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© FNAOM-ACTDM / CNT ROMMEL LE MARÉCHAL DU DÉSERT Par le Commandant Gabriel Bonnet Grand-Prix de la littérature coloniale S eptembre 1940 ! L'Italie reçoit pour mission de faire sauter le verrou égyptien avec un enjeu plein de promesses : le canal de Suez et les puits de pé- trole du Proche-Orient. Le 13 septembre, sur une longue bande de désert parallèle à la côte méditer- ranéenne. l'Armée du Maréchal Graziani, station- née en Libye, franchit la frontière égyptienne. Elle est arrêtée à Sidi-Barrani. Le 4 octobre 1940, Hi- tler et Mussolini se rencontrent, sur le Brenner. L'Axe est en pleine ivresse "géo-politique". Sa théorie du "grand espace eurafricain" progresse rapidement. Elle va briller puis éclater comme une bulle de savon. Le 10 octobre, Hitler envoie en Libye le général Von Thoma, son meilleur expert de chars. Von Thoma revient très vite, effaré par la "suffisance" de Badoglio et de Graziani et "l'insuffisance" du sol- dat italien. "II faut envoyer là-bas quatre divisions blindées, ni plus ni moins, expose-t-il au Fûhrer. Moins, ce ne serait pas assez. Plus, on ne pourrait les ravitailler, Et il faut retirer du front le nombre de soldats italiens correspondant qui sont des bou- ches inutiles. Les Italiens sont de bons ouvriers, mais ce ne sont pas des combattants. Un soldat britannique vaut mieux que douze Italiens." Hitler entre alors dans une colère folle et réplique : "II n'est pas question de gagner une bataille d'Egypte, mais d'envoyer là- bas une unité allemande aussi réduite que possi- ble — au maximum une division blindée — pour fortifier les Italiens et empêcher Mussolini de tour- ner casaque." — "On voit bien, riposte Von Thonia, furieux que vous n'avez vu les Italiens qu'autour d'une table." Une phrase qui coûte à Von Thoma le comman- dement qui fera la célébrité de Romrnel. Mais une seule division nazie, c'est encore trop pour l'orgueil romain. Mussolini "n'autorise" l'aide allemande à se manifester qu'à une condition expresse : le futur Afrika Korps s'appellera modestement "reconnaissance motorisée allemande en Afrique". Rommel, qui s'est fait une idée précise du soldat italien, vingt-trois ans auparavant à Caporetto, où il conquit la plus haute décoration allemande, sait exactement à quoi s'en tenir sur ce qu'il appelle "l'incroyable, la grotesque vanité italienne", au contact, de laquelle il va bientôt passer les heures les plus douloureuses de sa carrière. Le 9 décembre, les forces britanniques, les ordres de Wavell, contre-attaquent. Les Italiens, bouscu- lés, se retirent au delà d'El Agheila, à plus de huit cents kilomètres à l'Ouest. Ils perdent 1.300 canons, 133.000 prisonniers dont 22 généraux et un amiral, c'est-à-dire plus d'officiers, de sous-officiers et de soldats que n'en compte l'Armée du Nil à son ordre de bataille. A la suite de ce désastre, l'Italie se révèle inca- pable de jouer seule son rôle. Elle accumule échec sur échec, non seulement en Libye, mais aussi en Albanie et jusque dans la rade de Tarente. Le 20 janvier 1941, Hitler voit de nouveau Mussolini sur le Brenner. Résolu à dépanner son allié, il en- voie l'Afrika Korps à la rescousse. En février 1941, après des discussions d'état-major entre Rome et Berlin, les premières unités passent d'abord par petits paquets puis en masse à la faveur d'un vio- lent bombardement de Malte et d'une action de la flotte italienne. Le général Von Thoma

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ROMMEL LE MARÉCHAL DU DÉSERT

Par le Commandant Gabriel Bonnet Grand-Prix de la littérature coloniale

S eptembre 1940 ! L'Italie reçoit pour mission de faire sauter le verrou égyptien avec un enjeu plein de promesses : le canal de Suez et les puits de pé-trole du Proche-Orient. Le 13 septembre, sur une longue bande de désert parallèle à la côte méditer-ranéenne. l'Armée du Maréchal Graziani, station-née en Libye, franchit la frontière égyptienne. Elle est arrêtée à Sidi-Barrani. Le 4 octobre 1940, Hi-tler et Mussolini se rencontrent, sur le Brenner. L'Axe est en pleine ivresse "géo-politique". Sa théorie du "grand espace eurafricain" progresse rapidement. Elle va briller puis éclater comme une bulle de savon. Le 10 octobre, Hitler envoie en Libye le général Von Thoma, son meilleur expert de chars. Von Thoma revient très vite, effaré par la "suffisance" de Badoglio et de Graziani et "l'insuffisance" du sol-dat italien. "II faut envoyer là-bas quatre divisions blindées, ni plus ni moins, expose-t-il au Fûhrer. Moins, ce ne serait pas assez. Plus, on ne pourrait les ravitailler, Et il faut retirer du front le nombre de soldats italiens correspondant qui sont des bou-ches inutiles. Les Italiens sont de bons ouvriers, mais ce ne sont pas des combattants. Un soldat britannique vaut mieux que douze Italiens." Hitler entre alors dans une colère folle et réplique : "II n'est pas question de gagner une bataille d'Egypte, mais d'envoyer là-bas une unité allemande aussi réduite que possi-ble — au maximum une division blindée — pour fortifier les Italiens et empêcher Mussolini de tour-ner casaque." — "On voit bien, riposte Von Thonia, furieux que vous n'avez vu les Italiens qu'autour d'une table." Une phrase qui coûte à Von Thoma le comman-dement qui fera la célébrité de Romrnel. Mais une seule division nazie, c'est encore trop pour l'orgueil romain. Mussolini "n'autorise" l'aide allemande à se manifester qu'à une condition expresse : le futur Afrika Korps s'appellera modestement "reconnaissance motorisée allemande en Afrique". Rommel, qui s'est fait une idée précise du soldat italien, vingt-trois ans auparavant à Caporetto, où il conquit la plus haute décoration allemande, sait exactement à quoi s'en tenir sur ce qu'il appelle "l'incroyable, la grotesque vanité italienne", au

contact, de laquelle il va bientôt passer les heures les plus douloureuses de sa carrière. Le 9 décembre, les forces britanniques, les ordres de Wavell, contre-attaquent. Les Italiens, bouscu-lés, se retirent au delà d'El Agheila, à plus de huit cents kilomètres à l'Ouest. Ils perdent 1.300 canons, 133.000 prisonniers dont 22 généraux et un amiral, c'est-à-dire plus d'officiers, de sous-officiers et de soldats que n'en compte l'Armée du Nil à son ordre de bataille. A la suite de ce désastre, l'Italie se révèle inca-pable de jouer seule son rôle. Elle accumule échec sur échec, non seulement en Libye, mais aussi en Albanie et jusque dans la rade de Tarente. Le 20 janvier 1941, Hitler voit de nouveau Mussolini sur le Brenner. Résolu à dépanner son allié, il en-voie l'Afrika Korps à la rescousse. En février 1941, après des discussions d'état-major entre Rome et Berlin, les premières unités passent d'abord par petits paquets puis en masse à la faveur d'un vio-lent bombardement de Malte et d'une action de la flotte italienne.

Le général Von Thoma

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L es troupes de l'Afrika Korps sont comman-dées par un chef prestigieux et populaire entre tous, le Général des Panzertruppen, Erwin Rom-mel. Ce nom seul représente pour les Allemands l'incarnation des vertus militaires. Il inspire aussi une réelle sympathie à ses anciens ennemis. Les Anglais, comme les Américains, ne cherchèrent jamais à abaisser cet adversaire valeureux, l'un des rares sans doute dont la renommée ne fût ternie par aucun acte contraire aux lois de la guerre. Rommel, fils d'un professeur de lycée, naît le 15 novembre 1891 à Biberach dans le Wurtemberg, une petite ville de 12.000 habitants, aux traits si caractéristiques, avec sa place du marché et ses vieilles maisons aux charpentes apparentes, agrémentées de pignons vernissés et d'en-seignes peintes. A la fin de ses études, le jeune Rommel s'engage comme aspirant. Il est nommé lieutenant en 1909 au 124e Régiment d'Infanterie à Weingarten. Pendant la pre-mière guerre mondiale, il com-mande une compagnie du ba-taillon de chasseurs alpins wur-tembergeois ; en octobre 1917, à la tête de ce bataillon, il participe à la bataille de l'Isonzo. s'empare du Monte-Matajer et reçoit l'ordre "Pour le Mérite". Dans "l'armée de 100.000 hom-mes", il sert au 16e Régiment wur-tembergeois et au 17e bataillon de chasseurs à Gaslar. Plus tard, professeur à l'école d'in-fanterie, il écrit le livre bien connu, Infanterie greift an (l'Infanterie at-taque). A l'aveille du deuxième conflit mondial, comme général de brigade, il dirige l'Académie Mili-taire de Wiener Neustadt ; à la mo-bilisation, il remplit les fonctions de commandant du Quartier Général du Führer. Au point de vue politique, on dit de lui que, "nazi" par inclination, il ai-da Hitler à conquérir le pouvoir, devint ensuite son ami intime et resta longtemps attaché à sa personne comme chef de la Garde Noire. On ajoute même que, dans les premiers jours du parti, à la tête des sections d'assaut, il ter-rorisa les rangs de l'opposition et se f i t surnommer le "tueur de Gobourg". Nous avons voulu contrôler ces accusations. La vé-rité historique semble toute dif férente. Rommel ne paraît pas avoir appartenu au parti nazi. Certes, comme des millions d'Allemands, il crut que Hitler allait redresser les torts infligés à son pays après 1918. Pour cette raison, il lui resta longtemps fi-dèle, mais n'eut jamais de relations étroites avec

lui. Il devint même son adversaire déclaré lorsqu'il comprit que la survivance du Führer et celle de l'Al-lemagne étaient incompatibles. En mai 1940. il prend le commandement de la 17e Division blindée. Dans l'uniforme du soldat alle-mand, avec seulement les insignes de son grade, il mène l'offensive jusqu'à Cherbourg. "Vous me trou-verez toujours à votre tête, disait-il à ses officiers, suivez-moi sans préoccupation, même si ce que j'exige de vous vous paraît totalement insensé". C'est encore devant ses chars que Rommel entre le premier à Saint-Valéry, à bord de sa voiture dé-couverte. II survole le champ de bataille à bord de son avion léger Fieseler-Storch qui décolle comme un hélicoptère. Il vit au contact permanent de ses soldats. A leurs yeux, il symbolise le dieu des com-bats. Il est le merveilleux guide qui prêche l'exem-ple. Il expérimente et voit tout par lui-même. Il se moque des fatigues comme des privations, ne re-chigne devant aucune besogne. Le long de la Meuse, avec ses pionniers, il porte les travées

pour la construction des ponts. Il mène une vie austère, ne fume pas, ne boit pas, s e c o n t e n t e d e "l'ordinaire" de la troupe avec beaucoup de fruits. Tout concourt à donner à cet homme trapu et ner-veux, de taille moyenne, aux cheveux rouges, au regard droit et caustique, au visage anguleux, puis-samment modelé, beau-coup de "sex-appeal mili-taire" et une expression énergique, sauvage même. Ses yeux bleus, au dur éclat métallique, transpercent comme deux pointes de stylet. Il est crâne et roublard, en-têté et bûcheur. Pendant toute la guerre, il travaille fébrilement, n'assiste à aucun concert, ne s'accorde aucun re-

pos. Tranchant comme la lame d'un couteau, il n'admet aucune résistance, ne souffre aucune contradiction, brise les obstacles qu'il rencontre sur sa route, passe à travers les murs au risque de s'y casser la tête. C'est un ennemi impitoyable, mais un ennemi qui combat à visage découvert, devant lequel on ne ressent pas l'ombre d'un sentiment de haine. Sa guerre est une guerre de gentlemen. Il reçoit à sa table des officiers capturés (et évadés ensuite) de la 51e Higglanders. Les Arabes vénèrent son nom. Ils créent une chan-son épique qui célèbre le "dieu du désert".

Rommel

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Rommel est soldat avant tout et surtout. II aime son métier avec passion ; l'enthousiasme lui monte faci-lement à la tète. Il est toujours prêt à prendre l'offen-sive. Le peuple anglais reconnaît en lui le chef mili-taire le plus habile de la guerre. Winston Churchil l le définit comme "n adversaire très audacieux et ha-bile, en même temps qu'un grand général". "C'est un grand soldat", disait de lui Montgomery, qui collection-nait ses photos et les suspendait derrière sa table de travail. "Un Rommel", pour les soldats de la VIIe Ar-mée, était synonyme d'une bonne performance, de quelque nature qu'elle fût. Cette attitude admirative cachait un danger subtil pour le moral. Aussi s'efforça-t-on de mettre fin à la légende de Rommel, le Général surestimé, que protège une vé-ritable "baraka". Il passe, invulnérable, au milieu de mille dangers. "Restez près de moi, ordonne-t-il un jour

à l'un de ses officiers, pendant qu'ils étaient sous le feu. Il ne m'arrive jamais rien." II a l'imagination aveugle, une bravoure intrépide mais non irraison-née. Ses talents d'improvisateur, la rapidité de ses manœuvres et ses réactions surprenantes après d'apparentes défaites lui valent le surnom de "Renard du désert". Un jour, ses troupes sont sur le point de céder à une forte poussée anglaise. Il va alors faire croire à ses adversaires qu'il dispose de forces supérieures. Il donne l'ordre à tous ses véhicules de rouler pen-dant deux nuits entières sur les mêmes pistes, dans les sables environnants. L'aviation de recon-naissance de la R.A.F. qui, chaque jour, photo-graphie les lignes allemandes, trompée par des in-dices nouveaux, surestime les forces de l'Afrika Korps et les Anglais se replient.

Infanterie italienne dans le désert

Un autre fois, Rommel donne l'ordre d'attaquer; il apprend aussitôt qu'il n'a que six chars disponi-bles. — Eh ! bien, qu'on attaque "à la poussière" ! explose-t-il. Quelques instants plus tard, tous les vé-hicules de l'Afrika Korps se mettent à tourner en rond dans un secteur de quelques kilomètres. Alors, perdus au milieu d'un épais nuage de poussière, les six chars bondissent à l'aveuglette. L'illusion est to-tale. Les Anglais, qui croient recevoir sur le dos le poids d'une division blindée toute entière, battent en retraite. Ce qui caractérise Rommel, le "héros au soleil", c'est aussi son aptitude à modifier ses ordres à brûle-pourpoint, au cours même du combat. II exas-père souvent ses officiers en changeant ainsi de dé-cision. Mais l'orage passé, personne ne nie qu'il ait eu raison. Il ne sait pas déléguer son autorité, défaut très irritant pour les chefs placés sous ses ordres. Il veut non seulement faire tout lui-même mais encore être partout. Il s'éloigne souvent de son quartier gé-néral, mais apparaît toujours au moment opportun sur le point vital où il donne à l'action une impulsion décisive. C'est le secret de son succès. Seules des

liaisons radio le relient à son Q.G. An besoin, il n'emploie pas de code, transmet ses ordres en clair pour aller plus vite. L'ennemi qui l'écoute intervient toujours trop tard pour exploiter le renseignement. Le principal mérite de Rommel est d'avoir obtenu des succès sans disposer de la supériorité numéri-que et aérienne. Aucun autre général, à l'exception de Wavell en face des Italiens, n'a vaincu en Libye dans des conditions aussi désavantageuses. Que Rommel ait commis des erreurs, c'est évident. Mais quand un homme combat des forces supérieu-res, un simple faux pas peut entraîner la défaite, tandis que bien des erreurs peuvent être réparées quand un général jouit d'une grande supériorité dans tous les domaines. Les troupes allemandes du désert ont en Rommel une foi illimitée. Elles comprennent : - l'Afrika Korps composé des 15e et 21e Panzerdivi-sionen ; - la 90e Division légère : - la 164e division légère d'Afrique ; - trois groupes de reconnaissance et une brigade de parachutistes.

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Rommel à son PC mobile

La 5e Division légère motorisée est, en février 1941, la première formation allemande qui débar-que à Tripoli. C'est, de toute évi-dence, une formation disparate. Fortement équipée d'artillerie an-tichars, elle comprend un régi-ment de chars de six escadrons et deux bataillons de mitrailleurs motorisés. Réorganisée au printemps de 1942. elle devient la 21e Panzer-division. La 15° Panzerdivision est en-voyée en Afrique an cours de l'été 1941. Au printemps suivant, elle possède une organisation semblable à celle de la 21e Pan-zerdivision avec également une

une forte artillerie antichars, un régiment de chars à deux batail-lons, un régiment d'infanterie sur camions (nommé plus tard "Panzer Grenadier") à trois bataillons. La 90e D.I. arrive aussi pendant l'été 1941. Il fallait alors de toute urgence des renforts d'infanterie pour le siège de Tobrouk. Elle subit plusieurs modifications, tant de son nom que de son organisation. Elle comporte, en f in de compte, trois régiments d'infanterie à deux bataillons chacun et quatre compagnies par bataillon (au lieu de trois compagnies dans les formations d'Eu-rope). Son degré d'entraînement et ses qualités combatives en font une grande unité de premier ordre, généralement employée sous le contrôle direct du Q.G. d'Armée. La 164° Division légère d'Afrique fournissait des garnisons en Crète au début de 1942. En juillet, elle est transportée en Afrique par avions pour raffermir l'Infanterie italienne et renforcer l'avance allemande en Egypte, contenue à El Alamein. Elle comprend sur-tout des éléments de seconde zone dont l'entraînement et le mo-ral sont inférieurs à ceux des autres troupes allemandes. Elle souffrit d'insuffisances fréquentes en hommes et en matériel. Comme la 90e Division légère, elle était organisée selon le sys-tème africain. Administrée directement par le Q.G. allemand, elle dépendait du XXIe Corps italien an point de vue opérations. En outre, des unités de reconnaissance (trois) furent consti-tuées avec des éléments retirés aux deux divisions blindées et à la 90e D.I. Ces unités comprenaient : - trois escadrons : 1 escadron de chars, 1 escadron d'infanterie transportée (chenillettes), 1 escadron lourd de canons antichars : - de l'artillerie de soutien rapproché ; - une section de pionniers. Une br igade de parachut istes ("Brigade Ramcke) p r i t pa r t à la lutte en Afrique à partir d'août 1942 comme mie formation d'infanterie ; elle comprenait quatre bataillons ayant combattu en Russie et des éléments d'un régiment de troupes aéroportés qui avait été engagé dans la campagne de Crête. Elle f i t preuve des plus hautes qualités d'entraînement et de courage. Les 15e et 21e Panzerdivisionen constituaient l'Afrika Korps. Les cadres, la troupe et le matériel de ce corps d'élite avaient été préparés scientifiquement à leur tâche par des expériences de laboratoire et de fréquentes manœuvres motorisées dans les landes sablonneuses du Brandebourg dont la consistance rappelle la na-ture même du désert. Pendant des semaines, les hommes s'exercèrent dans de vastes serres, reçurent une nourriture spéciale, luttèrent contre la soif, élevèrent des tentes, apprirent des rudiments de dialectes afri-cains.

Débarquement de matériel blindé

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Ils furent dotés de tout ce qu'il fallait en matière d'équipement. Ils avaient les meilleurs chars, des canons autotractés, des voitures à demi-chenillées, des autos passe-partout comme les jeep (c'était le fameux Volkswagen allemand, l'auto du peuple, adaptée aux conditions nord-africaines) et d'autres armes et véhicules spécialement construits et éprou-vés par l'industrie du Reich en vue de résister aux ri-gueurs de la guerre sous le soleil d'Afrique.

Toutes les formations allemandes, sauf la 164e Divi-sion, étaient motorisées.

Les divisions blindées disposaient de chars plus ra-pides, plus maniables et mieux armés que leurs ad-versaires britanniques. C'est le canon monté sur le char et non le char qui constitue l'arme la plus impor-tante.

Le fameux Mark IV, armé d'un 75 ou d'un 88, pré-sentait la combinaison la plus harmonieuse et la mieux équilibrée de cet ensemble de qualités. Il fut incontestablement le roi du désert jusqu'au moment où, en 1942, apparurent des chars de qualité égale, les Sherman en particulier.

Infanterie motorisée italienne

L'autre caractéristique la plus frappante des divisions alleman-des était leur dotation très im-portante en puissants canons anti-chars de 50 et 88 millimètres. Ceux-ci, décentralisés jusqu'aux compagnies d'infanterie qui en possédaient toujours trois et même quelquefois six, étaient supérieurs aux 37 millimètres britanniques qui assuraient une illusoire protection contre les blindés adverses. Les éléments britanniques de couverture, sur la frontière de Cyrénaïque, en février 1941, comprennent les troupes de la 2e Division blindée, diminuée d'une demi-brigade, envoyée en Grèce.

Les MATILDA « Infantry tanks » britanniques ne résistent pas aux 88 mm de l’Afrika Korps

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L'ensemble de cette formation manque d'expé-rience en matière de guerre dans le désert ; le ré-giment équipé avec des chars italiens (6e Régi-ment de chars) est à peine habitué à ses nou-veaux véhicules. La plupart des autres chars ont déjà couvert des distances considérables et leur état mécanique s'avère particulièrement défec-tueux. Le commandement anglais espère que l'attaque allemande, si elle a lieu, ne sera guère déclen-chée avant trois semaines ou un mois, ce qui lais-sera aux troupes .blindées un certain répit pour parfaire leur entraînement. Le général Neame, commandant les troupes de Cyrénaïque, reçoit les instructions suivantes : mener, en cas d'attaque, un combat défensif pour retarder l'ennemi entre les positions avancées britanniques d'El Agheila et Benghazi ; céder du terrain si cela est néces-saire jusqu'aux portes de Benghazi et tenir à tout prix et aussi longtemps que possible les hauteurs dominant cette localité.

Deux brigades de la 9e Division Australienne oc-cupent les positions avancées, la troisième bri-gade se trouve encore à Tobrouk en raison des difficultés de transport.

Insigne de l’Afrika Korps

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Paru dans la revue Tropiques n° 310 - mai 1949