Revue des hautes études : ancien Anti-matérialiste ... · La science 'vient d'entrer dans une...

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lra ANNÉE. JV° 2 21 OCTOBRE 1886. REVUE DES HAUTES ÉTUDES SOEEBIAIBE DU 2. Études Scientifiques (D' JOHANNÈS). Les Lois des Fermenls selon Tordre divin . pour la Réintégration des Êires, hoimnes.el Esprits élémen laires, dans les droits originaires de leur création. Sciences Occultes (F.-Ch.- BAHLET). L'Initiation (suite). L'A.nti-Matérialiste (D 1 JOHANNÈS) Lettre relative à sa transformation, :— Questions Sociales (abbé ROCA). Nouvelle. Solution de: la question sociale. Études ïhéogonic(UéS (FÀURE DES ESSARTS). Solaires et Lunaires. La "Vie (L. PLATON). Magnétisme. Vie Humaine. Le Feu. Vie Astrale. Spiritisme (suite). Études Historiques (René CAILLIÉ). Les derniers Pharaons. "Vois; d'Outee^Tomlbe. Manifestations' occultes instructives. Justice et Réparation (R. CAILLIÉ). Erratum. .â^vis important. ÉTUDES SCIENTIFIQUES Les Sois «les ferments dans l'ordre divin pour la réintégration des Êtres, liomines et Esprits -élémentaires, dans les droits originaires de leur création. La science 'vient d'entrer dans une voie gui sera féconde en résultats précieux pour le bien de l'humanité. M. Pasteur, le savant'chimiste, a prouvé que la rage était guérissable, et il a guéri un enfant qui avait en lui le virus rabi- que, etdès lors dont les jours étaient'comptés '. Mais comment a été opérée cette guérison, dont le rapport l'ait à l'Académie, a soulevé des applaudissements enthousiastes parmi les assis- tants et même de la part des académiciens ? C'est par des inoculations du virus de- la, rage, faites avec des virus dont les atténuations ont été obtenues par des procédés scientifiques. Ceci se réduit donc à cette formule : c'est par les ferments savamment obtenus en divers degrés d'atténuation que le virus de la rage cesse d'être mortel, et que finalement la rage est guérie. A la rentrée solennelle des quatre Facultés, le savant professeur M. Chauveau, a fait à Lyon un discours, qui attirera l'attention dés esprits en Europe, sur les atténuations des virus ; et il a constaté que les atténuations des virus étaient môme transmissibles, en certains cas, par la voie de la génération. Ces faits du domaine de la science ouvrent des voies nouvelles pour la guérison d'un grand nombre de maladies qui sont restées incurables 1 Cet article a été écrit dès les premierslomps.de la décou- verte de M. Pasteur. Les succès de ce savant, les guérisons obtenues, se comptent;! l'heure présente par centaines; bien- tôt M. Pasteur les comptera par milliers, et le nombre ira .toujours en grandissant. par les moyens connus jusqu'à ces temps. 11 est donc vrai de dire que la science a fait dee découvertes, dont elle peut être fière à just- titre, car elles ont pour but le bien de l'huma- nité. Mais c'est un axiome que les sages de tous les siècles ont affirmé : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut », ce qui équivaut à dire, les lois qui sont constatées par la science dans l'ordre physique, sont de même que les lois qui régissent les choses 1 de l'ordre moral et divin, qui est en haut, par rapport à l'ordre physique qui est en bas. Pour nous, nous avons trouvé laloide la réin- tégration des êtres dans les droits originaires de la création, c'est-à-dire qu'il nous a été per- mis de connaître les moyens de réparer les funestes effets de la déchéance originelle, dans l'ordre moral et divin. Mais ce qui est sur- tout digne d'attention, c'est l'analogie profonde qu'il y a entre les procédés scientifiques, et ceux qui nous ont été manifestés, et qui ont leur base sur le sens littéral de nos Livres saints divinement inspirés. Nous n'avons voulu que signaler l'analogie qui existe entre les procédés et les résultats obtenus par la science, et ce que nous avons l'intention de faire connaître pour la réinté- gration des êtres dans les droits primitifs de la création. Cette analogie entre les lois de l'ordre physique, et celles qui ont pour objet celles de l'ordre moral étant signalée, nous entrons dans

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lra ANNÉE. JV° 2 21 OCTOBRE 1886.

REVUEDES

HAUTES ÉTUDESSOEEBIAIBE DU N° 2. — Études Scientifiques (D' JOHANNÈS).Les Lois des Fermenls selon Tordre divin. pour la Réintégration des Êires, hoimnes.el Esprits élémen laires, dans les droits originaires de leur création. — SciencesOccultes (F.-Ch.- BAHLET). L'Initiation (suite). — L'A.nti-Matérialiste (D 1 JOHANNÈS)Lettre relative à satransformation, :— Questions Sociales (abbé ROCA). Nouvelle. Solution de: la question sociale. — Étudesïhéogonic(UéS (FÀURE DESESSARTS). Solaires et Lunaires. — La "Vie (L. PLATON). Magnétisme. Vie Humaine. LeFeu. Vie Astrale. Spiritisme (suite). — Études Historiques (René CAILLIÉ). Les derniers Pharaons. — "Vois;d'Outee^Tomlbe. Manifestations' occultes instructives. — Justice et Réparation (R. CAILLIÉ). — Erratum.— .â^vis important.

ÉTUDES SCIENTIFIQUES

Les Sois «les ferments dans l'ordre divin pour la réintégration des Êtres,liomines et Esprits -élémentaires, dans les droits originaires de leurcréation.

La science 'vient d'entrer dans une voie guisera féconde en résultats précieux pour le biende l'humanité. M. Pasteur, le savant'chimiste,a prouvé que la rage était guérissable, et il aguéri un enfant qui avait en lui le virus rabi-que, etdès lors dont les jours étaient'comptés '.Mais comment a été opérée cette guérison,dont le rapport l'ait à l'Académie, a soulevé desapplaudissements enthousiastes parmi les assis-tants et même de la part des académiciens ?C'est par des inoculations du virus de- la, rage,faites avec des virus dont les atténuations ontété obtenues par des procédés scientifiques. Cecise réduit donc à cette formule : c'est par lesferments savamment obtenus en divers degrésd'atténuation que le virus de la rage cesse d'êtremortel, et que finalement la rage est guérie.A la rentrée solennelle des quatre Facultés,

le savant professeur M. Chauveau, a fait àLyon un discours, qui attirera l'attention désesprits en Europe, sur les atténuations desvirus ; et il a constaté que les atténuations desvirus étaient môme transmissibles, en certainscas, par la voie de la génération.

Ces faits du domaine de la science ouvrentdes voies nouvelles pour la guérison d'un grandnombre de maladies qui sont restées incurables

1 Cet article a été écrit dès les premierslomps.de la décou-verte de M. Pasteur. Les succès de ce savant, les guérisonsobtenues, se comptent;! l'heure présente par centaines; bien-tôt M. Pasteur les comptera par milliers, et le nombre ira.toujours en grandissant.

par les moyens connus jusqu'à ces temps. 11est donc vrai de dire que la science a fait deedécouvertes, dont elle peut être fière à just-titre, car elles ont pour but le bien de l'huma-nité.Mais c'est un axiome que les sages de tous

les siècles ont affirmé : « Ce qui est en bas estcomme ce qui est en haut », ce qui équivaut àdire, les lois qui sont constatées par la sciencedans l'ordre physique, sont de même que leslois qui régissent les choses 1de l'ordre moral etdivin, qui est en haut, par rapport à l'ordrephysique qui est en bas.Pour nous, nous avons trouvé laloide la réin-

tégration des êtres dans les droits originairesde la création, c'est-à-dire qu'il nous a été per-mis de connaître les moyens de réparer lesfunestes effets de la déchéance originelle,dans l'ordre moral et divin. Mais ce qui est sur-tout digne d'attention, c'est l'analogie profondequ'il y a entre les procédés scientifiques, etceux qui nous ont été manifestés, et qui ontleur base sur le sens littéral de nos Livres saintsdivinement inspirés.Nous n'avons voulu que signaler l'analogie

qui existe entre les procédés et les résultatsobtenus par la science, et ce que nous avonsl'intention de faire connaître pour la réinté-gration des êtres dans les droits primitifs de lacréation. Cette analogie entre les lois de l'ordrephysique, et celles qui ont pour objet celles del'ordre moral étant signalée, nous entrons dans

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ce qui est, à proprement parler, le suj et'Cfae nousavons en vue de traiter, dans l'expose qui va-suivre.Nous sommes sur cette terre sous le poids

d'une déchéance; tous les siècles l'attestent,tous les peuples l'affirment. -La nature entièrele proclame par lés -gémissements: -de tous lesêtres. Du reste, c'est un faitqui s'impose à tous,car la raison peut imaginer une manièred'expliquer l'état des choses, mais le sens com-mun confesse qu'il y a une déchéance dansnotre nature humaine.

.La question à résoudre est donc ceile-ci : est-il possible d'espérer la réintégration de l'huma-nité dans, les droits primitifs de la création ? ^Sur cette questiontous les hommes de progrèssont en parfait accord. A l'égard des croyants,quelques-uns n'attendent cette réintégrationqu'après la mort, et pour un petit nombre ;mais- d'autres mieux éclairés sur les promessesdes fidèles prophètes du Seigneur attendent'lerègne-de Dieu sur cette terre. Ils savent qu'il yaurades«Cieux nouveauxetune terre nouvelle»et ils croient dès lors à la Réintégration desêtres dans lès droits primitifs de la création.

C'est pour «eux qui vivent dans cette douceespérance que nous écrivons ; quant aux autresce sont des aveuglés, qui ne recevront la lu-mière que lorsque le jour de Dieu aura montréqu'il en est ainsi. A ceux qui nient le mouve-ment, il n'y a qu'à marcher, cela suffit; le pro-grès vaincra toujours ceux qui voudraient s'ob-stiner à le nier.Voici les principes qui vont être la base iné-

branlable de la démonstration que nous allonsfaire. Nous montrerons à tous que les véritésque nous mettons dans les clartés de la lumièrereposent sur un fondement solide, soit au pointde vue philosophique, soit au point de vuethéologique.Le châtiment qui est infligé à toute faute,

est une expiation ; et si la justice éternelle veutque lapeinede toute faute, de quelque manièrequ'elle soit commise, soit expiatrice, c'est qu'ily a dans l'expiation une vertu de purification.Tous les législateurs que la sagesse des nationsa reconnus comme missionnés de Dieu ont pro-clamé ce principe, comme la base de toutes leslois qu'ils ont édictées.

Maiss'ilyadans toute expiation un châtimentexpiatoire, une vertu de purification, et si cettevérité est reconnue par les hommes les plussages detous lessiècleset de toutes les nations,il y a aussi une vérité de justice éternelle, quin'est pas moins fondée ni moins certaine, c'estqu'il n'y a jamais deux expiations ou deux châ-timents expiatoires, pour la même faute.L'Ecriture sainte enseigne ce grand principe,

en 'disant, que Dieu n'inflige jamais deux fois,Jpour une même chose, la tribulation, qui n'est:autre chose que l'épreuve ou le châtiment, non-Vis in eadem, in iribulalione.

C'est laie fondement selon les lois de l'ordredivin, qui sont les règles de l'éternelle justicepar lesquelles Dieu gouverne, tout sur cetteterre, qui nous fera clairement comprendrepourquoi le virus de la rage peut être guéripar des inoculations du ferment de cette rage-préparé par des atténuations faites-avecfsa'gesse-

Le virus rabique *est mortel, mais il n'estdevenu si-dangereuxqu'aprèsavoir^acquis-Getteforce,_ en passant par des degrés, qui lui ontdonné ce cachet de violence. Il n'y a deprogrèsen niai que.-par degrés, et c'est ainsi pour lebien. Aussi ce n'est que par des inoculations-faites avec du virus rabique qui a subi des atté-nuations, que la guérison a pu être obtenue. Lesavant M. Pasteur a véritablement découvertles lois qui permettent de guérir la rage par lesferments du virus de la rage, mais préparéavec sagesse. C'est dans la conception et laconnaissance du ferment de la rage pour obte-nir la guérison de la rage qu'est la grandeurde cette découverte, qui sera une des gloires denotre siècle. Mais c'est aussi dans la prépara-tion des atténuations du virus delà rage qu'estl'importance de cette invention.Voici la loi qui explique pourquoi le virus-

rabique est guéri par des ferments de la ragemême: c'est que les semblables ne peuvent êtreguéris que par les •semblables, simitta simiiibits-curanlur. C'est la hase de toute la médicationhoméopathique; mais celle-ci n'avait pas encoretrouvé un fondement scientifique, le voici dansla découverte de M. Pasteur. Aucun savant enEuropene pourra répudier les lois des ferments,parce que tout cela est basé sur la démonstra-tion de l'ordre scientifique le plus rigoureux,le plus logique, et le plus certain qui soit pos-sible à la science sur la terre.Tout cela explique les immunités qui sont

acquises, quand on a eu le virus de telle ou tellemaladie, du mal syphilitique constitutionnel,par exemple. C'est à cause de la même loi, qu'iln'y a pas de double expiation pour une mêmefaute : non bis in éadem.

Après cette digression que nous ne faisonsqu'en vue d'éclairer notre sujet, nous revenonsau cas de la déchéance dans l'ordre moral oudivin, dont nous voulons rechercher les moyensde guérison. A'iil certes, nous nous réjouissonset de grand coeur de voir l'humanité en voieenfin d'obtenir laguérison dematadies réputéesincurables depuis tant de siècles. Mais n'est-cepas un bienfait bien plus grand encore de pou-voir espérer la guérison des vices et des pas-sions qui font de si terribles ravages au seindes- familles, et qui accumulent les ruines,morales et sociales.

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L'aurore de l'avenir commence à luire, et sinous vivons au milieu de tant de malheurs, dumoins nous voyons qu'il y a une voie qui relè-vera le tabernacle de David, et qui réparerales maux de la déchéance qui se sont accumulésdans la longue série des générations.L'exigence du sujet que nous avons à traiter

nous impose le devoir de soulever le voile debien des mystères ; nous 1©ferons avec conve-nance,; la science a sa chasteté dans l'ordremoral ou divin, cornuie «lie l'a dans.Tordrephysique. Nous entrerons donc dans la qwes-tionde la réintégration des êtres dans les droitsoriginaires de la création., parlerécitde Moyse,mais en disant, sans symboles, ce qu'il ne nous -fait entendre que sous le voile des figures, àcause de la nature même des choses à 'exposer.Eve dans l'Eden ne mangea pas seulement du

fruit mystérieux de l'arbre de la science du .bien et du mal, mais elle eut une union avecSatan, qui lui montra ee qu'il attendait d'elleen s'unissant avec le démon Lilith, qui était ;là sous une forme féminine. Puis Eve fit lemême acte avec Adam., dans le mode où Satan ;l'avait accompli et pendant qu'elle était sous ;l'action des fluides du Prince des ténèbres et :du mal.La sentence que Dieu prononça contre la :

femme, en disant : « Tu enfanteras dans la dou-leur » nous atteste la nature de la faute corn- ,mise, car la loi divine veut que le châtimentsoit là où a été le péché qui a été accompli.Ainsi se trouva souillé le principe même de .

la vitalité de la corporéité ; les Ferments dela vie animale furent soumis à l'action duprince du mal, et la concupiscence de la chair ,donna naissance aux vices et aux passions., .dans la corporéité de la nature humaine. •Si nous examinons la faute d'Eve nous ver-

rons qu'il y eut là un acte coupable et crimineldans les trois principes qui constituent uneoeuvre aux yeux de Dieu. Si nous examinonsun acte dans son point de vue moral ou devantDieu, soit par le côté philosophique ou par lecôté théologique, nous verrons trois choses :1° l'intention qu'on a servie ; 2° la fin qu'on-s'estproposée; 3° et enfin les moyens mis en oeuvre,pour atteindre la fin, conformément à l'in-tention.Eve- n'avait pas l'intention d'obéir à Dieu,

car elle avoue elle-même, selon Moyse, .qu'elleva agir contre sadéfense expresse. La fin qu'ellese propose n'est pas conforme au plan de laSagesse éternelle, puisque l'acte proposé estcontre l'ordre de Dieu ; 3° les moyens mis enoeuvre ne laissent aucun doute que l'acte estcoupable et criminel, car ils sont en dehors detoutes les règles de la loi divine. L'acte del'Eden est donc une faute devant Dieu, qui a

atteint et -souillé dans son- essence les fluidesde la vie, etquand Adanis'est associé à cemêmeacte, le Ferment même -de la vie a été souillédans la source de la génération.Voilà la déchéance de la nature humaine, la

source de la concupiscence de la chair et dusang, et ce qui donne naissance en nous auxpassions et aux vices. Il y a là un virusqùi estentré dans le ferment même de la vitalitéde 4a corporéité, etainsi la transmission -de.lavie dans la génération a été atteinte par le viruscontagieux, cause de la déchéance où noussommes,

Maintenant la question se pose pour nous.,dans des termes identiques à la guérison de larage, par M. Pasteur. Nous est-il possible decroire que le virus dans le Ferment même delàvie, dans la vitalité de la corporéité, puisseêtreguéri ? Mais si le vi rus de tarage est guérissablepourquoi le virus des Ferments de la vitalitécorporelle ne le .serait-il pas? Mais commentle guérir? cela évidemment ne saurait avoirlieu que par un procédé du môme genre qwêcelui dont fait usage le savant M. Pasteur.

Mais avant d'entrer dams le coeur de notresujet, il faut reprendre la notion de l'acte dela nature humaine., et considérer cet acte aupoint de vue philosophique et théologifue ;i° Est-ce en notre pouvoir, au milieu même

de la déchéance où nous sommes, d'avoir uneintention telleiqu'Eveeut dâravoirdansl'Eden,et Adam aussi ? La réponse est facile, car laliberté morale, qui est l'essence constitutivede notre vie intelligente, ne 'permet pas lemoindre doute à ce sujet. Nous sommes plei-nement libres de vouloir, non servir la concu-piscence de notre chair et de notre sang, inaisobéir aux lois divines que Dieu a eues en vue,dans l'acte des unions des deux sexes, aprèsqu'il eut divisé dans la corporéité de la naturehumaine le principe masculin et le principeféminin,2e Pouvons-nous nousproposer dans cet acte,

.semblable :à celui d'Eve, une fin qui soit con-forme au plan que la Sagesse éternelle avaiten vue en accordant à la nature humaine ledroit sacré de la génération ? Mais qui pourraitlimiter en cela l'absolue liberté où nous som-mes, au milieu même de notre déchéance? Ledoute ne saurait donc exister, nous sommeslibres de nous proposer la fin que Dieu avait envue dans la création.

3e Mais si nous sommes absolument libres,et notre conscience nous rend témoignage quenous avons cette liberté devant Dieu, par rap-

I port à l'intention à servir, et à la fin que nousdevons nous proposer, la loi logique nous dit quenous sommes aussi en possession de laliberté, à

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l'égard des. moyens pour opérer l'acte. Nouspouvons donc conclure, soit au point de vue de;îa,vraie .philosophie, soit au point;de vue dela saine théologie, que le virus de la concupis^cence peut être guéri dans la nature humaine.. Il ne .reste donc qu'à chercher les procédés

: scientifiques: de l'ordre moral ëf divin, pourguérir le virus du Ferment de la vitalité cor-: porélie;. par lequel Ferment a.lieù la transmis-,sioh dé la. vie; d'ans facte: sacré de la géné-ration.. ; • •':'"". . "

/ -.

Qu'il nous soit permis, ici,, pour éloigner lesimpurs qui ne sauraient, entendre les voies 1quenous voulons ouvrir à l'humanité', de nous,',élever bien au-dessus des lois de la chair et dusang, dans les régions^ célestes, in coelestibus,: comme dit saint Paul.:'Dieu,: dans/la création des êtres: qu'il fait,passer de l'exister à l'être ou à l'existencepropre, exerce sa bonté souveraine ;: il fait un-acte d;gisuprême paternité et maternité-, il estlà l'éternel Père-Mère,, source et principe .'detout être, et parconséquent fin aussi de tons lesêtres. Mais il révèle< mieux encore la. grandeurde cette bonté infinie,. lors qu'il donne le pouvoirde génération aux êtres mêmes qu'il a, créés.Ainsi qu'on le voit, il fait là une délégation depouvoir créateur ; . il est si grand, dit. l'Angede. l'école, qu'il élève au rang de. cause pre-mière, ceux qui par création ne sont et-ne peu-vent être que des causes secondes.Placé à ces hauteurs la paternité et la ma-

ternité, dans l'acte de la génération, ne sau-raient être atteintes par le souffle et les impu-dences des impurs. Quiconque a senti dans soncoeur le désir de la paternité comprendra lagrandeur de Dieu, dans le pouvoir suprême etsouverain de la transmission de la vie. Alors ilsauranousrendrelajusticeàlaquelle nous avonsdroit,, lorsque nous cherchons la guérison duvirus de la concupiscence. Quel est donc le père,quelle est la m ère, aspirant à avoir une généra-tion qui continue sa vie à traversles siècles, quine se sentirait ému à la pensée qu'il est possibleau père et à la mère de ne pas laisser sous lejoug des vices et des passions, sous la terribleloi du virus de la concupiscence, dont il sentla loi en ses membres, ceux à qui on va trans-mettre la vie. Mais on rougit de honte de trans-mettre un virus syphilitique ! alors avec com-bien plus de raison il faut rejeterlatransmis-sion: d'un virus qui atteint la source même dela vie morale, et qui fait un enfant vicieuxdevenant la triste victimede ses passions char-nelles, au lied d'être la gloire et l'honneur dela Famille.Tels sont les générants, tel est le généré,

au point de: vue de la vitalité de la corporéité,

voila le principe qui domine toute transmissionde la vie dans la loi dé la génération. S'il enest ainsi, qui ne se réjouira' d'éteindre dans lasource même delà paternité et de l'a maternité,le virus de la concupiscence de la chair et dusang, et la loi des vices et des passions quenous sentons dans/nos membres?

Tous les prophètes le proclament, l'Indedont les traditions remontent au berceau del'humanité, a conservé le dépôt: de cette: véritéavec une inviolable fidélité..':- oui, le virus con-tracté par la.faute de l'Eden peut être guéri!La réintégration des êtres, dans, les droits origi-naires de la création; n'est pas. une vaine, espé-rance, c'est une. vérité démontrée au point devue philosophiqite et théologiq.ue, et; les faitssont là pour en rendre un témoignage"- irré-cusable.Les Livres saints, qui sont labasederensei-

gnementreligieux, parce qu'ils sont considérés;comme divinement . inspirés par toutes lesnations de l'Europe, nous affirment cette vérité.:MOyse après avoir raconté la chute de l'Eden-,.et fait connaître la naissance de Gain conçudans le virus de la- concupiscence de la fautecommise, nous montre aussi la réintégrationdans la naissance bénie du juste Abel, et celle.de Seth, dont la race conserve la bénédictionacquise. Héiloch, à la septiènie génération, aété si pleinement réintégré, dans les* droitsprimitifs de la création, qu'il fut transféré auciel sans passerpar lamort,Noé, Héber, Abraham, Melchisédech, Moyse

conservent ou recouvrent l'état édénal, ils.sont en possession des droits primitifs de lanature humaine. Cette vérité se conserve cheztous les peuples, et la terre voit toujours quel-ques élus dans ces voies, et cela dans tous lescultes et au sein de diverses nations. Mais re-venons à nos livres saints, parce qu'ils sontacceptés comme le fondement de la sciencereligieuse parmi les divers peu pies de l'Europe,qui sont à la tête de la civilisation, dans lestemps où nous sommes.. Salomon, dans le Cantique des Cantiques di-vinement inspiré selon la doctrine de l'Église,nous enseigne que l'état édénal est recouvrépar la même voie qui a été la cause de la chute. -Si on veut entendre, non le sens architype quiest vrai aussi, mais le sens littéral qui mit loi"en matière d'enseignement, on verra la réinté-gration de là nature humaine, par une voieanalogue à celle de la chute de l'Eden ; etnous retrouverons là les mêmes procédés,dontM. Pasteur a fait usage dans l'ordre physiquepour la rage, et qui ont leur application icidans l'ordre moral ou divin, pour la guérisonde la concupiscence de la chair, et par consé-quent des vices et des passions dont celle-ciest la source.

Nous trouverions, si nous voulions en citer

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lés textes, la-même doctrine dans les psaumes,Isâie, Ezéchiel, Daniel et saint Jean, dont lasublime Apocalypse termine les Livres saints,.et cela non en les entendant dans un sens ac-commodatice, comme on dit, mais dans leur vraiet unique sens littéral. Nous le prouverons lors-que nous traiterons cette question avec l'éten-due nécessaire pour faire toute: les citationsrequises; en ce moment nous lie faisons iciqu'un exposé sommaire où nous" indiquonsseulement le vaste ensemble de: ce sujet.

Si nous examinons la question au point devue théologique, nous avons le devoir de dé-montrer que nous sommes dans les voies de laplus haute moralité.Tout acte, au point de vuemoral, doit être conforme aux règles divines,et être absolument irrépréhensible dans lestrois choses qui en constituenti'essence, savoir, .l'intention:, la fin et les moyens.. Mais, dans ceque nous voulons exposer, comme la. voie pourla réintégration de la nature humaine, dans lesdroits originaires de la création, les actes àaccomplir sont dans les conditions les; plusrigoureuses de la plus pure et de la plus hautemoralité.lien est tellement ainsi, qu'à nos yeux, la

déchéance n'est réparée et la concupiscencede la chair ne peut être guérie qu'à la condi-tion absolue que les actes à opérer seront plei-nement conformes aux règles divines:, dans cequi concerne l'intention- qu'il faut avoir, la finqu'il est de notre devoir de se proposer, et lamisé en oeuvre des moyens qui soient en rapportavec l'intention à servir et la fin à atteindre.' Aussi avant tout, pour espérer la guérisonde la concupiscence dans un être humain, il estnécessaire que celui-ci soit éclairé sur lescauses qui ont amené, à titre de" châtiment dela faute commise, la concupiscence de la chair,comme -une expiation requise pour obtenir lapurification espérée. Il faut qu'il sache que laloi divine exige que la transmission de la vien'ait lieu que selon le plan de la sagesse éter-nelle, et, que Dieu ne peut permettre et ne per-mettra jamais, dans aucun cas, une transgres-sion aux lois voulues par sa Sagesse, pouratteindre la fin qu'il se propose. Aucun être nesaurait se soustraire à la souveraineté du divinCréateur, qu'il soit roi ou autre chose.H est facile de,voir par là qu'il ne saurait

être possible de détruire la concupiscence dela chair, source des vices et des passions, si onservait les lois de cette même concupiscence,en un mot si on obéissait à la voix des vices etdes passions, etsi on ne savait pas s'élever au-dessus de la loi des membres qui nous soumet àl'esclavage des sens, et nous assujettit à lachair et au sang. Il est donc nécessaire de sa-

voir qu'il est possible à la nature humaine dése dél ivrer de ce joug, et après avoir reconnuque no us avons la liberté; de nous soustraire àl'esclavage de la loi des Membres,, vouloirdétruire éii nous la concupiscence, de la chair; ,'

A ceux qui, faute d'avoir les yeux purs,vo..u- '.''.draient voir dans la doctrine exposée, quelquechose en opposition avec les loi s les plus abso=lues de la moralité, il nous suffira .dé dire :. nousprenons tous les hommes sans exception pour"

"

juges entre nous et vous ; nous n'excluons niles. philosophes, amis de leurs frères, ni "lesthéologiens, gardiens par devoir des règles di-vines, et nous disons à- tous, quel est celui quia le plus à coeur la vraie moralité, celle dont.Dieu est le régulateur suprême, et qui a. sonfondement sur la doctrine des Livres saints ?Voici ce que vous, voulez, et voici ce que nousvoulons.Vous voulez donc: que le. règne de la con-

cupiscence s'affermisse àjamais.s.ur cette-terre ?vous avez l'intention que ce virus.ne cesse dé: .multiplier "ses victimes? Mais vous-même,:comment espèrez-vous vous soustraire à l'em-pire des vices et des passions, qui font courberla tête des rois, et dont l'histoire nous a mon-tré les ravages jusque sur le trône du suprêmepontificat ?Vous n'avez qu'une ressource, si vous ne

suivez pas la voie que le ciel ouvre: à. l'huma- '

nité, c'est de vous envelopper.de ténèbres etde silence. Mais pouvez-vous croire que l'oeilde Dieu ne voit pas ce qui s'accomplit dans leschambres les mieux fermées aux yeux deshommes? Si vous lisez le prophète Ezéchiel.vous apprendrez que ce voyant a percé-la mu-raille, et qu'il a vu, comme témoin incorrup-tible, ce qui s'accomplissait dans le secret dumystère. Mais si les fautes sont connues auxyeux de Dieu, et si les crimes commis sont dé-noncés par les voyants, comment pouvoirespérer échapper au châtiment?II y a des gens naïfs qui s'étonnent de voir

les révolutions éclater, et au milieu de ces dé-sordres, ils ne voient pas la main du Dieu quifait expier les fautes commises. Tout ce qui estsaint se relève de ses ruines; mais ce qui estcoupable ne verra jamais le relèvement; c'estla justice deDieu qui a prononcé l'arrêt.La concupiscence de la chair multiplie ses

victimes parmi les croyants, comme parmi lesincroyants. Est-ce que les vices et les passionscharnelles sont inconnus de ceux qui ont lafoi, même la foi la plus vive et la plus ardente?Quel est l'insensé qui osera prétendre cela !Mais si les choses sont ainsi, alors l'humanitén'a d'autre espérance que de sombrer sous lesflots deTimpureté, sans pouvoir échapper à ceterrible déluge. Dans ce cas, laissez-nous cher-cher un refuge -dans' une'doctrine plus conso-iànte ; vous n'êtes pas ceux à qui le ciel veut

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confier ladirection des destinéesde l'humanité. IPour nous, nous, attendons: le règne de Dieu I

sur cette, terre, conformément aux promessesdes fidèles; prophètes, selon renseignement-denos Livres; saints, soit de l'Ancien, soit dunouveau Testament, et selon les traditionssacrées- dé tous les peuples, acceptées danstops les temps.Eve, dans l'Eden, fit une faute; mais elle viola

la défense expresse de Dieu par un acte del'ordre spirituel et qui eut lieu selon un modespirituel,, puisque Satan n'était pas: revêtu dela nature humaine.- Mais cet acte n'en fut pasmoins aussi réel que s'il avait eu lieu selonl'ordre ou le mode de notre vie sur la terre. Demême pour la guérison de la concupiscence, etdès lors celle des vices; et des passions, il nesaurait y avoir un obstacle: d'avoir recours aune voie de ce même mode spirituel. La gué-rison espérée sera aussi possible à obtenir parce mode spirituel que si nous, mettions en oeuvrele mode d'opération selon notre vie sur cetteterre.

Ce qui est essentiel, et ce qui est absolumentrequis, c'est en premier Heu que l'acte ait lieu,dans, les conditions de la vraie et pure moralitédevant Dieu. Ilfaut donc avoir l'intention droite,et ne .vouloir que selon les vues de Dieu, d:anslaséparati.on et la création du principe masculin' et du principe féminin dans la nature humaine.Il est nécessaire de ne se proposer, comme finde son acte, que ce que l'éternelle Sagesse avoulu dans la délégation du pouvoir suprêmede la transmission de la vie. Enfin les moyensou le mode d'opération doit être conforme àl'intention à servir, et selon la fin qu'on veutatteindre.

Ces trois conditions essentielles à tout acteirrépréhensible devant Dieu nous sont-ellespossibles, dans l'état de déchéance où noussommes ? La réponse affirmative est certaine,car la liberté que nous avons dans tous nosactes, nous permet à coup sûr d'être fidèles ences opérations à ces trois conditions de toutacte moral.Par là il est facile de voir, qu'au virus de la

concupiscence, principe en nous des vices etdes passions, nous pouvons opposer le Fermentde vie, et agir ici dans l'ordre moral et divin,dans la même loi où M. Pasteur oppose auvirus rabique le Ferment de la rage dansl'ordre physique. Mais ce n'est là qu'une desconditions de la guérison, car c'est par l'emploides atténuations du virus de la rage que la

fuérisona eu.lieu, et ces atténuations n'ont

té obtenues que par des procédés de l'ordrescientifique, qui ont demandé une rare sagesse.Il est vrai de dire que la grandeur de la décou-

verte est plutôt dans la connaissance des atté-nuations du virus de la rage, et dans le sageemploi- de ces atténuations qu'elle, n'est, dansle principe lui-même, que le virus rabique medoit être guéri que par le Ferment de la ragfcIl en est ainsi pour la guérison de la con-cupiscence, de la chair, et par conséquent dela délivrance des vices et des passions, dansla. nature humaine. Il ne saurait suffire desavoir qu'à ce virus, que saint Paul appelle laloi des membres, il faut opposer le Ferment dela vie ; ce qui est encore plus nécessaire àconnaître, ce sont les degrés: dans ces opéra-tions de'vie.

C'est ici où Salomon, dans le Cantique-desCantiques, divinement inspiré, devient: pournous un guide plein de sagesse, puisque Dieului avait accorde le don de sagesse au plus hautdegré où il a été donné sur cette terre.. Or lesens littéral, qui est celui de l'esprit de Dieu:,nous montre cinq degrés, qui peuvent s'en-tendre de douze, et ces degrés, dans l'ordremoral ou divin, correspondent aux atténuationsdu virus rabique que M. Pasteur obtient parses. procédés, scientifiques.

En premier lieu, il y a, selon Salomon, l'af-franchissement pour celle qui cherche à l'entrerdans l'état édénal, par les,voies du pur amour.«Qu'il me baise du baiser -de sa bouche. »Chap, i v. 1. Personne ne, pourra soupçonnerdans ce cas qu'il s'agit d'un acte immoral. Non,il s'agit de la connaissance des voies saintesqui conduisent .à retrouver les droits origi-naires de la création. Nier cela, c'est, com-mettre' un crime, contre le Saint-Esprit.En second lieu, Salomon expose le mode vir-

ginal des opérations dévie : « Monbien-aiméestavec moi. » Chap. i, v. 13... « Il m'a menée dansla salle du festin, et son Etendard sur moi estamour » Chap. n, v. 4. Il s'agit bien d'une opé-ration dévie, mais à coup sûr elle est conformeà la plus pure moralité, elle est donc dans unmode virginal.Or il est facile de se rendre compte que dans

cet état, il y a trois degrés ; car dans une voiesi délicate, et si en opposition avec les loisde la déchéance, il y a nécessairement un com-mencement, un milieu et une fin ; c'est-à-direon commence les opérations dans un mode^ vir-ginal, on se perfectionne dans ce mode d'opérer,et enfin on opère selon la perfection de cet état.Voilà donc quatre degrés, qui sont dans l'ordremoral ou divin, ce que sont les quatre pre-mières atténuations obtenues par M. Pasteurpour le ferment de la rage.En troisième lieu, Salomon expose le mode

spirituel des opérations de l'épouse. « Monbien-aimé a avancé sa main par le trou de la

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porte et mes entrailles ont été émues a causede. lui. » Chap. v, v. 4. Il s'agit bien là d'une-opération de vie selon le mode spirituel. Et demême nous pouvons distinguer dans cet étattrois degrés.Enfin, en quatrième lieu, Salomon s'exprime

ainsi, dans le texte sacré : «J'ai dit, je monteraisur le palmier. ». Ch. vu v. 8.) Ceux qui con-naissent l'a signification du palmier entendrontsans peine qu'il s'agit aussi d'une opération devie 1.

Si nous ajoutons l'état le plus parfait de«celle qui est là colombe, la parfaite, Tuniqueàsa Mère. » Ch. vi, v. 9,, qui est ici Marie, lasagesse créée, nous connaîtrons tous les degrésà parcourir, pour la parfaite guérison en nousdu virus de la concupiscence, qui est un poisonbien autrement dangereux que le virus rabique,pour l'humanité.

Nous avons considéré la question de la réin-tégration des êtres dans les droits primitifs dela création, au point de vue de la science reli-gieuse, qui a sa base dans les Livres saints divi-nement inspirés. Il est de notre devoir d'exa-miner aussi cette question.au point de vue delàscience philosophique dont le critérium suprêmesont les faits acquis et soumis à la lumièrerationnelle. Il est certain qu'il y a des inocula-tions du virus par lesquelles on obtient unevéritable immunité contre l'action de cesmêmes virus.

Ainsi, en Amérique, il y a l'inoculation du.poison des serpents, et par cette inoculationles morsures des serpents les plus venimeuxsont sans danger et n'amènent aucun accidentpour ceux qui ont été l'objet de l'inoculation,tandis qu'il y a péril de mort pour les autres.Il en est de même pour les inoculations du virusde la variole,' en Orient. "*~Le principe de cette immunité acquise a ses

fondements sur ce principe de philosophie :c'est que si le virus est donné à forte dose, etsans que les sujets fussent soumis, par l'a voiedivine, par des fautes, à l'action mortelle dupoison, dans ce cas il y a immunité. De mêmesi on habitue le corps à l'action d'un poison, encommençant par des doses qui ne sont pas dan-gereuses, on acquiert par ces degrés l'immunitépour une dose qui serait mortelle pour ceuxqui n'auraient pas obtenu cette préservationpar cette habitude.Telle est la raison qui explique la doctrine

exposée par le Cantique des Cantiques de laguérison du virus de la concupiscence, à l'aide

\ L'ouvrage sur le Cantique des Cantiques est fait etprêt a être publié ; là se trouvent tous les moyensa mettre en oeuvre pour la guérison des.vices et despassions.

d'opérations dans un mode spirituel, et selonl'ordre des degrés qui ont été tracés.

Les faits nous ont confirméquecette-guérisondes vices et des passions était possible. Parcette voie, la nature humaine recouvre l'esdroits originaires de sa création. Nul être nesera assez insensé pour croire que la concu-piscence a pu exister dans la nature humaine:,telle qu'elle sortit de l'exister à l'existencepropre par la puissance du Créateur. Dieu peutdonner la liberté àdes êtres intelligents, et parle funeste usage de. cette liberté: qui est deïes-.sencè deTêtredoùé du grand don: de: l'intelli-gence, ces êtres peuvent""souiller leur nature ;mais Dieu n'est pas et. ne saurait être l'auteuren nous de la concupiscence de la chair, sourcedes vices et des passions.

Quelle voie s'ouvre à rhumaiiitéY si chacundes êtres libres, veut combattre en lui. le virusde la concupiscence, et surtout si ceux quiacceptent le grand devoir de la paternité et dela maternité ont à coeur d'acquérir l'état Edé-nal, pour les enfants qui doivent recevoir la. viepar leur concours, afin de les représenter àtravers la longue série des siècles. Oh 1 non, cene sera pas en vain que cette doctrine de véritéque nous avons reçue du ciel sera entenduepar une oreille, et descendra dans un noble coeurd'époux ou d'épouse, de père, ou de. mère.L'avenir doit appartenir, non à la foi aveugle

qui est celle des enfants, car les peuples et lesnations touchent à leur majorât, et ils veulentconnaître la raison des choses, et c'est justice.L'avenir ne peut pas plus appartenir à la lu-mière rationnelle, car si grande qu'elle soitelle est manifestement insuffisante pour lesalut de l'humanité. Il faut un levier pourélever en haut la nature humaine, mais oùsera la base de ce levier? Si vous ne le placezque sur la terre, il sera dès lors impuissant àélever les êtres en haut, in coeleslibus, et il fautpourtant pouvoir remplir cette condition.Que devons-nous conclure de là: rien autre

chose sinon ce qui a été vu et compris par lesMaîtres de la sagesse, dans tous les siècles, quel'avenir sera l'héritage de la science rationnelleet de la science religieuse qui seront unies dansles lois d'une parfaite harmonie. Lorsque cesdeux voies de la vraie et éternelle vérité neformeront qu'une seule science, l'humanité,verra luire les temps promis et annoncés parles voyants et les prophètes. Nous sommes àl'aurore de ces jours, et nous n'en sommes plusséparés que par les jours, qui sont nommés létemps de l'homme, parce que c'est alors que,Dieu aura prononcé les arrêts delà suprêmejustice contre tout ce qui se dresse comme un-obstacle en face du plan de l'éternelle Sagesse,et ce sont les hommes qui seront les justiciersde Dieu, au milieu des jours de ruines que nous 1allons traverser.;

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nâ découverte de M. Pasteur est un desgrands signes de l'ère des temps nouveaux oùnous entrons, qui est pour nous celle du règnede Dieu, dont les Livres saints parlent pourainsi dire à toutes les pages. L'homéopathiene pouvait manquer de revendiquer les travauxde M. Pasteur comme une preuve de ce quiconstitue la base même de ce système. Cela aeu lieu en effet, et un docteur de Paris,M. Flasschoen,avoulu établir que cette décourverte procédait de la doctrine homéopathique.Il est vrai de dire que réellement, dans l'in-

vention de M. Pasteur, la loi des semblablesopérait dans toute sa puissance, dans toute savérité. Mais il faut bien reconnaître aussi queM. Pasteur a donné une base scientifique à sestravaux, et l'homéopathie n'a jamais su agirainsi. Elle avait un fondement de vérité, maiselle n'avait pas de procédés scientifiques; à cetitre elle était tenue en suspicion parla science,et c'était justice. La science a accueilli avecenthousiasme la découverte de M. Pasteurquoique la base de cette invention reposât surle principe de l'homéopathie, la guérison dessemblables par les semblables, mais en atté-nuation.La science en M, Pasteur a été de trouver

les atténuations du virus rabique par des pro-cédés scientifiques qui donnent une pleine satis-faction a la raison, et qui sont confirmés parles effets obtenus. Mais il ne saurait être pos-sible d'en dire autant de la manière d'obtenirles atténuations en homéopathie ; il n'y a làrien de vraiment scientifique.Aussi, en homéopathie, il faut la foi_ aveu-

gle du charbonnier; et c'est là ce qui répugneà la science. Il était dès lors naturel de voirl'homéopathie avoir ses plus grands succèsparmi les partisans de la foi aveuglé d'unepart, et de l'autre parmi ceux qui ne font pasle cas qu'il convient des procédés scientifiques.Mais la découverte de M. Pasteur répond

au contraire aux aspirationsde l'avenir ; aussielle a été saluée par des applaudissementsenthousiastes. Elle est le signe de l'ouverturedes temps nouveaux, car ce qui a lieu dansl'ordre physique, s'accomplit en même tempspour les choses de l'ordre moral ou divin. Toutle but de ce travail est de faire cette démons-tration, qui a son fondement sur un principede vérité éternelle.L'immunité dans l'ordre physique, c'est être

au-dessus de la force du virus, c'efct être placéhors des atteintes de ce poison. Dans l'ordremoral ou divin, c'est avoir détruit en soi leprincipe du mal moral, qui est la concupis-cence, c'est être en dehors des atteintes decette loi des membres, par laquelle, quoiqueconnaissant les voies du bien, nous faisons le

mal, ce qui n'est autre chose qu'obéir auxvices et aux passions.11 y a deux voies pour obtenir l'immunité :

nous avons l'inoculation préventive. C'est uninnocent à qui nous imposons l'épreuve expia-toire des criminels. Mais à cause même de fi-nocence du sujet l'expiation est abrégée etréduite à pour ainsidire rien. Dans les sciencesoccultes, il .y a ce qu'on appelle la science descontre-signes, qui repose sur ce principe devérité. Mais clira-t-on, pourquoi le vaccin neproduit-il plus une immunité parfaite ? c'estparce que les inoculations ne se font pas avecdes atténuations par des procédés scientifiques,comme M. Pasteur a fait pour les atténuationsdu virus rabique. Mais la voie est ouverte, etce qui a été obtenu par le ferment de la rage lesera pour toutes les maladies contagieuses.Le principe formulé déjà en 1823 par M. Lux

de Leipsig est vrai: toutes les maladies con-tagieuses, comme lagale, la syphilis, l'anthrax,la peste, le choléra, et les autres, renfermentdans leur produit même les éléments de leurguérison et de leur prophylaxie. C'est là lavraie voie de la science médicale.Mais il y a encore cette condition absolu-

ment essentielle : c'est d'opérer avec des atté-nuations obtenues par des procédés scientifi-ques dirigés avec une haute sagesse. Dans cescas l'immunité s'obtient par la même voiequ'en prenant des doses de poisons, dont ontriomphe, et en les augmentant sagement, onfinit par être réfractaire à l'action dangereusede ces poisons. Il y a de ces faits qui sont dudomaine de l'ordre physique, diverses conclu-sions que nous voulons déduire dans l'ordredes choses qui sont de l'ordre moral où divin.

La première conclusion est celle7ci :1a foiaveugle, dite la foi du charbonnier, est con-damnée à disparaître dans l'avenir. C'était lafoi de l'enfance des peuples, comme il y a lafoi de l'enfance à l'égard de l'ordre naturel.Mais chacun sait que si l'enfant accepte dansson jeune âge ce qu'il plaît aux parents et auxmaîtres de dire, il n'en est plu s de même à l'é-poque où l'intelligence a acquis son completdéveloppement. Il doit en être ainsi pour lespeuples et les nations parvenus à leur majo-rât. Ceux qui se font l'illusion de croire qu'ilsretiendront les peuples sous leur domination,par des mystères et des symboles, se verront-déçus dans leur vaine espérance.îl faut soulever le voile des mystères ; l'hu-

manité, soit en orient, soit en occident, ne secontente plus de s,ymboles ; elle veut en dévoilerle sens, si non eJÎe tombe dans l'incrédulité. Ily a des aspirations qu'aucune force, ni de l'or-dre naturel, ni de l'ordre moral ou divin, ne;

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saurait comprimer. Le Pontificat romain sebrisera là, mais il ne vaincra pas ; et en voicila raison absolue :C'est Dieu lui-même qui a tracé ce plan à

l'humanité. Est-ce qu'il est possible à une au-torité quelconque d'empêcher le développe-ment et la croissance des êtres dans les voiesde leurs destinées? Cette puissance n'est entreles mains de personne sur la terre, pas plusentre les mains des rois, que des souverainsPontifes. Les hommes veulent la science, ilsla veulent dans l'ordre rationnel, comme dansl'ordre religieux ; cet héritage leur est pro-

mis, ils vont l'avoir, les temps sont venus.La réintégration de la nature humaine dans

les droits originaires de la création va s'ac-.complir comme la rage, et les maladies se-ront guéries.Nous saluons l'aurore de ces joursbénis. Les travaux de M, Pasteur sont le si-gne de l'ère de l'avenir dans l'ordre physique,notre écrit et la guérison du virus delà con-cupiscence de la chair que nous affirmons, etque les faits attesteront, est aussi le signe duRègne de Dieu dans l'ordre moral et divin.

Docteur JOHANNÈS.

SCIENCES OCCULTESL/Iïtitiaiion

III. — Lorsque la science cherche à réaliser,en suivant la marche si bien tracée par Taine,son espérance de trouver dans l'observationdes phénomènes l'enchaînement indéfini deschoses, elle ne tarde pas à se heurter à unedifficulté capitale que le lecteur a du pressentirdéjà : à savoir, les limites que la nature imposeà notre observation et à nos expériences. Noussommes bien forcés de nous avouer ces limitesquand nous nous trouvons en présence de faitsou d'êtres que nous ne pouvons atteindre bienque leur existence soit indubitable pour nous ;or il n'est pas un ordre de sciences qui neprésente assez rapidement de pareils faits oude pareils êtres.Quand le physicien a constaté les lois les plus

générales de l'attraction, de la chaleur, de lalumière, de l'électricité,il rencontre d'une partl'élément supposé de la matière, molécule ouatome, sans pouvoir l'observer, et de l'autre l'es-pace céleste où il ne peut pénétrer, de sorte quela transmission de la force attractive, de la cha-leur, de la lumière, de l'électricité à l'intérieurdes corps ou entre eux, et,par suite, la cause deleurs caractères spécifiques, cellede leurs com-binaisons, celle de leur atomicité, sontautant dechoses qui échappent à ses sens, aussi bien queles courants de l'espace et môme, simplement,les régions supérieures de notre atmosphère, oules couches profondes de notre propre globe.Le naturaliste aeonstaté les fonctions des or-

ganes et la structure grossière des organismes,il arrive à cet élément des tissus qui sembletoujours se reculer à mesure qu'il en approche :il ne peut même pénétrer dans cet élémentdéjàsi complexe de la cellule pour examiner le jeudes forces physiques et chimiques quiysotit en

lutte incessante ou pour connaître ses carac-tères, ses rapports avec le milieu où elle vit,son origine, sa fin. A l'inverse, l'infinie variétéd?,s êtres, les nuances imperceptibles qui lesdifférencient, dépassent tellement encore lesbornes de son observation qu'il ne peut réussirni aies connaître tous, ni même à rassemblerceux qu'il connaît dans les cadres nécessaire-ment artificiels de ses classifications '.Ne parlons pas de l'astronomie dont le do-

maine presque entier est en dehors de nos li-mites ; mais que dire des phénomènes de lasensibilité, de la vie, de la pensée, aussi impé-nétrables au naturaliste qu'au moraliste, àl'économiste ou à l'historien quand ils préten-dent seborner à y voir des faits produits dansdes régions inabordables de notre être ?Que dire encore des bornes que le tempsnous impose aussi bien que l'espace? Combien

le champ de nos observations n'est-il pas cir-conscrit dans le passé astronomique, géolo-gique, biologique et historique qui doit nousservir, cependant, à juger de l'avenir, à don-ner un corps à nos sciences?

Et qu'est-ce encore lorsque ces deux obsta-1Agassiz, à propos d'une mission scientifique, écri-

vait au savant empereur du Brésil, que les poissonsde l'Amazone sont presque tous d'espèje nouvellepar rapport aux autres régions alors connues '; qu'il seproposait d'étudier seulement 1,800à 2,000de ces es-pèces; que poiir cela il avait à connaître : leur habi-tation, leur nourriture, leurs moeurs, leur géuération,leurs migrations, leur analomie, etc.. qu'ainsi plu-sieurs avinées lui étaient nécessaires pour prendre con-naissance de ce tout petit coin d'une fraction d'unedes parties d'une science spéciale. C'est un exempleentre mille que fourniraient indifféremment la miné-ralogie, la chimie, la botanique, l'astronomie si ellespouvaient voir tout ce qu'elles désirent !

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des se coalisent contre notre insatiable curio-sité ? Contre l'historien, par exemple, quiprétend par les seuls faits archéologiques ouphilologiques, restituer un passé où la plupartdes causes étaient cachjées dans lesprofondeursdé l'a conscience humaine, insondables pour lecontemporain lui-même!Que le lecteur ne m'objecte ici ni ! expéri-

mentation ni ces magnifiques observationsindirectes qui sont la gloire des temps mo-dernes. La première prouve, en effet, leur fai-blesse et celle des observations qu'elle estappelée à confirmer ou à rectifier quand ellen'est pas le complément de simples hypothèses.Quant aux autres, je suis bien loin deies nieret de mesurer plus que qui ce soit mon admira-tion à nos sciences modernes, que je crois, aucontraire, grandement honorer, en précisantleur puissance dans le: but et avec l'espoir demontrer qu'elle est bien plus grande qu'on nele pense. Je n'oublie donc pas, le moins dumonde, .comment l'homme est parvenu à serendre compte de l'inabordable jusqu'à peserl'atome et les planètes,, jusqu'à mesurer lesintervalles des uns et des autres, jusqu'à dé-chiffrer quelques-unes des pages presque effa-cées de la vie de notre monde. Mais, c'est pré-cisément de ces sortes d'observations quej'entends parler pour faire sentir qu'elles sontactuellement leurs limites inévitables, et voiciseulement ce que j'entends dire :En premier lieu, que l'observation pure et

simple du phénomène n'est que le préliminairede la science où l'imagination, Vintuition, joue,au contraire,Te rôle capital, comme le mon-trera mieux tout à l'heure l'étude plus appro-fondie de la méthode dite expérimentale.Eu second lieu, dans l'état actuel de notre

nature, l'observation, directe ou non, la plusingénieuse du phénomène est nécessairementbornée par nos facultés, de sorte que le pro-grès ne peut s'attendre que du perfectionne-ment de celles-ci. Autrement dit, le progrèsde la science ne s'accomplit que par une sériede modifications alternatives du mode d'obse)-va-tion, et de Vobservateur lui-même.. Cette dernièreassertion ne sera prouvée que par toute lasuitede ce chapitre, mais nous pouvons montrermaintenant les limites de notre perception duphénomène, et il ne s'agit, en ce moment, derien autre chose.La Naturenous fait sentir ces limites en nous

refusant une intelligence nette des mesuresmême que nous réussissons à établir, une foisque nous atteignons certaines régions ou extrê-mement bornées ou extrêmement étendues ;nous sommes dès lors dans l'inappréciable,presque dans l'inconcevable, aussi bien quelorsque nous abordons ce inonde delapensée ettout ce qui est d'ordre spirituel. Que disent,par exemple, à notre esprit, ces distances des

étoiles les moins éloignées de nous, comme dela 61° du Cygnequi n'est pas àplusde 595,000foisla distance de la terre au soleil (ou un peuplus de 22 millions de millions de lieues), desorte que la lumière nous en arrive en neuf ansau plus, à raison de 77,000 lieues par seconde, enchiffres ronds. Que nous disent de plus ceschiffres de la vitesse de la lumière ou celui denotre distance au soleil, de 37 millions et demide lieues ? Qu'apprenons-nous en sachant queles vibrations lumineuses se répètent plus de500 millions de millions de fois pendant ladurée infime d'une seconde, ou encore (commeCrooke l'a rappelé dans ses célèbres confé-rences sur le radiomètre), que les moléculesgazeuses sont de dimensions telles qu'il fau-drait plus de quatre cent mille ans pour remplir'un ballon de 13 centimètres de diamètre à tra-vers un trou microscopique,..ayeC une vitessede 100 millions de molécules par seconde ?La raison de notre impuissance dans ces

régions est bien claire : notre analyse, néces-sairement finie comme nos facultés, ne peutqu'approcher non pas atteindre l'infini, tandisque la nature, comme nous le voyons dansl'état actuel de nos sciences, compose le finiau moyen d'un nombre infiniment grand d'élé-ments infiniment petits ; en caractérisant seu-lement chacun de ces produits finis par une loispéciale aux éléments combinés, par un nombre !C'est ce qui justifie notre cacul infinitésimaldont l'objet est, précisément, de représenterce mécanisme, et les limites de sa puissancecomme de la nôtre, sont montrées, soit parl'impossibilité de trouver une règle généraled'intégration, soit par la nécessité de négliger,pour arriver à un résultat fini, des infinis du2°, 3°... 4e ordre '.Ce n'est pas à dire que nous devions renoncer

à l'espoir de reculer indéfiniment les limites donotre appi'oximation ; seulement, pour les're-culer, il faut, de toute nécessité, que nous per-fectionnions nos propres facultés. Nous ver-rons comment cela est possible.Les positivistes ont donc raison de dire que

l'infini nous est inabordable, car, il faut les en-

1 Le langage mathématique peut servir à représen-ter comme voici la nature telle qu'elle apparaît à notrescience :Les mathématiciens prennent 2i comme le symbole

OU

de l'infiniment petit, ce qui s'exprime par ™ = o.Ou, sous une autre forme, ils prennent pour sym-

bole de l'indétermination la formule m X «>, qui si-gnifie qu'une quantilé quelconque est le produit dedeux facteurs d'intimes contraires. lis arrivent à cerésultat en appliquant la théorie des limites à un quo-tient quelconque — = a, et ils montrent, par là, quein peut se trouver déterminé même à sa limite, s'il ya une relation, une loi qui lie m à a : autrement dit,dans la nature, chaque individu, bien que composéd'éléments infiniment petits, est caractérisé par la loi

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tendre au point dé vue où ils se sont mis, c'estTà-dire dans notre état actuel, sans tenir compteÀe l'évolution de nos facultés et par conséquentde celle de notre certitude. Mais ils tombent enmême temps dans une erreur capitale qu'ilsn'aperçoivent pas, quand ils croient pouvoirnégliger cet infini dans l'étude du fini lui-même.

En effet, outre que les limites du fini n'ontrien de précis ni même de fixe, l'infini n'estpas en deçà ou au delà de la Nature percep-tible pour nous, il la pénètre complètement.Nous le rencontrons dans les vibrations lumi-neuses et chimiques, dansla molécule et l'atomedes corps bruts, dans la cellule granuleuse dèsCorps organiques, dans la variété de combi-

quî règle ces éléments, par un nombre. Voila pournotre monde fini.

Rassemblez dans unesynthèse toujours crois-sante, ces éléments, lesindividus nés de leurunion, ceux produits parla combinaison des pré-cédents, et ainsi de suite,vous arriverez à la limite,à l'ensemble universel, àVUn. Cette opération peuts'exprimer en langagemathématique par lapuissauceinliuie de l'élément fini, ou (Ox co)m.Cet Un qui est la concentration de tout, est, pourainsi dire le potentiel universel, la force par excellence

qui tend par conséquent à l'expansion infinie; c'estrétérniml actif, que nous représentons ici- par le signepositif(et aussi par l'infini.)L'effet de son activité sera une analyse inverse de

la synthèse précédente, une différenciation qui doit ra-mener aux éléments désintégration faite tout à l'heure.Dans cette différenciation, qui consiste à partager

l'infiniment grand en particules infiniment petites, laformule représentant l'étage intermédiaire correspon-dant à co x 0, sera l'opération inverse 7j" (imaginaire

oc

pour te mathématicien). Et le résultat ultime sera \/~-élément absolument inerte, passif par excellence,représenté ici par le signe négatif (et en même tempspar zéro).On voit ainsi le Poientiel infini devenir cet assem-blage de forces élémentaires innombrables qui cons-titue la matière ; on voit l'Esprit devenir Matière.Concevez maintenant ce cycle d'évolutions différen-

tielles et intégrales en perpétuel accomplissement,comme si un courant électrique parcourait le fil circu-laire en y produisant successivement les modificationsatomiques que nous venons d'indiquer; voilà le sym-=bole de la Création d'après les occultistes; c'est leserpent qui se mord la queue.Nous ne l'exposons ici, par anticipation,que pour y

trouver une représentation figurée de nos sciences etde leur évolution. Nous sommes dans la région infé-rieure de ce cercle, marchant du négatif au positif,sur l'arc réel, celui du phénomène, mais à mesure quenous y montons, nous percevons la région correspon-dante de l'arc imaginaire nouménal; nous possédonssuccessivement les secteurs a —6, c—d,eta, et si nousnous bornons à prendre possession des arcs — a, ac,ce, etc., sans leurs symétriques correspondants, nousne trouvons pas la foi de différenciation qui a donnéune individualité à chacune des indéterminées Ox <»;nous ne savons pas.

naisons des êtres et des mondes:; partout nousle retrouvons, non pas comme une limite, maiscomme le contenant:, comme le déterminant dufini.

Quand nous négligeons l'un de ces deux -fac-teurs de la nature, nous nous égarons, et forcenous est bientôt d'y ramener nos méditations.Des perturbations d'astres invisibles dans leuréloignementmodifient les orbites calculées; ladissociationF trouvée dans les températuresexcessives et inabordables, transforme le jeudes affinités ; ailleurs il a fallu trouver les vi-brations infinies révélées par la polarisation,la diffraction, le spectroscope ; il afallu scruterla cellule organique, ses granulations, son nu-cléus, son nucléole !

Lacellule!... monde microscopique qui toucheà tous les extrêmes, que la pensée traversedans le cerveau humain, en même temps que ladigestion la plus matérielle comme dans ledernier des protozoaires. Voici encore la globi-gerine, qui construit avec l'aide des siècles: desmontagnes de craie ; voici le microbe méconnuhier, maître aujourd'hui partout, agent uni-versel dans son extrême ténuité, des inces-santes transformations qui font la vie d'unmonde I

Si donc nous étions bornés, comme on sele figure trop souvent aujourd'hui, à l'obser-vation et à l'expérimentation des phénomènessensibles pour nous, il en résulterait :

1° Que les faits, par eux-mêmes, ne nous ap-prendraient à peu près rien, parce que c'est leurrapprochement, leur combinaison qui nouséclaire;

2° Que, même combinés et rapprochés, ilsne nous ensei gneraieut encore que leurs propresrapports, sans pouvoir nous faire remonterau delà de quelques causes secondes, jusqu'à cescauses supérieures que le positif Taine nousmontre si bien comme l'objectif de la science;

3" Que, du reste, l'Observation et l'expéri-mentation des faits et des choses se trouventtout à fait bornés par l'état actuel de la naturehumaine; c'est-à-dire que la plus grande partiede l'Univers est nécessairement inabordable,pour le savant positif, sans être négligeable,à cause de l'intime solidarité de tous les élé-ments cosmiques, et même à cause du nombreinfini de ces éléments.

En réalité, et fort heureusement, nous avonsune faculté qui nous permet de franchir ceslimites, c'est l'Imagination. Elle est la véri-table créatrice de nos sciences comme de nosarts et de notre industrie.

Le rôle de l'observation et de l'expérimen-tation c'est d'inspirer, de régler l'imaginationdans ses recherches de lui donner une direc-

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tibn et, ensuite, d'en contrôler les découvertes.Sans l'imagination nous serions bien vite no}résdans l'infini, ballottés comme un vaisseau dé-semparé, au lieu de reconnaître et de suivreles admirables courants qui l'ont l'Harmonie etl'Unité dans la Nature.

C'est par l'imagination intuitive que nouscombinons les faits observés pour en tirer uneloi.

C'est-par elle que nous abordons les questionsmétaphysiques, inévitables, que nous sortonsdu cercle vicieux de la contingence.

C'est par son secours que nous reculons leslimites de notre esprit fini vers l'Absolu auquelrien ne peut nous empêcher d'aspirer, que nousaborderons demain l'inabordable, l'inconnumême d'hier.

C'est elle qui nous suggère nos hypothèses,nos théories, et qui les vérifie ensuite, secondéepar l'expérimentation et l'observation.. En faut-il des exemples ? Ils se présententen fouie :

D'où sont venues les lois de Kepler ? D'uneimagination en travaildepuisplus devingtans,et que disait son précurseur, Copernic? « Quoi-que cette opinion parut absurde j'ai pensé...que je pourrais me permettre aussi d'essayersi, en supposant la terre mobile, on ne parvien-drait pas à des démonstrations plus solides,etc.. »

Combien d'années, aussi, YAllraelion Univer-selle n'a-t-elle pas germé dans le puissant cer-veau de Newton qui « y pensait sans cesse» ?

Et notre cosmologie actuelle, n'esf-elle pasencore, à très peu près, Yhypolhiisc de Laplace ?Est-ce que Lavoisier, aussi n'a pas débuté

par une théorie contre le phiogistique?Voyez encore ce que le positiviste Littré dit

des découvertes d'Ampère (dont « il ne peuts'empêcher d'admirer la. sagacité divinatoire, legénie systématique. » (La Science au point devue 'philosophique.)

Rappelez-vous l'origine des travaux deFresnel sur la lumière..

Et ceux de Cuvier?Et ceux de Darwin ?Et les origines de la chimie organique avec

Liebieg, Dumas, Gérard, etc, ?Et toutes ces théories, qui, aujourd'hui en-

core, subsistenteommehypothèses, bien qu'ellessoient à la base de nos connaissances : l'éther,la théorie des ondulations, l'attraction, l'atomeet l'atomicité, etc. etc.?

Ce sont tous les détails de nos sciences quis'offriraient en preuve à cette assertion si ellen'était évidente dans l'esprit de quiconque con-naît tant soit peu l'histoire des découvertes mo-dernes. Elle va se confirmer, du reste, parl'élude qui nous reste à faire avec plus de dé-tails de l'observation et de l'expérimentationelles-mêmes, car ce sujet est si important, si

essentiel, quelelecteur voudrabienje l'espère,consentir à leparcourir dans toute son étendue.Ce qu'il s'agit d'établir maintenant est ca-

pital encore ; c'est que cette même intuitionsans laquelle l'observation etl'expérimentationseraient de faibies ressources, est indispensableà la pratique expérimentale ou d'observation,elle-même, bien plus qu'elle en est l'agentprincipal !

IV.— Voyons, en effet, comment procèdela science pratique.

Une connaissance une fois acquise semblefort claire quand on l'expose avec méthode, etla science apparaît alors comme une série d'ob-servations aussi simples que naturelles. C'estainsi que notre illustre chimiste, Berthelot,dans un livre tout récent {Science et Philoso-phie), nous conduit de la flamme d'une bou-gie à la grande loi de la conservation de l'é-nergie.En recueillant les gaz et le carbone de cette

flamme, on a vu que sa lumière venait del'incandescence de gaz mêlés de particules so-lides.En combinant directement ces gaz et ces

particules avec l'oxygène de l'air, on a vu queleur incandescence dans la flamme venait decette combinaison chimique, et qu'il en étaitde même de toute combustion.D'autres expériences récentes prouvent que

si la combinaison chimique dégage de la cha-leur, c'est que celle-ci se réduit aune explica-tion purement mécanique, à un travail suscep-tible d'être transforme en d'au très équivalents :« La physique, la chimie, se ramènent dèslors à l'a mécanique, non à la suite de rai-sonnements à. priori, mais au moyen de no-tions indubitables, toujours fondées sur l'ob-servation et l'expérience... Pour atteindreà de si grands résultats, l'esprit humain asuivi une méthode simple et invariable. Il aconstaté les faits par l'observation et l'expé-rience. »

C'est, en effet, simple comme une bataille lesoir de la victoire, maisrien n est moins propreà donner une idée juste de la stratégie de lascience aux prises avec la nature.Qu'on se représente, en effet, le savant en

face d'un sujet d'études dont l'analyse est toutà faire. Il n'en est point qui ne soit très.com-plexe ; une première difficulté est donc de sa-voir, avant de faire aucune observation, cequ'il faut observer, et cette difficulté paraîtinsurmontable quand on réfléchit que les élé-ments qu'on se propose de chercher sont mas-qués, perdus, pour ainsi dire, dans un enche-vêtrement de causes et d'effets dont l'ensemblen'apprend rien quand il ne trompe pas : il fait-

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drait connaître déjà le sujet à étudier, et ceux'dont il dépend pour y établir des catégoriesutiles ; il faudrait, comme le' géomètre, etcomme l'a fait M. Berthelot dans le passageprécité, pouvoir supposer le problème résolu.Figurez-vous, par exemple, un chimiste, il y adeux cents ans, en présence d'un sel organique,et même inorganique; quels indices a-t-il pourl'analyser'? Combien de travaux n'ont-ils pasdû s'amasser pour que cette composition, futéclaircie seulement comme elle l'est mainte-nant !

Cette difficulté se présente, du reste, dansles détails comme dans un ensemble quelcon-que. Voyez, par exemple, l'étude qui paraîtsimple, au premier abord, de la cristallogra-phie: d'abord la forme réelle est fort souventdissimulée sous un assemblage tout différentdes cristaux à étudier ; ensuite, les modifica-tions des arêtes et des angles rendent les for-mes fondamentales si méconnaissables qu'il afallu le génie d'un Haùy pour les reconnaîtreet les classer, ce n'était'pas tout ; il fallait en-core y étudier les effets de la pression, de lachaleur, de l'électricité, de la lumière surtout ;puis tout récemment encore, l'examen micros-copique a rectifié d'énormes erreurs, éclairéquelques points inconnus, et après tant d'es-sais, tant d'études, la structure cristalline dela matière reste encore pleine de mystères !Comment donc ceux qui l'ont abordée'les pre-miers pouvaient-ils s'y orienter? Que devaient:ils observer ? Et comment le savoir avant l'a-nalyse même à entreprendre ?Il n'y a que deux ressourcés dans cet em-

barras":Ou le hasard, c'est la plus employée peut-

être, mais s'il sert parfois avec un bonheur ex-ceptionnel, il égare presque toujours, et parfoispendant des siècles;Ou Yintuition, qui montre au génie, comme

par une faculté surhumaine, où est le noeud dela difficulté. Il fait une hypothèse, une théorieque l'expérimentation où l'observation aurontensuite à contrôler. Le génie sommeille-t-il ?le commun des savants observe sans méthodeet sans guide, s'en prenant aux apparencessaillantes qui attirent l'attention de chacun ourépondent, à ses goûts. Les observations s'en-tassent alors simples et faciles, peut-être, maissans autre résultat qu'une nomenclature aussicurieuse qu'inutile. N'est-ce pas ce que nousvoyons aujourd'hui même, malgré tout notreacquit, pour ces faits psychologiques, vieuxcomme le monde, mais dont notre science com-mence seulement à s'émouvoir? Magnétiseurs,spirites ou savants, tous amassent, en désordre,des observations dont le lien échappe encoreet qui ne peuvent rien avoir de vraiment mé-thodique, malgré les efforts de quelques es-

prits rares comme Mesmer, Pûységur ouAUan-Kardec.Il en a été de même de la pesanteur, jusqu'à

ce. qu'un Galilée devinât l'importance du pen-dule ; de l'attraction jusqu'à ce qu'un Newtonréfléchît sur la chute des corps ; de la combus-tion jusqu'à:ce qu'un Lavoisier songeât à cher-cher l'oxygène dans l'air. Il en a été ainsi- dumouvement réel des astres, de la combinaisonchimique, du galvanisme, des courants, de lapolarisation, de la diffraction, de la dissocia-tion et de mille autres sujets.Il en a été de même, en un mot, pour toutes

les observations, jusqu'à ce que le génie y aitapporté sa fonction caractéristique, YIntuition.Cette difficulté vaincue ou évitée, il s'en

présente une seconde qui n'est pas moindre,celle de coordonner les résultats, car les obser-vations faites, le plus souvent, en un completdésordre, n'apprennent rien que par leur com-paraison.. Le savant est alors-dans une situationanalogue à celle de l'enfant à qui l'on proposele jeu des cubes, avec cette différence qu'aulieu de quatre combinaisons pour chaque pièce,il en a presque toujours un nombre considé-rable. Il n'a que deux ressources : ou essayertoutes les combinaisons possibles, ou voir parl'oeil divinatoire du génie, l'Intuition.

Le premier moyen est généralement impra-ticable, il perdrait dans l'infini le savant mêmele plus doué de cette patience que Buffon vou-lait prendre pour le génie. Un exemple pris auhasard va le faire comprendre : — Les ani-maux, au moins ceux supérieurs, étaient connusdepuis des siècles sans qu'on eût remarquéchez eux les principes fondamentaux.de lasubordination des caractères et de la corréla-tion des formes. Ces principes auraient apparusi.l'on avait rapproché successivement 1 à 1,2 à 2, 3 à 3, etc., les organes connus, aumoins chez un certain nombre de ces animaux.Or voyons combien d'observations sont néces-saires pour faire ce rapprochement complet,dans toutes ses combinaisons possibles.Supposons qu'on se borne à cinquante ani-

maux bien connus et que l'on compare chez cha-cun d'eux seulement cinq organes pris dans leur-ensemble, par exemple, l'appareil digestif,celui delà circulation, celui sensitif, celui delàlocomotion et les téguments. Le calcul montrequ'il faudra déjà mille cinq cents rapproche-ments. — Mais ce ne serait là qu'une comparai-son beaucoup trop grossière pour faire appa-raître les principes en question (par exemplele rapport des dents au tube digestif).Prenons donc qu'on fera une nouvelle série

de rapprochements plus complets, entre dixorganes, au lieu de cinq et pouries mêmes cin-quante animaux : ce sera encore assez impar-fait (on aura, par exemple, les dents, l'esto-mac, les intestins, le coeur, les poumons, etc..)

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Mais nous, voila alors-obligés déjà à 63,700 rap- Iproehements!

Et si nous; rapprochions vingt organes, ilfaudrait plias;de- cinq: cent: mille observations !Ni- aucun savant ni aucune société ne se,

livrerait: à des opérations semblables; dont lascience: exigerait la répétition, dès; millions defois;! •'.-.

Mais,- un Cùvier se;présente, devine l'imper--. tance des dents ; une loi essentielle apparaît:quelques; observations suffisent à la confirmer,.

'

sans jamais l'avoir fait apparaître.D®; même.: Un Linné,, un Tournefort devinent

le:.règne: végétal;;, Un Lavoisier,. un Gerhardt, un Dumas, le;mondé; chimique ;; 'Un Fresnel, un Ampère;, les, harmonies:

physiques;:Uu Herschell, un Laplace, l'Univers: stel-

lairevPartout l'observation: confirme , presque

.jamais: elle ne; révèle :: il faudrait, donc dire,au contraire de M. Berthelot.: « La Naturedoit étire devinée: 1 '»

Ce n'est,pas: assez de, découvrir ainsi desrapports, souvent il faut les préciser, les, me-surer- avec, toute; la précision possible„et, pourcela,, il faut, encore mettre en jeu Yinluilion;imaginer des unités convenables 1,imaginer desinstruments appropriés : dynamomètres, ther-momètres,, baromètres, voltamètres-,- procédésd'analyse quantitative; de dosage,, goniomè-tres, etc.; etc.Arrivé ainsi à des lois, d'une certaine portée,

à des principes génériques, on rencontre en-core- un obstacle considérable : celui des limitesde nos observations dont nous avons parlé déjà.Voici, que des faits, des choses s'offrent à nous,,signalées, en- partie.: seulement par nos; sens :nous! les, voyons sans, pouvoir les sentir, commel'éther ; nous les sentons sans les voir, commel'air;-, bref, nous ne: pouvons; en avoir une per-ception complète.Deux remèdes se sont, offerts à cette nou-

velle faiblesse: de l'homme- :.d'abord des instru-ments qui furent comme les.prolongements deses, sens, tels que les lunettes-, le microscope,le microphone-....,, ensuite,, et principalement,l'observation indirecte. Est-il besoin, de faire,ressortir quel rôle, capital l'intuition joueencore: ici ?Ces instruments, il a. fallu les inventer. Il a

fallu surtout,, trouver pour ces faits et ces:choses, en parties; inaccessibles . des consé-quences observables, de leur action:, d'où; l'on-pût déduire leurs caractères. Et que l'on re-marque bien, quelle: est cette difficulté : il nes'agit plus de- choisir au milieu de rapports:innombrables, mais connus- du moins, il fautchercher celui du connu au demi inconnu, pourajnsi dire. L'imagination qui n'avait tout à

l'heure à deviner que, des rapprochements:, doit-maintenant les faire: précéder des conséquences:possibles. En vain espérerait- on encore: lestrouver pour une énumération complète, elle-se perdrait, dans l'infini "comme dans le casprécédent, car c'est là une-remarque générale-que nous- pouvons nous dispenser de répéterdésormais. Rien ne peut; suppléer cet admirable-mstinct du genre humain', Y'Intuition !'Elle doit être maintenant plus active que:

j:amaiS).-Car plus: elle s'étend;.plus elle a besoindu contrôlé de l'expérience, besoin, par con-séquent, de; créer des: procédés: et des instru-ments qui justifient, ses provisions.Ces; instruments; eux-mêmes traduisent: pra-

faitement. cet état de la science- qu'on pourrait,appeler d'ordre secondaire. Entrez dans uncabinet de physique,, voyez, ce que supposent. d:egénie-, bien plus encore- que de science.,, tous: ces,appareils mystérieux pour le profane;, une-balance de torsion, une 1sirène,, une boussole., des/sinus ou des. tangentes, une machine de Rhum-koffi avec tous, ses raffinements accessoires, unpolariscope, un spectroscope,. etc., etc. Tant ils'en faut que l'observation soit, chose aussi sim-ple, et. aussi matérielle qu'on le croit 1.

Que sera-ce si vous pénétrez dans tous, lesprocédés, tous les artifices auxquels;, elle a re-cours à chaque instant et dans toutes les, bran-ches de la science 1 Vous ne saurez plus 1alorsen quoi vous devez le plus, admirer la nature,ou dans ces magnifiques manifestations maté-rielles, par lesquelles elle récompense tant d'ef-forts, ou dans ses harmonies-sublimes-qui re-lient ses infinies transformations, ou dans, lapuissance qu'elle a donnée au génie humainen lui révélant tant de merveilles,, par l'Intui-tion.Ce n'est pas tout encore : il reste, à. faire ap-

paraître tout ce qui, échappant à toutes nossensations, ne s'accuse que par des conséquen-ces:- les gaz incolores et inodores, par exemple,les pores-, là molécule, la matière interplané-taire, efc Ici, la difficulté de deviner cesconséquences mêmes s'ajoute à.toutes les pré-cédentes. Mais il est inutile sans doute d'insis-ter sur cette nouvelle phase du génie humain,,d'entreprendre une nouvelle revue d'exemples.

Voilà pour l'observation et l'expérimenta-tion prises dans leur ensemble ; nous ne pou-vons nous arrêter là encore ; il faut, si som-mairement que ce soit, les voir à l'oeuvre dansce détail : indiquons seulement l'obstacle prin-cipal qu'elles- rencontrent.

On sait ce qu'il faut observer, l'expérienceest indiquée, la pratique commence : Mais lesavant n'est pas seul ; la nature opère avec lui,à côté de, lui, malgré- lui, et il faut qu'il réus-

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sisseà s'en défendre: « On voit tout ce qu'onveut dans un microscope » disent une foulede gens fort savants, qui parlent par expé-rience ;- de même d'une lunette, d'un téles-cope, tout comme on produit ce qu'on ne veutpas dans une réaction chimique. Nouvelles re-cherches, donc, à faire au milieu d'une foulede causes inconnues ; surcroît d'instrumentset d'artifices à inventer ; nouveaux effets d'in-tuition. Je me contente d'un seul exemple, ce-lui des observations astronomiques : il a fallu,penser à l'aberration de sphéricité, à celle dela lumière, à l'irisation, aux réflexions surl'objectif et l'oculaire ou dans l'instrument, àla réfraction, aux ondulations atmosphériques,aux trépidations du sol, à la déformation del'instrument, difficulté encore insurmontée, auxdéfectuosités de son poli que le génie d'unFoucault n'a pas été de trop, pour réformer;puis au Daltonisme,, à l'irradiation-, et à-toutes-ces causes physiologiques dont l'ensemble cons-titue l'équation personnelle ; tout cela a demandéautant de progrès, autant A'intuition que la dé-couverte de l'observation elle-même.. Et il euest ainsi partout.Voici maintenant, l'observation achevée. On

a tenu compte, je le suppose, de toutes les in-fluences objectives ou subjectives dont nous ve-nons de parler, travail souvent considérable;est-ce tout? — Oui, quelquefois, mais rare-ment : Le plus souvent, l'observation a donnétout autre chose que ce qu'on en attendait ;les présomptions étaient fausses ; ou quelqueinfluence a été négligée, quelque illusion aégaré nos sens : illusion d'optique, de perspec-tive, de sensation ou toute autre chose. La-quelle ; il faut chercher encore, trouver, s'ingé-nier. Toujours l'Intuition!Enfin, l'observation, l'expérience ont réussi,

sont comprises : il faut l'utiliser, la rattacherà ce que l'on connaît déjà, reprendre une foisencore ce travail décrit plus haut,, de compa-raison, de rapprochement, où l'intuition a le rôleprincipal.« L'observation seule ne suffit pas, dit

Jamin, dans l'introduction de son Cours dePhysique, il faut encore en interpréter les ré-sultats par un travail de coordination qui lesrésume. . C'est ainsi que Kepler reconnut laforme de l'orbite terrestre... et qu'il exprimala loi des vitesses... Si j'ajoute que ce travailcoûta dix-huit ans de recherches et qu'il fut labase du système par lequel Newton expliqua lemécanisme du monde, j'aurai donné à la foisl'idée de la marche qu'il faut suivre dans l'étudedes phénomènes delà manièredontil faut coor-donner les mesures, de la difficulté qu'on yrencontre, et des bénéfices que la science enrecueille. »

Voilà le tableau véritable de l'observation.Résumons le brièvement ; il n'est pas inutiled'en rassembler les phases graduelles quipafont passer, pour ainsi dire, du domaine maté-'riel au domaine spirituel où elle acquiert réel-lement toute sa valeur.

Commençons par ces observations simplesà la portée de tout le monde, bien que peu les;fassent réellement :1° Elles entassent des faits plus ou moins

curieux, mais incohérents ou dont les consé-quences échappent,— Elles ont été faites sansordre, au caprice des goûts ou des circonstances;2° Viennent ensuite les observations coor-

données qui ont exigé le travail préliminaire,d'un plan méthodique et nécessairement hypo-thétique;3» Puis il faut coordonner les résultats ; y

trouver l'es rapports, les lois, opération siintuitive, que les matériaux accumulés atten-dentsouventde longues années le génie capablede les comprendre.11faut mesurer aussi, tant qu'on le peut, ce

qui demande un surcroît d'invention.4° On atteint alors aux limites de nos sens

il faut s'ingénier bien autrement, car l'observation ne peut plus se faire que par des consé-quences à deviner d'abord;,S0Enfin il reste à, découvrir l'invisible par

ses actions possibles sur le visible.Alors surtout interviennent tous ces ins-

truments, toutes ces expériences, fruits del'imagination humaine surexcitée par le désirde savoir, preuves palpables du travail qui sefait dans notre esprit, traduction matérielle de'nos hypothèses et de nos théories : ce sontelles que.nous observons, que nous éprouvonsen eux, non la nature même qu'ils nous reflètentseulement, à la condition toutefois que nous.nesoyions pas trompés.

On touche alors, selon l'expression de Jamin,« à cet état de. perfection finale ou l'expériencen'est plus qu'un- auxiliaire' qui vérifie les pré-visions de la théorie, au lieu d'être l'uniquemoyen de rechercher les lois » (Même ouvrage.)Ainsi, ce rôle prépondérant qu'on prête à

l'observation et à l'expérience appartientvraiment à la faculté humaine par excellence,Yinluilion,qui les manie comme desimpies ins-truments, et devant laquelle ils finissent pardisparaître presque entièrement.Les détails même de chaque observation, de

chaque expérience, reproduisent fidèlement cetableau d'ensemble, les nécessités de son institu-tion , les mille influences à deviner, à écarter,à discuter, le résultat lui-même à interpréter;voilà autant de points où les sens seuls nouslaisseraient livrés à une foule d'illusions, sil'in-tuition n'était là toujours pour les commanderou les suppléer.Et comme notre synthèse scientifique est

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encore en pleine construction, elle fourmilled'hypothèses encore incertaines dont plusieursmême sont fondamentales. Ce sont comme au-tant de pilotis qui, avec le temps, s'enfoncent,tour à tour et plus ou moins rapidement, ébran-

lant tantôt une partie, tantôt une autre del'édifice inachevé.

Telle est la marche réelle de la science posi-tive.

(A suivre.) F.-Ci-i. BARLET.

L'ANTI-MATÉRIALISTELettre relative à sa Transformation

Quis ut Deus !

Cher Frère béni du Ciel et Ami aimé de la Vérité,J'ai reçu la collection de votre clier Anti-Matéria-

liste, que votre cordiale Ironie amis si gracieusementà rua disposition. J'ai lu; en deux jourslesiS numéros,afin de nie.fairc une vue d'ensemble sur votre oeuvre.Or, nous le savons tous, l'oeuvre est un miroir réflec-teur de l'ouvrier qui en est l'auteur ; il m'est dès lorsfacile de vous connaître dans vos dispositions, votreétat moral, vos qualités, comme si nous avions vécuensemble pendant de longues années.Vous êtes entré dans la voie de la Vérité par la

Porte du Spiritisme. C'est ce qui est advenu à unassez grand nombre de nobles Esprits. Les sacerdocesdivers des cultes officiels, ne sachant plus se mettreà la tête de l'enseignement tel que l'exige l'état pré-sent des peuples, il y avait nécessité de se tournervers les Esprits, si on voulait échapper au Matéria-lisme et à l'Athéisme, ou plutôt si on avait à coeur deconserver la conviction de l'Immortalité de notre Êtreintelligent, libre et personnel.Or c'est là le génie delà race celtique et gauloise, car

pour elle rien ne peut détruire le sentiment de cetteImmortalité, et dès lors vous deviez êtreameuépar laloi logique à chercher par la voie du Spiritisme lessolutions que réclamait impérieusement votre Esprit.Mais le Spiritisme, dans l'état où il est de nos jours,

ne peut prétendre à être une Science, car science sup-pose démonstration rigoureuse, et certitude ration-nelle, et le Spiritisme nous donne sur les questionsles plus fondamentales des solutions absolumentcontradictoires et inconciliables. 11 faut donc que leSpiritisme fasse alliance avec d'autres voies deVérité, sous peine de laisser les consciences dansles perplexités les plus douloureuses.Votre coeur passionné pour la Vérité a compris, par

l'intuition, qui est le caractère propre de votre Esprit,la situation où vous plaçait le Spiritisme. Aussilorsque la Providence, qui dirige les voies de nosdestinées, a mis sur voire chemin un homme quipouvait vous ouvrir une autre voie de Vérité,— jeparle ici de votre cher ami qui signe BARLET, dansvotre journal, — vous n'avez pas hésité à prêter uneoreille attentive à renseignement de la Théosophie,qui n'est autre chose que ce que les anciens appe-laient la philosophie, c'est-à-dire l'enseignement desamis delà Sagesse.Dans ma conviction, il est possible d'établir une

conciliation entre le Spiritisme et la Théosophie; mais

il y a des conditions à accepter, si on veut que cetteharmonie existe. Dans la nouvelle voie où votrejournal va entrer en devenant la Revue, des HautesÉludes, il me semble qu'un de vos premiers devoirs,et celui des collaborateurs qui s'associeront à vostravaux, sera de rechercher cette conciliation. Vousavez un grand nombre d'abonnés de l'école Spirite :ils vous sauront gré, à coup sûr, de vos efforts pouratteindre ce but.Mais, quand vous aurez fait cela, cher ami de la

Vérité, il vous restera encore une autre noble tâcheà remplir. Vous nie permettez ici de vous le dire, maisla Théosophie n'est pas encore le dernier mot de laScience, telle qu'elle est nécessaire aux peuples quisont parvenus à leur majorât'. Or, si l'harmonie doitexister entre l'enseignement du Spiritisme et celuide la doctrine Théosophique, elle doit avoir lieu aussipour cet enseignement supérieur que j'ai ici en vue.Si vous vous placez résolument en face des pro-

blèmes de l'Ordre social et de l'Ordre religieux, dontla solution est nécessaire,, vous serez contraint deconfesser que les lumières que nous pouvons attendrede la Théosophie de l'Inde sont insuffisantes. Et voiciun argument que votre Esprit si droit et celui devos lecteurs ne jugeront pas être sans force et sansvaleur. Je dis, en effet, aux Théosophes, et en euxaux Mahalmas de l'Himalaya : si votre Théosophiepeut opérer la transformation qui est reconnue né-cessaire dans l'Ordre social et dans l'Ordre religieux,pourquoi l'Inde n'esl-elle pas à la tête des peuples etdes nations ?Hélas! non seulement l'Inde n'est à aucun titre à la

tête des nations, mais elle est asservie. Vous vousdites en possession, par votre Science, d'une puis-sance qui commande aux forces de la nature, et votrepays est dans la plus honteuse des oppressions. Ri jecroyais à cette puissance, je serais obligé d'admettreque vous n'avez pas assez aimé vos Frères dé race,pour les délivrer, comme Moyse délivra Israël de laservitude d'Egypte ; mais quelle seraitalors uneSciencequi ne serait pas unie à l'amour de nos Frères?La Vérité, la voici : c'est que la Théosophie ne

possèdepoint en réalité la Science des transformationsdans l'Ordre social et dans l'Ordre religieux. Néan-moins voici ce que vous avez écrit, dans le numérodu ,o août, 18S6, p. 06. « Nous voulons démontrerjusqu'à la dernière évidence, l'existence de l'âge d'or,et faire naître en même temps dans l'esprit de noslecteurs avec le mêmedegred'évidence et de certitude,

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BEVUE DES HAUTES ÉTUDES 53

"la foi dans l'arrivée prochaine d'une ère nouvelle, oùnotre Humanité réalisera de nouveau, mais sur unegamme Supérieure : le Règne du Ciel sur la terre »Oui, cher béni, attendez, vous et vos lecteurs, des

cieux nouveaux et Une nouvelle terre, selon les pro-messes qui en ont été faites à la terré et aux mondes.Ces temps, en effet, sont proches, et il faut entrerdans lés voies qui mettront l'humanité de notre terre,des innombrables mondes qui se meuvent dansl'espacé et des cieux eux-mêmes, en possession deces biens, et les transformations nécessaires s'accom-pliront. . .Vous avez embrassé, selon la loi logique, dans une

synthèse de conciliation la voie de Vérité par le Spi-ritisme et là doctrine de la Théosophie : il faut com-pléter votre synthèse par une autre initiation oùl'Ordre providentiel qui préside à votre destinéevous appelle, vous et vos lecteurs. Il ne convientguère de parler de soi, mais, vous le voyez, j'y suisforcé, vueillez être assuré de mon concours et decelui de ceux qui sont en union, avec moi, dans celtevoie.Les sacerdoces de tout ordre, catholique, grec, pro-

testant,, orthodoxe et autres, en Orient comme en Occi-dent, ne sont plus à la hauteur de leur tâche; ilsvont disparaître avec l'organisation qui leur est propre,

car leur domination sur les consciences est le plusgrand des obstacles, pour les peuples de l'Orient et'dé l'Occident,Vous avez mis un pied dans cette voie d'avenir,

en faisant connaître les oeuvres de M'. Saint-Yves etde M. Roca ; il est nécessaire d'aller au fond de cetteinitiation de l'Ordre divin. Votre amour si ardentpour la Vérité m'est un gage de ce que vous ferez,selon la volonté d'en: Haut sur vous.Je me réjouis de voir votre journal se transformer

en Bévue des Hautes Éludes :: organe de la synthèsescientifique sociale et religieuse. Mon concours dé-voué pour atteindre ce .-but vous est assuré.Soyez béni, coeur plein d'amour pour la Vérité,

vous, votre oeuvra si belle, et vos lecteurs,Vôtre serviteur dévoué qui vous aime.

Docteur JOHAKNÈS:.P. S..— J'ai reçu le volume du voyage de M. BENÉ

CAILLÉ; je viens en ce moment d'en terminer lalecture. Vous êtes le fils vaillant d'un noble père sidigne et si courageux. Une étoile brille sur votre tête ;suivez votre destinée sans crainte : vous.laisserez Unnom béni, et vous connaîtrez l'Immortalité ici-bas,et en haut,- in eselestibus. C'est mon voeu pour vous,cher Frère, ami aimé.

QUESTIONS SOCIALESNouvelle solution de la question sociale

« Celui qui transporterait dans l'Étatpolitique, les principes du Clirisliii-riisme primitif, changerait-la l'ace dumonde. » 1

(Fi-anlïlin, cité par Mallet-Dupanet par Henri-Martin,liisl. deÉrancetome. XVI, p. 489).

Mesdames et Messieurs,La Question sociale préoccupe très fort les

esprits sérieux. Elle fait trembler, avec raison,tout ce qui reste du vieux monde césarien.Pour ne pas avoir à la résoudre, les politi-

ciens l'ont écartée, tant qu'ils ont pu. Toutd'abord, ils l'avaient même niée. Aujourd'hui,ils l'éludent encore; ils s'épuisent en faux-fuyants pour l'esquiver, en ingénieuses combi-naisons pour la dénaturer, ou pour l'escamoter.Mais c'est en vain ! Elle s'impose.Que les spéculateurs cessent enfin leur jeu,

car plus ils touchent à ce problème, et plus ilsl'embrouillent, l'enveniment et l'irritent.Tristes calculs, en vérité, sont leurs calculs!A force d'aller à rencontre de la poussée

-sociale, et de comprimer la puissance d'expan-sion de l'esprit nouveau, ces gens-là pourraientbien, à la fin, faire éclater l'âme delà Francedans une tempête de feu, de fer, de sang et dexuines.

Qn ne tente pas d'étouffer ainsi la vie. On nejoue pas avec les forces biologiques du cosmossocial. Il faut les traiter scientifiquement,comme l'on fait pour celles de la nature, poula vapeur, les gaz et l'électricité. Sinon,, gareaux explosions, gare aux désastres !Ce n'est pas moi, pauvre prêtre, qui vous

donne cet avertissement : ce sont les meilleursesprits de notre époque, les plus sages, les plusclairvoyants.' Les Pontifes eux-mêmes ont pâli'd'effroi, naguère, en considérant cette formi-dable question. Vous les entendrez, tout àl'heure. Mais avant, il est bon que vous sachiezce que pensent, -là-dessus, les laïques eux-mêmes, des laïques comme Renan, peu suspectsde cléricalisme, certes, ceux-là !« Pour résoudre ce problème, qu'attendez-

vous encore de la politique? demandent-ils.Espérez-vous donc voir apparaître des hommesplus habiles que M. Guizot'et q-ue-M. Thiers1'? »Or ceux-là même ont échoué! Ils n'ont rienpu, si ce n'est provoquer dans les esprits cetteeffervescence nouvelle qui fait bouillonner lesidées socialistes, aujourd'hui plus que jamais.Pour venir en aide au gouvernement, réu-

1 Henan ; Questions contemporaines,^. 324.

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S4 REVUE DES HAUTES ÉTUDES

nissez en un seul corps de consultation nos deuxAssemblées législatives, notre Conseil d'Etat,nos cinq Académies, nos quatre Facultés, et lesplus fins diplomates de nos chancelleries, vousire serez pas plus avancés. Tous ensemble, ilsne feront que répéter en choeur le solo deGam-betta : il n'y a pas de question, sociale.C'est fatal! On n'entonnera jamais d'autre

ritournelle dans les centres constitués du pou-voir, et dans tous les milieux officiels del'Eglise et de l'Etat, tant qu'on ne se déciderapas à sortir delà région des vieux principeséconomiques, pour se placer résolument sur leterrain tout nouveau des principes évangé-liques.

C'est ce qu'on a parfaitementcompris àFuida,lors de la grande réunion que les évêques yont tenue, au mois d'août "dernier. Leur langagecontraste avec celui des gouvernements poli-tiques qui torturent leurs sujets dans lescadres de fer de l'ancien régime :«Un homme d'Etat célèbre, disent-ils, a pré-

tendu qw'iln'y a pas de question sociale. Nous,évoques, nous affirmons, au contraire, qu'il yen a une, et qu'elle est terrible, et qu'elle sedresse à la foi s sur tous les points de la chré-tienté j ! »' Remarquez bien: sur tous les points de. lachrétienté, — et pas ailleurs. Trait de lumière 'bien fait pour nous éclairer, et sur la naturedu problème, et sur son origine, et sur sa por-tée, en même temps que sur l'impuissance despoliticiens à le résoudre.La question sociale est d'essence chrétienne :

elle est issue des principes mêmes de la Ré-demption, et se confond avec elle; et voilà jus-tement pourquoi tous ceux qui, pour des motifsquelconques, adhèrent encore aux vieux sys-tèmes, ne veulent en connaître d'aucune façon,et ne peuvent pas même en entendre parler.L'humanité nouvelle, qui est, sans qu'elle s'endoute, le corps social du Christ, estet sera tou-jours traitée par les politiciens, comme le futun jour sa tète divine surlacroix,parle fait deces mêmes politiciens.M. Renan a donc raison de dire que « la

révolution réellement efficace, celle qui don-nera la forme à l'avenir, ne sera pas une révo-lution politique, mais une révolution religieuseet morale. La politique, ajoute-t-il, a usé toutesles ressources qu'elle possède pour résoudre leproblème de-l'humanité. La morale, la philo-sophie, la vraie religion, ne sont pas à saportée... Le sentiment religieux prendra sarevanche... 2 » Vue profonde ! pensée juste,très juste ! En dehors de cette voie, on ne feraque répéter la sempiternelle plainte : plus eachange, plus c'est la même chose.

i Voir le journal, VÛpinion, du 23 août 1885.2Rouan. Questions contemporaines, p. 322.

La véritable solution nous viendra du chris-tianisme, le jour où l'esprithumain sera en étatde tirer des paraboles évangéliques les consé-quences rationnelles, économiques et socialesqui s'en déduisentuneà une; en d'autres termes,et pour parler comme M. de Bonald « le pro-blème sera tranché, quand les savants parvien-dront à s'élever, du sommet de leurs connais-sances, jusqu'à la science des humbles, dessimples et des petits ».Le fond de nos mystères, l'ésotérisme de nos

symboles, n'est pas connu. Les sacerdoces eux-mêmes l'ont ignoré jusqu'à présent, et c'est àpeine si, de nos jours, ils en soupçonnentquelque chose, du moins dans les pays ultra-montains.En voulez-vouslapreuve? Ustiennentencore

pour suspecte la civilisation moderne, quandils ne la condamnent pas expressément. Etpourtant, les principes sur lesquels repose l'é-difice nouveau, je veux dire toutes les .idéesde liberté, d'égalité, de fraternité, de tolérance,de solidarité, de mutualité, et j'ajoute avec saintPaul, de concorporéilè et de conparlicipaiion,nous viennent en droite ligne du Christ et desApôtres, et se retrouvent à chaque page duNouveau Testament, des épîtres paulinienneset de tous les écrits patrologiques de la primi-tive Eglise. Quelle aberration !A l'heure où nous sommes, et. qui pourrait

bien être la plus solennelle de l'histoire, aprèscelle où se produisit le fait initiateur de larénovation sociale, il se passe ,un phénomèneextraordinaire, dont les philosophes et sociolo-gistesne peuvent manquer d'être tons bientôtaussi vivement frappés que l'ont déjà étéquelques rares intelligences, dont je dirai lesnoms plus bas.Ce phénomène, le voici : le Christianisme

évolue; il passe, malgré les prêtres, de lanébuleuse mystique dans une lumière scienti-fique, de l'ordre sentimental et religieux dansl'ordre économique et social, et de* la régionabstraite des spéculations métaphysiques etdéclamatoires, dans la sphère concrète desapplications expérimentales, utilitaires et mé-thodiques,C'est ainsi, d'ailleurs, comme l'enseigne saint

Thomas, que toutes les vérités se comportentdans notre monde, à mesure qu'ellesy entrent:introduites, dans notre économie intellectuelle,par voie prophétique, ou par la porte de l'in-tuition, elles se montrent à nous, d'abord, sousune forme mystique, dite révélée et qui l'esten effet dans le sens profond du mot revelala;puis, sous l'action du temps, ces vérités initialesse dégagent insensiblement de leurs enveloppessymboliques, comme faisait l'Isis des sanctuaireségyptiens ; elles s'épanouissent, s'expliquent etfinissent par se fixer à nos regards dans unelumière absolument scientifique.

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Tout astre qui brille à notre firmament, acommencé par être une nébuleuse, disent lesastronomes.Telle est bien la marche progressive qu'a

suivie le Dogme chrétien, à l'insu de tout lemonde, sans excepter les théologiens eux-mêmes.Les périodes cosmogoniques et les lois quiles

régissent, connaissent la cadence des Heuresd'Hésiode, et leurs effets se produisent d'aprèsun rythme harmonieux, en consonnance par-faite dans toutes les sphères. Pythagore en-tendit un jour cette musique divine.Il y a des saisons pour l'éclosion des idées et

pour leur floraison, comme il y en a pour lesautres cultures Tout arrive à point nommé. Lasemence confiée à la terre, germe, vrégète,pousse, fleurit et fructifie successivement,,selon les modes réglés qu'expliquait, une fois,le Messie dans une Parabole charmante, débi-tée le long des champs de blé, dont la troupeévangélique côtoyait le bord.Le crépuscule du matin précède l'aube, l'aube

amène l'aurore, et l'aurore ouvre au soleil lesportes dorées de l'orient. Doux symboles de lanature, qui préparent nos coeurs à des contem-plations d'un autre ordre : « Je vous le disen vérité, quand mon jour se lèvei'a, vous meverrez apparaître dans votre ciel intellectuel,porté sur les nuées, et venant à vous à traversles brouillards de votre entendement, à traversles ténèbres de votre ignorance. Alors, lesvoiles s'écarteront, les nuages seront dissipés,et la claire vue de la science prendra, dansvotre esprit, la place des obscurités de la Foi :»« Car la Foi passera », dit saint Paul.Elle passe en effet de nos jours, et se trans-

forme en vision scientifique.'Cette nouvelle exégèse, qui nous donnera

l'interprétation rationnelle des croyances chré-tiennes, est destinée, selon toute apparence, ànous fournir aussi lasolutionvéritabledu grandProblème social, comme l'ont pressenti Frank-lin, Turgot, Saint-Simon, Ballanche, Fourier,et, plus près encore de nous, Bordas Dumou-lin, Huet, le P. Curci, de Vogué, sans compterbon nombre de penseurs, qu'il serait trop longde désigner un a un.Ce côté sublime du Christianisme ne pouvait

pas, se dévoiler plus tôt, pour bien des raisonsdont la principale me semble être celle-ci : Sil'Église qui a la garde du Dogme éternel, Dogmeà la fois religieux et social, eût manifesté troptôt les finalités suprêmes des Paraboles évan-géliques ; si, dès l'origine, elle eût porté dé-couverte devant César l'Arche Sainte des des-tinées sociales de l'humanité, tenez pour cer-tain que l'oenvre rédemptrice n'eût jamaisabouti. L'épopée messianique eût été arrêtéecourt, dès le début. La régénération du mondeet la rédemption des masses populaires, dissimu-

lées par le Christ, l'une etl'autre, sous la figuremystique de la Résurrection des morts, et net-tement désignées, à notre époque, par les motspropres et réalistes de Délivrance universelle etde Réveil général des peuples, ce miracle, carc'en est un, et le plus grand de tous ! n'auraitjamais pu s'accomplir. Toujours, le long desâges, on eût entendu dans les cirques, dans lesarènes et les eolysées, retentir ce cri férocedes premiers persécuteurs : « Les chrétiens aux.bêles ! Ad beslias Christianos /»

Comment croire, en effet, que les maîtres dela terre eussent toléré la propagation ouverted'une doctrine qui venait détruire leurs privi-lèges, renverser leurs bastilles, briser les fersdes esclaves, émanciper la race humaine, ra-ser tout l'ancien monde, et porter le pouvoir,des mains de l'Autocratie, dans les mains de laDémocratie?

C'est fait de nos jours, ou à peu près. Danstous les cas, c'est inévitable. Le monde se dé-noue. Tout se renouvelle.

Le coup de main tenté par le Libérateur con-tre les pouvoirs autoritaires a donc réussi ! Lespeuples sont émancipés partout où a soufflél'esprit du Christ, dans un vent d'Évangile. Usseraient libres, entièrement libres déjà, s'ilsn'étaient pas encore esclaves de leurs proprespassions, et des habitudes de libertinage etd'incrédulité, dont les rois, les princes et lesgrands seigneurs du xvin0siècle leur donnèrentl'exemple.

Chose merveilleuse ! malgré des massesd'obstacles, venus pour la plupart de ceux-làmême, qui, dans l'Église, auraient dû favoriserles desseins du Rédempteur ; malgré les scan-dales abominables du haut clergé ; malgré lestribunaux du Saint Office et les bïichers de l'In-quisition, la délivrance s'est accomplie parvoie religieuse, à l'ombre des autels, sous lecouvert mj'sti que des rites et des symboles li-turgiques.

Grâce à l'infiltration secrète de l'esprit nou-veau dans le vieux corps social,

'grâce à l'in-

fluence occulte des principes de l'Evangile surles idées et sur les moeurs publiques, les deuxpôles de la société se sont renversés, — abso-lument comme il est marqué dans un textesacré : Deposuit polenles, eoeallavit humiles. Lepôle Nord, celui de la force, s'est incliné ; lepôle Sud, celui delà faiblesse, s'est relevé. Lespremiers descendent vers les derniers ; lesderniers,montent vers les premiers, et de lasorte l'Egalité- s'établit dans la Liberté sur leterrain béni de la Fraternité.Le Christ prêcha-t-il jamais autre chose ?

Lisez, relisez l'Évangile du Royaume : Evange-lium Regni IJe sais bien ce qu'on me répondra : Ce mouve-

ment de libération, dontvous attribuez loulle mé-rite à l'Evangile, est l'efjelnécessaire de la loi du

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progrès. En ètes-vous bien sûrs, Messieurs ? 'Et pourquoi donc je vous prie, pourquoi cetteloi n'a-t-elle agi de la sorte, que dans la chré-tienté ? Voyez l'Inde, la Chine, le Japon, laPerse, tous les peuplés de l'Orient, les tribusde l'Afrique et dé l'Océanie ; plus près denous, dans l'Europe même, voyez les sectateursdu Coran ; ont-ils bougé ?... Et si, partout, lemonde s'ébranle en ce moment, n'est-ce passous l'action même des idées chrétiennes, dontnous sommes allés l'épandre la semence jusquedans les plages les plus lointaines?II.y a de la dynamite dans l'Évangile, vous

dis?je. C'est le Christ, le Christ seul qui a faitéclater les vieux cadres, et brisé les anciensgroupes. Il fallait bien se garder de le direautrefois ; mais on peut, on doit même le pro-clamer hautement, à cette heure.Les nouveaux Évangélistes et les nouveaux

Apôtres, ceux du Christ social, peuvent sanspéril, aujourd'hui, tirer le rideau du Temple,et le déchirer de part en part. Ils peuvent ré-véler le fin mot de nos symboles, découvrirpar delà le mystère sacré.le grand mystèresocial, dérouler jusqu'au bout les divines'Para-boles, éclairer les figures bibliques, rompre lessept sceaux de l'Apocalypse, décacheter et dépa-queter les dogmes, et montrer, sous les for-mules mêmes des canons conciliaires, lesaxiomes fondamentaux de la vie universelle,les lois sociologiques, toutes les vérités mo-rales et sociales que le Génie cfc l'Eglise avaitdû revêtir, au commencement, d'une capote sa-cramentelle. • '

,Quand je parle ainsi du Génie de l'Eglise, je

n'entends pas faire honneur de ces vues trans-cendantes a la pauvre pensée de l'homme, maisbien aux calculs de celui-là seul qui disait :« Je suis le Maître et vous n'en avez pas d'au-tre ! » Les savantes manoeuvres, déployéescontre le césarisme durantcette campagne dix-neuf fois séculaire, sontle fait, non des prêtres,mais du slratégisle dont voici le langage :Ne trembles pas, petit troupeau, car je suis

avec vous jusqu'à la consommation de ce siècleunique, qui est le cycle de César, et jusqu'à lafin de ce monde impie, pour lequel je ne priepoint. De ce vieil édifice, il ne restera j>as pierresur pierre; et le principe de la force sur lequelil se fonde, sera rejeté de partout : Princepshujus muudi ejicielur foras.Tant pis pour ceux qui auront placé leur foi

sur cette base condamnée ! Quiconque aurafrappé de îèpée, périra par l'èpée. Rois et prê-tres, vous serez balayés en même temps, si

vous avez fait cause commune avec l'antiquetyran des peuples ! Votre maison deviendra dé-serte, et le Royaume vous sera ôlê, pour êtredonné à une nation qui lui fera porter des fruitsde Justice et de Vérité sociales.Une ère nouvelle s'ouvre, lumineuse, devant

le christianisme scientifique.La question sociale est une pure question

d'Evangile. Elleestdoncsainte; elle est sacrée.Elle implique la fin de l'abomination politique,le renversement des puissances anti-sociales,et l'arrachement, jusqu'aux radicules , desinstitutions césariennes. « Toute plantation quin'a pas été faite sur un fonds de justice éternelleet de vérité absolue, sera, extirpée de celle terre»,a dit le Rénovateur du monde.Peuples, votre ennemi, c'est votre vieux

maître, César! Chassez ce monstre de partout!Il faut que tous les pouvoirs se régénèrent,

ou qu'ils meurent, a Rome comme ailleurs !Il faut que le pape lui-même se retourne ! L'an-nonce en fut faite à Bar-Jona, par le Messie :« El toi, Pierre, lu le convertiras, Un jour, dansla personne d'un de tes successeurs, et alorsiuconfirmeras les frères. »Bien aveugles, ceux qui ne voient pas encore

ce revirement prédit se faire déjà dans l'espritde Léon XIII! Scandale pharisaïque, est lescandale de ces hommes qui regardent le Papecomme infecté de libéralisme, et qui font prier'pour sa conversion dans le sens machiavéliquede la secîte rétrograde. Susciter des obstaclesà son action providentielle; le menacer d'unschisme comme ont fait les Vecchi zelanles;enrayer l'évolution qui se poursuit au Vaticanet qui, dans la pensée du Pontife, doit remettreon conjonction les deux axes, trop longtempsopposés, de la société civile et de la sociétéreligieuse, c'est un crime, entendez-vous? etj'ajoute, c'est une apostasie !

L'appariement de ces deux axes dans lamême direction peut seul rendre possible lasolution de la question sociale. Il n'y a pas d'autrevoie, pour échapper aux abîmes, que la voiefrayée par Léon XIII ; pas plus qu'il n'y ad'autre moyen de trancher le Problème de l'hu-manité, que le moyen signalé par l'auteur desQuestions contemporaines.Sur ce point capital, la Religion personni-

fiée dans le pape,'et la science personnifiée

dans Renan, se sont rencontrées et finirontpar se mettre d'accord.Solulio omnium diffîcullalum, Chrislus!

L'abbé ROCA.

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REVUE DES HAUTES ETUDES

ETUDES THEOGONIQUESSolaires et Lunaires.

Au commencement, l'Etre, sorti des mains duCréateur, est, comme lui, mâle et femelle à lafois, Androgyne. Cet état lointain est constatépar toutes les Bibles et tous les Avestas. .L'existence alors est purement sensationnelle.La sensation partout, rien que la sensation.Mais bientôt l'Etre se dédouble. Les sexes

s'élaborent. La grande Vie active, la Relation,la Solidarité commencent, mais aussi la Lutte.L'Ame existe. Une faculté nouvelle, le Senti-ment, se manifeste. Bientôt la Connaissanceviendra.Sensation, Sentiment, Connaissance, les

trois aspects de l'Etre, comme Pierre Lerouxl'a excellemment démontré dans son Histoirede l'Humanité.J'ai dit que la Lutte commence avec la Vie

bissexuelle. Il y a toujours lutte, quand deuxprincipes hétérogènes sont en présence. Lalutte n'exclut point l'Attraction. Attirer, c'estcombattre l'éloignement.Ces deux Principes, l'École les nomme:l'un,

le Principe Dorien ou Mâle; l'autre, le PrincipeIonien ou Femelle. Us ont leurs symboles dansles deux flambeaux célestes qui nous éclairent.De là, ces deux formules avec lesquelles, il sefaut familiariser : Principe Mâle, Soleil; Prin-cipe Femelle, Lune. D'où les SOLAIKES et lesLTJKAIKES.L'histoire du monde est d'un bout à l'autre

traversée par ces deux courants, qui, partisd'une même source, tantôt suivent une direc-tion absolument divergente, tantôtse rappro-chent, se côtoient, mais n'arrivent jamais à seconfondre. Ce que nous disons ici de l'histoiredu inonde, on peut le dire aussi de l'histoire detel peuple en particulier, de tel groupe humain,de telle famille. Ici, là et ailleurs, partout lesdeux courants.

Chez l'individu, qui n'est en somme qu'unagrégat, qu'un microcosme, même constatation.' Ce sont les deux fluides électriques. — Prin-cipe Mâle, Fluide positif. — Principe Femelle,Fluide négatif.Grandes nations, grandes sociétés, grandes

républiques, grands 'hommes, tous contiennent,àdosesdiverses, les deux éléments. C'est ce quifait leur Vie.Ici le courant mâle domine. Résultats: actes

énergiques, conceptions audacieuses, créationsgéniales. Là, le courantfemelleesten surabon-dance. Conséquences; dévôiunentssans bornes,nobles sacrifices, mais aussi faiblesses.

Quelquefois les deux Principes sont en quan-tité à peu près égale. De là, lutte sansfin, hautset bas constants, élévations et chutes,.espoirset regrets, mais intensité dévie superbe.

'La prédominance du principe Mâle donne la

Grèce, Rome, la France-La prédominance du Principe Femelle donne

la molle Ionie et toutes ses vagues et volup-tueuses harmonies.Moïse, Jésus, Socrate, Aristophane, Rabelais,

Saint-Just sont des génies solaires.Platon, Ovide, Lamartine, Enfantin, Miche-

let sont des génies lunaires.Tout cela dit, bien entendu, avec de nom-

breuses réserves. Jésus, par exemple, ne vapas jusqu'à exclure la femme de son Evangile.Elle a, — on le sait, — une place distinguéeclans son rêve social, même quand elle est tom-bée : témoin Miriam de Magdala. Rabelaissemble, au contraire, l'éliminer complètement.Danssonoeuvreimmense, ellen'apparaîtqu'uneou deux fois, à titre de simple machine à pro-créer.Platon, lui, place les deux Principes sur un

inexorable parallélisme. Il veut que la femmeaille au combat, qu'elle reçoive une éducationidentique à celle de l'homme. Enfantin, parcontre, demande que la femme complètel'homme. Son idéal, c'est le Couple-Prêtre, tou-chante fiction, bien différente de la brutaleconception platonicienne, le Couple-Soldat !Pour Michelet, la femme est la Fée, la grande

inspiratrice. C'est elle qui fait l'homme, plusencore au sens moral, qu'au sens physique. LePrincipe femelle est divin pour lui. Il lui érigeun autel, tout embaumé de fleurs et d'encens.Nous avons classé Socrate dans les Solaires,

et cela non sans raison. Platon ne nous donneque les principes exotériques de sa doctrine.Il est évident que le maître et le disciple sedissocient sur cette question capitale des deuxPrincipes. Si Socrate eût partagé les idées del'auteur de la République, à l'endroit de l'éga-lité sociale etintellect.uelle de l'homme etdelafemme, il n'eût point éloigné Xantippe de sonlit de mort. Il l'eût au contraire retenue auprèsde lui, pressée sur son coeur, à l'heure de saglorieuse desincarnation.

Les entretiens mémorables de Xénophonaussi bien que le Phédon nous le montrentécartant la femme de son chevet funèbre, y ap-pelant l'homme, le disciple. N'avait-il pas au-paravant pousse plus loin encore le dédain du

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Principe femelle, en concentrant toutes sespuissances aimantes sur un homme, le jeuneAlcibiade ?Du reste, ces amours insexueiles, qu'il faut,

socialement, flétrir sans pitié, parce qu'en segénéralisant, elles tariraient les Sources dé laVie, il y a lieu, philosophiquement, de lesenvi-sageravee une judicieuse froideur. Cas patho-logique 1 c'est celui de Virgile, de Martial,de César, de -Shakespeare, peut-être de Napo-léon, et de bien d'autres parmi les modernes.C'est souvent une exubérance cérébrale, unexcès d'afflux solaire qui les produit. Tels, cesmonstrueux cryptogames échos au sein des'plus joyeuses Végétations. Ils sont, eux aussi,contre nature.: J.-j. Rousseau est un solaire d'une variétéétrange, unique peut-être. Il le dit au début deses Confessions,. « Je connais les hommes. Je nesuis fait comme aucun de ceux que j'ai vus.José croire n'être-fait comme aucun de ceuxqui existent.» Dorien par essence, considérantpeu la.femme, il est traqué, obsédé, envahi pari'ionisme, qui lui livre les plus bizarres assauts.La fée lunaire le tient, l'enserre : elle veutmerci. C'est elle, qui, repoussée, sevengeensedressant devant lui, sous la forme d'un ridiculeéréthisme et enle faisant exulter sous le fouetde M" 0 Lambercier.. C'est elle encore qu'il re-trouve dans cette cour sombre de Turin, leployant sous la manie névrosiaque, qu'il nouspeint aux premières pages du Livre III. Ce sera:elle enfin qui le fera se traîner tout petit ettout humble, amoureux passif, aux pieds deMnie de Warens ou de Mmo d'Houdetot.

Ce solairen'a nirincorruptibilitéde Newton,ni la force d'âme de Jésus. Vieillissant, il sent

qu'il lui faut la femme, la Science ne lui suffi-sant pas. 11 la prend quelconque, ou plutôtse laisse prendre par elle. Ayant méprisé lePrincipe Femelle, c'est par lui qu'il meurt,comme Orphée. Thérèse Le Vasseur fut la mo-nade de ce divin aède !Conclurons-nous? Non. Il n'y a pas à con-

clure. Ce tragique dualisme est, nous le répé-tons, Te Principe même dé l'Activité humaine.Le vent de mort qui nous pousserait vers l'An-drogynie élémentaire éteindrait à jamais laFlamme intellectuelle.Dieu sans doute est Androgyne ; I — EVE,

l'hiérogramme des sanctuaires ihébaiques l'af-firme. Mais DiÊO est DIEO. Sa bissexualité estéternellement féconde. Il a l'espace, lit im-mense, où se possédant lui-même, il engendre,-conçoit et enfante les mondes.

Lyètre humains'unisexualisantredeviendraitle mollusque. Or si la nature ne fait pas desaut, elle ne recule pas non plus. Elle marcheen avant, toujours, toujours, toujours !

FABEE DES ESSAUTS.

Certains de mes collaborateurs et moi ne sommespas complètement de l'avis de M. Fabre des Essarts.Fidèles à la doctrine de Sohar, nous croyons, avecl'auteur, que l'homme, fut créé androgyne, commeDieu, lui-mè.ne, et, partant, contenant parties égalesde fluide masculin et de fluide féminin. Mais la chute,dont parlent et qu'admettent par conséquent toutes lesthéogonies, est justement la séparation de ces deuxparties conservant toujours leur intégralité, et desti-nées à se retrouver un jour et se réunir dans leurUnité primordiale. C'est là la réhabilitation, et ce quifaisait dire à Lamartine : «Toute âme est soeur d'uneâme. »

R. G.

LA VIEMagnétisme.- — Vie fimmaine. -- Le Feu. — Vie astrale. — Spiritisme

(Suite).

CHAPITRE III

Unité simple «le vieLa nature suffit à toutL'homme peut tout.

Ce qui précède rend déjà évidentes ces vé-rités que nous avons exposées, à savoir:

Que ce qu'on appelle la mortn'est en réalitéque des degrés divers et jusqu'à l'infini de pas-sivité, que la vie n'est que des degrés diverset jusqu'à l'infini d'activité; que ce qu'on ap-pelle le mouvement n'est que la combinaison

du principe matériel avec la plus haute expres-sion de la puissance de la matière et succes-sivement avec les puissances matérielles infé-rieures.Plus tard, lorsque le feu nous aura expliqué

la loi fondamentale de la nature ignorée jusqu'àce jour, etque Newton a vaguement pressentie,lorsqu'il a découvert la loi d'attraction ;Lorsque nous saurons à n'en plus douter

que cette loi d'attraction qui attire tous lescorps au centre de la terre n'est que la loi pas-sive qui régit la matière c'est-à-dire la passi-

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REVUE DES HAUTES ÉTUDES 59

vite c'est-à-dire encore la mort, et qu'il faut detoute nécessité qu'il existe une autre loi d'at-traction active régissant la,Vie c'est-à-direl'activité; tLorsque nous aurons explique, démontre

l'existence de cette loi d'attraction active aveciles preuves aussi positives et plus concluantesencore que celles de Newton ;Lorsque nous verrons fonctionner ces deux

lois et que nous reconnaîtrons que la loi d'at-traction passive de Newton n'est que le moyenla loi d'attraction active étant le but;Alors nous saurons ce que c'est que le mou-

vement, nous en connaîtrons et le principe etle fonctionnement ; nous saurons ce que c'estque la lumière, que la vie; nous aurons acquisla puissance procréatrice. L'humanité auraatteint l'âge pubère et par le magnétisme, dé-.sormais expliqué, désormais compris et intel-ligemment pratiqué , elle s'acheminera calmeet désormais certaine de son aveuir vers sasplendide destinée.

Si on veut se donner la peine de réfléchir uninstant et de comparer les étapes parcouruesjusqu'à ce jour par l'humanité, avec les diversespuissances de la. matière, on verra que chacune.de ces puissances représente chacune de cesétapes et on verra aussi se confirmer cette vé-rité que l'humanité terrestre touche à son âgeou époque pubère.Aussi loin que nous permet de remonter la

science anthropologique, nous trouvons quel'homme, — ou plutôt que l'humanité—, dansles siècles les plus reculés de son existence surnotre globe, a commencé par vivre de la viematérielle, correspondant à la puissance la plusrudimentaire de la matière.Elle ne se servait pour pourvoir à son exis-

tence, pour préparer son développement orga-nique intellectuel et moral que delà matièrebrute, que de sa force ou mouvement purementmatériel.Commençant plus tard à exercer son empire

sur le règne animal, l'homme a utilisé à sonprofit la force ou la vie matérielle animale.Plus tard encore il a utilisé la seconde puis-sance de la matière, la puissance liquide ; lescours d'eau ont servi à ses communications, àson agriculture, à ses besoins de locomotion etsa puissance organique intellectuelle et moraleaugmentait en raison directe de l'augmenta-tion de ses moyens d'actions.Après les âges ou les époques de la matière

solide et liquide est venu l'âge de la matièregazeuse.Cette troisième puissance mise au service

.de l'humanité a centuplé ses forces, a centuplésa puissance,

Par la vapeur l'homme en multipliant saforce et ses moyens a élargi, dans d'immensesproportions, sa suprématie matérielle, moraleet intellectuelle.Et pourtant qu'est-ce que cette puissance re-

lativement à sa puissance fluidique.Quelle transformation l'humanité ne subira-

t-elle pas, lorsqu'elle sera en pleine possessionde cette quatrième et infinie puissance, lors-qu'elle aura atteint cette quatrième phase deson existence.Déjà l'exemple de l'électricité, de la photo-

graphie et les découvertes toutes récentes destéléphones, phonographes, etc., nous donnentun faible aperçu de cette transformation etnous prouvent que nous touchons au règne ouà 1âge des fluides.La connaissance et la pratique intelligente

du magnétisme réaliseront d'une manière, com-plète cette transformation qui sera l'âge pubèrede l'humanité, puisque les divers degrés depuissance fluidique sont les auxiliaires directsde la vie dans ses divers degrés.

Reprenant notre étude de la volonté, nousconstatons que si le principe immatériel, commela vie qu'il dirige est partout, ce principe im-matériel, ne pouvant pas avoir diverses natures,est subdivisé jusqu'à l'infini et ces subdivi-sions déterminent, par leurs plus ou moinsgrandes épurations et agrégations, les diverset infinis degrés de vie.Or, puisque ces subdivisions ont pour but

d'arriver jusqu'à l'homme, la vie de l'hommeest l'unité simple do vie.Toutes les autres vies inférieures dans leurs

individualités, comme dans leurs collectivitésne sont que des subdivisions de cette unitésimple et toutes les vies supérieures ne sontque des agrégations — plus-ou moins fortes,plus ou moins puissantes, plus ou moins har-monieuses suivant les divers degrés de puis-sance de ces vies supérieures — de ces unitéssimples. Car — point essentiel à noter — s'ilest bien vrai que le principe vital ou immaté-riel est évidemment toujours de même nature;il est parfaitement vrai aussi que les diversessubdivisions de ce principe ne peuvent jamaisse confondre avec la subdivision d'ordre supé-rieur; ils ne font que s'épurer, se grouper, seréunir en masse afin d'acquérir une puissancecapable de servir d'auxiliaires à la subdivisionqui lui est supérieure. C'est exactement, iden-tiquement la loi, le principe de la science desnombres, base de toutes les sciences maté-rielles dites exactes et positives.

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.60. REVUE DES HAUTES ÉTUDES

La vie de l'homme est donc l'unité simple devie,.comme le chiffre un est l'unité simple de la.matière.

Voilà cette grande vérité découverte, nosexplications subséquentes viendront la con-firmer.La vie de l'homme est l'unité simple qui ser-

vira à l'édification positive de-vie; exactementcomme le chiffre, un a servi à l'édification de lascience des nombres.Nous ferons; ressortir dans notre deuxième

volume relatif au feu et aux vies astrales — ouunités composées — toutes les conséquences decette vérité.Le principe immatériel qui anime et "l'a vo-

lonté-qui-dirige l'homme, étant servis partoutes les subdivisions immatérielles, est doncle dernier mot de la puissance de la nature.Toutes les vies, toutes les puissances supé-

rieures, — jusques et exclusivement à la puis-sance immatérielle et absolue de Dieu, — nepeuvent être que: des agrégations de ces uni-tés simples, c'est-à-dire comme dans la, sciencedes nombres, que des unités composées.

Rien n'est supérieur à l'homme si ce-n'est,en apparence, l'homme lui-même et en réalitéles collectivités humaines.Tous les-hommes sont égaux; les inégalités

ne sont qu'apparentes et passagères.Tout homme possède en lui l'unité simple de

vie et cette unité ne peut pas être subdivisée,.,.elle ne peut que s'épurer ou mieux s'éclairer etse souder par la fraternité avec les unités sim-ples de son espèce pour former des unités com-

posées et acquérir ainsi la multiplication in-finie de sa puissance.Le principe immatériel, de l'homme et la

volonté son auxiliaire direct étant, commetoutes choses, soumis à cette loi immuable dela nature d'activité et de passivité, il en ré-sulte que les inégalités humaines ne sont que. des divers degrés d'activité ou de passivité deleur principe immatériel et de leur volonté.

En deux mots voici la mission de l'homme :Apprendre à vouloir.Il n'y a pas de hasard, il n'y a pas de fatalité.L'homme peut ce qu'il veut et son principe

immatériel, et sa volonté étant les plus hautesexpressions de la nature ; l'homme peut tout.L'homme est malheureux parce que ne con-

naissant pas sa puissance il ne sait pas s'enservir et il le sera tant qu'il n'aura pas apprisà se connaître, tant qu'il n'aura pas appris à seservir de sa volonté. Tant qu'il ne saura pas.vouloir.

L'ignorance de l'homme renverse, eu ce quile concerne, l'ordre de la nature.Les subdivisions du principe immatériel,

c'est-à-dire les vies inférieures à la siennesont, de part la loi de nature, les humbles ser-vantes, les esclaves de l'homme.

Son ignorance intervertit les rôles et le géantdevient l'esclave des nains.L'homme est libre donc il est omnipotent.Que deviendraient ses attributs, son libre-

arbitre, la responsabilité de ses actes, sa rai-son, son intelligence, sa liberté, s'il n'avait pasla toute-puissance de les exercer!Et.du reste cette toute-puissance, cette omni-

potence de l'homme que la logique, que la rai- =

son proclament est confirmée et prouvée enquelque sorte matériellement parce que nousavons déjà dit, par les manifestations de lanature et aussi par les déductions et les faitsscientifiques !En effet :Nous avons^ dit que la volonté était la plus

haute expression de la quatrième puissance dela matière, successivement élevée à ce degréinfini de puissance par les digestions succes-sives des règnes inférieurs, et aussi par lesdigestions successives du corps fluidique del'homme.La volonté est donc le plus haut degré de la

puissance matérielle puisque elle confine àl'immatériel, à l'âme* au principe vital et c'estpar elle que l'âme, que le principe vital secommunique, agit, dirige successivement, hié-rarchiquement, les puissances inférieures.

Dès lors n'est-il pas évident, n'est-il pas ma-tériellement démontré que cette plus hauteexpression de la puissance de la matière a toutpouvoir sur les puissances inférieures, et si onveut matériellement se l'aire une idée de ce quepeut la volonté, qu'on réfléchisse à ce que peu-vent faire des puissances qui lui sont infini-ment inférieures.

La chimie, par la l'épuration et la décompo-sition, extrait de la matière brute minérale etvégétale des principes au moyen desquels, parla condensation des fluides les plus maté-riels et par conséquent les plus rudimen-taires, elle pulvérise les corps les plus denses,les plus opaques, au moyen desquels elle briseles rocs, elle renverse des montagnes.Si donc les fluides les plus matériels, les plus

rudimentaires, condensés par les moyens gros-siers, matériels et ridicules à.côté des moyensvitaux, peuvent déjà faire de pareils prodiges,que peuvent faire' — nous le demandons —les fluides épurés, condensés par les moyenssublimes qu'offrent à nos yeux les règnes de lanature et surtout par ce moyen sublime quenous avons exposé en parlant des corpsfluides!

Que peuvent faire — nous le demandons —ou plutôt que ne peuvent-ils pas faire cesfluides élevés jusqu'à ce degré de puissancequ'on appelle la volonté et dirigé par le prin-cipe immatériel, par l'âme, c'est-à-dire parl'émanation directe de Dieu, comme la volontéest l'émanation directe de Lame I

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REVUE DES HAUTES ÉTUDES 61

Oui là volonté peut tout.La volonté n'a qu'a dire : je veux, pour que

toutes les forces de la nature, représentées parles vies matérielles dont elle est la plus hauteexpression, se mettent en mouvement pourexécuter immédiatement ses ordres.Encore une fois, il ne s'agit que de savoir

vouloir, et c'est ce que nous appi'endr a la sciencede vie que nous avons mission de révéler.La volonté peut nourrir le corps.Mais que fait donc le végétal pour produire

le fruit qui nourrit ce corps ?Il fait ce que nous avons dit : par des diges-

tions successives que nous expliquerons bien-

tôt, il épure les fluides les plus grossiers etaprès trois mois d'opération il produit le fruitalimentateur.Mais la volonté, fluide mille fois plus puis-

sant que ceux qui produisent le fruit, ne peut-elle pas faire à l'instant ce que le végétal faitdans trois mois ; ne peut-elle pas immédiate-ment par un seul de ses actes réunir les prin-cipes, les subtances que le végétal ne peutréunir que dans trois mois ?...

(A suivre.) L. PLATON.

(Reproduction rigoureusement interdite sans l'autorisationde l'auteur.)

ÉTUDES HISTORIQUESLes derniers Pli ara on s

Nous avons donné à nos lecteurs une idée dela haute civilisation établie par Ram, il y adix mille cinq cents ans, souslenorii de Loi DUBÉLIER, civilisation superbe qui gouverna leMonde pendant longtemps dans une paix pro-fonde. D'abord la Royauté, qui était sélective,devint héréditaire, ce qui fut un premier germede maladie; enfin, un roi ambitieux du nomdTrshou renversa définitivement ce bel édificede paix et de bonheur et transforma l'EtatSocial de telle sorte qu'on vit bientôt .l'arbi-traire remplacer partout l'Arbitrage et sonsceptre de Justice et d'Autorité '. La Scienceet la Religion méprisées se réfugièrent dansles temples où furent obligés de se cacher aussiles Initiés. L'Inde et l'Egypte devinrent leursderniers sanctuaires.Ce fut sous Nihûs et Sémiramis, dans l'As-

syrie, surles rives de l'Euphrate, que l'Anar-chie commença surtout à promener le fer, lefeu et les plus° affreux ravages. Les Initiés destemples essayèrent d'enrayer ce mouvementdes- puissances infernales, et c'est alors que,n'y pouvant réussir en Chaldée, ils vinrent seréfugier, Abraham àleur tête (en prenant alorsdans l'Histoire le nom d'Abramides), en Judéeoù résidait Melchisédech, le dernier GrandPontife du gouvernement théocratique de Ram.Après avoir été bénis par lui et reçu la com-munion symbolique sous les espèces au pain etdu vin, ils allèrent s'établir en Egypte où ilstrouvèrent encore vivants les restes du Gou-vernement synarchique de Ram. Ils s'unirentaux Initiés des temples de Thèbes et de Mem-

1On pourraliro ce Schisme û'Irsliou à la page224,du n° 3'2de YAnti-Malcrialisle.

phis qui mettaient alors tous leurs soins à sedéfendre contre l'invasion des peuples schisma-tiques dont l'Egypte était entourée et dont lesrois voulaient 'étouffer les derniers restes, dugouvernement trinitaire de Dieu.C'est à cette époque, Rhamsès II étant Pha-

raon, que nous amenons nos lecteurs. Nousallons essayer de leur donner une idée de cequ'était alors cette civilisation, si grande en-core, bien que décrépite. Nous allons voir cequ'étaient encore ces Pharaons d'Egypte sivantés et pourtant si peu connus avant l'oeuvresavante de M. de Saint-Yves.Ce n'était plus alors le beau gouvernement

synarchique d'autrefois, ce n'en était plus quel'ombre ; cependant ce Pharaon était encore unInitié élevé et sortait par sélection des sanc-tuaires de la Science intégrale. Magistratsuprême, chef du Conseil des Dieux, chef del'Armée, chef des Corps savants, toujoursfidèle à l'antique Tradition, grande encore pourson temps, immense pour le nôtre, il était obligéde porter sur ses épaules un poids effrayant etrien d'étonnant que, n'ayant plus pour le con-trôler le grand CONSEIL DE DIEU d'autrefois, ilne penchât à se laisser tomber dans le pouvoirarbitraire et personnel. Cependant 1'AUTORITÉétait encore assez puissante pour l'arrêter surcelte pente dangereuse, et, dans les temples,où le Sacerdoce était chez lui, où le Conseil deDieu trônait enveloppé de toutes les lumièresde la Sagesse et de la Science, le roi n'étaitplus que le Premier des membres du Conseildes Dieux, et reprenait son vrai rang dans lavéritable hiérarchie.

^ « Les deux genoux en terre, dit M. de Saint-Yves, la tète nue, dépouillé de toute arme, il-

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6'2' REVUE DES HAUTES ETUDES

prenait pieusement le calice et le pain sacré .crue lui offrait le Grand Prêtre. Aucun insigne jde commandement ne se voyait sur sa per- !sonne. Alors il entendait d'autres leçons que le jchatouillement dès flatteries de Bos°suet : Dieu ;seul est grand, mes frères F j

« A son rang, dans sa stalle, il écoutait la \voix des. Prophètes accomplissant les rites jsacrés 1,évoquant. l'Ame 1vivante des Ancêtres, jdictant leurs enseignements à leur royal audi- jteur, le reprenant du passé ou du présent, s'il jy avait lieu, et lui traçant l'avenir si sa ré- jponse à leurs interrogations était insuffisante. j

«: Dans les degrés inférieurs du Sacerdoce, Ivêtu de lin blanc, portant l'éphod, un jeune \prêtre d'Osiris, petit, l'air profondément doux, jTe. front proéminent comme- celui d'un bélier, [assistait.attentif, parmi les sacerdotes attachés ià la Maison royale. ^ j« C'était Moïse, fils de la première princesse j

du sang. - ." !« Parmi les choeurs: des Initiés accourus de \

tous les pays pour s'instruire et prendre rang :dans le Conseil des Dieux,, on eût pu remarquer |un autre homme également jeune, portant Ilongs ses blonds cheveux, qui contrastaient !avec la chevelure noire de Moïse. j« Ce Nazaréen de race royale venait de I

Thrace: c'était Orphée, fils d'une prêtresse'd'Apollon.« La cérémonie s'achevait par l'offrande

royale faite selon les rites. Ceignant l'uréuset la mitre aux cornes de bélier, comme pre-mier Magistrat du Conseil des Dieux, le Pha-raon coupait avec une faucille d'or une gerbede froment qu'il offrait par les mains du Pon-tife en holocauste, à Isis.

« Alors, une fois la bénédiction prononcée,le roi se-relevait, et sesécuyerslui remettaientses insignes et son casque militaire. A la portedu temple, il remontait sur son pavois celtique,porté par douze erpads, généraux de son etat-major. Devantlui, douze jeunes lévites, sur descoussins brodés d'or, tenaient les insignesroyaux : le sceptre des arbitres àfête de bélier,l'épée, l'arc, la masse d'armes, etc.

« Parmi ces lévites se trouva longtempsMoïse, que nous reverrons dans les processionssacrées, portant soit l'arche d'or, soit les tableseu les pains de proposition, les calices ou l'en-censoir.« En avant marchaient les orchestres royaux,

puis les choeurs innombrables avec leurs chefsd'attaque agitant leurs bâtons et marquant lamesure. Puis venait la Maison du Roi et lesCollèges sacerdotaux, suivis des Initiés auxgrands et aux petits Mystères.

« La magnificence "des vêtements égalaitcelle des cérémonies, depuis les Pontifes avecleur tiare blanche, leur pectoral et leur théo-logal resplendissant du feu des pierres symbo-

liques, jusqu'aux dignitaires avec les décora-tions de l'Agneau, du Bélier, du Lion, du Lis,de l'Abeille, suspendues comme la Toison d'Orà des chaînes massives admirablement tra-vaillées.

« Enfin,lescorporatiolisfermaientlamarche,avec leurs emblèmes, bannières déployées. »C'était là une grande fête, mais il y en avait

de plus grandes encore : c'étaient celles pure^ment sacerdotales. M- de Saint-Yves va nousmontrer le DIEU SOCIAL porté solennellement,dans les livres de l'enseignement, sacré :« En tète marche le Recteur des Mathéma-

ticiens. Devant lui sont portés les attributs dela Musique et les livres d'Hermès traitant del'Arithmologie et de la Morphologie quantita-tives" et qualitatives, des hymnes-des Dieuxsuivant des modes arithmétiquement et géo-métriquement appropriés à leur sphère de VieCosmogonique, et enfin des règles de la vieroyale. Toute cette partie de la Science estesotériquement expliquée dans un des livresde Fo-Hi, l'Initié régénérateur de la Loi Synar-chique en Chine.« Ensuite vient l'-Horosûope, grand maître

des Sciences généthliaques. L'horloge et lapalme le précèdent, ainsi que les livres renfer-mant la Cosmogonie biologique, la physiologiede notre système solaire, au double point devue liyperphysique et physique.« Après, vient le Scribe sacré, grand Maître

de la Science et de l'Art hiérograrninatiques/de la Symbolique sous toutes ses formes. Laplumé, l'encrier, la règle sont ses emblèmes.Ses livres roulent sur les clefs des hiéroglyphes,sur la Cosmographie, la Géographie., les Cyclessolaires, lunaires et planétaires, sur la Choro--graphie, l'Hydrographie, les instruments dephysique et de chimie, les règles positives desrites sacrés, des lieux appropriés, des Nombres,Poids et Mesures, enfin l'Esthétique du eéré-monialdans tous les genres.

« Puis, marche le grand Maître de Justiceavec ses symboles : la coudée figurant l'égalitédevant la'Loi, l'équité de la Loi elle-même ; lecalice ou la coupe, figurant la participationdu Conseil des Dieux à la grande Communionsacerdotale avec la Vie spirituelle de l'Univers,par l'Initiation à la Sagesse et à la Science in-tégrales.

« Enfin le Prophète clôt la marche. Leslévites portent ses emblèmes : l'aiguière d'or,les pains de communion. Comme Pontife, il ala garde des dix livres sacerdotaux réservés àl'Initiation suprême et portés dans l'Archesainte. Je ne citerai que quatre de ces sciences:laThéurgie, la Magie, la Thérapeutique sacrée,l'Alchimie !

« Paris possède la statue d'un grand prêtrede.Memphis, Phtah-Mer, qu'on peut voir auLouvre. Sur cette statue sont écrits ces mots

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REVUE DES. HAUTES ETUDES 63

significatifs : « Il n'était rien qui fut voilé pourlui ; et il couvrait d'un voile l'essence de toutce qu'il avait vu. » Ainsi fera Moïse une foisprêtre d'Osiris. Ainsi fitAbràham en présentantfa Loi nouvelle représentée dans la Bible parl'hiérogramme de Saraï : « Vous aurez toujoursun voile devant ceux avec qui vous serez 1. »La Science avait été poussée très loin à cette

époque de l'antiquité. Voici unpassage d'Olym-piodore, extrêmement significatif, au sujet dessciences et des arts réservés au sacerdoce:, etparticulièrement en ce qui regarde l'Argyropée.et la Chrysopée, c'est-à-dire l'art de transmuterles métaux en argent et en or :

« Tout le royaume d'Egypte était sustentépar:ces Arts-. Il n'était permis qu'au plus hautSacerdoce de s'y livrer. Tout prêtre qui auraitcommenté les écrits hermétiques des Ancienseût été mis hors la Loi II possédait la Science,mais ne la communiquait pas. C'était une loichez lesEgyptiens de ne rien divulguer sur cesujet, excepté aux fils des Dieux et, le caséchéant, au prince héritier. »Clément d'Alexandrie confirme ces informa-

tions :« Les prêtres ne divulguaient leurs Mystères

qu'aux Initiés dont la vertu et la.sagesse excep-tionnelles se révélaient par l'examen et parl'épreuve 2. »Telles étaient les splendides fêtes de l'Anti-

quité,fêtes éminemment religieuses où les rois,étaient oonstammentrappelés au sentiment desdevoirs imposés par le gouvernement synar-chique de Dieu, et où les peuples étaient entre-tenus dans le respect de l'Autorité et la Véné-ration du Dieu vivant de l'Univers. Sous cettepompe, la Divinité de l'Etat Social, c'est-à-direla Sagesse et la Science, était-rendue sainteet vénérable, et le Sacerdoce et la Royautéétaient alorslaplus haute expression durnérite,du courage et de la 'vertu.

Ces hautes sphères de l'Intellectualité, d'oùdépendait l'organisation saine et parfaite de laVie sociale, étaient naturellement défenduescontre l'envahissement de la médiocrité, contrela politique qui met la guerre et l'anarchiepartout, contre te despotisme d'en haut et d'enbas, contre le déchaînement des passions et desinstincts, et cela, parles Lois, lois entièrementbasées sur les Principes.Tout cet ensemble de Principes s'appelait

LA LOI, et tout le monde la respectait commeétant la représentation de Dieu lui-même, deDieu Esprit pur, incarné clans l'Humanité.Le peuple alors jouissait de la plus grande

liberté qui fût possible. Il croyait ce qu'il vou-i Genève, eh. xx, v. 16.2 La Mission des Juifs par M. de Saint-Yves-.

lait, et certainement il n'avait pas de la Divinitécette haute et sublime conception qu'on pro-fessait dans les temples, mais, bien queriennelui fût imposé hors Je premier degré d'instruc-tion professionnelle, hors la morale primaire etla psychurgie du Culte des Ancêtres, il étaitreligieux. D'ailleurs tout lui était accessiblesuivant sa volonté puisque toutes les portesétaient ouvertes à l'instruction, au mérite etau travail.Mais, sortis que nous sommes,pour un grand

nombre de nous 1 des plus bas degrés de laVieet de l'animalité, nous n'arrivons pas tous enmême temps au même échelon de l'intelligence,de la sagesse et du savoir, aussi, toujours lamême dans-tous les temps, la multitude prenaitsouvent les signes pour les choses signifiées,les Symboles pour les Causes, les hiéroglyphespour les Puissances cosmiques qu'ils représen-taient, les princes pour les Principes, les prêtreset le culte lui-même pour la Religion et laVérité.Mais, jusque chez les plus déshérités, l'ensei-

gnement moral et psychurgique était excellentbien que les symboles n'en fussent pas compris.Tout le inonde avait sur la Vie visible et invi-sible des notions précises, quoique primaires.'Uii rouleau sacré, contenant une magnifique,profession de foi, était pieusement gardé par lebaptisé et l'eucharisle jusqu'à la mort, et l'ac-compagnaitencore j usqu'à la Vie d'outre-tombe,laquelle était admirablement connue, bien plusque ne la connaissent les Spirites de nos jours(qui commencent à peine à retrouverleslois quirégissent les relations réelles, et bien connuesde toute l'Antiquité, entre les vivants et lesmorts), et était révérée- et secondée par lesvivants laissés derrière.

Que tous ces Enseignements de l'Histoireservent donc enfin à nous rendre évidente cettevérité :

Que nous sommes des civilisations déchues, despeuples dégénérés et atrophiés par l'arbitrairedes gouvernements despotiques, et par l'Anar-chie qui découle inévitablement de laPolilique.Et puisque voilà les Sciences qui maintenant

tiennent le haut du pavé, mettons donc tousnos soins à. les organiser dans une vaste Syn-thèse religieuse qui ramène au milieu do nosmalheurs et de nos dissensions internationalesle Dieu social de nos pères, sous l'étendard deSagesseet de Paixd'un nouveau GOUVERNEMENTSYNARCHIQUE.

RENÉ CAILLIÉ.

1 D'après la Soliar, il y a dans notre Humanité terrienneceux qui proviennent de l'animalité, • et cenx qui, ayantmérité une punition comme anges révoltés, sont enchaînésdans des prisons de chair.

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64 REVUE DES HAUTES ÉTUDES

VOIX D'OUTRE-TOMBEManifestations occultes instructives.

Mondes intermédiaires ou transitoires.

Les mondes intermédiaires sont des manifes-tations de JajusticedeDieu. Lorsqu'ilstiennentaux mondes charnels supérieurs ils offrent dessubstitutions variées dans les décors de la na-ture externe, laquelle s'illumine du prismeéternel de la lumière solaire.Dans les espaces compris entre la Terre et

ses mondes intermédiaires s'agitent des Espritserrants 1.Les Esprits errants sont toujours des esprits

nouveaux, abrutis de nature, prévaricateurspar ignorance, criminels sans discernement.

L'époque de la réincarnation des Espritserrants dépend des alliances qu'ils ont forméeset de l'apaisement, de l'émulation qui doiventrésulter pour eux de ces alliances, soit parune prolongation d'erracité, soit au contrairepar un effet précipité delà renaissance char-nelle.. La Terre transporte, dans ses mondes inter-médiaires, des Esprits nouveaux classés déjàpar leur intelligence et façonnés aux tribula-tions de la vie charnelle mais incapables delutter contre les instincts de l'animalité ;_desEsprits légers, non encore accessibles à l'idéemoralisatrice et religieuse; des esprits dégra-dés par le vice, familiers avec toutes les hypo-crisies ; des Esprits enfin chargés du fardeaudouloureux de l'émancipation générale.Les rapports des Esprits de la Terre avec

les Esprits errants sont faciles 1. Les manifesta-tions des Esprits errants témoignent le plussouvent de l'ostentation, de la vanité, del'ignorance. Parfois cependant, elles s'éclairentdu sentiment de l'âme et de la franchise del'esprit.

Les mondes charnels défectueux sont séparésde leurs mondes intermédiaires, justement parla défectuosité évidente et la faiblesse desprin-cipes constituants qui les associent à des de-meures transitoires dont la sombre naturephysique s'harmonise avec la nature moraledes hôtes qu'elles retiennent.

La science humaine définit la matière uncomposé de molécules, et elle ajoute que cesmolécules se dissolvant dans l'immense nécro-

1 Beaucoup d'Esprits demeurent peu de temps dansl'espace

Partout, les Esprits, en s'élevant moralement et intellec-tuellement peuvent changer de résidence.Dans toutes les communications sur ce sujet sont relatés

des faits de ce genre.

pôle, y facilitent l'émanation des principesreconstituants des corps.Ainsi s'explique le règne de la force dans la

matière, l'éternité de cette matière. Ainsi s'é-rige le plus honteux dévergondage de l'esprithumain.Pour rétorquer d'aussi d éplorables errements,

pour; défendre notre cause terre à terre, c'est-à-dire sans déployer le prestige de notre élé-vation spirituelle, il ne faut qu'un peu de bonsens et beaucoup de patience.Avec le bon sens nous disons à l'homme :« Tu vis, donc tu possèdes la sensation. Cette

sensation est en dehors des fonctions cérébralespuisque l'absence d'idées ou la profusion d'déesne saurait la modifier.

& Tu raisonnes; donc tu as les facultés de lamémoire, de la recherche, de la délibération.Ces facultés sont en dehors des sensibilitésorganiques puisque tu peux raisonner alorsque la maladie prive tes membres de leur li-berté, tes yeux du rayon conducteur,. tesdésirs des moyens de t'exprimer et de te satis-faire. »

Avec de la patience nous développerons nospreuves de plus en- plus.

L'âme est un fluide qui s'épand surla natureentière et se condense dans la personnalité.

L'âme, qu'elle soit prise comme lumineuseessence du mouvement général, ou comme par-ticules désagrégées de l'intelligence person-nelle, s'exprime dans la matière par 1 anima-tation et la sensation.Les souffrances de l'âme vienuent de la sen-

sation. Elles produisent à la longue ou instanttanément : mélancolie, tristesse, désespoir,crainte, frayeur, pitié, colère. Elles s'effacentou s'affaiblissent par l'éloignement des objet,ou des événements qui les ont suscitées.L'âme se sent frappée douloureusement

quand le corps se refuse.à l'animation.L'âme dilate les organes matériels, mais dès

que le travail ruineux s'opère, elle se réfugiepartout où règne un peu de salubrité; et l'or-gane, non encore atteint par la maladie, reçoitune impulsion plus forte que celle qu'il rece-vait dans l'état normal de l'économie.

L'âme devient machinale et fiévreuse avec lecorps.

Elle l'assiste péniblement dans sa déca-dence; elle l'étreint convulsivement dans ledernier combat; elle l'abandonne lentement,elle dépose sur le masque de pierre une em-preinte de solennelle majesté.., puis, elle s'af-faisse dans l'oubli de soi... puis, elle revientà lalumière, à la sensation, à la vie, dans une

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enveloppe qui lui rappelle l'enveloppe qu'ellea quittée...L'esprit est un. point grandissant et absor-

bant. Il grandit aux dépens de la matière qu'ildoit vaincre et détruire. 11absorbe les proprié-tés de Tàme pour les limiter, les dirigerles rendre profitables.L'esprit a en germes toutes les passions,

toutes les facultés, toutes les grandeurs,,toutesles lumières.Il est formé pour, atteindre toutes les sciences,

toutes les vertus.L'esprit analyse, discute, rapproche, déter-

mine. Il déduit les possibilités et les consé-quences naturelles de toutes choses en basantses observations et ses démonstrations sur lesaptitudes de son jugement plus ou moins déve-loppé.Le mot Esprit devient le nominatif de l'être

complet parce qu'il établit la personnalité etqu'il désigne le développement indéfini dansl'immortalité.Les souffrances de l'esprit tiennent aux pas-

sions de l'esprit ; et rien ne limite les souf-frances parce que rien ne limite les passions.Les passions de l'esprit ont pour origine les

passions du corps. Elles demeurent sous l'em-pire des besoins bruts tant que la liberté n'estpas entravée par la raison. Elles caractérisentensuite les époques, les transformations d'étatet les dilatations intellectuelles.Les passions du corps sont de grossières vo-

luptés. Les passions de l'esprit déforment lessens de l'âme et tuent le corps.Les passions du corps désignent l'animal

Les passions de l'esprit changent les licencesbestiales en lubricités dissolvantes. Et les souf-frances qui en résultent pour ces trois termesde la nature humaine : corps, âme, esprit,sont à la fois hideuses, fatidiques, déshono-rantes.Les dilatations de l'esprit humain, en dehors

de l'état normal de la nature humaine, sont depuissantes révélations détournées, trop sou-vent, d'une voie utile et morale. Ces dilata-tions^ ne sortent point du cadre de nos donnéesprécédentes sur la dépendance des Esprits etl'Alliance universelle. Quant aux rêveries pro-duites par la débilité du système nerveux etaux agitations de l'esprit résultant des émo-tions de l'âme ou des excès du corps, ce sontlà des faiblesses inhérentes à la matérialisation,lesquelles agissent pernicieusement sur l'étatmental par la fréquence de leurs retours.Le cerveau, point de centralisation des affi-

nités de l'âme, des apports de l'esprit et desmanifestations corporelles, est à la fois réflec-teur parce qu'il reproduit les sensations, dépo-sitaire et dispensateur parce qu'il reçoit l'idéeet la transmet aux agents matériels".dont les

forces motrices luisont soumises entant qu'ellesexpriment l'idée.Le cerveau, faisant partie de l'organisme cor-

porel,- s'use par l'exercice, se déprime par lamaladie, devient incapable pour un moment,longtemps, toujours, par des accidents succes-sifs.Quand le cerveau est usé, malade, paralysé,

Tesprit perd ses droits sur la matière ; et cettematière n'obéira désormais qu'à son instinctanimal, et à l'impressionnabilité de l'âme. Defugitives images glisseront encore devant lemiroir délabre, puis tout sera fini, et l'espritattendra l'âme pour former avec elle une per-sonnalité spirituelle plus ou moins dégagée desattractions humaines.L'esprit n'est jamais malade, jamais ramolli,

jamais forcé, jamais idiot à l'état spirituel. Sesmanifestations sans faiblesse comme sans in-termittence déterminent le concours actif desvolontés et la dilatation des sens extérieurs :la vue, l'ouïe, l'odorat ; partant, une libertébien supérieure à celle des créatures char-nelles.Que les manifestations de l'esprit à l'esprit

soient entravées par la paresse, le décourage-ment, le remords : Cesont-là de variées excep-tions à une règle générale des mondes spiri-tuels transitoires.

— De ces exceptions nous nous occuperonsplus tardLa mort corporelle délivre l'espritdes humi-

liations de la matière, et sa personnalité dansle monde spirituel se traduit par une forme quireprésente l'être charnel. Cette forme n'est pasdeux fois la même, puisque les épreuves del'être charnel se multiplient eu changeant d'at-tributs et d'alliages dans les différentes demeuresqui lui sont assignées.

L'esprit humain, à l'état spirituel, paraitcouvert d'un vêtement. Ce vêtement apparentest une vapeur légère qui voile l'esprit et letransporte d'un lieu à un autre lieu suivant savolonté.

La forme de l'esprit, à l'état spirituel, ne re-trace aucune des difformités de la matière.Les traits du Arisage sont tellement spiritua-lisés qu'ils reflètent comme un miroir les im-pressions de l'âme et de la pensée.Il n'y a point de dehors menteur, dans la vie

spirituelle, et l'attraction qui s'y produit, desemblable à semblable et d'inférieur à supé-rieur, peut bien amener des regrets, mais ja-mais de reproches sur la franchise des précé-dents.La fraternité des âmes et des esprits, telle

qu'elle existe dans l'état parfait des âmes etdes esprits, trouve de vagues ressemblancesdans la spiritualité transitoire. Cette fraternitédécroît sensiblement dans les inondes charnelsinférieurs où toutes choses dépendent de l'im-

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placable égoïsme des sociétés humaines. Maiselle n'y fonde pas moins l'irrésistible et subitentraînement des âmes et des esprits les unsvers les autres, dans un ordre d'idées sem-blables.Les lois publiques s'améliorent par le déve-

loppement progressif, et la déchéance d'unpeuple annonce la déviation de ses facultésintellectuelles.Le sens moral s'élève par l'explication des

. oeuvres de la nature, et la raison, devenueFïnterprète du sentiment, demeure la gar-dienne de l'honneurliumain. C'est alors qu'unpeuple marche librement dans la voie lumi-neuse du progrès.Le sens moral se déprave par l'abus des con •

templations de l'âme isolée des appréciationsde-l'intelligence. Et les peuples soumis auxrêveries de l'invagination tombent dans le ma-rasme, aussi bien que les peuples -épuisés parles luxures de la matière et l'athéisme de-l'idée.La Terre ne renferme point de peuples dont

l'ensemble d'éfih-isse le progrès continu. Mais,au travers de tous ces centres dits civilisés, lahaute intelligence du Dispensateur éternel.aposé des jalons et ensemencé des vertus. LaTerre a des messies, des justes, des 'démonstra-teurs, des apôtres, et* si elle ne montre quelentement les degrés de la science universelle,elle les montre néanmoins.Les mondes intermédiaires de la Terre n'ont

pas d'autre mission que d'aider au travailde laperfectibilité humaine. Et si l'orgueil y restele support des fragilités de l'homme, la libreexpansion des facultés désigne leurs séjours,des écoles supérieures pour tous ceux qui ontle sens droit et la vue perçante.

Là, les douces théories clé l'âme sont encorele refuge des pauvres intelligences, et lespiteux enseignements de fausses philosophiessont recueillis par d'extravagants disciples.Là, nous retrouvons tous les caractères hu-

mains ; et les divisions, les ruptures, les riva-lités nous rappellent les petites passions ter-restes.Mais nous assistons au déploiement des

forces intelligentes comprimées naguère par lamaladie, le dénuement, les préjugés sociauxet autres plaies de l'état corporel.Mais Dieu, l'immortalité, la destinée des

créatures constituent les bases de l'éloquencesérieuse; et les sciences, pratiquées ou ébau-chées dans la vie humaine, déterminent desavantes conférences et d'intéressants débats.Le détachement des ambitions mondaines, le

mépris des vices charnels, la noble directiondes sentiments humains devraient honorertous les esprits à l'état spirituel. Hélas ! dansles mondes intermédiaires de la Terre, noussommes souvent en face des vanités, des sen-sualités, des faiblesses, aux prises avec le dé-

couragement, et toutes les misères morales sedébattent dans le vide des regrets et la chi-mère des espoirs...Parce que l'âme j et l'esprit demeurent dans

Dieu, sa pensée s'élève alors vers les horizonsde Tavenir, et l'âme trouve au sein des décou-vertes le sentiment d'adoration qui lui man-quait.Toutes les alliances d'esprits donnent lieu à

la médiumnité inconsciente, et l'attractionforme des alliances d'esprits dans tous lesmondes.Les mondes intermédiaires, s'alimentant de

natures impai'faites, étalent à nos regards lesinnombrables défectuosités des mondes char-nels dont ils maintiennent ou modifient l'expres-sion morale.La liberté dont jouissent les esprits à l'état

spirituel est due à la fluidité de la forme, àla facilité de Ténranation et aux dilatationsextrêmes des organes sensitifs.Lorsque l'état- charnel détermine chez la

créature humaine une surabondance d'idéesmystiques etune déplorable pénurie des forcesintellectuelles, l'âme conserve son exaltationdans l'état spirituel.L'âme, -maîtrisant l'intelligence, a fourni des

cas de médiumnité inconsciente fort nom-breux parmi les hommes. Et, si nous ne signa-lons pas les plus notoires, c'est que nous devonsà notre caractère de ne point descendre dansdes questions de personnalité. Mais nous défi-nissons cette médiumnité un malheur pour lespopulations contemporaines dont elle entretientl'ignorance, et un danger pour les générationsfutures qui nomment miracles des faiblessesd'âme, ou qui joignent à la négation du mer-veilleux, la négation du principe divin.. L'imagination qui a dominé l'intelligence

dans les mondes charnels, la domine encoredans les mondes intermédiaires et, de cetteinfluence sur les intelligences faibles desmondes charnels, naît une médiumnité incon-sciente à laquelle nous attribuons les plus hon-teuses divagations de l'esprit humain.Nous concluons que la créature humaine

très intelligente, quoique dévoyée sous le rap-port moral, est infiniment plus rapprochée dela lumière dans la spiritualité transitoire, quela créature liumaine prédisposée aux visions del'idéal par la pauvreté des facultés intellec-tuelles.

De cette conclusion ressort l'exacte applica-tion des principes de la Justice divine, danstoutes les phases du développement humain.A ses dilatations de mémoire, à ses attrac-

tions vers l'avenir, succède chez l'esprit hu-main le besoin de sauvegarder ses intérêts de"fortune et ses intérêts de famille.Les lois publiques expriment la portée de

l'intelligence humaine et la conscience de&

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peuples s'établit sur les bases de l'organisationsociale.Cet entraînement, prélude des plus nobles

jouissances de l'amour fraternel, se nommesympathie. Il n'est point favorisé par des rémi-niscences de mémoire puisque les formes hu-maines, mises en rapport dans le monde spiri-tuel, n'ont plus raison d'être alors -que les es-prits se réincarnent dans un monde charnel.L'existence personnelle se fond dans l'exis-

tence d'une génération, et tous les esprits dis-séminés dans le jour d'un siècle se rejoignent,se perdent et serejoindront encore pour conti-nuer des alliances interrompues., .mais nonbrisées.La fraternité universelle se fondesurla réin-

carnation. Elle s'alimente des unions forméesentre les créatures d'élite et les malheureuxdistancés. Et si, dans tous les mondes transi-toires, se prépare la sympathie, dans tous lesmondes -charnels se fermentent des anomaliesqui prennent leur raison d'être dans la sublimeloi de l'émancipation générale par l'effet descontrastes et de la médiation- ,

Soyons forts et vaillants partout. Ne déser-tons pas le poste infime, et dans l'élévation,courbons-nous vers 1-emalheur! Méprisons lesentraves, amassons des trésors de science dansl'obscure prison, et au jour de l'affranchisse-ment, proclamons la vérité, délivrons les es-claves avec la parole de paix et d'amour ! Affer-missons-nous dans la patience par le sentimentdu devoir ! Rendons le bien pour le mal, etplaignons ceux qui nous font souffrir par desmarques incessantes de domination et d'injus-tice! Défendons notre foi, notre honneur, notrevie contre le despotisme et la barbarie, maisen nous conformant aux prescriptions de la loimorale!Les esprits directement opposés à notre re-

pos sont attachés à notre avenir c Ceci nousimpose le dévouement. Les esprits les plus au-claeieuserai©mt: pervers -deviennent des Instru-înent-s de la Providence-dans les mondes char-nels inférieurs. 'Ces esprits méritent la. pitiédes vrais appréciateurs de la-science divine.

UN INIT.IA.TBUB. Même Médium.

JUSTICE ET RÉPARATIONELLE. Je suis la tentation. Je suis l'Attraction,

C'est ainsi que Dieu Ta voulu.Lui. TU es le démon. Horreur ! Eloi,gne-foi.— Je suis la faiblesse. C'est ainsi que Dieu

ma créée.Veux-tu donc m'abandonner à mes propres

forces ? Ces bras, qui furent faits pour presserun enfant sur mon sein, veux-tu donc qu'ilsaillent porter l'épée ou mettre la mèche aucanon? Je suis la. faiblesse et tu me dois taforce et ton courage.— Tu es le démon. C'est toi la cause de tousles maux qui rongent l'Humanité. Ah ! si l'es-prit du mal ne t'avait pas créé, le bonheur et lapaix, un printemps éternel, régneraient surnotre pauvre globe où l'on ne voit partout queJalousie, Orgueil, Haine et Combats. Eloigne-toi I .

— Je suis la faiblesse, et j'ai besoin de tonbras nerveux pour me défendre. L'enfant, quin'a pas de pitié, souvent m'insulte dans la rue.L'adolescent encore imberbe, l'homme mûr quin'a pas d'épouse et pas d'enfant et m'affronte àchaque instant de son regard impudique etsans honte, tout chacun qui ne connaît ni lerespect ni le devoir, jettent la boue à ma jouesansdéfense. Et je n'ai pour égide qu'un brasprivé de force et d'énergie.

C'est ainsi que Dieu ma créée.— Eloigne-toi ! Ta pensée corromprait mes

derniers moments. Nulnepeutallerau royaumede Dieu qui n'a renoncé à ce monde, à Satan,à ses pompes et à ses oeuvres. Au Saint-Père,au pape infaillible et trois fois saint; au prêtrevierge, temple toujours pur et toujours sacréoù Dieu s'incarne et vient parler aux hommes;à leurs troupeaux naïfs, obéissants et pudiques ;à ceux-là seuls sont réservés ces biens, cesbonheurs ineffables de la Béatitude éternelle.

Va ! Tu n'es qu'un serpent tentateur,— Et pourtant, je fus ta Mère, qui te mis au

monde au milieu de souffrances auxquelles tun'as jamais pensé, qui formai ton jeune coeuraux beautés divines de la Création. Je fus taSoeur qui veillai sur ton bien-être et tes plai-sirs dans la jeunesse de tes premiers ans. Jefus ta Fiancée qui te donnai le courage et lavolonté dans les labeurs de la vie et élevai tonâme aux pensers généreux. Je fus, au chevetde ton lit, l'Ange-Gardien qui pansa tes plaiesouvertes au milieu de la mêlée des combats etrépanditdans ton âmelebaumedes consolationscélestes.Non, non ! Je veux fermer mon coeur à tes

vaines paroles. Honte et malheur! N'est-ce pastoi qui, portant à ta lèvre le fruit défendu, fitpartager ta faute à celui que Dieu avait oréele maître de l'Univers ? S'il succombe et faitle mal, n'est-ce pas ta faute, et toujours tafaute ? C'est toi qui jettes le trouble dans mon

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âme et l'entraînes loin des temples sereins dela Sagesse et de la Pensée. C'est toi qui tentasencore les anachorètes fuyant au milieu desdéserts l'acier de ton regard, et le mensonge detes paroles,.'et l'hypocrisie de ton coeur.Loin de moi ta forme et ta pensée !.-— Je suis l'Amour 1 L'Amour c'est le conso-

lateur que le Consolateur Universel a mis surton chemin pour essuj^er ton front et releverton - courage ; l'Amour qui perce et aplanitlés montagnes, qui change en joie les suf-franees.Quand un fardeau est trop lourd il devient

insupportable. Regarde le voyageur qui par-court péniblement son chemin, il est las, ilsuccombe, il va tomber pour ne plus jamais serelever peut-être. Mais une Force protectriceest là, une Force pleine de douceur, une Forcetoute suave et toute puissante : l'Amour. Et. cette Force arrivant, le voyageur accablé se re-lève, parce qu'une main amie s'est avancée. Elleest là, fidèle et dévouée, et la faiblesse devientForce, et la douleur supportée à deux est de-venue Joie et Douceur. Alors un rayonnementde bonheur illumine deux âmes qui, isolement,souffraient.Je suis l'Amour !— Val tu n'es qu'un serpent caché sous des

fleurs.L'ESPRIT DE VÉRITÉ. Homme ! Parce que ton

muscle était leplus fort, tu fis de la femme tonesclave et ta chose. Tu lui refusas tout. Tu luidéfendis de tremper sa lèvre à la .coupe sacréede l'Étude et de la Science et tu fermas devantelle les portes du Temple. Puis, juste! consé-quent avec toi-même 1 noble et généreux! duhaut de ton piédestal tu considéras cet êtrefaible, sans sagesse et sans raison.Tu craignais qu'elle ne devint ton égale et tu

réservas pour toi seul le droit à cette DivineIntelligence qui fait de notre âme la maîtressede la création. Ah !tu savais bien, comme tousces hommes noirs qu'on voit partout, tu savaisbien que rien n'est si facile que dominer designorants. Et tu la privas de sa liberté, car tu

savais que la liberté est la richesse d'où sorttout bien : l'Intelligence et la Force.Et tu te complus dans ton oeuvre ! Et tu te com-

plus dans son ignorance, afin de faire mieux dela compagne que Dieu t'avait donnée, ou tavictime, ou l'instrument de ton Orgueil et detes Passions.Oui, ta victime ! Pour un même travail tu ne

lui donnes pas la rétribution gagnée, quand àtoi, tu t'arroges le double. C'est Justice, n'est-cepas? C'est toile plus faible 1Tu la séduis, tu l'abandonnes. La voilà priseaux accents de ta voix loyale ; la créatrice di-

vine met un homme au monde, ainsi que pourtoi-même l'a fait ta mère. Que de soins et d'at-tentions ! Que de sollicitudes tu vas avoir ! Quede sacrifices tu vas faire pour elle !Mais non ! Tu la vilipendes, tu la montres au

doigt, tu lui craches au visage 1Un jour même 1 0 jour trois fois néfaste

pour ton honneur et pour ta gloire I un jour,en grande pompe, tu décrétas qu'elle n'avaitpas d'âme., Ah ! tu ne savais pas combien c'est beau, nicombien c'est grand un coeur de femme ! Tu nesavais pas que la grandeur d'un pays dépendde la valeur de ses femmes et du respect et dela considération qu'on leur donne.0 homme, crois-moi ! Si forte et si grande

que soit ton âme, il y a toujours une âme plusgrande et plus forte que la tienne. C'est l'A-mour, la Résignation, le Sacrifice et la Foi, quifont la supériorité des âmes.Pauvre pygméel tu t'imagines donc pouvoir

transgresser impunément les lois de Dieu, seslois divines de Justice et d'Amour !

Homme 1 tu te crois la justice? Tu n'es quel'Intolérance et la Tyrannie.Tu te crois la raison? Tu n'es qu'Egoïsmeou

Fanatisme.Tu te crois la science? Tu n'es que l'Orgueil.Tu te crois, la foi ! Tu n'es que le Doute ou la

Superstition.Tu te crois la force? Tu n'es quelaFaiblesse!

R. C.

ERRATUMC'est par erreur que, dans le premier numéro de

la Revue des Hautes Etudes, nous avons attribué àM. l'abbé Roca la poésie intitulée « A la plus belle des

| filles .d'Eve. » On comprendra comment cette mépriseI a pu se produire quand on lira le livre intitulé « L'abbéj Gabriel cl Henriette sa fiancée. » R. G..

AVIS IMPORTANTNous prions nos lecteurs de vouloir bien nous adresser le montant de leur

abonnement.Tout changement d'adresse, toute demande de rectification d'erreur ou oubli

dans l'envoi de la Revue doivent être notifiés à M. Georges CA1ÏRË, gérant dela ïtevue, boulevard Saint-Germain, 112, à Paris.

L'Editeur-Gérant : G. CAltllÉ.

4247. — TOUltS. 1MP. ROUILLB-LADEVÈZE, UUE GAMBETTA, 6.