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République du Congo Brazzaville chiffres clés Superficie en milliers de km 2 : 342 • Population en milliers (2005) : 3 999 • PIB par habitant, valorisation dollars PPA (2005) : 1 298 • Espérance de vie (2000-2005) : 51.9 • Taux d’analphabétisme (2005) : 14.2 Perspectives économiques en Afrique 2005-2006 www.oecd.org/dev/publications/perspectivesafricaines

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République du Congo

Brazzaville

chiffres clés• Superficie en milliers de km2 : 342• Population en milliers (2005) : 3 999• PIB par habitant, valorisation

dollars PPA (2005) : 1 298• Espérance de vie (2000-2005) : 51.9• Taux d’analphabétisme (2005) : 14.2

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http://dx.doi.org/10.1787/533100706807

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APRÈS PLUS D’UNE DÉCENNIE d’instabilité politiqueet de conflits armés sporadiques, la reconstruction sepoursuit au Congo. Les dégâts causés par la guerrecivile, qui a ravagé la capitale Brazzaville et la régiondu Pool à plusieurs reprises entre 1997 et 2003, sonténormes et vont s’ajouter aux conséquences néfastesd’une mauvaise gestion des ressources publiquespendant de nombreuses années. Le bilan, après ladernière explosion de violence en 2003, est celui d’unpays appauvri, très endetté, et dont le développementéconomique est lourdement entravé par l’inadéqua-tion et la vétusté de toutes ses infrastructures, ainsique par un déficit important de capacités.

Toutefois, une opportunité sans précédent se pré-sente aujourd’hui. Pays pétrolier parmi les plusanciens en Afrique, le Congo bénéficie d’une

conjoncture économique très favorable du fait de lahausse du prix international du brut, à l’origine d’uneaugmentation spectaculaire des recettes de l’État en2005. Le niveau élevé des prix a donné un nouvelélan aux investissementsdans le secteur. À cela s’a-joute la découverte de nou-velles réserves, qui laissecroire que la production depétrole augmentera encoreen 2006.

De plus, compte tenu des progrès réalisés enterme de transparence dans la gestion des revenus dupétrole, les relations entre le Congo et les bailleurs defonds se sont considérablement améliorées : à la finde l’année 2004, à la suite de la signature d’un pro-

Le prix élevé du pétrole ainsi que l’accès à l’initiative PPTEouvrent une phase favorable pour l’économie congolaise, qui demeure toutefois fragile.

gramme au titre de la FRPC (Facilité pour la réduc-tion de la pauvreté et pour la croissance) avec le FMI(Fonds monétaire international), les bailleurs duClub de Paris ont procédé à l’annulation d’une bonnepartie de la dette congolaise, ramenant le ratio

dette/PIB de plus de 240 pour cent en 2003 à moinsde 150 pour cent à la fin de 2004. L’accès à l’initia-tive PPTE, prévu initialement pour la fin de l’année2005, mais repoussé au début de 2006, laisse espérerque des ressources supplémentaires pourront être

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■ Afrique ■ Congo

Taux de croissance du PIB réel (en pourcentage) PIB par habitant (dollars PPA)

Figure 1 - Taux de croissance du PIB en volume et PIB par habitant(dollars PPA à prix courants)

Source : Données du FMI ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).

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disponibles au cours des prochaines années. Un desobjectifs prioritaires du gouvernement pour 2005 aété de rétablir la crédibilité financière de l’État, encohérence avec les engagements pris avec la commu-nauté des bailleurs, et en particulier avec le FMI. Unepartie importante des ressources supplémentaires aainsi été consacrée au paiement des arriérés de la detteextérieure et, depuis décembre 2004, à un début d’a-purement de la dette sociale (arriérés de salaires) etcommerciale (arriérés vis-à-vis des fournisseurs del’État), qui s’est poursuivi en octobre et décembre2005.

Le Congo dispose donc aujourd’hui de tous lesmoyens, en termes de ressources financières et de res-sources naturelles, pour réussir l’assainissement de sesfinances publiques et la reconstruction de son tissusocio-économique. Le pays doit, toutefois, relevertrois défis qui pèsent sur l’avenir du pays.Premièrement, la réduction de la dette reste condi-tionnée par la finalisation et l’exécution rigoureusedu DSRP (Document stratégique de réduction de lapauvreté), notamment dans les secteurs prioritaires(santé, éducation). Or, si des progrès importants sontobservés dans le contrôle des recettes, en particulierpétrolières, beaucoup reste à faire en terme de gestiondes dépenses. Le report du point de décision, prévu àl’origine à la fin de 2005, témoigne de la difficulté duprocessus. Deuxièmement, l’économie du Congoreste très fortement dépendante du secteur pétrolier,ce qui la fragilise puisque on prévoit déjà, pour 2007,une baisse de la production. Troisièmement, la stabi-lité sociopolitique demeure extrêmement précaire :les divisions à l’intérieur du pays existent toujours, etle mécontentement social de la population grandit,alimenté par l’attente des « retombées de la mannepétrolière » qui tardent à se manifester pour la majo-rité.

En général, l’économie congolaise a crû de façonsatisfaisante en 2005, avec une production pétrolièreen hausse par rapport à 2004 (12.5 pour cent) et uneproduction hors pétrole en augmentation (4.2 pourcent), malgré une baisse dans le secteur forestier. Pourl’ensemble de l’économie, le taux de croissance, qui aété de 3.6 pour cent en 2004, devrait se situer à 8.4

pour cent en 2005, pour redescendre à 5 pour centen 2006 et à 2.8 pour cent en 2007, en raison de labaisse naturelle de la production des champs pétro-liers.

Développements économiquesrécents

L’économie congolaise reste très peu diversifiée etfortement dépendante du pétrole. Depuis 1973, avecla mise en exploitation du gisement Émeraude par lasociété Elf, le secteur pétrolier constitue la base detoute l’économie. En 2004, il représentait 55 pourcent du PIB et 95 pour cent des exportations. Laproduction pétrolière congolaise, qui figure parmi lesplus anciennes du continent, s’effectue surtout enoffshore. Les plus importants opérateurs présents surle territoire sont Total, Eni et Zetah.

La contribution du secteur à la croissance de2004 a été limitée, la hausse de la production atten-due étant revue à la baisse. En effet, avec une pro-duction de 82 millions de barils, l’augmentation parrapport à 2003 a été d’à peine 0.4 pour cent. Enrevanche, la bonne performance du gisement souter-rain de Mboundi, dont les effets positifs étaient déjàattendus pour 2004, a contribué à un accroissementde la production totale de 12.5 pour cent en 2005.Toutefois en décembre, la production était estimée à92 millions de barils, toujours inférieure d’environ 3 millions de barils aux prévisions pour l’année.

La production devrait augmenter considérable-ment en 2006, grâce à l’ouverture de nouveaux gise-ments et au nouvel élan que la hausse du prix du bruta donné aux investissements dans le secteur. Lessociétés pétrolières ont ainsi effectué de nombreuxfinancements dans le domaine de la recherche et del’exploration. On peut citer le forage en mer très pro-fonde par Total, Eni et Murphy grâce au recours à desnouvelles technologies, la campagne sismique sur lechamp Mboundi et l’exploration sur le permis de laNoumbi par Zetah, l’exploration d’un troisième puitspar Chevron sur le prospect K/AIMI (ou zone d’inté-rêt commun entre le Congo et l’Angola). Les inves-

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tissements se sont également dirigés vers le dévelop-pement (Total1, Zetah et Eni) et l’exploitation. Deplus, ils tendent à accroître la production et limiter le

déclin naturel des anciens champs. De ce fait, l’aug-mentation prévue pour 2006 devrait se situer, selonles autorités, autour de 15 pour cent.

Services marchands

Administration

BTP

Mines et industries

Commerce, hôtels et restaurantsHydrocarbures

Gaz, électricité et eau

SylvicultureAgriculture, élevage et pêche

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Figure 2 - Ventilation sectorielle du PIB en 2004 (en pourcentage)

Source : Estimations des auteurs sur la base des données des autorités locales.

0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5

PIB aux coûts des facteurs

Gaz, électricité et eau

Services marchands

Administration

BTP

Commerce, hôtels et restaurants

Mines et industries

Agriculture, élevage et pêche

Sylviculture

Hydrocarbures

■ Volume

Figure 3 - Contributions à la croissance du PIB en 2004 (en pourcentage)

Source : Estimations des auteurs sur la base des données des autorités locales.

1. Total a notamment démarré les travaux de développement du champ Moho Bilondo, dont l’entrée en production devrait intervenir en

2008.

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L’année 2005 a été cruciale pour la réforme dusecteur pétrolier. Parallèlement à la mise en place desinstances relatives à l’EITI (Initiative pour la transpa-rence des industries extractives), la SNPC (Sociéténationale des pétroles du Congo) a subi une profon-de restructuration, dans le sens d’un recentrage de sesactivités en amont de la filière pétrole. Au cours del’année, deux sociétés distinctes ont été créées : laSociété nationale de recherche et d’exploration pétro-lière (Sonarep) (créée à la suite de la liquidation deCongorep), chargée des activités d’exploitation etrecherche, qui devrait commencer ses activités deproduction en 2006, et la Congolaise de trading(Cotrade), chargée de la commercialisation du brut.L’aval (la distribution du produit raffiné), autrefoisgéré en partie par Hydrocongo – société aujourd’huien cours de liquidation –, est entièrement pris encharge par un consortium privé.

Premier produit non pétrolier et deuxième à l’ex-portation, le bois représente une ressource importantepour l’économie du pays, notamment en raison de sacapacité à créer de l’emploi. La production forestière,après une forte expansion entre 2001 et 2003, connaîtun ralentissement sensible depuis 2004 (0.3 pour centde croissance), notamment à cause du recul de la pro-duction de grumes (-2 pour cent). Celui-ci a été com-pensé, en partie seulement, par l’augmentation de laproduction de bois semi-œuvrés (+10 pour cent). En2004, le secteur du bois représentait à peine 1 pourcent du PIB, et sa contribution à la croissance avaittrès légèrement diminuée par rapport à 2003. Cettetendance a empiré en 2005, avec une diminution de10 pour cent de la production de bois, concernant àla fois les grumes (-3.4 pour cent) et les bois semi-œuvrés (-34 pour cent). De plus, la production derondins d’eucalyptus, interrompue en 2004 à causedes difficultés rencontrées par la société qui en détientle monopole (actuellement en cours de privatisation),n’a pas redémarré comme prévu en 2005.

Cette contre-performance s’explique par plusieursfacteurs. D’abord, le délabrement des infrastructuresde transport dans le pays rend très difficile l’achemi-nement des produits vers le port de Pointe Noire. Dece fait, les entreprises, situées principalement dans le

nord, évacuent leur production par les routes came-rounaises vers le port de Douala. Cette opérationentraîne un surcoût de transport, car la distance estplus grande et le prix du carburant plus élevé auCameroun qu’au Congo – où il est subventionné.

Ensuite, le secteur a vu la pression fiscale s’accen-tuer depuis la mise en application du code forestierde 2003, qui prévoit l’alignement sur le taux d’impo-sition commun de la Cemac (Communauté écono-mique et monétaire d’Afrique centrale). Cette haussefiscale se révèle problématique en raison des gouletsd’étranglement dont souffre le secteur, et a amenéplusieurs entreprises, détentrices de nouveaux permisd’exploitation, à ne pas démarrer la production. Lecode prévoit en outre que, à partir de 2005, les entre-prises devront assurer la transformation de 85 pourcent de la production sur le territoire congolais etn’exporter, au plus, que 15 pour cent de grumes.L’objectif est de promouvoir la création d’emplois etd’améliorer la gestion de l’écosystème forestier. Letaux de réalisation ayant été de 49 pour cent pour2005, le différentiel est sujet à une taxation supplé-mentaire. Or, certaines entreprises ont préféré pro-duire moins plutôt que de subir une nouvelle fiscali-té et, de ce fait, la production a connu un ralentisse-ment ultérieur.

Après le bois, l’industrie du sucre représente unpotentiel important pour l’économie congolaise, sur-tout en termes d’emplois. Peu compétitive sur le planinternational, la production est destinée au marchéintérieur plutôt qu’à l’exportation. Mais ce potentielreste largement inutilisé puisqu’il n’existe pas, notam-ment, d’exploitation de sucre transformé dans le sec-teur secondaire. La production demeure le monopo-le d’une seule entreprise, la Société agricole des raffi-neries industrielles du sucre (Saris-Congo). En 2004,grâce à l’augmentation des surfaces d’exploitationobtenue dans le cadre de la politique décennale derelance agricole (soutenue par la FAO), la productionavait augmenté de 8.2 pour cent, passant de 59.4 milliers de tonnes à 64.3 milliers de tonnes.Toutefois, une baisse sensible de 4.8 pour cent estsurvenue en 2005, principalement à cause des diffi-cultés d’approvisionnement en engrais et dans la

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Tableau 1 - Composantes de la demande (en pourcentage du PIB)

Source : Données du FMI ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).

1997 2002 2003 2004 2005(e) 2006(p) 2007(p)

Formation brute de capital 22.2 23.3 25.7 24.2 19.0 18.6 20.4Publique 3.4 8.6 6.5 7.0 5.7 5.7 6.5Privée 18.8 14.7 19.2 17.2 13.3 12.9 13.9

Consommation finale 62.3 50.0 48.7 48.6 37.4 36.6 39.3Publique 20.9 18.4 17.0 16.0 12.3 12.2 13.3Privée 41.4 31.6 31.7 32.6 25.1 24.4 26.0

Solde extérieur 15.5 26.7 25.6 27.2 43.6 44.8 40.3Exportations 75.6 80.7 79.3 84.5 87.8 86.3 83.5Importations -60.2 -54.0 -53.7 -57.3 -44.2 -41.5 -43.2

fourniture du marché de Brazzaville, liées au manqued’infrastructures de transport.

Au total, le secteur agroalimentaire, délaissé pen-dant de nombreuses années par les politiquespubliques, se développe largement en dessous de sespotentialités. Dans un pays dont le climat et la quali-té de la terre sont particulièrement favorables à l’ex-ploitation agricole, il représentait à peine 5 pour centdu PIB en 2004. Cette situation prévaut égalementdans l’agriculture vivrière, expliquant l’existence et lapérennisation de poches d’insécurité alimentaire. Àcet égard, le PNSA (Programme national de sécuritéalimentaire), mené avec le soutien actif de la FAO,devrait être lancé dès l’année 2006, en cohérence avecla priorité au développement du secteur agricole défi-nie dans le DSRP intérimaire.

Dans le secteur secondaire, le BTP (bâtiment ettravaux publics) a connu une croissance importante,conséquence, notamment, des nombreuses initiativesde réhabilitation et de construction des infrastructuresde base. Dans le cadre de la politique de « municipa-lisation accélérée », de nombreux investissementspublics sont réalisés chaque année dans une localitédifférente (Pointe Noire en 2004, Impfondo en 2005),à l’occasion de l’organisation décentralisée de la fêtenationale du 15 août. Mais, au-delà des retombéesimmédiates en termes d’emploi et de demande, l’im-pact à long terme reste incertain, notamment parceque les questions de la bonne insertion des projets dansles plans de développement locaux, de la maintenanceet de l’entretien des équipements restent posées.

Dans les services, comme dans l’agriculture, lesecteur informel domine largement. Une enquêteréalisée en 2003 à Brazzaville montre qu’il est majo-ritaire dans le commerce, les services de restaurationet le bâtiment. Comme la contribution du secteur desservices à la croissance a augmenté depuis 2004, onpeut conclure que l’informel en est son véritablemoteur. Cette contribution s’explique par le fait quele commerce et la restauration ont bénéficié de la pro-gression des revenus et des retombées de manifesta-tions politiques et sportives à Brazzaville et à PointeNoire. En 2005, les secteurs des transports et des télé-communications ont également bénéficié des nou-veaux investissements réalisés par le port autonomede Pointe Noire, le CFCO (Chemin de fer Congo-Océan) et les sociétés de téléphonie mobile, entraî-nant un accroissement des services offerts. Les servi-ces non marchands pourraient également augmenter,du fait des investissements dans les secteurs sociaux.

Le secteur pétrolier est redevenu un importantmoteur de croissance en 2005, après le ralentissementimportant de 2003. Alors que la contribution du sec-teur du bois connaît une baisse significative, le sec-teur secondaire est surtout tiré par le dynamisme destravaux publics et des investissements privés, notam-ment dans le secteur pétrolier.

Ces développements des divers secteurs ontcontribué à augmenter le revenu par tête de la popu-lation, et à dynamiser de façon considérable laconsommation privée, en augmentation réelle de 5 pour cent par rapport à 2004. La croissance en

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2005 a également été renforcée par l’améliorationimportante des termes de l’échange, qui se poursuitdepuis 2004. Raison de ce progrès : l’augmentationdu prix du pétrole et des bois tropicaux, ainsi quel’appréciation de l’euro par rapport au dollar. Enconséquence, le solde de la balance commerciale et,plus généralement, le solde global de la balance despaiements, s’est amélioré.

Bien que l’exercice 2005 se soit conclu par unexcédent budgétaire spectaculaire, cette situation nes’est pas traduite par une pression négative sur lademande ; le surplus des recettes sur les dépensess’explique, en effet, en large partie par une forte aug-mentation des revenus du pétrole, et non par unediminution des dépenses. Ces tendances devraient sepoursuivre en 2006 et 2007.

En ce qui concerne la composition de la demande,étant donné la forte contribution positive de lademande extérieure, la part des investissements et dela consommation intérieure diminue en terme depourcentage du PIB. Cette tendance devrait se pour-suivre en 2006, en prévision de l’augmentation de laproduction pétrolière, puis s’inverser en 2007, avec unregain important des autres composantes intérieures.

Politique macro-économique

Politique budgétaire

Le Congo appartient à la Cemac, qui fait partiede la zone franc. La politique monétaire étant com-mune à l’ensemble des membres, le pays s’est doncengagé à respecter une certaine discipline budgétaireainsi que les critères de convergence. En 2005, lacroissance au Congo a été probablement la plus rapi-de de la région, après celle du Tchad. Contrairementà 2004, année où seul le critère de convergenceconcernant le déficit budgétaire a été respecté, l’infla-tion est restée, en 2005, en dessous des 3 pour centdéfinis communautairement, en dépit de pressionsinflationnistes consécutives à la hausse du prix dupétrole. Cette année, pour la première fois, le pays arespecté le critère de non-accumulation d’arriérés

(intérieurs et extérieurs). En revanche, il n’a pu hono-rer celui concernant le stock de dette publique parrapport au PIB, encore largement supérieur à 70 pour cent.

Depuis le lancement du programme « NouvelleEspérance » à la fin 2002, la gestion des financespubliques s’est considérablement améliorée, grâceaux marges de manœuvre dégagées par l’augmenta-tion du prix du pétrole et une gestion plus rigoureu-se des recettes pétrolières. La poursuite des réformesstructurelles a eu un effet bénéfique sur l’ensemble dusystème des recettes.

Bien que le Congo soit le pays qui ait le tauxd’imposition le plus élevé de la Cemac (44 pour centdu PIB en 2005) dans la région, les revenus restenttrès faibles hors secteur pétrolier (6.7 pour cent duPIB en 2005). Celui-ci a représenté 70 pour cent desrecettes totales en moyenne, sur la période1997/2003. Face à cette dépendance, source de vul-nérabilité, le gouvernement poursuit, depuisquelques années, l’objectif de renforcer le système desrecettes qui, depuis 1997, augmentent régulièrement.À l’exception, cependant, de 1998 et 2003, qui ontvu la reprise des hostilités et de la mauvaise perfor-mance de l’industrie pétrolière.

En 2004, l’augmentation des recettes totales a étéde 21 pour cent par rapport à 2003, avec un taux deréalisation de 96 pour cent. Les recettes pétrolièresont crû de 25.8 pour cent, et les recettes non pétro-lières de 14 pour cent. Cette amélioration s’expliquepar une série de réformes structurelles qui, bien quemises en œuvre progressivement, ont déjà commencéà assainir le système.

Par ailleurs, même s’il reste le moins taxéd’Afrique centrale, le secteur forestier a connu unehausse des taux d’imposition, passant de 4.5 pourcent de la valeur FOB en 2002 à 8 pour cent en2003, contribuant ainsi de façon significative à cerésultat. Aucune augmentation n’a eu lieu en 2004,mais l’objectif, à moyen terme, est l’alignement sur letaux d’imposition de la Cemac, se situant dans lafourchette de 15 pour cent à 17 pour cent de la

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valeur FOB. De plus, des mesures d’assainissementdu secteur des douanes ont permis une augmentationdes recettes douanières de 14.4 pour cent. Le résul-tat le plus spectaculaire a été obtenu dans les servicesadministratifs : à la suite d’un arrêté conjoint desministères en charge des différents services, touterecette doit désormais se diriger dans les caisses duTrésor public avant d’être redistribuée aux ministères.Cette opération a permis de nettement améliorer lecontrôle des revenus et a amené à une augmentationde 97.2 pour cent des recettes de services.

Du côté des dépenses, les progrès dans la gestionrestent limités et la situation fragile. Le gouverne-ment du Congo a accumulé d’importants déficits parle passé, causés par un excédent des dépenses sur lesrecettes, qui ont été à l’origine de l’accumulationd’arriérés. Pour limiter ces dépenses et financer lesprojets de reconstruction des infrastructures, le gou-vernement a comprimé les salaires, bloqués depuis1994 (après une réduction de 12 à 25 pour cent).Leur part dans le PIB a décliné, de 9 pour cent en1998 à 5.8 pour cent en 2003, et à 4.2 en 2005. Lesdépenses courantes restent ainsi largement insuffisan-tes par rapport aux besoins du pays.

En 2004, ces dernières ont crû de 5.7 pour centpar rapport à l’année précédente, avec une augmen-tation de la masse salariale de 2.2 pour cent (résul-tante de nouveaux recrutements dans les secteurs de

l’éducation et de la santé) et de 2.6 pour cent pourles autres dépenses courantes. Quant aux dépensesd’investissement, après la diminution de 2003, ellesont augmenté de 19 pour cent en 2004, et leur tauxde réalisation, sur financement interne, a été de 93pour cent. Les investissements publics réalisés ontbénéficié principalement aux travaux publics, en par-ticulier aux infrastructures.

Malgré cet accroissement des dépenses totales,l’exercice 2004 s’est conclu par un solde primaireexcédentaire, confirmant la tendance positive suiviepar le pays. Mais celle-ci s’explique uniquement parl’accroissement des revenus du pétrole. Le solde pri-maire hors pétrole reste structurellement très négatif,reflétant la dépendance persistante de l’économie vis-à-vis du secteur pétrolier. Le solde global affiche éga-lement depuis 2003 un signe positif, avec un excé-dent important en 2004. Cela a permis au Congo decommencer à régler sa dette extérieure et de régulari-ser sa position à l’égard des bailleurs de fonds publics.

Cette tendance positive s’est poursuivie en 2005,grâce à l’augmentation spectaculaire des recettespétrolières, qui compense largement le faible accrois-sement des dépenses liées à la masse salariale (5.8 pour cent) et aux dépenses en capital (autour de20 pour cent). Au contraire, les recettes non pétro-lières, bien qu’en hausse de 3.5 pour cent, sont res-tées inférieures aux prévisions. Un excédent de

Tableau 2 - Opérations financières de l’État (en pourcentage du PIB)

a. . Seuls les principaux postes de recettes et de dépenses sont détaillés.Source : Données du FMI ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).

1997 2002 2003 2004 2005(e) 2006(p) 2007(p)

Recettes totales (avec dons)a 28.6 27.4 29.6 32.5 39.3 39.1 37.8Recettes fiscales 5.8 7.7 8.6 8.7 6.7 6.5 6.7Recettes pétrolières 22.7 19.5 20.6 23.5 32.4 32.2 30.8

Dépenses totales (et prêts nets)a 37.5 35.5 29.2 28.6 19.9 18.8 20.6Dépenses courantes 34.1 26.8 22.6 21.6 14.2 13.1 14.1

Sans les intérêts 20.9 18.4 17.0 16.0 12.1 11.9 13.0Salaires 7.7 5.7 5.8 5.4 4.2 4.2 4.6Paiements d'intérêts 9.2 3.7 2.4 2.4 1.8 1.8 1.9

Intérêts sur la dette publique 13.1 8.4 5.6 5.6 2.1 1.2 1.1Dépenses en capital 3.4 8.6 6.5 7.0 5.7 5.7 6.5

Solde primaire 4.2 0.3 6.0 9.5 21.6 21.4 18.3Solde global -8.9 -8.1 0.4 3.9 19.4 20.2 17.2

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351.2 milliards de francs CFA non budgété, équiva-lant à une augmentation de 69 pour cent par rapportà 2004, ainsi qu’une série de dépenses non program-mées ont amené le gouvernement, contrairement àl’année précédente, à convoquer un collectif budgé-taire rectificatif pour d’octobre 2005, et à rédiger unenouvelle loi des finances.

En conclusion, l’exercice 2005 s’est achevé avec unexcédent budgétaire (base engagements, hors dons) deprès de 600 milliards de francs CFA, équivalant à19.4 pour cent du PIB. L’année précédente, l’excé-dent avait atteint près de 100 milliards, correspon-dant à 3.9 pour cent du PIB. Comme pour 2004, eten accord avec le FMI, le surplus des recettes a été «stérilisé », c’est-à-dire alloué prioritairement au finan-cement de la dette intérieure et extérieure.

La gestion des recettes pétrolières continue de s’a-méliorer dans le pays. L’adhésion du Congo à l’EITI(Initiative pour la transparence des industries extrac-tives) prévoit la certification des recettes, l’audit régu-lier de la SNPC et de la Congolaise de raffinage(Coraf ), ainsi qu’un rapport semestriel au gouverne-ment de la part de chaque entreprise pétrolière opé-rant sur le territoire. De plus, depuis 2003, la SNPCn’a plus le droit de contracter de dette ni d’effectuerdes paiements au nom du gouvernement ; elle a aussil’obligation de transférer au Trésor public les recettesobtenues dans un délai maximum de huit jours.

Même si l’amont du secteur pétrolier a été remar-quablement assaini, l’aval préoccupe encore.L’utilisation du surplus pétrolier non budgété pro-voque de vives polémiques au sein du parlement et dela société civile. Déjà, en 2004, la non-convocationdu collectif budgétaire avait été fortement contestée,même si l’ancien ministre des Finances avait avancédes explications sur l’utilisation de l’excédent de136.3 milliards de francs CFA destiné à combler l’é-cart entre recettes et dépenses et apurer les arriérés dela dette externe et interne. En 2005, le surplus estbien plus important, et les débats sur son usage deplus en plus houleux. Le gouvernement est notam-ment interpellé sur sa décision de ne pas consacrerune partie de cet excédent à l’augmentation des salai-

res des fonctionnaires, bloqués depuis 1994. Cettesituation est à l’origine de nouvelles tensions socialeset d’un mécontentement généralisé.

Concernant le volet des dépenses, ce sont lesinvestissements qui soulèvent le plus de questionsquant à leur transparence et leur exécution effective.La communauté des bailleurs, en particulier, s’inter-roge : 2005 aurait dû être la première année d’appli-cation du DSRP intérimaire avec une augmentationimportante des dépenses courantes et d’investisse-ment dans les secteurs sociaux. Mais, bien que l’exé-cution du budget 2005 ait affiché fin septembre untaux de réalisation proche de 100 pour cent pour lesinvestissements sur fonds propres, les retombées posi-tives attendues dans les secteurs ciblés tardent à semanifester. Cette situation soulève des doutes sur lacapacité du gouvernement à exécuter rigoureusementle DSRP, une fois celui-ci finalisé. Surtout si l’onconsidère son caractère beaucoup plus détaillé que laversion intérimaire.

Le budget 2006, défini conjointement avec leFMI, reflète les priorités déjà énoncées dans le budget2005, et contenues dans le DSRP intérimaire : àsavoir la lutte contre la pauvreté et la concentrationdes dépenses dans les secteurs sociaux. Comme pourle budget 2005, les hypothèses de base retenues pourles projections des ressources de l’État en 2006 restentprudentes, en raison de la forte volatilité du prix dupétrole. Le prix annuel moyen de référence par baril sesitue entre 56 et 60 dollars, diminué d’un facteur deprudence et de la décote normale attribuée au brutcongolais. Ces hypothèses laissent augurer d’une haus-se des recettes et des dépenses. En reflétant les priori-tés du DSRP intérimaire, une augmentation nomina-le de 30 pour cent des dépenses en capital est prévue.Le point de décision fut atteint en mars 2006, maisl’exécution rigoureuse du budget 2006, ainsi que larédaction du DSRP final seront essentiels pour attein-dre le point d’achèvement, dont la date dépendra del’évaluation positive de l’exécution du DSRP final.

Au cours des années, le Congo a accumulé unedette intérieure importante, dont l’encours total, à lafin de l’année 2004, était de 531 milliards de

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francs CFA, c’est-à-dire 13 pour cent du stock totalde dette, et 21 pour cent du PIB. Les retombéespositives de l’augmentation de la production pétro-lière, conjuguées à celle des prix du pétrole, ont per-mis au pays de commencer à s’attaquer au problème,considéré comme prioritaire par le FMI. De plus, en2004, la Banque mondiale a prévu d’accorder auCongo une subvention d’appui structurel de 30 millions de dollars, afin de faciliter la mise enplace d’une stratégie de traitement de cette dette.

La dette intérieure comprend la dette sociale (lesarriérés de vingt-quatre mois de salaires des fonction-naires, pensions et droits des employés des entreprisesliquidées) et la dette envers les agents économiques,notamment les fournisseurs de l’État. Bien que ladécision de commencer à l’apurer ait été prise endécembre 2003, le paiement des arriérés a seulementdébuté en décembre 2004, une fois l’authentificationde la dette sociale achevée par la Caisse congolaised’amortissement. Chaque mois de paiement d’arrié-rés coûte à l’État environ 10 milliards de francs CFA.La dette commerciale, elle, devrait faire l’objet d’unplan d’apurement rédigé et approuvé à la fin 2005.L’audit de cette composante de la dette intérieureétant achevé, sa mise en place pourrait être imminen-te. Les dettes inférieures à 10 millions de francs CFAseront entièrement payées. Au contraire, celles supé-rieures à ce montant seront soumises à une décote,allant de 25 à 66 pour cent, selon le délai de paie-ment choisi par le créancier.

Politique monétaire

La bonne performance macro-économique a éga-lement entraîné une consolidation de la situationmonétaire en 2005. Trois impacts différents ont étéenregistrés : l’amélioration de la position extérieure(les avoirs extérieurs nets ont progressé de 550.7pour cent) s’est traduite par une augmentationimportante des réserves officielles ; les créances net-tes de l’État ont fortement diminué (-116.9 pourcent), assainissant significativement la trésorerie ; lescrédits à l’économie ont augmenté de 6.9 pour cent,dans un contexte de surliquidité bancaire. Sanscompter que la masse monétaire a augmenté de 24.7

pour cent par rapport à 2004. Malgré les pressionsinflationnistes engendrées par la hausse du prix dupétrole et par l’augmentation de la consommationdes ménages, le taux d’inflation est resté modéré, sesituant à 2.9 pour cent, inférieur à 2004 (3.6 pourcent). À l’origine, la baisse des prix des produits ali-mentaires. Le taux d’inflation devrait rester identiqueen 2006, pour baisser en 2007, se positionnantautour de 2.4 pour cent.

Position extérieure

Les exportations du Congo concernent surtout lepétrole qui représentait, en 2005, 94.2 pour cent deleur valeur et faisait du pays le quatrième producteurd’or noir en Afrique subsaharienne. Ses principauxclients sont les États-Unis et la Chine. Cette dernièreest récemment devenue le premier partenaire com-mercial importateur de pétrole. Le principal fournis-seur en produits importés est la France.

Le volume des exportations de brut, qui avaitsuivi une tendance négative jusqu’en 2004, est passéde 10.6 millions de tonnes à 12.3 millions de ton-nes en 2005, soit une augmentation de 16 pour cent.Les exportations pour 2006 sont également envisa-gées à la hausse, avec une augmentation de produc-tion prévue. Au contraire, les exportations de pro-duits pétroliers raffinés, axés principalement sur lefuel lourd, continuent de baisser depuis 2003,notamment à cause des difficultés rencontrées par laCoraf. Mais elles augmentent en valeur en raison durenchérissement du prix du pétrole. Malgré tout,même le volume des exportations devrait remonteren 2006.

Après avoir augmenté de 13 pour cent entre2003 et 2004, le volume des exportations de bois adiminué en 2005, notamment celui des grumes (-22 pour cent), en raison de la baisse de la produc-tion. Grâce à l’utilisation des stocks, les exportationsde rondins d’eucalyptus ont doublé par rapport à2004, après la chute de 2003 causée par l’interrup-tion de la production. Cependant, le vrai redémarra-ge des exportations est attendu pour 2006, grâce à lareprise de la production.

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Au total, en 2005, les exportations hors pétroleauront été très inférieures aux attentes, constituant àpeine 4.6 pour cent du total des exportations, contre8.2 pour cent en 2004. Le solde commercial pourl’année se confirme néanmoins très positif, en aug-mentation de 40 pour cent par rapport à 2004. Cebon résultat est dû à la hausse de 53.2 pour cent desexportations totales, même si, de leur côté, les impor-tations ont augmenté de 56 pour cent. De ce fait, lesolde du compte courant s’améliorera sensiblement,en poursuivant une tendance bien consolidée, malgréune détérioration importante de la balance des servi-ces et des revenus. Le solde global de la balance despaiements passe ainsi d’un déficit de 90.9 milliardsde francs CFA en 2004 à un excédent de 157.9 milliards en 2005.

La situation de l’endettement du Congo en 2004s’est donc nettement améliorée, dictée par une attitu-de plus favorable des créanciers étrangers bilatéraux etmultilatéraux. Les évolutions récentes ont permis aupays de sortir d’une situation insoutenable, qui enfaisait l’un des États des plus endettés au monde. Celaa été possible grâce à l’approbation, en décembre2004, de la FRPC, qui a rouvert les discussions entrele Congo et la communauté des bailleurs. Le succèsdes programmes récents conclus avec le FMI (et laBanque mondiale dès 2001), ont aussi donné unnouvel élan aux relations avec les bailleurs, qui s’estconcrétisé, en 2004, lors d’une réunion des créanciersdu Club de Paris, et d’une table ronde organisée parla Banque mondiale. C’est à cette occasion que desfacilités financières ont été accordées au pays, tou-jours conditionnées aux bons rapports avec le FMI.Pour pouvoir accéder à l’annulation et au rééchelon-

nement des arrières prévus (1.57 milliard de dollarsannulés et 1.45 milliard rééchelonnés), le Congos’est engagé sur trois points : d’abord, ne pluscontracter de dettes gagées sur le pétrole, en assurantque les anciennes sont en voie d’apurement ; ensui-te, garantir le service régulier de la dette bilatéralenon rééchelonnable ; enfin, trouver une solutionrapide et satisfaisante aux questions des arriérés, enprofitant des nouveaux revenus du pétrole.

Le ratio dette publique/PIB a fait ainsi l’objetd’une réduction spectaculaire, passant de 243 pourcent en 2003 à 148.6 pour cent en 2004, et à 104.4pour cent en 2005. L’endettement public du pays à lafin de 2004 s’élevait à 3 945 milliards de francsCFA, dont 86.5 pour cent pour la dette extérieure.L’évolution positive de l’endettement du pays a sur-tout concerné les arriérés accumulés : ils sont en effetpassés de 70 pour cent du total de la dette extérieureà la fin 2003, à 52 pour cent à la fin 2004. La com-position de la dette a été également modifiée dans lesens d’une diminution importante des créances duClub de Paris, qui passent de 58 pour cent du totalen 2003, à 47.6 pour cent en 2004. D’autres orga-nismes multilatéraux en détiennent 7 pour cent. Ladette privée (dette bancaire, fonds spéculatifs, dettegagée et créanciers divers) constitue désormais 38 pour cent du total, mais reste problématiquepuisqu’elle n’est ni rééchelonnable ni sujette à annu-lation. Un tiers de cette dette concerne des créanciersen litige (pour cause d’arriérés de paiement), qui ontgagné en justice la possibilité d’acquérir des actifs dupays. De plus, une partie de la dette commercialeconcernent les avances sur la production future depétrole (dette gagée), pratique engagée dans le passé

Tableau 3 - Comptes courants (en pourcentage du PIB)

Source : Données du FMI ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).

1997 2002 2003 2004 2005(e) 2006(p) 2007(p)

Balance commerciale 43.4 51.1 50.2 53.4 63.4 63.4 59.9Exportations de biens (f.o.b.) 71.3 74.5 72.9 78.2 83.3 82.1 79.2Importations de biens (f.o.b.) -27.9 -23.4 -22.7 -24.8 -19.9 -18.7 -19.3

Services -27.9 -24.4 -24.6 -26.2Revenu des facteurs -28.5 -27.1 -24.8 -25.1Transferts courants 0.1 0.1 0.2 0.2

Solde des comptes courants -12.9 -0.3 1.0 2.3

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et arrêtée depuis 2003, dans le cadre de la condition-nalité des programmes soutenus par le FMI.

Des nouvelles mesures d’allégement de la dette res-tent conditionnées à l’accès au point de décision dansle cadre de l’initiative PPTE, initialement prévu pourdécembre 2005 et repoussé en 2006, à la suite des pres-sions exercées par la société civile pour améliorer latransparence dans la gestion des revenus du pétrole.L’accès à l’initiative affecterait considérablement l’évo-lution de la dette extérieure. Une telle décision entraî-nerait, en effet, l’annulation de près de 70 pour cent lela dette extérieure du pays, les créanciers du Club deParis s’étant engagés à annuler 90 pour cent de la dette(selon les « termes de Cologne ») dès que la républiquedu Congo aura atteint le point d’achèvement.

Questions structurelles

Développements récents

En ayant concentré ses efforts sur les réformesstructurelles en matière de transparence et de bonnegestion des finances publiques, le gouvernement a

quelque peu négligé les questions telles que le proces-sus de privatisation et l’amélioration de l’environne-ment des affaires. Seul le secteur de la productionhydroélectrique, avec la réalisation des travaux dubarrage d’Imboulou, a connu certaines avancées.Pour 2006, le gouvernement prévoit la privatisationde la Coraf (raffinerie).

Le processus de privatisation, entamé en 1987avec l’appui de la Banque mondiale, se poursuit auCongo, bien que très lentement. À la veille du pre-mier conflit de 1991, déjà un tiers des entreprisespubliques était passé aux mains des opérateurs privés.Ce démarrage prometteur a subi un coup d’arrêt àcause des guerres civiles, et n’a repris qu’en 2002, avecla liquidation (pas totalement terminée)d’Hydrocongo, l’entreprise chargée d’assurer la distri-bution et la commercialisation de carburant.L’industrie sucrière nationale a été vendue à un grou-pe français (la Somdia) et l’hôtel Mvoumvou a étérepris par une société congolaise. Mais des entreprisesclés restent encore à privatiser pour permettre le déve-loppement économique du pays et la lutte contre lapauvreté, celles dans les services publics – électricité,eau et transport ferroviaire. La situation reste bloquée

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■ Dette/RNB Service/Exportations

Figure 4 - Part de l’encours de la dette extérieure dans le RNBet ratio du service de la dette sur les exportations (en pourcentage)

Source : Banque mondiale et FMI.

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au stade des appels d’offres. Les opérateurs privésdemandent, en effet, que les infrastructures existantessoient remises en état de fonctionner avant la cession.Une réhabilitation qui n’a jamais été réalisée faute deressources. En mai 2005, un programme d’urgence aété mis en place par la Banque mondiale afin derelancer la privatisation des sociétés d’eau et d’électri-cité sur de nouvelles bases. Le processus a toutefoisété retardé à cause du remaniement ministériel dudébut de l’année. Si bien que les privatisations de laSNDE (Société nationale de distribution de l’eau) etde la SNE (Société nationale d’électricité) sont aumême stade qu’en 2004.

Le gouvernement a récemment annulé le décretattribuant la propriété de la SNDE à la britanniqueBiwater, qui proposait une augmentation non pro-grammée du prix du mètre cube d’eau. Le processusest bloqué depuis lors.

Un milliard de francs CFA a par ailleurs étédéployé en faveur de la SNE pour installer de nou-veaux compteurs de la consommation d’électricité àBrazzaville. Depuis la guerre civile, les consomma-teurs privés payaient un forfait mensuel de 15 000francs CFA, quelle que soit leur consommation. Celaa engendré d’importantes pertes pour la SNE, déjà endifficulté à cause du délabrement des ses implanta-tions. Depuis septembre 2005, avec le début de l’ins-tallation des compteurs, les consommateurs sont cen-sés payer proportionnellement à leur consommation.Le gouvernement a ainsi pu se conformer aux indica-tions du FMI en diminuant les subventions octroyéesà la SNE, et en commençant à assainir la société.Toutefois, aucune différenciation tarifaire n’a étémise en place pour les plus démunis, ce qui risque depénaliser la partie la plus pauvre de la populationpour l’accès aux services.

En dépit de son potentiel hydroélectrique hors ducommun, l’approvisionnement en électricité auCongo est largement inadéquat pour couvrir desbesoins de consommation d’environ 125 MW.Aujourd’hui, le pays dispose de deux barrages hydro-électriques, Moukoukoulou et Djoué, aux capacitésinstallées de 74 et 15 MW, ce qui ne représente que

3.5 pour cent du potentiel exploitable, et entre 44et 47 pour cent de leurs capacités respectives. De lamême manière, la centrale à gaz de Djéno, avec 25 MW installés, n’utilise que 37 pour cent de sespotentialités. La production des installations ne suffitdonc pas à satisfaire la demande intérieure. Avec,pour conséquence, une distribution inefficace du ser-vice à la population, aggravée par la vétusté desinfrastructures de la SNE, et une dépendance impor-tante vis-à-vis des importations en provenance deKinshasa. Bien que la production nationale ait légè-rement augmenté par rapport à 2004, les importa-tions ont suivi la même tendance. De plus, la haussedu prix du pétrole a eu pour effet d’augmenter sensi-blement le prix de l’électricité importée. Les paie-ments envers la SNEL (Société nationale d’électrici-té) de Kinshasa n’en ont été que plus difficiles, etexplique en partie le maintien des subventions à laSNE.

Dans ce contexte, l’accès aux services reste extrê-mement inégalitaire, en particulier entre zones urbai-nes, où le nombre d’abonnés est de plus de 95 000,et zones rurales, où il est d’à peine 5 300. Des mesu-res pourraient cependant améliorer l’accès à l’électri-cité, voire rendre le pays autosuffisant : la privatisa-tion de la SNE, l’entrée en activité des lignes THT(très haute tension) associées au nouveau barraged’Imboulou (dont la capacité installée serait de 120MW) prévue pour 2009, ou encore la réalisation dela centrale thermique de Brazzaville, d’une puissancede 32 MW. Par ailleurs, deux autres projets de barra-ges hydroélectriques sont en cours d’élaboration, Li Ouesso et Sounda, dans l’extrême nord et au suddu pays.

Le processus de privatisation connaît aussi des blo-cages dans le secteur des télécommunications, fauted’un plan social permettant d’absorber le coût des trèsnombreux licenciements qui ont suivi la dissolutionde l’ONPT (Office national des postes et télécommu-nications) et son partage en deux sociétés : Sotelco(Société des télécommunications du Congo, S.A.)dont le capital appartient à 100 pour cent à l’État, enattendant l’ouverture du capital, et Sopeco (Sociétédes postes et de l’épargne) qui reste publique. Un

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bilan d’ouverture ainsi qu’un audit organisationnelont été commandités pour Sotelco, dont le manage-ment a été à l’origine d’importantes suppressionsd’emplois. Le manque de détermination du gouverne-ment à faire face aux coûts sociaux engendrés par lesdifférentes privatisations, en termes de licenciementset d’indemnisations, semble être une des raisons duralentissement général du processus.

Le secteur financier, le premier à être entièrementrestructuré et privatisé, a connu des difficultés néces-sitant une nouveau réaménagement. Deux banquessont à l’origine de la crise : la Congolaise de banque,et la Compagnies financière des participations(Cofipa) qui a dû faire l’objet d’une recapitalisationpar l’État, au terme d’une négociation avec le FMIpour l’octroi de subventions publiques. À la suite àcette péripétie, qui a provoqué une nouvelle privati-sation, un accord a été conclu entre les banques, enjuin 2005, prévoyant l’échange systématique defichiers concernant les créances douteuses. Une nou-velle banque, la Banque de l’habitat, au capital prin-cipalement tunisien mais dont une partie demeurepublique, devrait ouvrir ses portes en 2006, portant àcinq le nombre des banques dans le pays. On peut yajouter la fédération des Mutuelles congolaises d’é-pargne et de crédit (Mucodec, dans le secteur de lamicrofinance).

Le développement du secteur privé, quant à lui,reste entravé par un environnement des affaires enco-re très détérioré. Cela en raison de l’effet d’évictiondu secteur pétrolier à l’encontre des autres secteursd’activité et d’un manque généralisé de transparencedans la gestion des affaires. On notera le recours quasisystématique au gré à gré dans la passation des mar-chés publics, entériné de facto par la Commission desmarchés depuis la fin de la guerre. Cette pratiqueoffre de nombreuses opportunités de surfacturationou détournement. Les appels d’offres officiels nedeviennent la règle que pour les opérations de plus de500 millions de francs CFA, et sont contrôlés par dela délégation générale des grands travaux. Le systèmejudiciaire est souvent défaillant, et la corruption resteperçue comme endémique. En 2005 par exemple,l’association de lutte contre la corruption

Transparency International a classé le Congo au 130e

rang sur 158. C’est dans ce contexte que la Cour descomptes et de discipline budgétaire, créée par laConstitution et approuvée en 2002, a été mise enplace en mars 2005. Le développement du secteurprivé reste ainsi synonyme d’informalisation de l’éco-nomie.

Infrastructures des transports

La situation des infrastructures des transports auCongo demeure parmi les plus critiques de larégion. Leur dégradation continue depuis le débutdes années 90, causée par le manque presque totald’entretien, a été considérablement aggravée par lesconflits répétés. Le Congo bénéficie pourtant d’unesituation géographique très favorable : nombreusesvoies fluviales navigables, façade maritime avec leseul port en eau profonde du golfe de Guinée (qua-tre pays riverains). Cet énorme potentiel, qui pour-rait en faire un pays de transit clé dans la région,avec des bénéfices très importants pour son écono-mie, reste totalement inexploité. Aucun des modesde transport dans le pays – route, chemin de fer,navigation fluviale et maritime, transport aérienavec deux aéroports internationaux – n’échappe àce diagnostic. Exception faite, en partie, du sous-secteur maritime.

Le gouvernement a pourtant annoncé sa prioritédans le PNT (Plan national des transports) approuvéfin 2005 : réhabiliter l’ensemble des infrastructuresdes transports, de façon à garantir un service mini-mum pour la circulation des personnes et un serviceadéquat pour l’acheminement des marchandises. Cesdispositions doivent aussi bien servir la diversificationde l’économie que permettre de réduire la dépendan-ce à l’égard de la rente pétrolière.

Axe crucial pour l’économie congolaise, la liaisonentre la capitale administrative Brazzaville et la capita-le économique Pointe-Noire reste très critique. C’estsur son développement en particulier que sont concen-trés les efforts du gouvernement, ainsi que les accordsde coopération avec les partenaires internationauxdans le domaine des transports. Le port maritime de

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Pointe-Noire, autonome depuis 2000, par lequel trans-ite la totalité des exportations pétrolières (85 pourcent du total des exportations et importations), estaujourd’hui quasiment coupé du reste du pays (horstransport aérien) du fait d’un réseau terrestre intérieur– route et rail – sinistré. La grande difficulté à ache-miner les marchandises vers le port, notamment le boisdu nord du pays, cause un préjudice énorme à l’en-semble des opérateurs économiques.

Le réseau routier est en très mauvais état, au pointque, aujourd’hui, il faut entre dix et dix-sept heurespour parcourir les quelque 68 kilomètres de routeentre Brazzaville et Kinkala. La dégradation est géné-ralisée à tout le réseau routier national, qui compte17 289 km au total, dont seulement 5 pour cent(environ 800 km) sont bitumés. Le reste comprendle réseau secondaire en terre, dit « routes de desserterurale », très détérioré avec les fortes pluies saison-nières et le passage de cargaisons au poids souventexcessif. L’inadéquation du réseau routier entraîne unquasi-enclavement du pays tout entier, sauf une par-tie du nord du pays, où les nombreux fleuves restentnavigables six à sept mois par an. Vu l’importancevitale des axes routiers pour les entreprises forestièresdu nord du pays, le gouvernement a demandé auGroupement d’entreprises forestières de contribuer àla construction et à l’entretien de routes. Les travauxont commencé en 2003 mais ont été interrompusdepuis, car les entreprises ayant préfinancé les travauxattendent d’être remboursées.

Les investissements publics attendus se concen-treront donc sur la réhabilitation/construction de ladorsale Pointe Noire-Brazzaville-Ouesso (actuellesRN 1 et RN 2), sur laquelle se greffera le reste duréseau. Le montant envisagé pour l’ensemble des rou-tes est de l’ordre de 676 milliards de francs CFA, soitprès de 69 pour cent de l’ensemble des investisse-ments prévus par le PNT. Cela équivaut à un décais-sement de près de 65 milliards de francs CFA par an,qui devra être en partie pris en charge par l’aideextérieure.

Un accord avec l’UE (Union européenne) a étéconclu en décembre 2005 pour le financement d’un

premier tronçon de la RN 1, Brazzaville-Kinkala,pour un montant de 31 milliards de francs CFA. Unappel d’offres international a été lancé et les travauxdevraient démarrer en juin 2006, avec un délai d’exé-cution de vingt-quatre mois. La liaison Brazzaville-Kinkala pourrait être achevée en 2008. L’UE a posécomme conditions à la signature de la convention laréalisation d’un Plan national de transport, et la créa-tion d’un Fonds routier. Ce dernier, qui sera alimen-té par 132 milliards de francs CFA, dont 54 sur lescinq premières années, aura la charge des travauxd’entretien de l’ensemble du réseau.

Le chemin de fer, seul moyen de transport terres-tre permettant de relier la capitale au port de PointeNoire, est opérationnel, mais subit les fréquentesattaques des rebelles dans la région du Pool. Cettesituation crée non seulement un problème de sécuri-té pour les passagers, mais provoque aussi un stocka-ge des marchandises à Pointe-Noire, alors que lescontainers restent vides à Brazzaville. Tout cela pourun coût considérable pour les opérateurs écono-miques.

On observe, en conséquence, une baisse très mar-quée de la demande de transport ferroviaire, aussibien pour le trafic des voyageurs que pour le trafic demarchandises. Entre 1992 et 2004, la diminution dutrafic annuel de marchandises a été de 33 pour cent,avec un pic de 92 pour cent pendant les années deguerre, et celle du trafic des voyageurs de 80 pourcent, avec un pic de 97 pour cent en 1999.

Pour sortir le chemin de fer congolais de cetteimpasse, les autorités envisagent de privatiser l’exploi-tation du CFCO (Chemin de fer Congo-Océan), cequi était d’ailleurs une condition pour l’accès duCongo à l’initiative PPTE. En 2000, le gouvernementa produit une série d’ordonnances portant sur la scis-sion de l’ATC (Agence trans-congolaise de communi-cation) et la création de trois établissements publics :le port autonome de Pointe-Noire, le CFCO, le portautonome de Brazzaville et les ports secondaires.

En accord avec la Banque mondiale, qui doitdonner son approbation à chaque étape, il a ensuite

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été décidé de procéder à une mise en concession duCFCO pour vingt-cinq ans. En 2001, la Banque amis à disposition un crédit d’urgence pour la réhabi-litation du matériel, mais les travaux ont été réalisésen partie seulement. Les appels d’offres ont permis deretenir deux candidats : le groupement Congo Rail(la SNCF française) et le consortium sud-africainSheltam Mvela. Après une longue négociation sur leprix de la concession, le consortium sud-africain estle seul à être resté en lice. La décision finale du gou-vernement doit être rendue prochainement.

Le montant des investissements dans le secteurferroviaire est estimé, dans le PNT, à 106 milliardsde francs CFA (11 pour cent des investissements detransports). La moitié de ce montant sera à la chargedu concessionnaire, le reste partagé entre l’État et lesapports régionaux. Les bailleurs de fonds internatio-naux se sont engagés à soutenir le processus de miseen concession du CFCO, avec une contribution de35 millions d’euros au programme d’investissementinitial.

Le sous-secteur fluvial représente un potentielimportant pour le pays, en particulier pour le déve-loppement des échanges intérieurs et extérieurs. Ilassure la liaison avec la Centrafrique et la RDC(République démocratique du Congo), avec possibi-lité de rejoindre le Cameroun et le Gabon, et repré-sente le moyen de transport privilégié des marchan-dises en provenance du nord du pays, notamment lebois. La partie nord du fleuve Congo permet en effetd’acheminer les marchandises lourdes jusqu’au portdu Beach de Brazzaville. Cependant, ce dernier souf-fre d’un grave engorgement, qui rend difficile letransit et le mouillage des bateaux. Une telle situa-tion, qui concerne tous les ports du pays, à pour ori-gine la faiblesse du financement et de la maintenancedes équipements.

Le PNT envisage de consacrer à la navigation flu-viale 9 pour cent des ressources prévues, dont 90pour cent seront à la charge de l’État. Les activitésconcernées sont le dragage, la réhabilitation desinstallations portuaires et le renouvellement des équi-pements et des services.

Contexte politique et social

Deux faits ont marqué la consolidation progressi-ve de la paix en 2005, tout en en montrant les ambi-guïtés. D’une part, en août, au terme d’un procès detrois semaines, la Cour criminelle de Brazzaville aacquitté la quinzaine de policiers et de militairesaccusés d’avoir fait disparaître, en 1999, 353 Congolais au port fluvial de Brazzaville (leBeach), qui revenaient de leur exil en RDC, où ilsavaient fui la guerre. À défaut de coupables, l’État aété condamné à indemniser les proches de quatre-vingt-six des disparus. D’autre part, l’ancien Premierministre Bernard Kolelas, condamné à mort parcontumace en 2000 pour crimes de guerre, a étéautorisé par le chef de l’État à rentrer d’exil auCongo, à la faveur d’un décret d’amnistie. La réconci-liation avec cette figure emblématique de l’opposi-tion politique, chef du MCDDI (Mouvement congo-lais pour la démocratie et le développement intégral)pourrait contribuer à l’accalmie politique. Le pays, eneffet, continue d’être en proie à la rébellion armée duchef Frédéric Bitsangou, dit « Pasteur Ntoumi » qui,du coup, se retrouve marginalisé.

Plusieurs de ses partisans, les ex-Ninjas, tolérésjusqu’alors par le pouvoir dans la capitale, en ont étéchassés à la suite d’accrochages avec les forces del’ordre qui ont fait six morts à Brazzaville le 13 octo-bre. Cet événement avait brièvement avivé la peurd’une reprise du conflit. Quelques semaines plustard, le MCDDI suspendait sa participation à l’unedes principales coalitions d’opposition. La capacitéde nuisance militaire de la frange radicale des Ninjasdemeure néanmoins importante, notamment dansle Pool, qui comprend encore des foyers d’instabili-té. Cette région connaîtrait aussi, d’après un rapportdes Nations unies paru au début de 2005, une véri-table « crise humanitaire négligée ». Le programmede désarmement soutenu par la communauté inter-nationale, aujourd’hui en panne, pourrait parailleurs redémarrer en 2006. La Banque mondiale etle gouvernement du Congo ont en effet signé, endécembre 2005, un plan de 17 millions de dollarspour le désarmement et la réinsertion des ancienscombattants.

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Sur le plan social, l’année 2005 a été marquée parla grève générale des enseignants du secteur public,entamée le 3 octobre, puis suspendue dans la confu-sion près de sept semaines plus tard, à la suite d’unaccord obtenu par des négociateurs à la légitimitécontestée. Selon de nombreux observateurs, ce mou-vement reflète un mécontentement social plus large.L’extinction progressive des foyers de tension, quiperduraient après la guerre, et l’envolée des cours dubrut ont en effet créé, au sein de la population, uneforte attente de « dividendes de la paix et dupétrole ». L’accumulation de la dette sociale, aggravéepar la lenteur des processus de privatisation, ainsi quele blocage, depuis 1995, des « effets financiers à lasuite des avancements, reclassements et autres pro-motions » (sauf pour les militaires, policiers etmagistrats) cristallisent une grande partie des reven-dications des salariés. Ce contexte n’est pas spéciale-ment favorable à la réforme en cours sur la factura-tion de l’électricité (passage du forfait au compteur)ou à une éventuelle libération des prix de l’essence àla pompe – aujourd’hui subventionnés par le gou-vernement.

À défaut d’avoir pu remplir les conditions d’éva-luation de la capacité nationale de production de dia-mant, le Congo n’a pu réintégrer le processus deKimberley.

Les secteurs de l’éducation et de la santé figurentparmi les grands bénéficiaires annoncés du DSRPintérimaire, achevé en 2004, et des priorités affichéespar le gouvernement. Pourtant, bien que d’impor-tants investissements publics aient été prévus pour2005 (38 pour cent du budget auraient dû êtreconsacrés à ces secteurs), les résultats tardent à semanifester. Compte tenu des grands espoirs engen-drés par le surplus pétrolier et l’objectif de lutte cont-re la pauvreté, les progrès dans les secteurs sociauxclés restent insuffisants. Toutefois, il est difficile d’é-valuer précisément la situation actuelle car l’appareilstatistique, très défaillant, ne peut récolter des don-nées fiables.

Pays modèle en terme de scolarisation avant ladécennie des conflits, le Congo a vu les inscriptions

scolaires dans le primaire chuter de 100 pour cent à89 pour cent en 2004, avec, de plus, un taux deredoublement des élèves parmi les plus élevésd’Afrique (30 pour cent dans le primaire en général,40 pour cent pour la seule troisième année).

À l’origine de cette faible performance, plusieursfacteurs. D’abord, des infrastructures scolaires trèsendommagées dans le sud du pays pendant lesconflits, et un manque flagrant d’entretien. La vétus-té des établissements en ville s’accompagne, de plus,d’un manque d’infrastructures en milieu rural, ce quirend l’accès à l’instruction primaire particulièrementdifficile dans les campagnes. Ensuite, la qualité del’enseignement s’est fortement dégradée sous le coupdu manque de matériel scolaire et du personnel ensei-gnant. Si les registres publics font état de 15 300enseignants en activité, les effectifs réels tournentplutôt autour de 9 000. En général, les instituteursmanquants cherchent des activités plus rémunératri-ces dans différents organes de l’administration et dansles cabinets politiques. En 2004, le ratio élèves-maître(REM) était de 98 au niveau national, avec un pic de108 dans les écoles publiques en milieu urbain. Cettesituation témoigne aussi d’une gestion des ressourceshumaines inefficace. La grève de plus d’un mois, à larentrée 2005, a menacé le bon déroulement de l’an-née scolaire et provoqué la réunion d’une commis-sion interministérielle pour tenter de ramener lesinstituteurs dans les classes. Elle a finalement étésuspendue (avec un avertissement de reprise en mars2006) mais, fin 2005, les professeurs tardaient enco-re à retourner dans les salles de cours. La situationreste fragile, particulièrement dans le sud du pays.

Le Projet d’appui à l’éducation de base de 2003,financé par un don de la Banque mondiale, n’adémarré ses activités qu’en mars 2005. En cause, leremaniement ministériel, au début 2005, effectuépour mieux répondre aux principales difficultés ren-contrées dans le secteur. Parmi elles, le renforcementdes capacités avec la planification prévisionnelle de lagestion du personnel et la formulation de politiqueséducatives ; la réhabilitation des infrastructures sco-laires et la gestion communautaire des écoles, avec lamise en place de comités en charge de l’entretien des

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établissements ; l’amélioration de la qualité et larénovation pédagogique, avec la formation des maît-res et l’achat de manuels scolaires ; enfin, l’appui à lajeunesse déscolarisée et la scolarisation des enfantspygmées, qui se retrouvent en très petit nombre dansle système éducatif.

La situation, dans le domaine de la santé, secaractérise par la difficulté de plus en plus manifesteà accéder aux soins, et par la détérioration des centresde santé. Encore une fois, les années de conflit ontaccéléré la dégradation des établissements qui man-quaient d’entretien, et les destructions ont aggravéune offre d’infrastructures déjà insuffisante, notam-ment dans les régions enclavées du pays. La nouvelle« enquête démographique et de santé », attenduepour la mi-2006, devrait fournir des informationsdétaillées sur l’état de la santé des Congolais

Au cours de la dernière décennie disposant de sta-tistiques, on a enregistré un recul pour la mortalitéinfantile (passée de 83 pour mille en 1990 à 70 pour mille en 2005) et infanto-juvénile(110 morts pour mille en 1990, contre 104 pourmille en 2002). La mortalité maternelle, elle, a connuune hausse, passant de 890 décès pour 100 000 en1990, à 1 100 pour 100 000 en 2002. Incriminées,les maladies infectieuses et parasitaires mal soignées,tels le paludisme (endémique dans le pays), les infec-tions respiratoires aiguës, les maladies diarrhéiques, latuberculose et le VIH/Sida.

Selon l’Onusida, le taux de prévalence duVIH/Sida pour la population adulte était de 4.2 pour cent à la fin de 2003. On peut donc parlerd’épidémie généralisée dans le pays.

Le Congo bénéficie d’un don de la Banque mon-diale de 19 millions de dollars pour lutter contre lapandémie. En 2005, le Fonds mondial pour la luttecontre le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme apromis 45 millions de dollars sur une période decinq ans.

L’accès aux ARV (traitements anti-rétroviraux)reste problématique au Congo, comme dans la plu-

part des pays africains. Le coût d’un mois de traite-ment s’élève à 5 000 francs CFA, un montant exor-bitant pour une grande partie de la population, dontplus de la moitié vit en dessous du seuil de pauvreté.Seuls 3 000 malades – dont 400 environ àBrazzaville – ont accès aux ARV, sur 30 000 person-nes qui en ont besoin. La coopération avec le Fondsmondial devrait permettre une amélioration à cetégard. Pour leur part, les plus grandes entreprisesopérant dans le pays ont commencé à prendre encharge les employés malades et leurs familles depuis2004.

Autre conséquence du VIH/Sida : l’accroisse-ment du nombre des orphelins. Selon Onusida, à lafin des 2003, ils étaient 97 000 à avoir perdu aumoins un des parents à cause du virus. Les conditionsde vie de ces enfants sont particulièrement dures, nonseulement à cause de la perte des parents, mais aussien raison de la très forte discrimination dont fait l’ob-jet la maladie. Ce phénomène a pris une grandeimportance, ces dernières années, avec la proliféra-tion des « Églises de réveil », qui diffusent des infor-mations souvent incorrectes, donc dangereuses, enparticulier en matière de prévention.

L’épidémie d’Ebola, maladie mortelle qui semanifeste dans le nord-ouest du pays lors d’explo-sions très virulentes, a connu une relative accalmie en2005. Le seul épisode enregistré a eu lieu dans lacuvette ouest, causant la mort d’une dizaine de per-sonnes. Compte tenu de la rapidité de transmissiondu virus, cette incidence limitée laisse croire que lesystème de surveillance en place fonctionne de façonefficace.

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