Réhabilitation précoce du patient de réanimation

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CI20 Techniques manuelles en kinésithérapie respiratoire : quelle technique pour quel patient ? Grégory Reychler Service de pneumologie, cliniques universitaires Saint-Luc (UCL), Bruxelles, Belgique Adresse e-mail : [email protected] Les techniques de désencombrement font partie intégrante de la prise en charge de nombreux patients présentant une symptomatologie respiratoire. À l'heure de l'Evidence Based Medicine, une mise au point sur les indications des différentes techniques s'impose. Cet exposé sera l'occasion de développer les principes qui permettent de comprendre le fonctionnement des différentes techniques à dispo- sition des kinésithérapeutes. http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2012.12.063 CI21 Réhabilitation précoce du patient de réanimation Émilie Bialais Soins Intensifs, cliniques universitaires Saint-Luc, avenue Hippocrate 10, 1200 Bruxelles, Belgique Adresse e-mail : [email protected] Les patients séjournant en réanimation subissent un stress très impor- tant, d'une part du fait de l'état aigu de leur pathologie (le pronostic vital est engagé), du fait d'autre part de tous les facteurs environnementaux propres à ce service. De part l'instabilité de ces patients, un certain nombre de paramètres inuencent le pronostic vital encore après la sortie de la réanimation. On compte parmi ceux-là des désordres respiratoires, neuromusculaires, fonctionnels et psychologiques per- sistants [1]. Il existe une interdépendance entre ces différents décits et les troubles neuromusculaires occupent une place centrale parmi ceux-ci, inuençant les autres facteurs du décit faisant suite au passage en réanimation. Ces décits neuromusculaires, appelés « fai- blesse acquise de soins intensifs », sont issus de troubles de la conduction nerveuse ou musculaire (polyneuro/myopahties acquises de soins intensifs). L'étiologie de ces troubles est multifactorielle : l'immobilité, la présence de syndrome de réponse inammatoire sys- témique et les défaillances organiques, souvent multiples, ont un rôle essentiel et sont inuencés par la durée de la ventilation mécanique, la durée de séjour aux soins intensifs, la glycémie, l'hyperosmolarité, l'utilisation de la nutrition parentérale, de médication myotoxique ou neurotoxique comme les corticoïdes ou les agents curarisants [2]. La gravité des patients pris en charge dans ces structures, la technicité d'un certain nombre d'interventions ainsi que le matériel très spécia- lisé, nécessitent le développement de formations spéciques pour les kinésithérapeutes [3]. La kinésithérapie de réanimation exige de multi- ples compétences spéciques. Il est indispensable de maintenir la surveillance des paramètres vitaux habituels et de l'état cliniques du patient pendant la prise en charge kinésithérapique. C'est pourquoi le kinésithérapeute doit être formé à ce type de patients, de pathologies et de monitorage. Les séances doivent être arrêtées en cas d'intolé- rance cardiovasculaire, respiratoire ou neurologique, en cas d'évène- ments indésirables (retrait accidentel de cathéter, du tube endotrachéale...) en cas de douleur malgré l'analgésie ou en cas de fatigue importante du patient. La mobilisation précoce est un facteur limitant important de l'apparition de ces désordres en permettant une récupération de la force et de l'endurance musculaire ainsi que l'amélioration du statut fonctionnel du patient. On peut également noter une diminution des décits respira- toires et psychologiques lors de la prise en charge du patient dans un programme de réhabilitation précoce. La mobilisation se dénit comme une série de mouvements planiés de manière séquentielle, elle doit être initiée les plus tôt possible, dans les 24 à 48 heures suivants l'admission du patient, en dehors de contre-indications spéciques, y compris chez le patient sédaté. Cette mobilisation englobe un grand nombre de techniques telles que mobilisations passive ou active, verticalisation sur table, transferts, station debout, déambulation et électrostimulation. Chacune de ces techniques possède ces propres objectifs et contre-indications. Il existe un certain nombre d'outils spéciques utilisables de manière à potentialiser les effets de ces séances de mobilisation précoce. Références [1] Needham DM, Davidson J, Cohen H, Hopkins RO, Weinert C, Wunsch H, et al. Improving long-term outcomes after discharge from intensive care unit: report from a stakeholders conference. Crit Care Med 2012;40:5029. [2] Truong AD, Fan E, Brower RG, Needham DM. Bench-to-bedside review: mobilizing patients in the intensive care unit from patho- physiology to clinical trials. Crit Care 2009;13:216. [3] Société de kinésithérapie de réanimation (SKR). Référentiel de compétences et d'aptitudes du masseur kinésithérapeute de réa- nimation (MKREA) en secteur adulte. Reanimation, doi:101007/ s13546-011-0243-1. http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2012.12.064 CI22 Améliorer l'offre de soin en kinésithérapie : intérêts de la psychologie sociale Nicolas Margas Centre d'étude sport et actions motrices EA 4260, université de Caen, Caen, France Adresse e-mail : [email protected] En kinésithérapie, l'amélioration de l'état des patients est constatée à l'issue d'un traitement de plusieurs semaines souvent en fonction d'éléments associés à la pathologie comme la douleur ou les capacités motrices. Toutefois, un enjeu important réside dans la durée de ces traitements et dans leur capacité à prévenir un retour de la pathologie. À ce niveau, certaines variables psychologiques apparaissent déter- minantes pour l'engagement durable dans l'activité physique ou dans les procédures de prévention utilisées pendant le traitement. Cela est d'autant plus primordial quand on considère le coût des traitements qui limite souvent le temps d'intervention ou les états contre lesquels le traitement ne fait qu'empêcher la dégradation et devrait donc être pérenne (e.g. mucoviscidose, vieillissement). Cette dimension psy- chologique semble pourtant négligée dans les pratiques et dans les formations en kinésithérapie. L'objectif de cette communication est d'en montrer l'intérêt et de situer plus précisément le rôle de l'auto- détermination et du Soi physique en vue d'applications pratiques visant à pérenniser les effets d'un traitement à moyen et long terme. Tout d'abord, l'autodétermination pour l'activité prescrite (travail pos- tural, musculaire, articulaire...) apparaît prépondérante pour pérenni- ser l'activité sanitaire en question à l'issue de ce traitement [1]. En effet, le caractère contrôlant d'une activité mène à l'abandon alors qu'une motivation autonome est de meilleure qualité et durable [2]. Certes, l'autodétermination renvoie classiquement aux motivations intrinsè- quement satisfaisantes, ce qui est rarement le cas des traitements prescrits qui sont souvent associés à la contrainte et donc à des motivations extrinsèques. Cependant, nous montrerons qu'il existe des formes de motivation extrinsèque autodéterminées sur lesquelles le kinésithérapeute peut s'appuyer pour une motivation post-traitement durable. Pour cela, les modes d'intervention doivent considérer les Kinesither Rev 2013;13(134):717 JFK 2013 15

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Kinesither Rev 2013;13(134):7–17 JFK 2013

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Les techniques de désencombrement font partie intégrante de la priseen charge de nombreux patients présentant une symptomatologierespiratoire. À l'heure de l'Evidence Based Medicine, une mise aupoint sur les indications des différentes techniques s'impose. Cetexposé sera l'occasion de développer les principes qui permettentde comprendre le fonctionnement des différentes techniques à dispo-sition des kinésithérapeutes.

http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2012.12.063

CI21Réhabilitation précoce du patient de réanimationÉmilie BialaisSoins Intensifs, cliniques universitaires Saint-Luc, avenueHippocrate 10, 1200 Bruxelles, BelgiqueAdresse e-mail : [email protected]

Les patients séjournant en réanimation subissent un stress très impor-tant, d'une part du fait de l'état aigu de leur pathologie (le pronostic vitalest engagé), du fait d'autre part de tous les facteurs environnementauxpropres à ce service. De part l'instabilité de ces patients, un certainnombre de paramètres influencent le pronostic vital encore après lasortie de la réanimation. On compte parmi ceux-là des désordresrespiratoires, neuromusculaires, fonctionnels et psychologiques per-sistants [1]. Il existe une interdépendance entre ces différents déficitset les troubles neuromusculaires occupent une place centrale parmiceux-ci, influençant les autres facteurs du déficit faisant suite aupassage en réanimation. Ces déficits neuromusculaires, appelés « fai-blesse acquise de soins intensifs », sont issus de troubles de laconduction nerveuse ou musculaire (polyneuro/myopahties acquisesde soins intensifs). L'étiologie de ces troubles est multifactorielle :l'immobilité, la présence de syndrome de réponse inflammatoire sys-témique et les défaillances organiques, souvent multiples, ont un rôleessentiel et sont influencés par la durée de la ventilation mécanique, ladurée de séjour aux soins intensifs, la glycémie, l'hyperosmolarité,l'utilisation de la nutrition parentérale, de médication myotoxique ouneurotoxique comme les corticoïdes ou les agents curarisants [2].La gravité des patients pris en charge dans ces structures, la technicitéd'un certain nombre d'interventions ainsi que le matériel très spécia-lisé, nécessitent le développement de formations spécifiques pour leskinésithérapeutes [3]. La kinésithérapie de réanimation exige de multi-ples compétences spécifiques. Il est indispensable de maintenir lasurveillance des paramètres vitaux habituels et de l'état cliniques dupatient pendant la prise en charge kinésithérapique. C'est pourquoi lekinésithérapeute doit être formé à ce type de patients, de pathologieset de monitorage. Les séances doivent être arrêtées en cas d'intolé-rance cardiovasculaire, respiratoire ou neurologique, en cas d'évène-ments indésirables (retrait accidentel de cathéter, du tubeendotrachéale. . .) en cas de douleur malgré l'analgésie ou en casde fatigue importante du patient.La mobilisation précoce est un facteur limitant important de l'apparitionde ces désordres en permettant une récupération de la force et del'endurancemusculaire ainsi que l'amélioration du statut fonctionnel dupatient. On peut également noter une diminution des déficits respira-toires et psychologiques lors de la prise en charge du patient dans un

programmede réhabilitation précoce. Lamobilisation se définit commeune série de mouvements planifiés de manière séquentielle, elle doitêtre initiée les plus tôt possible, dans les 24 à 48 heures suivantsl'admission du patient, en dehors de contre-indications spécifiques, ycompris chez le patient sédaté. Cette mobilisation englobe un grandnombre de techniques telles que mobilisations passive ou active,verticalisation sur table, transferts, station debout, déambulation etélectrostimulation. Chacune de ces techniques possède ces propresobjectifs et contre-indications. Il existe un certain nombre d'outilsspécifiques utilisables de manière à potentialiser les effets de cesséances de mobilisation précoce.Références[1] Needham DM, Davidson J, Cohen H, Hopkins RO, Weinert C,

Wunsch H, et al. Improving long-term outcomes after dischargefrom intensive care unit: report from a stakeholders conference.Crit Care Med 2012;40:502–9.

[2] Truong AD, Fan E, Brower RG, NeedhamDM. Bench-to-bedsidereview: mobilizing patients in the intensive care unit – from patho-physiology to clinical trials. Crit Care 2009;13:216.

[3] Société de kinésithérapie de réanimation (SKR). Référentiel decompétences et d'aptitudes du masseur kinésithérapeute de réa-nimation (MKREA) en secteur adulte. Reanimation, doi:101007/s13546-011-0243-1.

http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2012.12.064

CI22Améliorer l'offre de soin en kinésithérapie :intérêts de la psychologie socialeNicolas MargasCentre d'étude sport et actions motrices EA 4260, université deCaen, Caen, FranceAdresse e-mail : [email protected]

En kinésithérapie, l'amélioration de l'état des patients est constatéeà l'issue d'un traitement de plusieurs semaines souvent en fonctiond'éléments associés à la pathologie comme la douleur ou les capacitésmotrices. Toutefois, un enjeu important réside dans la durée de cestraitements et dans leur capacité à prévenir un retour de la pathologie.À ce niveau, certaines variables psychologiques apparaissent déter-minantes pour l'engagement durable dans l'activité physique ou dansles procédures de prévention utilisées pendant le traitement. Cela estd'autant plus primordial quand on considère le coût des traitements quilimite souvent le temps d'intervention ou les états contre lesquels letraitement ne fait qu'empêcher la dégradation et devrait donc êtrepérenne (e.g. mucoviscidose, vieillissement). Cette dimension psy-chologique semble pourtant négligée dans les pratiques et dans lesformations en kinésithérapie. L'objectif de cette communication estd'en montrer l'intérêt et de situer plus précisément le rôle de l'auto-détermination et du Soi physique en vue d'applications pratiquesvisant à pérenniser les effets d'un traitement à moyen et long terme.Tout d'abord, l'autodétermination pour l'activité prescrite (travail pos-tural, musculaire, articulaire. . .) apparaît prépondérante pour pérenni-ser l'activité sanitaire en question à l'issue de ce traitement [1]. En effet,le caractère contrôlant d'une activité mène à l'abandon alors qu'unemotivation autonome est de meilleure qualité et durable [2]. Certes,l'autodétermination renvoie classiquement aux motivations intrinsè-quement satisfaisantes, ce qui est rarement le cas des traitementsprescrits qui sont souvent associés à la contrainte et donc à desmotivations extrinsèques. Cependant, nous montrerons qu'il existedes formes de motivation extrinsèque autodéterminées sur lesquellesle kinésithérapeute peut s'appuyer pour unemotivation post-traitementdurable. Pour cela, les modes d'intervention doivent considérer les

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