Résumé de La Pensé Économique

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[ Les grands courants de pensée et les principaux faits économiques et sociaux L’économie est une discipline qui s’appuie sur plusieurs socles de réflexions et de connaissances. Elle s’est lentement constituée en tant que science humaine, grâce a un double apport : d’une part celui de nombreux auteurs pour qui l’échange, la production et la consom- mation sont apparus essentiels à la compréhension de la vie en société, et d’autre part celui de l’observation des faits, dans ce qu’ils ont à la fois de singuliers et de généraux. La pensée économique est ainsi diverse, mais quelques courants apportent des raisonnements, des méthodes, mais aussi des analy- ses particulièrement pertinents ; les courants classique, marxiste, néoclassique puis keynésien constituent ainsi le fondement de la pensée économique contemporaine. Quant à l’histoire des faits économiques et sociaux, elle apporte une profusion d’événements qui trouvent à la fois leur sens et leur cohérence à partir de quelques concepts forts ; ainsi, la révolution industrielle, les crises ou encore le capitalisme structurent la réflexion économique dans le cadre d’une analyse de la longue période. Á Fiche 1 : Les théories classique et néoclassique Á Fiche 2 : Les théories marxiste et keynésienne Á Fiche 3 : Le processus de la révolution industrielle Á Fiche 4 : Les crises du XX e siècle Á Fiche 5 : Le capitalisme : nature et évolution Á Fiche 6 : Thèmes, dissertation P A R T I E 1 7 © Éditions Foucher

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[ Les grands courants de penséeet les principaux faits économiqueset sociaux

L’économie est une discipline qui s’appuie sur plusieurs socles deréflexions et de connaissances. Elle s’est lentement constituée entant que science humaine, grâce a un double apport : d’une part celuide nombreux auteurs pour qui l’échange, la production et la consom-mation sont apparus essentiels à la compréhension de la vie ensociété, et d’autre part celui de l’observation des faits, dans ce qu’ilsont à la fois de singuliers et de généraux.La pensée économique est ainsi diverse, mais quelques courantsapportent des raisonnements, des méthodes, mais aussi des analy-ses particulièrement pertinents ; les courants classique, marxiste,néoclassique puis keynésien constituent ainsi le fondement de lapensée économique contemporaine.Quant à l’histoire des faits économiques et sociaux, elle apporte uneprofusion d’événements qui trouvent à la fois leur sens et leurcohérence à partir de quelques concepts forts ; ainsi, la révolutionindustrielle, les crises ou encore le capitalisme structurent laréflexionéconomiquedans lecadred’uneanalysede la longuepériode.

Á Fiche 1 : Les théories classique et néoclassique

Á Fiche 2 : Les théories marxiste et keynésienne

Á Fiche 3 : Le processus de la révolution industrielle

Á Fiche 4 : Les crises du XXe siècle

Á Fiche 5 : Le capitalisme : nature et évolution

Á Fiche 6 : Thèmes, dissertation

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[ Les théories classique et néoclassique

Le XIXe siècle constitue, au niveau de l’histoire de la pensée économique,un siècle d’avancées majeures ; deux grandes théories économiquesvoient en effet le jour : la théorie classique d’une part (I) et la théorienéoclassique d’autre part (II) ; toutes deux forment en réalité le soclede l’analyse économique moderne.

I q La théorie classique

La théorie classique est datée dans le temps, et correspond à la période de larévolution industrielle en Europe ; cependant, cette théorie n’est pas homogène,et il convient de distinguer l’école classique anglaise et l’école classique française.

A. Le contexte économique

Au XVIIIe siècle, l’Europe occidentale connaît de profondes mutations desstructures mentales, techniques et institutionnelles :

– les structures mentales se modifient sous l’influence du libéralisme et del’individualisme : c’est la liberté et l’initiative individuelle qui, en effet, permet-tent d’obtenir ce qui semblait ne pouvoir l’être que par l’autorité de l’État ;

– dans le domaine technique, on assiste à une véritable révolution marquéepar l’emploi de plus en plus important de machines dans les divers secteurs deproduction, par la création des manufactures et par une division du travail quidevient sans cesse plus poussée ;

– une mutation brutale des structures institutionnelles donne de nouvellesbases juridiques qui vont favoriser le développement du capitalisme ; ainsi, lecode civil et le code de commerce apportent-ils deux éléments fondamen-taux pour le développement économique : le principe de la liberté économiqueet le droit de propriété.

De plus, la plupart des économistes de l’époque rejettent toute intervention del’État dans la vie économique.

B. Les grands auteurs de la théorie libérale classique

La théorie classique ne peut être considérée comme un tout ; elle se composeen réalité de différentes écoles, représentées par les économistes Smith, Ricardoet Say.

1. Adam Smith

A. Smith est considéré comme le « père de l’économie politique » en tant quediscipline autonome. Il publie en 1776 son livre « Enquête sur la nature et les causesde la richesse des nations ». Ses contributions portent notamment sur :

– la théorie de la valeur et des prix : Smith adopte une théorie de la valeurtravail : « Le travail est le fondement et l’essence des richesses ». Il distingue la

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valeur d’usage, qui est liée à l’utilité des biens, et la valeur d’échange quiexprime le pouvoir d’acheter d’autres biens ;

– la théorie de la main invisible : pour Smith les hommes sont guidés par larecherche de leur intérêt personnel mais, dans le cadre de la concurrence, lemécanisme des prix conduit chacun à concourir à la satisfaction de l’intérêtgénéral. Le marché est donc autorégulateur ;

– la théorie de la division du travail : à travers l’exemple de la manufactured’épingles, Smith montre que la division du travail permet d’accroître laproductivité ;

– l’intervention de l’État : pour Smith, la prospérité d’une économie supposela paix, des taxes modérées et « une administration tolérable de la justice ».Il est donc favorable à une intervention de l’État limitée aux fonctionsrégaliennes (police, justice, défense, diplomatie) ;

– la théorie du commerce international : Smith se montre favorable à laliberté du commerce international et à une division internationale du travail qu’ilexplique par la théorie des avantages absolus.

2. David Ricardo

D. Ricardo est sans conteste l’auteur majeur de l’École classique. Il publie sonprincipal ouvrage, « Principes de l’économie politique et de l’impôt », en 1817. Deses nombreuses contributions on peut notamment retenir :

– la théorie de la valeur travail : pour Ricardo, « Toutes les marchandises sontle produit du travail et n’auraient aucune valeur dans le travail dépensé à lesproduire » ; la valeur d’échange est liée au travail incorporé dans la marchandisepar l’activité de production ;

– la théorie monétaire : Ricardo considère que la hausse des prix est liée àl’excès d’émission monétaire rendue possible par l’inconvertibilité des billets enor qui avait été instaurée en Grande-Bretagne en 1797 ;

– la théorie du commerce international : généralisant le modèle d’A. Smith,Ricardo propose une justification du libre échange reposant sur la théorie desavantages comparatifs.

3. Jean-Baptiste Say

En tant que vulgarisateur des thèses d’A. Smith, J.-B. Say se sépare de sonmaître, et publie en 1803 « Traité d’économie politique » et en 1817 « Catéchismed’économie politique ». De ses nombreuses analyses on peut notamment retenir :

– la loi des débouchés : pour J.-B. Say, « un produit terminé offre, dès cet instant,un débouché pour la production ». On résume souvent sa thèse en disant quel’offre crée sa propre demande ; par là-même, la monnaie ne joue aucun rôleessentiel dans le système économique, les produits s’échangeant contre desproduits. La loi des débouchés (ou loi de Say) conduit donc à mettre l’accentsur l’offre et à considérer que, dans les conditions de la concurrence, il ne peutpas y avoir de crise générale et durable de surproduction ;

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– l’intervention de l’État : Say est hostile à l’intervention de l’État ; il s’inquièteen particulier des effets négatifs du prélèvement fiscal et des réglementationsou monopoles publics. Cependant, il justifie le financement public de larecherche et de l’éducation par un argument qui préfigure la théorie des effetsexternes : puisque les effets de la recherche et de l’éducation bénéficient à tous,il n’est pas inéquitable de faire participer tous les contribuables à leurfinancement.

II q La théorie néoclassique

Faisant suite, mais également en réaction, à la théorie classique, la théorienéoclassique domine l’analyse économique à la fin du XIXe siècle et au début duXXe siècle ; de nombreuses écoles la constituent.

A. Le contexte économique

Après les révolutions de 1848 en Europe, l’économie politique classique doitaffronter une double contestation :

– celle des milieux conservateurs, qui accusent les théories de Ricardo, enayant associé à chaque facteur de production une classe sociale (la terre à lanoblesse, le capital à la bourgeoisie, et le travail au prolétariat), d’avoir nourriles théories sur la lutte des classes et les excès révolutionnaires ;

– et celle des milieux progressistes aussi, qui accusent ces théories de légitimer,au travers de la défense de la concurrence, le maintien des salaires à un niveauqui assure juste la survie des ouvriers.

Les économistes prennent alors conscience de la nécessité de prolonger l’œuvredes classiques en changeant à la fois leurs méthodes et leur description de la réalitésociale.

Ainsi, le courant néo-classique adopte un socle commun d’idées :

– ce sont des écoles libérales, convaincues de l’efficacité des mécanismes demarché ;

– leur théorie de la valeur est fondée non sur la quantité de travail nécessairepour fabriquer une marchandise, mais sur l’utilité marginale de cettemarchandise ;

– l’introduction de l’analyse à la marge (coût marginal, productivité marginale...)permet à la plupart d’entre elles une utilisation plus poussée des outilsmathématiques ;

– les agents économiques sont supposés rationnels et désireux d’optimiser.

Cependant, si les thèmes de rupture avec les classiques rassemblent les auteursde ce courant, le courant néoclassique est traversé par de nombreuses écoles quidivergent sur l’analyse de la valeur, de l’emploi, de la politique économique et,de façon plus générale, sur l’efficacité des marchés.

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B. Les grands auteurs de la théorie néoclassique

Comme la théorie classique, la théorie néoclassique est le fruit de l’apport d’unensemble d’écoles, parmi lesquelles l’école de Cambridge, l’école de Lausanneet l’école de Vienne.

1. L’école de Cambridge

Stanley Jevons est l’un des fondateurs de l’analyse marginaliste ; il considèreque l’économie est, par nature, une science autant mathématique que l’est laphysique.

Alfred Marshall va plus loin encore et considère que le coût de production etl’utilité contribuent conjointement à la détermination de la valeur desmarchandises. Par ailleurs, il jette les bases de l’économie industrielle ens’intéressant aux effets externes, aux rendements croissants et à la situation demonopole. Il apporte surtout une analyse de l’équilibre partiel, c’est-à-direde la détermination de l’équilibre sur un marché particulier. Par ailleurs, il construitle concept clé d’élasticité.

2. L’école de Lausanne

Léon Walras élabore, au début du XXe siècle, un modèle d’équilibre généralet cherche à démontrer qu’il existe un système de prix relatifs tels que tous lesmarchés interdépendants d’une économie concurrentielle sont simultanément enéquilibre. La fixation du prix sur chaque marché résulte de la confrontation del’offre et de la demande par un commissaire priseur (ou arbitre de marché) quirecherche, par tâtonnement, le prix d’équilibre.

Vilfredo Pareto développe quant à lui la formulation mathématique de l’équilibregénéral et introduit le concept d’optimum. Une situation économique est unoptimum s’il n’est pas possible d’améliorer la situation d’un agent économiquesans dégrader la situation d’un autre agent.

3. L’école de Vienne

Eugen von Bôhm-Bawerk a apporté une contribution décisive à la théorie ducapital. Pour lui, les hommes produisent des biens destinés à satisfaire leursbesoins, ce qui n’est évidemment pas le cas des biens d’équipement. Ces derniersn’ont d’utilité qu’indirecte : ils permettent d’obtenir une plus grande quantité debiens de consommation pour une moindre dépense. Réaliser un investissementnet, et donc accroître le stock de capital, c’est allonger le détour entre l’effortréalisé par l’investisseur (ou l’épargne qu’il réalise) et la satisfaction finale qu’ilobtiendra. La formation du capital est donc liée à l’arbitrage intertemporel ; pourobtenir une satisfaction plus importante dans le futur, il faut réduire sa satisfactiondans l’immédiat afin de produire des biens de production et accroître ainsi le stockde capital.

Friedrich Hayek (prix Nobel 1974) centre sa réflexion sur la monnaie, lescycles économiques, les échanges internationaux et la croissance. Il aapporté également une contribution importante à la philosophie politique. Lethème central de l’œuvre de Hayek est la défense de la régulation par le marché,

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mais il rejette l’hypothèse de la concurrence parfaite. Dans la réalité, l’informationest presque toujours imparfaite et les représentations de chaque individu, quiinflueront sur ses choix, sont marquées par cette imperfection de l’information.Mais c’est de cette imperfection de la circulation de l’information que naît lasupériorité du marché en tant que mode d’organisation sociale. Le marché estefficace parce qu’il permet la meilleure gestion possible de l’information. PourHayek la monnaie n’est pas neutre et une émission excessive de monnaie conduità un allongement injustifié du détour de production (surinvestissement).

₅+ Conseils

e L’histoire de la pensée économique doit constituer un outil de compréhension et d’analysedes phénomènes économiques.

e Les théories de quelques auteurs majeurs doivent être maîtrisées.

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Caractéristiques :– approche macroéconomique– théorie de la valeur travail– priorité donnée à l'offre

Écoles :– école classique anglaise : – A. Smith – D. Ricardo– école classique française : J.B. Say

Caractéristiques :– approche micro-économique– théorie de la valeur utilitéessentiellement– logique de marché etd'équilibre partiel et général

Théorieclassique

Théorie néo-classique

Écoles :– école de Cambridge : S. Jevons etA. Marshall– école de Lausanne : L. Walras etV. Pareto– école de Vienne : E. Böhm-Bawerk et F. Hayek

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[ Les théories marxiste et keynésienne

Les théories classique et néoclassique font l’objet, peu après leurapparition, de critiques radicales ; ainsi, Marx met en évidence lescontradictions du capitalisme (I) et Keynes fait apparaitre les fragilitésstructurelles de l’économie de marché (II).

I q La théorie marxiste

Le développement du capitalisme crée, de manière concomitante, une analysecritique, le marxisme. Au milieu du XIXe siècle, Marx met en effet l’accent surles contradictions du système capitaliste qui crée l’exploitation de l’homme parl’homme et génère des crises successives.

A. Le contexte économique

Le développement du capitalisme a provoqué une grande misère, notammentpour de nombreux artisans et paysans. Les premiers, ruinés par la concurrencedes « fabriques », ont été contraints de travailler dans l’industrie comme ouvriers,avec des salaires dérisoires et des conditions de travail extrêmement pénibles. Lesseconds, attirés par des salaires au début un peu plus élevés que ceux qu’ilspercevaient a la campagne, sont venus vivre dans les nouveaux centres industrielsdans des conditions de logement déplorables. En outre, le chômage s’estdéveloppé, notamment lors des périodes de crises de surproduction. Il en estrésulté une baisse brutale des salaires dans l’industrie et une grande pauvreté dansla population ouvrière. Cette misère, particulièrement importante en Angleterredans la première moitié du XIXe siècle, s’est fortement développée ensuite enFrance.

C’est dans le contexte économique et social de cette grande misère ouvrière ques’est développé, au début du XIXe siècle, le courant socialiste, mouvementidéologique tendant à substituer, en partie ou en totalité, la propriété collectiveou sociale à la propriété privée.

B. La pensée de Marx

Considéré comme le dernier des économistes classiques, Karl Marx (1818-1883)publie un nombre important de livres et d’articles dans de nombreux domaines(économie, histoire, politique, philosophie...). À l’origine d’un mouvementpolitique qui a profondément marqué l’histoire du XXe siècle, la pensée de Marxs’ordonne autour de deux idées principales : la théorie de la valeur etl’exploitation de la force de travail d’une part (1), et la dynamique ducapitalisme d’autre part (2).

1. La théorie de la valeur et l’exploitation de la force de travail

Marx adopte une théorie de la valeur-travail, c’est-à-dire que la valeur d’unemarchandise se mesure par le temps de travail moyen (ou social) nécessaire à

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sa production. Comme les classiques, Marx distingue la valeur d’échange (qui aune base objective) et la valeur d’usage (qui dépend de l’utilité et qui est doncsubjective). Seule la valeur travail peut servir de base à la détermination desrapports d’échange entre les marchandises.

Plus précisément, Marx construit, relativement au travail, plusieurs typologies :

– travail concret/travail abstrait : en tant que le travail produit une choseutile, il est un travail concret ; en tant qu’il crée de la valeur, il est abstrait,c’est-à-dire qu’il correspond à une dépense d’énergie humaine ;

– travail productif/travail improductif : le travail productif par rapport autravail inproductif est celui qui crée de la valeur, de la richesse ;

– travail simple/travail complexe : dans un même laps de temps, un travailnon qualifié (travail simple) crée moins de valeur qu’un travail qualifié (travailcomplexe) ; par conséquent, la dépense d’énergie humaine ne peut pas êtremesurée de la même façon par le temps de travail.

Cette loi de la valeur travail s’applique à toutes les marchandises, y compris àla force de travail qui, dans une économie capitaliste est une marchandise venduepar les travailleurs et achetée par les capitalistes. Comme toute marchandise, laforce de travail a donc une valeur égale à la quantité de travail socialementnécessaire à sa production, c’est-à-dire le temps que requiert la production debiens de subsistance nécessaires à sa reconstitution. Mais si la force de travailest une marchandise parmi les autres, elle n’est pas, pour Marx, une marchandisecomme les autres. En effet, lorsque le capitaliste achète une quantité déterminéede force de travail à son prix de marché (soit v, le capital variable qui correspondà la valeur de la force de travail) et qu’il met en œuvre cette force de travail,l’usage de cette dernière fait naître une valeur additionnelle (la plus-value ousurvaleur, notée habituellement pl). Marx appelle taux de plus value le rapportpl/v.

Cette conception de la production est à la base de l’idée d’exploitation. Untravailleur a une force de travail : une capacité à fournir une quantité de travaildans un temps donné. Pour entretenir cette force, un travailleur doit consommerun panier de biens ; ce panier peut se réduire au minimum physiologique, ou tenircompte de l’environnement géographique et climatique, d’us et de coutumes, etde rapports de forces entre classes sociales ; ainsi, quand un non travailleuraccapare la plus-value produite par un travailleur, le premier exploite le second.

2. La dynamique du capitalisme

La domination d’une classe sociale ne peut cependant être que temporaire. Aufur et à mesure que les techniques évoluent, le système devient de moins en moinsadapté à la situation nouvelle. Les superstructures (les superstructures com-prennent les institutions et l’organisation politique, le régime juridique...), plusrigides, se modifient plus lentement que les infrastructures (la technique, lesmodes de production et d’échanges, les rapports qu’ils déterminent...) : il enrésulte un décalage entre les deux. Pour Marx, l’État, élément de lasuperstructure d’une société de classes, constitue alors l’instrument du pouvoirde la classe dominante qui s’en sert en vue du maintien de ses privilèges. Mais

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des contradictions de plus en plus graves se manifestent et aboutissent à unchangement, souvent violent, du système.

Pour Marx, le capitalisme révèle une opposition grandissante entre les capitalistes,de moins en moins nombreux, et les prolétaires, de plus en plus nombreux.L’accumulation croissante du capital et la baisse tendancielle du taux deprofit, la paupérisation du prolétariat et la sous-consommation ouvrièreprovoquent des crises économiques qui doivent conduire à l’effondrement dusystème.

II q La théorie keynésienne

Dans les années 1930, dans le contexte de la crise économique de 1929,l’économiste anglais Keynes s’oppose aux économistes néoclassiques et montreque l’économie peut connaître une situation d’équilibre durable de sous-emploi,et propose des politiques économiques permettant de résorber le chômage.

A. Le contexte économique

Les économies des pays industrialisés avaient connu depuis le début du XIXe siècleun développement ponctué par des crises plus ou moins graves, mais sanscommune mesure avec la Grande crise, celle de 1929. Inaugurée par le krach deWall Street, la crise s’est caractérisée par une chute de l’activité économique,la baisse des prix et surtout le chômage, estimé à près de 40 millions de personnes.Cette crise sans précédent posait de nouveaux problèmes à la scienceéconomique : comment une chute aussi brutale de la production pouvait-elle seproduire ? Comment expliquer une telle augmentation du chômage et surtoutquels remèdes fallait-il prendre ?

Dans la « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie », Keynes vaapporter des réponses en construisant un schéma global et original d’analyse.

B. La pensée keynésienne

Dans la « Théorie générale », Keynes rompt tout d’abord avec l’analysenéoclassique de ses prédécesseurs (1), puis battit un corpus théorique tout à faitsingulier (2).

1. La réfutation des hypothèses néoclassiques

L’analyse keynésienne comporte une réfutation explicite de multiples hypothèsesde base de la théorie néoclassique, parmi lesquelles :

– le passage de la microéconomie à la macroéconomie : pour comprendrel’évolution d’une variable économique, on ne peut pas additionner lescomportements individuels, comme le font les néoclassiques ;

– la neutralité de la monnaie : pour les néoclassiques, la monnaie est un« voile » qui n’exerce aucune influence sur l’activité économique ; pour Keynes,l’économie ne peut fonctionner comme une économie de troc ;

– l’équilibre par les prix : l’équilibre de tous les marchés est réalisé, pour lesnéoclassiques, grâce aux variations des prix ; Keynes émet deux réserves :

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certains prix sont rigides, et certaines variables, comme l’emploi, ne sont passujettes aux variations de prix.

2. Les fondements de la théorie keynésienne

La théorie keynésienne s’appuie sur trois fondements essentiels :

– une approche essentiellement macroéconomique : dans les sociétésmodernes, l’activité évolue sous l’influence non des acteurs individuels, maisdes groupes sociaux et des comportements collectifs ; ainsi, les donnéesglobales – les agrégats – sont les variables significatives

– la demande effective : à la différence des classiques pour qui c’est l’offre quicrée la demande (loi des débouchés de Say), pour Keynes l’activité dépendessentiellement de la demande effective, c’est-à-dire de la demande anticipéepar les entreprises ; c’est en effet la demande anticipée de biens deconsommation (la consommation) et de biens de production (l’investissement),qui détermine le niveau de la production, donc le niveau de l’emploi

– la monnaie est active : Keynes rejette la loi des débouchés ; il considère quela monnaie n’est pas neutre et qu’elle est demandée pour elle-même. Dès lors,les comportements de thésaurisation peuvent conduire à une insuffisance dela demande adressée à l’économie. Par ailleurs, la monnaie est un pont entrele présent et l’avenir ; elle concerne donc les arbitrages inter temporels d’agentsqui prennent leurs décisions dans l’incertitude.

3. Les apports de la théorie keynésienne

Les apports de Keynes à la pensée et à la politique économique sont nombreux ;on peut citer notamment :

– la notion d’équilibre de sous-emploi : une économie peut être durablementen équilibre de sous-emploi (cela signifie que le revenu qui permet d’égaliserl’offre et la demande globales peut être inférieur au revenu de plein-emploi). Plus précisément, Keynes considère que le chômage ne peut êtrerésorbé par une baisse des salaires, car cette dernière entraînerait unecontraction de la demande et par là-même de l’emploi. Il n’y a donc pas deretour automatique au plein-emploi par la baisse du taux de salaire, et c’estpar une action directe sur la demande globale que doit être recherchée larestauration du plein emploi

– l’intervention de l’État : en période de difficultés économiques, etnotamment de sous-emploi, l’État ne doit pas rester neutre par rapport à ladépression de la conjoncture. La puissance publique doit sortir de ses strictesmissions d’État gendarme et agir sur les diverses grandeurs économiques.L’État peut exercer une action contracyclique en augmentant ses investis-sements (principe du multiplicateur d’investissement) afin d’accroître le revenunational et donc la demande des agents économiques, l’objectif final étant detendre vers la réalisation du plein emploi. Une fois l’équilibre économique etle plein emploi revenus, l’État cesse ses interventions discrétionnaires. PourKeynes, l’interventionnisme étatique est limité aux périodes de dépressionéconomique.

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₅+ Conseils

e La compréhension des théories marxiste et keynésienne suppose maîtrisées les théoriesclassique et néoclassique.

e La macroéconomie exige un changement complet d’analyse par rapport à la microéco-nomie ; à la logique du marché doit être substituée la logique du circuit économique.

e Les théories marxiste et keynésienne ont fait l’objet de multiples actualisations, ainsi quedes synthèses intéressantes.

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Caractéristiques :− théorie de la valeur travail− théorie de l'exploitation de laforce de travail

Analyse de la dynamique ducapitalisme : la recherche du profit conduit à accélérer l'exploitation des salariés, et à entraîner une baissetendancielle du taux de profit.

Caractéristiques :− approche macroéconomique− principe de la demandeeffective− monnaie active

Théoriemarxiste

Théoriekeynésienne

L'insuffisance de la demandeglobale est à l'origine d'unéquilibre de sous-emploi quipeut être combattu parl'intervention de l'État.