RENTRÉE LITTÉRAIRE 2015 - Ouillade.eu

L’Iconoclaste

RENTRÉE LITTÉRAIRE

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Sophie de Sivry, directrice des éditions

de L’Iconoclaste Fréd

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UNE LITTÉRATURE ICONOCLASTE

Éditrice, je suis nourrie d’une double passion : celle de l’image et celle du texte. Le nom de ma maison en porte la marque depuis quinze ans.

À L’Iconoclaste, j’ai d’abord publié des beaux livres où image et texte résonnaient l’une avec l’autre. J’ai ensuite poursuivi en introduisant l’image là où on ne l’attendait pas. Ainsi est née la forme originale de Méditer, jour après jour de Christophe André, où la peinture s’invite dans un essai pour donner sens autant que les mots.

Quel que soit le champ d’expression de la maison – livres d’archives, essais, littérature –, le visuel a depuis toujours une grande importance.

Il y a six ans naissaient nos premiers titres littéraires, sous une couverture « vergé » qui a donné son nom à la collection. Tout est parti de la découverte du talent de Judith Perrignon, qui raconta dans C’était mon frère… la relation entre Théo et Vincent Van Gogh, puis qui réalisa l’autoportrait inoubliable du peintre Gérard Garouste dans L’Intranquille.

Ce sillage littéraire s’est poursuivi avec un ou deux titres par an, pour ne garder que le meilleur.

Rappelons L’Empereur, c’est moi, un premier livre d’Hugo Horiot sur son enfance en autisme, rédigé d’une langue brute et puissante. L’homme-joie de Christian

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Bobin, martelé de sa propre écriture à la main, incandes-cent comme le sont toujours ses livres. Mémé par Philippe Torreton, un texte touchant, riche en trouvailles sur l’en-fance.

Nous avons fait aussi quelques pas de côté avec des romanciers qui ajoutèrent, le temps d’un livre, des images à leurs mots. Démons quotidiens, le journal intime et politique que Nancy Huston rédigea en 2011, chroniques quotidiennes sur notre monde, tout en coups d’œil et coups de griffe. Et le souffle devient signe, un autoportrait à l’encre et au pinceau de François Cheng, qui se dévoila pour la première fois dans ce texte cristallin.

Ces livres constituent ce que j’appelle une littérature de l’intime. « La vraie vie, la seule vie réellement vécue, c’est la littérature », écrit Marcel Proust.

Le public nous a suivis : L’Intranquille (50 000 ex.), L’Empereur, c’est moi (40 000 ex.), L’homme-joie (90 000 ex.), Et le souffle devient signe (45 000 ex.). Notre dernier coup de cœur, Mémé (180 000 ex.), donna l’occasion à de très nombreux lecteurs non familiers de la littérature de réa-liser qu’un livre pouvait leur parler d’eux.

En cette rentrée littéraire, je revendique haut et fort ce nom, L’Iconoclaste, comme une marque de fabrique. Vous allez découvrir des textes variés : le nouveau livre de Judith Perrignon, Victor Hugo vient de mourir, un roman à la fois intimiste et épique, où elle recrée les dernières heures du

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poète et la folle journée de l’enterrement qui suivit ; Mille et un morceaux, les mémoires foisonnants, irrévérencieux et souvent désopilants de Jean-Michel Ribes ; La Ballade du calame, d’Atiq Rahimi, un portrait intime où les signes dessinés viennent suppléer aux mots lorsque ceux-ci ne par-viennent pas à traduire ni les souvenirs ni le parfum des origines. Enfin Eve de Castro, avec Nous, Louis, Roi, se glisse dans la peau d’un Roi-Soleil vieillissant qui tombe le masque d’Apollon et se retrouve homme avant tout.

Peu importe qu’il s’agisse de fiction, d’autofiction, de mémoires, de journal intime. C’est une littérature qui se joue des frontières et des genres. Le plus important est de faire entendre des voix singulières et fortes.

SOPHIE DE SIVRY

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QUATRE TITRES

QUATRE VOIX

QUATRE UNIVERS

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VICTOR HUGO VIENT DE MOURIR

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JUDITH PERRIGNONVICTOR HUGO

VIENT DE MOURIR

« Victor Hugo vient de mourir. » Ce sont les derniers mots du rapport de police écrit à 13 h 30, ce 22 mai 1885. Dix jours plus tard viendront les funérailles nationales, depuis l’Arc de triomphe voilé de noir jusqu’au Panthéon repris à l’Église par la République.

Mais la mort de Victor Hugo a laissé un épais dos-sier aux archives de la police. Et déclenché une véritable bataille : il fallait avoir le cadavre avec soi.

Le récit commence par l’agonie dans la chambre tapis-sée de velours rouge. Dans tout Paris, les crieurs de jour-naux annoncent heure par heure la fin imminente. Des passants bouleversés leur demandent de se taire. Le soir, dans les cafés, les révolutionnaires s’écharpent : était-il seulement des nôtres, ce grand homme ? Le gouvernement a peur. Les mouchards sont là, qui écoutent et notent tout. Une ville entière se fait l’écho d’un homme à l’agonie. Et la hiérarchie catholique cherche à récupérer son âme. Mais Victor Hugo veut mourir sans Église.

Quelques heures plus tard, le poète murmure encore, puis s’éteint. Tout s’amplifie, tout s’accélère. La foule est

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prise d’une immense émotion. Le gouvernement se met à redouter une levée des Misérables sous le drapeau rouge…

DU HUIS CLOS AU GRAND JOURJudith Perrignon écrit le récit de ces folles journées. Elle

passe du huis clos au grand jour, de l’individu au collec-tif, de l’intime à l’idéologie, avec une écriture ciselée, juste, vibrante. C’est une vraie prouesse que d’arriver à traiter un si grand sujet en restant au plus près des hommes. Elle orchestre avec maestria un ballet de personnages que l’on suit pas à pas : Féger, chef de brigade posté devant la maison du mort ; Lisbonne, ancien communard qui refuse de pleurer le poète dont il connaît les vers par cœur ; Louise Michel qui apprend la nouvelle dans sa cellule de Saint-Lazare.

UNE FABLE MODERNEDurant ces quinze jours, le sang coule au Père-Lachaise,

les débats s’enflamment à l’Assemblée nationale, des ouvriers supplient par écrit qu’on fasse du lundi un jour chômé pour qu’ils puissent se rendre à l’enterrement…

Dans l’entourage du poète, les proches ne sont plus que des ombres. Ses fils morts, Léopoldine noyée, Adèle vivante mais folle, planent sur ceux qui restent : deux petits- enfants ; des amis fidèles ; Lockroy, le gendre en quête de légitimité, qui refuse de laisser les funérailles officielles étouffer l’idéal du poète. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : va-t-on enterrer le songe avec le songeur ?

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JUDITH PERRIGNON est née en 1967. Elle est journaliste – longtemps pour Libération, aujourd’hui pour Le Monde et XXI – et écrivain. Elle est notamment l’auteur à L’Iconoclaste de C’était mon frère… (2006), L’Intranquille (2009). Elle a aussi publié Les Chagrins (Stock, 2010), Les Faibles et les Forts (Stock, 2013). Son dernier livre, Et tu n’es pas revenu (Grasset, 2015), coécrit avec Marceline Loridan-Ivens, connaît un immense succès.

Derrière cette question, c’est aussi notre époque que nous retrouvons. Ce même écart entre le gouvernement et le peuple, cette même colère. Judith Perrignon parvient à faire d’un événement historique une fable moderne.

UNE JOURNÉE HISTORIQUE

Dimanche 31 mai 1885 : les Champs-Élysées sont enva-his toute une journée et toute une nuit par le peuple venu voir la dépouille sous l’Arc de triomphe.

Lundi 1er juin : deux millions de Français sont dans les rues – c’est la plus grande manifestation de tous les temps à Paris, plus importante que la Libération, la mort d’Édith Piaf ou celle du général de Gaulle. Ce rassemblement popu-laire est souvent comparé, par son importance, à la mani-festation de soutien à Charlie Hebdo, le 11 janvier 2015.

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VIENT DE MOURIR

L’ICONOCLASTEROMAN

256 pages – 18 € – En librairie le 26 août

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EXTRAIT

« Il y a dans la chambre Alice et Édouard Lockroy, Georges et Jeanne, Meurice et Vacquerie, Léopold Hugo, le docteur Allix, Armand Gauzin, compositeur, Richard Lesclide, secrétaire du poète, et les voisins M. et Mme Ménard-Dorian. Il y a le tic-tac de l’horloge sur la cheminée, toute une allu-vion de souvenirs, toute une vie. Peut-être qu’à ce moment ultime, les idées se retirent pour laisser la place à ceux qu’on a aimés. Peut-être y a-t-il d’autres visages penchés sur lui et qu’il est le seul à voir. Son père, sa mère, son frère devenu fou, sa femme, ses femmes, Léopoldine noyée depuis si longtemps, Fran-çois-Victor et Charles, ses fils emportés par la maladie. C’est beaucoup de visages, mais ce n’en est qu’un seul, c’est celui de la mort, elle est peuplée de ceux qu’on a perdus. Que voit-

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il sous ses paupières mi-closes ? Qu’entend-il encore des larmes et des chuchotements de ceux qui entourent son lit ? Peut-être plus rien déjà. Il faudrait l’océan, son chant du départ.

Édouard Lockroy descend quand on lui signale que le directeur du théâtre de la Porte Saint-Martin est en bas, mais un cri reten-tit depuis la chambre, il remonte aussitôt. La porte de la maison se ferme. Plus personne n’est autorisé dans le vestibule. Victor Hugo soulève la tête puis retombe sans vie sur son lit. Il est 1 h 27 de l’après-midi.

Dans la chambre, une main s’approche de la pendule posée sur la cheminée et l’arrête. Après de longues minutes, tous s’écartent progressivement du corps, ils descendent au jardin cueillir des fleurs, des roses surtout, mais aussi des pensées, des feuillages verts, et toutes les corolles fraîchement ouvertes avec

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la floraison du printemps. Ils en font des bou-quets qu’ils déposent sur le lit.

D’elle-même, la foule dehors se range sur le trottoir opposé, elle dessine un demi-cercle face à l’hôtel. Les hommes se découvrent, les vieillards pleurent silencieusement, des femmes se prennent le bras. Et la nouvelle part en trombe. »

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ATIQ RAHIMILA BALLADE DU CALAME

PORTRAIT INTIME

« Il y a exactement trente ans, en pleine guerre afghano- soviétique, j’ai pris le chemin de l’exil. Il neigeait ce jour-là quand j’ai clandestinement franchi la frontière pakistanaise. Je rejoignais mon père qui lui-même avait fui l’Afghanis-tan, humilié par trois années de prison après la chute de la monarchie. De cet instant, je n’ai gardé qu’une seule image : une plaine, blanche comme une feuille de papier vierge. L’exil, c’était cela : une page, sans trace aucune, qu’il fallait remplir. Depuis, je ne cesse d’écrire, de faire des films, de photographier… Mais la page me semble toujours vierge.

J’ai beaucoup parlé de ma terre natale, des femmes blâ-mées, de la guerre qui a emporté mon frère et dispersé ma famille aux quatre coins du monde… Mais je n’ai jamais évoqué mon exil. Dès que je m’apprête à le décrire, je suis démuni, muet, comme devant un trou noir. L’exil est une voie sans retour. Une fois dedans, on ne parvient plus à s’en défaire. On devient à jamais un être errant, on est tissé d’ailleurs. Je suis comme le callimorphe, ce papillon migrateur aux ailes noires, zébrées de blanc, qui après avoir quitté sa chenille est condamné à voler nuit et jour.

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Oui, l’exil ne s’écrit pas. Sans doute est-ce pour cette raison que pour l’évoquer je suis revenu à ma langue maternelle, le persan : quand les mots ne parvenaient pas à raconter l’errance, j’ai pris le calame, ce fin roseau taillé en pointe dont je me servais enfant, et je me suis mis à tracer les lettres calligraphiées. Elles m’entraînaient vers ma terre d’origine. Elles libéraient un parfum sur la feuille. »

UN MÉTISSAGE D’ÉCRITURESÉcrivain reconnu et primé, Atiq Rahimi évoque pour la

première fois ses exils. Plus qu’une autobiographie, ce texte est une errance faite d’un métissage d’écritures diverses – des souvenirs, des réflexions, des récits, des poèmes, et parfois, pour suppléer aux mots, des calligraphies.

Ainsi celui qui se dit « né en Inde, incarné en Afghanistan et réincarné en France » invente-t-il une forme d’écriture qui lui est propre, puissante, singulière et libre et qui reflète avec fidélité ce qu’il est au plus profond de lui-même.

Un récit intime et puissamment poétique, une médi-tation sur ce qui reste de nos vies quand on perd le fil de son enfance.

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Artiste aux multiples talents, ATIQ RAHIMI est écrivain et cinéaste. Né en Afghanistan, il s’est réfugié en France il y a plus de trente ans. Il a reçu le prix Goncourt en 2008 pour Syngué sabour, pierre de patience, dont il a lui-même réalisé l’adaptation au cinéma. Le livre et le film ont été d’immenses succès. La Ballade du calame est son troisième livre écrit en langue française. Pour la première fois, il parle de lui, revient sur son exil, son enfance, sa famille…Atiq Rahimi est aussi l’auteur de Terre et cendres (P.O.L, 2000), qui a également donné lieu à une adaptation au cinéma (prix Regard vers l’avenir 2004).

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« J’ai arraché toutes les photos et toutes les peintures qui couvraient le mur de mon ate-lier. Les enceintes de mon antre sont désor-mais aussi blanches que l’étendue de la terre d’exil. J’ai rangé toutes mes notes, tous mes livres. L’exil ne s’écrit pas. Il se vit, une seule fois, comme une expérience originelle, qui se révèle et me révèle dans la seule voie, celle de la création. D’où mon obsession pour cette histoire d’un personnage légendaire arabo- musulman, que je raconte à chaque fois que l’on me demande pourquoi j’écris, pourquoi je fais des films.

Un soir, dans une ruelle, Mollah Nasreddin cherche quelque chose sous un lampadaire. Un passant s’approche et lui demande :

– Mollah, as-tu perdu quelque chose ?– Oui, j’ai perdu les clefs de ma maison.

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Le passant se met à chercher, lui aussi. Peine perdue. Aucune trace des clefs. Il se retourne vers Mollah pour lui demander :

– Es-tu certain de les avoir perdues ici ?Très serein, Mollah Nasreddin répond :– Non, je les ai perdues chez moi.– Mais alors, pourquoi les cherches-tu ici ?– Chez moi, il n’y a pas de lumière, rétorque

Nasreddin.

Cette histoire reflète mon destin, comme celui de tous les exilés. Mon pays a sombré dans la terreur de la guerre, dans l’obscuran-tisme, et, là-bas, j’ai perdu les clefs de mes songes, de ma liberté, de mon identité. Aussi l’ai-je quitté en espérant retrouver mes clefs là où il y a de la lumière, de la liberté, de la digni-té – tout en sachant que je ne les retrouverai jamais. Toute création en exil est la recherche permanente de ces clefs perdues. »

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« Je n’oublierai jamais ces écritures ensor-celantes, avec des caractères calligraphiés presque illisibles, sur les papiers pliés en triangle, ni leur composition très graphique, dans des cercles ésotériques. Moi aussi, j’ai fini par en avoir peur. De temps à autre, ma mère demandait à mon père, qui connaissait par cœur le Coran sans y croire vraiment, de lui rédiger avec du safran une amulette pro-tectrice. Puis elle noyait le papier dans une carafe d’eau. Le jaune du safran s’y dissolvait, l’eau devenait presque orange doré… Et nous, nous devions boire au petit matin un verre de versets calligraphiés du Coran. Ce talisman s’appelait “shwest”. »

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JEAN-MICHEL RIBESMILLE ET UN MORCEAUX

Figure centrale et subversive de la scène actuelle, talent protéiforme – auteur de théâtre, mais aussi de deux séries cultes pour la télévision (Merci Bernard et Palace), met-teur en scène et cinéaste, directeur du Rond-Point depuis 2002 –, Jean-Michel Ribes raconte sa vie pour la première fois.

Mille et un morceaux comme mille facettes d’une vie de passion, de création, de politique, d’engagement, mais surtout mille rencontres, mille combats, mille amitiés et inimitiés, mille souvenirs, de Mai 68 à nos jours, mille bruits et fureurs.

PORTRAIT D’UN GÉANT CULTURELAttachant pour les uns, horripilant pour les autres,

Jean-Michel Ribes est ici seul en scène avec son énergie gargantuesque, ses souvenirs, sa rage de vivre et ses dou-leurs irrémédiables. Il est l’homme des coups de gueule politiques, l’homme qui connaît tout le monde dans les cercles de la culture, l’homme qui adore la provocation et sait se montrer mordant ; il est aussi le chef de bande enjoué et combatif, celui qui prône avant tout la fantaisie subversive et le rire, qui cultive l’incongru, l’absurde, le

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tête-à-queue, le coq-à-l’âne. Il est éruptif, passionné, indé-pendant, les griffes sur le qui-vive, mais les larmes aussi.

On rit beaucoup car aucun détail, aucune petitesse n’échappe à l’auteur, qui ne s’épargne pas non plus.

On est bouleversé aussi par cette confession sans fard. Un père absent qui restera telle une plaie à vif, une mère adorée, une adolescence gâchée dans une pension mor-bide où il croise Patrick Modiano et Michel Sardou. Une dépression profonde qui brise son élan pendant près d’un an et demi, et qu’il évoque de façon vive et pudique.

UNE VIE À MILLE À L’HEUREOn rencontre des acteurs, des artistes, des politiques,

Alain Cuny, Roland Blanche, Nicolas Sarkozy et François Hollande, Daniel Pennac, Milan Kundera et Raymond Queneau, Paul Morand et Jacques Dutronc, mais aussi les amours et les amis les plus chers : Philippe Khorsand, Jacques Villeret, Roland Topor, Gérard Garouste.

Mille et un morceaux à mille à l’heure : une course folle, une vie épuisante à courir pour créer, vivre, monter des projets, rattraper le temps qui passe trop vite pour tout embrasser. Une vie avec des coups de jus et des coups de mou.

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Dans ce livre foisonnant, le lecteur ne s’ennuie jamais grâce à une écriture qui varie dans ses formes, paragraphe éclair, tableau fouillé ou aphorisme, et selon les chapitres, une alternance de souvenirs comiques et graves, un goût pour le coq-à-l’âne qui surprend tout du long.

« Dès tout petit j’étais désireux de faire des choses sans arrêt, vite, tout de suite, et puis très rapidement s’est élevée cette grande chose contre laquelle je me suis cogné : la réalité.

(…) Je n’étais manifestement pas équipé pour cette prison quotidienne. J’ai vite cherché l’issue de secours. La cour de récréation dans un premier temps. La cour de re-création la bien nommée. (…) M’échapper. Franchement je n’avais pas le choix, c’était ça ou dépérir. »

Ce livre est la somme de ces échappées.

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Auteur dramatique, metteur en scène et cinéaste, JEAN-MICHEL RIBES dirige le Théâtre du Rond-Point depuis 2002, où il défend l’écriture dramatique d’auteurs vivants. Il est auteur et metteur en scène d’une vingtaine de pièces, dont Théâtre sans animaux (2001) et Musée haut, Musée bas (2004), toutes les deux primées aux Molières. Il a écrit et réalisé des téléfilms, dont les deux séries cultes Merci Bernard et Palace. Pour le cinéma, Jean-Michel Ribes a réalisé de nombreux films, dont le dernier, Brèves de comptoir (2014).

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« Le fracas de la porte tapant contre le mur explose dans mon crâne. Je me réveille en sur-saut. Les néons qui s’allument m’aveuglent. “Bonsoir, je suis Sophie, votre infirmière de nuit !”, clame une voix vinaigrée qui s’échappe d’une petite dame, format rongeur, sanglée dans une blouse verte. Lunettes rondes, monture d’acier, cheveux blancs extra-fins approximativement chignonnés sur la nuque.

L’aide-soignante fixe le tensiomètre dont elle vient de ceindre mon bras gauche.

“Pas trop mal”, murmure-t-elle et, sans me jeter un regard, griffonne quelques chiffres sur mon dossier. Elle place ensuite le mesu-reur d’oxygène à l’extrémité de mon index. Deux, trois questions machinales suivent, j’y réponds. Pour la première fois, elle me

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regarde : “Théâtre du Rond-Point !? Bien sûr que je connais, j’y suis allée tous les soirs pendant une semaine.” Je me redresse intri-gué par cette spectatrice dont l’assiduité frôle l’addiction. “Quand je vous dis une semaine, c’est peut-être même dix jours… Malgré le froid et les cars de flics on n’a rien lâché. On a tenu jusqu’à la dernière représentation de cette saloperie de pièce qui crachait sur notre Seigneur Jésus…” Ma poitrine se serre.

Elle me fixe : “Vous me reconnaissez ?” Je remue négativement la tête. “Moi si, d’ailleurs je me doutais bien que c’était vous. Je ne fais pas partie de l’hôpital, je suis là juste cette nuit pour un remplacement et je tombe sur vous, qui avez programmé ce sacrilège dans votre théâtre.” Mes mains prisonnières des perfu-sions deviennent moites. “Golgota Picnic... Déjà le titre – juste le titre – il est odieux,

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vous ne trouvez pas ?” Elle est pâle, ses yeux se durcissent, sa voix est métallique. “Vous veniez nous narguer tous les soirs, protégé par vos quatre cents CRS, pendant que nous clamions notre foi à celui qui nous a racheté nos péchés, et que vous torturiez tous les soirs devant huit cents personnes.” Ma bouche s’as-sèche, je viens d’apercevoir accrochée à son insigne d’infirmière une médaille en fer-blanc représentant le cœur de Jésus triomphant, au sommet duquel jaillit un crucifix. Mon cœur à moi se met à tanguer de plus en plus. Je n’ar-rive pas à le croire, je suis là, seul dans une chambre d’hôpital à la suite d’une alerte car-diaque, et qui débarque en plein milieu de la nuit ? Une infirmière membre de Civitas ! »

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EVE DE CASTRONOUS, LOUIS, ROI

20 août 1715. Devant le bassin de Latone, dans le fau-teuil à roues qu’il ne quitte plus, Louis XIV jette de la brioche à ses carpes. Ces poissons dorés sont immortels, l’émissaire du Japon le lui a juré. Pour la première fois, il songe qu’ils lui survivront.

Depuis le début du mois, il a effroyablement maigri, et malgré la chaleur, il grelotte. L’enflure de son pied gauche a gagné le mollet, les élancements le taraudent. Les méde-cins ont diagnostiqué une sciatique, ils ne parlent pas de gangrène, mais au fond de lui, Louis sait.

Le compte à rebours a commencé. Une dizaine de jours, au mieux. Dix jours pour faire le bilan. Solder les comptes. Avec les hommes. Avec Dieu.

Louis, qu’as-tu fait de ce qui t’a été donné ?Il ne sent encore ni frayeur ni chagrin. Depuis l’âge de

cinq ans où il a été hissé sur le trône, il s’est si bien dressé à maîtriser peurs et peines qu’il croit ne rien éprouver. Ne jamais montrer, ne jamais avouer. Même à soi-même.

Des milliers de fois il a commencé ses adresses par ces mots : « Nous, Louis, roi. » Il sait qui est le roi. Le monarque sans pareil, le soleil du siècle. La divinité immor-talisée par les peintres et les poètes. Mais sous le masque

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d’Apollon, sous la cuirasse de Jupiter, qui est Louis ?Il lui reste dix jours pour le découvrir. Dix jours pour

accepter de n’être pas un dieu, mais un homme. Avec ses faiblesses, ses regrets, ses passions, sa solitude. Juste un homme, qui écoute battre son cœur et qui dit : pardon ; merci ; ne m’oubliez pas.

LA CONFESSION DE LOUIS XIVCe texte se voudrait un voyage. Il faudrait le lire les

yeux fermés, se laisser porter par la voix. Elle est celle d’un homme mort depuis trois cents ans. Nous croyons tout savoir de lui parce qu’il est le plus célèbre de nos rois. Mais nous connaissons surtout l’image qu’il s’est appliqué à façonner. Beaucoup d’or, de marbre, de musique, des jar-dins, des académies, des maîtresses, des fêtes sans pareilles. De la souffrance aussi.

L’homme qui parle a soixante-dix-sept ans. Il s’est rêvé immortel et son temps est compté. C’est dans ce temps suspendu qu’il se regarde. La gangrène ronge sa chair, le masque tombe. Les doutes, les remords, les joies secrètes, les passions qui ont embrasé sa vie remontent à fleur d’âme. « Nous, Louis, roi » redevient « je » et, sous une lumière crue, se pose les questions que nous nous poserons tous un jour : qu’ai-je été ? qui suis-je ? que res-tera-t-il de moi ?

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EVE DE CASTRO a fait des études d’histoire, de droit international et Sciences Po. Elle est l’auteur de nombreux romans historiques à succès, dont Nous serons comme des dieux (Albin Michel, 1996, prix Maurice-Genevoix), Le Roi des ombres (Robert Laffont, 2012) et Joujou (Robert Laffont, 2014). Ses livres sont traduits dans le monde entier. Eve de Castro est également journaliste et scénariste pour le cinéma (Le roi danse) et la télévision (Rastignac ou les Ambitieux, L’École du pouvoir). Nous, Louis, Roi est son treizième roman.

AUTOMNE 2015 : UNE ACTUALITÉ CULTURELLE SOUS LE SIGNE DU ROI-SOLEIL ET DE VERSAILLES

1. À l’automne, Versailles, une série en douze épisodes, va voir le jour sur Canal+. Elle aura pour intrigue la construction du château, au début du règne du Roi-Soleil. Coproduction internationale, budget sans précédent (27 millions d’euros, soit deux fois plus que pour Downton Abbey), avec notamment Dominique Blanc, dans le rôle d’Anne d’Autriche, et Amira Casar, dans le rôle d’une dame de la Cour.

2. Dès le mois d’octobre, une grande exposition aura lieu à Versailles sur la mort de Louis XIV. Cet événement retracera les détails, étrangement peu connus, du décès, de l’autopsie et des funérailles du plus grand roi de France et de celles des souverains européens de la Renaissance au siècle des Lumières.

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« Je possède les plus belles carpes d’Europe. Les plus vieilles aussi. L’émissaire du Japon m’a juré qu’elles étaient immortelles. Je doute que les serments vaillent davantage au pays du Soleil-Levant qu’en ce pays-ci, mais il m’a plu de le croire, donc je l’ai cru. À l’heure de la promenade, j’avais ordonné qu’on me condui-sît au bassin de Latone, et qu’on roulât ma chaise contre la margelle. Je chéris mes carpes presque autant que mes chiennes, voire, chu-chotent ceux qui ne m’estiment point, plus que mes proches. Ces poissons me fascinent, je ne m’en défends pas. Leurs écailles attirent et ren-voient la lumière, ils sont grâce et puissance, masse et fluidité, mystère et chatoiement. La plus grosse de mes protégées est d’un splen-dide jaune moiré, on la croirait enduite d’or frais. Quand je frotte mes mains au-dessus de l’eau, elle remonte, bouche arrondie, elle me

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cherche. Je lui lance du biscuit, des lamelles de viande, elle a les mêmes goûts que moi, elle raffole des œufs durs et des pois verts. Cet après-midi elle n’avait pas très faim, elle n’a gobé qu’un morceau de brioche. Ensuite, au lieu de plonger comme d’ordinaire lorsqu’elle est rassasiée, elle s’est mise à tourner en rond juste sous la surface. Elle a dessiné dix-sept cercles. Dix-sept exactement, après quoi elle s’en est allée, calme, souveraine.

Pour la première fois, j’ai pensé qu’elle me survivrait. Je me suis redressé, la murène a refermé ses dents sur mon pied et j’ai compris qu’elle ne le lâcherait plus.

Je suis Louis le Grand. Je ne peux pas, je ne dois pas mourir. J’ai toussé pour chasser le sanglot qui gonflait ma gorge. Et j’ai deman-dé, posément, qu’on m’apportât un sorbet.

Le 5 septembre, j’aurai soixante-dix-sept ans. À défaut d’être un bel âge, c’est un âge

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Eve

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honorable. Mes ennemis ont parié que je ne passerai pas la fin du mois d’août. Ils piaffent aux frontières du royaume et au seuil de ma chambre. Parce que j’ai considérablement mai-gri, parce que je marche avec une canne, ils se croient sûrs de leur fait. Ils ne mesurent pas la passion qui depuis un demi-siècle m’habite.

Attaché à son échafaudage sous le plafond de la chapelle Sixtine, le grand Michel-Ange priait : “Mon Dieu, donnez-moi la force de vouloir plus que je ne peux.” Sa prière sera mienne pour les heures, les jours, les semaines à venir. J’ai dompté des bêtes plus féroces que celle dont le venin m’incendie, je suis toujours le maître, la murène attendra.

Mon Dieu, donnez-moi la force de vouloir plus que je ne peux.

Mon temps viendra quand je le déciderai.Ainsi soit-il. »

Judi

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UNE RENTRÉEICONOCLASTE

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Judith PerrignonVICTOR HUGO

VIENT DE MOURIR


Atiq Rahimi

LA BALLADE DU CALAME



VIENT DE MOURIR

L’ICONOCLASTEROMAN


L’ICONOCLASTE

ATIQ RAHIMIPORTRAIT INTIME

UNE LITTÉRATURE ICONOCLASTE

Judi

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Eve de CastroNOUS, LOUIS, ROI


Jean-Michel RibesMILLE ET UN MORCEAUX


EVE DE CASTRO

LA CONFESSION DU ROI SOLEIL

NOUS, LOUIS,

ROI

L’ICONOCLASTE


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RENTRÉE LITTÉRAIRE 2015 - Ouillade.eu

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