REPENSER LE REBOISEMENT · croissance de l’arbre, ... (horizontale et verticale) ... urbaine, il...

29
REPENSER LE REBOISEMENT GUIDE STRATÉGIQUE POUR L’AUGMENTATION DE LA CANOPÉE ET DE LA RÉSILIENCE DE LA FORÊT URBAINE DE LA RÉGION MÉTROPOLITAINE DE MONTRÉAL - OCTOBRE 2016 - En collaboration avec le comité reboisement de la Communauté métropolitaine de Montréal Sous la direction du

Transcript of REPENSER LE REBOISEMENT · croissance de l’arbre, ... (horizontale et verticale) ... urbaine, il...

REPENSER LE REBOISEMENTGUIDE STRATÉGIQUE POUR L’AUGMENTATION DE LA CANOPÉE ET DE LA RÉSILIENCE DE LA FORÊT URBAINE DE LA RÉGION MÉTROPOLITAINE DE

MONTRÉAL

- OCTOBRE 2016 -

En collaboration avec le comité reboisement de la Communauté métropolitaine de Montréal

Sous la direction du

AUTEURAlain Paquette, Centre d’étude de la forêt, Chaire Hydro-Québec / CRSNG sur le contrôle de la

croissance de l’arbre, Université du Québec à Montréal

DIRECTIONCornelia Garbe, Jour de la Terre

COMITÉ RÉVISEURJim Routier, Communauté métropolitaine de Montréal

Daniel Boyer, Ville de LavalCaroline Bisson, Ville de Carignan

Karine Lehoux, Nature Action QuébecMarc Léger, Ville de Terrebonne

Hafid Amrane, Ministère des Forêts, de la Faune et des ParcsChristian Messier, Université du Québec en Outaouais, Institut des Sciences de la Forêt tempérée

POUR CITATION Paquette, Alain, 2016, Augmentation de la canopée et de la résilience de la forêt urbaine de la région

métropolitaine de Montréal. Sous la direction de Cornelia Garbe, Jour de la Terre, et du Comité de reboisement de la CMM. Montréal, Octobre 2016.

PRÉAMBULE 4RÉSUMÉ EXÉCUTIF 51. INTRODUCTION 72. LE MILIEU URBAIN ET SES PARTICULARITÉS POUR LA PLANTATION D’ARBRES 9

2.1. Unmilieudifficilepourlacroissancedesarbres 92.2. Unmilieumoinsdiversifiéqu’iln’yparait 102.3. Anticiperleschangementsfuturs 11

3. STRATÉGIES DE REBOISEMENT 133.1. Unaménagementversunenouvellediversité 133.2. Augmenterladiversitéverticale 143.3. Augmenterladiversitégénétique 153.4. Créerdenouvellesrelationsaveclespépinières 153.5. Privilégierlesarbresàgranddéploiement 15

4. CONSEILS OPÉRATIONNELS 174.1. Changerlespatronsdeplantation 174.2. Planterdesarbresdepluspetitcalibre 174.3 Planifieruncontrôledelavégétation 184.4 Pratiquerdestaillesdeformations 19

5. COMMENT APPLIQUER L’APPROCHE DE LA DIVERSITÉ FONCTIONNELLE 205.1. Lesgroupesfonctionnels–simplesetfacilesd’application 205.2. Démarche 20

6. CONCLUSION 227. BIBLIOGRAPHIE 23ANNEXEA–Cartesdepriorisation 24ANNEXEB–Référencesetautresressourcespratiques 25ANNEXEC–Lacréationdesgroupesfonctionnels 27

TABLE DES MATIÈRES

PRÉAMBULELeprésentdocumentestundocumentduJourdelaTerrefaitencollaborationaveclecomitéreboisementdelaCommunautémétropolitainedeMontréal.

Le Jour de la Terre compte parmi ses activités originales la plantationd’arbresdansl’ensembledelaprovinceduQuébec.Poursoulignerle375eanniversairedeMontréal,leJourdelaTerreamisenplaceunambitieuxprogrammedeplantation,375000arbres,afindeplanter375000arbressurleterritoireduGrandMontréaletlaisserunlegsquiauraunimpactmajeursurlaqualitédeviedelacommunauté.LeJourdelaTerrecoordonneleprojetavecl’appuidelaFondationDavidSuzuki,delaFondationCowboysFringants, de laCompagnie LarivéeCabotChampagneen collaborationavecQuébecoretlesoutienfinancierdugouvernementduQuébec.

Améliorerlaconnectivitédeshabitatsetsoutenirlacréationd’uneceintureverte autour deMontréal sont les principalesmotivations du Jour de laTerredansseseffortsdereboisement.Ainsi,lacréationdeceguideestlerefletd’uneexpertiseuniqueacquiseparleJourdelaTerreetlesrécentesavancées scientifiques.Aujourd’hui, ceguideestmisà la dispositiondetousafindecréerdesforêtsenmeilleuresanté,mieuxconnectéesetplusrésilientes,faceauxstressactuelsetàvenir.

4 | REPENSER LE REBOISEMENT

| REPENSER LE REBOISEMENT

Nous vivons dans un temps de grands changements. Avec leschangements globaux (surtout les changements climatiques), lesconditionsdeviedetouslesêtresvivantssontsouventdégradées.Lesarbres de nosmilieux urbains, déjà confrontés à demultiples stress,seront davantage mis en danger par les changements climatiques,l’étalementurbainoudespestesetmaladiesexotiquespourennommerquelquesexemples.Pourtant,ilexisteuneétroiterelationentrelasantéhumaine et la forêt urbaine.Ce sont les infrastructures végétales quisont connues parmi les structures les plus performantes pour fournird’amplesservicesàlasociété–autantauniveaudel’économiequedubien-être(ycomprislasanté)descitadins.Ainsi,ilaétédémontréquela récenteperted’arbresdueà l’agriledu frêneaugmente lamortalitéparmidescitadinsaméricainssurtoutàcausedesmaladiesrespiratoiresetcardio-vasculaires.PourunevilledelatailledeMontréal(population1,9M)cettemortalitéadditionnelles’élèveraitàplusde1000individusparannée,sixansaprèsl’arrivéedel’insecte(Donovanetal.2013).Auniveauéconomiqueparexemple,lesarbresdeMontréalferaientsauver16M$àlavilleenréduisantlessurverses(AlexanderetDePratto2014).Il estévidentquenousavonsbesoindepréparernos forêtsurbainesauxchangementsà venir de façonà cequ’ellespuissentpersisteretcontinuer à fournir et augmenter les services rendus face à un futurincertain.

Or, cela implique des approches différentes du présent. Unecaractéristiqueimportantedesforêtsrésilientesestunegrandediversité(horizontaleet verticale)mais la diversité horizontaleactuelle est trèsloindecequel’onpeutappelerunegrandebiodiversité.ÀMontréalparexemple,seulementdeuxgenres(lesérablesetlesfrênes)constituentplusde60%desarbresdanslesrues!Afind’augmenterlabiodiversité

urbaine, il n’est pas seulement important d’augmenter le nombred’espèces plantées, mais également la diversité des caractéristiquesbiologiques (traits fonctionnels) de ces espèces afin d’atteindre uneplusgrandediversité fonctionnelle.Nousdevonsplanterdesespècesd’arbrestolérantsauxventsviolents,àlasécheresse,auxinondations,aux froids intenses, aux redoux soudains en hiver, aux insectes etmaladiesexotiques,etc.Puisqu’aucuneespèced’arbrenepeutrésisterà touscesstress, il fautêtreprudentetminimisernotreexpositionaurisqueenmultipliantladiversitébiologiquedenotreparcurbaind’arbres.

Ce guide fournit des conseils stratégiques et opérationnels visantà optimiser la gestion quotidienne des plantations d’arbres, dans lebut d’atteindre les objectifs fixés de biodiversité, de résilience, et derendement en services écosystémiques. Dans un premier temps, ceguide propose un aménagement vers une nouvelle diversité. Cettenouvellediversité tournenotre regardde ladiversitéenespècesverscelledescaractéristiquesbiologiques,elleinclutdesnotionsdediversitégénétiqueetellepromeutdesaménagementsquiaugmententladiversitéverticale(diversitédesstructures).Parlasuite,desconseilsstratégiquesquantà l’importanced’intégrer lespépinièresdansnosdémarchesdeplanificationetlesbiensetservicesliésaudéploiementdenosarbresurbainssontprésentés.Cesmoyensvisantàmettreenplacedesforêtsplusrésilientesàlongtermedoiventobligatoirementêtresoutenusparunegestionopérationnellecomplémentaireauquotidien.Ainsi,leguidepropose quelques conseils opérationnels clés quant aux patrons deplantation,mesuresd’entretienetdecontrôledelavégétationherbacée.

RÉSUMÉ ÉXÉCUTIF

5

| REPENSER LE REBOISEMENT

Ensemble,cesconseilspermettrontd’obteniruneforêtenmeilleuresantéetmieuxoutilléepourabsorberetrécupérersuiteauxstressprovoquésparleschangementsglobaux(changementsclimatiques,espècesetmaladiesexotiques,urbanisation…).Ils’agitaussid’augmenterlesservicesrendus,notammentsurlasanté,parlesinfrastructuresvégétales.Sedoterd’unevision à long terme permet également d’éviter les pièges d’une gestionde réaction en temps de crise, comme la présente (agrile du frêne) etla précédente (maladie hollandaise de l’orme), qui peut avoir commeconséquencelamiseenplacedeconditionsfavorablesàlaprochainecrise.

6

| REPENSER LE REBOISEMENT

1. INTRODUCTIONLesarbresenvilleontdenombreuxeffetspositifssurnotrequalitédevie.Enplusdenousprotégerdusoleiletd’embellirnotremilieudevie,ils :

― améliorentlaqualitédel’airetréduisentlenombred’hospitalisationsetdécèsprématurésreliésausmog;

― diminuentl’effetdesîlotsdechaleursurlasanté; ― protègentetaméliorentlastructuredessolsetlaqualitédel’eau; ― diminuentl’érosionetprotègentlesinfrastructuresurbaineslorsde

grandespluiesenretenantl’eau; ― emmagasinent le carbone minimisant ainsi les changements

climatiques; ― participentaumaintienetàl’augmentationdelabiodiversité.

Ces nombreux bénéfices qui assurent notre survie et notre bien-êtresedéclinentendifférentsservices:l’approvisionnement(p.ex.:bois),la régulation (p. ex. : pollinisation, régulation du climat), le support(p. ex. : cycle des nutriments, production primaire) et la culture (p.ex. : esthétisme, récréotourisme).À titre d’exemple, des économistesdelaBanqueTDévaluentcertainsdecesservicesécologiquesàprèsde25M$parannéepour la seuleVilledeMontréal, soit environ4$pararbre,ou1,88$pardollarinvesti(AlexanderetDePratto2014).Lacontribution des arbres, boisés et écosystèmes forestiers à la qualitédeviedescommunautésest tellequ’ilestcommunaujourd’huide lesdésignercommedesinfrastructuresvertes.

Leschangementsglobaux(CG),etsurtoutleschangementsclimatiques(CC)menacentdeplusenpluslesinfrastructuresvertesdenosvilles,particulièrement lesarbres (OrdóñezetDuinker 2015). Lesarbresenmilieuurbainsontdeplusenplustouchésparl’augmentationdesstressenvironnementauxet l’occurrencedes insectesetmaladiesexotiques.

Les services rendus par les arbres risquent d’être considérablementréduits face aux menaces grandissantes liées aux CC (p. ex. : larégulationduclimatlocal),etauxCG(p.ex.: lecontrôledeseauxderuissellement,lapréventiondesévénementsextrêmesouauxbénéficesd’ordreesthétiqueourécréatif).

Actuellement, la grande région de Montréal voit naître de nombreuxprojets de plantation : le Plan d’action canopée, 375 000 arbres,l’Allianceforêturbaine,etévidemmentleremplacementdesfrênes,pourneciterqu’eux.CemouvementestpartagéauniveaupolitiquecommeentémoignelePlanmétropolitaind’aménagementetdedéveloppement(PMAD)quicomprendlacréationd’uneTrameverteetbleueduGrandMontréaletl’identificationdeboisetdecorridorsforestiersmétropolitains(CMM2012)etlaStratégiemétropolitainedeluttecontrel’agriledufrêne,adoptée à l’automne 2014. De plus, une récente étude basée sur laprotectiondelabiodiversitéetlaréductiondesîlotsdechaleuraidentifiédeszonesprioritaires,pourlaprotectionainsiquepourlereboisement(Rayfield et al. 2015,AnnexeA). Cependant, ces efforts doivent êtreguidésdefaçonàoptimiser leurcontributionàlarésiliencedelaforêturbaine de demain. Il est en effet important de ne pas reproduire lesschémas du passé. On se rappellera que les ormes touchés par lamaladiehollandaiseontétéremplacés,àl’époque,engrandepartiepardesfrênes,aujourd’huieux-mêmesattaquésparl’agrile.

Leprésentguidesevoitdavantagestratégiquequ’opérationnel.IlapourobjectifdefournirauxmunicipalitésetacteursimpliquésdansleseffortsdereboisementdelarégionmétropolitainedeMontréal,desstratégiesgénéralesafind’augmenterlasantéetlarésiliencedenosforêtsurbainesfaceauxenjeuxactuelsetfuturs.Ilprésentelesconsidérationsàprendreencompte lorsd’unprojetde reboisement tellesque ladiversitéet la

7

| REPENSER LE REBOISEMENT

résilience.Deplus,cedocumentfournitdesexemplesdereboisementefficacesainsiquedesliensversdesressourcesutiles(voirl’annexeB).D’excellentsguidesopérationnels sontparailleursdisponibles sur lescaractéristiquesdesespècesquantauxparticularitésdumilieuurbain(p.ex.AQPP2014),commelatoléranceauxselsdedéglaçage,ainsiquelesparticularitésàsurveillerpourl’avenir,etlesdifférencesparfoisimportantesentrelesvilles(OrdóñezetDuinker2015).

8

| REPENSER LE REBOISEMENT

2. LE MILIEU URBAIN ET SES PARTICULARITÉS POUR LA PLANTATION D’ARBRES2.1. Un milieu difficile pour la croissance des arbres

Avant de planifier l’aménagement de nouveaux espaces verts etd’intégrerdenouvellesstratégiesdansleseffortsdereboisement,ilestimportantdeserappelerlesenjeuxmajeursdumilieuurbain.

En premier lieu, c’est un milieu qui est reconnu comme un milieuparticulièrement difficile pour la croissance des arbres.En effet, ceuxquipoussentbienenforêtneserontpasnécessairementadaptésauxconditionsparticulièresdelaville,etvice-versa.

Enplusd’êtreexposésauxpolluantsatmosphériques,lesarbresn’ontsouventpasl’espacesouterrainouaériennécessairepoursedéveloppernormalement.Lesarbresaucentre-villeplusparticulièrement,netrouvent

pasassezdesolsdanslesfossesquel’onmetàleurdispositionpourpouvoiratteindredegrandestailles.Lesnombreusesblessurescauséespar leshumains,notammentpar lesvélosque l’oncadenassesur lespluspetitsarbresrendentdifficilesleursurvie.Lorsqu’ilssurvivent,leurduréedevieestaffectée.

Cependant, la ville, comme la forêt, a des conditions de croissancepour les arbres diversifiées. Certainsmilieux, comme les parcs, sontévidemment plus faciles qued’autres, comme les trottoirs.Deplus, ilexiste au sein même des villes un gradient d’urbanisation, avec desconditionsplusdifficilesaucentrequ’enpériphérie,pourunmêmetyped’emplacement, duesàunespacede croissanceaérienet souterraindeplusenplus restreint (duboisà la rue,Tableau1). Lesarbresenmilieuurbainpeuventêtreassociésglobalementàquatregrandstypes

Types d’emplacements et exemples

Fréquence estimée (%)

Conditions (stress) particulières

Contraintes d’acceptabilité à la présence des arbres

Rue Banquette,trottoir,terre-plein,etîlot 25

Stresslesplusimportants:espacedisponibleetinfrastructures(aérienetsouterrain),sel(embrunsetsol),compaction,pollution,vent,isolement,chaleurextrême,stress

mécaniqueetblessure.

Contrainteslesplusimportantes:acceptabilitépublique,feuilles,fruitsetfleurs,désagréments(pucerons),infrastructuresmunicipales,entretien

desvoiespubliquesetcirculationdeséquipements,allergiesetesthétique.

ParterreDevantlesrésidencesdans

l’emprisemunicipale,maishorstrottoir

40 Identiqueàlasection«Rue»,maissensiblementdiminuées.

Identiqueàlasection«Rue»,maissensiblementdiminuées.

ParcLesgrandsterrains

appartenantparexempleaugouvernement

30

Pollution,vent,isolement,chaleur,stressmécaniqueetblessure.

Allergies,esthétique,sécuritépublique(bosquetsetfeuillagebas),espècesexotiques

etenvahissantes.Ànoter:cesstressnejouentqu’un

rôlemineurdanscemilieu.Ànoter:cesfacteurssontmoinscontraignants

qu’auxsections«Rue»et«Parterre».

Bois Forêt«naturelle»en milieu urbain NA Faible;semblableàlaforêtnaturelle Espècesexotiquesetenvahissantes.

Note :Lesmunicipalitésnefontpastoujourstoutescesdistinctions,ouutilisentdesappellationsoutypesdifférents,maisletableauregroupel’essentieldesconditionsurbainesrépertoriées(incl.~5%autres).Lafréquenceestiméereprésentelaproportiond’arbresselonletyped’emplacement.Elleestbaséesurlesinventairesdesvillesdisponibles.Lesarbressituésdanslesboisurbainsnesontgénéralementpasdénombréspartige.

Tableau 1 – Résumé des grands groupes d’environnements de plantation retrouvés en ville

9

| REPENSER LE REBOISEMENT

d’environnements, ces catégories étant elles-mêmes divisibles. LesconditionsspécifiquesàcesdifférentsenvironnementssontprésentéesauTableau1.

2.2. Un milieu moins diversifié qu’il n’y parait

On répertorieprèsde700«variétés» différentesd’arbresplantésàMontréaletplusde400àQuébec.Maiscenombreestréduitdefaçonimportante lorsqu’on ne considère que le nombre d’espèces, et nonpas lescultivarsd’unemêmeespèce (322pourMontréalet182pourQuébec,parexemple).

Il pousse de façon naturelle au Québec moins de soixante espècesarborescentes(arbresetgrandsarbustes)(PaquetteetMessier2011).CeschiffrespourraientainsidonneràpenserquelesgrandesvillesduQuébecontmisenplacedesforêtsurbainestrèsdiversifiées,nettementplus que dans les forêts avoisinantes, mais voici quelques constatsimportants:

a. Sous une apparente grande diversité, les forêts urbaines sontdominéesparseulementquelquesespècestrèsabondantes.

Eneffet,seulementquelquesespècessontutiliséesdefaçonrépétitiveet composent à elles seules la vaste majorité des arbres en ville. ÀMontréalparexemple, l’érabledeNorvègeàluiseulconstitueenviron22%desarbresprésents,son«cousin» l’érableargentéreprésente15%desarbres.Cesdeuxespècessontaccompagnéespard’autresérables totalisant 41% des arbres de la ville. Les érables sont sanssurprisesuivisdesfrênes(surtoutlefrênerouge;18%),avec21%dutotal.Ces deux genres à eux seuls couvrent donc plus de 60%des

arbresàMontréal.

Les proportions de genres et d’espèces d’arbres trouvés (grâce auxinventairesréaliséspourseprépareraupassagedel’agrile)dansd’autresmunicipalitésduGrandMontréalreflètentlamêmeproblématique.

b.Lesespècesutiliséessonttrèssemblablesentreelles.

Par un simple effet de filtre (disponibilité des arbres, croissanceurbaine,acceptabilité,etc.), lesespècesplantéesenville,notammentles dominantes, se ressemblent beaucoup au niveau de leurscaractéristiques,quenousappelleronsaussi«traitsfonctionnels».Laconséquenceest une forêtmoins résiliente, avecdesespèces toutessensiblesauxmêmesstress.

De ce fait, la situationurbaineest problématiqueet déconnectéedesforêtsnaturellesenvironnantes.Eneffet,lesconifères(Pinaceaesurtout)ne sont pas nombreux àMontréal (< 5% du couvert), comme dansd’autresvillesauCanada(OrdóñezetDuinker2015).Or,lesconifèresapportentbeaucoupdediversitéetderésiliencedansunenvironnementdominéparlesfeuillus.

c.CesespècesdominantessontgénéralementlesmêmesdanstouteslesgrandesvillesduNord-estaméricain.

Les arbres utilisés dans les municipalités du Nord-est américainsont sensiblement les mêmes, la diversité urbaine s’en trouve ainsidéconnectéedesonmilieu,de la forêtnaturellerégionale(Nocketal.2013).

10

| REPENSER LE REBOISEMENT

d.Desvillespleinesdeclones–lapertedeladiversitégénétique.

Enville,desvariétéshorticolesdesespècessontsouventutiliséespouramplifierdestraitssouhaitables(p.ex.:lafloraison,Syringareticulata)ou en éviter d’autres (p. ex. : des épines,Gleditsia triacanthos). Cesnouveaux traits n’étant pas héréditaires, il est nécessaire de toujoursgreffer une branche de la variété mère sur une souche sauvageproduisant ainsi des individus génétiquement identiques. Ces clonesontsensiblement lamêmeréponseauxstressetconstituentainsidespeuplementsd’unefaiblerésilience.

2.3. Anticiper les changements futurs

Lesforêtsurbainessontsouventnomméescommeunoutilimportantpouratténuerleseffetsnégatifsdeschangementsglobauxsurleshumains.Lapollutionde l’air, lesépisodesdesmog, l’allongementdessaisonsdesallergènes,l’augmentationdestempératuresetlesîlotsdechaleur(RNCREQ2015) ne sont quequelquesexemplesdeseffets néfastesdeschangementsglobauxsurlasantéhumaine.Dansuneétudedéjàcélèbre,deschercheursontpumesureràlanégativeleseffetsdélétèresdelaperted’arbresdansdesgrandesvilles,suiteàl’arrivéedel’agriledufrêneenAmériqueduNord.Lerésultatétaituneaugmentationimportantedesdécès liésauxmaladiescardio-vasculaireset respiratoiresdurantles six années suivant l’apparition de lamortalité des frênesdans15étatsaméricains,soitenviron21,000décèssupplémentaires(Donovanetal.2013). Il estévidentque les infrastructuresverteset surtout lesarbresetzonesboiséessontcellesquifournissentleplusdeservicesécosystémiquesetquipermettentauxcommunautésdevivredansunenvironnement de qualité. De plus, les infrastructures vertes sont lesseulesquiprennentdelavaleuravecletempsselonleurcroissance.Il

estdoncnécessairedeposerdesactionsconcrètesetciblées.

Toutefois,cesinfrastructuresvertessontmenacéeselles-mêmesparleschangementsglobaux.Auxstressdéjàexistantss’ajouteunenouvellelisted’enjeux.Ilaétédémontréquelesvillespossèdentunmicroclimat.Ce dernier a tendance à créer des réchauffements plusmarqués auniveau local.Ainsi, les stress qui augmentent la vulnérabilité de nosforêts urbaines sont surtout liés à la sécheressediminuant la vigueurdesarbresetenlesrendantplussusceptiblesauxinsectesetmaladies(OrdóñezetDuinker2015).Bienqu’ilssoientdifficilesàprédire,deplusen plus d’évidences pointent vers une augmentation des probabilitésd’événements climatiques extrêmes (vents, verglas, tempêtes,sécheresse…)(Lindneretal.2010,RNCREQ2015).Deplus,leclimatchangeant,unnombregrandissantd’insectesetdemaladiesexotiques,comme l’agrile du frêne, envahissent nos villes et tuent de plus enplusd’espècesd’arbres.Eneffet, leschangementsglobauxentraînentdes déplacements d’espèces, notamment des pestes envahissantes(Tableau2).

Nousavonsbesoindeforêtsurbainesaptesàpersisterfaceauxstressactuelsetfutursafindecontinuerdefournirdesservicesécosystémiquesessentielspournotrebien-être.Lesmodèlesdereboisementactuelsnepermettentpasdemettreenplacedesarbresetforêtsurbainsrésilientsfaceauxchangementsglobaux.Danscequisuit,nousallonsprésenterdes stratégies de planifications visant une plus grande résilience desforêtsurbaines.Ilestimportantdenoterqu’ilnes’agitqued’exemples,que d’autres insectes etmaladies feront certainement leur apparition,alorsqueceuxprésentésicipourraientnejamaisdevenirproblématiques.

11

| REPENSER LE REBOISEMENT

Biologie et espèce(s) hôte(s) Dernières observations de progression Notes

Agrile du frêne(Agrilus planipennis)

Insecteattaquantettuanttouteslesespècesdefrênes.

Les larves creusent des galeries en « S »danslephloèmepours’ennourrir,empêchantainsilasèvedecirculeretasséchantl’arbre.

L’agrile a tué des millions de frênes dans leSud-Ouestdel’Ontario,leMichiganetsesÉtatsavoisinants. Plusieurs villes du Québec sontdéjàaffectées,dontlarégionmétropolitaine.

Lapertetotaledesarbresestprévisibleenmoinsde6ansgénéralement(sansintervention).Lutte

(ralentissement)possibleetsouhaitable,maiscoûteuse.

Longicorne asiatique (Anoplophora glabripennis)

Les larves mangent le phloème et migrentdans le bois, creusant des galeries etprovoquant la mort des arbres. Cet insectesemblepréférerlesérables(40%àMtl),maiss’attaqueàpratiquementtouslesfeuillus.

Nord-estdesÉtats-UnisetOntario.

Heureusement,touteslesinfestationssontsoumisesàlaquarantaineetsontenvoie

d’éradication.Lerisquenedisparaîtpascomplètementcependant.

Flétrissement du chêne (Ceratocystis fagacearum)

Champignonaffectant les tissusvasculaires.Tous les chênes sont susceptibles d’êtreatteints et finissent par mourir, mais leschênes rouges sont plus particulièrement

vulnérables.

Non présent encore au Québec, mais trèspréoccupantparl’ampleurdesdégâtsanticipés.

PrésenteaucentreestetNord-estdesÉtats-Unis.

Source, informations et autres insectes et maladies : http://www.ravageursexotiques.gc.ca/accueil

Tableau 2 – Exemples d’insectes et maladies aux portes de Montréal

12

| REPENSER LE REBOISEMENT

Les enjeux stratégiques principaux afin de créer des forêts urbainesrésilientesfaceauxchangementsglobauxsontavanttoutl’augmentationdelaquantitéetdeladiversitéd’arbresenville.Ainsi,nousprésentonsdanscequisuit,d’aborddesconseilsvisantàaugmenterladiversité–autanthorizontalequeverticale,puisnousélaboronsd’autresstratégiesvisant la création de systèmes résilients par exemple les patrons deplantationsoulesrelationsaveclespépinières. Mêmes’ilexistedenombreuxguidesopérationnelstraitantlesaspectstechniquesdesplantationsd’arbres,nousfinironsnotrelistedeconseilsavec quelques recommandations opérationnelles, car elles méritentencoreaujourd’huid’êtresoulignéespuisquemalcomprises.

Lesconseilsdeceguidevisentàoptimiserlagestionquotidiennedesplantationsd’arbres,notammentleremplacementdesarbresmorts(p.ex.:desfrênes)danslebutd’atteindrelesobjectifsfixésdebiodiversité,derésilience,etderendementenservicesécosystémiques.Lebutétantd’obtenir,à terme,une forêtenmeilleuresantéetmieuxoutilléepourabsorberet récupérersuiteauxstressentrainéspar leschangementsglobaux (changements climatiques, espèces et maladies exotiques,urbanisation, etc.). Il s’agit aussi d’augmenter les services rendus,notammentsurlasanté,parlesinfrastructuresvégétales.Sedoterd’unevisionàlongtermepermetégalementd’éviterlespiègesd’unegestionderéactionentempsdecrise,commelaprésente(agriledufrêne)etla précédente (maladie hollandaise de l’orme), qui peut avoir commeconséquencelamiseenplacedeconditionsfavorablesàlaprochainecrise.

3.1. Un aménagement vers une nouvelle diversité

― De la diversité en espèces à la diversité des caractéristiquesbiologiquesetfonctionnelles.Historiquement,laplantation(lechoixdesessencesetleurdistribution)d’arbres dans les villes en général était basée sur des critèresd’esthétisme,d’acceptabilitéparlescitoyens,etdetolérancedesarbresenverslesstressparticuliersquel’onrencontreenville(sel,compaction,pollution).Faceauxdéfisactuelset futurs (p.ex. : insectes,maladiesexotiquesetl’accélérationdeschangementsclimatiques),nousdevonsrevoir les façons de réaliser nos plantations pour s’assurer que lesarbresquel’onplanteaujourd’huipuissentsedévelopperetfournirlesnombreuxservicesécologiquesquel’onattendd’eux.

Baséssur lesnouvellesavancéesde lasciencede lacomplexité, lesécosystèmes, y compris les forêts urbaines, sont définis comme dessystèmescomplexes.Larésilienceestunepropriétéimportantedecesensembles, c’est-à-dire la capacité d’absorber des changements telsque les perturbations et de maintenir ou récupérer ses structures etfonctionsprincipalespar la suite.Lesconceptsdesystèmecomplexeetderésiliencepourlaforêtetlesarbressontrelativementnouveaux,particulièrementenmilieuurbain,maisilssontdeplusenplusutilisésdansd’autresdomaines,notammentenéconomie,sciencessocialesetmédecine.Nousdevrionsdoncincorporeruneplusgranderésiliencedenosforêtsurbainesdansnoscritèresdeplantationafind’augmenterlaqualité de ces dernières, leur rendement en services,mais surtout laprobabilité qu’ellespourront continuer à rendredes services faceauxchangementsglobaux.

3. STRATÉGIES DE REBOISEMENT

13

| REPENSER LE REBOISEMENT

Un des piliers de la science de la complexité et de la résilience dessystèmes complexes est la diversification, autant horizontale queverticale(voirpoint4.2.).

Augmenter la diversité horizontale – en redéfinissant biodiversité

Lorsquenouspensonsàladiversité,nousl’estimonssouvententermesdenombred’espèces.Toutefois,lesespècesontdéveloppétoutessortesdecaractéristiquesbiologiques(traits)bienparticulièresleurpermettantdesurvivreetcroîtredansdesconditionsdiversesetsouventextrêmes.Unecomparaisondeladiversitéenespèceetdeladiversitéfonctionnelle(ladiversitédescaractéristiquesbiologiques)setrouvedansl’encadré1.

Ilnousfautplanterdesespècesd’arbrestolérantsauxventsviolents,àlasécheresse,auxinondations,auxfroidsintenses,auxredouxsoudainsen hiver, aux insectes et maladies exotiques, etc. Puisqu’aucuneespèced’arbrenepeutrésisteràtouscesstress,ilfautêtreprudentetminimisernotreexpositionaurisqueenmultipliantladiversitébiologiquede notre parc urbain d’arbres, ce que la science écologique appelle« l’effet deportefeuille », en référenceauphénomènebien connudela diversification des portefeuilles financiers. Dans la section 5, voustrouverezuneapprochepratiqueet facilevouspermettantd’appliquerlesnotionsdediversitéfonctionnelleafindecréerdesplantationsplusrésilientes.

3.2. Augmenter la diversité verticale

― Unréseaud’interactionsàtraverslesstratespourdescommunautésplusrésilientesUn deuxième élément important de la diversification se trouve auniveaude lamultiplicitédes interactionsentre lesorganismesvivants.On parle ici des interactions qui se sont développées entre différentsorganismes afin de former des écosystèmes capables de résister etde s’adapter aux pires catastrophes. L’arbre « naturel » se retrouverarement seul. En termes scientifiques, on parle de symbiose, defacilitationetdecomplémentarité,desmécanismesquel’oncommenceà mieux comprendre et qui permettent à l’arbre de mieux vivre encommunautés diversifiées et complexes plutôt qu’en solitaire ou engroupeshomogènes.Ilnousfautdoncessayerdecréerlepluspossibledesaménagementsurbainsquireproduisentlacomplexitéd’interactionsfortes dans lesquelles nos arbres ont évolué naturellement.De façonplusappliquée,onpourraainsis’attarderàcréerdessystèmesàplusgrande diversité en structure, notamment verticale puisque facile à

Encadré 1 – Diversité en espèces et diversité fonctionnelle

Voicitroiscommunautésd’arbres:LacommunautéAestcomposéed’uneseuleespèce,lescommunautésBetCde3espèceschacune.

Enaugmentantlenombred’espèces(communautéAversBouC),nousaugmentonsladiversitéenespèces(biodiversitéausenscommun).Toutefois,lechoixdesessencesestimportantàconsidérer.

La communauté B est composée de 3 espèces semblables au niveau de leurscaractéristiquesbiologiques(traitsfonctionnels).Àtitred’exemple,imaginezunmélanged’érableargenté,érabledeNorvègeetfrênerouge.

LacommunautéCestégalementcomposéede3espèces.Cependant,cesespècessont trèsdiversifiéesauniveaude leurs caractéristiques.Par exemple, imaginezunmélangedechicotduCanada,amélanchieretthuya.

En conséquence, malgré la diversité d’espèces dans les communautés B et C, lacommunauté C a une plus grande diversité fonctionnelle, offrant plus de servicesécologiquesetuneplusgranderésilience.

A-UNEESPÈCE B-TROISESPÈCES C-TROISESPÈCES

14

| REPENSER LE REBOISEMENT

réaliser. Quand cela est possible, faire des plantations en groupesd’espècesdiversifiéesquiincluentaussidesherbacéesetdesarbustesafindecréerunréseaunatureld’interactionsfavorisantl’autorégulation,l’adaptationetlarésiliencefaceauxpressionsbiologiques,climatiquesetenvironnementales.Onsaitqueplusunmilieuestdiversifiéenespècesayantdesattributsbiologiquesdifférentsetdesinteractionsfortes,plusces espèces pourront faire une utilisation optimale des ressources etplusellespourrontrésisterauxnombreuxstressquilesmenacent.Pourmaximiser la résistance de ces sanctuaires de nature en ville, il fautles relierentreeux lepluspossiblepour favoriser leséchangesentreorganismes.Cetteconnectivitéestessentielleàladurabilitéduréseaud’arbres,boisésetforêtsquenousmettronsenplacecollectivementetsereflèteàplusgrandeéchellenotammentdanslesprojetsdeceintureverte,etlaTrameverteetbleue.

3.3. Augmenter la diversité génétique

On rappelle que l’on répertorie près de 700 « variétés » différentesd’arbres plantés à Montréal. Mais ce nombre est réduit de façonimportante lorsqu’on ne considère que le nombre d’espèces, et nonpas les cultivars d’une même espèce. En effet, plus de la moitié deces variétés sont des cultivars résultant en seulement 322 espècesdifférentesàMontréal.Deplus, les individusd’unmêmecultivar sontsouventtousgénétiquementidentiques.Alorsplanter50féviersinermes‘Skyline’ (Gleditsia triacanthos ‘Skycole’) équivaut génétiquement à laplantationd’unseulindividu.Cesclonesaurontsensiblementlesmêmesréponsesauxstress(p.ex.:auxgelstardifs,maladies,insectes,etc.).Lorsde l’arrivéed’unstressfatal, ilestdoncfortprobablequeces50arbres dépériraient dans les mêmes délais causant ainsi des coûtsimportantstantéconomiquesqu’écologiques.

3.4. Créer de nouvelles relations avec les pépinières

Une contrainte majeure lors des aménagements peut être ladisponibilité des plants en pépinière. Souvent un cercle vicieux secrée. Les aménagistes plantent ce qui est disponible en pépinière etlespépinièresneproduisentquedesplantesquileursontdemandées.En tant que gestionnaire, il est primordial d’informer ces partenaires(pépinièresmunicipalesetprivées)desesintentionsdeplantationpourlesprochainesannéesdefaçonàcequ’ilspuissents’yadapter.Dansl’espritdeladiversitéfonctionnelle,ilfaudraitéviterderecommanderuneespèceparticulièrepourprévenirlesproblèmesquenousconnaissonsaujourd’hui et ceux liés à la disponibilité. À la place, il est conseilléde recommander plutôt des groupes fonctionnels, parmi lesquels legestionnairepourrachoisir laoulesespècesluipermettantd’atteindresesobjectifs,toutenconsidérantlescontraintesd’unsecteurdonné.

3.5. Privilégier les arbres à grand déploiement

Dans les dernières années, les directives de réduire les coûts liésà la plantation et à l’entretien des arbres ont amené à une tendancepréoccupante : la taillemoyenne des arbres àmaturité diminue. Lesvieuxarbresmaturesàgranddéploiementsontsouventremplacésavecdesarbresdontlahauteuretlalargeurdelacouronneàmaturitésontnettement inférieures à ceux de l’arbre remplacé.Cette tendance estobservée dans plusieurs villes et est appelée à créer des paysagesd’arbres«lollipops»(Johnston2015).

Danslebutderéduirelescoûtsàcourtterme,cettetendancechangerale

15

| REPENSER LE REBOISEMENT

portraitd’unevilleàlongtermeetl’ampleurdesbiensetservicesrendusparcesarbres,carcesdernierssontfortementliésaudéploiementdelacouronne des arbres.

Parexemple,Sydnor andSubburayalu (2011) ont comparé, après46saisons de croissance, les bénéfices environnementaux de dix desarbres choisis au hasard parmi deux plantations àBrooklyn enOhio.Ilsontdémontréquelesféviers(15,3mdehautet13,7mdelargeenmoyenne),fournissaient430$USenbénéficespararbretandisquelesaubépines(7,4mdehautet7,7mdelargeenmoyenne)affichaientunevaleurmoyennede57$pararbre.

16

| REPENSER LE REBOISEMENT

Bienque leprésentguidesoit davantagestratégiquequ’opérationnel,la présente section aborde quelques éléments d’ordre général surles plantations. Ces conseils reviennent sur certains aspects de laplantationd’arbresmoinsconnusquicontribuentàaugmenterlasantéetlarésiliencedenosforêtsurbaines.

4.1. Changer les patrons de plantation

En lien avec une augmentation de la diversité verticale (point 3.2.),une multiplicité d’interactions entre les arbres (et aussi d’autresvégétaux comme des arbustes et plantes herbacées) contribue auxinteractionsnaturellesetauxforêtsurbainesplusrésilientes.Toutefois,nos aménagements urbains sont souvent linéaires avec de grandsespacementsentre lesarbres.Lorsquepossible, il faut regrouperdesvégétauxpourpermettreleursinteractions.

Nouspourrionsparexemplepenseràélargirlesfossesdanslestrottoirsafindeplanterd’autresvégétauxautourdesarbres(figure1).Deplus,lesdistancesentrelesfossespourraientêtreplusgrandesafindetoujourspermettreunecirculationfacilepourlespiétons.

4.2. Planter des arbres de plus petit calibre

― Les grands arbres coûteux ne sont pas nécessairement plusperformants.Les municipalités plantent à grands frais, et avec raison, de grandsarbres surtout dans les emprises municipales, dans les trottoirs etparcs, pourdes raisonsopérationnelles, de vol, de vandalisme,et desécurité,parexemple ledégagementdespremièresbranchespour lacirculationdespersonnesetdeséquipements.Maisd’unstrictpointde

vuedelaperformance(croissanceetsurvie),cesarbressontbeaucoupplussensiblesauxstressetdemandentbeaucoupplusd’attention lespremièresannées,essentiellementàcaused’unratiodéfavorableentrelesstructuresàsupporter(entrefeuilles/boisetracines)etlesressourcesdisponibles(vialesracines)quelespetitsarbresutilisésparexempleenforesterieetquiontfaitleurspreuves.Plusde100millionsdecesarbressontplantésen forêtauQuébecchaqueannée,etaucund’entreeuxn’a jamaisétéarroséni tuteuré.Lecoûtbeaucoupplus importantdesgrands arbres limite aussi les efforts de reboisement en ville, surtoutdans le contexte financier difficile que nous vivons.Ainsi, partout oùcelaestpossible, lespetitsarbresdetypeforestier(environ40cmdehauteur)devraientêtreenvisagés(OrdóñezetDuinker2015),etmêmeplantésenpetitsgroupespourenfaciliterlagestionetaugmenterletauxdesurviepareffetdefacilitationetprotection(voirsection3.2.).Parlasuite, ilserapossibledegérer ladensitédecesgroupesenéliminantcertainsarbres,ousil’endroits’yprêteàlaisserlesystèmes’autogérer,créantmêmeduboismortetunestructureverticaleplus intéressante(voirplusbas).Leboismortesteneffetdeplusenplusreconnupoursa

4. CONSEILS OPÉRATIONNELS

Figure 1 :Exemplesdedifférentspatronsdeplantationdanslestrottoirs.Patronstradi-tionnelsavecdesarbresuniquesdanschaquefosseducôtégaucheetpatronsfavorisantsdesinteractionsentrelesvégétaux(arbres,arbustesetherbacées)côtédroitdelarue.

17

| REPENSER LE REBOISEMENT

grandeimportancedanslesécosystèmesforestiers(Angers2009),maisévidemmentlargementéliminédesmilieuxurbains.

Uncompromisentrelesgrandsarbresplantésenparterre(de200cmetplus,enmotte)etlesplantsdetypesforestiers(entre30et50cm)sontlesarbresenpotd’unehauteurde150à200cm(figure3b).CesarbresontparexempleétéemployéspourlacréationdelanouvelleforêturbaineàLavaletdémontrentunexcellenttauxdesurvie(figure2).L’utilisationde ces plants intermédiaires permet d’envisager des économies etd’améliorerlaréponsedespépinièresàlademandecroissante.

4.3. Planifier un contrôle de la végétation

― Leplusgrandennemidel’arbreplanté:legazonTropd’arbressontencoreplantéssansgestiondelacompétitionàcausede l’idéeerronée,malheureusementrépandue,que lespetitesplantescommelesherbacéesnepeuventnuireàlacroissancedesarbres.Ainsi,ces derniersmeurent ou survivent en poussant péniblement pendantdesannéesavantd’êtreenfin libérésde la compétitionherbacée.Unphénomène commun qui par ailleurs contribue probablement à l’idéeprécédentequ’il failleplanterdegrandsarbres,mêmesicesdernierspeuventégalementêtreaffaiblisnotammentàcausedesblessuresliéesàlatontedegazon(figure3a).

Toutefois, une simple gestion adaptée de la compétition permettragénéralement une excellente survie et une croissance adéquate dèslapremièreannée,etvigoureusedès ladeuxième(ceque lesgrandsarbresnouvellementplantésnepeuventfaire).Unsuiviestnécessairepouréliminerlacompétition,celui-cipeutêtrechimiqueoumécanique(p.ex.:utilisationd’unedébroussailleuseaprèsavoiraupréalableprotégéle tronc).Dès la plantation, la paused’unpaillis peut être envisagée.Toutefois, la couche de paillis doit être de taille suffisante (un mètrede rayon), organique (copeaux ou paillis biodégradables, figure 3b)oudeplastiquede typeagricole, réutilisable. Lagestionadéquatedelavégétationconcurrentedèslaplantationetsonsuivisontpayantsàmoyentermepuisquel’arbrepousserarapidement,defaçonautonomeetensanté.

Figure 2 : Vue sur la nouvelle forêt urbaine plantée au printemps2015en lumière du50eanniversairedelaVilledeLaval.Lesarbresetarbustesontétéplantésenpotsavecdeshauteursvariables(de40à250cm).Dupaillisetdesspiralesanti-rongeursontétéinstalléspourprotégerlesvégétauxpendantlespremièresannées.Créditphoto:BenoitBlanchard.

Figure 3 : Blessures du tronc de l’arbrecauséesparl’utilisationdeladébroussailleuseàgauche(a).Arbre (environ 175 cm de haut)suiteàsaplantation,entourédepaillispourcontrôlerlavégétationherbacéeàdroite(b).

18

| REPENSER LE REBOISEMENT

4.4. Pratiquer des tailles de formation

Latailledebranchesd’undiamètreimportantestrégulièrementobservéeenmilieuurbain.Orcesinterventionsontsouventdeseffetsnégatifssurlasantédel’arbreencréantunegrandeblessuretoutengénérantdescoûtsimportantspourlepropriétaire.L’enlèvementdegrossesbranchesinfligedesblessuresgravestoutengaspillantdesréservesetréduisantlamasse foliairede l’arbre.Un jeunearbrepeutsubircesagressionsplusfacilementetcicatriserplusrapidementsansimpactsursavigueuretsastabilitéfuture.

Plus économiques, les interventions en bas âge sont recommandéesafind’augmenterladuréedeviedesarbres.Lessommesinvestiesdansla taille de formationpermettent de sauverdeuxà trois fois les coûtsd’interventionlorsquel’arbreestmature.

La taillede formation (voir l’annexeBpourdesconseilspratiquessurlatailledeformation)consisteàintervenirsurlaconfigurationdel’arbrepourétablirunestructurecharpentièresolideet la formedésirée.Elleviseégalementàcorrigerlesdéfautsdestructure,naturelsounon,quifragilisent les arbres. À l’aide de suivis réguliers et plus fréquents, lataille de formationdoit être effectuéedès le jeuneâgeafindeguiderlesarbresversune formecompatibleavec leurmilieud’insertion.Ellepermet d’anticiper les interventions qui devraient obligatoirement êtreréaliséespourlescontraindre,unefoisadultes,auxexigencesdusiteetéviterainsidescoupessurdesbranchesplusimportantes.Unarbrequiaétéformédèssonjeuneâgevagénéralementmieuxs’intégreràsonmilieuetpourlongtemps.

19

| REPENSER LE REBOISEMENT

Une approche fonctionnelle permet d’aller au-delà du simple nombred’espèces et demesurer la diversité des caractéristiques biologiques(c’est-à-dire, fonctionnelles, structurales,morphologiques et horticoles–aussiappeléeslestraitsfonctionnels).Cettediversitéfonctionnelleestimportante,carlestraitsfonctionnelssontdirectementliésauxservicesquelesarbresfournissentetàleursréponsesauxstressprésentsetàvenir.Cestraitssontparexempleleurport(liéentreautresàlaréactionau verglas et aux vents forts), la vitesse de croissance, le feuillage(résistanceauxpathogènes)etdiversindicesdetolérance.Cettefaçondefairepermetdemieuxquantifiercequiparaîtcommeuneévidence,par exemple que deux érables (argenté et rouge) formeront unecommunautémoinsdiversifiéequ’unérableetuneépinette(voiraussiencadré1).Cettequantificationestnécessaireàladéfinitiond’objectifsetàlamesureducheminàparcourirpourlesatteindre.

Uneanalysedeladiversitéfonctionnelledemandelaconnaissancedesvaleurs quantitatives des traits d’arbres et des analyses spécifiques.Cependant,ilyadesfaçonsplussimplesd’obtenirunpremierportraitrelativement fiable de la diversité fonctionnelle. Pour les besoinsopérationnels, nous proposons une approche qui a fait ses preuves,celledes«groupesfonctionnels».

5.1. Les groupes fonctionnels – simples et faciles d’application

Afin d’obtenir des groupes fonctionnels, il s’agit d’abord de constituerdesgroupeshomogènesd’espècesbaséssur leurs traits fonctionnelsàl’aidedetechniquesdegroupementhiérarchique.End’autrestermes,onregroupe lesespècesquiseressemblentdupointdevuestrictdeleurstraits,etnonleurgenreoufamille(voirannexeCpourdétails).Lenombredegroupes formésestdéterminépar l’intervalledes traits,et

jusqu’àuncertainpointparl’usagequel’onveutenfaire.

Unexempled’un tel regroupement (figure4)nousmontre rapidementque les espèces dominantes dans nos villes aujourd’hui proviennentprincipalementdumêmegroupefonctionnel(groupe1dansl’exemple).Commeénoncéprécédemment,lesarbresutilisésabondammentenvillesontgénéralementsemblablesdupointdevuefonctionnel,mêmes’ilsappartiennentàdesfamilleséloignées.Ainsicetteapprochepermettrade révéler une sensibilité encore plus grande (et une résilience plusfaible)des forêtsurbainesdominéespardesespècescomme l’érabledeNorvège,l’érableargenté,etlesfrênes,seretrouvantgénéralementdanslemêmegroupefonctionnel.

5.2. Démarche

I.Lapremièreétapedetouteffortdereboisementdevraitêtreuninventairedusecteuràreboiser.Pourdesendroitsoùun inventairen’existepasencoreetpeuderessourcessontdisponiblespoureneffectuerun,unesimplepromenadedanslesecteurpeutdonnerunbonpremieraperçudesespècesenplace.Pourdemeilleurs résultats, l’inventaire (ou lesobservations)doitportersur lesarbres tantpublicsqueprivésafinderechercheruneplusgrandecomplémentarité. II. À l’aide d’une liste des espèces et leurs groupesfonctionnels2, le gestionnaire peut ensuite déterminer la

5. COMMENT APPLIQUER L’APPROCHE DE LA DIVERSITÉ FONCTIONNELLE

2 Une liste comprenant la plupart des espèces inventoriées dans la grande régionmontréalaise est mise à votre disposition sur la page web de la Chaire de rechercheCRSNG/Hydro-Québecsurlecontrôledelacroissancedesarbressousleliensuivant:http://www.arbresurbains.uqam.ca/fr/guidereboisement/guide.php.Ilestimportantdeconsultercettelisterégulièrement,carl’ajoutoulamodificationd’espècesettraitsamèneraautomatiquementdeschangementsauniveaudesgroupesfonctionnels.

20

| REPENSER LE REBOISEMENT

répartition des arbres présents dans le secteur à reboiseravant de choisir des espèces pour le nouvel aménagement. Il auratoujours le choix entre plusieurs espèces dans chacun des groupes,selonlesconditionslocalesetladisponibilité.Toutefois,ilestconseilléde choisir des espèces appartenant à des groupes différents et dedonner la priorité à celles moins représentées dans le secteur ainsiqu’àcellesnonprésentesactuellementdanslesecteur.Decettefaçon,la diversité et la résilience de l’aménagement seront augmentées.

Attention, les proportions comptent! Il ne suffit pas de choisir lamajoritédesespècesdanslemêmegroupefonctionneletd’enajouterunepetitequantitéprovenantdesautresgroupes.Pluslesproportionsd’espècessontrepartieségalemententrelesgroupes,plusladiversitéaugmente.

III.Lescontraintesimportantesquantauchoixdesespècessontaussiliées à leur acceptabilité par les citoyens et des critères esthétiquespourlesquelsdesguidesexistent(Bassuketal.2002)etdontonpeuttenircompte.Parexemplesuruntronçonderuedonné,pouréviterlesmonocultures tout en obtenant un résultat intéressant pour le public,des règles simples peuvent être appliquées comme de marier uneespècedominanteavecunecodominanteetuneouquelquesespècescompagnes(àl’imaged’unpeuplementforestier)(Bassuketal.2002),à la condition que ces espèces soient choisies dans des groupesfonctionnelsdifférentsetpermettentl’atteintedesobjectifsdediversitéfixés aux échelles spatiales supérieures (le quartier par exemple).Cependant l’éducation du public reste importante, afin d’informer lescitoyensdesnouvellesespècesdisponiblesetdel’importanced’élargirlagammed’espècesplantées,sionsouhaiteéviterlesproblèmesquenous connaissons maintenant.

Pour terminer, les recommandationsdoiventaussi tenircomptedecequ’ilestconvenud’appelerlesdisservicesécosystémiques,àsavoirleseffetsnégatifsdesarbresenville (pensonsaupotentielallergèneparexemple),quisontbienréels,maispeuventêtrediminuésenfaisantdemeilleurschoix.Enplusdesproblèmesdesanté(p.ex.allergies),nouspouvonsconsidérer lasynchroniedesphénologies(p.ex. lachutedesfeuilles,maisaussidesfleursetfruits)danslesmélangessurunsecteurdonné (p.ex. un tronçonde rue), qui peuvent avoir un impact sur lestravauxpublicscommeleramassageetlagestiondeseauxdepluie.

Figure 4 : Exemple d’un regroupement d’espèces par groupe fonctionnel. Voir la listecomplètedesespèces,http://www.arbresurbains.uqam.ca/fr/guidereboisement/guide.php. La listesertàclasser lesespècesprésentesdansunezoneetàsélectionnercellesàreboiser.

21

1 2 3 4

CROISSANCE FAIBLE,

TOLÉRANTS À L’OMBRE

CROISSANCE RAPIDE,

TOLÉRANTS À L’INONDATION

GRANDES SEMENCES,

TOLÉRANTS À LA SÉCHERESSE

CONIFÈRES, TOLÉRANTS À

L’OMBRE

AcerplatanoidesAcersaccharinum

Acer rubrumBetulaalleghanien-

sisCatalpaovata

CeltisoccidentalisFraxinuspennsyl-

vanicaSyringareticulataTiliacordata

Ulmus americana...

BetulapapyriferaLarixdeciduaLarixlaricina

PopulusdeltoidesPopulusbalsamea

Salixalba...

AesculusglabraCaryaovata

Crataeguscrus-galliGinkgobiloba

GleditsiatriacanthosGymnocladus

dioicusJuglansnigra

QuercuscoccineaQuercus

macrocarpaQuercusrubra

...

PiceaglaucaPiceapungens

ThujaoccidentalisPinus strobusPinusmugo

...

| REPENSER LE REBOISEMENT

En complément de guides de plantations existants, le présent guideprésente différentes techniques, conseils et une approche innovatriceafind’obtenir,àterme,uneforêtenmeilleuresantéetmieuxoutilléepourabsorberetrécupérersuiteauxstressprovoquésparleschangementsglobaux.Ils’agitdesedoterd’unevisionàlongtermeetdemisersurladiversitépouruneplusgranderésilienceetainsiéviterlespiègesd’unegestionderéactionentempsdecrise.

Ilfautprofiterdelaconjoncturequeprovoquel’agriledufrêneetdelavolontéd’augmentationdecanopée,pouraugmenterlarésilienceetfaireunpasenavantversl’améliorationdelagestiondesforêtsurbaines.

Laclépourobtenirune forêturbaineensantéet résilienteserésumeainsi :

― Lebonarbreaubonendroit; ― Deladiversitéhorizontale,verticaleetgénétique; ― Unsuivietunentretienadéquat.

6. CONCLUSION

22

| REPENSER LE REBOISEMENT

― AlexanderC,DePrattoB. 2014. La valeur des forêts urbaines auCanada.ServiceséconomiquesTD.

― AngersV-A.2009.L’enjeuécologiqueduboismort–ComplémentauGuide pour la description desprincipaux enjeux écologiques dansles plans régionaux de développement intégré des ressources et duterritoire.MinistèredesRessourcesnaturellesetdelaFaune,Directiondel’environnementetdelaprotectiondesforêts,Québec.

― AQPP.2014.Répertoiredesarbresrecommandésenmilieuurbain.Associationquébécoisedesproducteursenpépinière.

― Bassuk NL, Trowbridge P, Grohs C. 2002. Visual similarity andbiologicaldiversity:streettreeselectionanddesign.PaperpresentedattheEuropeanConferenceof the InternationalSocietyofArboriculture,Oslo.

― CMM – Communauté Métropolitaine de Montréal (2011) UnGrand Montréal attractif, compétitif et durable. Plan métropolitaind’aménagement et de développement. URL: http://pmad.ca/fileadmin/user_upload/pmad2012/documentation/20120530_PMAD.pdf.

― DonovanGH,ButryDT,MichaelYL, Prestemon JP, LiebholdAM,GatziolisD,MaoMY.2013.TheRelationshipBetweenTreesandHumanHealth.AmericanJournalofPreventiveMedicine44:139-45.

― JohnstonM.2015. Trees inTownsandCities:AHistoryofBritishUrbanArboriculture.WindgatherPress.London.

― LindnerM,MaroschekM,NethererS,KremerA,BarbatiA,Garcia-GonzaloJ,SeidlR,DelzonS,CoronaP,KolströmM,LexerMJ,MarchettiM.2010.Climatechange impacts,adaptivecapacity,andvulnerabilityofEuropeanforestecosystems.ForestEcologyandManagement259:698-709.

― NockCA,PaquetteA,FollettM,NowakDJ,MessierC.2013.Effectsof urbanization on tree species functional diversity in eastern NorthAmerica.Ecosystems16:1487-97.

― Ordóñez C, Duinker PN. 2015. Climate change vulnerabilityassessmentoftheurbanforestinthreeCanadiancities.ClimaticChange: 1-13.

― Paquette A, Messier C. 2011. The effect of biodiversity on treeproductivity: from temperate to boreal forests. Global Ecology &Biogeography20:170-80.

― Rayfield, B, Dupras, J, Francoeur X, Dumitru M, Dagenais D,Vachon J, Paquette A, Lechowicz M, Messier C, Gonzalez A. 2015.Les Infrastructures Vertes: Un outil d’adaptation aux changementsclimatiques pour le Grand Montréal. (http://www.davidsuzuki.org/fr/publications/rapports/2015),consultéendécembre2015

― RNCREQ – Regroupement national des conseils régionaux del’environnement. 2015. Faire face aux changements climatiques àMontréal (http://www.rncreq.org/projets/adaptation.html), consulté enaoût2015.

― SantamourFSJ.1990.Treesforurbanplanting:Diversity,uniformity,and common sense.

― SydnorT.D,SubburayaluSK.2011.ShouldWeConsiderExpectedEnvironmentalBenefitsWhenPlantingLargerorSmallerTreeSpecies?Arboriculture&UrbanForestry37(4):167–172.

― Tobner CM, Paquette A, Reich PB, Gravel D, Messier C. 2014.Advancingbiodiversity–ecosystemfunctioningsciencewiththeuseofhigh-densitytree-basedexperiments.Oecologia174:609-21.

7. BIBLIOGRAPHIE

23

| REPENSER LE REBOISEMENT

Afindedéterminerdeszonesprioritairesdeprotectionetdereboisement,uneéquipedechercheursaréaliséuneétudeautourdesinfrastructuresvertesduGrandMontréal(Rayfieldetal.2015).

Lesdeuxobjectifsàdesfinsd’identificationdeszonesprioritairessont:1)laprotectiondelabiodiversité;2)laréductiondesîlotsdechaleurs.

Ensebasant sur14espèces représentativesdesécosystèmesde laCMMetdesindicesdetempérature,leszonesenmatièredeprotectionduterritoireetdereboisementseloncetteétudecomprennentdegrandesparcellesforestièresdesrivesnordetsuddelaCMM(figureA1).

En fait, un nombre important de zones prioritaires de protection estconcentrédanslestrèspetitesparcellesdeforêtdanslesgrandeszonesurbaines,enparticuliercellesdesîlesdeMontréaletLaval,àLongueuiletàBoucherville.Beaucoupdecespetitesparcellesenmilieuurbainressortentenraisondeleurcontributionàlaréductiondeseffetsdesîlotsdechaleururbains.DanslesagroécosystèmesdelaCMM,surlesrivesnordetsud,lahauteprioritédeconservationestmotivéeparlaprotectiondelabiodiversité.Leurcontributionauréseauestdoncdavantageliéeàleurimportancepourlaconnectivité́quepourlalutteauxîlotsdechaleur.

Figure A1 :Cartedesprioritésdeconservationpourlescénariobiodiversitéetfraîcheur.Chaquepixeldanslepaysageestclasséenfonctiondesaprioritédeconservationdérivéede laconnectivité,de laqualitéde l’habitat,de l’adaptabilitéclimatiquedes14espècesanalysées,ainsiquepoursonrôledanslaréductiondesîlotsdechaleur.Source:Rayfieldetal.2015.

ANNEXE A – Cartes de priorisation

24

| REPENSER LE REBOISEMENT

Projets inspirants de reboisement municipal

― Laval:Nouvelleforêturbaine• Établissementde5écosystèmesforestierssurplusde3haafindesoulignerle50eanniversairedelaVilledeLaval.• Lesécosystèmesreprésentéssont:érablièreàcaryer,érablièreàtilleuletbouleaujaune,chênaierougeàpinsblancetrouge,forêtmixteetforêtrésineuse.• Autotal,plusde16000arbresetarbustesontétéplantésauCentredelanatureàLaval(figureB1).• http://www.laval.ca/Pages/Fr/Activites/semaine-de-la-terre.aspx.

― SaintLambert:Ventemunicipaleannuelled’arbres• Suite à un inventaire des arbresmunicipaux, les espèces lesmoinsreprésentéessurleterrainontétéchoisiesàdesfinsdeventeàbasprixdecesespècesauprèsdescitoyens.• Les essences sélectionnées devaient être sous représentéessurleterritoiredelaville,c’est-à-direcouvrirmoinsde2%delaforêturbaine.• Voicilelienpourlalisted’espècesdisponibles:http://www.saint-lambert.ca/fr/medias/vente-darbres-et-de-composteurs

― ArrondissementAhuntsic-Cartierville:ProjetdeSensibilisationàlabiodiversitéIDENT-Cité

• Leprojetconsisteenuneplantationd’unecinquantained’arbres(avecdesarbustesetherbacées),plantéssurunparcoursendoublespirale grâce auquel les visiteurs pourront vivre directement labiodiversité.• Onytrouvedifférentesvariétésdefeuillusetdeconifères; lesespècessontdeplusenplusdiversifiéesàmesurequ’onsedéplaceverslecentredelaspirale,pourredevenirdeplusenplussemblablessurladeuxièmemoitiéduparcours.• LeprojetsetrouveauParcStanleyàl’arrondissementAhuntsic-Cartierville,Montréal et est élaboré en collaboration avec l’UQAM(figureA2).• http://www.cremtl.qc.ca/actualites/2015/projet-ident-cite-une-spirale-biodiversite.

ANNEXE B – Références et autres ressources pratiques

Figure B1 :Laforêtdu50eanniversairedelaVilledeLaval,auCentredelanature.Photopriseenjuillet2015,deuxmoisaprèslaplantation.

25

| REPENSER LE REBOISEMENT

Guides opérationnels sur la plantation d’arbres et la taille de formation :

― Repentigny-Guideducitoyen–méthodesetsuivisdeplantationd’arbres:http://ville.repentigny.qc.ca/getmedia/d813855d-165e-400f-b35b-513a11f34414/guide-du-citoyen-_plantation.pdf.aspx?ext=.pdf

― SaintLambert:Guidemunicipalduchoixd’arbresàplanter:http://www.saint-lambert.ca/sites/default/files/guide_municipal_du_choix_darbres_a_planter.pdf

― EspacepourlaVie:Étapesdeplantation:http://espacepourlavie.ca/etapes-de-plantation

― ArbresCanada:Unguidedeplantationd’arbres:https://treecanada.ca/fr/ressources/publications/un-guide-de-plantation-darbres/

― ICLEI—LocalGovernmentsforSustainability:Unguidedel’aménagementetplanificationdebiodiversitémunicipale(enanglais):http://www.icleicanada.org/resources/item/221-biodivercities-a-handbook-for-municipal-biodiversity-planning-and-management.

― La taille des arbres feuillus : • EspacepourlaVie:http://espacepourlavie.ca/taille-des-arbres-feuillus• AgenceforestièredelaMontérégie:http://www.afm.qc.ca/AFM_MEDIA/Fiche%206.pdf• Sociétéinternationaled’arboricultureQuébecinc.:http://www.siaq.org/_fascicules/taille_jeunes_arbres.pdf• Dr.EdGilman,Envir.Hort.Dept.,Univ.ofFlorida:http://hort.ifas.ufl.edu/woody/pruning.shtml

Figure B2 :ReprésentationdelaspiraledebiodiversitéduprojetIDENT-citéàl’arrondissementAhuntstic-Cartierville.

26

| REPENSER LE REBOISEMENT

Pour bien comprendre l’approche fonctionnelle, nous allons présenterdans ce qui suit un exemple d’analyse pour former des groupesfonctionnels.Dansunepremièreétape,lesvaleursquantitativespourlestraitsetespèceschoisisdoiventêtreassemblées.Dansnotreexemple,nous présentons huit traits fonctionnels de sept espèces souventretrouvéesenmilieuurbain(TableauC1).Ànoterque,lestraitsutilisésauxfinsdel’exercicesontincomplets,etpotentiellementnonpertinentsenmilieuurbain,oudumoins ilsn’incluentpeut-êtrepas les traits lesplusimportants.Ilsontenrevanchefaitleurspreuvesenmilieunatureletenexpériencecontrôlées(Tobneretal.2014,PaquetteetMessier2011).Cetravaildoitêtrecomplété.

Dansuneprochaineétape,uneanalysederegroupementesteffectuée.Cetteanalyseregroupelesespècesselonlessimilitudes(oudifférences)des traits des espèces et résulte en une figure similaire à celle d’unarbrephylogénétique(figureC4).Àpartirdecesrésultats,nousavonsensuite visuellement formé trois groupes, des groupes fonctionnels.En consultant les traits fonctionnels du Tableau C1, il est facile devalidercetteanalyse:lesespècesgroupéesformenteffectivementdesensembles similaires.

ANNEXE C – LA CRÉATION DES GROUPES FONCTIONNELS

Code Nom scientifique Nom commun DensB TolO TolS TolI LMA N Sem GF

ACPL Acerplatanoides ÉrabledeNorvège 0.53 4.2 2.7 1.5 1.70 1.99 2.15 1

ACRU Acer rubrum Érablerouge 0.49 3.4 1.8 3.1 1.85 1.91 1.44 1

ACSI Acersaccharinum Érableargenté 0.44 3.6 2.9 3.4 1.84 2,00 2.31 1

BEPA Betulapapyrifera Bouleau blanc 0.48 1.5 2,0 1.3 1.89 2.31 0.15 2

PIGL Piceaglauca Épinetteblanche 0.35 4.2 2.9 1,0 2.48 1.28 0.53 3

PIST Pinus strobus Pin blanc 0.36 3.2 2.3 1,0 2.09 1.42 1.26 3

QURU Quercusrubra Chênerouge 0.56 2.8 2.9 1.1 1.93 2.06 3.50 1

Notes :DensB:densitédubois;TolO,SetI:tolérancesàl’ombre,àlasécheresseetàl’inondation;N:contenuenazotedesfeuilles(log);Sem:taille(masse)dessemences(log);GF:groupefonctionnelauquelaétéattribuéel’espèce(figureC1).

Tableau C1 – Espèces utilisées pour l’exemple de calcul et valeurs de leurs traits fonctionnels

27

| REPENSER LE REBOISEMENT

Figure C1 :Schémadel’analysederegroupementreprésentant7espèces.Lesespècessontregroupéesselonlasimilaritédeleurscaractéristiquesbiologiques,leurstraits(voirtableauC1pourlesdétails).Lepremiergroupe(bleu)comprendles3érablesetlechênerouge,ledeuxième(rouge)estconstituédubouleaublancetletroisième(vert)comprendlesdeuxconifères.

28 | REPENSER LE REBOISEMENT

REPENSER LE REBOISEMENT

En collaboration avec le comitéreboisement de la Communauté métropolitaine de Montréal

Sous la direction du