réhabilite des centres La réhabilitation, présente à ... · aussi de ce plan. Parmi les centres...

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En France l'ANRU réhabilite des centres historiques Créée le 9 février 2004 par Jean-Louis Borloo, ministre responsable du logement et de la politique de la ville, et présidée par Jean-Paul Alduy, sénateur et maire de Perpignan, l'Agence nationale pour la Rénovation urbaine (ANRU) est une sorte de guichet unique qui regroupe l'ensemble des financements destinés à la rénovation urbaine. Son programme national de rénovation urbaine dispose de 30 milliards d'euros pour 6 ans, qui seront destinés à la requalification de 900 quartiers dégradés et socialement problématiques situés dans des zones urbaines considérées comme sensibles. La majorité des quartiers candidats sont constitués de logements sociaux construits dans les périphéries des villes entre les années 1950 et 1980. Toutefois, certains centres historiques, des quartiers qui accueillent une population ayant d'importants problèmes sociaux, bénéficieront aussi de ce plan. Parmi les centres historiques candidats à une aide de l'ANRU figure le centre historique de Toulon, qui est inscrit dans une Zone de Protection du Patrimoine architectural urbain et paysager (ZPPAUP). Le projet, dirigé par la société de capital mixte Var Aménagement Développement, s'appuie sur une Opération programmée d'Amélioration de l'Habitat et de Rénovation urbaine (OPAHRU). Le programme comporte la réhabilitation exhaustive de 6 000 logements dans une opération plus globale que simplement conçue au niveau des quartiers. En outre, cette opération permettra l'implantation d'une zone universitaire ainsi que d'équipements collectifs de proximité dans la zone, promouvra une certaine mixité sociale et valorisera les espaces publics. L'investissement sera de 350 millions d'euros, qui seront répartis entre l'ANRU, les administrations régionales, les associations et les organismes financiers publics et privés. Le Maroc réfléchit quant à l'avenir du tourisme rural Organisée par l'association Tarik Ibn Zyad avec la collaboration de la Caisse nationale de Crédit agricole (CNCA) et du Secrétariat d'État chargé du développement rural, une journée de débat et de réflexion a eu lieu au début du mois d'avril dans la petite ville marocaine de Midelt. Cette journée avait pour but de débattre autour du tourisme rural, des micro-crédits ainsi que de la revitalisation des zones rurales. Les différentes interventions ont insisté tout particulièrement sur une idée de base : la nécessaire collaboration entre tous les professionnels des différentes disciplines en rapport avec ce secteur. L'objectif était en effet d'améliorer la qualité de la vie des habitants grâce au développement d'un secteur touristique durable en le combinant avec les activités de chacune des zones concernées. Le chemin parcouru par le Maroc est déjà long, et ses multiples initiatives de régénération rurale le confirment : depuis la création, il y a déjà plusieurs années, de petites auberges installées dans les maisons particulières des habitants des vallées de l'Atlas, jusqu'au projet pilote innovateur qui sera réalisé dans les provinces de Chefchaouen et d'Al Hoceima et qui est destiné à développer le tourisme rural comme base pour le développement économique de ces régions. Le Maroc mise en effet sur l'amélioration de la qualité de la vie de ses habitants ainsi que sur la préservation pour l'avenir de l'authenticité de son patrimoine. La réhabilitation, présente à Construmat La foire-exposition Construmat a tenu sa 14 e édition en avril dernier. À cette occasion, elle a battu son record d'assistance puisqu'elle a été visitée par plus de 260 000 professionnels, qui sont venus à Barcelone (Espagne) avec des passeports de 130 nationalités différentes. Plus de 4 000 entreprises de 50 pays différents y ont présenté leurs nouveautés. Le secteur de la réhabilitation et de l'entretien a été présent aussi bien dans les stands, où les professionnels ont présenté des matériaux et des nouveautés techniques, que dans les forums de débat. Xavier Bardají, président du Col·legi d'Arquitectes Tècnics de Barcelona, a présenté au salon le projet RehabiMed. Bardají a participé au premier forum méditerranéen de la construction Construyendo un mar de oportunidades (Construisons une infinité de possibilités), dans lequel il a mis l'accent sur le rôle de la réhabilitation et de l'entretien en tant que marché émergent dans l'économie des pays de la Méditerranée, puisque l'investissement dans ces domaines est actuellement de 50 % dans les pays européens alors qu'il n'est que de 10 % dans les pays MEDA. Bardají a expliqué que la réhabilitation est un sous-secteur de la construction et qu'elle constitue une clé pour le développement harmonieux d'un pays, parce qu'elle permet de moderniser le parc édifié, de conserver la qualité et l'image de la ville, et de préserver le patrimoine culturel. Or, tout cela comporte une amélioration des conditions de vie des citoyens. La vallée d'Ourika, l'une des plus transformée pour accueillir le tourisme, tente de préserver son patrimoine architectural traditionnel. Le projet de RehabiMed a été présenté dans le stand du CAATB. BULLETIN TRIMESTRIEL DU PROJET DE PROMOTION DE LA RÉHABILITATION DE L'ARCHITECTURE TRADITIONNELLE MÉDITERRANÉENNE MAI 2005 Les opinions exprimées dans cette publication ne représentent pas nécessairement les opinions de la Commission européenne Le présent programme est financé par l'Union européenne Projet coordonné par le Col·legi d’Aparelladors i Arquitectes Tècnics de Barcelona 3 L'ANRU réhabilitera le centre historique de Toulon.

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En France l'ANRUréhabilite des centreshistoriques

Créée le 9 février 2004 par Jean-Louis Borloo,ministre responsable du logement et de lapolitique de la ville, et présidée par Jean-PaulAlduy, sénateur et maire de Perpignan, l'Agencenationale pour la Rénovation urbaine (ANRU) estune sorte de guichet unique qui regroupel'ensemble des financements destinés à larénovation urbaine. Son programme national derénovation urbaine dispose de 30 milliardsd'euros pour 6 ans, qui seront destinés à larequalification de 900 quartiers dégradés etsocialement problématiques situés dans deszones urbaines considérées comme sensibles. Lamajorité des quartiers candidats sont constituésde logements sociaux construits dans lespériphéries des villes entre les années 1950 et1980. Toutefois, certains centres historiques, desquartiers qui accueillent une population ayantd'importants problèmes sociaux, bénéficierontaussi de ce plan.

Parmi les centres historiques candidats à uneaide de l'ANRU figure le centre historique deToulon, qui est inscrit dans une Zone deProtection du Patrimoine architectural urbainet paysager (ZPPAUP). Le projet, dirigé par lasociété de capital mixte Var AménagementDéveloppement, s'appuie sur une Opérationprogrammée d'Amélioration de l'Habitat et deRénovation urbaine (OPAHRU). Le programmecomporte la réhabilitation exhaustive de 6 000logements dans une opération plus globale quesimplement conçue au niveau des quartiers. Enoutre, cette opération permettra l'implantationd'une zone universitaire ainsi que d'équipementscollectifs de proximité dans la zone, promouvra

une certaine mixité sociale et valorisera lesespaces publics. L'investissement sera de 350millions d'euros, qui seront répartis entre l'ANRU,les administrations régionales, les associations etles organismes financiers publics et privés.

Le Maroc réfléchitquant à l'avenir du tourisme rural

Organisée par l'association Tarik Ibn Zyad avec lacollaboration de la Caisse nationale de Créditagricole (CNCA) et du Secrétariat d'État chargé dudéveloppement rural, une journée de débat et deréflexion a eu lieu au début du mois d'avril dans lapetite ville marocaine de Midelt. Cette journéeavait pour but de débattre autour du tourismerural, des micro-crédits ainsi que de larevitalisation des zones rurales.

Les différentes interventions ont insisté toutparticulièrement sur une idée de base : la nécessairecollaboration entre tous les professionnels desdifférentes disciplines en rapport avec ce secteur.L'objectif était en effet d'améliorer la qualité de lavie des habitants grâce au développement d'unsecteur touristique durable en le combinant avec lesactivités de chacune des zones concernées.

Le chemin parcouru par le Maroc est déjà long,et ses multiples initiatives de régénération rurale leconfirment : depuis la création, il y a déjà plusieursannées, de petites auberges installées dans lesmaisons particulières des habitants des vallées del'Atlas, jusqu'au projet pilote innovateur qui seraréalisé dans les provinces de Chefchaouen et d'AlHoceima et qui est destiné à développer letourisme rural comme base pour le développementéconomique de ces régions. Le Maroc mise en effetsur l'amélioration de la qualité de la vie de ses

habitants ainsi que sur la préservation pourl'avenir de l'authenticité de son patrimoine.

La réhabilitation,présente à Construmat

La foire-exposition Construmat a tenu sa 14e

édition en avril dernier. À cette occasion, elle abattu son record d'assistance puisqu'elle a étévisitée par plus de 260 000 professionnels, quisont venus à Barcelone (Espagne) avec despasseports de 130 nationalités différentes. Plus de4 000 entreprises de 50 pays différents y ontprésenté leurs nouveautés. Le secteur de laréhabilitation et de l'entretien a été présent aussibien dans les stands, où les professionnels ontprésenté des matériaux et des nouveautéstechniques, que dans les forums de débat.

Xavier Bardají, président du Col·legi d'ArquitectesTècnics de Barcelona, a présenté au salon le projetRehabiMed. Bardají a participé au premier forumméditerranéen de la construction Construyendo unmar de oportunidades (Construisons une infinité depossibilités), dans lequel il a mis l'accent sur le rôlede la réhabilitation et de l'entretien en tant quemarché émergent dans l'économie des pays de laMéditerranée, puisque l'investissement dans cesdomaines est actuellement de 50 % dans les payseuropéens alors qu'il n'est que de 10 % dans lespays MEDA.

Bardají a expliqué que la réhabilitation est unsous-secteur de la construction et qu'elle constitueune clé pour le développement harmonieux d'unpays, parce qu'elle permet de moderniser le parcédifié, de conserver la qualité et l'image de la ville,et de préserver le patrimoine culturel. Or, tout celacomporte une amélioration des conditions de viedes citoyens.

La vallée d'Ourika, l'une des plus transformée pour accueillir letourisme, tente de préserver son patrimoine architectural traditionnel.

Le projet de RehabiMed a été présenté dans le stand du CAATB.

BULLETIN TRIMESTRIEL DU PROJET DE PROMOTION DE LA RÉHABILITATION DE L'ARCHITECTURE TRADITIONNELLE MÉDITERRANÉENNE MAI 2005

Les opinions exprimées dans cette publication ne représentent pas nécessairementles opinions de la Commission européenne

Le présent programmeest financé par l'Union européenne

Projet coordonné par le Col·legi d’Aparelladors i Arquitectes Tècnics de Barcelona

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L'ANRU réhabilitera le centre historique de Toulon.

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La web de RehabiMedcontient 2 500 références de réhabilitation

Le travail des experts de RehabiMed a permisd'obtenir 2 500 références bibliographiques delivres ou de revues de réhabilitation, qui peuventêtre consultées au travers de la page webwww.rehabimed.net. La recherche, libre ou guidée,peut être effectuée dans le cadre du centre dedocumentation de la web. Pour chaque ouvrage ourevue, ce service vous offre la référence complète.

Les références ont été classées dans lescatégories principales suivantes : la Méditerranée,l'architecture traditionnelle, l'intervention dans lescentres historiques et les implantations rurales, laréhabilitation des bâtiments, et l'entretien desbâtiments. Les livres et les revues sont disponiblesau centre de documentation du Col·legi d'Apa-relladors i Arquitectes Tècnics de Barcelona, quiest l'institution à la tête du projet RehabiMed.Leur nombre augmente petit à petit grâce auxapports des experts et des collaborateurs deRehabiMed.

Le Caire accueille la deuxième assembléedu projet

Le consortium RehabiMed a tenu sa deuxièmeassemblée générale les 6, 7 et 8 mai à la facultéd'Ingénierie de l'Université du Caire (Égypte). Aucours de l'assemblée, les représentants des six paysqui constituent le consortium ont réalisé un suivi destravaux effectués par RehabiMed jusqu'à cette dateet ont accordé le calendrier de futures interventions.

La réunion a permis d'approuver les documentsdes méthodologies que les réseaux d'experts engestion urbaine et en réhabilitation de bâtimentsde RehabiMed ont préparés. Elle a aussi permis dedonner son accord au programme définitif dusymposium régional Réhabiliter l'Architecturetraditionnelle méditerranéenne, qui aura lieu àMarseille au mois de septembre prochain.Parallèlement, les critères d'intervention quidevront être pris en compte dans les quatreopérations pilote de réhabilitation que RehabiMeda prévu de mener à terme à Chypre, en Égypte, auMaroc et en Tunisie ont été définis.

La récente incorporation au consortiumRehabiMed de l'Institut national du Patrimoine deTunisie a permis sa participation à cetteassemblée. C'est ainsi que l'on a pu accepter saproposition de centrer l'opération pilote àdévelopper dans ce pays sur le tourisme durable etrespectueux de l'environnement dans la ville deKairouan, où sont menées en ce momentd'intéressantes initiatives dans ce sens.

Le déroulement de la rencontre du Caire apermis la fraternisation avec divers experts de laréhabilitation de l'architecture traditionnelleégyptienne. Parmi eux, on a remarqué la présencede MM. Mahmoud M. Fathy El Alfy et BernardMaury. Par la même occasion, les techniciensparticipants ont pu découvrir directement lesréhabilitations effectuées dans les murailles nordet est du Caire, dans le quartier de Han el-Halili, oùsera développée l'opération pilote de RehabiMeden Égypte, dans le complexe Qalaoun ainsi que dediverses demeures nobles.

Travail de terrain de l'Université OxfordBrookes à Lefkara

Un groupe de huit étudiants de troisième cycledu Centre d'études pour l'architecture verna-culaire (Center for Vernacular ArchitectureStudies) de l'Université Oxford Brooks aparticipé ce mois-ci à un travail de terrain de sixjours à Lefkara (expérience pilote de RehabiMed),sous la direction du professeur Paul Oliver et deMme R. Latter, elle-même maître de conférence.

Les étudiants ont fait diverses propositions,basées sur leurs observations et les résultats dela consultation publique, qu'ils ont présentées à laville à la fin de leur travail. Leurs suggestionsconcernaient la survie économique du villagegrâce au soutien et à l'extension de l'expériencetouristique de l'architecture vernaculaire.

Actualité RehabiMed

L'inscription au symposiumRéhabiliter l'Architecturetraditionnelle est ouverte

Les personnes souhaitant participer ausymposium régional Réhabiliter l'Architecturetraditionnelle méditerranéenne, que RehabiMedorganise à Marseille (France) du 23 au 25septembre 2005, peuvent envoyer leur demande,accompagnée d'un bref curriculum, à l'adresseélectronique suivante : [email protected].

Le symposium traitera les aspects essentiels del'habitat méditerranéen et de sa réhabilitation,aussi bien dans la perspective des opérations deréhabilitation urbaine que des techniques deréhabilitation des bâtiments. C'est une occasionunique pour partager des expériences entreprofessionnels de l'architecture, de l'urbanisme,

de la politique et des sciences sociales de tous lespays méditerranéens, pour contraster des critèreset des points de vue, ainsi que pour débattre destratégies politiques, de modèles de gestion et detechniques de réhabilitation. On peut consulter leprogramme complet sur la page web deRehabiMed.

Faites connaître vosexpériences de réhabilitation

RehabiMed est en train de constituer une grandebase de données d'expériences réelles dans ledomaine de la réhabilitation de l'architecturetraditionnelle dans les pays méditerranéens.Il s'agit de recueillir et de divulguer laréhabilitation sur la base d'opérationsconcrètes, aussi bien en urbanisme qu'enédification. Celles-ci, conditionnées par desfacteurs inhérents, par l'environnement culturelet par les possibilités économiques et techniquesde chaque lieu, ont pour résultat l'améliorationdes conditions de vie de la population et lapréservation du patrimoine partagé.

Pour enrichir cet héritage, nous vous invitons àapporter vos expériences propres et à référencercelles de collègues dont vous considérez qu'ellesconstituent une « bonne pratique ». Contactez-nous à [email protected] et nous vousenverrons un modèle de fiche d'expériences.

Le symposium se terminera par une visite d'opérations deréhabilitation réalisées à Marseille.

La bibliographie de RehabiMed comprend les nouveautés en matière deréhabilitation.

Mahmoud M. Fathy El Alfy « L'industrie du tourisme est l'espoirdu développement durable en Égypte.»

M. Mahmoud M. Fathty El Alfy est un architecte égyptien qui a une vasteexpérience dans le domaine de la conservation du patrimoine architecturalislamique, aussi bien dans le cadre de l'enseignement que dans les activitéssur le terrain. Il est professeur d'architecture à l'Université de Zagazig (LeCaire, Égypte) et consultant du Conseil suprême des antiquités (SupremeCouncil of Antiquities) de son pays. C'est dans ce cadre qu'il conseille lesautorités pour des projets tels que le complexe de Qallawon, et qu'il a étéresponsable de la documentation de projets de conservation. Actuellement,il prépare divers plans directeurs pour le développement touristique de sonpays. Il fait aussi partie du groupe d'experts de RehabiMed en Égypte. Sesdéclarations ont été recueillies au Caire par Wahid El-Barbary.

Avons-nous l'obligation morale de continuer à défendre unearchitecture liée à des usages ayant disparu ?

« Oui. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai souhaité faire partie de l'équipede RehabiMed qui travaille en Égypte. L'intention de son programme reflète eneffet des obligations aussi bien morales que rationnelles envers l'architecturetraditionnelle avant que ne soit perdu le témoignage matériel de sa culture, dufait de la perte progressive de son usage ou de sa fonction. »

Quelles sont, selon vous, les valeurs essentielles de l'architecturetraditionnelle que nous devons préserver, et quelles sont celles auxquellesnous pouvons renoncer ?

« À mon avis, le principal objectif de la préservation de l'architecturetraditionnelle consiste à mettre l'accent sur les idées de base et sur les notionsde conception en rapport avec la vie quotidienne, la culture, la société, lestraditions et la religion ; ensuite, la technologie et l'artisanat, sans oubliernaturellement qu'il faut toujours garantir la sécurité et la satisfaction desbesoins. »

Le secteur touristique est à l'origine de fortes transformations dans desenclaves traditionnelles. Un tourisme durable peut-il être à l'origined'actions globales et, en même temps, respectueuses de l'architecturetraditionnelle ?

« Ce conflit est tout à fait évident dans le centre historique du Caire, où il y aeu de nombreuses interventions irresponsables et destructrices du patrimoinearchitectural, ceci afin de répondre aux demandes du tourisme. Cela a pu seproduire du fait de l'absence de plans de conservation. Les quartiers et lesbâtiments traditionnels ont besoin de programmes de conservation et deréhabilitation nationaux et globaux, afin de préserver le caractère physique etmoral qu'ils représentent, tout particulièrement face à l'existence de plans dedéveloppement touristique. »

Le principal objectif de la préservation de l'architecture traditionnelle doit être de mettre

l'accent sur les idées essentielles de la vie quotidienne

Certaines interventions de réhabilitation transforment de petites enclaves ende grands parcs thématiques. La caricature est-elle préférable, selon vous, àla disparition ?

« Il est très difficile de répondre à cette question sans avoir présent à l'espritun lieu concret. En tant que conservateur, je pense qu'il faut conserver lesinterventions que les bâtiments et les quartiers ont subies au cours des temps,à moins que celles-ci n'affectent négativement des facteurs tels que la sécuritéou la durabilité. Cela permet de présenter les types et la qualité des artisansd'une époque déterminée, ainsi que les conditions culturelles, sociales,artisanales et même politiques. Toutefois, la caricature ou la densificationdétruisent tout indice de la conception originale et le résultat n'est pas meilleurque la disparition. »

La réhabilitation de bâtiments et la revitalisation de zones urbainesconstituent-elles la clé de l'avenir pour préserver les valeurs du patrimoine ?Où se trouvent les limites ?

« Effectivement, la réhabilitation urbaine et de bâtiments est la clépour préserver le patrimoine, dans tous les cas où elle est incluse dans desplans rationnels de développement stratégique. Ces plans doiventenvisager le patrimoine architectural comme l'une des ressourcesimportantes de pays tels que l'Égypte, où l'industrie du tourisme estl'espoir du développement durable. »

Entrevue

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Maçon Tailleur de pierre Menuisier Ferronnier

Principes pour réhabiliter la construction vernaculaire

La Charte du Patrimoine construit vernaculaire de 1999 est née commecomplément à la Charte de Venise de 1964, afin de mettre en place lesprincipes de l'entretien et de la protection de l'architecture traditionnelle. Lacharte définit les constructions vernaculaires comme celles qui ont été réaliséesavec des systèmes constructifs partagés par la collectivité, traditionnelles, decaractère local, ayant une cohérence de style et répondant efficacement auxconditions fonctionnelles, sociales et environnementales du lieu. Elle considèrece patrimoine comme le reflet de l'histoire et de la culture d'une communautéet de ses rapports avec le territoire. Par conséquent, c'est aussi l'expression dela diversité culturelle du monde. Toutefois, l'uniformité économique, culturelleet architecturale menace leur survie.

Cinq principes. La charte énumère les principes de base de la réhabilitationdu patrimoine vernaculaire. Elle signale que les interventions doivent êtrepluridisciplinaires et qu'il est nécessaire de respecter les valeurs desconstructions, si celles-ci sont soumises à des interventions contemporaines. Ilfaut aussi reconnaître chaque construction comme faisant partie d'un ensemblede bâtiments ainsi que du paysage. Parallèlement, il est essentiel de comprendreque le patrimoine vernaculaire ne peut pas être uniquement compris en fonctionde sa forme ou de ses matériaux mais que cette compréhension doit aussiprendre en compte la manière dont il est utilisé et perçu.

Orientations pratiques. Le document indique que toutes les interventionssur le patrimoine vernaculaire doivent être précédées d'une analyse complètede la forme et de la structure. Il faut envisager le rapport du bâtiment avec lepaysage physique et culturel, et conserver les systèmes de construction ainsique les métiers traditionnels. Les transformations destinées à adapter lesédifications anciennes aux nouvelles nécessités doivent être effectuées demanière cohérente avec l'ensemble de la construction. Si ces transformationsdatent de différentes époques, il faut les évaluer et ne pas les uniformiser. Ledocument insiste sur le devoir des gouvernements de promouvoir desinstruments légaux, financiers et administratifs qui doivent permettre latransmission du patrimoine construit vernaculaire aux générations futures.

Réflexions

Vocabulaire RehabiMed

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Catalan

Espagnol

Grec

Grec-Chypriote

Hébreu

Paleta

Albañil

Picapedrer

Cantero

Fuster

Carpintero

Manyà

Herrero

Turc Duvarci Tasçi Marangoz Dernirci

Anglais Bricklayer Stonemason Joiner Blacksmith

Italien Muratore Scalpellino Carpentiere Fabbro ferraio

Arabe

Gravure de la ville de Komi Kepir réalisée en 1878 par le correspondant et artiste de The London Illustrated News.

En 1878, le journal The London Illustrated News présenta Chypre, nouvelle colonie britannique, à ses lecteurs grâce à une série d'articles sur l'île,avec des illustrations faites pour la plupart par son correspondant spécial et artiste. En septembre 1878, celui-ci se mit en route avec leCommissaire pour une tournée d'inspection de la péninsule de Carpas, afin de rédiger un rapport et de faire quelques dessins des lieux visités.Malheureusement, il ne donna aucune description détaillée du village de Komi Kepir que le groupe anglais visita alors, à l'exception d'uncommentaire sur la pauvreté des habitants, la rareté de l'eau et les moulins de pierre pour écraser les olives, qu'il trouva plutôt primitifs. Mais sonillustration montre avec force détails les maisons avec leurs porches en arcade et leurs toits plats. Souffrant lui-même de la chaleur, il comprit sansle moindre doute pourquoi les Chypriotes dormaient sur les toits et il introduisit ce détail charmant dans son illustration.

Le correspondant spécial anglais aurait-il lu le texte de Mariti sur les maisons chypriotes, il aurait pensé que rien n'avait changé depuis des sièclesdans cette île. L'abbé Giovanni Mariti avait vécu à Chypre entre 1760 et 1767 comme employé de l'ambassade de Toscane. Les maisons décritespar Mariti au XVIIIe siècle, avec leurs murs de brique crue et leurs toits de terre plats n'étaient pas différents de ceux que nous présente cetteillustration du XIXe. Il écrivit : « […] maisons et magasins disposent de fondations d'une profondeur d'un bras, ainsi que d'une assise de pierresfaite de gypse de deux bras au-dessus du niveau du sol. Le reste est construit en briques, faites de terre ramassée n'importe où et mélangée avecde l'eau et de la paille hachée. Elles sont ensuite mises en forme comme en Italie, un bras de long et un demi-bras de large ; elles ne sont pascuites mais séchées au soleil à l'endroit même où elles ont été fabriquées. La même terre mélangée avec de la paille et utilisée lorsqu'elle estencore fraîche sert à lier les briques entre elles. Ce mode de construction prévaut dans toute l'île, à l'exception des quelques villages qui ont unepratique de pierre, mais ils utilisent cependant le même mortier. À l'extérieur, les maisons ont l'air mélancolique que leur donne la couleur de laterre, mais à l'intérieur elles sont aérées et confortables, et plâtrées avec le gypse le plus blanc possible. […] les toits sont faits de terre mélangéeà de l'argile ce qui, avec les pluies d'hiver, permet de ressouder les fissures dues à la chaleur de l'été. Ces toits ont une épaisseur d'un demi-bras,ils sont supportés par de solides poutres, avec des chevrons croisés et une double natte de roseau. Cependant, si les pluies sont longues etcontinues, les habitants sont obligés de faire de fréquentes réparations. Toutefois, les maisons ainsi construites peuvent résister aux chocs destremblements de terre, ce dont les maisons de pierre sont incapables, comme une récente expérience l'a appris aux Chypriotes. » Abbé Giovanni Mariti,Viaggi per l'isola di Cipro, Lucca 1769 (première traduction de l'italien en anglais par Claude Delaval Cobham, Cambridge University Press, 1909).

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Témoignage graphique

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Agenda

BULLETIN REHABIMED Téléphone : +(34) 93 393 37 70 Fax : +(34) 93 240 23 60 E-mail : [email protected] Page web : www.rehabimed.net

Conseillers à la rédaction : Xavier Casanovas, Ramon Graus, Oriol Cusidó et Vicky Hernando Coordinateurs : Jordi Marlet et Elisenda PucurullConseil documentaire : Montserrat Villaverde Conception graphique : LMDG Lluís Mestres Impression : INGOPRINT

Dépôt légal : B-49.038 /04 ISSN : 1699-0021 Édité en : Espagnol, français et arabe Nombre d'exemplaires : 3000 (1000 dans chaque langue). Version digitale en anglais et en catalan

ÉDITION : RehabiMed - Col·legi d'Aparalledors i Arquitectes Tècnics de BarcelonaCalle Bon Pastor número 5, 08021 Barcelona, Espagne

Conseil éditorial : Xavier Casanovas (Espagne), Gilles Nourissier (France), Paraskevi Fiouri (Chypre), Mahmoud Ismail (Égypte), Faisal Cherradi (Maroc) et Mohamed Beji BenMami (Tunisie) Responsable de l'administration : Inma Dávila

NOUVELLES

Villes à échelle humaine

Le Conseil international pour rendre les villes vivables(International Making Cities Livable Council - IMCL)tiendra sa 43e conférence les 20 et 24 juin 2005 à Venise,en Italie. L'IMCL est un réseau international constituéd'individus et de villes souhaitant rendre ces dernièresplus habitables. Il promeut l'urbanisme vrai (TrueUrbanism), dans les principes duquel on remarquera laréhabilitation, la construction à échelle humaine, lemélange des usages et des fonctions ainsi que larécupération de l'usage citoyen des espaces publics.Pour davantage d'information, voir la page webwww.livablecities.org.

Photogrammétrie et coopérationinternationale

La coopération internationale pour sauver le patrimoineculturel mondial est le thème du 20e symposium duComité international pour la photogrammétriearchitecturale (International Committee for ArchitecturalPhotogrammetry - CIPA), qui se tiendra à Turin, en Italie,du 26 septembre au 1er octobre 2005. Les organisateursont choisi ce thème parce qu'ils sont convaincus queseule la collaboration entre les secteurs public et privépourra apporter des solutions afin de préserver lepatrimoine culturel. Pour davantage d'information, voir lapage web www.cipatorino2005.org.

Constructions en pierre sèche

Au cours du mois de juin prochain, le prix de laquatrième édition du Concours pour la Réhabilitation

et la Conservation de Barracas de Viña sera décerné.Ce concours est organisé par le Conseil régulateur de ladénomination d'origine du Pla del Bages (Espagne) ;cette région catalane est célèbre pour la qualité deses vignes. Dans cette édition du concours, lesconstructions en pierre sèche telles que les bassins,les cuves ou les murs, seront aussi récompensées.Pour davantage d'information, voir la page webwww.dopladebages.com.

Chantiers de restauration

L'Association pour la Participation et l'Action régionale(APARE) propose trente chantiers de restauration dupatrimoine construit ainsi que du patrimoine naturel enProvence (France) et un dans l'Atlas (Maroc). Pourdavantage d'information, voir la page web :http://www.apare-gec.org.

Histoire de la construction à Cambridge

La deuxième édition du Congrès international surl'Histoire de la Construction aura lieu du 29 mars au 2avril 2006 au Queens' College de l'Université deCambridge, en Angleterre. Il sera organisé par laConstruction History Society. Le programme du congrèscomprend des chapitres consacrés à l'histoire de laconstruction des bâtiments, au développement desformes structurelles, à l'organisation du travail, aux coûtset aux salaires, ainsi qu'aux associations et aux syndicats.Des communications sur le rôle évolutif desprofessionnels de la construction, sur l'archéologie desbâtiments ainsi que sur l'usage des nouvellestechnologies dans la réhabilitation ont aussi été prévues.Pour davantage d'information, voir la page web :www.chs-cambridge.co.uk.

Prix Edoardo Benvenuto

L'association Edoardo Benvenuto annonce laquatrième édition du prix du même nom, destiné àrécompenser des chercheurs de moins de 40 ans.Pour participer, il suffit d'envoyer à l'organisationavant le 31 mai un document original faisantréférence à l'art et à la science des bâtiments dansleur développement historique. Le lauréat seraprésenté au cours du mois d'octobre prochain.Pour davantage d'information, voir la page web :www.associazionebenvenuto.org.

Architecture vernaculaire

L'Université Pablo d'Olavide organise à Carmona(Espagne) du 26 au 28 octobre le Congrès internationalsur l'architecture vernaculaire CISAV. Davantaged'information dans la page web :www.upo.es/depa/webdhuma/areas/arte/cisav.htm.

NOUVEAUTÉ ÉDITORIALECAIRO. Revitalising a Historic Metropolis

Stefano BIANCA et Philip JODIDIO256 pagesHumberto Allemandi & C. pour l'Aga Khan Trust forCulture. Turin, 2004ISBN 88 422 1235 0Langue : anglaisPrix : 49,50 eurosLes complexes travaux de revitalisation urbaine réalisés àpartir de 1990 dans l'un des quartiers du Caire ayant leplus souffert, Darb al-Ahmar, ainsi que la restaurationd'un tronçon de sa muraille et la création d'un grand parcurbain en plein centre de la ville font partie du travailprésenté dans cet ouvrage par la fondation Aga Khan. Sesauteurs exposent de manière précise aussi bien lestravaux préalables que le suivi des interventions ; enfin,ils incluent une évaluation des résultats.

WEB. Réseau d'experts en réhabilitation

http://www.intbau.orgLe Réseau international pour la construction,l'architecture et l'urbanisme traditionnels (InternationalNetwork for Tradicional Building, Architecture &Urbanism - INTBAU) est une organisation qui a créé aucours de ses quatre années de fonctionnement un vasteréseau d'experts en architecture traditionnelle. Ceux-ciconseillent et promeuvent des projets de réhabilitation,des ateliers ainsi que des séminaires dans lesquels sontdébattues et mises en pratique certaines techniquestraditionnelles de construction. Le but essentiel de toutesses actions est orienté vers l'amélioration de la qualité dela vie des habitants de l'architecture traditionnelle.