Revue Sortir du nucléaire 57

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Sortir du nucléaire www.sortirdunucleaire.org n°57 | Printemps 2013 | 3 Actualités du nucléaire et de ses alternatives Réseau “Sortir du nucléaire” 9 rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04 Tél. : 04 78 28 29 22 Fédération de 948 associations agréée pour la protection de l’environnement Nous étions 20 000 à encercler le lobby...

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Sortir du nucléaire

www.sortirdunucleaire.org n°57 | Printemps 2013 | 3 €

Actualités du nucléaire et de ses alternatives

Réseau “Sortir du nucléaire” � 9 rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04 � Tél. : 04 78 28 29 22Fédération de 948 associations agréée pour la protection de l’environnement

Nous étions 20 000à encercler le lobby...

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Photo de couverture : © Alexandra Fleurantin

SommaireEncerclement

des lieux de pouvoir réussi ! P. 3De la mine aux déchets,

tous concernés ! P. 5

Ça bouge dans le Réseau ! P. 8

L'impossible procès P. 13

Sensibiliser aujourd'hui... P. 14

L'impossible "gestion" de l'ingérable P. 15La sortie du nucléairemarque des points ! P. 16

Dossier déchets nucléaires

Une impasse qui nous concerne tous.2013 : année du débat

public bidon à Bure P. 20

Un printemps à Tchernobyl P. 25Brûlante actualité

de la lutte antinucléaire brésilienne P. 28

La bombe, c'est combien ? P. 31

Vite, des infos ! P. 32

Arrêtons l'écocide en Europe P. 27Sebasol : bâtir l'indépendance à

l'égard des monopoles énergétiques P. 36

HLM et autonomie énergétique P. 39

Repensons la mobilité... P. 40EWS Schönau, un fournisseur

d'électricité antinucléaire P. 43La méthanation : stocker

l'électricité d'origine renouvelable P. 45

À livres ouverts... P. 48Faites connaissance

avec l'équipe du Réseau ! P. 50

Barrons la route à l'uranium ! P. 52

Sortir du nucléaire n°57page 2

Ce 9 mars 2013, nous étions 20 000 àformer une grande chaîne humaine àParis, encerclant les lieux de pouvoirliés au nucléaire. Assemblée Nationale,ministères, sièges d’Areva et EDF,Autorité de Sûreté Nucléaire… c’estlà, loin des citoyens, que se trame lapolitique atomique. En plein "débat"sur l’énergie – un débat qui n’estcertainement pas destiné à impulser du"changement" en termes de politiquenucléaire ! - nous avons montré quenous voulions reprendre en main desdécisions qui devraient nous appartenir.Et surtout, marteler qu’il ne saurait yavoir de transition énergétique dignede ce nom sans arrêt du nucléaire.À commencer par la fermeture descentrales vieillissantes – pas seulementFessenheim, mais aussi toutes celles quiont dépassé les 30 ans – et l’abandondes grands projets démesurés commele réacteur EPR, ITER…

Cette chaîne humaine marquait aussinotre forte solidarité avec le peuplejaponais, deux ans après le début del’accident de Fukushima. Solidaritéavec ces millions de personnes quivivent toujours sur des territoires dura-blement contaminés et sont condamnéesà consommer une nourriture radioactive.Solidarité avec leur résistance face àdes autorités qui considèrent que les

enfants peuvent être exposés chaqueannée au même niveau de radiationque des travailleurs du nucléaire sansque leur évacuation ne soit requise.

Le 26 avril, une autre catastrophe, cellede Tchernobyl, entrera dans sa 28ème

année. Agissons pour refuser ques’allonge encore la liste de ces funestesanniversaires... et pour dire non auxdésastres permanents que nous infligel’industrie nucléaire. Même sansaccident, les mines d’uranium souillentles eaux et les sols du Niger, duCanada, du Kazakhstan... en dispersantune radioactivité qui était figée depuistoujours dans la roche ; plus de500 convois de matières radioactivescirculent chaque année en France ;l’usine de "retraitement" de La Haguedéverse ses poisons toxiques dans lamer du Nord et les déchets ingérabless’accumulent pour l'éternité.

Après avoir formé une chaîne humainepour dénoncer les risques d’accident,nous nous préparons à mettre uneautre chaîne au grand jour : celle du"cycle" du combustible nucléaire, avectoutes ses pollutions irréversibles.Rejoignez-nous et ensemble, barronsla route à l’uranium !

Le Réseau "Sortir du nucléaire"

D'une chaîne à l'autre...barrons la route au nucléaire !

©Alexandra

Fleurantin-Réseau"Sortir

dunucléaire"

Mentions légales :Revue trimestrielle “Sortir du nucléaire”n°57 – Printemps 2013.Abonnement : 12 € par an (4 numéros).Abonnez-vous sur :http://boutique.sortirdunucleaire.orgOu courrier à : Réseau “Sortir du nucléaire”9, rue Dumenge – 69317 Lyon Cedex 04(chèque à l’ordre de “Sortir du nucléaire”)Directeur de publication : Patrice Bouveret.Rédaction en chef : Xavier Rabilloud.Corrections : Myriam Battarel.Maquette : W. Quénu.CPPAP : 06 013 G 83296 – ISSN : 1276-342 X

Tirage : 19 000 exemplaires.Imprimé par Brailly (69) sur papier 100 % recycléavec des encres à base végétale.Date de dépôt légal : à parution.

Retrouvez toute l’actualité sur :www.sortirdunucleaire.org

La reproduction des articles est autorisée et vivementconseillée sous réserve d’en indiquer la source et lenom des auteurs.Faites comme le Réseau “Sortir du nucléaire” en sous-crivant à l'offre d’électricité à 100 % d’origine renou-velable, garantie sans nucléaire, fournie parEnercoop : http://www.enercoop.org

En supplément à ce numéro : 1 bulletin de réabonnement

Éditorial

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Actions et vie des groupes

5h30 : la cantine itinérante de nos amis venus deSuisse et du Liechtenstein arrive. Ils ne dormirontque quelques heures avant de servir des centainesde repas.

8h : place de la Bastille, c'est le calme avant latempête antinucléaire. Le camion-scène arrive etdéjà les premiers bénévoles s'activent.

9h : le camion d'Anne, décoré spécialement auxcouleurs de la chaîne humaine - jaune et gaiecomme cette belle journée de mobilisation quis'annonce - arrive à la Bastille. Pendant ce temps-là au QG de la chaîne 1 on se prépare à gérer lesimprévus de dernière minute.

10h : l'Ambassade du Japon recommande à sesressortissants de ne pas s'approcher de la chaînehumaine, car il y aurait un risque élevé dedébordement et d'intervention des forces del'ordre. Les manifestants seraient-ils plus dangereuxque le nucléaire ?

11h : alors que les installations pour le concertdu soir se mettent en place, au café de la Gare, lethéâtre où a commencé Coluche, on prépare lepoint presse.

12h : aux quatre coins de Paris, les groupes responsa-bles de l'organisation des tronçons s’affairent. Dansmoins d'une heure et demie, les participants com-menceront à affluer sur les 18 points de rendez-vous !

12h40 : le point presse commence. Les porte-paroledu Réseau rappellent nos revendications et présen-tent et remercient les intervenants et personnalitésvenues nous soutenir : des représentants descollectifs locaux d'Ile-de-France et d'ailleurs, leréseau de ressortissants japonais Yosomono-net, desmembres d'associations d'Autriche, de Hongrie et deFinlande, Jean-Paul et Béatrice Jaud, réalisateurs dudocumentaire "Tous cobayes", Philippe Billard,

ancien salarié du nucléaire, Greenpeace et Sud-Rail, etc. Ainsi que de nombreux représentants departis politiques, comme Denis Baupin (EELV),Corinne Lepage (CAP 21), Martine Billard (PG) etChristine Poupin (NPA).

13h : c'est l'effervescence dans la cour du théâtre.Toutes les télévisions nationales sont représentéeset de nombreux journalistes de la presse écriteet radio sont présents pour interviewer lesporte-parole et personnalités. Coûts du nucléaire,risque d’accident, sort des travailleurs dunucléaire, impasse des déchets radioactifs… nosarguments seront bien repris par les médias.

13h30 : les militants affluent sur les 18 points derendez-vous et les animations et prises de parolecommencent.

14h : place de l'Opéra, SNP (Sortir du NucléaireParis) et Yosomono-net informent sur la situationau Japon : à Fukushima la catastrophe continue !

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©LauraHam

eaux

Chaîne humaine : encerclementdes lieux de pouvoir réussi !Ce samedi 9 mars 2013, nous étions plus de 20 000 personnes, venu-e-s de partouten France, de Fessenheim à Plogoff, de Nogent-sur-Seine à Bure et même de l’étranger, àformer une chaîne jaune soleil d’un bout à l’autre de Paris, de Bercy à la Défense. Retoursur une journée de mobilisation gaie et ensoleillée.

Notes :1 : Merci à France Liberté de nousavoir accueillis dans ses locaux, avantet pendant la chaîne humaine.

©Alexandra

Fleurantin

©Alexand

raFleurantin

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Gare St-Lazare, Sud-Rail dénonce la connivence dela SNCF avec Areva dans le trafic de matièresnucléaires. Et si un train nucléaire déraillait ? Petitepensée pour nos ami-e-s de lutte : solidarité avec laZAD de Notre-Dame-des-Landes et tou-te-s celleset ceux qui combattent les grands projets inutiles.

Boulevard des Invalides, la police bloque lesmanifestants venus d'Alsace alors qu'elle laissecirculer librement les passants.

Gare de Lyon, l'ambiance est beaucoup plusdétendue, des musiciens animent le parvis, quandsoudain, la foule s'effondre au sol, non pas pourfaire la sieste, mais pour un die-in géant.À La Défense, les marches de l'Arche sont redécoréesd'une grande banderole "arrêt du nucléaire". Et àBercy, atelier origami : on plie des grues de papier,symbole à la fois de vœux de bonheur et du refusdu nucléaire au Japon.

14h30 : Le "top départ" est donné : les maillonscommencent à se déployer. À Bastille, on continuede s'activer pour que tout soit prêt pour accueillirles manifestants. SNP y a installé un stand, et SDN38 recrute des liquidateurs.

15h : les lieux de pouvoirs commencent à êtreencerclés. Un sit-in est organisé devant Bouygues,et le collectif IndependentWHO prend d’assaut leparvis du ministère de la Santé. Devant le siège

d'Areva, les militants ont déployé une large bande-role "Déchets nucléaires - Santé/vie menacées"contre la façade de l’établissement. "Fukushima…plus jamais ça !", reprend la foule en cœur.

15h30 : La chaîne humaine traverse Paris de parten part. Personne ne peut ignorer dans Paris laprésence des antinucléaires : venu-e-s de partouten France, de Fessenheim à Plogoff, de Nogent-sur-Seine à Bure et même de l’étranger, nous sommesplus de 20 000.

Ce jour-là, nous encerclons les ministères,l’Assemblée Nationale, les sièges d’EDF et d’Areva,tous les lieux de pouvoir où se prennent lesdécisions sur le nucléaire, de façon opaque et aumépris des populations. Nous exigeons avecfermeté et détermination de reprendre en main ceschoix qui nous appartiennent. Nous voulons l’arrêtdu nucléaire civil et militaire, nous voulons unevraie transition énergétique maintenant !

16h20 : une minute de silence traverse la chaîne, enhommage et soutien aux victimes de la catastrophede Fukushima. Au Japon, ils sont entre 60 000 et70 000 à participer à des manifestations partoutdans le pays.

17h : de plusieurs points de rassemblement, desmilitants affluent sur la Place de la Bastille pour legrand concert gratuit en plein air !

17h30 : c'est parti pour trois heures de musique etde prises de parole. Tsunagari Taiko, un groupe detambours et de danse japonais, Léoparleur et HK &les Saltimbanques font peu à peu monter la fièvresur la place de la révolution.

20h15 : Le concert prend fin au son de "On lâcherien", une chanson bien pêchue de HK ! Et pendant cetemps, la plupart des journaux télé et radio parlentde notre mobilisation.

20h30 : à l'Espace Jean Dame, sur la scène, untribunal... Une salle comble assiste à une représen-tation de la pièce "L'impossible procès" (voir notrearticle en p.13).

1h : Le démontage place de la Bastille estenfin achevé, le camion-scène s'éloigne et les"survivant-e-s" de l'équipe d'organisation rentrentépuisé-e-s mais heureux/ses de cette belle journéede mobilisation partagée...

Bravo à toutes et tous et à très bientôt pour denouveaux temps forts de mobilisation !

Actions et vie des groupes

Sortir du nucléaire n°57page 4

©Julien

Moisan

-Survie

©Julien

Moisan

-Survie

©Alexandra

Fleurantin

©GregoryDevivier

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Agir en 2013

La France, pays le plus nucléarisé au monde,compte 58 réacteurs. Mais derrière les centrales,qui ne sont que la partie émergée de l'iceberg,se cache toute une industrie de l'uranium.

Présentée comme un "cycle vertueux" par le lobbyde l'atome, cette industrie constitue en réalité unechaîne du combustible sale, polluante et malcontrôlée de la mine aux déchets.

Extraction, transformation, enrichissement,combustion, retraitement, utilisation pour l'arme-ment, chaque étape engendre des pollutionsradioactives importantes, génère des transportsdangereux incessants, expose les populations à desrisques insensés et produit des déchets qui resterontradioactifs et dangereux pendant des milliersd'années.

La France se fournit en uraniumà l'autre bout de la planète

Pour produire son électricité, notre pays se fourniten uranium à l'autre bout de la planète, principa-lement au Niger, au Kazakhstan et en Australie.Après avoir été extrait de la roche, l'uranium subitses premières transformations pour devenir unepâte jaune : le yellow cake. Il est ensuite acheminéen France, par bateau jusqu'aux ports de Sète et duHavre et poursuit son long et dangereux périple àtravers l'Hexagone.

Arrivé en France, l'uranium est de nombreusesfois transformé et transporté

L'uranium naturel n'étant pas suffisammentconcentré en uranium-235, il faut l'enrichir pourpouvoir l'utiliser dans les réacteurs. Et pour ce faire,l'uranium doit être de nombreuses fois transforméet transporté.

La Comurhex Malvési : la porte d'entrée d'unquart du nucléaire mondial

Il est tout d'abord envoyé, par train, à l'usineComurhex de Malvési, près de Narbonne (11), pour yêtre "purifié".

La société Comurhex, filiale du groupe AREVA, meten œuvre un procédé de purification de l’uranium,pour le transformer en un dérivé fluoré (UF4).Elle comprend des bassins d’évaporation et dedécantation, dans lesquels sont entreposés lesdéchets et des radionucléides artificiels issus desactivités industrielles passées du site. L’usine, dufait de son risque chimique, est classée SEVESO 1.Mais depuis son ouverture en 1959, cette installationest considérée comme une simple "installationclassée pour la protection de l’environnement"(ICPE), et n'a jamais eu le statut d' "installationnucléaire de base" (INB) ! C'est seulement fin 2009que l’ASN a demandé à AREVA de déposer un dossierde demande d’autorisation de création d’INB avantla fin 2010. Le hic ? Seulement pour deux bassins derétention de boues contenant du plutonium et del'américium, et non pour l'ensemble de l'usine. Uneenquête publique devrait avoir lieu courant 2013aux alentours du site sur la question.

Comurhex traitant 26 % de la production mondiale,elle est loin d'être une usine locale. Elle est en fait laporte d’entrée d’un quart du nucléaire mondial etévidemment de la totalité du nucléaire français.

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Nucléaire : de la mineaux déchets, tous concernés !

Sortir du nucléaire n°57

DR

L'extraction est fortement consommatriceen eau et est très polluante : les poussièresdes mines à ciel ouvert se dispersent augré des vents, l'air, les sols et les nappesphréatiques sont contaminés, des tonnes derésidus radioactifs sont produites et stockéessur place, exposant les populations localesaux radiations à la fois par irradiation externeet par contamination interne.

L'exploitation de l'uranium exposeles populations locales aux radiations !

©André

Paris

À l'usine de Malvési, l'uraniumest converti en gaz, l'UF4(tetrafluorure d'uranium).

Ci-contre : Des ouvriers prélèventun échantillon de yellowcake, ceconcentré d'uranium produit àpartir du minerai.

Notes :1 : La directive européenne "Seveso"impose aux États membres del'Union Européenne d'identifierles sites industriels présentantdes risques d'accidents majeurs.

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La Comurhex Pierrelatte :une installation exposée au risque sismique

Après cette première étape de transformation,60 tonnes d'UF4, en moyenne, sortent tous les joursde l'usine de Malvési pour être envoyées à laComurhex Pierrelatte, par camion citerne.

L'usine Comurhex I de Pierrelatte 2 est une installationnucléaire de base, située sur le site nucléaire duTricastin (26) où l'UF4 est transformé en hexafluorured'uranium (UF6). À sa sortie de l'usine, l’UF6 estchaud et liquide, il est donc conditionné sur placedans des conteneurs, qui sont entreposés pendantplusieurs jours, afin que l’UF6 refroidisse et cristallise.Cette transformation est la dernière étape desopérations de conversion d'uranium avant l'enri-chissement. Une fois refroidi et cristallisé, l’UF6 estexpédié vers les usines d’enrichissement d’uranium.

Cette activité de conversion n'est pas sans risque.En 2011, huit incidents ont été répertoriés et l’ASNconsidérait que les résultats du site en matière desûreté étaient insuffisants. Surtout, les évaluationscomplémentaires de sûreté réalisées suite à lacatastrophe de Fukushima ont fait apparaître quel'usine pourrait ne pas résister à un séisme.

George Besse : de la diffusion gazeuseà l'enrichissement par centrifugation

En France, l'enrichissement est réalisé à l'usineGeorge Besse, elle aussi située sur le site duTricastin. L'installation George Besse I, qui afonctionné de 1978 à 2012 est aujourd'hui à l'arrêt.Le 7 juin 2012, l'usine George Besse II a définitive-ment pris le relai pour l'enrichissement del'uranium, désormais réalisé par centrifugation.Pour arriver à l'uranium enrichi, le gaz traversedes dizaines de milliers de centrifugeuses disposéesen cascade. Cette technique facilite l'accès àla bombe atomique et est donc proliférante.Car pour obtenir l'uranium enrichi à 90 % quientre dans la confection des bombes, il suffitde poursuivre l'enrichissement plus longtempsque pour parvenir aux quelque 4% nécessairespour les réacteurs...

FBFC :le premier producteur mondial d'assemblages

Après enrichissement, la poudre d'uranium estconditionnée sous forme de pastilles qui sontplacées dans des tubes, également appelés"crayons", formant les barres de combustible.Cette activité est réalisée à FBFC, filiale d’AREVA, quiest le premier producteur mondial d'assemblagescombustibles pour les réacteurs nucléaires de typeREP (réacteur à eau sous pression). Ce combustible,hautement radioactif, est ensuite acheminé vers les19 centrales nucléaires françaises, le plus souventpar train dans des conteneurs spéciaux appelésCASTOR.

Sur cette installation, en 2011, 15 incidents significatifsont été déclarés. Le 31 octobre 2012, l'ASN a reclasséau niveau 2 de l’échelle INES un incident constatésur le site de FBFC à Romans-sur-Isère, classé initia-lement au niveau 1.

Les déchets, un héritage impossible à gérer

Le retraitement, une option inutile, coûteuse etdangereuse

Après utilisation dans les réacteurs, le combustibleusé est stocké sur place dans des piscines pour18 mois. Puis il est à nouveau chargé dans des CAS-TOR pour rejoindre l'usine AREVA de La Hague (50).Là, ces déchets seront, selon le terme consacré,"retraités". Situé à 25 kilomètres à l'ouest deCherbourg, le site est le premier opérateur mondialdu traitement du combustible. Cette opérationconsiste à séparer les différents radio-éléments ducombustible usé : 95 % d’uranium de retraitement

Agir en 2013

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Quand on fabrique de l’uranium enrichi (concentré) en isotope 235, on fabriqueinversement de manière systématique de l’uranium appauvri en isotope 235. Ceturanium appauvri est presque entièrement débarrassé de l’isotope 235. L’uraniumappauvri est de l’uranium 238 pratiquement pur.

L’uranium 238 est très recherché pour sa dureté, sa densité et sa qualité pyro-phorique. Autrement dit, il est doté d’un fort pouvoir pénétrant et incendiaire, ilperfore les blindages et s’enflamme à l’impact, provoquant un incendie qui faitexploser l’objectif visé.

Son usage militaire est de deux sortes :� l’uranium 238 est fertile et en captant un neutron il se transforme en pluto-

nium 239, utilisé pour la bombe H.� l’uranium 238 entre dans la composition d’explosifs très puissants.

Les armes à uranium appauvri ont été employées massivement dans les conflitsrécents. De grandes quantités ont été dispersées dans les Balkans, en Irak, enAfghanistan... Les populations civiles en sont les premières victimes. Dans leszones les plus touchées, il a été constaté une hausse spectaculaire des malfor-mations ainsi que des cancers.

L'usage militaire de l'uranium appauvri

DR

Wikipédia

Sous forme de gaz UF4, l'uraniumest enrichi en isotope 235 dansdes centrifugeuses disposées en"cascade".

Colonne de droite : Une fois enrichi,l'uranium est ramené à l'état solidepour fabriquer les pastilles decombustible.

Notes :

2 : Sur le site, la constructiond'une nouvelle installationCOMURHEX 2 est en cours

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Agir en 2013

Le nucléaire est omniprésent en France et noussommes tous affectés par les pollutions qu’ilgénère. De la mine aux déchets, nous sommes tousconcernés !

Alors, ensemble, refusons cette industrie quiempoisonne nos vies. Barrons la route à l'uraniumet ouvrons la voie aux alternatives !

26, 27 et 28 avril 2013 – Chernobyl Day : week-end d'action contre l'industrie de l'uranium

Les 26, 27 et 28 avril 2013, trois jours d'actionsseront organisés pour mettre en lumière chaqueétape de la chaîne du combustible. Ensemble bar-rons la route à l'uranium.Plus d'infos en 4ème de couverture.

15 mai au 31 octobre - Débat public à Bure – Pourarrêter le nucléaire, attaquons-nous à sesdéchets

Le débat public sur le projet CIGEO aura lieu du15 mai au 31 juillet et du 1er septembre au 31 octobre.À Bure, comme partout en France, pour arrêter lenucléaire, attaquons-nous à ses déchets !

Eté 2013, sur la route de l'uranium

Juin 2013 - Tournée "Des mines d'uraniumaustraliennes à l'enfouissement des déchets"

À la fin du mois de juin, nous accueillerons desmilitants et victimes de l'extraction de l'uraniumvenus d'Australie pour témoigner des conséquences

environnementales, humaines et sanitaires désas-treuses de l'exploitation des mines dans leur pays.

1er au 27 juillet - Une marche vers un monde sansnucléaire

L'association australienne Footprints for Peace noussoutient dans cette campagne et organise unemarche internationale, cet été. De villes en villages,des dizaines d'étapes d'une vingtaine de km, pourinformer, sensibiliser et marcher vers un mondesans nucléaire et pour la paix. Cette marche auralieu du 1er au 27 juillet 2013. Elle partira de la régionde Narbonne (11) et arrivera dans le Bugey (01)remontant ainsi la route de l'uranium. Par solidaritéavec les peuples qui ont été spoliés de leur terre,cette marche se déroulera sans drogue et sansalcool, substances largement et sciemment répan-dues pour faciliter cette spoliation. Des actions, desanimations, des ateliers et soirées projec-tions/débats ponctueront la remontée de la Valléedu Rhône. Venez pour une heure ou toute lamarche, c'est vous qui choisissez !

Plus d'infos sur la marche :http://marche2013.sdnyonne.lautre.net

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Barrons la route à l'uranium !

Sortir du nucléaire n°57

Pour vous informer, rejoindre la campagneet agir à nos côtés, rendez-vous sur :www.sortirdunucleaire.org

(URT), 1 à 2% de plutonium et 4% de produits defission et actinides mineurs. Ces derniers, quicontiennent plus de 99% de la radioactivité ducombustible usé, sont coulés dans du verre ; ce sontles déchets vitrifiés. Ceux issus des compagniesd'électricité étrangères sont renvoyés dans leurpays d'origine, les déchets français étant entrepo-sés sur le site dans l'attente d'une hypothétiquesolution.

La Hague est une véritable bombe à retardement,car y sont manipulées des matières hautementradioactives. D'autant que la sûreté n'est pas la

préoccupation première de l'exploitant. En 2011, 25événements significatifs ont été déclarés auprès del’Autorité de sûreté nucléaire. Et ces derniers mois,l'ASN a mis plusieurs fois AREVA en demeure pournon respect de la réglementation. Loin du mythe durecyclage et d'une gestion maitrisée, l'industrienucléaire est en réalité incapable de gérer sesdéchets. Et les "retraiter" ou les enfouir est le seulmoyen qu'elle a trouvé pour les cacher...

Déchets nucléaires, ne pas enfouir, arrêter d'enproduire

Les déchets les plus radioactifs pourraient d'ici 2025être envoyés à Bure, dans la Meuse, pour y êtrestockés à 500 m de profondeur... Pour en savoirplus, voir notre dossier complet en page 21.

Les transports : la pierre angulaire de la chaînedu combustible

Toute cette chaîne du combustible génère destransports dangereux incessants, l'industrienucléaire n'ayant rien trouvé de mieux que de dis-séminer ses installations sur tout le territoire. Parbateaux, trains ou camions, l'uranium, et ses déri-vés, comme le plutonium, circulent en permanencedans l'Hexagone, augmentant ainsi les risquesd'accident ou de malveillance.

©L'énergied'avancer

©EN

USA

Les combustibles usés, hautementradioactifs, sont entreposés dans lapiscine de La Hague.

Ci-contre : Les pastilles d'uraniumsont gainées dans des tubes de plu-sieurs mètres, eux-mêmes groupésdans des "assemblages combusti-bles". Ici, l'usine de fabrication decombustible nucléaire de Juzbado,en Espagne.

DR

Des convois routiers et ferroviairessillonnent en permanence le terri-toire français, chargés de matièresradioactives. Ici, un train de conte-neurs CASTOR traverse Le Bourgeten décembre 2012.

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Des actions locales en chaîneDans les semaines qui ont précédé la grande chaînehumaine à Paris, de nombreux groupes ont organisédes chaînes humaines locales et de nombreuxautres événements dans le but de mobiliser le pluslargement possible.

À Rouen, le 15 décembre, plus de soixantepersonnes se sont retrouvées pour une farandoleautour du palais de justice.

Le 9 février, ce fut une journée de mobilisationnationale avec plusieurs chaînes qui ont traversé lesrues de Grenoble (38), Rouen (76), Nîmes (30),Aubagne (13), Amiens (80), etc. Puis pendant toutle mois de février et début mars s'enchaînèrent desflashmob comme à St-Malo (35), des soirées deprésentation de la chaîne à Melun (77), unfesti-chaîne à La Voulte sur Rhône (07), une projec-tion/débat à Paris (75), etc.

Cette dynamique nationale reflète la volonté deplus en plus de personnes de sortir du nucléaire etl'implication de tout un chacun a contribué à laréussite de la chaîne du 9 mars à Paris.

Notre présence sur le terrain est un gage de visibilitéet de diffusion de l'information.

Une vidéo de la flashmob à Nantes est visible surinternet : http://www.youtube.com/embed/qb8LDtqfIEw

La route du plutoniumLors de l’inauguration du dernier tronçon de lamise à 4 voies de la RN 174, reliant St Lô à la RN 13,des militants antinucléaires ont surgi pour larebaptiser "route du plutonium". Ils voulaient attirer

l’attention sur les transports de cette matière ultra-sensible du point de vue militaire et hautementtoxique. De nombreux transports circulent depuisLa Hague sur les routes du département et notammentà St Lô.

Ce faisant, ces militants se sont attiré les foudres dudirecteur technique des Commissions Localesd’Information dépendant du Conseil général. Le12 février, Ouest-France St Lô publiait une courtedéclaration de ce dernier selon laquelle : "La RN 174n’est en aucun cas l’itinéraire retenu pour lesconvois qu’ils soient hautement ou faiblementradioactifs. (...) Les itinéraires sont connus desmembres des CLI parmi lesquels siègent desreprésentants des associations antinucléaires."

Membre des trois CLI de la Manche, le CRILAN ademandé un rectificatif dans lequel vous auriez pulire s’il était paru, notamment, que :

"(...) Les antinucléaires, membres des CLI ne sontpas avertis par AREVA (!) pas plus que par laDéfense nationale (!!) des dates des transports deplutonium depuis La Hague vers le sud de laFrance... Les CLI ne sont avisées que très tardivementpar un communiqué laconique d'AREVA destransports ferroviaires de combustibles usés etdéchets mais ni de leurs trajets, ni des datesexactes, encore moins de leur suivi en temps réel(!!!)"

Une preuve de plus, s’il en fallait, qu’une informationindépendante du complexe militaro-industriel etdes directions des CLI est nécessaire.

Contact : www.crilan.fr

La ministre de l'Écologiesoutient la poubelle nucléaireLe 4 février, Mme Delphine Batho, paraît-il ministrede l'Ecologie, s'est rendue en visite au futur centred'enfouissement de déchets nucléaires de Bure (55).

Une rencontre le matin d'un quart d'heure avecDominique Ronga (EELV) a été suivie d'un secondéchange d'un quart d'heure l'après-midi avecnotamment Michel Guéritte (association Qualitéde Vie à Ville-sur-Terre) et Michel Marie (CEDRA,collectif contre l'enfouissement des déchetsradioactifs).

Actions et vie des groupes

Sortir du nucléaire n°57page 8

DR

Impossible de parler de tout, mais voici en bref quelques temps forts des derniers mois.Pour alimenter cette rubrique, merci d'écrire par e-mail à Jocelyn Peyret.

Contact : [email protected]

ça bouge dans le Réseau !Quelques moments forts sur le terrain

DRUne chaîne humaine locale

à Rouen avait lieu le 15 décembredernier.

Il suffit d'inhaler une poussièred'un microgramme de plutonium

pour contracter un cancer dupoumon...

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Actions et vie des groupes

On pose des questions, on laisse les réponses àl'entrée, on offre des dossiers, trois petits fours etpuis s'en vont. Tout cela très cordialement.

Pour dénoncer cette visite de courtoisie et desoutien à la filière de stockage de déchets radioactifsen profondeur, une quarantaine de personnes ontbloqué la sortie lors du départ de la ministre. Lesgendarmes sont venus prêter main forte au servicede sécurité de l'Andra.

Avant le futur débat public, Mme la ministre nous aréconfortés quant à la transparence, la démocratieet la réversibilité du stockage... (pour vous informervraiment sur la nature de ce projet, lisez notredossier en pages 20-24 !)

Travaux à Fessenheim :recours contre l'accord de l'ASNSuite à plusieurs propositions d’EDF, l’Autorité deSûreté Nucléaire a donné son accord à la réalisationdes travaux pour le renforcement du radierdu réacteur n°1 de la centrale de Fessenheim, le19 décembre 2012. Un recours gracieux a été déposépar un collectif d'associations.

Entre le 17 octobre 2009 et le 24 mars 2010, leréacteur n°1 de Fessenheim a subi sa troisième visitedécennale. À l’issue de ce réexamen de sûreté,l’ASN a rendu un avis favorable à la poursuited’exploitation du réacteur après 30 années defonctionnement à condition de respecter lesprescriptions de la décision de l’ASN n° 2011-DC-0231du 4 juillet 2011 et notamment les deuxprescriptions majeures suivantes :

� renforcer le radier du réacteur avant le 30 juin2013, afin d’augmenter sa résistance au corium(cœur du réacteur en fusion) en cas d’accidentgrave avec percement de la cuve ;

� installer avant le 31 décembre 2012 des dispositionstechniques de secours permettant d’évacuerdurablement la puissance résiduelle en cas deperte du refroidissement.

C’est dans ce contexte qu’EDF a dû proposerdifférentes solutions de travaux, dans le but derenforcer le radier du réacteur n°1 de Fessenheim.

Après examen du dossier déposé par EDF, l’ASN adonné, le 19 décembre 2012, son accord pour qu’EDFprocède à la mise en œuvre de la modification

proposée, sous réserve du respect de conditionscomplémentaires visant à assurer, d’une part, laradioprotection des personnels effectuant lestravaux, et d’autre part, l’atteinte des objectifsde sûreté fixés.

La modification vise à augmenter à la fois l’épaisseuret la surface de la zone d’étalement du corium encas d’accident grave avec percement de la cuve.

Étant donné l’ampleur de la modification envisagée,celle-ci aurait dû faire l’objet d’une procédured’autorisation (avec enquête publique), telleque prévue par l’article L 593-14 du Code del’environnement en cas de modification notabled’une installation nucléaire. De plus, la réalisationde ces travaux dangereux est peu compréhensibledans la mesure où cette centrale est vouée à lafermeture.

Avec les associations Alsace Nature, Stop Transports- Halte au nucléaire, Stop Fessenheim et le Comitépour la Sauvegarde de Fessenheim et de la plainedu Rhin, nous avons déposé le 15 février un recoursgracieux contre l’accord de l’ASN.

Ce premier recours n'est qu'un début : nousenvisageons ensuite de faire un référé et un recourssur le fond pour empêcher les travaux qui n'ontpour l'instant pas commencé.

Double manifestation à Colmar...Le mardi 12 février, alors que se tenait une réunionde la Commission Locale d'Information et deSurveillance (CLIS) sur la centrale de Fessenheim, laPréfecture de Colmar était quasi cernée par desmanifestants. D'un côté les salariés menés par laCGT, FO, la CFDT et la CFE-CGC, de l'autre les anti-nucléaires un peu moins nombreux mais aussibruyants avec quelques bidons-percussions.

Les salariés contestaient la nomination de FrancisRol-Tanguy en tant que délégué interministérielchargé de la fermeture de la centrale nucléaire deFessenheim. À signaler que lors d'une visite sur lesite, M. Rol-Tanguy a été empêché d'entrer par unbarrage de salariés.

Les compagnies de CRS présentes sur les lieux ontisolé les deux camps, alors qu'un cortège de salariésdéfilait jusqu'à la gare.

page 9Sortir du nucléaire n°57

©VincentKessler

/Reuters

©Jean-C

hristopheVerhaegen

/AFP

Ci-contre : Le 4 février, DelphineBatho visitait avec enthousiasme lesgaleries de Bure...

DR

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Contre le nucléaire militaire,choisissez votre action !Tous les premiers vendredis du mois, participezà l'action "Jeûne et Vigilance" avec présence etinterpellation devant le ministère de la Défense.

Il s'agit d'une présence de trois à dix personnespendant 2 heures le matin et 2 heures l'après-midi,aux heures d'entrée et de sortie du personnel duministère devant le métro Solférino. De grandesbanderoles sont déployées et quelques discussionsavec les passants montrent, soit une déterminationfarouche de certains pour les armes nucléaires, soitun soutien à notre action mais très souvent limité àun intérêt superficiel.

D'autres associations sont partenaires de cetteaction placée sous la responsabilité de la Maison deVigilance : Le Mouvement de la paix, le MIR, StopEssais, les Réseaux Espérance, le collectif Non aumissile M51, les Désobéissants, Mouvance Partenia.

Contact : [email protected] [email protected]

23 avril 2013 : journée internationale d'actions etd'échanges pour le désarmement nucléaire

Du 22 avril au 3 mai 2013 se réunira à Genève, dansles locaux de l'ONU, le "Comité préparatoire dela Conférence d'examen du Traité de Non-Prolifération".

Plusieurs organisations internationales assisterontaux sessions du 22 au 29 avril. Armes NucléairesStop, une des associations présentes, appelle à unemanifestation dans Genève le mardi 23 avril pourdemander l'abolition des armes nucléaires et exigerque les pays nucléaires engagent réellement ledésarmement nucléaire.

Du 6 au 9 août 2013 : jeûne international pourl'abolition des armes nucléaires

Armes Nucléaires Stop vous invite à soutenir et àvous inscrire au jeûne international qui se tientannuellement à Paris du 6 au 9 août en commémo-ration des bombardements de Hiroshima etNagasaki.

Pour tous renseignements et inscription :[email protected]

Comment distribuer efficacementdes tracts antinucléaires ?Merci à Philippe pour son témoignage :

Pour les tractages, il faut à mon avis tout de mêmeessayer de limiter le gaspillage et en effet de ne pastendre les tracts à la volée et d'essayer de discuteravec la personne avant. Mais la saturation en"tractage" dans certaines villes fait que l'on n'a pasenvie de s'arrêter ou alors pour se débarrasser del'intrus, on prend, on regarde à peine et on jette.

Le contact direct et l'accroche verbale sont certai-nement plus efficaces qu'une distribution sanscompter et sans échanges humains. Plus de monde,mais un résultat pas garanti...

En situation de foule qui marche (sorties de métro,de conférence, dans la rue, etc.), on ne peut pasdiscuter avec les passants, d'abord parce qu'il fautqu'ils s'arrêtent (on ne peut pas et il ne faut pas lesforcer !), ensuite parce qu'on loupe tous les autres.D'où ma méthode de tractage "à la criée" qui estexcellente d'après moi : je ne bloque surtout pas lepassage et je lance "à la criée" pourquoi je suislà ("Sortir du nucléaire, samedi 9 mars !!"), enprononçant bien fort et bien clairement "nucléaire"(tout de suite, le sujet les interpelle... ou pas dutout !) puis, le temps qu'ils passent, je rajoute desinfos ("journée de mobilisation conviviale !!","Même si vous n'êtes pas militants, participez !!",etc.). Ainsi, seuls les passants intéressés prennentles tracts (ceux qui percutent après m'avoirdépassé reviennent vers moi pour m'en demanderun, parfois plusieurs).

Résultat : très peu de perte ! Mais : il faut observerles passants, écouter leurs réactions éventuelles, yrépondre si possible (autant de signes de sympathieque de provocations) et surtout... faut "crier" !

Bref, du vrai boulot concentré qui économise dutemps et de l'argent !

Gard : les élus interpellés sur leursoutien au projet ASTRIDLe 15 février, entre 150 et 200 personnes se sontrassemblées avec banderoles et panneauxd'informations pour protester contre le projet deconstruction d'ASTRID à Marcoule. Il s'agit d'un réac-teur fonctionnant au plutonium et refroidi au sodiumliquide. Il s’inscrit dans la filière des "Réacteurs àNeutrons Rapides, RNR", ou "surgénérateurs".

Le 15 février, l’atmosphère était surchauffée par larage face à l’expression convenue des élus et par laprésence de salariés du nucléaire venus égalementrevendiquer ! Les antinucléaires ne se faisaient pasd’illusions sur la réaction du Conseil Général donton sait qu’il est globalement pronucléaire.

Actions et vie des groupes

Sortir du nucléaire n°57page 10

©Arm

esNucléaires

Stop

Jeûne et vigilance devantle ministère de la Défense

DR

Ci-contre : Distribuer des tracts,oui, mais surtout... parler aux gens !

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Actions et vie des groupes

Le but du rassemblement était double : montrerqu’une force antinucléaire pouvait émerger face auprojet et informer et alerter la population à traversles médias.

Il a été demandé au Conseil Général de :� s’opposer à la construction du nouveau réacteur

Astrid,� réclamer l’arrêt de la filière plutonium, filière de

la plus haute radiotoxicité et dangerosité,� appeler le CEA à organiser la reconversion

des productions nucléaires de Marcoule, et àtransformer le Centre en pôle international d’ex-périmentation du démantèlement nucléaire, et encentre de développement des technologies desobriété énergétique et d’énergies renouvelables.

Il nous a été annoncé un débat sur la transitionénergétique du Gard, qui serait organisé auprintemps par le Conseil Général. Sera-t-il un débatcitoyen auquel nous pourrions prendre part, et àquelles conditions ?

Il reste que si aujourd’hui nous nous sommesmanifestés, c'est en tant que citoyens dans uncadre démocratique, même si nous l’avons un peuperturbé. On peut penser que d’autres formesd’actions sont à envisager, si on veut réellement quesoit bloqué ce projet de construction du réacteur.Et pour cela il sera aussi nécessaire de lui donnerune dimension nationale, car la relance de la filièreplutonium est un très grave enjeu national.

Contact : collectifantinucleaire84@hotmail.frwww.coordination-antinucleaire-sudest.org

Rassemblement contrela guerre pour l'uranium au MaliLe samedi 9 février, environ 500 personnes se sontrassemblées devant le siège d'Areva à Paris pourdénoncer la guerre au Mali.

Une forte partie de la populationmalienne et nombrede travailleurs maliens immigrés en France ont étésoulagés par l'intervention de l'armée françaiseface à l'oppression du fanatisme religieux au Nord-Mali. Mais cela ne doit pas empêcher d'êtreconscient que ce ne sont pas des raisons humani-taires qui motivent la guerre française au Mali,

mais des intérêts impérialistes, dans la plus puretradition des agissements de ce qu'on appelle "laFrançafrique". Comme un aveu, cette guerre permetà la France d'envoyer des troupes militaires poursécuriser les mines d'uranium d'Areva au Niger,distantes de quelques centaines de kilomètresseulement.

Un nouveau lieu d'ancragepour les luttes antinucléairesDepuis l’action à Valognes contre le train "CASTOR"en novembre 2011, jusqu’aux moments forts de lalutte contre la ligne Très Haute Tension (THT)Cotentin-Maine en 2011 et 2012, des personnes sesont rencontrées et se sont organisées pour luttercontre le nucléaire et son monde.

Afin de continuer sur cette lancée, il semble importantde pouvoir disposer d’un lieu collectif comme a pul’être le bois occupé de la Bévinière sur la communedu Chefresne, bois concerné par le passage de lanouvelle ligne THT.

Présenté lors de l’assemblée générale antinucléaireet anti-THT du 1er décembre 2012 à Coutances, cenouveau lieu est désormais ouvert. Il a été mis àdisposition collective par le biais d’une association,au lieu-dit la Bossardière sur la commune deMontabot (50).

Nous, participant-e-s à cette dynamique, l’avonsdoté de différents objectifs. En effet, cet endroitconstitue un point d’information et de convergencesdes initiatives d’ici (EPR, THT, etc.) et d’ailleurs(poubelle radioactive de Bure, etc.) contre lenucléaire et aussi contre d’autres projets assezproches dans l’idéologie d’aménagement de nosespaces et de nos vies, tel celui de l’aéroport deNotre-Dame des Landes. Il s’agit aussi d’un pointd’ancrage de la lutte où se déroule un chantierpermanent d’échanges de savoirs et de pratiquesautonomisantes (autonomie énergétique, écocons-truction, rénovation du bâti ancien…).

Dans cette dernière optique, ainsi que pour rendrele lieu plus agréable et accueillant, divers chantiersont déjà été menés à bien depuis la dernière assem-blée anti-THT, tels l’aménagement d’une pièce devie, la mise en place de gouttières, le tubage de lacheminée, la mise en place de panneaux solaires etla fabrication de portes pour l’atelier/salle d’activités.Il s’agit d’un bâtiment agricole doté d’une pièce de

page 11Sortir du nucléaire n°57

©ActuR

atons

©CAN84

Les militants du CAN 84 ontinterpellé les élus du Gard surleur soutien au projet de réacteurde 4e génération ASTRID.

DR

La grange de Montabot, nouveaulieu de lutte.

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vie et d’un atelier avec du terrain. À notre arrivée,il était inoccupé depuis des années et des travaux ysont par conséquent nécessaires.

Nous vous invitons à passer pour vous tenir aucourant des prochains travaux à mener. Ceux-cinous permettront, une fois accomplis, d’envisagerd’autres activités plus aisément.

Si vous souhaitez participer à l’organisation du lieuet des différents chantiers, ou juste en savoir unpeu plus, il est possible et même fortement recom-mandé de venir aux réunions hebdomadaires, tousles mercredis à 18h. Ces réunions sont, pour nous,vraiment le meilleur moyen pour discuter ets’informer sur les chantiers à venir, sur l’actualitédu lieu et pour émettre des propositions quant àcelui-ci. Nous essayons de fonctionner de façonhorizontale, sans chef ni bureaucratie.

Il est aussi possible de nous contacterpar téléphone au 06 28 94 72 13, et par mail :[email protected]

Si les différents travaux s’organisent financièrementavec les moyens du bord et au plus juste, il restenéanmoins que l’achat de matériaux de qualiténécessite plus d’argent. C’est pourquoi nous lançonsun appel à dons pour soutenir le lieu et ses activités.

Il est possible d’envoyer des chèques à Le Pavé, c/o T. LECLAINCHE, 2 rue de la Fontaine st Côme, 50210 RONCEY

Les révoltés du Bocage à Montabot

Marches antinucléaires :préparez vos sacs à dos !La "Marche antinucléaire pour la Vie ! Arrêt immé-diat du nucléaire" aura lieu du 15 au 26 avril 2013.

Des Alpes de Haute-Provence (Manosque, lieu d'unséisme en septembre 2012) au Gard (site nucléairede Marcoule) en passant par les Bouches-du-Rhône(centre nucléaire de Cadarache) et le Vaucluse (sitenucléaire de Tricastin), cet événement sera l'occasionde manifester au lobby nucléaire et aux gouverne-ment et élus régionaux pro-nucléaires le refus deservir plus longtemps de cobayes aux fanatiquesscientistes criminels. Un rassemblement clôtureraau Tricastin cette marche le jour même de lacommémoration de la catastrophe nucléaire deTchernobyl du 26 avril 1986.Contact : [email protected] : www.coordination-antinucleaire-sudest.org

La "Marche internationale pour la paix et unmonde sans nucléaire" aura lieu du 1er au27 juillet 2013 au départ de Narbonne (11) etarrivant à la centrale du Bugey (01).

Organisée par des sympathisants antinucléaires encollaboration avec l'association australienneFootprints for Peace. Pour nous accompagner dansce périple et témoigner des impacts économiques,culturels, environnementaux, sociaux de l'extraction

de l'uranium, nous accueillerons tout au long de lamarche desmilitants aborigènes qui luttent contre denouveaux projets de mines et pour la souverainetéde leurs peuples. Nous recherchons des lieux decampements pour les étapes et des contacts locauxpour co-organiser des rencontres.

Contact : [email protected] 78 75 60 55

Site : http://marche2013.sdnyonne.lautre.net

Informer...jusque sur les sentiers de randonnée !Yves et Ida, militants antinucléaires de longuedate, habitent en Seine-et-Marne, et un sentierde randonnée longe leur habitation. Quoi de plussimple pour sensibiliser les promeneurs que demettre à leur disposition, en libre service, quelquestracts et brochures envoyés gratuitement par leRéseau "Sortir du nucléaire" ? C'est ce que se sontdit nos amis, qui ont affiché l'appel à la chaîne surleur porte de garage. Un panier suspendu contientles documents gratuits. Pratique, pas d'autorisationà demander, pas de stand à tenir toute la journée,il leur faut juste réapprovisionner le panier qui sevide rapidement...

Faites connaître vos actionsantinucléaires dans notre agenda !Inscrivez vos actions antinucléaires via le formulaireen ligne que vous trouverez ici :http://groupes.sortirdunucleaire.org/agenda

Ils seront annoncés dans l'agenda en ligne etnous diffuserons l'information par e-mail auxsympathisants du département concerné (ou pluslargement selon l'événement). Une fois l'événementpassé, pensez à nous envoyer des photos etcomptes rendus (ainsi que revues de presse etvidéos) pour alimenter cette rubrique de la revue.Contact : [email protected]

Actions et vie des groupes

Sortir du nucléaire n°57page 12

DRCi-contre : De l'info antinucléaire

au bord du sentier de randonnée...

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Artistes

Voici du théâtre didactique au bon sens du terme.Ils ne sont pas si nombreux, les spectacles qui secollètent avec un sujet actuel, polémique, aussifondamentalement vital et politique que lenucléaire. Nicolas Lambert avec l'excellent Avenirradieux, une fission française avait démonté lagenèse et les enjeux de cette industrie. L'impossibleprocès, lui se place après la catastrophe annoncée.Ou plus exactement, la dernière d'une longue sériede catastrophes intervenues.

2015 : un Boeing 747 en provenance du Maroc s'estécrasé sur la centrale du Blayais... Aucun survivantparmi les 150 passagers bien sûr. Quant aux consé-quences sur la ville de Bordeaux toute proche et larégion viticole, nous ne les dévoilerons pas auxfuturs spectateurs, mais elles ne sont pas difficilesà imaginer.

Ce que met en scène Bruno Boussagol, c'estprécisément le procès d'une industrie de la catas-trophe annoncée... et déjà ailleurs arrivée. Car lemetteur en scène de Brut de béton production n'enest pas à son coup d'essai : la catastrophe, il l'avaittraitée par le truchement de la voix bouleversantede Svetlana Aliexievich et de son docu/roman, LaSupplication. Puis ce fut Elena ou la mémoire dufutur, le cri déchirant d'une femme qui voit agoniserson mari, et au delà, tout ce qui vit. Ce travailacharné, obsessionnel diront certains – mais qui neserait obsédé par l'imminence de la destruction ? –il l'a prolongé par l'installation de la diagonale deTchernobyl à Aurillac. Et il en fut le témoin oculaire :à maintes reprises, il s'est rendu à Tchernobyl où Ladiagonale de Tchernobyl a été jouée en mémoiredes "liquidateurs".

Procès d'une catastrophe annoncée, donc, où vonts'affronter une procureure pugnace et informée(Véronique Pilia), et un avocat retors aux discoursqu'il nous semble déjà avoir entendus quelque part(Jean-Louis Debard), sous l'œil d'un prévenu aussiabsent que cynique (Bruno Boussagol), emblèmede l'irresponsabilité, Très Haut Commissaire àl'Énergie Nucléaire Civile. "Irresponsabilité" pourraitd'ailleurs être le maître mot de la démonstrationminutieuse à laquelle se livre la pièce, démontantla logique violente qui veut que nul n'assume undésastre couvert par "l'intérêt supérieur" de l'État.Il y a quelque chose de monstrueux dans l'arrogancede ceux qui savent tout mais ne prévoient rien. Lasuffisance des dominants échappant à tout jugementréduit à l'impuissance les vains efforts de ceux qui,à l'instar du Président du tribunal incarné par

Patrick Gay-Dellile, essaient de mettre noms etvisages sur la chaîne d'erreurs et d'imprévoyances...Là encore, toute ressemblance avec des situationsexistantes ou ayant existé n'est pas fortuite.

Pourtant, le dossier, auquel une narratrice (NoémieLadouce) apporte tous les éléments manquants,s'avère lourd et pour cause : une dizaine de spécia-listes ont apporté leur caution scientifique etjuridique au texte de la pièce établi par Jean-LouisDebard.

Mais un procès n'existe pas sans témoins ni jurés (etles jurés, c'est vous). Plus précisément, danschaque ville où la pièce sera représentée, desvictimes, ou "experts" du nucléaire viendrontapporter leur contribution. Et c'est à la fin de latournée, le 25 mai à Paris, que sera prononcé leverdict. Il va de soi que plus les contributions detémoins seront nombreuses, mieux il sera étayé !Souhaitons donc que se multiplient les initiativespour accueillir cet Impossible procès qui, plusqu'un spectacle, est un moment de théâtre citoyense refusant à réduire le spectateur à la passivité.

Valérie de St Do

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La tournée commencele 21 avril àStrasbourg pour passerpar Kaysersberg, Bure(le 26 avril),Darnieulles, Golfech,Toulouse, Gaillac,Saintes, Colmar,Angoulême, Gap,Embrun… au total 25représentations.

©BenoîtMorge

L’impossible procèsDu catastrophisme à la raisonAvec L'impossible procès, anticipation dont on souhaite qu'elle ne reste qu'une fictionthéâtrale, Bruno Boussagol dresse un réquisitoire implacable contre l'industrie nucléaireet ses soutiens.

Pour toute information : http://leliencommun.org/journeesdetudes/2012/proces/Contacts Brut de béton production :www.brut-de-beton.net / [email protected] / 06 08 23 60 20

©MichelLablanq

uie/Brutde

bétonproduction

Page 14: Revue Sortir du nucléaire 57

Quel est le principe de votre action ?

Le samedi matin, sur un lieu de passage - ici, l'accèsau marché du centre-ville – nous présentons unegrande carte de 1m de largeur sur 1m30 de hauteur,qui indique les zones d’exclusion et de pollutionà long terme en cas d’accident dans l’une descentrales locales. Y sont représentés les PPI 1

actuels, les zones d’exclusion de 30 km, comme àTchernobyl et Fukushima, et les zones de pollutionsdurables de 100 kmmesurées autour de Tchernobyl.Par contre, elle ne tient pas compte des vents éven-tuels, importants dans la vallée du Rhône !

En parallèle, un document est remis aux passants,qui sont interpellés avec cette question "Savez-vous ce que vous auriez à faire le jour de l’accidentnucléaire ?". Lorsqu’ils s’arrêtent pour observer lacarte, nous leur demandons : "Savez-vous quidéciderait de ce qu’il faut faire et ce qui seraitdécidé ?" et nous leur donnons un documentlistant des exemples de questions qu’ils peuventposer aux pouvoirs publics.

Comment vous est venue cette idée ?

Cette idée nous est venue en découvrant l’excellentecarte de Greenpeace, uniquement accessible parinternet, qui permet de se faire une idée de l’impor-tance des zones de pollution en cas d’accident.

Quel est le but de cette action ?

Le but de cette action est de sensibiliser la populationaux risques auxquels elle est soumise, et àl’absence de plan clairement établi et connu partous en cas d’accident.

En général comment ça se passe ?

Nous tentons une action régulière tous les samedismatins, de 11h à 12h30 en période d’hiver, de 10h à12h en période plus chaude. Deux personnes portentcette carte et interpellent les passants, discutentavec eux. Les réponses sont quelquefois surpre-nantes, mais permettent d’engager la discussion.Les plus fréquentes sont fatalistes "on ne pourra rienfaire", il y a même eu un "il faudra prier", de l’aveumême d’un pro-nucléaire devant ses enfants !

Qu'attendez-vous de cette action ?

Nous souhaitons par cette action faire réagir lespassants, qu’ils réfléchissent à leur situation,écrivent aux différents destinataires proposés etdemandent des réponses précises ; que les citoyensse réapproprient leur sécurité, leur futur, en exigeantdes réponses. Nous leur demandons de nous faireparvenir les réponses reçues car jusqu'à présent,tous les courriers envoyés par SDN 26-07 sur les PPIou les transports nucléaires dans la région n’ontobtenu aucune réponse. Aux personnes qui nousaffirment qu’elles sont pour le nucléaire, nousproposons un formulaire d'inscription commeliquidateur : mais nous n’avons eu aucune signaturejusqu’à présent !

[email protected] 72 35 89 60

Au cœur de l'action

Sensibiliser aujourd'hui,pour ne pas évacuer demain...

Cette rubrique permet de présenter une action, menée par un groupe membre du Réseau,qui présente un intérêt particulier par son originalité, sa reproductibilité, son efficacité. Dequoi donner des idées aux militants partout en France ! Aujourd'hui, nous donnons la paroleà SDN Drôme-Ardèche.

Sortir du nucléaire n°57page 14

À votre préfet ou à votre maire : Que devriez-vousfaire en cas de problème ? Qui prend les déci-sions, quelles seraient-elles (confinement, éva-cuation, durée) et comment sont-elles communi-quées à la population ? Qui distribue les pastillesd’iode ? Qui les reçoit ? Y a-t-il un plan B ?

Au directeur/à la directrice de l’établissementscolaire ou de la crèche de vos enfants : Qu’est-il prévu pour vos enfants ? Le confinement ?Dans quelles conditions ? Combien de temps ?Les locaux sont-il adaptés ou préparés ?

À votre médecin et aux hôpitaux : Participerait-ilaux manœuvres d’évacuation, aux soins aux per-sonnes ? Dans les hôpitaux, y aura-t-il suffisam-ment de places et de personnels soignants ?

Aux pompiers : Quels seraient leurs rôles ?

Au président de la République et aux direc-teurs / trices des centrales : Qui gérera l’accidentsur place : les salariés, les sous-traitants,l’armée, des "liquidateurs" volontaires ?

Exemples de questions à poserCi-dessus : Détail de la cartedu quart sud-est de la Franceaffichée par SDN 26-07 lors deson action.

Notes :1 : Plans Particuliers d'Intervention.

Page 15: Revue Sortir du nucléaire 57

Tribune

page 15Sortir du nucléaire n°57

La lecture du rapport du Comité directeur pour lagestion de la phase post accidentelle d'un accidentnucléaire (Codirpa), publié par l'Autorité de sûreténucléaire (ASN), me laisse abasourdie.

Certes, la possibilité d'un accident nucléaire enFrance est enfin considérée comme suffisammentsérieuse pour devoir faire l'objet d'une réflexionpublique et en profondeur sur ce qu'il conviendraitde faire.

Mais le type d'accident envisagé est surprenant, àsavoir un accident entraînant des rejets de moinsde 24 heures, c'est-à-dire un accident relativementbénin. Alors que le Codirpa a été mis en place en2005, les scénarios sur lesquels il travaille sontinchangés depuis 2007, et ne concernent que desaccidents mineurs, alors même que les premiersrapports s'engageaient à ce que d'autres scénariossoient envisagés très rapidement. Force est deconstater que près de deux ans après Fukushima,rien n'a été fait.

En second lieu, les propositions avancées pour lagestion à court terme d'un accident sont totalementirréalistes.

D'abord, les résultats des simulations d'accidentsnécessitant une évacuation et un confinement ontété très peu encourageants. La pagaille et lesdysfonctionnements, qui ont résulté de la simulationd'un accident très modeste ne justifiant qu'uneévacuation sur 2 km de rayon et un confinement sur5 km, rendent totalement virtuelles les mesuresproposées. Qu'il s'agisse de la mise en place decentres d'accueil et d'information, de recensementou encore des modalités du choix entre maintiensur place des populations ou éloignement, en l'étatactuel des moyens, tout ceci paraît parfaitementutopique.

Le caractère totalement fictif de ce scénario estparfaitement résumé dans le deuxième des sixpoints clés de la gestion post accidentelle :

"La population affectée par les conséquences del'accident, dont une partie est susceptible d'êtreéloignée durablement de son milieu de vie, doitbénéficier d'une prise en charge médicale etpsychologique, d'un suivi dosimétrique, d'un suiviépidémiologique, d'un soutien financier et êtreindemnisé du fait du préjudice subi."

Il faut reprendre point par point ces différentstermes pour juger de leur caractère ubuesque.

"Éloignement durable" : les précédents des grandsaccidents nucléaires montrent que les habitants quipartent ne peuvent en réalité pas revenir. Il nes'agit donc pas d'un éloignement durable, maisbien d'un éloignement définitif. En conséquence, laformule est mensongère ou a minima incomplète.

"Suivi dosimétrique et épidémiologique" ainsi que"soutien médical et psychologique" : l'intention estlouable, mais sa réalisation nécessite évidemmentune organisation préalable. Or, existe-t-il desmillions de dosimètres en stock alors même que lespastilles d'iode destinées à une petite frange de lapopulation vivant au voisinage des centralesnucléaires n'ont pas été renouvelées depuis 10 ans ?Quant aux médecins et psychologues qui devraientêtre préalablement formés, a-t-on seulementl'idée du nombre nécessaire et de la réalité d'unemobilisation en cas d'accident ?

"Soutien financier et indemnisation du fait dupréjudice subi" : on est au-delà de la publicitémensongère. La vérité est qu'il n'y a pas le débutdes sommes nécessaires pour gérer un accident, eta fortiori une catastrophe nucléaire. La partie durapport consacrée à l'aide et à l'indemnisation(annexe 2 point 9) relève, soit de l'incompétence,soit de la mauvaise foi. Il est écrit :

Catastrophe nucléaire : l'impossible"gestion" de l'ingérableEx-ministre de l'environnement et députée européenne, Corinne Lepage dénonce lespropositions irréalistes avancées pour "gérer" une catastrophe nucléaire qui surviendraiten France.

©YurikoNakao

/Reuters

Ci-contre : Voilà à quoi ressemblela vie de réfugiés du nucléaire ; ici,des évacués de Fukushima.

DR

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"L'exploitant nucléaire étant le seul légalementresponsable, la charge première de la mise en placede ce dispositif lui incombe (il s'agit du dispositifpermettant l'indemnisation) en liaison avec sonassureur."

Or, il n'y a aucune assurance en matière nucléaire, lacharge revenant à EDF est aujourd'hui limitée à 80 mil-lions d'euros et le plafond maximal en cas d'accidentnucléaire selon la Convention de Paris est de 1,5milliards d'euros. Cela signifie tout simplement qu'iln'y a pas de mécanismes permettant l'indemnisa-tion et la prise en charge financière des victimes. Ilfaut rappeler que monsieur Lacoste, avant de quitterla présidence de l'ASN, voici quelques semaines,évaluait à 700 milliards d'euros le coût d'un accidentnucléaire de grande ampleur, et à 70 milliards lecoût d'un accident de moyenne ampleur.

Au Japon, des centaines de milliers de personnesvivent aujourd'hui dans un univers hautementcontaminé, consomment des aliments radioactifs,parce que précisément personne, et certainementpas l'exploitant Tepco - mais il en irait de mêmepour EDF - n'a les moyens, ni d'indemniser lesacteurs économiques pour qu'ils cessent deproduire et quittent les lieux, ni de financer ledépart des habitants. Il en irait évidemment demême en France.

Dès lors, le rapport du Codirpa est bienvenu en cequ'il reconnaît un état de fait : la possibilité d'unaccident nucléaire en France, et les conséquencesqui pourraient en naître. Mais, dans le mêmetemps, il souligne de manière particulièrementtragique l'absence totale de préparation de notrepays en cas d'accident nucléaire, de moyens et,par voie de conséquence, l'incapacité cruelle etinévitable dans laquelle notre pays se trouverait degérer une telle tragédie.

À l'heure de ce que le gouvernement appelle"débat sur la transition énergétique", il serait bonde poser l'ensemble des termes du débat, y comprisles plus tabous. Nous sommes le pays le plusnucléarisé au monde, et sans doute l'un des moinsbien préparés à faire face un accident.

Corinne Lepage

Tribune

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Fin 2012, deux économistes de l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) ont publié uneétude dans laquelle ils analysent les coûts prévisibles d'un accident nucléaire "grave" (dont les émissionsradioactives seraient "plus ou moins contrôlées et donc non massives") et d'un accident nucléaire "majeur"(dont les émissions radioactives seraient "massives").

Ils estiment le coût moyen d'un accident "grave" à 120 milliards d'euros, un coût "tout à fait considérablepour la France", sachant qu' "un accident industriel majeur comme l'explosion de l'usine d'engrais AZF àToulouse (2001) ou la fuite de pétrole de l’Erika (2000) a été évalué autour de 2 milliards d’euros". Ceserait "un désastre d'importance nationale", dont "les coûts pourraient doubler dans un cas défavorable(240 milliards d’euros)".

Mais "un accident majeur typique pourrait coûter plus de 400 milliards d’euros, soit plus de 20 % du PIBfrançais annuel, ou l’équivalent de plus de 10 ans de croissance économique. À défaut d’autres réfé-rences, on ne peut que comparer cela au coût d’une guerre régionale. Le pays serait en état de choc pen-dant longtemps et l’Histoire se souviendrait de la catastrophe pendant de longues années. Toute l’Europede l’Ouest serait affectée."

L'IRSN estime que 100 000 réfugiés environ devraient quitter définitivement les zones contaminées.Puisque certaines centrales sont situées près d'agglomérations (Paris, Lyon, Bordeaux) dont la populationse compte en centaines de milliers ou en millions d'habitants, il est clair que ce nombre pourrait explo-ser... et l'estimation de coût faite par l'IRSN également !

"Le nombre de cancers attendus serait élevé. Les effets physiologiques seraient importants. [...] Des effetsphysiologiques aussi vastes imposeraient des souffrances considérables aux populations concernées."

"Deux effets s’additionneraient : le pays serait irradié et de surcroît, il lui faudrait faire face à des pertesextrêmement lourdes. Ceci amènerait en toute probabilité de profonds changements politiques et sociaux."

(L'IRSN n'a pas jugé utile de traduire en français l'étude de ses deux économistes Ludivine Pascucci-Cahenet Patrick Momal. Ce sont trois bénévoles des Éditions de Fukushima / Le blog de Fukushima qui ont rendudisponible une traduction française de la synthèse de l'étude, titrée "Les rejets radiologiques massifs sonttrès différents des rejets contrôlés".)

Selon l'IRSN, "un accident nucléaire majeur en Franceprovoquerait une catastrophe européenne ingérable".

©DavidGuttenfelder/AssociatedPress

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Source : article initiale-ment publié sous letitre "Préparation auxaccidents nucléaires :sortons du virtuel",www.huffingtonpost.fr,3 décembre 2012

Le 8 juin 2011, des Japonais revêtusde combinaisons de protectionsont rassemblés pour un briefingdans le gymnase d'Hirono, avantd'être conduits une dernière foisdans leurs foyers en zone évacuéepour récupérer quelques objetspersonnels, qui seront ensuitedécontaminés un à un.

Selon l'IRSN, après un accidentmajeur, "les quantités de denréesagricoles dont il faudrait se débar-rasser seraient considérables."

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En bref

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USA : le réacteur de Kewauneeferme avec 20 ans d'avance !

Le site de production électronucléaire deKewaunee, qui comporte un unique réacteur à eausous pression fabriqué par Westinghouse, est situédans le Wisconsin à 250 km au nord de Chicago.Raccordé au réseau électrique en 1974, il seradéfinitivement fermé par son propriétaire, lasociété Dominion, pendant le second trimestre2013, alors même qu'en février 2011, l'autorité desûreté nucléaire américaine, la NRC, avait renouvelépour 20 ans son autorisation de fonctionnement,jusqu'en 2033.

Notons avec amusement qu'il semble difficile deconnaître la puissance exacte de ce réacteur. Dansson communiqué du 24/02/11, Dominion indiqueune puissance de 574 MW alors que son communiquédu 22/10/12 indique 556 MW. Quant à la base dedonnées PRIS de l'Agence Internationale de l'ÉnergieAtomique, elle indique 566 MW. Allez comprendre...

Mais voilà qui explique peut-être qu'on puisse lire,dans le communiqué de Dominion du 22/10/12, que"le risque associé à l'exploitation des installationsnucléaires" figure au nombre des "incertitudes quipeuvent affecter sensiblement nos résultats effectifset qui sont souvent au-delà de notre capacité decontrôle ou d'estimation précise" !!

Malgré l'autorisation de la NRC, dès avril 2011,Dominion décidait de mettre en vente le réacteurde Kewaunee ; le 22 octobre 2012, il annonçait sadécision de le fermer définitivement et de ledémanteler, n'ayant trouvé aucun repreneur. SelonThomas F. Farrell, PDG de Dominion, "cette décisionest purement basée sur une analyse économique.Dominion n'a pas réussi à mener à bien son projetd'accroître son parc électronucléaire dans leMidwest afin de réaliser des économies d'échelle."

Rod Adams, promoteur du nucléaire au travers deson blog Atomic Insights, commente cette décision :

"[…] l'entreprise n'a pas non plus été capable deconvaincre l'État du Wisconsin de mettre fin à sonmoratoire virtuel sur tout nouveau réacteur

nucléaire. Ce moratoire virtuel, à l'instar des loisen vigueur dans à peu près vingt États du pays,n'interdit pas complètement de nouveaux réacteursnucléaires ; il dit simplement qu'aucun nouveauréacteur nucléaire ne peut être construit jusqu'à ceque le gouvernement fédéral ait mis en place uneinstallation opérationnelle d'entreposage à longterme des déchets. Bien qu'il y ait eu une périodeau début des années 2000 pendant laquelle legouvernement fédéral semblait progresserconcrètement sur ce front, le "projet" actuel estmoins avancé qu'il ne l'était en 1996."

À notre grand plaisir, Adams conclut : "Les forcesdu mal qui sont déterminées à rendre l'énergienucléaire non rentable sont actuellement plusfortes que ceux d'entre nous qui sont déterminés àgarantir que la population mondiale actuelle etfuture dispose d'une alternative viable, propre,abondante et fiable à la combustion aussi rapideque possible de la richesse que représentent leshydrocarbures stockés dans le sol."

Quant au blog Gen4.fr, il affirme "avoir pointéenviron une trentaine de réacteurs américains (sur104) implantés sur autant de sites de production àréacteur unique qui pourraient se retrouver éteintset démantelés si cette logique comptable s’étend".

Sources : dom.com, atomicinsights.com, gen4.fr

Royaume-Uni : abandon définitifd'un projet d'enfouissement nucléaire !

Le comté de Cumbrie et ses districts d'Allerdale etCopeland, qui forment la "côte nucléaire" surlaquelle est implantée l'usine de "retraitement" decombustible usé de Sellafield (l'équivalent britanniquede La Hague), étaient jusqu'à récemment les dernièresautorités locales de Grande-Bretagne encoreengagées dans des études de faisabilité concernantl'implantation d'un site d'enfouissement dedéchets nucléaires au Royaume-Uni.

Mais le 30 janvier, par un vote à 7 contre et 3 pour,les conseillers du comté ont voté pour l'abandondéfinitif des recherches préliminaires sur le territoirequ'ils administrent, après que des géologuesindépendants ont apporté la démonstration que la

La sortie du nucléaire marque des points !

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Déjà empoisonné par l'énormeusine nucléaire de Sellafield,le comté de Cumbrie refusel'enfouissement de déchetsnucléaires.

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géologie fracturée du comté était incompatibleavec un tel stockage. Les organisations écologistesont mené une campagne couronnée de succès,gagnant le soutien de la direction du parc nationaldu Lake District et de centaines d'associationsengagées dans la protection des paysages.

Le conseiller conservateur Eddie Martin, qui avoté contre le projet, a averti des risques dus à laradioactivité et du danger qui pèserait sur l'impor-tante activité touristique de la région. Après levote, il a déclaré : "La Cumbrie possède un paysageunique et mondialement renommé, qui doit êtrechéri et protégé. Bien que l'usine de Sellafield et leLake District aient cohabité avec succès pendantdes décennies, nous craignons que, si la zonedevient connue dans la conscience nationalecomme le lieu où sont enfouis les déchetsnucléaires, la réputation du Lake District ne soitplus aussi résiliente."

Pour Stuart Haszeldine, géologue à l'universitéd'Édimbourg qui a joué un rôle éminent dans lamise au jour des risques, "C'est une politique àtrès courte vue qui a été adoptée, conduite enamenant les conseils locaux à se porter volontairespour les mauvaises raisons : des incitationsfinancières. De nombreuses informations ontété tues au cours du processus pour persuaderles conseils d'accepter des sites techniquementinadaptés." Il rappelle que, dans les années 1980 et1990, l'examen d'un premier site près de Sellafieldavait coûté quelque 400 millions de livres sterling,avant d'être abandonné – déjà – à caused'une géologie complexe et fracturée. Haszeldineajoute : "Au bout du compte, croyons-nous dansune politique basée sur des faits ou bien dansun opportunisme politique qui exploite lescommunautés dont les opportunités économiquessont limitées ?"

Une question que devraient se poser, en France, tousles élu-e-s et citoyen-ne-s de la région de Bure !

Source : guardian.co.uk, 30 janvier 2013

Le village de Mandres-en-Barrois résiste à l'Andra

Le 13 janvier à Mandres-en-Barrois s’est dérouléeune consultation "informelle" de la population. Enmajorité (50 contre, 35 pour), les habitants ontrefusé de céder leur bois de la forêt Lejus contretrois parcelles situées à Bonnet, Amanty etEffincourt. Le conseil municipal a suivi cet avismajoritaire, en refusant le 15 janvier d'avaliser cetéchange.

À la clé pourtant : 370 ha de forêt contre 220seulement de forêt communale, un échangealléchant proposé par l'Agence nationale pour lagestion des déchets radioactifs, l'Andra, dans lecadre du projet d'enfouissement de déchetsnucléaires à Bure, dans le centre CIGÉO. Et l'Andrane manquait pas de générosité dans son offre :

facilités pour I'exercice de la chasse, promessed'embauches, avantages financiers, etc.

L'Andra se voit donc contrainte de modifier sonzonage ZIRA (Zone d'Intérêt pour des RecherchesApprofondies)...

Sources : Journal de la Haute-Marne,CEDRA, Burestop

Bulgarie : la centrale de Belene à la poubelle

La droite et le centre-droit bulgares sont opposés àla construction à Belene de ce qui serait la secondecentrale nucléaire du pays. Mais le Parti SocialisteBulgare et le parti nationaliste d'extrême-droiteAtaka sont de fervents partisans du projet.

Lors d'un récent référendum en Bulgarie, 61 % desvotants s'étaient prononcé en faveur de la relancedu projet de centrale nucléaire à Belene. La partici-pation (22 %) était toutefois trop faible pour que cerésultat soit contraignant, mais le sujet devait êtreremis dans l'agenda parlementaire.

Le GERB, le parti de Borissov, a proposé une résolutionpour abandonner définitivement le projet deBelene, tandis que le Parti Socialiste proposait unerésolution pour le relancer. Le 26 février, le parlementbulgare a voté pour l'abandon du projet par114 voix contre 40.

Suite à ce vote, le projet de Belene ne peut plusrevenir dans l'agenda parlementaire pendant aumoins deux ans, et ensuite seulement après unréférendum favorable. Cela ressemble bien à l'arrêtde mort de ce projet, une arlésienne dont on parledepuis les années 1980.

Néanmoins, le parlement bulgare a aussi recom-mandé que soit lancé un appel d'offres pourconstruire un réacteur additionnel sur le site deKozloduy, qui abrite déjà deux réacteur en activitéet quatre définitivement arrêtés. À suivre...

Source : novinite.com

En bref

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Helsinki

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En bref

Centrica se désengagedes projets nucléaires britanniques

Le groupe d'énergie britannique Centrica, quis'était allié au français EDF pour construire descentrales nucléaires en Grande-Bretagne, aannoncé le 4 février qu'il se retirait du programmeen raison de l'augmentation des coûts et de retardsdans le calendrier. Centrica a pris la décision dene pas participer à la construction prévue de4 nouveaux réacteurs EPR en Grande-Bretagne.

Afin de tenter de sauver le projet en trouvant lesfonds qui lui manquent, EDF tente désormais deséduire le constructeur nucléaire chinois CGNPC.

En 2009, Centrica avait pris une option pour prendreune participation de 20 % dans le projet deconstruction de nouvelles centrales sur le site deHinkley Point C dans le Somerset (ouest del'Angleterre) et sur celui de Sizewell C dans leSuffolk, dans l'est. Une option que le grouperenonce donc à exercer... Encore un coup dur pourEDF et pour le programme nucléaire britannique !

Sources : Centrica, Reuters

Espagne : la plus vieillecentrale ferme par anticipation

Le 16 décembre 2012, la centrale nucléaire deGaroña, la plus vieille d'Espagne, a définitivementfermé.

Le gouvernement espagnol avait donné son feu vertà la prolongation de l'activité de la centralejusqu'en 2019, soit pendant quatre années supplé-mentaires au lieu des dix réclamées par l'exploitant

Nuclenor. Celui-ci avait renoncé en septembre àdemander le renouvellement de son autorisation etdécidé de fermer Garoña le 6 juillet 2013.

Mais finalement c'est dès mi-décembre queNuclenor a mis fin à l'activité de cette centrale,construite en 1971. En effet, une nouvelle loisur l'énergie taxe la production d'électricité et lecombustible nucléaire, ce qui aurait impliqué unimportant surcoût pour l'entreprise, et réduità néant la rentabilité de la prolongation de lacentrale. Voilà donc une des plus vieilles centralesd'Europe définitivement débranchée !

Sources : nucnet.org, Corse Matin

Radioactivité dans l'eau : le Parlementeuropéen bataille pour reprendre la main

Alors que la Commission européenne estime que letraité Euratom est la base juridique qui doit s'imposerpour traiter la question des niveaux de radioactivitéadmissibles dans l'eau potable, le Parlementeuropéen lui a adressé un message très clair : la santépublique doit être traitée dans le cadre du Traité deLisbonne, et doit donc faire l'objet d'une codécisionpar le Parlement et la Commission. Le Parlement aen effet adopté le 12 mars le rapport de la commissionEnvironnement et Santé Publique, qui avait elle-même voté le 24 janvier une résolution en ce sensportée par l'eurodéputée écologiste Michèle Rivasi(également co-fondatrice de la CRIIRAD).

Pour Mme Rivasi, le Parlement a toute légitimitépour être associé à ces enjeux : "Les substancesradioactives présentes dans l'eau potable, maisaussi les autres substances chimiques cancérigènes,sont des problématiques de santé publique et nonseulement nucléaires. C'est pourquoi j'ai insistépour que l'on change de base juridique : les activitéspouvant entraîner une contamination radioactiveet les niveaux admissibles de radioactivité doiventêtre contrôlés de manière démocratique. Il est doncindispensable que le Parlement européen soitdirectement associé à l'édiction des normes en lamatière et que ses amendements soient enfin prisen compte dans les textes européens. LaCommission des affaires juridiques a d'ailleursrendu un avis allant dans ce sens, et si laCommission européenne conteste aux eurodéputésce droit, j'envisage clairement de porter cet enjeudevant la Cour de Justice européenne.

[…] Enfin, nous avons revu et modifié les normes deradioactivité en tenant compte de la radioactiviténaturelle et artificielle, et des populations impactéesafin de mieux prendre en compte les populationscritiques, à savoir les enfants. Ces nouvelles propo-sitions permettent une meilleure évaluation desdoses reçues par la population contrairement auxnormes édictées par la Commission européenne".

Source : communiqués de pressede Michèle Rivasi, 24/01/13 et 12/03/13

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Ci-contre : "Meilleurs vœux !Garoña ferme pour Noël"

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Certains riverains prennent enfinconscience que le cadeau est empoisonné

Avant de les enfouir à partir de 2025, il faudrastocker les déchets atomiques en surface, lesrefroidir, les conditionner dans des colis qui fuirontun jour. Tout cela pendant 100 ans, le temps deremplir et boucler définitivement la poubellesouterraine. Première phase : un dépôt nucléaireséculaire en plein champ. L'Andra (Agence nationalepour la gestion des déchets radioactifs) achète àtour de bras et à bon prix tout le territoire au-dessus,jouant la carte de la séduction, avant de passer àl'expropriation le moment venu. Lorsque le "Labo"est arrivé, l'Andra s'est bien gardée d'annoncerl'étape de l'entreposage, qui touche non plus lesgénérations futures mais les habitants du coin,demain, à leur porte. Les multiples transportsnucléaires aussi impacteront fortement l’environ-nement mais... motus. Aucune information sur leurincidence n'a percé. Petit frémissement ? L'une desquatre communes de la zone vient de refuser delivrer une partie de sa forêt.

Sinistres "terres d'excellence"

Le déclin certain des deux départements - soudoyésdepuis des années - pour accueillir ces déchetsdont on ne veut nulle part est en marche. Etce malgré la politique engagée activement en2006 : "faire de Meuse et Haute-Marne des terresd’excellence" en pointe dans tous les domainesenvironnementaux. Irréprochables aujourd'huiau-dessus, demain irradiées en-dessous. Lesmillions d'euros déversés chaque année auxcollectivités et infiltrés dans tous les domaines,de l'économie ou l'urbanisme à la vie culturellecomplètent le tableau.

Alors que les populations locales n’ont jamais étéconsultées sur cette poubelle nucléaire à hauts

risques qui peut faire basculer leur destin dès 2025,le gouvernement lance un nouveau "débat public".Va-t-on enfin pouvoir causer, dire ce qu’on veut etpeser sur les décisions ? Mettre l’Andra dehors ?

Le premier débat public de 2005 sur la gestion desdéchets nucléaires mettait en avant la préférencepour l'étude du maintien de ceux-ci en surface.La loi qui a suivi n'a retenu que l'enfouissement...à Bure.

Cigéo est passé en phase de conception industrielleen 2012 et l'Andra, seul maître à bord, ne remet rienen question, malgré toutes les incertitudesmajeures et les risques mis en évidence par desanalyses critiques indépendantes.

Ce débat 2013 s'annonce ouvertement comme unecampagne d'information, sans intégrer de processusde choix participatif. Il est conçu pour encadrer lespeurs et pour faire accepter une poubelle atomiqueprétendument acquise et son lot de risques majeursdéjà prévisibles. "Ce n'est pas un référendum, maisune photographie..." dit fin 2012 le président de laCPDP (Commission Particulière du Débat Public).

Si des associations sont favorables à la participation,un nombre croissant refusent de cautionner cerendez-vous de dupes. Elles le dénoncerontactivement de l'extérieur et appellent à le boycotter.

Déchets nucléaires

2013 : annéedu débat public bidon sur Bure

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15 mai - 31 juillet / 1er

septembre - 15 octobre15 réunions publiques :� neuf en région de Bure� cinq sur d'autres

sites tels Cherbourg,Marcoule, etc.

Débat-bidonen deux temps

À ce jour, il n’y a pas de déchets nucléaires à Bure, contrairement à certaines idées reçues ;juste des technocrates, qui tentent de faire croire à l’incroyable. Le "Labo" de recherchesgéologiques de 1994 est devenu en 2011 "Cigéo", centre industriel de stockage géologique.Joli, non ? Qui peut faire le lien avec les effroyables produits atomiques dont il s'agit ?

Synthèse réalisée par lecollectif BURESTOP 55et BZL : Une brochurede 16 pages est disponi-ble à la commande surnotre boutique en lignehttp://boutique.sortirdunucleaire.org ou bienen nous renvoyant lecoupon-réponse jointà votre revue. Actualitéet dossiers sur :www.burestop.eu

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Déchets nucléaires

60 millions d’euros par an pour Meuse et Haute-Marne, ce n’est pas rien, alors qu’aucun déchetn’est arrivé. Depuis 1994, les subventions compen-satoires augmentent d'année en année, objet demarchandage de la part des conseils généraux.

Cet argent du nucléaire (fonds AREVA, CEA et EDF)est versé via un Groupement d'Intérêt Public(GIP) au service officiel du développement et del'excellence du territoire ; autrement dit au servicede l’installation de cette poubelle impossible àinstaller sans appât financier sérieux. Objectif :amadouer les élus locaux et en faire profiter tousles habitants, à leur insu. Tous futurs coupablessans le savoir ?

Le piège est "parfait", presque tous les projetsdoivent passer par une demande d'aide financièrepartielle au GIP. En 2011, le GIP Meuse a traité 437dossiers et 212 communes sur 500 ont touché unesubvention. Collectivités, entreprises, associationssont aussi largement concernées. Les dossiers traitéssont multiples, touchant tous les domaines, habitat,urbanisme, culture, loisirs, écoles...

Le centre Cigéo étant prévu en Meuse, commentcalmer la Haute-Marne mitoyenne qui veutcontinuer à toucher le magot ? Le sésame : unedescenderie de 5 km ou tunnel d’accès dont l’entréese trouverait en... Haute-Marne. Ainsi serait crééeune nouvelle zone à vocation interdépartementale(ZID), à cheval sur les deux départements et disposantd’une fiscalité propre.

Ce n'est pas sans risque et si la Commission Nationaled'Évaluation (CNE) reconnaît dans son rapportn°5/2011 que le choix de la descenderie ayant un pieden Haute-Marne "faciliterait les négociations avecles instances locales", elle estime indispensabled'étudier les perturbations hydrauliques et géolo-giques qui pourraient être provoquées par le creuse-ment de celle-ci. Il faudra notamment s’assurer queles eaux de la formation ne viendront pas s’infiltrerdans les niveaux sous-jacents.

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Ce mot est employé depuis des années pourtromper sciemment, faire croire que les décisionssuccessives ne seront pas irrévocables, pourdéresponsabiliser les décideurs. Car réversibiliténe veut pas dire récupérabilité des colis. Unefois ceux-ci enfouis, au bout de 100 ans,toutes les galeries seront bouchées DÉ-FI-NI-TI-VE-MENT. Aller rechercher ce qui fuira n’estpas prévu dans la conception industrielle deCigéo. Depuis peu, Mme Dupuis, directrice del'Andra, ne prône plus la réversibilité maisparle bien de stockage définitif.

Réversibilité ? Un sacré leurre !

Acheter tout un territoire

De quels déchets parle-t-on pour l'enfouissement ?

Les déchets nucléaires de hauteet moyenne radioactivité à vie longue(HA MA-VL) = 3,3 % du volume totalde déchets, mais plus de 99 % de leurradioactivité totale.Durée de vie toxique : de milliers àmillions d’années.

Des chiffres

350 à 600 hectares de stockage tempo-raire et installations de surface.15 km2 de galeries souterraines à 500 msous terre.43 000 m3 de déchets de haute etmoyenne activité à vie longue (estimation2010) - 100 000 m3 à terme.240 000 colis de MA-VL + 62 000 colisde HA-VL + 5500 colis combustibles

usés non retraités... Stockage du MOX(7 % de plutonium et 93 % d'uraniumappauvri), non prévu au départ mais àl'étude actuellement.2 transports nucléaires/semaine pendant100 ans.Coût : de 15 milliards d'euros initiaux à35,9 aujourd'hui pour l'Andra, voire plusselon les sources.

En attendant, depuis 2006, grosseopération "green-washing" à la surfaceen Meuse : installation rapide de 200éoliennes, projet CEA de production debiocarburants à partir de bois, 30 projetsde centrales photovoltaïques sur lesbâtiments agricoles, écothèque, aide àla rénovation "verte" du parc immobilierpublic ou privé, campagne d'économied'énergie pour tous...

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D'un côté l'Andra qui dit, pas d’eau chaudesouterraine à Bure ; de l’autre, trois géologues quimontrent que les investigations n'ont pas étéhonnêtes dès le départ.

Les critères que doit respecter la géologie d'unsite favorable à l'implantation d'un centre destockage profond sont fixés par l'Autorité de SûretéNucléaire (Règle fondamentale de Sûreté, 1991 /Guide de Sûreté 2008) : l'absence de ressourcesexploitables à proximité est indispensable,de même qu'il ne doit pas y avoir de potentielgéothermique.

Ce dossier avait été porté à la connaissancedu Comité Local d'Information et de Suivi (CLIS)de Bure en 2002 par le géophysicien André Mourot.Les rapports du Bureau de Recherche Géologiqueet Minière (BRGM), service géologique de l’État,montraient déjà que Bure se trouve pile sur unezone de bon potentiel pour la géothermie.

De l’eau chaude à 68° C - 69°C

Depuis les années 1980, on exploite en France ceseaux chaudes profondes. Ces "doublets" (un foragepour prélever et un forage pour renvoyer l'eau)bien connus dans l'Est et le Sud-Est de la régionparisienne fournissent chacun 39 700 MWh/an(moyenne calculée sur 31 installations) à un prixparticulièrement compétitif. Ainsi la géothermiealimente 50 % des réseaux de chaleur du Val-de-Marne.

En préalable à la loi de gestion des déchetsnucléaires de 2006, l'Andra concluait en 2005 à lafaisabilité du stockage à Bure.

Les tests hydrauliques que l’Andra a enfinfait effectuer en 2008 à la suite d’une demande duCLIS datant de 2003 ont conclu, très discrètement,à une bonne transmissivité (facilité de l’eau àvoyager dans les grès), mais tout en affirmantque la ressource est "faible". Ce résultat officielincohérent ne visait-t-il pas à cacher le non-respect des critères posés par le Guide de Sûreté2008 ? Il existe en tout cas de l’eau chaude à 68°C -69°C dans le sous-sol de Bure à une profondeurde 1900 m.

L’Andra n'a-t-elle pasun peu beaucoup minimisé la ressource ?

"La production mesurée en test dans EST433(5 m3/h) est nettement inférieure à la gammede débits des exploitations géothermiques (150 à400 m3/h)" (Andra, Synthèse zone transposition,2009). 5 m3/h ! Mais alors que fait-on des mesures

de bonne perméabilité/transmissivité ? Ce quel'Agence a omis de dire, c'est que la pompe deforage de recherche ne pouvait guère aller au delàde 6 m3/h et qu'en plus elle a fait travailler sesopérateurs dans un forage rempli de boue gélati-neuse qui a obstrué l'outil. Avec une perméabilitéégale mais plus d'épaisseur, l'aquifère géothermiquede Bure doit avoir un débit au contraire supérieur àcelui des exploitations parisiennes. De plus, il y ajuste dessous une épaisseur exceptionnelle de 2800mdu même type de roche partiellement perméabled'après un vieux forage, et bien plus chaude...on pourrait même faire de l'électricité avec.

Double problème

Si le stockage souterrain s'installe, la ressourceénergétique est définitivement stérilisée. Enfouir lesdéchets à cet endroit, c'est chercher les ennuis dèsla conception puisque les humains auront toujourstendance à aller là où il y a des ressources.Géothermie et déchets nucléaires ne sont pascompatibles. Y a-t-il eu un choix opéré sansconsulter la collectivité ?

Mise en demeure de l'Andra

Le Réseau "Sortir du nucléaire" et six associationsont mis en demeure l'Andra en décembre 2012.La réponse est instructive. L'Andra affirmait jusquelà que le débit était "nettement inférieur" à ce qu'ilfaudrait pour une exploitation, que la ressourceétait "faible". Ce qu'elle dit désormais est biendifférent : la ressource est "banale", pas "excep-tionnelle". "Banale" ? comme celle de la régionparisienne qui chauffe des quartiers entiers sansdéchets depuis 30 ans ? Les 5 m3/h c'était donc del'intox ? Il y aurait bien richesse sous la Meuse ?Allez... un petit effort et on finira par connaître lavérité. À suivre !

L’Andra a-t-elle trompésur les ressources géothermiques ?

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Déchets nucléaires

Enveloppe de boue polymère et desédiments autour de la crépine

dans l’intervalle de test

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La production d'hydrogènepar les déchets MA-VL, un danger explosif

(…) En ce qui concerne certains déchets MA-VL(bitumes, autres déchets comportant de la matièreorganique), les risques d’explosion sont réels depar la production d’hydrogène, conséquence de laradiolyse des colis. En effet, en cas de dépassementde plus de 4 % d’H2 dans tout espace qui ne seraitpas correctement ventilé (alvéole, galerie, hotte,colis), la moindre étincelle peut produireune explosion. (…) Cette production continued’hydrogène interdit, par voie de conséquence,tout arrêt de la ventilation (y compris pour fermerles alvéoles) durant une période de 6 à 10 jours.

Risques d'incendies réels

Les risques d’incendie sont sans doute les plusgraves et difficiles à gérer par la présence concomi-tante de l’hydrogène, des colis inflammables (del’ordre de 9 700 tonnes de bitume pur), et de cetteventilation obligatoire. La maîtrise d’un incendieen environnement souterrain serait particulière-ment délicate à gérer : difficultés d’accès des pom-piers, gestion délicate de l’importante ventilation,effet de four, impossibilité de confiner l’alvéolepour étouffer le feu. (…) Une autre solution ?Sceller les alvéoles. Mais il existera toujours uneproduction d’hydrogène à l’intérieur. Et au-delàd’une certaine pression, l’hydrogène peut fracturerl’argile. Et cela remet en cause le principe même dela réversibilité. Comment ouvrir une alvéole qui estpotentiellement une bombe ? Sécurité et réversibi-lité ne sont donc pas compatibles.

Les facteurs de contamination radioactive

Ce projet concentrera l’essentiel de la radioactivitétotale des déchets produits en France, soit 99,96 %.Concernant les rejets gazeux atmosphériques, ilapparaît qu’une pollution atmosphérique multipleet continue sera inévitable (radioéléments, pous-sières, fumées), due à la nécessité d’une trèsimportante ventilation des galeries de travaux etde stockage ; il est à noter qu’une grande part descolis de déchets MA-VL ne peuvent et ne pourrontêtre rendus étanches en raison de leur productiond’hydrogène, et par voie de conséquence, un relar-gage constant de gaz radioactifs.Les transports entraîneront également immanqua-blement des contaminations radioactives par laréception de plus de 5 000 colis primaires par an,(...) principalement concentrées sur les voies d’accèsau site (voies ferrées et gares, en particulier).

Cette analyse inquiétantesemble déjà avoir fait bouger les lignes ?

L'ASN (Autorité de sûreté nucléaire) a estimé dans unavis du 19 novembre 2012 que les travaux fournis parles exploitants sur les déchets MA-VL (caractérisationet conditionnement) sont insuffisants et leurdemande une nouvelle étude sur la conception decolis pour ces déchets en adéquation avec le modede stockage envisagé. Elle veut connaître, avant le31 décembre 2013, la stratégie qu'ils comptent adopterpour respecter le code de l’environnement.

La CNE (Commission Nationale d'Évaluation)a émis un avis le 12 septembre 2012

"Les colis de boues bitumées, prévus en option lorsde la première période d’exploitation de Cigéo,soulèvent de nombreux problèmes spécifiques.Compte tenu des connaissances actuelles, lesincertitudes sur leur comportement, notamment àcourt terme en cas d'incendie, conduisent à recom-mander de ne pas les prévoir pour la premièrephase d'exploitation d'un stockage. Pour se pro-noncer de manière définitive, la Commission exigede recevoir pour décembre 2014 une démonstrationen vraie grandeur avec une analyse de sûreté ducomportement en stockage du colis primaire et deson conteneur, dans les conditions les plus pénali-santes. L'analyse de sûreté doit être faite conjoin-tement par le CEA et l'Andra."

La Haute-Marne et la Meuse peuvent-elles sefaire imposer et accepter de tels risques ?

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Hydrogène et bitume,un environnement détonant !Bertrand Thuillier, ingénieur agronome, docteur ès sciences de l’Université de ReimsChampagne-Ardenne, produit en juin 2012 une analyse critique et pragmatique des don-nées publiques de l’Andra. Les déchets MA-VL (Moyenne Activité à Vie Longue) posent enparticulier de gros problèmes. Quelques extraits.

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Pas simple de refiler un stockage nucléaire. Pourconseiller les éboueurs de l'atome, le Forum del’Agence de l’Énergie Nucléaire (AEN) sur la Confiancedes Parties Prenantes a produit en 2009 un fasciculeréjouissant : "Vers des installations de gestion desdéchets radioactifs devenant un élément durable etséduisant pour leur voisinage / Qualités requises".

Les populations, si on ne leur demande pas leuravis AVANT l’installation des stockages, ont dans ceprogramme un rôle majeur à jouer mais APRÈS,pour les préserver.

Déjà, tout faire pour séduire et rendre fier

Le gros morceau, c’est de la faire accepter, voireaimer, la poubelle radioactive. Selon l'AEN, pourassurer une gestion sûre des déchets radioactifs àlong terme, il est crucial que la population localeait accepté de vivre avec et d'aider à la préserver aucours du temps. Comment les stockages peuvent-ils rester séduisants sur le long terme ?

Conseil : faire de la poubelle atomique un bel objetdont on sera fier : "L’installation est attrayante,reconnaissable et à nulle autre pareille, belle à voiret agréable à vivre. L'installation devient un sym-bole connu, emblématique et objet d’admirationde la région, un élément positif de l’identité locale.Les résidents peuvent tirer fierté de l’existence del’installation."

Le site doit être facile d’accès et convivial afinque "les gens aillent vers le site avec enthousiasmeet tirent satisfaction de son utilisation". Le sitedoit se fondre dans le paysage et respecter l’espritdu lieu, s’intègrer dans le paysage et le compléter,apprend-on... Comme le bâtiment des archives EDFà Bure, qui reflète le ciel et les champs alentour ?Ou celui des archives d’AREVA customisé par unartiste dans le village voisin ? AREVA et EDFappliquent à la lettre la consigne en Meuse... Rienn’est laissé au hasard, pour piéger des riverainssupposés bien naïfs.

Indispensable acceptabilité sociale

Alerter les générations futures,mission impossible !Vu la durée de la radioactivité qui va être enfouie- des milliers, voire millions d’années - commentléguer le cadeau aux générations futures ? Commentnourrir la mémoire, prévenir de futures intrusions ?Il apparaît d’ores et déjà IMPOSSIBLE de transmettreun message pérenne et fiable à nos descendants.

L’Andra avance des solutions pour le moinsubuesques ou dérisoires au regard du gigantesqueproblème posé à La Hague ou à Bure, dans sonRapport d’activité et de développement durable 2011.

Le bon vieux papier serait le support d’archivageenvisagé. Ainsi lit-on que toutes les donnéesconcernant les Centres de stockage seraient archivéesen deux exemplaires sur papier permanent (!)

(600 ans à 1000 ans), l’un aux Archives nationalesde Fontainebleau, l’autre sur le site concerné. Si lelangage évolue, le message est-il auto-traduisible ?

Art et rituels peuvent-ils traverser intacts les mil-lénaires et conserver leur signification initiale ?

Selon l'Andra, le message doit être simple et évolutifpour rester compréhensible par tous à travers lesépoques. "L'émotion doit pouvoir se transmettrepar un rite ou une légende de générations en géné-rations." Ainsi le plasticien allemand VeitStratmann, pour lutter contre la perte de mémoire,propose d’instaurer un rite issu de la culture japo-naise, soit le rehaussement tous les 30 ans de lacouverture définitive des Centres de stockage. "À lafin des 300 ans de surveillance, la couverture finaleatteindrait une hauteur de 57 mètres et deviendraitune colline (...)". Est-ce bien judicieux de comptersur la transmission orale dans une zone de7 habitants au km² en Meuse avec une populationtrès vieillissante ?

Les populations qui vivent et travaillent à proximitédes Centres de stockage seraient le pivot centralpour transmettre la mémoire. En 2011, l’Andra a misen place des groupes de réflexion sur ces sites pourrecueillir leurs critiques et des idées, et sollicite desartistes contemporains. L'Andra privilégie non plusscience et technologie, mais émotion, art et rituel.Quel aveu de la terrible impuissance de l’hommeface à ses propres déchets nucléaires !

Quand on pense que les premiers géants de l’Île dePâques de l’an 1 100 ne livreront jamais leur secret...

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Pourquoi cette prédominance de noir et blanc ?

Avant de partir, je pensais travailler avec cescouleurs pour conjuguer avec la catastrophe. Sansen avoir vraiment conscience, je me faisais unecertaine idée de ce que j'allais découvrir. Preuve enest le matériel choisi, des crayons et des encresnoirs. La tragédie ne pouvait se traduire que decette façon. Je suis parti avec l'idée de paysagesmorbides. Puis je me suis laissé surprendre par lavie. La couleur évoquait cette métamorphose quis'opérait en moi. Elle s'est rapidement imposée,presque naturellement, face à ce que je voyais.

À un moment donné en forêt je dessinais un paysagemagnifique et j'ai alors convoqué la couleur.Quand je regarde le dessin, je me rends compte quemes sens ne me disaient rien du réel. Une situationtroublante, on sait que c'est dangereux, le compteurGeiger nous le rappelle et pourtant on ne voit rien,on ne sent rien.

C'est tout ce trouble qui m'a guidé. C'étaitvertigineux. Comment combler cette absence ?Tout cela pour moi participe de l'imaginaire.Puisque l'on ne distingue rien, on comble ce videpar nos peurs.

Quels furent tes rapport avec les habitants ?

La plupart sont encore là pour la simple raisonqu'ils n'ont pas la possibilité économique de partir.À Volodarka, un tiers des maisons est abandonné.Ceux qui ont eu les moyens de partir l'ont fait. Il ya aussi des raisons affectives. Ils sont nés, ontgrandi ici, ont leurs amis, leurs maisons. C'est unattachement viscéral. Et puis pour faire quoi etvivre comment ailleurs ?

Quant à la notion de danger, ils l'oublient. Nousmêmes nous l'oubliions ! Ou alors ils se disent qu'ilsvont passer au travers.

Ils savent que c'est dangereux, ils connaissent lesconséquences. Certains l'ont vécu dans leur chair.Mais ils n'ont bien souvent pas d'autre horizon quel'alcool. Dans une désespérance du quotidien.Rien d'étonnant après les événements qui ont suivila catastrophe : les évacuations, les villes abandon-nées, les enfants qui ont quitté Volodarka plusieursmois, etc.

Avais-tu déjà une sensibilité antinucléaire ?

Je n'étais pas à proprement parler militant. Je suistout de même membre du collectif Dessin'Acteurs,c'est donc que j'entendais mettre mon dessin auservice d'actions concrètes.

J'avais eu un "engagement" précédemment endéclinant une proposition d'EDF pour vanter laqualité de vie nucléaire !

Mais il est vrai que je ne suis pas allé à Tchernobyldans un esprit militant. C'était plutôt la curiosité deme confronter à cette catastrophe, à ce qui s'y étaitpassé et ce que c'était devenu. Maintenant je continuece chemin, avec un bref séjour à Fukushima ennovembre dernier.

As-tu découvert une face cachée du nucléaire ?

Ce que j'ai découvert, c'est ce vide des sens.Comment le remplir ? On a besoin d'incarnation, depreuve. J'ai passé beaucoup de temps à chercherdes signes, du matériel témoignant d'une contami-nation. Cette absence est très déstabilisante,angoissante. Les gens vivent dans cette perpétuelleincertitude. C'est ce que j'ai également vu àFukushima : aucune preuve concrète et un profonddéséquilibre chez les habitants.

Surtout qu'ils ne sont pas perçus comme desvictimes et sont niés dans leur souffrance. ÀFukushima, ce fut la colère de revoir la même choseune deuxième fois. L'impression que l'on necomprend rien. Même drame, mêmes mensonges.

Propos recueillis par Jocelyn Peyret

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Le séjour à Fukushimad'Emmanuel Lepagepourrait paraître enhistoire courte... à sui-vre ! Et pour en savoirplus sur le collectif desDessin'Acteurs :www.dessinacteurs.org

©FrançoisFerracci

Un printemps à TchernobylEn 1998, le "dessin'acteur" Emmanuel Lepage participe à un projet artistique à Tchernobyl.Il en revient bouleversé. Quatre ans après ce séjour, il vient d'éditer Un printemps àTchernobyl, dans lequel il recourt à la bande-dessinée, à l'illustration et au croquis. Unbeau "livre graphique" débordant d'humanité.

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La manipulation de l'énergie atomique a gagné dupoids au Brésil dans la dynamique de la GuerreFroide, 10 ans après que les puissances mondialessont entrées dans la course aux armements qui asuivi les bombardements de Hiroshima et deNagasaki. Son premier "Institut de l'énergieatomique" a été créé en 1956, trois ans après lelancement du programme "Atomes pour la paix"par Eisenhower.

Ce programme était déjà une manœuvre politique,dans l'incertitude de ce qui se passerait en Union sovié-tique après la mort de Staline, pour réduire la bombeatomique à une arme de dissuasion mais aussi conti-nuer à faire des recherches sur l’énergie de l’atome.Pour les militaires brésiliens cependant, dans leur pré-tention de faire entrer leur pays dans le club desgrandes puissances, l'objectif était en fait la bombe.

Après avoir pris le pouvoir lors du coup d'État de1964, ils ont même préparé des installations pourmener des essais nucléaires. Ceux-ci ont été fermésseulement en 1991, dix ans après la fin du régimemilitaire, mettant fin à l'aventure. Du rêve de labombe, ils sont alors passés à la construction dessous-marins nucléaires - après l'achat d'un premierexemplaire à la France - et des usines de productiond'électricité. Electronuclear, l'entreprise quiexploite les centrales nucléaires brésiliennes, estaujourd'hui encore présidée par un vice-amiral...

Les débuts du programme nucléaire civil

Le régime militaire n’a lancé un programme deconstruction de centrales électriques qu'en 1971. Lepremier projet de ce programme remonte au débutdes années 80, dans le sud de l’État de São Paulo.Avec les arguments trompeurs de toujours (progrès,

emplois) et la désinformation générale, il a gagnél'appui des politiciens locaux et d’une partie dela population, mais il y a eu un mouvement derésistance. Un des cooptés a dit à un citoyen quis’opposait : "Ne vous inquiétez pas des effetslétaux de la centrale. Un jour tout le monde devramourir..." Ce projet toutefois n’a pas abouti.

À Angra dos Reis, ça a été différent : un réacteur del'industriel américain Westinghouse, accusé peuavant d’avoir suborné le dictateur Marcos auxPhilippines pour vendre ses vieilles machines, acommencé à fonctionner en 1983. L'équipementétait cependant si précaire que ses fréquentesinterruptions lui ont valu le nom de "luciole" :s'allume et s'éteint, s'allume et s'éteint…

La tentative suivante – le projet Angra II - a été plusréussie, appuyée sur un accord avec l'Allemagne,qui a ainsi contourné l’interdiction de développersa technologie d'enrichissement d'uranium. Maisles deux centrales produisent aujourd'hui seule-ment 1,5 % de l’énergie électrique brésilienne. Suiteaux pressions du lobby nucléaire, le gouvernementbrésilien a pris la décision de construire Angra III,toujours avec le soutien allemand et en plus laparticipation de l’entreprise française AREVA.

Fukushima ne décourage pas le lobby nucléaire

Le projet Angra III a subi cependant un coup sévèreavec l'accident de Fukushima. En ravivant la mémoirede Tchernobyl et la conscience du risque que les cen-trales représentent, l'accident a soulevé des doutesquant à la justesse de la décision de la construire.

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Brûlante actualité de la lutteantinucléaire brésilienneNous avons demandé à Chico Whitaker, grande figure de l'altermondialisme, de nousbrosser (en français, s'il vous plaît !) un panorama du nucléaire et de la lutte contre cetteindustrie au Brésil, lutte dont Chico est un des artisans.

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©André

Larivière

©VanderleiA

lmeida/A

FP/Getty

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Voici la centrale d'Angra,avec le réacteur 1 à gauche

et le réacteur 2 à droite.

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À la surprise générale, cependant, alors qu'on étaitencore sous l'impact émotionnel de l'accident, leministre des Mines et de l'Énergie du Brésil a réaf-firmé la décision de non seulement terminer Angra IIImais aussi de construire quatre autres centralesdans le nord-est du pays. Et l'insolence a continué,comme en témoigne la publication dans un grandquotidien, un an plus tard, d’un article d'un hautfonctionnaire de l’entreprise qui administre lescentrales brésiliennes, avec cet incroyable titre : "LeJapon a montré que l'énergie nucléaire est sûre"... 1

La lutte antinucléaire s'organise !

Ce tableau avait déjà conduit des citoyens engagésdans des luttes environnementales ou "réveillés"par Fukushima à créer, par coïncidence à la mêmedate (le 3 mai 2011), à São Paulo, la Coalition pourun Brésil libre de centrales nucléaires 2 et, à Rio deJaneiro, l'Articulation Antinucléaire Brésilienne 3.Celle-ci a intégré tout de suite dans ses activités laquestion de l'extraction de l'uranium, déjà consi-dérée par des entités participantes.

Se fondant sur les études des scientifiquesbrésiliens non cooptés par le lobby nucléaire, quimontraient que le Brésil avait des sources d'énergiesuffisante pour ne pas avoir besoin d'énergienucléaire, la Coalition et l’Articulation ont vitelancé conjointement une Initiative Populaired'Amendement à la Constitution, visant à interdirede nouvelles centrales nucléaires et à démantelerles existantes.

La participation législative populaire, créée en 1988par la Constituante, avait déjà démontré son effica-cité par l'adoption de lois comme celle du CasierPropre, en 2010, contre la corruption. Avec l'inclu-sion de la question nucléaire dans l'ordre du jourde la prochaine Assemblée de la Conférence desÉvêques du Brésil – CNBB, l'adhésion de cette

entité, historiquement liée aux luttes sociales brési-liennes, pourra être décisive pour le succès del’Initiative populaire, comme cela a été le cas avecles Initiatives des lois contre la corruption.

Cet instrument de participation encourage les gensà s’informer, ce qui est important dans un cascomme le nucléaire, toujours entouré, dans lemonde entier, de secret et de désinformation. Maisc'est une action à long terme, puisqu’elle exigel'adhésion au projet de loi d'au moins 1% desélecteurs (un million et demi de signatures). LaCoalition et l’Articulation ont donc commencé aussià lutter directement pour l'interruption de laconstruction d'Angra III.

Implantés sur la plage de Itaorna, qui signifie enlangue indienne locale "pierre pourrie", Angra I,II et III sont à 15 km d’une ville de 170 000 habitants.Et sont proches des deux grandes capitales brési-liennes - Rio de Janeiro et São Paulo – qui, en casd'accident, seraient facilement atteintes par desnuages radioactifs.

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©IvoGonzalez/Greenpeace

Notes :

1 : Folha de São Paulo, le 19 mars 2012.

2 :www.brasilcontrausinanuclear.com.br

3 : www.antinuclearbr.blogspot.com

"Merkel, pas d'argentpour le nucléaire au Brésil."

©PA

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Crescimento)

International

Le chantier du réacteurAngra III au 5 janvier 2012.

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Déjà une victoire importante

Avec AREVA chargée de l'installation des réacteursachetés à Siemens, le gouvernement brésiliencomptait sur le financement de banques euro-péennes, garanties par la compagnie d'assurancesallemande Euler Hermes.

Quand toutefois, après Fukushima, le gouverne-ment allemand a décidé de mettre fin à son pro-gramme de centrales et Siemens a définitivementmis fin à ses activités nucléaires, des mouvementsécologistes allemands ont mis en question le "doublestandard" de leur gouvernement, s'il autorisait lagarantie Euler Hermes : si le nucléaire est mauvaispour les Allemands, est-il quand même bon pourles Brésiliens ? Des entités et des personnalités duBrésil et d’Europe se sont associées à cette mise enquestion et le Parlement allemand, qui devraitapprouver l'octroi de la garantie, a décidé dereporter sa décision. Les banques qui financeraientn’ont pas été satisfaites avec les explicationsdonnées par le Brésil sur la sécurité des centrales etla décision n'a pas été prise jusqu'à présent.

Sans doute ce fut une victoire de la lutte contre lenucléaire. Mais il faut encore empêcher que le gou-vernement brésilien, pour couvrir le retrait desbanques européennes, détourne des fonds de sesbanques de développement pour Angra III, ce quele lobby nucléaire annonce déjà, avec toute sonarrogance...

Plusieurs autres initiatives étaient prises, commedes caravanes vers les villes choisies pour recevoirles nouvelles centrales, semant des graines deprotestation ; des manifestations dans plusieursvilles le 11 mars 2012, date du premier anniversairede l'accident de Fukushima, proposés par le Réseau"Sortir du nucléaire", avec sa "chaîne humaine" ; latente anti-nucléaire au Sommet des Peuples, enparallèle à la Conférence officielle de l'ONUde Rio+20, avec des témoignages de Fukushima,des conférences et des signatures sur l'initiative

populaire ; l'exhibition des films sur l'énergienucléaire par l'ONG Uranium Film Festival 4, quiréalise des événements du même type aussi dansd'autres pays, comme récemment en Inde.

Le risque radioactif, les Brésiliens connaissent...

La catastrophe de Fukushima a rappelé toutefoisaux Brésiliens un autre accident, qui a ouvert unenouvelle dimension dans leur lutte anti-nucléaire :en 1987, à Goiânia, près de Brasilia, 19 grammes decésium 137, retirés par les vendeurs de la casse d'unappareil de radiothérapie abandonné, se sontrépandus dans la ville. Cette poudre hautementradioactive a tué en un mois plus de soixantepersonnes, en a contaminé 600 autres, dontcertaines ont dû être amputées, et en a irradié plusde 6000. Et 13 500 tonnes de déchets nucléaires,avec les vêtements et les objets personnels desvictimes, les outils utilisés pour la destruction deleurs maisons et des matériaux résultant de cettedestruction ont été enterrés dans un dépôt àmaintenir fermé pendant 180 ans. Pour couronnerle tout, l’Association des victimes du césium 137,créée après l'accident, a dénoncé l'abandon desvictimes par le gouvernement...

Vingt ans après cet accident une Commission de laChambre des députés a vérifié le contrôle gouver-nemental sur l'utilisation et le rejet des sourcesradioactives, comme celle abandonnée à Goiânia,et a constaté l'insuffisance de ce contrôle.

Le danger de la radioactivité, créé volontairementpar l'homme, est plus proche de l'expérience desBrésiliens. Cela leur permet de comprendre facile-ment cet autre risque d'Angra, avec les élémentsradioactifs qui sont dans les gaines de combustibleusé, retirés des réacteurs et stockés provisoirementdans des piscines de refroidissement, sans que legouvernement sache quelle destination finale leurdonner.

L'année 2013 sera antinucléaire !

C'est pourquoi la Coalition et l'Articulation organi-seront un atelier dans le prochain Forum SocialMondial en Tunisie 5, sur le thème : les effets de laradioactivité sur les êtres humains (dispersée parles bombes atomiques, les essais nucléaires, l'ex-ploitation minière de l’uranium, les munitions àl'uranium, les accidents dans les centralesnucléaires, les sources radioactives "pacifiques",les déchets nucléaires). 6

L'année 2013 devra être d’intense activité pour cesdeux organisations. La lutte est énorme, face à lapuissance du lobby nucléaire. Mais l'espoir estencore plus grand, car elle fait partie d’une luttemondiale pour la survie de l'humanité.

Chico WhitakerCommission Brésilienne Justice et Paix

Coalition pour un Brésil libre de centrales nucléaires

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DR

Le 3 juin 2012, plusieurs milliersde Brésiliens marchaient derrièrele slogan : "Marche pour l'eau- Nous ne voulons pas d'unecentrale nucléaire, ni dans

l'État de Pernambouc, ni dansle Nord-Est ni au Brésil."

©Ivo

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/Greenpeace

11 mars 2012 : manifestation contrel'énergie nucléaire sur la plage

d'Ipanema à Rio de Janeiro, pourcommémorer la première annéede la catastrophe de Fukushima.

Notes :

4 : www.uraniofestival.org

5 : www.fsm2013.org

6 : Pour plus d'informations :http://coalizaospbrasilcontrausinanuclear

.com.br

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Nucléaire militaire

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Le chiffre mis en avant par les partisans de l'armenucléaire est celui de 3,4 milliards d'euros par an.En fait, ce montant correspond à la part du budgetdu ministère de la Défense consacrée à la dissuasion.Un chiffre généralement rapporté à l'ensembledu budget de l'État — soit 1,2 % —, histoired'en minimiser l'importance ou au PIB : 0,2 %.Mais qui représente tout de même 21 % des créditsd'équipements militaires.

"3,4 milliards d'euros, c'est presque bon marché !"assurait l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées, devant les députés de lacommission de la défense. Il serait "déraisonnable"de s'en priver à ce prix-là, surenchérissait BrunoTertrais, ce thuriféraire notoire devenu l'expertincontournable des médias ! Michel Rocard venaitquelques jours auparavant de lâcher sa "bombe"au micro de BFMTV sur de possibles économies pourle budget de l'État : "On supprime la force dedissuasion nucléaire, 16 milliards d'euros par an quine servent absolument à rien." Certes, il s'étaittrompé en indiquant le montant total prévu dans ladernière loi de programmation militaire qui s'étalesur… 5 ans !

Toujours est-il que le débat s'ouvre. Mais lalevée de boucliers qui s'en est suivie montre qu'ils'agit bien d'une question sensible, et ce depuis ledébut de la mise en place de la force de frappe."Vous ne trouverez nulle part dans le budgetmilitaire, la possibilité de calculer exactement notrearmement atomique. C'est très volontairementque nous l'avons fait", avait reconnu PierreMessmer, ancien ministre de la Défense du généralde Gaulle, dans une interview au magazineL'Express en 1973.

Aujourd'hui encore, il est impossible de reconstituerle coût total de l'arsenal nucléaire. L'agrégatélaboré par le ministère de la Défense comprend lesétudes, la fabrication des armes et de leursvecteurs, l'entretien programmé du matériel etl'infrastructure liés à la dissuasion ; mais ellene comprend pas toutes les dépenses defonctionnement (notamment formation, salaire,personnels…) ! Autre exemple : quelle part ducoût des avions Rafale, utilisés pour des missionsà la fois conventionnelles et nucléaires, est-elleintégrée dans le buget "nucléaire" ? Idem pour leporte-avions Charles de Gaulle qui sert égalementde base pour la force nucléaire aéroportée ? Et onpeut ainsi multiplier les exemples avec le systèmede satellites sans lequel la force nucléaire estaveugle, les avions-ravitailleurs indispensables,eux aussi polyvalents, etc.

Et là encore, nous sommes loin d'établir le coûttotal de la force nucléaire. L'arme nucléaireprésente également cette particularité de générerdes dépenses qui se poursuivront bien au-delà deson existence… En effet, l'élimination des armesnucléaires ne signifiera pas la fin des dépenses,avec le coût du démantèlement, de la gestion desdéchets nucléaires militaires. Sans parler du coûtsocial, environnemental, ni de celui provoqué parson utilisation ou par un accident !

Patrice BouveretObservatoire des armements, www.obsarm.org

La bombe, c'est combien ?Un des arguments mis en avant par les promoteurs de l'arme nucléaire est son faible coûtpar rapport à la garantie de sécurité qu'elle apporterait. À l'heure où tous les budgetssociaux sont revus à la baisse, pour cause d'austérité, qu'en est-il réellement ?

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Dans une étude réalisée par l'Observatoire desarmements à la fin des années 1990, BrunoBarrillot avait estimé le coût de l'arsenalnucléaire français pour la période de 1945 à2010 à 1 500 milliards de francs. Unerecherche qui s'inscrivait dans le cadre d'unprogramme international conduit par des fon-dations américaines. Y sont inclus le coût defabrication, du déploiement, des systèmes detransmission et de contrôle, des estimationssur le démantèlement ainsi que le coût dela prolifération. Actualisées en euros, lesdépenses réalisées par la France, de 1945 ànos jours, pour sa force de frappe s'élèvent àenviron 380 milliards d'euros (valeur 2011).

Audit atomique. Le coût de l'arsenal nucléairefrançais 1945-2010, Éditions Observatoire desarmements/CDRPC, février 1999, 376 pages,27,50 € (port compris), à commander auprèsde l'éditeur.

Audit atomique

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Réacteur EPR finlandais :encore deux ans de retard !

Le 11 février, l'électricien finlandais TVO annonçaitun nouveau retard pour l'entrée en service de sonréacteur EPR, dont le chantier a débuté en 2005.Initialement prévu pour entrer en service en 2009,le retard antérieur prévoyait un démarrage en 2014.Voilà désormais cette date repoussée en 2016, cequi nous fait sept ans de retard. Le client (TVO) etle fournisseur (Areva) se font la guerre devant lestribunaux et par communiqués interposés.

Quant au coût de cet EPR, il est désormais annoncéà 8,5 milliards d'euros. Rappelons qu'Areva l'avendu au prix ferme de 3 milliards d'euros à TVO. Ladifférence sera à payer par Areva, c'est-à-direnotamment par l'État, et donc par le contribuablefrançais.

Cependant, le retard est tel que même TVO com-mence à être à court d'argent sur ce projet, malgréce prix d'achat fixe. Le 27 février, TVO annonçaitainsi demander 300millions d'euros d'investissementsupplémentaire à ses actionnaires. Jehky Härkönen,chargé de campagne pour Greenpeace Finlande,explique que les déboires de l'EPR d'Olkiluotomettent en péril le modèle nucléaire finlandais,dans lequel le capital des exploitants de centralesest détenu par un grand nombre de sociétés action-naires. Les plus petites, souvent des opérateursénergétiques municipaux, ne sont pas préparées àpouvoir consentir les investissements supplémen-taires que les dirigeants de TVO sont conduits àdemander.

Sources : Greenpeace Finlande, TVO, Areva

Un pavé dans le landerneau pro-nucléaire polonais

Mi-février, le ministre du budget polonais MikolajBudzanowski a assombri les perspectives pro-nucléaires polonaises. Dans une interview auquotidien Parkiet, il a en effet déclaré que "dans lescirconstances actuelles, il n'est pas possible pour legouvernement de soutenir la construction d'unecentrale nucléaire". Or, comme le note AndrzejSikora, directeur de l'Institut d'Études Énergétiquesde Varsovie, "de telles centrales ne sont jamaisconstruites nulle part sans un soutien de l'État".

Moins positive évidemment, la volonté du gouver-nement polonais d'exploiter son potentiel deproduction de gaz de schistes. Également une vraiecatastrophe écologique en perspective.

Source : thenews.pl

"Grand débat national" : un exemple révélateur...

Le pseudo "grand débat national sur la transitionénergétique" lancé par le gouvernement Ayraultest en cours. Voici le témoignage révélateur deMartial Chateau, administrateur du Réseau "Sortirdu nucléaire" :

"Pour ceux qui douteraient encore de l'aspectbidon du débat énergétique, cet après-midi je mesuis rendu au Mans pour une séance de ce débatannoncée sur le site web du débat national ; j'avaisprévenu des copains de SDN 72 et nous étions quatre.Surprise, en arrivant nous apprenons que le débatest annulé faute de participants préalablementinscrits ! Sauf que dans l'annonce, il n'était pasindiqué qu'il fallait s'inscrire..."

14 propositions pour la transition énergétique

Le Réseau "Sortir du nucléaire" a décidé de ne pasparticiper au "grand débat national sur la transitionénergétique", préférant se concentrer sur sesactions plutôt que de perdre du temps dans unsimulacre de consultation démocratique qui nepermettra aucune remise en question du nucléaire.Qu'elles soient impliquées dans le débat officiel oupas, plusieurs ONG et associations environnemen-tales ont toutefois décidé de porter ensemble unevision d'un futur plus sobre et plus équitable, enproposant notamment un ensemble de 14 mesurespour la transition énergétique - dont bien sûr unappel à arrêter le nucléaire.

Le site internet www.transitionenergetique.orgvous permettra d'en savoir plus sur les enjeux de latransition énergétique et sur les solutions quepréconise ce collectif d'associations, dont le Réseaufait partie. Il vous permet aussi de vous informersur les événements militants organisés partout enFrance pendant le débat.

En bref

Sortir du nucléaire n°57page 32

©JussiN

ukari

Vite, des infos !

C'est à se demander si le réacteurn°°3 d'Olkiluoto finira un jour par

produire réellement de l'électricité...

DR

Ci-contre : En Pologne, le nucléairesemble ne plus faire partie de

la "stratégie énergétique".

Page 33: Revue Sortir du nucléaire 57

En bref

Oui, les faibles doses de radioactivité sont nocives

En novembre 2012, deux chercheurs ont publié uneétude qui démontre que de faibles doses deradioactivité ont un effet négatif sur la santé et sur l'ADN.

Après avoir passé en revue quelque 5000 articles de la littérature scientifique, ils ont conduit uneanalyse statistique comparative des résultats de 46 études scientifiques précédentes (sélectionnéesselon des critères de rigueur statistique et méthodologique, et de comparabilité). Ces étudesconcernaient des lieux à travers le monde où leniveau naturel de radioactivité est relativementélevé. Parmi ces lieux, Ramsar (Iran), Mombasa(Kenya), Lodève (France) ou encore Yangjiang(Chine).

Prise individuellement, chaque étude pouvait montrer de petits effets sur des populations trop peunombreuses pour pouvoir en tirer des conclusionsstatistiquement valables. En menant une analyseglobale et comparative, les auteurs de cette nouvelle étude ont cette fois pu mettre en évidenceun effet statistiquement indéniable des faiblesdoses de radioactivité sur la santé.

Les deux scientifiques ont identifié des effets négatifssignificatifs à différents niveaux, dont l'immunologie,la physiologie et l'occurrence de mutations et demaladies.

Cette étude démontre une fois de plus qu'il n'existeaucun seuil de radioactivité en deçà duquel unedose reçue serait inoffensive pour la santé. TimothyMousseau, co-auteur de l'étude, estime que "Avecles niveaux de contamination qui sont la consé-quence des centrales nucléaires, particulièrementdans le passé, et même ceux dus aux accidents deTchernobyl et Fukushima, il y a une tentative de lapart de l'industrie de relativiser les doses que lespopulations reçoivent, parce que peut-être ellessont seulement deux fois supérieures à ce qui estconsidéré comme le niveau naturel de radioacti-vité. Mais ils présupposent que les niveaux deradioactivité naturels ne posent pas de problème.Et la vérité, c'est que si nous constatons des effets à ces faibles niveaux, alors nous devons réfléchirdifféremment sur la façon dont nous définissons les normes d'exposition, et particulièrement d'exposition intentionnelle des populations,

comme les émissions des centrales nucléaires, desexamens médicaux et même de certains détecteursà rayons X dans les aéroports."

Source : sciencedaily.com, 23 novembre 2012.

Référence : The effects of natural variation inbackground radioactivity on humans, animals andother organisms, Anders P. Møller et Timothy A.Mousseau, Cambridge Philosophical SocietyBiological Reviews.

Une raison de plus pour choisir Enercoop !

Les fournisseurs de gaz et d'électricité que sont EDF et GDF ou encore les opérateurs alternatifscomme Poweo Direct Energie et ENI ont été assignésen justice par l'association UFC-Que Choisir, pour"clauses abusives" dans leurs contrats.

L’association de défense des consommateursreproche à ces derniers l'insertion de clauses abusives aussi bien sur le fond que sur la forme quientraînent des dommages financiers plus ou moinslourds pour les usagers. Exemples : des frais derejets pour impayés, une facturation automatiqueen cas de compteurs défaillants, des tailles decaractères illisibles sur les contrats, des clausesexonératoires de responsabilité, des engagementsexécutoires alors que la signature du client n'apparaîtpas, etc.

Résultats des comptes : 14 clauses abusives chez GDF Suez, 17 chez l'italien Eni, 32 chez EDF, et jusqu'à39 chez Poweo Direct Energie.

En conséquence, les quatre sociétés vont recevoirprochainement des tribunaux de grande instancede Paris et Nanterre des assignations.

Source : enerzine.com

Vous recherchez un fournisseur d'électricité garantie100 % renouvelable, qui soit fiable et militant ?Rejoignez Enercoop : www.enercoop.fr

Les trains espagnols roulent à l'électricité renouvelable !

Depuis le 1er janvier 2013, tous les trains circulant surle réseau ferroviaire espagnol sont alimentés en électricité 100 % d'origine renouvelable ! Deuxfournisseurs d'énergie ont passé contrat en ce sensavec l'administration ferroviaire. Enérgya VMGestión livre 6 % d'électricité d'origine des barrageshydrauliques tandis que Acciona livre 94 % d'origines différentes (83 % d'origine éolienne, lesolde venant du solaire).

Sources : renovablesverdes.com, compromisorse.com

page 33Sortir du nucléaire n°57

© Toru H

anaï / Reuters

Ci-conte : Quelques écoliers passent à proximité du compteurGeiger de leur école, à 21 km deFukushima.

Page 34: Revue Sortir du nucléaire 57

Espagne, Danemark : l'énergie éolienne s'affirme !

En 2012, la puissance éolienne installée a augmentéde 19 % au niveau mondial, atteignant 282 000 MW(c'est-à-dire à peu près autant que 300 réacteursnucléaires, sachant que 429 réacteurs sont en fonction au total).

Le 9 mars 2013, à 13h34, alors que nous étions 20 000à Paris en train d'encercler les lieux de pouvoir où seprennent les décisions sur le nucléaire, 93,5 % del’électricité consommée au Danemark venait du vent...

En Espagne, le 24 septembre 2012, à 3 heures dumatin, l'éolien a couvert 64 % de la demande élec-trique. En janvier 2013, la péninsule ibérique a connuune baisse de la consommation d'électricité, de l'ordrede 4,3 % par rapport à la même période, l'année précédente. La demande brute d'électricité était de2,8 % inférieure à celle de janvier 2012, à 22 474 GWh.

Toujours concernant le mois de janvier, la force duvent a permis de produire 6 329 GWh, soit l'équivalentde la consommation de la quasi-totalité desménages espagnols. Sur cette seule période, l'éoliena représenté 27,3 % de l'électricité produite globa-lement. Cette production a augmenté de 73,5 % parrapport à la même période, l'an dernier !

Selon les derniers chiffres fournis par Red Electricade España (REE), l'éolien a constitué la premièresource d'électricité du pays pendant tout un trimestre - de novembre 2012 à janvier 2013 - unepremière ! Grâce à des investissements massifs réa-lisés depuis plus d'une décennie, l'Espagne estdevenue la 4ème puissance éolienne au monde,après les États-Unis, la Chine et l'Allemagne.

Par ailleurs le 16 janvier 2013, avec 345 011 MWh,l'Espagne a atteint un nouveau record journalierdans la production d'énergie issue de l'éolien etinjectée au réseau électrique. Ce nouveau record esten hausse de 3 % par rapport au précédent recordenregistré le 18 avril 2012 (334 850 MWh).

La part de la production d'énergies renouvelablesreprésentait en janvier 2013 44 % de la productiontotale, atteignant un niveau record (éolien 27,3 % + solaire photovoltaïque 1,8 % + ENR thermique 2 %+ hydraulique 12,4 % + solaire thermique 0,5 %).61,7 % de la production d'électricité provenait de technologies qui n'émettaient pas de CO2.

Source : energinet.dk, ree.es, enerzine.com

Facebook & co consomment de plus en plus d'énergie

Après 9 années d'existence, Facebook, compte déjàplus d'un milliard d'utilisateurs tandis que surYouTube, 72 heures de vidéo sont mises en lignechaque minute et les utilisateurs de Twitter partagentplus de 340 millions de tweets par jour.

Quel que soit le regard que l'on pose sur les techno-logies de stockage d'informations, la quantité d'informations stockées et transmises à travers lemonde augmente à un rythme effarant. IBM estimeque 90 % des données qui existent sur Terreaujourd'hui ont été créées dans les deux dernièresannées et d'ici à 2016, le volume mensuel de traficIP dans les data centers (centres de traitement dedonnées) à travers le monde devrait atteindre 554milliards de gigaoctets (contre 146 milliards en2011).

En plus de participer à l'augmentation des données,Facebook et les autres réseaux sociaux changent la façon dont l'information est consommée. Les utilisateurs ont de plus en plus accès à leurs donnéessur des appareils mobiles ce qui incite les gouver-nements et les entreprises à migrer leurs donnéesvers le "cloud" (nuage). En effet, en 2016, le traficIP mondial sur le "cloud" devrait représenter prèsdes deux tiers du trafic total de données traitéesdans les data centers.

Concrètement, ces évolutions conduisent à la création de data centers toujours plus importants,sachant que les plus grands occupent déjà plus de90 000 mètres carrés, soit l'équivalent de 12 terrainsde football.

La mise sous tension de ces installations gigan-tesques nécessite d'énormes quantités d'énergie, àla fois pour mettre en service les serveurs et pour lesgarder au frais. En 2012, les besoins en énergie des data centers ont augmenté de 63 % au niveaumondial pour atteindre 38 GWh, soit une hausse de24 GWh par rapport à 2011. Ils ont aussi représentéenviron 2 % des émissions mondiales de carbone.

Source : enerzine.com

En bref

Sortir du nucléaire n°57page 34

© Open Com

pute Project

DR

Ci-contre : En 2012, les data centers ont consommé 38 GWh

d'électricité.

Page 35: Revue Sortir du nucléaire 57

Tribune

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Initiée par un comité de onze citoyens issus de neufpays européens, l'initiative "Arrêtons l’écocide enEurope" a été lancée au parlement européen le 22janvier 2013 en présence et sous le parrainage detrois députés européens, dont la juge Éva Joly.L’initiative citoyenne européenne est un outil dedémocratie participative créé par le Traité deLisbonne qui permet à des citoyens des’adresser directement au parlementeuropéen.

Le projet de directive Écocideque nous portons s’inspirede la loi Écocide proposéeen 2010 aux Nations Uniespar l’avocate PollyHiggins en vue d’amen-der le Statut de Rome,texte fondateur de la CourPénale Internationale, afind’intégrer le crime d’éco-cide comme cinquième crimecontre la Paix.

Il s’agit là d’une nouvelle tentativede réforme du droit international. Lecrime d’écocide avait été prévu dans le projetde Code des crimes contre la Paix et de la Sécuritéde l’Humanité, précurseur du Statut de Rome. Maisil avait été retiré du texte final à la demande duBrésil, des États-Unis et... de la France qui y voyaitune menace directe à ses intérêts nucléaires.

La directive Écocide, à l’image de la loi Écocide,reconnaît une responsabilité pénale des personnesphysiques ayant ordonné des activités à l’origined’un endommagement ou de la destruction d’écosystèmes. Elle pose le principe de supérioritéhiérarchique, même si les actes ont été commis sans intention, et lève toute impunité. Chefs de gouvernement et PDG pourraient donc être personnellement et pénalement sanctionnés.

Elle reconnaît aussi la responsabilité de personnescomplices qui auraient facilité un écocide en conseillant ou subventionnant des activitésdangereuses. Les institutions financières sont donc visées ainsi que les cabinets d’expertise environnementale car les études d’impact environnemental sont souvent menées par desconsultants-experts financés par les entrepriseselles-mêmes.

Pour déterminer si une activité est dangereuse, ladirective Écocide ne prend plus en considération lefacteur risque comme unité de mesure mais la hauteur des dommages. Pensons aux conséquencesde la catastrophe de Fukushima. La technologienucléaire pourrait ainsi être enfin reconnue par lecadre législatif comme extrêmement dangereuse.

La directive prévoit en outre que la Courpuisse ordonner la suspension

d’opérations en cours et donccommanditer la fermeture de centrales si elle est saisiesur le sujet.

En cas de catastrophe, laCour pourrait poursuivreles dirigeants de sociétésdu secteur nucléaire responsables, et ce mêmeen dehors du territoire

européen si ceux-ci sontcitoyens européens. De

même des dirigeants d’entre-prises européens qui ordonne-

raient l’enfouissement de déchetsnucléaires sur un territoire européen ou non,

pourraient être jugés pour crime si la Cour était saisie d’un cas avéré d’écocide.

Cette initiative permet de court-circuiter les lobbyspuisque la proposition de loi vient directement decitoyens et non de représentants élus du peuplequi, pour beaucoup, sont sous influence.

Ne laissons plus les auteurs de crimes environne-mentaux bénéficier d'une totale impunité. Nousdevons réunir 1 million de signatures en Europe d'ici le 21 janvier 2014. Nous avons besoin de votresoutien. Faites circuler l'information largement ! Et pour savoir comment apporter votre signature ensoutien à ce projet de directive, pour qu'elle soitétudiée par la commission européenne, rendez-vous sur notre site www.endecocide.eu

Valérie Cabanes

Porte-parole de l'initiative citoyenne "Arrêtons l'écocide en Europe"Juriste en Droit International

et spécialisée dans les Droits de l'Homme

"Arrêtons l’écocide en Europe"1 an pour réunir 1 million de signatures L’initiative citoyenne européenne "Arrêtons l’écocide en Europe" (www.endecocide.eu) doitrassembler, en un an, un million de signatures de citoyens européens en faveur d’unedirective qui protègerait efficacement les écosystèmes en s'attaquant aux donneurs d'ordres européens et non pas seulement aux sociétés qui commettent des crimes environnementaux.

Sortir du nucléaire n°57

Page 36: Revue Sortir du nucléaire 57

Sur les cartes postales, la Suisse est un pays de chocolat, montagnes, horloges et vaches. Mais dansla réalité ce n'est bientôt plus qu'un gigantesquebureau qui vit d'import-export, de transactionsfinancières, et de conseil.

La Suisse, c'est aussi une densité de population élevée,ce qui en fait un pays différent de la France. Pas decambrousse profonde ici, ou si peu. Un territoirerestreint dont l'aménagement fait l'objet de débatsintenses, initiatives et référendums à l'appui.L'effondrement écologique et économique préditdans les années 70 pour la moitié de ce siècle étantde moins en moins contesté, la transition choisie ousubie vers une économie de basse consommationest inévitable. Elle sera plus difficile à négocier ici,sur si peu d'espace. Nos solutions devront êtredenses et sociétales.

La Suisse a aussi décidé de sortir du nucléaire. Cecigrâce à un hasard dont l'histoire a l'ironie : quatrefemmes à l'exécutif au moment de Fukushima, quibondirent sur l'occasion de minoriser leurs trois collègues masculins. La population, pour l'instantsuit. Mais le lobby nucléaire joue déjà de l'oubli et dela peur pour revenir par la fenêtre. Reste aussi, ducôté du changement, à définir ce qu'on veut. Et làpas de surprise : la croissance est la solution, la tech-nique va résoudre les problèmes sociaux. Et donc"d’atteindre des productions de masse" (i.e. de laconcentration industrielle), de faire des "systèmesintégrés" (i.e. des produits "boîtes noires" soumis àobsolescence), d’assurer la prépondérance desfilières professionnelles (i.e. s'assurer des marchéscaptifs). Cette idéologie s'appelle ici le "clean tech".

Sortir du nucléaire, seulement ?

Dans ce conte de fées qui fait penser au Grand Soir,Sebasol, dont le nom vient de "self bâtir solaire",fait tache depuis le milieu des années 90. Nousapprenons aux gens à faire à partir d’élémentsgénériques des installations solaires thermiques,systèmes de chauffage, branchements de poêles,ventilations, etc. Et à coupler leur usage aux comportements pour couvrir le maximum debesoins avec un minimum d'investissements, entre-tien et service. Intégrés au tissu économique, nousnous voulons un mouvement social. Bientôt nousfêterons notre millième installation. En permanence,nous coachons ou contrôlons environ soixante-dixchantiers simultanément. Pour l’essentiel de l’auto-construction, mais aussi du clef-en-main souscharte éthique, des projets de jeunes, etc.

Si nous luttons contre le nucléaire en virant l'élec-tricité de la production de chaleur, avec économiesfinancières monstrueuses à la clef, le but n'est pasde remplacer cette hubris par sa version cravatéerenouvelable. Mais de combattre un dévoiement dela connaissance, ici technique, qui vassalise lapopulation. Nos installations doivent être recyclables,robustes, réparables, cohérentes, compréhensiblesà l'usager. Celui qui se donne la peine de les monteracquiert des techniques qui lui servent à vie. Leurcoût économique doit battre tout ce qui se fait àcahier des charges égal. Et c’est le cas. Les testsofficiels le montrent, elles sont aussi efficaces. Maispour nous, ce point n’est qu’une cerise sur legâteau des exigences énoncées plus haut. Noussoutenons tout projet pour peu qu’il soit sensé,dans notre région, et que nos règles soient acceptées.Ce dont nous nous assurons via de l'argent déposéd'avance et la signature d’un contrat étonnantdans ses objectifs.

Alternatives

Sebasol : bâtir l'indépendanceà l'égard des monopoles énergétiques

Depuis le milieu des années 1990, s'est constitué en Suisse un mouvement social de for-mation à l'autoconstruction d'installations solaires thermiques, l'association Sebasol, quirevendique le caractère éminemment politique de son action. Dans ce premier volet,découvrons ce génial ovni du paysage énergétique européen.

Sortir du nucléaire n°57page 36

© Sebasol

© Sebasol

Avec cette installation solairethermique de 15 m2, la famille

Bigler a divisé par 4 l'utilisationde sa chaudière à gaz.

© Sebasol

Ci-contre : Un des nombreux"camps solaires" animés par

Sebasol. Ici le chantier didactiquede l'EMS Riond-Vert à Vouvry. En

5 jours, un groupe de jeunes(moyenne d'âge 14-15 ans) a ins-tallé et mis en service 27 m2 depanneaux solaires thermiques.

La pose des panneaux bat son plein...

Page 37: Revue Sortir du nucléaire 57

Un équilibre particulier

Une de nos difficiles tâches est de ne pas nous fairecapter par le marché. Notre compétence et notreréputation dans l'économie réelle nous soumettenten effet à toutes sortes de convoitises, autantexternes qu'internes. Pour faire pièce, quelquesrègles. Un : pas de salariat. Deux : pas de déficit,quitte à décroître s’il le faut. Trois : répartir l’expertiseentre diverses "cultures", chacune avec ses règles,limitations et objectifs. Le but est la complémentarité,l'émulation, l’échange, et le service à la société.Nous écoutons tout le monde, puis nos fondamen-taux, le passé du travail, de la technique, nos rêves,notre imagination, nos archives, et décidons entoute souveraineté. Car bénévoles, nous exerçons lepouvoir. Quatre cultures contribuent pour l’instantà Sebasol : les autoconstructeurs, les parrains, lesapprentis et les installateurs.

Les autoconstructeurs

Ce sont les citoyens qui font pour eux-mêmes, engrande majorité des petits propriétaires. Le conceptest juridique : est autoconstructeur celui qui signele contrat et pose l'argent. Il peut ensuite se faireaider, étant seul responsable de son installation.

Notre support est à la fois étendu - administratif,commande de matériel à la pièce, prix grossistesans marge (mais pour le projet !), livraisons surchantier, outillage spécial, schéma techniques,pages internes web, moteurs de recherche évolués,procès-verbal de mise en service - et limité :réponse avec délai pour forcer à ralentir, à laréflexion personnelle, au contrôle des coûts, àl'usage des outils fournis, apprentis pour le coupde feu, parrain pour le coaching, tests de capacitéspour accéder à des projets plus avancés ou sensibles.Le but est d’obtenir une personne autonome, un véritable autoconstructeur. L'illusion du "pourrien et sans effort grâce au brico" est laissée auxmoutons de Panurge.

Une fois leur installation terminée, les autocons-tructeurs peuvent faire partie de Sebasol. Eux seulsle peuvent, d’ailleurs.

Les parrains

Ce sont les plus capables et motivés des autocons-tructeurs, des "anciens" devenus coachs. Soutienpsychologique, explication de la philosophie seba-solienne, communication publique des coûts etoptions, aide pour les points techniques mal com-pris. Ils suivent une formation continue, avec exer-cices de maintien à niveau. Ils apprennent à pré-senter l'autoconstruction, argumenter chiffres phy-siques et économiques à l'appui, connaître lesprincipales escroqueries, détecter les profiteurs, seprotéger des exploiteurs, encadrer leurs "poulains"sans les perfuser.

Tout cela est gratuit, de même les fêtes, les bouteilles, la camaraderie. Bénévoles, leurs fraissont payés. Le poulain doit être un(e) inconnu(e)

qu’on aide parce qu’il est autoconstructeur, et nonparce ce que c’est Tartempion qu’a marié ma sœur.Ils ne peuvent donc les avoir dans leur environne-ment local ou leurs proches. Ils ne peuvent non plusles aider physiquement. Cela priverait les apprentisde formation et se substituerait à l’entraide locale.Enfin, ils ne peuvent user de leur statut à des finscommerciales. En cas de manquement à ces règlesils sont exclus de l’association, grillés chez tous noscontacts, fournisseurs, sympathisants, ne peuventplus se revendiquer de Sebasol. Nos juristes sont làpour y veiller.

Les apprentis

Ils profitent du phénomène social ainsi généré pouracquérir un métier via des engagements sur leschantiers en cours. Rien à voir avec un stage ou unchantier participatif. C’est une formation d’adulteexigeante, qui dure plusieurs années et a le caractèred'un apprentissage, avec examens, travaux à rendre,suivi, etc. Nous cherchons des gens stables, intégrés

page 37Sortir du nucléaire n°57

© Sebasol

© Sebasol

Une jeune participante à un chantier didactique en plein travail…

Ils sont deux et ils ont 17 ans aumoment de la photo. Ils sontvenus au cours, ils ont lu la docu-mentation technique, ils ont suiviles plans, posé quelques questionset puis voilà : une installationsolaire de niveau professionnelpour le prix indiqué aux journéesdu soleil, et une connaissance quisera toujours utile plus tard.

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© Sebasol

Toute la famille Loetscher avec soninstallation de 18 m2 (en cours deconstruction) pour l'eau chaudesanitaire et l'appoint chauffage.

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dans la vie économique locale, pouvant subvenir àleurs besoins pendant ce temps. On ne peut rienfaire pour les romantiques, velléitaires, précaires,blasés, révoltés, indécis, déprimés, mythomanes.Les postulants doivent accepter l’objectif de leurformation : ne pas perfuser les autoconstructeurs,acquérir une capacité d'indépendant généralistecapable de se passer de la dépendance aux experts(ingénieurs, architectes) et produits finis industriels,dont le premier est le capteur solaire tout fait. Des"gens de métier" taillés pour la transition post picpétrolier, qui devront à l'autoconstruction leur formation, statut, réputation et auront à s'en souvenir. Le sauront-ils ? Question à laquelle seul le long terme peut répondre.

Les installateurs

Issus des filières classiques du sanitaire-chauffageou de la nôtre, ils doivent suivre une charte éthiquequi les oblige à ne pas dénigrer l'autoconstruction,renoncer aux marges sur le matériel, accepter uncontrôle de leurs offres, respecter un cahier descharges global et public, dont une des exigencesest la non-externalisation des travaux qui gênentversus ceux qui rapportent. En contrepartie ilsbénéficient de l'infrastructure et des conditions deSebasol, de 15 ans de réputation, de la promotionvia le site internet, les militants et les parrains, deschantiers amenés par l'association, d'un fond degarantie coopératif, de l'accès aux compétences,des découvertes en techniques adaptées, souventissues de l'autoconstruction.

Leurs installations sont connues pour leur qualité,leur prix, et leur recours à l’économie locale.Certaines font parties de bâtiments exemplaires ouprimés. Des bureaux prestigieux font appel à eux.Ils traitent leurs problèmes en assemblée annuelle,y décidant en particulier de la valeur de leur travail.Ceux qui en veulent toujours plus et n’arrivent pasà leurs fins s'en vont. Ceux qui tentent de tordre lacharte ou de faire du clientélisme se cassent lesdents sur la résistance d'une association qui n'a pasbesoin d'eux pour vivre, et sont débarqués.

Vers l'autoconstruction à plus grande échelle ?

L’autoconstructeur œuvre pour lui, mais sa capacitéacquise sert déjà à ses proches et amis. Parrain, il passe à un stade plus universel, soutient desautoconstructeurs inconnus, et incarne la culturesebasolienne.

Peut-on faire mieux ? Les villages, les quartiers ?Les locataires, qui font 62 % de la population enSuisse ? Essayons. Nous espérons proposer bientôt lestatut juridique "d’autoconstreprises" ponctuelleslocales. Y entreront un nombre limité aux doigts dela main d’habitants socialement intégrés d’unquartier ou d’un village. Ils seront autoconstructeursd’une installation quelque part dans leur procheenvironnement. Ailleurs d’autres comme eux peu-vent faire pareil et c’est eux que nous soutiendrons.Et ponctuelles car tout projet devra se faire avecune autoconstreprise comprenant au moins 2/3 denouvelles personnes, pour éviter notre exploitationà fins de profit personnel systématique et la récupération par le marché de gens formés par lasociété civile pour vassaliser ceux-là mêmes dontils sont issus.

Comment faire des installations sur des immeublessans crédit ? Quelles responsabilités entre l’objetconstruit et celui sur lequel on construit ? Quellesformes de rétribution, car nul ne s’appelleraCosette ? Comment assurer le suivi technique, remplacer ceux qui meurent, déménagent, abandonnent ? Comment flinguer les opportunistesqui viendront ensuite renifler la bonne sousoupe,pour sûr habillés en vert, bombardés experts,médaillés durables ? Et tout cela en restant concret,car il faut que ca marche. Passionnantes questions,sujettes des contrats "d’autoconstruction de proximité" que nous avons sur le feu, véritablescasse-têtes d’équilibrages, mais on en viendra à bout.

Bâtir l'indépendance citoyenne et anticiper l'effondrement

Sebasol est un mouvement social local, non croissanciste, héritier du philosophe Ivan Illich,sans salariés, ni recours à la pub, indépendant detoute subvention et n’en réclamant aucune, avecune structure interne complexe née de la nécessitéde l’intégration sociale. Nous nous cachons sous un service concret à la population pour offrir bien d’avantage en contrebande… à ceux qui comprennent.

Via la conception de techniques appropriables, depratiques et de transmission de savoir-faire parfoisanciens, le but est de bâtir l'indépendancecitoyenne à l'égard des monopoles énergétiques et d'anticiper les conséquences économiques et sociales de l'effondrement écologique et conomique à venir. Nous façonnons des briqueshumaines avec l’outil qui s’appelle autoconstruction.Ce sera à la société de bâtir avec le moment venu.On appelle cela faire de la politique.

Rendez-vous au prochain numéro de la revue Sortirdu nucléaire, pour la deuxième partie, consacréecette fois au volet technique.

Pascal CrettonSebasol

Alternatives

Sortir du nucléaire n°57page 38

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© Sebasol

… et en s'autorisant de petites fantaisies !

Eh oui, il est aussi possible de fabriquer ses propres radiateurs

d'appoint branchés sur l'installationsolaire thermique, pour un coûtimbattable, avec des plaques de

cuivre de récupération…

En plein chantier d'autoconstructionsur le toit d'une maison respectantla norme Minergie, qui consomme

l'équivalent de seulement 2 litres demazout par m2 et par an pour le

chauffage et l'eau chaude sanitaire.L'installation solaire thermique,

intégrée sur un toit à 60°° plein sud,couvre 55% des besoins restants.

Page 39: Revue Sortir du nucléaire 57

Alternatives

page 39Sortir du nucléaire n°57

Composée de trois immeubles de 11 étages, la résidence Goudemand, à Arras, construite en 1975,a fait l'objet de fréquentes rénovations. Mais cettefois, le bailleur social Pas-de-Calais Habitat parlede "révolution". Il a décidé de déconnecter les parties communes du réseau EDF et d'installer neufpanneaux solaires de 240Wc, deux éoliennes de500Wc et un bassin de rétention d'eau de 60 m3 surle toit de la résidence ainsi qu'une turbine de450Wc en sous-sol. Les parties communes des 240logements devraient ainsi devenir énergétiquementautonomes.

L'un des prérequis de Pas-de-Calais Habitat étaitque le dispositif déployé puisse fonctionner cinqjours durant, sans être réalimenté en énergie. Laquestion du stockage a donc été prépondérantedans la mise en œuvre du programme.

Des LED viennent progressivement équiper lespaliers et les escaliers en remplacement des ampoules à incandescence classiques. Ellesprésentent l'avantage technique et financier depouvoir fonctionner directement sur du 12V, permettant une exploitation directe de l'énergieéolienne et solaire sans repasser par le réseau. Dansle système mis en œuvre, l'eau de pluie collectéedans le bassin de rétention ne sert pas, en tant quetelle, à produire de l'énergie mais participe au fonctionnement général d'une batterie hydraulique.

En journée, la production d'énergie éolienne ethydraulique est directement stockée sur batterieschimiques. Une fois celles-ci chargées au maximum– généralement entre 11h et 12h – elles déclenchentl'alimentation de la pompe dans les caves, qui réinjecte l'eau des cuves vers la terrasse. Les 10 m3

que contiennent les cuves permettent d'alimenter6h durant les parties communes du bâtiment.

La nuit, en l'absence d'énergie photovoltaïque, lesbatteries chimiques amorcent une électrovanne dèsque le seuil de stockage critique est atteint. Cettevanne libère l'eau du bassin en terrasse et ce faisant, alimente une turbine qui produit de l'énergieet recharge les batteries.

Réduction des charges pour les 700 habitants

En supprimant les compteurs électriques des partiescommunes, devenus inutiles grâce à l'alimentationdirecte en énergie, Pas-de-Calais Habitat estime à50 € le gain immédiat par an et par logement. LesLED installées dans les couloirs et escaliers - moinsénergivores et affichant une durée de vie largement

supérieure aux lampes à incandescence - permet-tent de limiter les coûts de consommation électrique et engendrent une diminution des fraisliés au "relamping". Sur le plan financier, l'inves-tissement pour la production autonome d'énergieest estimé par Pas-de-Calais Habitat à 150 € parlogement et par an, et devrait être rentabilisé en trois années. Pas-de-Calais Habitat estime qu'à partir de dix logements par entrée et 200logements par immeuble, le modèle est réplicable.Cela concernerait 30 % du parc de Pas-de-CalaisHabitat ou 12 000 logements.

À partir de février 2013, Pas-de-Calais Habitat vamettre à disposition des locataires toutes les donnéescollectées par le bâtiment intelligent - chauffage,gaz, électricité et eau. Pour ce faire, des terminauxnumériques (tablettes, ordinateurs... au choix pourles locataires en fonction de leur usage) viendrontéquiper les logements de Goudemand et d'autresrésidences de Pas-de-Calais Habitat. Ils informerontles résidents sur leur consommation, en temps réel,via une interface simple et pertinente : volumesconsommés, économies réalisées, tarifs en vigueur,plages horaires optimales de consommation,marges d'amélioration... Avec ce relevé instantanéde consommation, Pas-de-Calais Habitat souhaiteprovoquer des changements de consommation, des anticipations de factures et permettre, auxrésidents dans le besoin, de se manifester plus facilement.

E.L.

Le Moniteur, 30/11/2012, www.lemoniteur.fr

Une résidence HLM s'orientevers l'autonomie énergétique À Arras, le bailleur social Pas-de-Calais Habitat a choisi de désolidariser les parties communes du réseau EDF et de les alimenter par un système énergétique autonome.L’énergie produite par des panneaux solaires et des éoliennes est stockée grâce à un bassinde rétention en terrasse.

© Pas-de-Calais Habitat

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Question rhétorique : quel est le problème de notremodèle actuel de transport, axé sur les voitures etles banlieues ? Nous avons tous des tas de réponsesà proposer. Les trajets entre les lieux de résidenceéparpillés et les entreprises sont trop longs. Il estridicule de mobiliser deux ou trois tonnes d'acier etde plastique simplement pour emporter lesquelques dizaines de kilos que représente notrepersonne ou aller acheter une demi-livre de frites.Nous consommons tous de précieuses réserves decarburant fossile pour des besoins futiles, et c'estautant d'argent qui sort du pays. Nous produisonsdu dioxyde de carbone qui contribue au réchauffe-ment de la planète.

Utilisons mieux les infrastructures existantes

Quelles sont les solutions envisagées ? En voiciquelques-unes : construire des trains géants, de plusieurs centaines ou milliers de tonnes, quicoûtent des dizaines de milliards de dollars endroits de passage et en voies ferrées, voired'énormes bus de 20 ou 30 tonnes pour transporterune poignée de passagers tard le soir sur des parcours réguliers entre leur domicile et leur travail. Si ces véhicules empruntent des trajets fixes(voies ferrées ou routes), la plupart des usagersdoivent quand même prendre leur voiture pour serendre au parking avant d'embarquer sur cesmonstres.

Cela implique, nous l'espérons, que nous abandon-nerons alors les voitures au profit de bicyclettes. Ou bien que des bus fréquents nous conduiront à lagare de chemin de fer.

Entre-temps, nous oublions les investissementsconsidérables que nous avons effectués dans les voitures, les ateliers de réparation, les rues, les autoroutes, l'industrie automobile, les piècesdétachées, etc. La sagesse voudrait que, par soucide respect de l'environnement, on opte pour un nouveau modèle de transport en commun. Nous continuerions à utiliser les voitures pour denombreux déplacements, voire la plupart.Cependant, il s'agirait là d'une défaillance dumodèle, pas d'un avantage de sa conception. Cenouveau modèle ne ferait qu'égratigner lesimmenses avantages d'un véhicule personnel.

En tant que sociologue, je m'attache au résultatrecherché, et pas seulement à une solution particu-lière. Nous devons transporter les passagers, maisplus efficacement. Nous n'allons pas éliminer laconsommation d'énergie. Cependant, si nous pouvons la réduire, il sera plus facile d'opter pourdes énergies renouvelables telles que l'éolien et le solaire. Le maître-mot de cette approche, c’estl’efficacité. Il ne s'agit pas seulement d'utiliser plus efficacement le métal, le plastique et la maind'œuvre, mais de moins gaspiller les produits ou lesinfrastructures.

Pour être plus efficaces, il n'est pas nécessaired'abandonner l'infrastructure existante. Faire rouler des véhicules à vide est tout sauf efficace. LesAméricains acceptent trop facilement les théoriesprédigérées sur les transports en commun reposantsur les trains et les bus, pensant avoir ainsi épuiséle sujet.

Alternatives

Repensons la mobilité : ne partons plus "à l'heure"Le sociologue Paul Balmer met en question certains présupposés des alternatives propo-sées au "tout-voiture" dominant le système de transport des pays occidentaux. Il appelle àrepenser la mobilité, en abandonnant le système du départ "à l'heure" et en le remplaçantpar le départ "à plein" (dont le co-voiturage est une forme particulière). Cela permettraitdu même coup d'utiliser plus efficacement les infrastructures et les véhicules déjàconstruits.

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© Peter Visontay

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Alternatives

Partir "à l'heure"... ou "à plein" ?

Dans les années 60, j'ai eu la chance de vivre un certain nombre d'années en Turquie. À cetteépoque, un véhicule n'était pas un symbole de statut social. C'était un investissement majeur, uneentreprise qui pouvait faire vivre une famille pendant longtemps. Aussi devait-il être le plus utilepossible. Ainsi, de nombreux utilitaires servaient detaxis. On les appelait des dolmus (dolmuş en turc ;prononcer "dolmouche"). C'était un ingénieux système de transport reposant sur l'efficacité.

Dolmus signifie plein, fourré ou encore farci,comme le mot turc dolma, qui désigne les feuillesde vigne farcies. Le nom même de ces véhiculesreflétait la caractéristique principale et exclusivedu système. Les véhicules ne prenaient la routequ'une fois pleins. C'est ce qui les distinguait desliaisons régulières partant à heure fixe.

Lorsque j'en parle à des Américains, ils ne semblentpas comprendre de quoi je parle. Des heures dedépart et d'arrivée rigides sont la norme dans denombreuses cultures, et en particulier la nôtre. Laplupart des Américains sont incapables d'imaginerqu'il puisse en aller différemment. Pourtant, la crisedans laquelle nous sommes plongés nous oblige àsortir de notre cocon pour être plus efficaces.

Un véhicule à moitié vide n'est pas efficace

Permettez-moi d'expliquer que la première réactionà l'idée du départ "à plein" – qui est peut-êtreégalement la vôtre – est très éloignée de la réalité.Dans la pratique, c'est un excellent moyen dedéposer les gens à leur destination pour un prixmodique et, le plus souvent, en temps opportun. Àbien des égards, c'est plus pratique que le départ àheure fixe. C'est en effet un système global fondésur le principe de l'absence de gaspillage. Ce n'est pas une simple remise au goût du jour,minime, laissant un système grossièrement inefficace en place. C'est une toute nouvellemanière d'appréhender la mobilité.

Ce principe repose sur l'absence de gaspillage : enexploitant mieux une ressource, on l'utilise plusefficacement. Par exemple, un emballage qui serautilisé 500 fois peut être fabriqué dans un matériausolide pour allier robustesse et praticité. À l'inverse,un emballage à usage unique, fabriqué avec des matériaux économiques, sera peu pratique etrelativement coûteux par rapport à son contenu. Il en va de même avec les dolmus. Comme ils ne partaient pas avant d'être complets, les tarifspouvaient être bon marché. En conséquence, toutle monde voulait les prendre.

Flexible, fréquent, optimisé, économe...

Ils sont devenus le moyen de transport standard.Chaque quartier ou village avait son point dedépart central, où on se rendait à n’importe quelmoment de la journée. Il y avait toujours de nom-breux passagers, mais également de nombreux

véhicules faisant la queue pour les embarquer. Aumoment de partir, les chauffeurs eux-mêmespayaient une somme modique à un responsable dela circulation qui veillait au bon fonctionnement dusystème. Pendant la plus grande partie de la journée,les dolmus partaient toutes les deux à six minutes.Aux heures plus creuses, les départs avaient lieu enmoyenne toutes les 15 minutes. On pouvait ainsiprévoir de se rendre dans une autre ville dans undélai très raisonnable. C'était beaucoup plus fiablequ'attendre l'arrivée, au bout d'une demi-heure oud'une heure, d'un énorme car comme dans notresystème de départs à heure fixe.

C'est une situation un peu comparable à celle de NewYork, dont de nombreux habitants n'apprennentjamais à conduire. Le métro fonctionne si bien qu'iln'est pas nécessaire d'avoir une voiture. Le réseau detransport par dolmus maillait littéralement toute lacampagne. On exploitait au maximum les véhiculesdisponibles. Dans notre société, cela réduirait lesbesoins en construction automobile. Une exploitationefficace de l'existant est toujours la meilleure alterna-tive à une surproduction source de gaspillage.

La flexibilité était intégrée à tous les niveaux du système des dolmus. Pendant le trajet, il étaitfréquent qu'un passager demande au chauffeur defaire un détour dans un village ou emprunte unepetite route pour le déposer. Sinon, on pouvait lelaisser sur la route principale. Le chauffeur consultaitles passagers. Si tout le monde était d'accord, il faisait le détour moyennant un petit supplément.Chacun savait que tôt ou tard, il profiterait, luiaussi, de cette même souplesse. Si un passager étaitpressé, un autre dolmus empruntant la même route

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© www.alliem

ark.com

Un dolmus rempli mais confortable

© Gum

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les rattrapait. Le chauffeur faisait signe à son col-lègue de s'arrêter, afin que le passager pressépuisse embarquer sur le second dolmus. Il pouvaitainsi faire un détour pour déposer un autre passageren dehors de la route principale. Les possibilitésétaient nombreuses. Ce surplus de flexibilité permettait de répondre aux besoins de tout lemonde. Chaque véhicule était équipé d'une galerieoù on arrimait les bagages volumineux, voire descages de poulets. Quand il était nécessaire dedemander de l'aide, on pouvait se faire transporterde porte à porte. Un assistant accompagnait lespassagers pour prêter main forte au chauffeur. Tardle soir, lorsque le flot des passagers commençait àse tarir, ou s'ils étaient trop peu nombreux, le dolmus partait quand même et ramassait des passagers le long de la route. Ceux qui habitaiententre les agglomérations s'en remettaient ainsi auxdolmus qui avaient déjà déposé des passagers etpouvaient en reprendre. Même si les itinérairesétaient établis, le véhicule pouvait s'arrêterpresque n'importe où. De plus, il existait égalementun système parallèle de taxis. Si les dolmus se chargeaient du gros du transport de passagers, onpouvait faire appel à un taxi ordinaire pour lescourses plus rapides. Tard le soir, lorsque les dolmusse faisaient rares, on pouvait ainsi emprunter untaxi si nécessaire.

Les départs "à plein" présentent des avantages évidents :� bon marché� pratiqués partout� véhicules complets� départs relativement rapides� organisés par les participants eux-mêmes� légèreté de la réglementation, gage de souplesse� flexibilité et adaptabilité à tous les égards� investissement modique� plusieurs emplois� exploitation de l'infrastructure routière et de

réparation existante

Un transport plus démocratique ?

Là encore, il s'agissait d'un système tourné versl'efficacité et non un bénéfice brut privé réalisé àtout prix, comme c'est le cas dans notre pays. Ici,les villes vendent des licences pour l'exploitationdes taxis. À New York, le prix de base n'est que de 700 $ par an, mais toutes les licences sont déjàprises. Leur nombre étant limité, et du fait que les titulaires sont autorisés à les revendre, leur

prix dans une ville telle que New York atteignait en moyenne 766 000 $ en 2010. On dit que c'est unmeilleur placement que les actions, les obligations,l'or ou le Dow Jones. Le système reposant sur desinvestissements et des bénéfices énormes, lestransports bon marché sont exclus. Nous ensommes tous victimes, à commencer par leurschauffeurs, qui sont stressés et surmenés. Ainsi,lorsqu'un immigrant utilise son véhicule commetaxi clandestin (taxi "gitan" à New York, jitney oubombila ailleurs), la police l’interpelle. Lorsqu'ilm'arrive de parler du système des dolmus, mesinterlocuteurs les comparent généralement auxtaxis clandestins, alors que cela n'a rien à voir. Cesont les systèmes qu'il faut comparer, pas un détailau sein d'un système corrompu, axé sur le profit,qui s'attache à extorquer un tarif maximum à desusagers désespérés. Éliminer le gaspillage exigeune refonte entière du système.

Essayer ce mode de transport différent a unedimension personnelle, ou psychologique, bienve-nue, en particulier pour les jeunes d'aujourd'hui,mais que d'autres peuvent trouver particulièrementrebutante. Il s'agit de l'interaction sociale qui entrealors en jeu. À la différence d'un bus, où on est assisles uns à côté des autres, un dolmus contraint à desnégociations. Le conducteur doit-il attendre unretardataire ou céder aux passagers désireux departir immédiatement si le taxi est presque plein ?Doit-il faire un détour ou, au contraire, s'en tenir àl'itinéraire prévu ?

De plus, dans les dolmus, le villageois et le fermierétaient assis à côté de l'avocat. C'était plutôtdémocratique. Ce n'est pas censé être ainsi auxEtats-Unis ? Mieux : un dolmus plein est plus sûrpour tout le monde qu'un simple conducteur et unpassager en colère, ce que redoutent tous les taxis,officiels ou clandestins, dans les grandes villes violentes d'aujourd'hui. […] Peut-être est-il impossible de disposer d'un système aussi libre etflexible dans notre pays. Pourtant, d'une manièreou d'une autre, il nous faudra bien abandonner les horaires fixes au profit des départs à plein. Laplanète l'exige.

Paul BalmerFondateur du Zero Waste Institute

(www.zerowasteinstitute.org)

Alternatives

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© Izzet Fresko

© Hans-Peter Grumpe

Source :Synthesis/Regenerationn°56 (automne 2011),http://www.greens.org/s-r/

Traduit de l'américainau français par GillesChertier pour le Réseau"Sortir du nucléaire".Les notes de bas depage de l'original ontété supprimées, fautede place.

Une station de dolmus à Ankara.

© Richard Souder

Chauffeurs de dolmusen pleine discussion…

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Alternatives

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Eva, peux-tu présenter brièvement le parcoursqui t'a menée à participer à l'aventure des EWSSchönau ?

Je viens de la Ruhr, une région d'Allemagne trèsmarquée par l'industrie lourde, et j'habite depuisl'année 2000 à Fribourg-en-Brisgau. En tantqu'écolière déjà, j'étais impressionnée par les genscourageux qui s'opposaient à la puissante industrienucléaire à Brokdorf, Whyl et Kalkar (trois projets deréacteurs nucléaires abandonnés ou jamais mis enservice, grâce à la mobilisation populaire, NDLR).

La catastrophe de Tchernobyl m'a fait sortir durefus passif et c'est alors que, avec d'autrescitoyens de différents âges et origines sociales, jeme suis engagée contre la technologie nucléaire,qui n'a pas seulement englouti des milliards d'eurosdans la construction de ruines, mais a aussi ruinédes vies humaines. Pour moi, ces années d'initiativescitoyennes ont été belles et importantes, car j'ai puvoir combien d'énergie peut être libérée par desgens qui tiennent à leurs revendications. C'est aussiun sentiment extraordinaire de se rendre compteque l'action personnelle a vraiment des effets visibles.

Comment et pourquoi l'EWS Schönau s'est-elledéveloppée ?

Après Tchernobyl, une quantité incalculable d'initiatives citoyennes se sont développées. Etl'une de ces initiatives a abouti à une entrepriseemblématique qui livre du courant propre à 140 000usagers dans toute l'Allemagne. Au début, lescitoyens de Schönau voulaient "seulement" amenerle monopole local de l'électricité à tirer les consé-quences de Tchernobyl et à s'engager dans unepolitique énergétique durable. Mais des revendica-tions aussi simples que des tarifs favorisant les économies d'énergie ou une rémunération adéquate pour la production citoyenne de courantont été méprisées et ridiculisées. L'idée d'unconcours d'économie d'énergie a même été suivied'une menace de dépôt de plainte.

L'arrogance du pouvoir a en fait permis qu'àSchönau l'impossible se réalise : après des annéesde lutte et de tracasseries administratives, les Établissements Électriques de Schönau (EWSSchönau) sont devenus le premier fournisseurd'électricité dont les propriétaires sont les citoyens.Le but initial était de fournir du courant propre à

Schönau, petite bourgade de 2500 habitants de la Forêt-Noire. Mais la libéralisation du marchéallemand de l'électricité a amené les citoyens deSchönau a étendre leur offre dès 1999 et à fournirleur courant rebelle à des opposants au nucléairedans toute l'Allemagne.

Comment se porte l'EWS Schönau ?

Entre-temps, les EWS Schönau ont grandi. Le fait quel'écologie et l'économie ne sont pas antagoniques,mais qu'au contraire, ensemble elles peuvent se renforcer, a été démontré de nombreuses fois àSchönau. Ursula et Michael Sladek, les co-fondateursdes EWS Schönau, en tant que représentants desnombreux militants sans lesquels ce succès n'auraitpas été possible, ont reçu de nombreux prix, parmilesquels figurent aussi des prix économiques.

Les EWS Schönau alimentent actuellement 140 000foyers, industries et artisans, écoles, églises etcommunes avec du courant propre. Nous ne géronspas seulement le réseau électrique de Schönau,mais aussi les réseaux de huit communes environ-nantes. Nous sommes également entrés dans lemarché du gaz et gérons là aussi nos deux premiersréseaux. Heureusement, il y a depuis quelque tempsen Allemagne une vague de re-municipalisation. Làaussi, les EWS apportent leur contribution, en

EWS Schönau : un fournisseurd'électricité antinucléaireEn réaction à la catastrophe de Tchernobyl, les citoyens de la petite ville allemande deSchönau ont lutter pour racheter le réseau électrique municipal. Aujourd'hui, leur sociétécitoyenne de production et de distribution d'électricité fournit du courant garanti "sanscharbon et sans nucléaire" à plus de 140 000 usagers dans toute l'Allemagne. Nous avonsinterviewé Eva Stegen, représentante des Établissements Électriques de Schönau (EWSSchönau).

© EWS Schönau

DR

Eva Stegen a participé au dévelop-pement de l'opérateur électriqueantinucléaire EWS Schönau.

L'entrée du village de Schönau,sous le soleil... avec un aperçu dutoit photovoltaïque de l'église.

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mettant leur savoir-faire à disposition en tant quepartenaire de nouveaux fournisseurs d'énergierégionaux. Dans ce cas, les EWS veillent à ce que lesflux financiers quittent le chemin de l'industrie ducharbon et du nucléaire pour aller vers celui desénergies nouvelles. De cette façon, les EWS utilisentun joli bouquet de leviers afin de briser en de mul-tiples endroits les structures encroûtées de l'ancienmarché de l'énergie.

Peux-tu nous parler de quelques beaux projetsénergétiques dans la région ?

Avec l'aide des EWS Schönau, une nouvelle société écologique de distribution d'énergie, laStuttgartENERGIE, est née le 2 février 2013 dans lacapitale du Land de Bade-Wurtemberg (dans le sudde l'Allemagne). Ceci est en soi un saut qualitatif,puisque la nouvellement créée StuttgartWerke ad'abord cherché, sur le marché de l'énergie, quiserait un partenaire approprié pour fonder unenouvelle société de distribution d'électricité.

Les EWS Schönau se sont alors déclarés prêts à se mettre à disposition comme partenaire, à condition qu'il soit défini contractuellement que laStuttgartenergie ne distribue pas de courant provenant du charbon ou du nucléaire, et qu'aucunflux financier n'alimente les groupes du charbon etdu nucléaire. Et comme entre-temps, les EWSavaient amassé une expérience précieuse, etavaient une renommée de succès que beaucoupleur enviaient, le conseil municipal de Stuttgart a accepté à une écrasante majorité les sévères exigences des EWS.

Stuttgartenergie, société formée par StadtWerkeStuttgart pour 60 % et par EWS Schönau pour 40 %,propose maintenant du courant propre à la ville de Stuttgart, et ceci pour un prix avantageux : une famille consommant 4000 kWh par an gagneenviron 80 € en passant du tarif de base du groupenucléaire EnBW (Energie Bade-Würtemberg) à celuidu nouveau fournisseur écologique.

Que représente Fessenheim pour les gens quihabitent dans la région de Fribourg-en-Brisgau ?Que pense-t-on là-bas de sa sécurité ?

Vos voisins de l'autre rive du Rhin considèrentcomme une absurdité que ce réacteur à haut risquene soit toujours pas arrêté et qu'il soit ainsi jouéavec leur santé et leur vie. Certains se frottent lesyeux, incrédules, lorsqu'ils lisent que pour un montant se chiffrant en millions, une partie de ladalle du réacteur 1 va être renforcée à la ridiculeépaisseur de deux mètres, sachant que le cœur duréacteur de Fukushima 1 a traversé trois mètres debéton en vingt-quatre heures. Nous ressentonscomme une insolence de vouloir vendre un tel non-sens comme "concept de sécurité". Soit dit enpassant, une insolence venant du groupe EDF, carnous savons faire la différence entre ce groupe et lepeuple français.

C'est avec plaisir que nous avons pu constater que,parmi les militants antinucléaires, il existe un travailtransfrontalier, et que ceux-ci ont très bien compriscomment certains pyromanes, verbaux ou réels,tentent d'enfoncer des coins nationalistes entrevoisins afin de briser l'amitié franco-allemande.

Les amis du solaire allemands sont très contentsd'avoir pu efficacement soutenir leurs alliés françaisdans l'installation de nombreuses centralessolaires, et aussi du fait que l'an passé, lors de finsde semaine ensoleillées, le tacot de Fessenheim a dû être coupé à trois reprises du réseau pour causede surproduction de courant et de manque de demande. Nous nous réjouissons aussi que letournant de l'énergie citoyenne, en cours enAllemagne depuis le début des années 1990,s'étende de manière marquante en France et dansd'autres pays voisins. Il en va de notre région frontalière comme ailleurs : les gouvernements nesont jamais à l'avant-garde, ils peinent toujoursderrière les engagements citoyens.

Et naturellement, nous nous réjouissons qu'enFrance aussi, il existe désormais, avec Enercoop, un modèle de distribution de courant écologiquepermettant de se fournir en courant sans devoirrémunérer les groupes nucléaires.

Propos recueillis par Charlotte MijeonTraduction de l'allemand au français

par Michel Schmid

Alternatives

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© EW

S Schönau

© StuttgartENER

GIE

Les EWS Schönau ont publié un fascicule qui liste "100 bonnesraisons d'être contre le nucléaire".

© EW

S Schönau

Les habitants de Schönau mobiliséspour une action de la campagne

"Wrack Ab !" (Démontez le nucléaire)

Ci-contre : Voici un des bâtiments équipés par le nouvelopérateur "sans nucléaire et sans

charbon" StuttgartENERGIE.

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Alternatives

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Impossible de faire cesser le vent ou d’occulter lesoleil. L’électricité des éoliennes ou des panneauxphotovoltaïques est une énergie "fatale" et les gestionnaires de réseau gardent donc la possibilitéde déconnecter les installations en cas d’excédentde production pour éviter le black-out. EnAllemagne, 127 GWh éoliens ont ainsi été perdus en2010, l’équivalent de la consommation de 32 000ménages. En effet, l’éolien et le photovoltaïquereprésentent déjà 54 GW 1 installés pour unedemande nationale oscillant entre 40 et 80 GW. Lespériodes de production excédentaires vont rapide-ment devenir de plus en plus fréquentes au rythmeoù se développent les énergies renouvelables 2.Mais surtout la production renouvelable "intermit-tente" ne coïncide pas toujours avec la consomma-tion. Le stockage de cette électricité permettraitdonc de différer la production électrique jusqu’auxheures de forte demande. Malheureusement, toutesles capacités de stockage du pays, peu doté en stations de pompage-turbinage, représentent 0,05 TWh, équivalant à moins d’une heure deconsommation nationale. Or, une étude de l’institutFraunhofer de février 2011 évalue le besoin destockage à 40 TWh dès 2020 et jusqu’à 170 TWh en 2050. C’est dire si le sujet devient pressantoutre-Rhin.

Transition par l’hydrogène

"La seule option de stockage à l’échelle nécessairedont nous disposions au niveau national est le couplage des réseaux de gaz et d’électricité",conclut l’institut Fraunhofer. Il suffirait en effet detransformer cette électricité en méthane de synthèsepour pouvoir l’injecter sans difficulté dans le réseaude gaz naturel. Celui-ci dispose d’une capacité destockage de 217 TWh, bien plus qu’il n’en faut. Celapermettrait de stocker l’électricité des jours voiredes mois, le rêve de tout électricien. Sans compterque ce méthane aura exactement les mêmes usagesque le gaz naturel : chauffage, génération d’électricité et carburant (GNV). Le passage del’électricité au méthane s’effectue en deux temps. Il s’agit d’abord de produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau puis de faire réagir cethydrogène avec du dioxyde de carbone dans unréacteur catalytique. Cette réaction 3, qui produitdu méthane et de l’eau, est déjà utilisée de longuedate dans l’industrie chimique mais elle n’avait pasencore été utilisée dans ce contexte. Ce qui exigeencore quelques développements.

L’Allemagne manquant de temps, l’hydrogène"renouvelable" peut cependant être directementinjecté dans le réseau de gaz. La législation allemande permet d’y mélanger jusqu’à 5 % d’hydrogène, ce qui représente tout de mêmejusqu’à 3 TWh. L’Alliance pour l’hydrogène éolien(Performing Energy, Bündnis für Windwasserstoff)regroupe quatorze partenaires, centres derecherches, ONG et entreprises telles que Vattenfall,Linde, Enertrag, Siemens, Total, etc. Le consortiumteste différents types d’électrolyse, étudie lestockage souterrain (cavernes de sel). Dans cecadre, Enertrag a inauguré en octobre 2011 une centrale hybride qui livre de l’hydrogène à la foissur le réseau (voir encadré) et au nouvel aéroportde Berlin pour servir de carburant aux véhiculesélectriques (piles à combustible). L’électricien E.ONconstruit de son côté une installation pilote devantentrer en service en 2013.

La méthanation : stocker l'électricité d'origine renouvelable La forte pénétration des énergies de flux, éolien et photovoltaïque, oblige l’Allemagne à se doter rapidement d’importants moyens de stockage de l’électricité. Pour réussir sa ransition énergétique, le pays mise sur la méthanation : la transformation de l’électricitéen méthane de synthèse.

DR

Notes :

1 : Puissance nominale installée, dontune partie seulement est disponible,variable en fonction de la météo.

2 : Les renouvelables ont fourni 20 %de l’électricité en 2011, et la contributionen 2020 pourrait être de plus de 40%.

3 : Processus découvert par le chimistefrançais Paul Sabatier (1854-1941).

La méthanation permet de stockerl'électricité produite en excédentpar les énergies renouvelablesvariables, comme ici le parcéolien de Druiberg.

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Essais en cours

L’intérêt pour la méthanation a amené l’Agencefédérale de l’énergie (Dena) à mettre sur pieddébut 2011 une "Plateforme stratégique Power-to-gas". Celle-ci regroupe trois des quatre grandsélectriciens du pays, EnBW, E.ON et RWE, mais aussiGazprom, GDF Suez, Siemens, Volkswagen,Viessmann, entre autres. Son but est d’inciter à lamultiplication des pilotes industriels, de développerles modèles économiques adaptés et de formulerles recommandations aux politiques.

Première à s’être positionnée sur le sujet, la jeunesociété SolarFuel mène de front quatre projets dedémonstration. En 2009, elle construit avec leCentre de recherche sur l’énergie solaire et l’hydro-gène (ZSW) de Stuttgart une petite unité de 25 kW."Cette installation tient dans un container,explique Stephan Rieke, responsable commercialde Solar-Fuel. On a pu la déplacer afin de la testeravec différentes qualités de CO2 : extrait de l’airambiant, CO2 pur provenant d’une centrale biogaz,mais aussi utilisation directe du biogaz lui-même[mélange de CO2 et de méthane, ndlr]. Elle n’avaitpour but que de démontrer que le processus fonctionnait."

Depuis, SolarFuel a entrepris la construction d’un prototype dix fois plus puissant (250 kW) avecle ZSW, l’institut Fraunhofer et le développeur de projets renouvelables Juwi. Il sera achevé en 2012 et recourt à une technologie déjà sur le marché pour l’électrolyseur, de type alcalin. Le réacteur de méthanation est en revanche conçu par les chercheurs, car le catalyseur doit fonctionner avec dudioxyde de carbone au lieu du monoxyde de carboneutilisé dans l’industrie. "L’électrolyse et la méthana-tion ne sont pas des procédés nouveaux, en revanchele couplage des deux a besoin d’être développé."

Par exemple, quand dans l’industrie la méthanations’effectue sur un mode continu, elle doit ici fonctionner de manière discontinue, selon l’électri-cité disponible. Or, la réaction s’effectue à 350°C etle catalyseur a besoin d’être maintenu à température.Mais comme elle dégage aussi beaucoup de chaleur,l’innovation consiste à isoler le réacteur pour luiconférer une grande inertie thermique en périodede creux tout en parvenant à évacuer la chaleurexcédentaire en période d’activité. Chaleur quipeut à son tour être valorisée dans les unités debiogaz auxquelles les installations de méthanationsont accolées. Les méthaniseurs (plus de 7 000 enAllemagne) fournissent en effet le CO2 nécessaireau processus.

Montée en puissance

"Chaque nouveau pilote nous permet de tester des électrolyseurs de différentes fabrications etd’optimiser l’ensemble du processus, poursuitStephan Rieke. Le plus grand défi est de parvenir àfaire baisser les coûts de production. Aujourd’hui,tous les composants proviennent de série limitée,voire sont manufacturés, mais une fois passés austade commercial nous visons un prix d’environ1000 € par kW." La société annonce en effet vouloirlancer la commercialisation d’unités allant jusqu’à20 MW dès 2015.

Les deux autres pilotes devant être achevés en 2013 sont des jalons importants vers cet objectif : 1 MW en Bavière en partenariat avec des régiesmunicipales (Thüga, Erdgas Schwaben, Gasag) et6,3 MW pour Audi, dans le nord du pays. Leconstructeur automobile, qui investit aussi dans lesparcs éoliens offshore de la mer du Nord, entend eneffet proposer un véhicule, une Audi A3 TCNG, roulant au méthane de synthèse "éolien", rebaptisé"e-Gas" pour l’occasion. L’unité de méthanationdoit injecter dans le réseau de gaz 1,4 millions dem3 de méthane par an, de quoi faire rouler uneflotte de 1 500 voitures, parcourant chacune 15 000km par an. Ce carburant fera du véhicule l’un desplus propres qui soit avec un niveau d’émissions de30 g/km. L’installation devrait consommer 330 m3

de CO2 et 1,5 m3 d’eau par heure. Son rendementdevrait se situer à 54 %, mais SolarFuel espère parvenir à plus de 60 % d’ici 2015. En valorisant lachaleur dégagée dans les centrales biogaz ouréseaux de chaleur, le rendement global devraitêtre encore supérieur.

Alternatives

Sortir du nucléaire n°57page 46

© Enertrag

Depuis le 1er octobre 2011, Greenpeace Energy, fournisseur d’électricité vertebasé à Hambourg, propose une nouvelle offre baptisée "proWindgas". Celle-ciconsiste à vendre du gaz naturel dont le prix comprend une part de 0,4 c€/kWhdestinée à promouvoir le développement du "Windgas", le gaz éolien. L’offre adéjà séduit plus de 6000 clients. Greenpeace Energy a ainsi conclu un premieraccord en janvier dernier avec Enertrag pour la fourniture d’hydrogène à raisonde 400 MWh en 2012 et de 1,2 GWh en 2013. Cet hydrogène est produit par unecentrale hybride située à Prenzlau, près de Berlin, combinant un parc éolien, uneunité de biogaz et un électrolyseur de 500 kW. Produit par l’électricité excéden-taire, cet hydrogène est ensuite injecté dans le réseau de gaz. GreenpeaceEnergy, qui possède huit parcs éoliens et trois centrales solaires, pour un totalde 54 MW, entend construire un deuxième électrolyseur en 2013.

Du gaz éolien déjà en vente

La centrale hybride d'Enertragproduit de l'hydrogène à partir del'électricité éolienne en surplus.

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Alternatives

Ces différents partenaires préfigurent des clientspotentiels pour cette technologie : constructeursautomobile, fournisseurs d’énergie, développeurséolien, etc. La rentabilité d’une installation dépendrade la stratégie de l’opérateur, le but étant de la fairefonctionner le plus longtemps possible. "À partir de2000 heures de fonctionnement par an, on entredans une économie intéressante. C’est pourquoi il nesuffira pas d’exploiter l’électricité éolienne excéden-taire, c’est encore trop peu. Il faudra aussi se positionner sur le marché de l’électricité pour profiterdes périodes de prix bas. Notre objectif est de pou-voir vendre un méthane à un prix comparable à celuidu biogaz, environ 9 c€/kWh." Greenpeace Energy a calculé que le coût actuel de l’hydrogène "éolien",sans l’étape supplémentaire de méthanation, s’établissait à 30 c€/kWh. La marche est par consé-quent encore haute, mais l’on évoque déjà la mise enplace d’un tarif d’achat pour lancer cette nouvelleénergie renouvelable.

Vincent BoulangerSource : Énergie Plus, mai 2012, n°485

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© Enertrag

La méthanation en France

Note du Réseau : là où l'Allemagne s'achemine versune utilisation de la méthanation dans le cadred'une transition vers un système énergétique renou-velable, en France les recherches sur cette techno-logie sont menées par les grands groupes énergé-tiques, qui sont aussi les principaux acteurs dunucléaire... Ils envisagent donc d'utiliser la métha-nation aussi pour "verdir" les centrales ! Il en va de même pour la cogénération d'électricité et dechaleur, technique fondamentale pour économiserl'énergie, que certains proposent d'appliquer à nosréacteurs vieillissants. Tout cela s'inscrit dans lastratégie de l'industrie nucléaire : faire croire quele nucléaire serait complémentaire des énergiesrenouvelables, alors que la réalité (économique,infrastructurelle, etc.) est inverse. Le nucléaireentrave le développement des renouvelables, et là encore la comparaison France / Allemagne estéloquente.

"La méthanation se marie très bien avec les produc-tions d’électricité à faible coût marginal, intermit-tentes telles que l’éolien ou le solaire mais aussiavec celles peu flexibles comme le nucléaire",

estime Jean-Paul Reich, directeur scientifique dudépartement Recherche Innovation de GDF Suez.Toutes les nuits, EDF doit en effet diminuer la puis-sance nucléaire d’environ 4 GW. Si un débouchéétait trouvé à cette électricité, les réacteurs fonc-tionneraient de manière plus régulière, engendrantdes économies de coûts de maintenance. En outre,l’objectif officiel de la France est de se doter de 25GW éoliens d’ici 2020. La méthanation est un sujetencore neuf en France mais les projets derecherche voient le jour, qui impliquent GDF Suez,Solvay-Rhodia, Areva, le CEA, Air Liquide, etc. LesFrançais étant moins pris par le temps que lesAllemands, la recherche s’oriente vers des procé-dés plus innovants susceptibles d’afficher des ren-dements de 75 % pour la production de méthane desynthèse. C’est notamment le cas du projet depilote pré-industriel ElectroHgena où "on injecte del’eau et du CO2 dans un électrolyseur à 550°C et ilen sort directement du méthane, en une seulepasse." ElectroHgena est piloté par Areva et s’ins-crit dans l’appel à manifestations d’intérêt (AMI)"Valorisation du CO2" [...].

Dans cet électrolyseur, l'électricité éolienne permet de "casser" des molécules d'eaupour fabriquer de l'hydrogène(H2), la réaction générant ausside l'oxygène (O2).

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Notes de lecture

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À livres ouverts... Comme à chaque numéro, nous partageons avec vous nos impressions sur quelques-unsdes livres que nous avons reçus ces derniers mois.

Electricité solaire photovoltaïqueen 60 questions/réponses

L'électricité solaire photovoltaïque est,avec l'éolien, une des principales énergiesà développer pour remplacer les énergiesnucléaire et fossiles.

Extrêmement fiable dans la durée, deplus en plus compétitive, peu polluanteen comparaison des filières énergétiquesaujourd'hui dominantes, et en pleindéveloppement technologique, l'énergiephotovoltaïque n'attend que le bon vouloirde notre gouvernement pour exprimerson véritable potentiel en France.

Ce guide, découpé en sept grands axestels que "Pourquoi", "Comment çamarche ?" "Quel impact sur l'environne-ment" ou "Quel impact économique", estcomplet et accessible. Il aborde toutes lesquestions qu'on peut se poser sur le photovoltaïque, des petites installationsindividuelles aux grandes centrales au sol.

Certains points, comme les aides, ou lesdémarches préalables à l'installation, pou-vant évoluer rapidement, de nombreusesadresses Internet sont indiquées. Cela permet à l'ouvrage de rester à jour malgréles changements de réglementation.

Delphine Boutonnet

Un printemps à Tchernobyl

Après un séjour artistique à Tchernobyl,Emmanuel Lepage a trituré plusieurs annéesses ressentis et impressions de voyage avantde nous proposer un témoignage inquié-tant. Poétique et bouleversant.

S'il n'y avait qu'une chose à retenir de sesillustrations, de ses croquis sur le vif, ceserait l'impossibilité de voir et sentir laradioactivité au sein d'un esthétismeenvironnemental surprenant, une naturelibérée de la présence humaine. Tout enconnaissant les conséquences indus-trielles de la catastrophe et sachant que ledanger est présent mais invisible.

Emmanuel Lepage nous conduit à nousquestionner sur cette notion d'abstrac-tion, d'un réel visible qui ne reflète pasune réalité, dissimulée derrière les pulsa-tions du compteur Geiger.

La superposition de techniques gra-phiques et l'utilisation parcimonieuse dela palette des couleurs, avec une prédo-minance du noir et blanc, crée cecontraste saisissant. Quelques touches derouge, de verts lumineux et la lumière quiémane des derniers habitants, contri-buent à accentuer cette opposition entresentiments de danger et beauté de la vie.

Entre doutes, peurs, idées préconçues etincompréhension d'une situation qui lui

échappe, l'auteur réussit le pari de témoi-gner d'une catastrophe tout en nousamenant à des réflexions plus philoso-phiques et ethnologiques. Du grand art,pas seulement graphique.

Jocelyn Peyret

Pourquoi Fukushima après Hiroshima ?Une éthique pour sortir du nucléaire

Fukushima, "l'accident de trop" ? Jean-Marc Sérékian, en est convaincu : aprèsTchernobyl, il est celui qui "boucle un cyclehistorique" en révélant "l'origine etl'unique finalité militaire du nucléaire". Sonlivre rassemble dix réflexions, en autant dechapitres, pour expliciter sur le plan éthiquela nécessité d'une sortie urgente dunucléaire. Un large brassage d'idées surl'espérance de vie du nucléaire, en lien aveccette "machine d'envoûtement, de sécuri-sation sociale du nucléaire" mise en œuvre,au point que les discours rationnels ne semblent pas avoir prise.

L'auteur souligne bien comment "le déni deréalité est devenu durable et flagrant" et"structure l'organisation idéologique dupouvoir". Reste que le poids de l'armenucléaire comme frein à une possible sortiedu nucléaire en France, semble bien tropvite évoqué, quasi uniquement à travers laquestion des victimes des essais nucléaires.Alors qu'il s'agit d'un nœud crucial nécessi-tant une approche à la fois spécifique etcomplémentaire, sans quoi tout projet desortie est voué à l'échec.

Patrice Bouveret

Éd. Observ'ER, 2010, 72 pages, 18 €, disponible en librairie.

Emmanuel Lepage, Ed. Futuropolis, 2012,168 pages, 24,50 €, à commander dans la boutique du Réseau.

Jean-Marc Sérékian, Éd. Médial – Sang de la Terre, 2012, 150 p., 14,50 €, disponible en librairie.

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Notes de lecture

page 49Sortir du nucléaire n°57

Areva mon amour

En revenant sur l'histoire d'AREVA et du limogeage de notre “Atomic Anne”nationale, Thierry Gadault nous invitedans une véritable plongée au cœur del'industrie de l'atome.

Cette enquête, d'une grande qualité etbasée sur des entretiens avec les principauxprotagonistes du nucléaire, nous faitdécouvrir, page après page, les dessousinsoupçonnés de l'entreprise AREVA et dupouvoir acquis peu à peu par la firme. Unpouvoir qui les rend fous !

L'auteur démystifie ainsi l'image souventrépandue d'un lobby uni et revient sur laguerre intestine qui a toujours fait rageentre les différentes branches de l'industrienucléaire. Car le conflit entre les X-pontset chaussées d'EDF, les X-mines du CEA,Cogema, Areva ne date pas d'hier. Iltrouve son origine dès la mise en place del'industrie nucléaire française où, dès ledépart, les deux camps se sont opposéspour prendre le contrôle de la filière.

On comprend alors que la chute d'AnneLauvergeon est directement lié à ceconflit historique et qu'elle était préparée,en sous-main, par l'Elysée depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête del'État. Un État qui a pourtant eu bien du mal à avoir la tête de la patronned'Areva...

Laura Hameaux

Arrêtez la bombe !

L'ambition des auteurs est de briser letabou sur l'arme nucléaire associé auconcept de la dissuasion qui fait de laFrance un goulot d'étranglement du désarmement nucléaire. D'une lectureaccrocheuse et à l'argumentation solide,bien que d'une facture classique, le parisemble réussi. Toutefois, il manque deséléments de réflexion sur la part d'irratio-nalité qui ancre la bombe en France dansune sacralité qui n'existe pas dans lesautres puissances nucléaires où existentune contestation et un débat.

D'ailleurs, l'intérêt majeur de cet ouvragene provient pas tant des argumentsdéveloppés — dont bon nombre aurontun air de déjà connu, surtout pour lesantinucléaires —, mais de la personnalitésingulière de leurs auteurs : un ancienministre socialiste de la défense (cf. soninterview dans la précédente revue), ungénéral ancien conseiller militaire desPremiers ministres Jacques Chirac etMichel Rocard et le représentant enFrance de l'organisation internationaledes Parlementaires pour la non-proliféra-tion et le désarmement nucléaire. Celadonne à cet ouvrage un poids supplé-mentaire à même d'introduire des faillesdans le “consensus médiatique” entou-rant la bombe.

Patrice Bouveret

Avenir RadieuxUne fission française

Après avoir écumé les salles de spectaclesavec sa pièce de théâtre sur l'affaire ELF,Nicolas Lambert revient plus incisif quejamais avec le deuxième volet de sa trilogiequi aborde le nucléaire.Ce livre est plus qu'une simple retrans-cription de la pièce, il propose des éclairages en profondeur sur ce milieuopaque et pourtant au pouvoir depuisplus de 60 ans. Page après page, il nouslivre des informations essentielles à labonne compréhension de cette prise enotage typiquement française.

Le texte intégral est ici enrichi d'uneinterview de l'auteur, de quelques anec-dotes croustillantes, de portraits denucléocrates et d'une chronologie dunucléaire.

La lecture de la pièce est rendu un peu compliquée avec les nombreux commentaires et l'ensemble des notes et précisions qui égrènent cet ouvrage.Mais l'essentiel étant de pouvoir rapidement comprendre les faits et situerles principaux protagonistes, il s'agit bel et bien d'un document que l'on pourrait situer entre une fiction et unrecueil pédagogique. Toutes les fables etmensonges dont nous avons été abreuvésces dernières décennies sont ici décortiquéset démontés dans un style accessible à tous. Tout devient limpide au néophyte.

Jocelyn Peyret

Thierry Gadault, Bourin éditeur, 164 pages, 19 €, disponible en librairie.

Paul Quilès, Bernard Norlain, Jean-Marie CollinÉd. Le cherche midi, 2013, 264 p. 16,50 €. Nicolas Lambert, Ed. L'Échappée, 2012,

128 pages, 10 €.

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Trombinoscope

Sortir du nucléaire n°57page 50

François MativetSortir du nucléaire 89Région Bourgogne

Benoît CoquilleSortir du nucléaire 89Région Bourgogne

Découvrez l’équipe du Réseau“Sortir du nucléaire”

14 bénévoles membres du Conseil d'administration

(7 titulaires et 7 suppléants)Martial ChateauSortir du nucléaire 72 Région Pays de la Loire

Pierric DuflosSortir du nucléaire

Drôme-Ardèche (26-07)Région Rhône-Alpes

Daniel RousséeLes Amis de la TerreMidi-Pyrénées (31)

Région Midi-Pyrénées

Anne MeyssignacCollectif Corrézien Sortir du nucléaire - Région

Limousin

Martin de LavardeCollectif Corrézien Sortir dunucléaire - Région Limousin

Marie-HélèneMancinho

A.V.E.N.I.R. (84) - RégionProvence Alpes Cote d'Azur

Jean-Louis GabySolaire 2000 (03)Région Auvergne

Marc Saint AromanEnvironnement Conscient

(31) - Région Midi-Pyrénées

Steven MitchellCollectif Stop EPR 2 (76)Région Haute Normandie

Sophie MorelLes Désobéissants (14)

Région Basse Normandie

Remi FilliauDéboulonneurs Touraine

Région centre

Cédric LucasRhône-Alpes sans nucléaire(69) - Région Rhône-Alpes

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Trombinoscope

page 51Sortir du nucléaire n°57

15 salarié-e-s et 1 prestataire

Delphine BoutonnetResponsable des

expéditions et des stocks

Régis DelhommeResponsable abonnés

et commandes

Wladimir QuénuMaquettiste

Charlotte MijeonChargée de communicationet des Relations extérieures

Baptiste CollResponsable gestion et collecte de fonds

Annie OrengaSecrétaire comptable

Benoist BussonAvocat, Conseiller juridiquePrestataire de services

Sabine LiWebmestre

Myriam BattarelAssistante Webmestre

Merci aussi aux centaines de bénévoles partout en France qui contribuent à l’action du Réseau et dont la photo n’apparaît pas sur ces pages.

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Philippe BrousseCoordinateur général

Xavier RabilloudResponsable

des publications

Laura HameauxChargée de campagne

Anne-Laure MéladeckCoordinatrice générale

adjointe

Nadia BoukacemSecrétaire

Marie FrachisseCoordinatrice des

questions juridiques

Jocelyn PeyretSoutien à la coordinationdes groupes et actions

Page 52: Revue Sortir du nucléaire 57

L e 9 mars 2013, alors que les catastrophes de Tchernobyl et Fukushima sont toujours en cours, nous étions 20 000

personnes à encercler les lieux de pouvoir pour exiger l'arrêt dunucléaire civil et militaire.

Les conséquences de ces accidents nucléaires n'étant pas prêtesde s'arrêter nous devons impérativement poursuivre la mobilisationet bloquer l'industrie de l'atome, si nous ne voulons pas en être lesprochaines victimes.

En effet quel autre pays que laFrance, qui avec ses 58 réacteurs estle pays le plus nucléarisé au monde,pourrait concourir à devenir le prochain sur la liste des territoirescontaminés ? Et combien de personnessavent que derrière les centrales se cacheune chaîne du combustible sale, polluanteet non maîtrisée, que l'industrie nucléaireprésente comme un "cycle vertueux" ?

Vertueux ? Et pourtant... extraction, transfor-mation, enrichissement, combustion, retraite-ment, utilisation militaire, chaque étape engendredes pollutions radioactives, génère tous les jours des transportsdangereux, expose les populations à des risques majeurs et produitdes déchets qui resteront radioactifs et nocifs pendant des milliers d'années.

Loin du mythe du recyclage et d'une gestion maîtrisée, l'industrienucléaire est en réalité incapable de gérer ses installations et nous place en situation d'accident permanent. Du Niger à laFrance, du Tricastin à La Hague, le nucléaire est omniprésent et nous sommes tous d'ores et déjà affectés par les pollutionsqu’il génère.

Alors, ensemble, refusons que cetteindustrie empoisonne nos vies ! Barronsla route à l'uranium, bloquons la chaînedu combustible et ouvrons la voie auxalternatives !

Nucléaire : de la mine aux déchets,

nous sommes tous concernés

www.chernobyl-day.org

Vous habitez à proximité d'une installation de la chaîne ? Votre ville, son port, sa gare sont

traversés par des convois nucléaires ?

Du 26 au 28 avril 2013, à pied, en vélo, dans les arbres, à l'aidede banderoles, bidons et panneaux, inaugurez avec nous laroute secrète de l'uranium, la route de tous les dangers !

Barrons la route à l'uranium !Chernobyl Day : du vendredi 26 au dimanche 28 avril 2013, trois jours d'actions partout en France