Robert Louis, Ph.D. · 2020. 2. 4. · Vendredi 21 avril 2017. Objectifs 1. Évaluer le...

Divulgation

Robert Louis, Ph.D. ©

Cette conférence / présentation ne fait l’objet d’aucun conflit

d’intérêt

Journées Montfort 2017

Vendredi 21 avril 2017

Perspectives prometteuses en matière de

prévention du suicide chez les jeunes

Robert Louis, Ph.D. ©

Coordonnateur du Centre York, Hawkesbury

Journées Montfort 2017

Vendredi 21 avril 2017

Objectifs

1. Évaluer le dénominateur commun

entre les ados suicidaires.

2. Décrire le rôle parfois paradoxal de

la dépression dans les

comportements suicidaires.

3. Différencier les méthodes les plus

utilisées chez les garçons vs chez

les filles, et pourquoi?

Contexte

D’ici 2020,1,53 millions de

personnes mourront par

suicide;

10 a 20 fois plus de

personnes dans le monde

entier tenteront de se

suicider.

(OMS, dans ses calculs globaux pour l'année 2020)

…Contexte

Dans plusieurs pays, y compris au

Canada, le suicide représente la

première ou la seconde cause de

mort chez le jeune âgé entre 15 à

19 ans qu'il soit de sexe masculin

ou féminin.

Selon les statistiques de l’OMS, dans un document intitulé : La Prévention

Du Suicide Indications pour le personnel enseignant et le milieu

scolaire. Disponible a l’adresse suivant :

http://www.who.int/mental_health/media/en/679.pdf

…Contexte

En moyenne, un mort à toutes les 20

secondes et une tentative a toutes

les 1-2 secondes.

20 % des accidents de la route

seraient en fait des suicides non

reconnus.

Statistique Canada, (2012). Mortalité : liste sommaire des causes.

Contexte

A la lumière de ces données,

le suicide chez le sujet jeune = une problématique

de santé publique, et un scandale.

Questions soulevées:

Comment des jeunes, au début de leur vie,

peuvent-ils déjà penser à la fin ?

Comment peut-on être entrain de s’ouvrir au

monde et en même temps vouloir le quitter ?

Questions soulevées:

Existe-t-il un dénominateur commun entre les ados

suicidaires ?

La dépression, jouerait-elle parfois un rôle

paradoxal de dans les comportements

suicidaires?

Quelles sont les méthodes les plus utilisées chez

les garçons vs chez les filles, et pourquoi?

Le mythe de la compréhension de la cause du

suicide chez les jeunes.

La question du suicide est complexe car elle provoque toujours un

drame chez les survivants. : en se suicidant, on « ampute » les

autres

L’évidence du suicide cache bien des mystères, tant pour l’ado

suicidaire que pour son entourage.

Le suicide chez les jeunes peut viser plus à atteindre les autres que

soi-même…

Dans le suicide, il n’y a pas que soi qu’on tue, mais également les

autres qu’on tue à travers soi.

…compréhension de la cause du suicide…

Dans le suicide il n’y à pas que « soi » qu’on tue. Il y à aussi les

« autres » qu’on tue à travers soi, à travers les conséquences sur

l’entourage.

Il ne peut y avoir de suicide sans que l’autre soit interpellé, voire

attaqué, soit désigné à travers cet acte.

(Prinstein, M. J., Nock, M. K., Spirito, A., & Grapentine, W. L. 2001).


Face à la difficulté à appréhender le drame:

Tentatives de trouver un « sens » à la conduite suicidaire,

Dépression – désespoir – divorce – rupture affective,

sentimentale, amoureuse – intimidation, résultats

scolaire, attaque, perte d’emploi…

Tous ces « sens » sont importants, mais non suffisants

pour expliquer les conduites suicidaires des ados


Dépression – désespoir – divorce – rupture affective, sentimentale,

amoureuse – intimidation, résultats scolaire, attaque, perte

d’emploi…

Représentent des facteurs déclenchants, des circonstances

favorisantes qui ne se suffisent pas à elles-mêmes


…compréhension de la

cause du suicide…

Dépression – désespoir – divorce – rupture

affective, sentimentale, amoureuse –

intimidation, résultats scolaire, attaque,

perte d’emploi…

Représentent la goutte d’eau qui fait

déborder le verre déjà plein

d’autres choses


Le fond du problème, le dénominateur

commun entre les ados suicidaires :

« La perte de l’identité »

ou

« La fracture identitaire »

ou

‘Le sentiment de non-existence’



« Le sentiment profond, intolérable de non-

existence »

C.-à-d., l’impression de ne pas compter, de ne pas

être là, vu, reconnu, aimé, valorisé, entouré…

à tort ou à raison

Pommereau X. (1997). Quand l’adolescent va mal. Paris: J’ai lu. 123.



Quand l’ado éprouve le sentiment profond,

intolérable de non-existence,

Consciemment, l’ado a envie de faire cesser sa

souffrance;

Se défaire de sa souffrance




« je veux me suicider, parce que je souffre trop de

non-exister…avec le secret espoir de pouvoir

vivre autrement. En existant davantage mort que

vivant, en imprimant ma place, mon existence,

mon identité dans la tête de ceux qui restent,

mon entourage ».




Dans la tête de l’ado, existe cet espoir terrible

d’exister davantage mort que vivant, en

occupant la mémoire de ceux qui restent.


Signaux d’alarme face au sentiment de non-

existence

➢ La fugue;

➢ L’absentéisme scolaire;

➢ L’ivresse massive répétée;

➢ Les scarifications

(de Tournemire R. 2010., Cyrulnik B. 2011)

Les défenses psychologiques conscientes que

va mettre en place l’ado.

Des lettres d’adieu terribles

« chère maman chérie, chères petits parents, à

l’heure où vous lirez ces lignes, je ne serai plus.

Mon IPad, donnez le à…Mon Ordi, donnez-le

à… »

« Je ne voulais pas mourir… je voulais juste me

tuer… tuer ma souffrance…disparaitre…ne plus

avoir de corporéité »

Fondamentalement, pourquoi le besoin

d’abandonner sa corporéité ?

• Principalement en raison de violences sexuelles subies dans

l’enfance;

• 1 ado suicidaire sur 3, victime de violence sexuelle atroces,

horribles, dans l’enfance;

• La fracture de l’identité;

• Certaines formes de maladies de l’identité (Schizophrénie…)

(Nock, M. K., & Kazdin, A.E. 2002).

Le rôle parfois paradoxal de la dépression chez

l’ado suicidaire.


l’ado suicidaire.

Important de distinguer :

Dépression majeure unipolaire,

Dépression bipolaire,

très différente l’une de l’autre y compris dans les

traitements. Aspect génétique, familiale différente.

(Nock, M.K., Millner, A.J., Deming, C.A., & Glenn, C.R. 2014).


l’ado suicidaire.

Important de distinguer :

Dépression majeure unipolaire,

Seulement 40% des susceptibilités génétiques.

Causée + par les circonstances personnelles,

sociales, facteurs épigénétique. Traitement :

antidépresseur et thérapie



l’ado suicidaire.

Dépression bipolaire :

Caractérisée par une alternance des moments de

dépression et de manie (activation, hyperactivité);

+ génétique (base génétique de 80%) (+ de chance +

grande prédisposition quand on hérite des parents

dont les empreintes génétiques ont été marqué par

la dépression. Traitement : stabilisateur de l’humeur

et le moindre possible, les antidépresseurs.



l’ado suicidaire.

Dépression bipolaire :

• Plus de la moitié des ados qui se suicident

souffrent d’une forme de dépression (dépression

majeure unipolaire);

• La dépression bipolaire va au contraire

contribuer à ralentir, voire inhiber les tendances

suicidaires chez les ados déprimés mais pas

nécessairement biologiquement malades.



l’ado suicidaire.

Aspects importants dans le diagnostic de la

dépression :

Comprendre si on est en face d’une dépression de

type bipolaire ou unipolaire ;

Comprendre les causes psychologiques et

biologiques à la source de la dépression.


Aspects importants dans le diagnostic de la

dépression :

Bien comprendre:

➢ Le contexte d’isolement,

➢ Le rôle du lien significatif et de l’environnement

affectif dans le dev bio et psycho de l’ado;

➢ Les liens entre le cannabis et la dépression

(de Tournemire R. 2010., Cyrulnik B. 2011., Nock, M.K., Millner, A.J., Deming, C.A., & Glenn, C.R. 2014).

Les méthodes les plus utilisées chez les

garçons vs chez les filles

Différence garçons / filles?

• Les garçons meurent d’avantage que les filles dans la proportion de

3 garçons pour 1 fille;

• La pendaison et l’arme à feu, méthodes de prédilection des garçons

(7 décès sur 10);

• Pour ce qui est des tentatives de suicide, (3 filles pour 1 garçon);

• + de filles tentent la surdose (avaler des pilules) mais y échappent;

• Garçons plus affirmés (se jeter sous un pont) que les filles et

aboutissent plus souvent.

(MSSS, 2006)

Quelle est la part de la prédisposition génétique

dans le comportement suicidaire chez les ados

?

• Scientifiquement, il n’existe aucun gène du suicide;

• Des familles dans lesquelles le suicide à été un option, tendent à

perpétuer l’acte;

• Environnement socioaffectif peut contribuer à perpétuer l’acte;

• Taux de suicide généralement plus élevé dans les familles avec

forte consommation d’alcool/drogues.

Conclusion

Prévenir le suicide d’un ado:

• En faisant tout pour qu’il se sente existé;

• Plus on reconnait le sujet suicidaire, plus on prévient son suicide;

• Plus on ignore ses idées noires, son existence, plus on le laisse

seul, moins on prévient son suicide;

• Transformer les violences subies en énergies positives;

• D’un côté l’ado est d’une part, un être biologique, un mammifère, et

d’autre part, doté d’un system personnel, psychologique, qui

enrichissent l’aspect biologique, corporel de l’être humain.

Conclusion

Un lien affectif positif avec un adulte peut

contribuer à fournir un encadrement adéquat

propice, permettant au jeune de se sentir

sécurisé, valorisé, ce qui engendre le sentiment

d’existence nécessaire pour construire son

estime de soi.

Sincères remerciements pour votre attention et votre participation.

Collaboration spéciale : Université Harvard, Center on the Developing Child.

Robert Louis

[email protected]

mailto:[email protected]

Références et suggestions de lecture: Aouba, A., et al., (2011). Évaluation de la qualité et amélioration de la connaissance des données de

mortalité par suicide en France métropolitaine, 2006. Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 47-48: 498-

501.

Cyrulnik, Boris. (2011). Quand un enfant se donne la mort. Paris, Odile Jacob.

de Tournemire R. (2010). Suicides et tentatives de suicide à l’adolescence. « Données épidémiologiques »:

comment s’y retrouver ? Archives de Podiatrie. 17 : 1202-9.

Gagné, M. et al., (2011). La mortalité par suicide au Québec : tendances et données récentes – 1981 à

2009. Institut national de santé publique du Québec. No : 1204, 5 pages.

http://www.lapresse.ca/fichiers/4616552/1603_MortaliteSuicideQc_1981A2010_MAJ2013.pdf

Gunnell, D., et al., (2012). Time trends in coroners' use of different verdicts for possible suicides and their

impact on officially reported incidence of suicide in England: 1990-2005. Psychol Med, 1-8.

Jougla, E., et al., (2002). La qualité des données de mortalité sur le suicide. Rev Epidemiol Sante

Publique, 50(1), 49-62.

MSSS, (2006) Perspectives démographiques basées sur le recensement de 2006.

http://www.lapresse.ca/fichiers/4616552/1603_MortaliteSuicideQc_1981A2010_MAJ2013.pdf

Références et suggestions de lecture:

Nock, M.K., Millner, A.J., Deming, C.A., & Glenn, C.R. (2014). Depression and suicide. In I.H. Gotlib &

C.L. Hammen (Eds), Handbook of depression (3rd edition), (pp. 448-468). New York: Guilford Press.

Nock, M. K., & Kazdin, A.E. (2002). Examination of affective, cognitive, and behavioral factors and suicide-

related outcomes in children and young adolescents. Journal of Clinical Child and Adolescent Psychology,

31, 48-58.

Pommereau X. (1997). Quand l’adolescent va mal. Paris, Editions J’ai lu. 123.

Prinstein, M. J., Nock, M. K., Spirito, A., & Grapentine, W. L. (2001). Multi-method assessment of suicidality

in adolescent psychiatric inpatients: Preliminary results. Journal of the American Academy of Child and

Adolescent Psychiatry, 40, 1053-1061.

Statistique Canada, (2012). Mortalité : liste sommaire des causes - 2009. Division de la statistique de la

santé. Ottawa. No 84F0209X,

Weiss, Joel. (1986). Ces enfants qui se suicident. Paris, Editions Club France Loisirs,.

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