[RevistasEnFrancés] ElMensajeroInternacional n°1128 del 14 de julio al 20de 2012

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    De Bogot Stockholm,

    les nouvelles solutions

    pour luttercontre le trafic

    3 : H I K N L I = X U X Z U V : ? l @ l @ c @ i @ a ;

    M0

    3183-1128

    -F:3,5

    0E

    EmploiLa solidarit contre le chmage

    Sommet de RioUne ville pas vraiment coloUkraine

    La kippa et le ballon rond AfriqueCFA:2600FC

    FA-Algrie:450DA

    Allemagne:4,00-Au

    triche:4,00-Canada:5,95$CAN

    DOM:4,20-Espagne:4,00-E-U:5,95$US-G-B:3,50

    Grce:4,00-Irlande

    :4,00-Italie:4,00-Japon:700

    Maroc:30DH-Norvge:50NOK-Portugalcont.:4,00

    Suisse:5,90CHF-Tun

    isie:4,50DTU-TOM:700CFP

    ourrierinternational.com 1128 du 14 au 20 juin 2012

    Fra

    3,5

    Sries Tel-Aviv cartonne Hollywood

    La drogue

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    n 1128 | du 14 au 20 juin 2012

    Editorial

    Recetteportugaise

    Avez-vous dj fum un joint ?Il y a vingt ans, Bill Clintonreconnaissait avoir essayau cours de ses tudes enGrande-Bretagne, ajoutanttoutefois quil avait peu gotlexprience. Barack Obama,lui aussi, a admis avoir inhal

    de la marijuana. En Europe,78 millions dadultes gs de 15 64 ans dclarentavoir dj expriment le cannabis au cours de leurvie. Autant de dlinquants, puisque, dans la plupartdes pays, la consommation de stupfiants relve destribunaux. A peine ouvert par lcologiste CcileDuflot, le dbat franais sur la dpnalisation de ladrogue a aussitt t referm par le chef du gouver-nement, qui redoutait de tomber dans un pige lec-toral. Rien voir, fermez le ban. Cest dommage.Fidle sa tradition de curiosit, Courrier internationala donc dcid daller regarder ailleurs commentvolue le dbat. En Amrique latine, par exemple,o le prsident colombien, Juan Manuel Santos, alanc en novembre dernier un appel en faveur de lalgalisation de la drogue. En juin 2011, dj, la Com-mission mondiale pour la politique des drogues, qui

    ntait pas prcisment un ramassis de vieux hippies(Kofi Annan, Javier Solana et lancien prsident dela Fed Paul Volcker en faisaient partie), avait encou-rag dans son rapport final lexprimentation demodles de rgulation lgale des drogues. Quant au Por-tugal, il na pas attendu, le pays sest mme forg uneimage de laboratoire international, depuis que, voilonze ans, le gouvernement a aboli les sanctionspnales pour les tous les stupfiants. Surprise : laconsommation de drogue non seulement na pasexplos, mais aurait mme plutt baiss. Depuis, desEtats-Unis la Norvge, des experts du monde entierse rendent Lisbonne pour tirer les leons du casportugais, mme si les tudes divergent quant leffi-cacit des mesures mises en place. La France, elle,continue de se boucher les narines quand flotte unpetit parfum de marijuana, en sen tenant un appa-reil aussi rpressif quinefficace : selon lenqute

    Espad 2011, dont les rsultats viennent dtre publispar lObservatoire franais des drogues et des toxi-comanies, prs de 39 % des jeunes de 15 16 ansreconnaissent avoir dj consomm au moins unefois dans leur vie du cannabis, contre 31 % en 2007.Les jeunes Franais se classent ainsi au premier rangeuropen des usagers rcents de cannabis (au moinsune fois au cours des trente derniers jours prcdantlenqute). Eric Chol

    En couverture : photo extraite de la srieamricaineWeeds, o une mre de famille

    devient trafiquante. (RUE DES ARCHIVES)

    3

    Sommaire

    7 Plante presse8 A suivre10 Controverse

    En couverture12 La drogue libre ? Un dbat mondial

    En Amrique latine et en Europe,la question de la lgalisationde la drogue refait surface. Mais de quoiparle-t-on ? De la dpnalisationde la consommation ?De la libralisation du commerce ?Du contrle de la production ? Dequelles drogues ?Les Etats sont encoreloin de rpondre toutes ces questions.

    Dun continent lautre19 FranceLgislatives Des bords de la Loire MatignonLittrature Le grand Meaulnes,

    un ternel adolescent

    21 EuropeGrce Aprs la colre, la peur de lisoloirAllemag ne Berlin, son aroport,son opra et tout ses chantiers en retardUkraine La kippa et le ballon rondFootball Le dernier espace de posieRussie Une socit au bord de la fractureSude La messe techno devient culte26 Amriques

    Etats-Unis Les grandes oreillesde la policeBrsil A Rio, la vie nest pas si verte30 AsieAfghan istan -Pakist an La galredes camionneurs de lOtanChine Un rein pour payer ses dettesLaos La nouvelle vague du cinma

    28BrsilA Rio, la vie nest passi verte

    33 Moyen-OrientTurquie Lobsession nataliste dErdoganDrive La tentation autoritairedes islamistes au pouvoirSyrie Hier ambassadeurs,aujourdhui chmeursEmirats arabes unis Le malheurdu Liban fait le bonheur des pousesEgypte Adieu ma rvolution !36 AfriqueKenya La rvolution haut les mursGambie La dbrouille, ma patrie !Libye Une violence chasse lautre39 Dossier emploiMobilisation La solidarit, cest bonpour trouver du travail

    Long courrier46 Arts plastiques Lorientalismerevu et corrig de Lalla Essaydi49 Cuisine Un peu de gopolitiquedans lassiette50 Sries tl Tel-Aviv cartonne Hollywood55 Insolites Librer 500 kilosde serpents, cest bon pour le karma

    DOUARDCAUPEIL

    39Dossier emploiLa solidarit, cest bonpour trouver du travail

    38LibyeUne violencechasse lautre

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    Plante presse

    Bangkok Post 55 000 ex.,Thalande, quotidien. Fonden 1946, ce journal indpendanten anglais, ralis parune quipe internationale,sadresse llite urbaineet aux expatris.The Christian ScienceMonitor(csmonitor.com)Etats-Unis. En proie desdifficults financires,cet lgant tablod fonden 1908 Boston et lufromcoast to coast a cess dtreimprim quotidiennementle 27 mars 2009, pour mieuxconcentrer ses efforts surson site Internet. Une versionpapier continue toutefois de

    paratre hebdomadairement.Dagens Nyheter360 000 ex., Sude, quotidien.Fond en 1864, cest le grandquotidien libral du matin.Sa page 6 est clbrepour les grands dbatsdactualit. Les Nouvellesdu jour appartientau groupe Bonnier, le plusgrand diteur et propritairede journaux en Sude.Fokus 22 000 ex., Sude,hebdomadaire. Cren dcembre 2005, le titreest le premier hebdomadairedinformations gnralesde Sude. Cr surle modle de Newsweek, ilmle actualit de la semaine,analyses et reportagesambitieux sur la politiquenationale et internationale,

    les questions de socit,lconomie et la culture.Folha de So Paulo

    330 000 ex., Brsil, quotidien.Ne en 1921, la Feuillede So Paulo a fait, au dbutdes annes 1980, une curede jouvence ayant pourmatres mots : objectivit,modernit, ouverture. Lequotidien est devenu le plusinfluent du pays, attirantlintrt, entre autres, dune

    jeune lite qui se bat pour laconsolidation de la dmocratie.Gazeta Tema 12 000 ex.,

    Albanie, quotidien.Ce titre indpendant,n en juillet 1999 et dit parla socit Media Enter, estdirig depuis lorigine parMero Baze. Son quipe, qui

    avait adopt une attitudeouvertement critique enversle gouvernement de lpoqueconstitu par une coalitionde gauche, continue de suivrela ligne de la transparence.Gteborgs-Posten50 000 ex., Sude, quotidien.Ce journal libral de centredroit est avant tout un journalrgional. Rput pour sonsrieux, il a tout de mmeadopt le format tabloddes quotidiens populaires.Huanqiu 257 000 ex.,Chine, bimensuel. Cren 1980 par lagence officielleXinhua, Globe compte unecentaine de correspondantspermanents bass ltranger. Le magazineest apprci pour la qualitde ses grands reportages. Ilsadresse une lite cultivede la classe moyenneurbaine, et son lectorat est

    essentiellement masculin.Jadaliyya (jadaliyya.com),Etats-Unis. Polmiqueest un webzine indpendantdit par lInstitut dtudesarabes bas Washington.Lanc en juillet 2010,il propose des articlesde journalistes et crivainssur des sujets politiques,conomiques et culturelsconcernant les paysdu monde arabe.The Jewish Journal65 000 ex., Etats-Unis,hebdomadaire. Fond pardes lacs de la rgion de Los

    Angeles, cest la fois unepublication locale et unespace de rflexion surlidentit et les problmatiques

    juives. Le magazine juifle plus lu des Etats-Unis

    aprs ceux de New Yorkconsacre une large partaux articles danalyse.

    Jdische Allgemeine13 000 ex., Allemagne,hebdomadaire. N Dsseldorf en 1946, venusinstaller Berlin en 1999,le plus grand hebdomadairede la communaut juive estproche du Conseil centraldes Juifs dAllemagne.Il se singularise par sessupplments culturelset son nouveau magazine,Die Jdische Illustrierte,inscrit dans la traditiondes annes 1950.Al-Mustaqbal10 000 ex.,Liban, quotidien. Fonden 1999 et spcialis dans la

    politique, LAvenir appartient lempire mdiatiquede lex-Premier ministrelibanaisRafic Hariri(assassin le 14 fvrier 2005).Nezavissimaa Gazeta42 000 ex., Russie, quotidien.Le Journal indpendant a

    vu le jour en 1990. Dmocratesans tre libral, dirigpar Vitali Tretiakov, unepersonnalit du journalismerusse, il fut une tribunecritique de centre gauche.Il est aujourdhui moinsaustre, plus accessible,et moins virulent.Now Lebanon(nowlebanon.com) Liban.Cr en 2007, le site proposeune couverture de lactualit,des analyses et une basedocumentaire ainsi

    que des cartes concernantla vie politique du Libansur le plan intrieur

    et international. Une versionanglaise reprend certainesde ses rubriques.Origo (http://www.origo.hu),Hongrie. Ce sitedinformation, fond en 1998,est le plus visit du pays.Sa rdaction, jalouse de sonindpendance, travaille avecune centaine de journalisteset de correspondants.Sa page dopinion,Komment.hu, donnela parole aux grandessignatures nationaleset internationales.Le Quorum 5 000 ex.,Sngal, mensuel. Lancfin 2011, ce titre panafricainfrancophone proposede nombreuses analyseset articles de fonden mettant en avantlconomie, la politiqueet lAfrique centrale.Radikal65 000 ex.,

    Turquie, quotidien. Lancpar le groupe Milliyeten 1996 pour devenir lequotidien des intellectuels.Certains lappellentCumhuriyet light,en rfrence au grand

    journal kmalistequil veut concurrencer.Razn Pblica(http://razonpublica.com),Colombie. Revue en lignecre en 2008 par un groupedintellectuels colombiensrunis au sein de laFondation Razn Pblica,une association sans butlucratif qui veut servirlintrt public. Pour savoir

    vraiment ce qui se passeen Colombie,affirme-t-elle en sous-titre.Shandong Shang Bao

    300 000 ex., Chine,quotidien. Cr en 2001par le groupe de mdias

    Retrouvezlensemble

    des sourcessur notre site

    Courrier international n 1128

    Edit par Courrier international SA, socit anonyme avecdirectoire et conseil de surveillance au capital de 106 400 .ActionnaireLe Monde Publications internationales SA.DirectoireAntoine Laporte, prsident et directeurde la publication ; Eric Chol.Conseil de surveillance Louis Dreyfus, prsident.Dpt lgal mai 2012Commission paritaire n0712C82101.ISSN n 1 154-516 X - Imprim en France / Printed in France

    Rdaction 6-8, rue Jean-Antoine-de-Baf, 75212 Paris Cedex 13Accueil33 (0)1 46 46 16 00 Fax gnral 33 (0)1 46 46 16 01Fax rdaction33 (0)1 46 46 16 02Site webwww.courrierinternational.comCourriel [email protected]

    Directeur de la rdaction Eric CholRdacteurs en chefJean-Hbert Armengaud (16 57), Odile Conseil(web, 16 27)Rdacteurs en chef adjoints Catherine Andr (16 78), RaymondClarinard (16 77), Isabelle Lauze (16 54).Assistante Dalila Bounekta (16 16)Rdactrice en chef technique Nathalie Pingaud (16 25)Direction artistique Sophie-Anne Delhomme (16 31)Conception graphique Mark Porter Associates

    Europe Jean-Hbert Armengaud (coordination gnrale, 16 57), DanileRenon (chef de service adjointe Europe, Allemagne, Autriche, Suisse almanique,16 22), Chlo Baker(Royaume-Uni, 19 75), Gerry Feehily (Irlande, 19 70), LucieGeffroy (Italie, 16 86), Daniel Matias (Portugal, 16 34), Iwona Ostapkowicz(Pologne, 16 74), Marie Bloeil (chef de rubrique France, 17 32), Iulia Badea-Gurite (Roumanie, Moldavie, 19 76),Wineke de Boer(Pays-Bas), SolveigGram Jensen (Danemark, Norvge),Alexia Kefalas (Grce, Chypre), MehmetKoksal (Belgique), Kristina Rnnqvist (Sude), Mlodine Sommier(Finlande),Alexandre Lvy (Bulgarie, coordination Balkans),Agns Jarfas(Hongrie), Mandi Gueguen (Albanie, Kosovo), Miro Miceski (Macdoine),Martina Bulakova (Rp. tchque, Slovaquie), Kika Curovic (Serbie, Montngro,Croatie, Bosnie-Herzgovine), Marielle Vitureau (Lituanie), Katerina Kesa(Estonie) Russie, est de lEurope Laurence Habay (chef de service, 1636),Alda Engoian (Caucase, Asie centrale), Larissa Kotelevets (Ukraine)AmriquesBrangre Cagnat (chef de service Amrique du Nord, 16 14), EricPape (Etats-Unis),Anne Proenza (chef de rubrique Amrique latine, 16 76), PaulJurgens (Brsil)AsieAgns Gaudu et Franck Renaud (chefs de service,Chine, Singapour, Tawan, 16 39), Nak Desquesnes (Asie du Sud, 16 51),Franois Gerles (Asie du Sud-Est),Ysana Takino(Japon, 16 38), Zhang Zhulin(Chine, 17 47), Elisabeth D. Inandiak (Indonsie), Jeong Eun-jin (Cores),Kazuhiko Yatabe (Japon) Moyen-Orient Marc Saghi (chef de service,

    16 69), Hamdam Mostafavi (Iran, 17 33), Hoda Saliby (16 35), Pascal Fenaux(Isral), Philippe Mischkowsky (pays du Golfe), Pierre Vanrie (Turquie)

    Afrique Ousmane Ndiaye (chef de rubrique, 16 29), Hoda Saliby (Maghreb,16 35), Chawki Amari (Algrie), Sophie Bouillon (Afrique du Sud) EconomiePascale Boyen (chef de service, 16 47) SciencesAnh Ho Truong(chef derubrique, 16 40) Mdias Mouna El-Mokhtari (chef de rubrique, 17 36) LongcourrierIsabelle Lauze (16 54), Roman Schmidt Insolites ClaireMaupas (chef de rubrique, 16 60) Ils et elles ont dit Iwona Ostapkowicz(chef de rubrique, 16 74)

    Site Internet Hamdam Mostafavi (chef des informations, 17 33),Mouna El-Mokhtari (rdactrice, 17 36), Catherine Guichard (rdactrice,1604), Pierrick Van-Th (webmestre, 16 82), Paul Blond (rdacteur, 16 65),Mathilde Melot, Albane Salzberg(marketing)

    Agence CourrierSabine Grandadam (chef de service, 16 97)

    Traduction Raymond Clarinard (rdacteur en chef adjoint, 16 77), NatalieAmargier(russe), Catherine Baron (anglais, espagnol), Isabelle Boudon(anglais, allemand), Franoise Escande-Boggino (japonais, anglais), CarolineLee (anglais, allemand, coren), Franoise Lemoine-Minaudier(chinois),JulieMarcot (anglais, espagnol, portugais), Daniel Matias (portugais), Marie-Franoise Monthiers (japonais), Mikage Nagahama (japonais), Ngoc-Dung Phan (anglais, italien, vietnamien), Olivier Ragasol (anglais, espagnol),Danile Renon (allemand), Mlanie Sinou (anglais, espagnol), Leslie Talaga

    Rvision Jean-Luc Majouret (chef de service, 16 42), Marianne Bonneau,Philippe Czerepak, Fabienne Grard, Franoise Picon, PhilippePlanche, Emmanuel Tronquart (site Internet)

    Photographies, illustrations Pascal Philippe (chef de service, 16 41),Lidwine Kervella (16 10), Stphanie Saindon (16 53)

    MaquetteBernadette Dremire (chef de service), Catherine Doutey,

    Nathalie Le Drau, Gilles de Obaldia, Josiane Petricca, DenisScudeller, Jonnathan Renaud-Badet, Alexandre Errichiello, ClineMerrien (colorisation)CartographieThierry Gauth (16 70)Infographie Catherine Doutey(16 66)

    Calligraphie Hlne Ho (Chine),Abdollah Kiaie (Inde), Kyoko Mori (Japon)

    InformatiqueDenis Scudeller(16 84)

    Directeur de la production Olivier Moll Fabrication NathalieCommuneau (directrice adjointe) et Sarah Trhin (responsable defabrication) Impression, brochage Maury, 45330 Malesherbes

    Ont particip ce numroAlice Andersen, Edwige Benoit, GillesBerton, Mathieu Besselivre, Aurlie Boissire, Jean-Baptiste Bor,Valrie Br unissen, C hen Yan, Ma ud Chouery, Daryan Cl arinard,Sophie Courtois, Elsa Dillon, Marine Forestier, Ghazal Golshiri,Clment Graeff, Nathalie Kantt, Anne-Marie Kornek, Gaa Lassaube,Virginie Lepetit, Carole Lyon, Jean-Baptiste Magnin, Franois Mazet,Valentine Morizot, Nicolas Oxen, J ean P errenoud, To Pe rrin,Clmence Raccah, Raoul Roy, Nicole Thirion, Thomas Werkmeister

    Directeur dlgu de la rdaction charg de linternationalPhilippe Thureau-Dangin

    Secrtaire gnral Paul Chaine (17 46).Assistante s : N oluennBizien (16 52), Sophie Nzet (Partenariats, 16 99), Sophie Jan GestionJulie Delpech de Frayssinet (responsable, 16 13). Comptabilit : 01 48 8845 02. Responsable des droits Dalila Bounekta (16 16)Ventes aunumro Responsable publications : Brigitte Billiard. Direction desventes au numro : Herv Bonnaud. Chef de produit : Jrme Pons(0 805 05 01 47, fax : 01 57 28 21 40). Diffusion internationale : Franck-OlivierTorro (01 57 28 32 22). Promotion : Christiane Montillet

    MarketingSophie Gerbaud (directrice, 16 18),Vronique Lallemand (16 91),Laetitia Nora (assistante, 17 39), Romassa Cherbal (16 89).

    Publicit M Publicit, 80, boulevard Blanqui, 75013 Paris, tl. :01 40 39 13 13. Directrice gnrale : Corinne Mrejen. Directricedlgue : Brune Le Gall. Directeur de la publicit: Alexandre Scher([email protected],13 97). Directrice de clientle : Kenza Merzoug(kenza.merzoug @mpublicite.fr, 13 46),Hedwige Thaler([email protected],1407). Littrature : Diane Gabeloteau ([email protected]).Rgions : Eric Langevin ([email protected] , 14 09). Annoncesclasses: Cyril Gardre ([email protected], 13 03). Excution :GraldineDoyotte (01 57 28 39 93) Site Internet Alexandre de Montmarin([email protected], 01 53 38 46 58).

    Modifications de services ventes au numro, rassortsParis 0805 05 01 47, province, banlieue 0 805 05 0146

    Service clients abonnements : Courrier international,Service abonnements, A2100 - 62066 Arras Cedex 9.Tl. : 03 21 13 04 31 Fax : 01 57 67 44 96 (du lundi au vendredide 9 heures 18 heures) Courriel : [email protected]

    Commande danciens numros Boutique du Monde,80, bd Auguste-Blanqui, 75013 Paris. Tl. : 01 57 28 27 78

    Courrier international | n 1128 | du 14 au 20 juin 2012 7

    courrierinternational.com

    Courrier international, USPS number 013-465, is published weekly 49 timesper year (triple issue in Aug, double issue in Dec), by Courrier International

    SA c/o USACAN Media Dist. Srv. Corp. at 26 Power Dam Way Suite S1-S3,

    Plattsburgh, NY 12901. Periodicals Postage paid at Plattsburgh, NY and at

    additional mailing Offices. POSTMASTER : Send address changes to Courrier

    International c/o Express Mag, P.O. box 2769, Plattsburgh, NY 12901-0239.

    Ce numro comporte un encart Abonnement broch sur les exemplaires

    kiosque France mtropolitaine et un encart Elle sur une slection dabon-ns France mtropolitaine.

    Vu dailleursavec Christophe MoulinVendredi 14 h 10, samedi 21 h 10

    et dimanche 14 h 10 et 17 h 10

    La vie politique franaise

    vue de ltranger

    chaque semaine avec

    Lu Shang, le titre se situeau deuxime rang desquotidiens de la provincedu Shandong (dans lest dela Chine) pour la diffusion.Stern 1 275 000 ex.,

    Allemagne, hebdomadaire.Premier magazine dactualitallemand. Appartientau groupe de presseGruner + Jahr. Toujours la recherche dun scoop,

    cette toile a un peupli depuis laffaire du fauxjournal intime de Hitler.Think Africa Press(http://thinkafricapress.com),Royaume-Uni. Cr en

    janvier 2011, ce site proposeune couverture exhaustivede lactualit africaineet cherche saffranchirdes analyses courte vuedes mdias conventionnels.Zhongguo Qingnian Bao586 000 ex., Chine,quotidien. Le Journalde la jeunesse chinoiseest lorgane du Mouvementde la ligue de la jeunesse.Plutt rformateur, il est lcoute dune socitchinoise en pleine mutation.Il rivalise cependantdifficilement avec son

    concurrent pkinois (BeijingQingnian Bao) et dautresjournaux plus audacieux.

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    Myanmar

    LOuest birman feu et sangLe 10 juin, ltat durgence a tinstaur dans une partie de lEtatRakhine (Etat dArakan) pour tenterde mettre fin une irruption deviolences intercommunautaires.Tout a commenc le 4 juin, quandquelque 300 bouddhistes sen sont pris un bus transportant des musulmansavec lintention de venger lune desleurs, viole et tue quelques joursauparavant. Dix passagers ont tlynchs. Des groupes musulmans ontrpliqu en incendiant des maisonset des commerces appartenant desbouddhistes. Dans lEtat Rakhine,

    les tensions entre bouddhisteset musulmans, dont une majoritde Rohingyas, minorit ostraciseet prive de droits, ne sont pasnouvelles. Mais cette flambede violence pourrait, aux diresdu prsident Thein Sein lui-mme,cit par The Irrawaddy, mettreen pril notre dmocratie naissante.

    Mexique

    Lamour ou le PRIA deux semaines de llectionprsidentielle et alors que tousles observateurs annonaient il y aquelques mois un inexorable retourau pouvoir du Parti rvolutionnaireinstitutionnel (PRI, qui a gouvernsoixante-dix ans, jusquen 2000),le panorama politique semble avoirchang radicalement. Lirruptioninattendue sur la scne politique, dbutmai, du mouvement tudiant #YoSoy132

    A suivre

    a contribu corner limage ducandidat du PRI Enrique Pea Nieto(EPN). Au dernier dbat tlvis,le 10 juin, celui-ci est arriv dcompos,note Reforma. La contestation profiteau candidat de gauche Andrs ManuelLpez Obrador (Amlo), longtempsannonc troisime dans les sondages,derrire la candidate de droite. Amlo,avec son programme la Rpublique

    amoureuse, qui propose de fairede lamour le moteur du changement,talonne dsormais EPN dans lesintentions de vote. Verdict le 1erjuillet.

    Zone euro

    Madrid accepte contrecurlaide de lEuropeAprs avoir rsist jusquau bout,lEspagne sest rsigne faire appel ses partenaires europens, commelavaient fait avant elle lIrlande,la Grce et le Portugal. Mais,contrairement aux plans de sauvetage

    prcdents, celui-ci ne concernera queles banques. Lutilisation de ce prt, quipourrait atteindre 100 milliards deuros,sera contrle par les bailleurs de fonds(Commission europenne et Banquecentrale europenne) et par le FMI.Son montant et ses contreparties serontngocis dans les prochaines semaines.Il y aura videmment des conditions.Celui qui donne de largent ne le fait

    jamais gratuitement, a reconnu le vice-prsident de la Commission, JoaqunAlmunia. Dsormais lEspagneest moins libre, rsume El Pas.Sa souverainet sur son systmefinancier, mais aussi sa souverainetbudgtaire sont rduites.

    Portugal

    Grandemanifestationle 16 juinLa CGTP, principaleconfdration syndicale du pays,appelle les Portugais manifester

    ce samedi Lisbonne contrelexploitation et lappauvrissement,rclamant entre autres le smic 515 euros (485 euros actuellement).Alors que le chmage continue degrimper (36,6 % chez les moins de 25 anset 15,2 % tous ges confondus),relate le quotidien Pblico, la politiquedaustrit bat son plein. La Banquecentrale portugaise prconise mmede rduire les salaires. De nombreusesvoix appellent une rengociationdu plan de sauvetage de la troka(BCE, Commission europenne et FMI), linstar de lIrlande.

    Turquie

    Fazil Say en procs

    pour blasphmeLe clbre pianiste turc Fazil Say, connupour ses interprtations de Mozart etson rpertoire de jazz, est menacdune peine allant de neuf mois un anet demi de prison par un procureurdIstanbul qui laccuse davoir insultpubliquement les valeurs religieuses dontse revendique une partie de la population,crit le quotidien Habertrk. Lobjetdu dlit ? Un message quil a retweetet qui fait allusion non sans ironieau paradis musulman traversun pome dOmar Khayyam.Les quotidiens Vatan et Radikal

    sinquitent de ces poursuites etfont remarquer que la Turquie

    aime perscuter ses artistes,rappelant le cas du Prix Nobelde littrature Orhan Pamuk,tandis que Star, plus prochedu gouvernement, tout en

    critiquant ce quil qualifiede provocationsde Fazil

    Say, estime quecette procdure

    judiciaire ne se justifiepas. Le procs

    doit souvrir Istanbul le

    18 octobre.

    Laurent Gbagbo en procs La Haye Sous la houlettede Fatou Bensouda, la nouvelle procureure de la Cour pnaleinternationale, souvre le 18 juin le procs de lancienprsident ivoirien poursuivi pour crimes contre lhumanit.

    Myanmar

    Aung San Suu Kyien Europe

    Licne de la dmocratie birmaneentame une tourne europennepar une intervention attenduedevant lOrganisationinternationale du travail, Genve, le 14 juin. Deux jours plustard, elle recevra Oslo le prix

    Nobel de la paix, qui lui fut dcernen 1991 pour saluer son engagement

    face la junte militaire. Aung San SuuKyi se rendra galement en Grande-

    Bretagne, en Irlande et en France.

    14 juin Une grve gnraleest prvue au Proucontre limmense projet minierConga, un investissementde plus de 3,5 milliards deurosqui mobilise le norddu pays depuis des mois,et particulirement la rgionde Cajamarca.

    Visite de Franois Hollande Rome.

    16-17 juin Second tour dellection prsidentielle

    en Egyptes. Il dpartagera

    Mohamed Morsi (Frresmusulmans) et Ahmed Chafiq(dernier chef du gouvernementsous Hosni Moubarak).Lannonce des rsultatsest attendue pour le 20 juin.

    17 juin Elections lgislativesanticipes en Grce(voir page 21).

    18-19 juin A Moscou, nouveauround de ngociationsentre les grandes puissances5+1 et lIran sur le programme

    nuclaire iranien.

    20 juin Paralllement la Documenta 13e dition de lexpositiondart internationalequi se tient Kasseldu 9 juin au 16 septembre ,Kaboul inaugureune exposition sur larten tat de sige.En avant-premire,un vido-film de MariamGhani qui trace unparallle entre un musede Kassel et un palaisdtruit de la capitale

    afghane.

    Agenda

    Pays-Bas

    D

    ESRUSBENEDICTE/SIPA-ISSOUFSANOGO/AFP-FREDDUFOUR/AFP

    -SOETHANWIN/AFP

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    10 Courrier international | n 1128 | du 14 au 20 juin 2012

    Controverse

    La Chine doit-elle tolrer la corruption ?

    OuiLa maintenir un niveau supportableIl faut composer avec les fonctionnaires corrompus,car le pays ne peut pas radiquer la corruption.

    Huanqiu Shibao Pkin

    I

    l est clair que la Chine connat actuellement un pic de corruption et queles conditions ne sont pas remplies pour radiquer ce flau. Certainsaffirment quil suffirait que le pays devienne une dmocratie pour quele problme soit facilement rsolu, mais cest faire preuve dune grandenavet. On trouve en Asie de nombreuses dmocraties, comme lIn-

    donsie, les Philippines ou lInde, o la corruption svit beaucoup plusquen Chine. Cependant, la Chine est sans doute le pays dAsie o le sen-timent de souffrir de la corruptionest le plus aigu.

    Le principe dontologique qui veut que les agents de lEtat soient auservice du peupleest profondment ancr dans les mentalits populaires.Mais ce principe est difficile appliquer lorsquil est confront aux assautsde lconomie de march, et les hauts fonctionnaires qui le ngligent, voirele trahissent, profitent des failles du systme pour chapper la rgle.

    Aucun pays na russi radiquer toute trace de corruption. Lessentielest de maintenir ce flau un niveau tolrable pour la population, et laChine a justement beaucoup de mal y parvenir. Singapour et la rgion chi-noise de Hong Kong appliquent dans la fonction publique un systme dermunrations leves visant encourager lintgrit. Aux Etats-Unis, lescandidats aux lections sont souvent trs fortuns. Les gens ordinaires quientrent dans ladministration sy font un nom et se constituent un boncarnet dadresses. Une fois leur carrire termine, ils monnayent ces avan-tages. Ces soupapes de scurit nexistent pas en Chine.

    Lopinion publique chinoise naccepterait pas que lon augmente large-ment la rmunration des hauts fonctionnaires et le systme ne permetpas non plus quils tirent parti de leur cercle dinfluence et de leur rseaude relations pour gagner beaucoup dargent aprs avoir quitt ladminis-tration. Quant autoriser des grosses fortunes accder ces postes-l, ceserait encore plus mal peru par la population. Le salaire statutaire deshauts fonctionnaires est trs bas en Chine, et les dirigeants locaux se crentbien souvent des avantages sociaux en mettant en place des rgles tacites.

    La socit chinoise est aujourdhui rgie par ces rgles tacites, qui concer-nent galement des professions du secteur public comme celles densei-gnant ou de mdecin. Beaucoup ont des rentres dargent en sous-main ct de leur rmunration officielle peu leve. O se situe la limite de cesrgles tacites ? Ce nest pas trs clair, et cest ce qui explique le nombreassez important daffaires de corruption et lexistence parfois de vritablesnids de corruption.

    Il est impratif de sanctionner svrement toutes les personnes mal-honntes sans jamais se montrer conciliant. Ainsi le risque li aux pratiquescorruptrices sera-t-il considrablement augment, avec un indispensableeffet de choc et de dissuasion. Un des principaux objectifs des hauts diri-geants doit tre de rduire la corruption pour gouverner en toute intgrit.

    De son ct, la population doit comprendre que, malgr ce grand prin-cipe, la Chine na pas aujourdhui les moyens dtouffer toute forme de cor-ruption. Il sagit l dune ralit objective ! Le pays tout entier ne doit passombrer pour autant dans les affres de la souffrance.

    NonLa catastrophe nous guetteIl est absurde de plaider pour admettre une dose de corruption,alors que la tolrance zro doit tre de mise.

    Zhongguo Qingnian Bao Pkin

    Le Huanqiu Shibao a publi un ditorial [ci-contre]intitul : La luttecontre la corruption, un combat contre un bastion entravant le dve-loppement de la socit chinoise. Daprs le titre, on pouvait penserque cet article critiquait la corruption et prnait sa destruction,mais, par-del la langue de bois officielle et les affirmations creusessur le sujet, on y dcouvre de stupfiantes insanits.

    Hormis la manie de jouer sur les mots, on se rend compte quau fond lepoint de vue dfendu par lauteur est celui de la tolrance vis--vis de lacorruption. De quoi en perdre ses lunettes ! Affirmer en contrevenant toute rgle de bon sens et lesprit dun Etat de droit quil est impossibledradiquer toute trace de corruption, que la population peut la tolrer un certain niveau et quon est oblig de vivre avec dans une certaine mesure

    revient en fait dire quil sagit dun phnomne normal. Est-ce vraimentle cas ? Si les citoyens avaient le choix, qui tolrerait la corruption ?On peut lire aussi dans cet article que la Chine est sans doute le pays

    dAsie o le sentiment de souffrir de la corruptionest le plus aigu. Lauteuren tire ensuite une conclusion assez incroyable, savoir que cela sexpliquepar le fait que le principe dontologique qui veut que les agents de lEtat soientau service du peuple est profondment ancr dans les mentalits populaires. Parconsquent, si lon suit sa logique, la Chine nest pas le pays objectivementle plus touch par la corruption, mais seulement celui o la souffrance sub-jective que cela suppose est le plus aigu. Pourquoi cette souffrance est-elle si exacerbe ? Ce nest pas parce que le problme de la corruption estvraiment grave, mais parce que le principe dtre au service du peuplefait peser sur les hauts fonctionnaires trop dattentes populaires irralistes,et cest ce dcalage qui est lorigine de cette souffrance.

    Quel point de vue absurde ! Si notre lutte contre la corruption taitguide par ce genre dides errones, nous ne devrions plus nous efforcerde combattre le flau de faon institutionnelle, nous ne devrions plus sanc-tionner svrement toutes les malversations en appliquant le principe de

    tolrance zro, mais nous devrions au contraire agir pour que la popula-tion nourrisse des attentes moins leves et accepte une certaine dose decorruption. Tout irait alors pour le mieux dans le meilleur des mondes pos-sibles ! Si ctait vraiment le cas, la grande cause de la lutte anticorruptionserait en pril. Ce genre de raisonnement fallacieux, loin de protger vrai-ment les agents de lEtat, loin de prendre en considration lavenir de notrepays, fait au contraire courir celui-ci la catastrophe. Alors que la corrup-tion fait rage malgr lobjectif de tolrance zro, que se passerait-il si lonouvrait des brches en prnant une certaine tolrance de la corruption ?

    Si la corruption est douloureusement ressentie par la population, est-ce parce que vouloir des hauts fonctionnaires au service du peuple est uneattente irraliste ? Bien sr que non ! Lexigence dagents de lEtat au ser-vice du peuple nest pas propre la Chine ; les fonctionnaires de tous lespays ont cette responsabilit. Cela fait partie des engagements lis leurmission et il sagit l de normes universelles. La souffrance quinfligent auxcitoyens les problmes de corruption est lie la corruption mme. Poursupprimer cette souffrance, la seule solution est dengager une lutte gn-

    ralise contre la corruption et de soumettre le pouvoir aux institutions.

    ContexteLes scandalesde corruptionse multiplienten Chine. Pourtant,le 6 septembre 2007,Pkin a installson Bureau nationalde prvention dela corruption. Cinq ansaprs, non seulementle mal na pas recul,mais il se dveloppe un rythme effrneu gard au nombreet au niveaudes fonctionnairesimpliqus, ainsi qula dimension desaffaires. Le Premierministre Wen Jiabaoa mme d rappelerque la corruption restela plus grande menacepour le Particommuniste. Durant laconfrence du Conseildes affaires de lEtat instance suprmedu gouvernement sur lintgritde ladministration,le 26 mars, il est revenusur ce flau qui mine lepeuple et la politique.Rcemment, le 15 mai,

    Cui Hairong, directeuradjoint du Bureaunational de prventionde la corruption, a livrce quil prsentecomme une bonnenouvelle : selonune enqute decet organisme, 72,7 %des Chinois se disentsatisfaits de la luttecontre la corruption.Les internautes chinoisse sont emparsde ce pourcentageet nont pas tard sen moquer.

    RETROUVER SUR

    leblogueur.arte.tv

    IVG, PEUT MIEUX FAIRE

    Naturellement pro-choix, le Blogueur enquteau Portugal, en Espagne et aux Pays-Bas.

    LE BLOGUEURPRSENT PAR ANTHONY BELLANGER

    DIFFUSION LE 17 JUIN 20.10

    X

    AVIERBELLANGER

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    En couverture

    La droguelibre ?

    En Amr ique lati ne et en Euro pe, la ques tion de

    la lgalisation de la drogue refait surface. Maisde quoi parle-t-on : de la dpnalisation ? dela consommation ? de la libralisation ducommerce ? du contrle de la production ?de quelles drogues ? Les Etats sontencore loin de rpondre toutesces questions.

    Un dbat mondial

    12 Courrier international | n 1128 | du 14 au 20 juin 2012

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    Mettre fin la prohibition des droguespour rduire le trafic : lide faitson chemin. Mais tous les pays nontpas les mmes intrts.

    El Pas (extraits) Madrid

    Un Espagnol manipule avec dex-trit une carte de crdit pour seprparer une ligne de cocane ; lapolice mexicaine trouve quatorzecadavres dans une fourgonnette ;trois tonnes dopium afghan tra-

    versent la Russie ; une mre de famille colom-bienne entre dans une prison amricaine o elleva passer la prochaine dcennie pour trafic de

    stupfiants ; un jeune New-Yorkais meurt dover-dose au cours dune soire ; un Marocain connatlui aussi une fin tragique dans unepatera[embar-cation de fortune] aprs que sa cargaison dedrogue a clat dans son estomac.

    La squence est fictive, mais de tels faits ontlieu chaque jour dans le monde. Ils sont tous laconsquence dun mme phnomne, le trafic dedrogue, qui alimente le plus grand march dumonde. Ces derniers mois, des responsables poli-tiques comme lactuel prsident du Guatemala,Otto Prez, ont demand louverture dun dbatsur la question. Le fait de diriger certains des paysle plus directement touchs par une guerre quifait des victimes quotidiennes leur confre toutela lgitimit ncessaire. Le prsident du Honduras,quant lui, a t le premier demander que soit

    mis fin la prohibitiondes drogues. Certains,comme eux, dfendent lide quune rglemen-tation rduirait le trafic de drogue et mettrait fin un commerce qui pse 216 milliards deuros paran sur la plante entire, selon lONU. Au Mexiqueuniquement, en croire les Etats-Unis, le traficaurait gnr 19 milliards deuros en 2009.

    Courrier international | n 1128 | du 14 au 20 juin 2012 13

    Durcissement

    Les Pays-Bas,o la vente de droguesdouces est tolredans les fameux coffeeshops, ont rcemmentdurci leur lgislation.

    Depuis le 7 octobre2011, le cannabiscontenantun pourcentagede THC de 15 % ou plusest considr commeune drogue dure etdonc interdit de ventedans les coffee shops.

    Depuis le 1ermai 2012,les coffee shops desprovinces du Limbourg,du Brabant du Nordet de la Zlande(frontaliresavec lAllemagneet la Belgique)sont obligs de tenirun fichier de leursmembres : seulsles dtenteurs dunpasseport nerlandaispeuvent obtenirun passe pour y entrer.

    A partir du 1erjanvier2013, ces coffee shopsne pourront avoir

    plus de 2 000 membreset toutes ces rglesseront adoptesdans le pays entier.

    Dautres ne voient pas en quoi rguler amliore-rait la scurit. Dans ce dbat qui commence seu-lement samorcer, le matre mot est lgalisation.Rien ne suscite davantage ladhsion ou le rejetque le fait de la dfendre. Amira Armenta, membredu Transnational Institute, un groupe de rflexioninternational fond Amsterdam, explique quapriori les gens ont peur de la lgalisation.Elle estimequOtto Prez a souhait avant tout attirer lat-tention des mdias. Cest un discours mdiatique,estime-t-elle.Otto Prez na pas dit : Faisons a,mais Parlons-en. Entre la politique actuelle et lalgalisation, il y a beaucoup de possibilits. Il faudraittudier les options les plus ralistes, les moins risques,notamment celles qui envisagent la dpnalisation dela consommation, du commerce et de la production.

    Le cannabis est de loin la drogue la plus

    consomme lchelle mondiale. Entre 125 et203 millions de personnes dans le monde en ontconsomm en 2009, selon des chiffres de lONU.Toutes drogues confondues, on atteintentre 149 et 272 millions de consommateurs,soit entre 3,3 % et 6,1 % de la population gede 15 64 ans. Il est absurde de penser que lademande va cesser ici ou l : il faut laccepter etuvrer en faveur de la scurit, commente le pr-sident du Collectif pour une politique intgraleen matire de drogues (Mexique).

    Les spcialistes font trs nettement la dis-tinction entre pays producteurs et consomma-teurs : ce qui fonctionnerait pour les uns neconviendra pas forcment aux autres. Qui ditchangement de politique dit en ralit lgalisation,rglementation ou dpnalisation [de la consom-

    mation], met en garde lancien gurillerosalvadorien et expert en rsolution des conflitsJoaqun Villalobos. Et, mme si je suis daccordavec de telles mesures, il est clair que ce nest pasun objectif raliste et que cela ne changerait pasgrand-chose dans les pays de production et de trafic.Ins Santaeulalia

    Hypermarch plantaire

    Un mois aprs lintroductiondu passe cannabis dansles municipalits frontaliresnerlandaises[voir ci-contre],les plaintes concernant

    des problmes lisaux stupfiants se sontmultiplies. Ce passecannabis nautorise queles personnes rsidantaux Pays-Bas et possdantune carte de membre se procurer du cannabisdans les coffee shops.Les autres consommateursde joints doivent trouverune solution de rechange.Certains se tournent doncvers le commerce illgal.Dautres cherchent leur salutauprs de lassociationanversoise Trekt Uw Plant

    [Tire ton plant], une

    cooprative de consommateursde cannabis.Le nombre demembres de notre association

    a plus que doubl, dit sonporte-parole, Joep Oomen.

    Nous sommes passs de90 membres le mois dernier

    190 membres aujourdhui.

    Nous avons mme d crer

    une liste dattente.Il sagitsouvent, selon lui, deconsommateurs de cannabisdun certain ge, qui neconnaissent pas les rseauxclandestins. En collaborationavec notre association,ajoute-t-il, des CannabisSocial Clubs se sont ouverts

    Limbourg et Arlon. Bientt,

    il y aura aussi une antenne

    Bruxelles.Un Cannabis SocialClub cultive lintrieur dun

    circuit ferm suffisamment

    de marijuana pour satisfairela demande de ses membres.Trekt Uw Plan administre dixplantations rparties sur toutela Belgique. Chaque membre

    a son propre plant, quiest cultiv par lorganisationdans un espace collectif.Lassociation respecteainsi la directive ministrielleconcernant le cannabis,selon laquelle la possessionde trois grammes ou dunplant de cannabis cultiv usage personnel ne donnelieu qu un procs-verbalsimplifi, ce qui signifieen pratique que lescoordonnes du dtenteursont conserves, maisquil ny aura pas de suite.Pieter-Jan Borgelioen,

    De Standaard, Bruxelles

    Tolrance

    En Belgique, des Cannabis Social Clubs

    A Tijuana,au Mexique,aprs la saisiede 134 tonnes

    de marijuana.BLOOMBERG

    En mai 2009,Courrier international(n965) reprenaitdes articles constatantlchec de la luttecontre le traficde drogue. A retrouverdans nos archivessur notre site web.

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    Comme ailleurs, les diverses tudescontradictoires sur la dangerositdu cannabis sont utilisespar les deux camps, partisanset adversaires de la lgalisation.

    Dagens NyheterStockholm

    P

    eu de dbats, en Sude, sont aussihouleux que celui sur le cannabis.Il suffit daborder sur le sujet pourquun bataillon de contradicteurssempresse de vous couper le sif-

    flet. Et les attaques viennent desdeux cts. Evoquez le cas dun toxicomane quia vu sa mmoire immdiate se dgrader et centpersonnes vous feront remarquer que vousoubliez les effets bnfiques du cannabis et quevous devriez comparer celui-ci lalcool et autabac. En revanche, citez lchec de toutes lestudes qui ont essay de trouver au cannabis leseffets terrifiants quon lui impute et vous serezaccus dtre lun de ces tenants du libralismequi veulent transformer les citoyens sudois enzombies lymphatiques.

    Parmi ceux qui sengagent courageusementdans le dbat, Johan Anderberg, auteur deCannabusiness De lart de lgaliser unedrogue [non traduit en franais]. Il y cite entreautres chercheurs Stig Agurell, qui se fait lcho

    dun des arguments les plus entendus et clamehaut et fort que lalcool est plus dangereux quele cannabis : Le risque de dpendance est plus grand,on devient plus agressif, et ainsi de suite. Pourautant, il nest pas favorable une lgalisation :Mon point de vue sur la question est clair. On a djbien assez de lalcool.

    Cest vrai, pourquoi ajouter une drogue laliste ? Navons-nous dj pas suffisamment deproblmes avec les drogues dj en vente libre, savoir lalcool et le tabac ? A cela, on peut ima-giner deux contre-arguments. Le premier estdordre mdical et moral. Sil savre ce quedmontrent de nombreuses tudes que le can-nabis est moins nocif pour la sant que lalcool

    et les cigarettes, nest-il pas foncirement hypo-crite de commercialiser ces deux derniresdrogues dans nimporte quel patelin du pays etdenvoyer la police chez ceux qui fument du can-nabis ? Le second argument est dordre cono-mique et social. La lutte contre le cannabis coteune fortune dans le monde entier. La lgalisa-tion permettrait demployer cet argent dautresfins quoi il faudrait ajouter les recettes de lataxation dun produit devenu lgal. Ces fondspourraient servir informer des risques et am-liorer la prise en charge des toxicomanes, exac-tement comme cest le cas aujourdhui pourlalcool et le tabac.

    Pour autant, ce nest pas pour des raisons co-nomiques que fumer un joint est interdit, maispour des raisons de dangerosit. Quel est le degrde nocivit du cannabis ? Une question, des mil-liers de rponses.

    Un chapitre de Cannabusiness prsenteainsi une dizaine dtudes et autant de conclu-sions diffrentes. La recherche sur le cannabis sap-parente ni plus ni moins un buffet o nimporte quipourrait venir piocher une tude qui correspond sonopinion, crit Johan Anderberg.

    Reste un fait qui semble difficile rfuter :tout porte croire quil nest pas plus dangereuxde fumer du cannabis que de boire de lalcoolou de fumer des cigarettes. Pour une personne

    qui a subi des lsions crbrales aprs avoirconsomm du haschisch ou de la marijuana, com-bien ont vu leurs capacits intellectuelles alt-res par lalcool ? Cette situation dcoule-t-elledu fait que lalcool est en vente libre dans le mondeoccidental pendant que la consommation de can-nabis est limite par la loi ? Eh bien, tout dpendde ce que vous piochez au buffet

    Supposez que la Sude souscrive aux argu-ments en faveur de la lgalisation les cono-mies ralises, une nocivit moindre par rapportaux autres drogues, des vertus mdicales, les bn-fices pour le tiers-monde et se mette vendredes joints dans des pharmacies. Le dbat risque

    naturellement de se dtourner du cannabis et lestenants de la lgalisation pourront passer ladrogue suivante. O tracer la frontire ? LEtatva-t-il se transformer en dealer de cocane, dam-phtamines, de crack et dhrone, autoriser lavente directe aux particuliers et taxer ces droguespour les regarder ensuite se rpandre dans la rue ?

    Rares sont les Sudois qui ont envie de vivredans un pays noy sous un nuage de fume per-manent. Mais la question est de savoir si le sys-tme en place est bien le plus souhaitable, avecdes fumeurs de haschisch traqus par la police etun laboratoire danalyses mdico-lgales qui traitehuit fois plus daffaires lies au cannabis que daf-faires de cambriolage. Erik Helmerson

    En couverture La drogue libre ?14 Courrier international | n 1128 | du 14 au 20 juin 2012

    Dans les annes 1980, Zuricha travers une priode sombre.A lpoque, dans cette villesuisse rpute paisible, 1 %des jeunes gs dune vingtainedannes taient hronomanes,et Zurich affichait le tristerecord du taux de sida le pluslev en Europe. Le quartiergnral des toxicomanes,le Platzspitz, prs de la garecentrale, tait devenu une vastezone de non-droit hantepar les dealers et les drogus,

    o les interventions de la police

    taient aussi violentes quevaines, se souvient AndrSeidenberg, qui fut parmiles pionniers dun programmede changement radicalde politique antidrogue.Ce mdecin rappelledans la Neue Zrcher Zeitungque les autorits ont longtempscamp sur leur positionrpressive, jusqu ce quunequipe de mdecins volontairesse mobilise et commence distribuer sur place seringues

    et aiguilles striles dans le but

    de limiter la propagation du sidaparmi les toxicomanes.Quelque 10 000 seringuestaient distribues chaque jour plus de 2 000 personnes.Face au succs de lopration,la municipalit finit par accepterde soutenir cette initiative,baptise Zipp-Aids. Celle-ciallait ensuite dbouchersur un vaste programmede prise en charge mdicaledes drogus. Ce changementdoptique sest rvl dcisif :

    les hronomanes sont passs

    du statut de dlinquantset dexclus celui de malades,autorisant ainsi les dcideurs et lopinion publique accepter lide de fidliserles drogus par un programmede distribution de mthadone,un opiode de substitution lhrone. Copi dans le mondeentier, ce programme a permis et permet toujours de protger les toxicomanescontre les pathologies lourdes(hpatite, sida, infections)

    et de les stabiliser sur le plan

    psychologique et socialgrce un accompagnementprofessionnel.Si cette stratgie na pasradiqu la consommationdhrone, elle a limit le traficet mme le nombrede consommateurs.Elle a galement suscit unconsensus dans tout le pays surune politique antidrogue fondesur la prise en charge mdicaleplutt que policire. Mme sile mpris na pas disparu

    lgard des toxicomanes.

    Vu de Suisse

    A Zurich, des mdecins plutt que des policiers

    En Sude, un dbat

    fumeux et houleux

    Les seniorsde lherbe

    A tout juste 69 ans,Paul McCartney,autrefois bassistedes Beatles, a annoncquil venait de renoncer fumer de lherbe.Mais il va lencontrede la tendance : selonune rcente tudede linstitut depsychiatrie du KingsCollege de Londres,la consommation dedrogue parmi les plusde 50 ans a dcupldepuis les annes 1990au Royaume-Uni.Un consultant citparThe Irish Timesexplique que cettehausse est due au faitque les baby-boomersqui approchent dutroisime ge ne veulentpas renoncer pourautant aux plaisirsde leur jeunesse.Cest le phnomne deladolescent perptuel.Non seulement ils veulentbouger comme Jagger,mais ils veulent aussimener le mme train devie que lui.De vieuxconsommateurs citspar le journal dublinoisrejettent cette thse.Un homme de 50 ansprtend qu son geil est plus mr et plusraisonnabledans safaon de consommerde la drogue que pendantson adolescence.

    Saisie demarijuana par lapolice sudoise.

    LARSG

    PERSSONN

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    Dans le sud de lAlbanie, deux jeunesNerlandais dcouvrent Lazarat, unebourgade qui vit de la culture du cannabis.

    Gazeta Tema (extraits) Tirana

    T

    out un village couvert de plantationsde cannabis, des enfants qui se frayentun chemin parmi des plants detrois mtres pour se rendre lcole.Cest incroyable !Ces deux Ner-landais, partis la dcouverte de

    lAlbanie moto, nen reviennent toujours pas.

    Ags de 25 ans, Theo Roelofs et Daan Vonk se sontinspirs du Voyage motocyclette de Che Guevara

    Courrier international | n 1128 | du 14 au 20 juin 2012 15

    UKRAINE

    MAROC

    RUSSIE

    BILORUSSIE

    UKRAINE

    MAROC

    RUSSIE

    BILORUSSIE

    UKRAINE

    MAROC

    RUSSIEBILORUSSIE

    ALBANIELBANIE

    10,110,10,1

    500 km

    FRANCE

    CHYPRE

    SLOV.

    ROYAUME-UNI

    IRLANDE

    ALLEMAGNE

    AUTRICHE

    ITALIE

    POLOGNE

    ROUMANIE

    BULGARIE

    NORVGE

    GRCE

    PAYS-BAS

    LITUANIE

    LETTONIE

    ESTONIE

    FINLANDESUDE

    DANEMARK

    BELG.

    LUX.

    HONGRIE

    SLOVAQUIE

    RP.TCHQUE

    ESPAGNE

    PORTUGAL

    29,5

    4

    0,7

    3,6

    5,3

    8,7

    1,92,4

    7,5

    1,51,1

    3,6

    1,5

    20,4

    1,8

    21,2

    6,4

    11,9

    11,4

    1,8

    42,4

    6,6

    0,7 1

    5,1

    2,91,1

    5,6

    0,9

    8,4

    1,6

    2,51,2

    3,8

    13,1

    2,8

    23,9

    21,7

    1,1 1,1

    19,4 9,1

    23,3

    0,92

    12,9

    12,8

    2,2

    7,5

    0,9

    10,1

    1,12,2

    7,3

    10,6

    2,12,2

    15,1

    2,11,3

    1,3

    18,9

    22,3 Principales voiesdacheminementde lhronevers lEuropeen provenancedAfghanistan

    Les Balkanssont une zonede culture etde trafic decannabis vgtal

    La Belgique et les Pays-Bas,dune part, la pninsuleIbrique, dautre part,sont les deux portesdentre de la cocaneen provenance dAmriquelatine et de la rsinede cannabis en provenancedu Maroc

    Hro n e

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    de

    cannabis

    Ca

    nn

    a

    bis

    TURQUIE

    ALBANIE

    UKRAINE

    MAROC

    RUSSIE

    BILORUSSIE

    La consommation de drogue chez les jeunes Europens

    Code couleur des pays

    Possibilit demprisonnementpour dtention de drogue pourconsommation personnelle(infractions mineures) :

    Principales routesde la droguePart des 15-24 ans ayant consomm de la drogue

    u cours des 12 derniers mois (en % par pays)*

    cannabis

    Top 5de la

    consommationde cannabis

    cocane

    ecstasy

    Pour tout typede drogue

    Pour tout type autreque le cannabis

    Pas de peineprvue

    * Les estimations del'Observatoire europendes drogues et destoxicomanies (OEDT)prsentes ici se basentsur les derniresdonnes disponibles(enqutes ralises entre2004 et 2010)

    29,5

    Le village o

    le cannabis est roi

    [son carnet de voyage travers lAmrique latine]et ont choisi notre pays pour tenter lexprience.Ds leur arrive, les deux jeunes ont entenduparler de Lazarat, une petite bourgade du sud delAlbanie, perche flanc de montagne, baignepar le soleil les trois quarts de lanne et cou-verte de cannabis. Les autorits ont beau dclarerchaque anne que Lazarat doit tre nettoy de ceflau, la plante y rgne en matre.

    Les deux jeunes ont voulu voir par eux-mmes. Sur place, ils nont pas t dus : lesregards lourds de suspicion des villageois se sontrapidement mus en sourires ds quils ontdclin leur identit : Des Hollandais, des Hol-landais !Ce ssame leur a ouvert toutes les portes.Le petit film tir de cette visite et post sur You-Tube a fait des vagues. Les Hollandais ont russil o la police albanaise a chou,ont titr les jour-naux.Nous sommes rests peine deux heures dansce village, banal en apparence, si ce ntait toutes cesplantations de cannabis, raconte Theo. Tout cequi est vert, cest du cannabis. Le type qui nous aaccompagns parlait un anglais impeccable. Ses

    parents lui ont pay des tudes ltranger grce largent du cannabis. On tait en pleine rcolte

    annuelle et sa famille tait en train dtaler des plantsnormes dans la cour ensoleille. On na pas eu ledroit de prendre des photos mais on a pu fumer autantque lon a voulu !senthousiasme le jeune homme.Le cannabis leur rapporte un dixime du prix quilest vendu dans les coffee shops nerlandais, et celasuffit faire vivre confortablement la famille, pour-suit Theo. Les gens taient trs accueillants, mmesi un automatique charg trnait sur la table. Cestun petit commerce familial minuscule compar ceuxdes environs. Aucun doute, le cannabis est roi ici.

    La rcolte, assure surtout par des paysannesdsuvres, nourrit leur famille pour une anneentire. Pourvu que la police ne sen mle pas, ellenous priverait de notre seule ressource, dit une sai-sonnire. Mais cet irrductible village craint peules autorits. En 2008, des hlicoptres de lar-me, venus survoler les plantations illgales, ontt accueillis par des tirs de kalachnikov.

    En 2012, les saisies de cannabis ont atteinttrois tonnes en Albanie. La dpnalisation ? Lesociologue Edmond Dragoti est plutt contre.Cela introduirait encore plus de confusion dans

    une socit toujours en transition : Nous souffronsdune libert incontrle.

  • 7/22/2019 [RevistasEnFrancs] ElMensajeroInternacional n1128 del 14 de julio al 20de 2012

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    En couverture La drogue libre ?16 Courrier international | n 1128 | du 14 au 20 juin 2012

    En se fixant sur les rcepteurscannabinodes, le THC provoqueune srie de ractions lintrieur des cellules.

    Rcepteurs

    CelluleTHC

    Mode daction

    Le principal composant

    du cannabis est unesubstance appele delta-9-ttrahydrocannabinol (THC).Le THC mimele comportement descannabinodes endognes(naturellement fabriquspar lorganisme) donton sait quils peuvent agirsur lensemble des cellulesdu corps et influencerde nombreuses fonctions :le mouvement, la pense,la perception du mondeextrieur

    En rduisant la pression lintrieur de lil,le cannabis pourrait contribuer autraitement du glaucome et de la rtinite.

    il

    Linhalation de fume de cannabis, avecou sans tabac, peut entraner des affectionsbronchopulmonaires.

    Les goudrons contenus dans la fumede cannabis ont des effets cancrignes.Une tude de la British Lung Foundation[Fondation britannique pour le poumon]rapporte que fumer un joint par jour pendantun an augmente le risque de dvelopperun cancer du poumon de 8 %. A titrede comparaison, fumer 20 cigarettes par jourpendant un an accrot ce risque de 7 %.

    Systme respiratoire

    A faible dose, le cannabis attnue lanxiten stimulant les neurones producteursde dopamine. A forte dose, il laccrot.

    Il peut altrer la mmoire, lattention,la concentration, lorientation spatialeet la coordination.

    Systme limbique

    Le cannabis inhibe le centre de rgulationde la satit. On lutilise parfoisdans le traitement de lanorexie.Mais son abus peut entraner des crisesde boulimie chez certains individus.

    Il permet de prvenir les nausesprovoques par les traitements antisidaet les chimiothrapies.

    Hypothalamus

    Leffet anticonvulsifdu cannabis est tudidans le traitement des spasmes musculaireslis la sclrose en plaques. Certainespersonnes atteintes dpilepsie lutilisentpour mieux contrler leurs mouvements.

    Cervelet

    La prise de cannabis provoqueune tachycardie qui rduit lenduranceaux efforts physiques.

    Le delta-9-ttrahydrocannabinol (THC)et dautres constituants de la fumede cannabis peuvent boucher les artres.

    Cur et circulation

    Les effets analgsiques du cannabissont plus puissants que ceux de laspirine.Des recherches ont montr son efficacitdans le traitement des douleurs chroniqueset des rhumatismes inflammatoires.

    Moelle pinire

    Des expriences sur des rats ont rapportquune injection chronique de cannabispouvait entraner une altrationdes testicules et du cycle ovulatoire.

    Systme reproducteur

    Des tudes montrent un risque accrude schizophrnie chez les fumeurs rguliers.

    De 30 50 % des usagers prsenteraientdes tats dpressifs des degrs divers.La prise chronique peut entranerdes comportements agressifset paranodes.

    Une quipe de chercheurs espagnols a montrque le cannabis pouvait rduire de 80 %la croissance de certaines tumeurscrbrales chez des modles animaux.

    Cerveau

    Bienfaits et mfaits du cannabis

  • 7/22/2019 [RevistasEnFrancs] ElMensajeroInternacional n1128 del 14 de julio al 20de 2012

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    La navet qui domine ds quelon parle de lgaliser les droguessans prciser lesquelles, ni la formeque prendrait cette lgalisation,pourrait tre contre-productive,estime un universitaire colombien.

    Razn Pblica Bogot

    L

    a prohibition na fait que plonger lespays producteurs dans un bain de sanget dans les horreurs de la corruptionLa guerre contre la drogue a choupuisquon continue en consommerCest le problme des gringos, pas le

    ntre Chacun a le droit de faire ce quil veut de sonpropre corpsTels sont les arguments progres-sistes, nationalistes et relativement en vogue quicourent aujourdhui sur les lvres des chefs dEtat,des analystes et des citoyens lambda appelant la lgalisation des drogues. Mais lgaliser lesdrogues est une ide si floue quelle pourrait nemener nulle part. Aussi incroyable que cela puisseparatre, personne, pas plus lors des sommetsprsidentiels que dans le dbat qui samplifie cesderniers temps, ne sest attach claircir troisdtails pourtant essentiels.

    A commencer par la nature exacte de cesdrogues dont on parle. La liste des substanceschimiques altrant le comportement, la percep-tion, le jugement ou les motions est pluttlongue et assez controverse. Et la liste desdits

    stupfiants laquelle nous nous rfrons aujour-dhui rpond une classification arbitraire : dansles pays occidentaux sont licites lalcool, le tabac,les stimulants mineurs et dautres produitspharmaceutiques (comme la mthadone), cesderniers uniquement sur prescription mdicale.Tous les autres stupfiants, et en particulier ceuxqui engendrent une addiction, sont illicites selonles conventions internationales.

    Mais chacune des substances actuellementinterdites produit (ou parat produire, car cetaspect-l aussi est controvers) des effets diff-rents sur la sant physique et mentale, sadresse(ou semble sadresser) des consommateurs dif-frents et provient (ou non) de pays diffrents.De ce fait, lgaliser le cannabis, la cocane, lopiumou les amphtamines reprsente des dmarchestotalement diffrentes.

    Deuxime dtail fondamental : il faut pr-ciser la phase du processus dont on parle. Dansle cas des substances dorigine vgtale (qui sontle cur du problme en Amrique latine), il fautdistinguer la culture de la coca et du pavot (et,pour le Mexique, celle du cannabis) de la pro-duction et de lexportation de cocane et dh-rone, faire la diffrence entre vente de drogueet consommation, et distinguer encore letrafic de produits prcurseurs [servant lafabrication des drogues, en amont] et les acti-vits de blanchiment .

    Dans le dbat actuel, sagit-il de lgaliser laconsommation, la production, la vente, la cul-ture, etc. ? Ce nest pas la mme chose que lesEtats-Unis autorisent la consommation decocane ou que les cultivateurs du Putumayo

    [dpartement colombien, dans le sud-ouest du

    pays] puissent vendre librement leurs rcoltes[de feuilles de coca].

    Troisime point : lide de lgalisationrecouvre des champs trs diffrents : sagit-il demettre en place un march libre ou, linverse,dinstaurer un monopole dEtat ? Est-il questionde supprimer les peines demprisonnement pourles remplacer par des thrapies ? Darrter lescampagnes de fumigation [pandage arien

    dherbicide pour tuer les cultures] au profit deprogrammes de dveloppement rural ? Dautori-ser les mdecins prescrire ? De crer des lieuxde ventes rservs ? Bref, de quoi parlons-nous ?

    Face tant de flou, les prohibitionnistesresserrent les rangs autour dune ide simple :mieux vaut ne rien changer du tout. Et, pendantque le prsident [de la Colombie], Juan ManuelSantos, voque timidement lide dtudier desscnariosou que les sorties des prsidents EvoMorales [en Bolivie] et Otto Prez Molina auGuatemala [qui prnent tous deux un change-ment de politique] sont prsentes comme de

    simples pantalonnades, la quasi-totalit desmembres de lONU (Colombie comprise) sentiennent au rgime orthodoxe en vigueur.

    Dans ce paysage ptrifi, on ne discernegure que deux bauches de changement pos-sibles. Dune part, une dpnalisation de laconsommation et, ventuellement, des petitescultures de cannabis usage personnel aux Etats-Unis (comme cela a t propos en Alaska, auNevada, dans lEtat de Washington, dans lOre-gon et, de faon plus notoire, en Californie),voire aussi en Europe. Dautre part, lextensiondes programmes de traitement mdical et derduction des risques pour les toxicomanes,comme lont fait les Pays-Bas (coffee shops Amsterdam, dlivrance mdicale dhrone, dis-tribution gratuite de seringues pour lutter contrele sida, etc.).

    Ces mesures pourraient peut-tre amliorerles choses pour les pays consommateurs et pourles consommateurs colombiens aussi. Mais ellesne changeraient rien au principal problme delAmrique latine : lexportation de cocane et ledilemme tragique entre violence et paralysie delEtat qui nous voue la destruction. Pis, la lib-ralisation de la drogue aux Etats-Unis ou enEurope risquerait bien dentraner une augmen-tation des exportations latino-amricaines, etnotre dilemme se ferait plus cruel encore. Jaidonc un message pour les progressistes quidans notre pays rclament la lgalisation desdrogues : attention au retour de boomerang.Hernando Gmez Buenda*

    * Philosophe, conomiste, avocat et sociologue, trsimpliqu dans la vie politique et intellectuelle de la

    Colombie, directeur de la revue en ligne Razn Pblica.

    Courrier international | n 1128 | du 14 au 20 juin 2012 17

    La grande illusion de la lgalisation

    Dans une nouvelle biographiedu locataire de la Maison-Blancheintitule Barack Obama: the Story(Barack Obama : lhistoire),qui sera publie le 19 juin prochainaux Etats-Unis, le journalistedu Washington PostDavidMaraniss revient sur la jeunesse

    mouvemente du prsidentamricain et notamment surson got pour lherbe. Sil ne sagitpas dun scoop, puisqueObama a confess dans sonautobiographie Les Rves de monprequil avait dj fumde lherbe et la rpt durantla campagne lectorale de 2008,ces nouvelles indiscrtionsont tout de mme fait ragirles dfenseurs de la lgalisationdu cannabis aux Etats-Unis,dus de la politique rpressivepoursuivie par Barack Obamadepuis son arrive la Maison-Blanche. Comme lcrit le

    chroniqueur Clarence Page dans

    les colonnes du ChicagoTribune, depuis son investiture,

    les arrestations pour dtention

    de marijuana ont atteint

    des niveaux records et se sont

    chiffres 850 000 par an

    en 2009 et 2010, selon les derniers

    chiffres du FBI. De mme,

    plus de 100 raids ont t menspar les autorits fdrales

    dans neuf Etats ayant autoris

    la consommation de marijuana

    des fins thrapeutiques, en

    particulier en Californie. Ces raids

    se sont solds par la fermeture de

    dizaine de centres de distribution

    de cannabis thrapeutique

    agrs, ainsi que par la fermeture

    dun centre de formation

    la culture et la distribution

    du cannabis Oakland. De quoise demander, conclut le chroniqueur,si le Barack Obama daujourdhui

    ne ferait pas tout pour arrter

    le jeune adepte de la fumette

    quil tait dans les annes 1970.

    Etats-Unis

    La main de fer dObama

    Surleweb

    www.cou

    rrie

    r

    internatio

    nal.c

    om

    A relire, un article

    de lhebdomadairecolombienEl Malpensanteparu dans CIn 1112,du 24 fvrier 2012,expliquant comment,en janvier dernier,le prsident de laColombie, Juan ManuelSantos, a brisun tabou en voquant prudemment la lgalisationde la cocane.

    CARLOSVILLALON/REDUX

    En Bolivie,o la culture dela feuille de cocaest autorise.

  • 7/22/2019 [RevistasEnFrancs] ElMensajeroInternacional n1128 del 14 de julio al 20de 2012

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    La guerre contre les droguesmene en Amrique latine a chou.Lexprience montre quil estimpossible de lutter contre le trafic.Des voix de plus en plus nombreusesslvent pour exiger un changementde politique et des lois.

    El Pas Madrid

    Le 8 avril dernier, les ex-prsidentslatino-amricains Fernando HenriqueCardoso [Brsil, de 1995 2003],

    Csar Gaviria [Colombie, de 1990 1994] et Ernesto Zedillo [Mexique,de 1994 2000] ont publi un nou-

    veau document sur la question des drogues enAmrique latine. Celui-ci reprend les ides deleurs dclarations antrieures, faites il y a quatreans dans le cadre de la Commission mondiale surles drogues. Mais, cette fois, plus explicitementencore, ils ritrent que quarante ans dimmensesefforts nont pas russi rduire la production ni laconsommation de substances illiciteset quau vude linefficacit et des consquences dsastreuses de laguerre contre les drogues [force est de constater]lchec de la stratgie prohibitionniste et lurgencedouvrir un dbat sur dautres politiques.

    Dores et dj, ils parlent clairement de larglementation du cannabis, qui quivaudrait

    celle de lalcool et du tabac. Ils passent en revue

    les expriences pertinentes tentes ces dernierstemps : les expriences europennes en matire desant publique et de rduction des dommages ; cellesde mdecins dans certains Etats des Etats-Unis aveclutilisation mdicale du cannabis ; la mobilisation dusecteur priv et des milieux scientifiques, ainsi que lesattentes des jeunesQuil sagisse danciens pr-sidents comme Vicente Fox [Mexique] ou FelipeGonzlez [Espagne], dintellectuels comme MarioVargas Llosa [crivain pruvien, Prix Nobel delittrature 2010] ou encore de nombreux anciensdirigeants dautres pays, tous saccordent sur unpoint : lactuelle politique ne fonctionne pas.

    Grce linitiative de ces trois anciens prsi-dents, le Sommet des Amriques, qui eu lieu Cartagena [Colombie] du 14 au 15 avril dernier, alanc le dbat lchelle des chefs dEtat en exer-cice. Pour la premire fois, un prsident des Etats-Unis sest vu oblig dcouter les arguments, lesthses, la douleur de ses homologues du sud duRio Grande, qui voquaient les consquencesdsastreuses et les maigres rsultats de la guerrecontre la drogue. Comme lont bien dit Juan

    Manuel Santos [Colombie], Otto Prez Molina[Guatemala] et Laura Chinchilla [Costa Rica], cenest que le dbut dun long processus, et seulle temps et la discussion inciteront dautres diri-geants latino-amricains convaincre BarackObama ou son successeur que la politique desquarante dernires annes est un fiasco.

    Lactuelle position mexicaine va bientt chan-ger, et ainsi le principal obstacle un consensusrgional en faveur dune alternative sera lev. LeMexique est le seul pays de la rgion qui soit lafois producteur de drogue et zone de transit ;cest celui qui a pay le plus lourd tribut plus de50 000 morts ces cinq dernires annes lalutte contre le trafic de drogue (la Colombie aaussi combattu les gurilleros et les paramili-taires) ; et cest celui qui, pour des raisons vi-

    dentes, a le plus de liens avec les Etats-Unis.Lactuel prsident, Felipe Caldern, a t lun desprincipaux champions de la position prohibi-tionniste, mme sil a accept du bout des lvresquil y ait un dbat sur la lgalisation. MaisCaldern termine son mandat le 30 novembre,et tous ses successeurs ventuels ont dj com-menc prendre leurs distances par rapport lapolitique mene pendant son sexennat.

    Si lon cesse de concentrer toutes les res-sources sur la guerre contre la drogue, cela signi-fie quon laisse passer la drogueaux Etats-Unis,comme la dit en priv un ancien prsident dAm-rique centrale ; et si on lgalisait le march de ladrogue sans le rglementer, cela reviendrait encourager la culture de lillgalit et de limpu-nit. Comme personne ne souhaite en arriver ldans une rgion sinistre par la faiblesse de lEtat

    de droit, nous en venons la recommandationde Cardoso, Gaviria et Zedillo : changer la loi pourladapter la ralit, au lieu de vouloir changerla ralit pour ladapter la loi.

    Beaucoup disent la mme chose depuis cinqans, tant au Mexique que dans de nombreux paysdAmrique latine. Penser quon puisse rprimerle narcotrafic tout en protgeant la socit dansun contexte de raret des ressources et de fai-blesse institutionnelle relve de la navet, voirede la btise. Il est bon que lAmrique latine, peu peu, avance sur ce chemin ; il est bon que Car-doso, Gaviria, Zedillo, Fox et Vargas Llosa pren-nent parti plus clairement ; il est bon que BarackObama coute ; il est bon que mme au Mexiqueles choses changent.Jorge Castaeda*

    * Ancien ministre des Affaires trangres du Mexique

    de 2000 2003.

    En couverture La drogue libre ?18 Courrier international | n 1128 | du 14 au 20 juin 2012

    Constat dchecpour la prohibition

    LAmrique latine se noie dans un vritablebain de sang. Cest le continent le plus violentau monde, loin devant lAfrique. Parmi lesquatorze pays du monde qui comptent le p lusdassassinats, sept se trouvent en Amriquelatine, commencer par le Salvador,o lon court bien plus de risques de prendreune balle quen pleine guerre dIrak.Lorigine de toute cette violence est clairecomme leau de la mer des Carabes : la luttecontre la drogue. Ces quarante derniresannes, partir du jour o Richard Nixon sest assisdans le fauteuil prsidentiel, les Etats-Unisont men une politique de rpressioncontre la drogue sur tout le c ontinent.Avec le durcissement de la rglementation,

    les criminels se sont assur le monopoledun march des plus lucratifs qui leur permetdtre mieux arms et mieux pays quenimporte quelle force officielle de scurit.Rsultat ? Un niveau de violence jamais atteint.Paradoxalement, en labsence dinvestissementsdans la sant et lducation, la consommationde drogue ne cesse daugmenter.La lutte contre la drogue reprsente aujourdhuile principal obstacle au dveloppementde lAmrique latine.Mais le vent tourne. Le mois dernier,Otto Prez Molina, le prsident du Guatemala ,a demand ses homologues dAmriquelatine damorcer une rflexion pour trouverdes solutions ce problme, voquant mmelide de crer des marchs contrls pour

    le cannabis, de sorte que le trafic deviennemoins lucratif, ce qui aura pour effet de limiterles ventes darmes. Or Prez Molina na pasexactement le profil dun hippie aux c heveuxlongs : il sagit dun gnral, partisan de la lignedure, lu sur sa promesse de mettre KO lescartels. Des pays aussi importantsque la Colombie, le Mexique, lArgentine,le Chili et lU ruguay nont pas tard apporterleur soutien cette courageuse initiative.Lex-prsident colombien Csar Gaviriaa affirm que la plupart des responsablesgouvernementaux amricains saventque la lutte contre la drogue est une erreur,qui doit sa persistance au simple faitquellefonctionne en mode automatique.Au milieu de ce chaos, il reste un pays,le Brsil, dont la position est fondamentale.

    Si Dilma Rousseff soutient clairement cetteinitiative, le Brsil, le Mexique et la Colombie,les trois principales conomies dAmriquelatine, parleront dune mme voix et pourrontempcher un bain de sang dans la rgion.Ce qui pourrait changer bien des chosesdans le monde entier. Et pourtant, le Brsilne sengage pas. Le palais Itamaraty,le ministre des Affaires trangres, sestrefus tout commentaire hormis une vaguedclaration selon laquelle le pays nest pasoppos un dbat. Denis Russo Burgierman*

    Folha de So Paulo (extraits) So Paulo

    * Journaliste brsilien, auteur de louvrage O fim daguerra : a maconha e a criao de um novo systemapara lidar com as drogas(La fin de la guerre : le can-nabis et la cration dun nouveau systme de lutte

    contre les drogues) Leya, 2011.

    Vu du Brsil

    A lorigine

    de la violence

    Des projetsqui avancent

    En Argentine,la dpnalisationdes drogues estactuellement au curdes dbats au

    Parlement. Les dputstravaillent sur un projetde loi autorisant ladtention de tout typede stupfiants desfins de consommationpersonnelle etdpnalisant la culturede toutes les droguessans objectifscommerciaux.Au Brsil, le Parlementest galement en trainde discuter dun projetde rforme du Codepnal qui proposede dpnaliserla possessionde petites quantitsde cannabis, voire

    dautres stupfiants.

    A Oakland,une associationenseignela culturedu cannabis.

    GUILLAUMEZUILI/VU

  • 7/22/2019 [RevistasEnFrancs] ElMensajeroInternacional n1128 del 14 de julio al 20de 2012

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    Rlu dput ds le premiertour des lgislatives, Jean-MarcAyrault se reconnat deuxmodles : lAllemagneet sa chre ville de Nantes.

    Frankfurter Allgemeine Zeitung(extraits) Francfort

    J ean-Marc Ayrault nest paspress. Le TGV de Paris va bien-tt arriver, avec son bord Mar-tine Aubry, la premire secrtaire du Partisocialiste. Une poigne de main au mar-

    chand de journaux du kiosque et le Pre-mier ministre poursuit tranquillement saroute. Il bavarde un peu avec lhomme quise trouve derrire le comptoir de sand-wichs. Bonjour*, comment a va aujour-dhui ?Un couple g passe en tranantune valise roulettes. O partez-vous envoyage ?senquiert Ayrault.

    Dans le hall de la gare de Nantes, il restepour tousMonsieur le Maire*, un respon-sable politique sympathique et accessible,toujours disponible pour les lecteurs desa ville [il doit abandonner cette fonctionfin juin son premier adjoint, Patrick Rim-bert]. Puis, tout dun coup, une quipe detournage se rue sur lui, on lui brandit unmicro touffu sous le nez, Jean-Marc Ayrault

    cligne des yeux et prononce quelquesphrases appliques. Maintenant il a son cos-tume de Premier ministre, confie BrigitteAyrault, une crature mince et lgante.Elle observe son mari bonne distance.

    La fiert de lurbanisteLe voil parvenu sur le quai. La cohorte decamramans, de photographes et de jour-nalistes qui lentoure est devenue plusdense. Martine Aubry arrive, il la serre dansses bras, une bise sur la joue droite, unesur la gauche, des gestes damiti pour leJT du soir. Aprs tout, ce 2 juin, on est encampagne lectorale.

    Jean-Marc Ayrault et Martine Aubryprennent place cte cte dans un mono-space Citron bleu fonc et dmarrent

    toute vitesse. Ils franchissent le pont quitraverse la Loire et empruntent des rues propos desquelles Jean-Marc Ayrault pour-rait en dire long en matire de changementurbain. Car, 62 ans, le maire a, au coursdes vingt-trois dernires annes, trans-form la grise capitale de Loire-Atlantiqueen lune des mtropoles les plus dyna-miques de France.

    Quand ce professeur dallemand estarriv la mairie, en 1989, Nantes tait peu prs dans le mme tat que la Franceaujourdhui. Les gens regardaient laveniravec angoisse, ils taient dmoraliss parcequils ne se sentaient pas en mesure defaire face aux bouleversements cono-miques en cours le dernier chantier naval

    venait de fermer.

    France

    Maintenant Jean-Marc Ayrault peutflner en ville avec la fiert de lurbanistequi a russi. Non loin de la gare, lancienneusine de biscuits LU abrite dsormais uncentre culturel appel Lieu Unique, quicomprend salles dexposition, restaurant,caf, librairie et hammam. Au milieu de laLoire, sur lle de Nantes, qui abritait jadisdes chantiers navals et de gigantesquesentrepts de produits coloniaux, seule unegrue de chantier naval jaune vif rappellelancienne destination du lieu. Aujourdhui,Nantais et touristes viennent y voir LesMachines de lle, des animaux gants

    mcaniques inspirs de Jules Verne, ousamuser au Hangar bananes, unensemble de vastes salles dexposition, derestaurants et de bars. Lle abrite gale-ment le palais de justice dessin par JeanNouvel, et sur le quai den face se trouvele Mmorial de labolition de lesclavage,inaugur en avril, qui rappelle que Nantesfut la principale ville ngrire de France.

    Dveloppement de nouvelles branchesconomiques dans les services et la cul-ture, volont de mettre en place un dve-loppement durable Nantes sera capitaleeuropenne de lenvironnement en 2013

    et rapport lHistoire honnte mais pascharg de culpabilit : telles sont les carac-tristiques de la mtamorphose de la ville.Nantes nest peut-tre pas un modle pour laFrance entire, mais en tant que vitrine detransformation urbaine oui, cest un bonexemple, dclare Jean-Marc Ayrault, quimanie volontiers la litote.

    Jean-Marc Ayrault ne reste pas Nantes, il part faire campagne dans lescommunes voisines, direction la cte atlan-tique. Sainte-Pazanne tait un bastion dusarkozysme ; aujourdhui, la circonscrip-tion pourrait tomber aux mains des socia-listes. Venez prendre un petit verre avec le

    Premier ministre !lit-on sur linvitation dela candidate socialiste Monique Rabin [enballottage favorable lissue du premiertour]. a sonne bien et la moiti de la villeest l, debout, attendre sous le soleil, surla place entre la mairie et lglise. QuandJean-Marc Ayrault sort de sa voiture, lecostume impeccable, sans le moindre fauxpli, les cheveux gris-blanc la raie biennette, Monique Rabin ne sait plus trs biencomment elle doit laccueillir. Bonjour*,Jean-Marc, pardon, bonjour, monsieur lePremier ministre, se reprend-elle.

    Net et sans un pliInterrog par des journalistes allemands,Ayrault leur rpond dans un allemand

    parfait ; les personnes qui lentourent lecontemplent avec un certain tonnement.LEurope doit nouveau incarner lespoirdune vie meilleure, dclare-t-il, elle ne peutpas tre uniquement synonyme de rigueur.Brigitte Ayrault lui tire doucement le bras :il pourra expliquer tout a plus tard, dit-elle en souriant.

    La femme de Jean-Marc Ayrault est elleaussi enseignante de mtier. Elle ne parlepas allemand, explique-t-elle gaiement,mais elle connat la passion de son maripour la langue et la culture allemandes. Ilpeut en parler pendant des heures, confie-t-elle. Quand il tait tudiant, ce fils dou-vriers a pass un semestre Wurtzbourg,ctait encore inhabituel lpoque. Mairede Nantes, il sest rgulirement rendu

    Sarrebruck, commune avec laquelle sa villeest jumele, et il entretenait des contacts Berlin en tant que prsident du groupesocialiste lAssemble nationale. Sonquipe parisienne comprend des gens quiconnaissent lAllemagne ChristopheChantepy, son chef de cabinet, a un appar-tement Berlin et le germaniste Jacques-Pierre Goujon, son conseiller, a passbeaucoup de temps en Allemagne.

    Le cortge reprend sa route. SophieErrante, une autre candidate socialiste,compte sur laide du Premier ministre [elleaffronte le second tour en ballottage trsserr]. Ensemble nous gagnerons, prometJean-Marc Ayrault. Martine Aubry, elle, adj disparu. Michaela Wiegel

    * En franais dans le texte.

    Lgislatives

    Des bords de la Loire Matignon

    premier tour des lgislatives, le10 juin, dont Laurent Fabius. Dix-neuf autres ministres doivent enpasser par un second tour, ce17 juin. Ceux qui choueront dansles urnes devront renoncer leurportefeuille, a fait savoir Matignon.

    Premier tour Rlu avec 56,21 % desvoix, Jean-Marc Ayrault a trsfacilement conserv son sige dedput dans la circonscription deNantes-Saint-Herblain, quil dtientdepuis 1988. Cinq de ses ministresse sont comme lui fait lire ds le

    Courrier international | n 1128 | du 14 au 20 juin 2012 19

    Si la nomination de Jean-Marc Ayrault Matignona t bien accueillie enAllemagne, cest dans unepetite ville de Sarre quellea fait le plus dheureux.A Saint-Ingbert, 37 000habitants, monsieurle Premier ministre est eneffet une figure connue :la ville est jumele depuis1981 avec Saint-Herblain,

    une commune de

    lagglomration nantaisedont il fut maire de 1977 1989, avant de prendrela mairie de Nantes.Winfried Brandenburgtait en 1981 chef dugroupe social-dmocrateau conseil municipalde Saint-Ingbert.Il se rappelle quAyrault, lpoque, tait venuchez lui, dans son salon,

    ngocier ce partenariat.

    Et les liens sont reststroits entre les deuxhommes. Interrogpar laSaarbrcker

    Zeitung, Brandenburgse souvient quAyrault,alors maire de Nantes,lui avait une foisemprunt sa petitemaison de campagne,pour des vacances sanslectricit, mais avec

    leau courante.

    Souvenirs de Sarre

    Jean-Marc Ayrault dans mon salon

    Dessin de Glezparu dans leJournal du jeudi, Ouagadougou.

  • 7/22/2019 [RevistasEnFrancs] ElMensajeroInternacional n1128 del 14 de julio al 20de 2012

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    20 Courrier international | n 1128 | du 14 au 20 juin 2012

    A 60 ans passs, lcrivainbritannique Julian Barnesredcouvre le roman dAlain-Fournier. Et, miracle, le charmeopre comme au premier jour.

    The Guardian (extraits) Londres

    I l ne fait aucun doute que Le GrandMeaulnes compte parmi les clas-siques de la littrature. Interro-gs il y a une douzaine dannes sur leursromans du XXe sicle prfrs, les Franaislavaient plac en sixime position, der-

    rire Proust et Camus. Mais, si la plupartdes Franais lont lu en classe, peu dentreeux le relisent lge adulte (du moinsselon un sondage que jai men autour demoi). Se replonger des annes aprs dansdes textes imposs par le corps enseignantpeut en dcourager certains ; mais cestsurtout la crainte de ne plus voir la magiedu roman oprer qui explique sans doutecette dsaffection comme si lge adultenous en savions trop pour nous laisserhapper par le charme de louvrage. Cestpourtant une erreur. Le plus grand romande ladolescence de la littrature europenne,dixit John Fowles [lauteur de Sarah et leLieutenant franais], ne peut tre appr-hend que de manire tronque par les

    adolescents, qui ignorent encore tout cequils vont perdre avec lge.Les Britanniques lisent ce livre gn-

    ralement plus tard que les Franais. Pourma part, jai attendu dapprocher la qua-rantaine pour my atteler. Pendant long-temps javais t rebut par le titre delouvrage, par la couverture qui montraitun superbe chteau franais mergeantdune fort de conte de fes, et par laquatrime de couverture qui annonaitlhistoire dun garon dcouvrant myst-rieusement une superbe proprit et ren-contrant une jeune fille nigmatique, pourmieux ensuite les perdre tous les deux.Jimaginais une histoire sentimentale surfond de terroir et pensais, tort, que jtaistrop vieux pour ce genre de choses. En fait,

    jtais surtout trop jeune.

    Jouer tre grandsDans les souvenirs de la plupart dentrenous, ladolescence reste lge dunedouble impasse : trop vieux pour conti-nuer nous conduire comme des enfants,nous tions encore trop jeunes pour treconsidrs comme des adultes. Dans LeGrand Meaulnes, toute la magie dAlain-Fournier est justement de crer un uni-vers onirique o ces impasses sont autantde portes ouvertes. Quand le grandMeaulnes, inlassable voyageur vagabond,tombe sur le chteau perdu, il sy drouleune sorte de fte champtre, o les parti-cipants portent des costumes des annes

    1830. Surprenant une conversation entre

    France

    enfants, il apprend que, le temps des fes-tivits, ces derniers ont le droit de fairece quils veulent. Le rve impossible dugrand Meaulnes est donc celui dune exis-tence o nous pourrions rester des enfantstout en dcidant de notre vie nous joue-rions en quelque sorte tre grands : voilla dfinition de la libert donne par LeGrand Meaulnes.

    En relisant cette uvre plus de60 ans, je craignais de la trouver mivre.[Or] le roman est la fois magique, che-valeresque et improbable, faisant la partbelle aux concidences et aux coups dethtre, mais il ne sombre jamais dans lesentimentalisme, car il reste fidle ce que

    fut notre adolescence, pleine despoirs, depeurs et de rves impossibles.

    Ce qui ma surpris la relecture, cestlintensit littraire de ce roman. Alain-Fournier, en 1905, avait travaill trois moiscomme employ dans lusine de papierpeint de Sanderson, louest de Londres.Anglophile, il tait un grand admirateur deDickens, de Kipling et de Stevenson ilqualifiait ce dernier de dlicieux Anglais.La grande aventure de Meaulnes rappellele Grand Jeu [conflit larv qui opposa laRussie et la Grande-Bretagne en Asie auXIXe sicle] de Kim [de Kipling, paru en1901], et le roman est truff de trouvailles la Stevenson (la carte incomplte, la qutedun trsor perdu, le coffre ferm cl qui

    contient lindice vital). Le Robinson Cruso

    de Defoe est cit ds les premires pages.Les influences franaises sont multipleselles aussi. Mme si Alain-Fournier est restimpermable luvre de Flaubert, lepremier chapitre de son roman (commeMadame Bovary) souvre sur larrive dunnouvel lve dans une salle de classe. Luni-vers onirique de Laforgue imprgne ga-lement le roman, tout comme le Pellas etMlisande de Maeterlinck, pris travers leprisme de lopra de Debussy. La phraseNous sommes deux enfantsrend ainsi hom-mage la clbre rplique de Golaud sur-prenant les deux amoureux transis : Voustes des enfants.

    Gorg de rfrences littraires, le ro-

    man porte aussi en lui la littrature venir.Pour moi, il est vident que le narrateur,Franois Seurel, prfigure Nick Carraway,le narrateur de Gatsby le Magnifique [publien 1925 par lAmricain Francis Scott Fitz-gerald]. Tous deux sont des personnagesfalots et plutt passifs, fascins par unmonde enchant, des tres casaniers qui

    admirent laltrit et laudace de laventu-rier ; tous deux pressent leur nez contre lavitrine du magasin (un peu comme nous,lecteurs) tout en sachant pertinemmentque jamais la vitre ne rompra.

    Fitzgerald, qui se trouvait Paris dansles annes 1920, a probablement lu LeGrand Meaulnes (et peut-tre mmeemprunt la structure de son titre pourson Great Gatsby[titre original]). Mais jenai pas russi en apporter la preuve. Toutce que jai pu dcouvrir, cest que le pre-mier traducteur du roman dAlain-Four-nier tait Harry Crosby, un expatrimillionnaire qui gravitait dans les mmes

    cercles parisiens que Fitzgerald.

    Derniers feuxBien entendu, la relecture met nu les fai-blesses du roman. Dans le premier tiersde louvrage, le monde onirique cohabite la perfection avec lunivers raliste duneenfance vcue la campagne. Dans ledeuxime tiers, le charme nopre plus. Cenest que dans le dernier tiers que lhis-toire retrouve son brio, lextrme com-plexit de lintrigue (cinq personnagesprincipaux pour deux triangles amoureux)se dnouant comme par magie pourdonner toute la mesure des chagrins quela vie peut nous offrir, ainsi que le sou-haitait Alain-Fournier.

    Je suis pourtant rest sur un lgerregret, celui de voir Meaulnes et Seurelrsoudre le mystre et dbusquer leDomaine perdu [dont Meaulnes, dans leroman, a oubli laccs]. Le charme mys-trieux de la proprit est si puissant quilest presque douloureux de pouvoir finale-ment la situer sur une carte. Mais il fautbien que lintrigue se dnoue une fois quele roman a rempli sa mission premire denous enchanter.

    Dans les premires pages du roman,ensorcelantes, Meaulnes monte au grenierdes Seurel et y dcouvre de vieux feux dar-tifice du 14-Juillet datant de plusieursannes. Deux des fuses peuvent encoreservir. Meaulnes emmne Seurel dans lacour et allume la mche ; les deux garons,

    main dans la main, regardent le ciel sillu-miner sans broncher. Cette scne prfi-gure la raction impassible de Meaulnesface aux embrasements de lamour ; elleincarne galement la raction du lecteurau roman lui-mme. Car le romantisme futun formidable spectacle pyrotechnique et,des dcennies aprs la fin de son bouquetfinal, des artistes ont continu de lancerleurs fuses. Le Grand Meaulnes fut lun desderniers embrasements du roman