Rastier après Peytard - Université de Franche-Comté -...

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Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon RESUMES DES COMMUNICATIONS

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Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

RESUMES DES COMMUNICATIONS

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Driss ABLALIELLIADD, Université de Franche-Comté

Peytard et Rastier, deux parallèles confondues

Jean Peytard et François Rastier ont développé deux projets sémiotiques parallèles, loin des postulats de l’immanence et de la génération, qu’ils ont appelé « sémiotique différentielle ». Pourtant aucun travail sur les lieux de filiation et de rupture entre certains des concepts fondamentaux de leurs appareils théoriques n’existe jusqu’à nos jours. Qu’on se rassure toutefois : nous ne serons pas ici l’initiateur de cette jonction. On l’a compris : la prudence la plus méticuleuse s’impose. La route est, certes, bien fructueuse pour le philologue, mais riche en carrefours dangereux. Ce que nous proposons ici en est un échantillon infime. Il s’agit d’essayer d’approcher le problème des liens qui ne peuvent manquer de se tisser entre les deux paradigmes à travers leur approche différentielle du sens. Il convient ici, d’emblée, de rappeler que les deux s’opposent avec une infinie fermeté à toute conception de la textualité qui reconnaît que le sens des textes leur est immanent. On songe évidemment ici, du côté de Rastier, à l’analyse différentielle, « qui définit le sens par l’interaction paradigmatique et syntagmatique des signes linguistiques, non seulement entre eux, mais avec le texte dans sa globalité. » (Rastier, 2001 : 17). Du côté de Peytard, le sens tient compte des réseaux de l’altération : « Nous posons qu'il est impossible de penser le problème du Sens — ou d'une Sémantique — en termes de logique monosémisante, mais qu'il est nécessaire de se placer dans un procès où ce qui prédomine ce sont les variations du sens, sa labilité, son instabilité. Saisir le sens ne se peut que dans les zones où il s'altère, parce que produire du sens ne se réalise que par transformation d'un sens dans un discours déjà là » (Peytard 2001 : 172).C’est à jeter quelques lueurs sur ce ténébreux problème que vise cette contribution en explorant la notion des parallèles en procédant en deux temps. Pour le dire autrement, pourquoi ces deux sémiotiques, empruntées par des partenaires qui ne se regardent jamais, excluent la rencontre ? Il y a donc des points qui les opposent. Nous pensons notamment à la notion de contexte, qui intègre un niveau sociétal chez Peytard qui n’a pas peur du réel, et uniquement un niveau linguistique chez Rastier qui n’a pas peur de la culture. Les deux rives du même fleuve, qui mènent au sens restent distantes. Car géométriquement, dans l’univers euclidien, les parallèles ont pour particularité de ne se jamais rencontrer. Or dans un espace ordinaire, où lorsque la distance entre deux points est nulle, les deux points coïncident, puisque, mathématiquement, deux lignes confondues sont considérées comme parallèles. Il y a donc aussi des points qui les confondent. Cette fois-ci, ce sont les questions de la génération et de l’immanence, telles qu’elles ont été développées par Greimas qui sont concernées.Bibliographie :Greimas, A.-J. [1966], Sémantique structurale, Paris, PUF.Greimas, A.-J. [1971], Du sens, Paris, Seuil.Greimas, A.-J. et Courtés, J. [1979-1985], Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, Paris, Hachette.Peytard, J. [1992], Syntagmes 4. De l’évaluation et de l’altération des discours, -sémiotique, didactique, informatique-, PUFC, Besançon.Peytard, J. [1999], « Ecriture et pointillés de sens : lecture-analyse de deux pages de Proust ” in Semen n° 11, Vers une sémiotique différentielle, ALUFC, p. 357-374. Peytard, J. [2001], Syntagmes 5, sémiotique différentielle de Proust à Perec, PUFC, BesançonRastier, F.[1994], « Microsémantique, lexique et contexte », in Martin, É. (éd.) Traitements informatiques de corpus textuels, Paris, Didier, p. 109-147.Rastier, F.[1998], « Le problème épistémologique du contexte dans les sciences du langage », in Langages, 129, p. 97-111.Rastier, F. [2001], Arts et sciences du texte, Paris, PUF.Rastier, F. [2011], Le grain et la mesure, Paris, Champion.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Jean-Michel ADAM Centre de recherche en langues et littératures européennes comparées, Université de Lausanne

Enseignements de la sémiotique de la variation/altération de Jean Peytard 

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Michel ARRIVE Université de Paris-Ouest Nanterre La Défense

L’œuvre de Jean Peytard : de la grammaire à la sémiotique et à quelques autres lieux.

Modestes réflexions sur la possibilité d’un itinéraire.

Dans la « Préface » des Mélanges offerts à Jean Peytard, Jacques Bourquin et Daniel Jacobi écrivaient, en 1993 :

« Ce qui étonne en premier lieu chez Jean Peytard, c’est l’encyclopédisme : de la linguistique générale à la sémiotique de la littérature et de l’étude des constructions préfixales à la didactique du français, il est peu de champs de la recherche où il ne vienne promener un regard aigu. […] En parcourant les articles réunis dans les différents volumes nommés par lui Syntagmes, on va de surprise en surprise » (Mélanges offerts à Jean Peytard, p.39)

On ne saurait mieux dire, tant pour la description de la variété des objets d’étude retenus par Jean Peytard que pour l’« étonnement » que suscite cette diversité.La visée de la communication est double : 1. Il s’agit d’une part d’essayer de dégager, au sein de l’ensemble de textes dénommé « l’œuvre de Jean Peytard », les relations qui s’établissent entre les divers éléments, si variés, de cet ensemble : descriptions grammaticales et/ou lexicales d’une langue, étude des variantes de textes reçus comme littéraires ou théoriques, analyse sémiotique de discours typologiquement divers, propositions pour l’enseignement de la langue et de la littérature, etc – et le etc est à prendre au pied de la lettre : il y a pas mal de cetera.2. Il s’agit d’autre part d’essayer de décrire les conditions de possibilité, dans les structures universitaires du dernier tiers du XXème siècle (1964-1999) d’une œuvre à ce point marquée par une apparente diversité.La première partie aura un caractère immanent et théorique : on cherchera à repérer celles des notions qui sont l’objet constant de l’attention de l’auteur et dont le retour explique l’apparente disparate de ses intérêts. La seconde partie sera de caractère historique et institutionnel : il s’agira de montrer comment la structure et l’évolution des sciences du langage à l’époque considérée rendaient possible un tel itinéraire. Et on se demandera s’il serait possible un quart de siècle plus tard.

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Saburo AOKI

Université de Tsukuba, Japon

Un linguiste japonais, 35 ans après

La dette intellectuelle que j’ai vis-à-vis de Jean Peytard et de son enseignement remonte précisément au 2 novembre 1977, le jour de sa première lecture de linguistique générale, centrée autour de la question : comment se posent les problèmes du langage ? Depuis lors, je n’ai cessé d’y réfléchir et me voilà aujourd’hui revenu pour aborder les problèmes de l’articulation entre la langue et la sémiotique littéraire. On sait que la langue est un système qui a pour fonction de représenter notre monde (perception, connaissance, expérience), de le communiquer à autrui et de réguler la transmission du message. C’est un système général qui appartient à une communauté linguistique donnée. En revanche la parole est une manifestation particulière de séquences de la langue. La langue et la parole se situent donc sur un axe constitué par la généralité et la particularité du système linguistique. Or la parole est ancrée dans un discours singulier (pensée, idéologie, politique, histoire...). Il importe ainsi de distinguer l’axe constitué par à la fois la généralité et la particularité du système linguistique d’un côté et la singularité du discours ancré dans le monde qui est universel de l’autre. Cette distinction semble permettre d’articuler la linguistique et la littérature. Les linguistes (et les grammairiens) fixent leur attention sur la mise en évidence du mécanisme qui sous-tend le système de la langue, tandis que l’intérêt des littéraires est davantage tourné vers l’écriture et l’interprétation de textes qui constituent le lieu singulier de la langue. Jean Peytard avait, à mon sens, fixé son regard sur le croisement de la propriété générale de la langue et de la singularité de l’écriture. Il avait ainsi vécu son syntagme. Cette question m’amène à considérer le cas particulier du mot tada en japonais, car, à juste titre, ce mot apparaît au croisement de la singularité de l’écriture et de la particularité de la langue. Le mot tada est comparable à l’adjectif simple et/ou à l’adverbial simplement selon la portée syntaxique, nominale ou verbale. Par exemple tada no tomodati (tada/DE/ami) signifie un simple ami, c’est-à-dire un ami qui n’a pas d’autres valeurs que celle d’être ami. Le mot tada va jusqu’à signifier qui est gratuit dans la séquence tada no kippu (tada/DE/ticket : un ticket sans prix), en annulant la prise en compte de toute valeur marchande possible associée au ticket. Le mot tada peut évoquer toute valeur imaginaire pour revenir à la réalité. Ainsi tada yuki ga furu (tada/neige/sujet/tomber : il neige tout simplement) annule selon les contextes toutes sortes de scènes possibles (romantiques, intimes, tendres, etc.) pour constater qu’en réalité il n’y a d’autre fait que la neige qui tombe. Un écrivain japonais, Ango Sakaguchi (1906-1955), a semé ce signe partout dans ses œuvres pour dénoncer la démagogie, l’illusion, la folie et la sérénité apparente durant la Guerre du Pacifique (1941-1945), ainsi que la pagaille et le bouleversement des valeurs morales après la Seconde guerre mondiale, sous l’occupation du Japon par le GHQ (General Headquarters, the Supreme Commander for the Allied Powers). Ango Sakaguchi décrit ce paysage massivement à travers la qualification donnée par tada. Ce mot efface toute ostentation, vanité, vertu, chasteté, hypocrisie pour ramener à un état de pureté immuable.Le mot a une puissance verbale considérable dans ce lieu de la singularité.

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Djillali ATTATFA ENS d’Alger-Bouzaréa, Algérie

L’altération, de l’effet voulu à la contrainte subie

Notre communication s’articule autour de quatre points : 1.un hommage rendu à Jean Peytard ; 2. les difficultés de traduction de l’article «  Sémiotique de l’Altération » (paru dans Syntagmes n° 4 en 1992) en arabe ; 3. les relations entre les notions d’« altération » et d’« altérité » dans le « transcodage » et la « reformulation » ; 4. la superposition des notions de « transcodage » et de « reformulation », en particulier dans les Chroniques italiennes de Stendhal. L’hommage rendu à PeytardDans les années soixante-dix, quand j’étais professeur à l’Institut de technologie de l’éducation d’Alger-Bouzaréa où l’on formait des enseignants de français, un collègue français qui y enseignait aussi m’avait procuré un exemplaire de l’ouvrage de Genouvier-Peytard, Linguistique et enseignement du français, qui m’avait permis de renouveler l’enseignement de la didactique du FLE que je dispensais sur des bases plus scientifiques et de sortir des sentiers traditionnels.Les difficultés de traduction La traduction de l’article que j’ai réalisée en arabe a été très ardue pour les raisons suivantes

- la syntaxe utilisée présente des tournures phrastiques très personnelles qui ne sont pas interprétables au premier abord mais nécessitent une analyse minutieuse ;

- certaines notions n’ont pas d’équivalent en arabe ; il a donc fallu faire preuve d’initia-tive pour proposer des équivalents ;

- d’autres notions ont plusieurs équivalents parce qu’il n’y a pas uniformisation de la terminologie linguistique entre les différents pays arabes, chacun disposant d’une aca-démie de langue arabe propose sa propre traduction des notions, sans tenir compte de ce qui se fait dans le pays voisin ;

- l’utilisation de néologismes par l’auteur.Altération et altérité dans le transcodage et la reformulationDans le transcodage, que ce soit par la traduction dans une autre langue ou l’adaptation en images, il y a altération du discours initial (traduttore traditore) mais aussi altérité parce qu’il prend une tout autre forme, linguistique ou iconique ; l’altération est une contrainte subie.Dans la reformulation, il y a altération mais il n’y a pas altérité parce qu’on reste dans le même code (la même langue) ; l’altération est un effet voulu.Transcodage et reformulation dans les Chroniques italiennesStendhal fait subir un double traitement au texte original :

- il est d’abord traduit : il y a donc transcodage ; c’est une contrainte subie, incontour-nable ;

- il est ensuite réécrit : il y a donc reformulation ; c’est un effet voulu, recherché pour « personnaliser » le texte original qui va servir de déclencheur à l’inspiration de l’au-teur.

Nous montrerons enfin que l’altération a une connotation négative, quand on l’associe à un synonyme comme « dégradation », alors que l’altérité a une connotation plutôt positive, quand on l’associe à un synonyme comme « différenciation ».

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Jeanne-Marie BARBERISPraxiling, UMR 5267, CNRS et Montpellier III

Altération, variation, et configuration textuelle : l’approche dialogique à l’épreuve du conte réaliste

L’objet de cette communication est de travailler conjointement sur des phénomènes locaux, qui émergent de manière significative dans le langage du conte réaliste, et sur le positionnement de ces phénomènes dans un dispositif textuel « total ». Loin de constituer deux ordres à part, ces deux niveaux de construction du sens sont destinés à coopérer et à se répondre. Le corpus d’étude est celui des Romans et des Contes de Maupassant, mais plus spécifiquement, un ensemble choisi de contes, les « contes de guerre », et leurs entours (cf. en annexe les titres des œuvres). Les phénomènes de variation inscrivent dans la langue du conte les traces de discours et de langages autres, et construisent de l’hétérogénéité dans le texte narratif. Cet « autrement dit » montre, sur certains points du texte, une polémique ou une différence entre deux langages, et par là, entre deux sources énonciatives. (i) Le sens construit dans la variation est une dé-stabilisation (sémantique, énonciative), et c’est dans cet espacement que se lit le sens, si nous en croyons J. Peytard. Nous sommes ainsi conduits à envisager la dimension dynamique de la construction du sens, que nous essaierons de faire travailler pour notre part dans la notion d’actualisation, en l’appliquant à la construction du texte comme tout de sens (Barbéris 2007).(ii) L’autrement dit sera interprété également à travers la grille du dialogisme (Bres et al. 2005). Cette approche, initiée par le cercle de Bakhtine, et retravaillée par l’AD, unit la dimension sociolinguistique à la dimension énonciative. Pour étudier les langages du conte, leur mélange et leur polémique, ces deux dimensions paraissent absolument nécessaires.La communication s’appuie sur les ressources de l’AD de deux manières : (i) recours aux données authentiques, de préférence considérées au sein d’un corpus, où les unités linguistiques font sens à l’intérieur d’un ensemble plus vaste, et au sein des organisations prévisibles impliquées par les genres du discours ;(ii) mise en situation de ces données au sein du langage, des langages d’une époque, celle des années 1880, au sein des pratiques scripturales de cette époque, en étroite relation avec le rôle croissant des langages urbains dans l’espace social de la capitale (langue verte, argot du boulevard) (Barbéris, sous presse), avec le rôle de la presse, et de l’opinion.Cette étude de la mise en jeu de la variation au sein d’un corpus littéraire entend rendre hommage à l’important travail de Jean Peytard (1993, 1995) dans le champ de l’analyse du discours. Je rencontre avec plaisir des convergences nombreuses entre le courant de pensée qu’il a initié, et celui de la linguistique praxématique (Détrie et al. 2001). Même si l’on ne peut parler d’influences réciproques entre les deux écoles, gageons, sans crainte de nous tromper, que ces convergences vont nous permettre de dialoguer, à l’occasion des échanges du colloque, de manière productive.

Corpus d’étude :Comme toile de fond, deux romans : Bel-Ami, et Mont-Oriol.Comme macro-texte, les « contes de guerre » de Maupassant (particulièrement : Boule-de-Suif, Mademoiselle Fifi, Le père Milon, La Mère Sauvage, Saint-Antoine), complétés par deux autres contes : Le Père Judas ; Le garde.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Jeanne-Marie BARBERIS

Indications bibliographiquesBarbéris, J.-M., 2007, « Peut-on parler d’actualisation du texte ? Quelques propositions », in Bres J. et al. (éd.), Psychomécanique du langage et linguistiques cognitives, Limoges : Lambert Lucas, 387-395.Bakhtine, M. 1934/1978. « Du discours romanesque ». Esthétique et théorie du roman. Paris : Gallimard, Tel, p. 83-233.Bakhtine, M. 1984. Esthétique de la création verbale. Paris : Gallimard.Bres, J., Haillet P.-P., Mellet, S., Nølke, H. (éds), 2005, Dialogisme et polyphonie. Approches linguistiques. Louvain-la-Neuve : Duculot, Champs linguistiques.Détrie, C., Siblot, P. et Verine, B. (éds), 2001, Termes et concepts pour l’analyse du discours. Une approche praxématique. Paris : Champion.Peytard, J., 1993, « D’une sémiotique de l’altération », Annales littéraires de l’Université de franche-Comté, Presses univ. de Franche Comté : 137-169.Peytard, J., 1995, Mikhaïl Bakhtine. Dialogisme et analyse du discours , Paris : Bertrand-Lacoste.

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Alpha Ousmane BARRY, ELLIADD, Université de Franche-Comté

Performance et variabilité dans l’épopée peule du Fuuta Jaloo : une problématique de recherche sur l’altération

En 1939 déjà, Marcel Jousse se demandait comment l’homme, placé au milieu des innombrables actions de l’univers, s’y prend-il pour conserver en lui le souvenir de ces actions et pour transmettre fidèlement, de génération en génération, à ses descendants ? Cette question pose nécessairement la problématique de la composition, de la conservation et de la transmission de la mémoire collective chez les Peuls, et plus largement dans toutes les sociétés qui accordent une primauté à l’oral.Dans la culture peule l’éloquence rhétorique s’organise autour des genres narratifs (conte, mythe, épopée, etc.) et des genres non narratifs (proverbes, devise…). Les genres narratifs - comme l’épopée - généralement hétérogènes font partie d’un patrimoine verbal conservé par la mémoire collective et transmis de génération en génération par la voie orale. Ces textes, qui sont l’apanage de professionnels de la parole constituent un fond culturel ou des savoirs encyclopédiques sédimentés au fil âges. Ils sont ancrés dans l’ensemble du contexte sociohistorique, socioculturel et donc dans l’idéologie en tant que fondement de la superstructure d’une culture donnée. L’éloquence épique, forme de ritualisation collective, est un art oratoire spécifique proféré sur un ton solennel dont la dynamique se mesure à sa variabilité due en grande partie aux nécessités de ré-énonciation perpétuelle. Contrairement à une doxa tenace qui catalogue la transmission des textes patrimoniaux des cultures orales comme une reconduction mécanique, l’énonciation d’une épopée n’est pas synonyme de récitation d’un texte statique mémorisé devant un auditoire passif. Au contraire toute performance orale est une cérémonie de réactualisation de la mémoire en fonction des circonstances socioculturelles du moment. Dans cette optique, le griot - orateur épique – dispose d’un savoir (encyclopédique) de base à partir duquel il recompose son récit en fonction de ses talents, ce qui justifie en partie la variabilité qui découle à la fois des prestations oratoires et de la performance de l’énonciation.En d’autres termes, selon son talent et ses aptitudes oratoires, le fond mémoriel d’histoires, de généalogies, de panégyriques, de proverbes, de devises, d’anecdotes, etc. appris progressivement par le griot constitue la mouture de base à partir de laquelle, il développe la capacité de puiser dans ce répertoire, selon le principe du ressouvenir, tout ce qui s’adapte à un contexte énonciatif donné. C’est pourquoi le but de l’apprentissage n’est pas de reproduire mot à mot un discours déjà mémorisé, mais il s’agit pour le griot dans chaque contexte de ré-énoncer dans les grandes lignes ce qui constitue l’essence à ne pas altérer. Ainsi se dessine la façon dont l’art de parler contribue à l’édification du mémorable. Les éléments basiques ainsi définis génèrent des stratégies visant à maintenir et à vivifier le patrimoine verbal selon une opération d’archivage qui exerce, d’une manière ou d’une autre, une influence sur le processus de production et de ré-énonciation des textes oraux. Ma communication pose ainsi la problématique des corpus oraux dont la recherche nécessite l’établissement et la traduction d’un texte littéraire très élaboré, mais en perpétuelle transformation. J’aborderai donc ce vaste domaine de réflexion de manière ponctuelle autour de la notion d’altération.

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Jean-Claude BEACCO EA 2288 DILTEC/GRAC, Université Paris III-Sorbonne Nouvelle

Jean Peytard grammairien : la question de la transposition des savoirs linguistiques savants dans les années 70-80.

Jean Peytard, agrégé de grammaire, nourri donc, entre autres, du mémoire de F. de Saussure sur le schwa et de la thèse de E. Benveniste sur l’origine des noms en indo-européen comme tous ses condisciples, n’a jamais perdu de vue la dimension didactique et, de ce fait, sociale de la sélection des savoirs sur la langue pour l’enseignement. Coauteur de la Grammaire Larousse du français contemporain et de ce qui deviendra rapidement « Le Genouvrier-Peytard », une des dynamiques de sa réflexion a bien été, en ces temps d’application de la jeune linguistique à l’enseignement du français langue de scolarisation et langue étrangère, de gérer au mieux l’entrée des nouveaux savoirs métalinguistiques savants, dont on attendait tant, dans l’espace de la classe et de sa grammaire traditionnelle, que l’on nommerait aujourd’hui ordinaire.Ce processus de transposition a trouvé son lieu d’application le plus approprié dans la réalisation de manuels de grammaire que Jean Peytard a conçus avec Raymond Cuby, IPR et lui-même agrégé de grammaire(1977 et 1978). Entreprise cohérente que celle de chercher à mettre en conformité la description scolaire du français avec la linguistique française, mais aussi entreprise malaisée, car surdéterminée par l’idéologie grammaticale dominante, fondée sur une terminologie orthodoxe (celle des Instructions et programmes officiels de 1977), et devant compter avec les représentations ordinaires : ne lit-on pas, sous la plume d’un lecteur adulte anonyme, au début d’un exemplaire du premier volume (classe de 6°), cette annotation irritée: « Il est effarant, ce livre, cette « grammaire » ! Comment un élève « moyen », même un peu plus que moyen peut-il étudier là-dedans ? ».On examinera dans cette communication comment les auteurs de ces deux manuels concevaient leurs responsabilités de médiateurs didactiques, pris entre l’altération (des savoirs savants) et la variation, qui est au cœur du discours là où la terminologie dit la norme invariante. On sollicitera à cette fin le texte où J. Peytard s’est expliqué de son combat avec la contrainte (1980) et l’on revisitera cette problématique, telle qu’elle est aujourd’hui conçue, en ces temps où l’applicationnisme s’est complexifié (Beacco 2011) et où la variation a gagné en légitimité.

Références bibliographiquesBeacco J.-C. (2010) : Didactique de la grammaire dans l’enseignement du français et des langues, Paris, Didier.Benveniste E. (1948) : Origines de la formation des noms en indo-européen, Paris, Adrien-Maisonneuve.Chevalier J.-C., Blanche-Benveniste Cl,. Arrivé M. & Peytard J. (1964) : Grammaire Larousse du français contemporain, Paris, Larousse.Peytard J. (1980) : « Ecrire sous contrainte(s) terminologique(s) – et contre, Langue française 47, p. 100-108.Peytard J. & Cuby R. (1977): Des signes et des phrases. Grammaire 6°, Paris, Bordas.Peytard J. & Cuby R. (1977): Des signes et des phrases. 5°, Paris, Bordas.Peytard J. & Genouvrier É. (1970) : Grammaire et enseignement du français, Paris, Larousse.Saussure F. de (1870) : Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes, Leipzig, Teubner.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Evelyne BERARD ELLIADD, Université de Franche-Comté

Discours et documents authentiques

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Marie-Josèphe BERCHOUD-GOURMELIN ELLIADD, Université de Bourgogne

Richesse et ouverture d’une notion : le « tiers-parlant », au creux de l’intime, au cœur du social

L’idée centrale de cette communication est de considérer les emplois et l’évolution de la notion peytardienne de  tiers-parlant. On verra les origines de la notion, son intérêt et son évolution, pour conclure sur les perspectives. La « rencontre du tiers-parlant », explique J. Peytard (Syntagmes 5, pp. 21-23) se produisit durant les années de son séminaire au CREDIF, soit 1978-1982, autour du questionnement sur le discours qu’il dit « relaté », soit « tout lieu qui dans l’énoncé se construit d’une relation de paroles », un lieu qu’il fut amené à nommer : « il y a du tiers-parlant dans l’échange énonciatif » (ibid.) Ce geste de nommer, et de nommer quelque chose comme un sujet de parole est loin d’être anodin. Notamment parce que cela conduit à mettre des mots, voire des noms, sur la situation singulière, dominée  ou dominante, de l’énonciateur : « tout discours relaté témoigne par sa forme, d’une évaluation (non-consciente) du sujet énonçant sur son propre énoncé » (ibid.) ; donc, à travers l’analyse, à élaborer de la liberté par la prise de conscience. Le tiers-parlant se déploie ensuite dans un article des Cahiers du français des années quatre-vingts, n° 4 de mars 1989, repris dans Syntagme 4, « La mise en mots du tiers-parlant comme jeu évaluatif », à partir d’un corpus oral rassemblé par l’équipe FRA-80 du CREDIF. Signalons que la « rencontre du tiers-parlant » se fait aussi dans les livres d’Histoire : en 1953 est paru au CNRS sous la double signature de G. Lefèbvre et A. Terroine un Recueil de documents relatifs aux séances des États-Généraux (mai-juin 1789) dans lequel l’expression Tiers parlant est employée pour désigner le Tiers-État. Qu’apporte la notion (le concept, dixit JP), de tiers-parlant ? En bref - D’abord la possibilité d’analyser et nommer ces discours dont nous sommes tous traversés, de les situer et de se situer ; mais aussi le fait qu’un tiers-parlant peut en cacher un autre, rapprochant ainsi la persona du tiers-parlant des apports de la psychanalyse à la linguistique (Arrivé et Normand : 1998, avec les contributions d’Authier-Revuz et Turpin), et nourrissant l’altération sémiolinguistique avec l’altérité (Syntagmes 3 et 4). Et enfin l’ouverture à des possibilités d’analyse, non seulement du « discours dans le discours », mais aussi du « discours sur le discours » (Bakhtine, 1928 / 1984 : 161), pour une valorisation, en matière de discours, des savoirs sensibles, dits parfois ordinaires, étudiés par Michel de Certeau (côtoyé par JP durant des années à Middlebury) dans L’invention du quotidien (1977). Adam (2006) avec l’aide de Paveau (2005) fait le point sur « intertextualité et interdiscours » en resituant Peytard par rapport à autrui, de Foucault à Grize, Pêcheux et Maldidier,  puis pose in fine la question des « limites de l’interprétation », comme Eco avant lui, avec « les droits du texte » (1992). Mais pour J. Peytard, précisément, peut-on mettre le mot FIN tant qu’il y a des lecteurs – auditeurs - énonciateurs, qui lisent, disent, sentent, perçoivent ? La richesse de la notion entre en dialogisme dynamique avec le risque de malentendu : l e déplacement du questionnement discursif du côté du sujet parlant, tant l’énonciateur que le lecteur, et ce, dans la perspective évaluative, ce déplacement potentiel par la notion de tiers-parlant, est source d’incertitude, pour ne pas dire d’ «inquiétude du discours » ; mais il est ici postulé qu’il ne peut y avoir de félicité voire de plénitude sans inquiétude. D’où la fragilité et l’intérêt de la notion de tiers-parlant : elle permet l’éveil renouvelé de l’écoute des discours, du plus intime au plus social, l’un n’excluant pas l’autre mais l’ancrant ; en outre, situer et repérer le tiers-parlant et les jeux évaluatifs mène sans doute à approcher au plus près la création, en particulier littéraire (attention, l’intime n’est pas forcément synonyme de « littéraire », et le social pas absent du littéraire).  Ultime intérêt, mais non le moindre.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Dominique BOURGAINUniversité Lyon 2 Lumière

Communications des émotions 

Existe-t-il des expériences plus irréductiblement intimes et uniques que celles de nos émotions ? Paradoxalement, existe-t-il pourtant matière de nos relations aux autres, plus nombreuse et plus variée que celles-ci ? Certes, on prendrait peu de risques à postuler qu’une part de nos émotions relèvent de l’incommunicable et mettent tout langage –verbal ou non- à l’épreuve de ses limites. Elles n’en constituent pas moins l’un des vecteurs -peut-être le principal- de nos communications. Du dicible à l’indicible, de ce qui doit être dit à ce qui doit être tu, de l’innommable à l’impensable, la question de la communication de nos émotions ne saurait être contenue dans la seule distinction (indispensable) des émotions elles-mêmes avec leurs manifestations et leur expression. En fait, de l’éprouvé au manifesté, du manifesté au communiqué, de la conscience des éprouvés au formulé, du formulé au suscité, de l’exprimé au signifié, la communication des émotions ne saurait être analysée sans prendre en considération leur statut idéologique amplement clivé, aussi bien par les spécialistes que par le sens commun, tel qu’il leur est conféré à un moment donné de l’histoire d’une société particulière.Cette communication ne peut se faire qu’au prix d’un travail, que l’on peut, à la suite de Jean Peytard, désigner comme celui d’une « altération », processus transformateur qui permet de passer de quelque chose (les émotions) à autre chose (le dit sur les émotions ou pour les susciter), de quelqu’un (l’éprouvant ou sensé éprouver) à quelqu’un d’autre (ses interlocuteurs). Le surgissement du sujet parlant/écrivant est donc inévitable et inévitablement lié à la place que ce sujet parlant/écrivant fait à l’Autre dans son discours : cette place -qui repose sur le pari d’une relative perméabilité du « je » et du « tu »- est le seul recours (illusoire ?) à un émiettement des subjectivités qui conduirait à une impossibilité d’ « être avec ». Par suite, il n’est pas étonnant que les discours des/sur les émotions ou pour les susciter soient un lieu majeur de production et diffusion idéologique : les émotions et l’émouvant ne sont pas des invariants du discours mais les produits de l’histoire des groupes sociaux et, par conséquent, ils forment l’une des principales enceintes des enjeux de lutte entre ces groupes. Les discours qui touchent aux émotions ne sauraient ainsi surgir au hasard de nos éprouvés dans nos communications avec les autres : résultats d’un compromis entre le dicible et le non dicible, le manifesté et le réprimé, le dit et le signifié, ce sont des actions qui ne sont complètes et achevées qu’avec la réaction de l’Autre, qu’ils provoquent ou suivent, voire anticipent. On peut donc estimer qu’ils sont à la fois dialogiques (évidemment) et dialogaux.Ces discours procèdent le plus souvent de véritables « mises en scène » narratives, mobilisant alors non seulement un répertoire repérable de figures qui ont à voir avec le pathos (et non l’ithos) mais aussi empruntant des régimes propres, avec leurs usures remarquables, notamment les régimes de la communication-fusion, de la monstration et du témoignage, où se joue les frontières entre la sincérité et la manipulation, la véracité et le véridique : tous ces régimes reposent sur l’altération et ce faisant, se jouent à la croisée de l’implication du « je » dans son discours et de la nécessité de placer l’Autre dans une position impliquante, celle d’un sujet qui adopte une « attitude responsive active ».Il y a donc une construction de l’expérience émotionnelle dans et par le discours, co- piloté par le sujet parlant/écrivant et ses interprétants : au-delà du raté et de la rature, l’un des enjeux des communications des émotions (sur les émotions/pour susciter des émotions) est, en effet, de donner du sens à nos relations aux Autres. Elles sont elles-mêmes une action sociale (et

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

non une seule expérience intrapsychique) en même temps que l’extériorisation de l’intériorité dont elles procèdent est la phase inaugurale de leur élaboration

Bernard BOUTEILLE, Université de Franche-Comté

S comme…

S comme Syntagmes, pour la démarche de lecture-analyse de l’altération par hétéro-reformulation

S comme Suspense, l’objet étudié

S comme Sémiotique quant à la discipline de référence.

Le suspense est un pont affectif, de tension variable, entre le récit filmique et son récepteur-spectateur. Cette articulation - à double sens -est construite à partir d’une fonction narrative ponctuelle précise d’un des protagonistes intradiégétiques : patient victime éventuelle ou actuelle (mais jamais effective) d’un processus de dégradation puissant et menaçant, pour reprendre la terminologie de Claude BREMOND dans Logique du récit. Que le personnage soit conscient ou non des risques qu’il encourt et qu’anticipe le spectateur n’intervient pas comme facteur discriminant pour l’identification de ce phénomène, mais comme paramètre qualifiant : suspense griffithien, dit « classique », dans le premier cas qui repose sur une égalité de savoir entre le spectateur et le personnage, nommée focalisation cinématographique interne par François JOST ; suspense hitchcockien dans le second cas, dû à la supériorité cognitive du spectateur sur le personnage ignorant la menace qui pèse sur lui, soit à une focalisation cinématographique spectatorielle.Il s’ensuit cependant qu’il existe deux énoncés filmiques minimum de suspense, susceptibles d’altération par enrichissement et diversification de sa mise en œuvre, aux niveaux des péripéties, de la relation temporalité-espace, de l’intensité graduelle ou oscillatoire de la pression dramatique, du profil du dégradateur potentiel ou actuel et de ses agissements, etc.Notre réflexion sémiotique, en prenant appui sur quelques exemples emblématiques et – nous l’espérons – surprenants, voudrait dépasser le cadre d’un inventaire qui, pour être systématique, se cantonnerait dans un formalisme fastidieux. En radiographiant la « machine à suspense », ou « à tension dramatique » (face au redouté anticipé par le spectateur non pour lui-même mais pour le personnage) puisque le suspense n’est qu’une forme extrême, exacerbée, de celle-ci, nous voudrions poser la question de l’altération de l’usage du suspense au cinéma : n’apparaît-il que pour faire éprouver des sueurs froides au spectateur ? Et même dans ce cas, à quelle expérience intime et sociale correspond-il ?Bref, s’interroger sur l’altération de l’usage du suspense, c’est réfléchir sur la visée du cinéaste qui y recourt, et sur la place qu’en le sculptant le réalisateur lui assigne dans l’économie signifiante de son film.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Henri BOYERDIPRALANG, Université Montpellier III

Représentations sociolinguistiques et production d' identité

Les représentations sociolinguistiques sont considérées ici comme une composante essentielle d'une configuration sociolinguistique. Ainsi elles pèsent d'un poids parfois décisif sur la dynamique de cette configuration, ses évolutions voire ses transformations.Par ailleurs l'activité langagière des communautés et des groupes se déploie simultanément, quoi qu'on en dise, dans le cadre d'une tension à deux pôles apparemment contradictoires: l'un tourné vers une régulation centripète, l'autre vers la production centrifuge d'identités. Cette tension, qui habite l'imaginaire des langues en vigueur dans la communauté ou le groupe, repose sur des représentations, voire des constructions idéologiques, que le diagnostic sociolinguistique se doit de prendre en considération s'il veut être pertinent.C'est ce que la communication tentera d'illustrer, à divers niveaux de fonctionnement sociolinguistique, en particulier dans des situations de contact de langues.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Jacques CORTESUniversité de Rouen

La Présence "insistante et irrépressible" du Texte littéraire en classe de français langue étrangère. Deux années de séminaire avec Jean Peytard

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Jerônimo Coura-Sobrinho Centre Fédéral d’Education Technologique du Minas Gerais CEFET-MG – Brésil

Lexique et enseignement des langues

L’actualité des idées de Jean Peytard s’observe dans les domaines des études des discours et de la didactique des langues. La connaissance du vocabulaire et du lexique et son rapport avec la compétence communicative, l’une des questions étudié par Genouvrier et Peytard (1975), jouent un rôle important dans la recherche actuelle en lexicologie aussi qu’en lexicographie. La lexicographie pédagogique se développe partout dans le monde ce qui contribue à l’élaboration de nouveaux dictionnaires destinés aux apprenants de langues étrangères. Du coup, la connaissance du vocabulaire et son apprentissage par l’usage de dictionnaires trouvent une place importante dans les méthodes d´enseignement de français langue étrangère (FLE). À partir des idées de Genouvrier et Peytard (1975) en ce qui concerne la compétence lexicale, nous nous proposons de discuter la place du lexique et de l’usage de dictionnaires dans une méthode de FLE utilisée au Brésil.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Daniel COSTEENS Lyon

Altération, reformulation et appropriation

Dans les travaux de Jean Peytard, le concept d’« altération » tient une place particulière en rapport à des modalités d’analyse de discours et de reformulation sémiotique. On entend le reprendre (et peut-être le distendre) en l’introduisant plus fortement dans une démarche d’enseignement / apprentissage qui (paradoxalement ?), s’est trouvée assez peu sollicitée dans la série des Syntagmes et dans les autres publications, y compris Linguistique et enseignement du français (Peytard et Moirand 1992). C’est pourtant d’abord par le souvenir d’un moment pédagogique particulier dans une classe primaire - moment présenté comme déclencheur - que Jean Peytard ouvre son texte « Sémiotique de l’altération : histoire d’un concept » (Syntagmes 5 : 19-23).Dans le réseau conceptuel que travaille la sémiotique différentielle, l’altération entretient des liens avec le « discours relaté », le « tiers-parlant », mais aussi avec la « variance » et la « coalescence ». Et dès son analyse du début des années 70 intitulée « Pour une typologie des discours oraux », on assiste à une mise en place d’un espace de réflexion touchant aux genres et à leur diversité ; espace où pourront s’inscrire les distinctions un temps établies entre « reformulation » et « transcodage » dont « altération » devient en quelque sorte l’hyperonyme.C’est ce dispositif qu’on se propose de réinvestir en y soumettant les opérations qui, jouant sur textes et intertextes (« texte » n’étant pas pris ici au sens de « texte littéraire » que lui donne Jean Peytard) mais aussi sur d’autres formes sémiotiques, contribuent à des apprentissages langagiers et autres. Le travail d’approximation/appropriation y passe en effet par de multiples altérations successives. Mais deux dimensions sont alors à prendre en compte. D’une part, le rapport à l’altérité dans le processus visant l’appropriation et le fait que l’altération est mise au service d’une réduction (ou d’une complexification) de cette altérité/opacité. D’autre part, généralement, l’intervention d’un tiers-actant exerçant une fonction de médiation. Dans la terminologie de Jean Peytard, faut-il relire cet apprentissage comme un passage, pour l’apprenant, de la « doxa » à l’épistémé, voire à la poiésis. C’est bien ce que pointe une mention rapide dans « D’une sémiotique de l’altération » (p. 159) : « L'enseignement est la pratique qui permet à la doxa de comprendre l'épistémé et la poiesis ; or, enseigner c'est altérer les discours de la science comme de la littérature. ». Perspective intégratrice pour ce qui est de la conception d’ensemble. En bref, il s’agira de revisiter, quitte justement à quelque peu les altérer, des propositions théorico-terminologiques de Jean Peytard, qui, pour les réflexions sur l’apprentissage présentent une actualité et une fécondité toujours vives.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Séverine EQUOY-HUTINELLIADD, Université de Franche Comté

Le processus de création publicitaire en formation professionnalisante : Quand les étudiants pratiquent l’altération, la variation et l’(auto)évaluation

dans leur quête du sens à transmettre.

Le projet de contribution qui est présenté ici s’intéresse particulièrement au processus de création publicitaire en situation d’apprentissage et plus particulièrement dans le cadre d’une formation professionnalisante. Elle se fonde sur une expérience menée avec des étudiants de 2ème de DUT Information Communication option Publicité au sein du module « Ecrits et oral professionnels ». Il s’agira d’observer le processus de création publicitaire conduit par les étudiants, à la lumière de la triade Altération Variation Evaluation proposée dans le cadre de ce colloque consacré à Jean Peytard.En effet, depuis la lecture du brief annonceur jusqu’à la réalisation des documents de communication, le processus de création publicitaire tel qu’il peut être conduit en agence de communication repose sur un travail d’Altération, de Variation et d’Evaluation constant de la part de l’équipe créative. La déclinaison du concept publicitaire sur différents supports (affiche, annonce presse, dépliant…) suppose une mise en variation de celui-ci relativement au genre et au public qu’il convoque.Comme l’a affirmé Jean Peytard dans le numéro 8 de la Revue SEMEN intitulé « Configurations discursives », « saisir le sens ne se peut que dans les zones où il s’altère, parce que produire du sens ne se réalise que par la transformation d’un sens établi dans des discours déjà là » (1996 : 145). Il sera donc question d’observer la genèse d’une campagne de communication « fictive » - dans le sens où il s’agit d’un exercice conduit au sein d’une formation professionnalisante - en faisant notamment dialoguer les concepts issus des recherches menées par J. Peytard et les outils professionnels utilisés par les étudiants.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Yves GILLIUniversité de Franche-Comté

Retour sur les rapports structuralisme/texte littéraire 

Ce retour au structuralisme est en même temps, pour moi, une sorte d’hommage à J. Peytard. En effet, germaniste de profession, je me suis d’abord tourné vers la didactique des langues étrangères, puis vers la linguistique. Mais je dois dire que c’est essentiellement J. Peytard qui m’a intéressé à cette discipline et considérablement aidé, notamment grâce aux séances de séminaire qu’il a animées à Besançon durant les années 1979 à 1996. Ses exposés sur le structuralisme et les travaux réalisés dans cette optique m’ont tout particulièrement passionné, car j’entrevoyais l’exploitation que je pourrais en faire concernant le texte littéraire et c’est donc naturellement que J.Peytard devint le directeur de ma thèse d’Etat portant sur des problèmes de méthodologie et ayant pour corpus une œuvre de F. Kafka. L’objectif était de vérifier « concrètement » en quoi une étude de type structuraliste était susceptible d’apporter une réelle contribution, entreprise à la fois risquée et ambitieuse.L’exposé présenté au sein de ce colloque est un retour sur cette voie de recherche, sans doute un peu délaissée, voire parfois dénigrée, car jugée dépassée. Il effectue d’abord un rappel théorique dans deux directions : à un niveau strictement linguistique, représentant ce qu’il faut entendre précisément par structure, en privilégiant, pour des raisons qui seront évoquées au cours de l’exposé, la phonétique/phonologie et au niveau de l’utilisation de ce concept de structure à propos du texte littéraire. Sera ensuite proposé l’exemple « concret » et personnel de l’analyse structurale mentionnée ci-dessus à propos d’un roman de F. Kafka. Une dernière partie critique tentera de dégager les éventuels avantages et les limites d’une approche structuraliste en la replaçant, pour ainsi dire, entre un avant et un après.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Corinne GRENOUILLETCERIEL, Université de Strasbourg

Texte et contexte, l’apport de Jean Peytard à une recherche en sémiotique littéraire

Cette communication sera l’occasion de présenter différents aspects de ma recherche en l’articulant avec les travaux et l’enseignement de Jean Peytard. Partie de l’étude de la réception du texte littéraire et de la figure du lecteur dans l’œuvre, elle a pris, pendant plusieurs années, un tour plus nettement littéraire en se consacrant à des travaux sur l’œuvre d’Aragon. En examinant un corpus de textes écrits par des travailleurs sur le thème de leur travail (ouvrier ou « prolétaire »), je mesure aujourd'hui la part d’un héritage qui m’a conduite à me pencher sur des textes à la « littérarité » incertaine.Le contexte, la perspective sociologique et historiqueLa sémiolinguistique a été pour moi une école de la contextualisation. L’objet de discours, qu’il soit texte littéraire ou texte de critique littéraire/journalistique, n’acquiert son sens qu’à la mesure où il est rapporté aux contraintes qui le surdéterminent, au niveau de la production (le genre du discours dans lequel il s’inscrit) aussi bien qu’au niveau de la réception. Ce deuxième aspect m’a longtemps occupée et tient toujours une place majeure dans mon approche des textes. Des « régimes de lecture » antagonistes peuvent conduire à des interprétations opposées : Aragon attendait que son roman Les Communistes soit lu comme une œuvre d’art, mais celui-ci fut instrumentalisé dans le cadre d’une définition de l’art de parti qui s’inscrivait dans le contexte politique et idéologique de la Guerre froide et de la jdanovisation culturelle en France. La lecture purement référentielle qui en fut faite par les militants communistes de l’époque les amena à voir dans le roman un miroir de leur identité et de leur engagement politiques. Ce que « l’école de Besançon » m’apprit alors, c’est de ne pas séparer le texte de son contexte, la communication de la situation dont elle est issue et qui lui donne sens.Le champ éditorialDu côté de la « production » littéraire, elle m’a appris aussi à porter l’analyse sur l’entour du texte, ces seuils qu’évoque Gérard Genette dans son livre éponyme, paratexte et épitexte, mais plus généralement à examiner les configurations éditoriales qui rendent possible le livre, c’est-à-dire l’existence même des textes. Ces dernières sont le lieu de tensions entre différentes « positions » (comme l’a montré Pierre Bourdieu), expriment différentes stratégies (commerciales, intellectuelles) qui doivent être prises en compte dans l’analyse du texte littéraire. Aujourd'hui, la constatation qu’une place inédite et singulière est faite dans le champ éditorial aux témoignages de travailleurs m’a conduite à constituer un corpus d’œuvres parues ses dix dernières années et ayant reçu un accueil avéré dans la presse et les médias nationaux.La littérature, la polyphonie et les discours sociauxSans que je puisse dire exactement ce que je dois aux travaux de Jean Peytard, mon travail de chercheuse a été innutri d’une certaine conception du texte littéraire, comme lieu de reconfiguration de discours antérieurs (et extérieurs) à lui. S’il y a toujours de l’autre dans le roman, c’est parce que le roman apparaît comme le lieu d’une intense digestion des discours sociaux du monde. Dans le même temps qu’il les digère, il les révèle, mieux que n’importe quel autre support (ou genre) et bien souvent (toujours ?) il en est le lieu d’une intense critique : chez Aragon, il s’agit de la critique des discours et des attitudes patriotiques, de la sociabilité mondaine bourgeoise, etc.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Corinne GRENOUILLET

Car le roman du Monde réel, toujours « à thèse », puise dans la polyphonie des discours sociaux, mais pour ordonner ceux-ci dans une perspective idéologique unifiante. Il y a du dialogisme, certes, chez Aragon, mais pas cette « plurivocalité » que Bakthine décèle chez Dostoïevski et qui signifie « équipollence des voix ». Celles-ci sont hiérarchisées, le point de vue du militant ouvrier, les hésitations de la jeune bourgeoise en rupture de ban, auront bien sûr plus de poids idéologique que les considérations d’un grand bourgeois « fauteur de guerre ». Dans le roman contemporain, les discours du management contemporain, de la légéreté et de la flexibilité prônées par le « nouvel esprit du capitalisme » (décrit par Boltanksi/Chiappelo) trouvent matière à reconfiguration, mais aussi à subversion dans les fictions romanesques, c’est-à-dire dans les structures traditionnelles du roman, et dans la réflexion sur la langue qu’instaure celui-ci.L’orientation linguistique fournie par « l’école de Besançon » m’a donc aidée à comprendre que le réalisme du roman est « un réalisme au second degré, et de nature linguistique » (pour reprendre l’expression d’Alain Vaillant).Une approche pragmatique du texte : le cas des témoignages de travailleursLe champ de recherche ouvert récemment, consacré à la représentation du travail dans la littérature, est en lien avec des problématiques sociales, politiques, économiques, contemporaines, davantage a priori que linguistique. L’étude du corpus retenu dans notre essai (L’Écriture au travail : la parole des travailleurs entre témoignage et littérature) ne peut se réduire au contenu des livres, la reprise d’anciens et l’invention de nouveaux topoï du travail ouvrier par exemple. En effet, après avoir sélectionné un ensemble de textes sur un double base : 1. position de l’émetteur dans le monde du travail (témoin oculaire, travailleur lui-même) et 2. posture énonciative (textes autobiographiques, tous écrits à la première personne), il nous paraît utile d’affiner cette approche en recourant à des outils méthodologiques que Jean Peytard n’aurait pas reniés. Ainsi le cadre socio-pragmatique posé par Renaud Dulong dans son livre de sociologie (Le Témoin oculaire) et la thèse récente de Charlotte Lacoste (qui s’appuie sur la linguistique de corpus et les théories de Rastier) sur le témoignage comme genre littéraire nous invitent-ils à revenir sur la dimension de contrat institué entre le texte et son lecteur et à penser les fonctions du celui-là, en dehors (ou au delà) de la question de la « valeur » littéraire.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Daniel JACOBICentre Norbert Elias (UMR 8562 -EHESS-UAPV-CNRS)Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse

Place et statut du récit de rêve dans deux ouvrages de Freud

On sait la place que tient le récit des rêves dans l'oeuvre de Sigmund Freud et, au-delà, dans la construction de la théorie psychanalytique. Cette communication a pour objet de comparer la mobilisation du récit d'un rêve princeps, d'une part, dans l'ouvrage scientifique majeur du fondateur de la psychanalyse (L'interprétation des rêves), et d'autre part, dans sa version vulgarisée parue quasiment en même temps (Sur le rêve).

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Yves JEANNERETCELSA, Université Paris IV–Sorbonne

Le concept d’altération en SIC et en analyse de discours. Théories de la réécriture et de la trivialité

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Djamel KADIK Université Yahia Farès de Médéa, Algérie

Pour une mise à l’épreuve des notions peytardiennes : les entailles dans le récit de Le Clézio La roue d’eau

Dans sa lecture-analyse, Peytard nous propose cette liberté de chercher du sens au-delà des « modèles », et des « calques » ; mais en même temps, il nous impose indirectement, en tant que lecteur supposé averti, d’avoir des compétences, une mémoire encyclopédique pour la compréhension du texte et une écriture de recherche qui a ses termes, ses concepts et sa démarche heuristique… « Déambuler » dans le texte en ayant à l’esprit ces notions-métaphores empruntées à Peytard : entaille, déhiscence, fracture, déchirure, pour cerner la variation, la différence dans les reliefs textuels, c’est adopter, de fait, des notions moins abstraites et moins distanciées par rapport à l’objet de connaissance, en l’occurrence le texte, et surtout le texte littéraire. Le sémioticien « altère » ces mots qu’il a vraisemblablement empruntés à des domaines singuliers afin de leur donner une valeur heuristique, il les charge d’un nouveau sens relatif à l’appréhension de l’objet-texte. De la même façon, on a le sentiment, que le sémioticien (lui le linguiste avéré) s’écarte délibérément de la conceptualisation abstraite en voulant être plus figuratif, les termes comme schéma, carré, ou modèle sont intentionnellement écartés et même mis sur la sellette.Mais, loin s’en faut, la démarche peytardienne n’est pas une idiosyncrasie, elle peut être soumise à l’épreuve du « TEXTE » par un autre sujet connaissant que Peytard. De ce fait, On pourrait se mettre dans la même posture de ce sémioticien. Heureusement, ce dernier ne nous impose pas un modèle qu’on doit suivre comme des « écoliers», il nous donne quelques éléments qui pourraient être considérés comme des bouées de sauvetage ou des phares qui éclairent notre quête des sens (chaque fois singuliers) sans nous obliger de valider une théorie qui se situe en amont du texte. Dans nos déambulations lectorales, ces éléments pourraient se constituer comme un paradigme (dans le double sens de ce dernier mot) de notions, entaille, fracture, différence, déhiscence acquièrent toute leur force heuristique et nous ménage la stéréotypie des modèles. La théorie n’embrigade pas ici le texte, chaque texte, par la médiation de son lecteur analyste, peut solliciter des théories considérées alors comme hypothèses pour comprendre la déhiscence.A partir de l’analyse d’une « nouvelle » de Le Clézio La roue d’eau, les notions d’  « entaille », de « variance », de « différence », de « déhiscence » seront mises à l’épreuve pour appréhender l’écriture de cette « nouvelle » qui affiche des variances sur plusieurs niveaux , des entailles paratextuelle, verbale, textuelle, narrative, énonciative, intertextuelle et générique se manifestent comme des « nœuds » dans le tissu textuel. C’est à partir de là que le besoin des théories se fait sentir pour expliquer ces fractures dans le texte leclézien. Les théories (linguistique, sémiotique, narratologique…) sont ici au service de la singularité du texte non de leur généralité.Notre communication instaure un dialogue entre trois textes principaux, le nôtre en train de se constituer, celui de Peytard et enfin celui de Le Clézio. Elle s’interrogera sur la spécificité méthodologique de la sémiotique différentielle de Peytard, est-elle stylistique dans son air de famille qui la rapproche de la « stylistique » de l’ancien étudiant de J. Peytard, J.-M. Adam ? ou doit-elle être prolongée vers un au-delà psychanalytique comme le veut un autre ancien étudiant de Peytard, F. Migeot ?ou enfin, et selon notre modeste analyse, va-t-elle s’ouvrir sur un au-delà qui se situe sur le seuil de l’histoire biographique et intellectuelle de l’ « auteur » ? Dans tous ces cas, le contenu et la forme sont intimement liés. Une dernière question surgit, la sémiotique différentielle est-elle uniquement littéraire ?

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Margareta KASTBERG –SJOBLOMELLIADD, Université de Franche-Comté

Vocabulaire de Jean Peytard. Des structures aux discours.

Les techniques de la lexicométrie et de la philologie numérique constituent aujourd’hui des instruments incontournables pour l’étude des textes et pour l’analyse du discours. Nous proposons ici une étude lexicométrique des cinq volumes de Syntagmes parus entre 1971 et 2001 qui rassemblent nombre d’articles de Jean Peytard. La numérisation des textes dans leur intégralité et l’application du logiciel Hyperbase, permet non seulement d’étudier le lexique et la structure des différentes textes, mais aussi d’étudier les thèmes et les réseaux thématiques dans l’ensemble et à l’intérieur de chaque article. Avec l’extraction des corrélats thématiques et le recensement des termes situés dans l’environnement immédiat d’un mot donné, nous pouvons en effet envisager d’aborder les isotopies et de considérer les associations de mots. Cette technique d’investigation qui ouvre la voie à une autre lecture que celle faite directement par les yeux/ à la main. Elle nous permet ainsi d’étudier, de façon précise et systématique, les réseaux thématiques exploités par Jean Peytrard dans ses textes. Le résultat de l’analyse lexicométrique permet de d’extraire des fil conducteurs thématiques à partir du lexique employé par l’auteur lui-même.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Monique LEBRE Université de Paris III Sorbonne NouvelleRémy PORQUIERUniversité de Paris-Ouest Nanterre La Défense

Ecouter-Lire Pïerre-Jakez Helias.Une rencontre en quête d’oralité.

Le but de cette communication est de présenter un essai de Jean Peytard, inédit à ce jour, Ecouter-lire Pierre-Jakez Helias. Ce texte, rédigé en 1993, n’existe depuis lors que sous la forme d’un tapuscrit de 213 pages. Issu d’une amitié et d’une complicité de chercheurs entre Jean Peytard et Pierre-Jakez Helias, il étudie l’œuvre de ce dernier, et plus particulièrement le recueil de son œuvre poétique, D’un autre monde. Les proximités et la complémentarité entre ces deux chercheurs en sciences humaines, l’un ethnologue et ethnographe de l’oral, l’autre linguiste de l’oral et sémioticien de la litérature, amène ce dernier, par une démarche de « lecture-analyse » éprouvée, à une étude attentive de l’œuvre bilingue de Pierre-Jakez Helias. La présentation portera sur le contexte et la matière de l’essai inédit.

Paru en 1977, Le cheval d’orgueil, ouvrage partiellement autobiographique de Pierre-Jakez Helias, connaît très vite une notoriété nationale et internationale, au point que l’on tend à réduire l’œuvre de P.-J. Hélias à ce seul livre. Celui-ci est pourtant l’aboutissement de travaux intérieurs. D’autres publications suivront, romans, pièces de théâtre, poésie, Le quêteur de mémoire en 1990, et en 1991 les éditions Ouest-France publient son œuvre poétique D’un autre monde. C’est en 1993 que Jean Peytard rédige une « lecture-analyse » de cet ouvrage. • P.-J. Helias et la pratique de l’oralitéAprès la guerre 1939-45 et pendant plusieurs années, Helias et son ami le linguiste celtisant Pierre Trépos animent sur Radio-Quimerc’h une émission en breton, composée de dialogues entre deux personnages, Jakez et Guilhou. La matière de ces chroniques est recueillie par PJH sur le terrain, lors d’échanges en breton avec des gens de rencontre.• L’oral et le scripturalPJH recueille des contes oraux, dont il fait des chroniques de journal et des saynètes pour la radio. Il a également une activité de théâtre, comme acteur d’abord puis comme écrivain. Certains de ses poèmes sont intégrés dans des spectacles musicaux, cantates et oratorios où musique et voix ont leur place.• L’oral et la langue maternelleDans D’un autre monde, les poèmes sont présentés sous forme dialingue, en version juxtapaginale breton et français. Ils sont écrits pour être lus et dits dans les deux langues. L’œuvre de PJH est marquée par son identité mais aussi par son militantisme en faveur de la langue, de la littérature et de la culture bretonnes.• L’oral et la littérature populaireUne forme dominante dans l’œuvre de PJH est le conte, de nature fondamentalement orale, dont on trouve la trace dans tous ses ouvrages, y compris dans la poésie. Il s’agit là de littérature orale et populaire, ou, comme préfère le dire PJH, d’oralité littéraire.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Sylvain LE GALL

Centro Superior de Lenguas Modernas, Université de Cadix

L’ontogénèse de l’espace sémiotique chez Jean Peytard:Analyse de l’étude programmatique:

La traversée des signes (Promenades en Sémiodologie).

Seront analysés les engagements ontologiques du programme sémiotique esquissé dans l’étude de J. Peytard (oct. 1989, étude destinée aux Cahiers du français des années 80. Editions du CREDIF, ENS –Fontenay –St-Cloud) :”La Traversée des signes (Promenades en Semiodologie)”. On s’attardera ici sur le caractère programmatique de cette étude en montrant comment celle-ci ouvre de nouvelles perspectives non triviales pour l’épistémologie du champ des forces sémiotiques, perspectives dont la richesse est susceptible d’inspirer également logiciens et philosophes du langage. Dans un deuxième temps, ce travail se focalisera sur l’ontogénèse de l’espace sémiotique telle qu’elle se dessine dans le texte offert par l’éminent sémioticien. Finalement, sera présenté un essai de modélisation logico-formelle de l’ontogénèse de l’espace sémiotique selon J. Peytard, espace saisi dans tout son dynamisme et sa plasticité par un esprit constructif, dialogique et en continuel cheminement.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Juan Manuel LOPEZ MUÑOZ Université de Cadix, Espagne

La circulation des concepts de Peytard en Espagne : où, comment et pourquoi est-il cité ?

J’ai recueilli une soixantaine de publications espagnoles (articles, chapitres de livre, thèses doctorales) citant Jean Peytard, dans le but d’étudier la circulation de ses travaux (publiés à titre individuel ou en collaboration) en Espagne. Je me propose de dresser la carte de cette circulation (institutions espagnoles, revues, etc. qui fonctionnent comme pôles de diffusion), tout en analysant quels mots et concepts peytardiens ont été retenus, et comment ceux-ci ont été cités (verbes introducteurs, modes de citation, commentaires évaluatifs, place de la citation, etc.), dans quels domaines de spécialisation et à quelles fins argumentatives. Pendant ce parcours, j’en profiterai également pour faire des réflexions sur le fonctionnement du DR et sur la pratique de la citation dans les textes académiques, en ayant en tête les concepts peytardiens d’altération, de variation et d’évaluation.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Mongi MADINI Andrée CHAUVIN-VILENOELLIADD, Université de Franche-Comté

Circulez, il n’y a rien à voir, qu’est-ce à dire ? Aperçu sur la circulation discursive et la mobilité sémantique

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Sophie MARIANI-ROUSSETELLIADD, Université de Franche-Comté (avec la collaboration d’Isabelle PARNOT)

Atelier itinérant : de Peytard à Perec Quelques pistes pour une conférence-parcours

Paroles et sens circulent. « Pour interpréter, il faut parcourir « (Peytard 1992, p. 250). Lecture de la ville, comme des pages qu’on tourne. Tiers-parlant et légende urbaine Le point de vue fait signe. Bifurcation des mots et des chemins. Lapsus, bégaiements de la ville à entendre. Chant urbain. Mémoire / oubli, perte / traces à redécouvrir. Et si la ville se décryptait comme un rêve ? « Proposer du sens ce serait alors rechercher dans le temps perdu. […] La quête du sens c'est alors le temps pris à refuser la clôture du sens » (Peytard, 1993, p. 168).

Bibliographie Joseph I. ( 1984) : Le passant considérable. Essai sur la dispersion de l'espace public, Paris, Librairie des Méridiens.Madini M. (2010) : « Quelques « lieux de rencontre » de Jean Peytard », Semen 20, Besançon, Presses Univ. FC, p. 17-39. Peytard J. (1992) : « La traversée des signes : promenade en sémiodologie », in Syntagmes 4 : de l’évaluation et de l’altération des discours, Besançon, Les Belles-Lettres, Annales Littéraires de l’UFC, p. 55-67. Peytard J. (1993) : « D’une sémiotique de l’altération », Semen 8 : Configurations discursives, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, Coll. « Annales Littéraires de l’UFC », p. 137-169. Travaux du CRESSON - Centre de recherche sur l'espace sonore et l'environnement urbain. Dont : Winkin Y. et Lavadinho S. (éds.) (2008) : Des villes qui marchent, tendances durables en urbanisme, mobilité et santé, Rapport de recherche, Université de Lyon, ENS-LSH.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Laurence MAURELIUFM- CPTC, EA 4178, Université de Bourgogne

« L’hypothèse du tiers-parlant » et l’analyse du discours d’enseignants novices : dialogisme et développement professionnel.

A la manière de Jean Peytard qui, dans le dernier chapitre de Mikhaïl Bakhtine – Dialogisme et analyse du discours (95), trace les « ouvertures » de l’oeuvre de Bakhtine dans le paysage de la recherche des sciences du langage au rang desquelles il situe son « hypothèse du tiers-parlant », nous voudrions essayer de tracer une « ouverture » pour cette hypothèse dans le champ de la didactique professionnelle1 (Pastré, Mayen, Vergnaud 2006) en montrant comment elle pourrait constituer une ressource pour les analyses des discours des enseignants sur leur activité professionnelle. Dans le cadre d’une recherche2 en cours sur le développement professionnel des enseignants novices, nous avons testé cette hypothèse sur des discours recueillis selon les méthodes de l’instruction au sosie et de l’autoconfrontation (Clot, 2008) à l’oeuvre dans le champ de l’analyse du travail. Ces méthodes, ou « instruments de travail » sur le travail, ont pour objectif « de mettre en mots cette action et d’arriver ainsi à transmettre une pratique professionnelle, à mieux la comprendre ou à éventuellement la modifier » (Cicurel, 2011). L’instruction au sosie opère en deux temps : le témoin, « énonciateur-sujet », est d’abord confronté à lui-même par la médiation du sosie – autre lui-même – qu’il instruit sur son activité puis, dans le cadre de notre recherche quelques mois plus tard, l’ « énonciateur-sujet » est confronté aux traces écrites de son échange avec ce sosie dans un nouveau dialogue avec lui-même – autre lui-même – pour mesurer les écarts et/ou la permanence dans son action. Le dialogisme est institué3, la méthode même de recueil pose la question de l’Autre et de l’unicité du sujet : le sosie n’est-il pas un Autre lui-même qui permet à l’énonciateur-sujet de se poser en surplomb de son discours dans une illusion de maîtrise ? Faire parler de son activité invite « à se prononcer "sur" » (Peytard, 89), à parler avec, contre, au milieu d’autres discours dont ceux de la « communauté discursive » des enseignants. Un espace de « "jeu évaluatif " se déploie qui se fonde de la mise en relation du discours du « je » et du discours du "il-tiers" » (Peytard, 95) sous les figures du Même ou d’un Autre. La « dramatisation discursive » (Peytard, 89) de ces figures du tiers-parlant peut être considérée comme constituant la trace de la représentation que se fait l’énonciateur-sujet de son appartenance à et de sa place dans la communauté discursive des enseignants. C’est dans ce mouvement d’adhésion ou de rejet des discours de l’Autre avec lesquels il lui faut compter, dans ces formes de négociation obligée avec l’Autre que l’énonciateur-sujet représente à la surface de son discours un positionnement énonciatif et discursif spécifique, un « ton » (Bakhtine, 78), une manière de parler le métier dans la communauté discursive des enseignants. Autrement dit, nous essaierons de montrer qu’au travers de ces figues du tiers-parlant, c’est le métier qui parle, porteur d’une histoire marquée par des manières de parler, penser, agir avec lesquelles l’enseignant novice doit compter pour parvenir à inscrire sa parole dans cette communauté, à développer son identité professionnelle en construction.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Emília MENDESUniversité Fédérale du Minas Gerais - Brésil

Quelques réflexions à propos de la médiacritique de Jean Peytard aujourd´hui

Jean Peytard a fait une étude de la représentation du littéraire - et de ses entours - dans son article : « La médiacritique littéraire à la télévision », dans la revue Semen nº 5, 1993. À partir de là, nous nous proposons d'analyser certains points y développés et discuter leur application dans la presse brésilienne contemporaine en suivant surtout la question de Peytard (1993 : 03) : « Comment " écrire sur " la littérature, dans la presse "écrite" ? ». Le corpus étudié comprend la couverture de presse de la Fête Littéraire de Paraty [Festa Literária de la ville de Paraty (à l'état du Rio de Janeiro) - FILP] réalisée par le journal Folha de São Paulo, l'un des journaux les plus importants du pays. Cette fête littéraire - une foire aux livres promue par des maisons d'éditions - réunit des écrivains nationaux et internationaux reconnus. Nous voulons discuter ici comment les représentations de l'écrivain, du critique littéraire et du public lecteur ont été construites dans les reportages cités.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Jean MOUCHONUniversité Paris Ouest Nanterre la Défense

Autre monde, autres médias.Lecture socio-sémiologique d’une mutation en cours

1. Un autre monde

1.1 Les mutations de la société : crise des références et nouvelle configuration des valeurs - la dévalorisation des Institutions : politique, religion, science… - la médiation en question : journalistes, enseignants… - l’ascension de l’homme ordinaire : récit, expérience vécue…

1.2 La révolution technologique : numérisation et convergences : - un espace sans limites : ubiquité, panoptique… - un temps redéfini : rapidité, instantanéité - entre liberté et contrôle social

2. Autre monde, autres médias : les défis du chercheur

2.1 La notion de genre en questions : le statut des formes nouvelles brièveté : blogs, Twitter, courriels, forums mode conversationnel : réactivité immédiate, SMS, langue raccourcie, smileys scripto-iconique : écrit, photos (Flickr), vidéos (You Tube) réseau : réseaux sociaux (Facebook), échanges, participation

2.2 L’incertaine cohabitation entre journalistes et internautes ordinaires par-delà le clivage traditionnel émetteurs/ récepteurs : les médias en ligne (quelques exemples français, Rue 89, Médiapart, Arrêts sur images) les tentatives de régulation (Charte du Club Médiapart)

2.3 L’information entre Web 2.0 et Web.3 - tension entre effervescence/spontanéité/ facilité d’accès (chat, forums, buzz) et sémantique d’accès et d’archivage (favoris, hyperfavoris, agrégateurs, RSS)

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Marie-Françoise MORTUREUXUniversité Paris-Ouest Nanterre La Défense

Itinéraire scientifique

En hommage à Jean Peytard, je me propose d’évoquer les contacts scientifiques que j’ai eus avec lui, d’abord à travers une rapide chronologie des étapes de notre collaboration, puis en commentant l’influence qu’il a eue sur ma propre recherche, et l’évolution de la discipline. En 1978, il présidait le jury de ma thèse d’Etat, soutenue à l’Université de Vincennes, aujourd’hui installée à Saint-Denis. Elle portait sur La formation et le fonctionnement d’un discours de la vulgarisation scientifique au XVIIIème siècle à travers l’oeuvre de Fontenelle. A la suite de cette soutenance, J. Peytard m’a encouragée à travailler avec Daniel Jacobi, qui lui-même poursuivait sous sa direction une thèse sur la vulgarisation, notamment de la biologie contemporaine. Puis, dans les années 1990 et suivantes, j’ai eu l’occasion d’intervenir dans le Séminaire animé par S. Moirand et J. Peytard dans les locaux de l’Université Paris III. Sept des études alors présentées devant ce « Séminaire-Atelier » ont été publiées en 1993 dans Semen 19 sous le titre général de Configurations discursives. La dernière contribution est signée Jean Peytard. Je m’attacherai ensuite à cette contribution. Intitulée « D’une sémiotique de l’altération », remarquable, certes, à bien des égards. Je choisirai de développer d’abord en quoi elle manifeste l’activité de son auteur comme « enseignant-chercheur ». En effet, elle prend certes position sur les débats théoriques en cours, auxquels sont consacrées plusieurs contributions précédentes ; mais elle le fait en s’appuyant constamment sur des études concrètes susceptibles de servir d’exemples, de modèles, à des étudiants ou jeunes chercheurs. Je terminerai en soulignant l’importance que cette notion d’altération a prise depuis dans les recherches linguistiques.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Loïs NATHANGRIC EA 4314, Université du Havre

Voyages de quelques concepts-clés de Jean Peytard dans les discours amérindiens

J’ai eu le plaisir de rencontrer J.Peytard aux USA, à Middlebury Vermont, en 1976, en des temps de relative disette quant à l’analyse littéraire. Ce que j’ai appris de lui au cours de ces années 70, je l’ai « réimporté » dans mon enseignement en France à partir des années 90, lorsque j’ai été nommée, à la surprise de Jean, il faut bien le dire, MCF à l’Université du Havre, dans le poste de Civilisation Canadienne, pour enseigner la sémiologie littéraire, dans un département d’anglais. Il fallait faire prendre la sauce avec ces ingrédients, dans ce triple melting pot culturel. N’étant pas spécialiste de la civilisation, j’ai décidé de travailler sur les textes indigènes amérindiens. La question de fond que je me suis posée est la suivante : les concepts développés par Jean Peytard et l’approche de Bakhtine s’appliquent-ils à des discours non-européens, issus de cultures inconnues de la personne qui les applique ? Autrement dit, comme aurait dit Jean, est-il « intellectuellement raisonnable et ‘moralement’ légitime » d’analyser des productions littéraires venant de cultures éloignées dans l’espace et dans le temps, en utilisant des outils mis au point dans le cadre intellectuel et culturel européen du XXè siècle ? La méthode que j‘ai utilisée est essentiellement pragmatique ; je fais l‘hypothèse implicite que la réponse à cette question est positive, et je tente l’aventure. Je constaterai que les outils tels que, instances et entailles, fonctionnent au sens où ils permettent de déceler du sens, de mettre en évidence des liens internes, et de soulever des questions qui jaillissent du texte lui même, qui demeurent cependant parfois sans réponse. La troisième étape de ce processus consiste à vérifier, au sens culturel du terme, c’est-à-dire à mettre dans leur contexte culturel les résultats, au sens de Bakhtine. Certains textes fournissent eux-mêmes les éléments de réponse (par exemple la question de la « nationalité » dans « Borders » de Thomas King : Êtes-vous Canadien ? Êtes-vous Américain ? Je suis Blackfoot. Et le Blackfoot en question ne peut pas traverser la frontière, puisqu’il n’admet pas de nationalité au sens requis par le Border Patrol). D’autres textes paraissent moins clairs à cet égard ; j’ai donc décidé d’interroger des écrivains et des critiques amérindiens pour avoir leur avis éclairé et légitime sur les résultats de ma démarche. Pour illustrer ces voyages intellectuels et culturels des concepts développés par JP, j’ai choisi plusieurs exemples de textes que j’analyserai en utilisant le concept d’entailles (qui sautent aux yeux dans un texte en langue étrangère indépendamment de toute compréhension intellectuelle ou culturelle), et le concept d’instances du champ littéraire, surtout l’instance ergo-textuelle. Parmi les auteurs et textes que j’envisage, j’ai fait une première sélection : Thomas King (Cherokee) - « Borders, » Carter Revard (Osage), Leslie Marmon Silko (Laguna Pueblo), Annharte (Anishnabe).

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Musanji NGALASSO-MWATHACELFA, Université Michel de Montaigne Bordeaux III

La linguistique appliquée chez Jean Peytard

Pour Jean Peytard, la linguistique, comme science sociale, est inconcevable autrement que comme une activité de recherche doublement orientée : i) dans une direction théorique qui décrit les langues en tant que systèmes organisés en unités de nature diverse (distinctives et significatives) obéissant à des règles précises (paradigmatiques et syntagmatiques), ii) dans une direction appliquée qui étudie le langage en tant qu’il intervient de manière centrale dans des pratiques sociales telles que l’enseignement des langues (lieu de production et de transmission des savoirs, des savoir-faire et des savoir-dire) ou la littérature (espace de création verbale et de valorisation des mots sur le marché des biens symboliques). Dans ces deux domaines où l’apport de Jean Peytard a été déterminant, la présente communication tâchera de montrer ce qui a permis de faire bouger les lignes, sur les plans terminologique et conceptuel.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Eni ORLANDIUniversité de Campinas- Brésil

Jean Peytard et l’exercice de la transversalité. Notes sur les développements de l’analyse du discours au Brésil

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Isabelle PARNOTELLIADD, Université de Franche-Comté

Repère Perec : de quelques variations renversantes

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Raquel PASTOR DE LA SILVAUniversité de Tucuman, Argentine

Altération et sémiodologie : une mise en dialogue pour la réception des textes en FLE

Cette contribution présente de manière modeste et certes inachevée la façon dont les travaux de Jean Peytard ont inspiré l’ensemble de mes travaux de recherche. Il s’agit sans doute d’un héritage qui tout d’abord m’a été soigneusement transmis par Marc Souchon et qui plus tard, par effet de miroir interposé est venue édifier mon parcours conceptuel de chercheuse. Je n’ai pas connu Jean Peytard et pourtant j’ai le sentiment de l’avoir approché de près, d’avoir échangé avec lui. Sa parole, son discours a été, d’une certaine manière, le fils conducteur des remises en question que je me posais au cours de ma recherche sur la lecture-compréhension de textes menée chez des lecteurs alloglottes argentins. L’intérêt du travail présenté dans ce Colloque essaye de montrer que la sémiotique différentielle fournit des outils pour approcher les textes du côté de la réception et plus particulièrement, pour constater que le travail de (re)construction du sens suivi par le lecteur repose en grande partie sur l’expérience de la textualité acquise lors de la fréquentation des écrits. Il s’agira ainsi de privilégier le travail d’ordre langagier inscrit dans les signes de l’écriture pour observer la manière dont le récepteur est invité à s’investir pour construire une relation de communication avec son émetteur. Du côté du texte choisi, la médiacritique d’art (MCA)4, le repérage des entailles, traces sensibles des procédés d’altération discursive, exhibera la valeur polysémique des signes et par conséquent, le caractère « ouvert » du sens. Les analyses sur corpus, empruntant la typologie sémiodologique développée par J. Peytard à titre de post-scriptum dans Syntagmes 4 (1992), examineront dans le discours des lecteurs la « posture » de « réception scripto-visuelle » et donc, la place mobile occupée par ceux-ci au moment d’actualiser ce sens inscrit en « pointillé ». A travers ces « déambulateurs », on appréhendera le type de relation que chaque lecteur, situé dans l’ici et maintenant, est capable de construire par rapport au texte lu. On retracera enfin en quoi cette mise en dialogue entre outils d’altération discursive et de sémiodologie, devient opératoire pour aborder la réception des textes en LE en contexte didactique. Références

Pastor de de la Silva, R. (2004) : Le discours de la médiacritique d’art et sa compréhension. Analyse comparée de la situation français langue étrangère et espagnol langue maternelle. Thèse de Doctorat, s. dir. de M. Souchon. Université de Franche-Comté. Besançon. 2 volumes. Peytard, J. (1992) : « La traversée des signes (promenades en sémiodologie) », in Syntagmes IV. Annales Littéraires de l’Université de Franche-Comté. Diffusion Les Belles Lettres. Paris Peytard, J. et Moirand, S. (1992) : Discours et enseignement du français. Les lieux d’une rencontre. coll. Références. Hachette FLE. Paris Peytard, J. (1990) : « La médiacritique littéraire », in SEMEN 5, Annales Littéraires de l’Université de Besançon. Diffusion Les Belles Lettres. Paris Peytard, J. et alii. (1982) : Littérature et classe de langue. Hachette. Paris. Coll. LAL. Souchon, M. (2000) : Lecture de textes en LE et compétence textuelle, in AILE n°13. Saint-Denis. Paris

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Marie-Anne PAVEAUEA 452 CENEL, Université de Paris XIII- Nord

Les paroles antérieures selon Jean Peytard. Tiers-parlant, masse interdiscursive, déjà-là, doxa.

Jean Peytard fait partie des linguistes qui se sont demandé d’où venait le discours. Il a fait des propositions sur ces paroles antérieures dont nous savons qu’elles précèdent les nôtres sans pour autant pouvoir les saisir, les nommer et les identifier. À partir des réflexions de celui qui n’était encore dans les années 1980-1990 que Bakhtine, et de Volochinov ainsi que du collectif du « Cercle », devons-nous ajouter aujourd’hui, Jean Peytard a fourni plusieurs formats pour ces avants du discours qui nourrissent nos productions discursives en même temps qu’elles les traversent. Dans cette intervention, je propose d’abord de réexaminer, dans les textes de Jean Peytard, les notions de tiers-parlant, de masse interdiscursive, de déjà-là et de doxa, au sein des environnements scientifiques qui ont été les siens. J’essaierai ensuite de retracer la généalogie des filiations inscrites dans l’histoire de l’analyse du discours à partir de ces propositions, en suivant en particulier le fil rouge de la notion de « mémoire discursive ». Je poserai ensuite la question d’une version contemporaine des antérieurs du discours dans les univers discursifs numériques : comment Jean Peytard aurait-il pensé la question de la « masse interdiscursive », du « tiers-parlant », du déjà-là », sur la toile, infiniment bruissante ?

Bibliographie indicative BAKHTINE M., 1978 [1924)] Esthétique et théorie du roman, trad. D. Olivier, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des idées », 488 p. BAKHTINE M., 1981, (textes signés Volochinov), dans Todorov, T., 1981, Mikhail Bakhtine. Le principe dialogique, Paris, Le Seuil (1952-1953 : « Les genres du discours », 263-308). MOIRAND S., 2003 « Les lieux d’inscription d’une mémoire interdiscursive » in Le langage des médias : des discours éphémères ?, Paris, L’Harmattan, p. 83-111. MOIRAND, S., 2007, Les discours de la presse quotidienne. Observer, analyser, comprendre, Paris, PUF. PEYTARD J., 1993, « D’une sémiotique de l'altération », Semen [En ligne], 8 | 1993, mis en ligne le 06 juillet 2007, consulté le 04 février 2012. URL : http://semen.revues.org/4182 PEYTARD J., 1994, « De l’altération et de l’évaluation des discours », dans Moirand S. et al. (dir.), Parcours linguistique de discours spécialisés, Berne, Peter Lang, 69-84. PEYTARD J., 1995, Mikhaïl Bakhtine. Dialogisme et analyse du discours, Paris, Bertrand-Lacoste.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Anthippi POTOLIAEA 4514 – PLIDAM, INALCO

L’écrit d’écran vers une conceptualisation d’un support d’écriture-lecture à la lumière de la sémiotique différentielle, ses soubassements et prolongements

Le chercheur en sciences du langage qui s’intéresse à la description et l’interprétation des discours diffusés sur écrit d’écran mais qui ne relèvent pas de la communication en ligne (au sens conversationnel du terme : chats, forums, visioconférences) se trouve souvent face à un paradoxe : d’une part, son étude porte sur des entités qui s’immiscent de plus en plus dans notre exposition discursive quotidienne, et d’autre part, elle se place souvent – de par la nature des corpus qui la composent (sites Internet et cédéroms, pour la plupart) – aux limites des recherches et des préoccupations en sciences du langage, davantage interpellées par les discours textuels (au sens scriptural du terme). Il s’ensuit que le chercheur en question devra à la fois s’élever au-dessus de toute posture scientifique quasi publiciste vantant les spécificités hors pair de l’écrit d’écran tout en cherchant à aborder cet écrit suivant un arrière-plan conceptuel et méthodologique le réhabilitant aux yeux de la communauté des chercheurs en sciences du langage. Cette communication se veut un hommage aux travaux de Jean Peytard (mais aussi de toute la génération des chercheurs qu’il a pu former). Concevoir la textualité de l’écrit d’écran sous l’éclairage de la sémiotique différentielle, définir les entailles de cet écrit en tant que « noeuds » nous conduisant du texte au discours et à l’interdiscours, nous a permis d’aborder cet écrit de façon noble et de faire à son égard preuve d’une compréhension active (Bakhtine, 1979/1984). Les corpus que nous retiendrons dans le cadre de cette communication sont notamment issus de cédéroms de vulgarisation scientifique, de sites Internet d’institutions de divulgation du savoir (telles que la Cité des sciences de l’industrie et le Palais de la découverte) ou bien de sites Internet de quotidiens nationaux (tels que Le Monde ou Libération). Revisiter ces corpus, muni de notions telles le dialogisme (intertextuel, interactionnel et notamment interdiscursif), l’image discursive (didacticité, ethos) et la représentation – directement issues des sciences du langage ou retravaillées par celles-ci (dans une perspective de linguistique du discours) – permet de se rendre compte de toute l’épaisseur des corpus qu’ils véhiculent. Ainsi, nous montrerons dans quelle mesure : - un corpus de cédéroms grand public de vulgarisation scientifique abordé de façon synchronique permet de mettre en lumière la volonté de corriger ou au contraire d’étayer l’image discursive (et de là, la représentation socio-discursive) de l’ethos disciplinaire véhiculée par les médias dits “classiques” ; ce même corpus entendu d’un point de vue diachronique permet, au travers de la didacticité mise en place, de mieux comprendre l’appropriation progressive de l’écrit d’écran en tant que surface d’écriture-lecture ; - les sites Internet de la Cité des sciences et de l’industrie et du Palais de la découverte au travers des différents types de didacticité qu’ils véhiculent font fortement écho à l’image discursive-représentation socio-discursive de la Villette en tant qu’« immense foire de la science, attrayante et facile » (De Gennes, 1995) et à celle du Palais de la découverte en tant qu’institution à l’observation réfléchie qui a su mettre en place une véritable pédagogie dans la divulgation du savoir scientifique ; - les sites Intenet du Monde et de Libération véhiculent chacun, à travers leurs choix de mise en discours, deux ethè résolument différents en relation étroite avec l’ancrage idéologique de chacun de ces deux quotidiens : celui dans le cas du Monde, d’un quotidien “à l’ancienne” qui fait parler avant tout l’information brute au travers de l’objectivation journalistique ; et celui dans le cas de Libération d’un journal qui « minore son rôle de pourvoyeur d’information et d’éditeur pour faire participer de nombreux co-énonciateurs » (Babou, 2003).

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Eliana SCOTTI-MUZZIUniversité du Minas Gerais - Brésil

Entailles et variance dans le texte romanesque de Jean GenetHommage à Jean Peytard Je voudrais initier mon intervention dans le cadre de cet hommage à Jean Peytard en y apportant mon témoignage personnel. J’évoque donc une autre scène, dans ce même lieu – la Faculté des Lettres de Besançon - mais dans un autre temps : 40 ans auparavant. En octobre 1971, venant de terminer ma licence au Brésil, j’arrivais à Besançon avec une bourse du gouvernement français, pour y préparer une maîtrise sous la direction du professeur Jean Peytard. Dans ses cours, j’ai découvert un univers nouveau et fascinant : celui de la théorie. De la théorie linguistique, continent inconnu qui émerge à mes yeux dans l’enthousiasme de sa modernité.De la théorie littéraire qui, s’articulant à la première, offre de nouvelles voies à l’approche des textes littéraires. Le rôle de Jean Peytard dans cette introduction au lieu du savoir dépasse cependant de beaucoup la révélation de nouveaux horizons théoriques. Il s’exerce surtout au niveau d’une formation scientifique et éthique et d’une sensibilisation à l’écoute des textes. La rigueur et la clarté de sa démarche intellectuelle, la finesse de son regard, la vigueur platique de son geste de lecture et d’écriture, la générosité de son rapport au monde et aux textes ont laissé dans la formation de ses étudiants une empreinte définitive. Il faut encore parler d’une qualité rare, qui concernait spécialement les étudiants étrangers : son ouverture, sa disponibilité, sa capacité de sympathie et d’adhésion à la différence, devant laquelle s’écroulaient les murs dressés par l’indifférence et par les préjugés culturels. En raison de tout cela, Jean Peytard a été, pour toute une génération de chercheurs brésiliens, une référence de base. On peut dire qu’il a « fait école »: c’est le plus grand et le plus rare éloge qu’on puisse faire à un professeur. Son enseignement a laissé des traces au Brésil non seulement à travers ses thésards, mais aussi « in praesentia », quand, en 1984,invité par la Faculté des Lettres de l’Université Fédérale de Minas Gerais, il y a donné un cours de 40 heures suivi par une trentaine d’étudiants. Son séjour à Belo Horizonte a encore donné origine au GRES (Groupe d’Études Sémiotiques) ,dont j’ai été la coordinatrice pendant plus de 10 ans. En collaboration avec le GRELIS, ce groupe a crée un axe de recherches au niveau des rapports entre texte et image qui est est encore très productif. Les entailles du texte Dans la vaste production intellectuelle laissée par Jean Peytard, qui va des études de grammaire et de lexicologie à la sémiotique littéraire, du domaine de la linguistique à celui de l’enseignement de français – y compris celui du français langue étrangère – j’ai choisi de traiter, dans cette communication, la notion d’ « entailles ». Cet important outil dans l’approche du texte littéraire a été théorisé par J. Peytard, spécialement dans le chapitre « Instances et entailles du texte littéraire » du livre Littérature et classe de langue, dont il a été l’organisateur. L’auteur y élabore, sous la forme d’un intéressant et très efficace schéma, une « topographie des instances du champ littéraire » qui embrasse les différents contextes où s’insère la production littéraire: les instances situationnelles, lieu de l’auteur et du public ; les instances ergo-textuelles, où se situent le scripteur et le lecteur ; et les instances proprement textuelles, dont les acteurs sont le narrateur, le narrataire et les personnages du récit.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Eliana SCOTTI-MUZZIÀ côté de ce schéma, qui permet de visualiser simultanément tous les acteurs impliqués dans la production littéraire, Peytard propose, dans une perspective tout à fait textuelle, la notion d’ « entailles », conçue dans le but de repérer les endroits du texte où il est possible de trouver des pistes renvoyant aux « traits déclencheurs des effets de polysémie ». À partir du principe de « différence » établi par Derrida, l’auteur observe que les différences produites par les « entailles » signalent en pointillé un lieu du sens dans le texte. Parmi les différents types d’entailles on peut citer comme exemple l’opposition du verbal et du non-verbal, les oppositions pronominales, celles des temps verbaux et celles des modalités. L’intérêt de la notion d’ « entailles » consiste donc dans sa capacité de dévoiler la polysémie du texte au moyen d’un pointillage sémiotique. Il s’agit par conséquent d’un instrument très efficace et rentable dans l’approche du texte littéraire, ayant un large champ d’application, qui va des analyses les plus approfondies jusqu’aux cours de langue et de littérature. Il est curieux d’observer que le terme utilisé par Peytard pour désigner ces lieux du texte où s’installe la différence – entaille – dénote une empreinte matérielle, presque physique : il s’agit d’un trait, d’un signe, bien sûr, mais aussi d’une coupure, d’une incision. Ce choix renvoie à un regard très peytardien sur le texte, mettant en relief sa matérialité, sa plasticité. Analyses Encore dans l’esprit de cet hommage à Jean Peytard, je propose comme objet d’analyse quelques textes de Jean Genet, auteur qui a été l’objet de ma thèse, intitulée Les Nègres : pour une sémiotique des actions et des effets, soutenue en novembre 1981. D’autre part, il me semble qu’il est temps de reparler de cet auteur, pratiquement banni de la critique contemporaine. En effet, son oeuvre marque une trop grande différence par rapport à l’homogénéité du monde actuel. J’essaierai d’analyser ces textes à partir de ses entailles textuelles et paratextuelles. Dans le premier cas, l’analyse aura pour objet les jeux de la personne et de la non-personne dans le parcours énonciatif de Genet, au long de son oeuvre romanesque. La seconde analyse portera sur le titre d’un de ses romans, Notre-Dame-des-Fleurs et l’examinera au niveau des relations d’intertitularité qu’il établit, aussi bien qu’à partir du déploiment syntagmatique que fait de ce titre le texte qu’il désigne. Cette investigation a pour but l’observation d’un mode spécifique d’articulation de deux ensembles équivalents, relativement indépendants et de nature sémiotique différente : le titre et le texte.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Justine SIMONCREM, Université Paul Verlaine, Metz

Lire Peytard a l’heure du webjournalisme

Dans un cadre d’analyse du discours, nous proposons de réutiliser un certain nombre de concepts (lecture, écriture, aire scripturale, entaille) introduits par Jean Peytard pour étudier le webjournalisme. Cette proposition prendra la forme d’une analyse comparée de sept webzines d’actualité qui sont nés en ligne5 à partir de 2005 en France (Agoravox.fr, Rue89.com, LePost.fr, Mediapart.fr, Slate.fr, Owni.fr et Atlantico.fr). Ces webzines proposent des nouveaux formats d’écritures de l’actualité qui privilégient à différents degrés l’interactivité. Nous observerons comment - dans les aires scripturales numériques6 de ces webzines d’actualité - l’identité énonciative se définit à travers des territoires d'expression (zones d’indentification) et d’interaction (zones d’interaction).

Indications bibliographiques Amossy, R. (2000). L’argumentation dans le discours. Discours politique, Littérature d’idées, Fiction. Paris : Nathan Université. Jeanne-Perrier, V., Le Cam, F., Pélissier, N. (2005). Les sites web d’auto-publication : observatoires privilégiés des effervescences et des débordements journalistiques en tous genres. In R. Ringoot, J.-M. Utard (Dir.). Le journalisme en invention. Nouvelles pratiques, nouveaux acteurs. pp. 161-202. Rennes : Presses Universitaires de Rennes. Mercier, A. (2010). Défis du nouvel écosystème d’information et changement de paradigme journalistique. http://Obsweb.net, mis en ligne en décembre 2010, 42 p. Peytard, J. (1983). La place et le statut du lecteur dans l'ensemble public. Semen, [Online], 1, Online since 21 August 2007, connexion on 17 September 2011. URL : http://semen.revues.org/4231. Rebillard, F. (2007). Le journalisme participatif, de l’idéologie à la pratique. Argumentum, 6, 11-23.

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon

Nathalie WallianELLIADD, Université de Franche Comté

De Vygotski à Bronckart. Les inter-actions en situation didactique ; quelles

perspectives en EPS?

Colloque « Jean Peytard Syntagmes et entailles » 7-9 juin 2012 Besançon