Région Centre-Val de Loire - RECUEIL A IMPRIMER · 2018-07-24 · 4 Oumou Anne et Jérémy...

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1 Recueil des textes Concours organisé par le Conseil Régional de la Jeunesse Centre-Val de Loire en partenariat avec l’Ecopôle - EDITION 2018 - PRIX spécial JEUNES TALENTS D’ECRITURE

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Recueil des textes

Concours organisé par le Conseil Régional de la Jeunesse Centre-Val de Loire en partenariat avec l’Ecopôle

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PRIX spécial JEUNES TALENTS D’ECRITURE

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Michèle Rivet et Charles Fournier «  Raconte-moi ta biodiversité  » est une formidable initiative du Conseil Régional de la Jeunesse (CRJ), et un partenariat fructueux avec l’Ecopole, qui témoigne de la mobilisation et de l’engagement des jeunes pour répondre aux défis qui sont devant nous.

Ces 50 dernières années, de nombreuses conférences internationales alertent sur l’existence d’une crise écologique liée aux composants de ce que l’on appelle le changement global, avec une érosion sans précédent de la biodiversité qui nous entraine vers une 6ème extinction des espèces. On estime à 36 % les espèces menacées, dont 1 mammifère sur 5, 1 oiseau sur 8, 1/3 de tous les amphibiens et 70 %  de toutes les plantes. Plus globalement, la santé des écosystèmes est au plus bas puisque 60 % des écosystèmes de la planète ont été dégradés en moins d’un demi-siècle, avec des conséquences irréversibles. Les défis qui sont devant nous nécessitent une mobilisation de toutes et de tous pour modifier les modes de vie, dont les modes de production et de consommation, mais aussi de retisser des solidarités à l’échelle planétaire.

A l’image du colibri ce concours contribue à la mobilisation des jeunes et l’engagement de celles et de ceux qui y ont participé démontre que les nouvelles générations sont en mouvement pour relever les défis de demain… par l’écriture et peut-être plus ?

Bravo au Groupe Environnement du CRJ  : Laura, Nora, Lucas et Aurélien pour l’organisation de ce concours ! Et bonne lecture à toutes et à tous …

Michèle RIVET Vice-Présidente déléguée à l'Environnement et au développement rural

Charles FOURNIER Vice-Président délégué à la Transition écologique et citoyenne et de la coopération

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Oumou Anne et Jérémy Ciepielewski

Le Conseil Régional de la Jeunesse (CRJ), est une instance de participation citoyenne de jeunes en région Centre-Val de Loire, un espace d’engagement et d’initiatives, pour prendre part à la construction des politiques publiques régionales et pour mettre en place des projets. Parmi les 77 membres qui le composent, 4 ont choisi de se saisir de la problématique environnementale.

Laura GOGUET, Lucas GROSPART, Nora METHIVIER et Aurélien LEROUX ont ainsi collaboré avec l’EcoPôle pour lancer le tout premier concours d’écriture du CRJ à l’intention des jeunes de la région âgés de 15 à 27 ans. Ils ont été invités à s’exprimer sur le thème de la biodiversité par écrit, enjeu essentiel dont on ne parle pourtant pas assez.

Le CRJ de la région Centre-Val de Loire tient à féliciter tous les jeunes inspirés par ce thème, qui nous ont ravis par leur créativité, leur engagement et leur grande maturité.

Oumou ANNE Co-présidents du Conseil Régional de la Jeunesse (CRJ)

Jérémy CIEPIELEWSKI Co-présidents du Conseil Régional de la Jeunesse (CRJ)

SOMMAIRE

Textes……………………………………………………………………………………………6 Alexia GARCIA - 31 décembre 2118 (1er prix) Jonathan DELEGLISE - Echo (2ème prix) Juliette ROY - Du Chaos au K.O. (3ème prix) Zélie GROSPART - Le passé perdu (Prix coup de coeur) Elodie CIEPIELEWSKI - Soutenons (Prix du Public) Floriane CORDIER - Lettre à la Nature Amaya RENDHART - Remember Blandine TEIXERA - Mea Culpa Cloé LEMARECHAL - Faune et Flore Sacha COTTEREAU - L’Homme et la Baleine

Mamadou BARRY, Ismael SILEMANE et Abakar-Mehdi KIRAT - Espoir Quentin VACHER - Pour sauver la biodiversité il faut construire des ponts ! Sakina ABDOULLATTIVE - Biodiversité Servane RENOU - Le scarabée lucane cerf-volant Océane LESVEN - La Sologne et ses quatre saisons Compagnons du Devoir et du Tour de France de Tours - Jeter son mégot ça fonctionne et ça ne coûte rien Julia SCHLICK - Pluie d’Avril Marion RECHER - Ballade dans les cieux

Jury………………………………………….………………………………………………..29

Remerciements…………………………………………….….………………………..…30

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31 décembre 2118 Alexia GARCIA, 25 ans, Saint-Jean de la Ruelle

Avy regarde anxieusement son compte contribution. Nous sommes le 31 décembre de l’année 2118, et il lui reste exactement 11h34 pour remplir ses objectifs annuels.

Le compte contribution est virtuellement attribué à chaque citoyen dès sa naissance. Cet outil virtuel permet de fixer pour chacun un objectif annuel obligatoire de productivité à réaliser. Il peut légèrement varier d’une personne à l’autre, surtout en fonction de l’âge. Le meilleur moyen d’atteindre son objectif, c’est de beaucoup consommer, ou de faire beaucoup consommer les autres. L’instrument de mesure est monétaire, et le compte contribution est peu regardant sur la provenance. La productivité d’Avy, calculée en temps réel, est si basse qu’il va avoir une contravention démesurée.

AVY Les truites arc-en-ciel

C’est ton devoir de citoyen, me rappelle Lys, comme elle me voit contrarié. Chacun doit bien contribuer à la croissance, si on veut qu’elle soit tous les ans supérieure à celle de l’année précédente, n’est-ce pas ?

Je suis invité à déjeuner chez des amis, Lys et Oan, qui habitent le 320e étage d’une des plus petites tours de la ville. Je coupe une tomate qui fait deux fois la taille de ma tête en quatre parts égales. Parfaitement ronde, et recouverte d’une peau sans défaut, elle impressionne par la vivacité de sa couleur rouge-génétiquement-modifiée.

Allez mon vieux, renchérit Oan en me tapotant le dos, je suis certain qu’il ne te manque pas grand-chose. Tu pourrais aller t’acheter un chien virtuel, ou un robot conversationnel. Lys nous sert une cuisse de poulet à chacun (plus de jaloux depuis l’invention du poulet à trois pattes !).

Mon visage s’assombrit encore. Pour atteindre l’objectif, il faudrait que je vende l’équivalent d’au moins, je ne sais pas… 20 truites-arc-en-ciel ! Je ris presque maintenant, tant l’idée me parait irréaliste. Les truites arc-en-ciel, dernières espèces de salmonidés vivantes, sont depuis l’an 2106 une espèce protégée – parce qu’en voie d’extinction. Leur commerce est illégal, mais elles se vendent tout de même à prix d’or au marché noir. Les dernières truites en vie frétillent dans une aire marine interdite à la pêche, à deux heures d’ici. Elle est appelée « aire marine de corail ».

Et pourquoi pas…, déclare simplement Oan en haussant les épaules. Sa remarque est reçue par un silence étouffant. Mon regard se fixe machinalement sur l’une des photos de vacances en Antarctique de Lys, accrochée au mur. Elle y pose bras nus devant une étendue d’eau sombre jadis glacée, assise sur un zodiac qui navigue entre les squelettes gigantesques d’espèces désormais éteintes. L’ossature impressionnante des baleines mortes est conservée dans son état d’origine, c’est ce qui fait la force touristique de cette partie du monde

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Je n’y suis jamais allé, je n’aime pas le tourisme de masse.

Que veux-tu dire ? Je demande, intéressé. Je veux dire que si tu partais maintenant pour l’aire marine de corail, et que tu y pêchais quelques truites, tu serais de retour à temps pour célébrer la nouvelle année avec nous, sans t’inquiéter de ta contravention. Elles se vendraient en quelques minutes seulement, avec une annonce en ligne, tout particulièrement en ces temps de fêtes. C’est impossible, je souffle. L’aire est gardée par des officiers toute l’année. Détrompes-toi, me corrige Oan, personne ne travaille là-bas le 31 décembre…

OAN Les cimetières d’arbres

Après le déjeuner, nous grimpons dans la voiture, Avy et moi. Sur la banquette arrière s’entassent une énorme glacière remplie d’eau, des masques, des tubas, des palmes et un filet de pêche à radar automatique. Je n’arrive pas à croire que j’ai accepté de le suivre dans son projet de braconnage de truites – et encore moins que je suis l’investigateur de l’idée. Dehors, comme toujours, il fait très chaud, même s’il a grêlé hier.

Je tente de me rassurer. Après tout, c’est notre devoir citoyen. Sans croissance, le pays coule à sa perte. J’observe le paysage par la fenêtre. Le ciel est gris, l’air chargé d’une épaisse fumée blanche émanant des usines qui bordent la route par dizaines. Nous longeons des champs d’arbres tronqués. Des troncs mutilés en pleine croissance s’alignent les uns derrières les autres, tels des sépultures tristes dans un cimetière abandonné. Parfois, nous croisons aussi des étendues de fleurs identiques où s’agglutinent, à leur pied, une masse informe bicolore et duveteuse. Qu’est-ce que c’est ? Je demande à Avy. Des abeilles mortes, me répond-t-il. C’est à cause des insecticides diffusés dans les fleurs. Des centaines de milliers de ruches meurent chaque année, et c’est pour cette raison que le miel est une ressource extrêmement rare. Un jour, elles cesseront d’exister. Un peu comme les truites. Oui. Et un peu comme se sont éteints les grands esturgeons, le gorille des montagnes, la tortue d’Egypte, le panda géant… Pourquoi ont-ils disparus ? Peut-être à cause du compte contribution …

AVY Le distributeur automatique d’air pur

Oan avait raison. Il n’y a personne pour nous interdire l’entrée, ou même pour contrôler nos identités. Seule une barrière peinte en rouge nous force à garer la voiture et continuer à pied jusqu’à la mer, le matériel de pêche et la glacière à la main.

Même ici, l’air est difficilement respirable, et nous n’avons pas nos masques anti-pollution avec nous. Je commence à me sentir fébrile et nauséeux – peut-être à cause de l’adrénaline, ou peut-être à cause de la qualité de l’air.

Heureusement, nous trouvons sur le chemin qui mène à la mer, un distributeur automatique d’air pur. As-tu de quoi payer ? Je demande à Oan. J’aimerai prendre une ou deux inhalations. Il sort quelques pièces de sa poche.

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Les distributeurs automatiques d’air pur ont été inventés dans les années 2090, un peu avant ma naissance, pour remédier aux problématiques de pollution, et au développement exponentielle de la présence dioxyde de souffre, gaz carbonique et autres particules de diesel dans la composition de l’air.

Je me sens euphorique. Peut-être à cause de la forte dose d’oxygène contenu dans l’air pur. Ou est-ce dû à la facilité avec laquelle nous nous apprêtons à voler les truites arc-en-ciel ?

OAN L’aire marine protégée

Nus dans la mer, tubas sur le nez et palmes aux pieds, nous nageons en quête des poissons multicolores. Je n’ai jamais vu une eau si bleue, si claire, si translucide. Je ne m’étais jusqu’alors toujours baigné que dans des eaux nébuleuses et marécageuses, pataugeant entre des débris de sacs plastiques centenaires. J’évolue aux côtés de poissons solaires, jaune tacheté, les nageoires fluides et délicates, de tortues aux écailles brunes sur lesquelles le soleil fait jouer des reflets dorés, d’une seiche géante aux tentacules rougies et aux ventouses multiples.

Le spectacle qui s’offre à moi est impressionnant. Tant de couleurs, de beauté, de vie pour mes yeux qui n’ont connu jusqu’à présent que la similitude de la culture intensive. Sous moi s’étendent des récifs coralliens aux couleurs bouleversantes. Je pleure, mais l’eau noie mes larmes.

Puis nous les apercevons enfin. Les truites arc-en-ciel. Alternant l’ambre et le orange, leurs écailles sont recouvertes de petits points noirs disparates. Elles trainent en banc. En les regardant ainsi, je m’excuse intérieurement. « Désolée, vous allez mourir pour que le compte contribution puisse vivre ».

Et puis tout se passe très vite. A proximité des poissons, le filet à radar se déclenche tout seul. Nous n’avons rien à faire nous-mêmes, elles sont prises au piège dans la tyrannie de notre technologie.

AVY La médaille du mérite

Les truites arc-en-ciel se vendent en quelques secondes, et j’explose mon compte contribution, avec une progression spectaculaire de 200%. A minuit très exactement, je reçois une médaille du mérite automatique pour ma remontée incroyable. Tout le monde m’applaudit, nous mangeons de la truite (j’en ai gardé une à partager). Je suis un héros.

Le lendemain, l’extinction d’une nouvelle espèce est officiellement ajoutée au Journal Officiel de la Biodiversité.

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Echo Jonathan DELEGLISE, 25 ans, Tours

Entendez-vous le brame, La plainte du grand cerf ? Écoutez, il réclame Ses arpents, son bois vert ! Voyez, la forêt crame Et, avec elle, l'air ! Sa voix claire se pâme Dans l'écho d'un désert.

Demain la bétonneuse, Machine du démon Dont la bouche pâteuse Dégueule du béton, Viendra, la malheureuse, Déverser son lagon ! Et la fleur amoureuse N'aura plus de chanson.

Oh ! La biche ingénue, Avec son jeune faon, Dans la glaise inconnue Recherche son amant ; D'une patte menue, L'orphelin, son enfant, Foule une terre nue Et sèche maintenant.

Il voit une armature, - Monstre de fer, de clous - Défier la nature Et son calme si doux.

L'ignoble créature, Dressée au garde-à-vous, Est une tâche obscure Au crépuscule roux.

O Nature, pardonne A l'humain son orgueil ! Même s'il fanfaronne En foulant le cerfeuil, Sa rudesse s'étonne Lorsqu'un petit bouvreuil Pour le grand cerf entonne Une marche de deuil.

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Du Chaos au K.O. Juliette ROY, 24 ans, Tours

Ah ! En voilà un bien beau gâchis, Que celui de ne plus savoir ce qu’est un lit ;

Nous connaissons le nôtre, aimons y paresser, Mais le son des cours d’eau commence à s’oublier.

Début de belle saison, une tristesse sans nom, Le silence des oiseaux paraît soudain si fort ;

Nous bien à l’abri dans nos coquettes maisons, Le monde perd la raison, ça nous étonne encore.

On en discute, on tourne autour, on tergiverse, Combien de temps encore tiendrons-nous sous l’averse ?

Notre Terre est aujourd’hui à sang et à feu, Hélas, les cris des bêtes n’ont pas grâce à nos yeux.

Noé en sa légende les sauvait du déluge, Ils embarquaient par deux protégeant leur espèce ;

Nous voici incapables de leur trouver refuge, Qu’on les préserve, oui, pourvu qu’ils nous repaissent !

Du plus lourd éléphant à la légère abeille, Tous sont importants, sans eux rien n’est pareil, Des abysses profonds aux nuées les plus hautes, Si nous n’agissons pas nous aggravons la faute.

Redevenons humains, regardons bien autour, Se préférer aux autres c’est aussi notre fin.

Aidons Gaïa à se parer de ses plus beaux atours ! Acceptons de changer, ne soyons pas hautains.

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Le passé perdu Zélie GROSPART, 16 ans, Vendôme

Mon prof de biologie voulait nous faire découvrir les « trésors perdus du passé » comme il disait. C’était pour ça que je me retrouvai dans un bus, entouré des garçons et des filles de ma classe, tous plus bêtes et immatures les uns que les autres. Je ne m’étais jamais senti à ma place parmi eux, comme si j’étais autre part, comme s’il manquait quelque chose.

- Victor ! m’interpella le prof, nous sommes arrivés, tout le monde est descendu, dépêche-toi ! Je soupirai avant de me lever pour rejoindre les autres. Une fois tous les élèves relativement calmes, le prof nous fit un petit topo sur l’heure que nous allions passer au Musée de la Biodiversité, à « visiter » le simulateur. Après être passés par de nombreux couloirs expliquant tout un tas de choses sur la manière de préserver au mieux notre planète, nous sommes arrivés au simulateur. Celui-ci ressemblait à une boîte en fer géante, avec une unique porte.

- Bien ! expliqua le prof, nous sommes aujourd’hui en 2071. Ce simulateur va reproduire la nature d’autrefois, vous montrer comment elle était avant que les hommes ne viennent la tuer à petit feu. À présent, presque le tiers des espèces animales et plus de la moitié des espaces naturelles ont disparu. La simulation va vous faire découvrir ce que nous avons perdu. Soyez attentifs, je vous demanderai un compte-rendu noté de cette simulation après la sortie.

Avec quelques grognements, mes camarades entrèrent dans le simulateur, où je les suivis. J’aimais bien ce prof, il était passionné par la nature. C’était tellement rare de trouver ce genre de personne de nos jours. Une fois tous rentrés dans la machine et la porte fermée, une voix off expliqua en quoi consistait la simulation et les mesures de sécurité à suivre.

- Bonjour, chers visiteurs ! Pendant cette simulation, vous découvrirez cinq paysages qui recréent la faune et la flore d’autrefois. Les changements s’opéreront toutes les cinq minutes. Pour votre sécurité, merci de ne pas vous déplacer, afin de ne pas percuter les parois du simulateur. En cas d’urgence, vous trouverez un bouton près de la porte, qui arrêtera la simulation et ouvrira la porte. Je vous souhaite un très bon moment au cœur de nos paysages.

La voix off s’éteignit, et tout devint noir. Puis, tout doucement, le premier paysage commença à apparaître.

Une forêt. Imposante, pleine de majesté. Elle était tout simplement merveilleuse. C’était comme si je rentrais chez moi, après tant d’années d’absence… Comme si je retrouvais l’endroit auquel j’appartenais. Les rayons du soleil jouaient avec les feuilles rougissantes d’un début d’automne, pour venir pailleter le sol de mille reflets d’or, lui donnant un aspect irréel, où le moindre frémissement de la nature me faisait croire à chaque instant qu’une fée allait surgir d’entre les ombres des arbres. Mais ce ne fut pas une fée qui apparut. Ce fut une biche, aussi furtive et insaisissable qu’un feu-follet, si timide, si peureuse, et pourtant si gracieuse. Je m’avançai vers elle, mais je me cognai contre une des parois du simulateur, revenant tristement à la réalité. Comme pour confirmer mon retour dans le monde réel, le décor changea. La banquise. Éclatante sous le soleil, elle étincelait. Je regardai autour de moi,

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émerveillé. Du blanc. Du blanc partout, où se découpait parfois le bleu profond de l’océan. C’était tellement impressionnant toute cette blancheur… Je n’avais pas de mots pour la décrire. C’était tout simplement magnifique. Soudain, une baleine émergea à la surface pour respirer. Je savais que c’était un gros animal (mon prof de bio nous l’avait dit pendant un de ses cours), mais je ne m’attendais pas à ça. Une baleine ! Elles avaient disparu depuis plus de 20 ans déjà ! Qui aurait cru que j’en verrai une en vrai, un jour ? Mais le simulateur me rappela encore une fois que tout cela n’était qu’une trace du passé, en changeant de paysage.

Un lac maintenant. Avec une formidable cascade. Les remous de l’eau, où nageait le reflet du soleil, miroitaient des bleus plus subtils ou plus éclatants les uns que les autres. Cette eau transparente me laissait aussi apercevoir toutes sortes de poissons, apparaissant à la lumière voyageuse du soleil ou disparaissant dans l’obscurité des profondeurs du lac. Il y en avait des gros, des petits, des longs, des larges… Je n’avais jamais vu auparavant autant de poissons différents au même endroit. Mais encore un fois, avant de pouvoir savourer pleinement ce tableau, le paysage changea de nouveau.

Le sommet d’une montagne cette fois. Un pic qui parfois, se confondait dans les nuages, et où la neige scintillait et se teintait de rouge, sous un superbe coucher de soleil, me laissant sans voix. Dans la vallée, en contrebas, on pouvait voir un versant parsemé de sapins d’un vert profond. Le bleu du ciel, le blanc vaporeux des nuages ou celui scintillant de la neige, le vert émeraude des sapins, celui plus clair de l’herbe entre les arbres, le rouge du soleil couchant… Toutes ces couleurs se mariaient si bien ensemble, que mes yeux frémissaient de bonheur à cette vue. C’était tellement beau que j’aurais pu rester là pour toujours. Mais une fois de plus, le simulateur, voyant les choses autrement, passa à la simulation suivante.

Une prairie. Une prairie parsemée de mille fleurs, m’éclaboussant de leurs plus belles nuances. Il y en avait partout, mais pas seulement des fleurs ! Je voyais aussi bourdonner des milliers d’abeilles et voleter des papillons aux couleurs changeantes. Des abeilles et des papillons ! De nos jours, ils étaient enfermés dans des endroits prévus à cet effet, afin de les protéger de l’extinction, où ils continuaient à polliniser les fleurs. C’était décidément le plus beau jour de ma vie ! Une unique larme coula sur ma joue. Je n’avais pas oublié, cette fois, que tout cela n’était pas réel, ou en tout cas, ne l’était plus. Comme pour appuyer cette pensée, le simulateur arrêta la simulation, et la voix off se fit de nouveau entendre :

La simulation est maintenant terminée. Merci de bien vouloir quitter le simulateur, et bonne fin de visite au Musée de la Biodiversité !

Je comprenais mieux maintenant pourquoi mon prof parlait des « trésors perdus du passé ». À la fois insaisissable, et si fragile, la nature était le plus précieux et magnifique des trésors. Pourquoi si peu de personnes ne s’en rendaient compte ?

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Soutenons Elodie CIEPIELEWSKI, 19 ans, Tours

Beaucoup ont des suspicions, Vis-à-vis du domaine écologique.

Le réchauffement climatique, Ne serait qu'une invention.

Cependant, pensez-y un instant, Serions-nous assez bêtes,

Pour créer de telles sornettes, Si nous soutenons l'environnement ?

C'est pour soutenir les soucieux, Soucieux de notre sphère, Que des esprits judicieux, Solliciterons la biosphère.

Nous tenterons de terrasser, Toutes les idées dérangées

Grâce à nos écrits transmettant Une meilleure image de l'environnement.

Sachez que les cycles environnants, Sont des plus arrangeants,

Pour tout ce, qui nous permet, De vivre, respirer, sentir et s’amuser.

L’échange animaux-végétaux réunis, L’exemple même d’une harmonie,

Puisque à eux seul, ils sont, Les acteurs de la respiration.

Et pour bien d’autres raisons, Que vous verrez de toutes saisons,

Le monde qui nous entoure, Mérite encore de voir le jour.

Et pour cela une seule question, Pourquoi ne pas aider,

Votre habitat, votre maison, À rester en bonne santé.

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Lettre à la Nature Floriane CORDIER, 23 ans, Amilly

Mardi 8 mai 2018 dans un petit recoin du monde.

Très chère mère Nature,

Aujourd’hui je prends mon courage à deux mains pour t’écrire cette lettre. C’est avec humilité que je t’envoie ces mots. J’espère qu’ils te parviendront.

Tu ignores surement qui je suis, et pourtant tu fais tant pour moi. Chaque jour tu m’insuffles la vie, m’inspires et me transportes.

Je t’admire. Muse de tous, ta beauté me fascine. Comment ne pas être ébahi par la diversité des visages que tu présentes ? Il y en a tellement ! Plaines, montagnes, forêts, déserts, étendues d’eau… tu me subjugues.

Et je ne parle pas de ton caractère. Entière et transparente, il me suffit de croquer dans un fruit bien mûr pour que ta joie m’envahisse. Douce et aimante, tu partages tes richesses sans compter. Tu me guides de tes lumières dans la nuit sombre. Artiste, tu crées mille couleurs dans le ciel bleu, joues des symphonies enchanteresses et danses avec les feuilles dans la brise fraiche. Forte, tu ne te laisses pas soumettre : tsunami, tornade, typhon, éruption volcanique et tremblement de terre sont tes armes pour rappeler à l’homme ton autorité naturelle. Dotée d’un instinct maternel hors du commun - et d’une touche d’humour - tu charges tes amis les insectes de se changer en cigogne.

Grâce à toi la vie est. Grâce à toi je suis.

Si tu savais comme je suis dévastée de savoir que tu te meurs…Je ne resterai pas les bras croisés. Je me battrai avec toi contre ce cancer qu’est la pollution, qui étouffe tes poumons et flétrit ta beauté.

La vie n’est pas rose comme l’a prétendu Edith Piaf. La vie est à ton image. Elle est musique, elle est parfum, elle est arc en ciel, elle est joueuse, capricieuse et remplie de magie. Montaigne était d’accord. Il a écrit « Si la vie n’est qu’un chemin, au moins sur ce chemin semons des fleurs. » Je ne pense pas que ce soit un hasard. La Fleur est ce que tu as créé de plus beau. Fragile et majestueuse, elle est synonyme d’espoir, d’amour, de renouveau.

Pour tout cela, je te protègerai. Je protègerai ce miracle ; Moi et tous ceux que tu as conquis.

Merci. Une enfant parmi tant d’autres.

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Remember Amaya RENDHART, 19 ans, Châteauroux

Respires-tu ce doux parfum Avec ivresse et mélancolie,

De ce doux vent qui te retient De ton pays

Imagines-tu de nouvelles créations Où la vie ne serait pas que réalité,

Où l’imagination te mènerait vers une autre destinée

Rêves-tu encore de ce paysage Qui t’invitait vers un autre rivage,

A continuer chaque nuit Un monde qui ne sera jamais détruit

Penses-tu pouvoir vivre pleinement Dans cet univers

Qui t’est beau, qui t’est cher Où admirer est exaltant

Prends-tu le temps de regarder autour de toi ces roses Ces œuvres, ces paysages, ces mélodies

Qui résonnent telle une symphonie Dont tu es le virtuose

Malheureusement La nature est obscure et sanglante Est-ce une malédiction ?

Les âmes des trinités sont errantes Implore leurs résurrections Laisse-toi guider par le vent

Regarde le paysage qui s’étend Admire ce que tu peux

Parais un minimum heureux

Si le ciel peut te couvrir Alors cache tes sentiments Tu ferais mieux de sourire Au lieu de faire semblant

Ecoute le chant de la désolation Les grandes voix te guideront Ils te donneront la bénédiction

De ce monde en révolution

Le ciel est une frontière Tu es terre à terre

Les vagues portent la mer Tu voyages entre ciel et terre

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Mea Culpa Blandine TEIXERA, 24 ans, Tours

Nous courions tous à perdre haleine. Suffocant l’air sec et chaud. C’était avec une rapidité déconcertante que la solidarité avait fui ce monde.

Nous courions donc, tous, à perdre haleine et ne sachant où aller. Toi qui avais espéré que les hommes se désintéressent de l’argent, tu n’avais jamais imaginé que cela deviendrait possible. Mais à quel prix ?

Chaque espèce vivante disparaissait. Et pourtant, à l’origine, c’était si bien fait : l’une avait besoin de l’autre pour vivre. Ainsi allait la vie, avant. Tout était perdu, il était trop tard. Pourquoi n’avions-nous pas réagi plus tôt ? Pourquoi n’as-tu rien fait ? Tu as lu dans les journaux, les scientifiques alertaient la population depuis des siècles et bon sang, comme tu l’as aimé la nature. Tu y as ri et joué pendant des heures durant. Tu as caressé et aimé ces êtres. Tu en as peut-être même fait naître. L’idée t’a traversé l’esprit. Mais, tu pensais que seul tu ne pourrais y arriver. Sans penser que toi, c’était nous. C’était ton plus grand regret.

Brusquement tu sursautas, pieds nus, l’herbe chatouillant tes doigts de pieds : quelle douce sensation. Tu inspiras une grande bouffée d’air frais et pur de ta campagne au doux souvenir enfantin, retrouvant calme et sérénité ; croyant encore bêtement que tout n’était qu’un cauchemar et qu’il ne pourrait devenir réalité.

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Faune et Flore Cloé LEMARECHAL, 19 ans, Franceuil

Un jour j’ai trouvé dans le sac d’une amie, Du tabac qui traînait par là.

Surprise, je lui ai dit : Pourquoi ceci se trouvait là ?

Elle m’a répondu en toute honnêteté : Ne t’en préoccupe pas,

Je ne fume absolument pas. Ceci est pour les animaux qui sont décédés, Pour tous ces petits êtres qui sont partis,

Afin de les mener au paradis.

Ce qui m’écœure le plus, C’est de voir le monde tel qu’il est maintenant. Nous pleurons de la mort de nos ressemblants,

Alors que nous coupons des arbustes.

Nous détruisons chaque jour des maisons, Des familles, des êtres, des foyers,

Des êtres que nous tuons, Alors qu’ils nous ont aidés.

Les abeilles font le miel ! Les oiseaux décorent le ciel,

Les chiens nous accompagnent toute notre vie, Et les chats comblent notre ennui.

N’oublions pas la nature, Qui nous fascine par sa culture.

Par les fleurs qui décorent nos champs, Ou par les arbres qui couvrent le temps.

Qui n’est pas heureux dès le matin, De voir et entendre les grillons chanter,

De voir animaux et plantes savourer leur destin, Ou de voir un beau ciel bleuté.

Mais l’Homme est un assassin, A chaque pas il casse des liens

Que la nature a mis du temps à construire, Pour un jour nous donner le sourire.

Garde ça en tête ma chère amie. Et n’oublie pas que sans verdure,

Sans la nature, Nous ne serions pas ici. »

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L’Homme et la Baleine Sacha COTTEREAU, 16 ans, Esvres

Il était une fois, dans l’océan Atlantique, Martie : Martie est une baleine bleue qui vit dans l’océan du Nord.

Elle pèse actuellement près de 150 tonnes et mesure environ 25 mètre de long. Ses parents sont morts pendant son enfance à cause de la chasse ou de l’échouage.

Martie fait partie des animaux en voie de disparitions, dû principalement aux activités humaines.

Martie vivait en vagabondant dans les océans puisque son habitat naturel a pu être détruit par la pollution chimique du pétrole.

En recherche de nourriture, ces Cétacés s’alimentent principalement de plancton et vivent entre eux. Sous l'eau, on peut observer tout un écosystème à part entière. La vie est

totalement différente. Les êtres humains sont censés n’avoir aucune place dans cet univers. Ici le cycle de nutrition est respecté, les plus petits sont mangés par les plus gros. Les requins sont comme lion dans la savane, il règne partout où il va. Parmi ces animaux marins, ce

mammifère existe depuis des millions d'années dans l'océan bleu.

Le manque d’alimentation se faisait ressentir de plus en plus, les eaux se réchauffaient et Martie déprimait. Elle pouvait observer les navires des pêcheurs au-dessus de sa tête, leurs

bruits étaient désagréables et résonnaient en elle. Ces conséquences sont parfois importantes comme la perte de l’ouïe causé par cette pollution sonore des bateaux mais qui

peut également les empêcher de communiquer entre baleines.

Un jour d’été, elle s’approcha des côtes pour observer la vie terrestre, mais le courant des vagues l'entraîna sur une plage. Un homme qui se prénommait Marco, travaillait dans un

refuge marin pour protéger et reproduire les espèces en voie d’extinction. Il était en vacances avec sa famille. Il s'avère que ce fut la même plage où Martie s’est échoué plus tôt. On le voit se diriger vers elle, mais l'impressionnant Mammifère ne se laissa pas facilement toucher. Les

Hommes lui faisaient peur. Il appela ses collègues du refuge pour venir la récupérer et la transférer à sa nouvelle maison aquatique. Martie était nourrie, heureuse avec d’autres

compagnons.

Un an plus tard, on apprend par Marco, qu’elle attendait un petit baleineau. L’espèce s'agrandit de peu, mais ce n’est qu’un début.

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Espoir Mamadou BARRY, Ismael SILEMANE et Abakar-Mehdi KIRAT, 18 et 19 ans,

Mainvilliers

De mon Soudan natal, je ferme les yeux et je me souviens de nos longues marches dans le désert et de nos courses avec les crocodiles du Nil et puis un jour j’ai traversé la Méditerranée…

De mon village proche d’Oujda, je ferme les yeux et je me souviens du Chergui qui soufflait sur mon visage et du jour où j’ai regardé le vol d’un aigle royal et puis un jour j’ai traversé la Méditerranée…

De mon village proche de Pita, je ferme les yeux et je me souviens du dur labeur agricole et du ramassage du bois pour faire cuire le manioc et le déguster en famille et puis un jour j’ai traversé la Méditerranée…

De notre terre d’asile, la Beauce, nous découvrons ensemble ses richesses. Des nouvelles cultures qui nous surprennent et illuminent notre quotidien. Nous contemplons la beauté de la nature au rythme des saisons et constatons aussi l’erreur Humaine de la saccager. Notre regard se porte vers ce nouveau territoire qu’il faut préserver pour pouvoir bien vivre ensemble tout en gardant la nostalgie d’un autre pays avec sa faune, sa flore et sa biodiversité….

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Pour sauver la biodiversité il faut construire des ponts !

Quentin VACHER, 22 ans, Châbris

Étant un lecteur très lent, j’ai toujours lu relativement peu. Et le peu que j’ai lu, il ne m’en reste plus que des bribes éparses maintenant. Mais pour à peu près chaque livre que j’ai eu l’occasion d’avoir entre les mains, il me reste un passage, un unique passage, qui reste ancré en moi car il m’aura profondément touché. Ces « essences d’œuvres » m’ont fait tel que je suis aujourd’hui et je ne les oublierai jamais.

L’une d’elle est tirée d’un roman sur un odieux chevalier aussi mauvais que cruel. Pour le punir un magicien le changea en renard. Le passage inoubliable lié à ce roman concerne la description de ses sensations une fois devenu un simple goupil. De par sa petite taille, de par ses sens affutés, le chevalier devenu renard découvre le monde tout autour de lui d’une manière totalement neuve, notamment les insectes qui par millier courent dans l’herbe touffue. Jusqu’à présent il avait à peine fait attention à leurs existences, maintenant il se demandait comment il avait pu être aussi aveugle devant tant d’effervescence sous ses pieds (ou plutôt ses pattes). De plus la petitesse et la faiblesse de son nouveau corps lui faisaient bien comprendre qu’il n’était qu’un être négligeable parmi la multitude. Ce voyage initiatique dans un nouveau monde qui était pourtant celui dans lequel il avait toujours vécu, et cette découverte d’un autre point de vue, d’une autre dimension, cela a fait changer le chevalier sur sa perception de ce qui l’entoure et sur sa propre place. Je ne sais de ce qu’il advint du chevalier mais il me semble que l’idée d’un changement d’échelle et de vision des choses serait une solution appropriée pour préserver la biodiversité. Car maintenant que nous vivons reclus dans nos villes, sans en sortir jamais sauf pour rejoindre d’autres villes, nous perdons peu à peu la vision de cet autre monde, celui du renard. Et si nous ne prêtons plus attention à cet autre monde et à ce qui pourrait lui arriver, rien d’étonnant à ce qu’il disparaisse petit à petit, rongé par le monde du chevalier. Or comme on l’a vu, des milliers d’être vivent dans ce monde menacé de disparition. Il faudrait donc être capable de rétablir ce lien perdu entre nous et la nature, construire finalement des ponts entre ces deux univers qui n’en font qu’un seul.

Mais cette idée, un peu simpliste j’en conviens, il me faut bien l’égayer quelque peu par un exemple (car je vous sens septique). Laissez-moi donc vous racontez une anecdote personnelle qui me semble plus parlante qu’un long discours (que j’aurais écrit bien maladroitement de toute manière). Il faut savoir que je suis un rat des villes. Un rat des villes qui vivait à la lisière d’une forêt certes mais un rat des villes tout de même. Du fait de mes études, j’ai emménagé dans la région Centre, et du fait de mes études j’ai dû réaliser un stage en entreprise de plusieurs mois. Le hasard voulu qu’une entreprise, une laiterie perdue dans la campagne du Cher pour être exact, m’offrit une opportunité de stage que j’acceptai. Ainsi, pendant quelques mois, je suis devenu un rat des champs. Je n’avais pas de voiture et pour me rendre à l’usine, j’utilisais un vélo électrique (quand je vous dis que je suis un vrai rat des villes…). Pour rejoindre la laiterie en partant du village où j’habitais, deux possibilités s’offraient à moi, soit la nationale soit une petite route qui coupait à travers champ. La nationale m’aurait fait gagnée du temps mais elle n’avait pas de zone cyclable, elle était bordée de deux fossés et les voitures allaient vite… La seconde route était plus longue, sinueuse et vallonnée mais peu fréquentée, bordée d’herbe, de champs ou de bois. Pour une raison avant tout sécuritaire, j’ai choisi la deuxième route. Je ne l’ai jamais regretté, j’y ai croisé chevaux, biches et cerfs, perdrix et lapins. J’y ai aussi vu les champs grossir et prendre

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différentes couleurs car nous étions au début du printemps. Ainsi, chose rare pour le souligner, j’étais bien content de partir au travail car je savais que j’allais emprunter cette route. Et déjà le lecteur avisé aura su voir les deux mondes dont je parlais tout à l’heure et peut être l’ironie qui l’accompagne. D’un côté nous avons une route dangereuse et peu amicale qui est rendu dangereuse par les hommes eux-mêmes, de l’autre une route paisible et tranquille mais aussi pleine de vie à qui sait observer grâce aux animaux et aux plantes. Mais entre ses deux routes il n’y avait rien. Les automobilistes n’empruntent pas la petite route parce qu’elle serpente, elle monte et elle descend inutilement, ce serait perte de temps que de la prendre. Et les animaux n’approchent pas de la grande route parce qu’elle peut leur être fatale. Voilà donc deux mondes qui vivent en parfaite autarcie. Mais la suite de l’histoire est, il me semble, encore plus révélatrice du malaise actuel, de ces deux mondes qui se font face, qui se toisent de loin, mais n’entrent plus en contact l’un avec l’autre. Comme je l’ai dit, je travaillais dans une laiterie. Et je m’arrête un instant ici car il faut imaginer la Bête… De loin, on ne voit que cet immense entrepôt cubique qui garde en son sein des milliers de bouteilles produites chaque jour. Car chaque jour des dizaines et des dizaines de camions citernes viennent de tous les départements jouxtant le Cher pour abreuver la Bête. Et elle n’ait jamais repue celle-là, et elle ne s’arrête jamais de produire : 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an ! Elle est remplie de tuyaux, de convoyeurs (sorte de tapis roulant qui circulent un peu partout), de réservoirs, de machines et mécanismes des plus ingénieux qui lui permettent d’agir et donc de vivre. Et je ne parle même pas de toutes ces mains qui s’affairent inlassablement autour et dans la Bête pour la soigner et faire en sorte qu’elle ne s’arrête jamais. Or dans une laiterie comme dans toutes usines alimentaires, les normes d’hygiène sont drastiques. Toute l’usine est protégée par une haute clôture permettant d’éviter que des inconnus n’entrent sans permissions. Je devais donc montrer patte blanche pour rentrer. Et une fois à l’intérieur, il fallait encore que je me change pour des vêtements qui étaient lavés chaque jour. Cela permet d’éviter les contaminations extérieures. Une fois le changement de vêtements fait, j’entrais véritablement dans la Bête. Et à dire le vrai, tout l’intérieur était stérile, rien ne vivait contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer. Seuls les hommes et les machines automatisées bougeaient, il n’y avait pas d’autre trace de vie. Il faut dire qu’entre les vapeurs toxiques de soude, d’acide nitrique et de peroxyde ainsi que le nettoyage incessant du sol et du plafond avec des produits corrosifs et détartrants il n’y avait guère de place pour les animaux et les plantes. C’est ainsi que cette usine, posée en plein milieu de la campagne, était comme une sorte de forteresse assiégée, un roc inébranlable frappée par les vagues jaunes des blés.

Et à nouveau nous voyons ici le contraste entre deux mondes qui ne communiquent plus entre eux. Et lorsque l’on ne communique plus, on se comprend plus, on s’obstine dans sa vision du monde. Or nous l’avons vu, pour voir la biodiversité et la nature il faut changer de point de vue, se mettre à la place du renard. Il faut que nous réussissions à recréer des ponts entre nos deux mondes et pas seulement grâce au zoo de Beauval (n’est-ce pas là, d’ailleurs, une belle illustration de deux mondes qui se cherchent malgré tout sans vraiment se retrouver ?) ! Il faut refaire coexister le monde du renard et le monde du chevalier ensemble : rendez piétons les centres villes et boisez-les ! Enseignez la science et vie de la terre à l’extérieur au lieu de rester dans des salles de classe à étudier les arbres et les animaux dans des livres ! Promenez-vous dans les bois ! Découvrez la vie du rat des champs ! Bref, en une phrase : construisez des ponts et recréez des liens avec la nature. Les villes, les Hommes, ne doivent pas vivre séparés de la nature mais au contraire former une sorte de symbiose avec elle. Ce n’est qu’en la découvrant, en communiquant avec elle que nous pourrons, tous ensemble, protéger la biodiversité de cet autre monde que nous aimons et que nous ne voulons pas voir disparaître. Et si je devais donner une conclusion à mon anecdote, elle serait la suivante : professionnellement j’ai beaucoup appris pendant ce stage et j’ai rencontré des personnes fantastiques mais ce dont je me rappellerai toujours avec un sourire aux lèvres, c’est bien ce petit chemin de campagne…

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Biodiversité Sakina ABDOULLATTIVE, 19 ans, Châteauroux

Salut biodiversité !

Pourquoi es-tu désormais en danger ?

Serait-ce à cause de l’irrespect que l’on-t-a accordé ?

Si c’est cela je suis désolé et pour tout te dire,

J’ai un secret qui pourrait t’intéresser

C’est que tu devrais être fière de ce que tu es

Car tu es un trophée.

Un trophée des exploits de nos espèces développées.

C’est toi qui nous fais vivre et manger

Mais trop peu d’importance t’est agréée.

C’est pourquoi il faut à présent te remercier

Et crier haut et fort qu’il faut te respecter

A toi biodiversité qui est la meilleure chose

Qui nous ait été donnée.

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Le scarabée lucane cerf-volant Servane RENOU, 17 ans, Cangey

J’ai pris cette photo le 24 mai 2018, dans mon jardin vers 19h. Ce magnifique mâle scarabée lucane cerf-volant traversé le jardin qui n’est pas traité depuis plus de 15 ans. Il mesure 8.4 cm, et on peut voir qu’il lui manque une partie d’antenne à droite.

Le scarabée lucane cerf-volant fait partie de la famille des Lucanidae. C’est le plus gros et le plus impressionnant coléoptère d’Europe, observable de mai à août. La femme mesure entre 25 et 40 mm et le mâle entre 40 et 80 mm. Le mâle possède de grandes mandibules qu’il utilise lors de combat entre mâle pour trouver une femelle. Ces scarabées se nourrissent principalement de sève d’arbre. Les femelles percent l’écorce de l’arbre avec leurs mandibules, et celles des mâles n’étant pas adaptées, ils mangent après les femelles. Lors de la reproduction, le mâle cerf-volant meurt après l’accouplement, et la femelle pond dans le sol à 10 cm de profondeur sur une racine de chêne, puis elle meurt. Les œufs écloront au bout de 5 ans, après s’être développés sous terre. Les lucanes vivent le plus souvent dans les bois, mais on peut aussi les rencontrer dans nos jardins et nos haies à une heure crépusculaire, au sol ou en vol.

Malheureusement, ces magnifiques scarabées sont menacés et deviennent de plus en plus rares. L’Homme est le principal responsable de cette raréfaction de cette espèce. En effet, la coupe et le déblayage des vieux arbres nuisent à leur cycle de vie car cela détruit les larves et empêche l’alimentation des lucanes, avec les arbres anciens ou malades.

Alors, ensemble, protégeons les scarabées lucanes cerf-volant !!!!!!

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La Sologne et ses quatre saisons Océane LESVEN, 17 ans, La Ferté Saint-Aubin

Orléans, à une centaine de kilomètres devant elle se tient Paris, et derrière elle se dresse cette immense étendue sauvage que l’on nomme la Sologne. Cette ville m’a vue naître, mais c’est bel et bien ces immenses chênes et autres châtaignés qui m’ont vu grandir. Combien de fois ais-je arpenté ces routes sinueuses qui relient les différentes villes et villages, parsemés dans ces hectares de forêt qui selon les saisons n’ont pas le même visage.

Quand s’installe le printemps par exemple, on peut voir au bord des routes, parmi les feuilles mortes, surgirent quelques jonquilles sauvages d’un jaune éclatant, les arbres se recouvrir de feuilles encore timides et d’un vert des plus clair qui soit, sans oublier les jardins qui se voient de nouveaux colorés de mille et une fleurs dont les odeurs viendront accompagner les voyages des quelques passants.

L’été, nous autres solognots profitons de nos nombreux étangs, afin de se retrouver autour d’une bonne partie de pêche. Et même si cela peut paraître lassant d’attendre pendant des heures parfois qu’une carpe ou autres poissons veuillent bien mordre à notre hameçon, le bruit des oiseaux, des grenouilles, et même celui des poissons nous narguant au loin en sautant hors de l’eau nous suffit amplement à nous sentir comblés.

Mais, comme toute chose, l’été a une fin, et cède sa place à l’automne. Le climat devient petit à petit plus froid et bien plus humide, ce qui ravit les diverses espèces de champignons qui n’attendent alors plus que leurs cueilleurs, qui souvent sont un peu découragés par la pluie s’abattant parfois pendant plus d’une semaine, et ce, sans interruption ou presque.

Puis vient l’hiver, et alors que les arbres ayant perdu leur éclat verdâtre ne laissent aux yeux des passants que des centaines de troncs nus, la neige parfois, vient parer cette nature ensommeillée d’un blanc éclatant. Et si la plupart du temps elle est accompagnée d’un ciel couvert, le soleil ne tarde pas à réapparaître et à souligner davantage ce magnifique paysage. Il n’est pas rare en cette période de croiser, au détour d’une route plongée dans l’obscurité de la nuit, une biche et son faon qui, au beau milieu du bitume, vous regardent vous arrêter puis continuent leur chemin comme si cette rencontre était habituelle. C’est aussi en cette saison que, lors d’une balade en forêt, il est fréquent de trouver un fragment de la ramure d’un cerf passé là au petit matin, entendre les bruits d’une laie et ses petits ou bien encore les bruits assourdissants des fusils de chasse.

La Sologne profite d'une biodiversité très diversifiée, malheureusement tout ce qui vous a été dépeint plus haut est ce que l’on pouvait voir il y a de cela quelques années. Maintenant, les pluies diluviennes de l’automne donnent lieu à des inondations dévastatrices pour l’Homme, mais aussi pour les différentes espèces animales vivant près des ruisseaux et des fleuves. En hiver, il est aujourd’hui fréquent de voir sur le bas-côté, bon nombre de faisans ou autres gibiers renversés. Il est facile de comprendre d’où viennent tous ces animaux, lorsque vous voyez le bois bordant la route, et ce depuis votre naissance, être amputé d’une partie de lui-même sur plusieurs kilomètres afin d’être remplacé par un solide grillage empêchant les occupants naturels de ce bois d’y retourner. Ce sont ces animaux paniqués et ne sachant plus où aller que je vois désormais sur les routes, et non plus les animaux sauvages cohabitant avec nous qui ravissaient mes yeux d’enfant.

Il est grand temps que la jeune génération se rende compte de ces changements et agissent, afin que ceux qui viendront après nous, puissent encore profiter de tous les spectacles que nous offre la nature sauvage de la Sologne.

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Jeter son mégot ça fonctionne et ça ne coûte rien 12 élèves pâtissiers du CFA des Compagnons du Devoir et du Tour de France

17 à 20 ans, Tours

Parce qu'un mégot, c'est un déchet toxique, Parce que ça met entre 4 et 12 ans à se décomposer, Parce que la nature ça se conserve et ça se préserve !

Parce que c'est recyclable, Parce que c'est 766 571 tonnes de déchets par an,

Parce que c'est 1 460 jours de décomposition !

Parce que ça tue les océans, Parce que ça coûte cher à ramasser dans la nature, Parce que c'est 35 040 heures de décomposition !

Parce que c'est sale, Parce que ça peut contaminer jusqu'à 500 litres d'eau, Parce que c'est 2 102 400 minutes de décomposition !

Parce qu'on est tous concernés par ce problème, Parce qu'on boit tous de l'eau polluée, Parce qu'on respire tous le même air,

Parce qu'on passe tous des vacances à la mer !

Sauvons nos vies, Sauvons celles d'autrui,

Préservons notre planète, Parce que c'est un geste simple !

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Pluie d’Avril Julia SCHLICK, 16 ans, Pannes

Une goutte, deux, puis des centaines. C’est un déluge. Je passe ma main sous l’eau. Elle me paraît chaude, une pluie étrange pour un mois d’Avril. Les gouttes sont douces cependant et elles s’écrasent sur ma peau. Je frissonne à leur contact mais je ne retire pas ma main pour autant, car elles sont agréables et elles me chatouillent presque. Le calme et le silence s’installent peu à peu, uniquement rompus par le martèlement de l’eau sur les tuiles au-dessus de moi. Je reste ainsi de longues minutes, une heure peut-être avant qu’un grand bruit ne vienne me tirer de ma torpeur. C’est le chantier juste à côté de chez moi, ils construisent à nouveau des immeubles. Il y a quelques années, notre maison était seulement entourée de verdure et d’arbres. Mais la ville a tout rongé, elle a pris le dessus et elle nous a enfermés au milieu d’immeubles gris et froids, ces monstres de béton qui ne cessent jamais de vivre. De petites âmes les ont colonisés et on les entend grincer, vibrer, geindre, la vie les fait hurler. Le vert, la nature et la paix ont été dévorés par ceux qui semblent nous surveiller avec leur air arrogant l’air de dire « Je domine ! Je vous étouffe ! Prosternez-vous ! » Je les déteste. Ils enferment la vie, la rendent fade et triste, la vident d’intérêt. Ils cachent les nuages et le ciel, ils font de l’ombre au soleil. Hélios ne peut rien faire, alors il brûle, encore plus qu’avant, il tente de punir les Hommes qui le cachent. Ou les Hommes se punissent eux-mêmes. Ils font fondre les glaces et les neiges auparavant éternelles, ils réchauffent les océans, les lacs et les mers. Les Hommes détruisent et brûlent la Terre. Lorsque l’Homme en prendra conscience le processus sera déjà enclenché. L’Humanité court à sa destruction. Et, bien qu’elle tente de réparer et de s’accrocher, c’est comme tenter de résister à l’attraction d’un trou noir, on ne peut qu’échouer. Sauf si on considère que la création naîtra de la destruction. Alors détruisons tout, anéantissons la vie et la lumière qui règnent aujourd’hui et étouffons l’Humanité, si c’est notre seul espoir de rédemption.

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Ballade dans les cieux Marion RECHER, 21 ans, Saint-Martin d’Auxigny

C'est toujours quand le vent se lève, Que je sors de ma cachette.

Je sors de ma cabane de rêves, Et à califourchon sur la branche, je guette.

Je sais qu'il va venir, Il vient toujours par le vent d'Est. Il vient toujours par le vent d'Est...

Comme toujours je l'attends. Comme toujours il le sait.

Il approche je le sens. Il approche je le sais.

Le vent tournoie, Les feuilles volent, violentes.

Il se pose devant moi, Et sa forme est mouvante.

Je ne sais ce qu'il est, Même s'il m'affirme être : Zéphyr, le Vent.

Je sais qu'il va venir, Il vient toujours par le vent d'Est. Il vient toujours par le vent d'Est...

Comme toujours je l'attends. Comme toujours il le sait.

Il est là, je le sais. Il est là, je le sens.

Zéphyr, un nom aux mille promesses, Il m'entraîne dans son sillage.

Et comme toujours sa tendresse, Etreint mon âme peu sage.

Papillonnant, je vole à ses côtés, Grâce à lui je vole !

Et je tournoie ! Et il tournoie !

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Il s'éloigne, le sol... Rétrécit, disparaît dans une nuée.

La nuit nous englobe, Je rêve d'infini et le questionne.

Et je vole ! Et je vole !

Il rit et se dérobe, Sans un bruit, je m’époumone.

Un doux murmure, Et le silence me répond,

Que les secrets ont des murs, Et le vent plusieurs noms.

Un instant le temps se fixe, Et ça dure une éternité...

Je m'en aperçois et c'est le préfixe, La fin de cet instant trop apprécié.

A nouveau sur ma branche, Il est reparti, Laissant l'aquilon souffler pour lui.

Solitude et rêves se rebranchent, A nouveau quand le vent sera de l'Est,

Je danserai dans ses nuits infinies.

Je sais qu'il va venir, Il vient toujours par le vent d'Est. Il vient toujours par le vent d'Est...

Comme toujours je l'attends, Comme toujours il le sait.

Il viendra, je l'entends. Il viendra je le sais, Il viendra je le sais.

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JURY

Charles FOURNIER Vice-Président délégué à la Transition écologique et citoyenne et de la coopération

Géraud DE SAINT-ALBIN Directeur de l’environnement et de la transition énergétique

Amanda MICHE Directrice de la Culture et du Patrimoine

Laurent BORON Intervenant lors d’ateliers d’écriture

Pauline D’ARMANCOURT Chargée de mission, Mobilisation citoyenne et communication à l’EcoPôle Centre-Val de Loire

Laura GOGUET, Lucas GROSPART, Nora METHIVIER, Aurélien LEROUX Membres du groupe « environnement » du Conseil Régional de la Jeunesse

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Groupe environnement du CRJ

Nous tenons tout d’abord à remercier l’EcoPôle pour nous avoir donné l’opportunité de collaborer à la mise en oeuvre de ce beau projet. Nous tenons ensuite à remercier tous les membres du jury qui ont volontiers participé à la sélection et à tous les services de la Région Centre-Val de Loire qui ont rapidement oeuvré au bon déroulement de ce concours. Nous tenons enfin à remercier tous les participants et participantes qui ont répondu présent, et ce, dès le lancement du concours.

La biodiversité nous ravit chaque jour, mais elle nous entoure tellement qu’on en vient à l’oublier, comme si elle nous était acquise. Ces écrits interviennent alors, car le pouvoir des mots est indéniable ; poétiques, élogieux ou dystopiques, ils nous ont secoués et nous ont rappelé l’enjeu du maintien de cette biodiversité.

Un grand bravo et un grand merci à toutes les participantes et tous les participants !

Laura GOGUET Référente, groupe « environnement » du Conseil Régional de la Jeunesse (CRJ)

Imprimé : juin 2018 Région Centre-Val de Loire Création du logo : La fabrique de com – Orléans Conception du recueil : Laura Goguet

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Conseil Régional de la Jeunesse Direction de la Transformation Numérique et Citoyenne

Région Centre-Val de Loire 9 Rue Saint-Pierre Lentin - CS 94117

45041 ORLEANS Cedex