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RoméoetJules

Croiseruntypesuperbequandonestdéguiséenlapingéant…Ridicule!Bousillerletéléphone–unprototypeuniqueultra-classe–dutypecanonetlemettreencolère…Undésastre!Maisçapeutarrivernon?S’apercevoirlelendemain,lorsdesonentretiend’embauche,queletypesuperbeenquestionestsonnouveaupatron…Lacata!Etcettecatastrophe,c’estsurmoiqu’elleesttombée,commeparhasard!Jem’appelleJules,j’ai23ansetvoicicommentj’airencontrélesexyetombrageuxScottAnderson…Ceromancontientdespassagesexplicitesetérotiquesmettantenscènelesrelationsentredeuxhommes.

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Résiste-moi

LudmillaProvidenceestpsychologue.Quandunedesespatientesluiracontedeschosesétrangessurunéminentchirurgienesthétique,Ludmillaenquête,persuadéequesapatienteestmanipulée,voireabuséeparlemédecin.MaiselleestbienobligéedereconnaîtrequeledocteurCliveBoydestabsolumentcharmant!Luttantcontresonattirancepourlemédecin,Ludmilladécidedeluitendreunpiège…Maissic’étaitelle,laproie?LedocteurBoydest-ilsincèreouessaie-t-ildemanipulerLudmillacommeilenamanipuléd’autres?Impossibledelesavoirsanssemettreendanger…

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Prêteàtout?

Deuxinconnusirrépressiblementattirésl’unparl’autrepassentensembleunenuittorride,ilsn’ontpasprévudeserevoir.Ouimaisvoilà,elle,c’estTessHarper,unejeunefemmequiaungrandbesoind’argentetquiparticipeàuneémissiondetélé-réalité,quitteàpasserpourunepoufiasse.Lui,c’estColinCooper,ilestproducteur,plutôtintello,etdétestelespaillettesetlesbimbos.Etilsn’avaientpasledroitdeserencontrer.

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Lui,moietlebébé

LéonieremplacesonfrèrecommechauffeurauprèsdurichissimeJesseFranklin.Alorsqu'elleattendsonnouveaupatronauvolantdelaRollsPhantom,unefemme,seprésentantcommelagouvernante,installesurlesiègearrièreZoé,unadorablebébédequelquesmois.Problème:JesseFranklin,enarrivant,ditn’avoirnigouvernante,nibébé.Àquiappartientcebébé?Parquietpourquoia-t-ilétédéposélà?

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DarkLight-Àluipourtoujours,1

Danslesbrasd’ElliottGrant,levampireleplustorridequ’illuiaitétédonnédeconnaître,Irisestdevenueunevéritablefemme,touràtoursoumiseetdominatrice.D’abordsorcièrepuisvampirisée,elleapusurmontertouteslesépreuves,galvaniséeparleurpassion.

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PhoebeP.Campbell

LUIRÉSISTER...OUPAS

Volume10

zoli_010

1.Unmalentendufratricide

Devantmoi,Max,pâleetfurieux,toisesonfrère.Joseph,quifuitmonregardinterloqué,secouelatête,maisnerépondrienàlaterribleaccusationquivientd'êtreproféréecontrelui:«C'estdetafautes'ilssontmorts!»

Derrièremoi,uneporte se refermedoucement. Jeme retourne.Tessavient justede sortirde sachambre,alertéeparleséclatsdevoix.Ellemelanceunregardchargéd'incompréhension,auqueljenesaisquoirépondre.Jenecomprendspasmoi-mêmecequiestentraindesepasser.Sicen'estqueJosephn'atoujourspasdémenticequesonfrèrevientd'affirmer.

Commentest-cepossible?C'estabsurde!

Commentunenfantpourrait-ilêtrecoupabledelamortdesesparents?LamèredesdeuxfrèresetlepèrebiologiquedeJosephetadoptifdeMaxontdisparudansuncrashd'avion,unjourdetempête.C'étaitunaccident.

Lentement, Joseph secoue la tête, sourcils froncés, puis s'avance, obligeant Max à entrer dansl'appartementenmêmetempsquelui.

–Jenecomprendsmêmepascommenttupeuxdireunechosepareille,maistrèsbien,parlons-enunebonnefoispourtoutes,fait-il,lavoixblanche,enrefermantlaportederrièrelui.

–Tunecomprendspas…répèteMax,affichantunscepticismeméprisant.–Mais enfin, j'avais 8 ans,Max ! s'écrie Joseph, avec un accent de détresse. 8 ans ! J'étais un

gosse!Commentpeux-tudirequejesuisresponsabledeleurmort?!

Tessa et moi nous sommes rapprochées l'une de l'autre, dans un coin du salon, assistantsilencieusementaudialogueorageuxdesdeuxfrères.Unefoisdeplus, leurressemblancephysiquetransparaît,malgrélevisagemarquédeMax.Mêmestature,mêmetensionnerveusedanslecorpsetmêmecolèredansleursyeuxclairs,quileurdonnentunairfarouche,presqueeffrayant.

Mêmecolèreet…mêmechagrin.

CarfaceàunJosephdésarçonnéetindignéparlesaccusationsdesonfrère,ilyacedernier,quin'a jamaispu surmonter cedeuil fondateur…Devoir cet hommeadulte, encorebouleversépar lapertedesamère,après l'abandondesonpère,me tord lecœur,malgré tout le ressentimentque jepeuxavoiràsonégard.

SiJosephporteenluicemêmedrame,quiamarquésonenfanceetsansdoutesavied'adulte,Maxmeparaîtencoreengluédansdesémotionsanciennes,qu'iln'ajamaisréussiàsurmonter.

Le frèredeJoseph, labouche torduepar lanervosité, semetà racontercedont lui se souvient,poingsserrésetvoixétrangementvoilée.

–Oui,tuavais8ans,etmoij'enavais10,maisjemesouviensdetout,commence-t-il,lesyeuxdanslevague.Del'oragequiarrivait…Lepremierdel'hiver.Jejouaisavecmoncerf-volantdanslejardinetj'avaisdûrentrer,àcauseduventquidevenaittropfort…

Lesyeux rivés surMax,Tessa saisitmamain et la serre àm'en fairemal. Joseph écoute, entrecuriositéetinquiétude.Quantàmoi…Moncœurbatsifortquej'ail'impressionqu'ilpourraitsortirdemapoitrine.Aprèsdesannéesd'affrontements,jesensquenoussommesentraindedécouvrirlefondementdelahainequesevouentcesdeuxhommes.

Maisqu'est-cequis'estpassé,àlafin,pourqueleschosestournentaussimal?

–Tuétaisrestédanstachambre,parcequetuétaissoi-disantmalade,ricaneMax.–Jel'étaissansdoutevraiment,lecoupeJoseph,sanscachersonagacement.

Sonfrèrebalaiesoninterventiond'ungestedelamain,commesilaprécisionimportaitpeu.

–IlsdevaientserendreenFloride,oùtonpèreavaitunrendez-vousd'affaireset…–Monpère?C'étaitaussiletien,rétorqueJoseph.–Parcequ'ilm'avaitadopté?Tucroisdoncqueçasuffisaitàcequ'ilmeconsidèredelamême

manièrequ'ilteconsidérait,toi,sonvraifils?Celuiquiluiressemblaittant?–Ilt'aimait…

LeriredeMaxrésonne,désabusé.LamaindeTessatressailledanslamienne.

–C'estça,reprendMax.Bref,ilsdevaientprendreunaviondelignetouslesdeux,notremèreetsonmari,pourpasserunpeudetempsentêteàtête.C'étaitcettefilleaupairquidevaitresteravecnous.

–Sabrina,faitJoseph,d'unevoixsongeuse.–Tuleurasdemandéderester,crachesonfrère,lavoixdure.

Josephsetait.Jevoisdanssesyeuxturquoise,rivéssurlevisagedesonfrère,qu'ilnesesouvientpas davantage de ce qui s'est passé. Avide de connaître la version de Max et peut-être même cemomenttragiquedesaproprehistoire,ilécoutedetoutesonâme.

– Ton père ne pouvait rien te refuser, alors ils n'ont pas pris leur vol,mais ontmaintenu leurrendez-vous,puisquetonpèreétaitpersuadédepouvoirpiloterlejetprivéjusqu'enFloride.Malgrél'orage,malgrélefaitqu'iln'étaitpasseulàprendredesrisques!

–Max…commenceJoseph.– Ilétait si sûrde lui, comme tu l'esaujourd'hui !poursuitMax. Je l'entendsencoredirequece

serait un jeu d'enfant, qu'il n'y aurait aucun problème.Notremère hésitait. Je les écoutais discuterdepuismachambre.Ilsétaientdanslatienne,às'occuperdetoi.

Putain,c'estpasvrai,toutadémarréparunejalousiedegosse!

Maxregardefixementsonfrèreetsonexpressionnelaisseaucundoute:c'estdelahaineàl'étatpur,unerageincandescente,quin'aplusrienàvoiraveclaraison.

–Etilafalluquetut'enmêles,évidemment!Jet'aientendudirequetonpèrepouvaitlefaire,qu'ilétaitcapabledetoutfaire…Alorsévidemment,ilasautésurl'occasion!Commes'ilétaitcapablededéfierleséléments!

LavoixdeMaxenfledenouveau.

–Notremèrea rien t'entendantdireça ! J'aicomprisqu'orageoupas,vousaviezgagné, luiettoi…

Josephregardesonfrère,uneexpressionmêléedetristesseetdepitiésurlevisage.Tessaetmoiéchangeonsun regardnavré. Je suis si désoléepour euxdeuxque j'en ai envie depleurer. Je suisdésoléepourlesenfantsqu'ilsétaientautantquepourlesadultesqu'ilssontdevenus.

–Max,jenem'ensouviensmêmepas,souffleJoseph,ouvrantlesmains.Moi,laseulechosequeje revois,c'estSabrinaen larmes,quinousannoncequenosparentsne reviendront jamais…etdemongrandfrèrequi,depuiscejour,atoujoursrefusédem'approcher.

Sesyeuxturquoisenefuientpas,soutiennentleregardglacédeMax,quicillesoudainement.

–J'avaisbesoindemonfrère,etàpartirdecejour-làtum'astoujourstraitécommeunétrangeroumêmeunennemi, continue Joseph, lavoix raffermie. J'en ai autant souffertquede lamortdenosparents.

Sanspouvoirm'enempêcher,jeportemamainàmabouche,submergéeparl'émotion.

–Quelgâchis,murmureTessa,dansunsouffle.

Personne d'autre quemoi ne l'entend,mais l'atmosphère dans notre appartement est devenue sidensequej'aidumalàrespirer.

–Toi?Toi,tuavaisbesoindemoi?murmureMax,incrédule.

Josephsecouelatête,lesyeuxembués.

–Maisbiensûr…Tuétais…Tuesmonfrère.

Maxleregarde,commes'illevoyaitpourlapremièrefois.Décomposé,ilsepasselamainsurlevisage,presquebrutalement.

–OnnevoyaitAlistairqu'uneoudeuxfoisparan,continueJoseph,faisantunpasenavant.Dansmonesprit,tuétaislaseulepersonnequimerestait.

–Laseulepersonne…répèteMax,commes'ilcommençaitsimplementàcomprendre.–Toutescesannées,tunet'enespasdouté?–Jecroyais…quej'étaisseul,jen'avaispasdepère,plusmamèreetpuis…Chaquefoisquejete

regardais, je le voyais, lui ! explique Max d'une voix incertaine. Plus tu grandissais, plus tu luiressemblais!Cettemanièreden'enfairequ'àtatête,persuadéquetupeuxtoutréussir.Ilétaitcommeçaetc'estjustementçaquilesatués,touslesdeux…Putain…

Sanscriergare,Maxsecachelevisagedanslesmains,secouépardessanglotssecs,douloureux.Àcôtédemoi,Tessarespiredefaçonsaccadée.Jeluiserrelamainàmontour.

Josephmelanceunregardrapide,entreincrédulitéetdésarroi.Jesecouelatête,bouleverséedecequiesten traindesepasser, l'encouragesilencieusement. Ils'avanceencoreetposeprudemment lamainsurlebrasdeMax,quinebougepas.

–Etmoiquimedemandaispourquoitumedétestaistant…murmureJoseph.

D'abord,Maxnebougepas,nerépondrien,levisagetoujoursdanslesmains.Puis,petitàpetit,ilsemblesecalmer,commesoulagéd'avoirenfinexprimécequ'ilgardaitpourluidepuisplusdevingtans.

–Jenetedétestepas,lâche-t-ilsoudain,àmi-voix.

Enfin!

Cette fois,Tessaetmoi retenonsnotresouffle. Joseph lève la tête, surprispar lesmotsdeMax,bienplusquepartoutcequ'ilapudireavant.

– Je t'envie…Je t'admire…Je t'enveuxparfois, continueMax, comme si lui-mêmedécouvrait,aprèstoutescesannées,cequ'iléprouveréellement,toutaufonddelui.

–Max…C'estàtoiquejeressembleleplus,avoueàsontourJoseph,ému.

Son frère lève la tête, comme s'il avait reçu un électrochoc. Au-delà de leur ressemblancephysique, je pense immédiatement aux colères homériques de Joseph, sorte de calque desemportementsincontrôlésdeMax.Jecomprendsd'ailleursmieux,désormais,d'oùviennentcescrisesderagequiremontentàl'enfanceetdontm'avaitparléJoseph.

Rien que deux gosses traumatisés, que personne ne s'est donné la peine de soutenirpsychologiquement.

–Putain,répèteMax,secouantlatête,lesépaulesvoûtées.Jesuisdésolé…–Moiaussi,ditJoseph,l'attirantcontrelui,pouruneaccoladeencoremaladroite.

Au même moment, ma meilleure amie et moi lâchons un soupir de soulagement. Par-dessusl'épauledesonfrère,Josephmeregarde,l'espaced'uneseconde,soulagéetému.Lagorgeserrée,jen'osefaireungeste,pournepasinterromprelapremièreétreintefraternelle.

***

Quarante-huitheures.Quarante-huitpetitesheuresavantlasoiréedelancementdeBlessedHoney!Alors aujourd'hui, dimanche ou pas, tout le monde est sur le pont, à Butler Incorporation, pourtravaillersurcettesoirée.

Tous les aspects juridiques sont bouclés depuis bien longtemps,mais j'ai tenu, comme tous lesautres juristes, à être présente, ne serait-ce que pour gérer les questions d'exclusivité et de

confidentialitéaveclapresse,toujoursavidedescoop.

Chacunsonmétier,c'estdebonneguerre.

Mais avec ce qui s'est passé hier, entre Joseph etMax, j'ai un peu l'esprit ailleurs…Après leurexplication émouvante,Max a voulu s'éclipser rapidement, faisant preuve d'un tact pour le moinsétonnant vis-à-vis de Tessa, encore fragile. Joseph lui a proposé de le raccompagner et les deuxfrèresontpoursuivileurconversationjusquetarddanslanuit…

Tessaetmoi avonsdîné rapidement, un repasdélicieux, apportépar Joseph.Puis,mameilleureamieaprétextéuncoupdefatiguepourseretirerdanssachambre.Àmonavis,ellevoulaitrepensertranquillementàtoutceàquoiellevenaitd’assister.Elledoitêtrebouleverséeparcequ'elleaapprissurMax,sansdouteautantqueparsonrevirementd'attitude.

Etmêmesijecontinuedememéfierdelui,jelacomprends.

D'autant que moi aussi j'éprouve des sentiments nouveaux pour Joseph, maintenant que je saisprécisémentcequ'iladûaffronteralorsqu'iln'étaitqu'untoutpetitgarçon,déjàdévastéparledoubledécèsdesesparents:lerejetdesonfrère,êtrerecueilliparunoncletoujoursparmontsetparvaux,qu'ilneconnaissaitquetrèspeu,vivredansunemaisoninconnue,entourépardespersonnespayéespours'occuperdelui.

Lepauvre…

Jenel'enadmirequeplus.Ilauraitpudeveniraigriouparanoïaque,commesonfrère.Ouencorese contenter de vivre de la fortune que lui avaient léguée ses parents ou de profiter du travaild'Alistair,maisnon…Il s'est relevé, construit tout seul, a choisi savoieet continueaujourd'hui sarouteversunsuccèschaqueannéeplusflamboyant.

Plusquejamais,j'aienviedecontinueràcôtoyercethomme,lepluspossible…MaissijetravailledanslecabinetjuridiqueKirshten&Hobbes,soyonslucide,onneseverraplusquelesweek-endsetencore!

Je soupire de tristesse rien qu'en pensant à cette éventualité. Alors que je me rends au servicecommunication, pour aller chercher la liste desmédias invités à la soirée de lancement, je laissecourirmonregardsurlafoulebigarrée,lesrobesdecréateur,lescoupesdecheveuxexpérimentalesetlesbijouxfabuleuxdesemployésdeButlerIncorporation…Cetteextravagance,quin'empêcheenrienlagrandecompétenceetl'investissementpersonneldechacun,meparaîtaujourd'huicommelesymboledecequejen'avaisjamaisenvisagéetauquelj'aidumalàrenoncer.

Depuisdesannées, j'envisagede travaillercommeavocate.Rigueur,costumeaustèreethorairesdémentielssontpourmoil'idéequejemefaisaisdemacarrière.

PuisJosephestentrédansmavie…

Cet homme, avec son regard turquoise, son sourire charmeur et sa volonté de fer, a toutbouleversé : depuis mes résolutions sur l'amour jusqu'à ma vision de l'avenir ! Perdue dans mes

pensées,jenevoispaslasilhouettequis'avanceversmoietjepercuteuncostumesombre,cequimeramèneaussitôtàlaréalité.

–Oh,pardon!–Cen'estrien,çamerappelledessouvenirs,faitJoseph,unpetitsourireauxlèvres.Qu'est-cequi

tepréoccupeàcepoint?Tuavaisl'airtotalementabsorbédanstespensées…

Commeunflash,lesouvenirdenotrepremièrerencontremerevient.Lemariage,lacollisionet,déjà,lapremièrefoisquejel'aivu,cetteattractionirraisonnée.Madécisionestloind'êtreprise,jenesuis pas prête à renoncer à ce projet professionnel pour lequel je travaille si dur depuis tellementlongtemps…Maisaujourd'hui,Josephfaitpartiedemavieetjeluidoisd'êtrehonnête.

–Viens,fais-jeenluidésignantunbureauvide.

Fronçant les sourcils, ilm'emboîte le pas, comprenant immédiatement que quelque chose ne vapas.

–Ilyaunsouci?medemande-t-il,sansattendre.C'estprofessionnelou…c'estcequetuasapprishiersoir?

Soninquiétudepalpablemebouleverse.

–Non,çan'arienàvoiravectoutça,fais-je,secouantlatêteavecvigueur.Tutesouviens,j'avaisrendez-vousavecleprofesseurJohanson,hier.

–Hum,hum…Ils'agitdetonex?medemande-t-il,immédiatementtendu.–Non,non,Johnesthorscircuit,désormais!C'estautrechose.Onmeproposeunpostedansun

cabinetd'avocatsréputé.Dèslafindemonexternshipici.

Jelèvelesyeuxverslui,incertaine.

–C'estuneopportunitéinespérée.Cequej'aitoujoursvoulu,mais…–Mais?

Jeprendsuneinspirationetmejetteàl'eau.

–Jedoisteprévenir:sij'accepte,jeseraitrèsprise.Vraimenttrèsprise.

LevisagegravedeJosephnelaisserienparaître.Sesyeuxturquoisemescrutent,puisilsouritunpeutristement.

– Olivia… Tu es ambitieuse et, j'en suis sûr, destinée à une grande carrière, commence-t-ilcalmement.Tu as travaillé dur jusqu'à présent et tumérites de réussir. Je serai avec toi, quoi qu'ilarrive,quoiquetudécides.

–Merci,soufflé-je,émueetsoulagée.–Jeseraisbienmalplacésijenelefaisaispas,murmure-t-il,enhaussantlesépaules,sebaissant

versmoipourm'embrasser.

2.Dilemme!

Britney déboule en trombe dans l'open space, essoufflée par sa course dans le couloir.Arnold,toujoursrenfermédepuisqueCamillaestdevenue laprincipalesuspectedans l'affairedusabotage,luisouritmécaniquement,avantdesecacherderrièresesécrans.

–Toutvabien?demandé-jeàlajeunechargéedecommunication,lasentantunpeuauborddelacrisedenerfs.

–Ouais,commelaveilled'unlancement,quoi!merépond-elle,secouant lamain.Jereviensdumaquillage,etleremplaçantdeLynnaunpeudemalàtenirlerythme.

–Jepensaisquetoutétaitplusoumoinsréglédececôté-là,fais-je,enfronçantlessourcils.–Ça l'était, saufquemaintenant lesmecsde lapubveulent refaireun cliché et qu'il adumal à

reproduireexactementlemaquillageconçuparLynn.

Notrechef-maquilleuseaprisuncongépourresterauprèsdesapetiteamie,CharlotteDubois.Ilsemblerait que soncœurd'artichautnebatteplusquepour le jeunemannequin, encorehospitalisé,mais,d'aprèscequem'enaditJoseph,enbonnevoiederétablissement.

–Maiscen'estpasLynnelle-mêmequil'arecommandé?m'étonné-je.–Si,c'estsonancienstagiaireetilesttrèsbon,mais…–Cen'estpasLynn,finis-je,avecunpetitsourire.–Voilà!Ettuconnaislesgarsdelapub,soupireBritney.Ilsonteul'excellence,ilsneveulentpas

autrechose.–Normal,chezButlerIncorporation,murmuré-jepourmoi.

BritneyramasseenhâteunecléUSBsursonbureau.

–Ah, lavoilà ! Idéalement, ilauraitpresque falluqueLynn repasse faire lemaquillageavant laséancephoto,maisM.Butleraététrèsclair:celuioucellequiladérangeraauraaffaireàlui,doncautanttedirequepersonnenesepermettradel'appeler!

Encoreheureux!

– Je suis sûre qu'il va y arriver, rétorqué-je. Peut-être qu'il faut juste arrêter de lui mettre lapressionetluilaisserunpeudetemps.

–Maisonn'apasunpeudetemps!s'écrieBritney,fourrantdescalepinsdanssonsac.C'estbiença,leproblème!Ilestcenséavoirterminédansuneheure!

Jeréfléchisrapidement.Demoncôté,j'aiunpetitmomentdelibreetpeut-êtreuneidée.

–Jevaisessayeruntruc,OK?–Tuvasfairequoi?s'inquièteaussitôtBritney.Parcequ'ilestdéjàenretard…–T'inquiètepas,jenevaispasl'empêcherdefairesontravail!C'estquoisonnom?–Stevenquelquechose…Tuvasluiparler?

Sansprendreletempsdeluirépondre,jefile.Si,commeellel'adit,cetypeestl'ancienstagiairedeLynn,jecroispouvoirfairequelquechose.

Aprèstout,moiaussi,jesuisstagiaireetjemesouviensdecequim'arendueplussûredemoi!

Unpeuentravéeparmajupedroite,jetrottineaussivitequepossibledansmesbottesàtalons,lesmanches évasées de ma chemise kimono bruissant joliment sur mon passage. Encore une tenueélaboréeparlestylistemaison,quejen'auraisjamaisoséportersanslui,maisquej'adore!Commej'approchedustudiodemaquillage,jeremarqueunpetitgroupemassédevantlaporte.

Évidemment,quedesgensduservicepublicité.

–Bon,fautqu'onbrainstormepourtrouverunplanB,aucasoù.–J'aifaitdescroquis,enattendant.–C'estvraimentdommagequ'onnepuissepasappelerLynn,gémituntype,arborantunebarbede

bûcheron.–Arrêtederépéterça,ondoitfairesanselle!

J'ignore depuis combien de temps ils sont là à se lamenter,mais j'espère de tout cœur pour lenouveaumaquilleurquelaportedustudionelaissepaspasserunseulmotdeleurséchanges.

Riendetelpourfaireperdresesmoyensàn'importequi.

–Pardon,excusez-moi,fais-jeenmefrayantuncheminjusqu'àlapoignéedelaporteenquestion.

Quandjepénètredanslestudio,lesilencetendumesauteaussitôtauvisage.Deuxmannequins,levisage figé, et un jeune homme, les joues rouges et le front luisant de sueur, s'escrime sur lespaupières de l'une d'entre elles, un pinceau entre les dents. Sur la table devant eux, des palettes defardsenpagaille,despotsdepoudredetouteslescouleurs,destubes,desrougesàlèvres…Toutunbric-à-brac coloré, scintillant ou mat. Enfin, collés aux miroirs, des photos grand format dumaquillage effectué par Lynn sur Charlotte et les deuxmannequins présents, lors des essais et dudernier shooting. Les regards parfaitement fardés des jeunes femmes semblent toiser le jeunemaquilleur.

Tum'étonnesqu'ilalapression,lepauvre.

–Salut, tuesSteven,c'estça? lancé-je,avecungrandsourire, sansparaîtrem'apercevoirde latensionquirègne.

–Hein?Oui,oui,c'estmoi…bredouillelejeunehomme,surpris.–JesuisOlivia.Lynnm'aparlédetoi,bienvenuechezButlerIncorporation!lancé-je,commesi

toutétaitparfaitementnormal.–Euh…Merci.

Ilcesseenfindemaquillerlejeunemannequin,esquisseunsourirepoli.

–Vous…connaissezLynn?medemande-t-il,unelueurd'espoirdansleregard.–Unpeu,maisonpeutsetutoyer,hein!Jevenaisjustetesouhaiterlabienvenue.Moi,jedéteste

qu'onregardepar-dessusmonépaulequandjesuissurundossier,j'imaginequec'estpareilpourtoi!–Àvraidire…Jesuishabituéà travaillerpourdesdéfilés,çanemedérangepas,aucontraire,

m'explique-t-il,sedétendantunpeu.C'estplutôtlesilencequimestresse.– Je vois, fais-je, prenant aussitôt une chaise.Alors j'en profite ! J'adore regarder travailler les

artistes!–Si j'avais su, je t'aurais fait la conversation, lance lemodèle àmagauche.Depuis ledébut, je

n'osepasteparler!

Etdefilenaiguille,nousnousretrouvonstousàdiscuter,detoutetderien,tandisqueStevensedécrispepetitàpetit,sanscesserdetravailler.Fascinée,jel'observequiretrouvedesgestesfluidesetassurés.Sonvisagesedétendetlemaquillageprendforme.Moinsd'uneheureplustard,ilaterminéetlerésultatesttoutsimplementépoustouflant!

–C'estmagnifique,murmuré-je,sincère.–Tutrouves?

Ilserecule,évaluesontravail,levisageconcentré.Ledouteréapparaîtdanssesyeux.Ilessuiesonfrontd'unemainfatiguée.

–Bon,detoutefaçon,siçaneleurplaîtpas…souffle-t-il,avecunemouefataliste.

Àmonavis,ilsvontadorer.

Nevoulantpastropm'avancer,jenerépondsrien,maisvaisvérifierderrièrelaporte.Commejelesupposais,ilrestedeuxpersonnesduservicepublicité,quiattendentavecanxiétédejugerletravaildeSteven.

–Vousvoulezvenirvoir?leurdemandé-je,avecunsourire.–Ilafini?Déjà?!

Quand ils entrent dans le studio, le silence règne de nouveau. Ils s'arrêtent, leurs yeux vont duvisage des modèles aux photos scotchées sur les miroirs. Peu à peu, les fronts se détendent, lessouriresreviennent.J'entendsStevenseremettreàrespirer.

–C'estsuper,c'estexactementça!–C'estvrai,çavousplaît?demandelejeunemaquilleur,sanscachersonsoulagement.–Ouais,parfait.Allez,onyva!Enstudiophoto!

Sanss'appesantirdavantagesurlaréussitedujeunehomme,toutlemondesortdelapièce,presséd'allerfairelesnouveauxclichés.Àpeinesont-ilspartisqueStevens'affalesurunfauteuiletémetunrirenerveux.Meremémorantmespremiersjoursdestage,chezFoolOfGoodFood,puischezButlerIncorporation, jenepeux retenirun sourire.La leçonappriseenpassantde l'unà l'autre se révèledécidémenttrèsefficace.

Il suffit parfoisde remplacer lapressionpar laconfiancepourque lesgensdonnent lemeilleurd'eux-mêmes.

***

De retour àmon bureau, je découvre de nouveauxmails urgents, que jem'attelle à lire le plusrapidement possible. Mais dans un coin de ma tête, je continue de peser le pour et le contreconcernantmonavenir.Impossibled'oublierledilemmequimepréoccupe…

Depuishier, je travailleà l'organisationde la soiréede lancementdeBlessedHoney. Jeme suispenchéesurlesrapportsentreentrepriseetjournalistes,j'aiaidéunmaquilleuràdonnerlemeilleurde lui-même, côtoyé des juristes, des publicitaires, desmannequins… Jamais, au sein d'un cabinetd'avocats,jen'auraicespossibilités.

Maisest-cevraimentçaquejeveux,pourlesannéesàvenir?

Secouant la tête, je soupire.Le tempsn'estpasencorevenupourmoideprendremadécision…d'autantquemontéléphonevibre.

[Tupeuxvenirmaintenant?Normanestarrivé.]

DèsquejelisleSMSdeJoseph,jemeprécipitedanssonbureau,oùsetrouventdéjàNormanetAgatha,levisagesévère.Josephmelanceunregardrapide,avantdesetournerverssonamietdeluidonner la parole d'un signe de tête. Sans unmot, je prends place àmon tour, sur le seul fauteuilinoccupé.

–Jesuistoujoursencontactaveclapolicenew-yorkaise,àproposdePeterDumsey,commenceNorman,lavoixrocailleuse.

Je remarque que ses yeux, d'habitude déjà enfoncés, sont soulignés par des cernes sombres,témoignant de sa fatigue. Visiblement, lui non plus n'a pas cessé de travailler depuis ces derniersjours.J'imaginesanspeinequ'ildoittraquerPeternuitetjour,sansrelâche.

–Ilesttoujoursencavale,poursuit-il,commepourmedonnerraison.Maisj'ensaisunpeuplussurseséchangesetmêmesursoninfluencesurCamillaBanks,lachimiste.

–Tuluiasparlé?s'étonneJoseph,sourcilsfroncés.–Non,lepsychiatrenel'apaspermis,maisilaacceptédeluiposercertainesquestions,dontilm'a

rapportélesréponses.–Alors?faitsèchementJoseph.

Jemepencheenavant,curieused'ensavoirenfindavantagesurlesresponsabilitésrespectivesdeCamillaetPeter.Agathasetend,elleaussi.

–Apparemment,DumseyabeletbienmanipuléBanks,commenceNorman,sansmêmeregarderses notes.D'aprèsmes informations, celle-ci aurait eu un « léger dérapage » à la fac : elle auraitfabriqué et vendu de la MDMA à d'autres étudiants, en utilisant le laboratoire du département dechimiemoléculaire.

–DelaMDMA!s'exclameAgatha.– C'est une drogue psychotrope, utilisée dans un but récréatif, précise Norman. Le principal

composantdel'ecstasy.–Jesaiscequ'estlaMDMA,répliqueAgatha.C'estplutôtd'imaginerCamillaentraindefabriquer

etvendreceproduitquim'étonne.–Apparemment, elle n'était pas très populaire, et cette initiative, qui lui a valu des ennuis avec

l'administrationuniversitaire,auraitétésonpasseportpouruneviesocialeunpeuplusanimée.

Dingue.AprèslaviesecrètedePeterDumsey,laviededealeusedeCamillaBanks!

–Continue,faitsobrementJoseph,toujoursimpassible.–Elle se serait confiée à ce sujet àDumsey, qui n'aurait pas hésité à la faire chanter ensuite.À

l'époque,lafacoùétudiaitCamillaaétouffél'affaire.Queleurmeilleureétudiantedepuislacréationdu département, boursière au mérite et dont le visage figurait sur les plaquettes vantant les bonsrésultatsdel'établissement,soitaccuséededealdedroguesurlecampus…Çaauraitététropmauvaispourleurimage.DumseyadoncmenacéBanksdetoutrendrepublic.

–Si l'affaireaétéétouffée ilyadesannées,çam'étonneraitqu'il restedespreuves tangibles,etj'imaginequelestémoinsn'auraientaucunintérêtàparler,fais-je,sceptique.Autantdirequ'auniveaulégal,c'étaitperdud'avance.

–Certes,maislaréputationdeCamillaauraitétéruinée,sansparlerdesconséquencespourButlerIncorporation,expliqueNormand'untonneutre.

–Camillaauraitdoncvouluseprotéger…etprotégersonemployeur,pourfinirparunsabotage?C'estdeplusenplusinsensé,m'exclamé-je.

Unsilenceaccueillemasortie.Normanhausselesépaules.

–Jepenseque la raisondeCamillaavaitcommencéàvacillerbienavantsadécompensationaucommissariat,avance-t-il.

–Sic'estlecas,mêmesic'estbienellequiaverséleproduitdanslacuve,çaappuieraitlathèsedel'irresponsabilité,enconclus-je.

–Eneffet,lâcheàsontourAgatha,songeuse.

JeregardeJoseph,curieusedevoircommentilaccueillecenouveaurebondissement.Jouantavecuncoupe-papierenargent,ilgardesesyeuxturquoisebaissés,semblantréfléchir.Lorsqu'ilavaitvuCamilla sur la vidéosurveillance, il était entré dans une rage noire… mais si celle-ci était sousinfluence,çachangetout.

–Joseph?fais-jedoucement.–Ilfautcontinueràenquêter,lâche-t-ilsoudain,lavoixferme.Maisjeveuxqu'oncreuseducôté

deDumsey.–Jenelelâcheraipasavantdeluiavoirmislamaindessus,faitNorman,trèscalme.– Concernant Lily's Blossom, qui a donc soudoyé ce M. Dumsey, enchaîne dédaigneusement

Agatha,nousavonsdéposéuneplaintecontreeuxpourtentatived'espionnageindustrieletuneautrepourtentativedesabotage,histoirequelapoliceenquêtedesoncôté.

–Bien,commenceJoseph.Maisjenelesvoispasallerplusloinquel'espionnage.–Moinonplus,faitNorman.–Notre hypothèse prioritaire reste donc une initiative deDumsey, gronde rageusement Joseph,

serrantdanssamainlecoupe-papier.

La discussion se poursuit encore quelques minutes pour régler les derniers détails, maisglobalementtoutaétédit.Commesouventdésormais,Josephmedemandederesterseuleaveclui,aprèsledépartdesautres.

–Toutvabien?medemande-t-il,pleindesollicitude.–Oui,oui,maisc'estplutôtàtoiqu'ilfautposerlaquestion.–Àmoi?s'étonne-t-il,sincère.–Ehbienoui…Tasociétélanceunenouvellelignedemain,justeaprèsavoirsubiunsabotage…

puisilyaaussicequis'estpasséavectonfrère,énuméré-je,surletondel'évidence.–Jevaisbien,fait-il,medécochantsonsourirecharmeur.Jesuisdetaille,tusais.

Impossiblederésister.

Jesourisenretour,lesjouesunpeurosies.Sursonfronthâlé,unemèchedecheveuxblondfoncéombre légèrement sesprunelles translucides.Avecce regard, il pourraitobtenirn'importequoidemoi…

–Toi,tuasunedécisionimportanteàprendre,mefait-ilremarqueràsontour.–C'estvrai,acquiescé-je.Maismoiaussi,jevaisbien.Jet'assure.–Bon…Sinon,jesuislà,d'accord?

Sagentillessemefaitfondre.Maissoudain,jelevoisjeteruncoupd’œilàsonécran.

–J'auraisvolontiersprolongécetête-à-têteavectoi,mabelle,maisj'aiuneobligation.–Oh,biensûr,MrPresident,fais-je,voulantfinirnotreéchangesurunenotelégère.–Cen'estpasleprésidentdeButlerIncorporationquiauneréunion,m'informe-t-ilenselevant.–Ahnon?–Non,c'estlefrèredeMaxKeaton.

Devantmamineperplexe,ilafficheunemouepudique,puisdétournelesyeux,unpeugêné.

–Ilm'ademandédel'accompagneràuneséance…–Uneséance?–Chezsonpsy.

J'accueille la nouvelle avec surprise. Mais qu'il ait accepté de faire ce geste envers Max metouche…etquisait?Çapourraitaussiluiêtreutile.

Lemoinsqu'onpuissedire,c'estquesonenfanceaététraumatisante.

–C'estunebonnechose,fais-jesobrement.–Nousverrons.

Je comprends à son commentaire, bref et prononcé d'un ton nonchalant, qu'il ne souhaite pass'appesantirsurlaquestion.Dansunélanspontané,jel'attrapeparlecouetl'embrassetendrement.

–Jet'aime,chuchoté-je,touchéeparsadémarche.

Ilmeregarde,uneesquissedesourireauxlèvres.

–Moiaussi,murmure-t-il,samainposéeaucreuxdemesreins.Àtoutàl'heure…

3.Unedécisionévidente...etcompliquée

–SijamaisjecroisePeter,jetejurequejeledémolis!

Je préfère ne rien répondre à Arnold, que je viens d'informer de ce qui concerne directementCamilla,enrevenantdemaréunionavecJoseph,AgathaetNorman.Jevoismalmoncollègue,avecses tee-shirts degeek et son air lunaire, fairepasserun salequart d'heure àun avocatmarronquifréquentelapègre.

–Entoutcas,ilsaitqu'onlerecherche,jen'aivuaucuneactivitésursesadressesmailset,àmonavis,ilamêmechangédeportable,grogne-t-il,l'aircontrarié.

–Tulepistes?!m'exclamé-jeaussitôt.–Évidemment,qu'est-cequetucrois?Depuisledébut,jesuissûrquec'estluiquiestderrièretout

ça et que Camilla est sa victime ! Je suis juste soulagé que M. Butler et Agatha en soient aussiconscients,maintenant.

–Hum…

Cettefois,jel'avoue,Arnoldm'aprisedecourt.

– J'avaispourtantdit àCamilladenepas faireconfianceàcemec,grommelle-t-il.Ça la faisaitsourire,elledisaitquej'étaisjaloux.

–Ben…Tul'étaispeut-êtreunpeu,non?tenté-jeprudemment.

Arnold me jette un regard sombre par-dessus ses lunettes et se réfugie derrière ses écrans,s'affalantsursonsiège.

–N'empêchequej'avaisraison,murmure-t-ilencore.

C'estvrai:Dumseys'esttrèsclairementservideCamilla.

CommeArnold ne lève plus les yeux de ses ordinateurs, jeme remets àmon tour face àmonécran,medépêchantde terminermonnouveaudossierencours,quinécessitequelques recherchessur Internet. Jenemaîtrisepas encore totalement lesprécédents juridiques enmatièredepropriétéindustrielle, mais à la fin de mon externship mon domaine d'expertise se sera tout de mêmeconsidérablementétendu!

Par la porte ouverte de notre open space nous parviennent régulièrement les éclats de voix desautresemployés,s'interpellantàtraverslecouloir.Laveilledulancement,lesproblèmesserésolventunàunetl'excitationremplacepeuàpeulatensionextrêmedesderniersjours.

Etj'adorecetteambiance!

***

Terminé!

Concentrée, je relis une dernière fois ce que je viens de finir de taper. Je change une police,déplaceunparagraphe,puisj'envoiemapropositionàmahiérarchie,avecAgathaencopie,commetoujours.

–Bon,j'aibienméritéunthé!soupiré-je,contentedemoi.Jeterapportequelquechose,Arnold?–Unsodaouundoubleexpresso,n'importequoi,pourvuquecesoitpleindecaféine!merépond-

ilavecunpauvresourire,deslignesdecodesereflétantdansseslunettes.–Dequoidoperl'informaticien,c'estnoté,fais-jeensortant.

Jefilejusqu'audistributeurquiproposeleplusvastechoixdethésetattrapeaupassageunecanettedesodaénergétique.J'aperçoisBritneyqui,commemoi,afficheunsourirevictorieux:elleaussidoitavoirréussiàtenirsesobjectifs,etlafindelajournées'annonceréussie.

Jeprendsuneminutepourboireunpeudethé,goûtantl'ambianceoùlesinterjectionstenduessemêlentdésormaisauxencouragementsetmêmeparfoisauxexclamationsde joie.L'atmosphèreestpleine d'une énergie positive, stimulante. Lentement, je rebrousse chemin vers l'open space, pourdonneràArnolddequoitenirlecoupjusqu'àcequ'ilrendesonprojet.

Alors que j'arrive près de l'ascenseur, les portes de celui-ci s'ouvrent et j'y aperçois Joseph, enpleineconversationtéléphonique,encompagnied'unedesesassistantesquisortaussitôtàmonétage,l'airpressé.Josephnebougepas,poursuivantsadiscussion.

–Non,soyezfermeaveclapresse:seulspourrontentrerceuxquiaurontsignénotrecontrat,lesautressecontenterontd'attendredehors.Leservicedesécuritédoitêtrebriefétrèsprécisémentsurlesujet,débite-t-il.

Sesyeux turquoiseseperdentdroitdevant lui. Ilestconcentré,malgrésaposenonchalante,unemaindansunepochedesonpantalon.Ilporteuncostumenoir,quimefaitpenserausmokingqu'ilrevêtira pour la soirée de lancement.Le contraste entre la couleur sombre de sa veste et ses yeuxclairsluidonneunairétrangementfarouche…Etsescheveuxblonds,dontunemèchetombesursonfront, laissent deviner son côté fougueux, si éloigné de son personnage d'homme d'affairesimpassible.

Jesensmoncœursemettreàbattreunpeuplusvite.Monsourires'élargitàl'idéequecesoir,jel'aurairienquepourmoi…Lecroiseràl'improvistemefaitchaquefoisl'effetd'uncadeaududestin.J'aimecethommecommejamaisjen'aiaimépersonneauparavant.

Etj'ailachancedelecôtoyerchaquejour.

Comme s'il avait senti ma présence, Joseph tourne les yeux vers moi et me sourit à son tour,visiblement ravi de m'apercevoir, sans cesser de discuter au téléphone. Il lève les yeux à monintention,mesignifiantqu'ilnepeutpasinterromprelaconversation,puislesportesdel'ascenseursereferment,tandisquenouséchangeonsundernierregard,chargéd'électricité.

Mais cette vision impromptue me laisse songeuse. Après quelques secondes d'immobilité, je

poursuismoncheminversmonbureau,pensantàl'évolutiondenotrerelationdepuisnotrerencontre.Tout n'a pas été simple, loin de là. Entre ruptures, soupçons et rebondissements de toutes sortes.Chaque fois, notre attirancemutuelle nous a empêchés de rompre tout à fait, jusqu'à trouver cet «accordparfait»quinouslieaujourd'hui.

Etmaintenantquejeconnaissonhistoire,jecomprendsbienmieuxlesemportementsdeJoseph…toutcommeiladmetmonobstination.

Enfin,jepréfèretoujoursdire«maténacité».

Ses mots à propos de la suite de ma carrière en sont la preuve : quoi que je choisisse, il mesoutiendra.

D'un seul coup, les choses me paraissent évidentes. J'aime mon travail au sein de ButlerIncorporationetj'aimeavoirlebonheurd'ycroiserJoseph.

Jamais je n'ai rencontré quelqu'un comme lui, quelqu'un qui sache me faire vibrer aussiintensément et… pour la première fois dema vie, je ne doute pas que ce soit réciproque. Josephm'aimetellequejesuis,jelesais.

Certes,depuis toujours, jepoursuis lemêmebut :deveniravocate.Sûrementpour fuir lavieunpeu trop bohème àmon goûtmenée parmes parents. Plus jeune, je n'ai pas eu la vie stable dontj'auraiseubesoin.Nousnousdéplacionssouvent,augrédestournagesetaussidesrevenusplusoumoinsréguliersdemesparents.Jemesuistoujoursditque,plustard,j'auraisunmétier«sérieux»,unebellemaison,unevierangée.

Et,soyonshonnête,unecarrièreprestigieuse.

J'aimêmeétéjusqu'àm'enferrerdansunerelationamoureuseavecunfuturavocat,quipartageaitlamêmeambition…

Onsaitpourquelrésultat!

Maispeut-êtreai-jeaussi,aufonddemoi,unpeudecetespritbohèmeetaventureux,finalement.

Dans ce couloir, aux couleursnoir et argent, décorédeboisprécieux et d'arbres enpot, oùmeparvientunbrouhahaaffairéenprovenancedesnombreuxbureaux,lejoursefaitpeuàpeudansmonesprit.

Jemeretrouveàlacroiséedeschemins:jepeuxpoursuivrelebutquejemesuisfixéplusjeuneouchoisircettenouvellevoie,dontjenesoupçonnaispasl'existence.L'évidencem'apparaît.Accepterdetravaillerdansuncabinetprestigieux,ceseraitjustementm'obstiner,choisirunevoieparcequ'ellem'apparaîtbalisée,quandbienmêmeellenemeconvientplusvraiment.Gagnerdesprocès,devenirassociée, tout ça ne m'attire plus autant qu'avant. Par contre, suivre la création d'un produitcosmétiquedeAjusqu'àZ,évoluerdanscemondesivivant,peuplédegenstousdifférents,parfoisexcentriques,c'estvraimentcequimedonneenviedevenirtravaillerlematin.

C'estsûr,déclinercettepropositiondeKirshten&Hobbesneserapasfacilenonplus,jerisquededécevoirmonmentor,mais…c'estaussim'acceptermoi-même.

– Allez, un peu de courage ! m'encouragé-je à mi-voix, un peu tendue de me découvrir cettenouvelleaudace.

Maisavanttout,jeresteprudenteetrationnelle.IlmeresteunpointàéclairciravantdefairepartdemadécisionauprofesseurJohanson:lamultinationaleButlerIncorporationva-t-ellem'offrirunposte?

Deretourdansl'openspace,alorsqu'Arnoldvided'unseultraitlacanettequejeluiairapportée,jedécouvreunmaildeJosephdansmamessagerie.

De:[email protected]À:[email protected]:Toi…Tusemblaistoujoursaussipensive…Quedirais-tud'unesoiréerienqu'ànous,avantdemain?Après,jerisqued'êtretrèspris.Jet'embrasse.Encoreetencore.

Jecomprendsqueluiaussipenseàmadécision,malgrél'actualitédesasociété.Maislafindesonmessagemefaitpresquefrissonner.Impossibled'effacermonsourire,tandisquejeluidonneaussitôtmaréponse.

De:[email protected]À:[email protected]:ToietmoiMillefoisouipourcesoir!Et…j'aimequandtum'embrassescommeça.

***

Cette fois,nousnous retrouvonsdirectementdevant la tourButler,oùnousattenddéjà laRolls-Royce.Àpeinem'a-t-ilaperçuequelechauffeurdescendpourm'ouvrirlaportière.Jem'installedansleluxueuxvéhiculeenattendantJoseph.

Aprèsunevingtainedeminutes, ilarrive,raccrochantàpeinesonportable.D'ungestesouple, ils'assiedàmescôtéset,unefoisquenoussommestousdeuxàl'abridel'habitacle,ilsepencheversmoi,attrapemonmentondesamaindroiteetm'embrasseàpleinebouche.

La sensualitégourmandede sonbaisermecoupe le souffle.Lesyeux fermés, jegoûte ladanse

langoureuse de sa langue contre la mienne, la chaleur douce de ses lèvres… Sa main qui glissedoucementversmoncou,lecreuxdemonépaulepourfinirpareffleurerlanaissancedemapoitrine.

Oh,commej'aienviedelui…

Quandnoslèvresseséparent,j'ailerougeauxjouesetlesoufflecourt.

–Waouh!m'exclamé-je,sansréussiràtrouverpluspertinentàdire.– J'en avais envie depuis que je t'ai aperçue de l'ascenseur ! s'explique-t-il, son sourire radieux

dessinantunefossetteaucreuxdesajouegauche.

Maisaussitôt,ilmescrute,plissantsesyeuxturquoise.

– Qu'est-ce qui te préoccupait, d'ailleurs ? Tu avais l'air… Je ne sais pas, absorbée dans uneréflexionprofonde,fait-il,curieux.C'esttoujoursenrapportaveclapropositiondetonprofesseur?

Jefaisunemoueembarrassée.Faceàmoi,Josephseredresseetplongesonregarddanslemien,retrouvantsonsérieux.

–Olivia?

Sonimpatiencemâtinéed'unelégèreinquiétudem'émeut.

– Eh bien… Oui, j'ai poursuivi ma réflexion, mais… J'ai une question à te poser d'abord,commencé-je,prudente.

–Jet'écoute.–Jem'adresseauprésidentdeButlerIncorporation,fais-je,enpréambule.

Josephretientunsourire.

–Quellesolennité…–Jeneplaisantepas,Joseph!–Excuse-moi,sereprend-il.Jet'écoute.EntantqueprésidentdeButlerIncorporation.

Commepourappuyersarésolution,ilretirelamainqu'ilavaitposéesurmacuisseets'éloignedequelquescentimètres.Unpeutendue,jeprendsmonsouffleetmelance,lecœurbattant.

–Qu'est-cequivasepasser,aprèsmonexternship?fais-je,àbrûle-pourpoint.Jeveuxdire…Est-ceque…jepourraiséventuellementintégrerl'équipejuniorentantquejuristeou,sansmondiplômed'avocate,jen'aiaucunechance?

De nouveau, son irrésistible sourire apparaît. Joseph devine sans peine que si je lui pose cettequestion,c'estquej'envisagederefuserl'offredemonmentor.

Maispasquestiond'obtenirceposteparceque…nousvivonsunehistoire!

–Non,attends,jeveuxdire…Est-ceque,sitoietmoi…onn'avaitpas…commencé-je.–Sionn'avaitpasderelationamoureuseensemble, tuserais toutaussicompétente,et je t'aurais

proposéd'intégrerl'équipejunior,mecoupeJoseph,sanssourire,cettefois.

Immédiatement,mapoitrinesemblelibéréed'unpoids!

–Jesaisquetut'inquiètestoujoursàl'idéed'obtenirunpostequetuneméritespas,tuasétéassezclaireàcesujetquandtuasintégrémasociété,merappelle-t-il,calmement.Maisencoreunefois,tuesbrillante,etc'est la seule raisonpour laquelle tuasétéengagée.Sinon, jemeseraiscontentédet'inviteràdînersansteproposerdefairetonexternshipchezButlerIncorporation.

–Alors…Quandceserafini…–Toncontratestdéjàrédigé,m'affirme-t-il,souriantdenouveau.

Jesecouelatête,unpeuabasourdie.Décidément,enintégrantButlerIncorporation,ilyapeudechancequejem'ennuieunjour!Àcettepensée,jenepeuxpasm'empêcherdepouffer,entrebonheuretnervosité.Josephhausseunsourcil,leregardinterrogatif.

– Alors ? demande-t-il. C'est fou, c'est moi le président et, une fois encore, c'est moi qui meretrouveàattendretaréponse!

Sonexaspérationfeintemefaitrire.Jemejetteàsoncou,sansplusderetenue.

–Biensûrque jeveux resterchezButler Incorporation ! J'adorece job ! Jecroisque rienqu'àl'idéedecôtoyerdesavocatsencostumesgris,douzeheuresparjour,pourdécortiquerdesdossiers,j'aienviedehurler!

Àsontour,Josephéclatederireetmeserrecontrelui.

–Putain,jesuisheureux,Olivia,murmure-t-ildansmoncou,avantdem'embrasserdenouveau.

Cettefois,jelaissemoiaussicourirmamainsursoncou,sontorse…Jepeuxsentirsesmusclestressaillir sous mes doigts. Haletants, nous nous interrompons, comme submergés par la tensionsexuellegénéréeparnotreétreinte.

– J'ai pensé que nous pourrions aller dansma résidence secondaire,m'informe Joseph, la voixsourde.

–Oùtuveux.–Ilfaitdésormaisunpeutropfroidpourlapiscine,maisj'aiplusieursidéespourteréchauffer,

ajoute-t-ild'unevoixrauquequimefaitfrémir.

Une fois dans sa propriété des Hamptons, après avoir donné les instructions d'usage à sonpersonnel, nous sommes enfin seuls, dans l'immense salon, où crépite déjà un grand feu dans lacheminéeenpierresdetaille.

–Hum,çasentbon…fais-je,troubléeparl'odeurdélicieuseduboisbrûlé.–C'estvrai,çasentmerveilleusementbon,murmureJosephderrièremoi,lenezplongédansmon

cou.

Jefermelesyeux,chaviréeparsonsoufflesurmapeau.Confiante,jemelaisseallercontreson

torse. Ses mains se glissent aussitôt sous mon chemisier kimono, jusqu'à mes seins, qu'ellesenglobentetcaressent.Jegémisetmecambrepresquemalgrémoi.Lefeucraquedanslacheminée.

–J'aienviedetoi,souffleJoseph,d'unevoixrauque.

Moiaussi…Jen'enpeuxplus!

Me mordant les lèvres, je saisis ses mains pour les presser contre ma poitrine déjà tendue.Aussitôt, Josephdéfait la ceinturedemonchemisier d'ungeste rapide etme retireprécipitammentmonsoutien-gorgededentelle,avecunehâtequinelaisseaucundoutesurl'urgencedesondésir.Jemecambreencore,plaquantmesfessescontrelui,etgémisaucontactdesonsexedurci.

Denouveau,sesmainsprennentpossessiondemesseins,lessoupèsent,lescaressent,agacentmestétons. Chacun de ses gestes me rend plus fébrile encore. Je sursaute et frémis. Sa main droiteremontejusqu'àmoncou,monvisage,qu'ellerelèveverslesien.

Nouséchangeonsunbaiserfiévreux,siintensequejemeretournefaceàlui,plaquantmapoitrinedénudéecontrelui.Letissudesachemiseaucontactdemapeaudéjàsensiblemefaitfrissonner.

Sanscesserdecaressermalanguedelasienne,Josephmeretiremonchemisier,tandisqu'àmontourjem'attaqueàsaboutonnière.Aprèsquelquestâtonnements,jepeuxenfinpromenermesdoigtssursapeautièdeetsidouce…

Lesyeuxfermés,boucheàbouche,jesuisleslignesfermesdesesmuscles.Lesabdominauxdéjàbandés,lesdeuxlignessiexcitantes,dechaquecôtédesataille,quiplongentverssonbas-ventre.Mesdoigtss'aventurentverscettezone,impatients,maisJosephmesaisitlespoignets.

–Pourquoi?fais-je,d'unevoixessoufflée,contrariéequ'ilm'arrête.

Sesyeuxturquoisemedévisagent,avecunelueurpresqueanimale.

–Jen'aipascessédepenseràcemoment,depuisladernièrefoisoùonafaitl'amour,prononce-t-il,d'unevoixgrave,rendueplussensuelleencoreparsonempressement.

Enmêmetemps,samaincontournematailleetfaitlentementdescendrelafermetureéclairdemajupe droite, qui tombe sur le parquet, dans un bruissement d'étoffe. Je souris, sentant aussitôt lachaleurdesflammessurmapeau.Lentement,jerecule,soutenantsonregard.Jequittemesbottesàtalons,neportantplusquemesbasetmadélicateculottededentelle,quinecachepasgrand-chosedemonanatomie.

LespupillesdeJosephs'agrandissentbrusquement.Ilsecouelatête,avecunpetitsourirequimefaitencorepluscraquer.

Ilnecacheriendesonattiranceetdesonamourpourmoi…Pourlapremièrefoisdemavie,jeme sens totalement en confiance, au point d'aimer sentir le regard de mon amant sur moi. Jen'éprouveaucunegêne,aucundoute.

Lentement,jetournelatêteet,avisantlesdeuxénormessofasenbiaisdevantlacheminée,reculejusqu'àsentirlecuirtièdecontremesfesses.Àquelquespasdemoi,Josephn'apasbougé,maissonregardsepromènetoujourssurmoncorps,sansparaîtrepouvoirselasser…Lachemiseouverte,ilattend,beaucommeundieu.Sonpoitrailpuissantsesoulèveplusrapidement,tandisquejepeuxvoirsa peau tressaillir par intermittence. Tout son langage corporel trahit la tension qui l'habite,contredisantimpudiquementsaposedécontractée,unemainglisséedanslapochedesonpantalon,unlégersouriresurseslèvressensuelles.

Sansunmot, jemeretourne, toutenfaisantglisser ladentelledemaculotte…Jedécouvremesfesses,puismepenche,descendslalingerielelongdemescuisses, jusqu'àlalaissertombersurlesol,d'unemainnégligente,luijetantunregardinsolentpar-dessusmonépaulenue.

–Qu'est-cequetuattends?luilancé-je,provocante.

Jesaisquemaquestionvalefaireréagir.C'estmapetitevengeancepourm'avoirempêchéedelecaressercommej'enavaiseul'intentionilyaàpeineuneminute.Etlerésultatnesefaitpasattendre.Aprèsun légersursautdesurprise, il fondsurmoi.D'unseulcoup, ilestcontremoi,s'approchanttellementqu'ilmeplaquecontreledossierdusofa.Lecontactdesoncorpsmefaitpousserunlégercri. Passant lamaindansmondos, je cherche à défaire la boucle de sa ceinture,mais denouveauJosephattrapemesbrasetm'immobilised'unseulgeste.

–Olivia,Olivia…murmure-t-ild'untonjoueur.Taprovocationestindécente.–J'espèrebien,soufflé-je,troublée.–Vraiment?Maissauras-tuensupporterlesconséquences?insiste-t-il,cherchantàreprendrele

dessus.

Jefermelesyeux,dissimulantunsourire.Lesbrasimmobilisés,jen'aiplusqu'uneseuleoption:je cambre les reins et plaque mes fesses nues contre lui, caressant ainsi son érection. Avecsatisfaction, je constate que sa respiration s'arrête aussitôt, avant que sa gorge n'émette un soupirétranglé.

–Ettoi?demandé-jed'unevoixlubriquequejereconnaisàpeine.–Bordel,lâche-t-ildansunsouffle.

Cettefois,saréactionnesefaitpasattendre.Desamainlibre,illibèresavirilitéet,lentement,troplentement,ilmepénètre.Toutmoncorpsfrémit,jerenverselatêteenarrière,déjàauborddel'extasetantj'aiattenduavecimpatiencedelesentirainsienmoi.Commepourrépondreàmonpropreplaisir,j'entendslelentgémissementquenepeutretenirJoseph.

Nousrestonsainsiquelquessecondes,immobiles,l'uncontrel'autre,imbriquéssiétroitementqueje voudrais que cemoment dure toujours…Mais quandmes hanches semettent à bouger, Josephavancesonbassinetmeplaquedavantagecontrelecuirdusofa.Jesuisàsamerci.Samaingauchemaintienttoujoursmesbrasdansmondos.Soudain,ilsemetàpromenersabouchesurmesépaules,puislelongdemoncou,mefaisantfrissonner…

Jesensuncourantélectriqueparcourirmacolonnevertébrale, jusqu'aucreuxdemesreins.Mes

fessessecontractent,luiarrachantunlégersoupir.Jeronronne,heureusedelesentiraussiréactifquemoi.

Devinantmasatisfactiondelesentirperdrelecontrôle,ilsepresseunpeuplussurmoi,creusantdavantagemachair.Imperceptiblement,jetentedeveniràsarencontre,maisilsuitlemouvementdemoncorpsetreculelégèrement.Jepousseungémissementplaintifetlesenssouriredansmondos.

–Jet'avaisprévenue,murmure-t-ilaucreuxdemonoreille.–Prends-moi,réponds-je.J'aienviedetoi,enviedetesentirbougerenmoi.

Mavoixs'estfaitesuppliante,pourmieuxlefairecéder,maisiln'exaucepasmademande.

Joseph…

Samaindroiteglissele longdemonventre,s'immisceentre lecuiretmapeau,pourdescendrejusqu'àmonsexeruisselant.Délicatement,sesdoigtsexplorentlestendresreplis,faisantjaillirdemoiunplaisirsiviolentquej'entressaille.Jedoismemordreleslèvrespournepascrier.

Aucunedemesréactions,aucundemessoupirsnepeutéchapperàJoseph,dontlecorpsépouseintimementlemien…Lentement,ilcommenceàmecaresser,avecunerégularitéobsédante,sansquejepuisseluiéchapper.

Pesantdetoutsonpoidssurmoi,ilimmobilisemonbassinentrelesienetledossierdusofa.Leplaisirdéferle…Lesvaguesbrûlantesenflent, jusqu'àmesubmergertoutentière.Leréseaudemesnerfsmesembleauborddelasurchargeetjen'arriveplusàmaîtriserlessonsqu'émetmagorge.JerenverselatêtecontreletorsedeJosephetmesjambessemettentbientôtàtrembler.Samaingauchelibèremesmainspourvenirmepétrirlesseins.Maispourmedissuaderdetoutevelléitéd'évasion,sonbassinappuieencorepluscontre lemien. Je sens sonsexevenirencoreplusprofondémentenmoi,pousseuncri,fermelesyeux…Jem'empressed'empoignerledossierdemesmainscrispées,m'agrippeaucuirdetoutesmesforces.

Mais j'ai toujours envie de le sentir aller et venir enmoi, je secoue la tête, lutte de toutesmesforcescontrecetorgasmequejesensarriver,crépitantlelongdemesnerfschauffésàblanc.

–Joseph,attends,non,viens,balbutié-je,sansforce.–Qu'est-cequetuveux?medemande-t-il,impitoyable.

Savoixestrauque,sonsoufflecourt.Jesaisqu'il lutte toutautantquemoi,mais ilveutavoir ledessus…etsadéterminationm'exciteencoreplus.

–D'accord!Tuasgagné!crié-je,plusimpatientequ'excédée.–Gagnéquoi?continue-t-il,unenotetriomphaledanslavoix.–Joseph!

Dans un dernier sursaut, profitant de l'énergie démentielle que ses doigts habiles continuent defairedéferlerenmoi,jemetendsdetoutesmesforces,luttantaussicontreceplaisirinexorable.Cecombat-làestperdud'avance,jelesais,maisj'arriveàpousserdevantmoilelourdsofa!

Joseph,surpris, se redressebrusquement.Samainseplaquecontremonclitoris, tandisquemeshanchesondulentenfindevantlui!Lasensationestsibrutale,siintense,quenouspoussonslemêmecrideplaisir,àl'unisson.Cettefois,ilperdlatêteàsontour,empoignemeshanchesàdeuxmainsetsemetàmefairel'amourainsi,tandisquejefermelesyeux,luioffrantmesreins,submergéeparleplaisir.

Notrechorégraphieintimesefaitaussijoueusequel'ontétéjusqu'icinosébats.S'ilralentit,jemecambrepourveniràsarencontre.S'ilaccélèrelerythme,jemeredresse,cherchantlecontactdesapeaucontrelamienne,l'empêchantdefairecequ'ilveutdemoi.Nousgémissonsautantdeplaisirquedefrustration…Lejeuseprolonge,jusqu'àl'exaspérationdenosdésirs!

–MonDieu,c'estsibon,lâché-je,sanspouvoirmeretenir.

Chaquefoisquej'ail'impressiondemetrouverausommetdelavague,celle-cienfleencore,meportantunpeuplushaut.Mesjambestremblentdeplusenplus.Jefinispardevoirdemandergrâce,unefoisencore…

–Joseph…Jen'aiplusdeforce,gémis-jeenexpirant.–Vienslà,fait-ild'unevoixrauqueenm'attrapantparlataille.

D'ungeste, ilmeretournefaceà lui,m'assoitsur ledossierdusofaet,sansattendre,viententremescuissesouvertes.Lentement,ilmepénètredenouveau,sesyeuxdanslesmiens.Jem'accrocheàsesépaules,ilmemaintientcontreluiparleshanches.Iln'estplusquestiondefairecéderl'autreoud'avoirledessus.Désormais,iln'yaplusqueluietmoi,quinefaisonsplusqu'un,langoureusement,voluptueusement…passionnément.

Nous nous embrassons, mêlant nos souffles et nos gémissements de plaisir. Je sens mon dosdevenirbrûlant,chaufféparleshautesflammes.Lanuitesttombéepeuàpeuetnosépidermesbrillantdesueur reflètent lacouleurdu feu…J'ai l'impressionquecesontnosnerfsqu'onentendcrépiter,quec'estmoiquisuisentraindebrûler.

Soudain,noslèvresseséparent.Josephmeregardesiintensémentquej'ensuisbouleversée.

–Tuesmagnifique,jet'aimetellement,murmure-t-il,semblantpresquedansunétatsecond.

Sesmouvements,amplesetsouples,se fontplus rapides.Leplaisirenfle,encoreetencore.Mesmusclessecontractent,monbassinvientàlarencontredusien,accompagnéparlesmainsdeJoseph.Mesdoigtssecrispentsursesépaules,griffentunpeusapeaubrûlante.Ilaccélèreencorelerythme,lesyeuxbrillants,levisagetendu…

Puis,d'unseulcoup,sonregards'évade,sefloute,illâcheungrandcriaumomentmêmeoùjemesensexploserenmilleéclats.Ils'enfonceunedernièrefoisenmoi,d'unseulcoup,meserrecontreluiàm'enétouffer.Jetremble,lefrontcontresontorse,gémissantsansdiscontinuer,transportéehorsdemoi-même…

Ilnousfautdelonguesminutespourrevenirànous.Tendrement,Josephmeprenddanssesbras,tandisquemapeautressailleencore.Ilm'emporteetmedéposedoucementsur lesofaquivientde

supporternotreétreinteamoureuse.

Jerefusedeluilâcherlamain,exigeantqu'ilsecoucheaussi.Avecunsourire,ils'installederrièremoi, sur le côté, et m'attire contre lui, le dos contre son ventre musclé. Allongés ainsi, nousregardonslesflammes,désormaismoinshautes,quidiffusentunedoucelumièredanslapénombredugrandsalon.Lentement,jereprendspossessiondemoi-même,parfaitementheureuse.

–Àtonavis,quiagagné?demandé-je,taquine,aprèsunmomentdesilence.–Nousdeux,jecrois…Non?fait-il,m'embrassantl'épaule.–Hum,soupiré-je,unsourireauxlèvres.–Tuveuxm'entendredirequetuasgagné,c'estça?–Çanemedéplairaitpas,rétorqué-je,amusée.

D'unbond,jemerelèvesuruncoudeetleregarde,haussantunsourcil.

–Alors?J'aigagné?osé-je.–Jamaisdelavie…souffle-t-il,fermantlesyeuxcommes'ilallaits'endormir.–Enattendant,tuasl'airbienépuisépourunvainqueur,fais-je,meretenantderire.

Josephouvre lespaupièresetdardesurmoisesyeux turquoise.Puis,enuneseconde, ilmefaitbasculersur ledosetsamainplongeentremescuissespourfairerenaîtred'unecaresseprécise latornadedeplaisirquivientàpeinedes'apaiser…Jepousseuncri,metortillepourluiéchapper,maisc'estpeineperdue.

Àpeineuneminuteplustard,jesuisprisedesoubresautsviolents,saisieparunsecondorgasme,aussibrefquefulgurant.

L'airvictorieux,Josephmesourit,visiblementtrèssatisfaitdelui-même.

–Tricheur,gémis-je,sansforce.–Mauvaiseperdante, rétorque-t-il, avantde s'allonger sur ledos, lesmains croiséesderrière la

nuque,ungrandsourireauxlèvres.

Amuséeparsaréaction,maisépuisée,jeposelatêtesursonépauleetfermelesyeux,savourantmadélicieusedéfaite.

4.Dernierspréparatifs

Impossible de me concentrer. Heureusement que la bonne nouvelle est tombée en milieu dematinée:lasoiréedelancementaurabienlieu,danslestemps,sansquelesdifficultésrencontréesnesoientconnuesdupublicnidelapresse!

Nous avons tous reçu un mail officiel de la main de Joseph Butler lui-même, qui félicitel'ensembledesescollaborateurspour«leurprofessionnalismeetleurimplication».

C'estsûr,plusimpliquée,jenepeuxpas!

LesouvenirdemasoiréeetdemanuitavecJosephmefaitaussitôtmonterlerougeauxjoues.Lemoinsqu'onpuissedire,c'estquenosébatsontété…intenses.Etnombreux!Jerissouscape,autantàcausedemanervositéqu'àcausedemespenséesindécentes…

Sijesuisnerveuse,c'estparcequej'aienvoyéunmailauprofesseurJohanson.Jesaisquej'auraisdû lui demander un entretien pour décliner sa proposition de vive voix, mais rien qu'à l'idéed'affronter ses yeux perçants, quim'auraient regardée par-dessus ses lunettes, jemevoyais perdremesmoyens.J'aibeauêtresûredemonchoix, jeredoutededécevoirceluiquiaétémonmeilleurprofesseuretquiestpeuàpeudevenumonmentor.

Et comment faire comprendre à un ex-roi des tribunaux que je préfère travailler au sein d'uneentreprisedecosmétiques?

Résultat : jevérifiemamessagerie toutes lescinqminutes,unebouleaucreuxduventre.Quandmon téléphone sonne, je ne meméfie pas et l'attrape machinalement, confiante, jusqu'à ce que jedécouvrel'identitédemoncorrespondant.

Oh,merde!L'angoisse!

LeprofesseurJohansonavisiblementestiméquelasituationméritaitunentretientéléphonique.Jerespireungrandcoupetdécroche.

–ProfesseurJohanson,bonjour.J'imaginequevousavezreçumonmail,attaqué-je,faisantcellequin'apeurderien.

–Eneffet,merépondcalmementlabellevoixdebasse.Jenevouscachepasquevousm'étonnezbeaucoup.

– Je sais, je suis désolée si je vous déçois, fais-je, embarrassée.Mais…Cetexternshipm'a faitdécouvrir unmondedont jene soupçonnaispas l'existence et je croisque j'ai trouvéunevoiequipourraitbienêtrelamienne.

– Hum. Vous êtes vraiment sûre de vous ? Il me semble que vous avez pris la décision assezrapidement,cependant,objecte-t-il,paraissantpeuconvaincuparmonenvolée.

–Euh…

Commentpuis-jeluiexpliquerquej'éprouvaisunréelregretàl'idéedevoirs'approcherlafindemonstageetque sapropositionaeuuneffetdéclencheur?Madécisionn'estque le résultatd'uneprisedeconscience : l'idéalprofessionnelque jem'étais fixédepuisdesannéescorrespondaitàunidéal demoi-même, trop éloigné de la réalité pour vraiment me convenir.Ma place est ici, chezButler Incorporation,oudansuneentreprisedumêmegabarit,pasdansuncabinetd'avocatshyperspécialisés.

D'ailleurs,sij'aichoisiledroitdesaffairesplutôtquelepénal,commespécialité,cen'estpasparhasard…

Jedécided'utilisercetargument,maismonmentornem'enlaissepasletemps.

–Pardonnez-moicettequestion,Olivia,maisjemedoisdevouslaposer.–Allez-y,l'invité-jeàpoursuivre,medoutantquejenevaispasaimercequivasuivre.–Êtes-vousbiensûrequevousfaitesunchoixprofessionneletuniquementprofessionnel?Çane

meregardepas,maisilfautsavoirdistinguersacarrièreetsaviesentimentale,souspeinedecourirlerisqued'essuyerdesreversdanslesdeuxdomaines.

Eneffet,jen'aimepas.Dutout.

Unpeugênée,jerestemuetteuninstant,sanstropsavoirquoiluirépondre.J'auraisdûmedouterque mon histoire avec Joseph ne lui avait pas échappé. Avec la médiatisation, c'était illusoire del'imaginer.

–Vousêtestoujoursenligne?

Lavoixestferme,sansl'ombred'uneindulgence.Jecomprendsquemonmentormecroitcapablede sacrifier une carrière prometteuse pour une aventure amoureuse, comme n'importe quellemidinette.Aussitôt,monorgueilprendledessus.

–Oui.Jesuisd'accordavecvous:lessentimentsontpeuàvoiraveclacarrière.J'aimetravaillerauseind'uneentreprise,surtoutquandelleévoluedansundomainerentable,novateur.Croyezbienquemescompétencesenmatièredebrevets industrielspeuvents'exprimer largement!Madécisionn'estpas«sentimentale»oualorsils'agitdel'attachementquejeporteàmonfuturmétierd'avocat-conseil,exercédansunmilieuépanouissant.

Cettefois,j'aipeut-êtreététropferme,maistantpis!Oui,sijesuistoutàfaithonnête,laprésencede Josephapesédansmadécision,mais j'ai aussipenséà l'éventualité redoutéeque jedoiveallertravaillerailleurs…Mêmesijenepeuxpaspenserquenotrehistoired'amourpuisseseterminer,enbonnejuristerationnelle,j'aiexaminétoutesleséventualités!Etmonchoixestferme:jepréfèrelafièvredumondedel'entrepriseàlapressiondescabinetsd'avocats.

–Trèsbien…Jecomprends,faitmonprofesseuraprèsuneminutederéflexion.

J'hallucineouilaunsouriredanslavoix?

–Jevaisvouslaisser,danscecas,Olivia.IlfautquejerappelleKirshten&Hobbes.

–Jesuisnavrée,j'espèrequejenevousmetspasdansl'embarras,fais-je,sincère.–Nevousenfaitespas,jesuisprévoyant,j'aiunautrecandidatàleurproposer!

Saréponsemefaitgrimacer,maisaprèstout ilaeuraison…Mêmes'iln'est jamaisagréabledes'entendredirequ'onpeutêtreremplacéedanslaminute.

–Mesfélicitationsàcecandidat,alors.– À bientôt, Olivia. J'espère que ce virage vous plaira autant que ma deuxième carrière dans

l'enseignementmeplaît,termineleprofesseurJohanson,unsouriretrèsnetdanslavoix,cettefois.–Merci,monsieur.

Jeraccroche,soulagée,maisunpeusouslechocdelaconfrontation.

–C'étaitplusfacilequeprévu…murmuré-jepourmoi.–Qu'est-cequiétaitplusfacilequeprévu?–Ah!

J'aifaitunbonddesurprise.Lamainsurlecœur,jemetourneverslaportedubureaucollectif.Appuyé contre l'embrasure, son sourire charmeur éclairant encore ses yeux sublimes, Josephm'observe,amusédemaréaction.

–Tum'asfaitunedecespeurs!–J'aivuça…Oùestpasséelajuristeauxnerfsd'acierquim'afaittombersoussoncharme?me

taquine-t-ilens'avançant.–Ses nerfs ont étémis à rude épreuve, figure-toi ! J'ai annoncé au professeur Johansonque je

refusaissonoffreauseinducabinetKirshten&Hobbes,luiréponds-je,enreculantmonsiège.–Et?

Soudainsérieux,ils'assoitsurleborddemonbureau,attentif.Etterriblementsexy.D'autantplusattirantqu'iln'aabsolumentpasl'airdesedouterdel'effetqu'ilmefait.

Je ne sais pas si c'est le soulagement d'avoir donné ma réponse ou le stress de la soirée delancement,mais…

Sentantque jeperdspied, je toussote etm'arracheà la contemplationde sesmains, élégantes etmusclées,négligemmentposéessurmonbureau.Sesmainsquejeverraisbiensepromenersurmapeau.

Maisjedeviensnymphoouquoi?

Avecunpetitsourire,ilm'interrogedesesyeuxturquoise.

–Commenta-t-ilréagi?insiste-t-il.–Hum!Aussibienqu'illepouvait.Jecroisqu'ilacompris,ajouté-je.–Parfait,alors!

Sonsouriremefaitcomplètementcraquer.Quandilsepencheversmoipourattrapermamain,je

sensmatempératuregrimperencoreunpeu.

–Agatham'aditquetesderniersdossiersétaientimpeccables,murmure-t-il,plongeantsonregarddanslemien.

–Oh?C'est…Tantmieux.

Depuisquelque temps, lescomplimentsd'Agathaàmonégard se fontdemoinsenmoins rares.J'apprécielechangement!

–Commetuasplusoumoinsquartierlibre,enchaîneJoseph,enpassantsamaindanssescheveux,j'auraisunserviceàtedemander…

–Oui,vas-y,fais-je,intriguée.– Tu crois que tu pourrais aller rendre une petite visite à mon oncle ? Je crois que Tessa lui

manque,ajoute-t-il,avecunhaussementdesourcils.

Mameilleure amie n'est pas retournée chez son cherAlistair depuis « l'accident », et cematinmêmeelles'estenvoléepourPortland,Oregon.Parfaitementremisedesonchocanaphylactique,elleestpartiedanssafamillesefairedorloterpourlesfêtesdeNoël.Jel'aiconduiteàl'aéroportavantdevenirtravailleretj'avouequesajoiederevoirbientôtsesparentsetsesdeuxfrèresm'afaitpenseràmaproprefamille.Mesparentsneserontpaslàcesoiretilsmemanquentunpeu.MaisJosephattendmaréponse,jemesecoueetacquiesceaveclesourire.

–Biensûr,çamefaitmêmeplaisir.– Alors c'est parfait. Je vais te prêter mon chauffeur. Si tu acceptes ! ajoute-t-il, prenant l'air

exagérémentprudent.–Joseph…

C'est devenu un jeu entre lui et moi. Chaque fois qu'il me propose son aide ou veut m'offrirquelquechose,ilprendmilleetuneprécautionsoratoires,commesij'allaisinterprétersesattentionscommedestentativesdemanipulationoudesprisesdecontrôle.

Lepire,c'estqu'aujourd'hui,çamefaitrire.

–Jepréfèreêtreprudent!Avecunetêtedemulecommetoi!ose-t-il.–Hey!Mavolontéfaitpartiedemoncharmeettulesais!rétorqué-je,prenantuneminehautaine.–C'estpasfaux,soupire-t-il,commeaccablé.

Mais lebaiserqu'ildéposesurmes lèvresvientcontrediresonairnavré.Quandnosbouchesseséparent,jejetteunrapidecoupd'œilàlaporte.Ouf,personne!

Jen'aipashontedesortiravecleboss,maisj'aimeautantqu'onresteunminimumdiscrets.

C'est sans doute l'effet soirée de lancement, il me semble qu'entre lui et moi, aujourd'hui,l'attractionestplus forteque jamais,commestimuléepar l'atmosphèreélectriquequi règnepartoutdanslatourButler.Josephselèvedemonbureauetrajustesacravate.

–AprèstavisiteàJerseyCity,monchauffeurteconduiraànotrepointderendez-vous.

–Directementàlasoirée?Ilfaudraitquejepassed'abordmechanger.–Non,ceserainutile,merépondJoseph,mystérieux.Maiscettefois,c'estunesurprise.

Saréponseévasivem'intrigue,maisjeretienslesquestionsquimebrûlentleslèvres.

Inutiledeluidonnerl'occasiondemetraiterencoreunefoisdetêtedemule…

Avecunpetitsourireironique,commes'ildevinaitcequivientdemetraverserl'esprit,Josephmelanceundernierregardets'éclipse.Jesoupire,plusquejamaissouslecharmedecemec.

***

J'avaisplusoumoinsespéréqu'Alistairpuisseveniràlasoiréedelancement,maisenprenantlethé avec lui jeme rends à l'évidence : il est encore trop fatigué pour supporter un tel événement.Mêmes'ilameilleureallure,sestraitssont tirésetsonmédecinabieninsistépourqu'ilévitetoutefatigueinutile.

Évidemment, il est le premier à regretter de ne pas pouvoir être présent et veut tout savoir del'organisation. Je lui raconte le déroulement de la soirée, les invités prestigieux, les retombéesmédiatiquesetcommercialesespérées,jusqu'auxmoindresdétails!

–J'auraisvraimentaiméassisteràça!Jesuissûrqu'Agathaapréparéundiscoursdontellealesecret!s'exclame-t-il.

–Jenesaispas,jenel'aientenduequ'enréunion,auseindeButlerIncorporation,fais-je,curieuse.–Oh,vousverrez,elleestbrillanteaveclapresse,trèsbrillante!

La froide et rigide directrice générale de Butler Incorporation serait une charmeuse dejournalistes?Hâtedevoirça.

Lesyeuxpétillants, il s'anime, allant jusqu'à faire fuir le placideDow Jones, que cette agitationnavreprofondément,d'aprèsl'airméprisantqu'arborel'animalenquittantlesgenouxduvieilhomme.

–Cechatportebienmalsonnom,ildétestem'entendreparleraffaires,plaisanteAlistair.–C'estbienleseulànepasappréciercesujet,fais-je,amusée.– Oh, il en est un autre qui semble éviter cette thématique depuis quelque temps, soupire-t-il

soudain. J'aurais aimé que Max vive les mêmes réussites que son frère, mais je crois que c'estdéfinitivementperdu…

Unangepasse.

–Çaa toujours étédifficile avecMax, commenceAlistair, lesyeuxdans levague. Il n'a jamaisconnu son père, qui a quittéma sœur alors qu'elle était enceinte.Max a toujours été persuadé queJosephluiétaitpréféréparsamèreetsonsecondmari,àtort,bienévidemment.

JerevoislascènedeconfrontationentreJosephetsonfrère.Cetteblessured’enfancealaisséunecicatriceprofondedanslapersonnalitédeMax,hélas.

–MaisàlamortdesparentsdeJoseph,cesentimentestdevenuplusvifchezMax…plusviolent.J'auraissansdoutedûmemontrerplus…attentifquandjelesairecueillis.

Levieilhommesecouelatête,avecunsoupir.

–Vousavezfaitcequevouspouviez,tenté-jed'untonréconfortant.–Cen'étaitpasassez.Quandjepensequej'aicrulesréconcilierenleurcédantmonentreprise!Je

n'aifaitquelesséparerdavantage,ajoute-t-il,l'airaccablé.–Maisleschosesévoluent,lesgenschangent!Ilnefautpasdésespérer,Alistair,jamais!

L'oncledeJosephmelanceunregardincrédule,puissourit.Maisjevoisbienquec'estdavantagepourmefaireplaisirqueparcequejel'aiconvaincu.J'aipresqueenviedeluidirequeMaxconsulteunpsy,queJosephl'amêmeaccompagné,quelesdeuxfrèresontenfincrevél'abcès,mais…J'ignorecequesesneveuxontdécidédeluidire.LaconsigneestdeprotégerAlistairàtoutprixetjeneveuxsurtoutpasfairedegaffe!Jemecontentedoncdeposermamainsurlasienneetdesourireenretour.

Mais au fonddemoi, jemepose aussiquelquesquestions : quevadevenir la relation entre lesdeux frères?Etce soir,Maxviendra-t-il assisterau triomphede Joseph?Ou restera-t-il à l'écart,incapabledeseréjouirpourlui?

***

Enfaitdesurprise,Josephm'adonnérendez-vousdansuneboutiquedeluxe,afinquejepuisseychoisirmoi-mêmelatenuequejevaisportercesoir!Lamineextatique,j'aiessayéplusd'unedizainederobes,toutesplussublimeslesunesquelesautres!OscardelaRenta,Balmain,Dior,Versace…Jamaisjen'auraisimaginéqu'unjourjemeglisseraisdansdepareils trésors.Josephassisteàmondéfilé,connaisseur,avecuneexpressionsurlevisagequimetroubledavantagedeminuteenminute.

Jecherchedoncunerobedanslaquellejemesenteàl'aise…maisquimerendesexyàsesyeux!Quand je sors de la spacieuse cabine dans une merveille de soie d'un rose doux, agrémentée debroderiesdélicatesquisoulignentundécolletéaudacieux,jevoissursonvisagequec'estlabonne.

–J'aimebiencelle-là,qu'enpenses-tu?fais-je,enmedéhanchantd'unairsensuel.–Tues…trèsbelle,fait-il,lavoixétranglée.

Cettefois,jenepeuxplusm'empêcherdesourire.Letondesavoixetsesyeuxquinepeuventpassedétacherdemoisontpluséloquentsencore.Ceseracetterobe.

–Celadit…commence-t-il,fronçantlessourcils.–Quoi?Quelquechosenevapas?

Jemeretourneverslemiroir,cherchantundéfautquejen'auraispasremarqué.

–Jemedemandesiçaneseraitpasmieuxenprenantlatailleau-dessusetenlafaisantteniravecdesépingles,finit-ilpardire,l'airfaussementsérieux.

Posantmesmainssurmeshanches,jechercheunerépliquecinglante,maissonregardamoureux

meréduitaussitôtausilence.Çaetlesouvenirdelanuittorridequiavaitsuivilasoiréeàlaquelleilvientdefaireallusion…

5.Disparue!

–Joseph!–M.Butler!–Unsourire!–MlleScott?Parici!

Unpeutendue,jepresselamaindeJoseph,quimeréponddelamêmemanière,toutencontinuantdesourireauxphotographes,affichantunedécontractionsurnaturelle.

Maiscommentfait-il?

DansmaroberoseChanel,jesuisàdeuxdoigtsdem'évanouirdestressetpriementalementpourquemonétatnesevoiepastropsurlesphotos.Suivantlesconsignesquem'adonnéesJosephavantquenousfoulionsensembleletapisrouge,jesouris,bouchefermée,regardedanslamêmedirectionquelui,autantquepossible,ettented'avoirl'airàl'aise.

Labonneblague.

Moi, l'étudiante en droit encore fauchée il y a quelques mois, je suis mitraillée par desphotographes,suruntapisrouge,dansunerobeChanel.

Jesuisdanslaquatrièmedimension,maintenant,c'estsûr.

Aprèsunmomentquimeparaîtdureruneéternité,Josephm'entraîneàl'intérieurduSohoGrandHotel, dont tout le rez-de-chaussée a été privatisé pour l'occasion. Le décor à la fois moderne etdesignestunécrinparfaitpourlelancementdeBlessedHoney.

–Tuastenupresquedeuxminutes,jesuisfierdetoi,mesouffleJosephaucreuxdel'oreille.–Seulementdeuxminutes!fais-jesurlemêmeton,estomaquée.

Josephlaisseéchapperunpetitrire,maisilestbientôtprisd'assautpardesjournalistesmunisdemicros.Jem'écartediscrètement,peudésireusederestersouslesfeuxdelarampe.Unpeuétourdie,jemedirigeverslebarloungeet,uninstantplustard,munied'unecoupedechampagne,j'observelescélébritéssemêlerauxjournalistestriéssurlevolet.

Leservicecommunicationestsurlesdents.J'aperçoisBritney,enrobebleumarine,trèsjolie,quidistribueavecungrandsouriredepetitssacsélégantsauxfemmesjournalistesprésentes.Aucunenecachesonravissementendécouvrant lecontenudusac:échantillonsdela lignedesoins, luxueuseplaquetteexplicativeet…leDVDtournéetmontéparmesparents.

J'espère de tout cœur que leur travail sera enfin récompensé, grâce au retentissement de celancement,quis'annoncephénoménal…Entantquedocumentaristes,ilssontestimésdeleurspairs,maisilsn'ontjamaisconnucequ'onappelle«lesuccès»,malgréunréeltalent.Avecunpincementau

cœur,jebalaiedesyeuxlasalleluxueuse,peupléedepersonnalitésentenuedegrandscouturiers,unverre de champagne à la main… et me souviens des périodes où le dîner familial se composaitexclusivementdepâtesaubeurre.J'enréclamaischaquesoiràmamère,sousleprétextequej'adoraisça,maisenréalitéc'étaitparcequejesavaisquel'argentétaitrareetmesparentssoucieux.

Finalement,çam'arendueambitieuse,etaujourd'hui…Voilàoùjemetrouve.

Uncride joiemeramèneà la réalité.Une journalisted'unecinquantained'annéesafficheunairmi-ravi,mi-confus,unéchantillonnoiretargentdanslamain.Jedevinesanspeinecequ'ellevientdedécouvrir:unminusculeflacondeSacredHoney,lacrèmedelégendeindisponibleàl'achat,offerteàunpanelréduitdestars.

Encore une idée de Joseph : glisser quelques échantillons dans les pochettes à destination desjournalistes,histoired'entretenirlemytheenpermettantàcertaineschanceusesdevérifierlesvertusincroyablesduproduit.

Si même les journalistes expérimentées sont aussi enthousiastes, avant même d'avoir essayé laligne…c'estgagnéd'avance!

Je souris, sans pouvoir m'empêcher d'éprouver de la fierté devant le succès qui s'annonce. Jedécidedemedirigerverslasalleoùj'entendsdéjàleDJinstalleruneambiancedécontractée,avecunsonélectroadoucidesamplesdebruitsdenature,parfaitementenaccordavecleslignesHoney.Toutaétépensé,jusqu'aumoindredétail,pourimposerlasignatureButlercommegagedeperfection.

Enchemin,jecroiseuneAgathaBayardsomptueusedansunerobeivoire,quinecacheriendesaligne impeccable !Ladirectricegénéraleneme remarquepas, accaparéeparune femmeélégante,quejereconnaiscommelarédactriceenchefduplusgrandmagazinedemodeinternational…Lesdeux professionnelles discutent à bâtons rompus, comme pourraient le faire deux amies, mais jeconnais désormais trop les rouages de ce milieu pour m'y laisser prendre… L'échange est purbusiness, pure communication. J'admire particulièrement la directrice générale de ButlerIncorporation, qui affiche une décontraction souriante, alors qu'elle doit bientôt prendre la paroledevantl'ensembledel'assemblée.

J'aiétéétonnéequecenesoitpasJosephlui-mêmequisechargedelaprésentation,maisilajugéplus pertinent de laisser la parole à Agatha, les deux lignes Honey s'adressant aux femmes,exclusivement.

Fascinée,jelesobserve,avantderéaliserquejerisquedelesdérangerenlesregardantdemanièretrop indiscrète. Je poursuis donc mon chemin et pénètre dans une immense pièce, au décorminimaliste,déjàpeupléedepersonnesentenuedesoirée,discutantàbâtonsrompus.

–Olivia?m'interpelleunevoixfémininequejenereconnaispas.

Surprise, je découvre la jolie brune que j'avais aidée le jour où j'ai rencontré Joseph pour lapremièrefoislorsdumariagedesonamiThéodoreHenderson!

Jane,jecrois.

–Oh,çaalors!fais-je,avecunsourire.– Vous êtes resplendissante ! me dit la jeune femme, admirant ma robe avant de me saluer

chaleureusement,commesinousétionsamies.Vousêtesinvitéeaussi?–Pasexactement,je…faispartiedeButlerIncorporation,expliqué-je.Commentallez-vous,Jane?–Oh,merveilleusement!répond-elle,lançantunregardénamouréàunbrunténébreux,l'airlatin,

àquelquespasdenous.

Je reconnais l'autre témoin, en pleine conversation avec le marié lui-même… Je fouille mamémoire,àlarecherchedesonnom,etmerappellequ'ils'agitdeDante,l'auteurdel'étrangetableauquim'avaittantpludanslarésidencesecondairedeJoseph.

Maissoudain,ThéodoreHendersonlèvesesyeuxsombresversmoietglissequelquesmotsàsonépouse, à ses côtés également. Je remarque rapidement que la jolie blonde affiche un petit ventre,qu'ellecaresseparfoisdistraitement.Ellemelanceunsourireets'avanceversmoi.

–Bonjour,jesuisClara.–Oui,ClaraHenderson,jemesouviensdevous.–EtvousêteslafameuseOlivia,quiaréussil'exploitdevolerlecœurdeJoseph!

Alorslà!

J'enrestemuettedestupéfaction!Nonseulementcesgenssesouviennentdemonprénom,maisenplus…Josephleuraparlédemoi!Jenepeuxpasluttercontrelesourireraviquimemonteaussitôtauxlèvres.

–Vousmeflattez,fais-jetoutdemême,faussementmodeste.–Ah!Sûrementpas!s'exclameenriantJane,visiblementravie.–Josephnousagentimentinvitéspourcettesoiréedelancement,poursuitlablondeClara.C'est…

époustouflant!–Oui,dommagequetunerestespasjusqu'aubout,faitlabrunegracileàsonamie.–Jesuisunpeufatiguée,maisj'aiuneexcuseenor,répondlablonde,d'unevoixdouce.–C'estvrai…Maisj'ypense,vousavezsûrementmieuxàfaire,Olivia!Entoutcas,jecroisqu'on

sereverrabientôt!melanceJaneavecunclind’œil.–Ceseraavecplaisir,fais-jeaussitôt,sanstropsavoirsielleparled'unévénementprécisous'il

s'agitjustedepolitesse.

Dansuncascommedansl'autre,c'estplutôtsympa.

Contented'avoircroiséetmêmediscutéavecdesamisdeJoseph,jemedirigeverslebar,quandunbrouhahaattiremonattention.Jemeretourneàtempspourassisteràl'entréetriomphaledupatronde Butler Incorporation, suivi d'une horde de journalistes. Quelques applaudissements discretsretentissent.JosephestincroyablementbeaudanssonsmokingDior,noircorbeau,avecunepochettediscrètementargentée,quifaitparaîtrelacouleurdesesyeuxpresquesurnaturelle.

Beauàenmourirsurplace.

L'émotion et le désir semêlent dansmon corps…Sourire idiot, incendie au creux du ventre et

cœur qui bat la chamade. Les mains tremblantes, j'attrape un verre d'eau pétillante, histoire dereprendremesesprits.

Soudain, je remarque la présence d'une personne qui me fait sursauter. Max. Avec un peud'appréhension, je l'observe qui s'approche de son frère. Je tente d'envoyer un message mental àJoseph.

Joseph,tonfrèreestlà,Maxs'approche,retourne-toi,allez!

Commes'ilm'avaitentendue,illèvesoudainementsesyeuxturquoisesurmoi,esquisseunsourire,puisremarquel'expressiondemonvisage…Aumêmemoment,Maxposeunemainsursonépaule.Joseph se retourne. Le lien est rompu…Max, en costume bleu sombre, le visage fatigué, souritcependant à Joseph, prononce quelques mots, puis lui assène une tape affectueuse sur l'épaule. Jerespiredenouveau.

Devantlesjournalistes,Josephàsontourprendsonfrèreparlesépaulesetposedeboncœuraveclui.Laréconciliationestofficielle.

C'estdingue…

Jesourisàmontour,enpensantàl'échangequej'aieuplustôtavecAlistair,quej'aipresqueenvied'appelerpourluiracontercequivientdesepasser!Mais,alorsqueMaxs'éclipse,aprèsunautrebreféchange,privécelui-là,avecsonfrère,Josephsedirigeversmoi,sansunehésitation.

D'unpasrapide,ilfendlafoule,semantderrièreluilesjournalistes.

Detoutefaçon,avectouteslespersonnalitésprésentesici,ilsontdequois'occuper!

–Onnevoitquetoi,tueslumineuse,murmureJosephensepenchantsurmoi.

Jerougisdeplaisir,levantlatêteverslui.

–Tun'espasmalnonplus,répliqué-je,taquine.–Aurais-jeunechancedeterminerlanuitavecvous,MlleScott?–Celle-ciettoutescellesquetuvoudras,murmuré-je,déjàtroubléeparcesimpleéchange.

Une lueursauvagepassedans le regarddeJoseph, trahissantsesproprespensées.Maisni luinimoin'oublions lebutdecettesoiréeetnotrepetit jeus'interromptaussitôt,avantque leschosesnedérapenttotalement.

Hélas.

Jem'apprêteàluiparlerdemarencontreavecsesamisetleurscompagnes,quandilmeprenddecourt.

–TuasvuAgatha?medemande-t-il,lessourcilsfroncés.–Oui,ellediscutaitavecDanielleStark.

–Qu'est-cequ'ellefout,bonsang?!murmure-t-il,entresesdentsserrées.

Jel'interrogeduregard,surpriseparsonagacementsoudain.D'ungeste,ilmedésigneungroupedepersonnes,àquelquespasdelaporte.LafameuseDanielleStarkritauxéclats…maisaucunetraced'Agatha.

–Elledevrait faire sondiscoursd'uneminute à l'autre, continue Joseph sur lemême ton.Si onattenddavantage,lasoiréeseratropavancée.

–Çaneluiressemblepasd'êtreenretard,fais-je.Elleestpeut-êtrealléeserafraîchir,tuveuxquej'aillevoir?

– Agatha n'est pas du genre à avoir des vapeurs avant de parler en public… J'ai envoyé sonassistanteàsarecherche,maisellenelatrouvepasnonplus,lâche-t-ilsanscachersacontrariété.

Jen'oseplusrienrépondre,trouvantmoiaussiétonnantqu'Agathadisparaissealorsqu'elleabienrépété à tout le personnel la dimension capitale de cette soirée de lancement. Mais après tout, ladirectricegénéraledeButlerIncorporationestaussiunêtrehumain!

–Jesuissûrequ'ellevaarriverd'unesecondeàl'autre,fais-je,voulantmemontrerrassurante.–Cen'estpascequiétaitprévu,lâcheJoseph,lapidaire.

M.Butler,controlfreak,enpleinecrisedeperfectionnismeaigu…

–Joseph,ellevaarriveretpersonneneseserarenducomptedequoiquecesoit,osé-je,lavoixplusferme.

–Moi,jem'enrendscompte,rétorque-t-il.

Mais son ton s'est faitmoins cinglant.Depuis la crise explosive deMax, Joseph fait d'énormesefforts pourmieux gérer ses emportements… et je dois dire que c'est plutôt appréciable.Un petitgroupedepersonnalités,faisantpartiedecellesayantreçuSacredHoney,vient leremercier.Durantplusieurs minutes, le boss inflexible laisse place à l'homme mondain, souriant et drôle, sourirefondant et distance soigneusement étudiée. Il est parfait. L'une des actrices est en plein numéro decharme,maisJosephnesemblepass'enapercevoir,sibienquejesuisàpeinejalouse…

Àpeine.Maisellem'agacetoutdemêmeàminaudercommeça.

Commepersonnenem'adresse laparole, je cherchedesyeuxAgatha.Peineperdue.Par contre,j'aperçoisunmajordomeempressé,quitented'arriverjusqu'ànous.

–MonsieurButler?Excusez-moidevousdéranger…

Joseph fronce les sourcils, mécontent. Il a sûrement dû demander que personne ne viennel'interrompredurantcettesoirée.Immédiatement,jepenseàAlistair.

Ohnon,pitié,faitesqu'iln'aitpaseuunautreinfarctus.

LamêmeidéeadûveniràJoseph,quis'excusegalammentavantdes'isolerdiscrètementaveclemajordome, qui lui tend un combiné sans fil. Inquiète, j'observe son visage. Joseph demeure

imperturbable, totalement maître de lui-même, mais la durée de la conversation m'alarme. S'ils'agissaitd'undétail, ilauraitdéjàraccroché,peut-êtremêmesansdireunseulmot,alorsquelà, ilresteplusieursminutesautéléphone.

Merde,cen'estpasnormal…Qu'est-cequisepasse,encore?

Tropanxieusepourattendredocilementàdistance,jem'approchedeluisanshésiteret,dèsqu'ilaraccroché,j'attiresonattentionparunfrôlementdelamain.

–Quesepasse-t-il?–C'étaitmononcle.

Moncœurseserre.Josephtourneversmoiunregardglacial,levisagefigé.

–Alistair?Commentva-t-il?–IlaeuunappeldeDumsey.Cepetitsalaudluiréclameunerançon.ContreAgatha.

La nouvelle est si énorme quemon cerveau refuse de l'assimiler. Une rançon contre Agatha ?Peter?PeterDumseyaenlevéAgatha?Cesoir?!

–Mais… Je l'ai vue il y a à peine vingtminutes ! balbutié-je, sans pouvoir croire à ce que jecomprendspeuàpeu.

–Jevaisdevoirfairelediscoursmoi-même,ilnefautpasqu'ons'aperçoivedequoiquecesoit.–Joseph,commentpeux-tu…penseràpoursuivrelasoirée,alorsque…commencé-je,choquéede

saréaction.

Toutesonattitude,froideetrigide,medonnel'impressionqu'ilestenpleindénidelaréalité.Maisilm'attrapelebrasetmetireàl'écart.

–Silapresseapprendquoiquecesoitsurl'enlèvement,Agathaseraendanger,mesouffle-t-il,sesyeuxrivéssurlesmiens.Ilnes'agitpasd'affaires,Olivia,ils'agitdelavied'unepersonne!

–Pardon…

Leslarmesmemontentauxyeux,maisjemereprendsaussivitequejelepeux.Josephdesserresapoigneautourdemonbras.

–Excuse-moiOlivia,je…–Non,jecomprends.Vas-y.Qu'est-cequejepeuxfairepourt'aider?

Ilme jauge rapidement, comme pour s'assurer que je peux tenir le coup. Son regard s'adoucit,justel'espaced'uneseconde,maisc'estsuffisantpourmerassurer.

–Appellemon chauffeur discrètement, demande-lui de nous attendre derrière l'hôtel.Et…Si tupeux,faiscourirlebruitquejedoism'éclipserpouraffaires.Tupeuxfaireça?

–Comptesurmoi.Mais…Qu'est-cequetuvasdirepourexcuserAgatha?Toutlemondes'attendàlavoir!

Samâchoiretressaille.

–Jevaisimproviser.Net'inquiètepaspourmoi,répond-ild'untonassuré.

Sadéterminationmedonnedesailes.Nouséchangeonsunbaiser,nousétreignonslesmains,puis,tandisqu'ilsediriged'unpassouplevers lascèneaménagéepour l'occasion, jefoncedans lehall,laissantderrièremoilafouleentenuedesoirée,quisemetàapplaudirà toutrompre.Josephadûmontersurl'estrade,sourire…

Moi,lesjouesbrûlantesetlesmainsglacées,jevaisorganisernotredépart,enespérantquenousne tomberonspasdanscenouveaupiège tenduparPeterDumseyetquenous retrouveronsAgathasaineetsauve!

Àsuivre,nemanquezpasleprochainépisode.

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Encore!

Miatientlecourrierducœurauseind’unecélèbreradiodeSeattle,écoutant,conseillant,rassurantsanscesselescœursmaladesquil’appellentsouventtarddanslanuit.Maisseulederrièresonmicro,lecœurbriséparunerelationquis’estmalterminée,lajeunefemmenecroitplusenl’amour,ellepourtantsiapteàenparlerauxautres…Parleplusgranddeshasards,soncheminvacroiserceluideHarryBannister,milliardairerécemmentéluHommedel’année.Pragmatique,controlfreak,solitaire,Harryesttoutsoncontraire.Etpourtant,ilsvontdécouvrirensemblequelaviepeutêtrebienplusdouceetdrôleàdeux!

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