Ressorts et enjeux de l'attractivité des territoires du Nord-Pas-de-Calais

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    Observes lchelle de France mtropolitaine, les zonesdemploi du Nord-Pas-de-Calais apparaissent peu attractivespour beaucoup dentre elles tant dun point de vue rsidentiel

    que productif. En particulier, les actifs les plus qualifis migrent

    moins vers le Nord-Pas-de-Calais que vers les autres rgions.

    Seule la zone demploi de Lille se singularise par des arrives

    frquentes de travailleurs haut niveau de comptence mme

    si elles restent bien moindres que dans dautres mtropoles

    telles que Lyon ou Toulouse. Le caractre universitaire de la

    mtropole lilloise, qui gnre une partie des cadres dont a

    besoin son tissu productif, contribue en partie ce phnomne.

    Berck-Montreuil et Flandre-Lys se dtachent, quant elles, par

    leur attractivit rsidentielle de proximit.

    La faibleattractivitduNord-Pas-de-Calais :

    ressorts et enjeux ?

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    Depuis plusieurs dcennies, les diffrentespolitiques publiques territoriales d'amna-gementetde dveloppement conomiqueont modifi l'espace conomiquefranaisen s'efforant d'atteindre un dveloppementquilibrdes diffrentsbassins. Toutefois,

    le poids de l'histoire et de la gographiepersiste, et lesterritoires franais restent trshtrognes quant aux types d'attractivitqu'ils exercent, cette htrognit s'expli-quantnotammentparlefaitquel'attractivitdes uns se fait en partie aux dpens desautres. tudier l'attractivit d'un territoirene peut donc se faire en le considrant seulmaisenl'intgrantauseind'unoudeplusieurssystmes. Cette htrognit tient aussiau faitque, l'image dece que dmontrelathorie de la base la potentielle

    attractivit d'un territoire n'est pas unidi-mensionnelle mais concerne diffrentesthmatiques qui peuvent s'imbriquer.

    UNE ATTRACTIVIT RSIDENTIELLEET PRODUCTIVE

    L'attractivit d'un territoire peut globalementtre dfinie comme sa capacit attirer et retenir desactivits nouvellesetdesfacteursde production, c'est--dire des entrepriseset leurs emplois, mais aussi des populations

    et leurs revenus, qu'il s'agisse de rsidantspermanents ou de touristes. Dans le cadrede cette tude, seule l'attractivit offensive sera examine, c'est dire la capacit d'un

    territoire attirer de nouveauxinvestissements,denouveaux capitauxetdenouveaux revenus.Autrement dit,dansl'analysedu dynamismeglobal desterritoires, seul ce quiprovient del'extrieur duterritoireestprisenconsidrationcomme concernant directement l'attractivit

    des territoires : il s'agit de l'implantationde facteurs de production mobiles et decapitaux (attractivit productive), d'unepart, etd'autre part, desarrivesdepersonnescontribuant capter des revenusfavorisantainsi le dveloppement conomique local(attractivit rsidentielle). Par consquent, lacroissance endogne du territoire ou l'attrac-tivit plus dfensivequiquestionnelacapacit supporterleschocsconomiques neserontpasabords(Pourensavoirplus surlacapacitdes territoires du Nord-Pas-de-Calais sur-

    monter la rcession conomique consulterles Pages de Profils N 66 et 71 sur Insee.fr).

    HLIOTROPISME, TERTIARISATION,MTROPOLISATION : TROISPHNOMNES AU CUR DEL'ATTRACTIVIT

    L'attractivit d'un territoire peut s'expliqueren partie par son positionnement au seinde grands phnomnes structurant l'en-semble du territoire national, phnomnes

    contribuant, chacun des degrs plus oumoins forts, l'importance des sphresproductive et rsidentielle.

    Le principal phnomne structurant en

    matire de migrations est la polarisation

    gographique des flux migratoires. L'h-

    liotropisme conduit quasiment tous les

    dpartementsausudd'une ligne entre l'Ain

    et la Charente-Maritime tre bnficiaires

    au jeudesmigrationsrsidentielles .Renforantou limitant l'effetde l'hliotro-

    pisme, l'haliotropisme concerne le nord

    commelesudetconduitunattraitpourles

    zones du littoral. Ce cadre national conduit

    unepremirelimite pour lesterritoires du

    Nord-Pas-de-Calais dont le positionnement

    septentrional constitue un frein considrable

    leur attractivit. La sphre rsidentielle

    n'estpas laseule ptir decepositionnement.

    En effet, lessphresrsidentielleet productive

    ne sont pas entirement indpendantesetinteragissent:lechoixdulieudetravailest

    un arbitrage entre des considrations lies

    au march du travail et des considrations

    lies au cadre de vie, y compris pour les

    travailleurs indpendants.

    Ce dficit migratoire li des entres peufrquentes en Nord-Pas-de-Calais est cepen-dant relativiser en termes de flux bruts.Certes, lesentressont rarescomptetenu dela population rgionale ; reste nanmoins

    qu'entre 2001 et 2006, plus de 100 000personnes se sont installes dans le Nordcontre prs de 35 000 dans le Tarn oul'Ardche ou 14 000 en Haute-Corse qui

    Encadr 1 : LA THORIE DE LA BASE ET L'ATTRACTIVIT AU SENS DE L'TUDE

    Cette tude apprhende l'attractivit des territoires travers le prisme de l'attractivit rsidentielle et productive. Ces analyses peuventdonc tre mises en regard de lathorie de la base. Cette dernire est formule initialement par le sociologue allemand WernerSombart en 1916 puis ft reprisede nombreuses fois notamment, la findes annes 1990,par Loez Laurent et Laurent Davezies. Cesderniers redfinissent alors la base conomique comme tant la somme des revenus disponibles sur un territoire capts l'extrieurde ce territoire. Ces revenus sont des moteurs exognes d'une conomie localequi entranent sa dynamique endogne. La thorie

    de la base prend en compte 4 bases ou sources de captation de revenus :

    - L'emploi public qui concerne les salaires des 3 fonctions publiques,

    - Le social qui regroupe toutes les prestations sociales et sanitaires,

    - La base productivequi dsigne la capacit qu'ont les entreprises d'un territoire aller vendre leurs produits au del desfrontires du territoire : revenus du capital et du travail lis la vente l'extrieur de biens et de services produits l'intrieurdu territoire,

    - Labase rsidentielle quidsigne lesrevenus entrant sans lien avec la production et du fait de l'offre rsidentielle locale. Cesrevenus peuvent provenir des rsidants travaillant hors de la zone, des retraits ou des touristes.

    Par ailleurs, Davezies a soulign l'importance de la base rsidentielle en montrant le dcouplage entre cration de valeur ajoute et

    cration d'emploi, d'une part, et entre cration d'emploi et cration de revenus, d'autre part. En effet, le dveloppement conomiqued'un territoire ne dpend pas forcment de sa productivit ou de sa capacit de production, il peut aussi tre fond sur sa capacitd'attractionde populations richesdpensantleursrevenus localement. De plus, sa thorie s'appuie surle dcouplage entre lieux deproduction et lieux de consommation favoriss notamment par certains phnomnes macroconomiques comme la rduction dutemps de travail ou le dveloppement technologique (TGV, TIC).

    Seules les bases productives et rsidentielles sont prises en compte dans l'tude.

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    fonttouspartiedesdpartementslesplusbnficiairesunefoistenucomptedeleurpopulation.

    L'histoire conomique et sociale du paysprsente galement de grandes tendances

    qui affectent diffrents degrs l'volutionconomique et sociale des territoires. Enparticulier, dsindustrialisationet tertiari-sation dterminentle positionnement d'unterritoire en termes d'conomie prsentielleou non prsentielle. L'conomie prsentielleapporte de la stabilit aux territoires carelle concerne des biens et services nondlocalisables, moins sensibles aux chocsconjoncturels. Ainsi, le pass industriel dela rgion a dsormais laiss la place unemosaque de territoires : certains comme

    Valenciennes et Dunkerque ont conservleur spcialisation industrielle, d'autres sesont tertiariss dans des activits hautniveau de comptence (Lille), dans desservicesmarchands niveau de qualificationplus faible (Lens) ou dans des activits dela sphre prsentielle (Montreuil).

    Prolongement de la tertiarisation, la placeventuelle d'un territoire dans lephnomnede mtropolisation conditionne aussi pourpartie son attractivit. La mtropolisation

    organise le territoire autour de ses villescapitales. Le tissu priurbain s'tend etrelie les principales agglomrations par untroit maillage d'infrastructures routireset ferroviaires. La mtropolisation peut secaractriser, d'une part, par une concen-tration des activits dans les grandesvilles notamment les fonctions dcisionnelleset les activits forte valeur ajoutecomme les fonctions tertiaires suprieures(la conception-recherche ou les prestations

    intellectuelles) ; d'autre part, par le red-ploiement des activits consommatricesd'espace (loisirs, commerce, industrie) enpriphrie oudans desplessecondaires.Lephnomne de mtropolisation se traduitpar une spcialisation et une interdpen-dance des territoires, particulirement parrapportaux marchsdutravail etdel'habitatavec le dveloppement des migrationsrsidentielles et alternantes. Cette spcia-lisation conduit ainsi un dficit migratoireimportant des villes centres, attractives

    pour les classes d'ge les plus jeunes maisfortement dficitaires pour les famillesqui optent pour les espaces priphriquesmoins urbaniss. La mtropolisation estau cur de la dynamique et de l'attractivitlilloise. D'autres territoires comme ceux de

    l'ancien bassin minier amorcent uneintgration mtropolitaine dont l'ampleuret les consquences restent apprcier.

    LA MAJORIT DES ZONES D'EMPLOIDE LA RGION GLOBALEMENT PEUATTRACTIVES

    Les zones d'emploi de France mtropolitaineet en particulier du Nord-Pas-de-Calaispeuvent tre regroupes en 8 classes

    selon le type d'attractivitqu'elles exercent la fin des annes 2000

    .

    Classe1 : zonesd'emploidefaibleattractivitproductive et rsidentielle. Ces territoires

    sont majoritairement situs dansle Nord-estde la France orientation industrielle. Laplupart des zones d'emplois du Nord-Pas-de-Calaisappartiennent cetteclasse

    Carte 2 : TYPOLOGIE DES ZONES D'EMPLOI DE FRANCE MTROPOLITAINESELON LEUR TYPE D'ATTRACTIVIT LA FIN DES ANNES 2000

    Source : Insee.

    Carte 1 : MIGRATIONS RSIDENTIELLES SUR 5 ANS : 2003-2008TAUX ANNUEL DE MIGRATION NETTE

    Source : Recensement de population 2008 - Exploitation complmentaire (Insee).

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    et notamment celles du bassin minier etdunorddulittoral,aummetitrequedesvilles moyennes comme,ailleursen France,Charleville-Mzires,Troyes, Chlons-en-Champagne En particulier, les zonesd'emploi de Calais, Boulogne-sur-Mer et

    Dunkerque sont les seules du littoralfranais avec une faible attractivit

    productive et rsidentielle. Ces espacesdu Nord-Pas-de-Calais prsentent un tauxsuprieur la moyenne nationales'agissantdescrations d'emploi nonprsentiel pardestablissements contrls par un centrede dcision extrieur (par exemple par

    un groupe tranger). Ceci signale uneforme spcifique d'attractivit productive,

    tourne vers les investissements de typeindustriel, mais peu gnratrice d'emploisqualifis comptences rares, en particulierd'emplois de type conception-recherche.

    Classe2 : zonesd'emploi faibleattractivit

    productive et attractivit rsidentiellemoyenne. Une partie importante de ces

    Encadr 2 : ANALYSE EN COMPOSANTES PRINCIPALES ET TYPOLOGIEDES ZONES DEMPLOI DE FRANCE EN TERMES DATTRACTIVIT

    La prise en compte simultane desdeux dimensions de lattractivit desterritoires peut se raliser partirdes valeurs prises pardesindicateursviaune analyse en composantes principales et une typologie. Les variables retenues sont :

    - pour lattractivit rsidentielle :

    le taux dentre de retraits,

    la part de lemploi touristique dans lemploi salari total, le taux dentre dactifs travaillant en dehors de la zone demploi.

    - pour lattractivit productive :

    le taux dentre de travailleurs comptences rares,

    le taux dentre de travailleurs indpendants,

    le taux de cration demplois de la sphre non prsentielle dans un tablissement contrl par un centre de dcisionextrieur.

    Lanalyse en composantes principales fait ainsi ressortir trois principaux axes :

    - le premier (graphique 1) oppose les zones demploi forte attractivit pour les retraits et les touristes (du type Royan,Honfleur ou Porto-Vecchio au niveau national, et Berck-Montreuil en Nord-Pas-de-Calais mais un niveau bien moindre) celles o les crations demplois sont leves et dans une moindre mesure o les arrives dactifs qualifis sont nombreuses( limage de Saclay au niveau national et Lille en Nord-Pas-de-Calais) ;

    - le deuxime axe isole les zones demploi forte attractivit pour les actifs travaillant hors zone (Saint-Quentin-en-Yvelines,Coulommiers ou la Flandre-Lys) ;

    - le troisime axe isole principalement les zones demploi forte attractivit pour les actifs qualifis (Cannes, Paris au niveaunational, Lille en Nord-Pas-de-Calais). Au niveau rgional, Bthune-Bruay, Lens-Hnin, Cambrai et Douai sont les zonesdemplois les moins attractives sur cet axe.

    Graphique 1 : Coordonnes des zones demploi du Nord-Pas-de-Calais dans lAnalyse en composantes principales nationalede lattractivit

    Graphique : ZONE D'EMPLOI DU NORD-PAS-DE-CALAIS

    AXES 1 ET 2

    Source : Insee.

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    zones d'emploi est localise l'ouest horsdes zones littorales et au centre du pays etsont pluttattractivespour lesretraits etles salaris hors zones.

    Classe3:zonesd'emploifaibleattractivit

    productive et attractivit rsidentielleplus forte. La majorit de ces territoiressontsitusdanslamoitisuddelaFrance.Dans les rgions les plus au sud, il s'agit, leplus souvent, de zones d'emploi lies desvilles moyennes : Bergerac,Prigueux, Agen,Tarbes, Montauban, Carcassonne, Alsmaisaussi deplusgrandes villes : Perpignanet Toulon. Dans cette classe, on trouvegalementdeszonesd'emploidevillesmoyen-nes de Bretagne. En Nord-Pas-de-Calais,Berck-Montreuil, du fait de son tourisme

    et des arrives de retraits, et Flandre-Lys,grce aux arrives d'actifs travaillant LilleouDunkerque, appartiennent cetteclasse.

    Classe 4 : Zones d'emploi trs forteattractivit rsidentielle (tourisme, retraits) :Elles sont concentres dans les Alpes dufaitdutourismeoudansleszoneslittorales(Honfleur,Challans, Royan,LesSables-d'Olonne,Cret, Agde-Pzenas, Frjus-Saint-Raphal)o s'ajoute l'attractivit pour les retraits.

    Classe 5 : Zones d'emploi attractivitproductive pourlesemploisnonprsentielset les salaris travaillant hors zone. Leszones concernes se situent proximitdes zones d'emploi de grandes villescomme Paris, Rennes, Nantes, Montpellier,Lyon, Grenoble, Aix-en-Provence, Nancy,Dijon. Leur situation en priphrie d'ungrand ple les conduit une attractivit

    rsidentielle mais elles profitent galementde la dynamique conomique de la grandeville voisine.

    Classe 6 : Zones d'emploi productives.Cette classe regroupe une cinquantaine

    de zones d'emplois principalement dansla partie nord du territoire, centres autourde villes moyennes grandes telles queLille, Strasbourg, Reims, Le Havre, Rouen,Tours,Orlans,Nancy.Letauxdecrationd'emplois non prsentiels par desdcideursextrieurs et le tauxd'entred'actifsqualifissont suprieurs la moyenne de Francemtropolitaine mais en de desplusgrandesmtropoles. L'attractivit rsidentielle y esten revanche beaucoup plus limite.

    Classe 7 : Zones d'emploi attractivitproductive avec trs forte attractivitpour les qualifis. Cette classe regroupe14 grandes mtropoles particulirementattractives pour les actifs qualifis. OutreParis, elle intgre des ples tels que Lyon,Marseille, Toulouse, Grenoble, Rennes. Lazone deLille,comparableparsonimportanceconomique et dmographique, ne s'inscritpas dans ce groupe, du fait d'installationsd'actifs qualifis moindres qu'ailleurs.

    Classe8 : Zonesd'emploi forteattractivitproductive et pourles salaris travaillanthorszone.Cetteclasseisole13zonesd'emploiayant les mmes caractristiques que laclasse 5 mais o l'attractivit rsidentielleest encore plus forte, parmi les plus fortesde France pour les actifs travaillant horszone. Sur les 13 zones de cette classe, 7sont situes en le-de-France, proximit

    immdiate de la zone d'emploi de Paris.Lesautres zonesde la classesont contigusaux zones d'emploi des villes du Mans, deTours,deLyonetdeGrenobleoudeNmes.

    Afind'observer les dynamiquesterritoriales

    l'uvreaucoursdeladcenniedesannes2000, la mmetypologieralise la findesannes1990 illustrel'inertiedesphnomneslis l'attractivit au fil du temps : au niveaunational, 62 % des zones d'emploi n'ontpas chang de classe. Une des principalesmtamorphoses est la diminution en unedizaine d'annes des zones d'emploi extr-mementattractivespour le tourisme et lesretraits. Leur nombre a presque t divispar deux et cela concerne autant le sud-estque le littoral ouest. Ensuite, seulement

    56 % des zones anciennement productivesle sont restes. Pour les 44 % restants, lestrajectoires sont trs contrastes : certainessont devenues peuattractives (Metz), d'autres,sur le littoral, se sont rsidentialises. Enfin,seule, la zone d'emploi de Pau, a renforcson attractivit pour les actifs qualifis etintgre la classe des grandes mtropoles.

    EnNord-Pas-de-Calais , lazoned'emploideSaint-Omeravolu enperdantune partie de son attractivit rsidentielle.

    Autrefois associe la Flandre-Lys etBerck-Montreuil, elle est dsormais dansle groupe des peu attractifs. A l'inverse, laspcialisation rsidentielle de ces deuxdernires s'est renforce.

    La plupart des zones d'emploi du Nord-Pas-de-Calais sont classes comme peuattractives, tant du point de vue productif

    Cartes 3a et 3b : TYPOLOGIES DES ZONES D'EMPLOI DE FRANCE MTROPOLITAINE SELONLEUR TYPE D'ATTRACTIVIT - ZOOM SUR LE NORD-PAS-DE-CALAIS FIN 1990 ET FIN 2000

    Source : Insee.

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    que rsidentiel, au regard de l'ensemble deszones d'emploi de France mtropolitaine.Cependant, elles prsentent desspcificitsnon perceptibles dans une vision nationalemaisvisiblesdansuneanalysede composantesplus spcifiques de l'attractivit.

    SEUL BERCK-MONTREUIL BNFICIEDE L'ATTRACTIVIT HALIOTROPIQUE

    Comme vu prcdemment, les polarisationsgographiques qui structurent une partiedes flux de personnes et de richesses, auniveau national, limitent de fait l'attractivitpotentielle de la rgion sur de nombreusesthmatiques notamment rsidentielles tellesqueletourismeoulacapacitfairevenirdesretraits . Lasituationgographique

    rgionale expliqueaussi la faible attractivitdes zones d'emploi du Nord-Pas-de-Calaispour lestravailleurs indpendants, pour deuxraisons : d'une part, du fait de leur activit,ces derniersse dirigent prioritairement versles territoires o la croissance dmogra-phiqueet lesflux migratoires sont lesplusfavorables ; d'autre part, en tant qu'indivi-dus, indpendamment de considrationsconomiques, ils sont galement soumis l'attractivit du sud et des zones littoralesqui influencent l'ensemble des individus.

    Sur ces thmatiques, dans la rgion, seulela zone d'emploi de Berck-Montreuil sembletirer son pingle du jeu profitant de soncadre gographique.

    Eneffet,cettezoned'emploiestparticulirementattractive pour les touristes et les retraits :3 400 retraits y ont dmnag entre 2002et 2007. Berck se situe au mme niveaupour les entres de retraits que des zonesd'emploi comme Lannion ou Draguignan.La plupart des retraits sont issus de largion (76 %) et pour 64 % d'entre eux, ilsproviennent d'une autre zone d'emploidelargion. Ils'agitdoncdefluxdeproximitcompars auxzonesd'emploide Guingampou Narbonne dont respectivement 70 % et53% d'entre euxhabitaient hors delargioncinq ans plus tt.

    L'attractivit touristique, en retrait enNord-Pas-de-Calais,constitueundfireleverpourles politiques publiques rgionales et

    locales. La stratgie retenue dans la politiquetouristiquevisemieuxfaireconnatrelesatoutsetsitesduNord-Pas-de-Calais.Largionprsente en effetde nombreux attraitscommeles sites naturels du littoral, le tourisme deproximit travers desparcsnaturelscomme

    en Avesnois... Les villes de la rgion sont trsriches en patrimoine malgr lesdestructionsde la Rvolution et des guerres. Ainsi, plu-sieurs villes du Nord-Pas-de-Calais sontclasses villes d'art et d'histoire (Arras,Cambrai, Lille, Roubaix, Saint-Omer). Des

    initiatives rcentes continuent de valoriserl'attrait touristique de la rgion comme lechoix de Lille comme capitale europennede la culture en 2004, la candidature dubassin minier une inscription sur la listedu Patrimoine mondial de l'UNESCO oul'ouverture d'une antenne du muse duLouvreLensen2012.Lessjoursauseindela rgion sont, plus qu'en moyenne natio-nale, relatifs des raisons professionnelles

    surtout dans le Nord et des revenusimportantssontgalementgnrsparlecommerce transfrontalier.

    UNEATTRACTIVIT MODESTE POUR LESFONCTIONS MTROPOLITAINES LILLE

    Les phnomnes lis la mtropolisationparticipent une concentration des fonc-tions mtropolitaines suprieures dans lesplus grands ples dcisionnaires, univer-sitaires et de recherchecomme Paris, Lyon,Grenoble, Toulouse, Bordeaux, Nantes,Rennes... Ainsi, pourlesemplois comptencesrares , seule lamtropole lilloiseest attractive en Nord-Pas-de-Calais. De

    Carte 4 : TAUX D'ENTRE DE RETRAITS 2008

    CARTS AU TAUX MOYEN

    Source : recensement.

    Carte 5 : TAUX D'ARRIVE D'ACTIFS QUALIFIS 2008CARTS LA MOYENNE

    Source : recensement.

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    mme, pour les professions librales, sil'attractivit de Lille reste modeste, elle l'estmoins que pour l'ensemble des travailleursindpendants, soulignant ainsi le rle duphnomne mtropolitain sur ce territoire.Lesentres de travailleurs comptences

    rares sont galement plus leves Roubaix-Tourcoing, proche de Lille et intgrepour partie sa dynamique mtropolitaine,que dans le reste de la rgion. La zoned'emploi de Lille prsente nanmoins destaux d'entres trs infrieurs ceux cons-tats dans les autres grandes mtropoles,expliquant ainsi qu'elle ne soit pas dans lamme classe dans la typologie.

    Cette faible attractivit pour les actifs comptence rare sur la zone d'emploi de

    Lille est cependant relativiser dans lamesure o ces comptences y sont djbien implantes. En effet, Lille se classeencinquimeposition desaires urbaines mtro-politaines de France en termes d'emploisdes cadres des fonctions mtropolitainesderrire Paris, Lyon, Toulouse et Marseille.Laforte prsencedesactifs lesplusqualifisdans la zone de Lille malgr son attracti-vit limite pour cette population tient sacapacitformatricedeparla prsencedeplusieurs universits, d'coles de commerce

    et d'ingnieur.

    Par ailleurs, l'implantation de 6 ples decomptitivit en Nord-Pas-de-Calais, dontI-Trans ple vocation mondiale, est ga-lement un lment favorable l'attractivitrgionalepour lesactifsqualifis.En parti-culier, trois se situent dans la zone d'emploililloise : Up-Texdans le textile, MAUD dansla chimie et Nutrition - Sant - Longvit dansles biotechnologies.

    DENOMBREUXEMPLOISCRS PARDESCENTRES DE DCISION EXTRIEURS

    La mtropolisation en Nord-Pas-de-Calaisconduit un renforcement de la spcialisa-tion sectorielle desterritoires priphriques Lilleetcontribuegalement leur attractivit.Cette spcialisation peut tre productiveet se traduit alors par la propension duterritoire crer desemploiset notammentdesemplois dans destablissements con-

    trls par un centre de dcision extrieur.Au niveaunational, cescrations d'emplois,sont souvent leves l o perdure unespcialisation industrielle (Nord, Lorraine,Picardie, Rhne-Alpes, Haute-Normandie), carl'emploiindustriel estsouventlefait degrands

    tablissements. Les taux sont galementlevs dans les grands ples conomiques(Marseille, Grenoble, Toulouse, Rennes, Nantes,Bordeaux) et l'le-de-France.

    La vocationhistorique industrielle rgionale,

    malgr le mouvement important de tertiari-sation, explique en partiequele dynamismedes crations d'emplois dcides par uncentrede dcision extrieur dans la plupartdes zones d'emploi de la rgion .En particulier, celles de Calais, Boulogne,Lille,Roubaix,Lens,ArrasouValenciennesprsentent destauxlargementsuprieurs la moyenne nationale. Il est toutefois noter que des territoires comme Lens ouLille ont connu une tertiarisation acclrede leur conomie et quecette tertiarisation

    n'a pas conduit une perte d'attractivitcontrairement d'autres territoires au passindustriel. En effet, par rapport au dbutdesannes 2000, certaines zones d'emploisen Lorraine ou en Picardie ont subi unebaisse deleur capacit gnrer des emploiscrs par un centre de dcision extrieurtandis que de grands ples comme Lyon,Grenoble, Nancy ou Poitiers voient leur tauxde cration d'emploi s'amliorer nettement.

    La capacitd'attractiond'unterritoire, quant l'implantation des entreprises, dpend dediversfacteurstels quele niveaud'urbani-sation, la prsence d'une main d'uvrequalifieou une bonne accessibilit selondiffrents modes. Dans ce cadre, le rseauimportant de ples urbains dans la rgion,lepleuniversitairelillois,voire Valenciennois,

    le positionnement central de la rgion aucur de l'Europe et le maillage rgionalen autoroutes, voies de chemin de fer, ...reprsentent des atouts importants pour leNord-Pas-de-Calais. Cesatouts sontvalorisspar de nombreuses politiques publiques

    rgionales, notamment celles ressortissantau transport. Le futur canal Seine NordEurope reliera, l'horizon 2020, l'Oise(Compigne) et le canal Dunkerque- Escaut(Cambrai) et permettra le transport de mar-chandises surl'un descorridorsde transit lesplus emprunts d'Europe.Autre exemple : laplateformemultimodale de Dourges(Delta3)qui offre auxcommunauts d'agglomrationsdeLens-Livinetd'Hnin-Carvinunepositionlogistique trs favorable. Enfin, Nord FranceeXperts(NFX), agence de dveloppement

    conomique,mne unepolitique rgionalede promotion, de prospection et d'accueildes investissements internationalementmobiles.

    LA FLANDRE INTRIEURE : UNEEXCEPTION D'ATTRACTIVIT DEPROXIMIT EN NORD-PAS-DE-CALAIS

    Enfin, la spcialisation des territoires ausein d'une mtropole peut tre de typersidentiel : cette attractivit n'est alors plus

    nationalemais concerne desfluxdeproximit,de type priurbain. Cesmobilitsentre zonesd'emploi limitrophes traduisent ce phno-mne : les mnages quittent les grandsples conomiques pour desespaces moinsurbaniss o le prixde l'immobilier est moinslev tout en conservant leur emploidans leple. Ce phnomne concerne tous lesples

    7

    Carte 6 : CART LA MOYENNE DU TAUX DE CRATION D'EMPLOIS 2007-2009ENSEMBLE DU CHAMP

    Source : recensement.

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    d'emploi importants (Paris, Lyon, Marseille,Bordeaux, Rennes, Lille) et bnficie auxterritoires rsidentiels proximit .

    Ce modle mtropolitain ne se retrouvepas en Nord-Pas-de-Calais dans le cas desterritoires jouxtant l'agglomration lilloiseexcept pour la Flandre-Lys. En effet, cettezoned'emploiest caractristiqued'unterri-toire vocation rsidentielle avec un tauxd'entred'actifsbiensuprieur la moyennenationale. C'est le cas galement dans unemoindremesuredansles autreszonesd'emploiproches de Lille (Douai, Bthune-Bruay,Roubaix-Tourcoinget Artois-ternois).Nan-

    moins, l'attractivit des zones priphriquesaux autres grands ples franais (Lyon,Toulouse, Bordeaux, Marseille) est souventplus forte. Cela tient au fonctionnementparticulier du phnomne mtropolitainautour de Lille : la polarisation y est moinsprononce qu'ailleurs. En effet, plusieursples conomiques proches coexistent(Lille, Valenciennes, Lens, Douai,).De cefait, tous les territoires, l'exception de la

    Flandre-Lys, jouent la fois un rle rsidentielet productif. Ce fonctionnement multipolaireconduit donc une moindre spcialisationfonctionnelle des zones d'emplois autourde Lille, expliquantainsi la sous-reprsen-tationdesterritoires vocation purementrsidentielle.

    PRENNIT DES MOUVEMENTS DEPRIURBANISATION ET POLITIQUESPUBLIQUES

    L'attractivit rsidentielle constitueun enjeupour de nombreuses politiques publiques.Il semble que les leviers l'attractivit de

    longue distance soient peu nombreuxtant l'hliotropisme joue un rle majeurdanslapolarisationdesterritoiresauniveaunational.Le dynamismeconomique apparatcommeun critre favorablemais l'ampleurlimite comme en tmoigne les soldestrs positifs du Languedoc-Roussillon malgrson march de l'emploi dgrad et desdifficults sociales relativement frquentes. l'inverse, les politiques d'attractivit locale,

    l'chellergionaleoud'unsystmemtropo-litain, sont plus nombreuses. Elles relventen premier lieu des Schmas de Cohrence

    Territoriale (Scot). Ces derniers mettenten uvre despolitiques d'habitat, d'urba-nisme, visant en gnral accrotre cetteattractivit. Pourtant, les flux de courtedistance fonctionnant en circuit ferm,tous les territoires d'une rgion ne peuventaccrotre leur attractivit qu'aux dpensdes autres d'o la question de la mise encohrence de ces politiques d'attractivit.De plus, une attractivit purement rsiden-tielle peut tre la source de nuisances,notamment environnementales : d'unepart,

    elle favorise l'talement urbain, d'autrepart, l'loignement entre rsidenceet travailgnre des missions degaz effet deserre.C'est dans ce cadre que s'inscrit la DirectiveRgionale d'Amnagement sur la Maitrisede la Priurbanisation visant notamment limiter l'accroissement des migrationsalternantesenredensifiantlescentresvilles.

    C'est l une des limites des mesures del'attractivit un niveau territorial fin : laprsence de territoires trs attractifs d'un

    point de vue rsidentiel, en particulier pourlesactifstravaillanthorszone,neprofitepasd'une maniremacroscopique l'ensembled'un territoire plus large, par exemple largion,maiselles'intgredansunmouvementde spcialisation interne un systme.Par consquent, la prsence d'un nombreimportant ou limit de territoires attractifsautour d'une agglomration dcrit plus ledegr de spcialisation fonctionnelle decesterritoiresetdonc sescontrastes internes

    que son attractivit globale. Or cette sp-cialisation fonctionnelle, si elle peut crerdes synergies dans le domaine productif,peuts'avrerproblmatique dansla sphrersidentielle.

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    Carte 7 : TAUX D'ENTRE D'ACTIFS TRAVAILLANT HORS ZONE 2007-2009DNOMINATEUR : POPULATION TOTALE

    Source : DADS.