R&N 154 SAGA Levis

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Saga deS MARQUES Prototype même de « l’entreprise familiale qui a réussi », Levis doit son succès et son histoire à son état d’esprit orienté vers l’innovation, mais aussi à certaines valeurs humaines bien ancrées. 32 l REFLETS & NUANCES DÉCEMBRE 2012 Levis 180 années d’histoire au service du professionnel L’histoire de la célèbre marque familiale de peinture Levis, d’origine belge, commence immédiatement après la bataille de Waterloo, laquelle a eu lieu en 1815 comme chacun sait ! En effet, l’une des conséquences territoriales de la redistribution des cartes en Europe, suite à la défaite de Napoléon, a été que la Belgique est alors entrée dans le giron des Pays-Bas, dont elle est devenue une province jusqu’en 1830 (indépendance de la Belgique). « C’est donc tout naturellement que Gustave Levis lorsqu’il crée sa société en 1831 utilise la « standolie » (huile de lin cuite qui fit la réputation de la laque hollandaise) pour fabriquer ses premiers vernis », fait remarquer Jacques Hallemans, ancien responsable marketing, qui a quitté l’entreprise en 2007. Gustave Levis devient dès 1835 fournisseur officiel de vernis pour la protection des wagons en bois de la première ligne de chemin de fer d’Europe continentale (Bruxelles – Malines). De cette époque date la spécialisation de Levis dans le domaine de la protection du bois. A l’issue de la seconde guerre mondiale, Levis négocie un tournant historique. Alors que de nombreux fabricants décident de commercialiser leurs produits en direct, Georges Levis, alors propriétaire de la société, décide au contraire de s’appuyer sur un réseau de grossistes indépendants. « Ce choix, d’autant plus judicieux que la plupart des distributeurs avaient été abandonnés par leurs fournisseurs, permet à Levis de devenir très rapidement premier fabricant belge de peintures bâtiment et grand public », souligne Jacques Hallemans.

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R&N (reflets et nuances) 154, revue de l'union professionnelle peinture et finitions). La saga de la société Levis.

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Saga deS MArqUES

Prototype même de « l’entreprise familiale qui a réussi », Levis doit son succès et son histoire à son état d’esprit orienté vers l’innovation, mais aussi à certaines valeurs humaines bien ancrées.

32 l Reflets & NuaNces Décembre 2012

Levis 180 années d’histoire au service du professionnel

L’histoire de la célèbre marque familiale de

peinture Levis, d’origine belge, commence

immédiatement après la bataille de Waterloo,

laquelle a eu lieu en 1815 comme chacun sait !

En effet, l’une des conséquences territoriales de

la redistribution des cartes en Europe, suite à

la défaite de Napoléon, a été que la Belgique

est alors entrée dans le giron des Pays-Bas, dont elle

est devenue une province jusqu’en 1830 (indépendance

de la Belgique). « C’est donc tout naturellement que

Gustave Levis lorsqu’il crée sa société en 1831 utilise

la « standolie » (huile de lin cuite qui fit la réputation

de la laque hollandaise) pour fabriquer ses premiers

vernis », fait remarquer Jacques Hallemans, ancien

responsable marketing, qui a quitté l’entreprise en 2007.

Gustave Levis devient dès 1835 fournisseur officiel

de vernis pour la protection des wagons en bois de la

première ligne de chemin de fer d’Europe continentale

(Bruxelles – Malines). De cette époque date la

spécialisation de Levis dans le domaine de la protection

du bois.

A l’issue de la seconde guerre mondiale, Levis négocie

un tournant historique. Alors que de nombreux fabricants

décident de commercialiser leurs produits en

direct, Georges Levis, alors propriétaire de la

société, décide au contraire de s’appuyer sur

un réseau de grossistes indépendants. « Ce

choix, d’autant plus judicieux que la plupart des

distributeurs avaient été abandonnés par leurs

fournisseurs, permet à Levis de devenir très

rapidement premier fabricant belge de peintures

bâtiment et grand public », souligne Jacques

Hallemans.

L’h

peinture Levis, d’origine belge, commence

immédiatement après la bataille de Waterloo,

laquelle a eu lieu en 1815 comme chacun sait !

En effet, l’une des conséquences territoriales de

est alors entrée dans le giron des Pays-Bas, dont elle

est devenue une province jusqu’en 1830 (indépendance

de la Belgique). «

Gustave Levis lorsqu’il crée sa société en 1831 utilise

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L’histoire s’accélèreAssez rapidement, le marché belge n’a plus suffi à

assurer le développement de la société. Celle-ci s’est

alors tournée vers l’exportation en créant des filiales

dans les principaux pays européens et en s’appuyant

sur des importateurs locaux pour les contrées lointaines.

Dès 1960 naît la Levis SAPT, résultat de la fusion des

activités de Levis en France avec celles de la Société

Anonyme des Peintures Techniques. Une entreprise qu’a

bien connue Jacques Hameau, ancien chef des ventes

Levis Grand Ouest (il a quitté l’entreprise en 2011), dont

le père commercialisait les produits de la SAPT. « Cette

société avait été créée par l’ancien directeur commercial

des peintures Freitag, souligne-t-il. Ce qui explique

d’ailleurs la vocation technique des peintures de la SAPT.

Plus tard, dans les années 80, les dirigeants de Levis

nous ont fait remarquer que l’anticorrosion n’était plus

assez rentable ! »

C’est dès les années 1930 que la production de peintures

avait démarré sur le site de Bornel (Oise), où la SAPT

s’est ensuite épanouie. Ce site avait lui-même été

occupé par une production de boutons de nacre dans les

années 1920. Pour l’anecdote, son dirigeant a longtemps

été Francis Mauresmo, le père de la célèbre championne

de tennis. Depuis les années 1990, il n’y a plus de

fabrication sur le site de Bornel, dont le groupe Akzo

Nobel avait fait entre-temps un entrepôt de stockage.

Les produits Levis sont désormais stockés à Montataire

avec les autres marques du groupe.

Pour l’heure, en 1960, ce rapprochement a permis à

Levis de s’implanter solidement sur le marché français

tant dans le domaine des peintures bâtiment que dans

celui des peintures pour l’anticorrosion industrielle.

En 1985, Levis rejoint le groupe néerlandais Akzo,

ce qui lui assure une assise financière renforcée, un

rayonnement international, et un potentiel de recherche

et développement accru. Après l’intégration des

activités chimiques du suédois Nobel en 1994, le groupe

change de nom et devient Akzo Nobel. Enfin, après le

rapprochement avec la branche peintures du groupe ICI

en 2008, Akzo Nobel devient le premier fabricant de

peintures bâtiment et grand public.

Georges Levis, un dirigeant historique et admiré« Si Georges Levis a fait preuve d’un grand flair

commercial après la dernière guerre, il a aussi donné une

impulsion décisive à la recherche en créant d’importants

laboratoires », témoigne Jacques Hallemans. Sur le plan

de l’innovation et de la technicité, le résultat ne s’est

pas fait attendre (lire encadré sur les produits). Chacun

s’accorde à dire que Georges Levis fut réellement un

visionnaire et quelqu’un qui a toujours su anticiper la

demande. C’est d’ailleurs à la suite d’un voyage d’étude

aux USA que Georges Levis a demandé à ses chimistes

de mettre au point le Miglo, la toute première laque

acrylique satinée en 1968.

PLuSieurS décennieS d’innoVation « ProduitS »

• duol (peinture microporeuse pour bois) et ultralasur (lasure garnissante) ont conforté la position de Levis dans le domaine de la protection des boiseries.

• Levislux surnommé «le miroir du peintre » et Levis Satin sont devenus la référence dans le domaine des laques.

• Levistex créé dès le début des années soixante, a ouvert la voie aux produits en phase aqueuse destinés à décorer, mais aussi à protéger les murs intérieurs et extérieurs.

• Miglo, la toute première laque acrylique satinée en 1968. : c’est à la suite d’un voyage d’étude aux usa que georges Levis a demandé à ses chimistes de la mettre au point.

…. juSqu’à aujourd’huien poursuivant inlassablement ses efforts dans le domaine de la recherche et du développement, Levis propose aujourd’hui une gamme de produits très complète, performante et professionnelle.

Décembre 2012 Reflets & NuaNces l 33

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© AkzO NOBEL/LEVIS

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q 1831 Création de la société

par Gustave levis.

q 1835 levis devient fournisseur

officiel de la première ligne de chemin de fer d’europe Continentale (Bruxelles-Malines).

q 1836 De cette époque date

la spécialisation de levis dans les vernis et peintures pour bois. Mettre au point un vernis pour protéger et décorer les wagons en bois de l’époque n’était pas une mince affaire.

q 1950 levis devient le premier fabricant

belge de peintures bâtiment et grand public.

q 1960 levis assure son développement

en France en fusionnant ses activités avec celles de la Société Anonyme de Peintures techniques en France (SAPt) .

q 1985 intégration de levis au sein

du groupe Akzo.

q 1994 Akzo Nobel naît de l’acquisition

par Akzo des parts de Nobel.

q 2008 intégration du groupe iCi

au sein du groupe Akzo Nobel.

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Jacques Hameau se souvient très bien

de ce dirigeant remarquable. « Au

cours d’une visite d’usine où j’étais allé

avec mon père (j’étais alors étudiant),

Georges Levis m’a demandé au dîner si je

serai prêt à intégrer l’entreprise à mon retour

du service militaire, car il avait besoin de

quelqu’un pour assurer les relations entre la

Belgique et la France. Lorsque je fus libéré du

service, des mois plus tard, en juin 1965, une

lettre de M. Levis m’attendait. Il avait tenu

parole et m’a embauché, au tout début, pour

un stage de 10 mois à Vilvoorde. C’est ensuite

que je suis devenu technico-commercial pour

l’Ouest de la France. Ce que je retiens de Georges Levis,

c’est son rayonnement, sa gentillesse, sa simplicité et

la confiance qu’il pouvait placer dans les hommes :

dès la fin de mon stage il m’a mis sur la route avec

une voiture ! »

On sent une même admiration de la part de Jacques

Hallemans. « Non seulement c’est lui qui a développé

la marque en Belgique pour en faire le n°1 après-

guerre mais il se distinguait aussi par ses capacités

relationnelles. J’avais l’impression qu’il connaissait

tout son personnel alors que nous étions déjà plus

de 600 lorsque je suis rentré dans l’entreprise en 1967.

J’étais encore récent lorsque, après quelques jours

d’arrêt sans gravité, il m’a demandé des nouvelles de

ma santé à mon retour ! La force de Levis c’est d’avoir

conservé longtemps son esprit d’entreprise familiale. »

Une entreprise familiale et de grands professionnels en

tant que dirigeants. Au décès de Georges Levis, il y a eu

bien sûr son fils, Jacques Levis. Mais d’autres hommes

ont également marqué l’histoire de l’entreprise. Ainsi

Francis Mauresmo a laissé un souvenir marquant.

C’est également le cas de Georges Bénichou, l’un des

artisans du développement commercial de l’entreprise

sur la France. C’est d’ailleurs Georges Bénichou qui avait

fait venir en France le Belge Jacques Hallemans, qui a

finalement fait l’essentiel de sa carrière chez Levis dans

l’Hexagone au marketing, après quelques premières

années en tant que responsable du laboratoire de

Vilvoorde. « Cela dit, l’un des défis techniques (et

marketing !) les plus importants de ma carrière s’est

posé à une date récente : le passage à 2010, avec le

changement de réglementation sur les COV (composés

organiques volatils), explique-t-il. Dès 2007, j’avais

commencé à travailler sur l’adaptation des produits en

teneur en solvant trop élevée - d’excellents produits

pourtant ! Il y a eu un énorme travail d’adaptation à

faire. Une vraie révolution ! » n

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34 l Reflets & NuaNces Décembre 2012