Référentiel et plasticité deux pistes conceptuelles pouvant relier sciences dures et sciences...

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Référentiel et plasticité deux pistes conceptuelles pouvant relier sciences dures et sciences sociales AEIS 29/11/2011 Gilles Cohen-Tannoudji www.gicotan.fr

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Référentiel et plasticitédeux pistes conceptuelles pouvant relier sciences dures

et sciences sociales

AEIS 29/11/2011

Gilles Cohen-Tannoudji

www.gicotan.fr

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• Réalité ou horizon de réalité?– « Rien ne nous autorise à penser que

notre connaissance, même à ses dernières frontières, soit davantage qu’un horizon de connaissance; que les dernières ‘réalités’ que nous ayons conçues soit davantage qu’un horizon de réalité. »

– « La véritable difficulté tient à ce que la physique est une sorte de métaphysique: la physique décrit la ‘réalité’. Or nous ne savons pas ce que c’est la ‘réalité’, nous ne la connaissons qu’à travers la description qu’en donne la physique. »

F. Gonseth La géopmétrie et le problème de l’espace

Lettre d’Einstein à Schrödinger écrite juste après la parution de l’article EPR, citée par Thibaud Damour dans séminaire Henri Poincaré du 9 avril 2005

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• Horizon naturel de connaissance et monde propre– « D’après la conception dialectique dont il est ici question,

on ne commence jamais dans l’achevé. (…) En fait, la connaissance scientifique commence par les expériences et s’ancre dans les évidences notre horizon naturel de réalité. »

– « À première vue, les deux parties de l’expression ‘le monde propre’ (seine Eigenweld) ne s’accordent guère: la première met l’accent sur la réalité extérieure, sur la réalité du monde naturel; la seconde évoque au contraire l’idée que la forme sous laquelle l’homme conçoit le monde n’est que la transcription de la structure même de ses facultés de connaître: la première partie est réaliste, la seconde idéaliste. C’est d’ailleurs aussi le cas de l’expression ‘horizon de réalité’ dont la première partie relativise et subjectivise la seconde. (…) L’idée de l’horizon de réalité est médiatrice entre celles de l’autonomie de l’esprit et de la prédétermination inconditionnelle de la réalité du monde. »

Ferdinand Gonseth, Remarque sur l’idée de complémentarité dans le numéro de la revue Dialectica consacré en 1948 à l’idée de complémentarité

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– « En un mot, pour toute investigation expérimentale qui voudra dépasser notre monde propre, celui-ci jouera le rôle de l’horizon A. C’est par les traces qui viendront s’inscrire dans cet horizon que toute réalité plus fine ou plus profonde nous sera manifestée. (…) [Mais] s’il est vrai que l’expérimentation finit toujours par avoir notre monde propre pour siège, le travail théorique semble avoir constamment eu l’édification d’un nouvel horizon de réalité pour but. »

Ferdinand Gonseth, Remarque sur l’idée de complémentarité dans le numéro de la revue Dialectica consacré en 1948 à l’idée de complémentarité

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« La constitution du schéma est le moyen par lequel la réalité qu'il saisit prend pour nous sa structure. Schéma et signification extérieure ne sont alors séparables que par le jeu de deux intentions opposées : celle de nous affirmer en face des choses et celle d'affirmer les choses en face de nous. »

Le schéma

« Subjectif ou objectif, selon la façon dont on le regarde, le référentiel apparaît lui-même comme un horizon [noter ici l’usage qu’il fait du terme horizon] de nature intermédiaire. Les ‘réalités’ de cet horizon sont à la fois formes pour le sujet de ce qui a pour lui valeur de significations extérieures, et actualisations extérieures de ce qui, venant de lui, s’impose comme conditions obligées de son appartenance au monde.

Cette double nature du référentiel en fait un passage obligé. Que le sujet laisse le monde venir à lui par le truchement de certains flux informationnels, ou qu’il se porte vers le monde pour s’y insérer et pour y faire valoir son projet d’exister, c’est toujours sur un référentiel que se fait la rencontre de ce qu’il est, de ce qui lui est propre, avec ce qu’il n’est pas, avec ce qui lui est étranger. »

Le référentiel

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Horizon profond n-2 Horizon apparent n-1 Palier n

Horizon profond n-1 Horizon apparent n Palier n+1

Horizon profond n Horizon apparent n+1 Palier n+2

Consolidation

Évolution

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Dominique Lambert:des mathématiques de la plasticité à la

plasticité des mathématiques

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« Premièrement, un système plastique est tout d’abord celui qui, au sein d’un environnement fixé, peut se déformer sans perdre sa propre cohérence. L’idée de « cohérence déformable » est bien rendue, ainsi que nous venons de le voir, par celle d’un système décrit par un paysage, énergétique ou adaptatif, multistationnaire. En effet, le passage d’un état stationnaire à l’autre théorise précisément cette possibilité de déformation. En outre, la forme globale du paysage (en entonnoir comme pour les protéines, ou chaotique,…) fixe les propriétés spécifiques du processus de déformation et indique les limites entre lesquelles les configurations du système peuvent évoluer. Robustesse (la forme du paysage caractérise le système, lequel ne change pas) et déformabilité (transition d’un état stationnaire à un autre) sont donc naturellement encodées dans le concept de paysage et répond au premier critère de plasticité. »

La plasticitéDominique Lambert et René Rezsöhazy Comment les pattes viennent au serpent

– Essai sur l’étonnante plasticité

du vivant –Flammarion p.319

« La plasticité, rappelons-le, doit être envisagée comme cette propriété des systèmes susceptibles de se déformer de manière cohérente et autonome pour répondre à des sollicitations internes ou externes. La plasticité caractérise une tension dynamique entre robustesse et vulnérabilité, entre rigidité et malléabilité, entre invariance et transformation et, finalement, en des termes plus larges, entre invariance et historicité. »

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« Deuxièmement, de manière plus large, la plasticité se caractérise également par la capacité d’un système, déformable et robuste, à s’adapter à une évolution de l’environnement en changeant plus ou moins profondément ses caractéristiques et structures constitutives. L’idée d’une transformation progressive et cohérente du paysage adaptatif ou énergétique, changeant le nombre et la stabilité des états stationnaires, est une bonne image du second critère de plasticité : compatibilité du système robuste et déformable avec une dynamique évolutive qui en modifie les caractéristiques internes. »

« Ce que nous cherchons à traduire, en évoquant la plasticité, ce n’est donc pas seulement l’idée qu’un système pourrait subir des changements cohérents d’états, en suivant ses règles propres de fonctionnement ; l’exemple typique est la déformation plastique des matériaux en génie civil, ou le changement de conformation d’une protéine. Ce que nous visons au travers d’un concept très général de plasticité, c’est en outre l’idée d’une transformation cohérente du système lui-même. Ici l’exemple paradigmatique est le réseau de neurones avec son réseau de connexions synaptiques qui se façonne au gré des apprentissages et dont les poids se modifient au cours de l’histoire, dans une confrontation aux changements d’environnements. »

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Ainsi compris, le concept de plasticité, n’offre-t-il pas une clé pour aborder le problème central des sciences sociales, tel que je le comprends, celui de la co-adaptation et de la co-évolution au sein d’une société donnée, des référentiels individuels et du référentiel collectif?

Plus généralement, grâce à la plasticité de l’idée de dialectique, la dialectique de la plasticité n’offre-t-elle pas un thème unificateur à la philosophie de l’ensemble des sciences, aussi bien celles de la nature, que celles de l’homme et de la société?