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KimGrey

SEXYCOMÉDIERECHERCHE(FAUSSE)FIANCÉE

Volume5

ZIVY_005

1.Incendiecriminel

–Est-cequ’ilvas’ensortir?

Personnenemerépond.LespompiersdéposentSimonsurunbrancard. Ila lesyeuxclos,quelquesbrûluresaubrasetuneplaieaufront.

–Jevousensupplie,dites-moiqu’ilvas’ensortir!

Magorgeestnouée,aupointqu’ilm’estdifficiledeparler.

–Ilesttroptôtpourl’affirmer,merépondlesecouristetoutenfaisantsigneaupompierdeporterlebrancarddansl’ambulance.

Suis-jedansuncauchemar?Malheureusement,non.Lachaleurdubrasiernemelerappellequetrop.Me croyant prisonnière des flammes, Simon est allé me chercher. Sans hésiter une seconde, m’a ditLauren.Àprésent,soncorpsinanimégîtsousmesyeux,etj’ail’impressiond’étoufferd’angoisse.

Laportedel’ambulancesefermesousmonnez.Jem’entendshurlerquejeveuxmonteraveclui.Onmerépondquec’estimpossible.

–Jesuissafiancée!Laissez-moil’accompagner!

Jenelesuispas,maisjedonneraisn’importequoipourl’être.C’estpresquepareil,non?

–Votre fiancé a perdu connaissance, il a besoinde soins intensifs. Je nepeuxpas vous accepter àbord,mademoiselle.Nousl’emmenonsàlacliniquedeLenoxHill.Vouspourrezlevoirlà-bas.

Moncœur s’est serréquand lepompier aprononcé lemot« fiancé».Hier, j’aimisSimondehorsparceque je le trouvais tropenvahissant, cematin j’ai laissémon téléphonepournepas recevoir sesmessages!Àprésent,ildisparaîtdansuneambulance,sansquejesaches’ilvas’ensortir.Jeneseraispeut-êtrejamaissafiancée.Etparmafaute!

Jedonneraistoutcequej’aipourpasserlerestedemesjoursaveclui!

L’ambulancedémarre.C’estcommesionm’arrachaitunepartiedemoi.Laurenm’entraîne.

–Viens,nousallonsàLenoxHillentaxi.Mieuxvautleslaissers’occuperdeSimontranquillement,recommandemasœur,taprésencepourraitlesgêner.

Ellearaison,etsesmotsmefontreprendremesesprits.Lorsquejemesuisfaitpiquerparunemédusevenimeuse,Simons’estoccupédemoisansperdresonsang-froid.Etcen’estpasenmemorfondantquejeluirendraiservice!J’arrêtedoncuntaxietluidonnel’adressedelaclinique.

Unefoisàl’accueildeLenoxHill,jedemandeàvoirM.Stone.Unmédecinnetardepasàarriver.

–Vousêtessafiancée?

Jehochelatête.

–Suivez-moi,jevaisvousemmeneràsachambre.– Je te laisse y aller seule. Je t’attends dans ces fauteuils, décidema sœur en s’effaçant pourme

laisserentête-à-têteavecSimon.–M.Stones’ensortplutôtbien,m’expliquelemédecin.Ilaquelquesbrûlures,superficielles.Ilareçu

unmorceaudepoutresurlatête.Maislecoupn’aheureusementpasoccasionnédetraumatisme.

Jepourraismejeterdanslesbrasdumédecintantjesuissoulagée.

Maisj’aitrophâtedemejeterdansceuxdeSimon.

–M.Stonedort,préciselemédecinavantdemelaisserentrer.Ilabesoinderepos.

J’entresurlapointedespieds,retenantmonsouffle.LecorpsdeSimonallongém’arracheunbruyantsoupirquejeneparvienspasàréprimer.Unbandageenserresoncrâne.Unautreentouresontorse.Uneperfusionestattachéeàsonbras.Soussalèvre,unelégèrecoupureformeunepetitecicatrice.

Etcelaluidonneencoreplusdecharme!

Jesourismalgrémoi.Mêmeblessésurunlitd’hôpital,cethommeestàsedamner…

Jem’assoisauborddulitetprendssamaindanslesmiennes.Simonalesyeuxclos,ildort.Maisilrespire.Ilestvivant!Jesuissiémuequej’aidumalàretenirmeslarmes.

–Situsavaiscommejemesensstupided’avoirréagicommeça!Jenesaispascequ’ilm’apris…

J’aipresquechuchotépournepasleréveiller.Mavoixtremble,jenecherchepasàdissimulermonémotion.Leslarmescoulentlelongdemesjoues.J’effleuresonvisage,enévitantlacoupure,pournepasluifairemal.

–Quandlespompierst’ontsortidesflammes,jerentraisdustand-up.Jevoulaistetéléphoner,pourm’excuserdet’avoirmisdehors…Jem’enveuxtellement,Simon!

Ilnem’entendpas,maisjenepeuxpasm’empêcherdepoursuivre.

–C’étaitunvieuxréflexe,del’Ivyd’avant…Jet’aimeSimon,commejen’aijamaisaimépersonne.Jeveuxquetufassespartiedemavie…Tuenfaisdéjàpartie,maisjeveuxpartagerencoredavantagedechosesavectoi.Etjenepeuximagineruneseulesecondevivresanstoi!

Unsouriresedessinedoucementsurlevisagedemonamant.Simonentrouvrelespaupières.Sesyeuxbrillentd’unéclatsingulier.

–Tuesréveillé?!murmuré-jelagorgeserrée.

–Oui,jesuisréveillé!Heureusement!J’auraismanquécettedéclaration!

Savoixestfaible,maisSimonsouritavecunetendressequimefendlecœur.

–Çaadubonderecevoirunboutdeboissurlatêtedansunincendie…Çapousselesjoliesfillesàpasserauxaveux.

–Tunepeuxpasdireça,Simon!Çaauraitpuêtrepire,bienpire!

Moivoixs’étrangle.

–Jesuislà,Ivy…Ettoiaussi,c’esttoutcequicompte.–Commenttutesens?–Trèsbien,souffle-t-ilenpassantsamainsurlebandagequienserresoncrâne.Justeunpeumalau

crâne…Ilenfautunpeupluspourmemettreautapis!

Simonessuieleslarmessurmesjoues.

–Toutvabien,Ivy.Lemédecinadûteledire,jen’aipresquerien.Àpeineunegrossebosse…Etc’est vrai que j’ai eu un peu chaud…Un peu comme si j’avais passé un week-end complet dans unsauna…

–Jem’enveuxtellement,Simon,situsavais…–Tul’asdéjàdit…Jenet’enveuxpas,moi.Commentpouvais-tusavoir?J’aipréférélepassageoù

tudisquetum’aimes…murmure-t-il,espiègle.

Ilfaituneffortpourseredresser.Unlégerrictusdedouleurpassesursonvisage.

–Nebougepas,Simon,dis-jeenposantdoucementmesmainssursontorse.Tudoistereposer.

Ilmeregarde,mecontemplantl'airpresquesurpris,touteneffleurantmonbras,commepours’assurerquejesuisbienlàdevantlui.

–Alorspenche-toiversmoi!Çafaitplusdecinqminutesquetuesentréedanscettechambreetnousnenoussommespasencoreembrassés.Jevoudraissentirteslèvressurlesmiennes…

J’approchedoucementmonvisagedusien.Simonglissesamainderrièremanuqueenunecaressequimefaitfrémiretnoslèvressepressentenuntendrebaiser.Lesentirenvie,toutcontremoi,libèreunenouvellevagued’émotion.

–Laurenm’aditquetuétaisentrédansl’immeubleenflammessanshésiteruneseconde,dis-jed’unepetitevoix.Jeteremercie,Simon.

–Angiea appelé le studioStone, complètementpaniquée,pourdireque ton immeublebrûlait.Ellevoulaitsavoirsituétaisavecmoi…Lastandardistemel’aimmédiatementpasséesurmonportable.

Samainserrelamienne.

–Tun’étaispasavecmoi…Personnenet’avaitvusortir,tunerépondaispasautéléphone…J’aicrudevenirfou.J’étaisdanslequartier,jesuisarrivéplusvitequelespompiers.

–Cematin,jesuispasséeparl’escalierdesecours…Précisémentpourqu’Angienemevoiepas!Jen’avais pas envie de lui faire la conversation. J’étais trop troublée par notre dispute. Enfin, par madispute,parceque je suis la seuleàm’êtreemportée…Une foisdehors, jemesuis renducomptequej’avaisoubliémontéléphone…Etjenesuispasretournéelechercherparcequejesouhaitaisêtreseule.Sij’avaissu…

LesyeuxdeSimonplongentdanslesmiens.

–Précisément,Ivy,tunepouvaispassavoir…Quandjesuisarrivé,poursuitSimon,lefeunes’étaitpas encore propagé à tous les étages. Sachant que tu étais peut-être à l’intérieur, je ne pouvais pasattendre les pompiers ! Je suis entré dans le building, puis chez toi,mais alors que jeme trouvais aumilieudusalon,quelquechoseacraquéetm’esttombédessus.Àcemoment-là,unpompierentrait.J’aiditquetuétaispeut-êtredanslebâtimentetilaprislerelais.C’estlàquejemesuisévanoui,jecrois.Etpuisplusrien…

Jefrémisàcesmots.ImaginerSimonaumilieudesflammesestunevisiond’horreur.Et ilafaitçapourmoi!

–Cequetuasfait,c’esttoutsimplementprodigieux.

Lesmotsmemanquenttantjesuisémue.Simon,enrevanche,paraîttoutàfaitdécontracté.Commesiallerchercherquelqu’unaumilieudesflammesétaitlachoselaplusnaturelledumonde.

–Tusais, j’aientendutavoix,depuisl’ambulanceetc’est làquej’aireprisconscience.Etpuis,çavalaitvraimentlecoupdemeretrouvericipourentendretadéclarationd’amour,ajoute-t-ileninsistantsurlemot«vraiment».

Simonsembleavoirététrèstouchéparmesmots.Etcommepourmeleprouver,sansmequitterdesyeux,ilportemamainàseslèvres.

–Moiaussijet’aime,murmure-t-il.–Tunem’enveuxpas?nepuis-jem’empêcherdedemanderunenouvellefois.Jet’aichassédechez

moi,hier.Etc’estparcequejefaisaislatêtequejen’aipasprismontéléphone!Jemesensresponsabledecequit’arrive.

–Cesontdeuxchosesdifférentes!Si tuparlesdufaitque tum’asmisdehors, jene t’enveuxpas.J’auraisdûtedemanderl’autorisationavantdecommenceruneenquêtesurtamère.Pourlereste,jenevoispasbienenquoituesresponsable.

Sonsourires’étire.

–Àmoinsquetuaiesmislefeuvolontairementpourvoirsij’allaisvenirtesecourir?!Etalors,celavoudraitdirequej’airéussil’épreuve!J’ensuisravi.

Jenepeuxpasm’empêcherderire.

–Jesuistellementsoulagéquetusoislà,devantmoi.Situsavaiscommej’aieupeurpourtoi,Ivy.–Jecroissavoir,oui.Çadoitrassembleràlafaçondontj’aieupeurpourtoi…

Nousnousregardonsintensément.Nosyeuxsedisentdesmilliardsdechoses,s’échangentdesaveuxplusfortsquetouslesmots.

– La première fois que nous nous sommes dit « je t’aime », nous étions aussi à la clinique. Tu tesouviens?demandeSimon.

–Biensûrquejemesouviens.

Nousnousembrassons tendrement.Mesmainsseposentdoucementsursonvisage.Lessiennes, surmeshanches.L’espaced’un instant, j’oubliecomplètementoùnousnous trouvons.Maison frappeà laporte,etlavuedumédecinmelerappelle.

–Lapolicesouhaitevousposerquelquesquestionsauplusvite,monsieurStone,voussentez-vousprêtàlesrecevoir?Ilssouhaitentégalementinterrogervotrefiancée,préciselemédecin.

Simonsourit imperceptiblement lorsqu’ilentendlemédecinm’attribuer legradedefiancée.Moi, jesuistropsurprisepourm’enamuser.

–Lapolice?Maispourquoi?

Lemédecins’efface.Deuxhommesencivilentrentdanslachambre.Simonlesinviteàs’asseoir,maisles deux policiers préfèrent rester debout, assurant qu’ils n’en ont pas pour longtemps. Après s’êtreprésentéscommeenquêteurs,ilsentrentdanslevifdusujet:ilssontlàpourmettrelamainsurceluiouceuxquiontmisSimondanscetétat.

– Selon les premières observations des pompiers, l’incendie s’est déclaré à votre étage,mademoiselle.Etilestd’originecriminelle.

Unincendiecriminel?Jemesenstrèsmal,toutàcoup.JelanceunregardpaniquéàSimon.Samainseserresurlamienne,pourmerassurer.

–Vousvoulezdirequequelqu’undel’immeubleestvisé?–Ilestpossiblequel’incendiaireaitagiauplusvite,enallumantlefeulàoùillepouvait,expliquele

policier.Maisnousnepouvonsnégligerlefaitquelefoyerétaitdevotrecôtédupalier,mademoiselle.– Connaissez-vous quelqu’un susceptible de vous en vouloir ? Avez-vous remarqué des

comportementslouchesàvotreégard,cesdernierstemps.

Passélepremierinstantdestupeur,jesecouelatêtenégativement.

–Jenevoispersonne,non!Ils’agitpeut-êtred’unsimplepyromane,quiaréussiàs’introduiredansl’immeuble.

–Monsieur Stone nous a signalé les agissements étranges d’une certaine Émilie Fish. Pensez-vousqu’ellepuissevousenvouloir?

J’entombepresquedulit.

–C’estvraiqu’elleestvenuemetrouverdansmaloge,authéâtre…Pourquoim’envoudrait-elle?–Est-cequevousl’avezdéjàvueprèsdechezvous,mademoiselle?

–Non,jel’aiaperçuedevantchezSimon,etaussidanslehallduStoneStudio.Maischezmoi,jam…

Soudain,jemesouviens!

–Maisoui!m’écrié-je.Cematin,avantdepartir,j’aientendulavoisineparleravecunefemme.Jen’aipasreconnulavoix.Maismaintenant,çamerevient!C’étaitlavoixd’Émilie.

–Vousêtesabsolumentsûredevous?demandeundespoliciers.–Je…oui.–Vousl’avezentendue,maisvousnel’avezpasvue?poursuitl’autreagent.–Exactement!Jenevoulaispascroiserlavoisine.Jesuissortieparlesescaliersdesecours…–Pouréviterunevoisine?demandel’enquêteur,perplexe.– Heu… Oui, elle me donne des conseils envahissants. J’étais de mauvaise humeur, j’ai filé à

l’anglaise.

UnlégersourirepassesurleslèvresdeSimonlorsquej’expliquema«fuite»parlasortiedesecours,puisilredevientsérieuxetsamâchoiresecrispe.

–Nousallonscommencerparchercherdanscettedirection.Siquelquechosevousrevient,appelez-nous.EtsiMlleFishtented’entrerencontactavecvous,prévenez-nousimmédiatement.

Lorsquelespolicierss’envont,Simonattrapesontéléphone.

– Je vais demander àmon détective de chercherÉmilie de son côté, et de ne plus la lâcher d’unesemelle,jusqu’àcequelapolicel’aitinterrogée.

Émilie est la première sur la liste des suspects…maismaintenant que j’y pense, je trouve que lavoisineauncomportementétrange,elleaussi.Etpasuniquementparcequ’ellenousoffredespaniersdefruitsbioetdesconseils…

–Ilyaquelquechosequitetracasse?demandeSimon.– Comment se fait-il qu’Angie ait parlé avec Émilie le matin de l’incendie ? Est-ce qu’elles se

connaissent?Luia-t-ellecommuniquémonétage?Est-cequ’elleafaitleguetpours’assurerquejenesortepas?

–Angie,demècheavecÉmilie?s’étonneSimon,visiblementincrédule.–Ellesavaitquetuplongeraisdanslesflammessanshésiter!Est-cequ’ellet’aappeléexprèspour

quetuentresdanslebrasier?

Simonréfléchit.Jesensqu’ilpèsemesparoles.

–Peut-êtrequejedeviensparanoïaque,continué-je…maisjemedismêmeque,siçasetrouve,ellesavaitque jen’étaispaschezmoi,etelle te l’a faitcroireexprès…Tucroisque jedevraisavertir lapolice?

– Je n’ai senti de la part de la voisine que de la bienveillance à ton égard, Ivy.Mais je ne veuxnégligeraucunepiste,ilenvadetasécurité.Jelaferaisurveiller,tranche-t-il.

Aprèsavoirpianotésursontéléphone,ilmeprenddanssesbrasetposeunbaisersurmeslèvres.Aumêmemoment,Laurenentredanslachambre.Elles’arrête,unpeugênéedenoussurprendreainsi.

–Jeneveuxpasvousdéranger…–Entre!lançons-nousd’unemêmevoix,Simonetmoi.–Lemédecinm’aditquetuallaisbien,Simon…Jevoisqu’ilnes’estpastrompé!

Laurenplaisante,maisjeconstatequ’ellealestraitstirés.Lasoiréeaétéunerudeépreuve,pourelleaussi.Elleavunosappartementsbrûler,ellem’ad’abordcrueprisonnièredesflammes,ensuite,elleavuSimonyplonger…

Jemelèvepourserrermasœurdansmesbras.

–Lapoliceestvenuevousvoir,vousaussi,j’imagine?C’estquoicettehistoired’incendiecriminel?!demandeLauren,visiblementbouleversée.

D’unair trèscalme,Simonracontesonpassé,àgrandstraits,puisexpliquecommentÉmilieasurgipourleretrouver,lui,afindesevengerdeTylerWalker.

–Elleestdangereuse,précise-t-il,surtoutdepuisqu’ellesaitquesonfrèreestmortàmaplace.

Laurenécoutelerécit,ébahie.LavoixdeSimontrembleimperceptiblement.Moi,jeserrefortsamaindans lamienne.Voirqu’il faitconfianceàmasœur–unedespersonnesquim’est leplusproche–aupointde luiconfiercettehistoiredouloureusemetouche.Unenouvellevagued’émotionmeprendà lagorge.

–Etcettefemme,Émilie,auraitcherchéàtetuer,Ivy?–Pourl’instant,cen’estqu’unehypothèse…dis-je.Ilyaautrechosequimetracasse.Jemedemande

quelrôlejouelavoisine,là-dedans.Jesaisquevousl’appréciez,touslesdeux.Maisiln’empêche!Cematin,ellediscutaitavecÉmilie.

–Ellem’enaparlé!s’écrieLauren.Ellem’aditavoirmisdehorsunefemmequirôdaitducôtédesboîtes aux lettres.Elle voulaitmonter dans les étages,mais n’avait aucune visite précise à rendre.Etd’ailleurs,jesaisqu’ellen’apasallumélefeu,j’étaischezelle!

–Tuétaisavecelleaumomentoùl’incendies’estdéclaré?

Laurenhochelatête,maisfroncesoudainlessourcils.

–Çaneveutpeut-êtreriendire…Maintenantquej’ypense…tuaspeut-êtreraison.C’estvraiqu’elleestbizarre,parfois.Commesiellecachaitquelquechose.Finalement,jenesaisriend’elle.Etquandj’yrepense,ellealourdementinsistépourquejeprenneunthéavecelle.

Le visage de Simon se ferme imperceptiblement. Je sens qu’il n’est pas d’accord avec nous,maiscommeill’adit,ilneveutnégligeraucunepiste.

–Jevaistenterd’ensavoirplus,annonceLauren.–Cen’estpasunpeurisqué?–Nem’as-tupastoi-mêmeplusieursfoisbaptisée«inspecteurSœurette»?–Justement,dans«inspecteurSœurette»,ilyasœurette,etj’aimeraisqu’ilneluiarriverien.Jeveux

dire,riendepire…

Lesimagesdel’immeubleenflammesmereviennentbrusquementàl’esprit.Jen’yaipassongéavant,tantj’étaispréoccupéeparl’étatdeSimon,maisnosdeuxappartementssontpartisenfumée.Latensiondel’actionretombe,etuneangoissevertigineusemesaisit.

–Toutesnosaffairesontbrûlé,nousn’avonsplusrien…dis-jed’unevoixblanche.– L’incendie n’a pas fait de victime. Nous sommes saines et sauves. Ce que nous avions de plus

précieuxaétéépargné,murmuremasœur.–Oùvas-tualler?–Chezpapa.J’aibesoindemeréfugierdansunendroitfamilier,pourquelquesnuits.–EtDevil?–Je l’ai laisséà lavoisine, le tempsdet’accompagner ici.Jevaispasser lechercheravantd’aller

chezpapa.J’aigardéunvieuxvivariumàlamaison.Dèsquenousseronsremises,nousaviserons.Ceseracommeunnouveaudépart,qu’endis-tu?

Jehochelatête.Masœuraraison.Jelaserredansmesbras.Ellemerendmonétreinte.Ellem’estpluschèrequejamais.

QuandLaurenquittelachambre,lanuitestdéjàbienavancée.Jem’allongeprèsdeSimon.Danscegenredeclinique,leslitssontàpeuprèsaussigigantesquesquedansunpalace.Ainsilovéecontremonamant,apaiséeparsarespirationcalme,jeparviensàtrouverlesommeil.

Jenepensaispasqu’unenuitàlacliniquepouvaitêtresitendrementromantique.

2.Cheztoiouchezmoi?

Lelendemainmatin,jemeréveille,blottiecontreSimon.

Voilàpourquoij’aisibiendormi!

Unedouceodeurmechatouillelesnarinesetjeconstateavecstupeurqu’unpetitdéjeunerdeluxeestservi. Corbeille de viennoiseries, jus de fruit frais, café et toutes sortes de choses qui semblent plusdélicieuseslesunesquelesautres.

– On se croirait dans un hôtel cinq étoiles… Enfin, je n’ai jamais mis les pieds dans ce genred’endroit,maisj’imaginequecelayressemble,dis-jeenapportantunplateauàmonamant.

Jem’assoistoutprèsdelui,etjesongeàmelaissertenterparuncroissantlorsqu’onfrappeàlaporte.

FranckRidge etCarolineKatz entrent dans la chambre.Simon leur a envoyéunmessagepour leurexpliquerqu’ilsallaientdevoirsepasserdeluipendantquelquesjours,et ilssesontempressésdeluirendrevisite.

Aprèslesavoirrassurés,Simonraconteàsonassociéetàlaréalisatricecommentleschosessesontpassées.Enomettant toutefoisdepréciserque j’avaisdécidéde laissermon téléphonechezmoiparcequejeboudais…

Gentleman!

–Quelqu’unvousenvoudrait?s’étonneCaroline.–C’estcequechercheàdéterminerlapolice…–Vousdevezvousreposer,touslesdeux.Ondevraitreporterlafêted’inaugurationdesdécorsd’Out

ofSpace,Simon,propose-t-elle.

J’ignoraisqu’ilyavaitunefête…

Ilestvraiquej’aieudroitàunevisiteprivéequivalaitbientouteslesfêtes…

Franckapprouvel’idée.

–Jemechargedeprévenirtoutlemonde.–Avertirlestraiteurs,lesserveurs,lesjournalistes,lesinvités…N’ypensezmêmepas!Jesuisdéjà

remis,detoutefaçon,proclameSimonencaressantmamain.

Caroline insistepourdécaler la fête, inquiètepour lasantédesoncollaborateur.Elle luiprometdes’occuperdetout,maisSimonneselaissepasconvaincre,assurantquetoutvabien.Carolinerendlesarmes.

–Ilestingérable,hein?glisse-t-elleàmonintentionavecunemalicequimefaitsourire.

Carolineestdécidémentbien loinde la toughgirlque j’imaginais lapremière foisque je l’aivue.Elleestvraimentgentille.

Et je dois avouer que le fait qu’elle ne convoite aucunement Simon me la rend encore plussympathique.

Justeaumomentdepartir,Carolineseretourne.

–Vousappreneztoujourslechinoisancien?–Jevousdemandepardon?–Lechinoisancien,vous…

Ohnon!

J’avaispresqueoublié!LevisagedeSimons’illumined’unsourirequejeconnaisbien.

Iln’apasoublié.Pasdutout.Etilattendunereprésentation.

Francksourit,luiaussi.Ilestaucourant,maisn’arientrahidelanatureexactedenosrelations.Simonetmoin’avonspasencorerévélélasupercherie.

–Cegenredelanguemefaitrêver,Ivy!Jetrouveçatrèsinspirant.Ilfautvraimentqu’onendiscute!–Non seulement elle l'apprend toujours,mais elle progressebeaucoup.N’est-cepas,monamour ?

s’empressederépondreSimonavantquej’aieeuletempsdedirequoiquecesoit.

Malgrémoi,jesouris.Jemerendscomptequejen’aiplusaucundoutesurcequi,danscettephrase,relève de la comédie et de la réalité : Simonment sur le chinois ancien,mais le «mon amour » estsincère.

Aucundoutenonplussursonsourire:100%provocateur.

Etquandilsouritdecettefaçon,jepourraisparlern’importequellelangue.

Mevoilàobligéedebaragouinerquelquesmotspour« faire rêverCaroline»…etamusermonbelamant.

Dèsqu’ilssontsortis,jemetourneversSimon.

–Tuasdelachanced’êtreallongésurcelitd’hôpitalsansquoijem’occuperaisdetoncas,SimonStone.

–J’espèrequetuvastrèsbientôtt’occuperdemoncas,Ivy…,répond-ild’unevoixpleinedesous-entendusquimefaitfrémir.

Samainsepromèneuninstantdansmondos.Puisunsourireespièglepassedenouveausurseslèvres.

–Jevoulaisseulementprofiterunedernièrefoisduchinoisclassique.C’esttoujoursassezréjouissant

det’entendreparlercettesijolielangue.Nemedispasquetuasarrêtélesleçons!?

Jesuispartagéeentrel’enviedel’étrangleretcelledefairel’amouraveclui,toutdesuite.

–Franckestaucourant,onpourraitledireàCaroline,non?!–Direquoi?Quenousnesommespasfiancésouquetuneparlespaslechinoisclassique?Parceque

pour ce qui concerne la fiancée, ilme semble t’avoir entendu dire plusieurs fois hier que tu étaismafiancée.Aupompier,aumédecin,aussi…

Àmontourd’arborerunsourireespiègle.

–Vraiment,commentpeux-tuenêtreaussisûr?Tuétaisinconscient,ilmesemble…–J’auraisrêvé?Douxrêve…T’entendredirecesmotsm’aguérid’unseulcoup.–N’exagèrepas,Simon.–Jen’exagèrepas,Ivy,dit-ilenplongeantsesyeuxdanslesmiens.

Regard100%vérité.

Je me sens troublée, tout à coup, presque gênée. Parce qu’en ce qui me concerne je ne suis pascomplètementhonnête.Sijel’étais,j’avoueraisàSimonquejemesuisprésentéecommesafiancéeparcequej’aisouhaitél’êtreplusquetoutaumonde…Maisj’aidumalàfairecegenred’aveu.

–J’aihâtederévéleràtoutlemondeàquelpointjet’aime.Jevaisbeaucoupmieux,detoutefaçon.Jevaisdemanderaumédecindemelaissersortir,etappelermonchauffeurpourqu’ilviennenouschercher.

–Déjà,n’est-cepasunpeutôt?–Passimafiancéeveillesurmoi…

***

Simonestrestéàpeinetroisjoursàl’hôpital.Etjenel’aipasquittéuninstant,oupresque,dormantprèsdelui,m’éclipsantàpeinequelquesminutespourallermechercheràmanger.Mêmesiêtreavecluivingt-quatreheuressurvingt-quatrenem’apasdéplu, jenesuispasfâchéeque l’onsorteenfindecethôpital.

Etqu’ilensortevivantsurtout…

LechauffeurdeSimonseprécipiteànotrerencontre.Ilsembleheureuxdevoirquesonpatronvabien.

Aussitôtinstalléeàl’arrière,jemerendscomptequemonamantestpréoccupé.

–Tantqu’Émilieestdanslanature,nousnesavonspasdequoielleestcapable,déclare-t-ilsoudain.Pourquoinepartirais-tupasloind’ici,letempsquel’enquêtesoitterminée?

–Ilenesthorsdequestion,Simon.Jet’aime,jeveuxêtreàtescôtés.JemefichedetombernezànezavecÉmilie.Jen’aipaspeur.

–C’estbiencequim’inquiète,rétorqueSimonenm’embrassant.–N’espèrepas tedébarrasserdemoienm’envoyantauboutde laplanète sur jene saisquelle île

coupéedumonde!Jem’installecheztoi.

UnlégersouriredesatisfactionpassesurleslèvresdeSimon.Jerepenseàlafaçondontnousnoussommesséparés.

–Enfin,situveuxbien…Jesaisquejet’aichassédechezmoi,parcequejevoulaisdel’air…Maislà,c’estdifférent,c’estjusteletempsquetuteremettes…

100%mensonge.Quelquechoseenmoimeurtd’envied’êtreauxcôtésdeSimon,chaquejourdecettevie.

Etdessuivantes.

–Detoutefaçon,ilmesemblequetonappartementaétéravagéparlesflammes.Tun’asdoncpaslechoix,Ivy.Tuesobligéedevenirchezmoi.

Vusonairinsolent,ondiraitpresquequeçaluiplaîtquemonappartementaitbrûlé.

PendantqueSimonétaitàlaclinique,j’yaipenséparintermittence,sansvraimentm’arrêterdessus…Jeréalisepourdebonquejen’aiplusdechezmoi.J’avaismonordinateurportabledansmonsac:mesidéesdestand-upsontdoncsauves.Toutleresteestperdu.

Heureusement,l’essentielestavecmoi,danscettevoiture!

***

ÀnotreretourdansleloftdeSimon,noussommesaccueillisparlafamilleStone,quiarrivetoutjustede Los Angeles. Il a eu beau les rassurer sur son état, sa sœur et ses parents ont tenu à faire ledéplacement.

–Quepersonnenes’inquiète, jevaistrèsbien,lanceSimonavectendresse.Lapolicefait toutpourretrouver l’incendiaire… La seule chose qui compte, c’est qu’Ivy n’était pas dans son bureau quandl’incendies’estdéclaré.

Dansmonbureau?

J’ysuis!J’aicomplètementoubliéquelesparentsdeSimonnesontaucourantderienconcernantmonappartement.Jesuistoujoursofficiellementsafiancée.Monamantaeulaprésenced’espritdetrouverunmensongepourjustifierl’existencedemonappartement.

–Commentça,unincendiaire?

Sasœuretsesparentsontposélaquestiontouslestroisenmêmetemps.

–Quipourraitavoirmislefeuàtonancienappartement,Ivy?Quelqu’unt’enveut?demandeArianna.

Jenesaisquerépondre…Simonneleurarienrévéléàproposd’Émilie,etilnes’agitpasdefaireunegaffe.

–Lapoliceenquête…secontentededireSimon.

Ilesttempsqu’ilpasseauxaveux,luiaussi…

Faceàl’absencederéponsedesonfrère,Ariannas’impatiente.

–Unefemme!Unefemmejaloused’Ivy!Simon,sij’ysuispourquelquechosedanscettehistoire,jedoislesavoir!

–Commentpourrais-tuêtreresponsabledequoiquecesoit,Arianna?–Siçasetrouve,parmitouteslesfemmesquetuasrencontréesparMeetLove,ilyenaunequit’en

veutàmort!

«Touteslesfemmes»?

Jedemanderaisbiencombiendefemmes,çafait,«touteslesfemmes»…Maisjesensquelemomentestmalchoisipourexigerdesstatistiquesetfaireunecrisedejalousie.

Unechoseestsûre,ilyenaunequileurenveutàmort,àtoutescesfemmes…

Simonneditrien,l’airderéfléchir.

Illescompte,là?

–C’estça,n’est-cepas?!Simon!Dis-moiquecen’estpasunefemmequejet’aifaitrencontrer,qui,renduefolledejalousie,s’enestpriseàIvy!Dis-moique…

–Arianna,s’ilteplaît!coupeSimon.Cequinousarriven’arienàvoir!

Simonmarqueunepause.Samâchoiresecrispe.

– Jen’aientretenuaucune relation,avecaucune femmedeMeetLove ! tranche-t-ild’unevoixsansappel.Laplupartdutemps,jemesuisdébrouillépournemêmepaslesrencontrer…

C’estdrôle,jemesenspluslégère,toutàcoup…

–Iln’estpasimpossiblequetoutcelaaitunlienavecmonpassé,lâchegravementSimon.

Ledésespoirque je lis sur levisagede la sœur etdesparentsdeSimonme fend le cœur. Ils sontdevenuslivides,toutàcoup.Commesileurpirecauchemardevenaitréalité.Jecomprendsleurdésarroi:pendanttoutescesannées,ilsontfaitensortequelepassédeleurfilsadoptifresteàsaplacedepassélointain.Etmalgrétout,voilàqu’ilresurgit…

– Pour lemoment, ce n’est qu’une hypothèse !martèle Simon. Tout ce que nous savons, c’est quequelqu’un a mis le feu à l’étage d’Ivy. Or, Ivy n’a pas d’ennemis assez tordus pour incendier unimmeuble…Onnepeutpasendireautantdemoi…

JecomprendsqueSimonestentraindepréparerleterrain.Jel’admiretantencetinstant.Alorsquelui-mêmeestexposéetqu’ilvientderisquersavie,ilpenseencoreàménagersesproches.

–Etmaintenant,sivousalliezvous installerdansvosappartements…Nousavonsbesoinderepos,Ivyetmoi.Nousnousparleronsplustard,jevouslepromets.

Unefoisseul,Simonmeprenddanssesbras.

–Ilfaudraquejeleurdise.Quejeleurracontetout.Maispasaujourd’hui…

Jel’embrasse.

–Jesuisfièredetoi,Simon.–Jeveuxtemontrerquelquechose.

Monamantm’emmèneauboutduloft,àl’étagedesonatelier.

Ilouvreuneporte,quidonnesurundébarras.Uncridesurprisem’échappe.

–Monappartement?!

Le débarras a été transformé en appartement. Plus précisément, en mon appartement. Simon l’areconstitué!Lesmêmesmeubles,lemêmecanapé,lemêmelit.

– Je savais que mon studio faisait la taille d’une des pièces de ton loft, mais là, c’est frappant.Commentas-tufait?

–J’aidonnéquelquesinstructionsdepuislacliniquequandtun'étaispasdanslachambre…–Tut’essouvenudemonappartement,c’estincroyable!–Jesuisdesigner,Ivy…Jel’aidonceuassezvitedansl’œil.Etcomme,enplus,jel’aiobservéavec

attention,pourtenterdecernertapersonnalité,jem’ensouvenaisplutôtbien…–Pourcernermapersonnalité,rienqueça?!Etquellessontlesconclusions?–Indépendante,fortetête…toutcequej’aime.Jel’aisudèslapremièreseconde.L’appartementme

l’aconfirmé.

SousleregarddeSimon,jefaisquelquespas«chezmoi».

– Comme ça, tu te sentiras toujours chez toi, même chez moi. Je sais que tu as besoin de tonindépendance.

Jemejettedanslesbrasdemonamant.Noslèvressecherchent,doucementd’abord,puisavecunefrénésiequiexprimetoutelajoieetlesoulagementdeseretrouvertouslesdeuxvivants,aprèsavoirtantcraintl’unpourl’autre.

Encoreincrédule,jem’approchedelabibliothèque.

–Lesmêmeslivres!Tut’essouvenudetouslestitres?!–Là,jedoist’avouerqueLaurenm’estvenueenaide…Jemesuispermisdefaireappelàelle…

Simon a contacté ma sœur pour obtenir des précisions sur ma bibliothèque. J’aime bien l’idée.Soudain,jebondis.

–Jen’aipasprisdesesnouvelles,depuisl’hôpital!

J’attrapemontéléphone.

–Salue-lademapart,ditSimond’untonléger.–Lauren!C’estmoi!Commenttuvas?Est-cequetuestoujourschezpapa?

Masœurritautéléphone.

–Regardeparlafenêtre!

Sanscomprendrecequ’elleaderrièrelatête,jetirelerideau.

–Unpeusurlagauche…

Àlafenêtred’enface,jevoisLauren,quimeditbonjour.Jepousseuncridesurprise,etdejoie.Nousnesommesplussurlemêmepalier,maisnoussommesvoisines!

–Commentest-cepossible?–C’estàSimonqu’ilfautledemander…

JemetourneversSimon.Ils’estallongésurlecanapédemonsalon.Lesmainscroiséesderrièrelanuque, ilm’offre le spectacle de son beau corps étendu. Et ilme regarde en souriant, amusé parmasurprise.

–Jemedoutaisquetuauraisenviedevivreprèsdetasœur…–SimonaaussiproposéderelogerAngie,unpeuplusloindanslarue,reprendmasœurautéléphone.

Jefroncelessourcils.

–Ehoui,ellepourratoujourst’apportertespaniersbio,Ivy.–EtSimonpourraaussilagarderàl’œil,jerajoute.–Jetelaisse,jefinisd’installermesnouvellesaffaires…Simonaeulagentillessedemefairelivrer

unnouveauvivariumpourDevil!

Aprèsavoir raccroché, jem’approchedeSimonetm’allongeàcôtéde lui, sur lecanapé.Aussitôt,moncœur s’emballe, etquelquechose frémit enmoi.Appuyée suruncoude, jeposemamain sur sontorse,enprenantgardedenepasappuyersuruneblessure.

–TuasmêmepenséauvivariumpourDevil!Tuesincroyable,c’estcomplètementfou!Onnepourrajamaisterembourser,dis-jesoudaininquiète.

–TasœuretAngieonteulamêmeréaction.Ellesontinsistépourmepayerunloyer.Pourcequiestdeton«cheztoi», tun’asrienàrembourser.Quandtutedéciderasàvivrechezmoi, tonappartementredeviendraundébarras,bienplusconfortablequecequ’ilétaitavant,dit-ilmalicieusement.

Simonapenséàtout.Ilnousapermisdenepassouffrirdelasituation,sanspourautantquenousnoussentionsredevables.Cethommeestexceptionnel.

–QuantàDevil,jepréfèrelesavoirdanssonnouveauvivarium,cheztasœur,qu’àrampericilelongdurideau,commeunecertainefoisoùtul’avaisaccueilliclandestinement…

JesourisenrepensantàlafoisoùAriannaétaitdevenuefolled’hystérie.Puismesyeuxseposentsurle visage de Simon. Presque rétabli, allongé nonchalamment sur le canapé, ce corps commence àmedonnerdesidées.

–Pourquoitusouris?–Jerepenseàtatêtequandtuasvuleserpent…–Etc’esttout?

J’approchemabouchedesoncouetyposedesbaisersmouillés.

–Jepensesurtoutàcecorpsmagnifiqueétendudevantmoi,etjemedisquejenevaispaspouvoiryrésisterpluslongtemps,dis-jed’unevoixlascive.

–Çatombebien,nousn’avonsjamaisfait l’amourdanstonappartement…Jetrouveçadommage…enchaîne-t-ildansunsouffle.

La main de mon amant se glisse derrière ma nuque, pour encourager mon exploration, et desfourmillementsdedésirnaissentsouschacundesesdoigts.

***

Simon se remet rapidement. Nous passons deux journées merveilleuses, allongés sur l’immensecanapédesonsalon,ousurcelui,pluspetitmaisnonmoinsconfortable,demonappartement.Danssesbras,jeprendsdesnotespourlestand-up.Ilgriffonnedeschosespoursesprochainsprojets.Nousnousinterromponspourfairel’amour.

Unechoseestsûre,quandjesuischezlui,jemesensdangereusementchezmoi…

Àcroirequ’ilfaittoutpourmefairerestericiàvie!

Sablessureàlatêteapresquedisparu.Quantàcellesouslalèvre,ellelaisseunetrèsfinecicatricequimedonneenviedeluisauterdessusdèsquejelevois.

Cequinechangepasd’avant,d’ailleurs.

Parfois, lesmâchoires demon amant se crispent et ses yeux se perdent dans le vague. Il n’est pasdifficilededevineràquoiilpense.Émilie.Noussommestoujourssouslaprotectiondelapolice,ellen’apasétéretrouvée.Pourmapart,jen’aipaspeur.

PrèsdeSimon,jemesensinvincible.

Laurens’estrangéeàl’avisdeSimon.Ilssonttouslesdeuxd’accordpourdirequ’Angien’arienàvoir avec tout ça. Seulement,mon inspecteur de sœur a une nouvelle lubie.Elle est persuadée que lavoisinecachequelquechose.Etelles’estfaituneaffairepersonnellequededécouvrirquoi…

***

Cesoir, j’ai jouéaustand-up.Simonestvenu.Etiln’acesséderegarderpartoutautourdenous, jesaisqu’ilcherchaitÉmilie.Alorsmêmequesongardeducorpsl’aassuréqu’ilnel’avaitpasvuedanslesalentours.

À la finde lasoirée,alorsquenous rentrons, jeconstateque levisagedemonamantest fermé.Jeconnaiscetteexpression:ilestterriblementpréoccupé.

Cequinel’empêchepasd’êtreaussiterriblementdésirable…

Aumomentoùnousarrivonsdansleloft,jem'approchedelui.

–Situmedisaiscequisepasse…– La police a retrouvé Émilie, et l’a arrêtée, annonce-t-il. Je t’avoue que j’ai eu du mal à me

concentrer sur la findu spectacle car l’officierm’a laisséunmessagependant le stand-up.C’est bienÉmiliel’incendiaire.

Jerestemuette,uninstant.Letempsderéaliser.

–Elleaavoué?Sansdifficulté?– Elle n’a pas résisté un seul instant. Loin de nier les faits, elle les a revendiqués avec force et

fierté…Elle adit qu’elle se fichait complètementd’être emprisonnée,maintenantqu’elle avait fait cequ’elleavaitàfaire.L’agentm’aditqu’elleétaittrèsperturbéepsychologiquement.

Je suis soulagée de savoirÉmilie hors d’état de nuire,mais jeme sens triste également. Pour ellecommepoursesparents,quisemblaientsidémunis.

–Jesaisàquoitupenses,noteSimon,eneffleurantmonfront.ÉmilieaétévictimedelaviolencedeTylerWalker,aumêmetitrequemoi.Seulement,ellen’apaseulachanced’avoirunefamilleaussiforte,aussiaimanteetattentionnéequelamienne.Jeveilleraisàcequ’elleaitunbonavocatetàcequ’ellesoitpriseenchargeparlesmeilleurspsychologues.

J’embrasseSimontendrement.Soudain,sonvisagesedétend.

–Jesuisremisdemesblessures.Émilieestderrièrelesbarreaux.Onpeutdoncdirequecetteaffaireestterminée,toutestrentrédansl’ordre.End’autrestermes,àpartird’aujourd’hui,tuvischezmoiparcequenousvivonsens…

–Techniquement,jenevispascheztoi,Simon!

J’airéagivivement.Quelquechosedel’ancienneIvyaeulebesoincompulsifd’empêcherSimondeprononcerlesmots«vivreensemble».

–Monappartementestcheztoi,certes,maisjevischezmoi!

Simonsouritdesonairprovocateur.

–C’estunefaçondevoirleschoses…Pourmapart,j’envisagelasituationexactementàl’inverse.Tuvischezmoi,Ivy…maisdanstonappartement…

–Jevischezmoi,maischeztoi.C’estunmodedevieencouplequineportepasvraimentdenom.Disonsquenousl’avonsinventé,spécialementpournous.

–Çameva,pourlemoment,ditSimon.

Mêmes’ilalourdementinsistésur«pourlemoment»,jerisetleprendsdansmesbras.Depuisledébutdenotrehistoire,nousnefaisonsriencommelesautres,etnoustrouvonsdansdessituationstoutesplusinvraisemblableslesunesquelesautres…

Etçameplaît.

–Jemedemandaisquelquechose,Simon.

Ilm’interrogeduregard,étonnéparmonairpenaud.

–Tupeuxmedemandertoutcequetuveux,Ivy,tulesais.–LedétectivequisurveillaitÉmilie,c’estlemêmequeceluiquiacommencédesrecherchessurma

mère,n’est-cepas?

Simonhochelatête.

–Jemedisaisques’ilétaitlibre,àprésent,ilpourraitpeut-êtrereprendrel’enquête.Jecomprendraisqueturefuses,vulafaçondontjet’ai…éconduitquandtum’asparlédespremièresrecherches.

Simonsourit.

–Jeseraissiheureuxdepouvoirt’aideràretrouvertamère,Ivy!

Ilpourraitsemoquerdemonretournement,ilnelefaitpasdutout.Ilestsincèrementheureux.

Cethommeestirréel!

– L’enveloppe qui contenait les premières découvertes est partie en fumée avec le reste de mesaffaires…maisj’aimeraisapprendrecequ’ilavaittrouvé.

Simonnoteunnumérodetéléphonesurunpapier,qu’ilmetend.

–Tupeuxl’appelerquandtuveux.Dèsmaintenant,même.

Simonselève.

– Je ne sais pas ce qu’il avait trouvé. Si tu souhaites garder cela pour toi, je le comprendraiparfaitement.Situasenviedem’enparler,jeseraidansmonatelier,dit-ilenquittantlapiècepourmelaisserseuleaveclenumérodudétective.

Sonattentionme touche. Jedécrocheaussitôtmon téléphone.Aprèsm’être rapidementprésentéeaudétective,j’enviensaufait.

–L’enveloppequeSimonm’avaitconfiéedevotrepartabrûlédansunincendie…

Iln’estpasobligédesavoirquej’étaissurlepointdeledétruireavantqu’ellenebrûle…

–Jen’enétaisqu’audébutdemesinvestigations,mademoiselle.Maisjeseraisravidereprendremonenquête.Pourl’instant,jenesaispasgrand-chose.Jesuispartid’unouvragequevotremèreapubliéilyadesannées.L’éditeurn’existeplusmaisj’airéussiàcontacterquelqu’unquitravaillaitpoureux…J’aipuavoirlenomdel’endroitoùelleaétévuepourladernièrefois,unpetitvillaged’AmériqueduSud.Là,j’aipuétabliraveccertitudequevotremèreavaitquittél’AmériqueduSudilyaunanetdemipourl’AmériqueduNord.C’est làqu’ellesetrouveactuellement…Jen’ensaispasdavantage.Jereprendsmon enquête et vous tiendrai informée dès que j’aurai du nouveau. Auriez-vous des documents, desphotographies,parexemple,àmecommuniquer?

–Malheureusement,lesdeuxphotographiesquimerestaientd’elleontbrûlé,ellesaussi.

Ledétectivem’assurequ’ilsedébrouillerasans.

Jenesaispassiellesauraientété trèsutiles,de toute façon…Ils’agissaitdedeuxvieilles imagesPolaroid réalisées il y a dix ans, et sur lesquelles on ne reconnaîtrait probablement personne… Ladernière fois que je les ai regardées, c’était il y a plus de cinq ans, et les couleurs étaient déjàcomplètementpassées.

JerejoinsSimon,danssonatelier.

–Tuviensmettreunpeudedésordre?demande-t-ilenmevoyantapprocherdubureau.

Ilm’attrapeparlatailleetm’attireàlui.Jem’assoissursesgenoux.

–Ledétectivepensequ’elleestenAmériqueduNord.

Simonneditrien,ilmelaissepoursuivre.

–C’estgrandl’AmériqueduNord,j’espèrequ’ilaurabientôtd’autresinformations.–Ilesttrèsfort,tuverras,jesuissûrqu’ilt’appellerabientôtavecuneadresse…–Enmême, temps, çame fait bizarre.Laperspectivede retrouvermamèreme laisse dansun état

d’excitationmêléedecrainte.Jenesaispasbiencequejeferaisij’ail’adresse…–Tudécideraslemomentvenuquoifairedesrenseignements,Ivy,ditdoucementSimon.Tupourras

toutaussibienprendretontemps.

3.Révélations

J’aidormidansmonappartement.AvecSimon.Nousavionsdécidédedormirchacunchezsoi,maisilest venu me rejoindre, après m’avoir demandé très officiellement, par SMS, si j’en étais d’accord.Ensuite,nousavonsfêtécesretrouvaillesnocturnescommeilsedevait.

Notremodedevie«chezmoicheztoi»adubon…

Ce matin, quand j’entre dans la cuisine, Simon est parti au studio Stone. Une odeur de cafém’accueille.Leplusbeaudesamantsapréparémonpetitdéjeuner.Jesoupiredebonheur.Rienquedem’asseoir dans la cuisine de Simon, je me sens heureuse. Tandis que je me sers une tasse de café,j’aperçoisuneenveloppeàmonnom.Leslettressonttracéesdanslafineécrituredemonamant.

Jeprendsl’enveloppeentremesmains,etjenepeuxpasm’empêcherdelarespirer.

Oui, c’est stupide.Mais c’est plus fort quemoi. Et de toute façon personne neme voit…Enfinj’espère.

Lepapiersentl’odeurboiséedemonamant.Jepourraislarespirertouslesjourssansm’enlasser.

Enfait,c’estpire.Jecroisquejevaisavoirbesoindelarespirertouslesjours.

Aprèsm’êtreenivréedulégerparfumpendantplusieursminutes, jemedécideàouvrir l’enveloppe.Ellecontientuncarton.

«LeStoneStudiovousinviteàdécouvrirenavant-premièrelesdécorsdufilmOutofSpaceetàfêterlelancementdutournagedufilm,levendredi12mai.»

UneinvitationàlafêtedontaparléFranck,àlaclinique…Letoutdansunemiseenpagegraphiquetrèsrecherchée.Jen’aijamaisétéinvitéeavectantd’élégance.

Jeretournelecarton.L’adresseestàBrooklyn,jelaconnaispuisqueSimonm’afaitvisitercesdécorsen«avantavant-première».Lesimplesouvenirdecettevisitemefaitfrémirjusqu’auplusprofonddemoi-même.

«Mercideconfirmervotreprésenceàcontact@studio-stone.us»préciselecarton.

Le12,c’estaprès-demain…Jedécidederépondreàl’invitation,àl’adresseélectroniqueindiquée,defaçontrèsofficielle.

De:IvyClemensÀ:contact@studio-stone.us

Objet:ConfirmationMercipourl’invitation.Jeconfirmemaprésenceàlasoiréedeprésentationdu12mai.Cordialement,IvyClemens

Quelquessecondesplustard,jedécouvreunmessagedansmaboîtemail.

De:stone@studio-stone.usÀ:IvyClarensObjet:Re:ConfirmationChèremademoiselle,D’après nos fichiers, vous avez déjà eu la chance de découvrir les décors d’Out of Space, enexclusivité,aucoursd’unevisiteguidéeprivée.Nousseronsnéanmoinsravisdevousaccueilliretdevousprésenterlesdécorsdufilmd’unefaçonplusofficielle.

Simonestdoncderrièresonordinateur,etilaattendumaréponse!

De:IvyClemensÀ:stone@studio-stone.usObjet:Re:Re:ConfirmationChercontact@studio-stone.us,Votrefichierabonnemémoire.Jesuiscertainequelavisiteofficielleseratoutaussiexcitantequelavisiteprivée…

***

Lorsquej’aijouélesfaussesfiancées,j’aisuivilalignevestimentairefixéeparlecontrat.Leshabitsdegrandluxequej’aiportésfaisaientpartiedemoncostume,etilsavaientétéchoisisparSimon.Chaquefoisquenousnoussommesvushorscontrat, jesuis restée très fidèleàmonstyle« rock».JevoulaismarquerclairementladifférenceentrelafausseetlavraieIvy.Jedoiscependantavouerquemonstyleaévolué sous l’influence de la fausse fiancée. En détournant quelques pièces du costume de « missparfaite»,jesuispasséedustyle«rockdestroy»austyle«destroychic»…

Subtilenuance…

Demain,àlasoiréedeprésentationdesdécors,entrevernissagebranchéetsoiréemondaine,ilyauradu beau monde, et j’ai envie de jouer le jeu. Je pourrais très bien m’y rendre en boots motarde etminijupe,Simonm’aimecommejesuis,etilsefichedescodes.Seulement,j’aienviedelesurprendreavecunetenueadaptéeàlacirconstance,quisoitàlafoissexy,rock,raffinée,classeetquiconvienneà

lavraieIvy…

Lescasesàcochersontnombreuses…

EtlenombredeboutiquesdeNewYork,infinies…

Larobeidéaleexisteforcémentquelquepart.

Ilsuffitdelatrouver!

Auboutdeplusieursheuresetd’unebonnevingtainedeboutiques,jefinispardénicherunerobeensoienoirequi sembleavoir été tailléepourmoi, etpour cette soirée.Légèrementmoulante, largementdécolletée.Ilmesemblequ’ellemetparfaitementenvaleurcequiméritedel’être.Pourl’accompagner,jefaisl’acquisitiondetoutunarsenaldemaquillagequen’auraitpasreniélafaussefiancée…

Ellem’auratoutdemêmeapprisdeuxoutroistrucs…

Pour lapartie« Ivy», je rajouteune largeceinturedecuir rougequisoulignema taille.Jedénicheégalementunemanchettenoiretblancettouteunecollectiondefinsbraceletsquitinterontàchacundemesmouvements.

Le lendemain, dès le début de l’après-midi, j’occupe la salle de bains de Simon. Le chantier« préparation pour soirée branchée » promet d’être long. Simon m’a prévenue qu’il passerait mechercher. Lorsqu’il entre dans le loft, je termine les derniers réglages « coiffure ». Je l’entends mechercherdansmonappartementpuisiltambourineàlaporte.

–Ivy?Est-ilenvisageabledeteserrerdansmesbras?– J’en ai pour deuxminutes.Et non, tu ne pourras pasme serrer dans tes bras, Simon, lancé-je au

traversdelaporte.–Etqu’est-cequim’enempêcherait?!–J’aipassétropd’heuresàmepréparerpourquetudéfassescelaenunbaiser!

Aumomentd’ouvrirlaporte,jemerendscomptequej’ailetrac!Commeavantdemontersurscène!Ets’iln’aimaitpas?

Leregardqu’ilmelancequandjesorsdelasalledebainsdissipemesappréhensions.Jelis,sursonvisage,quelquechosequejen’aijamaisvu:uneexpressiondesurprisemêléed’admirationetdedésir.Je croismême que, l’espace d’un instant, il a le souffle coupé. Sa réactionme plaît beaucoup, parcequ’elleaquelquechoseàvoiraveclefaitquejeluiplaisbeaucoup.

–Ivy,tuesmagnifique!–J’aifaitcommelafaussefiancée,maisavecmesgoûtsàmoi.–Lafaussefiancéenet’arrivaitpasàlacheville…–Jeluidoistoutdemêmebeaucoup…–Tuasdépassélemaître,etlargement!

Simons’approchedemoi,posesesmainssurmesjoues,etm’attireàluipuis,cherchantmeslèvres,

m’embrasseavecunefouguepresquesauvage.

Toutçaenrespectantl’interdiction:techniquement,ilnemeserrepasdanssesbras!

–J’aimisl’après-midiàmepréparerSimon…soufflé-jeenmedégageantdoucement.–J’aipourtanttrèsenviedet’arrachercetterobe.

Cesmotsmefontfrémir,maisjeprendssurmoi.

–Ilvamalheureusementfalloirattendre…J’aiprévudelaporterpourlasoirée.Après,tuenferascequetuveux.

J’aiditcesmotssuruntonlascifquimesurprendmoi-même.Undésirsauvagepassedanssesyeux.

S’ilmeregardecommeça,jenevaispastenirlongtempsmessagesrésolutions.

Aprèsavoirembrassémoncouetmesépaulesavecunevoracitéquimefaitfrissonner,ilmelâcheenungrognement,puisdisparaîtdanssondressing.

Quelquesminutesplustard,ilrevientdansuncostumeanthracitetaillésurmesurequiluivaàravir.Jedoisavoiràpeuprèslemêmesourirequelesienquandilm’avue,maisenplusniais.Parcequ’enplusdeletrouverbeaucommeundieujemedemandecommentilafaitpoursepréparersivite,alorsqu’ilm’afallutoutl’après-midi,àmoi.

– Très envie de l’ôter, cette chemise. Et je pourrais bien, tu n’as pasmis tant de temps que ça àl’enfiler!

–Libreàtoi,souffle-t-ilaucreuxdemonoreille,maisalors,jenerépondsplusderien…

Savoixrauqueetsonsouffledansmoncoumenacentdemefaireflancher.Jemeserrecontreluietjen’ai plus de doute quant à la force de son désir. Nous nous embrassons avec fougue. Ses mainss’appesantissentsurmoncorps.Lesmienness’accrochentàsoncou.Jesuissur lepointd’oublierquej’aimisdesheuresàmepréparer.

– Je crois qu’on feraitmieux d’arrêter avant qu’il ne soit trop tard, Ivy, si nous voulons avoir unechanced’alleràcettesoirée,gronde-t-ilàregret.

Enuneffortsurhumainpourrestermaîtredelui,ils’écartedoucementetmeprendparlamainpourm’emmenerverslavoiture.

Assisecôtépassager,jerelisunebonnedizainedefoislecartond’invitation.Ils’agitd’occupermonespritàautrechosequ’àregarderSimon.D’ailleurs, ilestétonnammentconcentrésur laroute,commes’ils’appliquaitluiaussiàcalmerl’impérieuxdésirquinousaimantel’unversl’autre.

–Ilyauratoutel’équipedutournage?

Simonhochelatête.

–Mafamilleseralàaussi,ajoute-t-il.

–Vraiment?!Maisjen’aipaslafaussebague!Jen’yaipasdutoutpensé!

Simonhausselesépaules.

–Aucuneimportance…–Maisqu’est-cequ’onvaleurdire?Quejenesuisplus«que»tapetiteamieetquej’aiperdule

statutdefiancée.

Simonmejetteunregardfélinbrillantdedésir.

– Peu m’importe ce que les gens croient, peu importe ce que ma famille pense. Pour moi, tu esbeaucoupplusquemafiancée.Quelquechosecommelafemmedemavie.Cettebagueimportepeu.

Lafemmedesavie,rienqueça.

Moncœurcognedansmapoitrine.Jenesaisquoirépondre.Cesmotssonnentcommeunedéclaration.Pourtant,Simonlesaprononcés l’airderien,presquesansypenser.Ou,plutôt,commes’ilavaitdéjàmûrementréfléchilaquestionetquelachoseétaituneévidence,pourlui.

Àvoirlesvéhicules,tousplusluxueuxlesunsquelesautres,garésdevantl’atelier,jedevinequeleTout-NewYorkestlà.Jemesenssoudaintoutepetite,etjoueaveclecartonunpeutropnerveusementpourdissimulerparfaitementmagêne.

–Jesuistrèsfierdeparaîtreaccompagnéd’unefemmeaussibellequetoi,Ivy…murmureSimonenmeprenantparlamain.

–Lecastingal’airexigeant,dis-jeendésignantungroupedefemmesravissantes,richementvêtues.–Jecroisquetuneterendspasbiencomptedetapuissancedeséduction.

L’atelierestpleinàcraqueretdèsqueSimonparaît,unjournalistebonditverslui.

–MonsieurStone!J’aidesquestionsàvousposerpourlemagazineDesignPoint.

DesignPoint est l’unedes revues les plus influentes enmatière dedesign. Je voudraism’éclipser,pour laisserSimonprésentersacollectionau journaliste,maisaumomentoù jeveuxprendre le large,monamantpassesonbrasautourdemataille,empêchanttoutefuite.

–Quelssontvosprochainsprojets,demandelejournalisteàlafindelavisite.–Deschosesplusintimistes.Jetravaillesurunelignedebijoux.–C’esttotalementinéditpourleStoneStudio!–Unchangementradical,oui.–Etqu’est-cequil’aprovoqué?–Unefemme,répondtranquillementSimon.

Lejournalisten’encroitpassesoreilles.

–C’estlapremièrefoisquevousparlezdevotrevieprivée!– C’est la première fois qu’une femme me donne envie d’avoir une vie privée. J’ai voulu créer

quelquechoseàlahauteurdemonamourpourelle.

Il pose un baiser dansmes cheveux. Jeme sens rougir. Le journalisteme regarde alors avec plusd’attention.Ilfroncelessourcils.Àtouslescoups,ilsedemandecequefaitSimonStone,lerichissimeettalentueuxdesigner,avecuneparfaiteinconnue…

–Jevousaidéjàvuequelquepart,ilmesemble.–Jenepensepas,bafouillé-je.–Pourtant,si,j’ensuissûr…

Lejournalisteréfléchitquelquesinstants.

–Maissi!VousêtesunjeunetalentduComedyCellar!Uneamiejournalistem’aparlédevous.Elleal’intentiondevousconsacrerunarticle.

Jenesaisquerépondre.Troptard,lejournalistevientdenousprendreenphoto,touslesdeux.

–Parfait!s’exclame-t-ilenvérifiantl’imagesurlecadrandesonappareilnumérique.–SimonStoneetIvyClemens,jeunecomédiennepromiseàunavenirbrillant…Ilmeplaîtd’avance,

cetitre,murmureSimonàmonoreille.–Onvaseretrouverdansunmagazine?!–Oui, nous ne sommes plus fiancés…Mais j’ai envie que tout lemonde sache que nous sommes

ensemble.

Jedevraispartirencourant,là.Alorspourquoijesourisbêtement?

Çameplaît?

Après cette interview, je rencontre plusieurs collaborateurs américains et étrangers. Chaque fois,Simonmeprésentecommelafemmequ’ilaime.Etçameplaît.Pasdefiancée,pasdepetiteamie,justenotreamour.

LavuedeCarolineKatzmefaitdégringolerdemonnuagedeguimauve.

Jusqu’àprésent, ledieuduchinoisclassiqueavaitexaucémesprières…Ildoitenavoirassezdemesmassacreslinguistiques.

Cettefois-ci,jesuiscoincée.Carolinenousfaitdesgrandssignesdel’autrecôtédelapièce,etfendlafoulepourvenirversnous.

–Leschosesintéressantescommencentenfin,murmureSimon,l’airespiègle.–Ivy,lance-t-elle.C’estquandmêmeincroyable,cesgrandessoirées!Onyvientpourrencontrerdes

gensetilestimpossibledeparleràceuxàquionavraimentenviedeparler!Jevouscherchedepuismonarrivée.

Etmoi–neleprenezpaspourvous–,jevousfuisdepuismonarrivée…

Simonmeregarde,malicieux.Jelefusilleduregard,maisilnesedémontepas.Soudain,unhommepasse.

–Ah,monsieurStone!Jepeuxvousparleruninstant?

Ilemmènemonamant.Son regarddéçume fendrait lecœur si jen’avaispasenviede l’assassiner.Saufquedemoncôté,c’estdécidé,j’arrêtelacomédie!

–Jedoisvousdire,Caroline…J’aijouéunrôle,avoué-jeàmi-voix,enjetantdesregardsautourdemoiafindevérifierquelafamilledeSimonnetraînepasdanslesparages.

–Unrôle?–Jenesuispassupposéevousledireavantd’enavoirdiscutéavecSimon,maisjeneparlepasun

motdechinoisclassique!J’aifaitsemblant.

Carolinemeregarded’abordd’unedrôledefaçon,toutàfaitcommesi,enplusdeluiparlerchinois,jem’étaisaussitransforméeenextraterrestre.

–J’aijouéunrôle,répété-je,voyantqu’ellenepercutepas,j’aijouélacomédie,j’aifaitsemblantdeparlerlechinoisclassique.

–Unrôle?Commentça,unrôle?

Jenepeuxplusfairemarchearrière…

– Simon avait besoin d’une comédienne pour jouer sa fausse fiancée, parce que certaines de sesprétendantesdevenaienttropinsistantes.

Cen’estpasl’exactevéritémaisjen’allaispasluidirequelafamilledeSimon,inquiètepoursaviesentimentale,l’avaitinscritsurunsitederencontres…

Cettehistoireestdéjàassezfollecommeça!

–Lafaussefiancée,c’estmoi,ajouté-jepourêtresûredemefairecomprendre,etjeneparlepasunmotdechinoisancien.

Àprésent,ellenemeregardeplusseulementcommesi jem’étaistransforméeenextraterrestre,ellemeregardecommesij’étaiscomplètementfolle.

–Vousn’êtespaslapetiteamiedeSimon?–Si,j’aid’abordjouélerôledesafaussefiancée,puisjesuisdevenuesapetiteamie,pourdevrai.

Sa famille l’ignore encore, ne leur dites rien si vous les croisez. Et si j’ai appris quelquesmots dechinoisclassique,c’étaitpourfaireillusion,pourêtrepluscrédibleauprèsdesafamille.

–Maisquevientfairelechinoisclassiquelà-dedans?IlfautparlerlechinoisclassiquepourentrerdanslafamilleStone?

– Non, personne ne parle chinois dans sa famille. Simon a inventé cette particularité pourm’embêter…aprèsque j’aieu l’audacede lui faireremarquerquesafaussefiancéeressemblaitàunepotiche…

Carolineéclatederire.Aumêmemoment,Simonrevientversmoi.

–Jevousl’enlèveuneseconde,Caroline…

CarolineregardeSimond’unairperplexe.

–J’imaginequetuluiasdit,devine-t-ilcommenousnouséloignons.–Oui.Etjepensequ’elleteprendpourunfoufurieux.–Ehbienpuisqu’onyest…

Ilm’entraîneverssesparentsetsasœurquiadmirentlesdécorsàl’autreboutdelasallederéception.Là,aprèsavoirproposéunecoupedechampagneàsafamille,ilréfléchitquelquesinstants.

–J’aiquelquechoseàvousavouer…Nousavonsquelquechoseàvousavouer,sereprend-ilenmejetantunregardtendre.

Unsourireflottesurseslèvres,étrangemélangedesérieuxetd’espièglerie.

–Ivyetmoi,nousnenoussommespasrencontréssurlespistesdeski,commejevousl’airaconté…J’aimenti.Etj’ensuisseulresponsable.

Moncœurbatfortdansmapoitrine.Simonestsurlepointd’avouerlavéritéàsafamilleetjemesensétrangementémue.C’estlafindelasupercherie.Jesuispresqueunpeutriste.Commes’ill’avaitdeviné,Simonmeserrefortcontrelui,enungesteempreintdedouceuretdepassion.

–Audépart, j’ai embauchéune comédienne, Ivy, pourquevousme laissiez tranquille.Les rendez-vousprogrammésavecdesfemmesquejen’avaispasenviederencontrer,j’enavaisassez.

LesparentsdeSimonsetaisent,abasourdis.Ungrandsouriresedessinesurlevisaged’Arianna.

–Jelesavais!Etdirequej’avaisraison,depuisledébut!Enfin,non,lepirec’estquevousavezfiniparmeconvaincre…

UnsourireaussiamuséquesurprissedessinesurlevisagedesparentsdeSimon.

–Jevousdiraisbienquejesuisdésolédevousavoirmenti,reprendSimon,maisc’estfaux:jenelesuispasdutout.Cemensongem’apermisderencontrerIvy…Etnousnousaimonspourdevrai.

Je souris. C’est peut-être la fin de la supercherie,mais c’est surtout le début d’une autre histoire,pleinedepromesses.

–Sicettehistoiren’avaitpasunesibellefin,jecroisquejet’envoudraisd’avoirsuaussibiennousmentir!s’exclamelepèredeSimon.

–Ontedoitpeut-êtrenousaussidesexcuses,ajouteMadelinequinesaitvisiblementpasquoipenserdetoutça,c’estvraiquenoust’avonsunpeumislapression…aupointquetut’essentiobligédefaireappelàunecomédienne…Çaparaîttellementincroyable!

– Mais non, pas d’excuses maman ! Car finalement, si tout finit bien, c’est grâce à moi, s’écrie

Arianna.Tupeuxmeremercier,frérot!C’estparcequejet’aiharcelépourtrouverunefiancéequetuasmontécestratagèmeetquetuasrencontréIvy!Ettoiaussi,d’ailleurs,Ivy,tudevraismeremercier!

Finalement,noustrinquonstouslescinqànosamours.SilesparentsdeSimonavouentn’yavoirvuquedufeu,Arianna,elle,tentedecherchertouteslesfoisoùnousnoussommestrahis.

Soudain,CarolineKatzsejointànous.

– Je suis désolée, j’ai entendu une partie de la conversation. Je dois vous avouer que je suis trèsadmirative,vousavezdutalentIvy,beaucoupdetalent.

Simonapprouveenposantunbaiserdansmoncou.

– Jouer la comédie, dans la réalité, pendant plusieurs jours d’affilée, c’est beaucoup plusimpressionnantquelechinoisclassique…Vousêtesdonccomédienne.

–Jefaisdustand-up,auComedyCellar.

Carolinenecachepassasurprise.

–J’aientenduparlerdudirecteur.Ilal’œilpourrepérerlesfuturstalents.

Carolinemeposealorsmillequestionssurmafaçondeconcevoirl’humouretsurlafaçondontj’aiapprisàjouerlacomédie.Elleconnaîtnombredemesprofesseursetjesuisflattéequ’ellemeconsacretantdetemps,alorsqu’elleestsollicitéedetoutepart.

Àlafindelasoirée,Franck,Caroline,Simonetmoisommeslesderniers.LorsqueCarolineannonceàFranckque les improvisationsde chinois classique sont terminées et qu’elle connaît toute la vérité, ilsembledéçu.

Tandis que les trois collaborateurs duStoneStudio échangent un derniermot sur l’exportation desdécors,jemarcheverslavoituredeSimon.Touslesinvitésétantpartis,jemetrouveunpeuàl’écart,quelquesmètresplusloindanslarue.Jemerendscomptequejesuisfatiguée.Lasoiréeétaitdesplusréussie,maisilesttard,etj’accuselecoup.Jerêved'ungrandlit.

EtàSimon,danslegrandlit.

JenepeuxpluspenseràunlitsanspenseràSimon…Pauvredemoi.

Jeregardedansladirectiondel’atelier.Envoyantlecorpspuissantetsibientaillédemonamant,lesparolesqu’ilaprononcéesàproposdemarobe,etsonprojetdemel’ôter,mereviennentàl’esprit.Moncorpss’embrasedéjàdemillefrémissementsdedésir.Jesuisàdeuxdoigtsdecrieràmonamantdesedépêcher lorsque, derrièremoi, un bruissementme fait sursauter. Jeme retourne d’un bond. Ça vientd’entrelesarbres…jem’approche,ilmesembledistinguerunesilhouette.

–Ilyaquelqu’un?

Dansmondos,deuxmainsseposentbrusquementsurmesépaules.Jefaisunbonddetroismètreset

pousseuncriquiadûréveillertoutBrooklyn.

–Simon,c’esttoi,tum’asfaitpeur!–Quelquechosenevapas?glissemonamantenmeprenantdanssesbras.

Sonodeuretsavoixvibrantemecalmentaussitôt.

–J’aivuquelqu’un,là,entrelesarbres,dis-je.

Simonfaitquelquespasdansl’obscurité.

–Iln’yapersonne,Ivy.–J’étaisperduedansmespensées…J’aipeut-êtrerêvé.

ÀmoinsqueSimonnel’aitfaitfuirenapprochantdelavoiture?

Àmoinsquelafatiguenemerendeparanoïaque…

– Quel genre de pensées ? murmure Simon en m’ouvrant la porte de la voiture. J’espère que j’yétais…

Leregardpleindesous-entendusdontilaccompagnesesparolesmefaitrougir.J’espèrequ’ilnelevoitpas.

Àenjugerparsonsourire,ill’avu…

–Pendanttoutelasoirée,jemesuisdemandécombiendetempsilmefaudraitpourenlevercetterobesexyendiable…souffle-t-iltandisquelavoituredémarreentrombe.

–Etquelleesttonestimation?–Toutdépend.Sijedécidedel’arracher,probablementmoinsdedixsecondes.Maisçapourraitaussi

prendredetrèslonguesminutes…sijechoisisdel’ôterlentement.

Ilposeunemainsurmacuisse.Ledésirquinousélectriseestpresquepalpable.

Une fois dans le loft, je ne peux m’empêcher de jeter un œil par la fenêtre, pour m’assurer quepersonnenenousasuivis.

–Quelquechoset’inquiète?demandeSimon.

Je secoue la tête.De toute façon, sesmains le longdemesbras etdemeshanches fontdisparaîtretouteslesinquiétudes.Jenesensplusqu’uneimmensevaguededésir.Lesmainsdemonamantcoulentdoucement le longde la fermetureÉclair, dansmondos, puis je la sens glisser, très lentement. Jemelaisseallerdansunsoupir.

Ilachoisilelenteffeuillage…

4.Présences

Lelendemain,quandjemeréveille,ilmefautunpeudetempspourrétablirlagéographiedeslieux.Jesuisdansmonlit,dansmonappartement,auxcôtésdeSimon,danssonloft.

Lecontactdemoncorpscontreceluidemonamantréveillelessensationsdelanuit.Jeposequelquesbaisers légers dans son cou, puis, incapables de résister à la tentation,mes lèvres s’aventurent sur letorse puis sur le ventre de mon amant tandis que mes mains entament un ballet de caresses ciblées.Brusquement,ilmesaisitetmehissesurlui.

–Jenesuispascertaindepouvoirsubircesassautssansrépliquer,Ivy,grogne-t-il.

Joignantlegesteàlaparole,ilmefaitdoucementbasculeretsoncorpspuissantmerecouvre.

Nouspassonsunepartiedelamatinéeenundélicieuxcorps-à-corps.C’estlapremièrefoisquenousfaisons la grasse matinée ensemble. Et j’ai l’impression de découvrir le vrai sens de l’expression«grassematinée».

Ensuite,jenotequelquesidéespourunnouveaustand-up,maisj’aibiendumalàmeconcentrerquandSimonestàcôté.

Leplaisiradesvertuseuphorisantes, c’est lapiredesdrogues :méfiez-vous, il suffit d’une foispourdeveniraccro.

Voilàquipourraitfaireunthème!

***

Lesoir, à la findemonshow, je remarque laprésencedeCarolineKatz.Discrètement installéeaufond de la salle, elle s’est faite toute petite, semble-t-il, pour ne pas se faire remarquer et créer unmouvement de curiosité pendant que j’étais sur scène. Sa présence n’a cependant pas échappé audirecteur,quiarboreunemineravie.Encequimeconcerne,jesuistrèsflattéequ’ellesesoitdéplacéepour assister à une représentation.Mais jeme sens soudain très intimidée. J’ai beau commencer à laconnaître,ellem’impressionnetoujoursunpeu.

Lorsquejem’approchepourlasaluer,jel’entendsconfieraudirecteurqu’ilafaitunexcellentchoixderecrutement.

–Ilsemblequevousn’ayezpasfinidem’étonner,Ivy.Jevoudraisparlerdetoutçaavecvousdansuncadreunpeuplusformel…Lasemaineprochaine,çavousirait?

J’ignorecequ’elleentendpar«unpeuplusformel»etsurtout,jemedemandebiendequoielleveut

me parler, maintenant qu’elle n’a plus besoin de mes imitations linguistiques pour doubler desextraterrestres.

Le rendez-vous fixé, jemedépêchedeprendremesaffaires etde sortir. J’aihâtede raconter cetterencontreàSimon.Jesorsmontéléphonelorsqu’unevoixmefaitsursauter.

–Vousaccepteriezdedîneravecunfan?

Jereconnaîtraiscettevoixentremille.Laseulequialepouvoirdemefairevibrerinstantanémentetdeprovoqueruneexplosiond’endorphinesdeplaisir.

Simonestlà,àcôtédesavoituredesport.Sasilhouettemuscléeetpuissantem’aimanteaussitôtdanssadirection.

–Tuétaislà?!Ettun’espasvenumesaluer!– Je t’ai laissé travailler… j’ai vu que tu avais une spectatrice de marque, et je n’ai pas voulu

déranger…Alors,tuacceptesdedîneravecunfan?

***

Lelendemain,monportablevibre.C’estunmessagedeTed,envoyéégalementàtouslesmembresdesRattleSnake.

[Nouveautésculinaires.Quiveutgoûter?]

Jesouris.Undeuxièmemessagesuitlepremier.

[J’aimalformulélaquestion.Jevoulaisdire:venezgoûter!]

Jereçoisalorsunmessageadresséàmoiseule.

[Jecomptesurlaprésencedudemi-dieu…]

Danslemétro,j’envoieunmessageàSimon.

[SoiréechezTed.Libre?Onseretrouvelà-bas?]

Debout,plongéedansmontéléphone,jesenssoudainuneprésencederrièremoi.Jemeretourne.Unhommeseprécipiteentre lesportesdumétroqui se fermentetdisparaîtdans la foule. Jen’ai rienvud’autrequesondostantilaétérapide.

Ensortantdumétro,jemesensmalàl’aise.Jejettedediscretscoupsd’œilautourdemoi.Personne.Jetentedemeraisonner:cetypeessayaitmanifestementdemevolermonsac.Ilcomptaitprofiterdufaitquej’étaisabsorbéeparmonécran.Ilaratésoncoup,etilestpartisansdemandersonreste.

Alorspourquoiai-jeladésagréablesensationd’êtresuivie?

Moiquin’aijamaiseupeurdemepromenerdanslesruesdeNewYork,àn’importequelleheuredujouroudelanuit,pourlapremièrefois,jenemesenspastranquille.Jepresselepaspouratteindrelebarauplusvite,serrantmontéléphoneportablecommeunebouéedesecours.

Cequim’agace,c’estquec’estladeuxièmefoisquej’ail’impressiond’uneprésencehostile.Est-ceque je suis en train de développer un syndrome de paranoïa aiguë ?C’est peut-être le contrecoup del’incendie.J’étaisvisée.J’aieupeur,plusquejeneveuxbienlereconnaître,etcelasemanifestedecettefaçon.

Émilie est en prison, Tyler ne connaît pas l’identité de Simon. Soyons rationnels : je n’ai aucuneraisondem’enfaire.

Saufquesilesréactionshumainesétaientrationnelles,çasesaurait.

Etàproposd’irrationnel,lasilhouettemagistraledemonamantvientmeprouverquelemondel’estcomplètement.Unesigrandebeautédéfietouteslesloisdelaraison.

Simonm’avue,etmarchedansmadirection.Danssesbras,jemesenstoutdesuitemieux.J’oublieletypedumétro.

Quandnousentronsdanslebar,Tednousaccueilleenplaisantant.

–Vousêtessousquelleidentité,cesoir…Fiancés?Mariés?Divorcés?–Lavraie,laseule.Ons’aime.

Etc’estmoiquiviensdeparler.

Iln’yapassilongtemps,sij’avaisditcegenredechose,jemeseraisfaitexorciserdanslasoirée.Làjesourisbéatement.

LapressiondelamaindeSimonsurlamiennemeprouvequ’ilestheureuxdem’entendreprononcercesmots.

Tednousafaitgoûtersesnouveautésculinaires.Sespetits-foursontdesformesbizarroïdes,maistoutlemondes’accordeàdirequ’ilabienprogressé.Reprendrelesbasiquessansajoutertropd’ingrédientsextravagantsestdécidémentunebonneidée.Toutenmangeant,nousécoutonslesderniersmorceauxdesRattleSnake.Simonestlà,ainsiquelesgensquej’aime.C’estcequ’onappelleunesoiréeréussie.

Àlafindelasoirée,J’aitellementremuésurlesmorceauxdugroupedemasœurquemacoiffureestruinée.Ilfautquejefassequelquechosepourarrangerça,surtoutquandjevoisqueSimonrestetoujoursaussi beau et élégant malgré ses prouesses sur la piste de danse. Je m’éclipse donc un instant pourarrangerçadanslestoilettes.

Faceaumiroir,jesongequ’Ivyaencoreàapprendredelafaussefiancéeenmatièredecoiffure.Parexemple,ilfaudraitquejegagneenrapidité…Jesuisperduedanscesréflexionscapillaireslorsquedanslecoindumiroirj’aperçoisunemassesombre.Ellevientdetomberdelafenêtre.Jemeretourned’unbond.L'ombreramasséesurelle-mêmes’estredresséeavecuneagilitésurprenantepourprendrelaforme

d’unhomme.Laterreurmetétaniseetjeresteplantéelà,incapabledumoindregeste.Heureusement,ilmerestemespoumons.Jehurle.Commejamais.

Unedemi-secondeplustard,Simonestprèsdemoi.L’ombreadisparu.

–Quelqu’un!Ilyavaitquelqu’un!bégayé-jeendésignantlafenêtreouvertesurlanuit

J’expliqueàmotshachés.Unhommeestentréparlafenêtre.Desvêtementssombres.Unecapuche.

Simon saute immédiatement dehors, avec une agilité féline. Ted et les autres membres du groupesortentdubaretseséparentpourexplorerlesenvirons.

Quelquesminutesplustard,ilsreviennent,sansavoirvupersonne.Monamantpassesesbrasautourdemataille.

Etjemesensaussitôtbeaucoupmieux.

–J’appellelapolice,décideSimon.

Jel’arrêted’ungeste.

– Non. Attends. Depuis l’incendie, j’ai la sensation d’être suivie. Je me demande si c’est lecontrecoup, ou un genre de réaction au choc. Parce que chaque fois je me rends compte qu’il n’y apersonne.Etpuis,quimevoudraitdumal?

Sanslevouloir,j’aiunpeuminélasoirée.Ilesttarddetoutefaçon,etchacundécidederentrerchezsoi.

AumomentdemonterdanslavoituredeSimon,jenepeuxm’empêcherdejeterunœilalentour.

–Jeconnaisunendroitoùnousseronsincognito,touslesdeux.

Aulieudeprendreladirectionduloft,SimonsedirigeverslaCinquièmeAvenue,ducôtédeCentralPark.Là,unsourireauxlèvres,ilsegaredevantunpalacequej’aivumillefoisdansdesmagazines:lePlaza.

–Personnenenoussuivralà-dedans…–Tuveuxdire…tuessérieux?Onva…

Simonsecontentederire.

Etpourtant,ilal’airtoutàfaitsérieux.

Après avoir donné ses clés au voiturier, Simon me prend par la main et m’entraîne vers l’entréemajestueuse.

–Situm’apprenaisàjouerlacomédie?lance-t-il.–Commentça?

–Regarde-moi,etdis-moicequetupensesdemaprestation,mechuchote-t-il.

Avantquej’aiepudirequoiquecesoit,Simons’approchedelaréception.

–Mafemmeetmoisouhaitonslouerunesuite.Lasuiteroyale.

Jemanquedetomberàlarenverse.D’abordparcequ’ilm’aprésentéecommesafemme,ensuiteparcequ’ilademandélasuiteroyale.

Onjouepeut-êtrelacomédie,maisilmeprésentecommesafemmeavecunpeutropd’aplomb.

–Tuoubliesquenousnesommespasencoremariés,monamour,dis-jed’unevoixmielleuse,assezfortpourquelaréceptionnistem’entende.

–Pasencore,tuasraison,reprendSimon.Maiscommenousleseronsbientôt…

Ilprendlafemmedelaréceptionàtémoin.

–J’aitellementhâtequecelaarrivequejen’aipaspum’empêcherdeconsidérerquec’étaitfait.–Ilnemerestequ’àvoussouhaitertousmesvœuxdebonheur,ditpolimentlaréceptionnisteennous

tendantlesclés.

Nousmarchonsverslesascenseurs.

–Contrediresonmaridelasorte,c’esttrèsmauvaispourladiscrétion!Àprésent,c’estcertain,ellesesouviendradetoi,lafemmequichipotesurdesdétails!

–Jetiensàmonindépendance,moi!–Jecroisquej’avaisremarqué…souligne-t-il,songeur.

Jepréfèreignorersaremarque.

–Cen’estpascelaquirisquedecompromettrenotreanonymat.C’esttoi,Simon!Tuaurasbeaufairetoutcequetuveux,jamaistunepasserasincognito!

–Etpourquoiça?Sanstonintervention,jamaiscettefemmeneseseraitsouvenuedemoi!–Vraiment?!Quipourraitoublierqu’Apollonlui-mêmeasurgiaumilieudelanuitendemandantla

suiteroyale?!Jesuiscertainequecettefemmeauraitdonnén’importequoipourprendrelaplacedelafillequiaccompagnaitledieuvivant.Qu'ellesoitsonépouse,safiancéeoujustesapetiteamie…

–Tuexagèresmonpouvoir,Ivy…

Dans l’ascenseur, il pose sur moi des yeux qui me font frémir. Je dévoremoi aussi son corps duregard.

–Jen’exagèrerien,Simon,dis-jeenm’approchant.

Jedessineletourdesonvisageavecmesdoigts,puisglisselelongdesoncouavecmeslèvres,passemamainsoussachemisepuisembrassefurtivementsonventre.

–Toutcelaestpresqueirréel.

Simonse laisse faire, amusé.Son regardchargédedésirme fait frissonner. J’effleurealors lebas-ventredemonamant.

–Etjeneparlemêmepasdureste,Simon…glissé-jed’untonsuggestifquim’étonnemoi-même.

Aumêmemoment,lesportesdel’ascenseurs’ouvrent.Simonmesaisitparleshanchespuispasseunemaindansmondos,l’autresousmesgenoux,etmesoulèveavecunefacilitédéconcertante.Jepousseunlégercrietmedébatspourlaforme.

–Ilnemeresteplusqu’àtemontrerdequoiundemi-dieuestcapablequandunedéesses’amuseàlerendrefoudedésir.

Cesmots,prononcésdesavoix rauque,me font l’effetd’unedéchargeélectrique : àce signal, toutmoncorps s’enflamme.L’odeurboiséedemonamantm’enivre. Je cessedemedébattre.L’envied’unautrecorps-à-corpsmesubmerge.Jepassemesbrasautourdesoncou,lessiensseserrentplusencoreautourdemoi.Meslèvrescherchentlessiennesetnousnousembrassonsavecpassion.

Sonétreinte sedéfait sousmonbaiser, j’enprofitepourglisser le longde soncorps et enserrer satailledemesjambes.Ilfaitquelquepasetmeplaquecontrelemurducouloir.Sonbaisermefaitl’effetd’unetempêtedontlesparticulesdedésirsepropagentdanschacunedemesterminaisonsnerveuses.

Mesmainsplongentdanssescheveuxets’yaccrochentavecpassion.Jesenssonsouffledansmoncouetmesjambessenouentplusencoreautourdelui,aupointquejesenssonexcitationgrandircontremoi.

Simonserendcomptequ’ilm’écrasepresquecontrelemuretnousfaitreculerdoucement.Jenesaispas comment il se débrouille pour ouvrir la porte, mais nous nous retrouvons tous les deux dans unsomptueuxsalonauximmensesbaiesvitréesquiressemblebienàcequej’imagineêtreunesuite.Toutceque j’aperçois dansmon champde visionm’évoque luxe et confort.Mais j’ai bienmieux à faire quem’extasier sur une suite de palace : plutôt que de faire l’inventaire de ce qui nous entoure, je meconcentresurleslèvrescharnuesetvoluptueusesdemonamant.

Laporteclaque.Aumomentoùmespiedstouchentunépaistapisplusdouxqu’unnuagedeplumes,jemerendscompteque j’aiperdumesballerinesdans labataille.Ellesontdû tomberpar terre,dans lecouloir.

Debout l’un contre l’autre, nosmains sont plus libres d’errer où elles veulent. Simon couvremoncorps de caresses qui me font vibrer au plus profond de moi-même. Enlacés, nous nous retrouvonsrapidementàgenouxsurlesol.Jemeconsumededésiretmarobemedevientinsupportable.Jen’aiplusqu’uneseuleenvie:qu’ilm’endébarrasse!

Cettenuittorridecinqétoiless’annoncedivine

–Etsituessayaislaméthode«moinsdedixsecondes»,cettefois…Parcequej’aitrèsenviedetoi,Simon.

Jen’aipasletempsdeterminermaphrasequ’uncraquementretentit.Marobeadisparu.

Monamantm’attireàluietnousbasculonssurlecôté.Letapisquirecouvrelesoldelasuitesembleavoirétéconçupourqu’onpuisseyfairel’amour.Ilestdoux,épaisetparfaitementmoelleux.

Appuyésuruncoude,Simonpromènesesyeuxsurmoncorpsd’unairgourmandquimeravit.

–Toiquiparlaisdecorps irréel…souffle-t-ilentredeuxbaisers. Jenesaispassi tu te rendsbiencomptedetesatouts…

Mescuisses,lescourbesdemeshanches,letourdemesseins,mesépaules,monvisage.Monamantcouvre chaque centimètre dema peau de baisers légers qui se transforment parfois enmordillements.Sousses lèvres,milledéchargesdeplaisircourentà lasurfacedemoncorpsendirectionducreuxdemesreins.Simonseconcentreensuitesurmesseinsdontilagacelestétons,englissantsesdoigtssousmonsoutien-gorge.Leboutdemesseinsdurcit. J’enveuxplus,et jegémisdeplaisiràchacundesesassauts.

Simonpassealorssondoigtlelongdemonventre,puiseffleuremonsexeàtraversladentelle.

–Etjeneparlemêmepasdeça,Ivy,murmure-t-ilàmonoreille.Tunet’aperçoismêmepasquetumerendsfou.

Là,toutdesuite,c’estplutôtmoiquideviensfolle.

Jesuissurlepointd’implosertantj’aienviedecethomme.

Submergée de désir, je peux à peine lui répondre. Je murmure son prénom d’une voix étranglée,coupéeparungémissementlesuppliantdepoursuivre.Ilarrêtealorssesgestes,lesourireespiègle.

–Tuveuxmedirequelquechose?

Sa voix rauqueme fait frémir de plus belle.Mon intimité humide le réclame. Jeme cambre pourfacilitersonexploration,maisilprendsontemps.J’attrapesamainpourlareplacersurmonsexe.

–Jen’enpeuxplus,Simon…dis-jed’unevoixétouffée.

Ilglisseunemainsousmesfessesetposeseslèvressurmonsexe,surmaculotteendentellenoire.Monintimitépalpitesous le tissu. Ilpassealorsundoigtsous ladentelleet, faussementsurprisdemetrouversihumide,agacemonclitorisenungesteprécisquim’arracheunsoupir.

–Etj’aimetoutparticulièrementcetendroit,murmure-t-ilcontremonsexe.

Sondoigts’attarde.Ungémissementdeplaisirrésonnedanslesalon.Jesuissurlepointdejouir,là.MaisSimonenadécidéautrement.Ilretiredoucementsondoigtet,ignorantmaplaintefrustrée,poursuitl’explorationdemoncorps.

–Jevaisvraimentdevenirfollesitunem’arrachespasaussicetteculotte!

Simonsourit, provocant, et remonte lentement sonvisagevers lemien.Tout engardant samain surmonsexe,qu’ilcaressedoucementautraversdeladentelle,ilposeseslèvressurlesmiennes.

Jen’ytiensplus.Jesaisismonamantparlaceinture,etlepoussedoucementsurledos.Moncolosseselaissedominersansbroncher.Jedéfaisrapidementlesboutons,etpantalonetchemisedisparaissentquelquepartdans la suite. Jem’installe surmondemi-dieuetoscilledoucement sur son sexe, sans lequitterdesyeux.Unelueurlourdededésirpassedanssonregardtandisqu’unsoupirluiéchappe.

Levantuninstantlatête,j’aperçoislavuesurManhattan,parlabaievitrée.Jelacontemplequelquessecondes,maismesyeuxsontrapidementderetoursurletorsenudeSimon.

Cetorsevauttouteslesvuesdumonde.

Mabouchedescenddoucementversleboxernoir.Àenjugerparlabossequiledéforme,monamantest à la torture depuis longtemps déjà. J’embrasse le membre viril à travers le tissu, le mordilledélicatement, jusqu’à ce que mon amant me supplie de le déshabiller complètement. J’ôte alorsrapidementleboxeretlibèresonimpressionnantevirilitédontlavueachèvedenoyermonintimité.

Jecaressedoucementlesexefièrementdressépuisserremamainenunepressionplusaffirmée.Monamantgémit.Maboucheglisselelongdesonbas-ventrepuisjeprendssonmembrevirildansmabouche.Mes lèvressepressentautourdusexe tendu.Unsoupirdeplaisirm’encourageàcontinuer.Ma languealors titille son gland, qui palpite sousmes assauts ciblés. Le frémissement qui court sur la peau deSimonsecommuniqueàlamienneetmonintimitéachèvedeseliquéfier.Jemordillelesexeoffertpuisreprendsdescaressesplusdouces, leprenantpresqueenentierdansmabouche.JesensqueSimonseretient,qu’ilestauborddelajouissance,maisjecontinuecequej’aicommencé.

–Ivy,gronde-t-ilsoudainenm’attirantàlui.

Ilme retournedoucementet,ôtantmonsoutien-gorgeaupassage, s’allongesurmoi.Nosvisagessefrôlent,nos languessecherchent.Monintimitépulse, lasiennepalpitecontremoi.Sa languefouille lefonddemoncou,descendlelongdemesseinsetfaitletourdemestétons.Maculotteglisselelongdemesjambespuisdisparaît.

–Viens…haleté-je.

Commes’ilattendaitcesmots,monamantmepénètre,doucementd’abord,puisavecunevigueurquitrahit la forcede sondésir etquim’emporte rapidementversdes sommetsdevolupté.Chaque fois, ils’enfonceplusprofondément, et chaque fois, leplaisir estplus fort. J’accompagne sesmouvements enoscillantetnosdeuxcorps,enparfaiteharmonie,vibrentàl’unisson.

Soudain,leplaisiraccumuléaucreuxdemesreinsestsurlepointd’exploserenmoi.Lajouissanceestprocheetj’aideplusenplusdemalàretenirmescrisdevolupté.Lescoupsdereinsdemonamantsefontplusrapidesetlavaguem’emporte.Aumêmemoment,lavoixdeSimon,quimeditqu’ilm’aime,seperddansungrognementdeplaisir.

Nousavonsjouiensemble.Nosdeuxcorpss’abandonnentl’uncontrel’autre.Sarespirationretrouvepeuàpeusonrythmenormal.Ilmesembleque,sousl’effetduplaisir,moncorpsestdevenuaussilégerqu’unnuage.

Mesyeuxsepromènentalorssurcequinousentoure.Jedécouvredesmeublesaudesignimpeccable,desfauteuilscosy,destapisseriesetrideauxquiformentunluxueuxcompromisentreancienetmodernité.

–Onlavisite,cettesuiteroyale?murmureSimon.

Jeluisouris.Enunbond,ilestdeboutetmetendlamainpourm’aideràmelever.

Complètementnus,encoreunpeuchancelants,nousfaisonsletourdusalon.Leplusimpressionnant,c’estlavuesurlavilleetsurCentralPark.

–C’estmerveilleux,murmuré-je.–Jepréfèrelargementcequejevoisici,souffle-t-ileneffleurantmesfesses.

Maindanslamainnousvisitonsunsecondsalon,unechambregigantesque,etunecuisine.Lasalledebainsm’arracheuncri.

–Unjacuzzi!Jecroisquejen’enaijamaisvuenvrai.

Tandis que j’examine le contenu des flacons posés sur le bord de l’immense baignoire demarbre,Simonfaitcoulerl’eau.

Cequiestbien,aveclejacuzzi,c'estqueçalaisseletempsdefaired’autreschosespendantqu’ilseremplit.

Quelques minutes plus tard, les bulles à parfaite température enveloppent nos deux corps d’unedouceur effervescente qui me ravit. Au départ, nous restons presque sagement dans les bras l’un del’autre, échangeant de tendres baisers. Rapidement cependant, je sens la virilité de Simon contre macuisse,tenduecommeunarc,impétueuseetimpatiente.

Nos bouches se cherchent, et nos langues, aussi. Son baiser est d’une force et d’une sensualité quimanquentdeme fairedéfaillir.Simonm’attire à lui, et jem’assois surmon infatigable amant avecunsoupirdedésir.Aprèsquelquesoscillationssursonsexe,jelesensquimepénètre,d’uncoup,presqueentièrement. Portée par les remous du bain, jeme sens plus légère que jamais etmes sensations sontcommedécuplées.Lescaresseset lesbaisersdemoncolosseme fontgémirdeplaisir tandisque sonsexe,quientreenmoiendeprécisva-et-vient,achèvedemefaireperdrelatête.Demoncôté,toutvatrèsvite, et je sensque l’orgasmeestproche,mais je tentedeme retenir, pour fairedurer cemomentpresquemagique.Jemurmureleprénomdemonamant,commeunelitanie.Je lèvelesyeuxvers luietcroisesonregard.Jecomprendsqu’ilm’observe,poursavoiràquelmomentilpourralâcherprise.Sonattentionmetouche.Jedécidealorsdemelaisseraller.

–Jevaisjouir,Simon.

Etnousperdonspiedensemble.

Aprèsnousêtreséchésdansdegrandspeignoirs,c’estdanslelitgigantesquequenousfinissonsnotrecourse,mais pas nos ébats.À peine sommes-nous allongés que déjà Simon effleuremon corps d’unefaçondiaboliquequiréveillemondésir.

Lasuiteroyaleportebiensonnom.

5.Rencontres

Lelitleplusmoelleuxdetoutemavie.Lanuitlaplusexcitantedetoutesmesnuits.L’amantleplusmerveilleux…

Leplusde«leplus»detoutemavie.

Se réveiller dansunpalace, aprèsunenuit aussi intense, c’est presque irréel.La suite royale a étél’écrindenosébats,etmoncorpsestfourbudeplaisir.

Quandj’ouvrelesyeux,c’estpourdécouvrirletendresouriredeSimon.

Lerêvesepoursuit.

–J’avaiscomparélacliniqueàunpalace.J’étaisbienloinducompte.

Simoneffleuremoncorps.Danssesyeux,ledésirbrilledenouveau.Jesensquel’amantsauvageetattentionnéquim’adonnétantdeplaisirn’estpasloin.Noscorpss’enlacent,millefrissonscourentdansmesveines.

Simons’écartedoucement,enuneffortquiluiarracheunsoupir.

–Jedoismerendreaustudio,Ivy.Nousavonsderéunionstoutelajournée.Maisprendstontemps,tupeuxrestericiautantquetulesouhaites.

JeregardeSimonseleveretramasserseshabits.Lespectacleestdespluscharmants.

Monamantquittelasuite,jeresteétenduequelquesminutesdanslelitgéant,afindeprolongerlerêvepuis,enrouléedansundrap,jecontemplelaville.Nousn’avonspasprisletempsdelefaire,laveille.Iln’apasvraimentétéquestiondecontemplerlepaysage…

Hé,maisj’ypense…Jefaiscomment,moi,maintenant?C’estbienbeaulaméthode«moinsdedixsecondes».Maiscomment je sorsd’ici?Mesballerinesont reparuà l’entréede la suite,commeparenchantement,maisjen’aiplusdevêtements!

Lespeignoirssontdessinéspardegrandscouturiers.Jepourraisprobablementsortirdanslarueainsivêtuesansquepersonneneserendecomptederien…Maisilseraitprobablementfacturéunefortune…

Oualorsjemecoudsunerobedansunrideau?

Soudain,onfrappe.J’entrouvre laporte.Ungroommetendunpaquet.Plusrapidequ’uneombre, ildisparaîtcommeilestarrivé.

Aufonddelaboîte,dansunemballagedepapierdesoie,jedécouvreunemagnifiquerobenoire.Toutàfaitdanslestyledecellequiaétédéchiréelaveille.Dessous-vêtementsl’accompagnent.Trèssexy.

«Sij’aibonnemémoire,tun’asplusrienàtemettre…»,ditunpetitmotécritdelamaindeSimon.

Autant j’avais refusédemettre les sagessous-vêtementsde la fiancée,autant je suis ravied’enfilerceux-ci.Aussitôtaprès,j’envoieunmessageàSimon.

[Voussavezparlerauxfemmes,monsieurStone.][Commeça,jesuissûrquetupenserasàmoi.][Jevaissurtoutpenseraumomentoùtulesenlèveras.]

Onfrappeunenouvellefoisàlaportedelasuiteroyale.Ungroommetendunepochette,lamêmequecellequiabrûlé.

Lecompte-rendudesdernièresrecherchesdudétective!Simonadûmelafaireparvenirdirectementici car il sait à quel point c’est important pour moi.Mon cœur bat plus fort dans ma poitrine.Monestomacsenoue.Jetournequelquessecondesautourdudossieravantdemedécideràl’ouvrir.

J’apprends quemamère est revenue enAmérique duNord sous le nomd’IsabelWinston.Moi quicherchaisuneIsabelClemensouKristen,sonnomdejeunefille,jen’avaisaucunechancedelaretrouver.

Sous cette identité, elle mène une carrière universitaire, donne des conférences et enseigne l’artprécolombienauNewYorkUniversityInstituteofFineArts.

ÀNewYork?!Mamèrevitettravailleici?!Etellen’apasrepriscontactavecnous?!Jem’assoisuninstant,abasourdieparcetterévélation.Ellesefichedoncderevoirsesfilles?!C’estcommeuncoupdepoingdansl’estomac.

Passélepremierchoc,lacuriositéesttropforte,jemeprécipitesurlesiteInternetdel’université.Là,mon cœurmanqueunbattement. IsabelWinstondonneune conférence, cet après-midimême.Si jemedépêche,jepeuxarriveràl’heurepouryassister.

Dansunétatsecond,j’attrapemonsacàmainetclaquelaportedelasuite.Jecourspresquedanslescouloirs. Je ne peux pas résister au besoin de la voir, en vrai, tout de suite.Une sorte d’urgencemepousseàsauterdanslemétro.

Jemerendscompteque,sansmel’avouer,j’aisouhaitérevoirmamèredepuisdesannées.Jen’aipasl’intentiondeluiparler,nidememanifester: jevaisrestertranquillementaufonddelasalle.Jeveuxjustelavoir,l’entendre,savoirquellefemmeelleestdevenue.J’aviseraiensuite.

Ensortantdumétro,j’appelleSimonpourleremercieretpourpartagercettedécouverteaveclui.Monamantestoccupé,etc’estàsonrépondeurquejeconfiemonimpatience,maisaussimondésarroi,faceàla découverte du détective :mamère se passe très bien de sa famille. Je crois quemonmessage estconfus,maisilcomprendra.

Enpassantlesportesdel’université,jepenseàmasœuretàmonpère.Messentimentsàleurégard

sontpartagés.J’ailasensationdelestrahirenmenantmesrecherchesdansleurdos.Maiscommentfaireautrement?Masœuraréagiavecviolencequandjeluiaiparlédenotremère,maismoi,jedoissavoir,pouravancer!

Le temps de trouver le bâtiment, dans l’immense campus, j’arrive avec cinq minutes de retard.Seulement,alorsquejem’attendsàtrouverlehallvide,ilestpleind’étudiantsmécontents.

J’interrogel’und’euxàproposdelaconférenceduprofesseurWinston.Lejeunehommem’expliqueavechumeurquesoninterventionestannuléepouruneraisonlogistique.L’amphithéâtreDeltaestoccupéparuncolloquesurl’artitalien.

La déception qui m’envahit est à la mesure de mon emballement. Énorme. Je parcours le hall, aumilieude la foule, regardantpartoutautourdemoipour tenterdedécouvrirunprofesseurquipourraitavoirlestraitsdemamère,tellequejem’ensouviens.Cen’estpasgagné.Messouvenirssonttropflous.Siseulementj’avaisaumoinsgardéunephoto,debonnequalité,jepourraismerafraîchirlamémoire!

Soudain,parmilafoule,unvisageconnu!C’estlavoisine!Angie!Maisqu’est-cequ’ellefaitlà?Ellesemblechercherquelquechose…ouquelqu’un.Moi?Depuisl’incendie,jelatrouvaissuspecte,là,je la trouvecarrémentflippante.Ellem’asuivie?Est-ceque j’avaisraisonàproposdesacomplicitéavecÉmilie?!Depuisquelquesjours,j’ailasensationd’êtresuivie.Etsic’étaitelle?!Est-cequ’ellemechercherait,moi?

Jesorsde l’universitéprécipitammentetcoursvers lemétro, sanscesserde regarderderrièremoi.Cettefois,c’estdécidé,jevaisfairepartdemessoupçonsàlapolice.

Jesuisarrivéeaupiedduloftquandmontéléphonesonne.LenomdeSimons’inscritsurl’écran.Jedécrocheaussitôt.

–Simon!–Toutvabien,Ivy?Tusemblesbouleversée…–Oui,c’estquejesuisalléeàlaconférence…Ilvientdem’arriverquelquechosedebizarre!J’aieu

trèspeur.

J’aicourusivitequej’aidumalàreprendremonsouffle.

–Oùes-tu.Tuesensécurité?!–Oui,jesuisauloft.J’arrivedevantl’entrée.

Àcemoment,j’aperçoisunhomme,devantlaportedechezSimon.Ilsonneavecinsistance.

–Ahattends,tuasdelavisite,ondirait…–Jepeuxvousaider,monsieur?demandé-jeauvisiteur.Vouscherchezquelqu’un?

L’hommesetourneversmoi.

–JechercheuncertainM.Clark,ditl’hommed’untonfroid.

Dansmontéléphone,j’entendssoudainSimonhurler.

–Ivy,sauve-toi!Ivy,Ivy,tum’entends?FUIS!

Àsuivre,nemanquezpasleprochainépisode.

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BadGames

ÀpeinearrivéesurlecampusdeStanfordenCalifornie,CarrierencontreOrionetJosh,deuxbadboysaméricainsaucharmeravageur.VoilàunséjourauxÉtats-UnisquicommencebienpourlajeuneFrançaise!Seuleombreautableau:elledoitassisteraumariagedesamère…quil’apourtantdélaisséependanttoutesonenfance.Carrieestbiendécidéeàprofiterdelavieet,laveilledumariagetantredouté,ellesuccombeaucharmedeJosh,letatouéausourirefoudroyant.Pasdepromesse,pasd’engagement,seulementunmomentmagiqueavecunamantincroyable!Saufquesanslesavoir,Carrieapassélanuitavecson…futurgrandfrèreparalliance!Lemariagedesamèrepourraitbiensetransformerenunvéritablecauchemar…Entrepassion,sentimentsetsecrets,lesdeuxamantsdevrontlutterpourdéfendreleurbonheur!

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Mai2016

ISBN9791025731390