignage et ensuite, de nous rendre dignes d’obtenir aussi notre espérance. Vas, Vierge, de la terre au ciel ; de ces choses corrompues dans celles incorruptibles ; des afflictions de ce monde dans la joie du Royaume des Cieux. Vas, Vierge, dans la lumière du ciel, dans les chants des anges, dans les louanges des saints. Vas, Vierge, auprès de ton Fils, dans Son Royaume, dans Sa puissance. Anges chantez, prophètes louez, archanges magnifiez la Mère du Roi céleste, le chandelier de la Lumière ; celle qui est plus haute que le ciel et plus pure que le soleil, la médiatrice des chrétiens, la bienfaitrice du genre humain ».

Avec des paroles de louange semblables, les Apôtres ont accompagné le corps de sa Sainteté, la Très Pure Vierge, lui demandèrent tous pardon et l’enterrèrent dans la tombe, préparée à l’avance. Ensuite, les Apôtres restèrent pendant trois jours et trois nuits à veiller autour de la tombe de la Très Pure Vierge.

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Mais l’Apôtre Thomas, selon la volonté de Dieu, ne s’y trouvait pas, de même qu’il ne fut pas présent lors de la Résurrection du Seigneur Christ. Au bout de trois jours, il fut lui aussi saisi par le nuage qui l’emmena jusqu’à la tombe de la Très Pure Vierge, qui l’accueillit au-dessus de la tombe de sa Sainteté, tout en s’élevant au ciel avec son corps. L’ayant aperçue, il s’écria : « Très Pure Vierge, où vas-tu ? » Et la Très Pure Vierge lui dit : « Reçois ceci » ; et elle enleva la ceinture qu’elle portait, pour la lui donner. Après cela, il ne vit plus la Très Pure Vierge.

Il s’en alla donc et trouva les Apôtres assis et gardant la tombe ; il s’assit avec eux et commença à pleurer, car il ne s’était pas trouvé là-bas pour voir lui aussi la dormition de la Très Pure Vierge et il dit : « Nous sommes tous les Disciples d’un seul Maître, nous témoignons tous un même témoignage, nous sommes tous les serviteurs d’un seul Seigneur ; mais pourquoi avez-vous été jugés dignes de voir la dormition de la Très Pure Vierge et moi, je ne le fus pas ? Ou peut-être ne suis-je pas aussi un Apôtre ? Ou peut-être Dieu n’accueille-Il pas mon témoignage, comme le vôtre ? Je vous prie au moins de m’ouvrir la tombe pour voir le corps sans vie de sa Sainteté. Au moins maintenant, vers la fin, que je le vénère et que je demande le pardon ». Et les Apôtres obéirent à Thomas et ouvrirent la tombe, pour voir le corps de la Très Pure Vierge mais ils n’y trouvèrent rien. Car le corps de la Très Pure Vierge était passé de la corruption à la vie incorruptible, à l’instar du corps de notre Seigneur Jésus Christ, avec lequel Il est monté au ciel ; de même que les corps de tous les hommes que les justes recevront lors de la deuxième venue de notre Seigneur Christ, ainsi le corps de sa Sainteté, la Très Pure Vierge, fut changé avant ceux de tous les autres et elle est ressuscitée avec celui avec lequel sa Sainteté est montée au ciel, auprès de son Fils, afin de prier pour tous les chrétiens gardant la foi droite.

Cette fête nous fêtons ce jour, chrétiens bénis ; ces festivités nous célébrons, mais non pas avec des choses mauvaises et diaboliques, mais avec des remerciements, des prières, un cœur pur, afin d’avoir de l’audace et de l’espérance envers la Très Pure Vierge. Prions et disons : « Souveraine Dame, Reine et gloire des chrétiens, plus haute que le ciel et plus pure que le soleil, Vierge et Mère du Fils de Dieu, espérance des pécheurs et refuge des affligés, penche-toi sur tes fidèles, vois ton troupeau. Nous sommes les brebis de ton troupeau ; défends-nous, protège-nous des loups invisibles, des diables ; car tu es notre aide, notre médiatrice et intercesseur auprès de ton Fils, en toi nous avons mis tout notre espoir. Nous sommes pécheurs, nous courrons sous ta protection, ne nous éloigne pas avec colère. Sois attentive, Vierge, à nos accablements, vois nos épreuves et les maux qui nous assaillent. Prie ton Fils, que tu mis au monde, allaitas et langeas, afin qu’Il fasse miséricorde, et nous prenne en pitié et pardonne nos péchés ; - afin de passer, ici-bas une vie sans tempêtes, sans scandale et sans péché, et au-delà, afin qu’Il nous juge dignes du Royaume des Cieux – que nous l’obtenions tous, pour le Christ notre Dieu, à Qui convient la gloire, l’honneur, l’adoration et grande magnificence dans les siècles des siècles. Amen ».