Rationalisme et théologie dans le monde musulman médiéval

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Revue de l’histoire des religions 4 | 2009 Varia Rationalisme et théologie dans le monde musulman médiéval Bref état des lieux Rationalism and Theology in the Medieval Muslim World Mohammad Ali Amir-Moezzi et Sabine Schmidtke Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/rhr/7545 DOI : 10.4000/rhr.7545 ISSN : 2105-2573 Éditeur Armand Colin Édition imprimée Date de publication : 1 décembre 2009 Pagination : 613-638 ISBN : 978-2200-92592-5 ISSN : 0035-1423 Référence électronique Mohammad Ali Amir-Moezzi et Sabine Schmidtke, « Rationalisme et théologie dans le monde musulman médiéval », Revue de l’histoire des religions [En ligne], 4 | 2009, mis en ligne le 01 décembre 2012, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/rhr/7545 ; DOI : 10.4000/ rhr.7545 Tous droits réservés

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Revue de l’histoire des religions

4 | 2009Varia

Rationalisme et théologie dans le mondemusulman médiévalBref état des lieux

Rationalism and Theology in the Medieval Muslim World

Mohammad Ali Amir-Moezzi et Sabine Schmidtke

Édition électroniqueURL : http://journals.openedition.org/rhr/7545DOI : 10.4000/rhr.7545ISSN : 2105-2573

ÉditeurArmand Colin

Édition impriméeDate de publication : 1 décembre 2009Pagination : 613-638ISBN : 978-2200-92592-5ISSN : 0035-1423

Référence électroniqueMohammad Ali Amir-Moezzi et Sabine Schmidtke, « Rationalisme et théologie dans le mondemusulman médiéval », Revue de l’histoire des religions [En ligne], 4 | 2009, mis en ligne le 01 décembre2012, consulté le 19 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/rhr/7545 ; DOI : 10.4000/rhr.7545

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MOHAMMAD A LI AMIR- MOEZZI

École Pra tique des Hautes Études, Paris

SABINE SCHMIDTKE

Freie Universität Berlin

Ratio na lisme et théo logie dans le monde musul man médié val

Bref état des lieux

L’article est un bref bilan biblio gra phique des sources et des tra -vaux concer nant la théo logie ratio na liste dans le monde musul man au Moyen- Âge (grosso modo du 8e au 15e siècle de l’ère commune). Les prin ci pales Écoles de la théo logie spé cu la tive sco las tique, sur tout le Mu‘tazilisme et l’Ash‘arisme, ainsi que les plus impor tantes étapes des études islamologiques sur ces Écoles sont exa mi nées. Une atten tion par -ti cu lière est accor dée à la constante cir cu la tion des idées non seule ment entre divers cou rants de l’islam (par exemple les dif fé rentes branches du shi’isme), mais aussi avec ceux du judaïsme et du chris tia nisme. La néces -sité gran dis sante de l’exa men trans ver sal des sys tèmes théo lo giques ratio -na listes des trois mono théismes est éga le ment sou li gnée.

Rationalism and Theology in the Medieval Muslim World

The article provides a survey of ratio nal theology in the medieval world of Islam (8th through 15th cen tu ries CE) and the current state of scholarship. It discusses the most impor tant strands of thought, viz. Muʿtazilism and Ashʿarism, as well as the main stages of their scholarly inves ti gation. Particular atten tion is given to the reception of the various strands not only within Islam (especially among Shīʿites), but also among Jews and Christians, and the growing signifi cance of research transcending religious boundaries is emphasized.

Revue de l’his toire des reli gions, 226 – 4/2009, p. 613 à 638

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Le ratio na lisme, dans le sens de recours à la rai son logique et à la rhé to rique dia lec tique, a été un élé ment carac té ris tique de la pen sée théo lo gique isla mique depuis les temps les plus anciens. Au- delà de la dis cus sion sur l’authen ti cité et donc la data tion d’un cer tain nombre de sources, nous dis po sons d’un petit cor pus de textes très anciens d’authen ti cité cer taine où des points doc tri naux concer nant l’oppo si tion entre le libre arbitre et le déter mi nisme sont dis cu tés de manière dia lec tique. L’usage de ce genre d’argu men ta tion dans des écrits aussi anciens prouve l’usage de la rai son logique dans la rhé to rique reli gieuse isla mique dès les pre miers temps de l’islam (von Grunebaum 1970. Cook 1980 ; 1981. van Ess 1975 ; 1977), usage qui attei gnit son apo gée entre le 9e et le 11e siècle (Nagel 1988. Endress 1997). Il est vrai que le ratio na lisme a tou jours eu de puis sants adver saires à tra vers l’his toire de l’islam, mais il a constam ment conti nué d’être l’un des prin ci paux cou rants de la pen -sée théo lo gique, et on peut dire que c’est seule ment sous la pres sion du renou veau du fon da men ta lisme isla mique moderne qu’il a été mar gi na lisé et mal traité comme jamais aupa ra vant.

COU RANTS MU‘TAZILITES ET SHI’ITES

Les Mu‘tazilites ont consti tué la plus ancienne « École » de la théo logie ratio na liste isla mique (théo logie sco las tique spé cu la tive appe lée kalām), laquelle fut incontes ta ble ment un des cou rants doc -tri naux les plus infl u ents de la pen sée en islam. Les Mu‘tazilites, pro fes sant la pri mauté de la rai son humaine et du libre arbitre (opposé à la pré des ti nation), déve lop pèrent une épis té mo logie, une onto logie et une psy cho logie qui consti tuèrent les bases de leurs spé cu la tions sur la nature de l’uni vers, de Dieu, de l’homme et du phé no mène reli gieux en tant que Révé la tion et Loi divines. Dans leur doc trine éthique, les Mu‘tazilites sou te naient que le Bien et le Mal ne peuvent être appré hen dés qu’à tra vers l’exer cice de la rai son humaine. Grâce à leur épis té mo logie spé ci fi que, ils purent éla bo rer une métho do logie juri dique d’une très haute complexité.

Les ori gines du mu‘tazilisme remontent au 8e siècle de l’ère commune et la période clas sique de son déve lop pe ment s’étend de

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la seconde moi tié du 9e jus qu’au milieu du 11e siècle. Devenu un moment doc trine d’État comme théo logie « offi cielle » du cali fat abbasside au 9e siècle, il se divisa au tour nant du 10e siècle en deux prin ci pales Écoles, celle de Bagdad et celle de Ba ra (Bassorah). Ses fi gures domi nantes furent Ab ‘Al al- Jubb ’ (m. 916) et son fi ls Ab H shim (m. 933). Les dis ciples de celui- ci for mèrent un impor tant cou rant connu sous le nom de Bahshamiyya. Parmi les nom breux adeptes de ce cou rant, nous pou vons men tion ner l’élève d’Ab H shim, Ab ‘Al b. Khall d (m. ca. 961), et les étu diants de ce der nier, Ab ‘Abdall h al- Ba r (m. 980) ou encore Ab Is q b. ‘Ayy sh. Le grand juge ‘Abd al- Jabb r al- Hamadh n (m. 1025), élève d’Ab ‘Abdall h et d’Ab Is q, fut un auteur pro li fi que. Un étu diant de ‘Abd al- Jabb r, Ab l- usayn al- Ba r (m. 1044) mit sur pied ce qui peut être consi déré comme une des der nières Écoles de pen sée créa tives du mu‘tazilisme. Après lui, le mou ve ment commen ça len te ment son déclin dans l’islam sun nite pour dis pa raître en tant que tel au 14e siècle. Cepen dant son infl u -ence est res tée très forte dans l’islam shi’ite durant tout le Moyen Âge, les temps modernes et même jus qu’à nos jours. Il est vrai que les spé cu la tions théo lo giques dia lec tiques sont très anciennes parmi les Shi’ites, toutes ten dances confon dues. Elles se ren -contrent dès le 8e siècle dans les frag ments remon tant aux pen seurs tels que Hish m b. al- akam ou Zur ra b. A‘yan ou encore aux confi ns des 9e et 10e siècles chez des théologiens- juristes comme Ibn Ab ‘Aq l al- Nu‘m n ou Ibn Qiba al- R z (Modarressi 1993). La connexion déci sive entre mu‘tazilisme et shi’isme eut lieu aux 10e et 11e siècles, notam ment dans l’entou rage du savant imamite al- Shaykh al- Muf d (m. 1022) et ses dis ciples directs et indi rects tels al- Shar f al- Murta (m. 1044) et Ab Ja‘far al- s (m. 1068) (Mc Dermott 1978. Amir- Moezzi 1992, intro duc tion). L’impré -gna tion du shi’isme, notam ment le shi’isme duodécimain, par le mu‘tazilisme fut si pro fonde que même après la dis pa ri tion des Mu‘tazilites prop re ment dits, leur pen sée conti nua à se déve lop per dans la tra di tion duodécimaine « ratio na liste théologico- juridique » et ce jus qu’à nos jours (Madelung 1970. Amir- Moezzi 1993).

Ajou tons enfi n que la recherche contem po raine, depuis le début du 20e siècle, fi t décou vrir une rémi nis cence sun nite de la concep -tion mu‘tazilite du ratio na lisme, laquelle trouve son expres sion dans ce qui est appelé « le Néo- mu‘tazilisme », terme vague dési -

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gnant diverses ten dances de pen seurs musul mans qui, en s’appuyant sur l’héri tage intel lec tuel des Mu‘tazilites, tentent de réha bi li ter l’appli ca tion du ratio na lisme dans le dis cours isla mique moderne (Hildebrandt 2007. al- Mas‘ d 2008).

LES ASH‘A RITES

En deuxième lieu, pour ce qui est l’usage du ratio na lisme, il convient de men tion ner l’École théo lo gique des Ash‘a rites, tirant son nom du fon da teur épo nyme Ab l- asan al- Ash‘ar (m. 935) qui fut à l’ori gine dis ciple du maître mu‘tazilite Ab ‘Al al- Jubb ’ . Vers l’âge de qua rante ans, al- Ash‘ar aban donna les ensei gne ments mu‘tazilites pour éla bo rer son propre sys tème doc -tri nal. Lui et ses dis ciples essayèrent de consti tuer une via media entre les deux prin ci pales ten dances théologico- doctrinales de l’époque, à savoir le mu‘tazilisme et le tra di tio na lisme anbalite. Méthodologiquement, les Ash‘a rites appli quaient l’argu men ta tion ration nelle dans leurs doc trines et écrits théo lo giques, comme ce fut le cas des Mu‘tazilites, mais ils pro fes saient constam ment la supé riorité de la Révé la tion sur la rai son. Sur le plan doc tri nal, ils oppo saient leur sub jec ti visme éthique à l’objec ti visme éthique du mu‘tazilisme et éla bo rèrent la notion de « l’acqui si tion humaine » (kasb) comme une voie médiane entre le libre arbitre mu‘tazilite et le prédéterminisme radi cal des tra di tio na listes. Sur ces bases, l’ash‘arisme déve loppa ses propres posi tions théo lo giques. Comme cela carac té rise toute évo lu tion de la pen sée théo lo gique en islam, al- Ash‘ar adopta et adapta dans son propre sys tème bon nombre de concepts for mu lés par les pen seurs anté rieurs (Per ler & Rudolph 2000). En guise d’exemple, on peut citer Ibn Kull b (m. 855 ?) qui avait déjà tenté de combi ner la métho do logie ration -nelle des Mu‘tazilites avec les posi tions doc tri nales des tra di tio -na listes sun nites ou encore ir r b. ‘Amr (m. 796) qui a été le pre mier à for mu ler de manière dia lec tique la notion d’« acqui si -tion humaine ». Cepen dant, avec le suc cès pro gres sif de l’École ash‘a rite ces anciens pré dé ces seurs furent bien tôt oubliés.

Vers la fi n du 10e siècle, l’ash‘arisme s’était déjà éta bli comme une des prin ci pales Écoles théo lo giques dans les régions cen trales des terres d’islam, sur tout grâce à l’émi nent théo logien et juge m likite

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Ab Bakr al- B qill n (m. 1013) qui jouis sait de la pro tec tion du vizir shi’ite bouyide al- ib b. ‘Abb d (m. 995), comme cela a été éga le ment le cas de son contem po rain mu‘tazilite ‘Abd al- Jabb r al- Hamadh n . Ce fut éga le ment grâce aux deux dis ciples d’al- B qill n , Ab Bakr Mu ammad b. al- asan Ibn F rak (m. 1015) et Ab Is q al- Isfar ’in (m. 1020), qui ensei gnaient à Rayy et à N sh p r, que l’ash‘arisme se répan dit en Ir an où beau coup d’autres grands pen seurs ash‘a rites de la géné ra tion sui vante se fi rent remar -quer. De l’autre côté des terres musul manes, en Afrique du Nord, les écrits théo lo giques d’al- B qill n connurent une popu la rité cer taine sur tout grâce à la dif fu sion de l’École juri dique m likite et c’est pré ci sé ment là que les frag ments de son opus magnum, le Kitāb Hidāyat al- mustarshid n, ont été pré ser vés sous forme manus -crite. L’ash‘arisme attei gnit son apo gée durant la pre mière période seljoukide sous le patro nat du puis sant vizir ira nien Niẓ m al- Mulk (m. 1099) et devint la doc trine fon da men tale du réseau des uni ver -si tés théo lo giques Niẓ miyya. Les plus infl u ents théo logiens ash‘a -rites de cette époque furent Ab Bakr A mad b. Mu ammad b. Mu ammad al- F rak (m. 1085) et le célèbre Im m al- aramayn Ab l- Ma‘ l al- Juwayn (m. 1085). Comme ce fut le cas d’Ab l- usayn al- Ba r parmi les Mu‘tazilites, al- Juwayn fut le pre mier à intro duire les méthodes et les notions phi lo sophiques dans le kalām ash‘a rite, et pour cause, il avait lon gue ment étu dié et a été pro fon -dé ment infl u encé par les ouvrages d’Ab l- usayn (Madelung 2006). Avec al- Juwayn la phase ancienne de l’ash‘arisme prit fi n. La phase sui vante fut carac té ri sée par une péné tra tion mas sive de la métho do logie et de la pen sée théo lo gique ash‘a rite par la phi lo -sophie et la logique. Cette seconde étape fut inau gu rée par Ab

mid al- Ghaz l (m. 1111) et compta parmi ses auteurs les plus déci sifs Mu ammad b. ‘Abd al- Kar m al- Shahrast n (m. 1153, qui semble avoir été en même temps un crypto- shi’ite ismaélien) et Fakhr al- D n al- R z (m. 1209). Dans les contrées orien tales de l’islam, l’ash‘arisme demeura un des cou rants les plus impor tants de la pen sée jus qu’à la fi n du 16e siècle. Dans le sunnisme, il eut plus de suc cès et une vie beau coup plus longue que le mu‘tazilisme, quoique, tout comme celui- ci, il eût constam ment à affron ter l’adver -sité anti- rationaliste des milieux tra di tio na listes.

Les dif fé rents cou rants de la théo logie ration nelle musul mane furent soli de ment liés les uns aux autres – et ce mal gré leurs nom -

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breuses diver gences – et n’ont jamais cessé de se déter mi ner les uns par rap port aux autres dans un conti nuel pro ces sus d’inter ac tion et d’inter pé né tra tion. Ceci est éga le ment vrai pour d’autres Écoles, moins repré sen tées dans les régions les plus cen trales du monde musul man, comme le m tur disme (nommé selon le théo logien Ab Man ūr al- M tur d , m. 944), soli de ment ancré dans les posi tions tra di tio na listes anafi tes d’une part et dans la pen sée mu‘tazilite d’autre part. Étant ins tal lée dans les pays péri phériques de l’islam, en l’occur rence à l’extrême Nord- Est de l’Ir an, en Transoxiane, cette École théo lo gique eut une infl u ence beau coup plus limi tée que les deux pré cé dentes, sauf plus tard sur les terres cen trales de l’empire otto man (Rudolph 1997. Badeen 2008).

CIR CU LA TIONS DES IDÉES ENTRE ISLAM ET AUTRES RELI GIONS

Ce qui a été dit au sujet de l’inter ac tion constante entre dif fé -rentes ten dances de la pen sée isla mique est tout aussi vrai en ce qui concerne les rela tions de l’islam avec les grandes reli gions pré sentes dans le monde musul man médié val, en l’occur rence le judaïsme et le chris tia nisme. Ici aussi le phé no mène d’inter ac tion réci proque est mas si ve ment en œuvre. Juifs, Chré tiens et Musul mans, aussi bien édu qués qu’illet trés, avaient comme langue commune l’arabe (et par fois le per san) et par ta geaient par consé quent un fonds cultu rel commun. En ce qui concerne les let trés, lisant sou vent les mêmes livres, par lant et écri vant une même langue, ils créèrent une forme de commu nauté intel lec tuelle unique où la norme fut, pen dant des siècles, un échange constant des idées, des textes et des formes de dis cours. Cette carac té ris tique du monde musul man médié val – qui a été à juste titre qua li fi ée de « pol li ni sa tion réci proque » (“crosspollination” ; Goodman 1995 ; 1999. Montgomery 2007) ou d’« effet tour billon » (“whirlpool effect” ; Stroumsa 2008) – implique qu’aucune étude consa crée à la théo logie ratio na liste isla -mique ne pourra désor mais faire l’impasse sur l’inter ac tion entre ces trois reli gions et que la perspec tive uni di men sion nelle encore domi nante dans la recherche moderne doit céder la place à une véri -table approche mul ti di men sion nelle.

Il est doré na vant quasi una ni me ment admis parmi les spé cia -listes que les méthodes dia lec tiques du kalām tirent leur ori gine

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des tech niques rhé to riques des « dia logues dilemmatiques » qui carac té ri saient les contro verses christologiques de l’Alexandrie du 6e siècle ou encore plus de la Syrie du 7e siècle (Cook 1980. Zimmermann 1985. Brock 1986. Hoyland 1997. Reynolds 2004). Les théo logiens ratio na listes musul mans ont déployé de véri -tables mines d’idées, de méthodes et d’éner gies pour l’exa men cri tique et la réfu ta tion des points de vue chré tiens – et dans une moindre mesure juifs – comme cela se mani feste à tra vers leurs nom breux trai tés polé miques. La grande majo rité de leurs réfu ta -tions diri gées contre le chris tia nisme semblent per dues à jamais mais quelques rares textes entiers nous sont par ve nus du 9e siècle et nous per mettent d’avoir une idée assez claire des argu ments déployés (Thomas 2004). Quelques exemples repré sen ta tifs de ce genre lit té raire par ve nus jus qu’à nous et datant du 10e siècle sont le volu mi neux Kitāb Tathb t dalā’il al- nubuwwa du mu‘tazilite ‘Abd al- Jabb r al- Hamadh n (Reynolds 2004) et, du côté ash‘a -rite, le Shifā’ al- ghal l d’al- Juwayn ou encore le Radd al- jam l li- ilāhiyyat ‘ sā bi- ar al- Inj l attri bué – pro ba ble ment à juste titre – à al- Ghaz l (El- Kaisy Friemuth 2007. Thomas 2007).

Dans le camp opposé, en revanche, bon nombre d’écrits en arabe en défense du chris tia nisme ont été pré ser vés et par ve nus jus qu’à nous. Il s’agit d’œuvres de théo logiens repré sen tant les trois prin ci paux groupes chré tiens pré sents au Moyen- Orient pen -dant le pre mier siècle abbasside, par exemple le melkite Théodore Ab Qurra (m. ca. 830), le nes to rien ‘Amm r al- Ba r (m. ca. 845) ou le jacobite ab b b. Khidma Ab R ’i a (m. ca. 855). Nous savons, grâce aux sources isla miques, que ces trois théo logiens chré tiens étaient en dia logue constant avec leurs col lègues ratio -na listes musul mans. D’après leurs argu ments pour défendre les doc trines chré tiennes sys té ma ti que ment visées par les Musul mans – celles concer nant la Tri nité, l’Incar na tion, le bap tême, l’eucha ris -tie, la véné ra tion de la croix ou encore la direc tion de la prière – il semble évident que ces théo logiens chré tiens étaient par fai -te ment au fait des tech niques et du lexique du kalām (Trou peau 1995. Griffi th 2002). En même temps, étant donné le carac tère fon da men tal des désac cords entre cer taines posi tions théo lo giques chré tiennes et musul manes, par exemple l’incom pa ti bi lité entre la concep tion isla mique de l’uni cité divine (taw d) et la compré -hen sion chré tienne des dogmes de la Tri nité et de l’Incar na tion,

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aucune adop tion des doc trines isla miques par les théo logiens chré -tiens n’était envi sa geable (Trou peau 1962). Le seul cas de récep -tion de cer tains aspects du kalām se ren contre parmi les auteurs chré tiens coptes. Il est vrai que le pre mier grand pen seur copte écri -vant en arabe, à savoir Sévère (Severus = Saw r s) Ibn al- Muqaffa‘ (m. après 987) est un auteur assez tar dif ; mais ses écrits ouvrirent la voie aux théo logiens coptes des siècles sui vants pour pro duire un immense cor pus d’écrits chré tiens en langue arabe qui dépasse de loin en volume l’ensemble des écrits de toutes les autres commu nau -tés arabes chré tiennes réunies (Graf 1947 : 294sqq. Sidarus 1993). Comme il a été démon tré dans le cas de deux théo logiens coptes du 13e siècle, Ab Sh kir Ibn al- R hib et al- Mu’taman Ibn al-‘Ass l, les pen seurs coptes de l’époque ont été pro fon dé ment infl u en cés par le théo logien ash‘a rite Fakhr al- D n al- R z (Sidarus 1975. Wadi 1997. Schwarb à paraître).

Le judaïsme s’est mon tré beau coup plus per méable aux notions doc tri nales isla miques, y compris la doc trine de l’uni cité divine. C’est sur tout le mu‘tazilisme qui fut adopté à des degrés divers à par -tir du 9e siècle, aussi bien par les pen seurs rab banites que karaïtes, et fi na le ment appa rut au tour nant du 11e siècle le célèbre mou ve -ment du « mu‘tazilisme juif ». Les savants juifs compo sèrent d’une part des œuvres ori gi nales selon la pen sée mu‘tazilite et copièrent d’autre part les ouvrages en arabe appar te nant à celle- ci, sou vent en carac tères hébraïques. Les pre miers exemples des ouvrages ori -gi naux des mu‘tazilites juifs sont : le Kitāb al- Mu taw du karaïte Y suf al- Ba r (m. ca. 1040) et son abrégé le Kitāb al- Tamy z (Vajda 1985. Sklare 1995. von A bel 2005. Madelung & Schmidtke 2006), le Kitāb al- Ni‘ma de l’aîné contem po rain de ce der nier, Levi ben Yefet (Sklare 2007) ou encore le Kitāb al- Tawriya de l’élève d’al- Ba r, Yeshu‘a ben Yehudah. L’infl u ence des Mu‘tazilites fraya son che min jus qu’au cœur du centre reli gieux et intel lec tuel du judaïsme en Orient. En effet, nom breux chefs des anciennes aca -dé mies rab bi niques (Yeshivot) de Sur a et de Pumbedita (éta blies à par tir du 10e siècle à Bagdad) ado ptèrent la vision du monde mu‘tazilite. L’un d’entre eux, Samuel ben ofni Gaon (m. 1013), lec teur assidu d’Ibn Khall d, connais sait per son nel le ment Ab ‘Abdall h al- Ba r (Sklare 1996). En plus, comme ce fut le cas avec les pen seurs chré tiens, doc trines et ter mi no logies mu‘tazilites four nirent la prin ci pale base aux dis cus sions et polé miques entre

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savants juifs et musul mans (Sklare 1999). Par ailleurs, l’infl u ence du shi’isme ismaélien sur cer tains théo logiens ratio na listes juifs du Moyen Âge a été démon trée par S. Pines et d’autres (Pines 1947 ; 1980. Blumenthal 1981. Kiener 1984). En revanche, les thèses et les écrits des Ash‘a rites reçurent un accueil beau coup plus mitigé parmi les théo logiens juifs et furent sou vent cri ti qués par eux (Sinai 2005).

Le mu‘tazilisme laissa éga le ment ses traces dans la pen sée théo lo gique sama ri taine, par exemple chez l’auteur du 11e siècle Ab l- asan al- r . On ne sait pas encore clai re ment si les Sama ri tains – dont les prin ci paux centres intel lec tuels aux 9e et 10e siècles se trou vaient à Naplouse et à Damas – ont étu dié les écrits mu‘tazilites musul mans de manière directe ou bien grâce aux adap ta tions juives de ceux- ci. La plu part des ouvrages théo lo -giques sama ri tains en langue arabe attendent encore une ana lyse ser rée, mais même un exa men rapide des manus crits exis tants tend à mon trer que le cas d’Ab l- asan al- r était loin d’être isolé (Wedel 2007).

On pourra citer beau coup d’autres cas illus trant cette « pol li ni sa -tion réci proque » très pré sente dans le monde musul man médié val. Les deux exemples sui vants suf fi ront pour démon trer, s’il en était encore besoin, que désor mais une approche trans ver sale et inter dis -ci pli naire est indis pen sable pour sai sir ce phé no mène dans sa glo -ba lité. Le plus ancien traité exis tant du kalām sys té ma tique a été rédigé par D w d b. Marw n al- Muqamma , savant juif converti au chris tia nisme et puis reconverti au judaïsme. Al- Muqamma fut le dis ciple du théo logien jacobite Nonnus de Nisibe (m. ca. 870) et son ouvrage ‘Ishrūn maqāla pré sente clai re ment aussi bien des carac té ris tiques de la théo logie ratio na liste isla mique que les doc -trines théo lo giques chré tiennes alors que la perspec tive géné rale du livre reste indu bi ta ble ment juive (Stroumsa 1987 ; 2007). Le second exemple concerne le grand savant voya geur juif M s b. Maym n al- Qur b , dit Maïmonide de Cordoue (m. 1024), bien connu de la lit té ra ture isla mique et mas si ve ment reçu parmi les intel lec tuels musul mans et chré tiens comme cela est illus tré par les innom brables ves tiges de son Guide des per plexes dans les ouvrages isla miques et chré tiens (Schwarb 2007).

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EXA MENS HISTORICO- CRITIQUES : NÉCES SITÉ DE TRANSVERSALITÉ DES ÉTUDES SUR LES MONO THÉISMES

Le mu‘tazilisme et le shi’isme ratio na liste

Dans le champ des études islamologiques, la recherche sur la théo logie ratio na liste isla mique est une dis ci pline rela ti ve ment jeune pour la simple rai son que la masse cri tique des sources pri -maires n’a été atteinte que rela ti ve ment récem ment. Les ouvrages mu‘tazilites n’ont pas été fré quem ment copiés et un nombre rela ti -ve ment peu élevé de manus crits ont sur vécu au pas sage du temps. Jus qu’à la publi ca tion de textes signi fi ca tifs dans les années 1960, peu d’écrits mu‘tazilites authen tiques étaient dis po nibles et les dif -fé rentes doc trines des Mu‘tazilites n’étaient connues qu’à tra vers l’exposé de leurs adver saires. L’étude de la pen sée mu‘tazilite a été lente mais régu lière tout le long du 20e siècle. Théo ri que ment banni du centre du monde sun nite depuis le 11e siècle, le sys tème mu‘tazilite n’était pas consi déré, par les spé cia listes, comme fai sant par tie de l’his toire intel lec tuelle de l’islam. À cause de l’approche ration nelle des don nées théo lo giques par les Mu‘tazilites, les his to -riens du 19e siècle les consi dé raient comme les « libres pen seurs » de la culture isla mique, pro fon dé ment infl u en cés par la phi lo sophie grecque et consti tuant donc une sorte d’ano ma lie au sein de l’his -toire intel lec tuelle isla mique (par ex. Steiner 1865).

Cette éva lua tion, prin ci pa le ment fon dée sur les écrits héré-siographiques des auteurs non- mu‘tazilites, s’est évi dem ment avé -rée fausse au début du 20e siècle après la publi ca tion de plu sieurs textes signi fi ca tifs. En 1925, le savant sué dois Henrik Samuel Nyberg édita le Kitāb al- Inti ār du mu‘tazilite bagdadien Ab l- usayn al- Khayy (m. ca. 913), réfu ta tion du traité polé mique du scep tique Ibn al- R wand (m. 860 ou 912), la Faḍ at al- Mu‘tazila, traité rédigé lui- même contre l’ouvrage pro- mu‘tazilite d’al- J iẓ (m. 868), le Kitāb Faḍ lat al- Mu‘tazila (Nyberg 1925). Il est vrai qu’à cause de son carac tère apo lo gé tique, le livre d’al- Khayy ne contient pas beau coup d’infor ma tions sur les points de vue des Mu‘tazilites, mais il était le tout pre mier écrit authen tique issu de ces der niers et édité de manière cri tique. Beau coup plus signi fi ca -tive pour l’étude du mu‘tazilisme fut l’édi tion, par Hellmut Ritter, de l’ouvrage hérésio- doxographique d’Ab l- asan al- Ash‘ar ,

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les Maqālāt al- islāmiyyin, publiée en 1929-1930. Cet impor tant ouvrage four nit de très repré sen ta tifs aper çus sur les posi tions mu‘tazilites, étant donné que son auteur, comme on l’a dit aupa ra -vant, fut à l’ori gine mu‘tazilite et était donc fami lier avec les écrits appar te nant à cette École.

L’étape déci sive sui vante dans l’étude de la pen sée mu‘tazilite fut la décou verte, lors d’une expé di tion d’un groupe de savants égyp tiens au début des années 1950, d’un cer tain nombre de manus -crits au Yémen. Ces docu ments conte naient prin ci pa le ment les écrits des repré sen tants de l’École des Bahshamiyya, y compris qua -torze des vingt volumes ori gi naux du Kitāb al- Mughn f abwāb al- taw d wa l-‘a dl, ouvrage ency clo pé dique du Cadi ‘Abd al- Jabb r al- Hamadh n lequel fut par consé quent édité en Égypte, de 1961 à 1965. De même, d’autres écrits des par ti sans de la Bahshamiyya trou vés dans la biblio thèque de la Grande Mos quée de Sanaa furent édi tés durant les années 1960. Parmi eux, il convient de men tion -ner le Ta‘l q Shar al- u ūl al- khamsa, une recen sion du Shar al- u ūl al- khamsa de ‘Abd al- Jabb r fait par un de ses adeptes, l’imam shi’ite zaydite M nakd m (m. 1034) (M nakd m 1965), ainsi que le Kitāb al- Majmū‘ fi l- Mu bi- l-takl f, une recen sion du Kitāb al- Mu bi- l-takl f du même ‘Abd al- Jabb r par un autre de ses dis -ciples nommé Ibn Mattawayh (Ibn Mattawayh 1965 ; 1981 ; 1999).

Cepen dant, mal gré ces riches mois sons, de nom breuses lacunes per sis taient encore. D’une part, fort peu de textes issus des auteurs plus anciens que ‘Abd al- Jabb r étaient décou verts. La même remarque s’appli quait aux écrits des rivaux de l’École des Bahshamiyya tels les Ikhsh diyya ou encore les adeptes de l’École mu‘tazilite de Bagdad. D’autre part, des par ties signi fi ca tives des écrits des adhé rents de la Bahshamiyya res taient encore introu vables. Par exemple, les volumes 1 à 3, 10, 18 et 19 du Mughn n’étaient pas encore décou verts, ni d’autres ouvrages de ‘Abd al- Jabb r, comme la ver sion ori gi nale du Kitāb al- Mu ou son Shar Kashf al- a‘rāḍ. Par ailleurs, les décou vertes des années 1950 avaient donné à croire que les Bahshamiyya consti tuaient la der nière ten dance innovante et dyna mique à l’inté rieur du mu‘tazilisme his to rique. Or, le carac tère erroné de cette impres sion fut prouvé quelques décen nies plus tard après la décou verte et l’édi tion du Kitāb al- Mu‘tamad f u ūl al- d n et du Kitāb al- Fā’iq f u ūl al- d n de Rukn al- D n Mu ammad b. Ma m d al- Mal im (m. 1141) par Wilferd Madelung et Martin

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McDermott (Ibn al- Mal im 1991 ; 2007). Ibn al- Mal im fut adepte des ensei gne ments d’Ab l- usayn al- Ba r . De ce qui res -sort de ses écrits, il semble évident que ce der nier avait déve loppé des points de vue signi fi ca ti ve ment dif fé rents de ceux de son maître ‘Abd al- Jabb r et avait for mulé de nou velles posi tions ratio na listes sur un cer tain nombre de doc trines cen trales. Et pour tant on n’a trouvé nulle trace des écrits d’Ab l- usayn au Yémen. Ceux de ses adver saires contem po rains, illus trant les véhé mentes dis cus sions entre les par ti sans des Bahshamiyya et Ab l- usayn, n’ont pas été décou verts non plus. L’exis tence et l’inten sité de ces polé miques ne sont connues pour le moment qu’à tra vers les témoi gnages indi rects des sources pos té rieures. Par ailleurs, l’étude de ce que l’on pour rait appe ler « le mu‘tazilisme shi’ite imamite » est main te nant faci li tée grâce à la publi ca tion, entre autres, d’un très grand nombre d’écrits des « fon da teurs » de ce mou ve ment à savoir al- Muf d et son dis -ciple al- Shar f al- Murta , prin ci pa le ment par les savants shi’ites ira niens (voir biblio gra phie).

L’étude du mu‘tazilisme juif commen ça il y a plus d’un siècle avec les tra vaux de Salomon Munk (1859) et ceux de Martin Schreiner (1895). Ces deux savants n’étaient pour tant pas au cou rant de la décou verte de sources pri maires au sein des docu ments pro ve nant de dif fé rentes Genizot trou vés et res tau rés, dans la seconde moi tié du 19e siècle au Caire, par un cer tain nombre de savants et de col lec -tion neurs de manus crits. Treize parmi les manus crits mu‘tazilites de la col lec tion Abraham Firkovitch de Saint- Pétersbourg (pro ve -nant de la Genizah de la syna gogue karaïte du Caire) furent minu -tieu se ment décrits par Borisov dans un article publié en 1935. Entre 1939 et 1943, Leon Nemoy édita le Kitāb al- Anwār wa l- marāqib du pen seur karaïte Ya‘q b al- Qirqis n (vivant au début du 10e siècle à Bagdad). Une autre étape mar quante des études du mu‘tazilisme juif furent la paru tion de Re percus sions of the Kalam in Jewish Philosophy de Harry A. Wolfson (1979) et celle des œuvres de Y suf al- Ba r, notam ment son Kitāb al- Mu taw (sur la base d’un manus crit de la col lec tion Kaufmann de Budapest), par Georges Vajda (1985). Haggai Ben- Shammai étu dia les élé ments mu‘tazilites pré sents dans les œuvres des pre miers auteurs karaïtes du 10e siècle, en l’occur rence Ya‘q b al- Qirqis n , déjà men tionné, et Yefet ben ‘Eli (Ben- Shammai 1978). À par tir des des crip tions des manus crits mu‘tazilites de la col lec tion Firkovitch par Borisov

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ainsi que grâce aux frag ments conser vés à la British Library, Ben- Shammai put tirer de nou velles et convain cantes conclu sions sur l’iden tité des maté riaux mu‘tazilites pré ser vés par les Karaïtes, en mon trant en par ti cu lier que ceux- ci avaient conservé la ver sion ori -gi nale du Kitāb al- Mu t de ‘Abd al- Jabb r (Ben- Shammai 1974). Sarah Stroumsa publia les ‘Ishrūn maqāla de D w d b. Marw n al- Muqamma (Stroumsa 1989 ; 2007) et David Sklare a pu reconsti -tuer cer tains écrits mu‘tazilites de Samuel ben ofni Gaon (Sklare 1996) ; ce der nier étu dia en outre l’infl u ence de la pen sée mu‘tazilite sur les ouvrages juri diques de Y suf al- Ba r (Sklare 1995).

En 2003, le « Mu‘tazilite Manuscripts Project Group » fut fondé par Sabine Schmidtke et David Sklare dans le but d’assem bler et d’iden ti fi er le plus de manus crits mu‘tazilites pos sibles à par tir des fonds juifs et shi’ites. Parmi les plus remar quables décou vertes des membres de ce groupe on peut men tion ner trois gros frag ments du Kitāb Ta affu al- adilla d’Ab l- usayn al- Ba r que l’on croyait défi ni ti ve ment per dus (Madelung & Schmidtke 2006a), ainsi que des frag ments de deux réfu ta tions des doc trines d’Ab l- usayn par son contem po rain, le théo logien karaïte Y suf al- Ba r (Madelung & Schmidtke 2006 ; 2007). Cer taines par ties du Mughn de ‘Abd al- Jabb r, pro ve nant des volumes absents du fonds des manus crits yéménites, ont été retrou vées et édi tées (Schmidtke 2007. Hamdan & Schmidtke, 2008. Schwarb, 2008). Un commen taire ano nyme du Kitāb al- Tadhkira d’Ibn Mattawayh, pré servé dans un manus crit appa rem ment unique de la Biblio thèque A ghar Mahdav à Téhéran, a été rendu dis po nible aux cher cheurs dans une édi tion en fac- similé (Schmidtke 2006). Enfi n, de nom breux écrits mu‘tazilites pré su més per dus ont été récem ment retrou vés au Yémen et en Inde. Parmi eux, la Tu fat al- mutakallim n f radd ‘alā l- falāsifa, ouvrage anti- péripatéticien d’Ibn al- Mal im , est main te nant édi tée de manière cri tique par asan An r et Wilferd Madelung (Ibn al- Mal im 2008).

Mal gré tout ce qui a été réa lisé ces der nières années, un grand nombre de textes mu‘tazilites demeure encore inex ploré. Parmi les nom breux docu ments pro ve nant de dif fé rentes col lec tions des Genizot, le maté riau ori gi naire de la Genizah Ben Ezra du Caire, se trou vant prin ci pa le ment dans la col lec tion Taylor- Schechter de la biblio thèque de l’Uni ver sité de Cambridge (et d’autres biblio -thèques euro péennes et amé ri caines), est encore très insuf fi sam -

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ment iden ti fi é et incom plè te ment cata lo gué (Baker & Polliack 2001. Shivtiel & Niessen 2006). On peut espé rer que l’étude sys té ma tique de tous ces frag ments mu‘tazilites faci li tera la reconsti tution d’un nombre aussi grand que pos sible d’écrits musul mans et juifs appar -te nant à cette École (Adang et al.2007). Ces docu ments de Genizah vont cer tai ne ment complé ter signi fi ca ti ve ment ceux du même genre de la col lec tion Firkovitch de Saint- Pétersbourg les quels n’ont été explo rés que très par tiel le ment (Schmidtke 2007). Par ailleurs, c’est seule ment depuis quelques années que les riches fonds des petites biblio thèques publiques ainsi que les fonds pri vés du Yémen ont été ouverts à la commu nauté scien ti fi que sur tout grâce aux efforts de l’Imam Zayd bin A li Cultu ral Foundation (IZBACF : www.izbacf.org). Cer tains élé ments de ce maté riau ont été exploi tés pour diverses publi ca tions par les membres du « Mu‘tazilite Manuscripts Project Group » mais la très grande majo rité d’entre eux n’ont pas encore été étu diés. Cette der nière remarque est éga le ment appli -cable à l’étude de la pen sée mu‘tazilite tel qu’elle s’est déve lop pée parmi les Shi’ites Zaydites depuis le 12e siècle.

L’étude de la lit té ra ture sama ri taine en langue arabe en géné -ral et du mu‘tazilisme sama ri tain en par ti cu lier n’est encore qu’à ses débuts. Le seul texte per tinent par tiel le ment édité et étu dié est le Kitāb al- ubākh (ou abbākh) de l’auteur du 11e siècle Ab l- asan al- r , clai re ment infl u encé par les doc trines mu‘tazilites (Wedel 1987 ; 2007). Cet état de fait est d’autant plus déplo rable que les condi tions idéales pour un exa men sys té ma tique de la pen -sée théo lo gique des Sama ri tains en langue arabe sont main te nant réunies ; en effet, la biblio thèque de l’Ins ti tut des Études Arabes et Sémi tiques de Freie Universität de Berlin dis pose d’un micro fi lm qui contient théo ri que ment la tota lité du cor pus lit té raire sama ri tain en langue arabe, à l’exclu sion du maté riau se trou vant dans la col lec -tion Firkovitch (voir www.geschkult.fu- berlin.de/e/semiarab/).

L’Ash‘arisme

Contrai re ment aux études mu‘tazilites qui débu tèrent assez tar di -ve ment, la recherche sur l’ash‘arisme commen ça dès le 19e siècle car beau coup plus de manus crits appar te nant à cette École se trou -vaient dans les biblio thèques euro péennes. En 1876, Wilhelm Spitta publia la pre mière étude mono gra phique sur le fon da teur épo nyme

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de l’École, et en 1889 Martin Schreiner écri vit la pre mière his -toire syn thé tique des Ash‘a rites. Le Kitāb al- Irshād d’al- Juwayn fut édité de manière cri tique en 1938 par Jean- Dominique Luciani avec une tra duc tion fran çaise. Les étapes impor tantes sui vantes au 20e siècle furent les tra vaux de Richard J. McCarthy. En 1953, celui- ci publia une mono gra phie conte nant l’édi tion cri tique et la tra duc tion anglaise de la plu part des écrits exis tants d’al- Ash‘ar et en 1957 l’édi tion cri tique du Kitāb al- Tamh d d’al- B qill n . Une péné trante étude his to rique du déve lop pe ment de l’École jus qu’à l’époque d’al- Juwayn fut effec tuée par Michel Allard (1965) qui publia éga le ment l’édi tion cri tique de deux textes impor tants d’al- Juwayn , le Shifā’ al- ghal l et les Luma‘ f qawā‘id ahl al- sunna wa- l-jamā‘a (Allard 1968). Au cours de ces der nières décen nies, des avan cées notables ont été réa li sées dans les études ash‘a rites grâce aux nom breuses publi ca tions de Richard M. Frank (par ex. 1994 ; 2007) et de Daniel Gimaret (1985 ; 1987 ; 1990). Paral lè le ment aux cher cheurs occi den taux, un cer tain nombre de savants musul mans aussi ont signi fi ca ti ve ment contri bué à l’étude des textes ash‘a rites (par ex. al- Bukht 2005).

En dépit de ces pro grès, il reste encore beau coup à faire dans l’exa men cri tique de la pen sée ash‘a rite, en par ti cu lier pour ce qui est sa phase ancienne, soit avant al- Ghaz l . Des deux plus émi nents théo logiens de cette phase, à savoir al- B qill n et al- Juwayn , nous avons fi na le ment un nombre très limité d’écrits et dans les deux cas les ouvrages majeurs de cha cun d’entre eux – soit la Hidāyat al- mustarshid n d’al- B qill n et le Kitāb al- Shāmil d’al- Juwayn – ne nous sont appa rem ment par ve nus que par tiel le ment. En plus, beau -coup d’autres pen seurs de cette même période dont les ouvrages contiennent de pré cieuses infor ma tions sur les doc trines de diverses ten dances de l’École, n’ont pas encore été édi tés et demeurent par consé quent peu étu diés. Dans quelle mesure ces textes inédits pour -ront bou le ver ser nos acquis actuels ? Nous pour rons en avoir une idée par le Mujarrad maqālāt al- Ash‘ar . Ce livre fut édité par Daniel Gimaret en 1987 à par tir du seul manus crit exis tant pré -servé à Médine (Gimaret 1987). C’est sur la base de ce texte que le savant fran çais put écrire son ouvrage aussi fon da men tal qu’ori gi -nal et encore non dépassé sur la pen sée doc tri nale du fon da teur de l’École ash‘a rite (Gimaret 1990). Le Kitāb al- Irshād d’al- Juwayn , épi tomé de son Kitāb al- Shāmil, donna lieu à un cer tain nombre

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de commen taires de la part de ses élèves directs et par ti sans pos té -rieurs comme cela s’avère du commen taire par tiel d’Ab l- Q sim Salm n b. N ir al- N s b r (m. 1118), la Ghunya f l- kalām (MS III Ahmet 1916). Par ailleurs, le même Kitāb al- Shāmil, ouvrage par tiel le ment retrouvé (éds. Klopfer 1959. Nashsh r et al. 1969. Frank 1981. ‘Umar 1999) a été fré quem ment cité et sou vent para -phrasé par les auteurs des mêmes commen taires. Nous avons éga le -ment le manus crit d’un ouvrage ano nyme conte nant un abrégé du livre d’al- Juwayn et inti tulé al- Kāmil fi khti ār al- Shāmil (MS III Ahmet 1322). On peut retrou ver les cita tions du Kitāb al- Shāmil dans les summae théo lo giques d’autres élèves d’al- Juwayn , par exemple Ab l- asan ‘Al al- Kiy al- Harr s (m. 1110), pré servé dans un manus crit du Caire (D r al- kutub, ‘ilm al- kal m 290). Une recherche fouillée des cata logues de manus crits arabes met tra sans aucun doute au jour beau coup d’autres maté riaux insoup çon nés.

Par ailleurs, la quasi tota lité des écrits en arabe de la pre mière géné ra tion des mutakallimūn chré tiens sont main te nant édi tés et en par tie tra duits dans une langue occi den tale (Bacha 1904. Graf 1910 ; 1951. Hayek 1977. Lamoreaux 2005), et les experts du domaine, tels Sydney H. Griffi th et David Thomas (voir la biblio gra phie), les ont étu diés minu tieu se ment. De même, la tota lité des rares écrits anti- chrétiens de théo logiens ratio na listes musul mans ont été édi tés de manière cri tique (di Matteo 1921-1922. Finkel 1926. Thomas 2002). Par contre, comme on l’a déjà sou li gné, le tra vail est à peine commencé sur le vaste cor pus des écrits de savants chré tiens coptes, encore très insuf fi sam ment édi tés et étu diés. Ce tra vail est d’autant plus néces saire que ces écrits ont joué un rôle non négli geable dans le pro ces sus de « pol li ni sa tion réci proque » de l’his toire intel lec -tuelle du monde musul man médié val.

NOU VELLES PERSPEC TIVES DE RECHERCHE

L’étape sui vante de la recherche dans le domaine qui nous occupe se doit de se concen trer sur le ratio na lisme théo lo gique dans le monde musul man médié val à tra vers et au- delà des fron -tières qui séparent les trois grands mono théismes, le judaïsme, le chris tia nisme et l’islam. À quelques rares périodes près, l’échange conti nuel et la cir cu la tion des idées, des textes et des formes de dis -

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cours furent la norme parmi les intel lec tuels de ces trois reli gions. Mal gré cette réa lité doré na vant lar ge ment accep tée par la commu -nauté scien ti fi que, la majo rité des cher cheurs optent encore pour une approche uni di men sion nelle des auteurs et écrits appar te nant à l’une des commu nau tés reli gieuses à l’exclu sion des autres, en res tant dans les fron tières tou jours rigides des trois domaines scien ti -fi ques concer nés, à savoir les études isla miques, les études juives et les études chré tiennes orien tales. Cet état de fait est appelé à céder pro gres si ve ment sa place à une approche mul ti di men sion nelle, trans ver sale et inter dis ci pli naire jus ti fi ée et exi gée par la réa lité his -to rique des périodes et des régions étu diées. De plus, dans une telle ini tiative, le cher cheur est invité à avoir des contacts constants avec les prin ci paux acteurs scien ti fi ques de ces trois domaines les quels demeurent sépa rés non seule ment par les fron tières dis ci pli naires mais aussi par les limi ta tions d’ordre poli tique. Autre ment dit, une coopé ra tion plus sou te nue est plus que sou hai table entre les cher-cheurs occi den taux, y compris les Israé liens, et les savants issus du monde musul man pour faire naître une nou velle dyna mique de recherche. Plus qu’un vœu pieux, ce sou hait est beau coup moins uto pique qu’il ne paraît au pre mier abord car de rares mais solides coopé ra tions de ce genre ont déjà eu lieu et porté leurs fruits. Une des carac té ris tiques remar quables de l’his toire intel lec tuelle a tou -jours été le dépas se ment des obs tacles natio naux, reli gieux et cultu -rels et l’échange intel lec tuel, voire la sym biose, a été beau coup plus sou vent la norme que l’excep tion pen dant le Moyen Âge et les temps pré- modernes. Aujourd’hui, l’ini tiative est par ti cu liè re ment indis pen sable et salu taire dans une des zones les plus confl ic tuelles du monde actuel, à savoir le Moyen- Orient1.

Mohammad A li Amir- Moezzi, École Pra tique des Hautes Études, Sorbonne, 45 rue des Écoles, 75005 Paris.

Sabine Schmidtke, Ins ti tut für Islamwissenschaft, Altensteinstr. 40, D-14195, Berlin.

1. Une ver sion plus brève de cette publi ca tion a été pré parée, en anglais, dans le cadre du pro jet « Rediscovering Rationalism in the Medieval World of Islam » au sein de l’European Research Council (FP 7), 2008.

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