REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

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A SSOCIATION DES P ARENTS ET A MIS DE LA P ÉDAGOGIE S TEINER REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS 14 DÉCEMBRE 2008 EDITORIAL PAGE 1 1.2.3. SOLEIL • REVUE DE L’APAPS La Rencontre : thème cent fois traité sans doute, mais tou- jours neuf et à construire, à l’image de l’homme. Thème à la fois central et multiple comme l’humain. Thème par excellence médiateur dont la culture est nécessaire au plus haut point dans le monde d’aujourd’hui. Ren- contre tout d’abord de l’homme avec lui-même, et au contact de "l’Autre“ que l’on aimerait pouvoir qualifier aujourd’hui de "prochain". Car dans un monde paradoxalement taraudé par les divisions, à l’heure de la mondiali- sation, et exacerbé par les égoïs- mes, c’est vers l’Homme et donc vers la jeunesse qu’il convient de porter ses regards. Le monde a besoin de valeurs qui ne soient pas seulement boursières. L’Apaps a fêté son 7ème anniversaire en mai 2008, et c’était déjà une rencontre avec le projet que nous portons. Ren- contre amicale et chaleureuse également avec celles et ceux qui soutiennent notre travail. Ce fut aussi la très belle conféren- ce donnée à cette occasion par Jean Pierre Ablard sur "l’art de la rencontre“, dont nous donnons ici un extrait concernant le tra- vail des professeurs. En effet, ce thème de la Rencontre se situe au cœur de l’action de l’Apaps : rencontre annuelle des parents et des professeurs animé par un travail étroit entre l’Apaps et la Fédération, liens tissés avec des associations de parents d’écoles Waldorf au niveau européen, mais aussi rencontre entre les parents et la pédagogie par des articles de "fond“ dans la revue, l’édition de conférences, et des témoignages sur la vie des écoles … La célébration de nos 7 ans a été l’occasion de rappeler la nécessité de placer l’Education au cœur de la cité. Il s’agit là d’un devoir qui devrait s’imposer aujourd’hui aux responsables po- litiques, comme à l’ensemble des décideurs du monde de l’éduca- tion, de la culture et de l’économie. Mais cette priorité doit pouvoir s’exercer dans le cadre d’une réelle liberté pédagogique. La créativité ne peut fleu- rir que dans un climat de liberté culturelle. Et quoi de plus culturel que l’Education? La diversité culturelle constitue un fait majeur de nos sociétés. Elle est génératrice de paix et d’humanisme. Elle consti- tue un socle pour une citoyenneté adulte et respectueuse des choix d’autrui. C’est sur ce terreau de la diversité que l’Europe s’est construite. C’est dans cet esprit que la revue 1, 2, 3 Soleil se fait l’écho de réalisations et d’initiatives de la pédagogie Waldorf en Europe et dans le monde. Certes, l’Educa- tion ne relève pas actuellement de la compétence européenne. Elle demeure même nationale à l’excès … Mais cet élargissement de l’horizon est indispensable. Plusieurs articles du présent nu- méro de 1, 2, 3 Soleil témoignent des préoccupations européennes de l’Apaps qui soutient l’initiative Eliant destinée à peser sur les instances européennes, afin de préserver les réalisations issues de l’anthroposophie et respec- tueuses de la nature humaine : médecine et santé, agriculture biodynamique, pédagogie Waldorf notamment… Rappelons qu’un grand "rendez-vous“ européen aura lieu en juin 2009, puisque l’Europe élira ses représentants pour 5 ans. On a parfois le sentiment que les valeurs qui fondent la pédagogie Waldorf se situent à "contre-courant“ face au flot de l’uniformisation qui nivelle tout sur son passage. Mais le Saumon de la Sagesse de la My- thologie celtique ne remonte-t- il pas le courant pour retrouver la Source ? Pour terminer notre propos, et pour que l’espérance d’aujourd’hui soit la réalité de de- main, partageons ces quelques mots de Saint-Exupéry : " Il nous semble à nous, que notre ascension n’est pas ache- vée, que la vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier, et que les contradictions à surmonter sont le terreau même de notre croissance. Nous reconnaissons comme nôtres ceux mêmes qui diffèrent de nous. Mais quelle étrange parenté ! elle se fonde sur l’avenir, non sur le passé. Sur le but, non sur l’origine. Nous sommes l’un pour l’autre des pèlerins qui le long de chemins divers, peinons vers le même rendez-vous “. Bonne lecture à tous Jean POYARD Rencontres au cœur de la pédagogie AIX-EN-PROVENCE Ecole maternelle Rudolf Steiner tél.: 04 42 24 14 18 Mars : Portes ouvertes Mai : Fête de Printemps ALÈS Ecole Caminarem tél.: 04 66 83 20 43 17/12 : Jeux de Noël 21/03 : Portes ouvertes 01/05 : Fête de mai AVIGNON Ecole Rudolf Steiner de Sorgues Tél/Fax : 04 90 83 37 07 20/12 : Jeux de Noël 12-13/02 : Pièce de 11e : La tempète, de Shakespeare 28/03 : Portes ouvertes 8-9/05 : Travaux de fin de cycle (chefs d'œuvres de 11e cl) CANNES MOUGINS Ecole maternelle internationale de Valbonne Tél.: 04 92 98 19 08 Se renseigner CARPENTRAS/MAZAN Jardin d’enfants "Le petit prince“ Tél./Fax : 04 90 69 50 13 6/12 : Marché de Noël Portes ouvertes (date à préciser) CHATOU Ecole Perceval Tél. : 01 39 52 16 64 Fax : 01 39 52 59 40 18/12 : Jeux de Noël 22,23,24/01 : Pièce de la 11e classe: La guerre de Troie n'aura pas lieu de Jean Giraudoux 6/03 : Soirée chefs d'œuvre (12e), 7/03 : chefs d'œuvre de 12e, travaux d'année de 9e 21/03 : Portes ouvertes 4/04 : WOW Day (cf 1,2,3 n°12) 14,15,16/05 : Pièce de 8e classe COLMAR Ecole Mathias Grünenwald Tél. : 03 89 27 13 24 18/12 : Jeux de Noël 20-21/02 : Pièce de 11e classe 28/03 : Vente de printemps 4/04 : Chefs d'œuvre (12e) 17,18,19/04 : Pièce de la 8e classe (suite page 19) " Il nous semble à nous, que notre ascension n’est pas achevée, que la vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier…“

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Page 1: REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

ASSOCIATION DES

PARENTS ET AMIS

DE LA PÉDAGOGIE

STEINER

R E V U E S E M E S T R E L L E D E L ' A P A P S

14D É C E M B R E 2 0 0 8

E D I T O R I A L

PAGE 11.2.3. SOLEIL • REVUE DE L’APAPS

La Rencontre : thème cent fois traité sans doute, mais tou-jours neuf et à construire, à l’image de l’homme. Thème à la fois central et multiple comme l’humain. Thème par excellence médiateur dont la culture est nécessaire au plus haut point dans le monde d’aujourd’hui. Ren-contre tout d’abord de l’homme avec lui-même, et au contact de "l’Autre“ que l’on aimerait pouvoir qualifier aujourd’hui de "prochain". Car dans un monde paradoxalement taraudé par les divisions, à l’heure de la mondiali-sation, et exacerbé par les égoïs-mes, c’est vers l’Homme et donc vers la jeunesse qu’il convient de porter ses regards. Le monde a besoin de valeurs qui ne soient pas seulement boursières.

L’Apaps a fêté son 7ème anniversaire en mai 2008, et c’était déjà une rencontre avec le projet que nous portons. Ren-contre amicale et chaleureuse également avec celles et ceux qui soutiennent notre travail. Ce fut aussi la très belle conféren-ce donnée à cette occasion par Jean Pierre Ablard sur "l’art de la rencontre“, dont nous donnons ici un extrait concernant le tra-vail des professeurs. En effet, ce thème de la Rencontre se situe au cœur de l’action de l’Apaps : rencontre annuelle des parents et des professeurs animé par un travail étroit entre l’Apaps et la Fédération, liens tissés avec des associations de parents d’écoles Waldorf au niveau européen, mais aussi rencontre entre les parents et la pédagogie par des articles de "fond“ dans la revue, l’édition de

conférences, et des témoignages sur la vie des écoles …

La célébration de nos 7 ans a été l’occasion de rappeler la nécessité de placer l’Education au cœur de la cité. Il s’agit là d’un devoir qui devrait s’imposer aujourd’hui aux responsables po-litiques, comme à l’ensemble des décideurs du monde de l’éduca-tion, de la culture et de l’économie. Mais cette priorité doit pouvoir s’exercer dans le cadre d’une réelle liberté pédagogique. La créativité ne peut fleu-rir que dans un climat de liberté culturelle. Et quoi de plus culturel que l’Education? La diversité culturelle constitue un fait majeur de nos sociétés. Elle est génératrice de paix et d’humanisme. Elle consti-tue un socle pour une citoyenneté adulte et respectueuse des choix d’autrui. C’est sur ce terreau de la diversité que l’Europe s’est construite.

C’est dans cet esprit que la revue 1, 2, 3 Soleil se fait l’écho de réalisations et d’initiatives de la pédagogie Waldorf en Europe et dans le monde. Certes, l’Educa-tion ne relève pas actuellement de la compétence européenne. Elle demeure même nationale à l’excès … Mais cet élargissement de l’horizon est indispensable. Plusieurs articles du présent nu-méro de 1, 2, 3 Soleil témoignent des préoccupations européennes de l’Apaps qui soutient l’initiative Eliant destinée à peser sur les instances européennes, afin de préserver les réalisations issues de l’anthroposophie et respec-

tueuses de la nature humaine : médecine et santé, agriculture biodynamique, pédagogie Waldorf notamment… Rappelons qu’un grand "rendez-vous“ européen aura lieu en juin 2009, puisque l’Europe élira ses représentants pour 5 ans.

On a parfois le sentiment que les valeurs qui fondent la pédagogie Waldorf se situent à "contre-courant“ face au flot de l’uniformisation qui nivelle tout sur son passage. Mais le

Saumon de la Sagesse de la My-thologie celtique ne remonte-t-il pas le courant pour retrouver la Source ? Pour terminer notre propos, et pour que l’espérance d’aujourd’hui soit la réalité de de-main, partageons ces quelques mots de Saint-Exupéry :

" Il nous semble à nous, que notre ascension n’est pas ache-vée, que la vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier, et que les contradictions à surmonter sont le terreau même de notre croissance. Nous reconnaissons comme nôtres ceux mêmes qui diffèrent de nous. Mais quelle étrange parenté ! elle se fonde sur l’avenir, non sur le passé. Sur le but, non sur l’origine. Nous sommes l’un pour l’autre des pèlerins qui le long de chemins divers, peinons vers le même rendez-vous “.

Bonne lecture à tous Jean POYARD

Rencontresau cœur de la pédagogie AIX-EN-PROVENCE

Ecole maternelle Rudolf Steinertél.: 04 42 24 14 18Mars : Portes ouvertesMai : Fête de Printemps

ALÈS

Ecole Caminaremtél.: 04 66 83 20 4317/12 : Jeux de Noël21/03 : Portes ouvertes01/05 : Fête de mai

AVIGNON

Ecole Rudolf Steiner de SorguesTél/Fax : 04 90 83 37 0720/12 : Jeux de Noël 12-13/02 : Pièce de 11e : La tempète, de Shakespeare28/03 : Portes ouvertes8-9/05 : Travaux de fin de cycle (chefs d'œuvres de 11e cl)

CANNES MOUGINS

Ecole maternelle internationale de ValbonneTél.: 04 92 98 19 08Se renseigner

CARPENTRAS/MAZAN

Jardin d’enfants "Le petit prince“Tél./Fax : 04 90 69 50 136/12 : Marché de NoëlPortes ouvertes (date à préciser)

CHATOU

Ecole PercevalTél. : 01 39 52 16 64Fax : 01 39 52 59 4018/12 : Jeux de Noël22,23,24/01 : Pièce de la 11e classe:La guerre de Troie n'aura pas lieude Jean Giraudoux6/03 : Soirée chefs d'œuvre (12e),7/03 : chefs d'œuvre de 12e, travaux d'année de 9e21/03 : Portes ouvertes4/04 : WOW Day (cf 1,2,3 n°12)14,15,16/05 : Pièce de 8e classe

COLMAR

Ecole Mathias GrünenwaldTél. : 03 89 27 13 2418/12 : Jeux de Noël20-21/02 : Pièce de 11e classe28/03 : Vente de printemps4/04 : Chefs d'œuvre (12e)17,18,19/04 : Pièce de la 8e classe

(suite page 19)

" Il nous semble à nous, que notre

ascension n’est pas achevée, que la vérité

de demain se nourrit de l’erreur d’hier…“

Page 2: REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO :

Jean Pierre Ablard, Anne

Dichamp, Anne-Marie Doret,

Martine Dubiez, Danièle Dubois,

Mariam Francq, Robert Greuillet,

Didier Hamel, Maaike Holdstock,

Nancy Huston, Michel Joseph,

Benoit Journiac, Maryvonne

Moncharmont, Jacqueline Perdriat,

Jean Poyard, Phillip Reubke

S O M M A I R E

Edito p 1

De la couleur à la forme p 2-4

Les jeux de Noël p 5-7

Rencontre parents européens p 8

Dynamiser l'esprit de l'europe p 9

Les rencontres parents-profs p 10

Alliance for childhood p 11

L'Esprit du temps p 11

Les 7 ans de l'Apaps p 12-13

Le travail des professeurs p 14-15

Témoignage de Nancy Huston p 16

Nos voisins d'Amérique p 17

A Marie Françoise Cuvillier p 18

Blanchefleur p 19

Le jardin des petits p 19

Une école à la ferme p 20

De la couleurà la forme

Activités picturales dans les petites classespar Robert Greuillet

Pour la développer, l’art et la culture du beau seront précieux afin de saisir, de structurer ces forces nouvelles de façon vivante et d’en faire des capacités qui pourront être mises au service d’apprentissages scolaires évolutifs

L’enfant porte en lui un trésor d’images. Une part de ces images intérieures va constituer la matière première qui, en se différenciant, en se précisant dans ses contours et en s’enrichissant, contribuera aux premiers apprentissages. Ces ima-ges sont à l’origine des capacités de représentation et de mémorisation.

La pratique des arts, dans les écoles Rudolf Stei-ner, n’a pas comme but de former de futurs artistes. Comme les soins physiques l’ont fait pour le corps lors des sept premières années, la culture artistique va contribuer à donner forme à la vie intérieure, en se servant de ces nouvelles forces disponibles, tout au long de la deuxième septaine.

La place des arts dans le processus édu-catif proposé dans nos écoles est, de ce fait, fondamentale.

Dans les premières classes la peinture joue un rôle bien particulier. Elle met en œuvre le mystère de l’image, celui des formes et des couleurs, reflets des nuances de la vie de l’âme.

La peinture et le grand geste des premières classes

Rudolf Steiner attire l’attention sur les deux fonctions différentes de l’œil :

- qui suit les contours des objets, les formes et fait alors le geste du dessinateur,

- ou perçoit les surfaces colorées selon les différences de valeurs entre le clair et le sombre,

lorsqu’il devient peintre.Une différenciation existe entre le domaine de

la peinture et celui du dessin. Dans nos écoles – Rudolf Steiner en parle lors

des conseils donnés pour le premier jour d’école, lors de l’arrivée de l’enfant en 1ère classe – ces deux domaines sont tout d’abord nettement distincts, constituant chacun une matière à part entière.

Tout ce qui est trace de mouvement, dessin, graphisme, précision du trait, est travaillé dans une discipline propre aux écoles Steiner-Waldorf: le dessin de forme ou dessin dynamique. C’est un des piliers de l’enseignement dans les petites classes. En revanche, ce qui concerne la couleur et les lois du monde coloré est mis en œuvre dans "le cours de peinture“.

Le domaine de la peinture sera ici principale-ment celui de la couleur traitée en surface.

La plupart des exercices proposés dans ce cours, dans les trois premières classes, partiront de la couleur pour aboutir éventuellement à la forme. Au lieu de commencer par un dessin au trait qu’on emplit de couleurs, comme cela se fait souvent par ailleurs, ce qui éloigne l’enfant de son expérience visuelle immédiate (les objets sont rarement cernés de cette façon), c’est du dynamisme de la couleur elle-même, de la force qu’elle contient, répand ou concentre, c’est du sentiment qu’elle suscite que naîtront progressivement la forme et le motif.

Il s’agira alors de considérer le mouvement des couleurs dans l’espace. Pour un petit enfant qui est de façon immédiate dans la perception sensorielle, il est évident qu’un bleu s’éloigne et que le rouge s’approche de lui. L’expérience répétée, l’exercice fréquemment pratiqué et ressenti dans toutes ses

A PARTIR DE 6, 7 ANS, L’ENFANT ABORDE UNE NOUVELLE ÉTAPE DE SON ÉVOLUTION. LA PERTE DES DENTS

DE LAIT ET L’APPARITION DE LA DENTITION DÉFINITIVE SONT LES SIGNES D’UNE PROFONDE MÉTAMORPHO-

SE. A CET ÂGE ET POUR UN CYCLE DE SEPT ANNÉES ENVIRON, DES FORCES VONT ÊTRE DISPONIBLES POUR

ÉLABORER DE NOUVELLES FACULTÉS. L’UNE D’ENTRE ELLES, POUR CE QUI EST VISUEL, EST PARTICULIÈRE-

MENT INTÉRESSANTE POUR NOTRE SUJET : LA FACULTÉ D’AFFINER, DE PRÉCISER LA FORME DE NOS IMAGES

INTÉRIEURES.

La citation de la première page

est extraite de "Lettre à un otage“

de Antoine de Saint-Exupéry

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variations lui permettra d’enrichir, de cultiver les sensations vécues spontanément.

En cours de pein-ture, l’éducation artis-tique proposée dans les écoles Waldorf au cours des premières classes sera dispen-sée principalement grâce à des exercices guidés, proposés en fonction de ce qui vit dans l’âme des enfants et qui reste la source première. A l’énoncé d’un exercice propo-sant un questionnement précis en termes de couleurs, chacun pourra répondre par sa peinture de façon judicieuse en même temps qu’originale et individuelle.

Par ailleurs, l’expression d’images per-sonnelles spontanées, riches et nombreuses à cet âge, trouvera également sa place en classe, grâce à la peinture mais aussi au moyen du bloc, du crayon de cire ou de techniques mixtes.

La technique : L’aquarelle sur papier mouillé.

Pour ce qui est des moyens employés en peinture, une technique à la fois simple, souple et riche de possibilités nous aide à nous approcher de ce but : l’aquarelle sur papier mouillé (lavis). Travaillée horizonta-lement, elle rend possible tous les fondus et dégradés, aide, si besoin, à dissoudre les contours trop définis, facilite le rendu régulier en larges surfaces, en taches de couleurs. Grâce à cette technique, l’enfant approche aussi intimement l’élément avec lequel il a une relation intense : l’eau por-teuse de vie.

La couleur et l’eau ont un lien originel. Un caillou sec semble terne, alors qu’une fois mouillé, il brille de nuances colorées insoupçonnées. Sur un support humide, la couleur semble vivante, prend toute sa

force et se meut d’un mouvement qui lui est propre : le bleu simple-ment posé sur la feuille mouillée ne réagit pas comme le jaune, par exemple.

La peinture prati-quée dans cet esprit est une aide précieuse pour conserver à l’enfant sa mobilité in-térieure, nécessaire à un développement harmonieux.

Une lecture du plan scolaire En 1ère classe, l’enfant fait l’expérience

approfondie de la couleur avec laquelle il est amené à peindre, l’expérience de la rencontre avec cet élément que le maître caractérisera d’abord dans son dynamisme et son mouvement.

Les contes qui servent de toile de fond à cette classe, au travers desquels l’enfant revit le passé de l’humanité, permettent, sans que cela devienne illustration, d’ex-périmenter le lien existant par exemple entre tel personnage et une tache de jaune rayonnant, entre tel autre et le bleu enveloppant…

Fraîcheur, joie légère et émerveillement s’expriment spontanément dans ces cours hebdomadaires très attendus par les en-fants. Des liens profonds entre le monde des couleurs et la vie intérieure naissante s’organisent.

Après les avoir nommées et découver-tes dans leurs personnalités propres, l’élève peut affiner sa perception de la rencontre de deux couleurs. On distinguera alors les unions qui ont de la force, comme celle du jaune et du bleu (deux couleurs primaires) et les juxtapositions qui ont moins de carac-tère, comme celle du jaune et du vert (une couleur primaire et une secondaire). Les accords de deux ou trois couleurs seront

pratiqués dans toutes leurs possibilités de variations et de composition. Dans ce cours régulier, les bases du langage des couleurs seront mises en évidence en lien avec l’ex-périence et la sensibilité des enfants.

Une fois l’exercice terminé et les cou-leurs sèches, souvent le lendemain, un temps sera pris pour parler des sensations, des sentiments éprouvés devant telle ou telle proposition colorée.

Dans quelle image, par exemple, le rouge est-il le plus brillant du fait de son lien avec telle ou telle couleur ? Dans quelle image apparaît-il plus en relief ? Quelle impres-sion donne ce dégradé de bleu ? Le jaune est-il plus lumineux dans tel environnement coloré ou dans tel autre ? Il s’agit alors de développer, non pas le jugement de valeur sur les capacités des élèves, mais la faculté de ressentir en soi la vie des couleurs, leurs relations entre elles ainsi que la possibilité de les caractériser.

L’image créée par chaque élève sera affichée au milieu de toutes celles de ses camarades. Au cours de la semaine, que de regards d’enfants se tournent vers leurs peintures pour s’en émerveiller, s’étonner, se placer dans le groupe et apprendre des propositions des autres !

La 2ème classe permettra d’approfon-dir, de préciser ce qui a été abordé l’année précédente et de faire la connaissance de la qualité de sentiment propre à chaque couleur. L’enfant vit alors davantage au sein d’une dualité qui le rend particulièrement sensible au rapport entre les mouvements de l’âme et les couleurs : un rouge peut-être réconfortant et royal ; le jaune pur et joyeux est si délicat qu’une seule goutte de bleu suffit à le rendre triste et barbouillé tandis qu’un violet mal intentionné peut l’ensorceler.

La couleur est alors identifiée, non seu-lement à une activité dynamique, mais aux situations morales. Nous proposerons à l’enfant de 2ème classe qu’il expérimente les couleurs comme illustration sourde de ce qui commence à vivre en lui.

Encore tout imprégné du monde ambiant, il ressent à cet âge le besoin d’être actif en complétant toujours un peu les choses qui l’entourent. Il vit particulièrement bien les aventures des animaux qui parlent comme des êtres humains. Les fables et les légen-des des saints, dans lesquelles la dualité évoquée est évidente, peuvent aussi être utilisées comme source d’inspiration en cours, sans encore être illustrées à pro-prement parler.

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PHOTO ELIANE NAGATA

L’élève, plus confiant vis-à-vis de la technique, commence consciemment et avec un enthousiasme qui surprend souvent un observateur de passage, à créer de nouvelles couleurs en mélangeant des couleurs primaires, ce qui n’avait pas encore été travaillé régulièrement jusque-là.

La quête du sensEn 3ème classe, dans sa 9ème année, l’enfant

se met, peu à peu, à s’interroger en profondeur sur le sens des choses. Il pénètre alors dans le monde de l’Ancien Testament ; les récits imagés qui lui sont adressés font écho aux évènements qu’il vit intérieurement à cet âge.

En peinture, nous commençons l’année en abordant les grandes images de la Création. Le cheminement au travers des certitudes, mais aussi des doutes, est la conséquence de cette confron-tation avec la matière créée. L’enfant est mainte-nant capable de travailler avec finesse les nuances colorées : les dégradés, le léger, le sombre. Cela permet, si besoin est, et conformément à son vécu

intérieur, de créer des am-biances, des accords plus tendus, plus dramatiques ; les personnages de l’Ancien Testament se revêtent du rouge de la colère divine, du bleu du découragement. Les ténèbres deviennent violet foncé, Tubalcaïn le forgeron est environné de rouge ardent.

Au cours de la 3ème classe, l’accord élémentaire et primordial bleu-jaune-rou-ge, peu à peu, laisse place au sein de l’âme à l’accord vert-orange-violet, plus ter-restre, plus mystérieux aussi.

L’enfant quitte le Paradis des couleurs primaires, manifesté avec éclat dans le monde extérieur, pour découvrir un monde plus intérieur et plus secret. La couleur devient activité : à ce moment, on vit avec les enfants ce passage de l’humanité où, comme dans l’Ancien Testament, un peuple en quête de son identité, de son Moi divin part à la recherche de la terre promise.

D’autres périodes de cours montrent parallèle-ment l’activité des hommes qui travaillent, cultivent et transforment la terre pour y vivre dignement. Les mouvements intérieurs et les atmosphères s’in-tensifient et vont permettre de mener davantage la couleur vers la forme par une sorte de densifi-cation, de décantation progressive.

Tout ce qui est dessin, ce qui a besoin de dé-tails - les illustrations concernant les métiers, les plantes – ne sera pas délaissé, mais plutôt pratiqué à sec, au crayon de cire. Ajoutons que, dans cette classe, la peinture peut être déjà envisagée par

période de 10 à 15 jours.Entre la 3ème et la 4ème classe, a lieu ce que

Rudolf Steiner appelle "le passage du Rubicon“ : ce point de non-retour où l’enfant s’engage réso-lument dans le monde terrestre.

A partir de la 4ème classe, la surface colorée et la forme évoquées plus haut, vont s’unir plus intensément pour donner naissance à des images plus réalistes, tandis que la vie intérieure devient davantage consciente et indépendante du monde extérieur. L’enfant ne va plus autant vivre dans l’imaginaire ; il cherchera à être encore plus en lien avec son environnement.

La question de la ressemblance avec le réel va alors émerger avec force et sera prise en compte dans les cours de peinture.

L’enfant s’incarnant davantage, la démarche artistique dans les arts qui lui sont proposés va se métamorphoser et se diversifier. Il sort peu à peu de l’enfance pour aller vers l’adolescence et la maturité terrestre.

Nous pourrons montrer comment le plan sco-laire accompagne cette évolution.

Transmettre des valeurs profondément humaines

Grâce à l’éducation artistique et la pratique d’un art, il est possible d’avoir accès à une part du mystère de la vie de façon personnelle, immédiate, intuitive, de faire l’expérience du lien de l’homme à l’univers. Cette démarche artistique contribue à une compréhension sensible du vivant, de l’humain et à l’ouverture du cœur devant le monde.

Le développement de cette sensibilité favorise un sentiment de responsabilité, de gratitude vis-à-vis de la création et d’émerveillement devant la beauté de l’univers.

Enseigner et faire pratiquer l’art aux enfants, c’est cultiver et transmettre des valeurs profondé-ment humaines, comme la créativité, l’harmonie, le respect, le tact, le discernement et la capacité d’agir librement.

Robert Greuillet Professeur d'arts plastiques à l'école PercevalBibliographie :

- Nature des couleurs, Rudolf Stei-

ner , EAR

- La progression de la peinture et du

dessin dans les écoles Steiner Waldorf,

Bernadette Hégu, Fédération des écoles

Steiner Waldorf en France

- Voir, vivre et comprendre les couleurs,

Ueli Seiler-Hugova, Triades

- Le traité des couleurs, Gœthe, Tria-

des

- Couleur, Liane Collot d’Herbois, EAR

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L'automne est rougeRouge de colèreLa colère des feuillesDes feuilles décrochéesQui voulaient rester làBien au frais bien au froidPour écouter l'histoireQue racontent sapinsCyprès épicéasAux soirs de la Noël

Liska

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Chaque matin, de semaine en semaine, la lumière grandit.

C’est à l’époque où le soleil a une action moindre sur la terre, où toute vie semble s’être retirée au sein de cette dernière que l’on commémore la Nativité. Vient alors le temps des Jeux de Noël que tous les pro-fesseurs du millier d'écoles Waldorf dans le monde offrent aux élèves, aux parents, aux amis. Cette tradition se transmet de gé-nération en génération depuis la fondation de la première école à Stuttgart en 1919. Elle renoue avec les grandes coutumes du Moyen-Age et du début des temps moder-nes qui s’étaient perpétuées discrètement à Oberüfer, petit village isolé sur une île du Danube. Ces Jeux avaient été recueillis par Julius Schröer, professeur à l’université de Vienne au XlX ème siècle, maître du jeune Rudolf Steiner. Plus tard, celui-ci les choi-sit pour célébrer Noël avec les enfants des écoles Waldorf.

A l’origine, à Oberüfer, ils étaient joués

uelques semaines nous sépa-rent de la fête la plus univer-sellement célébrée dans le

monde occidental.Une véritable frénésie s’empare alors

des foules qui envahissent les magasins, les restaurants, les spectacles et se bous-culent dans une débauche de lumières, de musiques. C’est aussi le temps des appels à la générosité, aux dons. Cette agitation est-elle le prélude à la plus intime, à la plus douce fête de l’année?

Noël est bien une fête de lumière mais de lumière intérieure et de chaleur. Pendant ces jours sombres, dans les écoles Waldorf, le long chemin vers Noël est ponctué de fêtes, vécues surtout par les plus jeunes: St Martin, le Jardin de l’Avent, St Nicolas, Ste Lucie...La période de l’Avent, période de l’attente, est chère au coeur des enfants avec le Calendrier et la Couronne de l’Avent.

par les paysans et ils en ont gardé leur sim-plicité touchante et naïve. Ainsi la compa-gnie du Jeu du Paradis est précédée d’un paysan portant un petit sapin et d’une paysanne tenant une boule de gui, deux plantes chargées de symboles.

Dans la plupart des écoles de langue française, le texte du Jeu d’Adam (auquel assistent les enfants à partir de la 3ème classe) est de tradition très ancienne. Il relate le début de l’Ancien Testament, la création et la chute de l’Homme. Il est grave mais aussi plein d’espoir. Les grandes paroles de Dieu ouvrent une voie vers l’avenir." Puis un homme en la croix mourra,Autrement être ne pourra.Et par sa mort l’humain lignageSera ôté de lourd servage".

La fête d’Adam et Eve, le 24 décembre,

précède celle de la Nativité que la deuxième partie des Jeux évoque avec l’Annoncia-tion, le Voyage à Bethléem, la Nativité, le Jeu des Bergers.

Après la tension du premier Jeu, nous retrouvons avec le chanteur à l’étoile nos joyeux paysans qui, par la grâce de leur humilité, vont s’effacer derrière l’Ange, Marie, Joseph, les aubergistes, la servante. Et "nous verrons le Jeu commencer“.

Ce n’est pas une pièce de théâtre comme nous l’entendons à l’heure actuelle, mais une succession de tableaux, d’images, qui touchent encore notre cœur comme celui des foules du Moyen-Age.

Les textes du Voyage à Bethléem et de

la Nativité ont pour base l’Evangile selon St Luc qui évoque la naissance de Jésus dans une étable et l’adoration des Ber-gers. Combien est émouvante cette Marie si douce, si pleine d’humilité et d’accepta-tion! Marie, si pauvre, est habitée par la confiance, la foi qui donnent la force de poursuivre la route.

Notre coeur se serre lorsque Joseph et Marie sont rejetés, situation archétypique des grandes misères dans lesquelles se débat le monde. La compassion de la plus humble des servantes les guide vers un abri. L’étable

par Jacqueline Perdriat

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Jeux de Noëldans les

écoles Steiner-Waldorf

Les

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est sombre. Joseph est inquiet mais l’Ange participe à la naissance et tout s’illumine dans un moment de silence recueilli. Tout comme les enfants, nous "voyons“ l’Enfant dans la crèche.

Les oeuvres d’art si nombreuses Le re-présentent couché, nu. Marie agenouillée se penche vers Lui et leurs regards, le plus sou-vent, se croisent. Marie salue l’Enfant :"Je, pauvre créature,Ainsi qu’il est droitureTe salue humblement ".

Et les bergers vont entrer en scène avec

leur verve, leurs éclats de joie, leur simplicité. Moment de détente tant attendu tous les ans par tous grands et petits. Les querelles cessent avec le partage du repas apporté par Sylvain le plus âgé, le plus pondéré, mais aussi par ce qu’il raconte :" Le Messie dont nous avons soif,Le Messie viendra dans le mondePour consoler, délivrer les cœurs purs. Alors, nous serons sur la terreDélivrés du tourment de misère “

Alors, par l’intermédiaire du songe, le représentant du monde spirituel leur apparait pour leur annoncer "des temps nouveaux“. Ils l’entendent par "l’oreille du cœur“ et décident de tout abandon-ner, de partir dans la nuit et le froid avec leurs modestes offrandes sans valeur ma-térielle mais ô combien précieuses! Ce ne sont pas des cadeaux mais des dons car ils sacrifient quelque chose nécessaire à leur subsistance.

Leur quête se fait dans l’obscurité. Rien ne les guide que "leurs cœurs dévorés de zèle“ ainsi que Joseph l’a perçu quand il ouvre la porte:"Qui cherchez-vous par ici, mon ami? Quelqu’un qui veuille vous mener plus loin?Quel but oriente vos penséesEt vos cœurs dévorés de zèle?“

L’Adoration des Bergers fait partie des grands thèmes que bien des artistes inspirés ont évoquée dans leurs oeuvres où l’Enfant est couché, si petit, si fragile, si attendrissant. Guillot, Gallus, Sylvain, ber-gers représentants des forces du coeur, compatissent et repartent illuminés, apai-sés, enrichis intérieurement.

Cette quête de l’Enfant ne se poursuit-elle pas en chacun d’entre nous pour aller plus loin?

Quand le bon vieux Crispin souhaite par-

ticiper aussi à l’évènement, il demande:"Est-ce loin?“

La réponse du plus jeune berger fait toujours sourire:"Le temps d’y arriver!“

N’est-elle pas bien sage, cette réponse à notre époque où tout le monde se plaint de "ne pas avoir le temps“ et de "n’arriver à rien“? Pour chaque individu, il faut "le temps d’arriver“ au but, quel qu’il soit.

Lorsque toute la compagnie a décrit un grand cercle autour de l’assistance, en chantant et qu’elle a quitté la salle, les images vivront encore longtemps. Que de générations d’enfants pleins de fraîcheur les ont recréées dans leurs jeux à la mai-son! Les paroles résonnent dans le souvenir tant et si bien, qu’au fil des années, chaque réplique reste si vivante, et qu’on la récite intérieurement avec les joueurs.

Ainsi les Jeux de Noël reviennent comme un point central au milieu du cercle de l’année. Ils sont toujours les mêmes et présentent toujours le beau geste de Marie au moment de la Nativité ou la chute des bergers sur le verglas. Cependant, ils restent vivants car toutes sortes de nuances colorent gestes et paroles selon l’interprétation.

A notre époque où le "zapping“ cher aux téléspectateurs s’infiltre partout, dans tous les domaines de la vie, il est intéressant de faire l’expérience inverse : retrouver chaque année, à la même époque ce que l’on croit connaître par cœur et s’apercevoir qu’avec les années, l’oreille entend différemment, l’œil voit autrement selon sa propre maturité. On découvre alors d’autres richesses que

celles de l’année précédente même après les avoir vécues des dizaines de fois.

La période de Noël commence donc ainsi et s’achève avec le Jeu des Rois, après les douze jours saints qui séparent le 25 dé-cembre du 6 janvier.

Dans les premiers temps de l’Eglise, l’Epiphanie (qui signifie "apparition“) était la fête la plus solennelle des chrétiens. On y honorait le même jour : la naissance de Jésus à Bethléem, son Adoration par les Mages, son baptême par Saint Jean-Baptiste, son miracle à Cana où il changea l’eau en vin. C’est le pape Jules Ier au IVème siècle qui fixa la date de Noël au 25 décembre, trois jours après le solstice d’hiver. Le 6 janvier fut réservé à la commémoration de l’Ado-ration des Mages.

A la rentrée des vacances, le Jeu des

Rois offre un deuxième aspect de Noël, ô combien différent! Il est joué dans certaines écoles de langue française.

L’Evangile selon Matthieu lui sert de trame. Le texte de Marguerite de Navarre résonne avec gravité, sobriété, dans une belle langue qui demande un réel effort pour suivre le contenu de chaque tirade. Plus de naïveté, plus de compassion, Le mal, le mensonge, la tyrannie entrent en scène avec Hérode et sa clique jusqu’à l’impitoyable massacre des Innocents, si-tuation également archétypique.

Avec les Rois nous sommes dans une toute autre ambiance qu’avec les Bergers. Ils étaient en quelque sorte les "savants“ de leur temps qui pouvaient, entre autres, lire dans la sagesse des étoiles. Dès le début,

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nous sommes avertis que ce ne sera pas le coeur qui les guidera, car Dieu dit :" Le Fils aimé, par lequel tout je fais,Je ne veux plus qu’il soit tant méconnu.Ce qu’ai promis, longtemps, à maintes fois,A mes élus, je veux qu’il soit tenu.Les bergers l’ont comme Dieu reconnu.Si au bas peuple ai fait ce bien apprendre,Aux sages rois du Messie la venueJe veux aussi faire nouvelle entendre.Or, levez-vous, parfaite Intelligence ! “.

Les trois Rois, si pleins de savoir, sont

tourmentés intérieurement, selon leur nature respective, par le doute, l’orgueil, le déses-poir. Ils font appel à Philosophie, Tribulation et Inspiration. L’Ange leur dévoile le secret qui mènera chacun vers ce qu’il cherche : "Trouver te faut Divine Intelligence“.

Alors que les bergers formaient déjà un groupe, se connaissaient, les rois, si majes-tueux, si droits et solennels dans leur dé-marche, viennent d’horizons différents, sui-vant l’étoile, et leur rencontre marque le début d’une quête vers la vérité.

Après leur som-bre passage chez Hé-rode elle les guide de nouveau vers l’Enfant. Dans l’art, l’image de l’Adoration des Mages contraste avec celle des bergers. La plupart du temps, Marie est assise, droite, royale. C’est plutôt une Madone. L’Enfant-Christ sur ses genoux n’est plus couché comme dans la crèche : le plus souvent il est debout ou assis. Son regard se dirige vers les Rois

et non plus vers Marie.

Leurs offran-des sont précieu-ses : l’or, l’encens, la myrrhe porteurs de tant de sym-boles. Les Rois ont trouvé "Divine Intelligence". Les échanges entre Marie, Balthazar, le plus âgé en bleu, Melchior, le roi rou-ge et Gaspard le plus jeune tout de vert vêtu, portent le sceau de la sagesse et de la divinité.

Le représentant du monde spirituel leur

parle aussi dans leur sommeil, cette fois après leur rencontre avec l’Enfant divin, pour les prévenir du danger qu’ils courent en revenant vers Hérode.

La sagesse di-vine leur évite le piège que leur im-mense savoir n’avait pas décelé. Alors, Ils reprennent chacun leur route.

Marguerite de Navarre a complété "l’Ado-ration des trois Rois“ par "la Comédie des Innocents“, dramatique, poignante, où la mort est si présente. Elle ouvre le chemin vers Pâques. Et maintenant, le soleil a re-pris son cours ascendant.

Les Jeux de Noël ne sont pas un spec-

tacle. Il faut y participer avec une âme d’enfant. C’est un don des professeurs à l’école qui coûte de nombreuses heures de répétitions.

Chaque année des anciens élèves, des anciens parents retrouvent le chemin des écoles pour se joindre à nouveau à cette sorte de célébration

Les Jeux de Noël et le Jeu des Rois sont modestes et volontairement dépouillés. Ils peuvent parfois paraître anachroniques aux yeux de certains. Ce sont des germes de lumière qui accompagnent petits et grands dans des moments difficiles de la vie. Certaines paroles reviennent et aident à "aller plus loin“ .

Aussi avec l’Ange :"Venez ouïr nos Jeux et ébattements !Et veuillez pardonner s’il y a chose à re-prendreCar n’avons voulu faire chose déplaisanteA personne qui soit vivante...Prenez nos Jeux en gré, Je vous en prie !“

Et "Bon Noël“ à tous ! Jacqueline Perdriat

Ancien professeur de l'école Perceval

Séminaire "Créateur d'école"

Une deuxième session aura lieuà Chatou, les 1 et 2 mai 2009

(date à confirmer)

Se renseigner auprès de la Fédération(01 43 22 24 51)

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Après mûres réflexions et préparatifs concertés, une deuxième rencontre a été organisée par la dynamique association norvégienne, en Grande Bretagne, sur le site magnifique de l’école Michael Hall dans le Sussex, au sud de Londres, sur le thème suivant : "Le développement de l’Enfant et le Rôle des Parents dans une Ecole Waldorf “.

L’assistance avait doublé par rapport à l’année précédente (plus de 20 au lieu de 10) et le nombre de pays aussi ( 9 au lieu de 4). Les pays représentés étaient les suivants: Allemagne, Angleterre, Esto-nie, Finlande, France, Lettonie, Norvège, Slovénie, Suède.

Lors de l’ouverture de la rencontre, la principale organisatrice à Michael Hall nous a présenté les particularités de l’école ainsi que l’organisation des parents. Cette per-sonne, salariée à mi-temps, occupe un poste de "coordinateur de communication“ par rapport aux parents. Outre une présence quotidienne qui commence chaque matin avec le "café des parents“, il y a diverses autres activités qui nous ont paru fort in-téressantes et parfaitement transposables ailleurs. En voici quelques unes :

- Citons en premier "la Journée des Pa-

rents“ qui se déroule un samedi et concerne toutes les classes. Ce jour là, les parents vont à l’école ! Cela signifie qu’ils naviguent de classe en classe, de matière en matière, pour suivre des cours presque à l’identique de leurs enfants ! Génial, n’est-ce-pas ?

De même, sont organisées des "Journées des Enseignants“ pour les enseignants du public et d’autres pédagogies .

- Ensuite, " Les journées Portes Ouvertes“ sont organisées un jour d’école et visiteurs et parents potentiels sont invités à assister aux cours dans les classes !. Ceci s’ajoute bien sûr aux présentations générales et spé-cifiques de la pédagogie et de l’école. Les élèves prennent une part très active dans le déroulement de ces animations.

- Et enfin, "l’entretien de départ“, or-ganisé à l’occasion du départ de chaque famille qui quitte l’école, quelle qu’en soit la raison, afin d’avoir un échange clair et amical avant de se quitter.

Ces quelques exemples nous ont parus particulièrement judicieux !

Le soir nous avons assisté à une re-présentation d’un jeu théâtral par la 7ème classe sur St François d’Assise. Ce thème a servi de tremplin à Christopher Clouder, fondateur et animateur principal du Con-seil Européeen des écoles Steiner-Waldorf,

(en anglais l’European Council for Steiner Waldorf Education : ECSWE), pour sa con-férence du lendemain matin :

On peut caractériser le trait principal de St François par le courage. Celui de renon-cer aux valeurs établies et confortables, et celui d’en créer de nouvelles, basées sur la dévotion et l’intérêt pour les hommes. Ce schéma peut servir d’exemple à tous les hommes de bonne volonté en général, et au mouvement Waldorf en particulier. Par exemple, :

-Accepter pleinement de renoncer aux normes traditionnelles et faire confiance aux nouvelles valeurs !

-S’intéresser aux autres de manière posi-tive plutôt que d’attendre que les autres s’in-téressent à nous de manière négative !

–Adapter notre langage et notre com-portement social pour nous rendre trans-parents, audibles et visibles !

Une autre contribution intéressante est venue de Godi Keller, un enseignant Suisse-Norvégien fondateur et animateur de "l’Académie des Parents“ où il agit en tant que conseiller auprès des parents dans diverses situations et pays, afin de les aider à surmonter les "crises“ et de leur redonner confiance. Il constate que les problèmes rencontrés sont quasi identiques d’un pays et d’un contexte à l’autre…

Un chercheur universitaire et profes-seur Waldorf finlandais, Esa Makinen, nous a exposé aussi les grandes lignes de son sujet de thèse qui portait sur la situation des parents de l’époque actuelle et l’inte-raction avec la société civile, en parallèle à la tradition Waldorf.

Il a rappelé les conseils de R. Steiner sur la nécessité de relations aimantes et respec-tueuses entre parents et enseignants.

Suite à de nombreux échanges après l’ensemble de ces contributions nous avons cheminé vers l’élaboration d’une "charte" pour notre mouvement intitulé : Interna-tional Steiner Waldorf Parents Network, ou Réseau International de Parents Steiner Waldorf, ( en abrégé ISWPN).

Il se définit comme un réseau de soutien réciproque entre parents à travers l’échange d’idées et d’expériences dans le domaine de la pédagogie Steiner Waldorf.

Les objectifs fondamentaux de ISWPN se regroupent en cinq points :

- le droit pour les parents de choisir le type d’éducation approprié pour leurs enfants.

Rencontre européenne des parents Waldorf juin 2008

POUR MÉMOIRE, EN JUIN 2007, (VOIR 1,2, 3, SOLEIL NO. 12), SUR L’INITIATIVE DE L’ASSOCIA-

TION SUÉDOISE DES PARENTS WALDORF , L’APAPS A ACCUEILLI UNE PREMIÈRE RENCONTRE

DE PARENTS WALDORF EUROPÉENS À CHATOU AVEC DES REPRÉSENTANTS DE QUATRE PAYS

POUR UN TOTAL D’ENVIRON 10 PARTICIPANTS. L’OBJECTIF ÉTAIT DE COMPARER NOS ASSOCIA-

TIONS NATIONALES RESPECTIVES ET D’EXPLORER LA POSSIBILITÉ DE STRUCTURATION D’UN

RÉSEAU ÉTENDU D’ASSOCIATIONS DE PARENTS .

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Page 9: REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

Contrairement à ces caricatures enva-hissantes hyper-administratives, hyper-éta-tiques ou hyper-économiques, le vrai visage de l’Europe serait celui d’une libre vie de l’esprit embrassant toutes les cultures et langues nationales, régionales et minori-taires. L’Europe ne doit pas être un "Super Etat“ comme actuellement (type USA) mais un espace de liberté et de fraternité.

Cet espace existe en fait déjà partout dans le monde car c’est l’espace de la rencontre! Là où au moins deux êtres se rencontrent vraiment, là se crée un espace de communi-cation, d’apprentissage, de développement, d’harmonisation sociale et individuelle, es-pace de beauté et de guérison.

Avec la diversité de ses langues et cultures, avec sa manière toute particu-lière de cultiver un individualisme ouvert vers le social, l’Europe a pour vocation de cultiver cet espace. Dès l’ancienne Grèce, c’est cette culture du milieu et du coeur, de l’harmonie entre terre et ciel, de la création de formes communautaires pleinement hu-maines, qui constitue le réel milieu vivant des Européens.

L’initiative Eliant souhaite que la com-munauté européenne et celle des autres pays du monde deviennent sensibles à cette culture de la qualité humaine dans la rencontre. Pour cela elle veut soutenir les

approches issues de l’anthroposophie qui ont fait leurs preuves par leur souci de la qualité dans la nutrition, dans l’agriculture, dans la préservation du cadre écologique, dans la médecine et les remèdes, dans l’éducation et la formation, dans les arts et techniques, dans tous les domaines du social, y compris celui du maniement cons-cient et responsable de l’argent.

Ces démarches courent actuellement le risque d’être laminées par la vague dé-ferlante de la mondialisation néo-libérale qui envahit de plus en plus l’Europe. Pour contrer cela et se faire entendre des auto-rités européennes, il faut s’appuyer sur la législation de la Communauté Européenne. Celle-ci prévoit en effet la possibilité, pour tout groupement d’opinion, d’être reconnu à partir du moment où celui-ci a pu réunir un million de signatures. C’est pourquoi, depuis novembre 2006, l’initiative euro-péenne Eliant s’est mise en place.

Jusqu’à début septembre, elle a réussi à rassembler 506 500 signatures du mon-de entier (dont 440 000 environ de la CE) autour de sa charte, avec - dans la phase actuelle - environ 1000 signatures collec-tées chaque jour. Pour parvenir à un mil-lion de signatures de citoyens de l’Union européenne, l’action Eliant doit en réunir encore près de 500 000 et dispose pour cela de quelques jours si elle veut le faire

avant le 31 décembre 2008. Il suffirait donc de multiplier par 5 le nombre de signatu-res quotidiennes! Cela semble sans doute difficile, mais c’est tout de même faisable, surtout quand on considère que certains grands pays n’ont recueilli que relativement peu de signatures.

Pour ce qui est de la France et de la Belgique, étonnamment bien placées (res-pectivement 2ème avec plus de 50 000 signatures - juste derrière l’Allemagne ! - et 7ème avec près de 15 000), il suffirait que chaque signataire en trouve par exemple 10 autres qui en chercheraient 10 à leur tour, etc.

Pour aider à cela, il est possible de si-gner en ligne: - Vous allez d’abord sur le site : www.eliant.eu- vous pouvez y lire la charte et les diver-ses rubriques- il vous suffit ensuite de cliquer sur la ru-brique "collecte des signatures“- puis sur le drapeau de votre langue- vous remplissez enfin le tableau qui apparaît (reproduit ci-dessous) et vous l’envoyez

"Par ma signature, j’apporte mon soutien à l’Alliance ELIANT qui vise à assurer la re-connaissance juridique pleine et entière de la médecine anthroposophique, des produits alimentaires Demeter, de la pédagogie Stei-ner-Waldorf et des autres initiatives issues de l’anthroposophie en Europe.“Prénom *Nom *Ville *Pays *E-mail *

- Vous pouvez aussi envoyer par la poste en suivant les indications de la rubri-que: "pour signer par courrier“, ou bien en recopiant le texte ci dessus, suivi de votre signature.

Voilà, ce n’est pas trop compliqué mais extrêmement important pour l’avenir tout proche et sans doute même lointain (à con-dition d’écarter assez vite les nombreuses menaces graves pour la planète et ses créatures dont l’humanité - cette dernière en étant la grande responsable).

Merci à vous de bien vouloir aider à faire circuler ce message dans vos cercles et réseaux.

Michel JosephDirecteur de la revue Tournant

Action ELIANT, Rebgasse 37, D-79540 Lörrach Fax : 00 49 7621 168 18 63 • Email [email protected]

QUE FAIRE AVEC CETTE UNION EUROPÉENNE TELLEMENT LOIN DES ASPIRATIONS DES

CITOYENS ET PEUPLES D’EUROPE, DE LEURS CULTURES, IMPUISSANTE LÀ OÙ ELLE DEVRAIT

L’ÊTRE, TROP PUISSANTE LÀ OÙ IL NE FAUDRAIT PAS ?

Pour dynamiserl’esprit de l’Europe

- l’implication à ce libre choix d’un finan-cement égalitaire de la part de l’Etat.

- le soutien de l’impulsion vivante et évolutive basée sur les idées de Rudolf Steiner

- la nécessité d’une solide coopération entre parents et enseignants.

- l’engagement de l’ISWPN à développer les processus et structures appropriés pour soutenir l’ensemble de ces buts.

Cette charte peut être consultée, entre autres, sur le site : www.waldorfparents.net

Le "bouquet final“ de l’apport de Chris-topher Clouder a été l’engagement pris au nom du Conseil Européen de prendre notre

structure en gestation sous son égide et de nous proposer notamment le bénéfice de ses moyens de communication selon nos besoins. Etant donnée l’image prestigieuse et très respectée de cette instance parmi les institutions européennes éducatives, cette "main tendue“ sera un atout très appréciable pour notre structure naissante et permettra une beaucoup plus grande efficacité pour nos actions futures.

Il appartient à présent à chaque pays de faire connaître ce travail, de diffuser cette charte et de réfléchir activement aux suites à donner lors de notre prochaine rencontre qui aurait lieu en Juin 2009 en Estonie… "si Dieu le veut“ ! A suivre !

Mariam Francq

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Pour la seconde année, l’Apaps était partenaire de la Fédération des Ecoles Steiner en France et dans la préparation de ces rencontres, étaient déjà en germes les prémices de leur franche réussite.

Le choix du thème : la démarche goethé-enne comme axe fondamental de la péda-gogie ou "Le rôle de la perception et de l’attention dans l’éducation". Nous avions le souhait que ces rencontres soient des moments d’expérimentation, de partage et d’échanges entre tous les acteurs de la pédagogie, les parents , les professeurs, les amis.

Le choix des modalités de travail : des apports conceptuels suivis d’ateliers, dont les thèmes dérouleront la scolarité du jar-din d’enfants aux grandes classes à travers diverses expériences.

Le choix des intervenants et l’architecture du programme de ces deux journées,

Le choix des lieux, une partie dans l’école de Sorgues, une partie dans une grange située dans un superbe domaine du 17ème siècle agrémenté d’un magnifique jardin d’inspiration florentine.

Voilà le décor planté. Nous nous sommes retrouvés à 150 personnes dès le vendredi soir pour travailler durant tout un week-end à développer en chacun de nous la di-mension de la perception, de l’attention, à expérimenter de manière à percevoir, com-prendre, approfondir les fondements d’une pédagogie soucieuse de l’apprentissage par les sens, de la rencontre par l’attention, de la quête du sens.

Une conférence à deux voix de François Lusseyran et Raymond Burlotte : "Com-prendre le monde en le vivant : l’enjeu de l’enseignement des sciences“ a tenté de mettre en scène la double question: la cul-ture scientifique ambiante permet-elle de conserver la faculté d'étonnement face aux phénomènes ? Peut-on intégrer l'ex-périence dans un processus permettant de renouer avec l'énigme de l'homme face au monde, vécu fondateur d'une véritable connaissance ?

Puis la troupe s’est étoffée le samedi matin avec trois exposés introductifs au travail des ateliers.

Dominique Dupin, jardinière d’enfants qui nous a fait partager la vie bouillonnante du jardin d’enfants où on expérimente, mais aussi où on met en scène la vie réelle, où il est important de cultiver la joie et l’en-thousiasme.

Jacques Monteaux, qui à partir de l’en-seignement de la grammaire, à trois âges différents mettra en perspective l’expérience et la perception. Les exemples montreront combien il est important que l’enfant puisse rentrer dans la signification en la produisant par lui-même.

Emmanuel Canard, comme dans la classe, réalisera une expérience de chimie. Il est important pour les élèves de leur permettre d’éprouver la réalité et ainsi de développer des forces de pensée qui leur permettent d’aller jusqu’à la conceptualisation.

Le scénario était déjà bien avancé, le pu-blic était prêt à entrer en scène : 14 ateliers de travail répartis en trois séances. Selon les thèmes, chacun a pu expérimenter, per-cevoir, conceptualiser dans des conditions identiques à ce que vivent les élèves. Nous avons pu ressentir des émotions comme l’étonnement, l’enthousiasme, la joie, la cha-leur de partager. La diversité des metteurs en scènes (professeurs) nous a donné une magnifique représentation de la diversité, de la qualité des équipes pédagogiques des écoles françaises.

La fin de l’après-midi s’approchant, le jeu s’est transformé, les enseignants ont rejoint leur théâtre pour travailler leur art de la pédagogie, les parents, eux, se sont retrouvés pour parler de leur expérience de parent Waldorf à travers leur engagement individuel et la dimension sociale.

L’Apaps animait ce moment d’échan-ges et de partage. A partir de la présenta-tion de différentes typologies de parents repérées dans le travail de préparation, nous avons proposé aux participants, une trentaine de personnes, de témoigner de

leur expérience. Les témoignages ont été d’une grande richesse. On a pu voir à tra-vers ces expériences, ces questionnements, combien le choix de cette pédagogie a des origines, des motivations différentes ; mais combien il répond pour tous à un véritable questionnement, à une recherche de bien être, d’équilibre pour leurs enfants. Il se dégage pour la majorité d’entre eux une mobilisation intérieure qui n’est pas sans retentissement individuel, familial, social. On perçoit très nettement comment ce que vivent les enfants génère enthousiasme et engagement chez les parents. Nous avons aussi pu entendre combien ce choix est réalisé dans la confiance, malgré certaines difficultés (doutes, difficultés financières) qui apparaissent plus comme source d’en-gagement que de désengagement.

Le dimanche matin dans la brume mati-nale provençale toute la troupe s’est réunie au domaine de Brantes pour partager en-semble, dans une forme de restitution, les vécus, les émotions, les apprentissages de ce week-end. Jacques Dallé, par lecture de plusieurs passages d’un ouvrage de Simone Weil, évoquant le thème central, l’attention, a initié ce moment de travail qui s’est déroulé dans une exceptionnelle écoute, attention des uns et des autres.

Nous avons, pour terminer, ouvert largement les portes du théâtre pour ac-cueillir la présentation des projets des dif-férentes écoles françaises : que de trésors de créativité !

Je veux dire que ce fut une magnifique rencontre, où cette dimension de l’attention a toujours été présente : dans l’accueil de l’école de Sorgues, dans l’organisation où tout semblait aller de soi, dans le travail et si je reprends la définition de l’attention selon Simone Weil "une attitude de l’âme qui fait que l’on se détourne de bonne façon de soi et qui permet de se situer dans le présent à nul autre pareil“, j’ai passé un week-end attentive aux autres, enthousiaste par la ri-chesse du travail, ressourcée par la chaleur des échanges, comme à nul autre pareil.

Anne- Marie Doret

La démarche goethéenne sous le soleil d'AvignonRencontres parents-professeurs 2008

DANS LA DOUCEUR AUTOMNALE, NOUS SOMMES PARTIS PLUSIEURS MEMBRES DU CON-

SEIL D’ADMINISTRATION DE L’APAPS POUR PARTICIPER AUX RENCONTRES NATIONALES 2008

PARENTS/PROFESSEURS/EDUCATEURS QUI SE SONT DÉROULÉES À SORGUES, "EN AVIGNON“

COMME ILS DISENT LÀ BAS !

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"L’alliance pour l’enfance“- quel mou-vement mondial vigoureux se cache der-rière ce nom ?

Hélas, il n’ y a pas beaucoup de vigueur face à la souffrance de l’enfant dans le monde d’aujourd’hui où il est noyé dans des objets et des images tuant sa créativité, ou bien torturé par la misère, étouffé par la pauvreté d’âme, ballotté par des adul-tes incapables de tisser des liens sociaux chaleureux…

Alors pourquoi pas un mouvement fort, une "Alliance“ qui réveille les cons-ciences ? La question se pose à chacun de nous, car l’Alliance for Childhood n’est ni une association, ni une institution, mais un réseau ouvert de personnes (morales ou individuelles) qui prennent des initiatives pour attirer l’attention sur les besoins de l’enfant, qui agissent pour que ses besoins soient respectés.

Bien sûr, les écoles et jardins d’enfants Waldorf travaillent dans ce sens. Mais dans beaucoup d’autres associations, écoles, mouvements et courants pédagogiques, des personnes compétentes sont à l’œuvre qui constatent aussi la détresse des enfants. Chercher le dialogue avec eux pour mener des actions qui touchent un public plus large en dehors des cadres institutionnels, telle est l’idée de l’Alliance pour l’enfance. C’est une invitation à organiser des débats, con-férences, tables rondes, expositions et spec-tacles, à mettre en commun des résultats de recherches et à inventer plein d’autres choses encore pour réveiller les consciences par rapport aux besoins de l’enfant.

L’idée c’est aussi d’agir localement, mais de communiquer plus largement. Par exemple, si vous organisez un débat avec la psychothérapeute, l’institutrice et la jar-dinière Waldorf près de chez vous dans la salle polyvalente de votre village, pour lequel vous avez invité dix journaux locaux, faites le savoir au moins à une autre personne liée à "l’Alliance“, ainsi les annonces et éventuel-lement les résultats du débat se répandent plus largement. En revanche aucun "grand chef“ ne vous demandera d’agir, rien ne se fait sans l’initiative individuelle.

Depuis le lancement de cette idée en 1998 beaucoup de petites initiatives ont

germé ici et là. A Colmar nous organisons modestement chaque année une table ronde dans la Maison des Associations :"L’influence de la Télé sur le jeune enfant“, "Prévenir la violence“, "L’enfant et l’ordinateur“... (con-tact: [email protected] ).

Au niveau mondial il y a des actions de plus grande envergure en cours, qui elles aussi sont le fruit de l’initiative de quel-ques-uns :

Christopher Clouder, ancien professeur de grandes classes en Grande Bretagne, responsable du Conseil Européen des Eco-les Steiner en Europe, a lancé un groupe de travail concernant la qualité de vie de la petite enfance en Europe. Quelques-uns de ces partenaires : un mouvement de pa-rents protestants au Pays Bas, European Children Network (Belgique), Verein mit Kindern Wachsen (Allemagne), Internatio-nal Association for Steiner/ Waldorf Early Childhood Education (IASWECE) et d’autres encore. Ensemble ils rencontrent réguliè-rement un groupe d’Europarlementaires préoccupés par les questions d’éducation. Leur dernière séance de travail à Bruxelles (le 12 novembre) était animée par Bruno Cy-

rulnik: "Quelles mesures peut-on prendre pour améliorer la qualité de la petite enfance dans l’Union Européenne ?“ Le site de ce groupe de travail : www.allianceforchild-hood.eu L’adresse d’une participante fran-cophone, Clara Aerts, jardinière d’enfants en Belgique: [email protected]

En Angleterre, un colloque aura lieu le 18 novembre à l’université de Londres (plus d’informations : www.allianceforchildhood.org.uk).

Joan Almond, ancienne jardinière Waldorf de New York a créé une association aux Etats Unis qui regroupe beaucoup de courants pédagogiques. A travers des congrès et des publications, elle essaye d’alerter le public sur les problèmes d’obésité, de manque de jeu libre et de surconsommation médiatique. Leur site : www.allianceforchildhood.net. Contact : [email protected]

Ute Kraemer, travailleur social dans un bidonville de Sao Paolo, s’est lié à plusieurs autres associations pour organiser un con-grès du 19 au 21 novembre à Sao Paolo : "Care of children from birth to 3 years’ - Not violence from the cradle“

Pour ceux qui parlent le brésilien : www.aliancapelainfancia.org.br

Et si quelqu’un voulait créer un site fran-cophone simplement pour rendre visible ce qui se fera peut–être un jour en France…il faudra simplement le dire aux autres.

Phillip Reubke

Qu'est-ce donc que

"L'Alliance for Childhood“?

Depuis plusieurs années, L’esprit du temps s’attache à publier des articles concernant la pédagogie. Ainsi, le dernier numéro (67) comprend trois articles sur l’adolescence : "Cheminer sur la crête“ (Henning Köhler), "Pourquoi la puberté ?“ (Albrecht Schad) et "Enfanter le moi“ (M. Michael Zech).

Le numéro précédent, outre des articles sur Champollion, Pic de la Mirandole et sur les contes, comprend un article du péda-gogue Walter Riethmüller ("Une identité déliquescente en des temps accélérés“). Les autres textes visent à présenter sous de multiples aspects la vision de l’homme et du monde renouvelée par l’anthroposo-phie et le goethéanisme. (Dans le dernier numéro sont traités des sujets comme les émotions collectives, les catastrophes natu-relles récentes, les taches solaires ou bien la

perception.) Leur contenu peut constituer pour des parents d’élèves un complément substantiel aux apports des réunions de parents, des congrès ou des conférences organisés dans les écoles. On pourra les retrouver dans leur multiplicité sur le site www.esprit-du-temps.com. Une table thé-matique permet de trouver les textes sur des sujets donnés. Certains textes figurent in extenso sur le site. En utilisant la fonction "rechercher“ du navigateur, on peut dans cette même table retrouver les auteurs (Kranich, Burlotte, Schad...). La grande ma-jorité des articles gardent leur actualité des années après leur publication.

Benoit JourniacL'Esprit du temps, 15 rue Albert Joly, 78360 Montesson

Tél : 01 30 53 11 18

La revue L'esprit du temps

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L'Apaps a fêté ses7 ansd'activité

L’espérance du temps qui passe Parents et professeurs savent bien

l’importance des rythmes dans la vie et en particulier celui des "septaines“ dans le développement de l’être humain. De même, il est apparu que l’Apaps, créée en 2001, avait elle-même accompli un cycle et qu’elle abordait une nouvelle étape de son activité. Ainsi est née l’idée de célébrer ces 7 ans d’activité au service de la pédagogie Steiner-Waldorf.

C’est ainsi que nous avons été accueillis, en mai 2008, par l’école Perceval de Chatou, sur le lieu même de notre Assemblée Géné-rale constitutive, 7 ans plus tôt. Ce fut une après-midi chaleureuse et amicale qui s’est terminée par un beau moment musical. Un moment de réflexion également, par la très belle conférence donnée par Jean Pierre Ablard sur le thème de la Rencontre. Ce fut

Le 24 mai 2008, à l’école Perceval de Chatou

un très beau cadeau d’anniversaire donné à l’Apaps, dont on trouvera un extrait dans ce numéro de 1, 2, 3 Soleil et qui fera l’objet d’une publication dans son intégralité.

Cet anniversaire fut aussi l’occasion de nous projeter avec espérance dans l’avenir.

Il était une fois l’APAPS La création de l’Apaps, en avril 2001,

pourrait ressembler à la naissance d’un conte : une création qui semble spontanée mais s’inscrit dans le prolongement d’une

idée très ancienne. L’idée, en effet, de réunir au niveau

national les parents et amis de la pédago-gie Steiner-Waldorf avait été lancée, il y a déjà longtemps, au motif que cette péda-gogie serait plus forte, socialement mieux entendue et reconnue si les "utilisateurs“ s’en faisaient les témoins. Elle serait plus forte et crédible si les parents et anciens parents s’engageaient, au niveau national et non plus seulement à celui de leur école, pour promouvoir la pédagogie Waldorf. Pour cela, il fallait créer des liens.

Il fallut les difficultés et les suspicions des années 2000 – 2001 pour qu’une étin-celle jaillisse et qu’un groupe de quelques parents décide de fonder une association. C’est dans cette perspective sociétale et d’engagement citoyen que s’est créée l’Apaps en avril 2001.

Depuis lors, nous avons tracé notre chemin, accompagnant parents et anciens parents, amis et professeurs, ainsi que les écoles dans leur cheminement. Au total, au fil des années, 1 300 personnes ont été adhérentes, ce qui est important, compte tenu de la mobilité et du renouvellement des parents dans les écoles.

On pourrait ainsi caractériser l’Apaps-comme un créateur de liens, la revue 1, 2, 3 Soleil en étant un organe privilégié.

Un engagement personnel de chacun pour affirmer des valeurs humanistes

L’adhésion à l’APAPS constitue un choix libre et individuel de personnes qui estiment que l’Education constitue un enjeu majeur du XXIème siècle et que le libre choix péda-gogique est une dimension essentielle de la liberté de penser. C’est dans cette perspec-tive citoyenne, culturelle, voire spirituelle, que les adhérents de l’Apapsinscrivent leur geste pour la promotion de la pédagogie Steiner-Waldorf.

Reconnue en théorie, la liberté de choix pédagogique rencontre en France, dans les faits, de multiples obstacles, juridiques, ad-ministratifs, économiques. Faire un choix pédagogique réellement différent pour ses enfants relève aujourd’hui pour chaque

parent d’un véritable "parcours du com-battant“. Et c’est aussi enfermer dramati-quement les écoles dans une dualité diabo-lique : la mort par la perte de son identité ou l’asphyxie progressive par manque de moyens financiers.

Contribuer à une réelle reconnaissance du libre choix pédagogique constitue un objectif majeur de l’Apaps.

1, 2, 3 Soleil, miroir de l’activité de l’APAPS

Pour retracer sa "biographie“ et faire le bilan des sept années passées, il suffit d’ouvrir et de relire les 13 numéros de la revue.

Françoise Garbit-Poyard a montré par quel processus vivant un nouveau numéro voit le jour, deux fois par an, alors qu’à cha-que fois on repart à zéro dans la recherche des articles qui font alterner des témoigna-ges sur la vie des écoles et des réflexions de fond sur la pédagogie. L’image qui est venue est celle de l’allaitement de l’enfant:après chaque tétée, la mère n’a plus de lait. Et quelques heures après, il lui est de nouveau possible de nourrir le nouveau-né! Il en est de même pour 1, 2, 3 Soleil,… à la différence que les articles ne viennent pas tout seuls !

Chaque numéro est le fruit d’un travail important d’une toute petite "équipe de ré-daction“ à l’affût de ce qui se fait et se vit

PAR JEAN POYARD

Jean Pierre Ablard

Jean Poyard

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dans le Mouvement Waldorf en France, mais aussi en Europe et dans le monde. Chaque titre donné à la revue est décidé une fois le numéro presque achevé, et s’apparente à un nom de baptême.

François Lusseyran a présenté, de fa-çon vivante, une image des 7 ans d’activité en regroupant les nombreux articles en fonction des cinq objectifs principaux de l’association, regroupement effectué non pas à la façon d’un naturaliste classant des espèces, mais plutôt à la façon d’un peintre disposant ses couleurs sur sa toile.

Il est naturellement impossible de rap-peler ici tous ces articles. Chaque objectif de l'Apaps a été illustré d’année en année par de nombreux témoignages. Un travail est en cours pour présenter toute cette di-versité révélatrice de l’identité et de l’action de l’Apaps sur notre site Internet auquel on pourra se reporter. Prenons seulement quelques exemples.

L’affirmation première de la nécessité du libre choix pédagogique se retrouve comme thème récurant dans de nombreux éditos. Mais on se reportera notamment au sémi-naire qui s’est tenu sur ce thème en 2005 et dont un compte-rendu a été donné dans le numéro 7.

Le second objectif, relatif à la valorisation de la pédagogie Steiner et à l’information des parents, constitue le "cœur“ de l’acti-vité de l’Apaps.

Comme tel, il est illustré par de nom-breux articles de fond et présent dans cha-que numéro : l'importance des arts dans la pédagogie, la façon d’enseigner les scien-ces, les "récits de fin de cours“, le rôle du travail manuel dans l’éveil des facultés de l’enfant, l’importance des différents stages, l’eurythmie, les "chefs-d’œuvre“… On notera

également l’évocation de la dimension spiri-tuelle et des fondements anthropologiques de la pédagogie Waldorf dans le numéro 2. La réflexion sur le rôle des parents dans la pédagogie et la vie des écoles est également un thème fondamental. A ce sujet, on pourra se reporter à la très belle conférence de Joseph Micol dans le numéro 12.

L’Apaps se donne également pour ob-jectif de contribuer au rayonnement des écoles. Elle rend compte de leurs projets et de leurs réalisations.

En portant notre regard sur les 13 nu-méros de 1, 2, 3 Soleil, nous avons constaté que toutes les écoles, petites ou grandes, et dans toutes les régions, de même que les institutions, avaient apporté leur té-moignage au moins une fois, et parfois à deux ou trois reprises. Cela témoigne des liens de confiance qui se sont tissés avec l’Apaps qui s’efforce aussi d’être présente et de rendre compte des évènements bio-graphiques majeurs des écoles : 60 ans de l’école de Strasbourg, 50 pour celles de Verrières et de Chatou, 20 ans de Saint-Genis Laval …

Au fil des années, nous avons élargi notre horizon en valorisant la dimension internationale de la pédagogie à partir de réalisations exemplaires qui voient le jour dans le monde. Si la pédagogie Waldorf est de dimension modeste en France, il est important de rappeler qu’il existe 650 éco-les en Europe et un millier dans le monde, sous toutes les latitudes et dans toutes les cultures. De nombreux articles illustrent ce mouvement, notamment : les écoles Waldorf en Afrique du Sud , au Pérou, au Japon (numéros 6 et 10) ; dans le même esprit en Israël, un exemple émouvant de jardin d’enfants regroupant des enfants juifs et palestiniens (n°9); une association

humanitaire en Inde, Page d’Ecriture (n°7), et le témoignage exemplaire de Sekem, en Egypte, en constant développement depuis 30 ans, qui a reçu le Prix Nobel alternatif en 2003 (n° 12).

Tous ces exemples illustrent la dimension profondément humaine et universaliste, de la pédagogie Steiner-Waldorf. Rappelons à cet égard combien les fondements et la pratique de la pédagogie Waldorf sont pro-ches des idéaux et des recommandations de l’UNESCO, comme nous le rappelions dans le premier numéro de la revue 1, 2, 3 Soleil en 2001.*

L’Apaps, enfin, ne saurait œuvrer seule. Elle développe des contacts et réalise des actions avec différents partenaires, en parti-culier avec la Fédération des Ecoles Steiner en France. C’est ainsi que les Rencontres annuelles Parents-Professeurs sont le fruit d’un partenariat étroit entre nos deux ins-titutions. On lira dans le numéro 12 et dans le présent numéro un compte rendu des deux dernières Rencontres.

Nous développons également des par-tenariats prometteurs au niveau européen avec EFFE (numéros 3 et 10) et participons actuellement à la mise en place d’ une as-sociation de parents européens dont nous rendons compte dans le présent numéro.

Pleins feux sur l’avenirA l’issue de cette journée exception-

nelle, riche de sens et de projets, et chaude par l’amitié, l’équipe de l’Apaps s’est sentie confortée dans ses convictions, encouragée dans ses efforts.

Ce fut aussi l’occasion de rappeler que l’Apaps est constituée d’une toute petite équipe de personnes bénévoles qui souhaite voir des personnes motivées rejoindre ses rangs ou participer, même modestement, à son travail.

Nous remercions toutes celles et ceux qui nous accompagnent dans ce beau projet qui garde toute sa jeunesse : contribuer à promouvoir la vraie liberté de choix péda-gogique et valoriser la pédagogie Waldorf dans un monde plus que jamais menacé par l’uniformité et dont les valeurs humai-nes risquent d’être laminées si nous n’y prenons garde.

Jean Poyard

*Rapport à l'Unesco, Jacques Delors :L'éducation: Un trésor est caché dedans (ed. Odile Jacob)

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Nathalie Jacquet (violoncelle) et Isabelle Henriot (piano)

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Le travail des professeurs quelques aspects

Extrait de la conférence "L'art de la rencontre“*donnée par Jean Pierre Ablard à l'occasion des 7 ans de l'APAPS

LA RENCONTRE EST UN DES GRANDS MOTIFS DE LA VIE DES ÉCOLES : RENCONTRE AVEC LES ÉLÈVES,

LES PARENTS, LES COLLÈGUES, RENCONTRE AVEC LES MATIÈRES, AVEC LES GRANDES ÉTAPES DU DÉVELOP-

PEMENT DE L’ÊTRE HUMAIN, RENCONTRE ÉGALEMENT AVEC SOI-MÊME…

LES QUELQUES RÉFLEXIONS QUI SUIVENT ONT ÉTÉ PRÉSENTÉES DANS LE CADRE D’UNE CONFÉ-

RENCE SUR CE THÈME. ELLES CONCERNENT LE TRAVAIL DU PROFESSEUR DANS SA RENCONTRE AVEC SES

COLLÈGUES, LES MATIÈRES, LES ÉLÈVES ET LES PARENTS.

Le collège des professeurs Le collège pédagogique est la rencontre heb-

domadaire de tous les professeurs, un cercle souvent élargi aux collaborateurs, salariés actifs au plan administratif, responsables de l’entretien, de la cuisine, etc… Il est le lieu d’échange privilé-

gié à partir de nos expériences dans nos tâches quotidiennes.

Dans son cycle Éducation et vie spirituelle Ru-dolf Steiner confère à ce collège sa mission – et elle n’est pas mince : " Les collèges pédagogiques sont l’école supérieure permanente et vivante de tous les enseignants, ils sont un séminaire perma-nent. Chaque expérience que fait le professeur à l’école peut en effet vivifier son enseignement ainsi que le travail qu’il accomplit sur lui-même. En fait quelqu’un qui enseigne, qui éduque et qui en même temps puise dans sa pratique pédago-gique une profonde connaissance des enfants et de leurs caractéristiques, quelqu’un qui s’éduque ainsi à partir de ses cours, va sans cesse découvrir des aspects nouveaux pour lui, pour l‘ensemble du collège des professeurs avec qui il doit échanger sur les expériences de ce type. Ainsi le collège des professeurs deviendra, du point de vue psychospiri-

tuel, un tout au sein duquel chacun sait ce que fait l’autre, chacun perçoit les expériences de l’autre et jusqu’où les autres collègues ont cheminé à par-tir de leurs expériences au sein de leur classe. Le collège, et c’est cela qui importe, devient alors un organe central à partir duquel jaillit le sang de la pratique pédagogique, ce qui permet au professeur de garder sa fraîcheur et de rester vivant.“

Le collège des professeurs est donc un cercle de perception de tous les phénomènes en rapport avec nos actes pédagogiques, un organe de cons-truction et d’affinement de notre regard sur les classes et les enfants. C’est bien sûr un des lieux majeurs où se construit l’identité de l’école, une conscience commune en lien avec le type d’enfant, la constellation des professeurs, des parents, les conditions socioculturelles dans l’environnement de l’école, etc… Le collège est le lieu institution-nalisé de la rencontre des professeurs entre eux, un espace qui réclame de chacun du respect tant dans les aspects extérieurs (la ponctualité par exemple, la fréquentation régulière) que dans des aspects intérieurs (la fraîcheur de l’écoute, l’ab-sence de jugement).

Le collège peut en outre être perçu comme un espace fragile : cela vient du fait que nous ensei-gnons à partir de ce que nous sommes. C’est dans ce cadre que l’on peut tout à fait comprendre les heurts qui naissent du travail en commun : si cha-cun essaie d’enseigner à partir de ce qu’il est au plus profond, les êtres se rencontrent et parfois de façon vive. Un collège des professeurs responsa-ble est à même de savoir gérer ces frottements inévitables !

À travers l’image du sang qu’il utilise, Rudolf Steiner compare le cercle du collège pédagogique au cœur qui bat dans la poitrine, là où intérieur et extérieur se rencontrent et se vivifient. C’est certainement au niveau des forces du cœur qu’il souhaitait que puissent se rencontrer les collègues, afin de vivifier leurs connaissances intellectuelles et d’enflammer leurs actes pédagogiques au feu de l’enthousiasme.

PAR JEAN PIERRE ABLARD

* Cette conférence sera publiée

dans son intégralité dans le cadre

des brochures de l'APAPS (ndlr)

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Le travail de préparation

L’appropriation par le professeur de sa matière à travers la préparation quoti-dienne de ses cours représente un autre aspect de son travail, peut-être plus intime et relève du même enthousiasme. Le professeur des petites classes, celui qui suit un même groupe d’élèves pendant plusieurs années, jusqu’à huit ans dans certaines écoles, a ceci de particulier qu’il n’est pas spécialiste de telle ou telle matière. Il apprend, au fil des jours et des semaines, à devenir d’abord le spécialiste de sa classe, au-delà des cours de mathématiques ou de géographie qu’il donne. Si des liens privilégiés peuvent exis-ter avec certains champs disciplinaires, il en est d’autres qui lui sont plus lointains, voire parfois étrangers, notamment à l’approche des classes moyennes.

Il lui faut donc construire à chaque nou-velle période, pour chaque nouvelle classe, un lien neuf avec la matière. La dynamique de travail enthousiaste qui le porte vers cette matière est véritablement le moteur de l’intérêt des élèves : si mes élèves res-sentent les efforts que je fais pour m’ap-proprier une matière qui m’est difficile ou encore étrangère, leurs efforts se conjuguent avec les miens et cette synergie nous porte dans un même mouvement. Enseigner des choses que l’on sait depuis longtemps sans davantage les approfondir, sans les renou-veler, entraîne automatiquement chez nos élèves un apprentissage superficiel, une sorte de ronron pédagogique qui ne motive personne. Si par contre le professeur lutte pour s’approprier une matière, et si le fruit de cette lutte se transmet jour après jour aux élèves, les conditions de la rencontre sont créées.

Rencontrer l’élève

Un troisième aspect du travail des pro-fesseurs réside dans la rencontre au plan méditatif avec les enfants, un travail qui s’accomplit dans le silence du cœur et des perceptions. L’exercice quotidien consiste par exemple à construire l’image la plus précise d’un enfant : comment était-il ha-billé aujourd’hui, comment m’a-t- il salué, quand a-t-il pris la parole, pour répondre à quelle question, quel a été son moment de joie ou quelle a été sa difficulté, comment sonnait sa voix, quelle était sa façon de ve-nir au tableau, qu’y avait-il en lui de neuf aujourd’hui et que je n’ai peut-être jamais perçu … ?

L’enjeu est de rassembler tout ce que l’élève nous dit de lui à partir de ces phéno-mènes et d’essayer, en construisant cette image, de le rencontrer plus complètement le lendemain matin.

Cette façon de percevoir le neuf dans la

relation avec les enfants qui sont sous no-tre responsabilité conduit aussi à percevoir l’aspect artistique que revêt la rencontre avec l’autre. Si chaque élève ne peut être rencontré chaque jour dans ce travail mé-ditatif, le professeur attentif à la vie de sa classe apprend vite à discerner quels élè-ves ont besoin aujourd’hui d’une attention particulière…

Rencontrer les parents

Dans le cycle de conférences déjà cité, Rudolf Steiner parle en ces termes de la rencontre avec les parents : "Le collège pédagogique est un élément essentiel qui mène au centre de l’école. De même, ce que représentent les rencontres avec les parents constitue quelque chose d’extraor-dinairement important qui nous mène vers la périphérie de l’école. Il revient à ces ren-contres de créer un lien entre les enfants qui sont à l’école et le foyer des parents. Nous attendons fortement des parents qu’ils comprennent ce qu’est notre organisme école. Comme nous n’enseignons pas sur la base de programmes imposés de l’extérieur et de décrets mais que nous enseignons et éduquons à partir de la vie, nous ne pouvons dire : ‘ tu as suivi les programmes que telle ou telle instance t’a imposés, tu as donc bien fait ton job’. Nous devons apprendre à ressentir ce qui est juste dans un rapport vivant avec les parents, avec les adultes responsables des enfants de notre école. L’écho que les parents donnent au travail des professeurs, permet de vivifier ce dont les professeurs ont besoin pour garder la vivacité intérieure et rester vivants au plus profond d’eux-mêmes.“

Il revient donc aussi aux professeurs de créer les conditions de la rencontre entre le cœur et la périphérie. Ce que montre Steiner à travers ces paroles si actuelles est qu’en fait nous enseignons à partir de la vie. Cette qualité fondatrice souvent mise

en lumière dans le rapport avec les élèves est souvent mésestimée dans la relation aux parents.

Parents et professeurs se rencontrent sur cet aspect de la vie et sur ce qui les meut conjointement dans leurs impulsions

d’éducateur afin de définir les espaces de responsabilité de chacun pour les connaître, les respecter. Si les processus pédagogiques adoptés par le professeur sont obscurs pour les parents, si les im-pulsions des parents sont inconnues des enseignants, il ne peut pas y avoir de travail possible autour de l’enfant. Dans

ce domaine, le temps long des différents cycles (jardin d’enfants, petites, moyennes et grandes classes) fait son œuvre et per-met de poser, étape par étape, les bases de ce travail.

Je suis professeur et dois aux parents qui ont librement choisi cette école la re-connaissance de pouvoir accomplir en toute liberté mon métier d’enseignant. Ceci me demande d’améliorer la compréhension des besoins de l’enfant, de partager avec les pa-rents pour mieux les connaître et d’assurer une pédagogie qui s’y adapte.

Je suis parent et dois aux professeurs la confiance, le geste qui garantit la juste évolution de l’enfant. J’agis donc en cohé-rence avec ce que je sais des principes de l’école, je prends en compte les besoins de l’enfant tels que définis dans les rencontres entre parents et enseignants.

La rencontre avec les collègues de l’école,

les enfants et les matières enseignées s’en-richit de ce travail avec les parents, sans le-quel il n’est pas pensable de poser un acte pédagogique réellement fécond.

Jean Pierre AblardProfesseur de classe à Verrières-le-Buisson

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Le collège devient alors un organe central à

partir duquel jaillit le sang de la pratique

pédagogique, ce qui permet au professeur de

garder sa fraîcheur et de rester vivant.

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Voilà presque exactement quarante ans, ma vie a basculé.

Mai 1968 : déçu par son emploi de pro-fesseur titularisé à l’université de Calgary, mon père prend la décision (apparemment insensée, pour un père de six enfants !) d’en partir. Il fait un immense périple à travers le continent nord-américain, visite plusieurs écoles et universités, reçoit trois offres d’emploi, réfléchit, discute avec ma belle-mère, et prend sa décision : ce sera la High Mowing School, près du petit village de Wil-ton dans le New Hampshire, soit... à plus de trois mille kilomètres de Calgary ! Puisque cette école est un lycée et que j’entre cet automne-là en Première, j’y serai inscrite à titre gracieux en tant que fille d’enseignant (sans cela, les frais d’inscription eussent été dissuasifs...).

Je suis catastrophée. J’ai 14 ans et demi et, pour moi comme pour tous les adoles-cents, ce qui compte le plus c’est d’être acceptée par mes pairs. Là, je vais perdre tous mes amis, sans parler de mon statut durement gagné dans la hiérarchie de popu-larité de mon école... "Tu as pensé à moi?“ demandai-je à mon père pendant le voyage, en pleurant... Et, encore aujourd’hui, je me souviens de sa réponse : "A vrai dire, oui : en visitant cette école et en pesant le pour et le contre, j’ai justement pensé à toi, et j’ai pensé que ça serait bien pour toi.“

Difficile pourtant d’imaginer contraste plus violent.

Je quitte une grande école publique, située au milieu d’une ville de plusieurs centaines de milliers d’habitants - une école où j’essaie de faire oublier mes notes scin-tillantes en apprenant par coeur la dernière chanson des Beatles, en me maquillant de façon outrancière, en fréquentant les rayons "mode“ des grands magasins et en fumant des cigarettes en cachette.... J’intègre une école au milieu de la forêt, une pension où

habitent... 80 élèves en tout en pour tout, pour quatre promotions ! Dans la mesure où, fille d’enseignant, je continue de vivre au sein de ma famille, mon expérience de la High Mowing School n’est pas tout à fait typique. N’empêche que les deux années que j’y passe vont me transformer en pro-fondeur.

Au bout de quelques jours, on m’ex-plique que High Mowing est une "Waldorf School“ou "école Rudolf Steiner“, mais - respectant en cela les principes du maître lui-même - on ne nous enseigne jamais di-rectement sa philosophie (l’anthroposophie, j’aimais bien le mot) ; plutôt, on l’applique dans la manière d’aborder toutes les ma-tières. Concrètement, cela veut dire que les élèves sont amenés à comprendre l’intérêt et la beauté de tous les domaines de savoir, depuis les mathématiques jusqu’à l’histoire en passant par le théâtre, la botanique, les langues, la poterie et l’eurythmie. On nous suit individuellement, on se réjouit de nos progrès, on nous écoute. On nous encou-rage à se respecter - chacun soi-même et les uns les autres. On nous apprend à être curieux. On nous incite à chercher l’équilibre, l’harmonie entre l’esprit et le corps.

Alors que j’ai oublié depuis belle lurette les noms de mes profs du collège et de l’uni-versité, je me souviens de chaque profes-seur de High Mowing sans exception. Gene Miller, qui nous faisait écrire des haïkus en atelier d’écriture ! Frank Waterman, qui a décortiqué avec nous, trois heures durant, dix lignes d’une tirade de Macbeth. Sabina Nordoff, superbe léonine quinquagénaire – inoubliable prof d’eurythmie et future amie. Pascale Sarkésian, qui m’a fait aimer la langue française à travers des chansons et des pièces de théâtre contemporaines. Steve Eberhardt, qui a mis le feu au pla-fond du laboratoire scientifique en voulant nous montrer les étonnantes propriétés du phosphore. Je n’oublierai pas non plus les cours d’histoire de l’art prodigués par Beulah Emmett la directrice de l’école (alors sep-tuagénaire), ni sa façon de nous lire à voix haute, à raison d’une heure par semaine, en terminale – à nous une vingtaine de hippies

aux cheveux longs et aux jeans déchirés ! – la Divine Comédie de Dante. Médusés, nous étions ! Et durablement marqués.

C’étaient des personnalités fortes, gé-néreuses, hautes en couleur. Des gens pas-sionnés et passionnants. Du coup, nous nous accordions nous aussi le droit d’être passion-nés. Au lieu de nous lancer dans la course aux bonnes notes, ils nous invitaient à nous émerveiller devant la complexité du monde et l’éclosion de nos propres forces.

Mon histoire entre 1968 et 1970 ressem-ble un peu au conte du vilain petit canard. L’adolescente coincée, angoissée, stressée, perpétuellement en marge, souffrante, com-plexée... se transforme progressivement en "cygne“. Elle noue de vraies amitiés pour la première fois de sa vie, prend confiance en elle, se détend, s’ouvre, s’épanouit.... Ma deuxième et dernière année à High Mowing, je serai déléguée de classe puis "présidente“ de tous les élèves, je jouerai du piano à toutes les cérémonies et fêtes, tiendrai des rôles importants dans des piè-ces de théâtre, cesserai enfin de vivre mon intelligence comme un handicap !

L’expérience ineffaçable de la High Mowing School m’a aidée à vouloir des choses pour moi-même, et à réfléchir aux valeurs. Je ne remercierai jamais assez l’université de Cal-gary pour les mauvais traitements qu’elle a infligés à mon père....

Lettre de Nancy Huston* écrite à l’occasion du colloque

"Pour une écologie de l'éducation“ organisé à Arles

par la Fédération des Écoles Steiner-Waldorf en France et l'Apaps le 10 mai 2008

Témoignage d'une

femme de lettres

* Nancy Huston grandit au Canada. Quand elle a six ans, sa mère quitte brusquement son foyer pour aller mener sa vie ailleurs. Un traumatisme douloureux mais fondateur qu’elle transforme en richesse : c’est par l’imagination qu’elle va tenter de comprendre l’incompréhensible. ‘La Virevolte’ (1994) et ‘Prodige : polyphonie’ (1999) abordent le sujet de façon explicite. Venue à Paris pour un an en 1973, Nancy Huston reste et devient élève de Roland Barthes. Elle débute sa carrière en tant qu’essayiste pour le MLF, et publie son premier roman en 1981, ‘Les Variations Goldberg’. Avec ‘Cantiques des plai-nes’ (1993), elle retrouve sa langue maternelle et, depuis, se traduit elle-même dans les deux sens. En 1996, ‘Instruments des ténèbres’ obtient le Goncourt des lycéens. Nancy Huston est également musicienne, jouant de la flûte et du clavecin. Elle partage son temps entre Paris et le Berry, où elle vit avec son mari, le sémiologue d’origine bulgare Tzvetan Todorov et leurs deux enfants.

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Page 17: REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

Samedi 3 Mai : 11h55Nous atterrissons à Portland (Etats

Unis) pour un séjour familial d’une semaine en Orégon (l’état écologique de l’Amérique du Nord). Il s’étend à l’ouest jusqu’au Paci-fique et est frontalier, au nord avec l’Etat de Washington, à l’est avec l’état de l’Idaho et au sud avec la Californie.

Lundi 5 Mai : 15h30Nous découvrons la Cedar Wood School,

l’une des trois écoles Waldorf de Portland! C’est un bel et grand édifice s’élevant sur trois niveaux, située au sud-ouest de la ville, dans un quartier pavillonnaire où s’élèvent de magnifiques grands arbres, procurant calme et sérénité au lieu. L’école n’a pas de jardin, n’est pas entourée de barrières, elle a accès direct sur un grand parc, pro-priété de la ville, qui fait office de cour de récréation !

Maintenant c’est la fin des cours de l’après-midi. Les élèves, de tous âges, aux gais minois, sortent de cours et nous saluent joyeusement. Nous sommes accueillis par le personnel du secrétariat, auquel se joignent peu à peu des professeurs. Nous venons de France…Que d’effervescence ! On questionne, on s’esclaffe, on se congratule…

Des panneaux recouvrant les murs in-forment sur les différentes activités, réu-nions, préparations de fêtes. Nous "recon-naissons“ aussi des dessins, des peintures. A cette heure les porte-manteaux, débar-rassés de leur vêtements, veillent jalouse-ment sur les sacs contenant les chaussons d’eurythmie. Il n’y a pas de doute "tout est pareil“!…Nous sommes un peu "chez nous“. C’est rassurant !

Le professeur de 1ère classe, Kim Lebas,(tout droit venu de Nouvelle-Zélan-de) accepte gentiment de nous guider pour la visite des lieux. Il nous fait descendre au rez-de-jardin, domaine du jardin d’enfants réparti en trois salles (3 ans, 4 ans, 5 ans). Nous échangeons avec les jardiniers : le coin histoire, le coin poupée, la table des saisons. Tout y est, avec juste en plus la petite touche "made in America“ (bien sûr indescriptible ici).

Au rez-de-chaussée : le secrétariat, les classes 1 à 5, la salle de sport, mais aussi polyvalente, selon les besoins. Au passage

nous jetons un œil rapide à l’intérieur des classes. Au tableau de la 5 ème classe, les devoirs sont écrits, oh surprise, en japonais! Kim nous explique : dès la 1ère classe le ja-ponais et l’espagnol sont les deux langues étrangères enseignées, car "à vol d’oiseau“ ce sont les deux pays les plus proches de l’Orégon. ! Mais oui bien sûr…

Nous terminons la visite par le 1er étage où sont installées les classes 6 à 9.

C’est une jeune école, âgée d’environ

quinze ans, qui ouvre une classe supplé-mentaire chaque année. La moyenne est de 25 élèves par classe. Les professeurs qui y enseignent viennent, pour la plu-part, du séminaire de Sacramento, près de San Francisco. Au passage, nous glanons quelques documents mis à disposition de tous : on peut lire la lettre mensuelle de la branche de la société anthroposophique de Portland, notant toutes les activités, forma-tions, stages, conférences, magasins… se rapportant à l’anthroposophie. Ou bien des prospectus proposant différents camps de vacances pour le mois de Juillet organisés par des professeurs de l’école !

Mardi 6 Mai : 8h30Nous accompagnons notre neveu Guillau-

me, inscrit en 1ère classe. Les élèves arrivent peu à peu tenant à la main leurs "boîtes“ contenant le lunch préparé à la maison le matin. (Il n’y a pas de cantine à l’école).Les "hellos“ fusent de toute part . Les enfants

Des nouvelles de nos

voisins d’Amérique sont accueillis par les professeurs, qui deux par deux font tourner de grandes cordes à sauter et les invitent en chantant à entrer dans le mouvement.

Nous sommes en Mai…pourtant ce matin le ciel affiche la couleur "gris-foncé“. Mais le soleil est dans les cœurs avec la joie de se retrouver pour commencer une nouvelle journée."Good day“ à tous !

Mercredi 7 Mai : 18 h. C’est la fête !Nous sommes tous installés dans la 1ère

classe. Parents, familles, amis se saluent, s’embrassent. Les conversations vont bon train. La convivialité est de mise. Soudain, Kim fait son entrée. Il nous invite à décou-vrir "le Royaume du Calcul“. Peu à peu le silence s’installe. Les 30 sujets entrent et

prennent place, quelque peu intimidés. Ils vont nous initier au langage des chiffres, des signes, des opérations. Le royaume s’anime…La magie a opéré.

Les applaudissements retentissent, les protagonistes sont soulagés, ils se laissent photographier. Les plus, les moins, les mul-tipliés et divisés par ne forment plus qu’un "grand tout“, heureux d’avoir fait partie de ce beau moment de partage.

Nous faisons nos adieux à l’école, une petite larme au coin de l’œil, en gardant comme souvenir quelques mots-clés : Dynamisme, Disponibilité, Enthousiasme, Ouverture, Gentillesse, Joie. Et le bonheur d’avoir pu, pendant quelques jours, relier nos deux continents, distants de 5000 km, par un grand pont tissé d’Amitié et de Fraternité.

Nous reviendrons bientôt, c’est promis. "THANK YOU“ à tous.

Maryvonne Montcharmont

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Le jeudi 24 avril dernier, Marie-Fran-çoise Cuvillier a rejoint le monde spirituel après une existence courte et intense. Elle fut parmi les premiers adhérents de l’Apaps, confirmant ainsi son intérêt pour la pédagogie.

Elle connut une enfance heureuse pro-fitant très rapidement des nombreuses activités auxquelles elle se trouvait mêlée pour y manifester enthousiasme et joie de vivre. Ce fut aussi le temps des colonies de vacances où l’on découvre par le jeu le plai-sir d’exister quand on est enfant.

Elle aimait les enfants. Son imagination la portait à raconter des histoires, à partager des contes, à inventer des jeux. Son rapport au monde de l’enfance fut déterminant dans sa biographie.

Prise par le mouvement de la vie elle aurait pu être eurythmiste, disait-elle parfois.

Cependant, attirée très tôt par la psy-chologie et la pédagogie elle découvre la méthode Montessori, se forme à celle-ci puis rencontre peu après un petit groupe où elle fait la connaissance de la pédagogie Waldorf. Ce fut une véritable révélation où elle pressentit les arrières plans spirituels qui sous-tendent cette dernière.

Elle travailla comme jardinière d’enfants quelques temps, participa ensuite à la prépa-ration des colonies de vacances IONA.

Toujours en recherche, elle s’enga-gea dans une voie où la spiritualité allait révéler sa véritable vocation. L’étude de l’anthroposophie et la rencontre d’un pe-tit cercle de personnes appartenant à la Communauté des Chrétiens déclencha un enthousiasme tel qu’elle décida de se pré-parer à la prêtrise.

Devenue prêtre, elle put développer, cul-tiver ce lien particulier qu’elle avait avec les enfants. Elle aimait à imaginer, à inventer. Donner vie aux images, faire résonner en soi les contes, les histoires qu’elle racontait, représentait pour Marie-Françoise un acte pédagogique contribuant à l’éveil, à la con-naissance de nouvelles réalités.

En région parisienne, mais également en province, Marie-Françoise a permis à de nombreux enfants et élèves de nos écoles WALDORF de vivre par les contes, les cours de religion et les colonies de va-cances, des moments merveilleux où une nourriture psychique et spirituelle leur était ainsi offerte.

Elle exerça ses propres facultés de pé-dagogue tout au long de sa vie. Ayant perçu l’importance de l’éducation dès son plus jeune âge, elle comprit qu’être pédagogue, c’est exercer avant tout un art qui éveille, qui construit, qui fait grandir.

Emprunter soi-même et permettre à d’autres d’emprunter un chemin qui dans sa marche et sa démarche nous élève, tel fut le destin de Marie-Françoise.

Puissent ces quelques lignes rendre hommage à Marie-Françoise Cuvillier pour qui la joie de vivre, le feu de l’enthousiasme se traduisirent par de nombreuses initiati-

ves au service de celles et ceux qui ont eu le privilège de la rencontrer.

Didier Hamel

A Marie-Françoise Cuvillier…La Pédagogie : de l’éducation à l’élévation

Aux origines de l'eurythmie est l'ouvrage de base consacré à la naissance et au prime développement de l'eurythmie, dont l'original, paru en 1965, réédité depuis, n'a jamais fait l'objet d'une traduction française.

Enrichi de formes de R. Steiner, d'une introduction à l'histoire de la poésie allemande, de la traduction des poèmes originaux, d'éléments de compréhension du caractére respectif des langues et des poésies alle-mandes et françaises, d'un florilège de grands textes poétiques français, d'un important corpus de notes, d'index et de tables, d'une belle iconographie, cet ouvrage présente encore les esquisses biographiques

d'une quarantaine d'eurythmistes, lesquelles éclairent l'histoire de l'eurythmie.

Edition établie, présentée et annotée parAmélie Lange, préfacée par Sergueï Prokofieff.

Format 210x240, 672 pages noir et blanc, 70 photos, env. 100 shémas de R. Steiner.

Prix: 65 euros (+10¤ de frais d'envoi*)………………………

FILIGRANA c/o Amélie Lange92 rue Saint Martin, Fr-14000 CaenTél/télécopie : 0033 2 31 79 01 75

* Envoi en France. Pour un pays de la CE : +10 euros

L'APAPS A LU POUR VOUS...

Aux origines de l'eurythmiede Rudolf Steiner

FESTIVAL D'EURYTHMIE Soyez les bienvenus à ce festival ouvert à tous

afin de voir, comprendre, et pratiquer l'eurythmie

salle Odilon Redon Libre Ecole Rudolf Steiner, 62 rue de Paris, Amblainvilliers

91370 Verrières Le Buisson

DÉMONSTRATIONS SPECTACLES

ATELIERS PRATIQUESEXPOSÉS SUR L'EURYTHMIE:

Geste créateur, eurythmie thérapeutique,eurythmie pédagogique

P R O G R A M M E , I N F O R M A T I O N S , I N S C R I P T I O N S :• Union pour l'eurythmie, 1 rue François Laubœuf, 78400 Chatou

09 64 07 60 28 • [email protected]

les 27, 28, 29 mars 2009

la vie des écoles - la vie des écoles - la vie des écoles - la

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Page 19: REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

JOUÉ-LES-TOURS

Ecole maternelle du Petit PorteauTél. : 02 47 67 20 23 20/02 : Carnaval20/03 : Fête du printemps

Ecole Primavéra Tél. : 02 47 53 46 34 16/12 : Fête de trimestre28/03 : Portes ouvertes13/04 : Fête de trimestre LYON

Ecole Rudolf Steiner de St Genis-LavalTél. : 04 78 50 77 4519/12 : Jeux de Noël5/01 : Jeu des Rois27/02 : Carnaval31/03 : Pièce de la 8e classe "Virata“24/04 : Projet d'année de la 9e25/04 : Portes ouvertes

MOULINS–ST-MENOUX

Ecole de La MhotteTél. : 04 70 43 93 98Se renseigner

MONTPELLIER

Jardin d’enfants "Sur les ailes des lutins"Tél. : 04 67 54 31 5816/12 : Marché de NoëlPortes ouvertes : date à préciser

NICE/MONACO

Ecole maternelle internationale de Beausoleil Tél. : 04 92 10 89 48Portes ouvertes : date à préciser

PAU

Jardin d’enfants l’Arc-en-Ciel JurançonTél. : 05 59 06 51 6412-14/12 : Participation au salon Asphodèle à Pau30-31/01 : WE de formation sur le rôle parentalPortes ouvertes : date à préciser1-5/04 : Participation au Festival de la Petite Enfance à PauEcole du Soleil–St FaustTél. : 05 59 83 04 5719/12 : Fête du trimestre10/04 : Fête du trimestre17/05 : Kermesse "Fleur de mai“Ateliers de l'Eau Vive27-28/03 : à Paris, Les courants d'Art moderne, source de créativité15-17/05 : Session Nature et Art en pays de Lectoure

PARIS XIVe

Jardin d’Eglantine Tél. : 01 45 43 58 89En Mars : Portes ouvertes

(suite page 20)

L’idée en était venue, un printemps bien sûr, en 2006. Elles étaient deux, toutes deux mamans, éducatrices formées à la pédagogie Steiner, étran-gères (peut-être fallait-il l’être pour se lancer, dans un pays administrativement si pointilleux).

L’idée, c’était un lieu d’accueil de jeunes en-fants (jusqu’à 3 ans) avec une approche pédago-gique et environnementale différente, ce qu’elles -et d’autres aussi- avaient cherché pour leurs enfants sans le trouver.

Depuis, trois ans se sont bientôt écoulés ; le petit groupe s’est étoffé, diversifié, constitué en association, Prim’Enfance. Et c’est dans ce creu-set fait de rencontres hebdomadaires, de travail en commun, d’écoute et de respect mutuel que se sont peu à peu précisés les contours du projet et que se sont nouées les rencontres sans lesquel-les le projet n’aurait pu voir le jour : personnes,

lieu…L’ouverture est pré-

vue pour janvier 2009 : la crèche pourra accueillir 24 enfants de 2 mois à 3 ans au rez-de-chaussée d’un bâtiment rénové dans le respect de l’environnement ; l’approche pédagogique se fonde sur l’anthropologie élabo-rée par Rudolf Steiner et s’inspire aussi des ex-périences d’Emmy Pikler, fondatrice de l’institut Loczy à Budapest.

Mais à bientôt; nous donnerons de nos nou-velles et de celles des enfants…

Les personnes intéressées (parents, pro-fessionnels) peuvent nous contacter au 03 89 47 57 29 (Maaike Holdstock) ou par courriel : [email protected] .

Cela se passe à Troyes. L’histoire commence par une rumeur qui circule courant mai et qui dit: l’école va fermer et comme toute rumeur elle court, elle court dans la ville, même le plombier venu faire des travaux pendant les vacances est au courant ! .

Il est vrai que la situation n’est pas brillante. Les locaux, ayant abrité autrefois en plus du jardin d’enfants le cycle primaire, devenus trop grands et trop coûteux sont vendus. Le jardin d’enfants termine son année avec très peu d’enfants, et aucune succession n’est en vue pour remplacer la jardinière qui, après de longues années, souhaite assumer d’autres fonctions.

Mais c’est sans compter sur le petit groupe de nouveaux parents dynamiques qui attend la rentrée 2008 pour leurs enfants.

Aidés de quelques membres de l’association et de deux anciennes jardinières de formation Waldorf qui pensaient (grande illusion) que l’heure de la retraite avait sonné, ils refusent cette vision de l’avenir. Rassemblant leurs forces et leur en-thousiasme pour cette pédagogie, ils sautent les obstacles les uns après les autres.

La PMI (Protection Maternelle Infantile) mo-difiant ses exigences par rapport à l’année pré-cédente, ne renouvelle pas son agrément pour

le jardin d’enfants. Un dossier est alors déposé à l’inspection académique qui l’accepte fin août. Et c’est ainsi que Blanchefleur redevient école ma-ternelle comme elle le fut de 1973 à 2002.

Le 2 septembre 2008, six enfants franchis-sent la porte de l’école, nous avons encore la jouissance des bâtiments jusqu’en juillet 2009. Vincent, éducateur de jeunes enfants, les ac-cueille, et Brigitte, ancienne élève de notre école l’accompagne désormais tout en suivant sa for-mation à Chatou. Les deux anciennes jardinières les guident et les soutiennent au sein d’un petit collège pédagogique.

Voici largement résumée la dynamique qui fit de nos vacances un parcours fait tantôt d’es-poirs tantôt de déceptions. Mais comme dans les contes, la reconnaissance du courage des uns et des autres vint de Juliette, 4 ans, qui au soir du premier jour quitta l’école en disant : "Elle est super Maman ton école.“

Néanmoins tout reste à faire pour consolider ce nouveau départ, et surtout trouver de nouveaux locaux. Car déjà des petits de deux ans frappent à la porte et le souhait de tous est de leur faire partager cette précieuse pédagogie.

Anne Dichamp et Danièle Dubois

BlanchefleurComment le jardin d’enfants Blanchefleur est redevenu école maternelle

Le jardin des Petitsprojet d'accueil Petite Enfanceà l’initiative de l’association Prim’Enfance de Colmar.

la vie des écoles - la vie des écoles - la vie des écoles - la Agenda des écoles(suite de la page 1)

1 .2.3.SOLEIL • REVUE DE L'APAPS • NUMÉRO QUATORZE PAGE 19

Page 20: REVUE SEMESTRELLE DE L'APAPS Rencontres

L’APAPS SUR LE WEB http://www.apaps-steiner-waldorf.org

CONTACT E-MAIL :[email protected]@club-internet.fr

Tél./fax: 01 30 71 42 38

SAINT-GIRONS

Ecole Chant’ArizeTél. : 05 61 69 85 6007/12 : Marché de Noël6/03 : Carnaval06/06 : Portes ouvertes

STRASBOURG

Ecole MichaëlTél. : 03 88 30 19 7017&19/12 :Jeux de Noël20-21/02 : Pièces de la 10e classe28/03 : Portes ouvertes17/04 : Chefs d'œuvre (12e)14-15/05 : Pièce de la 8e classe

TOULOUSE

Ecole Maternelle Les TournesolsTél. : 05 34 25 16 50Portes ouvertes : en mars

TROYES

Jardin d’enfants BlanchefleurTél. : 03 25 82 40 446-7/12 : Marché de NoëlPortes ouvertes et conférences :dates à préciser

VERRIÈRES-LE-BUISSON

Libre école Rudolf SteinerTél. : 01 60 11 38 1218/12 : Jeux de Noël10/01 : Jeu des Rois20-21/03 : Pièce de la 11ème 21/03 : Portes ouvertes04/04 : Chefs d'œuvre (12e)29-30/05 : Pièce de la 8e classe

1.2.3 soleil, revue semestrielle de l’APAPSBP 13 - 78401 Chatou cedex.Tél./fax: 01 30 71 42 38 Directeur de la publication:Jean PoyardCoordinatrice: Françoise Poyard- GarbitComité de rédaction:Jean Poyard, Françoise Poyard-Garbit, Angèle Maurange,Laurent BouclierMaquette: Laurent BouclierImpression: Printec

L'école des 4 saisons, à Challes les Eaux.Je vous conduis : pour se rendre dans la classe

maternelle, il faut prendre la rue de la Viager, au numéro 276, entrer par la porte à côté du por-tail. Une villa se plante devant vous, bien carrée, entourée d’un jardin qui grimpe pour se trouver à l’arrière au niveau du premier étage d’une ha-bitation.

Une fois la porte bien refermée, longer la façade Sud Ouest, et au fond à gauche, une petite cour, et sous le balcon, une porte d’entrée à l’ancienne: c’est l’espace intérieur du jardin d’enfants.

Il occupe donc le Rez-de-Chaussée, bien calé, à flanc de côteau. De grandes baies et portes vi-trées ont remplacé les fenêtres et entrées trop petites, pour laisser entrer assez de lumière. A l’intérieur, de la terre aux murs chauffants, de la chaux teintée, du bois au sol, du gypse (Fermacell) au plafond et pour les cloisons : un écrin pour les petits enfants.

Si l’on monte au fond du jardin à gauche, un petit portillon qui donne sur le verger, mais réservé à nous seuls, les enfants du jardin d’enfants et leur maîtresse. Après le verger, le chemin monte tout en longeant le champ de blé. Devant nous le Massif de la Chartreuse.

Nous redescendons la colline entre châtai-

gners et pommiers, et arrivons à la ferme. A droite, l’enclos du cochon et l’étable aux vaches, en face, le jardin potager, de fleurs et d’aromatiques de l’école, et la classe elle-même, petit bâtiment tout en terre et bois. A côté, une grande maison avec les habitations; c’est la maison du fermier. Plus loin, sont groupés la boulangerie, la fromagerie et le magasin de vente. Nous sommes là à la fer-me des Baraques, au 441 chemin des Baraques, ferme biologique, et à l’entrée de l’école. Voici rapidement le décor planté.

L’association "la ferme aux 4 saisons“, outre ses nombreuses activités offertes qui scandent l’année (parentalité, fêtes de saisons...), gère l’école élémentaire (une classe maternelle et une classe primaire) de pédagogie Steiner Wal-dorf. Pour les enfants de 6 à 12 ans, une classe unique sur cinq niveaux menée par la directrice et professeur Chantal Ezan, depuis 4 ans. Cette année, 16 enfants la fréquentent.

Le groupe de la classe maternelle comporte, lui, 9 enfants qui entreront pour la première fois dans leur classe à la rentrée de Toussaint : un peu à l’écart de la ferme (à peine 500m) comme décrit plus haut. Mais nous alternerons cette vie au con-tact de la nature et des animaux, et les moments où l’on rentre dans un intérieur au chaud pour l’hiver, et où l’on peut aussi rentrer en soi.

Martine DubiezJardinière d'enfants

l’Association "la ferme aux 4 saisons“441 chemin des Baraques 73190 Challes les eauxContacts : Esther Anquetil 04 79 25 37 80 , Isa-belle Collée 04 79 28 60 [email protected]

En savoie,une école élémentaire

à la ferme

la vie des écoles - la vie des écoles - la vie des écoles - la Agenda des écoles (suite)

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