rc Petit Français illustré

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i rc année. 27. 10 centimes 31 août 1889. LE Petit Français illustré JOURNAL DES ÉCOLIERS ET DES ÉCOLIÈRES L'ABONNEMENT UN AN, SIX FRANCS Armand COLIN & C ie , éditeurs ÉTRANGER : ?fr. PARAIT CHAQUE SAMEDI Part du 1er de chaque mois. 5, rue de Méziéres, Paris Tous droits réservés. Les joueurs d'aukloung, au Kamnciug javanais do l'Esplanade des Invalides. Celui qui a dit, un jour, que la musique était le plus désagréable de tous les bruits avait sans doute pressenti les joueurs à'ankloung qu'on entend au Kampong (village) javanais de l'Espla- nade des Invalides. Vankloung est un instru- ment bizarre, composé de tuyaux de bambou de différentes grosseurs, qui rendent un son quand on les entre-choque. Il paraît que, dans le pays, c'est la musique qui accompagne les noces campagnardes. Chaque instrument fait un accord complet qui se répète indéfiniment, c'est-à-dire avec une monotonie désespérante. Les musiciens sont petits, jaunes, chevelus, imberbes ; leurs cheveux, relevés sur la tête, sont retenus par un foulard noué en forme de turban; ajoutez à cela le sérieux impertur- bable qui est le propre des peuples de l'Ex- trême-Orient, et vous aurez la physionomie exacte de ces étranges musiciens, qui ont, du moins, le mérite de l'originalité.

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irc année. — N° 27. 10 centimes 31 août 1889.

LE

Petit Français illustré JOURNAL DES ÉCOLIERS ET DES ÉCOLIÈRES

L'ABONNEMENT • UN AN, SIX FRANCS Armand COLIN & Cie, éditeurs ÉTRANGER : ?fr. — PARAIT CHAQUE SAMEDI Part du 1er de chaque mois. 5, rue de Méziéres, Paris Tous droits réservés.

Les joueurs d'aukloung, au Kamnciug javanais do l'Esplanade des Invalides.

Celui qui a dit, un jour, que la musique était le plus désagréable de tous les bruits avait sans doute pressenti les joueurs à'ankloung qu'on entend au Kampong (village) javanais de l'Espla-nade des Invalides. Vankloung est un instru-ment bizarre, composé de tuyaux de bambou de différentes grosseurs, qui rendent un son quand on les entre-choque. Il paraît que, dans le pays, c'est la musique qui accompagne les noces campagnardes. Chaque instrument fait

un accord complet qui se répète indéfiniment, c'est-à-dire avec une monotonie désespérante. Les musiciens sont petits, jaunes, chevelus, imberbes ; leurs cheveux, relevés sur la tête, sont retenus par un foulard noué en forme de turban; ajoutez à cela le sérieux impertur-bable qui est le propre des peuples de l'Ex-trême-Orient, et vous aurez la physionomie exacte de ces étranges musiciens, qui ont, du moins, le mérite de l'originalité.

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326 LE PETIT FRANÇAIS ILLUSTRÉ

La teppe aux merles (suite)'.

Lorsque la jardinière apparut au détour du chemin vicinal croisé par la courte allée de pommiers qui menait au portail, les voyageurs avaient modifié leur installation : Philibert s'était assis sur le siège à côté de sa mère ; quant à Rosalie, on ne voyait plus ni sa gentille tête à cheveux châtains ébouriffés, ni sa robe grise à volants coquets, ni ses petits pieds sau-tillants qui s'étaient agités pendant le voyage à l'idée des bonnes courses à travers champs.

Où donc était la petite cousine ? Sans penser à elle, puisqu'elle ne comptaitpas

la voir, Reine se hâtait de dire à Madeleine Franchet, dès que celle-ci eut mis pied à terre :

— Maman, je sais ma fable... pas seulement les trente lignes que tu m'avais marquées : j'ai fait la bonne mesure, je la sais tout entière. J'ai pensé que ma pou-pée en serait plus belle.. Oh! montre-la moi tout de suite, veux-tu?...

— Mon enfant, je n'ai pas rapporté ta poupée. J'ai été tourmentée par un gros mal de tête, et je n'ai plus pensé à ce que je t'avais promis. Ce sera pour la prochaine fois que j'irai à Tour-nus.

La figure de Reine s'allongea, et elle sentit à ses yeux des picotements qui l'obligèrent à se les frotter du bout des doigts; c'était bien la peine d'avoir tant étudié toute la journée!

Mais en entendant son père sïnquiéter de ce mal de tête dont maman avait souffert, elle comprit que ce serait d'un mauvais cœur de se plaindre. Elle tâchait de passer tout doucement son chagrin, quand, tout à coup, elle fut étonnée de voir que, dans la jardinière, paniers à volailles, corbeilles à fruits et limousines2 s'agi-taient comme d'eux-mêmes et dispersaient h droite et à gauche le tas échafaudé qu'ils for-maient au milieu de la voiture.

Et Rosalie surgit tout à coup de cet amas de vanneries croulantes, un peu décoiffée, les joues d'un ton cerise, aussi vif que celui qui cherche à donner l'illusion de la vie au teint de porcelaine des poupées.

— Tante Madeleine n'a pas oublié sa promesse

à Reine! cria Rosalie, tout en faisant avec ses mains et ses bras des gestes raides à la fa'çon des pantins articulés ; mais il n'y avait à la foire que de méchants poupards à vingt-neuf sous, et elle ne les a pas trouvés assez jolis pour sa fille ; elle a préféré lui apporter une poupée perfectionnée, qui marche, et qui parle mieux que les autres... Voici la poupée à Reine!

Reine était d'abord restée stupéfaite ; à la fin de ce petit discours, débité si drôlement par la poupée improvisée, elle grimpa sur le mar-chepied de la voiture pour aller embrasser sa cousine. Celle-ci eut l'espièglerie de son rôle. Les bras collés au corps, elle reçut dans une immobilité parfaite les deux gros baisers de

Reine. — Hé bien ! dit celle-

ci, faut-il que je t'em-porte dans mes bras, si tu veux faire la poupée tout du long ? Ah ! que je t'aime mieux que ce que j'attendais, et com-me je vais remercier maman !

Alors, la soi-disantpou-pée se décida à se dérai-dir, et, dès qu'elle fut des-cendue de la voiture où elle commençait à s'en-gourdir, elle et sa cou-sine sautèrent de joie.

D'ailleurs, elle ne per-dit pas de temps à com-

menter la petite niche dont elle était si contente, etprenantpar la main Philibert etReine : — Mon-trez-moi donc votre maison... leur dit-elle. Ah ! voilà un escalier dont je me souviens ; j'ai grimpé ses marches à quatre pattes, et même je me suis fait une bosse au front un jour que j'ai dégringolé. N'y a-t-il pas aussi quelque part Un bonhomme de bois taillé dans uh mur ?

— Pas dans un mur, dit Philibert en con-duisant sa cousine vers la grange ; c'est là, sur ce gros poteau qui soutient le toit. Et ce bon-homme, comme tu l'appelles, avait le même nom que moi. C'était un Franchet à qui cela n'a pas porté bonheur de. quitter la Teppe aux merles ; il est mort bien loin d'ici.

— Et tu ne veux pas la quitter, toi, la Teppe aux merles ? lui demanda Rosalie.

' — Non, jamais, excepté comme a fait papa,, pour le service militaire, répondit Philibert.

La jardinière apparut au détour du chemin \icinal.

1. Voir le n°26 du Petit Français illustré, page 313. ] t. Sorte de manteau 4 ra'es en usage chez les campagnards.

LA TEPPE AUX MERLES

Rosalie regardait autour d'elle : de la grange voisine, une bonne odeur de foin s'exhalait. Sous les derniers rayons du soleil couchant, la grande cour était gaie, avec les pampres et le balcon de sa façade sur l'appui duquel un chat dormait. Les poules gloussaient dans la basse-cour, et les deux vaches, menées par Françoise, s'en allaient sagement boire à la mare, sur laquelle voguaient une douzaine de ca-nards. Les arbres du verger en-voyaient par-des-sus le mur des bran-ches chargées de fruits, et les deux vieux ormeaux plantés de chaque côté du portail ar-rondissaient leur voûte de feuillage sur un ciel d'un bleu fin, où na-geaient de petites bandes de vapeurs orangées.

— Oui, dit Ro-salie, c'est très jo-li, ici. Je com-prends, Philibert,, que tu veuilles tou-jours l'ester à la Teppe aux merles.

— Je voudrais bien pouvoir y garder toujours ma poupée ! s'écria Reine en passant son bras sous celui de sa cousine. '

Pendant que tous trois erraient ainsi autour des bâti-ments, au gré des interrogations et des souvenirs de Rosalie, Claude Franchet et sa fem-me rentraient dans la maison après avoir installé Noiraud à l'écurie devant son râtelier bien garni. Tous deux mon-tèrent l'escalier pour aller dans leur chambre serrer l'argent rapporté delà foire.

Madeleine Franchet ouvrit la grande armoire où, derrière une pile de draps, se dissimulait la boîte en acajou qui était le coffre-fort de la fa-mille ; il ne fallait pas une plus grande caisse pour contenir les douze obligations provenant de l'héritage de tante Ursule et pour donner asile à l'argent tiré des récoltes. Ces petites

sommes entraient dans un sac de toile d'où on ■ les tirait pour les besoins journaliers; mais on né touchait jamais aux pièces mises par petits groupes dans une boîte à pastilles. C'était là que Claude Franchet déposait l'argent qu'il devait payer de semestre en semestre aux Tailland, jusqu'à ce qu'il pût s'acquitter tout à fait envers eux, en leur donnant la somme

représentant la dot de sa sœur Agnès. Lors du mariage de celle-ci, il avait été convenu qu'on ne partagerait point la propriété, mais qu'elle aurait la moitié des revenus jusqu'au jour où Claude Franchet pourrait lui payer sa part.

C'était pour at-teindre ce but que les Franchet tra-vaillaient dur, éco-nomisaient stricte-ment et faisaient passer du sac de toile à la boîte à pastilles tout l'ar-gent dont ils pou-vaient à la rigueur se passer.

Madeleine Fran-chet venait de ren-dre compte à son mari du prix qu'elle avait tiré de ses denrées à la foire, et il disposait en petits tas les écus, les pièces blanches et les gros sous, pendant qu'elle ou-vrait la caisse pour y ranger l'argent.

— Tiens ! lui dit-il, tu dois oublier quelque achat que

tu auras fait, car il manque quelque chose... juste ce qu'on te paye d'habitude un des coupons de ces obligations à tante Ursule.

Madeleine se troubla. C'était vrai ; le chan-geur avait refusé de lui payer le dernier cou-pon de l'obligation qui, d'après lui, avait gagné un lot-

Mais elle ne voulait pas jeter son mari dans cette incertitude qui lui donnait la lièvre à elle-même.

— Je n'ai pas bien la tête à moi, ce soir, dit-

grande cour était gaie avec les pampres et le balcon de sa façade.

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328 LE PETTT FRANÇAIS ILLUSTRÉ

elle à son mari. J'ai tant souffert toute la jour-née!

— Bah ! fit-il en glissant dans la boîte à pas-tilles la somme rapportée par sa femme, cela sera en moins dans notre bourse à nous, et ne te tracasse pas pour m'en rendre compte. Je sais assez que tu regardes de plus près que moi à la dépense ; je n'ai pas peur que tu aies mal employé cet argent. Parle-moi plutôt de ce mal de tête que tu as eu. Tu n'es ni maladive, ni douillette... Je parie que les Tailland t'auront fait quelque mortification. Oh! si je le savais...

Il marcha à grands pas dans la chambre pen-dant qu'elle lui répondait doucement :

— Tu n'as pas sujet de t'emporter. Ils ne m'ont rien dit de désagréable, du moins rien avec l'intention de m'offenser. Au contraire, Agnès avait commandé un beau dîner, auquel je n'ai pu toucher parce que je n'avais pas le cou-rage de manger. Tu n'es pas juste envers ta sœur en ce moment. Elle et son mari gagnent gros d'argent...

— Sans parler de celui que tu leur as apporté auj ourd'hui, interrompit Claude Franchet. Quand donc aurai-je assez amassé pour délivrer ma Teppe aux merles de cette charge ! Ah ! faut-il n'âvoir que mes deux bras pour la beso-gne à y faire?... Mais je vois ce que tu vas me dire : que je m'embarque dans des imaginations impossibles... Laissons cela de côté, et affirme-moi, en me regardant en face, que les Tailland ne t'ont pas chagrinée.

Madeleine répondit à son mari en levant sur lui ses yeux un peu creusés par l'émotion :

— Les Tailland ne pensent sur rien comme nous autres, tu le sais, Claude. Peut-être que nous sommes trop simples, trop gens de campagne pour raisonner comme eux. Cette différence fait que, sans intention de nous mo-lester, il leur arrive de dire devant nous des choses qui nous déplaisent. Ainsi, aujourd'hui, Joseph Tailland et Agnès se réjouissaient en pensant que le nouvel arrangement de leur ma-gasin va retirer aux Charvand, les drapiers de l'autre côté de la place, toutes leurs pratiques. Joseph calculait qu'avant trois mois Charvand serait ruiné, parce qu'il n'est déjà pas très bien dans ses affaires, et Agnès ajoutait qu'il y avait moyen d'aider à ce plongeon. Ils parlaient d'un concurrent; mais ne faut-il pas que tout le monde gagne sa vie ? et n'y a-t-il point place à Tournus pour plusieurs drapiers? Voilà ce que

Rosalie singeant la poupée de b

je pensais, car je n'ai pas soufflé mot; j'étais en peine pour ce pauvre Charvand, qui est brave homme et dont la femme allait à l'école avec moi. Voilà tout ce qui m'a été sensible chez ton beau-frère, et tu vois, Claude, que ni lui ni Agnès n'ont cherché à m'offenser.

Là-dessus la voix de Jeannette montant, claire et vibrante, par l'escalier interrompit cette dis-cussion amicale.

— Maîtresse Franchet, le couvert est mis et les enfants crient après le souper.

Si les enfants rôdaient en affamés autour de la table, c'est que le menu de ce soir-là compor-tait une friandise qu'ils avaient hâte de goûter. Après avoir tiré son pain du four dans la mati-née, Jeannette y avait enfourné un grand pot de lait, dans lequel elle avait jeté une quantité de noix fraîches, soigneusement pelées ; ce mélange, mijoté à la chaleur adoucie du four

jusqu'à son complet re-froidissement, avait composé une sorte de crème épaisse d'un goût exquis. Jeannette l'avait fait réchauffer avant de la verser dans une sou-pière, où étaient taillées de minces tranches de pain. Cette sorte de po-tage , nommé brienov dans le Mâconnais, y est considéré comme un ré-gal. Après avoir tendu deux fois son assiette à son oncle qui servait tous les convives, Rosa-lie déclara que sa condi-

tion de poupée à la Teppe aux merles était un sort très doux.

— Comment? quelle poupée? demanda le maître de la maison.

Les trois enfants éclatèrent de rire, et pen-dant l'explication qu'ils donnaient, en se repre-nant l'un l'autre à mesure que la respiration était «oupée à l'orateur par une fusée de gaieté, Jeannette disait à Madeleine :

— Elle est trop gentille, cette Rosalie. Un vrai lutin ! Si vous l'aviez vue singer une pou-pée de bois tout à l'heure ; Reine lui levait la main en l'air, et la main y restait ; elle lui tour-nait et lui baissait la tête, ettout ça allait comme avec des ressorts. Non, elles étaient à mourir de rire toutes deux... Mais il me reste un peu de pâte, madame Franchet, si je la mêlais avec des œufs, et si nous leur faisions quelques gaufres à ces enfants?

Madeleine consentit, et le feu à demi éteint dans l'âtre de la vaste cheminée pétilla bientôt de la vive flambée de deux sarments. Jeannette graissa les trois moules.à gaufres, dont les longs

LA TEPPE AUX MERLES 359

manches furent assujettis sur les chenets. Ces préparatifs imposaient un temps de repos

avant le dessert. — Puisqu'il nous faut attendre les gaufres, dit

Claude Franchet à sa fille, tu pourrais nous faire prendre patience en nous récitant ta fable.

Reine se leva, se posa droite au bout de la table, se recueillit un moment et après avoir dit le titre de sa fable :

Le savetier et le financier,

elle récita les vers de La Fontaine sans ânon-ner, sans vilain ton chantant, tout comme elle aurait raconté n'importe quellehistoire. C'é-tait ainsi que l'in-stitutrice lui avait appris qu'il fallait faire ; et puis cette fable avait sem-blé bien amusante à l'écolière. N'é-tait-ce point cu-rieux, cette diffé-rence entre un savetier pauvre, toujours riant et chantant , et ce riche financier en-nuyé de ne pou-voir dormir et qui passe cette mala-die au savetier en lui donnant cent écus d'argent? .Mais ilyavait quel-que chose de plus que d'avoir débité sans faute dans le ton mutin avec lequel Reine articula les deux derniers vers :

« Rendez-moi mes chansons et mon somme « Et reprenez vos cent écus »,

Rendez-moi mes chansons et mon somme Et reprenez, vos cent écus.

car elle tuelle :

ajouta aussitôt, dans sa prose habi-

— Eh bien, papa, tu vois où j'ai appris que la fortune ne donne pas le bonheur.

Madeleine Franchet, qui était venue suivre avec un plaisir évident la récitation de sa fille, reprit son air réfléchi, soucieux. Lentement elle se dirigea vers la porte et sortit dans la cour. Lorsque le débit des gaufres de la cheminée à la table fut établi sans interruption, Claude Franchet profita de l'occupation de ses jeunes convives pour aller retrouver sa femme.

Elle était assise sur le banc de pierre placé sous la treille, et elle se tenait le front avec la

main. — J'avais besoin

de respirer au grand air, répon-dit-elle aux ques-tions de son mari.

— Mais à quoi pensais-tu là toute seule ? Est-ce en-core aux Tailland? car tu es si triste ce soir, qu'ils doi-vent t'avoir fait quelque chose dont tu ne veux pas convenir de peur de me fâcher.

— Claude, crois-moi, ce n'est pas à eux que je pen-sais ; c'est à la fa-ble que Reine a récitée. Je pense que je suis natu-rellement comme ce savetier, con-

tent de vivre de sa journée, tandis que toi, qui te figures ne pas être heureux, tu re-gretterais peut-être ce temps-ci plus tard, si tu devenais riche par hasard. Cela m'a saisie d'entendre Reine te prêcher si bien. Ah ! la vérité sort de la bouche des inno-cents.

(A suivre.) B. Y.

L'amour filial récompensé. — Un jour le grand Frédéric, à son château de Potsdam, sonna et personne ne vint. Ouvrant la porte, il trouva son page endormi. Il allait le réveiller, lorsqu'il aperçut un bout de billet sortant de sa poche. Il le prit et le lut : C'était une lettre de la mère du jeune homme qui le remerciait de ce qu'il lui envoyait une partie de ses gages pour la soulager dans sa misère. Aussitôt Fré-déric va doucement chercher un rouleau de pièces d'or, et revenant sur la pointe des pieds, il le glisse avec la lettre dans la poche du jeune

homme. Un peu après, il sonna si fort que le page se réveilla et vint vers le roi : « Tu as bien dormi ! » lui dit Frédéric. Le page cherche à s'excuser et, dans son embarras, met la main dans sa poche. Il sent le rouleau, et reste inter-dit. « Qu'as-tu donc? reprendle roi.— Ah! Sire, s'écrie le jeune homme en se jetant à ses ge-noux. On veut me perdre ! Cet argent que je trouve dans ma poche... »— Mon ami, dit Fré-déric, Dieu nous envoie quelquefois le bien en dormant. Envoie cela à ta mère et assure-la que j'aurai soin d'elle et de toi.

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Une peur [suue et /?»)

C'était un bruit extraordinaire : une sorte de clapotement irrégulier, sourd, mat, qui cessait une seconde, puis reprenait, lent ou précipité, avec, de temps à autre, un floue plus lourd suivi d'un silence. J'allongeai vivement le bras vers ma table pour prendre des allumettes, je ne les trouvai pas. J'avais laissé sur la cheminée la boîte et la bougie; je tenais mon cœur à deux mains : il battait trop fort; les yeux écarquillés, je regardais.

Il faisait noir, noir comme dans un puits, et le bruit continuait maintenant un peu plus alangui; mais les floues, au con-traire, étaient plus fréquents et plus lourds. Un cri fou s'étrangla dans ma gorge : les ser-pents ! Mon sang s'arrêta dans mes veines. Terrifié, je voulais appeler , crier, comme dans un rêve, je ne pou-vais pas. Inondé de sueur froide, la mâchoire serrée, je retombai sur mon lit, étouffé d'angoisse.

Dans ma cervelle en tempête , qui cependant pensait net et voyait clair comme si elle était à un autre qu'à moi, je m'expli-quais tout et je suivais les reptiles dans leur marche.

Ils s'étaient glissés sous la porte de commu-nication, cette porte que j'avais regardée avant de m'endormir, et qui'laissait passer des jets de lumière larges de deux doigts ; le clapotement et les floues, c'était le rampement de l'animal, qui tantôt allait doucement en cherchant sa direction, tantôt se dressait et retombait avec hardiesse, ayant senti ce qui l'attirait ; le son mat delà peau visqueuse sur le carreau, je le reconnaissais; le frôlement lourd d'une chair vivante, je l'entendais. Et tout à l'heure, au milieu de mon lit des reptiles glacés, nions-

Dcpuis qu'il faisait à pou près clair, je surveillais la couverture.

trueux, s'allongeraient près de mon corps, que bientôt ils enlaceraient, pendant que des lan-gues baveuses et gluantes me lécheraient le visage. Littéralement j'étais à l'agonie...

Pourtant, dans le débat de mes pensées, un souvenir me vint. Les reptiles, lorsqu'on ne les irrite pas et qu'ils ne sont pas affamés, n'ont qu'un besoin, qu'une idée — la chaleur. L'état de béatitude qu'ils trouvent les engourdit et ils peuvent rester longtemps inoffensifs. Par un effort désespéré, je pus me redresser et, saisis-

sant ma couver-ture de laine, je l'enlevai pour la laisser tomber sur le carreau de la chambre. De quelle oreille j'écoutais ! Qu'allaient-ils fai-re? Entendrais-je, comprendrais-je ? Les nerfs tendus, je restais haletant.

Il est certain que le bruit s'affaiblis-sait et devenait plus paresseux et plus rare. Avaient-ils trouvé la cou-verture ? ;

Enfin je n'enten-dis plus rien. Je poussai un soupir d'espoir; mon corp s, que la terreur avâit cloué, se dé-tendit lin peu ; je respirai plus faci-lement et j'essayai d'appeler; mais je ne reconnaissais pas ma voix : elle

était sourde et éteinte ; personne ne bougea ni ne répondit. Alors je tentai de suivre un raisonne-ment de m'arrêterà quelque chose.Ce que je com-pris tout de suite, c'est que jamais, avant le jour, je n'aurais la force de sortir de mon lit et de poser les pieds par terre. La pensée qu'en marchant je pouvais toucher ou heurter une bête hideuse, dont le simple contact m'aurait anéanti, ne me laissait aucun courage d'esprit. Me lever et fuir quand le jour viendrait et que je pourrais con-naître le danger et l'éviter — oui ; aller en aveugle et en brave — non. Je devais rester gre-

1. Voir le no 26 du Petit Français illustré, page ISO-

LES JEUX DE PLEIN AIR 331

lotlant, blotti dans un coin de mon lit, sans mouvement, de peur, en allongeant les bras ou les jambes, de rencontrer la peau lisse et ferme dont, à chaque minute, je pouvais prévoir l'en-lacement.

Quelle nuit! Je calculais tout. La couverture refroidie, n'iraient-ils pas chercher un nid plus tiède et la peau humaine n'était-elle point un appât irrésistible pour ces avaleurs d'êtres vivants? Le besoin seul de mordre dans un sang chaud et palpitant ne les tirerait-il pas de cet état de béatitude sur lequel j'avais compté pour me sauver? Mon oreiller suivit la couverture, et, collé au mur, à peu peu près coulé dans la ruelle, j'attendis.

Ce n'est pas assez de dire que le jour fut long à venir. Enfin je vis, du côté des fenêtres, une blancheur d'aube, mais si pâle, si douteuse, qu'il fallait mon angoisse pour me la faire aper-cevoir.

Cependant peu à peu elle s'affirma, dou-cement elle grandit, et je pus distinguer mes fenêtres. Le petit jour qui entrait me per-mettait déjà de reconnaître dans ma chambre des ombres, des formes; mais, par terre, com-ment fouiller des yeux ce tas de la couverture et de l'oreiller? comment voir près de moi, dans

l'ombre des rideaux, si rien n'avait bougé, si j'étais seul?

Ah! que je la trouvai belle la lumière qui entra franchement en glissant sur le carreau et éclaira jusqu'au coin le plus mystérieux de la pièce ! Depuis qu'il faisait à peu près clair, je surveillais la couverture ; maintenant je la voyais mieux. Rien d'inquiétant de ce côté. Très mince, elle était tombée affaissée, et aucun sou-lèvement n'indiquait qu'elle fût habitée. L'o-reiller, resté droit contre une chaise, n'avait pas pu devenir un abri. Mon petit tapis était bien plat devant mon lit, et autour de moi pas autre chose que mes draps froissés.

Avais-je eu une hallucination? De mon lit, je pris mes pantoufles, un pan-

talon, et, les ayant enfilés, j'osai me risquer. La couverture toujours flasque semblait un modèle de candeur. J'avançais malgré cela avec prudence en me tenant du côté de la porte; mais je n'avais pas hasardé trois pas que je compris tout. Ma cuvette pleine d'eau et restée par terre servait de tombeau à une souris. C'étaient ses efforts pour se sauver qui m'avaient éveillé ; c'était son agonie, cette longue et tra-gique noyade, qui m'avait terrifié. Le soir, j'avais changé de logis. H. M.

Les Jeux de plein air LE GOURET

Le gourel ou balle à la crosse est, de tous les vieux jeux français de plein air, celui qui s'adapte le mieux à tous les milieux et à toutes les circonstances. On peut le jouer dans les champs, sur une route, sur la première espla-nade venue, comme dans une cour de collège. Le matériel est des plus simples et des moins coûteux, car chaque joueur peut aisément se le fabriquer; il se compose : 1° d'une trique légè-rement recourbée à son extrémité inférieure, ou crosse; 2» d'une balle qu'on frappe et chasse avec cette crosse.

La balle, ou gouret, s'appelle goure en cer-taines régions de la France, et treue (truie) en beaucoup d'autres. Dans les deux cas, le sens étymologique est le même, et comme celui de cochonnet, se réfère aux fréquents barbotages de l'objet dans les mares et fossés où le sort le pousse.

A défaut d'une balle spéciale, on peut d'ail-leurs se servir d'une boule quelconque, voire même d'une nodosité de pommier sauvage rudement arrondie.

Quelle que soit la nature du gouret, le jeu consiste à le crosser à coups de trique dans la

direction d'un but marqué par deux piquets plantés en terre, et qu'il s'agit de lui faire fran-chir.

Les joueurs, au nombre de dix à vingt, trente au plus, se partagent en deux camps, chacun sous le commandement d'un capitaine. Chaque camp a son but, visé par le parti adverse, et qu'il s'agit de défendre. Les buts ont habituelle-ment trois mètres et demi de large et sont marqués, si l'on veut bien faire les choses, par une barre transversale portée sur des poteaux à deux mètres au-dessus du sol. Mais, le plus souvent, on se contente de désigner les buts par une simple ligne tracée sur le sol, ou par. deux chevilles, ou même par des casquettes, des mouchoirs, etc., placés sur une haie, sur des troncs d'arbres.

L'essentiel^ on le comprend, n'est pas d'avoir des buts d'une précision rigoureuse, mais des points de repère bien déterminés par un procédé quelconque et servant d'objectifs.

Quand on joue tout à fait correctement, ce qui est toujours préférable pour augmenter l'attrait du jeu et prévenir les contestations, on donne au terrain une longueur de 90 mètres

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332 LE PETIT FRANÇAIS; ILLUSTRÉ

environ sur 45 de large ; aux quatre angles de cette aire mesurée au cordeau, on plante un drapeau; les deux grands côtés du parallélo-

nuant par un quart de cercle qui va rejoindre la ligne de but. Si les mesures sont bien obser-vées , les poteaux de chaque but répondent au

Terrain pour le jeu de Gouret.

gramme s'appellent lignes de côté; les deux autres sont les lignes de but. Nous avons dit

Le salut.

comment sont marqués ces buts. Devant chaque ligne de but, à la distance de treize mètres et

Ne pas lever la crosse plus haut que l'épaule.

demi, on trace une ligne de trois mètres et demi de long, les extrémités de cette ligne se conti-

centre des arcs de cercle. L'ensemble s'appelle, de chaque côté, cercle de but.

I. Pour ouvrir la partie, on place la balle au milieu du terrain de jeu. Les deux capitaines prennent position des deux côtés de la balle,

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chacun entre elle et son camp. Après avoir choqué leurs crosses à trois reprises en signe de courtoisie (on appelle cette cérémonie le salut ou le croisé), chacun cherche à envoyer la balle dans le but opposé.

IL Dès qu'elle est tombée, tous les joueurs

AUTOUR D'UNE MARE 333

peuvent prendre part à la lutte et crosser ou arrêter la balle de leur mieux.

III. Il s'agit, pour chacun des deux camps de faire passer la balle, d'un coup de crosse, entre les poteaux du but adverse. Mais il faut pour que le coup soit bon, que ladite balle soit partie du cercle de but.

(On comprend aisément le pourquoi de cette règle : s'il était permis de lancer la balle de plus loin, elle se transformerait trop souvent en projectile dangereux. Tout l'effort des joueurs doit tendre, au contraire, à la faire venir à petits coups jusqu'au cercle de but, pour la chasser, d'un coup final, entre les poteaux ; et pour cela il importe au plus haut point de la frapper avec adresse, sans inu-tile violence.)

IV. Une autre rè-gle, très importante à observer, est de ne jamais lever la crosse plus haut que l'épaule ; l'ins-tinct des joueurs est d'ailleurs de la tenir constamment près du sol, pour être prêts à profiter des occasions qui se présentent de frapper la balle.

V. Une autre règle non moins essentielle est pour chaque joueur de se tenir toujours entre son camp et la balle. Sans quoi, il serait, comme on dit, « du mauvais côté » et n'aurait plus droit à la toucher.

VI. Supposons toutes ces règles bien obser-vées et la balle envoyée, du cercle de but, entre les deux poteaux adverses : le coup est bon et vaut un point au parti qui l'a donné.

Dans tout autre cas, non seulement le coup ne compte pas, mais il donne aux. adversaires droit à un coup franc : c'est-à-dire qu'ils pla-cent la balle dans le cercle de but et que le parti opposé est tenu de rester à cinq mètres de distance, tandis qu'un des joueurs frappe la

Les deux capitaines prennen. position pour crosser la balle.

Dès qu'elle est tombée les joueurs peuvent crosser la balle de leur mieux.

balle et tente de lui faire franchir le but. VII. S'il arrive qu'un joueur soit « du mau-

vais côté » au moment où il frappe la balle, les adversaires ont également droit au coup franc, sauf dans le cas où la balle se trouvait dans le cercle de but: auquel cas, on la re-place au point où la faute a été commise, et deux joueurs opposés répètent le salut initial avant de la crosser.

VIII. S'il arrive que la balle franchisse une des lignes de côté, un dès joueurs du parti opposé à celui qui a fait la faute replace la balle sur cette ligne au point où elle l'a franchi, — et il a droit à un coup franc.

IX. Enfin, si le môme cas se pré-sente pour la ligne de but, on fait vingt-cinq pas dans l'aire perpendicu-lairement au point où la balle a passé, et l'on joue un coup franc.

Tel est ce vieux jeu français , qui nous vient des Gau-lois nos pères, car au temps de la con-

quête de César ils le pratiquaient déjà, en don-nant au gouret le nom de romain. .La tradition en est restée sous des noms divers partout où a dominé la race celtique : on l'appelle hockey en Angleterre, bandy en Écosse, hurling en Irlande, shindy aux États-Unis. Sa popularité constante, sous chacun de ces noms, s'explique par son animation, par sa variété, par l'émula-tion qu'il excite au plus haut degré. C'est un jeu violent entre tous, qui convient surtout en hiver, quoiqu'il puisse être pratiqué en toute saison, et qu'on l'organise aussi bien sur la glace que sur un terrain battu ou gazonné.

Comme tous les jeux de balle, il développe à la fois la force, la souplesse, l'agilité, l'adresse, la précision des mouvements et la justesse du coup d'œil. Dr G.

Autour d'une mare {Suite)1.

— Ce sont des petits coléoptères, appelés gyrins. Voilà des coquillages d'eau douce, des limnées, des planorbes ; nous les viderons pour

en conserver la coquille. Remarquez ces petits fourreaux bizarrement formés de matériaux di-vers, grains de sable, fragments de coquilles,

1. Voir lo n° 26 du Petit Français illustré, page 223.

Page 6: rc Petit Français illustré

334 LE PETIT FRANÇAIS ILLUSTRÉ

Limnéc.

mousse, enveloppes de graines; ils servent -d'enveloppe à la larve d'un insecte ailé, le phrygane. Voici une autre larve, celle des cou-sins. On l'appelle aussi ver de vase. Elle passera par bien des métamorphoses curieuses avant d'être insecte parfait. Voici des larves d'éphé-mères; elles vivent dans l'eau et y attendent deux ou trois ans le moment de l'éclosion. Quand il sera venu, on verra des nuages de minuscules pa-pillons blancs s'élever au-des-sus " de cette mare. C'est par milliers qu'on pourrait les compter. Pen-dant deux ou trois heures, ils tourbillonnent aux rayons du soleil couchant. Dans ce court espace de temps, ils changeront de peau, puis les femelles pondront, puis leurs ailes tomberont et tout sera fini pour cette tribu étrange. Vous voyez là des larves de dytiques ' à l'aspect féroce, avec leurs mâchoires longues et pointues. Elles sont carnassières et détruisent même le frai de poisson dans les étangs.

Maintenant, mes enfants, rentrons à l'école ; il est huit heures et demie sonnées.

La petite troupe reprit gaiement du logis, fai-sant '. mille __ ———-n questions à M.' 'L'esâgé dont la pa-tience ne ta-rissait pas.

— Que de choses autour d'une mare ! s'écria Louis.

— Il y eh a bien plus que tu ne l'imagines, répondit l'instituteur; songe que nous n'avons examiné ni les plantes, ni les fleurs, ni les mousses, ni les champignons, ni même la centième partie des êtres animés. Un autre jour, nous ferons un peu de bota-nique, et je vous apprendrai à reconnaître quelques plantes médicinales. On en trouve beaucoup dans les prés humides. Et, à pro-pos de médecine, si vous sentez un frisson vous courir dans les veines, puis des ver-

tiges et un violent mal de tête, venez me trou-ver, je vous donnerai ce qu'il faut pour vous soulager. On prend souvent la fièvre autour d'une mare, surtout au printemps, et quand on fouille la vase comme nous venons de le faire. Une infusion de petite centaurée suffit parfois pour la guérir; mais quand l'accès

Coquillages d'eau douce. Plaiinrbe.

Pauc antérieure de dytique mâle garnie de ven-touses.

chemin

Dytique femelle.

revient tous les jours à la même heure, il faut de la quinine.

Larve de dytique. Dytique mâle.

Nous voilà arrivés, nous allons faire un aqua-rium avec une cloche à melon renversée et maintenue sur une planche avec quelques pier-res cimentées. Nous y mettrons nos bêtes vi-vantes. Quant aux mortes, nous les garderons dans des flacons remplis d'alcool. Les insectes ont leur logis tout préparé dans nos boîtes à rondelles de liège. Revenez ta'ntôt à une heure ; nous avons de l'ouvrage pour toute notre après-midi ! M. D.

LE PETIT FRANÇAIS .ILLUSTRÉ 33b

La famille Fenouillard à l'Exposition. M. Fenouillard (Agénor), négociant parisien retiré des affaires à Saint-Remy-sur-Deule,

mourait d'envie de voir l'Exposition; malheureusement son épouse le désirait également. Or, depuis qu'il n'avait plus rien à faire, M. Fenouillard, bon homme au fond, était devenu insup-portable. Aussi aux premières ouvertures que lui fit MME Fenouillard il répondit par un refus net et catégorique. Ces demoiselles se mirent à glousser comme des dindes, mais M'»0 Fenouillard, philosophe, se dit : « Bon! il y viendra. » — Et en effet, à huit jours de là, l'excellente dame avait si bien manœuvré, qu'elle et ses deux filles (MUM Artémise et Cunégonde) montèrent en train de plaisir, suivies de M. Fenouillard, grognant, maugréant, ronchonnant, bien décidé à trouver tout idiot, quitte à n'en pas penser le premier mot.

On roulait depuis deux heures, quand un énorme ballot tombe du filet sur la tête de M. Fenouillard endormi.

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Et ou appelle ça un traiu de plaisir ! rugit M. Fenouillard. A partir d'Amiens, la famille commence à intcrrogpr l'horizon dans l'espoir d'y découvrir la tour Eiffel.

(À suivre,)

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336 LE PETIT FRANÇAIS ILLUSTRÉ

Variétés Lie <lt'';>;iv«cuu'iii des Laudes. — Ce

département était, il y a quarante ans à peine, un des plus pauvres de France. Grâce à des dé-frichements bien compris et poursuivis avec per-sévérance, grâce aussi à la construction du che-min de fer du Midi, qui le traverse dans sa plus grande largeur, il est devenu aujourd'hui le centre d'une activité commerciale inespérée. Sans parler des résines dont il alimente le marché de Bor-deaux et celui de Londres, le pin maritime de Gascogne a trouvé d'importants débouchés pour le pavage en bois de nos grandes villes, et aussi pour la consommation de la boulangerie pari-sienne, qui en a employé pendant la seule année 1888, cinquaute millions de kilos. Enfin un agriculteur de cette contrée vient de donner un exemple qui sera suivi, il a transformé i 00 hectares de sable en vignoble. La prospérité sans cesse croissante du département des Landes justifie une fois de plus cette vieille maxime qu'avec du travail et de la constance on vient à bout de tout.

lies oranges. — Ce fruit savoureux nous a été fourni jusqu'à ce jour par l'Espagne, pour la plus grande partie, et ensuite par l'Algérie et Ja Syrie. Mais les expéditions qui commencent en octobre cessent en mai, c'est-à-dire au moment où les chaleurs de l'été nous rendent ce fruit plus précieux. L'Australie, heureusement, a entre-pris, il y a déjà un certain nombre d'années, la culture de l'oranger sur une grandeéchelle,' et la production y a pris une telle importance qu'elle peut aujourd'hui approvisionner tous les marchés de l'Europe. Or, comme la récolte d'Australie commence au moment où finit celle d'Espagne, nous pourrons manger des oranges toute l'année sans interruption.

Un fleuve cini se déplace. — Le grand fleuve de Chine appelé Hoang-Ho,' ou fleuve Jaune, présente un singulier phénomène ; celui du dé-placement continuel de ses bouches. Il se balance de droite à gauche sur une longueur de 900 kilo-mètres du nord au sud. C'est comme si le Rhin, cessant de couler en Hollande, se dirigeait à tra-vers les plaines de l'Allemagne du Nord, jus-qu'aux bouches de la Vistule. Le fleuve Jaune s'est déplacé complètement neuf fois, dans la partie intérieure de son cours, pendant les vingt-cinq derniers siècles.

Lies trois souhaits «l'un mendiant. — Quelqu'un demandait à un mendiant, quelque peu ivrogne, quelles étaient les trois choses qu'il désirait. « D'abord, répliqua-t-il, je voudrais avoir autant de vin que je pourrais en boire. — En-suite? — Je voudrais autant de beurre que j'en pourrais manger. — Bon, et quel serait ton der-nier souhait? — Ma foi, tout bien considéré, je

j voudrais avoir un peu plus de vin.

Mot d'enfant. — Toto est avec son oncle qui l'interroge sur ce qu'il a appris à l'école. Toto répond à toutes les questions.

— Eh bien, puisque tu es si fort, dit l'oncle, sais-tu pourquoi on met un coq en haut des clo-chers?

— Parce que si l'on y mettait une poule et qu'elle vint à pondre, les œufs se casseraient en tombant.

RÉPONSES A CHERCHER Problème amusant. —De quatre fontaines

l'une remplit un bassin en un jour, l'autre en deux, l'autre en trois, la quatrième en quatre jours. En combien de temps, toutes ensemble, rempliront-elles le bassin?

* * * Géographie amusante. — Quels sont les

fleuves de Chine qui portent le nom de couleurs de l'arc-eri-ciel? ■'

Origines curieuses. — 1. Quelle est l'ori-gine du mot chaland.

2. Quelle est l'origine de l'expression : Etre assis'en rang d'oignons?

Énigme. Je ne suis pas ce que je suis; car si j'étais ce

que je suis, je ne serais pas ce que je suis.

Problèmes des contraires. — Avec les initiales du contraire des mots suivants, former le nom d'un journal :

Couchant — Permettre — Grand — Vérité — Tôt— Légal— Dur —Loyal — Ajouter — Reculer — Dénouer — Incompris — Désapprendre — Connu — Fertile — Doux — Lourd — Obscur — Nuisible — Oubli — Fidèle — Lamentable -• Allumer.

RÉPONSES AUX QUESTIONS DU NUMÉRO 36. 1. Physique amusante.

1. Parce que la chaleur en desséchant le côté exposé au feu ou au soleil, la force à se contracter, et le côté séché, ayant une surface moindre, devient concave et l'autre con-vexe.

2. Un rasoir coupe comme une scio ayant un nombre infini de (lents et très rapprochées; la chaleur de l'eau en dilatant les parties saillantes, augmente l'effet de la scie et le tranchant devient plus aigu. ■

II. Étymologies curieuses. 1; Le mot chenet vient de ce que, à l'origine, ces ustensiles

portaient sur le. devant des petits chiens couchés, diminutif chiennets, d'oii l'on a fait chenets.

2. Les assiettes marquent la place "ou l'on doit s'asseoir à table. Pendant plusieurs siècles elles étaient figurées par un morceau de pain coupé en rond. .

III. Questions de langue française. 1, Nous portions. — des portions. 2. Prendre garde de signifie veiller à ne pas faire. — Prendre

garde à, signifie faire attention à.

IV. Mot en losange. .]'•• ' ■ ' -'\\' B] V\ ! ;

D I E

DICTA

B1 CORNE

ETRES

ANS

E

V. Rébus. Louis XIV avait un grand air.

Le Gérant: MAURICE TARDIEU.

Toute demande de changement d'adresse doit être accompagnée de l'une des dernières bandes.