Reflet du Conseil Mondial UCF 2011

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Un Conseil Mondial, pour qui, pour quoi ? Mille femmes de plus de cent pays et associations nationales YWCA (Young Women's Christian Association) ont répondu à l’invitation des Unions Chrétiennes Suisses (UCS) et se sont réunies au Palais des congrès à Zürich pour le Conseil Mondial des UCF (World YWCA Council). Les délé- guées du plus vaste mouvement chrétien de femmes du monde entier ont échangé leurs expérien- ces, leurs réflexions allant dans le sens de chercher à créer un monde plus sûr. Ensemble, elles ont élaboré des résolutions finales et ont élu le comité de leur Alliance mondiale (World YWCA). Pour les Unions Chrétiennes Suisses, association de jeunesse comprenant environ 15'000 enfants et jeu- nes membres, cet événement a représenté une chance unique de vivre des expériences à l’échelon inter- national. Plus de 170 bénévoles ont contribué à la réalisation de cette importante manifestation. Une célé- bration au Fraumünster a marqué l’ouverture du Congrès, prévu sur six jours. L’allocution de l’ancienne présidente de la Confédération Ruth Dreifuss en a été l’un des moments-clés ; elle a encouragé les femmes présentes à s’intéresser à la politique et à s’engager activement au sein de leur propre société. Les deux jeunes lauréates provenant du Kenya et de Zambie ont suscité beaucoup de sympathie : toutes deux sont impliquées dans la défense des droits des femmes séropositives dans leurs pays respec- tifs. Elles ont reçu le prix « Mary Robinson Award », récompensant de jeunes femmes actives en faveur des droits humains, et qui a été décerné pour la première fois. L’engagement et la joie des participantes, jeunes ou plus âgées, et vêtues de manière colorée, ont touché également les bénévoles, vêtus de t-shirts rouges, à l’inscription « helping hands », qui ont contribué au succès de ce World YWCA Council. Le programme comprenait deux pré-conseils et le Sommet International des Femmes (SIF). La réunion ordinaire du Conseil Mondial consistait à discuter et adopter les rapports, élire une nouvelle équipe diri- geante et établir le nouvel agenda pour les quatre prochaines années, en accord avec les valeurs du mouvement. La semaine s’est déroulée comme suit : - Dialogue des jeunes femmes « leaders » 11 juillet 2011 - Pré-conseil sur le développement des capacités à prendre des responsabilités 11 juillet 2011 - Sommet International des Femmes 12-13 juillet 2011 - Réunion ordinaire du Conseil Mondial UCF 14-16 juillet 2011 Les discussions des 12 et 13 juillet ont permis d’élaborer des résolutions sur le thème « un monde sûr, une affaire de femmes », touchant notamment aux domaines du Sida, des violences faites aux femmes sous toutes leurs formes (domestiques, liées aux conflits armés), de la justice et des droits humains, de la santé et de la sexualité, de l’encouragement des femmes à prendre des postes à responsabilités, notamment en politique. Durant les journées où s’est déroulé le Conseil mondial proprement dit, un nouveau comité a été élu, dont deux femmes occupant des postes stratégiques : la nouvelle présidente mondiale se nomme Deborah Thomas, elle vient de Trinidad & Tobago, dans les îles Caraïbes. Quant à la caissière, Carolyn Flowers, elle est américaine. Deux nouvelles associations UCF ont été élues comme membres de l’Alliance mondiale : Haïti et les îles US Virgin. Elles ont été reçues avec les acclamations de toute l’assemblée. Enfin, Marlies Petrig, présidente du comité d’organisation de ce Congrès Mondial 2011 a reçu un magnifi- que présent des YWCA de Thaïlande, qui sera le prochain pays organisateur du Congrès Mondial 2015. Reflets du Conseil Mondial UCF 2011 Numéro spécial d’Hublot, Journal des UCF Vaudoises. Les pages suivantes vous invitent à vous faire une idée de ce rendez-vous exceptionnel, une façon de prendre en quelque sorte le pouls des femmes du monde entier. Une expérience inoubliable. A noter que la majorité de votre comité cantonal y était, à titre bénévole, mais lisez plutôt….

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Reflet du Conseil Mondial UCF 2011

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Un Conseil Mondial, pour qui, pour quoi ?

Mille femmes de plus de cent pays et associations nationales YWCA (Young Women's Christian Association) ont répondu à l’invitation des Unions Chrétiennes Suisses (UCS) et se sont réunies au Palais des congrès à Zürich pour le Conseil Mondial des UCF (World YWCA Council). Les délé-guées du plus vaste mouvement chrétien de femmes du monde entier ont échangé leurs expérien-ces, leurs réflexions allant dans le sens de chercher à créer un monde plus sûr. Ensemble, elles ont élaboré des résolutions finales et ont élu le comité de leur Alliance mondiale (World YWCA).

Pour les Unions Chrétiennes Suisses, association de jeunesse comprenant environ 15'000 enfants et jeu-nes membres, cet événement a représenté une chance unique de vivre des expériences à l’échelon inter-national. Plus de 170 bénévoles ont contribué à la réalisation de cette importante manifestation. Une célé-bration au Fraumünster a marqué l’ouverture du Congrès, prévu sur six jours. L’allocution de l’ancienne présidente de la Confédération Ruth Dreifuss en a été l’un des moments-clés ; elle a encouragé les femmes présentes à s’intéresser à la politique et à s’engager activement au sein de leur propre société. Les deux jeunes lauréates provenant du Kenya et de Zambie ont suscité beaucoup de sympathie : toutes deux sont impliquées dans la défense des droits des femmes séropositives dans leurs pays respec-tifs. Elles ont reçu le prix « Mary Robinson Award », récompensant de jeunes femmes actives en faveur des droits humains, et qui a été décerné pour la première fois. L’engagement et la joie des participantes, jeunes ou plus âgées, et vêtues de manière colorée, ont touché également les bénévoles, vêtus de t-shirts rouges, à l’inscription « helping hands », qui ont contribué au succès de ce World YWCA Council.

Le programme comprenait deux pré-conseils et le Sommet International des Femmes (SIF). La réunion ordinaire du Conseil Mondial consistait à discuter et adopter les rapports, élire une nouvelle équipe diri-geante et établir le nouvel agenda pour les quatre prochaines années, en accord avec les valeurs du mouvement.

La semaine s’est déroulée comme suit : − Dialogue des jeunes femmes « leaders » 11 juillet 2011 − Pré-conseil sur le développement des capacités à prendre des responsabilités 11 juillet 2011 − Sommet International des Femmes 12-13 juillet 2011 − Réunion ordinaire du Conseil Mondial UCF 14-16 juillet 2011

Les discussions des 12 et 13 juillet ont permis d’élaborer des résolutions sur le thème « un monde sûr, une affaire de femmes », touchant notamment aux domaines du Sida, des violences faites aux femmes sous toutes leurs formes (domestiques, liées aux conflits armés), de la justice et des droits humains, de la santé et de la sexualité, de l’encouragement des femmes à prendre des postes à responsabilités, notamment en politique.

Durant les journées où s’est déroulé le Conseil mondial proprement dit, un nouveau comité a été élu, dont deux femmes occupant des postes stratégiques : la nouvelle présidente mondiale se nomme Deborah Thomas, elle vient de Trinidad & Tobago, dans les îles Caraïbes. Quant à la caissière, Carolyn Flowers, elle est américaine.

Deux nouvelles associations UCF ont été élues comme membres de l’Alliance mondiale : Haïti et les îles US Virgin. Elles ont été reçues avec les acclamations de toute l’assemblée.

Enfin, Marlies Petrig, présidente du comité d’organisation de ce Congrès Mondial 2011 a reçu un magnifi-que présent des YWCA de Thaïlande, qui sera le prochain pays organisateur du Congrès Mondial 2015.

Reflets

du

Conseil

Mondial

UCF 2011

Numéro spécial d’Hublot,

Journal des UCF Vaudoises.

Les pages suivantes vous

invitent à vous faire une idée

de ce rendez-vous

exceptionnel, une façon de

prendre en quelque sorte

le pouls des femmes

du monde entier.

Une expérience inoubliable.

A noter que la majorité de

votre comité cantonal y était,

à titre bénévole,

mais lisez plutôt….

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Bienvenue à Zürich – un accueil digne d'un monde sûr

Dès samedi 9 juillet et sur trois jours, quelque mille femmes en provenance d'une centaine de pays atterrissent à l'aéroport de Zürich, accueillies par une équipe dynamique et très motivée d'une tren-taine de bénévoles par tranche horaire. Un accueil organisé de longue date et pensé dans les moin-dres détails, y compris dans la perspective de por-ter un soin particulier aux premiers instants de la rencontre : une manière de recevoir qui permette à chaque déléguée au Conseil mondial de découvrir un monde sûr.

Une prise en charge très concrète La qualité d'accueil visée repose sur une organisa-tion bien orchestrée. En fonction de l'arrivée des avions, des bénévoles sont envoyés au fil des heu-res aux terminaux concernés, afin de se faire connaître. Ils conduisent ensuite leurs hôtes au desk prévu pour un premier enregistrement. Les femmes qui ont souvent voyagé de longues heures peuvent s'asseoir quelques instants, exprimer leurs impressions et leurs besoins souvent très divers. Elles peuvent également se restaurer et se reposer si elles le souhaitent, avant de rejoindre leur hôtel, ou demander à être accompagnées de suite au lo-gement qui leur a été réservé, en train, tram ou bus: quelques voitures peuvent également trans-porter les personnes plus âgées, très chargées ou pour tout autre bonne raison particulière, mais l'idée est de privilégier avant tout l'utilisation des transports publics.

Un concept d'accueil personnalisé L'idée originale repose sur la conception d'un accueil spécifique, tenant compte de la culture de chaque participante : comment souhaite-t-on la bienvenue dans tel ou tel pays, à quels aspects est-il important d'être attentif, quels gestes ou paroles aident à procurer un sentiment de confort, autant de questions que Julia Petrig, 17 ans, a étudiées de manière approfondie. Les bénévoles engagés ont ainsi été informés du concept élaboré spécialement pour l'occasion et des spécificités de chaque cultu-re. Julia, dont émane un enthousiasme communicatif, nous l'explique : accueillir chaque femme avec un sourire, à une juste distance par rapport à sa cultu-re, et en la regardant dans les yeux. Il s'agit égale-ment de la saluer à la manière suisse, en lui ser-rant la main, en lui donnant des informations sur ce qui va suivre et sur le rôle des personnes présen-tes. En résumé, un accueil bienveillant et procurant le sentiment de valeur et d'existence propre.

Au fil de quelques rencontres Une femme arrivant d'Asie, son avion a du retard, Julia et sa mère l'attendent. Croyant l'avoir man-quée, elles se déplacent vers la sortie quand cette femme aperçoit leur panneau et les accoste : son visage s'éclaire en découvrant qu'elle est attendue, les échanges sont riches au cours du trajet qui

l'amène à son adresse : elle découvre qu'en Suisse, plusieurs générations de femmes peuvent être engagées au sein du mouvement YWCA. Un groupe d'une trentaine de femmes africaines arrivent dans leurs costumes colorés, enchantées de découvrir un comité d'accueil en t-shirts rouges, bien visibles. La rencontre est chaleureuse, elles serrent les bénévoles dans leurs bras, prennent des photos, rient et dansent. Un monde se crée l'espace d'un moment dans le hall d'arrivée de l'aéroport. Plu-sieurs bénévoles tentent d'organiser leur déplace-ment, leur récit décrit un voyage haut en couleurs : certaines ont peur de l'escalier roulant, d'autres oublient leurs bagages en montant dans le train, quelques-unes se perdent en prenant l'ascenceur. Au final, toutes sont tout de même arrivées à bon port. Pour les bénévoles suisses, un exercice de souplesse et de créativité, et l'apprentissage que la notion du temps peut être très relative.

Un accueil dans l'esprit des UCF Au travers des rencontres qui se nouent dans le hall de l'aéroport, c'est toute la vie du mouvement UCF / YWCA qui est symbolisée l'espace de quel-ques jours. La plupart des jeunes bénévoles présen-tes ont moins de trente ans et cet engagement cons-titue une occasion de s'exprimer en d'autres lan-gues, de découvrir d'autres façons de vivre et de concevoir le quotidien, d'expérimenter les enjeux d'une authentique solidarité. Pour certaines d'entre elles, c'est également une opportunité de découvrir toutes les facettes de l'élaboration d'un projet, d'as-surer la formation de collaborateurs, ou de diriger une équipe. Plus largement, c'est aussi pour d'au-tres l'occasion de manifester leur reconnaissance pour l'accueil reçu ailleurs lors d'un précédent Conseil Mondial. Enfin, il faut citer quelques femmes qui ont rejoint le mouvement presque par hasard, en répondant à l'appel de recherche de bénévoles : sensibles aux questions concernant les femmes ou ayant beaucoup voyagé, elles sont venues proposer leur aide et leur motivation. En résumé, ces ren-contres à l'aéroport peuvent résumer à elles seules les valeurs prônées par le mouvement : qui que tu sois, d'où tu viens, tu appartiens à une communauté où tu as ta place et ton rôle à jouer.

L'arrivée de mille femmes en provenance de plus de cent pays au Conseil mondial à Zürich : une occa-sion unique de développer en largeur et en profon-deur ses qualités humaines.

Catherine Jobin

Sarah Tandang, responsable de l’accueil etJulia Petrig qui a étudié comment souhaiter la bienvenue en respectant les femmes dans leur culture

Parmi les bénévoles

engagées à l’aéroport :

Roseline Avigdor,

Lise-Laure Wolff et

Esther Zehntner

Un engagement fort des

UCF Vaudoises !

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La cathédrale du Fraumüster a certainement vibré d'une page importante de son histoire mardi 11 juil-let, lors de la cérémonie d'ouverture du Conseil mondial YWCA et du Sommet mondial des femmes à Zürich : une église pleine à craquer de femmes provenant de toutes les régions du globe y ont vécu un temps à la fois sobre et intense. L'émotion était perceptible le long des rangs colorés, tant l'énergie dégagée par cette assemblée était forte.

« Réjouissez-vous, femmes du monde entier », ont été les premières paroles des deux pasteures célé-brantes, invoquant l'image d'une terre inculte deve-nant verger puis forêt, par l'action de l'Esprit Saint. Sûr que l'Esprit a soufflé durant cette heure de médi-tation à la découverte des vitraux de Chagall, dont les thèmes exprimés dans les diverses langues évo-quaient tous les symboles du mouvement unioniste féminin : vitrail bleu pour la loi, rouge pour les pro-phètes, bleu pour la foi, jaune pour l'espérance, et vert pour l'amour, le Christ. Un amour vivant, repré-senté par Marie portant Jésus dans ses bras, près d'Elisabeth, au pied de l'arbre de vie : les feuilles de cet arbre représentant symboliquement l'engage-ment de toutes les femmes présentes.

Les chants interprétés par les jeunes du choeur Ten Sing ont apporté une note fraîche et entraînante.

Les morceaux d'orgue, dans un autre registre, ont contribué à donner ampleur et profondeur à cette cérémonie, qui s'est terminée par l'ouverture officiel-le de ce Congrès mondial 2011. Susan Brennan, présidente de l'Alliance mondiale UCF a donné les trois coups de gong marquant cet instant émouvant pour de nombreuses femmes présentes : comment traduire la portée d'un tel moment , tout d'abord pour celles qui n'ont pu le vivre, retenues faute de visa dans leur pays et pour celles qui ont l'occasion de quitter leur pays pour la première fois.

L'émotion et l'énergie présentes tout au long de cet-te cérémonie reflètent l'enjeu d'une telle manifesta-tion : au travers du millier de déléguées présentes, rendre visible le travail des millions de femmes en-gagées tout autour de la terre pour contribuer à créer un monde plus juste, et les liens existant entre elles. Un verger fleuri et chargé de fruits. Il y a eu comme une irrésistible montée de sève dans l'église du Fraumüster et il me plaît de penser qu'elle aura le pouvoir de diffuser au large des cinq continents. Oui, réjouissons-nous, femmes du monde entier ! CJ

Célébration d'ouverture – lundi 11 juillet 2011

Les chevaux et le char de feu d'Elie sur le vitrail des prophètes

Béatrice Perregaux Allisson, l’une des officiantes de la célébration - encore une autre romande engagée

Esther Zehntner en bonne compagnie à l’entrée du Fraumünster à Zürich

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Cette première matinée ressemble à une histoire de femmes: un récit empreint d'expériences vécues, d'émotions, de langage du coeur.

D'emblée, Susan Brennan, présidente des UCF mondiales, entre dans le vif du sujet : « je porte en moi », des histoires de femmes qui souffrent, et la conviction qu'il est possible d'instaurer des changements, d'agir. A ce Sommet 2011, il s'agit de définir les changements que les femmes veu-lent pour l'avenir. Des mots forts tels que « la vic-toire aura lieu quand les femmes chanteront dans les rues », leurs capacités à se reconstruire, à créer. « Un monde sûr, une affaire de femmes », quelques points forts: sécurité personnelle – les femmes doivent pouvoir évoluer librement; sécuri-té économique, avec un accent mis sur la forma-tion, sécurité politique et environnementale. Ce qui suppose l'engagement dans une guerre de beauté bruyante, une façon de créer au lieu de détruire: un processus qui commence par les pe-tits riens du quotidien, des histoires racontées, et l'espoir que ce sommet puisse contribuer à trans-mettre le goût d'un monde différent, et donner l'appétit pour plus de justice. Les applaudissements enthousiastes qui suivent son discours laissent sentir que les femmes pré-sentes se sont reconnues au travers de la vision décrite.

Suit l'allocution de bienvenue de l'ambassa-deur Claude Wild, du Département fédéral suisse des affaires étrangères, présenté égale-ment comme « agent de paix ». Prenant l'exem-ple de la révolution en Tunisie, il évoque la légiti-mité des femmes à faire valoir leurs droits à vivre dans un monde plus juste et plus égalitaire. Sta-tistiques à l'appui, il relève la sous-représentation des femmes parmi les médiateurs de l'ONU, ainsi qu'au sein des instances politiques et économi-ques de la Suisse, même si le Conseil fédéral est actuellement le plus doté en sièges féminins. Re-traçant la façon dont s'est élaborée la résolution

1325 du Conseil de sécurité de l'ONU, il en rap-pelle les trois axes, soit renforcer les droits des femmes dans les processus de paix, prévenir les violences faites aux femmes avant, pendant et après les conflits, et prendre en compte les as-pects sexuels dans la gestion des conflits armés. Un récent rapport sur cette même résolution a vu le jour récemment, dont il cite deux exemples; au Népal (formation de pacifistes connues, à mener des négociations), et en Suisse (contribution à intégrer davantage de femmes dans les proces-sus de paix et dans la reconstruction post-conflits armés). Sans les droits accordés aux femmes, pas de droits humains, il ne peut exister de démocratie sans une paix durable. En qualité d'expert, il plai-de en faveur de l'utilisation des instruments dispo-nibles, dont la résolution 1325 constitue l'un d’eux.

Sa conclusion a la forme d'une reconnaissance de l'engagement personnel des femmes présentes : « vous faites la différence sur le terrain ». Dans la salle, les visages sont attentifs, il souffle une atmosphère à la fois légère et solennelle, comme si toutes ces femmes présentes témoi-gnaient conjointement de la souffrance et de la résilience.

Naradzayi Gumbozvanda, secrétaire générale des UCF mondiales, introduit ensuite la première remise du prix Mary Robinson, concernant le lea-dership des jeunes femmes dans les droits hu-mains, invitant les participantes à célébrer l'enga-gement de toutes à la défense des droits de l'homme. L'énergie monte parmi les rangs et il suffit d'une sollicitation de sa part pour que le pu-blic se manifeste. Elle se transforme en acclama-tion forte quand Dr Musimbi Kanyoro, ancienne secrétaire générale, est invitée à rejoindre la scè-ne, signe des liens forts qu'elle a su tisser au sein du mouvement durant son activité antérieure.

CJ

Sommet International des Femmes – 12 juillet 2011

Session d’ouverture :

des paroles fortes

exprimées par tous les

orateurs

Susan Brennan, présidente des UCF Mondiales jusqu’à ce Conseil 2011

Naradzayi Gumbozvanda, secré-taire générale des UCF Mondiales

Naradzayi Gumbozvanda, secrétaire générale des UCF Mondiales , Nyambura Njoroge du Kenya, et Mary Robinson

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Prix Mary Robinson

Prix Mary Robinson Dr Musimbi Kanyoro conte l'histoire de ce prix, dont l'idée a germé en 2005, lors du 150ème anni-versaire des UCF. A cette occasion, il est ressorti que le point commun de toutes les activités dé-ployées durant cette longue période était la défen-se des droits humains; pour l'avenir, il fallait en-courager les jeunes femmes à prendre des postes à responsabilités, celles même qui continueraient à construire le mouvement. Tout naturellement, ce prix comprend donc ces deux aspects.

Créer une telle récompense répond également au besoin d'ancrer de manière plus visible le travail des millions de femmes qui travaillent dans l'ombre, et en faire reconnaître la valeur. D'où le projet de s'allier à des femmes leaders et reconnues dans le domaine du développement des droits humains. Dès lors, Mary Robinson a été sollicitée, son renom étant particulièrement porteur au vu des divers postes qu'elle a occupés durant sa carrière : après la présidence de l'Irlan-de, elle est devenue Haut-commissaire aux Droits de l'Homme des Nation-Unies de 1997 à 2002, outre une chaire universitaire à la Faculté de droit de la Trinity College, un poste de législatrice puis

d'avocate, de Senior Conseil; elle est également fondatrice de l'organisation Realising Rights : The Ethical Globalisation initiative, et présidente de la Mary Fondation for Climate Justice.

Au-delà de tous ses titres, c'est surtout en tant que femme que Mary Robinson s'est adressée à ses consoeurs présentes, évoquant sa version de l'origine de ce prix : avec en clin d'oeil le fait d'avoir été nommée avant d'être officiellement sol-licitée. Sa manière de mettre les femmes en va-leur, elle en fait la démonstration durant son allo-cution, racontant ce qu'elle apprend jour après jour des femmes de tous horizons qu'elle ren-contre : donnant l'exemple d'une action réalisée en collaboration avec Naradzayi Gumbozvanda au Darfour, elle a retenu la façon dont celle-ci a favorisé le dialogue entre les femmes présentes, en proposant que chacune d'elles se raconte avant d'aborder le contenu des discussions. Le silence qui règne dans la salle reflète la profon-deur de ses paroles, exprimées d'une voix douce et déterminée.

CJ

Photo officielle des participantes au Conseil Mondial UCF 2011 à Zürich, dans la grande salle du Palais des congrès par le photographe Reto Schlatter

Autre moment fort :

la remise

du premier

« Mary Robinson Award »,

prix récompensant de jeunes

femmes et associations actives

en faveur des droits humains

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Au moment de la remise des prix, Mary Robinson insiste sur l'importance de mener des actions concertées, civiques, faites des petits mots et gestes de millions de femmes dans des endroits souvent invisibles : dire non à une avance dépla-cée, encourager les filles et les jeunes à continuer leur formation, créer des espaces de prise de conscience du potentiel des femmes. Au travers de l'exemple de l'abolition du mariage des en-fants, elle relève comme étape la plus impor-tante du développement durable, l'éducation des filles, dont peu d'Etats ont conscience de la portée. Selon elle, les UCF ont un rôle à jouer pour les filles qui ne peuvent avoir un accès direct à la formation : les lauréates ont contribué à faire avancer ce processus en montrant le potentiel de changement dans leur propre région, en stimulant les femmes à se dépasser. Dr Sigrun Mogedal, présidente du jury pour l'attribution du prix prend la relève : le lance-ment des candidatures à ce prix a mobilisé des UCF et autres organisations dans plus de 70 pays, ce qui a donné un travail considérable au comité de sélection. Elle décrit le riche contenu des dossiers présentés comme une énergie vi-brante, une source d'inspiration pour toutes les autres femmes engagées sur le terrain : une « voix du bruit et de la beauté ». Quatre prix seront attribués pour cette première distribution, deux à des associations UCF, et deux à des femmes particulièrement remarquables de par les projets qu'elles ont initié dans leur pays et la puissance de changement qu'elles ont générée. Quatre catégories de lauréates sont prévues, à titre individuel ou collectif. Le comité de sélection s'est d'abord penché sur les critères d'attribution, tels que par exemple, l'impact en termes de prise de conscience, la motivation et la qualité. Il a été très difficile de choisir parmi le grand nombre de candidatures, toutes de valeur.

Le premier prix a été adressé à Nancy Ka-pembwa, responsable de jeunesse des UCF nationales de Zambie. Sensibilisée à des prati-ques éprouvantes pour les femmes de son pays, elle a mis en place un projet de prévention tou-chant les écoles et les communautés, dans le but de stimuler les filles et les jeunes femmes à pren-dre plus de responsabilités. Engagée aux côtés de femmes séropositives, elle est parvenue à créer une dynamique multiplicatrice où les fem-mes une fois formées, animent à leur tour des campagnes de sensibilisation. Pour les 2500 fem-mes touchées par son action, elle est devenue un modèle. C'est avec une émotion visible qu'elle se voit re-mettre son prix, qu'elle dédiera à toutes les fem-mes qui l'ont soutenue dans son projet. Ce prix constitue une reconnaissance de son travail et de son effort, ainsi qu'un encouragement dans la poursuite de son engagement.

En tant que femme active pour la défense des droits humains, de l'association AIDS Law Pro-ject, Jacinta Nyachae est la deuxième lauréate de la catégorie individuelle, oeuvrant dans une association proche des UCF. Elle a fondé l'asso-ciation susnommée dans le but d'aider les fem-mes victimes de violences à faire connaître leurs droits et à les défendre afin d'obtenir justice. Elle a ainsi fait paraître une version simplifiée des arti-cles juridiques concernés, venant combler un vide dans l'aide apportée aux personnes séropositives, les questions juridiques - pourtant fondamentales- n'étant souvent pas mises au premier plan. Son travail a eu un impact de taille, touchant plus de 300'000 personnes. Très émue, la fraîche lauréate est touchée par cette reconnaissance de son engagement à dé-fendre les droits humains. Pour elle, il s'agit d'un droit qui se réfère au divin, dans le sens qu'on ne peut retirer à personne sa dignité. Honorée, elle évoque également la responsabilité que lui confè-re cette distinction, en plus d'un encouragement dans un contexte où il est ardu de travailler avec des femmes marginalisées. Il s'agit également d'un reconnaissance indirecte pour toutes ces femmes.

Le troisième prix délivré concerne les UCF de Bélize, qui se sont fait remarquer par leur appro-che innovante, utilisant les salons de coiffure et de beauté pour former et diffuser des informations sur le VIH et le Sida. Cette association s'est fait connaître dans le monde entier pour l'accent mis sur l'éducation et la formation des filles et des femmes, une approche complète, qui leur permet d'accéder au niveau secondaire. Les femmes plus âgées de la communauté ont également été enrô-lées afin de transmettre leur sagesse à un public très large, ce qui a contribué à la large diffusion de leurs programmes. La représentante des UCF de Belize relève qu'il y a malgré tout beau-coup à faire, car il y a 23 % de chômage, et le double pour les femmes qui ont partout des reve-nus plus faibles que les hommes. Le prix va être fondamental pour aider ces femmes à ne pas res-ter dans l'ombre.

Le quatrième et dernier prix délivré ce jour est adressé aux UCF du Canada, pour leur énorme travail de soutien à la formation de jeunes femmes par le biais de programmes bien rodés, dès l'âge de 12 ans. Ceux-ci touchent un nombre très im-portant de filles grâce à l'utilisation des moyens actuels multimédias. Leur but est de développer les capacités de « leadership » des filles et des femmes de façon précoce, notamment par la prise de conscience de leur potentiel, de leur estime de soi et de leur compétences. Ambar Aleman, l'une des trois porte-paroles des UCF du Canada, relè-ve l'importance que les jeunes femmes prennent très tôt conscience du poids de leur propre in-fluence dans leur existence.

CJ

La joie des lauréates du « Mary Robinson Award »

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Mary Robinson remettant le premier Award à Nancy Kapembwa, des UCF de Zambie

Mary Robinson remettant l’un des prix décernés aux UCF de Bélize

Jacinta Nyachae et Mary Robinson

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Michelle Bachelet, directrice exécutive d’ONU Femmes

Assurément, Dr Michelle Bachelet représente un modèle pour toutes les femmes autour du globe. Ancienne présidente du Chili, elle est la pre-mière secrétaire générale et directrice exécutive d’ONU Femmes, organe créé le 2 juillet 2010 pour soutenir et coordonner le travail dans les domaines de l’égalité des genres et de « l’empowerment » des femmes au niveau global, régional et national.

Tête de file pour promouvoir les droits humains, elle commence par s’adresser directement aux femmes présentes et par reconnaître leur engagement à toutes, à travers ces paroles fortes : « Je suis sûre d’être devant les plus ardentes défenderesses des femmes et des filles ». Relevant ensuite le travail gigantesque accompli par l’Alliance mondiale UCF, elle insiste sur la nécessité de créer des alliances, de travailler ensemble. Sans alliances, il n’est pas possible de mobiliser assez d’énergie. Tout est question d’attitude, de passion et d’engagement. Il est important de fêter aussi. Les femmes ont besoin d’une stratégie globale, sans quoi, il n’est pas pos-sible d’envisager assurer la santé et la sécurité des personnes exclues. Selon elle, il est vital d’avoir le pouvoir d’influencer les décisions pour aider les femmes à instaurer des changements, à travailler en réseau et à s’engager pour plus de justice sociale.

Dans tous les contextes, il convient de favoriser « l’empowerment », pour pouvoir lutter contre la violence et les discriminations. Elle relève pour ce faire un aspect fondamental: améliorer le niveau de formation des jeunes femmes : celles-ci sont en effet deux fois plus vulnérables si elles n’ont pas ou peu eu accès à l’éducation. Or, les coûts liés à la violence domestique sont énormes. En Afrique du Sud, les femmes séropositives sont significative-ment plus souvent victimes de violence que les au-tres. Et la moitié des problèmes sociaux sont géné-rés par des actes commis contre des jeunes filles de moins de seize ans.

Dans les rangs, l’attention est intense, pour de nombreuses femmes, il s’agit d’un moment fort : accéder aux réflexions en direct d’une femme aux commandes d’une instance ayant potentiellement le pouvoir d’influencer les décisions au plus haut niveau, représente certainement un événement de taille en regard de leur provenance et de leur enga-gement sur le terrain. Le discours de Michelle Ba-chelet pourrait avoir encore plus d’impact si l’on considère le potentiel multiplicateur de chacune d’entre elles une fois rentrée dans son pays. Une force de révolution en germination.

De graines, Michelle Bachelet en a également par-lé, postulant que la famine reculerait facilement de 12 à 15 % si les femmes en avait la gestion : ce pourcentage pourrait paraître dérisoire, sur le ter-rain : en réalité, cela reviendrait à avoir la capacité de nourrir des millions d’individus de plus qu’actuel-

lement. Dans un fervent plaidoyer, elle avance que les femmes et les filles sont les plus importantes en matière de développement durable. Si elles pou-vaient être davantage impliquées dans les proces-sus de décision, il est clair qu’elles auraient davan-tage de puissance. Au départ, ce sont les petites choses qui sont importantes, et qui, au final, auront le plus grand retentissement à long terme.

Un rapport émanant de l’organe ONU Femmes est récemment paru, d’où il ressort que près de 150 pays travaillent à protéger davantage les femmes au travers de nouvelles lois ou mesures, que ce soit par rapport à la violence ou le contrôle de la fertilité par ex. Cependant, là où le bât blesse, c’est dans l’application concrète de ces lois : trop sou-vent encore, les auteurs de violences restent impu-nis, et l’accès à la justice est trop cher pour la plu-part des femmes. Enfin et fréquemment, la justice n’est pas rendue de manière neutre, des disparités importantes demeurant entre les genres.

La clé pour instaurer plus d’égalité ? « L’empowerment », soit la prise de pouvoir par les femmes des postes à responsabilités, par le biais de jeunes femmes formées et soutenues par les organisations, elles-mêmes appuyées par ONU Femmes. Michelle Bachelet, à l’instar d’autres ora-trices durant cette conférence, met l’accent sur l’im-portance pour ces jeunes femmes de pouvoir suivre des modèles de femmes engagées, qui les aident à devenir à leur tour des leaders. Parmi les 193 Etats membres de l’ONU, seuls une vingtaine sont diri-gés actuellement par des femmes. Il convient de conquérir de tels postes avec audace et détermina-tion. A titre d’exemple, elle évoque la récente révo-lution tunisienne qui a conduit les femmes à de-mander la parité hommes-femmes dans le futur gouvernement.

Concrètement, Michelle Bachelet invite les parti-cipantes à mettre en priorité, dans les résolu-tions du Sommet mondial des femmes, le focus sur l’éducation, essentielle pour avoir accès à tout pouvoir, qu’il soit politique, économique ou social.

Chaque femme constitue à elle-seule un réceptacle d’énergie, capable de sensibiliser les autres autour d’elles, par le bouche à oreille ; il s’agit de tout faire pour éviter que la violence ne se reproduise, et pour cela, il convient de sensibiliser les jeunes fem-mes, mais également les garçons, le plus tôt possi-ble, pour aborder le thème de la masculinité.

« Vous me donnez de l’énergie », a-t-elle offert en cadeau, à toutes les femmes présentes, pour conclure ses propos. Tandis qu’elle parlait, il circu-lait dans les rangs, telles les vagues de la mer contre le rivage, une énergie où chaque femme, à un moment ou un autre de cette première matinée de congrès, a pu se laisser emporter et se régéné-rer.

CJ

Michelle Bachelet

Pour plus

d’égalité ?

Que les femmes

prennent davantage de

responsabilités

Priorité à l’éducation

des femmes et des filles

comme

facteur essentiel

pour accéder à

davantage de pouvoir

Page 8: Reflet du Conseil Mondial UCF 2011

C’est d’une voix tranquille et avec une présence forte que Ruth Dreifuss, première femme suisse devenue présidente de la Confédération, s’est adressée aux participantes du Sommet Mondial des Femmes dans sa partie finale. Ses paroles engagées ont apporté un éclairage pragmatique à l’issue de ce congrès : « nous devons agir ».

Selon elle, la Suisse constitue à la fois un bon et un mauvais exemple : par rapport aux droits de vote, notre pays est l’un des derniers, si ce n’est le dernier à avoir accordé le droit de vote aux femmes : cependant, ce sont bien les hom-mes qui l’ont voté, ce qui est positif. Elle exprime ensuite son indignation face au fait que l’instance internationale ONU Femmes ait obtenu, à sa création, moins de fonds que les budgets réunis des quatre associations qui formaient sa base. Et sa consternation que la Suisse n’ait pour l’instant pas contribué financièrement à son démarrage.

La Suisse est réputée pour prendre beaucoup de temps pour instaurer des changements : au point qu’Einstein disait souhaiter mourir en Suisse, puisque tout s’y passe à retardement. Cependant, une fois les changements institués, la mise en oeuvre peut être rapide : actuellement le gouver-nement est composé en majorité de femmes. Cet-te annonce suscite les applaudissements de la salle.

Le message de Ruth Dreifuss, active de longue date dans le travail syndicaliste, souligne l’impor-tance de concrétiser les décisions prises. Les ins-truments légaux et juridiques sont essentiels à haut niveau, mais restent inutiles s’ils ne sont pas ensuite implémentés dans des actions au sein de la base. Quel soutien pour les participantes de ce sommet mondial que d’entendre cette femme en-gagée exprimer ce qui la touche dans le travail des UCF mondiales.

Elle mentionne trois aspects remarquables à ses yeux de l’activité du mouvement: Premièrement, des actions concrètes contri-buant à plus d’égalité et de justice, en luttant contre toute forme de discrimination. Deuxièmement, une vision systémique dans l’analyse des problématiques, où tout est lié : la violence qui dépend du statut de la femme dans la famille, des possibilités d’engagement profession-nel, lesquelles sont liées à la qualité de l’éduca-tion. Pour elle, il s’agit de continuer à mobiliser un système millénaire, mis en mouvement il y a déjà cent ans, mais qu’il faut continuer à faire évoluer. Notamment pour que les différentes formes de discriminations ne se nourrissent pas les unes les

autres. Troisièmement, le fait de mettre l’ac-cent dans ce Sommet mondial sur les pires discriminations, les souffrances les plus extrê-mes, implique de mobiliser la solidarité profonde de tous, afin de ne pas laisser de côté les femmes sacrifiées dans de nombreux domaines. En les thématisant, ce sont toutes les autres souffrances qui sont ainsi prises en compte. Sûr que la voix profonde avec laquelle cette femme modèle s’est exprimée et le fait de s’adresser à des « consoeurs », a réconforté et renouvelé l’énergie de celles engagées sur le terrain et qui vivent ces souffrances en direct ou dans leur propre existen-ce.

C’est également en sa qualité d’experte du ter-rain que Ruth Dreifuss a transmis ses ré-flexions et conseils aux responsables des UCF mondiales, en ces termes : Sur la base des analyses à la fois locales et glo-bales, comment aller plus loin ? Il convient de chercher des alliés, à solliciter de manière spéci-fique et de cas en cas, en fonction des objectifs visés ; il faut exiger des comptes, dans l’idée qu’il n’est pas acceptable que des politiciens ne tiennent pas leurs promesses. Il faut exiger la mi-se en oeuvre des instruments juridiques et lé-gaux qui sont votés, et faire en sorte que des femmes soient engagées dans les groupes qui les mettent en application. Il est important d’offrir aux femmes des espaces pour qu’elles puissent se développer, se former, oser prendre des respon-sabilités politiques, au plus haut niveau, même avec la peur au ventre les premières fois. Il faut également dénoncer le fait que les femmes soient sous-représentées dans les gouverne-ments, montrer leurs compétences. Pour ce faire, il faut grimper les échelons à plu-sieurs, dans le but d’avoir davantage de forces pour tirer ensuite les autres et atteindre ainsi une masse critique suffisante. Enfin, il est fondamental d’utiliser les instruments formels existants pour argumenter les revendications des fem-mes sur le terrain. Et en conclusion, il est impor-tant que celles qui occupent des postes à respon-sabilités continuent à s’inspirer du travail de la base, sans quoi elles ne sont rien; et également qu’elles ne fassent pas de vaines promesses.

En résumé, un plaidoyer pour créer des espa-ces sûrs, favoriser la prise de responsabilités, et l’obligation de changer les choses qui sont possibles.

CJ

Une femme engagée, remarquable - 13 juillet

8

Ruth Dreyfuss adressant ses remerciements aux bénévoles suisses assis sur les gradins.

Ruth Dreyfuss aux côtés de la secrétaire générale des UCF mondiales et de M. l’Ambassadeur Stephen Lewis, Co-Directeur,

AIDS-Free World du Canada.

Une belle

reconnaissance du

travail des UCF

par Ruth Dreifuss

Trois forces des UCF :

- Des actions

sur le terrain

- Une vision systémique des

changements visés

- Prendre en compte la

situation de toutes

les femmes

en parlant de celles

qui souffrent le plus

Page 9: Reflet du Conseil Mondial UCF 2011

9

Une soirée grandiose, dans l’un des hauts lieux de la vie zürichoise. Les Unions Chrétiennes Suis-ses ont organisé pour leurs hôtes de tous les continents une Swiss night typiquement helvéti-que.

Toutes les participantes du Conseil Mondial ont eu l’occasion de goûter une délicieuse fondue, ainsi que différentes sortes de fromages lors de l’apéritif, le tout au son d’un cor des alpes. Les plus auda-cieuses ont pu essayer de souffler dans cet instru-ment si particulier, certaines réussissant même à produire un son, ce qui est rarissime, car l’exercice est très difficile : imaginez le tableau, une africaine soufflant dans notre instrument national tradition-nel !

Le dîner s’est déroulé à l’intérieur, dans un décor fastueux, dont l’austérité a été largement balayée par l’atmosphère de joie vivante autour des longues tables. Madame Helvétie a conduit la soirée, vêtue de sa toge rouge et de ses attributs, un bouclier

portant la croix et une lance, figure de proue repré-sentant notre pays. Entre les plats, elle a fait dé-couvrir à nos hôtes venues de près et de loin quel-ques beaux endroits du pays, de Zürich au Matter-horn et de Berne à Genève. Elle a invité l’assem-blée à entonner un chant en suisse allemand, ou-vrant le repas. Difficile pour des cordes vocales non exercées de prononcer des mots aussi spéciaux ! Le résultat global était drôle et original. De même que le cours express de yodel, par les musiciens de la soirée.

Pour toutes les participantes, cette soirée a été l’oc-casion de goûter un menu suisse typiquement züri-chois et de découvrir quelques aspects de notre pays, sur le plan politique, social, culturel et écono-mique. Ne reste plus aux déléguées du Conseil mondial qu’à grimper dans les Alpes ! Traduction CJ

L’identité fait la force - multipliée par mille - 14 juillet

Ce jour-là, la partie formelle du Conseil mondial a commencé en beauté ! Toutes les délégations des différentes associations UCF ont défilé dans leur costume national ou en uniforme signant l’apparte-nance à leur groupe. Le cortège les a conduites jusque dans le hall du Palais des Congrès. Un défi-lé coloré, gai, aux mille visages. Une manifestation de beauté festive, qui se lisait sur tous les visages. Un moment d’exception de par tous les pays ainsi dignement représentés.

L’identité de chacune de ses femmes fait partie de ses ressources. Arborer fièrement ses racines et s’y sentir profondément ancrée représente une par-tie importante d’elle-même, en regard des nom-

breux aspects d’un monde axé sur la globalisation, dans lequel les spécificités de chaque culture peu-vent se noyer dans la masse.

Pour ne pas tomber dans le conformisme ou s’iden-tifier à des prototypes, le secret consiste à préser-ver cette part de notre propre identité, en tant que femme, créée comme unique et originale. Pour res-ter soi-même, il convient de se donner les moyens que personne ne nous vole notre identité. La diversité manifestée ce matin a fait vibrer le hall du Palais des Congrès d’une ambiance envelop-pante, joyeuse et chaleureuse.

Traduction CJ

Le switzertütsch, langue universelle d’un soir

Quand les Népalaises goûtent la fondue

Nos racines nourrissent

notre identité,

laquelle est l’une de nos

ressources

Page 10: Reflet du Conseil Mondial UCF 2011

Le Conseil Mondial est non seulement une rencontre internationale, mais aussi l’autorité législative et l’organe délibérant des UCF mon-diales. Les derniers jours du Conseil sont donc réservés aux déléguées des différents pays afin qu’elles élisent les membres du Co-mité exécutif mondial et définissent les lignes directrices pour les quatre prochaines années.

Durant les journées où s’est déroulé le Conseil mondial proprement dit, un nouveau comité a été élu, dont deux femmes occupant des postes stra-

tégiques : la nouvelle présidente mondiale se nomme Deborah Thomas, elle vient de Trinidad & Tobago, dans les îles Caraïbes. Quant à la cais-sière, Carolyn Flowers, elle est américaine.

Deux nouvelles associations UCF ont été élues comme membres de l’Alliance mondiale : Haïti et les îles US Virgin. Elles ont été reçues avec les acclamations de toute l’assemblée.

Enfin, Marlies Petrig, présidente du comité d’orga-nisation a reçu un magnifique présent des UCF de Thaïlande, où aura lieu le Conseil Mondial 2015.

Réunion ordinaire du Conseil Mondial

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Les nouvelles élues

Une partie statutaire bien orchestrée Les jeunes femmes du pré-concile : un bel enthousiasme

Louange du 15 juillet - Morceaux de paix du Liberia

De jour en jour, les moments de louange voient augmenter les membres du chœur et les déléguées volontaires pour lire ou apporter leur témoignage : la preuve que les deux animatrices et théologien-nes qui en sont responsables ont su créer un espa-ce suffisamment sécurisant pour que les participan-tes puissent se l´approprier.

L´émotion était particulièrement vive ce jour au mo-ment de l´intervention de la présidente des UCF du Liberia. D´une voix à la fois forte et empreinte d´une émotion juste contenue, elle raconte la guer-re survenue il y a quelques années dans son pays : « nous nous sommes détruits les uns les autres car nous ne savions pas qui nous étions ». Les femmes ont du pouvoir, et nous avons la capacité de faire la différence. Son histoire commence à l´âge de dix ans, quand elle a été promise à son futur mari, c´était en 1970, selon le souhait de ses parents. Après 11 ans de mariage, en 1995, il a été tué durant le conflit, sim-plement parce qu´il était soldat. En étant mariée à un soldat, dans son pays, une femme doit s´attendre à devenir veuve. Arrêté par les rebelles qui sont venus l´enlever à la maison, il a disparu sans qu´elle ne puisse jamais le revoir ».

D´une manière extrêmement touchante, elle expli-que ensuite comment elle a su transformer ces cir-constances dramatiques en une opportunité de de-venir un modèle pour les femmes du Liberia. Une capacité de résilience hors du commun. Se référant à la parole du Christ « prends ta croix et suis-moi », elle estime que la mort de son mari re-présente la croix dont elle est chargée. Une croix

qui symbolise aussi le réconfort, l´encouragement. Sa voix tremble quand elle dit combien il est diffici-le, impossible, d´oublier. « C´est facile de pardon-ner, mais c´est difficile d´oublier. J´ai été une femme bénie, car j´avais un mari qui prenait soin de moi ».

Et les yeux de toutes les femmes présentes s´embuent quand elle raconte, en montrant une petite croix de métal ancrée sur un socle rond : « c´est avec une balle telle que celle-ci que mon mari a été tué ». Chacune comprend alors que cet-te croix, solidement dressée, est en fait sculptée dans une balle.

« Cette balle est un morceau de paix. Nous pou-vons l´utiliser pour créer des espaces de paix dans notre entourage, dans notre travail, partout où nous sommes engagées. Quand vous regarderez cette croix, engagez-vous pour multiplier les espaces de paix dans le monde, car chaque jour, des enfants, des femmes et des hommes sont massacrés ».

Le chant intitulé « don´t be afraid – n´aies pas peur » a résonné avec une intensité et une profon-deur particulière, et les prières qui ont suivi, expri-mées alors que toutes les participantes se tenaient par la main, venaient du plus profond du cœur de chacune. Sûr qu´aucune des femmes présentes à ce moment n´oubliera ce moment. Personnelle-ment, il m´a profondément touchée.

Catherine

Page 11: Reflet du Conseil Mondial UCF 2011

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Haïti, quand beauté rime avec amitié, force et efficacité

Haïti, nouvelle association membre de l’Alliance

mondiale UCF

Quelle leçon de courage et de détermination que de rencontrer cette jeune délégation reçue comme nouvelle association membre des UCF mondiales lors de la première session de travail du Conseil mondial 2011. Dans un pays parmi les plus pauvres de la planète et secoué par l’un des séismes les plus dévastateurs, un réseau d’amies à amies a permis de constituer une équipe d’une dizaine de jeunes femmes dynamiques : les premiers contacts avec l’Alliance mondiale ont eu lieu en 2007. Suite au Conseil mondial de Nairobi et avec le soutien des outils de management et de recherche de fonds de l’Alliance mondiale UCF, elles ont bâti les fondements de l’association haïtienne, en travaillant d’entrée en réseau avec d’autres instances, dont la Coalition haïtienne pour les femmes séropositives, dont elles sont devenues membres fondatrices. Leur intégration dans le réseau a été d’autant plus facilitée qu’elles ont fait profiter les autres associa-tions des outils proposés par le mouvement mon-dial.

Celles qui ont ainsi pris du pouvoir, ce sont Tama-ra, Nathalie, Judith, Geneviève, Sandra et Melissa, qui réunissent ensemble des compétences dans les domaines du droit, de l’économie, du management, de la psychologie et de l’éducation, entre autres. Toutes formées à un niveau supérieur, elles ont d’entrée visé haut dans le processus de reconnais-sance de leur association. Basée à Pétion-Ville, l’un des quartiers de la capita-le Port-au-Prince, heureusement non touché par le séisme, l’association a créé un foyer pour accueillir des enfants et des jeunes défavorisés et laissés pour compte suite à la catastrophe. Pendant six mois environ, plusieurs fois par semaine, les res-ponsables les ont accueillis pour un repas chaud, des activités de loisirs, un soutien psycho-social et des ateliers sur l’estime de soi, la gestion du stress et la résolution des conflits.

Par la suite l’activité de l’association s’est orientée sur les jeunes femmes, réparties en deux groupes : les jeunes filles et adolescentes de 8 à 15 ans, et

les jeunes femmes de 18 à 30 ans pour des ateliers de leadership. En collaboration avec une autre as-sociation, des ateliers ont été organisés sur huit rencontres, réunissant à chaque fois entre 25 et 40 jeunes femmes. Par la suite, elles ont développé encore d’autres activités, dont des cours pour les adolescentes de 10 à 15 ans sur des thèmes tels que la puberté et la sexualité, les droits humains et civiques, la drogue et l’alcool ; par ailleurs, elles proposent également des ateliers d’anglais, de pho-to, d’expression des sentiments et d’art-thérapie.

Pour financer leur mouvement, elles s’efforcent de se positionner en tant qu’expertes vis-à-vis d’autres associations et de proposer des formations factu-rées ensuite au profit des UCF. Leur projet est de monter une auberge, qui constituerait également une source de revenus. Récemment, elles ont fait appel à un certain nom-bre de femmes influentes de leur société, pour sou-tenir la croissance de l’association. Une quarantai-ne de nouvelles membres ont ainsi rejoint les rangs, qui travailleront dans diverses commissions : pédagogie, communication, recherche de fonds et gestion de projets.

Leurs motivations ? Pour Geneviève, c’est le senti-ment de responsabilité à soutenir sa communauté, de par le privilège d’avoir eu accès à des forma-tions que d’autres ne peuvent suivre. Pour Nathalie, c’est la satisfaction et la fierté de pouvoir s’engager, et l’urgence des besoins, le revers de la médaille étant le sentiment d’impuissance. Pour Tamara, c’est le fait d’entendre les récits des succès obte-nus par ses collègues qui la stimule. Quant à Ju-dith, c’est la reconnaissance des enfants dont elle s’occupe : par exemple celle de ce garçon qui à dix ans, remercie Dieu d’avoir pu écrire la première lettre de son prénom, lui qui n’est encore jamais allé à l’école.

En conclusion, un engagement fort, par de belles jeunes femmes qui ensemble font changer leur monde. Assurément une leçon d’audace pour notre mouvement en Suisse.

Catherine

La jeune délégation haïtienne

En costume traditionnel

Une leçon de courage

et de détermination

par l’une des deux

plus jeunes associations

UCF

de l’Alliance Mondiale

Page 12: Reflet du Conseil Mondial UCF 2011

Créer un monde plus sûr – Une réflexion théo-logique et féministe – Marie-Josèphe Glardon

C’est l’histoire d’un pêcheur qui découvre sous un banc de sable une coquille, qui une fois ouverte, laisse paraître une perle : discrète et tout à la fois étincelante. Une perle qui a le pouvoir de faire changer le monde.

Tel pourrait être le résumé de cet atelier, assuré-ment un moment marquant, tant par son contenu que par le petit groupe si diversifié et riche qui l’a suivi. Il fallait être persévérante pour trouver le lieu où Marie-Josèphe Glardon, une femme ro-mande, théologienne féministe et militante de lon-gue date, nous attendait. Etant l’une des premiè-res femmes pasteures du canton de Vaud, il lui a fallu jouer des coudes pour faire sa place. De la France à l’Australie, en passant par le Congo, la quinzaine de participantes qui ont créé des liens grâce à elle ont été captivées par cette approche novatrice de certains textes bibliques. Riches ont été les apports et les questionnements de chacu-ne, au travers des brefs moments d’échanges sur les points mis en discussion.

Sans en avoir l’air, Marie-Josèphe Glardon a invité les participantes à une potentielle révo-lution de par son regard original sur la fémini-té contenue dans certains textes, si souvent pas-sée sous silence où interprétée à d’autres fins. Ci-dessous, quelques points forts, à titre de graines susceptibles de faire germer une authentique ré-volution théologique.

Pour elle, il est important que les femmes s’empa-rent de la partie vivante contenue dans les textes sacrés, quand bien même ceux-ci comprennent également une part de violence : la religion est fragile et capable du meilleur et du pire, mais sur-tout libératrice. Plusieurs femmes présentes ont relevé la manière dont la religion est parfois utili-sée pour justifier les violences subies. Pour Marie-Josèphe Glardon, il s’agit avant tout d’une ques-tion de regard à porter sur le contenu des textes bibliques.

Par exemple, le personnage de Marie : sacralisée comme chez les catholiques, ou effacée comme chez les protestants, elle ne permet plus aux fem-mes de s’y identifier comme modèle, et représen-tante de la communauté humaine. Le réformateur Luther cependant, l’a mise en évidence comme icône féminine : c’est notre soeur. Marie-Josèphe Glardon qualifie le cantique de Marie de révolu-tionnaire, symbole du grand renversement que Dieu propose aux humains, le tout proclamé par une femme, de surcroît de condition modeste. Une vraie charte à emporter avec nous, source d’inspiration et de revendication dans la lutte pour faire reconnaître les droits des femmes.

Autre point important, le langage, les mots : elle prône un langage inclusif pour lutter contre toutes les formes de discrimination instrumentali-sées par les différentes religions du globe. Pour

elle, il importe que les femmes osent inventer un monde sûr, à la suite de Marie et du Magnificat : une théologie célébrante, adorante, non violente. Avec la conviction que Dieu renversera l’ordre établi. Autres exemples, les chants de Myriam et Deborah, deux femmes citées dans l’Ancien Tes-tament.

Quelques réflexions encore, autour de certaines traductions habituelles de mots hébreux : le péché signifie en fait, ne pas viser juste, ou rater ; soit ne pas réussir sa vie, ni le projet de Dieu. Le terme de conversion, ou repentance, signifie aussi chan-gement de mentalité : un changement fondamen-tal, pour un monde plus sùr, et qui passe par tout l’être humain. Se référant à Paul, elle relève que « tout est à nous, nous à Christ, et Christ à Dieu », dans l’idée que nous sommes directement reliées au divin. Dans ce reliement, elle prône l’importance de trouver un « empowerment » divin, spirituel, créé en nous par l’Esprit.

Selon elle, il convient de « décrypter » les tex-tes bibliques et d’en « déconfisquer » les my-thes et les messages, ceci pour lutter contre les groupes qui s’emparent de ce qu’ils affirment être « LA » vérité. Le but étant de discerner le plus honnêtement possible ce qui nous permet d’ètre dans la compassion de Dieu. Un Dieu à la fois père et mère. A noter que le mot traduit habituellement par mi-séricorde, ou compassion, signifie aussi « utérus ». Ceci pour montrer comment repérer des images féminines permettant d’accéder à cet-te dimension. Elle relève également que le terme hébreux signifiant la beauté est féminin, de même que d’autres mots. Elle cite également l’ouvrage de Ch. Bobin, ayant pour titre un « Dieu très bas », soit qui se met à notre portée. Et l’attitude fondamentalement positive envers les femmes de Jésus, qui a le premier mis fin au sexisme, une façon de donner aux femmes une nouvelle identité.

Stimulées par la lecture du cantique de Marie, les participantes sont reparties avec l’invitation à se réapproprier le texte à leur façon, avec leurs pro-pres mots, pour le mettre ensuite en oeuvre. En résumé, un atelier au potentiel inouï et à dévelop-per, un chantier ouvert d’ici au prochain Conseil Mondial. Une perle à garder précieusement à por-tée de main, une source d’inspiration et de res-sourcement.

CJ

Graine de révolution en toute discrétion - 15 juillet

12

Marie-Josèphe Glardon

Sa pensée se retrouve dans son ouvrage, à découvrir

Il nous appartient en tant

que femmes d’oser

mettre nos mots

et de mettre en vie

La Parole

A nous de

créer de nouveaux

cantiques de Marie

Page 13: Reflet du Conseil Mondial UCF 2011

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L’union fait la force … des bénévoles

Du 9 au 17 juillet, soit neuf jours durant, plus de 200 bénévoles engagés - les « Volunteers » - ont veillé à ce que 1000 femmes de plus de 100 pays se sentent comme chez elles à Zürich. Ils les ont accompagnées de l’aéroport à leurs hôtels ou « bed and breakfast » et guidées dans les bons trams. Ils ont contribué à la bonne organisation des réunions qui se sont déroulées tant au Palais des Congrès qu’au secrétariat central des UCS (Unions Chrétiennes Suisses), au Glockenhof à Zürich.

Ils ont également assumé diverses responsabilités dans la gestion du café Internet, des premiers se-cours, de l’exposition „KaleYdoscope“, de l’Info-desk, du Bistro UCS au Lindenhof, entre autres. Hormis un poste à 80 %, l’intégralité du travail du comité d’organisation des UCS, association hôte et pays organisateur, a reposé sur le bénévolat.

L’engagement des volontaires a été si exemplaire que leurs t-shirts rouge portant le slogan « helping hands » sont rapidement devenus un emblème de sympathie et de présence attentionnée. Le recours à des bénévoles a nécessité un long processus de préparation.

En juillet 2009, Kathrin Vogler et Fränzi Dürst, res-ponsables de ce domaine, ont commencé à les re-cruter. Une séance d’information a eu lieu un mois avant le Conseil mondial UCF. Si la collaboration avec les bénévoles a pu s’effectuer dans une totale confiance, c’est parce que la plupart d’entre eux avaient déjà eu l’occasion d’assumer des responsa-bilités au sein d’un groupe unioniste ou d’une autre organisation de jeunesse. 28% des « Volunteers » avaient entre 16 et 25 ans.

Kathrin Vogler, co-responsable des bénévoles

200 bénévoles ont

permis la réalisation du

Conseil Mondial :

avec une large

participation des

UCF Vaudoises !

Un grand moment : les bénévoles remerciés par Ruth Dreifuss

Une romande pour répondre aux questions du monde entier !

Irène, quelques mots à ton propos ? Engagée actuellement à l’EPER, j’ai toujours été intéressée par la découverte d’autres cultures. J’ai eu la chance de voyager et de faire plusieurs mé-tiers. Après quelques années dans l’équipe d’Hory-zon, j’ai pu vivre un an en Colombie comme volon-taire avec PBI (Peace Brigades International), je me sens riche de toutes ces expériences. Ta motivation à t’engager comme bénévole? Ayant eu la chance de participer à un précédent Conseil mondial, je sais l’importance d’une telle rencontre : j’y ai reçu beaucoup, et c’est pour moi une manière de rendre la pareille, d’exprimer ma reconnaissance. M’engager comme bénévole, c’est permettre à mon tour à d’autres d’avoir la chance de vivre un tel événement. Même si c’était un peu frustrant d’être là sans pouvoir participer aux ses-sions. En même temps, j’ai reçu aussi beaucoup. Quel a été ton rôle durant cette semaine ? Le comité de préparation m’a confié la tâche de responsable de « l’info desk », un endroit stratégi-que où toutes les participantes venaient chercher des informations de toutes sortes. J’ai eu la chance de mener une équipe de bénévoles hors pair, qui se montre très disponible, souriante, et avec beau-coup de compétences et de souplesse. Les requê-tes qui nous ont été adressées étaient parfois sur-prenantes, souvent complexes, et nous devions faire preuve de notre plus grande créativité. Des moments forts vécus à « l’info Desk » ? Ce sont les rencontres, il y a en a eu beaucoup : par exemple, cette femme arménienne qui pour nous témoigner sa reconnaissance, nous a offert un dessin de son cru. Certaines venaient avec une question précise, d’autres avec des demandes concernant le déroulement du programme ; d’au-tres encore venaient vers nous juste pour être là, pour trouver un endroit sûr. Certains échanges met-taient bien en évidence les différences de culture : par exemple cette femme qui a éclaté de rire quand

je lui ai dit qu’elle pouvait remplir sa bouteille d’eau au robinet des toilettes, ce qui lui paraissait impen-sable (elle cherchait où acheter de l’eau potable). Ou cette autre qui se montrait tellement surprise que nous n’ayons pas de marché aux puces en plein air, comme il en existe dans d’autres pays. Ou encore celle qui trouvait compliqué d’aller faire re-charger sa carte de téléphone, car dans son pays, elle n’a qu’à sortir de chez elle pour se faire propo-ser ce service à toute heure du jour et de la nuit. Ton bilan de cette semaine ? J’aime bien rendre service, faciliter la tâche des autres. J’aime être au milieu de la ruche, à organi-ser, planifier. Je m’amuse, il y a de la joie. Et la re-connaissance des femmes pour lesquelles nous avons pu résoudre un problème est magnifique, nous recevons même de petits cadeaux, tant elles se sont senties soulagées d’être aidées. Parfois, ce sont aussi les clins d’œil échangés, suite à des échanges fructueux. C’est palpitant de sentir le monde entier autour de soi. Ton avis sur le mouvement avant de venir à ce Conseil mondial ? Ce mouvement est magnifique : à 25 ans, on m’a donné ma chance, j’ai eu des responsabilités, j’ai senti qu’on me faisait confiance. J’ai pu créer des liens avec des gens d’autres pays. Ce qui me tou-che, c’est la pensée que pour beaucoup, c’est leur seule ouverture sur le monde : une possibilité de lancer des projets de vie. C’est aussi important qu’au niveau mondial du mouvement, il y ait cet objectif d’offrir au moins 30 % des places à respon-sabilité aux jeunes femmes, c’est un formidable tremplin pour leur existence. Cela donne au-jourd’hui une autre dimension à la mienne.

Propos recueillis par C.Jobin

Portrait d’Irène Collaud, responsable de « l’info desk » pendant le Conseil mondial UCF

Avec son équipe, en pleine action

Page 14: Reflet du Conseil Mondial UCF 2011

Susanne Gross, bénévole « reporter », s’est pro-menée parmi les participantes, pour recueillir ce qu’elles avaient à relever comme points forts ou à améliorer. Le palmarès de leurs commentaires se présente ainsi comme suit :

Presque toutes les femmes présentes relèvent en premier le côté incroyable et fantastique de pou-voir vivre et ressentir la présence d’autant de fem-mes du monde entier réunies en un seul endroit : et le fait de se sentir soutenues dans leur propre engagement. Que d’énergie emmagasinée pour leur travail une fois de retour chez elles ! Oui, quelle force cela procure de savoir que beaucoup d’autres mènent les mêmes combats, et combien il est important de ne pas se sentir seule.

Les femmes les plus jeunes ont été impression-nées par les ateliers, où elles ont pu avoir des échanges avec d’autres jeunes femmes et ainsi glaner des idées et des outils pour leur propre travail. Elles étaient nombreuses à avoir quitté leur pays pour la première fois. L’exposé de Mary Robinson les a particulièrement marquées, sur-tout la remise du « Mary Robinson Award », au travers de laquelle le travail des femmes est enfin valorisé.

Ces données émanent de femmes d’Ouganda et d’Islande, d’Ukraine et de Malaisie, du Nigeria et des Iles Fidji.

Ce qui a le moins plu, c’est le fait de ne pas avoir assez de temps pour le réseautage. Bien des conversations sont restées inachevées, en raison d’un programme qualifié de trop ambitieux. Quel-ques femmes ont trouvé les sessions trop courtes, regrettant que les discussions n’aillent pas davan-tage en profondeur. De plus, beaucoup ont dû lutter contre la fatigue et les effets du décalage horaire ; d’autres encore ont souffert d’oedèmes aux pieds, leur donnant l’occasion de rendre visite au service sanitaire, auquel toutes sont reconnais-santes des soins reçus.

Toutes les femmes que Susanne a rencontrées ont sans exception adressé des compliments élo-gieux à l’égard des bénévoles, qualifiés de cha-leureux, sympathiques et incroyablement disponi-bles et efficaces. Les participantes ont vivement apprécié tous les services qui leur étaient offerts.

A titre personnel, Susanne a été émerveillée par le défilé de toutes les nations : tant de sourires, de photographies prises de part et d’autre, et ces ma-gnifiques costumes. Avec la pensée que la solida-rité et le vif intérêt entre les femmes peut réelle-ment faire avancer le monde.

Traduction CJobin

Mille et un regards - quelques reflets

14

Le plus fort de tout ce qui

a pu être vécu à ce

Conseil Mondial :

pouvoir vivre et ressentir

la présence d’autant

de femmes

du monde entier.

Un plein d’énergie

extraordinaire

Page 15: Reflet du Conseil Mondial UCF 2011

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« Volontaires » au Conseil Mondial UCF

Catherine, Roseline, Esther Janine, Sylviane, Irène, Lise-Laure et Paulette, nous avons toutes pris le risque de nous annoncer comme bénévoles au Conseil mondial, pour la semaine ou pour 2-3 jours. Prêtes à assumer diverses responsabilités (presse, informations, réponses aux nombreuses questions, accueil à l’aéroport, accompagnement en ville de Zurich et dans les environs, votations, élections, etc. etc.), quelle confiance nous a été offerte, à nous les « helping hands » en tee-shirt rouge.

Eh bien pour nous ce fut un réel cadeau et un im-mense bonheur. Retrouver tant de visages connus et découvrir toute cette jeunesse alémanique qui s’est engagée depuis plusieurs mois avec dynamis-me, compétence, gentillesse, disponibilité, sérieux. m’a convaincue de la force de notre mouvement. Oser – écouter – organiser et vivre les imprévus – partager – découvrir – chanter – parler anglais, alle-

mand, espagnol – saluer les amies des diverses délégations francophones – vivre la joie partagée à l’annonce des femmes élues au Conseil exécutif mondial UCF – participer à un atelier avec la secré-taire mondiale - accepter les petits cadeaux prépa-rés par les délégations, c’est vraiment une expé-rience stimulante inestimable et qui va nous habiter longtemps.

Notre présent en tant qu’UCF Vaudoises a été d’offrir les stylos que les participantes ont reçus dans leurs fameux sacs rouges, devenus célèbres dans les rues de Zürich.

MERCI du fond du cœur au « CEVI » d’avoir osé relever cet immense défi d’accueillir en Suisse un Conseil mondial UCF.

Au nom des volontaires présentes à Zürich

Visite au Bureau mondial à Genève - dimanche 17 juillet

Les UCF vaudoises ont lancé une invitation aux déléguées francophones du Conseil mondial UCF pour aller visiter Genève, mais …….

Après d’innombrables courriels, téléphones, et changements, ce sont finalement 9 déléguées an-glophones qui sont venues avec nous pour cette journée : 5 femmes de Hong-Kong, 2 de Malaisie, 1 de Thaïlande et 1 du Japon, ainsi qu’Alpha et son amie Béatrice, Congolaises d’origine, et membres des UCF vaudoises.

Le Conseil Mondial terminé, samedi soir tard, cinq déléguées sont arrivées de Zurich avec Esther Ja-nine pour dormir chez Lise-Laure. Trois autres, voyageant avec Paulette ont dormi à Yverdon-les-Bains. La jeune Japonaise nous a rejointes directe-ment à Genève.

Dimanche matin, malgré une forte pluie, qui devint diluvienne dès notre arrivée à Genève, le groupe partit dans la joie, sous la conduite de Jacqueline Bursik, pour découvrir tout d’abord le Conseil œcu-ménique des Eglises, puis le Bureau mondial UCF. Que de photos, de sourires, de temps de partage et d’échanges, de chants, de questions en découvrant le siège de l’Alliance mondiale YWCA. Un lieu bien petit pour gérer la plus grande association féminine mondiale : une vingtaine de bureaux répartis sur trois étages, dans une ancienne maison familiale.

Après un bref passage par la Place des Nations, nous nous sommes embarquées sur une « mouette » pour traverser la rade et arriver dé-trempées au restaurant « L’Amiral ». Nous avons eu l’immense plaisir d’être saluées par Mme Luce-Léa Tomisama-Borel, Présidente suisse des villas Yoyo, ainsi que par son époux. Ils nous ont offert les cafés. Les UCJG de Genève ont déposé pour nous des prospectus et nous ont offert les bois-sons. Chacune a pu choisir et déguster son repas,

offert par le CC des UCF vaudoises, et pour termi-ner, nous avons applaudi une tourte maison offerte par le patron de l’Amiral !

Vers 15h30, la pluie étant toujours au rendez-vous, nous avons décidé de retourner à la gare en bus tout en admirant au passage l’horloge fleurie. Notre guide du jour nous a dit que nous avions parcouru 5 km à pied ce jour-là. Nous nous sommes sépa-rées, chacune ayant son programme : retour à la maison, à Zurich, au Hasliberg, découverte d’une autre région de Suisse en train ………

Un souvenir différent, mouillé, mais avec du soleil dans les yeux et les cœurs.

Grâce à vos dons « Conseil mondial UCF 2011 » s’élevant à Fr. 2070.-, les UCF Vaudoises ont pu offrir des stylos aux couleurs suisses à toutes les déléguées et organiser cette visite à Genève. Merci.

Lise-Laure, Mily, Esther Janine et Paulette

Bureau de l’Alliance mondiale à Genève

Une visite qui a été

rendue possible grâce

aux dons des femmes

membres des UCF

Vaudoises

Grand MERCI !

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Le défi d’accueillir mille hôtes Le World YWCA Council a eu lieu à Zürich. A nos organisations partenaires, aux conseils de paroisses et au Conseil synodal, aux associations féminines, ainsi qu’au comité de soutien. Que les Unions Chrétiennes Suisses (UCS) aient pu recevoir le Conseil mondial UCF à Zürich représente une op-portunité exceptionnelle pour notre organisation de jeunesse. L’un des objectifs les plus importants était que les jeunes femmes et hommes engagés ou liés au mouvement puissent en percevoir la dimension internationale. Je pense que nous y sommes doublement parvenus. D’une part, les bénévoles ont pu découvrir quels sont les thèmes les plus importants pour les UCF au niveau mondial. Et d’autre part, ils ont donné l’impression d’accueillir nos hôtes internationales avec respect et non jugement. L’une des jeunes bénévoles a même poussé son enga-gement jusqu’à en faire l’objet de son travail de maturité, intitulé : « Sà wàt dii kha, Hello, Jambo, Grüezi, Hola ? Ein internationales Begrüssungskonzept » (un concept de salutation international). L’engagement des volontaires a été si exemplaire que leurs t-shirts rouge portant le slogan « helping hands » sont rapidement devenus un emblème de sympathie et de présence attentionnée. J’ai le sentiment que nous avons réussi à susciter d’une part de l’admiration par rapport à l’engagement de nos volontaires, et d’autre part, à manifester aux participantes du World YWCA Council une hospitalité authentique et bienveillante. L’écho dans les médias a rencontré également un certain succès. DRS 1 et DRS 2 nous ont accordé à trois repri-ses un temps de parole ; dans le journal Tagesanzeiger, j’ai été interviewée en tant que présidente du Steering comité pour la rubrique « portrait de la semaine » ; dans les médias des églises (tels que Protestinfo, Leben und Glauben, Lifechannel, kipa, Aufbruch, Neue Wege), nous avons également pu évoquer le Conseil mondial UCF ou pourrons encore le faire ultérieurement. Les membres du Comité de soutien, des églises, des organisations féminines et également de notre association d’entraide Horyzon, nous ont manifesté un grand intérêt. Nous vous en sommes très reconnaissants. Avec nos sincères salutations. Marlies Petrig, présidente du Steering Komitee World YWCA Council