Rapport travail et cohésion sociale · Partie II: Revenus, conditions de vie et qualité de vie...

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Jérôme HURY, François PELTIER, Jean RIES, Ioana SALAGEAN, Francesco SARRACINO, Germaine THILL, Paul ZAHLEN (STATEC) N° 120 cahier économique Rapport travail et cohésion sociale S A V O I R P O U R A G I R L U X E M B O U R G

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JérômeHURY,FrançoisPELTIER,JeanRIES,IoanaSALAGEAN,FrancescoSARRACINO,GermaineTHILL,PaulZAHLEN(STATEC)

N° 120 cahier économique

Rapport travail et cohésion sociale

S A V O I R P O U R A G I R

L U X E M B O U R G

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Institutnationaldelastatistiqueetdesétudeséconomiques13,rueErasmeB.P.304L-2013LuxembourgTéléphone24784219Fax464289E-mail:[email protected]:www.STATEC.luOctobre2015ISBN978-2-87988-124-9Lareproductionestautoriséeàconditiondementionnerlasource.

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Sommaire

Rapport travail et cohésion sociale Le contexte démographique, avec un focus sur les acquisitions de la nationalité luxembourgeoise selon la résidence 7 1. Contexte démographique 7 2. Focus sur les acquisitions de la nationalité luxembourgeoise selon la résidence 22 Partie I: Emploi et salaires 27 1. Emploi 27 1.1 L’évolution de l’emploi 28 Annexe 1: Emploi au Luxembourg par branche économique, 2000 – 2014 (en milliers de personnes) 52 Annexe 2: Emploi salarié au Luxembourg par branche économique, 2000 – 2014 (en milliers de personnes) 53 1.2 Les taux d'emploi 54 1.3 Le travail à temps partiel 70 1.4 Le travail temporaire 81

2. Chômage 84 2.1 Concepts et définitions 84 2.2 Évolution et structure du chômage 85 2.3 Au-delà de l’emploi et du chômage 92

3. Salaires 97 3.1 Le niveau et l’évolution du salaire moyen 97 3.2 Les salaires par branche économique 101 3.3 Les effets de la crise économique … 106 3.4 Le salaire moyen en termes de pouvoir d’achat 109 3.5 Le coût salarial de 2000 à 2014 115

Partie II: Revenus, conditions de vie et qualité de vie 126 1. Perception des ménages sur leurs difficultés matérielles et financières au travers de l'enquête EU-SILC 126 2. Revenus, pauvreté, inégalités 137 2.1 Revenu disponible et niveau de vie 137 2.2 Pauvreté et exclusion sociale 144 2.3 Les inégalités de revenus 154 2.4 L'impat des transferts sociaux sur la pauvreté et les inégalités 157 2.5 Dimensions Européennes 159

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Partie III: Thématique 162 1. Au-delà du PIB: la satisfaction avec la vie et la confiance dans les institutions et envers autrui 162 1.1 Les indicateurs de bien-être subjectif général 162 1.2 Les indicateurs de “satisfaction” dans différentes dimensions de la vie 182 1.3 La confiance dans les institutions publiques et la confiance envers autrui 199

The well-being of residents in Luxembourg: (results from regression analysis) 237

2. La structure de consommation des ménages 243 Annexe: Part de différentes catégories de consommation dans les dépenses de consommation totales des ménages dans les pays européens en 2010 (en %) 276 Annexe: Part de différentes catégories de consommation dans les dépenses de consommation totales des ménages dans les pays européens en 2010 (en %) (suite) 277

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Avant-propos Désintox

Cette nouvelle édition du rapport "Travail et cohésion sociale", le rapport sur la situation sociale du Luxembourg, livre une série de constats qui pourraient servir de potion de désintoxication, tant il remet en cause de nombreux poncifs, préjugés et raccourcis sur le fonctionnement du marché du travail, la redistribution des richesses et la cohésion sociale.

Exemple de ce qu’on trouve dans cette livraison: les frontaliers ne volent pas les emplois des résidents comme le voulait un préjugé coriace ces dernières années. En effet, le soi-disant "paradoxe luxembourgeois" de l’emploi, un mythe tenace selon lequel la forte création d’emplois aurait surtout profité aux frontaliers au détriment des demandeurs d’emplois résidents a été réfuté par moult études du STATEC. La participation des femmes avec enfants à charge au marché du travail augmente, ce qui suggère que la conciliation entre vie professionnelle et familiale semble faire des progrès.

Les personnes âgées de plus de cinquante ans ont repris le chemin du travail alors qu’on les a longtemps accusées de partir à la retraite prématurément, au détriment des finances des caisses de la sécurité sociale. La définition du chômage - qui recouvre différents types de demandeurs d’emplois, dont une partie seulement est inscrite à l’administration de l’emploi - est cruciale si on veut comprendre le fonctionnement du marché du travail. À commencer par le taux de chômage harmonisé (5.9% en 2014) qui est en général plus faible d’un point de pourcentage que le taux ADEM officiellement utilisé dans le débat public. Le taux de chômage des Luxembourgeois est de 3.8%, un chiffre largement ignoré qui explique la relative sérénité des doux sybarites nationaux, comparée aux préoccupations dans d’autres pays européens.

Les nouveaux Luxembourgeois sont belges

Le rapport nous apprend aussi que les nouveaux Luxembourgeois sont des Belges qui profitent du privilège que leurs aïeux étaient originaires du Duché de Luxembourg avant la séparation. Les citoyens baltes, bien intégrés, sont également nombreux à avoir acquis la double nationalité.

Si le referendum consultatif, organisé par le Gouvernement au mois de juin 2015, entre autres, sur la question du droit de vote des résidents, avait dégagé une majorité, l’électorat potentiel aurait pu croître, à terme, d’un quart permettant au corps électoral de devenir plus représentatif de la population, donc plus démocratique.

Le risque de pauvreté, tel que défini par l’Union européenne, classe près d’un cinquième de la population comme courant le risque de précarisation, résultat qui ne reste pas sans effet médiatique, tant ce chiffre heurte la sensibilité émotionnelle du grand public. Il est vrai que l’inégalité mesurée de différentes manières a augmenté. Le soussigné est d’avis que le rapport "Travail et cohésion sociale" livre d’autres indicateurs plus pertinents, comme par exemple le "taux de risque de pauvreté persistante" qui considère les personnes en situation défavorisée pendant trois années. Bien que ce taux soit remonté entre 2012 et 2014, il atteint 9.2%, soit moins de 10% de la population. Moins spectaculaire, cet indicateur est rarement utilisé sur la place publique. Le revenu disponible médian réel, donc le revenu correspondant à la moitié de la société, corrigé de l’inflation et de la taille du ménage, a de nouveau augmenté après avoir stagné depuis la grande récession économique et financière, sans rejoindre le niveau d’avant-crise. C’est peut-être cet indicateur qui rend compte d’une certaine morosité de l’opinion publique et cela malgré les perspectives bien orientées en matière de croissance économique.

La satisfaction avec la vie

Le rapport contient une première exploitation des données livrées par un module spécial de l’enquête sur les conditions de vie des ménages. Ces questions répondent à la problématique du bien-être subjectif et permettent d’explorer les dimensions qui seront essentielles dans un autre projet, celui du "PIB bien-être" que réalise le STATEC pour le compte du Conseil économique et social (et du CSDD) avec le soutien du Gouvernement. Les questions portent sur les deux versants du bonheur - eudémonique et hédonique - ainsi que sur la confiance dans les institutions.

Les statistiques descriptives montrent que les habitants du Luxembourg sont très satisfaits de leur vie, appréhendée de différentes manières, et qu’ils se

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situent en peloton de tête dans la comparaison internationale, ensemble avec les pays scandinaves et les pays du Benelux. La confiance dans les institutions (police, justice, système politique) est plus élevée que dans la moyenne communautaire alors que la confiance dans autrui (confiance sociale) est relativement faible. Des questions qui appellent un approfondissement ultérieur.

Voulons-nous vraiment l’égalité?

Cela devrait aller de soi, en principe ! Or, dans son ouvrage le philosophe Patrick Savidan1 avance l’argument étonnant que la grande majorité des personnes et des élites politiques et intellectuelles se prononcent régulièrement et massivement pour une société plus égale, mais force est de constater que les inégalités ne diminuent guère, comme si les bonnes intentions et les actes étaient aux antipodes!

L’auteur s’interroge sur cet effet pervers dont il se propose d’élucider les causes en piochant dans la littérature sociologique et la philosophie morale: hypocrisie sociale, cécité et indifférence au sort des moins favorisés, faiblesse de la volonté, moralité...? "Dans l’expérience de la faiblesse de la volonté, nous n’avons pas un désir de ne pas voir, de pas savoir, mais adoptons une attitude consistant à ne pas tenir compte de ce que nous savons tout en le sachant".

Cette réflexion pourrait éclairer le hiatus qu’il peut y avoir entre les évidences statistiques qu’apporte le nouveau rapport "Travail et cohésion sociale" comme ceux qui l’ont précédé, car il ne suscite pas d’action politique forte pour réduire les inégalités volontairement, alors même que le Luxembourg, comme les autres pays de l’UE s’y sont engagés (Stratégie UE2020).

Assurer la qualité des données

La principale enquête à la base du rapport "Travail et cohésion sociale" du STATEC a été réorganisée. L’ancien fournisseur des données, le LISER (anciennement CEPS/INSTEAD) ayant décidé de revoir sa collaboration avec le STATEC, pour des raisons financières, le STATEC a donc procédé à un appel au marché. Deux prestataires ont remporté les deux lots mis en concurrence: le LISER (collecte des données) et SOGETI (traitement des données). Le STATEC se réserve le contrôle de qualité final, la coordination et la livraison des données à Eurostat.

Cette réorganisation de l’enquête sur les conditions de vie des ménages (EU-SILC), donne l’occasion de remettre à plat l’ensemble des procédures statistiques et méthodologiques, de contrôler les données et leur traitement (pondération, imputation) et de documenter toutes les étapes avec minutie. Mais cette transparence, même si elle est souhaitable, risque d’aboutir à des ruptures de séries disgracieuses et potentiellement perturbatrices.

C’est une raison de plus pour calibrer les données de l’enquête sur celles issues de la statistiques administrative (administration des contributions, inspection de la sécurité sociale) afin de réduire les distorsions de la distribution des revenus aux extrémités. Une étude récente de l’OCDE2 a montré justement que l’enquête de type EU-SILC exhibe des biais significatifs dans le haut de la distribution qui peuvent fausser l’analyse. Une telle collaboration, exigée par la loi organique du STATEC, contribuerait à la simplification de l’enquête et donc à la réduction du coût!

Dr Serge Allegrezza Directeur du STATEC

_______________ 1 Patrick Savidan, Voulons-nous vraiment l’égalité ?, Albin Michel,2015, page 97

1 OECD What do households surveys suggest about the top 1% incomes and inequality in OECD countries? economics department working papers n0 1265, October 2015

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Le contexte démographique, avec un focus sur les acquisitions de la nationalité luxembourgeoise selon la résidence

1. Contexte démographique Depuis cinq années, un premier chapitre du “Rapport Travail et Cohésion Sociale” est consacré au contexte démographique. Différentes thématiques sont, selon les années, traitées. Le présent rapport abordera, en plus du contexte démographique luxembourgeois et ce comparé aux autres pays de l’Union européenne, un volet sur les acquisitions de la nationalité luxembourgeoise selon la résidence.

État de la population au 1er janvier 2015

Pour appréhender la dynamique de la structure d’âge de la population, on peut superposer la pyramide des âges de 1961 à celle de 2015. En passant de 314 889 habitants au 1er janvier 1961 à 562 958 au 1er janvier 2015, l’augmentation de la population du Luxembourg est de +78.8% en quasi cinquante-cinq ans. Cette augmentation se concentre sur les trente dernières années et c’est surtout l’immigration qui est à l’origine de ce dynamisme démographique.

La superposition des pyramides d’âge de 1961 et 2015 montre clairement un rétrécissement à la base de la pyramide (qui s’est surtout produit entre 1961 et 1985), un gonflement dans la classe d’âge des 25-49 ans, liée à l’immigration continue dans cette classe d’âge, ainsi qu’une augmentation assez importante de la part des 75 ans et plus, particulièrement chez les femmes dont l’espérance de vie est plus élevée que celle des hommes (respectivement 84.8 ans et 80.2 ans sur la période 2012-2014).

Graphique 1: Pyramide des âges au 1er janvier 1961 et au 1er janvier 2015, nombre

Sur les trente-cinq dernières années, la part de la population de nationalité étrangère au Luxembourg passe de 26.3% de la population totale à 45.9%

Au premier janvier 1981, la population totale du Luxembourg était composée de 364 597 personnes dont 95 800 étrangers. Au premier janvier 2015, on comptait 562 958 habitants au Luxembourg, dont 258 679 étrangers. La dynamique de l’immigration fait que la part des étrangers dans la population totale du Luxembourg est passée de 26.3% en 1981 à 45.9% en 2015. En d’autres mots, sur l’ensemble de la période 1981-2015, la population de nationalité luxembourgeoise n’a augmenté que de 13.2%, alors que la population de nationalité étrangère a augmenté de 170.0%.

On constate également que pratiquement toutes les nationalités (prises en considération ici) progressent en chiffres absolus, mis à part les Italiens. Le nombre de Portugais évolue de 29 300 en 1981 à 92 063 en 2015, celui des Français de 11 900 à 39 370, celui des Belges de 7 900 à 18 834, celui des Allemands de 8 900 à 12 789. Par contre, le nombre de personnes de nationalité italienne est en déclin en passant de 22 300 en 1981 à 19 524 en 2015.

Source : STATEC

25 000 15 000 5 000 5 000 15 000 25 000

0510152025303540455055606570758085

Âge

Femmes 1961 Hommes 1961 Femmes 2015

Hommes 2015

Femmes Hommes

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Tableau 1: Part des étrangers par nationalité dans la population totale, 1981, 1991, 2001 et 2015 (en %)

La part des Portugais dans la population du Grand-Duché, part qui était déjà importante en 1981 avec 8.0% de la population totale, passe à près de 16.4% en 2015. Celle des Français augmente également (de 3.3% en 1981 à 7.0% en 2015). Les Français constituent désormais le deuxième groupe de nationalité étrangère de la population du Grand-Duché. Ils ont pris cette place aux Italiens dont la part passe de 6.1% de la population en 1981 à 3.5% en 2015.

La part des Belges dans la population du pays augmente également (de 2.2% en 1981 à 3.3% en 2015), alors que celle des Allemands reste stable (2.3%). La part de personnes ayant une autre nationalité que celles évoquées dans le Tableau 1 passe de 2.9% à 11.6% entre 1981 et 2015, ce qui indique que l’immigration se diversifie au fil du temps.

Quel est le poids des différentes nationalités parmi la population étrangère dans son ensemble au Grand-Duché ?

Les Portugais constituent le groupe le plus important des étrangers avec 35.6% de l’ensemble des étrangers au Luxembourg. Néanmoins, leur part a légèrement diminué par rapport à 2014 (-0.6%). Mais depuis 1981 (30.6%), la part des Portugais a augmenté de 5 points de pourcentages. La part des Italiens dans la population étrangère totale a fortement diminué en passant, entre 1981 et 2015, de 23.2% à 7.5%. La part des Allemands et des Belges dans la population étrangère a plutôt tendance à reculer. Par contre, la part des autres nationalités parmi les étrangers résidant au Luxembourg augmente assez fortement au cours de la dernière décennie de 11.1% en 1981 à 25.7% en 2015.

Tableau 2: Part des étrangers par nationalité parmi la population étrangère résidant au Luxembourg, 1981, 1991, 2001 et 2015 (en %)

Au Luxembourg, les étrangers provenant de pays de l’Union européenne sont largement majoritaires

En jetant un regard sur la distribution des étrangers selon leur nationalité (UE, respectivement non-UE), on s’aperçoit que le Luxembourg est le pays de l’UE où la part des étrangers provenant d’un autre pays de l’UE est la plus importante, respectivement où la part des non-communautaires est la plus faible. 86.1% du total des étrangers vivant au Luxembourg sont “communautaires” et uniquement 13.9% sont non-communautaires en 2014. Suit la Slovaquie avec 76.4% d’étrangers communautaires, puis Chypre avec 69.6% d’étrangers communautaires.

Graphique 2: Distribution des étrangers selon le groupe de nationalité (UE et non-UE) en Europe, au 1er janvier 2014 (en % de la population de nationalité étrangère)

Nationalité 1981 1991 2001 2015

Etrangers (en%) 26.3 29.4 36.9 45.9dont: - Portugais 8.0 10.2 13.4 16.4       - Italiens 6.1 5.1 4.3 3.5         - Français 3.3 3.4 4.6 7.0       - Belges 2.2 2.6 3.4 3.3       - Allemands 2.4 2.3 2.3 2.3       - Britanniques 0.6 0.8 1.0 1.1       - Néerlandais 0.8 0.9 0.8 0.7       - Autres 2.9 4.1 7.2 11.6

Source : STATEC

Nationalité 1981 1991 2001 2015

Etrangers (en%) 100 100.0 100.0 100.0dont: - Portugais 30.6 34.6 36.2 35.6       - Italiens 23.2 17.3 11.7 7.5       - Français 12.5 11.5 12.3 15.2         - Belges 8.2 8.9 9.1 7.3         - Allemands 9.2 7.8 6.2 4.9        - Britanniques 2.1 2.8 2.6 2.3        - Néerlandais 3.1 3.1 2.3 1.5        - Autres 11.1 14.0 19.5 25.7

Source : STATEC

Source : STATEC, EUROSTAT

0% 20% 40% 60% 80% 100%

LUSKCYIEBEHUNLMTUKATDEESSEFIDKCZFRHRITROPLPTGRBGLTSIEELV

Etrangers UE Etrangers non-UE

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En France et en Allemagne, la part des étrangers communautaires n’est que de 34.9% et 44.0% tandis qu’elle est de 65.6% en Belgique. Les divergences très fortes dans ce domaine en Europe sont liées à l’histoire spécifique des pays (notamment à l’histoire de l’immigration, mais aussi à l’histoire coloniale et l’histoire des frontières européennes).

Au Luxembourg, les personnes nées à l’étranger constituent 43.3% de la population, tandis que la part des personnes de nationalité étrangère est de 45.3%

Les statistiques basées sur la nationalité ne racontent qu’une partie de l’histoire. Les statistiques concernant le pays de naissance permettent de la compléter. On peut donc comparer la proportion des personnes de nationalité étrangère à celle des personnes nées à l’étranger. Les différences entre ces deux indicateurs résultent notamment du droit de la nationalité des différents Etats (droit du sol, droit du sang, …), mais également des naturalisations et de l’origine (communautaire ou non-communautaire) des immigrés.

Dans le contexte européen, il apparaît que le Luxembourg occupe une position un peu à part dans ce domaine. En effet, c’est un des rares pays, avec la Lettonie et la République Tchèque, où la proportion des personnes de nationalité étrangère est plus élevée que celle des personnes nées à l’étranger. Au 1er janvier 2014, 43.3% des personnes résidant au Luxembourg sont nées à l’étranger, alors que 45.3% sont de nationalité étrangère.

Graphique 3: Parts des personnes de nationalité étrangère et des personnes nées à l’étranger parmi la population totale des pays européens, au 1er janvier 2014 (en % de la population totale)

Dans les autres pays européens, les pourcentages sont beaucoup plus faibles, mais on doit également noter que les proportions sont généralement inversées, c’est-à-dire qu’il y a généralement un pourcentage plus élevé de personnes nées à l’étranger que de personnes ayant une nationalité étrangère. En Belgique, par exemple, la part des personnes ayant une nationalité étrangère dans la population totale est de 11.3% en 2014, mais la part des personnes nées à l’étranger est de 15.8%. En Allemagne, 8.7% de la population ont une nationalité étrangère, mais 13.0% de la population sont nés à l’étranger. La spécificité du Luxembourg peut notamment être expliquée par le fait que, contrairement à beaucoup de pays européens, les étrangers communautaires sont largement majoritaires au Luxembourg et que ceux-ci, jouissant des droits spécifiques des citoyens communautaires, ne sont pas nécessairement incités, respectivement motivés à prendre la nationalité luxembourgeoise.

Le Luxembourg dans le contexte européen

La croissance dynamique de la population caractérisant le Luxembourg depuis le milieu des années 1980 (envol économique lié au développement de la place financière et du secteur des services en général) ne s’est jamais démenti depuis lors. À de multiples reprises, il a été dit que cette évolution est due en grande partie à un flux d’immigration continue. Lors des dix dernières années, la population a augmenté de 22.1%, passant de 461 230 personnes au 1er janvier 2005 à 562 958 habitants au 1er janvier 2015. La part des étrangers habitant le Luxembourg passe de 39.8% en 2005 à 45.9% au 1er janvier 2015. Comment l’évolution démographique du Grand-Duché se situe-t-elle par rapport aux autres pays européens ?

La population du Luxembourg augmente de 22.1% de 2005 à 2015, contre 2.7% d’augmentation dans l’UE-28

De janvier 2005 à janvier 2015, la population du Grand-Duché de Luxembourg s’est accrue de 22.1%, alors que l’augmentation sur ces dix ans dans l’UE-28 n’était que de 2.7% en moyenne. La Belgique (+7.8%) et la France (+5.7%) dépassent la moyenne européenne, alors que l’Allemagne perd des habitants depuis le milieu des années 2000 (-1.6% en 2015 par rapport à l’année 2005).

Source : STATEC, EUROSTAT

0% 10% 20% 30% 40% 50%

PLROBGLTHRSKHUFIPTCZSINLMTFRDKSEGRUKITDEBEIEATEELVCYLU

Etrangers Nés à l'étranger

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Graphique 4: Évolution de la population du Luxembourg, de l’UE-28 et dans les pays limitrophes de 2005 à 2015 (indices, 2005=100)

Seuls les pays de l’Est de l’UE-28 sont placés derrière notre voisin germanique. On peut même parler de ”décroissance démographique” dans les pays de l’Est. À titre d’exemple, la Lettonie et la Lituanie ont perdu respectivement 11.7% et 12.9% de leurs habitants lors des dix dernières années.

Avec une augmentation de 22.1%, le Luxembourg se situe en première position du peloton européen en termes de croissance démographique. Seule Chypre (+15.5%) est relativement proche du taux du Luxembourg. L’Irlande (+12.5%) complète le podium de tête. En quatrième position, on retrouve la Belgique, mais avec des taux inférieurs aux trois pays de tête (+7.8%).

Graphique 5: Evolution de la population dans les pays de l’UE-28 de 2005 à 2015 (en%)

Le solde migratoire facteur essentiel de la croissance démographique luxembourgeoise

Comme dit en préambule, le Luxembourg se distingue par son dynamisme démographique parmi les pays européens. Cela est largement imputable à l’immigration. Le taux de solde migratoire est le ratio entre le solde migratoire et la population. Ce taux est donc le plus parlant pour évaluer l’importance relative de l’immigration.

Dans les dix dernières années, le taux de solde migratoire net du Luxembourg dépasse en moyenne largement celui de l’Europe prise dans son ensemble: 16.0 pour mille par an au Luxembourg, contre 2.2 pour mille dans l’UE-28.

Le solde migratoire est le miroir de l’évolution économique du pays. Les périodes de croissance économique forte, comme la première moitié des années 1960, puis le début des années 1970 (avant la crise économique mondiale), puis la période de croissance exceptionnelle à partir du milieu des années 1980, sont caractérisées par des soldes migratoires très élevés. À l’inverse, les périodes de ralentissement économique ou de croissance économique lente (deuxième moitié des années 1960, les années 1975-1985, les années 2001-2003) sont caractérisées par un recul du taux de solde migratoire. Néanmoins, la crise observée depuis 2008 n’a pas d’impact négatif sur les soldes migratoires, au contraire.

À partir de 2004, le taux de solde migratoire du Luxembourg est tendanciellement en hausse et se maintient à un niveau élevé malgré la chute du PIB en 2009. Il passe de 12.5 pour mille en 2007 à 15.8 pour mille en 2008, redescend légèrement à 13.2 pour mille en 2009, puis remonte de nouveau à 21.2 pour mille en 2011. En 2012, il redescend légèrement pour atteindre les 18.9 pour mille et ne varie pas pour l’année 2013 (19.0 pour mille). En 2014, ce taux atteint un niveau historique de l’ordre de 19.9 pour mille. Rappelons qu’au début des années 1970, période considérée comme ayant été de forte immigration, le taux ne dépassait pas les 15 pour mille.

Dans l’Union européenne, le taux de solde migratoire – qui était déjà beaucoup plus faible qu’au Luxembourg en 2005 (3.1 pour mille dans l’UE-28, contre 13.1 pour mille au Luxembourg) - recule à 1.4 pour mille en 2009, et remonte un peu à 3.3 pour mille en 2013 avant de redescendre à 1.9 pour mille en 2014.

Source : STATEC, EUROSTAT

N.B. : Chiffres au 1er janvier de l'année

95

100

105

110

115

120

125

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015UE-28 DE FR BE LU

Source : STATEC, EUROSTATN.B. : Chiffres au 1

er janvier de l'année

-15%

-10%

-5%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

UE-28 BE BU CZ DK DE EE IE EL ES FR HR IT CY LV LT LU HU MT

NL AT PL PT RO SI SK FI

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Cahier économique 120 11

Graphique 6: Taux de solde migratoire au Luxembourg, dans l’UE-28 et dans les pays voisins, 1990-2014 (en pour mille)

En Allemagne, le taux de solde migratoire qui avait plutôt tendance à reculer est en augmentation depuis 2009, alors que ce taux était même négatif en 2008. Il est de 7.2 pour mille en 2014. En France, le niveau du taux de solde migratoire monte assez fortement au début des années 2000, puis décline à nouveau avec la crise économique récente (0.5 pour mille en 2014). En Belgique, par contre, une relative stabilité était observée jusque dans le milieu des années 2000 (aux alentours de 5.0 pour mille durant cette période) avant d’augmenter jusqu’en 2010 et de redescendre durant les dernières années (3.0 pour mille en 2014).

L’année dernière (2014), les soldes migratoires positifs les plus importants en termes relatifs ont été constatés au Luxembourg (+19.9‰), en Autriche (+8.7‰), en Suède (+7.9‰), tandis que Chypre (-17.6‰), la Grèce (-6.4‰), la Lettonie (-4.3‰), la Lituanie (-4.2‰), l'Irlande (-3.6‰), le Portugal (-2.9‰), la Croatie (-2.4‰) et l’Espagne (-2.2‰) ont enregistré les soldes migratoires négatifs les plus élevés.

Le solde migratoire résulte de la différence entre émigration (sorties) et immigration (entrées). Il est donc utile de considérer séparément ces deux phénomènes. En chiffres absolus, et en tendance, l’immigration et l’émigration sont en hausse depuis de nombreuses années au Luxembourg. Cependant les sorties évoluent moins à la hausse que les entrées, d’où une augmentation, en tendance, du solde migratoire.

Graphique 7: Immigration et Émigration au Luxembourg, 2004-2014 (nombre de personnes)

En 2008, le solde migratoire était de 7 700. En 2009, il redescendait légèrement pour atteindre les 6 583. En 2010 et en 2011, ce solde a de nouveau augmenté et atteint un niveau de 11 004 en 2011. Un tassement est observé en 2012 (solde de 10 036, soit une diminution de 9.6% par rapport à l’année précédente). En 2013, le solde migratoire remonte légèrement pour atteindre 10 348 (+3.1% par rapport à 2012). En 2014, il atteint un nouveau record avec un solde positif de 11 049 migrants, soit une augmentation de 6.8% par rapport à l’année précédente.

Le solde naturel est largement positif au Luxembourg

En ce qui concerne l’évolution à long terme des naissances et des décès, il est d’abord à noter que la deuxième moitié des années 1960 et le début des années 1970 sont marqués par un recul des naissances et une augmentation des décès. Le solde des naissances et des décès devient négatif, d’où la peur de ce que qu’on a pu appeler le “suicide démographique” du Luxembourg et qui se reflète notamment dans le rapport du démographe français Gérard Calot, remis en 1978 au gouvernement luxembourgeois. Or, ce rapport se situe déjà dans une période où les “fondamentaux” démographiques du Luxembourg avaient commencé à changer. Le nombre de naissances se stabilise, puis augmente fortement dans les années 1980 (avant de se stabiliser à ce niveau élevé). C’est également dans la deuxième moitié des années 1970 que commence à décliner le nombre de décès.

Source : STATEC, EUROSTAT

-5

0

5

10

15

20

25

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

UE-28 BE DE FR LU Source : STATEC

0

5000

10000

15000

20000

25000

2004 2006 2008 2010 2012 2014

ImmigrationEmigrationSolde (différence immigrés-émigrés)

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Cahier économique 120 12

Graphique 8: Naissances, décès et solde naturel au Luxembourg, 1960-2014, nombre en milliers

Logiquement, le solde des naissances et des décès augmente fortement du milieu des années 1980 au milieu des années 1990 avant de se stabiliser à un niveau supérieur aux années 1960. En 2014, on comptait 6 070 naissances et 3 841 décès, soit un solde naturel de +2 229.

Comme pour le solde migratoire, il convient de mettre le solde des naissances et des décès en rapport avec la population pour évaluer son impact relatif. Il s’agit de ce qu’on appelle le taux de variation naturelle de la population. Après avoir décliné jusqu’au milieu des années 1970, ce taux s’orientait à la hausse, pour se stabiliser depuis le milieu des années quatre-vingt-dix; ce qui est largement dû à une stabilisation, puis une hausse du taux de natalité (alors que le taux de mortalité tend à décroître de façon continue). D’un chiffre légèrement négatif en 1970, on arrive à un taux de variation naturelle de plus de 4 pour mille au milieu des années 1990. Depuis, le taux de variation naturelle de la population du Luxembourg se maintient grosso modo à ce niveau. Pour les années 2005-2014, le taux moyen annuel est de 3.9 pour mille.

Là encore, la comparaison avec l’UE apporte quelques données de cadrage utiles. En 2014, les taux bruts de natalité les plus élevés ont été affichés par l'Irlande (14.4 pour 1 000 résidents), la France (12.4‰), le Royaume-Uni (12.0‰) ainsi que la Suède (11.9‰), et les taux les plus faibles au Portugal (7.9‰), en Italie (8.3‰), en Grèce (8.5‰) et en Allemagne (8.6‰). À l'échelle de l'UE, le taux brut de natalité était de 10.1 naissances pour 1 000 résidents.

Graphique 9: Taux de natalité, taux de mortalité et taux de variation naturelle au Luxembourg, 1960-2014 (en pour mille)

En ce qui concerne le taux brut de mortalité, ils sont les plus élevés en Bulgarie (15.1 décès pour 1 000 résidents), suivie de la Lettonie (14.3‰), de la Lituanie (13.7‰), de la Hongrie (12.8‰), de la Roumanie (12.7‰) et de la Croatie (12.0‰). À l'autre extrémité de l'échelle, Chypre (6.2‰), l'Irlande (6.4‰) et le Luxembourg (6.9‰) ont enregistré les taux les plus faibles. Le taux brut de mortalité de l'UE s’est établi à 9.7 décès pour 1 000 résidents. En conséquence, le taux d'accroissement naturel (c'est-à-dire la différence entre les naissances vivantes et les décès exprimée pour 1 000 résidents) le plus important a été de loin observé en Irlande (+8.1‰). Chypre (+4.7‰), la France (+4.0‰), le Luxembourg (+4.0‰) et le Royaume-Uni (+3.2‰) ont également connu un accroissement naturel significatif de leur population en 2014. Parmi les onze Etats membres de l'UE dont la population a affiché une diminution naturelle en 2014, les baisses les plus importantes ont été observées pour la Bulgarie (-5.7‰), la Roumanie (-3.5‰), la Lettonie (-3.4‰), la Lituanie (-3.4‰) et la Hongrie (-3.3‰). On remarquera aussi que, bien que les populations totales de l'Allemagne et de l'Italie aient augmenté en 2015, ces deux Etats membres affichaient une variation naturelle négative de leur population: la croissance démographique enregistrée en 2014 y est donc imputable au solde migratoire1.

1 EUROSTAT, Communiqué de presse 124/2015, 2015.

Source : STATEC

-1000

0

1000

2000

3000

4000

5000

6000

7000

1960

1965

1970

1975

1980

1985

1990

1995

2000

2005

2010

2015

Naissances Décès Solde (naissances-décès)

Source : STATEC

-5

0

5

10

15

20

1960

1965

1970

1975

1980

1985

1990

1995

2000

2005

2010

2015

Taux de natalitéTaux de mortalitéTaux de variation naturelle

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Cahier économique 120 13

Graphique 10: Taux de variation naturelle au Luxembourg, dans l’UE-28 et dans les pays voisins, 2002-2014 (en pour mille)

En 1960, le taux de variation naturelle de l’UE était très supérieur à celui du Luxembourg: moins de 5 pour mille au Luxembourg, contre plus de 8 pour mille dans l’UE. Par la suite et jusqu’au milieu des années 1970, le taux chute et cela plus fortement au Luxembourg que dans l’UE-28 en moyenne. Il devient même négatif dans notre pays comme on l’a déjà vu en commentant les chiffres absolus.

À partir du milieu des années 1970, les taux de variation naturelle au Luxembourg et dans l’UE-28 évoluent dans des directions opposées. Au Luxembourg on amorce une tendance ascendante, alors que dans l’UE ce taux continue à décliner et se rapproche tout simplement de l’équilibre entre décès et naissances (un taux de variation naturelle nul, respectivement très faible). Au cours de la décennie 2005-2014, le taux de variation naturelle de la population du Luxembourg atteint 3.9 pour mille, alors que le taux correspondant pour l’UE-28 n’est que de 0.7 pour mille.

Il est important d’ajouter que le taux de variation naturelle relativement élevé du Luxembourg est étroitement lié au solde migratoire. En fait, l’immigration au Luxembourg est “économique” et “familiale” et constituée largement de personnes jeunes en âge de procréer (ce qui se répercute évidemment également sur le solde naturel et taux de natalité). Le fait que la population soit donc relativement jeune a également des répercussions sur le nombre de décès (et le taux de mortalité).

Tableau 3: Naissances, décès et solde naturel par nationalité au Luxembourg, 1990, 2000, 2011-2014 (nombre)

En fait, au cours des vingt-quatre dernières années, le solde naturel des Luxembourgeois est négatif, à l’exception des trois dernières années où il est très légèrement positif (à cause de la nouvelle loi sur le double droit du sol), tandis que l’excédent naturel total positif est dû aux étrangers. À titre d’exemple, en 2011, le solde naturel (naissances – décès) des Luxembourgeois était négatif (-96), alors que celui des étrangers était positif (+1 916). D’où un solde naturel total de +1 820 en 2011. L’excédent naturel des étrangers est d’ailleurs largement dû à un nombre de décès assez faible; il s’agit d’une population relativement jeune, rappelons-le. En 2014, on comptait près de 3 023 décès de Luxembourgeois et seulement 818 décès d’étrangers. En 2014, le solde naturel des Luxembourgeois était légèrement positif (+156), alors que celui des étrangers était largement positif (+2 073). D’où un excédent naturel total de +2 229.

Un autre indicateur est révélateur de l’impact de l’immigration sur la natalité, c’est le taux de natalité, c’est-à-dire le nombre de naissances rapporté à la population. Le taux de natalité en 2014 est de 11.4 pour mille pour les personnes étrangères, contre 10.5 pour mille pour les Luxembourgeois. À côté du fait que le taux de natalité des étrangers est plus élevé que celui des Luxembourgeois, il convient également de noter que le taux de natalité est en diminution pour les Luxembourgeois (de 12.0 pour mille en 1990 à 10.5 pour mille en 2014), comme pour les étrangers (de 15.3 pour mille à 11.4 pour mille). L’augmentation du taux de natalité des étrangers de 1990 à 2000 (de 15.3 à 17.3 pour mille) n’a été que passagère.

Source : STATEC, EUROSTAT

-3-2-10123456

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

UE-28 BE DE FR LU

1990 2000 2011 2012 2013 2014

Luxembourgeois 3 284 2 917 3 000 3 167 3 115 3 179Etrangers 1 652 2 806 2 639 2 859 3 000 2 891Total 4 936 5 723 5 639 6 026 6 115 6 070

Luxembourgeois 3 373 3 202 3 096 3 134 3 056 3 023Etrangers 400 547 723 741 766 818Total 3 773 3 749 3 819 3 875 3 822 3 841

Luxembourgeois -89 -285 -96 33 59 156Etrangers 1 252 2 259 1 916 2 118 2 234 2 073Total 1 163 1 974 1 820 2 151 2 293 2 229

Source : STATEC

Naissances

Décès

Solde (naissances - décès)

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Cahier économique 120 14

Graphique 11: Taux de natalité par nationalité au Luxembourg, 1990, 2000 et 2014 (en pour mille)

Les 4/5 de l’augmentation de la population depuis une dizaine d’années sont imputables à l’excédent migratoire

En résumé, au cours de la dernière décennie, le solde migratoire contribue pour les quatre cinquièmes à l’augmentation de la population. L’augmentation totale de la population est de 101 728 personnes entre 2005 et 2015. En effet, la population du Grand-Duché passe de 461 230 personnes au 1er janvier 2005 à 562 958 au 1er janvier 2015. L’excédent migratoire sur l’ensemble de cette période est de 81 942 personnes, alors que l’excédent naturel est de seulement 19 698.

Tableau 4: Mouvement naturel et migratoire de la population, 2000-2014 (nombre)

L’indicateur conjoncturel de fécondité du Luxembourg au niveau de la moyenne européenne

L'indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) mesure le nombre d'enfants qu'aurait une femme tout au long de sa vie, si les taux de fécondité observés l'année considérée à chaque âge demeuraient inchangés.

Comme le note l’INSEE1 (France): “Les taux utilisés dans le calcul de l’indicateur conjoncturel de fécondité sont ceux observés au cours d'une année donnée dans l'ensemble de la population féminine (composée de plusieurs générations) et ne représentent donc pas les taux d'une génération réelle de femmes. Il est probable qu'aucune génération réelle n'aura à chaque âge les taux observés. L'indicateur conjoncturel de fécondité sert donc uniquement à caractériser d'une façon synthétique la situation démographique au cours d'une année donnée, sans qu'on puisse en tirer des conclusions certaines sur l'avenir de la population”.

Au Luxembourg, l’indicateur conjoncturel de fécondité recule fortement dans les années 1960 et cela jusqu’au milieu des années 1970. Il ne s’agit pas d’une exception en Europe, la plupart des pays européens connaissant une évolution similaire, avec toutefois des nuances. En Irlande, par exemple, l’indicateur se maintient un peu plus longtemps à son niveau très élevé avant de décliner.

À noter encore que dans les années 1960, l’indicateur conjoncturel de fécondité du Luxembourg (2.22 en 1960) était parmi les plus faibles d’Europe. Le déclin rapide de l’indicateur au Luxembourg s’arrête au milieu des années 1970. Il se stabilise par la suite et est orienté à la hausse à partir du milieu des années 1980 jusqu’en 2000. Il passe de 1.41 en 1987 à 1.78 en 2000. Depuis l’an 2000, l’indicateur se stabilisait avant de connaitre une diminution en 2011 (1.51). En 2013, l’indicateur conjoncturel de fécondité du Luxembourg remonte légèrement pour atteindre 1.55 enfant par femme pour de nouveau diminuer légèrement en 2014 (1.50 enfant par femme).

1 Institut national de la statistique et des études économiques

Source : STATEC

12.010.6 10.5

15.317.3

11.4

0

5

10

15

20

1990 2000 2014Luxembourgeois Etrangers

2000 5 723 3 754 1 969 3 431 5 400 439 000 63.52001 5 459 3 719 1 740 3 310 5 050 444 050 65.52002 5 345 3 744 1 601 2 649 4 250 448 300 62.32003 5 303 4 053 1 250 5 412 6 662 454 960 80.82004 5 452 3 578 1 874 4 392 6 266 461 230 70.82005 5 371 3 621 1 750 6 110 7 860 469 086 77.32006 5 514 3 766 1 748 5 351 7 099 476 187 75.42007 5 477 3 866 1 611 6 001 7 612 483 799 79.02008 5 596 3 595 2 001 7 700 9 701 493 500 79.42009 5 639 3 657 1 982 6 583 8 565 502 066 76.92010 5 874 3 760 2 114 7 660 9 774 511 840 78.42011 5 639 3 819 1 820 11 104 12 924 524 853 85.92012 6 026 3 876 2 150 10 036 12 186 537 039 82.42013 6 115 3 822 2 293 10 348 12 641 549 680 81.92014 6 070 3 841 2 229 11 049 13 278 562 958 83.2

Source : STATEC

Année

Part de l'excédent migratoire dans l'augmentation de la population

(%)Nais-sances Décès

Excédent naturel

Excédent migra-toire

Excédent total

Popula-tion au 31.12

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 15

Graphique 12: Indicateur conjoncturel de fécondité dans quelques pays européens, 1960-2013

Avec cette valeur, le Luxembourg se situe dans la moyenne européenne (UE-28), mais est précédé par la plupart des pays nordiques (Suède, Danemark, Finlande) mais également par la Lituanie, les Pays-Bas, la Belgique, le Royaume-Uni, l’Irlande et la France.

Graphique 13: Indicateur conjoncturel de fécondité en Europe, 2013

En ce qui concerne l’évolution future de la fécondité, les experts d’EUROSTAT estiment qu’une convergence pour l’ensemble des pays membres sera atteinte en 2150. Le niveau retenu est celui des Etats ayant atteint en premier la seconde transition démographique. Cette seconde transition est caractérisée par un ajournement de la fécondité, ce qui est d’ailleurs une des explications du faible niveau actuel de l’indicateur conjoncturel de fécondité. Cet ajournement est généralement mesuré par une augmentation de l’âge moyen à la maternité. Dans un premier temps, l’âge moyen augmente car les taux de

fécondité aux jeunes âges déclinent. La deuxième étape est caractérisée par une “récupération” de la fécondité aux âges plus avancés, ce qui a pour conséquence d’augmenter encore l’âge moyen à la naissance. Finalement, le déclin de la fécondité aux jeunes âges et l’augmentation aux âges plus élevés se stabilisent, ce qui entraîne, un ralentissement de l’augmentation de l’âge moyen à la naissance et puis sa stabilisation.

Les pays membres qui sont actuellement dans la fin de cette transition sont la Belgique et la Finlande (ICF de 1.75 en 2013), le Royaume Uni (1.83 en 2013), la Suède (1.89 en 2013) ainsi que l’Irlande et la France qui ont déjà un ICF juste en dessous de 2 enfants par femme (respectivement 1.96 et 1.99 enfant par femme). Les experts d’EUROSTAT ont retenu un niveau de convergence théorique de l’ICF à 1.93 enfant par femme pour l’année 2150.

Une structure de la population qui reste relativement “jeune” au Luxembourg

L’évolution de la structure par âge de la population est marquée évidemment par celle de la fécondité et de l’espérance de vie. S’y ajoute pour le Grand-Duché, plus que pour les autres pays européens, l’influence de l’immigration qui est jeune (et familiale), c’est-à-dire en âge de travailler et de procréer.

Tableau 5: Structure par classes d’âge de la population au Luxembourg, en Europe et dans les pays voisins au 1er janvier 2005-2014 (en %)

Source : STATEC

0.00.51.01.52.02.53.03.54.04.5

1960

1965

1970

1975

1980

1985

1990

1995

2000

2005

2010

2015

Luxembourg Pays-Bas IrlandeFrance Italie

Source : STATEC, EUROSTAT0 0.5 1 1.5 2 2.5

PTESPLGRCYSKHUMTDEITROATCZHRBUEELV

UE-28LUSILTDKNLBEFIUKSEIEFR

Total 0-19 20-44 45-64 65 +2005 100.0 22.4 35.9 25.1 16.62014 100.0 21.0 33.2 27.3 18.5

Total 0-19 20-44 45-64 65 +2005 100.0 21.7 36.0 25.0 17.32014 100.0 20.5 32.4 27.8 19.3

Total 0-19 20-44 45-64 65 +2005 100.0 23.1 34.5 25.1 17.22014 100.0 22.6 32.6 26.9 17.8

Total 0-19 20-44 45-64 65 +2005 100.0 20.3 35.1 26.0 18.62014 100.0 18.1 30.9 30.2 20.8

Total 0-19 20-44 45-64 65 +2005 100.0 25.3 33.9 24.5 16.32014 100.0 24.6 31.3 26.2 18.0

Total 0-19 20-44 45-64 65 +2005 100.0 24.3 37.4 24.2 14.12014 100.0 22.7 36.4 26.8 14.12015 100.0 22.4 36.4 27.0 14.2

Source : STATEC, EUROSTAT

Luxembourg

Union européenne (28 pays)

Zone euro (19 pays)

Belgique

Allemagne

France

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 16

En comparant l’évolution de la structure par âge de la population du Luxembourg avec celle de l’Europe et des pays voisins, on constate d’abord que la part de la classe d’âge des jeunes (0-19 ans) diminue légèrement au Grand-Duché depuis une dizaine d’années (24.3% en 2005 à 22.4% en 2015), tout comme dans l’UE-28 et dans les pays voisins. Dans l’UE-28, elle passe de 22.4% en 2005 à 21.0% en 2014, en Allemagne de 20.3% à 18.1%, en Belgique de 23.1% à 22.6% et en France de 25.3% à 24.6%.

À l’autre bout de l’échelle des âges, on constate que la part des personnes de la classe d’âge des 65 ans et plus au Luxembourg reste également stable (aux environs de 14.0% durant les dix dernières années), alors que dans l’UE-28 et dans les pays voisins cette part a tendance à augmenter, de 16.6% dans l’UE-28 en 2005 à 18.5% en 2014. Au Luxembourg, la part des 65 ans et plus est donc inférieure à celle de l’UE en moyenne et à celle des pays voisins.

En résumé, on relève des proportions relativement élevées de jeunes (0-19 ans) et relativement faibles de personnes âgées (65 ans et plus) au Luxembourg. Dans les classes d’âge intermédiaires, par contre, l’évolution au Luxembourg est assez similaire aux pays voisins (une diminution de la part des 20-44 ans et une augmentation de la part des 45-64 ans).

La question du vieillissement peut également être appréhendée à travers le “taux de dépendance”, en d’autres termes le ratio entre les 65 ans et plus (généralement en retraite et “inactifs”) et la part de la population en âge de travailler. Dans ce qui suit, on définira cette partie de la population par la classe d’âge des 15-64 ans.

Graphique 14: Taux de dépendance au Luxembourg, en Europe et dans les pays voisins, 2005 et 2014 (%)

En 2014, le taux de dépendance était de 20.4% au Luxembourg et se situe plus ou moins au même niveau qu’en 2004 (+0.5%). Dans l’UE-28 en moyenne, le taux de dépendance est de 28.1% en 2014 et il a fortement augmenté durant les dix dernières années. En effet, il se situait à 24.7% pour l’année 2005. Parmi les pays voisins, c’est en Allemagne que le processus de vieillissement a connu le plus fort développement. En 2014, le taux de dépendance y atteint 31.5%, contre 27.8% en 2005, soit une augmentation de 3.7 points de pourcentage.

C’est la population immigrée qui “rajeunit” la population du Grand-Duché

Le fait que la population du Grand-Duché soit moins marquée par le vieillissement que la plupart des autres pays européens résulte en grande partie de l’immigration qui, comme on l’a dit, est composée en grande partie d’une population jeune en âge de travailler et de procréer. La comparaison de la structure de la population de nationalité luxembourgeoise à celle de la population de nationalité étrangère montre, pour les groupes d’âge jeunes, des proportions plus élevées chez les étrangers.

Les personnes âgées entre 0 et 19 ans représentent 22.1% de la population luxembourgeoise et 22.1% de la population étrangère. Il n’existe guère de différence entre Luxembourgeois et étrangers.

Tableau 6: Structure par âge de la population du Luxembourg selon la nationalité, 2015 (%)

Mais c’est dans deux autres classes d’âge que l’écart est beaucoup plus significatif, à savoir chez les 20-44 ans et chez les 65 ans et plus. 43.0% des habitants de nationalité étrangère ont entre 20 et 44 ans, contre seulement 30.8% des Luxembourgeois. Il s’agit somme toute d’une situation logique étant donné que l’immigration au Luxembourg est majoritairement une immigration de travail.

Source : STATEC, EUROSTAT

20.9

24.726.3 25.1

27.8

20.4

28.1 27.3 28.431.5

0

5

10

15

20

25

30

35

LU UE-28 BE FR DE2005 2014

0-19 20-44 45-64 65+

Total 22.4 36.4 27.0 14.2Nationalité luxembourgeoise 22.1 30.8 27.5 19.6Nationalité étrangère 22.8 43.0 26.3 7.8

Source : STATEC

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 17

Chez les Luxembourgeois, la part des personnes âgées (65 ans et plus) atteint 19.6% alors que pour les étrangers cette proportion n’est que de 7.8%.

L’écart est moins important pour les personnes âgées entre 45 et 64 ans et la proportion est même légèrement plus élevée pour les Luxembourgeois: 27.5% pour 26.3% parmi les étrangers.

… mais un vieillissement inéluctable

Il ne faudrait pas conclure de la structure par âge relativement “jeune” de sa population que le Luxembourg sera confronté moins aux problèmes de financement des pensions que les autres pays. D’abord, le vieillissement est inéluctable quelles que soient les hypothèses qu’on choisit pour les projections de population. Par ailleurs, il faudra également payer les pensions des frontaliers prenant leur retraite.

Les résultats des projections de la population pour le Luxembourg sont largement dépendants des hypothèses concernant le solde migratoire qui n’a pas seulement un impact sur le nombre total des habitants, mais également sur la structure par âge (étant donné que, rappelons-le, l’immigration est constituée en grande partie de personnes jeunes en âge de travailler et de procréer).

Retenons le scénario “central” des projections de la population d’EUROSTAT1. Dans ce scénario, le solde migratoire augmenterait dans un premier temps de +10 821 à +11 737 entre 2015 et 2022.

Graphique 15: Projections démographiques: évolution de la part des 65 ans et plus dans la comparaison avec les autres classes d’âge, 2016-2080 (parts des classes d’âge en %)

1 EUROPOP2013.

Dans un second temps, il diminuerait continuellement pour atteindre un solde de +3 782 en 2080. Dans cette hypothèse, la part des 65 ans et plus passerait de 14.2% aujourd’hui à plus de 25% en 2080. La part de toutes les autres classes d’âge diminuerait: pour les 0-19 ans de 22.4% en 2014 à 21.6% en 2080, pour les 20-44 ans de 36.4% à 29.8%, pour les 45-64 ans de 27.0% à 22.9%. L’évolution de nombre absolu des 65 ans et plus selon ces projections est encore plus parlante: le nombre de 65 ans et plus passerait d’un peu moins de 80 000 en 2015 (sur une population totale d’environ 563 000) à environ 330 000 en 2080 (sur une population totale de 1 300 000 habitants).

84.8 ans d’espérance de vie pour les femmes et 80.2 ans pour les hommes

L’espérance de vie n’a globalement pas cessé d’augmenter pour les deux sexes au Luxembourg depuis la fin de la seconde guerre mondiale. À la naissance, les femmes ont ainsi gagné 8.1 ans d’espérance de vie et les hommes 10.2 ans entre le début des années quatre-vingt et aujourd’hui (Tableau 7). D’après la dernière table de mortalité2, calculée pour la période 2012 à 2014 et centrée sur l’année 2013, l’espérance de vie à la naissance est de 84.8 ans pour les femmes et de 80.2 ans pour les hommes.

Tableau 7: Évolution de l’espérance de vie à la naissance entre 1980-1982 et 2012-2014 (en années)

2 Une table de mortalité annuelle suit le cheminement d'une génération fictive de 100 000 nouveau-nés à qui l'on fait subir aux divers âges les conditions de mortalité observées sur les diverses générations réelles, durant l'année étudiée. Pour éviter les aléas des tables annuelles et pour disposer d'une table détaillée par âge aussi précise que possible, on calcule également une table de mortalité couvrant une période de trois années (source: INSEE).

Source : EUROSTAT

0

5

10

15

20

25

30

35

40

2015

2020

2025

2030

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2040

2045

2050

2055

2060

2065

2070

2075

2080

0-19 20-44 45-64 65+

Hommes Femmes Ecart Hommes Femmes

1980-1982 70.0 76.7 6.71985-1987 70.6 77.9 7.3 0.6 1.21990-1992 72.6 79.1 6.5 2 1.21995-1997 73.5 79.6 6.1 0.9 0.52000-2002 74.8 81.0 6.2 1.3 1.42005-2007 77.6 82.7 5.1 2.8 1.72012-2014 80.2 84.8 4.6 2.6 2.1

Source : STATEC

Espérance de vie à la naissance

Augmentation de l'espérance de vie entre les périodes

d'observationPériode d'observation

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 18

Sur la période étudiée, les gains des hommes ont été, à quelques exceptions près, supérieurs à ceux des femmes et l’écart d’espérance de vie entre les sexes est nettement inférieur de nos jours à ce qu’il était précédemment. De 6.7 ans en 1980-1982, l’écart, à la naissance, entre hommes et femmes est passé à 4.6 ans en 2012-2014. L’écart entre l’espérance de vie des femmes et des hommes, qui avait tendance à rester relativement stable durant les années quatre-vingt-dix, a diminué depuis lors. On peut penser qu’à l’avenir, l’espérance de vie masculine et féminine continueront à se rapprocher, comme le prévoient d’ailleurs les projections de population.

Contribution à l’augmentation de l’espérance de vie selon les classes d’âge

Le gain d’espérance de vie à la naissance ne se distribue pas de manière uniforme entre les différents groupes d’âge. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, l’espérance de vie à la naissance des hommes a augmenté de 7.6 ans. Cette augmentation est surtout due aux groupes d’âge les plus avancés. En effet, près de 68% de ce gain est réalisé après l’âge de 60 ans (2.96 années entre 60 et 79 ans et 2.19 années après 80 ans). Les âges compris entre 0 à 59 ans ne “représentent” donc que 32% de ce gain: 1.43 année pour les âges compris entre 40 et 59 ans, 0.64 années entre 20 et 39 ans, 0.20 année entre 1 et 19 ans et 0.18 année pour la première année de vie. Les contributions des différentes classes d’âge à l’augmentation de l’espérance de vie se sont modifiées au cours du temps. Sur la période 1990-1995, c’est le groupe d’âge des 0-1 an qui contribue le plus à l’augmentation de l’espérance de vie (0.34 année). La contribution des 60 ans et plus à l’augmentation de l’espérance de vie n’est que de 0.12 années, mais la classe d’âge des 60-79 ans ne contribue pas à la croissance de l’espérance de vie et la font même diminuer de l’ordre de -0.03 année.

Tableau 8: Contribution des différents groupes d’âge à l’augmentation de l’espérance de vie à la naissance (en années)

La contribution des différents âges à l’augmentation de l’espérance de vie à la naissance des femmes entre la période 1990-1992 - 2012-2014 est assez similaire à celle des hommes mais à des niveaux légèrement différents. Si l’espérance de vie des femmes a augmenté de 5.7 ans, cela est dû essentiellement aux âges les plus avancés. En effet, les groupes à partir de 60 ans représentent 70.7% de ce gain, soit 4.03 années. Le gain des très jeunes âges (0-1 an) est aussi plus élevé pour les femmes (0.31 année) que pour les hommes (0.18 année). Comme pour les hommes, les groupes d’âge compris entre 1 et 39 ans contribuent peu à l’augmentation de l’espérance de vie.

Probabilité de décéder

L’espérance de vie ne suffit pas à donner une vue exhaustive sur l’évolution de la mortalité. L’étude des quotients de mortalité est importante dans ce contexte. Ces quotients représentent la probabilité de décéder entre deux âges. Comme le montre le Graphique 16, la mortalité n’évolue pas de façon linéaire.

Sexe AgeEntre 1990

et 1995Entre 1995

et 2000Entre 2000

et 2005Entre 2012

et 2005Entre 1990

et 2012

0 0.34 -0.12 0.24 0.07 0.181-19 0.25 -0.03 0.23 0.01 0.2020-39 0.15 0.00 0.33 0.34 0.6440-59 0.06 0.58 0.37 0.51 1.4360-79 -0.03 0.76 1.07 1.16 2.9680+ 0.15 0.11 0.55 0.52 2.19Total 0.90 1.30 2.80 2.62 7.60

0 0.20 0.07 0.22 0.03 0.311-19 0.00 0.10 0.00 0.10 0.1920-39 0.08 0.14 0.08 0.18 0.3840-59 0.04 0.32 0.16 0.34 0.7960-79 -0.18 0.83 0.85 0.74 2.4380+ 0.36 -0.05 0.40 0.69 1.60Total 0.50 1.40 1.70 2.07 5.70

Source : STATEC

Hom

mes

Femmes

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 19

Graphique 16: Quotient de mortalité selon l’âge en 2012-2014 (échelle logarithmique)

Bien que la probabilité de décéder soit plus importante lors de la première année de vie que durant le reste de l’enfance, le risque de décéder à de jeunes âges est aujourd'hui très faible et les décès avant l’âge d’un an sont souvent concentrés juste après la naissance. Par la suite, le risque annuel est minimal pour les enfants. Le risque augmente, ensuite, d’abord fortement à l'adolescence puis plus légèrement par la suite à la fin de la période de l’adolescence. À partir du milieu de la trentaine, la courbe croît de façon quasi linéaire jusqu’au-delà de quatre-vingt-dix ans. Ces observations ne diffèrent guère des tables de mortalité précédentes. À de rares exceptions près, les hommes ont un risque de décéder plus élevé que les femmes quelque soit l’âge. La surmortalité des hommes est maximale en fin de vie: le risque est alors généralement 1.5 fois plus élevé pour les hommes que pour les femmes du même âge.

Le Tableau 9 présente les quotients de mortalité par sexe à certains âges pour les périodes 1980-1982 à 2012-2014 ainsi que leur baisse relative au cours de cette période de plus ou moins trente-cinq ans. C’est surtout aux jeunes âges que la mortalité a le plus baissé: le risque de décès durant la première année de vie est ainsi passé, par exemple, de 13.9‰ à 1.7‰ pour les hommes et de 11.2‰ à 1.6‰ pour les femmes, soit une baisse de respectivement 88.1% et 85.4%. Aux autres âges, les gains ne sont toutefois pas négligeables, avec par exemple, une réduction des risques de décéder de 57.4% pour les hommes et de 48.2% pour les femmes entre 70 et 71 ans.

Tableau 9: Évolution des quotients de mortalité à certains âges selon le sexe entre 1980-1982 et 2012-2014

Inégalités importantes en termes de mortalité au sein de l’Union européenne

Malgré la forte réduction de la mortalité depuis le XIXème siècle en Europe, des inégalités importantes subsistent. En effet, la situation de la mortalité au sein de l’Union européenne et de chaque Etat membre est rarement homogène, les régions d'un même pays pouvant présenter des valeurs extrêmes, tandis que des régions de pays différents peuvent afficher des taux de mortalité très proches1. Des différences importantes de mortalité sont donc observées en Europe. Actuellement, les espérances de vie à la naissance des hommes et des femmes résidant au Luxembourg sont parmi les plus élevées en Europe.

En termes de probabilité de décéder (quotient de mortalité), on constate que la mortalité à chaque âge est plus faible à pratiquement tous les âges au Luxembourg qu’en moyenne dans l’UE-28 (Graphique 19) et ce aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Cette sous-mortalité est un peu plus élevée dans les jeunes âges (moins de 15 ans) que dans les âges plus avancés. La probabilité moins importante de décéder au Luxembourg par rapport à la moyenne européenne a pour conséquence que l’espérance de vie à la naissance au Grand-Duché est plus élevée que celle de la très grande majorité des pays de l’UE-28.

1 EUROSTAT, La mortalité dans l'UE 1997-1999, 2004.

Source : STATEC

0.0001

0.001

0.01

0.1

10 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95

Quo

tien

t de

mor

talit

é

Homme Femme

1980-1982

1990-1992

2000-2002

2012-2014

Hommes0 et 1 ans 13.9 8.7 5.9 1.7 -88.150 et 51 ans 6.9 6.0 4.7 2.9 -58.570 et 71 ans 46.3 37.6 30.6 19.7 -57.490 et 91 ans 227.0 203.5 200.6 180.1 -20.6

Femmes0 et 1 ans 11.2 8.1 4.7 1.6 -85.450 et 51 ans 4.0 2.9 2.5 1.7 -56.570 et 71 ans 23.7 19.6 16.8 12.3 -48.290 et 91 ans 203.5 174.4 141.4 140.7 -30.9

Source : STATEC

Probabilité de décéder entre

Quotient (‰) Evolution (%) entre 1980-1982 et 2012-

2014

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

20 Cahier économique 120

Graphique 17: Espérance de vie à la naissance en Europe (UE-28) – Femmes 2013

Graphique 18: Espérance de vie à la naissance en Europe (UE-28) – Hommes 2013

Graphique 19: Quotient de mortalité au Luxembourg et en Europe (UE-28) (échelle logarithmique), année 2013

En ce qui concerne l’espérance de vie à la naissance des femmes (Graphique 17), le Luxembourg se retrouve dans le peloton de tête européen derrière l’Espagne (86.1 ans), la France (85.6 ans), l’Italie (85.2 ans) et Chypre (85.0 ans). La moyenne de l’Union européenne (UE-28) est de 83.3 ans. En queue de peloton des pays européens, nous trouvons la Lituanie, la Hongrie, la Lettonie, la Roumanie et la Bulgarie avec une espérance de vie à la naissance en dessous de 80 ans.

Pour les hommes, le Luxembourg est devancé seulement par l’Italie (80.3 ans). La moyenne de l’ensemble des pays européens est de 77.8 ans (Graphique 18). En queue de peloton des pays européens, nous retrouvons la Lettonie et la Lituanie avec une espérance de vie à la naissance en dessous de 71 ans, soit une différence de plus de onze ans avec l’Italie et le Luxembourg.

Source : STATEC, EUROSTAT

727476788082848688

Espagne

France

Italie

Chypre

Luxembourg

Finlande

Grèce

Malte

Portugal

Autriche

Suède

Slovénie

UE-28

Belgique

Allemagne

Pays-Bas

Irlande

Royaum

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i

Danemark

Estonie

Rép. tc

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Pologne

Croatie

Slovaquie

Lituanie

Hongrie

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Roum

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e de

vie

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Source : STATEC, EUROSTAT

6870727476788082

Italie

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Espagne

Suède

Chypre

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Pays-Bas

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France

Grèce

Allemagne

Autriche

Danemark

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Slovénie

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Roum

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Lettonie

Lituanie

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vie

(en

anné

es)

Source : STATEC, EUROSTAT

0.00001

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0.001

0.01

0.1

1

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85

Quo

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UE-28 Luxembourg

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 21

Graphique 20: Écart d’espérance de vie à la naissance entre les femmes et les hommes en Europe (UE-28), année 2013

En outre, bien que l'écart de mortalité entre les deux sexes tend à se réduire dans le temps au sein de l’UE-28, il existe encore des différences très marquées entre les différents pays européens. L’écart d’espérance de vie entre les femmes et les hommes est relativement faible au Luxembourg (4.6 ans en 2012-2014) comparé à la plupart des autres pays européens, à l’exception de la Suède (3.6 années d’écart), des Pays-Bas, du Royaume-Uni (3.7 années d’écart), du Danemark et de l’Irlande (4.1 années d’écart), de Malte (4.4 années d’écart) où cet écart est légèrement moins élevé. Pour l’année 2013, l’écart moyen entre les deux sexes, en termes d’espérance de vie à la naissance, des pays de l’UE-28 est de 5.5 années, tandis que cet écart est au minimum de sept années dans les pays de l’Est: Roumanie (7.1 années), Slovaquie (7.2 années), Bulgarie (7.3 années), Pologne (8.2 années), Estonie (8.9 années), Lettonie (9.6 années) et même de onze années pour la Lituanie (11.1 années). Les écarts entre les hommes et les femmes sont donc les plus importants dans les pays où l’espérance de vie est la moins importante.

En ce qui concerne l’évolution future de l’espérance de vie, les experts d’EUROSTAT estiment qu’une convergence pour l’ensemble des pays membres sera atteinte en 2150 (espérance de vie de 92.9 ans pour les hommes et de 96.3 ans pour les femmes). Dans cette projection, l’espérance de vie pour les hommes passerait de 80.2 ans (en 2013) à 87.5 ans (en 2080) et pour les femmes de 84.8 (en 2013) à 91.4 années (en 2080).

Source : STATEC, EUROSTAT

0

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Pays-Bas

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 22

2. Focus sur les acquisitions de la nationalité luxem-bourgeoise selon la résidence La loi du 23 octobre 2008 sur la nationalité luxembourgeoise, parfois dite loi de la “double nationalité”, est entrée en vigueur le 1er janvier 2009. Cette loi détermine les conditions de la nationalité par origine (naissance, adoption, …), mais également les conditions de l’acquisition volontaire de la nationalité luxembourgeoise. L’ ”acquisition volontaire” de la nationalité luxembourgeoise peut se faire soit par naturalisation, soit par recouvrement. La loi de 2008 ne reprend pas la condition de la perte ou de la renonciation à la nationalité d’origine. Les personnes qui ont acquis la nationalité luxembourgeoise peuvent donc en principe cumuler deux ou plusieurs nationalités. Mais, pour cela, il faut que la loi étrangère accepte également la double ou multiple nationalité.

Près de 26 000 acquisitions volontaires de la nationalité luxembourgeoise depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi

De 2009 à 2014, c’est-à-dire depuis l’entrée en vigueur de la loi du 23 octobre 2008 sur la nationalité luxembourgeoise, 25 820 personnes ont acquis volontairement la nationalité luxembourgeoise. Ce changement de législation a amené une véritable explosion des acquisitions volontaires de la nationalité luxembourgeoise, leur nombre ayant quadruplé en comparaison avec la période 2003 à 2008 (6 159 acquisitions).

Graphique 21: Acquisitions volontaires de la nationalité luxembourgeoise selon la résidence (nombre de personnes), 2009-2014

L’effet de la loi sur la nationalité luxembourgeoise ne se dément pas et le nombre d’acquisitions volontaires de la nationalité luxembourgeoise est passé de 4 022 en 2009 à 4 991 en 2014, avec une baisse observée en 2011. Néanmoins, cet accroissement constant est uniquement dû aux acquisitions par des personnes non résidentes, celles des personnes résidentes connaissant même une légère baisse. De 3 984 en 2009 leur nombre est passé à 3 206 en 2014 avec même un creux en 2013 (2 564).

Sur les 25 820 acquisitions volontaires de la nationalité luxembourgeoise observées depuis 2009, 20 136 ont été demandées par des personnes résidant au Luxembourg (22.0% ont donc été demandées par des personnes n’habitant pas au Grand-Duché de Luxembourg). La majorité des personnes non résidentes acquièrent la nationalité luxembourgeoise par recouvrement selon l’article 29 de la loi sur la nationalité luxembourgeoise: “Le descendant en ligne directe paternelle ou maternelle, même né à l’étranger, d’un aïeul Luxembourgeois à la date du premier janvier mil neuf cent et que celui-ci respectivement l’un de ses descendants a perdu la nationalité luxembourgeoise sur base des dispositions légales antérieures, peut recouvrer la nationalité luxembourgeoise par une déclaration à faire dans les 10 ans qui suivent l’entrée en vigueur de la présente loi”.

Les acquisitions de la nationalité luxembourgeoise par des non-résidents étaient peu nombreuses avant 2011. En 2009, ils représentaient moins de 1% et en 2010, 2.5% du total des acquisitions volontaires. Par contre, à partir de 2011, on constate un important mouvement à la hausse, leur part passant successivement à 9.1%, 34.1% (2012), 41.9% (2013) pour diminuer légèrement à 35.8% en 2014.

Les Portugais, les Belges, les Français, les Italiens et les Allemands représentent 75% des acquisitions de la nationalité luxembourgeoise

Les personnes de nationalité portugaise sont les plus nombreuses à avoir acquis volontairement la nationalité luxembourgeoise. De 2009 à 2014, sur un total de 25 820 acquisitions volontaires, 7 026 personnes (soit 27.2%) avaient la nationalité portugaise. Viennent ensuite les Belges qui sont 5 436 à avoir demandé et obtenu la nationalité luxembourgeoise durant cette période (soit 21.2% du total des acquisitions volontaires). Avec 2 894 personnes ayant acquis volontairement la nationalité luxembourgeoise (11.2%), les Français se situent au

Source: Ministère de la Justice, STATEC

40224311

3405

4680 4411 4991

05001000150020002500300035004000450050005500

2009 2010 2011 2012 2013 2014

Résidents Non-résidents

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Cahier économique 120 23

troisième rang. Au quatrième rang, on retrouve les Italiens (2 595 respectivement 10.1%) suivis par les Allemands dont la part s’élève à 5.7% (1 468 cas).

Ce sont donc les étrangers des pays les plus représentés au Luxembourg (Italiens, Portugais et les personnes originaires d’un des pays limitrophes, Belgique, France, et Allemagne) qui sont logiquement les plus nombreux à avoir acquis volontairement la nationalité luxembourgeoise. La part globale de ces 5 pays est de 75.2% pour la période étudiée, néanmoins on observe un accroissement dans le temps, la part passant de quelque 60% en 2009 à plus de 80% depuis 2012.

Tableau 10: Acquisitions volontaires de la nationalité luxembourgeoise selon la nationalité antérieure et la résidence (total des années 2009-2014)

En jetant un regard sur les seuls résidents, on constate que ce sont toujours les mêmes cinq nationalités antérieures qui forment la majorité des acquisitions volontaires de la nationalité luxembourgeoise (69.6%). Cependant l’ordre est légèrement différent. Les Italiens passent du quatrième au deuxième rang, tandis que les Belges se retrouvent en quatrième position.

Les étrangers originaires de l’ex-Yougoslavie (Monténégrins, Bosniaques, Serbes et Kosovars) représentent 10.1% des acquisitions totales de la nationalité luxembourgeoise depuis l’entrée en vigueur de la loi en 2009.

Une très grande majorité des Belges ayant acquis la nationalité luxembourgeoise n’habitent pas au Grand-Duché

Comme déjà énoncé précédemment, l’augmentation constante des naturalisations est due à l’”explosion” de l’acquisition de la nationalité luxembourgeoise par des personnes non résidentes. Ce phénomène est largement imputable à des Belges résidant en Belgique et, à un degré moindre, à des Français résidant en France.

Comme le montre le Graphique 22, le nombre de Belges et de Français résidant au Grand-Duché et ayant acquis la nationalité du pays reste relativement stable tout au long de la période considérée, oscillant entre 200 et 300 cas annuellement.

Parmi les Belges ne résidant pas au Luxembourg, seuls quelques personnes ont acquis la nationalité luxembourgeoise juste après l’entrée en vigueur de la loi du 23 octobre 2008 (9 cas en 2009 et 21 en 2010). Par la suite, leur nombre est passé de 216 en 2011, pour dépasser le seuil des mille cas annuels à partir de l’année 2012. En 2012, ils étaient 1 318 et même 1 372 en 2013 pour redescendre à 1 095 cas en 2014.

En ce qui concerne les Français, ceci est également vrai, mais dans une moindre mesure. En 2009, 12 Français non résidents ont acquis la nationalité luxembourgeoise pour 552 en 2014. Depuis 2013, leur nombre est plus élevé pour ceux n’habitant pas le Luxembourg que pour ceux résidant au Grand-Duché.

Graphique 22: Acquisitions volontaires de la nationalité luxembourgeoise selon la nationalité antérieure et la résidence (nationalités sélectionnées), 2009-2014

Nombre Part en % Nombre Part en %

Portugaise 7 026 27.2 7 021 34.9Belge 5 436 21.1 1 405 7.0Française 2 894 11.2 1 645 8.2Italienne 2 595 10.1 2 571 12.8Allemande 1 468 5.7 1 365 6.8Monténégrine 847 3.3 847 4.2Bosniaque 776 3.0 775 3.8Serbe 719 2.8 719 3.6Britannique 318 1.2 313 1.6Capverdienne 289 1.1 289 1.4Kosovare 270 1.0 270 1.3Espagnole 257 1.0 252 1.3Néerlandaise 254 1.0 250 1.2Autres 2 671 10.3 2 414 12.0Total 25 820 100.0 20 136 100.0

Source: Ministère de la Justice, STATEC

Nationalité antérieure

Acquisitions au total dont résidents

Source: Ministère de la Justice, STATEC

0

400

800

1200

1600

200920102011201220132014200920102011201220132014200920102011201220132014200920102011201220132014200920102011201220132014

Portugaise Belge Française Italienne Allemande

Nationalité antérieure

Résidents Non-résidents

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Cahier économique 120 24

Toutes ces personnes, aussi bien les Belges que les Français sont pour la plupart des descendants d’un aïeul de nationalité luxembourgeoise au 1er janvier 1900. Le nombre de personnes de nationalité allemande ayant demandé et obtenu la nationalité luxembourgeoise s’élevait à quelque 330 en 2009 et 2010 pour retomber aux alentours de 200 à partir de 2011. Le nombre d’Allemands non résidents est assez faible avec néanmoins une légère tendance à la hausse les deux dernières années.

Pour ce qui est des Portugais et des Italiens ayant acquis la nationalité luxembourgeoise, ils sont pour la presque totalité résidents dans notre pays.

Trois personnes sur dix ayant acquis la nationalité luxembourgeoise sont nées au Grand-Duché

En ce qui concerne le pays de naissance des personnes ayant acquis volontairement la nationalité luxembourgeoise, on constate que 8 134 personnes sont nées au Luxembourg et représentaient environ un tiers (31.5%) du total de la période 2009-2014. En deuxième position on retrouve les 4 810 personnes nées en Belgique (18.6%) suivies par les personnes nées au Portugal (2 969 personnes soit 11.5%). Viennent ensuite les personnes nées en France (8.7% du total), en Allemagne (5.0%) et en Italie (3.4%).

En ce qui concerne l’évolution des acquisitions selon le pays de naissance entre 2009 et 2014, la part des personnes nées au Luxembourg, très stable en début de période (environ 35% jusqu’en 2011), tombe aux alentours de 30% avec un creux de 26.4% en 2013. La part relative des personnes nées au Portugal diminue légèrement (de 12.5% du total en 2009 à 9.2% en 2014), tout comme celle des personnes nées en Allemagne (de 6.6% à 4.1%).

Graphique 23: Acquisitions volontaires de la nationalité luxembourgeoise selon le pays de naissance et la résidence (total 2009-2014)

Le pourcentage des personnes nées en Belgique ayant demandé et obtenu la nationalité luxembourgeoise a fortement augmenté (de 4.2% du total en 2009 à 24.5% en 2014 avec même un pic de 32.6% en 2013). Pour ce qui est des personnes nées en France, la part parmi les acquisitions de la nationalité luxembourgeoise connaît un accroissement continu passant de 4.8% en 2009 à 14.5% en 2014.

Cette évolution est surtout imputable aux recouvrements de la nationalité par des Belges résidant en Belgique et des Français résidant en France. En effet, depuis 2009, 77.3% des acquisitions de la nationalité luxembourgeoise par des personnes nées en Belgique incombent à des personnes qui ne résident pas au Luxembourg. Ce pourcentage est de 50.9% pour les personnes nées en France.

Naturalisations pour les résidents, recouvrements pour les non-résidents

On peut acquérir volontairement la nationalité luxembourgeoise, soit par naturalisation, soit par recouvrement. La loi du 23 octobre 2008 sur la nationalité luxembourgeoise dit dans son article 5 “La qualité de Luxembourgeois s’acquiert par naturalisation…”. Pour être admis à la naturalisation, il faut remplir certaines conditions (âge, durée de résidence, test de langue, cours d’éducation civique). Pour ce qui est des recouvrements, l’article 14 de la même loi préconise “Le Luxembourgeois d’origine qui a perdu sa qualité de Luxembourgeois peut la recouvrer par une déclaration à faire en conformité de l’article 21 à partir de l’âge de dix-huit ans révolus.”. Parmi les possibilités de recouvrement, on retrouve dans l’article 31: ”La femme luxembourgeoise qui a perdu la qualité de Luxembourgeoise pour avoir acquis du fait de son mariage, ou du fait de l’acquisition par son mari d’une nationalité étrangère, sans manifestation de volonté de sa part, la nationalité étrangère de son mari peut recouvrer la nationalité luxembourgeoise ....”. Mais c’est surtout l’article 29 de la loi du 23 octobre 2008, cité précédemment, qui est à la base de la très grande majorité des recouvrements de la nationalité luxembourgeoise.

Source: Ministère de la Justice, STATEC

81344810

2969 22481288 890

0200040006000800010000

Luxembourg

Belgique

Portugal

France

Allemagne

Italie

Résidents Non-résidents

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Cahier économique 120 25

Tableau 11: Naturalisations et recouvrements selon la résidence, 2009-2014

Sur les 19 653 naturalisations accordées entre 2009 et 2014, uniquement 23 concernaient des non-résidents. La quasi-totalité des naturalisations (99.9%) a donc trait à des personnes habitant le Grand-Duché et ceci se vérifie tout au long de la période observée.

Les recouvrements de la nationalité luxembourgeoise étaient peu nombreux avant 2012. Leur nombre était de 68 en 2009 (1.7% du total des acquisitions volontaires), de 136 en 2010 (3.2% du total) et de 341 (10.0% du total) en 2011. À partir de 2012, on constate un important mouvement à la hausse, 1 751 cas en 2012, 1 969 en 2013 et 1 902 en 2014, respectivement 37.4%, 44.6% et 38.1% du total des acquisitions. Cette évolution s’explique par le fait que durant les dernières années le nombre de recouvrements est largement imputable à des non-résidents, comme le montre le Tableau 11.

Les résidents ayant acquis la nationalité luxembourgeoise sont en moyenne 8.4 ans plus jeunes que les non-résidents

Sur l’ensemble des 25 820 personnes ayant demandé et obtenu la nationalité luxembourgeoise depuis 2009, 13 238 sont des femmes représentant 51.3% du total. Quant aux hommes ayant acquis la nationalité luxembourgeoise pour la période 2009-2014, ils sont au nombre de 12 582 soit 48.7%. En prenant en compte le lieu de résidence des naturalisés, on constate que la part des femmes résidentes est de 52.6%.

Graphique 24: Acquisitions volontaires de la nationalité luxembourgeoise selon l’âge et la résidence (total 2009-2014)

Elles sont donc, comme dans le total des acquisitions volontaires de la nationalité luxembourgeoise légèrement surreprésentées. À contrario, pour les non-résidents, la situation inverse se présente. Avec une part de 53.3% les hommes non résidents ont acquis un peu plus souvent la nationalité luxembourgeoise que les femmes non résidentes.

En considérant l’âge des nouveaux luxembourgeois, il n’existe guère de différence d’âge entre les hommes et les femmes. Avec une moyenne de 37.6 ans les femmes ne sont que 0.2 ans plus âgées que les hommes. Par contre, il y a des grosses différences si l’on compare résidents et non-résidents, ces derniers étant en moyenne 8.4 ans plus âgés. Ces différences entre non-résidents et résidents sont de +8.1 ans pour les hommes et de +8.8 ans pour les femmes.

Entre 2009 et 2014, la moitié des acquisitions volontaires de la nationalité luxembourgeoise concernent des personnes âgées de 18 à 34 ans, tandis qu’uniquement 7.5% ont trait à des personnes âgées de plus de 65 ans. C’est surtout dans les classes d’âge de 25 à 59 ans qu’un différentiel entre hommes et femmes est décelable et ceci aussi bien pour les résidents que pour les non-résidents comme la montre le Graphique 24.

Taux d’acquisition de la nationalité luxembourgeoise élevé pour les ressortissants des pays de l’Ex-Yougoslavie

Le taux d’acquisition de la nationalité luxembourgeoise est le rapport entre le nombre d'acquisitions de la nationalité luxembourgeoise et l'effectif des personnes de nationalité étrangère. Pour

Année Résidence Naturalisations* Recouvrements Total

Résidents 3 951 33 3 984Non-résidents 3 35 38Total 3 954 68 4 022Résidents 4 168 35 4 203Non-résidents 7 101 108Total 4 175 136 4 311Résidents 3 060 34 3 094Non-résidents 4 307 311Total 3 064 341 3 405Résidents 2 925 160 3 085Non-résidents 4 1 591 1 595Total 2 929 1 751 4 680Résidents 2 441 123 2 564Non-résidents 1 1 846 1 847Total 2 442 1 969 4 411Résidents 3 085 121 3 206Non-résidents 4 1 781 1 785Total 3 089 1 902 4 991Résidents 19 630 506 20 136Non-résidents 23 5 661 5 684Total 19 653 6 167 25 820

Source: Ministère de la Justice, STATEC * sont également inclus dans cette rubrique les naturalisations et les options résultant de la loi modifiée de 1968

2011

2012

2013

2009/2014

2014

2009

2010

Source: Ministère de la Justice, STATEC

0

500

1000

1500

2000

2500

18-19

20-24

25-29

30-34

35-39

40-44

45-49

50-54

55-59

60-64

65-69

70-74

75-79

80-84

85+

Hommes résidents Femmes résidentes

Hommes au total Femmes au total

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Cahier économique 120 26

la période 2011 à 2014, ce taux s’élève à 12.3 pour 1 000 personnes de nationalité étrangère.

Ce taux varie fortement entre les différentes nationalités. Parmi les nationalités sélectionnées, ce sont les ressortissants des pays de l’Ex-Yougoslavie (Bosnie, Monténégro, Serbie et Kosovo) qui possèdent les taux d’acquisition de la nationalité luxembourgeoise les plus élevés avec respectivement 37.2‰, 34.7‰, 30.1‰ et 26.5‰.

En jetant un regard sur les nationalités les plus représentées au Luxembourg, on aperçoit que les Portugais, qui se trouvent en tête du peloton en ce qui concerne le nombre d’acquisition au total, ont un taux qui se situe légèrement en dessous de la moyenne (11.8‰). Parmi ces nationalités ce sont les Italiens qui ont le taux de naturalisation le plus élevé (18.7‰) tandis que les Français ont le taux le plus faible (7.7‰).

Graphique 25: Taux d’acquisition de la nationalité luxembourgeoise (en ‰) selon la nationalité antérieure pour la population résidente (moyenne 2011-2014*)

Source: Ministère de la Justice, STATEC

* Les chiffres de population par nationalité détaillée ne sont disponibles qu’à partir de l’année 2011

37.234.730.1

26.5

18.717.214.814.412.311.811.6 8.7 7.7 7.6

0510152025303540

Bosniaque

Monténégrine

Serbe

Kosovare

Italienne

Capverdienne

Belge

Allemande

Etrangers au to

tal

Portugaise

Néerla

ndaise

Brita

nnique

Française

Espagnole

Taux

en

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 27

Partie I: Emploi et salaires

1. Emploi Le présent chapitre est consacré à l’évolution des principaux indicateurs de l’emploi au Luxembourg. L’approche est moins conjoncturelle que structurelle. Une première partie s’intéresse à l’évolution de l’emploi proprement dite. Une deuxième section propose une analyse des taux d’emploi. Des sous-chapitres 1.3 et 1.4 sont consacrés respectivement au travail à temps partiel et au travail “temporaire” (CDD).

Emploi intérieur

Il s’agit ici d’un concept issu des comptes nationaux, défini par le système européen des comptes (SEC). L’emploi intérieur englobe les personnes travaillant sur le territoire du Grand-Duché, qu'elles y aient leur résidence ou non. L’emploi intérieur comprend donc les personnes ayant leur résidence à l’étranger et travaillant sur le territoire du Grand-Duché (frontaliers entrants). Par contre, les personnes qui résident sur le territoire du Grand-Duché et qui travaillent en dehors de celui-ci ne sont pas comptées dans l’emploi intérieur. Il s’agit d’un côté des frontaliers sortants et d’un autre côté des agents des institutions internationales. Comme la notion de territoire renvoie au territoire économique, plutôt qu’au territoire géographique, ces institutions sont considérées comme étant extraterritoriales.

Emploi national

Ce concept est également issu des comptes nationaux et couvre les personnes résidant sur le territoire du Grand-Duché. II comprend les fonctionnaires et agents des institutions internationales ainsi que les personnes travaillant à l’étranger (frontaliers sortants).

L’emploi national et l’emploi intérieur concernent à la fois les travailleurs salariés et indépendants. D’après le SEC, un travailleur salarié est “une personne qui travaille, aux termes d’un contrat, pour une autre unité institutionnelle résidente en échange d’un salaire ou d’une rétribution équivalente”. Un travailleur indépendant est une personne qui est seule propriétaire ou copropriétaire d’une entreprise sans personnalité juridique dans laquelle elle travaille. Le Tableau 12 indique les liens entre les différents concepts au Luxembourg.

Définition de l’emploi selon le bureau international du travail (BIT)

Ce concept est appliqué afin d’estimer l’emploi dans le cadre de l’enquête sur les forces de travail (EFT). Selon cette définition une personne est en emploi si, au cours d’une semaine de référence, elle a effectué un travail rémunéré pendant au moins une heure. Cette définition comprend également les personnes qui n’ont pas travaillé dans le courant de la semaine de référence, mais qui ont eu un emploi duquel elles ont été absentes. Comme l’emploi dans le sens du BIT est estimé à partir de l’EFT, il ne concerne que les personnes qui résident au Grand-Duché. Il n’y a pas de restriction quant au lieu de travail. Cette définition de l'emploi est très proche de l'emploi national.

Définition de l’emploi selon le recensement de la population

Il s’agit là des personnes qui, dans le cadre du recensement de la population, ont déclaré avoir exercé un emploi. La période de référence est celle du recensement et il n’y a pas de restriction quant aux heures. Il s’agit donc d’un concept qui est plus subjectif que ceux du BIT et du SEC 95, dans la mesure qu’il laisse une certaine marge d’appréciation aux personnes concernées. Ce dernier concept n’est pas utilisé dans le cadre du présent rapport.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 28

Tableau 12: Emploi intérieur et emploi national au Luxembourg, 1995-2014

1.1 L’évolution de l’emploi

Graphique 26: Évolution de l’emploi intérieur au Luxembourg, dans les pays voisins et en Europe, 2000-2015 (indices: 2000 = 100)

Graphique 27: Évolution de l’emploi intérieur dans la zone euro et dans quelques pays les plus touchés par la crise, 2000-2015 (indices: 2000 = 100)

La croissance de l’emploi intérieur au Luxembourg reste positive et supérieure à celle de l’UE en moyenne

On sait que la croissance de l’emploi au Luxembourg à moyen et à long terme dépasse très largement celle de l’UE en général et celle des pays voisins en particulier. De 2000 à 2015, l’emploi augmente de 53.6% au Luxembourg. Pour la Belgique, on constate une augmentation de 11.3% de 2000 à 2015 et, pour l’Allemagne, un plus de 7.6%.

En France, l’emploi a augmenté de 6.1% entre 2000 et 2014. Dans les pays les plus touchés par la crise, l’emploi s’est littéralement effondré. En 2015, il y a près de 10% d’emplois en moins qu’en 2000 au Portugal (-10.0%) et en Grèce (-8.9%). En Irlande et en Espagne, le recul est similaire, mais il intervient après une période de forte croissance de l’emploi. À noter que les années 2014 et 2015 sont marquées par une relative stabilisation de l’emploi au Portugal et en Grèce. En Irlande et en Espagne, on note même une augmentation de l’emploi en 2014 et en 2015.

Le taux de croissance annuel moyen de l’emploi est de 3.1% au Luxembourg de 2000 à 2015. Dans la zone euro, l’emploi ne croît que de 0.6% en moyenne annuelle. Avec respectivement 0.5% et 0.6% de croissance de l’emploi par an de 2000 à 2015, la France et l’Allemagne se situent dans la moyenne de la zone euro, avec toutefois une différence non-négligeable. La croissance de l’emploi en Allemagne est pratiquement nulle avant la crise, puis devient positive, alors qu’en France c’est l’inverse. On reviendra plus loin sur les effets de la crise. En Belgique, l’emploi croît à un rythme positif modéré de

Année 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

1. Emploi intérieur 215.5 221.0 227.8 238.0 249.9 264.0 279.1 287.2 292.5 299.4 307.6 319.4 333.5 349.4 353.0 359.4 370.0 379.0 386.0 395.2Salariés  197.5 202.7 209.2 219.2 230.8 245.7 260.0 268.0 273.0 279.4 287.2 299.0 312.7 328.0 331.3 337.3 347.3 355.8 362.2 371.1Non-salariés  18.0 18.3 18.6 18.9 19.1 18.3 19.1 19.2 19.5 20.0 20.5 20.4 20.8 21.4 21.7 22.1 22.8 23.2 23.7 24.02. Frontaliers nets (a) - (b) 47.3 51.4 56.2 62.5 70.1 79.5 89.3 94.5 97.9 103.1 109.9 117.8 127.2 137.1 138.4 141.4 146.2 149.7 152.6 157.1a. Frontaliers non résidents  56.1 60.1 64.9 71.2 78.7 88.6 98.3 103.5 107.3 113.0 120.3 128.1 138.2 148.4 149.8 152.7 157.6 161.1 164.1 168.7   Non-salariés 0.6 0.7 0.7 0.7 0.7 1.1 1.1 1.3 1.4 1.7 1.9 2.1 2.4 2.7 2.9 3.1 3.3 3.5 3.7 3.9   Salariés 55.5 59.4 64.2 70.5 78.0 87.6 97.1 102.3 105.9 111.3 118.3 125.9 135.8 145.7 146.9 149.6 154.3 157.6 160.4 164.8   en provenance de: - France 28.6 30.8 33.7 37.3 41.4 46.6 51.9 54.2 55.8 57.8 60.6 64.1 68.6 72.9 72.8 74.1 76.2 77.8 79.0 81.3                               - Belgique 16.9 17.9 18.9 20.4 22.1 24.4 26.7 28.1 28.9 30.1 31.6 33.1 35.2 37.3 37.5 37.9 39.0 39.8 40.6 41.7                               - Allemagne 10.0 10.8 11.6 12.9 14.6 16.6 18.6 19.9 21.2 23.4 26.1 28.8 32.0 35.5 36.7 37.6 39.1 40.0 40.8 41.9b. Frontaliers résidents 8.8 8.7 8.6 8.7 8.6 9.2 9.0 9.0 9.4 9.8 10.3 10.2 11.0 11.3 11.4 11.3 11.4 11.4 11.5 11.6   dont: Agents internationaux  7.8 7.8 7.7 7.8 7.7 7.8 7.6 7.7 7.9 8.3 9.0 9.0 9.8 10.0 10.2 10.1 10.2 10.2 10.2 10.13. Emploi national (1) - (2) 168.1 169.6 171.6 175.5 179.8 184.5 189.8 192.7 194.6 196.3 197.7 201.6 206.3 212.3 214.6 218.0 223.8 229.3 233.4 238.1Taux de croissance de l'emploi intérieur 2.6 3.1 4.5 5.0 5.6 5.7 2.9 1.8 2.4 2.7 3.8 4.4 4.8 1.0 1.8 2.9 2.4 1.8 2.4Taux de croissance de l'emploi national 0.9 1.2 2.3 2.5 2.6 2.9 1.5 1.0 0.9 0.7 2.0 2.3 2.9 1.1 1.6 2.7 2.5 1.8 2.0Taux de croissance de l'emploi frontalier 8.7 9.3 11.2 12.2 13.4 12.3 5.8 3.6 5.3 6.6 7.2 8.0 7.8 0.9 2.2 3.4 2.4 1.9 2.9Taux de croissance de l'emploi frontalier non-résidents 7.1 8.0 9.7 10.5 12.6 10.9 5.3 3.7 5.3 6.5 6.5 7.9 7.4 0.9 1.9 3.2 2.2 1.9 2.8

Source : STATEC

Sources : STATEC et AMECO (pour les autres pays européens) N.B. estimation pour 2015

80859095100105110115120125130135140145150155

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

Luxembourg Zone euro BelgiqueAllemagne France

Sources : STATEC et AMECO (pour les autres pays européens) N.B.: Estimation pour 2015

80859095100105110115120125130135140145150155

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

Zone euro Grèce Espagne

Portugal Irlande

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 29

0.8% en moyenne annuelle sur la période de 2000 à 2015.

En matière d’emploi, la crise frappe le Luxembourg un an plus tard que la plupart des autres pays européens. Dans la zone euro, le taux de croissance de l’emploi est tombé de 1.9% en 2007 à 0.8% en 2008, alors qu’au Luxembourg le taux de croissance augmente même encore légèrement de 4.4% en 2007 à 4.8% en 2008. Le recul du taux de croissance de l’emploi en 2009 est d’autant plus fort au Luxembourg. La croissance de l’emploi au Grand-Duché passe de 4.8% en 2008 à 1.0% en 2009 (soit une différence de 3.8 points), alors que dans la zone euro le taux de croissance recule un peu moins fortement en passant de +0.8% à -1.9% (soit une différence de 2.7 points). À noter donc que, contrairement à la zone euro, la croissance de l’emploi reste légèrement positive au Luxembourg en 2009.

En 2010, même si la tendance est inversée, l’emploi continue à reculer dans la zone euro, quoi que de façon atténuée (-0.6% par rapport à 2009). Au Luxembourg, on est à une croissance de 1.8% de l’emploi en 2010. En 2011, la croissance de l’emploi atteint 2.9% au Grand-Duché. Dans la zone euro, la variation de l’emploi redevient seulement légèrement positive en 2011 (+0.1%). La croissance de l’emploi se tasse de nouveau en 2012. Pour cette année, la variation de l’emploi reste cependant très positive avec 2.4% au Luxembourg, alors que dans la zone euro la variation de l’emploi est à nouveau négative (-0.5%). En 2013, l’économie de la zone euro perd encore des emplois (-0.7%), alors qu’au Luxembourg la croissance de l’emploi se tasse un peu tout en restant largement positive: +1.8% en 2013 (contre +2.4% en 2012). La création d’emplois est plus dynamique en 2014. Au Luxembourg, on passe de nouveau à un taux de +2.4% en 2014, alors qu’après les taux négatifs en 2012 et 2013, la zone euro revient à un taux d’augmentation d’emploi positif de +0.6% en 2014

En 2015, les dernières estimations disponibles au moment de la rédaction du présent rapport tablent sur une croissance de l’emploi de 2.6% au Luxembourg (estimations STATEC), c’est-à-dire un taux légèrement supérieur à celui de l’année 2014. Dans la zone euro, l’économie gagnerait des emplois, avec un taux de variation de +0.9% en 2015.

Le recul de l’emploi en 2009 concernait pratiquement tous les pays européens, avec des pertes d’emplois extrêmement importantes dans des pays comme la

Graphique 28: Taux de variation de l’emploi intérieur au Luxembourg et dans la zone euro, 2001-2015 (en %)

Lettonie (-14.3 %), l’Estonie (-10.2%), l’Irlande (-7.8%), la Lituanie (-7.7%) et l’Espagne (-6.3%). Seul le Luxembourg connaît une croissance de l’emploi assez consistante en 2009, avec 1.0%.

Il est également à noter que les pays les plus touchés par les pertes d’emplois en 2009 ont du mal à arrêter l’hémorragie dans les années qui suivent. En Lituanie, Lettonie, Estonie, Bulgarie et Irlande, le recul de l’emploi continue à atteindre, respectivement dépasser les 4% en 2010. Dans les autres pays européens, l’emploi évolue de façon moins négative en 2010, mais seuls le Luxembourg, Malte, la Belgique, l’Autriche, l’Allemagne et la Suède - et à un degré moindre la Hongrie, le Royaume-Uni et la France - peuvent faire état de taux positifs.

On a vu qu’en 2011, dans la zone euro, la croissance de l’emploi devient légèrement positive (+0.1%). Dans un seul pays de l’UE-28, l’emploi continue dans sa chute vertigineuse en 2011. En Grèce, on passe d’une variation de l’emploi de -2.7% en 2010 à -6.9% en 2011. En Croatie aussi, le taux largement négatif de 2010 (l’emploi varie de -3.8%) se répète en 2011 (-3.9%). Dans de nombreux pays européens, comme en Lettonie ou en Lituanie qui avaient perdu beaucoup d’emplois en 2010, la situation s’améliore quelque peu, même si des emplois continuent à être détruits dans des pays comme la Bulgarie, l’Irlande, la

Sources : STATEC et AMECO (pour la zone euro) N.B.: estimation pour 2015

-3.0-2.0-1.00.01.02.03.04.05.06.07.0

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

Zone €Moyenne zone euro 1996-2015LUMoyenne Luxembourg 1996-2015

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 30

Slovénie, la Roumanie, l’Espagne et le Portugal. Dans les autres pays de la zone euro, on note une création nette d’emplois, même si, dans la grande majorité des autres Etats-membres, elle reste très modeste.

Graphique 29: Impact de la crise sur l’emploi intérieur au Luxembourg, dans la zone euro et dans quelques pays européens, 2008-2015 (indices: 2008 = 100)

En 2012, l’évolution du marché du travail dans la zone euro se détériore à nouveau. La variation moyenne de l’emploi y passe de +0.1% en 2011 à -0.5% en 2012. Des pays comme le Portugal (-4.1% d’emplois en 2012), l’Espagne (-3.7%), la Grèce (-7.8%) et la Croatie (-3.6%) continuent à s’enfoncer dans la crise de l’emploi. Chypre, qui n’avait pas connu depuis le début de la crise une baisse de l’emploi importante, perd beaucoup d’emplois en 2012 (-4.2%).

En 2013, des pertes d’emplois dans la zone euro (-0.7%) continuent, et cela plus particulièrement au Portugal, en Espagne, en Grèce et en Croatie, même si la baisse de l’emploi y est un peu moins prononcée qu’en 2012: -3.8% en Grèce, -2.6% en Espagne, -2.9% au Portugal et -2.6% en Croatie. Chypre s’enfonce encore un peu plus avec -5.3% de variation de l’emploi en 2013. Par contre, au Luxembourg, l’emploi croît de 1.8% en 2013 après une croissance déjà consistante en 2012 (+2.4%).

Graphique 30: Taux de variation annuel moyen de l’emploi intérieur au Luxembourg et en Europe, 2000-2008 et 2009-2015 (en %)

Sources : STATEC et AMECO (estimations pour 2015)

7.0

7.5

8.0

8.5

9.0

9.5

10.0

10.5

11.0

11.5

12.0

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015LU Zone € BE DEFR IE EL ESLV LT PT US

Sources : STATEC et AMECO (pour les autres pays européens et non-européens) N.B.: US = Etats-Unis; MA = Macédoine (FYR); MX = Mexique; CA = Canada; NZ = Nouvelle-Zélande; AU = Australie; KO = Corée du Sud; MO = Monténégro

-1.6

-0.4 -0.2

-0.2

-0.1

0.3 0.5 0.7 0.8 0.8 0.9 0.9

0.9

0.9

0.9

0.9

1.0

1.0

1.0 1.1 1.1

1.1

1.1

1.1 1.2 1.2 1.3

1.3 1.4 1.4 1.5 1.6 1.7 1.7 1.8 1.9 2.0 2.4

2.4 2.7 3.1 3.3 3.8

-4.0-3.5-3.0-2.5-2.0-1.5-1.0-0.50.00.51.01.52.02.53.03.54.04.5

RO TR LT HU JP PT DE CZ PL DK EE FR MT LV US SE SK UK UE AT MA AL BE NL SI

Zone € IT CH EL NO FI BG KO IS HR MX CA AU NZ CY IE ES LU

2000-2008

-2.9 -2.4 -2.1 -1.9

-1.8

-1.7

-1.7

-1.6

-1.4 -1.2 -1.0

-0.9

-0.9 -0.6

-0.6

-0.5

-0.4

-0.3

-0.3

-0.2

-0.2

-0.1

0.0

0.0 0.1

0.1 0.2 0.4

0.4 0.5 0.7

0.7

0.7 0.8

0.8 0.9 1.2

1.2 1.3 1.4 2.

2 2.2 2.4 2.5

-4.0-3.5-3.0-2.5-2.0-1.5-1.0-0.50.00.51.01.52.02.53.03.54.04.5

EL LV SR AL ES HR CY PT BG IE SI RO LT EE DK IT FIZone € NL CZ UE JP FR SK PL IS MO US BE HU UK SE DE NO AT CA NZ CH AU KO LU MA

MX

MT

2009-2015

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 31

En 2014, la dynamique de l’emploi se redresse. Dans la zone euro, l’emploi augmente de 0.6%. Dans la plupart des pays, les taux de croissance de l’emploi ne dépasse cependant pas le 1%, mis à part au Luxembourg (+2.4% en 2014) et en Irlande (+1.7%). En Espagne aussi la dynamique de l’emploi redevient positive (+1.3% en 2014, contre -2.6% en 2013), tout comme en Croatie (+2.7% en 2014, contre -2.6% en 2013). La Lettonie (-1.4% en 2014), Chypre (-1.9%) les Pays-Bas (-0.3%) et la Finlande (-0.3%) sont les seuls pays européens dans lesquels l’évolution reste négative.

D’après les prévisions des services de la Commission européenne, la dynamique modeste mais réelle de l’emploi en Europe se confirmerait en 2015: de +0.6% en 2014, la croissance de l’emploi atteindrait +0.9% en 2015 en moyenne dans la zone euro. Pour le Luxembourg, le STATEC table sur une progression de l’emploi de 2.6% en 2015 (après les +2.4% en 2014).

En résumé, seulement 9 pays de l’UE-28 ont créé des emplois à partir de 2009, même si c’est parfois modestement: la Pologne (taux de croissance moyen annuel de 0.1% entre 2009 et 2015), la Belgique

Graphique 31: Taux de variation annuel moyen de l’emploi intérieur au Luxembourg et en Europe, 2000-2008 et 2009-2015 (en %)

(0.4%), la Hongrie (0.5%), le Royaume-Uni (0.7%), la Suède (0.7%), l’Allemagne (0.7%), l’Autriche (0.8%), Malte (2.5%) et le Luxembourg (2.2% par an de 2009 à 2015 en moyenne). En 2015, l’emploi au Luxembourg est de 16.0% plus élevé qu’en 2008, alors que, dans la zone euro, il est, en 2015 de plus de 2.1% inférieur à son niveau de 2008. À noter que des pays développés, respectivement des pays de l’OCDE hors zone euro et hors UE-28 ont globalement une dynamique de l’emploi plus importante. Ainsi, le taux de croissance de l’emploi au Mexique (2.4% en moyenne de 2009 à 2015) est même plus élevé qu’au Luxembourg. En Macédoine (Ancienne République Yougoslave de) (2.2% par an de 2009 à 2015) le niveau est identique à celui du Luxembourg. En Norvège, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Suisse et en Corée du Sud, le taux de croissance de l’emploi (entre +0.8% et +1.4% par an de 2009 à 2015) est plus faible qu’au Luxembourg, mais dépasse largement la moyenne de la zone euro qui est négative (-0.3% par an). À noter finalement que les Etats-Unis (+0.4% par an de 2009 à 2015) s’en sortent mieux que la zone euro (-0.3% par an pendant la même période) en termes de création nette d’emplois.

Comme le montre le Graphique 31, dans pratiquement tous les pays, le taux de croissance de l’emploi au cours de la crise (2009-2015) se situe en-dessous du taux de la période 2000-2008. Notamment en Espagne, Irlande, Chypre, Grèce, Lettonie et Bulgarie, le taux de croissance de l’emploi qui était positif sur la période 2000-2008 devient fortement négatif de 2009 à 2015. En revanche, au Luxembourg et dans beaucoup de pays situés en-dehors de la zone euro (Australie, Nouvelle-Zélande, Canada, mais également en Norvège et en Islande), la croissance de l’emploi est plus faible sur la période 2009-2015 que sur la période 2000-2008, mais elle reste très positive. C’est encore plus le cas pour le Mexique, Malte, la Macédoine et à un degré moindre pour l’Allemagne où le taux de croissance de l’emploi qui était déjà positif sur la période 2000-2008 augmente encore sur la période 2009-2015. En Hongrie et en Turquie, la variation de l’emploi était légèrement négative sur la période 2000-2008 devient positive au cours de la période 2009-2005 (très positive en Turquie, légèrement positive en Hongrie). En Roumanie, la variation de l’emploi était déjà négative de 2000 à 2008 et reste négative sur la période 2009-2015.

Sources : STATEC et AMECO (pour les autres pays européens et non-européens) N.B.: US = Etats-Unis; MA = Macédoine (FYR); MX = Mexique; CA = Canada; NZ = Nouvelle-Zélande; AU = Australie; KO = Corée du Sud; MO = Monténégro

CZ

BE

BG

CZEE

DE

DK

IE

EL

ES

SK

HR

IT

CYLV

LT

LU

HU

MT

NL

AT

PL

PTRO SI

FR

FI

UKSE

MA

IS

TR

AL

NOCH

USJP

CA

MX

KO AUNZ

-5

-4

-3

-2

-1

0

1

2

3

4

5

-5 -3 -1 1 3 5

Moy

enne

200

9-20

15 (e

n %

)

Moyenne 2000-2008 (en %)

Croissance de l'emploi 2000-2008 négativeet 2009-2015

positive

Croissance de l'emploi 2000-2008 positive et 2009-2015 positive

Croissance de l'emploi 2000-2008 négativeet 2009-2015

négative

Croissance del'emploi 2000-2008 positive et 2009-2015

négative

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 32

Graphique 32: Taux de variation de l’emploi intérieur et du PIB au Luxembourg et dans la zone euro, 1996-2015 (en %)

Au Grand-Duché, comme dans la zone euro en moyenne, le taux de variation de l’emploi est corrélé à celui de l’activité économique, c’est-à-dire au taux de croissance du PIB (voir Graphique 32). Pour le Luxembourg, on constate cependant les taux de croissance plus élevés des deux variables (emploi et PIB) en comparaison avec la zone euro. Par ailleurs, en période de croissance économique forte, les taux de croissance du PIB au Grand-Duché tendent à dépasser largement les taux de croissance de l’emploi (avec, en conséquence, des gains de productivité importants). En revanche, l’ajustement de l’emploi en temps de crise semble retardé au Luxembourg. En effet, en 2001 par exemple, le taux de croissance du PIB avait fortement chuté (en passant de 8.6% en 2000 à 2.2% en 2001), alors que le taux d’emploi continuait de croître pratiquement au même rythme (5.6% en 2000 et 5.7% en 2001). On retrouve cette caractéristique en 2008. Le taux de croissance du PIB passe de 8.4% en 2007 à -0.8% en 2008, alors que le taux de croissance de l’emploi augmente même légèrement (de 4.4% en 2007 à 4.8% en 2008). En 2009, le PIB chute de plus de 5% au Luxembourg (-5.4%), alors que la croissance de l’emploi reste positive à +1.0%. Ces périodes de ralentissement économique sont donc synonymes d’une évolution très négative de la productivité du travail au Luxembourg.

Est-ce qu’on trouve une corrélation similaire entre variation du PIB et variation de l’emploi pour l’ensemble des pays européens ? À première vue, il semble que non. En associant le taux de croissance moyen du PIB et le taux de croissance de l’emploi pour tous les pays de l’UE-28 pris individuellement sur la période 2001-2014, on trouve un coefficient de corrélation nul (voir Graphique 33). Néanmoins, cette présentation est trompeuse. Elle néglige le fait qu’il y a un groupe de pays spécifique qui semble avoir des caractéristiques diverses des autres pays. Il s’agit de la

plupart des nouveaux Etats membres de l’Est européen qui sont (étaient jusqu’à la crise) en phase de rattrapage et dont la croissance est moins basée sur la croissance de l’emploi que sur des gains de productivité.

Il convient d’ajouter que, dans ces nouveaux Etats membres, l’industrie a encore une place importante dans le tissu économique, alors que dans les anciens Etats membres (UE-15) qui ont atteint une certaine maturité économique, l’industrie est supplantée largement par les services. Or, dans l’industrie, les gains de productivité sont plus importants que dans les services. Contrairement à l’UE-28, en limitant l’analyse aux anciens Etats-membres (UE-15), on note bien une corrélation forte entre l’évolution du PIB et l’emploi sur la période 2001-2014. Le Luxembourg est un peu excentré par rapport au peloton de l’UE-15, avec une croissance importante du PIB, comme de l’emploi. Néanmoins, on note que certains pays se situent en-dessous de la droite de la régression, d’autres au-dessus. Au Luxembourg, qui se situe largement au-dessus de la droite de régression, la croissance du PIB est relativement intensive en emplois, alors que, pour les pays situés en-dessous de la droite de régression, la productivité joue un rôle plus grand.

En focalisant l’analyse sur l’ensemble de la période 2001-2015, on court le risque d’escamoter des divergences entre deux périodes très distinctes du point de vue économique, à savoir une période de croissance économique et la période de crise économique profonde récente. Pour les pays de l’UE-28, on retrouve une corrélation pratiquement nulle entre la croissance de l’emploi et la croissance du PIB sur la période 2001-2008. Pour les anciens Etats membres (UE-15), la corrélation est forte. Sur les années 2001-2008, parmi les pays de l’UE-15, le Luxembourg se situe au-dessus de la droite de régression, tout comme l’Espagne et l’Italie; ce qui confirme l’intensité en emplois de la croissance luxembourgeoise au cours de ces années.

Pour ce qui est de la période correspondant à la crise économique et les années de sortie de crise (2009-2014), la corrélation, c’est-à-dire le lien entre la variation du PIB et la variation de l’emploi dans l’UE-28, devient plus fort que sur la période antérieure (2001-2008). Dans l’UE-15, la corrélation entre la variation de l’emploi et la variation du PIB se situe à un niveau élevé sur les deux périodes.

Sources : STATEC et AMECO

-8

-6

-4

-2

0

2

4

6

8

10

1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

2010

2012

2014

Luxembourg

PIB Emploi

-8

-6

-4

-2

0

2

4

6

8

10

1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

2010

2012

2014

Zone €

PIB Emploi

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 33

Graphique 33: Corrélation entre le taux de variation de l’emploi intérieur et du PIB en Europe, 2001-2014

Le Luxembourg se place toujours largement au-dessus de la droite de régression sur la période 2009-2014. Une croissance relativement faible du PIB est accompagnée par une croissance importante de l’emploi. L’ajustement de l’emploi – qui croît toujours de quelque 2% - à la croissance du PIB (également 2% en moyenne annuelle de 2009 à 2014 et beaucoup plus lentement pendant la crise) est donc moins prononcé au Luxembourg que dans les autres pays européens.

Il en résulte une évolution négative ou du moins peu dynamique de la productivité. On y reviendra plus loin. En Pologne, c’est l’inverse que l’on constate: une importante croissance du PIB de quelque 3% par an de 2009 à 2014 va de pair avec une croissance nulle de l’emploi et donc des gains de productivité non-négligeables. En Slovaquie, une croissance moyenne relativement forte de 1.3% par an de 2009-2014, s’est faite avec une variation de l’emploi légèrement négative (-0.2% en moyenne par an) et donc avec des gains de productivité. On note par ailleurs des

Sources : STATEC et EUROSTAT (UE-28 à l'exception de la Lituanie, les données du PIB faisant défaut pour la période 2001-2005)

BE BGCZ

DKDE

EE

IE

EL

ESFR

HRIT CY

LV

LU

HU

MT

NL

ATPL

PTRO

SI

IEFI SEUK

R² = 0.0042

-2

-1

0

1

2

3

4

-1.0 1.0 3.0 5.0

Taux

de

varia

tion

de l'

empl

oi (m

oyen

ne

annu

elle en %)

Taux de variation du PIB (moyenne annuelle en %)

UE-28 -- 2001-2014

BE

BG

CZDK

DE

SK

IE

EL

ES

FR

HR

IT

CY

LV

LU

HU

MTNL AT PL

PT

RO

SIEEFI

SEUK

R² = 0.0076

-2

-1

0

1

2

3

4

0.0 2.0 4.0 6.0 8.0Taux

de

varia

tion

de l'

empl

oi (m

oyen

ne

annu

elle en %)

Taux de variation du PIB (moyenne annuelle en %)

UE-28 - 2001-2008

BE

BG

CZDK

DE

EEIE

ELES

FR

HR

IT

CY

LV

LU

HU

MT

NL

ATPL

PTROSI

SKFISEUK

R² = 0.5547

-6

-4

-2

0

2

4

-6.0 -4.0 -2.0 0.0 2.0 4.0 6.0 8.0

Taux

de

varia

tion

de l'

empl

oi (m

oyen

ne

annu

elle en %)

Taux de variation du PIB (moyenne annuelle en %)

UE-28 -2009-2014

BE

DKDE

IE

EL

ESFR

IT

LU

NL

AT

PT

FISE

R² = 0.7196

-2

-1

0

1

2

3

4

-1.0 1.0 3.0 5.0 7.0Taux

de

varia

tion

de l'

empl

oi (m

oyen

ne

annu

elle en %)

Taux de variation du PIB (moyenne annuelle en %)

UE-15- 2001-2014

BE

DKDE

IE

EL

ES

FR

IT

LU

NL AT

PT

FI

SE

R² = 0.6169

-2

-1

0

1

2

3

4

0.0 1.0 2.0 3.0 4.0 5.0Taux

de

varia

tion

de l'

empl

oi (m

oyen

ne

annu

elle en %)

Taux de variation du PIB (moyenne annuelle en %)

UE-15 - 2001-2008

BE

DK

DE

IE

ELES

FRIT

LU

NL

AT

PT

FISE

R² = 0.7445

-6

-4

-2

0

2

4

-6.0 -4.0 -2.0 0.0 2.0 4.0 6.0 8.0Taux

de

varia

tion

de l'

empl

oi (m

oyen

ne

annu

elle en %)

Taux de variation du PIB (moyenne annuelle en %)

UE-15 - 2009-2014

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 34

ajustements de l’emploi au ralentissement économique très importants en Espagne, au Portugal, en Irlande, en Bulgarie, en Lettonie, etc. En Grèce, le recul très important de l’emploi est pratiquement proportionnel au recul tout aussi important du PIB.

Le Luxembourg, une exception dans la Grande-Région

On dispose des données concernant l’évolution de l’emploi dans la Grande-Région jusqu’à l’année 2013. De 2000 à 2013, l’emploi au Grand-Duché a augmenté de quelque 46%, alors que, dans la Grande-Région, dans son ensemble, on n’enregistre qu’une augmentation de 9% de l’emploi (voir Graphique 34).

L’emploi total de la Grande-Région passe de 4.51 millions de personnes en 2000 à 4.90 millions de personnes en 2013, soit une augmentation totale de 399 mille personnes. L’augmentation de l’emploi au Luxembourg de 2000 à 2013 est de près de 122 mille personnes. Près d’un tiers de l’augmentation de l’emploi au cours de cette période dans la Grand-Région est donc imputable au Grand-Duché (30.6%). La part du Luxembourg dans l’emploi de la Grande-Région était de 5.9% en 2001. Elle passe à 7.9% en 2013. La Sarre et la Lorraine sont les entités de la Grande-Région qui sont les moins dynamiques en matière de création nette d’emplois. En 2013, en Lorraine, l’emploi se situe même en-dessous de son niveau de 2000 (824 900 en 2013, contre 875 200 en 2000), alors qu’en Sarre il y a une très légère augmentation (l’emploi y passe de 507 000 à 519 000, soit une augmentation de 2.4% sur un peu plus de 10 ans). À noter cependant que cette augmentation de l’emploi en Sarre se situe exclusivement dans la période récente (2010 et 2013).

Dans la Région wallonne, la croissance de l’emploi de 2000 à 2013 est relativement dynamique. En 2013, elle est de 11.6% supérieur à son niveau de 2000. Cette augmentation est très légèrement plus élevée qu’en Belgique au total (+10.4% de 2000 à 2013). Elle est supérieure en termes relatifs à l’augmentation globale de l’emploi dans la Grand-Région (+8.9% de 2000 à 2013). La Rhénanie-Palatinat peut faire état d’une augmentation de l’emploi de 10.6% de 2000-2013, soit un peu au-dessus de la moyenne de la Grande-Région (8.9%), et au-dessus de l’augmentation de l’emploi en Allemagne dans son ensemble (+5.9% de 2000 à 2013).

En ce qui concerne les données à un niveau régional plus fin, pour les deux entités allemandes (Saarland et Rheinland-Pfalz) et pour les départements de la Lorraine, on ne dispose que de données allant jusqu’à 2012. À ce niveau l’image est plus nuancée (voir Tableau 13). L’emploi dans le “Regionalverband Saarbrücken” évolue de façon négative (-0.1% de 2000 à 2012) et dans la région de “Neunkirchen” la croissance de l’emploi est nulle. Dans la région de St. Wendel (1.0% de croissance annuelle de 2000 à 2012), dans le “Saarpfalz-Kreis” (0.6%) et dans la région de Saarlouis (0.4%), l’évolution de l’emploi est positive et se situe dans la moyenne de l’Allemagne dans son ensemble (0.4% de croissance annuelle de l’emploi de 2000 à 2012). En Rhénanie-Palatinat, la croissance de l’emploi (0.8% en moyenne par an de 2001 à 2012) se place au-dessus de la moyenne allemande (0.4%). Quelques unités territoriales au sein de la Rhénanie-Palatinat font significativement mieux que cette moyenne. Il s’agit, par exemple, de “Bad Kreuznach (1.3% de croissance annuelle moyenne de 2001 à 2012) situé dans la région de Coblence, de Trier-Saarburg (2.1%) dans la région de Trèves (voir Tableau 13).

Le taux de croissance moyen annuel de l’emploi au Luxembourg (3.0% de 2001 à 2013) se situe largement au-dessus de la moyenne de la Grande-Région (0.7% de croissance par an sur cette période) et des autres entités régionales prises individuellement.

Cependant, l’emploi dans la Province du Brabant Wallon évolue également assez favorablement. Avec 1.9% de croissance annuelle en moyenne de 2001 à 2013, elle se situe largement au-dessus de la moyenne de la Belgique (0.8% de 2001 à 2013 en moyenne) et de la Région wallonne (0.9% par an de 2001 à 2013).

Dans la Province de Namur, l’augmentation de l’emploi (1.0% de croissance annuelle de 2001 à 2013) dépasse aussi la moyenne de la Région wallonne. Par contre, dans la Province du Luxembourg (0.8% par an de 2001 à 2013), dans celle de Liège (0.6%) et dans celle du Hainaut (0.7%), la croissance de l’emploi se situe en-dessous de la moyenne de la Région wallonne, avec évidemment quelques exceptions, comme l’arrondissement d’Ath (Hainaut) ou l’arrondissement de Huy (Liège) où l’emploi évolue un peu plus favorablement.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 35

Graphique 34: Évolution de l’emploi dans la Grande-Région, 2000-2013 (indices: 2000 = 100)

L’évolution de l’emploi en Lorraine (variation négative de -0.5% en moyenne annuelle de 2001 à 2013) est moins dynamique que dans la Grande-Région prise dans son ensemble, mais également moins positive qu’en France dans son ensemble (0.4% sur la période 2001-2013). Ce sont surtout les départements des Vosges et de la Meuse qui sont à la traîne, avec un taux de variation annuelle moyenne de -0.8% sur les années 2001-2012 dans ces deux départements.

Avec la crise, l’emploi recule en Lorraine; sans la Lorraine la Grande Région aurait gagné 145 600 emplois de 2008 à 2013, alors qu’avec la Lorraine, l’emploi de la Grande Région n’augmente que de 105 000 personnes …

Jusqu’ici, on s’est intéressé à l’évolution de l’emploi sur l’ensemble de la période 2001-2013. Se pose évidemment la question si la crise (à partir de 2008) a conduit à des renversements de tendance, par rapport à la période antérieure (2001-2007). Les années 2001-2007 ne constituent pas une période homogène. Jusqu’en 2004, l’évolution de l’emploi est tributaire de la crise économique du début des années 2000. L’emploi dans la Grande Région croît de seulement 0.4% en moyenne annuelle de 2001 à 2004. Le Luxembourg occupait déjà une position exceptionnelle dans la Grande Région avec une croissance annuelle de l’emploi de 3.2% de 2001 à 2004.

La création nette d’emplois s’accélère à partir de la reprise en 2004-2005. Le taux de variation de l’emploi dans la Grande Région atteint 1.0% en moyenne par an de 2005 à 2007 (contre 0.4% par an de 2001 à 2004, rappelons-le).

L’accélération est la plus sensible en Région wallonne (de 0.6% de 2001 à 2004 à 1.4% de 2005 à 2007), particulièrement au Brabant Wallon (2.7% de croissance annuelle de l’emploi de 2005 à 2007). Mais les autres provinces de la Région wallonne peuvent également faire état d’une croissance de l’emploi consistante au cours de la période 2005-2007.

Tableau 13: Croissance de l’emploi dans la Grande-Région, 2001-2013 (moyenne annuelle, en %)

Sources : STATEC, EUROSTAT

90

100

110

120

130

140

150

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Luxembourg Grande-Région

Lorraine Saarland

Rheinland-Pfalz Région wallonne

Moyenne 2001-2004

Moyenne 2005-2007

Moyenne 2008-2010

Moyenne 2011-2012

Moyenne 2011-2013

Moyenne 2001-2012

Moyenne 2001-2013

Belgique 0.5 1.4 0.8 0.8 0.5 0.9 0.8Région wallonne 0.6 1.4 1.0 0.9 0.5 1.0 0.9

Prov. Brabant Wallon 1.6 2.7 1.9 1.8 1.5 2.0 1.9Prov. Hainaut 0.6 1.4 0.7 0.7 0.2 0.8 0.7Arr. Ath 0.4 3.1 1.5 1.5 0.7 1.5 1.3Arr. Charleroi 0.2 1.5 0.6 0.4 -0.3 0.7 0.5Arr. Mons 0.8 0.4 -0.4 1.1 0.7 0.4 0.4Arr. Mouscron 0.9 0.6 0.2 0.4 0.6 0.6 0.6Arr. Soignies 0.8 1.9 1.5 0.6 0.2 1.2 1.1Arr. Thuin 0.1 1.7 1.6 1.1 0.5 1.0 0.9Arr. Tournai 1.3 1.6 1.3 0.2 0.1 1.2 1.1Prov. Liège 0.3 1.0 0.7 0.8 0.4 0.7 0.6Arr. Huy 1.6 1.4 0.8 2.5 1.6 1.5 1.4Arr. Liège 0.4 1.0 0.8 0.4 0.2 0.7 0.6Arr. Waremme 0.8 0.6 1.5 2.8 2.0 1.3 1.2Arr. Verviers -0.3 0.9 0.2 1.0 0.6 0.3 0.3Bezirk Verviers -0.5 1.2 -0.5 0.0 -0.4 0.0 -0.1Prov. Luxembourg (BE) 0.9 1.2 0.6 0.9 0.4 0.9 0.8Arr. Arlon 0.0 1.2 -1.9 0.5 0.5 -0.1 -0.1Arr. Bastogne … … … … -5.1 1.3 1.2Arr. Marche-en-Famenne 1.7 1.6 -0.8 3.3 2.1 1.3 1.2Arr. Neufchâteau 1.0 2.3 -0.8 3.9 2.5 1.3 1.2Arr. Virton 0.9 -0.3 1.1 2.4 1.3 0.9 0.8Prov. Namur 0.7 1.3 1.6 0.8 0.5 1.1 1.0Arr. Dinant 0.2 1.6 1.0 0.6 0.3 0.8 0.7Arr. Namur 1.0 1.4 1.9 0.6 0.3 1.2 1.1Arr. Philippeville -0.1 0.0 0.4 2.7 2.0 0.5 0.5

Allemagne -0.4 0.8 0.6 1.2 1.0 0.4 0.4Rheinland-Pfalz 0.3 0.8 1.4 0.9 0.8 0.8 0.8

Koblenz 0.2 0.7 1.3 0.4 0.5 0.6 0.6Koblenz, Kreisfreie Stadt 0.0 1.4 1.0 0.3 … 0.6 …Ahrweiler 0.8 0.5 0.2 0.7 … 0.6 …Altenkirchen (Westerwald) -0.1 1.1 0.5 0.9 … 0.5 …Bad Kreuznach 1.0 0.8 2.3 0.8 … 1.3 …Birkenfeld -1.3 0.3 0.6 -0.8 … -0.4 …Cochem-Zell 0.5 0.6 0.2 0.1 … 0.4 …Mayen-Koblenz 0.4 0.5 3.2 0.1 … 1.1 …Neuwied -0.1 0.7 0.2 0.9 … 0.4 …Rhein-Hunsrück-Kreis 0.8 0.8 0.9 1.1 … 0.9 …Rhein-Lahn-Kreis 0.2 0.3 1.2 0.1 … 0.5 …Westerwaldkreis 0.0 0.7 1.7 0.1 … 0.6 …Trier 0.5 1.1 2.4 0.7 0.3 1.1 1.0Trier, Kreisfreie Stadt 0.7 1.1 2.5 -1.4 … 0.9 …Bernkastel-Wittlich 0.1 1.2 2.1 1.0 … 1.0 …Eifelkreis Bitburg-Prüm 0.7 1.1 1.2 1.3 … 1.0 …Vulkaneifel 0.3 0.7 1.1 1.5 … 0.8 …Trier-Saarburg 0.5 1.2 4.5 2.9 … 2.1 …Rheinhessen-Pfalz 0.3 0.9 1.3 1.3 1.1 0.8 0.8Saarland 0.0 0.1 0.5 0.6 0.2 0.2 0.2Regionalverband Saarbrücken -0.5 -0.9 1.0 0.3 … -0.1 …Merzig-Wadern 0.2 0.6 0.2 1.7 … 0.6 …Neunkirchen -0.1 -0.2 -0.1 0.5 … 0.0 …Saarlouis 0.8 0.9 -0.5 0.0 … 0.4 …Saarpfalz-Kreis 0.1 1.4 0.2 0.8 … 0.6 …St. Wendel 0.2 0.6 2.0 1.9 … 1.0 …

France 0.5 1.1 -0.2 0.4 0.2 0.5 0.4Lorraine -0.2 0.3 -1.0 -1.1 -1.0 -0.4 -0.5

Meurthe-et-Moselle 0.1 0.4 -0.7 -0.8 … -0.2 …Meuse -0.3 -0.8 -1.2 -1.5 … -0.8 …Moselle -0.2 0.5 -1.0 -0.8 … -0.3 …Vosges -0.5 0.0 -1.3 -2.2 … -0.8 …

Luxembourg 3.2 3.7 2.5 2.7 2.4 3.1 3.0Grande-Région 0.4 1.0 0.8 0.6 0.5 0.7 0.7Grande-Région sans Luxembourg 0.2 0.8 0.7 0.5 0.3 0.5 0.5

Sources : STATEC, EUROSTAT

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 36

Graphique 35: Impact de la crise sur l’emploi dans la Grande-Région, 2008-2013 (indices: 2008 = 100)

En Rhénanie-Palatinat, la croissance de l’emploi devient également plus positive tout en restant très en deçà des taux wallons: on passe d’une croissance annuelle de l’emploi de 0.3% de 2001 à 2004 à 0.8% de 2005 à 2007. En Lorraine, une variation négative (-0.2% par an de 2001 à 2004) fait place à une croissance très modérée (+0.3% par an de 2005 à 2007). En Sarre, l’emploi reste atone avec une croissance annuelle moyenne de 0.1% de 2005-2007. Au Luxembourg, la croissance de l’emploi qui était déjà très élevée de 2001 à 2004 (3.2%), accélère encore un peu à 3.7% par an de 2005 à 2007.

La crise fait que la croissance de l’emploi se tasse de façon significative dans la Grande Région: 1.0% par an entre 2005 et 2007, seulement 0.8% de 2008 à 2010 et 0.5% par an pour les années 2011-2013.

Néanmoins, ce tassement ne concerne pas toutes les composantes de la Grande Région. La Région wallonne voit bien la croissance de l’emploi diminuer en passant de 1.4% en moyenne annuelle entre 2005 et 2007 à 1.0% de 2008 à 2010 et à 0.5% de 2011 à 2013. L’affaiblissement de la croissance de l’emploi concerne aussi le Luxembourg (3.7% par an de 2005 à 2007, 2.5% de 2008 à 2010 et 2.4% par an en moyenne de 2011 à 2013), même si le marché du travail reste orienté fortement à la hausse.

C’est en Lorraine que l’emploi semble le plus affecté par la crise: en 2007, on comptait 876 700 personnes employées en Lorraine; en 2013, leur nombre était de 824 900, soit une destruction de quelque 51 800

emplois. Le taux de variation annuelle de l’emploi en Lorraine qui était de +0.3% pour les années 2005-2007 passe à -1.0% de 2008 à 2010 et également -1.0% en moyenne annuelle de 2011 à 2013. Le recul de l’emploi à partir de 2008 concerne d’ailleurs tous les départements de la Lorraine (voir Tableau 13). Les pertes d’emploi sont cependant les plus importantes dans la Meuse et dans les Vosges.

On a vu qu’au cours des dernières années, l’emploi est beaucoup plus dynamique en Allemagne que dans la plupart des autres pays européens. Le taux de croissance de l’emploi se tasse certes en passant de 0.8% par de 2005 à 2007 à 0.6% de 2008 à 2010, mais ensuite la création d’emploi s’accélère chez nos voisins allemands (1.0% par an, moyenne de 2011 à 2013). En Rhénanie-Palatinat, l’évolution est à contre-courant de celle de la Grande Région, tout comme l’évolution de l’emploi en Allemagne est à contre-courant de la plupart des autres pays européens. La croissance annuelle moyenne de l’emploi en Rhénanie-Palatinat était de 0.8% de 2005 à 2007. La création nette d’emplois prend un rythme assez soutenu pendant les années de début de crise (1.4% par an de 2008 à 2010), contrairement aux autres sous-régions non-allemandes de la Grande-Région. Au cours de la période récente de 2011 à 2013, la variation de l’emploi en Rhénanie-Palatinat reste positive, même si elle se tasse un peu (0.8% en moyenne). C’est dans la région de “Trier-Saarburg” que la création d’emplois est la plus dynamique (1.2% par an de 2005 à 2007, 4.5% de 2008 à 2010 et 2.9% de 2001 à 2013). Ajoutons finalement qu’en Sarre l’évolution de l’emploi reste plutôt modeste, mais n’a pas connu d’effondrement suite à la crise (0.5% de 2008 à 2010 et 0.2% de 2010 à 2013).

La croissance de l’emploi frontalier au Luxembourg recule très fortement suite à la récente crise économique

Au Luxembourg, l’emploi intérieur total a évolué de 215 500 personnes en 1995 à 395 200 en 2014. Or, sur cette augmentation totale de 179 700 unités, près des deux tiers (63%) sont imputables aux frontaliers. En effet, le nombre de frontaliers (non-résidents) passe de 56 100 en 1995 à 168 700 en 2014. En d’autres mots, l’emploi intérieur total a augmenté d’environ 83%, alors que l’emploi frontalier (non-résidents) a augmenté de 191% et l’emploi national de “seulement” 39% (voir Graphique 36).

Sources : STATEC, EUROSTAT

94

96

98

100

102

104

106

108

110

112

2008 2009 2010 2011 2012 2013Luxembourg Grande-Région Lorraine

Saarland Rheinland-Pfalz Région wallonne

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 37

Graphique 36: Évolution de l’emploi intérieur, de l’emploi national et de l’emploi frontalier (non-résidents), 1995-2014 (indices 1995 = 100)

Graphique 37: Taux de croissance de l’emploi frontalier et de l’emploi national au Luxembourg, 1996-2014 (en %)

Graphique 38: Taux de croissance de l’emploi frontalier et de l’emploi national au Luxembourg, 1996-2014 (en %)

C’est en période de croissance économique forte que l’emploi frontalier connaît également ses variations les plus positives et que l’écart entre la progression de l’emploi frontalier et la progression de l’emploi national augmente (voir Graphique 37). C’est notamment le cas au cours de la deuxième moitié des années 1990. En 1996, la variation de l’emploi frontalier était de 7.1% et celui de l’emploi national de 0.9%, un écart de quelque 6 points de %. En 2000, le taux de croissance de l’emploi frontalier était de 12.6 %, contre 2.5% pour l’emploi national, soit un écart de plus de 10 points de %. De 2003 à 2007, on observe un phénomène similaire. L’écart entre le taux de croissance de l’emploi national et celui des frontaliers passe de 3 points de % en 2003 (3.7% de croissance pour les frontaliers, contre 1.0% pour l’emploi national) à 5.5 points de % en 2007 (7.9% de croissance pour l’emploi frontalier, contre 2.3% pour l’emploi national).

À l’inverse, en période de décélération économique, le recul du taux de croissance de l’emploi frontalier est plus prononcé que celui de l’emploi national. En d’autres mots, l’écart des taux de croissance de l’emploi entre frontaliers et résidents se resserre dans les périodes de faible croissance économique. C’est vrai en 2002-2003, mais également – et à l’évidence - en 2009. Pour cette année de crise économique, le taux de croissance de l’emploi national est supérieur à celui de l’emploi frontalier (1.1% pour l’emploi national et 0.9% pour l’emploi frontalier). Pour 2010, année où la croissance de l’emploi s’est un peu développée, le taux de croissance de l’emploi national est de 1.6% et celui de l’emploi frontalier à 1.9%. L’accélération de la création nette d’emplois en 2011 va de pair avec un recours accru aux frontaliers. Pour ceux-ci, le taux de croissance atteint 3.2%. Avec un taux de croissance de 2.7%, l’emploi national augmente également, mais à un degré un peu moindre. En 2012, année où la croissance de l’emploi se tasse à nouveau, l’augmentation de l’emploi national reste au même niveau que l’année précédente avec +2.5%, alors que celle de l’emploi frontalier recule à +2.2%. Pour l’année 2013, on note encore un recul de la croissance de l’emploi national (+1.8% au total) et la croissance de l’emploi frontalier (+1.9%) est seulement légèrement supérieure à celle de l’emploi national. En 2014, année d’augmentation plus conséquente de l’emploi, l’emploi frontalier (+2.8%) s’accroît plus fortement que l’emploi national (+2.0%).

Source : STATEC

100

150

200

250

300

350

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Emploi intérieur Emploi national

Frontaliers non résidents

Source : STATEC

0

2

4

6

8

10

12

14

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Taux de croissance de l'emploi intérieurTaux de croissance de l'emploi nationalTaux de croissance de l'emploi frontalier (non-résidents)

Source : STATEC

1.7

2.9

1.11.6

2.7 2.51.8 2.0

7.87.4

0.9

1.9

3.2

2.21.9

2.8

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

Moyenne

1996-2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Taux de croissance de l'emploi nationalTaux de croissance de l'emploi frontalier (non-résidents)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 38

Il faut encore retenir que l’emploi national (résidents) s’accroît au cours de la crise à un rythme de 2.1% en moyenne annuelle de 2008 à 2014, c’est-à-dire un taux qui approche ou dépasse la moyenne d’avant-crise (1.7% de 1996 à 2007), ce n’est pas du tout le cas pour l’emploi frontalier qui, de 2008 à 2014 croît à un rythme près de trois fois inférieur à l’avant-crise (2.9% par an de 2008 à 2014, contre 7.8% de 1996 à 2007) En outre deux autres éléments doivent être relevés: 1. malgré les hauts et les bas, la croissance de l’emploi semble diminuer en tendance depuis une vingtaine d’années, 2. l’emploi frontalier ne semble pas franchement décoller comme dans la deuxième moitié des années 1990, mais évidemment il faudra regarder ce qui sera l’effet sur l’emploi frontalier d’une éventuelle forte hausse de la croissance économique.

La part de l’emploi frontalier se stabilise à environ 42%

Jusqu’en 2008, la part de l’emploi frontalier dans l’emploi total n’a cessé de croître en passant de 26% de l’emploi total en 1995 à près de 42% en 2008. Depuis, la part de l’emploi frontalier dans l’emploi total semble avoir atteint un palier, étant donné qu’elle reste pratiquement stable à quelque42-43% depuis 2008 (voir Graphique 39).

Graphique 39: Part de l’emploi frontalier dans l’emploi total au Luxembourg, 1995-2014 (en %)

Graphique 40: Nombre de salariés frontaliers au Luxembourg par pays de résidence, 1995-2014 (en milliers)

Graphique 41: Part des pays voisins dans l’emploi frontalier salarié total du Luxembourg, 1995-2014 (en %)

La structure de l’emploi frontalier selon le pays de provenance reste constante depuis quelques années

Le nombre absolu de salariés frontaliers a augmenté depuis 1995 pour les trois pays voisins. Le nombre de frontaliers résidant en France et travaillant au Luxembourg est passé de 28 600 en 1995 à 79 000 en 2013 et 81 300 en 2014, celui des frontaliers belges de 16 900 en 1995 à 39 800 en 2012 et 40 600 en 2013 et 41 700 en 2014. Le nombre de frontaliers allemands évolue de 10 000 en 1995 à 40 000 en 2012, 40 800 en 2013 et 41 900 en 2014 (voir Graphique 40).

Source : STATEC

26.0 27.2 28.5 29.9 31.5 33.6 35.2

36.0

36.7 37.7 39.1 40.1 41.4

42.5

42.4

42.5

42.6

42.5

42.5

42.7

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Source : STATEC

28.6 30.8 33.7 37.3 41.4 46.6 51.9 54.2

55.8

57.8 60.6 64.1 68.6 72.9

72.8

74.1

76.2

77.8

79.0

81.3

16.9

17.9

18.9

20.4

22.1 24.4 26.7

28.1

28.9

30.1

31.6

33.1

35.2

37.3

37.5

37.9

39.0

39.8

40.6

41.7

10.0

10.8

11.6

12.9

14.6

16.6

18.6

19.9

21.2 23.4 26.1 28.8 32.0 35.5

36.7

37.6

39.1

40.0

40.8

41.9

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

France Belgique Allemagne

Source : STATEC

51.5

51.9

52.5

52.9

53.1

53.2

53.5

53.0

52.7

51.9

51.2

50.9

50.5

50.0

49.6

49.5

49.4

49.4

49.3

49.3

30.5

30.1

29.4

28.9

28.3

27.9

27.5

27.5

27.3

27.0

26.7

26.3

25.9

25.6

25.5

25.3

25.3

25.3

25.3

25.3

18.0

18.2

18.1

18.3

18.7

18.9

19.2

19.5

20.0

21.0

22.1

22.9

23.6

24.4

25.0

25.1

25.3

25.4

25.4

25.4

0.0

10.0

20.0

30.0

40.0

50.0

60.0

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

France Belgique Allemagne

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 39

Tableau 14: Évolution de l’emploi par branche économique au Luxembourg, 2000-2014 (nombre en milliers)

Tableau 15: Évolution de l’emploi par branche économique au Luxembourg, 2000-2014 (indices 2000 = 100)

Branche économique 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Agriculture 4.6 4.4 4.3 4.3 4.1 4.5 4.5 4.6 4.6 4.7 4.8 4.6 4.7 4.6 4.7Industrie 34.3 35.3 34.2 35.0 34.7 34.6 34.5 34.2 34.6 33.4 33.2 33.6 33.2 32.5 32.4Production et distribution d'électricité 1.2 1.2 1.3 1.3 1.3 1.3 1.3 1.4 1.4 1.4 1.4 1.3 1.3 1.4 1.5Production et distribution d'eau 2.1 2.2 2.2 2.2 2.2 2.3 2.3 2.4 2.5 2.6 2.6 2.7 2.7 2.8 2.9Construction 28.6 30.0 31.5 32.3 33.2 34.4 35.9 37.8 39.2 38.8 39.1 39.9 40.4 40.4 41.0Commerce 37.1 38.1 39.2 39.4 40.2 40.9 41.5 42.1 43.2 43.9 45.0 46.8 47.6 48.5 49.5Transports 17.5 19.0 19.8 20.4 20.6 20.8 21.5 22.9 24.7 24.4 24.2 24.5 23.3 23.5 23.5Hébergement et restauration 12.9 13.4 13.8 14.0 14.5 14.6 14.9 15.2 15.5 15.8 16.3 16.9 17.8 18.3 19.0Information et communication 8.8 9.6 9.7 9.5 9.8 10.3 11.3 12.6 13.4 13.8 14.0 14.8 16.4 16.8 17.4Activités financières et d'assurance 30.3 33.3 33.7 33.4 33.5 34.2 36.0 38.7 41.2 41.3 40.9 41.5 42.2 42.5 43.5Activités immobilières 1.4 1.6 1.6 1.7 1.8 2.2 2.4 2.6 2.7 2.8 2.9 3.1 3.3 3.4 3.5Activités spécialisées, scientifiques et techniques 15.3 17.0 18.2 18.6 19.2 20.2 22.1 24.0 27.3 28.8 29.3 30.9 32.7 34.1 36.9Activités de services administratifs et de soutien 14.3 15.5 15.9 16.0 17.0 17.5 18.9 20.6 21.8 20.4 21.6 21.9 21.9 22.5 22.2Administration publique 15.0 16.0 16.9 17.5 18.1 18.3 18.4 18.6 18.9 19.8 20.0 20.8 21.4 21.7 22.2Enseignement 11.7 12.0 12.7 13.1 13.6 14.0 14.5 14.8 15.4 16.2 16.5 17.0 17.7 18.4 18.8Santé humaine et action sociale 17.7 18.6 20.1 21.4 22.9 24.3 25.7 27.0 28.5 29.9 31.9 33.7 36.0 37.6 38.9Arts, spectacles et activités récréatives 2.1 2.3 2.4 2.5 2.6 2.7 2.9 3.1 3.2 3.3 3.4 3.6 3.7 3.8 3.9Autres activités de services 5.2 5.4 5.6 5.7 5.9 6.2 6.4 6.5 6.7 7.1 7.4 7.6 7.8 7.9 8.0Activités des ménages en tant qu'employeurs 3.9 4.1 4.1 4.1 4.1 4.1 4.6 4.4 4.6 4.7 4.8 4.9 5.1 5.3 5.5

Total des branches 264.0 279.1 287.2 292.5 299.4 307.6 319.4 333.5 349.4 353.0 359.4 370.0 379.0 386.0 395.2

Source : STATEC N.B. : Industrie = industries extractives y comprises

Branche économique 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Agriculture 100.0 95.7 93.5 93.5 89.1 97.8 97.8 100.0 100.0 102.2 104.3 100.0 102.2 100.0 102.2Industrie 100.0 102.9 99.7 102.0 101.2 100.9 100.6 99.7 100.9 97.4 96.8 98.0 96.8 94.8 94.5Production et distribution d'électricité 100.0 100.0 108.3 108.3 108.3 108.3 108.3 116.7 116.7 116.7 116.7 108.3 108.3 116.7 125.0Production et distribution d'eau 100.0 104.8 104.8 104.8 104.8 109.5 109.5 114.3 119.0 123.8 123.8 128.6 128.6 133.3 138.1Construction 100.0 104.9 110.1 112.9 116.1 120.3 125.5 132.2 137.1 135.7 136.7 139.5 141.3 141.3 143.4Commerce 100.0 102.7 105.7 106.2 108.4 110.2 111.9 113.5 116.4 118.3 121.3 126.1 128.3 130.7 133.4Transports 100.0 108.6 113.1 116.6 117.7 118.9 122.9 130.9 141.1 139.4 138.3 140.0 133.1 134.3 134.3Hébergement et restauration 100.0 103.9 107.0 108.5 112.4 113.2 115.5 117.8 120.2 122.5 126.4 131.0 138.0 141.9 147.3Information et communication 100.0 109.1 110.2 108.0 111.4 117.0 128.4 143.2 152.3 156.8 159.1 168.2 186.4 190.9 197.7Activités financières et d'assurance 100.0 109.9 111.2 110.2 110.6 112.9 118.8 127.7 136.0 136.3 135.0 137.0 139.3 140.3 143.6Activités immobilières 100.0 114.3 114.3 121.4 128.6 157.1 171.4 185.7 192.9 200.0 207.1 221.4 235.7 242.9 250.0Activités spécialisées, scientifiques et techniques 100.0 111.1 119.0 121.6 125.5 132.0 144.4 156.9 178.4 188.2 191.5 202.0 213.7 222.9 241.2Activités de services administratifs et de soutien 100.0 108.4 111.2 111.9 118.9 122.4 132.2 144.1 152.4 142.7 151.0 153.1 153.1 157.3 155.2Administration publique 100.0 106.7 112.7 116.7 120.7 122.0 122.7 124.0 126.0 132.0 133.3 138.7 142.7 144.7 148.0Enseignement 100.0 102.6 108.5 112.0 116.2 119.7 123.9 126.5 131.6 138.5 141.0 145.3 151.3 157.3 160.7Santé humaine et action sociale 100.0 105.1 113.6 120.9 129.4 137.3 145.2 152.5 161.0 168.9 180.2 190.4 203.4 212.4 219.8Arts, spectacles et activités récréatives 100.0 109.5 114.3 119.0 123.8 128.6 138.1 147.6 152.4 157.1 161.9 171.4 176.2 181.0 185.7Autres activités de services 100.0 103.8 107.7 109.6 113.5 119.2 123.1 125.0 128.8 136.5 142.3 146.2 150.0 151.9 153.8Activités des ménages en tant qu'employeurs 100.0 105.1 105.1 105.1 105.1 105.1 117.9 112.8 117.9 120.5 123.1 125.6 130.8 135.9 141.0

Total des branches 100.0 105.7 108.8 110.8 113.4 116.5 121.0 126.3 132.3 133.7 136.1 140.2 143.6 146.2 149.7

Source : STATEC N.B. : Industrie = industries extractives y comprises

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 40

Tableau 16: Part des branches économiques dans l’emploi total au Luxembourg, 2000-2014 (en %)

Parmi les frontaliers, ceux qui résident en France restent largement majoritaires en 2014 (autour de 50%). Néanmoins, avant la crise, un changement important était en cours dans ce domaine. En effet, les frontaliers allemands prenaient une place de plus en plus importante depuis la fin des années 1990.

La part des travailleurs résidant en Allemagne dans l’emploi salarié frontalier total au Luxembourg était passée de 19.0% en 2001 à près de 25% en 2009. Dans le même laps de temps, la part des frontaliers français a évolué de 53.5% à 49.6% et celle des frontaliers belges de 27.5% à 25.5% de l’emploi frontalier salarié total (voir Graphique 41).

Depuis 2009, ce mouvement à la hausse pour les frontaliers allemands s’est tassé, ce qui doit également être mis en relation avec l’évolution positive du marché du travail dans les régions frontalières allemandes. Les parts des différents pays d’origine dans l’emploi salarié frontalier total ne varient guère depuis 2009: les Belges et les Allemands représentent chacun 25% de l’emploi salarié frontalier total et les Français l’autre moitié.

Les services tirent l’emploi …

On sait que, d’une manière générale, ce sont les services qui sont responsables de l’augmentation de l’emploi à moyen terme au Luxembourg. Dans le Graphique 42 et le Graphique 43, on a regroupé sous

“Finances, services aux entreprises, information et communication, R&D”, les branches suivantes:

- “Activités financières et d’assurance”;

- “Activités spécialisées, scientifiques et techniques” (activités juridiques et comptables, activités des sièges sociaux; conseil de gestion. activités d'architecture et d'ingénierie; activités de contrôle et analyses techniques; publicité et études de marché; recherche et développement scientifique, autres activités spécialisées, scientifiques et techniques; activités vétérinaires);

- “Activités de services administratifs et de soutien” (enquêtes et sécurité, services relatifs aux bâtiments et aménagement paysager; activités administratives et autres activités de soutien aux entreprises);

- “Information et communication”;

- “Activités immobilières”.

Les branches “Administration publique”, “Enseignement” et “Santé et action sociale” ont été également regroupées.

Malheureusement, en 2000, il y a rupture de série dans les comptes nationaux (sur lesquels sont basés les chiffres de l’emploi commentés ci-après). On se basera donc sur deux séries: l’une de 1995 à 1999 et l’autre de 2000 à 2014.

Branche économique 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Agriculture 1.7 1.6 1.5 1.5 1.4 1.5 1.4 1.4 1.3 1.3 1.3 1.2 1.2 1.2 1.2Industrie 13.0 12.6 11.9 12.0 11.6 11.2 10.8 10.3 9.9 9.5 9.2 9.1 8.8 8.4 8.2Production et distribution d'électricité 0.5 0.4 0.5 0.4 0.4 0.4 0.4 0.4 0.4 0.4 0.4 0.4 0.3 0.4 0.4Production et distribution d'eau 0.8 0.8 0.8 0.8 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7Construction 10.8 10.7 11.0 11.0 11.1 11.2 11.2 11.3 11.2 11.0 10.9 10.8 10.7 10.5 10.4Commerce 14.1 13.7 13.6 13.5 13.4 13.3 13.0 12.6 12.4 12.4 12.5 12.6 12.6 12.6 12.5Transports 6.6 6.8 6.9 7.0 6.9 6.8 6.7 6.9 7.1 6.9 6.7 6.6 6.1 6.1 5.9Hébergement et restauration 4.9 4.8 4.8 4.8 4.8 4.7 4.7 4.6 4.4 4.5 4.5 4.6 4.7 4.7 4.8Information et communication 3.3 3.4 3.4 3.2 3.3 3.3 3.5 3.8 3.8 3.9 3.9 4.0 4.3 4.4 4.4Activités financières et d'assurance 11.5 11.9 11.7 11.4 11.2 11.1 11.3 11.6 11.8 11.7 11.4 11.2 11.1 11.0 11.0Activités immobilières 0.5 0.6 0.6 0.6 0.6 0.7 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.8 0.9 0.9 0.9Activités spécialisées, scientifiques et techniques 5.8 6.1 6.3 6.4 6.4 6.6 6.9 7.2 7.8 8.2 8.2 8.4 8.6 8.8 9.3Activités de services administratifs et de soutien 5.4 5.6 5.5 5.5 5.7 5.7 5.9 6.2 6.2 5.8 6.0 5.9 5.8 5.8 5.6Administration publique 5.7 5.7 5.9 6.0 6.0 5.9 5.8 5.6 5.4 5.6 5.6 5.6 5.6 5.6 5.6Enseignement 4.4 4.3 4.4 4.5 4.5 4.6 4.5 4.4 4.4 4.6 4.6 4.6 4.7 4.8 4.8Santé humaine et action sociale 6.7 6.7 7.0 7.3 7.6 7.9 8.0 8.1 8.2 8.5 8.9 9.1 9.5 9.7 9.8Arts, spectacles et activités récréatives 0.8 0.8 0.8 0.9 0.9 0.9 0.9 0.9 0.9 0.9 0.9 1.0 1.0 1.0 1.0Autres activités de services 2.0 1.9 1.9 1.9 2.0 2.0 2.0 1.9 1.9 2.0 2.1 2.1 2.1 2.0 2.0Activités des ménages en tant qu'employeurs 1.5 1.5 1.4 1.4 1.4 1.3 1.4 1.3 1.3 1.3 1.3 1.3 1.3 1.4 1.4

Total des branches 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Source : STATEC N.B.: Industrie = y compris industries extractives

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 41

Graphique 42: Évolution de l’emploi par branche économique au Luxembourg, 1995-1999 (indices: 1995 = 100)

Finances, services aux entreprises, information et communication, R&D: les services les plus dynamiques de 1995 à 1999

L’augmentation totale de l’emploi de 1995 à 1999 au Luxembourg est de 16.0%. Quelles sont les branches qui sont plus dynamiques que la moyenne ? L’emploi dans les branches regroupées sous “Finances, services aux entreprises et information et communication” a

augmenté de 41.6% au cours de la période 1995-1999. La part de l’ensemble de ces branches dans l’emploi total passe de 21.5% en 1995 à 27.5% en 1999. À noter toutefois que, dans cet agrégat de branches, le secteur financier proprement dit (+24% de 1995 à 1999) est beaucoup moins dynamique que la branche “Information et communication” (+74% de 1995 à 1999), que les services regroupés sous “Activités spécialisées scientifiques et techniques” (+42%) et que les “Activités de services administratifs et de soutien” (+67%). La part de la branche “Information et communication” seule dans l’emploi total reste encore relativement faible, mais elle a augmenté de beaucoup en passant de 2.1% de l’emploi intérieur en 1995 à 3.2% en 1999.

Au cours de la période 1995-1999 une autre branche est très dynamique (en tout cas plus dynamique que la moyenne des branches), à savoir les “Transports”. L’augmentation de l’emploi dans cette branche est de quelque 24% de 1995-1999 (contre 16% pour l’ensemble des branches). En revanche, dans l’administration publique, l’enseignement, la santé et l’action sociale pris dans leur ensemble (c’est-à-dire en gros le secteur “protégé”, l’emploi (+15%) a évolué dans la moyenne des branches entre 1995-1999. La part de ces trois branches du secteur “protégé” a même diminué légèrement de 16.3% à 16.0% au cours de cette période. Dans la construction, la dynamique de l’emploi (+6% de 1995 à 1999) est également inférieure à la moyenne, de même que dans le commerce (+10% de 1995 à 1999). Dans l’industrie, l’emploi reste au même niveau entre 1995 et 1999.

Graphique 43: Évolution de l’emploi par branche économique au Luxembourg, 2000-2014 (indices: 2000 = 100; 2007=100)

Source : STATEC N.B.: Industrie = y compris industries extractives

90

100

110

120

130

140

150

1995

1996

1997

1998

1999

1995-1999

Industrie

Construction

Hébergement et restauration

Commerce

Transports

Finances, services aux entreprises, information et communication, R&D

Administration publique, enseignement, santé

Total des branches

Source : STATEC N.B.: Industrie = y compris industries extractives Source : STATEC N.B.: Industrie = y compris industries extractives Source : STATEC N.B.: Industrie = y compris industries extractives

90

100

110

120

130

140

150

160

170

180

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2000-2014

Industrie

Construction

Hébergement et restauration

Commerce

Transports

Finances, services aux entreprises, information et communication, R&D

Administration publique, enseignement, santé

Total des branches

90

95

100

105

110

115

120

125

130

135

140

145

150

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2000-2007

Industrie

Construction

Hébergement et restauration

Commerce

Transports

Finances, services aux entreprises, information et communication, R&D

Administration publique, enseignement, santé

Total des branches

90

95

100

105

110

115

120

125

130

135

140

145

150

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2007-2014

Industrie

Construction

Hébergement et restauration

Commerce

Transports

Finances, services aux entreprises, information et communication, R&D

Administration publique, enseignement, santé

Total des branches

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 42

Sur la période 2000-2014, le secteur “protégé” (administration publique, enseignement, santé) contribue dans les mêmes proportions à la croissance de l’emploi que les branches “finances, services aux entreprises, information et communication, R&D”

Il faudra nuancer cette affirmation: en effet, il y a une différence considérable entre la période 2000-2007 et la période de crise 2007-2014. On y reviendra plus loin. Jetons d’abord un regard sur l’ensemble de la période. Dans l’ensemble de l’économie luxembourgeoise, l’emploi augmente d’environ 50% de 2000 à 2014. On peut relever que ce sont deux types de branches qui sont particulièrement dynamiques. L’emploi dans les branches “Finances, services aux entreprises, information et communication, R&D” augmente de 76% de 2000 à 2014. Dans les branches “Administration, enseigne-ment, santé et action sociale”, l’augmentation est comparable (+80% de 2000 à 2014). Les trois branches incluses dans l’agrégat n’évoluent pas de manière identique: dans l’administration publique proprement dite l’augmentation de l’emploi est de 48% entre 2000 et 2014 (soit proche de la moyenne de l’ensemble des branches) et dans l’enseignement elle est de +61% (soit dix points de % au-dessus de la moyenne); c’est cependant dans la branche “Santé et action sociale” que l’emploi explose (+120% de 2000 à 2014).

Dans le commerce, la progression (+33%) est plus faible que la moyenne des branches (+50%). La même amplitude se retrouve dans les transports (+33% de 2000 à 2014).

Dans la construction, il y a 43% d’emplois de plus en 2014 qu’en 2000, soit une augmentation qui est légèrement inférieure à la moyenne de branches.

Néanmoins, cette vue sur l’ensemble de la période 2000-2014 cache le fait qu’avant la crise (plus précisément de 2000 à 2007), l’emploi dans les branches de la construction et des transports s’était accru de façon plus importante que la moyenne (voir également le Tableau 17). La dynamique de la création nette d’emplois dans la construction et dans les transports s’est considérablement affaiblie suite à la crise. À l’inverse, dans les branches rassemblées sous “Administration publique, enseignement et santé”, la dynamique de la création nette d’emplois se maintient au même niveau qu’avant la crise et devient en conséquence le secteur qui contribue le plus à l’augmentation de l’emploi (plus particulièrement la

branche “Santé et action sociale”). On y reviendra plus loin.

Tableau 17: Taux de croissance de l’emploi par branche économique et par période au Luxembourg, 1996-2014 (moyenne en %)

Jetons finalement un regard sur l’évolution de l’emploi dans l’industrie sur l’ensemble de la période 2000-2014. Le nombre d’emplois industriels diminue d’environ 5% de 2000 à 2014, le gros de cette diminution se situant cependant dans la période débutant avec la crise en 2008. Par ailleurs, l’évolution selon les branches industrielles n’est pas uniforme. C’est la sidérurgie, respectivement la métallurgie, qui perd le plus d’emplois: de 10 800 en 2000, l’emploi passe à 8 200 en 2013. La part de la sidérurgie dans l’emploi industriel total évolue de 31.8% en 2000 à 25.5% en 2013. L’emploi de la branche “Caoutchouc et plastique, produits minéraux non métalliques” se tasse également (de 7 400 à 6 500 emplois de 2000 à 2013, puis l’emploi reste stable à ce niveau). La part de cette branche dans l’emploi industriel total se tasse légèrement de 21.8% en 2000 à 20.2% en 2013. Par contre l’emploi dans l’industrie alimentaire augmente. On note également une augmentation de l’emploi dans les “Autres industries”.

Branche économique

Moyenne 1996-1999

Moyenne 2001-2004

Moyenne 2005-2008

Moyenne 2009-2014

Industrie 0.0 0.3 -0.1 -1.1Production et distribution d'électricité 0.0 2.1 1.9 1.3production et distribution d'eau 4.2 1.2 3.3 2.5Construction 1.4 3.8 4.2 0.8Commerce 2.5 2.0 1.8 2.3Transports 5.6 4.2 4.7 -0.8Hébergement et restauration 2.3 3.0 1.7 3.5Information et communication 15.3 2.8 8.2 4.5Activités financières et d'assurance 5.5 2.6 5.3 0.9Activités immobilières 7.1 6.6 10.9 4.4Activités spécialisées, scientifiques et techniques 9.3 5.9 9.2 5.2Activités de services administratifs et de soutien 14.3 4.5 6.4 0.4Administration publique 3.3 4.8 1.1 2.7Enseignement 3.5 3.8 3.2 3.4Santé humaine et action sociale 3.5 6.7 5.6 5.3Arts, spectacles et activités récréatives 4.6 5.5 5.3 3.4Autres activités de services 1.7 3.2 3.2 3.0Activités des ménages en tant qu'employeurs 5.1 1.3 3.1 3.0Total des branches 3.8 3.2 3.9 2.1

Source : STATEC N.B.: Industrie = y compris industries extractives N.B. Rupture de série en 2000

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 43

Tableau 18: Emploi dans l’industrie au Luxembourg par branche, 2000, 2008, 2011, 2012 et 2013

Quatre branches ou groupements de branches (1. alimentation, 2. caoutchouc et plastique et produits minéraux non métalliques, 3. métallurgie et fabrication de produits métalliques, 4. produits informatiques, électroniques et optiques, équipements électriques) représentent plus de 80% de l’emploi industriel en 2013. Comme on l’a vu, c’est le recul de l’emploi dans la métallurgie et la fabrication de produits métalliques qui explique structurellement le recul de l’emploi dans l’industrie au total (voir Tableau 18). Les autres industries s’en tirent plutôt mieux, même pendant les années de crise. Il n’y a donc pas un effondrement de l’emploi industriel à proprement parler, mais plutôt un tassement structurel de l’emploi dans la sidérurgie qui n’est pas intégralement compensé par d’autres emplois industriels.

En termes d’emploi, la crise affecte surtout l’industrie, la construction, les transports et les activités financières et d’assurance

En jetant un regard sur l’évolution globale de l’emploi depuis 2008, on note un tassement important de sa

progression en 2009. Le taux de croissance de l’emploi total est passé de 4.8% en 2008 à 1.0% en 2009. En 2010 (+1.8%) et en 2011 (+2.9%), la création nette d’emplois augmente de nouveau. Avec 2.4%, le taux est légèrement inférieur en 2012 et, en 2013, la croissance de l’emploi se tasse encore légèrement à 1.8%. En 2014, il y a un regain de dynamisme dans la création nette d’emplois (+2.4%). Globalement, depuis le début de la crise les taux de croissance restent cependant en-deçà de leur niveau d’avant-crise.

Parmi les branches qui sont le plus affectées par la crise, on trouve, comme cela a déjà été dit, l’industrie: l’emploi y est, en 2014, de 5.3% inférieur à 2007, alors que l’emploi total dans l’économie luxembourgeoise est, en 2014, de 18.5% supérieur à son niveau de 2007. Néanmoins, la comparaison avec la zone euro et quelques autres pays européens (voir Graphique 45) permet de constater que l’industrie a souffert beaucoup plus dans d’autres pays européens, notamment en Grèce et en Espagne où l’emploi dans ces branches est, en 2013, de près de 30% inférieur à son niveau de 2007. En Irlande, il y a 20% d’emplois industriels de moins en 2013 comparé à 2007. Dans la zone euro en moyenne, l’emploi dans l’industrie est, en 2013, d’environ 10% inférieur à son niveau de 2007.

L’emploi dans les activités financières et d’assurance au Luxembourg se situe, en 2013, à 9.8% et, en 2014, à 12.4% au-dessus de son niveau de 2007 (voir Graphique 44). Cette progression de l’emploi dans les services financiers est cependant beaucoup moins importante que pendant la période 2005 à 2008. Sur cette période, la croissance annuelle moyenne de l’emploi dans les activités financières et d’assurance était encore de 5.3%. Le taux correspondant n’est plus que de 0.9% par an de 2009 à 2014 (voir Tableau 17). Dans la comparaison avec les autres pays européens (voir Graphique 45), on constate que1. en 2008 l’emploi dans cette branche a encore augmenté fortement; 2. de 2008 à 2010 il stagne pratiquement et 3. à partir de 2011 l’emploi dans les services financiers progresse à un rythme très modéré (en tout cas plus modéré qu’avant). Dans les pays les plus touchés par la crise (Grèce, Espagne et à un degré un peu moindre en Irlande), l’emploi dans les activités financières recule fortement à partir de respectivement 2008 et 2009.

La branche perd également de façon modérée des emplois en Belgique et en Allemagne.

2000 2008 2011 2012 2013

Total des branches industrielles 34.0 34.3 33.3 32.9 32.2Alimentation, boissons, tabac 4.6 4.8 5.2 5.4 5.4Caoutchouc et plastique; produits minéraux non métalliques 7.4 7.0 6.5 6.5 6.5Métallurgie; Fabrication de produits métalliques* 10.8 10.4 9.5 8.9 8.2

Produits informatiques, électroniques et optiques ; équipements électriques 6.0 6.1 6.1 6.2 6.1Autres industries 5.2 6.0 6.0 5.9 6.0

2000 2008 2011 2012 2013

Total des branches industrielles 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0Alimentation, boissons, tabac 13.5 14.0 15.6 16.4 16.8Caoutchouc et plastique; produits minéraux non métalliques 21.8 20.4 19.5 19.8 20.2Métallurgie; Fabrication de produits métalliques* 31.8 30.3 28.5 27.1 25.5

Produits informatiques, électroniques et optiques ; équipements électriques 17.6 17.8 18.3 18.8 18.9Autres industries 15.3 17.5 18.0 17.9 18.6

2000 2008 2011 2012 2013

Total des branches industrielles 100.0 100.9 97.9 96.8 94.7Alimentation, boissons, tabac 100.0 104.3 113.0 117.4 117.4Caoutchouc et plastique; produits minéraux non métalliques 100.0 94.6 87.8 87.8 87.8Métallurgie; Fabrication de produits métalliques* 100.0 96.3 88.0 82.4 75.9

Produits informatiques, électroniques et optiques ; équipements électriques 100.0 101.7 101.7 103.3 101.7Autres industries 100.0 115.4 115.4 113.5 115.4

Emploi selon les branches industrielles (en milliers)

Part des branches industrielles dans l'emploi industriel (en %)

Evolution de l'emploi dans l'industrie, selon les branches (indices 2000 = 100)

Source : STATEC, N.B.: * = à l'exception des machines et des équipements

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 44

Dans la construction, l’emploi n’a que peu augmenté au Luxembourg pendant la crise: en 2013, comme en 2012, il se situe à 6.9% au-dessus de son niveau de 2007, alors que l’emploi dans l’ensemble de l’économie luxembourgeoise a augmenté de plus de 18.5% de 2007 à 2014. Dans la construction (comme dans les activités financières), la progression peu importante de 2008 à 2014, est d’autant plus remarquable que la croissance de l’emploi était très élevée au cours de la période antérieure: 3.8% par an de 2001 à 2004 et 4.2% par an de 2005 à 2008. De 2009 à 2014, le taux de croissance de l’emploi dans la construction se réduit à 0.8% par an en moyenne (voir Tableau 17).

Malgré ce tassement brutal, l’évolution de l’emploi dans la construction au Luxembourg reste plus favorable que dans la plupart des autres pays européens (voir Graphique 45). En Irlande, en Espagne et en Grèce, par exemple, l’emploi dans la construction a chuté de quelque 60% de 2007 à 2013. Dans la zone euro, l’emploi dans la branche de la construction est, en 2013, de quelque 20% inférieur à son niveau de 2007. La part de cette branche dans l’emploi total de la zone euro était de 7.8% en 2007. Elle n’est plus que de 6.2% en 2013. Les pays les plus touchés par la crise voient le poids de la construction dans l’emploi s’effondrer. La part de l’emploi dans la construction en Irlande passe de 12.6% de l’emploi total en 2007 à 5.4% en 2013. En Espagne, la part de l’emploi dans la construction évolue de 12.8% en 2007 à 5.6% en 2013. Au Luxembourg, la part de la construction dans l’emploi total recule seulement légèrement: 11.3% en 2007 et 10.5% en 2013 (voir Tableau 19).

Graphique 44: Évolution de l’emploi par branche au Luxembourg, 2007-2014 (indices: 2007 = 100)

Source : STATEC

9095100105110115120125130135140145150155

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Branches les moins dynamiques

IndustrieConstructionTransportsActivités financières et d'assuranceTotal des branchesCommerce

95100105110115120125130135140145150155

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Branches les plus dynamiques

Hébergement et restaurationActivités spécialisées, scientifiques et techniquesEnseignementSanté humaine et action socialeAdministration publiqueTotal des branches

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Cahier économique 120 45

Graphique 45: Évolution de l’emploi dans quelques branches économiques au Luxembourg, dans la zone euro et dans quelques pays européens, 2007-2013

Sources: STATEC, EUROSTAT

30405060708090100110120130140

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Construction

Zone € LU DE

FR EL ES

IE BE

30405060708090100110120130140

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Industrie

Zone € LU DE

FR EL ES

IE BE

30405060708090100110120130140

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Commerce

Zone € LU DE

FR EL ES

IE BE

30405060708090100110120130140

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Activités financières et d'assurance

Zone € LUDE FREL ESIE BE

30405060708090100110120130140

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Information et communication

Zone € LU DE

FR EL ES

IE BE

30405060708090100110120130140

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Restauration et hébergement

Zone € LU DE

FR EL ES

IE BE

30405060708090100110120130140

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Santé et action sociale

Zone € LUDE FREL ESIE BE

30405060708090100110120130140

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Education

Zone € LU DE

FR EL ES

IE BE

30405060708090100110120130140

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Administration publique

Zone € LU DE

FR EL ES

IE BE

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 46

Finalement, l’emploi dans les transports et l’entreposage stagne pratiquement de 2007 à 2014 au Luxembourg. Comme pour les activités financières et la construction, ce fait doit être d’autant plus souligné que la croissance de 2005 à 2008 était importante (4.7% par an). De 2009 à 2014, la croissance de l’emploi dans cette branche est légèrement négative au Luxembourg, avec -0.8% en moyenne annuelle (voir Tableau 17).

Parmi les branches où l’emploi évolue de façon dynamique, la “Santé et l’action sociale” se situe en deuxième position. De 2007 à 2014, on assiste à une augmentation de l’emploi de près de 44% dans cette branche, contre +19% pour l’ensemble de l’économie luxembourgeoise (voir Graphique 44). En fait, la croissance de l’emploi n’y a pas accéléré à partir du début de la crise. Elle a plutôt continué sur sa lancée d’avant-crise: 5.6% de croissance annuelle de l’emploi de 2005 à 2008 et 5.3% en moyenne annuelle de 2009 à 2014 (voir Tableau 17). La part de l’emploi de cette branche dans l’emploi total au Grand-Duché augmente de 8.1% en 2007 à 9.7% en 2013 (voir Tableau 19). Dans les pays européens, le secteur de la santé et l’action sociale est également une des branches les plus dynamiques (parfois la seule branche dynamique) en termes d’emplois à partir du début de la crise (voir Graphique 45 et Graphique 47).

Dans la zone euro, la part de la santé et de l’action sociale dans l’emploi total est orientée à la hausse: 9.6% en 2007 et 10.9% en 2013 (voir Tableau 19). À noter toutefois qu’en Grèce, l’emploi recule même dans cette branche (voir Graphique 45). Néanmoins, comme en Grèce l’emploi dans d’autres branches est en chute libre, la part de la santé et de l’action sociale y augmente même un peu (de 4.9% en 2007 à 5.5% en 2013) (voir Tableau 19).

En termes d’emploi, une autre branche reste positivement orientée au Luxembourg (et même encore mieux orientée que la “Santé et action sociale”, à savoir les activités spécialisées, scientifiques et techniques. Rappelons qu’il s’agit des activités juridiques et comptables, des activités des sièges sociaux, du conseil de gestion, des activités d'architecture et d'ingénierie, des activités de contrôle et d’analyses techniques, de la publicité et des études de marché, de la recherche et développement scientifique, etc. Au Luxembourg, l’emploi dans cette branche des activités spécialisées, scientifiques et techniques a augmenté de 53.8% de 2007 à 2014 contre +18.5% seulement pour l’ensemble de l’économie (voir Graphique 44).

Tableau 19: Évolution de la structure de l’emploi selon les branches économiques au Luxembourg, dans la zone euro et dans quelques pays européens, 2007-2013 (en % de l’emploi total)

2007 2013 2007 2013 2007 2013 2007 2013 2007 2013 2007 2013 2007 2013 2007 2013 2007 2013

Agriculture, sylviculture et pêche 3.4 3.1 1.4 1.2 1.6 1.3 1.7 1.5 3.1 2.8 1.2 1.2 5.2 5.7 11.1 12.6 4.0 4.1Industrie 15.3 14.1 10.3 8.4 13.6 11.5 18.2 17.7 11.6 10.1 9.8 8.6 12.8 11.7 10.2 8.9 13.3 11.4Production et distribution d'électricité 0.5 0.5 0.4 0.4 0.4 0.5 0.6 0.6 0.5 0.5 0.4 0.4 0.5 0.5 0.5 0.5 0.3 0.3Production et distribution d'eau 0.6 0.7 0.7 0.7 0.6 0.6 0.6 0.6 0.5 0.6 0.5 0.5 0.7 0.6 0.6 0.7 0.6 0.8Construction 7.8 6.2 11.3 10.5 6.0 6.1 5.7 5.7 6.8 6.8 7.4 6.4 12.6 5.4 8.1 4.3 12.8 5.6Commerce 15.1 15.0 12.6 12.6 13.5 13.0 14.4 14.1 13.5 13.6 16.0 15.6 14.4 14.5 20.5 19.6 17.3 18.5Transports et entreposage 4.9 4.9 6.9 6.1 5.8 5.3 4.9 4.9 5.2 5.0 4.7 4.5 4.4 4.7 4.4 4.7 4.4 4.6Hébergement et restauration 4.7 4.9 4.6 4.7 3.4 3.3 3.9 4.2 3.9 4.2 6.1 6.1 6.3 7.0 6.6 7.0 6.7 7.2Information et communication 2.6 2.8 3.8 4.4 2.3 2.3 2.9 2.8 2.9 3.0 4.1 4.1 3.2 4.3 1.9 2.0 2.2 2.5Activités financières et d'assurance 2.8 2.7 11.6 11.0 3.1 2.8 3.1 2.8 2.8 2.9 3.8 3.7 4.3 4.8 2.3 2.3 1.9 2.1Activités immobilières 1.0 1.0 0.8 0.9 0.5 0.6 1.2 1.1 1.4 1.3 1.4 1.7 0.5 0.5 0.1 0.2 1.0 1.0Activités spécialisées, scientifiques et techniques 5.8 6.4 7.2 8.8 8.9 10.2 5.7 6.1 6.3 7.0 7.2 7.7 5.3 5.8 4.7 5.1 4.6 5.1Activités de services administratifs et de soutien 6.1 6.6 6.2 5.8 7.1 7.9 6.4 7.0 7.6 7.4 7.1 7.9 3.7 3.3 2.2 2.4 5.3 6.3Administration publique 7.0 6.9 5.6 5.6 9.8 9.5 6.8 6.0 9.3 8.8 5.6 4.9 4.9 5.1 9.0 9.7 6.3 7.7Enseignement 6.2 6.4 4.4 4.8 7.9 8.4 5.4 5.6 6.9 6.7 8.0 8.6 6.6 7.8 6.7 7.1 5.5 6.7Santé humaine et action sociale 9.6 10.9 8.1 9.7 11.1 12.6 11.2 12.2 12.7 13.9 11.4 12.8 10.1 13.1 4.9 5.5 5.7 7.0Arts, spectacles et activités récréatives 1.5 1.7 0.9 1.0 0.9 0.9 1.5 1.5 1.9 2.1 2.6 2.6 1.9 2.2 1.1 1.1 1.7 2.1Autres activités de services 2.8 3.1 1.9 2.0 2.5 2.6 3.7 3.6 2.5 2.8 2.3 2.4 2.1 2.5 3.8 4.9 2.6 3.2 qu'employeurs 2.3 2.3 1.3 1.4 1.2 0.8 2.2 1.9 0.6 0.6 0.4 0.2 0.5 0.4 1.4 1.3 3.6 3.7

100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Source : STATEC N.B.: Industrie = y compris industries extractives

IE EL ESZone € LU BE DE FR UK

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 47

Toutefois, comparée à la période 2005-2008, la croissance de l’emploi dans cette branche s’est tassée: d’un taux extrêmement élevé de 9.2% de 2005 à 2008, on passe à une croissance de l’emploi de 5.2% en moyenne annuelle de 2009 à 2014 (voir Tableau 17), taux qui reste toutefois supérieur à la moyenne de l’économie luxembourgeoise où l’emploi croît à rythme de 2.1% par an en moyenne de 2009 à 2014.

Dans l’hébergement et la restauration au Luxembourg, l’emploi évolue également plus rapidement que la moyenne pendant la crise. En 2014, il y a quelque 25% d’emplois de plus dans cette branche qu’en 2007 (voir Graphique 44). Le taux de croissance de l’emploi dans l’HORECA a d’ailleurs augmenté pendant les années de crise: 1.7% par an de 2005 à 2008 et 3.5% par an de 2009 à 2014 (voir Tableau 17).

L’emploi dans l’enseignement croît également plus vite que la moyenne de l’économie luxembourgeoise pendant la crise. En 2014, il est de 27% plus élevé qu’en 2007, contre un plus d’environ 18% pour l’économie totale (voir Graphique 44). Comme pour la branche “Santé et action sociale”, il n’y cependant pas une accélération de la croissance de l’emploi dans l’enseignement. Celle-ci continue plutôt sur sa lancée d’avant-crise. Le taux de croissance de l’emploi dans l’enseignement reste au même niveau en passant de 3.2% en moyenne annuelle de 2005 à 2008 à 3.4% de 2009 à 2014 (voir Tableau 17).

Il y a finalement deux branches qui évoluent de façon comparable à la moyenne de l’économie luxembourgeoise: le commerce et l’administration publique. Entre 2007 et 2014, l’emploi dans le commerce a augmenté de 17.6%, soit très légèrement en-dessous du rythme de croissance de l’économie totale (où l’emploi était de 18.5% plus élevé en 2014 par rapport à 2007). L’emploi dans l’administration publique proprement dite – c’est-à-dire sans enseignement et sans santé et action sociale – augmente de 19.4% de 2000 à 2014, soit très légèrement au-dessus de la moyenne luxembourgeoise.

Le Graphique 46 et le Graphique 47 permettent de résumer l’évolution de l’emploi par branche au Luxembourg dans la comparaison avec la zone euro de 2001 à 2013.

De 2001 à 2007, la contribution de pratiquement toutes les branches économiques à la croissance de l’emploi était plus positive au Luxembourg que dans la zone euro en moyenne. Ce n’est pas donc pas par hasard que le taux de croissance de l’emploi au Luxembourg était près de 3 fois plus élevé que dans la zone euro: 3.4% en moyenne annuelle de 2001 à 2007 au Luxembourg, contre 1.2% dans la zone euro.

On peut néanmoins distinguer quelques branches qui contribuent tout particulièrement à la croissance de l’emploi au Grand-Duché. La construction apporte environ 1/6 de la croissance totale de l’emploi de 2001 à 2007 (0.45 point de % en moyenne par an sur une croissance totale de 3.4%). L’apport de la santé et de l’action sociale se situe au même niveau (0.45 point de %). Les activités spécialisées, techniques - c’est-à-dire activités juridiques et comptables, activités des sièges sociaux, conseil de gestion, activités d'architecture et d'ingénierie, activités de contrôle et d’analyses techniques, publicité et des études de marché, recherche et développement scientifique, etc. - apportent 0.42 points de % à la croissance moyenne annuelle de l’emploi (soit également un1/6 de cette croissance). Les activités financières ne se placent pas loin avec un apport de 0.41 points de % (encore 1/6 de la croissance de l’emploi de 2001 à 2007). Viennent ensuite les transports (0.32 points de % de contribution à la croissance de l’emploi), les activités de services administratifs et de soutien (0.27 points de %) et le commerce (0.25 points de %). Il convient une nouvelle fois de souligner qu’au Luxembourg, toutes les branches créent des emplois de 2001 à 2007 (mis à part les activités des ménages en tant qu’employeurs). Même l’industrie luxembourgeoise ne perd pas d’emplois, alors que dans la zone euro en moyenne cette branche est en perte de vitesse. À noter finalement que la contribution de l’administration publique (0.18 point de % de 2001-2007) et de l’enseignement à la croissance (0.15 point) est relativement faible au Luxembourg.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 48

Graphique 46: Contribution des branches économiques à la croissance de l’emploi au Luxembourg, dans la zone euro, en Grèce et en Espagne, 2001-2007 (moyenne annuelle, en points de %)

Source : EUROSTAT

-0.090.00

-0.13-0.01

0.010.16

0.190.04

0.120.04

0.020.02

0.170.23

0.010.07

0.190.04

0.030.05

-0.50 -0.30 -0.10 0.10 0.30 0.50

Agriculture, sylviculture et pêcheIndustries extractives

Industrie manufacturièreProduction et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné

Production et distribution d'eau; assainissement, gestion des déchets et dépollutionConstruction

Commerce; réparation d'automobiles et de motocyclesTransports et entreposage

Hébergement et restaurationInformation et communication

Activités financières et d'assuranceActivités immobilières

Activités spécialisées, scientifiques et techniquesActivités de services administratifs et de soutien

Administration publiqueEnseignement

Santé humaine et action socialeArts, spectacles et activités récréatives

Autres activités de servicesActivités des ménages en tant qu'employeurs et en tant que producteurs pour usage propre

Zone euro 2001-2007

0.000.000.000.010.01

0.450.25

0.270.11

0.180.41

0.060.42

0.300.18

0.150.45

0.050.06

0.03

-0.60 -0.40 -0.20 0.00 0.20 0.40 0.60

Agriculture, sylviculture et pêcheIndustries extractives

Industrie manufacturièreProduction et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné

Production et distribution d'eau; assainissement, gestion des déchets et dépollutionConstruction

Commerce; réparation d'automobiles et de motocyclesTransports et entreposage

Hébergement et restaurationInformation et communication

Activités financières et d'assuranceActivités immobilières

Activités spécialisées, scientifiques et techniquesActivités de services administratifs et de soutien

Administration publiqueEnseignement

Santé humaine et action socialeArts, spectacles et activités récréatives

Autres activités de servicesActivités des ménages en tant qu'employeurs et en tant que producteurs pour usage propre

Luxembourg 2001-2007

-0.510.00

0.08-0.03

0.000.30

0.54-0.19

0.150.06

0.010.01

0.210.10

0.210.19

0.170.04

0.120.05

-0.60 -0.40 -0.20 0.00 0.20 0.40 0.60

Agriculture, sylviculture et pêcheIndustries extractives

Industrie manufacturièreProduction et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné

Production et distribution d'eau; assainissement, gestion des déchets et dépollutionConstruction

Commerce; réparation d'automobiles et de motocyclesTransports et entreposage

Hébergement et restaurationInformation et communication

Activités financières et d'assuranceActivités immobilières

Activités spécialisées, scientifiques et techniquesActivités de services administratifs et de soutien

Administration publiqueEnseignement

Santé humaine et action socialeArts, spectacles et activités récréatives

Autres activités de servicesActivités des ménages en tant qu'employeurs et en tant que producteurs pour usage propre

Grèce 2001-2007

-0.100.01

-0.080.010.02

0.670.66

0.160.37

0.080.03

0.080.26

0.500.11

0.200.25

0.090.13

0.08

-0.60 -0.40 -0.20 0.00 0.20 0.40 0.60

Agriculture, sylviculture et pêcheIndustries extractives

Industrie manufacturièreProduction et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné

Production et distribution d'eau; assainissement, gestion des déchets et dépollutionConstruction

Commerce; réparation d'automobiles et de motocyclesTransports et entreposage

Hébergement et restaurationInformation et communication

Activités financières et d'assuranceActivités immobilières

Activités spécialisées, scientifiques et techniquesActivités de services administratifs et de soutien

Administration publiqueEnseignement

Santé humaine et action socialeArts, spectacles et activités récréatives

Autres activités de servicesActivités des ménages en tant qu'employeurs et en tant que producteurs pour usage propre

Espagne 2001-2007

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 49

Graphique 47: Contribution des branches économiques à la croissance de l’emploi au Luxembourg et dans la zone euro, 2008-2013 (moyenne annuelle, en points de %)

Source : EUROSTAT

-0.06-0.01

-0.250.000.01

-0.29

-0.08-0.02

0.030.01

-0.02-0.01

0.070.06

-0.050.01

0.170.020.03

0.00

-1.50 -1.40 -1.30 -1.20 -1.10 -1.00 -0.90 -0.80 -0.70 -0.60 -0.50 -0.40 -0.30 -0.20 -0.10 0.00 0.10 0.20 0.30 0.40 0.50 0.60 0.70

Agriculture, sylviculture et pêcheIndustries extractives

Industrie manufacturièreProduction et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné

Production et distribution d'eau; assainissement, gestion des déchets et dépollutionConstruction

Commerce; réparation d'automobiles et de motocyclesTransports et entreposage

Hébergement et restaurationInformation et communication

Activités financières et d'assuranceActivités immobilières

Activités spécialisées, scientifiques et techniquesActivités de services administratifs et de soutien

Administration publiqueEnseignement

Santé humaine et action socialeArts, spectacles et activités récréatives

Autres activités de servicesActivités des ménages en tant qu'employeurs et en tant que producteurs pour usage propre

Zone euro 2008-2013

0.000.00

-0.080.000.02

0.120.30

0.030.14

0.200.18

0.040.48

0.090.140.17

0.490.03

0.070.04

-1.50 -1.40 -1.30 -1.20 -1.10 -1.00 -0.90 -0.80 -0.70 -0.60 -0.50 -0.40 -0.30 -0.20 -0.10 0.00 0.10 0.20 0.30 0.40 0.50 0.60 0.70

Agriculture, sylviculture et pêcheIndustries extractives

Industrie manufacturièreProduction et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné

Production et distribution d'eau; assainissement, gestion des déchets et dépollutionConstruction

Commerce; réparation d'automobiles et de motocyclesTransports et entreposage

Hébergement et restaurationInformation et communication

Activités financières et d'assuranceActivités immobilières

Activités spécialisées, scientifiques et techniquesActivités de services administratifs et de soutien

Administration publiqueEnseignement

Santé humaine et action socialeArts, spectacles et activités récréatives

Autres activités de servicesActivités des ménages en tant qu'employeurs et en tant que producteurs pour usage propre

Luxembourg 2008-2013

-0.16-0.02

-0.51-0.02

0.00-0.81

-0.83-0.10

-0.17-0.04

-0.080.00

-0.10-0.05

-0.21-0.19

-0.08-0.03

0.02-0.07

-1.50 -1.40 -1.30 -1.20 -1.10 -1.00 -0.90 -0.80 -0.70 -0.60 -0.50 -0.40 -0.30 -0.20 -0.10 0.00 0.10 0.20 0.30 0.40 0.50 0.60 0.70

Agriculture, sylviculture et pêcheIndustries extractives

Industrie manufacturièreProduction et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné

Production et distribution d'eau; assainissement, gestion des déchets et dépollutionConstruction

Commerce; réparation d'automobiles et de motocyclesTransports et entreposage

Hébergement et restaurationInformation et communication

Activités financières et d'assuranceActivités immobilières

Activités spécialisées, scientifiques et techniquesActivités de services administratifs et de soutien

Administration publiqueEnseignement

Santé humaine et action socialeArts, spectacles et activités récréatives

Autres activités de servicesActivités des ménages en tant qu'employeurs et en tant que producteurs pour usage propre

Grèce 2008-2013

-0.10-0.02

-0.640.010.01

-1.42-0.31

-0.10-0.11

-0.01-0.03

-0.03-0.06

0.000.020.030.03

0.010.01

-0.08

-1.50 -1.40 -1.30 -1.20 -1.10 -1.00 -0.90 -0.80 -0.70 -0.60 -0.50 -0.40 -0.30 -0.20 -0.10 0.00 0.10 0.20 0.30 0.40 0.50 0.60 0.70

Agriculture, sylviculture et pêcheIndustries extractives

Industrie manufacturièreProduction et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné

Production et distribution d'eau; assainissement, gestion des déchets et dépollutionConstruction

Commerce; réparation d'automobiles et de motocyclesTransports et entreposage

Hébergement et restaurationInformation et communication

Activités financières et d'assuranceActivités immobilières

Activités spécialisées, scientifiques et techniquesActivités de services administratifs et de soutien

Administration publiqueEnseignement

Santé humaine et action socialeArts, spectacles et activités récréatives

Autres activités de servicesActivités des ménages en tant qu'employeurs et en tant que producteurs pour usage propre

Espagne 2008-2013

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 50

Néanmoins, ensemble, la santé, l’administration publique et l’enseignement– grosso modo le secteur “protégé“ – contribuent avec 0.77 point de % à la croissance de l’emploi au Grand-Duché de 2001 à 2007, soit environ un quart de la croissance totale de l’emploi. Dans la zone euro, la contribution de ces trois branches à la croissance de l’emploi est de 0.27 point de %, soit également un quart de la croissance de l’emploi (tout en sachant que la contribution de la branche “Santé et action sociale” à elle seule est de 0.19 point de % dans la zone euro).

La comparaison avec deux des pays qui ont le plus souffert de la crise en termes d’emplois, la Grèce et l’Espagne, est intéressante. Avant la crise, de 2001 à 2007, l’évolution de l’emploi en Grèce est d’abord marquée par les pertes d’emplois dans le secteur le plus traditionnel de l’économie, à savoir l’agriculture (la contribution à la variation de l’emploi est de -0.51 point de %). Parallèlement, la construction (contribution de 0.30 point de %) et surtout le commerce (0.54 point) contribuent fortement à la croissance de l’emploi (1.5% de croissance de l’emploi au total par an de 2001 à 2007 en Grèce). En Espagne, la croissance totale de l’emploi était 3.5% de 2001 à 2007. Ce sont surtout le commerce (contribution de 0.66 point de %) et la construction (+0.67 point) qui contribuent à la hausse de l’emploi en Espagne. Mais ce sont justement ces deux branches (construction et commerce) qui vont perdre le plus d’emplois (ensemble avec l’industrie) dans ces deux pays suite à la crise.

Rappelons-le: au Luxembourg, la croissance totale de l’emploi passe de 3.4% par an de 2001 à 2007 à 2.5% en moyenne annuelle de 2009 à 2013. Avec la crise, les contributions à la croissance de l’emploi de l’ensemble de branches de l’économie luxembourgeoise reculent (tout en restant positives, contrairement à beaucoup de pays européens), à l’exception de la santé humaine et de l’action sociale, dont la contribution reste au même niveau (contribution 0.49 point de % de 2008 à 2013 contre 0.45 point de 2001 à 2007). La part relative de la branche “Santé et action sociale” dans la croissance augmente donc à plus d’un cinquième de la croissance de l’emploi. L’autre branche qui continue à apporter beaucoup de dynamisme à l’emploi est celle des “Activités spécialisées, scientifiques et techniques” (qui inclut notamment la recherche). La contribution de cette branche à la croissance est de 0.48 point de % par an sur la période 2008-2013 contre 0.42 point de 2001 à 2007.

Le commerce est également assez dynamique au cours des années récentes en apportant 0.30 point de % de croissance par an de 2008 à 2013, contre 0.25 point de % de 2001 à 2007.

Malgré le tassement de la croissance de l’emploi au Luxembourg, et contrairement à la zone euro, pratiquement toutes les branches de l’économie luxembourgeoise continuent à contribuer positivement à la croissance de l’emploi de 2008 à 2013.

Dans la zone euro, seule la branche de la santé et de l’action sociale a une contribution positive assez forte à l’emploi. Les contributions des autres branches à l’emploi sont peu importantes ou négatives. La construction, l’industrie, mais aussi le commerce, contribuent de façon très négative à la variation de l’emploi dans la zone euro. Au Luxembourg, l’emploi dans l’industrie est également en recul, mais beaucoup plus légèrement que dans la plupart des autres pays européens. À noter les contributions négatives à la variation de l’emploi de la branche “construction” en Grèce et, surtout en Espagne.

Il y a une autre manière de présenter la contribution des différentes branches de l’économie luxembourgeoise, à savoir représenter les parts des différentes branches dans l’augmentation absolue de l’emploi (voir Graphique 48). Pour des raisons de clarté, on a regroupé les branches des finances, des services aux entreprises (activités de soutien, activités spécialisées, techniques et scientifiques) et la branche de l’information et communication. Sur la période 2000 – 2007, la part de l’agrégat de ces trois branches dans l’augmentation totale de l’emploi au Luxembourg était de 41% (voir Graphique 48). La part de ces branches dans l’augmentation de l’emploi de 2007 à 2014 reste pratiquement au même niveau avec également 41% de l’augmentation de l’emploi.

D’un autre côté, on peut rassembler dans un agrégat les branches qui relèvent globalement du secteur public ou du parapublic, à savoir l’administration publique proprement dite, l’enseignement et la santé et l’action sociale. La part de l’agrégat de ces trois branches dans l’augmentation de l’emploi de 2000 à 2007 était d’environ 23%. La part de ces branches dans l’augmentation totale de l’emploi de 2007 à 2014 est en hausse en atteignant près de 32%.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 51

7% de la croissance totale de l’emploi au Luxembourg de 2000 à 2007 étaient dus au commerce (commerce de gros et de détail, réparation automobile, etc.). La part dans l’augmentation de 2007 à 2014 se situe à près du double (soit 12%) comparé à la période 2000-2007.

La part de la construction dans l’augmentation de l’emploi baisse. Elle passe de 13% de l’augmentation totale de l’emploi pour la période 2000-2007 à 5% pour la période 2007-2013.

La part des transports dans l’augmentation de l’emploi au Luxembourg est également en recul. D’une part de près de 8% de l’augmentation totale de l’emploi entre 2000 à 2007, la part des transports dans l’augmentation de l’emploi entre 2007 et 2014 recule à 1%. Enfin, l’apport de l’hôtellerie et de la restauration est en hausse: la part de cette branche dans l’augmentation de l’emploi au Luxembourg était de 3% entre 2000 et 2007; l’apport passe à 6% de l’augmentation de l’emploi entre 2007 et 2014.

Graphique 48: Part des branches dans la variation totale de l’emploi, 2000-2007 et 2007-2014 (en % de la variation totale entre le début et la fin des périodes)

Source : STATEC

-0.1

3.37.8 7.2

13.2

23.0

40.9

-2.9

6.11.0

12.05.2

31.6

40.5

-5051015202530354045

Industrie

Horeca

Transports

Commerce

Constructio

n

Administration publique,

enseignement, santé

Finances, services aux

entreprises, information

et com

mun

ication

Part dans la variation 2000-2007 Part dans la variation 2007-2014

Part dans la variation 2000-2014

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 52

Annexe 1: Emploi au Luxembourg par branche économique, 2000 – 2014 (en milliers de personnes)

Branche économique 2000 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

AGRICULTURE, SYLVICULTURE ET PÊCHE 4.6 4.6 4.6 4.7 4.8 4.6 4.7 4.6 4.7Culture et production animale, chasse et services annexes 4.1 4.3 4.3 4.4 4.4 4.3 4.3 4.3 ...Sylviculture et exploitation forestière 0.5 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.4 ...Pêche et aquaculture 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 ...

INDUSTRIES EXTRACTIVES 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE 34.0 33.9 34.3 33.1 32.9 33.3 32.9 32.2 32.1Industries alimentaires; Fabrication de boissons; Fabrication de produits à base de tabac

4.6 4.8 4.8 4.9 5.1 5.2 5.4 5.4 ...

Fabrication de textiles; Industrie de l'habillement; Industrie du cuir et de la chaussure

0.8 1.5 1.4 1.4 1.3 1.4 1.4 1.3 ...

Travail du bois et fabrication d'articles en bois et en liège, à l’exception des meubles; fabrication d’articles en vannerie et sparterie; Industrie du papier et du carton; Imprimerie et reproduction d'enregistrements

2.2 2.1 2.1 2.0 1.9 1.8 1.8 1.8 ...

Cokéfaction et raffinage ; Industrie chimique ; Industrie pharmaceutique 0.8 0.8 0.9 0.8 0.9 0.9 0.9 1.0 ...Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique; Fabrication d'autres produits minéraux non métalliques

7.4 7.0 7.0 6.7 6.5 6.5 6.5 6.5 ...

Métallurgie; Fabrication de produits métalliques, à l’exception des machines et des équipements

10.8 10.1 10.4 9.7 9.7 9.5 8.9 8.2 ...

Fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques ; Fabrication d'équipements électriques ; Fabrication de machines et équipements n.c.a.

6.0 6.0 6.1 5.8 5.9 6.1 6.2 6.1 ...

Industrie automobile; Fabrication d'autres matériels de transport 0.3 0.5 0.6 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 ...Fabrication de meubles; Autres industries manufacturières 0.8 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 ...Réparation et installation de machines et d'équipements 0.4 0.4 0.4 0.4 0.5 0.6 0.5 0.6 ...

PRODUCTION ET DISTRIBUTION D'ÉLECTRICITÉ, DE GAZ, DE VAPEUR ET D'AIR CONDITIONNÉ

1.2 1.4 1.4 1.4 1.4 1.3 1.3 1.4 1.5

PRODUCTION ET DISTRIBUTION D'EAU; ASSAINISSEMENT, GESTION DES DÉCHETS ET DÉPOLLUTION

2.1 2.4 2.5 2.6 2.6 2.7 2.7 2.8 2.9

Captage, traitement et distribution d'eau 0.4 0.4 0.4 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 ...Collecte et traitement des eaux usées; Collecte, traitement et élimination des déchets; récupération; Dépollution et autres services de gestion des déchets

1.7 2.0 2.0 2.1 2.1 2.2 2.2 2.3 ...

CONSTRUCTION 28.6 37.8 39.2 38.8 39.1 39.9 40.4 40.4 41.0COMMERCE; RÉPARATION D'AUTOMOBILES ET DE MOTOCYCLES 37.1 42.1 43.2 43.9 45.0 46.8 47.6 48.5 49.5Commerce et réparation d'automobiles et de motocycles 3.9 5.0 5.1 5.1 5.2 5.4 5.6 5.6 ...Commerce de gros, à l’exception des automobiles et des motocycles 13.3 14.3 14.7 15.1 15.6 16.2 16.3 16.8 ...Commerce de détail, à l’exception des automobiles et des motocycles 19.9 22.7 23.4 23.7 24.3 25.2 25.7 26.0 ...

TRANSPORTS ET ENTREPOSAGE 17.5 22.9 24.7 24.4 24.2 24.5 23.3 23.5 23.5HÉBERGEMENT ET RESTAURATION 12.9 15.2 15.5 15.8 16.3 16.9 17.8 18.3 19.0INFORMATION ET COMMUNICATION 8.8 12.6 13.4 13.8 14.0 14.8 16.4 16.8 17.4ACTIVITÉS FINANCIÈRES ET D'ASSURANCE 30.3 38.7 41.2 41.3 40.9 41.5 42.2 42.5 43.5Activités des services financiers, hors assurance et caisses de retraite 23.4 27.8 29.4 29.5 29.2 29.8 30.3 30.2 ...Assurance 2.1 2.8 3.1 3.2 3.3 3.3 3.3 3.4 ...Activités auxiliaires de services financiers et d'assurance 4.8 8.1 8.7 8.6 8.5 8.5 8.6 8.9 ...

ACTIVITÉS IMMOBILIÈRES 1.4 2.6 2.7 2.8 2.9 3.1 3.3 3.4 3.5ACTIVITÉS SPÉCIALISÉES, SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES 15.3 24.0 27.3 28.8 29.3 30.9 32.7 34.1 36.9Activités juridiques et comptables, Activités des sièges sociaux; conseil de gestion

7.5 13.8 16.4 17.5 17.9 19.0 20.3 21.4 ...

Activités d'architecture et d'ingénierie; activités de contrôle et analyses techniques

3.8 5.5 5.9 6.0 6.0 6.2 6.4 6.5 ...

Publicité et études de marché 1.0 1.3 1.3 1.4 1.4 1.4 1.5 1.6 ...Recherche développement scientifique, Autres activités spécialisées, scientifiques et techniques, Activités vétérinaires

3.0 3.4 3.7 3.9 4.0 4.2 4.5 4.7 ...

ACTIVITÉS DE SERVICES ADMINISTRATIFS ET DE SOUTIEN 14.3 20.6 21.8 20.4 21.6 21.9 21.9 22.5 22.2Enquêtes et sécurité, Services relatifs aux bâtiments et aménagement paysager, Activités administratives et autres activités de soutien aux entreprises

7.6 10.9 12.0 12.5 12.7 13.1 13.6 14.0 ...

ADMINISTRATION PUBLIQUE 15.0 18.6 18.9 19.8 20.0 20.8 21.4 21.7 22.2ENSEIGNEMENT 11.7 14.8 15.4 16.2 16.5 17.0 17.7 18.4 18.8SANTÉ HUMAINE ET ACTION SOCIALE 17.7 27.0 28.5 29.9 31.9 33.7 36.0 37.6 38.9Activités pour la santé humaine 10.1 13.3 13.8 14.2 14.6 15.0 15.5 16.1 ...Hébergement médico-social et social, Action sociale sans hébergement 7.6 13.7 14.7 15.7 17.2 18.7 20.5 21.5 ...

ARTS, SPECTACLES ET ACTIVITÉS RÉCRÉATIVES 2.1 3.1 3.2 3.3 3.4 3.6 3.7 3.8 3.9Activités créatives, artistiques et de spectacle;Bibliothèques, archives, musées et autres activités culturelles; Organisation de jeux de hasard et d'argent

1.2 1.8 1.8 2.0 2.0 2.1 2.0 2.1 ...

Activités sportives, récréatives et de loisirs 1.0 1.3 1.3 1.4 1.4 1.5 1.6 1.7 ...AUTRES ACTIVITÉS DE SERVICES 5.2 6.5 6.7 7.1 7.4 7.6 7.8 7.9 8.0Activités des organisations associatives 1.8 2.3 2.4 2.7 2.9 2.9 3.0 3.0 ...Réparation d'ordinateurs et de biens personnels et domestiques 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 ...Autres services personnels 3.1 3.9 4.0 4.1 4.2 4.4 4.5 4.6 ...

ACTIVITÉS DES MÉNAGES EN TANT QU'EMPLOYEURS 3.9 4.4 4.6 4.7 4.8 4.9 5.1 5.3 5.5

TOTAL BRANCHES 264.0 333.5 349.4 353.0 359.4 370.0 379.0 386.0 395.2

Source : STATEC

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 53

Annexe 2: Emploi salarié au Luxembourg par branche économique, 2000 – 2014 (en milliers de personnes)

Branche économique 2000 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

AGRICULTURE, SYLVICULTURE ET PÊCHE 1.1 1.5 1.6 1.7 1.9 1.9 2.0 2.1 2.3Culture et production animale, chasse et services annexes 0.6 1.3 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8 ...Sylviculture et exploitation forestière 0.5 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.4 ...Pêche et aquaculture 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 ...

INDUSTRIES EXTRACTIVES 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3 0.3

INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE 33.6 33.5 33.8 32.6 32.5 32.9 32.5 31.7 31.6Industries alimentaires; Fabrication de boissons; Fabrication de produits à base de tabac

4.4 4.6 4.6 4.8 5.0 5.1 5.3 5.3 ...

Fabrication de textiles; Industrie de l'habillement; Industrie du cuir et de la chaussure

0.8 1.5 1.4 1.3 1.3 1.4 1.4 1.3 ...

Travail du bois et fabrication d'articles en bois et en liège, à l’exception des meubles; fabrication d’articles en vannerie et sparterie; Industrie du papier et du carton; Imprimerie et reproduction d'enregistrements

2.2 2.0 2.0 1.9 1.8 1.8 1.7 1.7 ...

Cokéfaction et raffinage ; Industrie chimique ; Industrie pharmaceutique 0.8 0.8 0.9 0.8 0.9 0.9 0.9 1.0 ...

Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique; Fabrication d'autres produits minéraux non métalliques

7.4 7.0 6.9 6.7 6.5 6.5 6.5 6.5 ...

Métallurgie; Fabrication de produits métalliques, à l’exception des machines et des équipements

10.7 10.0 10.3 9.7 9.6 9.5 8.8 8.2 ...

Fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques ; Fabrication d'équipements électriques ; Fabrication de machines et équipements n.c.a.

6.0 6.0 6.1 5.8 5.8 6.1 6.2 6.1 ...

Industrie automobile; Fabrication d'autres matériels de transport 0.3 0.5 0.6 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 ...

Fabrication de meubles; Autres industries manufacturières 0.7 0.6 0.6 0.6 0.7 0.7 0.7 0.7 ...Réparation et installation de machines et d'équipements 0.3 0.4 0.4 0.4 0.5 0.5 0.5 0.6 ...

PRODUCTION ET DISTRIBUTION D'ÉLECTRICITÉ, DE GAZ, DE VAPEUR ET D'AIR CONDITIONNÉ

1.2 1.4 1.4 1.4 1.4 1.3 1.3 1.4 1.5

PRODUCTION ET DISTRIBUTION D'EAU; ASSAINISSEMENT, GESTION DES DÉCHETS ET DÉPOLLUTION

2.1 2.4 2.4 2.6 2.6 2.6 2.7 2.7 2.8

Captage, traitement et distribution d'eau 0.4 0.4 0.4 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 ...Collecte et traitement des eaux usées; Collecte, traitement et élimination des déchets; récupération; Dépollution et autres services de gestion des déchets

1.7 1.9 2.0 2.1 2.1 2.2 2.2 2.3 ...

CONSTRUCTION 27.4 36.7 38.1 37.8 38.1 38.9 39.3 39.3 39.9COMMERCE; RÉPARATION D'AUTOMOBILES ET DE MOTOCYCLES 33.3 38.6 39.9 40.6 41.7 43.4 44.3 45.1 46.1Commerce et réparation d'automobiles et de motocycles 3.6 4.7 4.8 4.8 4.9 5.1 5.3 5.3 ...Commerce de gros, à l’exception des automobiles et des motocycles 12.3 13.4 13.8 14.3 14.7 15.3 15.5 15.9 ...Commerce de détail, à l’exception des automobiles et des motocycles 17.5 20.5 21.2 21.5 22.1 22.9 23.5 23.8 ...

TRANSPORTS ET ENTREPOSAGE 17.0 22.5 24.3 24.0 23.8 24.2 22.9 23.1 23.1HÉBERGEMENT ET RESTAURATION 10.6 13.0 13.4 13.8 14.4 15.1 16.1 16.6 17.3INFORMATION ET COMMUNICATION 8.4 12.2 13.1 13.4 13.6 14.3 15.9 16.2 16.9

ACTIVITÉS FINANCIÈRES ET D'ASSURANCE 30.3 38.7 41.2 41.3 40.9 41.5 42.2 42.5 43.5Activités des services financiers, hors assurance et caisses de retraite 23.4 27.8 29.4 29.5 29.2 29.8 30.3 30.2 ...Assurance 2.1 2.8 3.1 3.2 3.3 3.3 3.3 3.4 ...Activités auxiliaires de services financiers et d'assurance 4.8 8.1 8.7 8.6 8.4 8.4 8.6 8.8 ...

ACTIVITÉS IMMOBILIÈRES 0.8 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8 2.0 2.1 2.2ACTIVITÉS SPÉCIALISÉES, SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES 13.0 20.7 23.1 24.2 24.5 25.8 27.3 28.5 31.0Activités juridiques et comptables, Activités des sièges sociaux; conseil de gestion

6.3 11.9 13.5 14.3 14.6 15.5 16.6 17.5 ...

Activités d'architecture et d'ingénierie; activités de contrôle et analyses techniques

3.1 4.7 5.1 5.3 5.3 5.4 5.6 5.7 ...

Publicité et études de marché 0.9 1.1 1.2 1.3 1.2 1.3 1.4 1.4 ...Recherche développement scientifique, Autres activités spécialisées, scientifiques et techniques, Activités vétérinaires

2.7 3.0 3.2 3.3 3.4 3.6 3.8 3.9 ...

ACTIVITÉS DE SERVICES ADMINISTRATIFS ET DE SOUTIEN 14.0 20.2 21.4 20.0 21.3 21.5 21.5 22.1 21.9Enquêtes et sécurité, Services relatifs aux bâtiments et aménagement paysager, Activités administratives et autres activités de soutien aux entreprises

7.4 10.7 11.8 12.3 12.5 12.9 13.3 13.8 ...

ADMINISTRATION PUBLIQUE 15.0 18.6 18.9 19.8 20.0 20.8 21.4 21.7 22.2ENSEIGNEMENT 11.5 14.5 15.1 15.8 16.0 16.6 17.2 17.9 18.3SANTÉ HUMAINE ET ACTION SOCIALE 16.1 24.2 25.6 26.8 28.6 30.3 32.3 33.8 35.0Activités pour la santé humaine 8.6 10.5 10.9 11.1 11.4 11.6 11.8 12.3 ...Hébergement médico-social et social, Action sociale sans hébergement 7.5 13.7 14.7 15.7 17.2 18.7 20.5 21.5 ...

ARTS, SPECTACLES ET ACTIVITÉS RÉCRÉATIVES 1.7 2.5 2.6 2.8 2.8 3.0 3.0 3.1 3.2

Activités créatives, artistiques et de spectacle;Bibliothèques, archives, musées et autres activités culturelles; Organisation de jeux de hasard et d'argent

0.8 1.4 1.4 1.4 1.5 1.5 1.5 1.5 ...

Activités sportives, récréatives et de loisirs 0.9 1.2 1.2 1.3 1.4 1.5 1.5 1.6 ...

AUTRES ACTIVITÉS DE SERVICES 4.3 5.5 5.6 6.0 6.2 6.4 6.5 6.6 6.7Activités des organisations associatives 1.8 2.3 2.4 2.7 2.9 2.9 3.0 2.9 ...Réparation d'ordinateurs et de biens personnels et domestiques 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 0.2 ...Autres services personnels 2.3 2.9 3.0 3.1 3.2 3.3 3.4 3.4 ...

ACTIVITÉS DES MÉNAGES EN TANT QU'EMPLOYEURS 3.9 4.4 4.6 4.7 4.8 4.9 5.1 5.3 5.5

TOTAL BRANCHES 245.7 312.7 328 331.3 337.3 347.3 355.8 362.2 371.1

Source : STATEC

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 54

1.2 Les taux d'emploi Graphique 49: Part des personnes en emploi, au chômage et inactives dans la population des résidents de 20 à 64 ans au Luxembourg, dans la zone euro et dans quelques pays européens, 2004 – 2014 (en %)

Source : STATEC

67.1 67.9

69.0

69.9

70.2

68.8

68.4

68.4

68.0

67.7

68.1

6.7 6.5 6.0 5.4 5.4

7.0

7.5 7.5 8.5

9.0 8.8

26.3

25.6

25.1

24.8

24.3

24.2

24.2

24.1

23.5

23.3

23.1

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Zone euro

Emploi Chômage Inactivité

67.7 69.0

69.1

69.6

68.8

70.4

70.7

70.1

71.4

71.1

72.1

3.5 3.1 3.2 2.8

3.5 3.6 3.1

3.5 3.8

4.3 4.3

28.8

27.8

27.7

27.7

27.7

26.0

26.2

26.4

24.8

24.6

23.7

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Luxembourg

Emploi Chômage Inactivité

67.9 69.4

71.1

72.9

74.0

74.2

74.9

76.5

76.9

77.3

77.7

8.3 8.7 8.1 6.9 6.0 6.2 5.7 4.7 4.4 4.3 4.123

.821

.920

.820

.220

.019

.619

.418

.818

.818

.418

.2

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Allemagne

Emploi Chômage Inactivité

65.8 66.5

66.5

67.7

68.0

67.1

67.6

67.3

67.2

67.2

67.3

5.1 5.9

5.8 5.3 4.9

5.6 5.9

5.0 5.3

6.0 6.1

29.1

27.6

27.7

27.1

27.0

27.3

26.5

27.7

27.5

26.8

26.6

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Belgique

Emploi Chômage Inactivité

69.2

69.4

69.4

69.9

70.5

69.5

69.3

69.2

69.4

69.5

69.4

6.5 6.2

6.0 5.5 5.1

6.3

6.4

6.4 6.9

7.3 7.6

24.2

24.4

24.6

24.6

24.5

24.2

24.2

24.4

23.7

23.2

23.0

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

France

Emploi Chômage Inactivité

65.2

67.5

69.0

69.7

68.5

64.0

62.8

62.0

59.6

58.6

59.9

7.8 6.4 6.0 5.9

8.1

13.3

15.0

16.4

19.1

20.2

19.0

27.0

26.1

25.0

24.4

23.4

22.8

22.2

21.7

21.2

21.2

21.1

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Espagne

Emploi Chômage Inactivité

64.3

64.4

65.6

65.8

66.3

65.6

63.8

59.6

55.0

52.9

53.3

7.2

7.0 6.4 6.0 5.5

6.9

9.3

12.9

17.6

19.8

19.2

28.4

28.5

28.1

28.2

28.2

27.5

27.0

27.5

27.4

27.3

27.5

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Grèce

Emploi Chômage Inactivité

72.6

72.2

72.6

72.5

73.1

71.1

70.3

68.8

66.3

65.4

67.6

4.9 6.1 6.1 6.4 6.1

7.7

8.8

10.1

12.4

12.9

11.1

22.5

21.7

21.3

21.0

20.8

21.3

20.9

21.1

21.3

21.7

21.3

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Portugal

Emploi Chômage Inactivité

78.1

78.0

79.4

79.0

79.7

77.5

75.8

75.7

75.4

75.6

75.9

4.2

3.7 2.9

2.8 2.5

4.5

5.6

5.7

5.7

5.3 5.0

17.7

18.3

17.7

18.2

17.8

18.0

18.5

18.6

18.9

19.1

19.1

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Danemark

Emploi Chômage Inactivité

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 55

Il convient de souligner que, dans ce qui suit, les données analysées sont issues de l’enquête forces de travail (EFT). Le concept de l’emploi est donc celui du BIT. Cela signifie notamment que cette section ne concerne que les salariés résidents, à l’exclusion donc des frontaliers. Les caractéristiques présentées se rapportent donc à l’emploi des résidents.

Inactivité, chômage et emploi

La population est composée de personnes en emploi, d’inactifs et de chômeurs. Les “inactifs” ne sont pas en emploi et ne sont pas à la recherche d’un emploi et/ou disponibles pour le marché du travail.

L’inactivité peut avoir diverses raisons: des raisons familiales (garde d’enfants, de personnes âgées,…), les études ou la formation, la retraite, un choix raisonné, handicap ou maladie ou encore un découragement pour chercher un travail etc. Le taux d’inactivité est le rapport entre le nombre de personnes inactives et la population totale d’un groupe d’âge.

Les chômeurs au sens du BIT sont les personnes qui ne sont pas en emploi, mais qui se disent à la recherche d’un emploi et disponibles pour le marché du travail. À noter que la part des chômeurs dans la population ne correspond pas au taux de chômage qui est le rapport entre le nombre de chômeurs et le nombre d’ “actifs” (chômeurs + personnes en emploi) (voir également le chapitre sur le chômage). Par ailleurs, la notion de chômage au sens du BIT (et calculé sur la base de l’enquête forces de travail, EFT) n’est pas comparable au chômage “inscrit” de l’ADEM (voir aussi le chapitre 2 ci-après).

Finalement, il y a les personnes qui travaillent, c’est-à-dire qui ont un emploi. Le taux d’emploi est le rapport entre le nombre de personnes ayant un emploi et la population totale d’un groupe d’âge. À noter que la notion de l’emploi recouvre toutes les formes d’emploi: travail salarié, travail indépendant, travail en CDI (emploi “permanent”), en CDD (emploi “temporaire”), travail à temps partiel, etc.

Si la part (proportion) des chômeurs dans la population reste constante, une augmentation du taux d’emploi résulte logiquement de la diminution du taux d’inactivité. Or, surtout depuis la crise, cette hypothèse n’est que théorique étant donné que la part des chômeurs dans la population est en hausse dans la plupart des pays européens. À noter que l’augmentation de la part des chômeurs (personnes à

la recherche d’un emploi et disponibles pour le marché du travail) peut provenir à la fois de transitions entre l’inactivité et le chômage et des transitions entre l’emploi et le chômage.

Même si la part des inactifs diminue, l’augmentation de la proportion des chômeurs dans la population peut compenser cet effet et même être à l’origine d’une diminution du taux d’emploi. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans certains pays européens les plus touchés par la crise (voir le Graphique 49). Dans ce qui suit, les chiffres commentés se rapportent à la population des 20 à 64 ans1.

En Espagne, par exemple, le taux d’inactivité diminue de façon tendancielle depuis 2004 et cette tendance s’est maintenue au-delà de 2008. Le taux d’inactivité passe de 27.0% en 2004 à 21.1% en 2014. En revanche, la proportion des chômeurs dans la population a littéralement explosée en passant de 8.1% en 2008 à 19.0% en 2014. D’où une chute très importante du taux d’emploi qui passe de 68.5% en 2008 à 59.9% en 2014, malgré la baisse du taux d’inactivité.

En Grèce, la baisse tendancielle de la part des inactifs dans la population n’est pas aussi prononcée qu’en Espagne. Le taux d’inactivité y passe de 28.4% en 2004 à 28.2% en 2008, puis à 27.5% en 2014. Comme en même temps la proportion des chômeurs dans la population explose en Grèce (de 5.5% en 2008 à 19.2% en 2014), le taux d’emploi est en chute libre (de 66.3% en 2008 à 53.3% en 2014).

Le Portugal est un pays où le taux d’inactivité est traditionnellement assez faible, particulièrement dans la comparaison avec les autres pays du Sud européen; ce qui est dû en grande partie à un taux d’inactivité plus faible des femmes portugaises. La proportion d’inactifs dans la population portugaise ne diminue que très légèrement (de 22.5% en 2004 à 21.3% en 2014). Comme en Grèce et en Espagne, la part des chômeurs dans la population portugaise augmente fortement (de 6.1% en 2008 à 11.1% en 2014), d’où une diminution du taux d’emploi.

Qu’en est-il des pays voisins du Luxembourg ? En France, la proportion des inactifs reste assez stable de

1 Dans les chapitres qui suivent, les chiffres se réfèrent en principe aux 20-64 ans. S’il s’agit d’une autre classe d’âge, c’est signalé en bas de graphiques ou tableaux.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 56

2004 à 2014. Comme la part des chômeurs dans la population augmente de 2008 à 2014 (de 5.1% à 7.6%), le taux d’emploi recule légèrement (de 70.5% en 2008 à 69.4% en 2014).

Comme pour l’évolution générale de l’emploi (chapitre 1.1 ci-devant), l’Allemagne est un cas à part. Le taux d’inactivité diminue assez fortement en tendance en passant de 23.8% en 2004 à 20.0% en 2008. Cette évolution est un peu freinée par la crise, mais, en 2014, le taux d’inactivité est seulement de 18.2% (voir Graphique 49). En même temps, la proportion des chômeurs est en baisse: leur part passe de 8.3% de la population en 2004 à 6.0% en 2008. La tendance ne semble pas mise en cause par la crise et la proportion des chômeurs baisse encore à 4.1% en 2014. L’effet combiné de la baisse de la part des inactifs et de la baisse de la part des chômeurs fait que le taux d’emploi connaît une hausse importante (une des plus élevée de tous les pays européens): il évolue de 67.7% en 2004 à 77.7% en 2014.

Finalement, au Luxembourg, le taux d’inactivité (la part des inactifs dans la population) est en forte baisse et la crise ne semble pas avoir freiné cette évolution: la part des inactifs passe de 28.8% de la population des 20-64 ans en 2003 à 23.7% en 2014. La part des chômeurs est en progression tendancielle (3.5% en 2004 à 4.3% en 2014), mais cette augmentation de la part des chômeurs ne compromet pas celle du taux d’emploi qui augmente en tendance.

L’évolution de l’emploi des résidents n’est pas seulement fonction du taux d’emploi…

Une augmentation du taux d’emploi ne conduit pas nécessairement à une croissance globale de l’emploi des résidents. En fait, cette croissance est également fonction du nombre des personnes en âge de travailler.

On peut désagréger l’impact du taux d’emploi et de l’effet de la variation de la population en âge de travailler en fixant le taux d’emploi à sa valeur de début de période. En faisant le rapport entre la population et ce taux de début de période, on trouve l’augmentation de l’emploi qui est exclusivement due à l’évolution de la population en âge de travailler et non pas au taux d’emploi. La différence avec l’évolution de l’emploi total résident permet de déterminer l’impact du taux d’emploi (voir Graphique 50).

Au Luxembourg, l’augmentation de l’emploi national des résidents résulte exclusivement de l’augmentation de la population en âge de travailler (voir Graphique 50). C’est l’immigration qui est à l’origine de la croissance de la population en âge de travailler au Grand-Duché. Les 21% d’augmentation de l’emploi de 2004 à 2014 sont entièrement imputables à la croissance de la population en âge de travailler. L’impact de l’évolution du taux d’emploi étant négatif.

À Chypre l’augmentation de l’emploi résulte d’un effet combiné de l’augmentation de l’emploi et de la population en âge de travailler. Sur les 23% d’augmentation de l’emploi de 2004 à 2014, 10 points de % sont imputables à la croissance de la population en âge de travailler et 13 points de % à l’augmentation des taux d’emploi. En Islande et en Irlande les deux effets sont aussi positifs, mais se situent au total à des niveaux beaucoup inférieurs à ceux du Luxembourg. En Espagne, l’augmentation est exclusivement due à la hausse des taux d’emploi, l’effet de la population en âge de travailler étant très légèrement négatif. En Allemagne, en Pologne et en République tchèque, l’effet positif de la population en âge de travailler est contrebalancé dans une mesure importante par le tassement des taux d’emploi.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 57

Graphique 50: Impact du taux d’emploi et de la population en âge de travailler sur l’augmentation de l’emploi national dans les pays européens. 2004-2014 (en%)

Graphique 51: Évolution du taux d’emploi selon le sexe au Luxembourg et dans la zone euro, 2004-2014 (en %)

Source : STATEC, EUROSTAT N.B.: population des 20-64 ans; il ne s'agit que de l'emploi des résidents

-30

-20

-10

0

10

20

30

40

LT LV RO BG PT EL HU DE EE NL PL FI DK CZ SL

UE-

28

Zone

€-1

8

HR IT AT SE ES SK FR UK BE MT

CH IE NO IS LU CY

sans changement du taux d'emploi impact du changement du taux d'emploi augmentation totale de l'emploi national

Source : STATEC, EUROSTAT

67.0 67.768.1

67.7

71.172.1

50

55

60

65

70

75

80

85

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Total

Zone euro (18 pays) Luxembourg

76.173.5

73.7

78.9 78.078.4

50

55

60

65

70

75

80

85

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Hommes

Zone euro (18 pays) Luxembourg

58.1 61.962.5

56.2

63.9 65.5

50

55

60

65

70

75

80

85

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Femmes

Zone euro (18 pays) Luxembourg

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 58

Graphique 52: Taux d’emploi selon le sexe au Luxembourg et dans les pays européens, 2014 (en %)

En tendance, le taux d’emploi est en augmentation au Luxembourg …

Le taux d’emploi au Luxembourg passe de 67.7% en 2004 à 68.8% en 2008, il se stabilise autour de 71.0% en 2012 et 2013 et se redresse en 2014 pour atteindre 72.1%. En ce qui concerne le taux d’emploi global au Luxembourg et dans les pays voisins, on note que le Grand-Duché et la France sont assez proches (respectivement 72.1% et 69.4% en 2014). La Belgique se place en-dessous de ce niveau (67.3%), alors qu’en Allemagne le taux d’emploi est beaucoup plus élevé (77.7%) (voir Graphique 52).

… ce qui est dû largement à l’augmentation du taux d’emploi féminin

Le taux d’emploi masculin se situe à un niveau élevé au Grand-Duché. En 2004, comme en 2014, il est d’environ 78-79%. Le Luxembourg se place au-dessus de la moyenne européenne pour le taux d’emploi masculin (75.0% dans l’UE-28 et 73.7% dans la zone euro en moyenne en 2014). Il est vrai que la crise est également passée par là, faisant diminuer, dans beaucoup de pays européens, le taux d’emploi (et augmenter le chômage). En 2014, parmi les pays européens, la Suisse (87.1%), l’Islande (86.5%), l’Allemagne (82.3%), la Suède (82.2%), la République tchèque (82.2%), le Royaume-Uni (81.9%), la Norvège (81.9%), les Pays-Bas (81.1%), Malte (80.3%) et le Danemark (79.5%) font mieux que le Luxembourg (78.4%) quant aux taux d’emploi masculins (voir Graphique 52).

Source : STATEC, EUROSTAT

51.353.253.359.259.959.965.165.765.966.366.566.767.067.367.667.667.868.169.269.470.771.872.173.173.574.274.375.475.976.277.779.680.082.383.5

0 50 100

MKTRELHRESITBGROSKMTPLHUIEBECYPTSL

Zone €UE-28

FRLVLTLUFICZATEENLDKUKDENOSECHIS

Total

61.662.664.265.068.169.771.371.671.671.673.073.173.173.273.373.573.673.774.074.075.075.078.378.378.479.580.381.181.981.982.282.282.386.587.1

0 50 100

MKELHRESBGITPTBECYSLIELVLTSKFRHUPL

Zone €FIROTR

UE-28ATEELUDKMTNLNOUKCZSEDEISCH

Hommes

31.640.844.350.351.954.254.857.358.659.460.261.262.062.662.963.463.663.964.264.765.565.768.569.770.170.670.670.672.172.273.177.177.477.680.5

0 50 100

TRMKELIT

MTHRESROSKPLHUIEBG

Zone €BE

UE-28SLCYPTCZLUFRLVNLATEELTUKFIDKDENOCHSEIS

Femmes

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 59

Si le taux d’emploi masculin reste assez stable au Grand-Duché, le taux d’emploi féminin a augmenté de façon significative en passant de 56.2% en 2004 à 65.5% en 2014 (voir Graphique 51 et Graphique 53).

Cette progression fait que le Luxembourg dépasse désormais la moyenne de la zone euro. Dans la zone euro, le taux d’emploi féminin a également augmenté (de 58.1% en 2004 à 62.5% en 2014), mais cette progression est moins prononcée qu’au Grand-Duché (voir Graphique 51).

Toutefois, le taux d’emploi féminin dans notre pays continue à se situer assez loin du peloton de tête (voir Graphique 52). En effet, les taux d’emploi des femmes dans les pays nordiques et aux Pays-Bas sont largement supérieurs: 80.5% en Islande en 2014, 77.6% en Suède, 77.1% en Norvège, 72.2% au Danemark, 72.1% en Finlande, et 69.7% aux Pays-Bas. Parmi les pays voisins, l’Allemagne (73.1%) est située plus haut que le Luxembourg en termes de taux d’emploi des femmes. En France, le taux d’emploi féminin est quasiment identique à celui du Luxembourg (65.7% en 2014), alors que la Belgique (62.5%) se situe en-dessous du niveau du Grand-Duché.

Dans les pays du Sud de l’Europe, les taux d’emploi féminins se placent en-dessous de la moyenne européenne et en-dessous du taux du Luxembourg, à l’exception du Portugal où le taux d’emploi des femmes est pratiquement au même niveau qu’au Grand-Duché. En Espagne il est de 54.8% en 2014, en Italie de 50.3%, en Grèce de 44.4%, mais au Portugal le taux d’emploi féminin atteint 64.2%.

Graphique 53: Evolution du taux d’emploi selon le sexe au Luxembourg, 2004-2014 (en %)

Graphique 54: Évolution du taux d’emploi des femmes selon l’âge au Luxembourg, 2004-2014 (en %)

Graphique 55: Évolution du taux d’emploi des femmes et des hommes au Luxembourg selon le nombre d’enfants à charge, 2005-2014 (en %)

Tableau 20: Taux d'emploi par sexe et composition du ménage, 2005 et 2014 (en %)

Source : STATEC

67.772.1

78.978.4

56.2

65.5

50

55

60

65

70

75

80

85

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Total Hommes Femmes

Source : STATEC

36.6

76.3

70.766.6 65.4 65.4

51.7

34.2

8.3

32.8

81.0 78.7 81.377.9

73.867.9

50.2

16.1

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64Âge

2004 2014

Source : STATEC N.B.: population 15-64 ans

40

50

60

70

80

90

100

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Femmes

Aucun enfant1 enfant2 enfants3 enfants ou plus

40

50

60

70

80

90

100

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Hommes

Aucun enfant1 enfant2 enfants3 enfants ou plus

2005 2014 2005 2014 2005 2014Adulte seul - total 79.3 80.6 83.8 85.1 74.4 75.9Adulte seul avec enfants 79.6 87.3 97.8 95.1 77.0 86.4Adulte seul sans enfants 79.2 79.5 83.3 84.8 73.6 71.9Adulte vivant en couple - total 71.9 76.5 85.6 84.9 58.6 68.1Adulte vivant en couple avec enfants 77.8 81.4 94.4 90.9 61.3 71.8Adulte vivant en couple sans enfants 61.3 66.9 69.4 73.1 54.0 61.0

Source : STATEC

Total Hommes Femmes

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 60

De 2004 à 2014, le taux d’emploi féminin augmente dans toutes les catégories d’âge, sauf pour les 20-24 (voir Graphique 54). Chez les 20-24 ans, la part des personnes en formation ou en éducation, donc “inactives”, augmente et le taux d’emploi diminue (de 36.6% en 2004 à 32.8% en 2014). Pour les femmes de 25 à 29 ans, le taux d’emploi est en légère augmentation (76.3% en 2004 et 81.0% en 2014). Dans la classe d’âge immédiatement supérieure des 30-34 ans, la hausse du taux d’emploi entre 2004 et 2014 est déjà consistante: on trouve une augmentation de 7.0 points de % pour cette catégorie d’âge (de 70.7% en 2004 à 77.7% en 2014). L’augmentation des taux d’emploi atteint environ 15 points de % chez les femmes de 35 à 39 ans et chez les femmes de 55 à 59 ans (de 34.2% en 2004 à 50.2% en 2014).

L’augmentation du taux d’emploi féminin est d’ailleurs surtout due aux femmes avec enfants (voir Graphique 55). Le taux d’emploi des femmes sans enfants n’augmente que modérément en évoluant de 60.5% en 2005 à 63.9% en 2014 (soit 3.4 points de % d’augmentation). En revanche, au cours de la même période, le taux d’emploi des femmes ayant 1 enfant passe de 68.0% à 72.5% (soit 4.5 points de %) et le taux d’emploi des femmes avec 2 enfants de 63.5% en 2005 à 77.9% en 2014 (14.4 points de % d’augmentation). Pour les femmes ayant trois enfants, le taux d’emploi reste le moins élevé, mais la hausse est non négligeable: pour ces femmes, le taux évolue de 47.8% en 2005 à 60.2% en 2014, une augmentation de 12.4 points de %.

La présence des enfants n’explique pas entièrement le taux d’emploi plus faible des femmes

En fait, le taux d’emploi des femmes est le plus faible parmi les femmes vivant en couple sans enfants (61.0% en 2014, contre 73.1% pour les hommes qui sont dans cette situation). Le taux atteint 71.8% pour les femmes vivant en couple avec enfants. Il est le plus élevé pour les femmes vivant seules avec des enfants (86.4%) (voir Tableau 20).

Tableau 21: Variation du taux d’emploi par sexe et par composition du ménage de 2005 à 2014 (en points de %)

À noter toutefois que, pour l’ensemble des constellations, le taux d’emploi des femmes a augmenté de 2005 à 2014 au Luxembourg (sauf pour les femmes vivant seules et sans enfants) (voir Tableau 21). Pour les femmes vivant en couple avec enfants, l’augmentation est de 10.5 points de % (de 61.3% en 2005 à 71.8% en 2014), pour les femmes vivant seules avec des enfants de 9.4 points de % et pour les femmes vivant en couple sans enfants de 7.0 points de %. En revanche, pour les hommes, la variation des taux d’emploi est soit négative, soit faiblement positive. Cependant, malgré la hausse de l’emploi des femmes, le niveau du taux d’emploi féminin reste en-dessous de celui des hommes, sauf pour les femmes élevant seules leur(s) enfant(s) pour lesquelles le taux est le plus proche de celui des hommes.

Dans tous les pays européens, les taux d’emploi des femmes se situent en-dessous de ceux des hommes, en effet, dans le Graphique 56 tous les pays se placent sous la diagonale qui représenterait l’égalité parfaite des taux. Globalement, il y a une corrélation forte entre les taux d’emploi masculins et féminins dans les pays européens. Les pays qui ont des taux d’emploi masculin élevés ont également des taux d’emploi féminin élevés. Il s’agit plus particulièrement des pays nordiques, de la Suisse et des Pays-Bas. Les pays du Sud de l’Europe et certains pays de l’Est européens se situent en bas de l’échelle.

Total Hommes FemmesAdulte seul - total 1.3 1.3 1.5Adulte seul avec enfants 7.7 -2.7 9.4Adulte seul sans enfants 0.3 1.5 -1.7Adulte vivant en couple - total 4.6 -0.7 9.5Adulte vivant en couple avec enfants 3.6 -3.5 10.5Adulte vivant en couple sans enfants 5.6 3.7 7.0

Source : STATEC

Variation de 2005 à 2014 (en points de %)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 61

Graphique 56: Corrélation entre le taux d’emploi masculin et féminin, 2014

Le Graphique 56 permet également de déceler dans quels pays l’écart entre les hommes et les femmes, en termes de taux d’emploi, est particulièrement important. Ce sont les pays qui se trouvent en-dessous de la droite de régression. Malte occupe une position très excentrée avec un taux d’emploi masculin élevé (81.8%) et un taux d’emploi féminin très faible (49.9%) comparé à celui des hommes. L’Italie et la Grèce ont des caractéristiques similaires. De l’autre côté on trouve des pays (qui se situent au-dessus de la droite de régression) où le taux d’emploi féminin est élevé dans la comparaison avec le taux d’emploi masculin (tout en continuant à se situer en-dessous du taux masculin).Il s’agit notamment des pays nordiques (Islande, Norvège, Suède, Finlande et Danemark), mais également les pays baltes. Le Portugal est également dans ce cas et se distingue dans ce domaine de la plupart des autres pays du Sud.

Le Luxembourg se situe en-dessous de la droite de régression. En d’autres mots, l’écart entre les taux d’emploi masculin et féminin est encore assez consistant, même si les taux des hommes et des femmes ses sont rapprochés au cours des dernières années.

Graphique 57: Parts des femmes et des hommes dans l’emploi des résidents selon le fait de travailler à temps complet ou à temps partiel au Luxembourg, 2004 et 2014 (en%)

Comment la hausse du taux d’emploi féminin se répercute-il sur l’emploi global des résidents ? En 2004, les hommes représentaient près de 59% de l’emploi national, dont seulement 1.4% travaillant à temps partiel et de 57.5% à temps complet (voir Graphique 57). En ce qui concerne les femmes, leur part dans l’emploi des résidents était de 41.0%, dont 26.1% à temps complet et 14.9% à temps partiel.

Pour l’année 2014, on constate que la part des femmes représente désormais environ 45% de l’emploi des résidents. L’augmentation de la part des femmes dans l’emploi résulte d’ailleurs aussi bien de l’augmentation du temps complet (+2.5 points de % entre 2004 et 2014 en passant de 26.1% à 28.6%) que de l’augmentation du temps partiel (+1.0 points de % en passant de 14.9% à 15.9%). La part des hommes dans l’emploi a donc baissé de 58.9% à 55.4% entre 2004 et 2014. C’est d’ailleurs la part des hommes travaillant à temps complet qui est en forte baisse (57.5% de l’emploi total en 2004 et 52.5% en 2014) et non pas la part des hommes travaillant à temps partiel qui est en hausse (1.4% de l’emploi total en 2004 et 2.9% en 2014).

Source : EUROSTAT, STATEC

BEBG CZ

DK DEEE

IE

EL

ES

FR

HR

IT

CY

LVLT

LU

HU

MT

NLAT

PL

PT

RO

SL

SK

FI

SE

UK

ISNO

CH

MK

R² = 0.4034

40

45

50

55

60

65

70

75

80

85

90

40.0 50.0 60.0 70.0 80.0 90.0

Taux

d'e

mpl

oi d

es f

emm

es (e

n %

)

Taux d'emploi des hommes (en %)

Source : STATEC N.B.: population 15-74 ans

1.4 2.9

57.5 52.5

14.9 15.9

26.1 28.6

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2004 2014

Temps partiel - hommes Temps complet - hommes

Temps partiel - femmes Temps complet - femmes

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 62

Graphique 58: Parts dans l’augmentation de l’emploi de 2004 à 2014 selon le sexe et selon le temps complet et le temps partiel (en % du total de l’augmentation de l’emploi de 2004 à 2014)

On peut également approcher l’évolution de l’emploi à travers l’augmentation totale de l’emploi entre 2004 et 2014 selon le sexe et le fait de travailler à temps partiel ou à temps complet (voir Graphique 58). La part des femmes dans l’augmentation de l’emploi des résidents de 2004 à 2014 est de 58.4% et celle des hommes de 41.6%. Avec 39.4%, la part la plus importante dans l’augmentation totale de l’emploi des résidents est celle des femmes travaillant à temps complet. Cette part ce situe au-dessus de la part des hommes travaillant à temps complet: ils contribuent avec 35.7% à l’augmentation totale de l’emploi des résidents de 2004 à 2014. La part des femmes travaillant à temps partiel dans l’augmentation totale de l’emploi national est de 19.0% et celle des hommes travaillant à temps partiel se limite à 5.9%.

Graphique 59: Taux d’emploi par classes d’âge au Luxembourg, 2004 et 2014 (en %)

Le taux d’emploi des 55-64 ans en augmentation significative

En jetant un regard sur les taux d’emploi par classes d’âge, on constate que l’augmentation du taux d’emploi concerne toutes les classes d’âge (voir Graphique 59) mis à part les jeunes de 20 à 24 ans (taux d’emploi en baisse) et de 25-29 ans (taux d’emploi en stagnation). Dans la classe d’âge des 20-24 ans le taux passe de 41.0% en 2004 à 35.4% en 2014, ce qui est dû largement au fait que la proportion des jeunes en éducation ou en formation a augmenté. En fait, c’est le taux d’emploi des 55-64 ans qui a structurellement le plus augmenté au Luxembourg. Pour les 55-59 ans, il évolue de 45.9% en 2004 à 58.1% en 2014, soit une augmentation de près de 12.2 points de %. En 2013, un léger tassement du taux d’emploi pour cette classe d’âge à 54.7% avait été constaté. Le taux d’emploi dans la classe d’âge des 60-64 ans a doublé sur la période 2004 à 2014 en passant de 11.5% à 23.1%, en très légère augmentation par rapport à l’année passée.

Globalement, pour les 55-64 ans, le taux d’emploi était de 30.4% en 2004 et de 42.5% en 2014, soit un écart de +12.1 points de % (voir Graphique 60). Le taux se redresse de 2 points de % par rapport à 2013.

Source : STATEC N.B.: population 15-74 ans

5.9

35.7

19.0

39.4

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

1Temps complet - femmes Temps partiel - femmes

Temps complet - hommes Temps partiel - hommesSource : STATEC

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

20-24

25-29

30-34

35-39

40-44

45-49

50-54

55-59

60-64

Âge2004 2014

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 63

Graphique 60: Évolution du taux d’emploi des 25-54 ans et des 55-64 ans au Luxembourg, 2004-2014 (en %)

Dans la classe d’âge des 25-54 ans, on constate également une tendance à la hausse mais cependant bien moins prononcée, le taux d’emploi passant de 79.3% en 2004 à 83.7% en 2014, soit une progression de 4.4 points de %. Là encore, le taux est en légère augmentation par rapport à 2013. Bien que l’emploi des jeunes soit moins dynamique sur la période étudiée ici, en fin de période leur taux d’emploi est deux fois supérieur à celui de leurs ainés.

L’augmentation du taux d’emploi des 55-64 ans est un phénomène structurel qui concerne pratiquement tous les pays européens (voir Graphique 61). Dans la zone euro, le taux d’emploi dans cette classe d’âge passe de 38.3% en 2004 à 50.1% en 2013, et augmente encore à 51.7% en 2014, soit une hausse à peu près équivalente à celle du Luxembourg. En Belgique, le taux d’emploi des 55-64 augmente également (de 30.1% en 2004 à 42.7% en 2014) dans des proportions similaires au Grand-Duché, alors qu’en France, la tendance à la hausse est un peu plus légère (de 37.5% en 2004 à 46.9% en 2014). En Allemagne, l’augmentation du taux d’emploi des 55-64 ans est très importante en évoluant de 41.4% en 2004 à 63.6% en 2013 et gagne encore 2 points de % en 2014, soit près de vingt-cinq points de % de différence.

Graphique 61: Évolution du taux d’emploi des 55-64 ans au Luxembourg, dans la zone euro et dans les pays voisins, 2004-2014 (en %)

Comme pour le taux d’emploi des femmes, c’est dans les pays nordiques que les taux d’emploi des 55-64 ans sont les plus élevés (voir Graphique 62). L’Islande atteint un taux très élevé de 83.6% en 2014. En Suède, il est de 74.0% en 2014, en Norvège de 72.2% et au Danemark de 63.2%. Malgré la tendance très claire à la hausse du taux d’emploi des travailleurs âgés, le Luxembourg (40.5% en 2013 et 42.5% en 2014) continue à se situer en queue de peloton. Parmi les pays de l’UE-28 seulement 5 pays affichent des taux plus faibles que le Grand-Duché en 2014: la Hongrie (41.7%), Malte (37.7%), la Croatie (36.2%), la Slovénie (35.4%) et la Grèce (34.0%). En Turquie (31.4% en 2014) et dans l’ancienne République yougoslave de Macédoine (38.6%), le taux d’emploi des 55-64 ans est également plus faible qu’au Luxembourg.

En désagrégeant les taux d’emploi des différentes classes d’âge selon le sexe (voir Graphique 63), certaines particularités apparaissent. Pour les hommes, comme pour les femmes, le taux d’emploi fait un bond très important en passant à la classe d’âge des 25-29 ans. Le taux d’emploi féminin se situe au même niveau que celui des hommes (81.0%).

Source : STATEC

79.382.9 83.7

30.4

40.5 42.5

20

30

40

50

60

70

80

90

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

25 - 54 ans 55 - 64 ans Sources : EUROSTAT, STATEC

2025303540455055606570

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Luxembourg Zone euro (19 pays)Belgique AllemagneFrance

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 64

Graphique 62: Taux d’emploi des 55-64 ans en Europe, 2014 (en %)

Graphique 63: Taux d’emploi au Luxembourg par classes d’âge, selon le sexe, 2014 (en %)

Jusque dans la classe d’âge des 35-39 ans, le taux d’emploi augmente, puis se stabilise pour les hommes: il atteint 93.3% chez les 30-34 ans et culmine à 94.7% chez les 35-39 ans en 2014. Pour les femmes, il augmente dans un premier temps en passant de 78.7% chez les 30-34 ans à 81.3% chez les 35-39 ans, puis il est en diminution constante pour toutes les classes d’âge suivantes. Un écart de plus de 20 points de % avec les hommes est observé pour la classe d’âge des 50-54 ans. D’ailleurs pour toutes les classes d’âge, le taux d’emploi masculin est supérieur au taux d’emploi féminin, cet écart se situe entre 13% et 20%, à l’exception des jeunes de 20 à 29 ans où les taux d’emploi pour les hommes et les femmes sont tout à fait similaires.

À partir de la classe d’âge des 50-54 ans, les taux d’emploi commencent une phase descendante continue assez abrupte et cela aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Le taux d’emploi des femmes continue cependant à évoluer assez largement en-dessous de celui des hommes.

Le Graphique 64 résume bien la situation luxembourgeoise en matière de taux d’emploi dans la comparaison avec la zone euro. Pour les hommes, le taux d’emploi est plus faible que dans la zone euro chez les 20-24 ans. Le Luxembourg dépasse le taux de la zone euro - et cela largement - dès la classe d’âge des 25-29 ans. Le taux d’emploi masculin reste au-dessus de la moyenne de la zone euro jusque dans la classe d’âge des 50-54 ans, puis passe en-dessous de la moyenne européenne pour les 55 ans et plus.

Le taux d’emploi féminin de la classe d’âge des 20-24 ans au Luxembourg est également inférieur à celui de la zone euro. Par contre, pour les femmes de 25 à 39 ans, le taux d’emploi au Grand-Duché dépasse très largement la moyenne européenne. Dans la classe d’âge des 40-44 ans, le taux d’emploi féminin chute au Luxembourg et il ne reste que légèrement supérieur à la moyenne européenne. À partir de la classe d’âge des 50-54 ans, le taux d’emploi féminin au Luxembourg est inférieur – d’abord légèrement, puis avec un écart important – à la moyenne de la zone euro.

Source : EUROSTAT, STATEC

31.434.035.436.237.738.641.742.542.542.743.144.344.845.146.246.946.947.850.051.751.853.054.056.256.459.159.961.063.264.065.6

71.672.274.0

83.6

0 20 40 60 80 100

TRELSLHRMTMKHULUPLBEROESSKATITCYFRPTBG

Zone €UE-28

IECZLTLVFINLUKDKEEDECHNOSEIS

Source : STATEC

33.8

81.0

93.9 94.791.4 92.2

88.7

65.8

29.832.8

81.0 78.7 81.377.9

73.867.9

50.2

16.1

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64Âge

Hommes Femmes

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 65

Graphique 64: Taux d’emploi au Luxembourg et dans la zone euro selon l’âge et le sexe, 2014 (en %)

Le taux d’emploi des ressortissants luxembourgeois reste inférieur à celui des étrangers, mais augmente un peu plus fortement que celui des étrangers grâce aux femmes de nationalité luxembourgeoise.

La présence des ressortissants étrangers sur le territoire luxembourgeois résulte d’une migration de travail. Rien d’étonnant donc à ce que le taux d’emploi des ressortissants étrangers soit plus élevé que celui des Luxembourgeois.

Graphique 65: Taux d’emploi au Luxembourg selon la nationalité, 2004-2014 (en %)

Les Luxembourgeois, comme les étrangers, participent à la hausse du taux d’emploi au Luxembourg. En 2004, le taux d’emploi des étrangers était de 70.8%, celui des ressortissants luxembourgeois de 65.5% (soit un écart de plus de 5 points de %). En 2014, le taux d’emploi atteint 74.4% pour les ressortissants étrangers (soit une augmentation de 3.6 points de % par rapport à 2004) et 69.8% pour les Luxembourgeois (c’est-à-dire une augmentation 4.3 de points de % de 2004 à 2014). En 2014, aussi bien le taux d’emploi des étrangers que celui des Luxembourgeois est en hausse par rapport à l’année précédente. Globalement, l’écart en matière de taux d’emploi entre Luxembourgeois et étrangers se réduit sur la période (les deux courbes se rapprochent), l’écart minimum est atteint en 2014 (voir Graphique 65).

Graphique 66: Taux d’emploi au Luxembourg selon la nationalité et le sexe, 2004-20014 (en %)

Sources : EUROSTAT, STATEC

0102030405060708090100

20-24

25-29

30-34

35-39

40-44

45-49

50-54

55-59

60-64

Âge

Total

Zone euro (18 pays) Luxembourg

0102030405060708090100

20-24

25-29

30-34

35-39

40-44

45-49

50-54

55-59

60-64

Âge

Hommes

Zone euro (18 pays) Luxembourg

0102030405060708090100

20-24

25-29

30-34

35-39

40-44

45-49

50-54

55-59

60-64

Âge

Femmes

Zone euro (18 pays) Luxembourg

Source : STATEC

70.8 72.4

72.5 73.8

71.5 72

.8

73.2

73.0 74.4

73.6 74.4

65.5 66.5

66.6

66.1

66.5 68

.3

68.5

67.5 68.6

68.7 69.8

55

60

65

70

75

80

Etrangers Luxembourgeois

Source : STATEC

81.9 83.1

82.5

82.5

79.0 81

.581.8

82.1

82.0

81.3

80.9

59.5 61.7

62.4 65

.163.8

63.8

64.5

63.6 66

.465.4 67.5

50

55

60

65

70

75

80

85

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Etrangers

Hommes étrangers

Femmes étrangerères

76.7

76.7

76.2

74.8

75.7 76.9

77.0

74.5

75.2

74.9 76.0

53.9 56.0 57.1

57.6

57.0 59

.559.8

60.3 62.0

62.5 63.6

50

55

60

65

70

75

80

85

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Luxembourgeois

Hommes luxembourgeois

Femmes luxembourgeoises

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 66

Cette vue générale sur l’évolution du taux d’emploi des Luxembourgeois et des étrangers ne devrait pas occulter le fait que l’augmentation des taux résulte exclusivement pour les Luxembourgeois, comme pour les étrangers, de la hausse du taux d’emploi féminin (Graphique 66). Le taux d’emploi des femmes de nationalité étrangère passe de 59.5% en 2004 à 67.5% en 2014, soit une augmentation de 8 points de % sur la période. Le taux d’emploi des hommes de nationalité étrangère reste assez stable autour de 80%. C’est le taux d’emploi des femmes luxembourgeoises qui connait la hausse la plus importante: de 53.9% en 2004 à 63.6 en 2014, soit une progression de près de 10 points de %. Ce taux se situe encore en-dessous de celui des femmes étrangères, mais l’écart s’est beaucoup réduit en 10 ans. À noter que le taux d’emploi des hommes luxembourgeois reste assez stable autour de 75%.

Divergences entre “communautaires” et “non-communautaires”

On a vu que le taux d’emploi global des ressortissants étrangers est plus élevé que celui des Luxembourgeois. C’est d’ailleurs vrai pour les hommes comme pour les femmes, du moins pour les étrangers communautaires, c’est-à-dire venant des autres pays de l’UE-28 (voir Graphique 67). Le taux d’emploi des hommes étrangers originaires de l’UE-28 est de 81.8% en 2014, alors qu’il n’est que de 76.0% pour les hommes luxembourgeois. Pour les femmes, les taux sont respectivement de 70.0% (étrangères de l’UE-28) et de 63.6% (Luxembourgeoises).

La situation des étrangers non-communautaires (hors UE-28) est différente. On constate que le taux d’emploi des hommes non-communautaires est assez élevé (70.3%). Pour les femmes non-communautaires, le taux d’emploi est beaucoup plus faible avec 47.2% en 2014 (voir Graphique 67). Il est très inférieur à celui des Luxembourgeoises (47.2% contre 63.6% en 2014) et l’écart est encore plus grand par rapport aux femmes originaires de l’UE-28 (47.2% contre 70.0% en 2014). Globalement, c’est donc parmi les étrangères non-communautaires que les taux d’emploi sont les plus faibles.

Graphique 67: Taux d’emploi au Luxembourg par sexe, selon la nationalité, 2014 (en %)

Le niveau d’éducation, un déterminant essentiel du taux d’emploi

L’impact du niveau d’éducation sur le taux d’emploi est considérable. En 2014, au Luxembourg, le taux d’emploi des personnes ayant un niveau d’éducation élevé (enseignement tertiaire, CITE 5-6) est de 83.0%, contre 67.1% pour ceux ayant un niveau d’éducation moyen (enseignement secondaire supérieur et postsecondaire non-tertiaire, CITE 3-4) et seulement 57.3% pour ceux ayant un niveau d’éducation faible (enseignement pré-primaire, primaire et secondaire inférieur, CITE 0-2) (voir Graphique 69).

À cela s’ajoute que les taux d’emploi sont orientés à la hausse pour les personnes ayant un niveau d’éducation élevé en passant de 81.9% en 2004 à 83.0% en 2014. À noter toutefois que cette hausse intervient surtout dans les années 2004 à 2006. Pour ceux ayant un niveau d’éducation moyen, le taux d’emploi recule en tendance (de 68.2% à 67.1% de 2004 à 2014). Pour les personnes ayant un niveau d’éducation faible, le taux d’emploi diminue aussi sur la période analysée passant de 58.1% en 2004 à 57.3% en 2014.

Source : STATEC

81.8

70.376.0

70.0

47.2

63.6

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

UE-28 Hors UE-28 Luxembourgeois

Hommes Femmes Ensemble (femmes + hommes)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 67

Graphique 68: Taux d’emploi au Luxembourg selon le niveau d’éducation, 2004-2014 (en %)

Graphique 69: Taux d’emploi au Luxembourg et dans la zone euro, selon le niveau d’éducation, 2014 (en %)

On retrouve des caractéristiques similaires dans le reste de l’Europe (voir Graphique 69). Les taux d’emploi augmentent avec le niveau de qualification. En 2014, dans la zone euro, on passe d’un taux de 51.5% pour les personnes ayant un niveau d’éducation faible à 70.1% pour ceux ayant un niveau d’éducation moyen et à 81.0% pour les personnes ayant un niveau d’éducation élevé. À noter aussi les différences entre le Luxembourg et la zone euro: pour les personnes ayant un niveau d’éducation faible, le taux d’emploi est plus élevé au Luxembourg (57.3%, contre 51.5% dans la zone euro). En revanche, chez les personnes ayant un niveau d’éducation moyen, le taux d’emploi est légèrement plus élevé dans la zone euro qu’au Luxembourg (70.1%, contre 67.1%). Finalement, pour les personnes ayant un niveau d’éducation élevé, le taux d’emploi est légèrement supérieur au Luxembourg (83.0% contre 81.0% dans la zone euro en 2014).

Les différences de genre jouent quel que soit le niveau d’éducation. À tous les niveaux d’éducation, les taux d’emploi des femmes sont plus faibles que ceux des hommes (voir Graphique 70). Le taux d’emploi des hommes qui ont un niveau d’éducation élevé (enseignement tertiaire) est de 87.1% en 2014 au Luxembourg, alors que celui des femmes ayant le même niveau d’éducation est de seulement 78.5%.

Pour le niveau d’éducation moyen, les taux d’emploi en 2014 sont de respectivement 73.8% pour les hommes et de 60.1% pour les femmes. Quant au niveau d’éducation faible, les taux au Luxembourg sont de respectivement 65.8% pour les hommes et 50.1% pour les femmes en 2014.

Graphique 70: Taux d’emploi au Luxembourg par sexe, selon le niveau d’éducation, 2014 (en %)

Source : STATEC N.B.: CITE = Classification internationale Type de l'éducation. CITO 0-2 = enseignement pré-primaire, primaire, secondaire inférieur: CITE 3-4 = enseignement secondaire supérieur et post-secondaire non-tertiaire; CITE 5-6 = enseignement tertiaire

58.1 57.3

68.267.1

81.9 83.0

50

55

60

65

70

75

80

85

90

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Niveau d'éducation faible (CITE 0-2)Niveau d'éducation moyen (CITE 3-4)Niveau d'éducation élevé (CITE 5-6)

Source : STATEC N.B.: CITE = Classification internationale Type de l'éducation. CITE 0-2 = enseignement pré-primaire, primaire, secondaire inférieur: CITE 3-4 = enseignement secondaire supérieur et post-secondaire non-tertiaire; CITE 5-6 = enseignement tertiaire

57.367.1

83.0

51.5

70.181.0

0102030405060708090

Inférieur au primaire,primaire et premiercycle secondaire(niveaux 0-2)

Deuxième cycle dusecondaire et post-secondaire non-

supérieur (niveaux 3 et4)

Enseignement supérieurde cycle court, licence

ou équivalent, master ouéquivalent et doctoratou équivalent (niveaux

5-8)

Luxembourg Zone euro

Source : STATEC N.B.: population 15-64 ans

65.873.8

87.1

50.160.1

78.5

0102030405060708090100

Inférieur au primaire,primaire et premiercycle secondaire(niveaux 0-2)

Deuxième cycle dusecondaire et post-secondaire non-

supérieur (niveaux 3 et4)

Enseignementsupérieur de cyclecourt, licence ou

équivalent, master ouéquivalent et doctoratou équivalent (niveaux

5-8)Hommes Femmes

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 68

Tableau 22: Taux d’emploi dans la Grande-Région par sexe, 2004 et 2014 (en %)

L’écart entre les taux d’emploi masculin et féminin est donc plus faible pour les personnes ayant un niveau d’éducation élevé (écart de 8.6 points de % entre les hommes et les femmes en 2014) que pour ceux ayant un niveau d’éducation faible (écart de 15.7 points de % entre les hommes et les femmes).

Les taux d’emploi dans la Grande-Région

Les niveaux des taux d’emploi des entités territoriales composant la Grande-Région sont, globalement, le reflet de ce qui se passe dans les pays respectifs auxquels elles appartiennent.

En 2014, le taux d’emploi en Rhénanie-Palatinat (78.1%) est élevé, tout comme en Allemagne dans son ensemble (77.7%). En Sarre, le taux d’emploi est plus faible (73.9% en 2014), mais il se situe toujours au-dessus des autres régions composant la Grande-Région (61.8% en Région wallonne, 65.9% en Lorraine et 72.1% au Luxembourg). En Région wallonne, le taux d’emploi est plus faible qu’en Belgique dans son ensemble (61.8% contre 67.3% en 2014). Néanmoins, cela est dû largement aux faibles taux de la Province de Namur (66.4%), de la Province de Liège (60.7%) et, surtout, de la Province du Hainaut (57.6% en 2014). Par contre, les taux du Brabant Wallon (68.9%) et de la Province du Luxembourg (68.5%) dépassent la moyenne belge.

Graphique 71: Taux d’emploi des hommes et des femmes dans la Grande-Région, 2014 (en %)

En Lorraine, le taux d’emploi (65.9% en 2014) se situe en-dessous de la moyenne française (69.4%), mais également en-dessous des taux d’emploi des régions allemandes. Quant au Luxembourg, son taux d’emploi (72.1% en 2014) se situe entre les taux élevés des régions allemandes et les taux plus faibles de la Lorraine et de la Région wallonne.

D’une manière générale, les entités territoriales de la Grande-Région où les taux d’emploi des hommes sont élevés sont également celles où les taux d’emploi féminins sont élevés et inversement (voir Graphique 71). Grosso modo, on peut distinguer 3 groupes: les entités territoriales allemandes qui ont des taux d’emploi masculins et féminins importants. Un deuxième groupe est constitué par les provinces de Liège et du Hainaut où les taux d’emploi sont faibles pour les deux sexes. Et finalement un groupe intermédiaire ayant des taux d’emploi masculins et féminins moyens auquel appartient la Lorraine, la Province du Luxembourg belge, le Brabant Wallon et le Grand-Duché de Luxembourg. Le Grand-Duché se place un peu en-dessous de la droite de régression, signe que le taux d’emploi féminin est relativement faible dans la comparaison avec le taux d’emploi masculin.

2004 2014 2004 2014 2004 2014

Zone euro (19 pays) 67.0 68.1 76.0 73.7 58.1 62.6Belgique 65.8 67.3 74.0 71.6 57.6 62.9

Région wallonne 60.9 61.8 69.1 65.9 52.7 57.8Prov. Brabant Wallon 67.6 68.9 76.3 72.8 59.1 65.1Prov. Hainaut 57.3 57.6 65.7 61.5 49.1 53.8Prov. Liège 59.9 60.7 67.6 64.9 52.3 56.5Prov. Luxembourg (BE) 66.2 68.5 76.3 74.1 55.8 62.6Prov. Namur 64.9 66.4 72.6 69.6 57.0 63.3

Allemagne 67.9 77.7 74.0 82.3 61.8 73.1Rheinland-Pfalz 68.8 78.1 77.2 83.4 60.4 72.8Koblenz 69.1 78.1 79.0 83.9 59.2 72.2Trier 69.1 80.8 77.8 85.7 60.2 75.9Rheinhessen-Pfalz 68.6 77.4 75.6 82.4 61.4 72.4

Saarland 65.2 73.9 72.4 80.2 57.7 67.6France 68.7 69.4 75.2 73.3 62.4 65.7

Lorraine 62.6 65.9 72.3 71.1 53.0 60.9Luxembourg 67.7 72.1 78.9 78.4 56.2 65.5

Sources : EUROSTAT, STATEC

Total Hommes Femmes

Sources : EUROSTAT, STATEC

Brabant Wallon

Prov. du Hainaut

Prov. de Liège

Prov. du Luxembourg

belge

Prov. de Namur

Koblenz

Trier

Rheinhessen-Pfalz

Saarland

Lorraine

Luxembourg

R² = 0.9367

50

55

60

65

70

75

80

60 65 70 75 80 85 90

Taux

d'e

mpl

oi d

es f

emm

es (e

n %

)

Taux d'emploi des hommes (en %)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 69

L’augmentation la plus forte des taux d’emploi de 2004 à 2014 au sein de la Grande-Région (voir Tableau 23) peut être décelée dans les régions allemandes de la Rhénanie-Palatinat (+9.3 points de % de 2004 à 2014) et de la Sarre (+8.7 points). L’évolution dans ces deux “Länder” allemands est d’ailleurs en accord avec celle de l’Allemagne dans son ensemble (+9.8 points) où le taux d’emploi a évolué de façon plus dynamique qu’en Belgique (+1.5 points), qu’au Luxembourg (+4.4 points) et, surtout, qu’en France (+0.7 points).

À première vue, la très forte hausse du taux d’emploi en Allemagne et dans les régions allemandes de la Grande-Région peut paraître en contradiction avec la croissance relativement faible de l’emploi (voir plus haut). Il semble qu’il faille mettre la hausse importante des taux d’emploi en Allemagne en relation avec l’évolution démographique atone (la Sarre perd même des habitants) qui ne permettrait pas de répondre à la croissance (même limitée) du nombre d’emplois. L’augmentation du taux d’emploi pourrait en être la conséquence.

On constate encore que le taux d’emploi des hommes a évolué à la baisse dans beaucoup de sous-régions faisant partie de la Grande-Région. C’est notamment le cas de toutes les sous-régions belges, la chute est le plus prononcée dans la province du Hainaut (-4.2 points) et dans la province du Brabant Wallon (-3.5 points). Globalement, le taux d’emploi des hommes dans la Région wallonne a donc baissé (-3.2 points).

À noter que le recul du taux d’emploi des hommes dans la Région wallonne (-3.2 points), dépasse celui de la Belgique dans son ensemble (-2.4 points). En Lorraine, le taux d’emploi des hommes est également en baisse (-1.2 point); ce recul est cependant moins important qu’en France dans son ensemble (-1.9 point). Dans les “Länder” allemands, par contre, l’augmentation des taux d’emploi masculins est conséquente (+6.2 points en Rhénanie-Palatinat et même + 7.8 points en Sarre). Au Luxembourg, le taux d’emploi des hommes est en quasi-stagnation (-0.5 points).

Par contre, dans toutes les entités territoriales de la Grande-Région, le taux d’emploi féminin est en hausse: en très forte hausse en Rhénanie-Palatinat (+12.4 points de 2004 à 2014), en Sarre (+9.9 points) et au Luxembourg (+9.3 points) et en hausse en Lorraine (+1.7 point) et en Région wallonne (+6.6 points de 2003 à 2013).

Tableau 23: Variation du taux d’emploi dans la Grande-Région par sexe, 2004-2014 (en points de %)

Variation du taux

d'emploi total (en

points de %)

Variation du taux d'emploi des hommes (en points de

%)

Variation du taux d'emploi des femmes (en points de

%)

Zone euro (19 pays) 1.1 -2.3 4.5Belgique 1.5 -2.4 5.3

Région wallonne 0.9 -3.2 5.1Prov. Brabant Wallon 1.3 -3.5 6.0Prov. Hainaut 0.3 -4.2 4.7Prov. Liège 0.8 -2.7 4.2Prov. Luxembourg (BE) 2.3 -2.2 6.8Prov. Namur 1.5 -3.0 6.3

Allemagne 9.8 8.3 11.3Rheinland-Pfalz 9.3 6.2 12.4Koblenz 9.0 4.9 13.0Trier 11.7 7.9 15.7Rheinhessen-Pfalz 8.8 6.8 11.0

Saarland 8.7 7.8 9.9France 0.7 -1.9 3.3

Lorraine 3.3 -1.2 7.9Luxembourg 4.4 -0.5 9.3

Sources : STATEC, EUROSTAT

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 70

1.3 Le travail à temps partiel

Il convient de souligner que dans ce qui suit les données présentées sont issues de l’enquête forces de travail (EFT). Le concept d’emploi utilisé dans ce contexte est celui du BIT et signifie notamment que cette section ne concerne que les salariés résidents, à l’exclusion donc des frontaliers.

Tableau 24: Proportion du travail à temps partiel au Luxembourg selon le sexe, 2005-2014 (en %)

Le taux de travail à temps partiel des hommes reste faible comparé à la moyenne européenne…

Au Luxembourg, le travail à temps partiel est nettement plus répandu chez les femmes que chez les hommes. En 2014, il atteignait 35.4% de l’emploi total. En 2012, il atteignait 35.9% de l’emploi total des femmes, alors que le taux correspondant pour les hommes n’était que de 4.3%; ce qui donne un taux de travail à temps partiel global de 18.3% (voir Tableau 24). En tendance, il y a une augmentation de l’emploi à temps partiel masculin. En 2005, il n’était que de 2.3%, contre 4.3% en 2014. Cela se répercute sur le taux global de travail à temps partiel qui a également tendance à croître. À noter que le travail à temps partiel des femmes semble se tasser légèrement: en 2005, 38.3% des femmes de 20 à 64 ans travaillaient à temps partiel, en 2014, le pourcentage est inférieur avec 35.4%.

Malgré la hausse du temps partiel masculin, le Luxembourg se trouve toujours en queue de peloton concernant le temps partiel des hommes. Seules la

Bulgarie (2.2% en 2014), la République tchèque (2.4%), la Slovaquie (3.7%), la Croatie (4.0%), la Hongrie (4.1%) et la Pologne (4.1%) ont des taux encore plus faibles. Les Pays-Bas sont le premier de la liste des pays européens quant au temps partiel masculin (avec un taux exceptionnellement élevé de 22.2%). Dans les pays nordiques on trouve également des taux de travail à temps partiel masculins situés au-dessus de la moyenne de l’UE-28: au Danemark 11.7%, en Suède 11.8% et en Norvège 11.9%. En Irlande et au Royaume-Uni (respectivement 12.3% et 9.9%), le temps partiel des hommes est également plus développé qu’en Europe en moyenne. Avec 15.1%, la Suisse se place également assez près de la tête pour le temps partiel masculin. L’Allemagne avec un taux de 8.9% se classe aussi au-dessus de la moyenne européenne.

En comparant la fréquence du temps partiel dans les pays européens, on constate que le Luxembourg se situe un peu en-dessous de la moyenne européenne quant au taux global (18.3% au Grand-Duché contre 21.2% dans la zone euro et 19.0% dans l’UE-28 en moyenne pour l’année 2014).

On note encore que ce taux global assez réduit pour le Luxembourg est dû surtout au taux de travail à temps partiel faible des hommes (4.3% au Luxembourg, contre 8.2% dans l’UE-28 en moyenne en 2014). Par contre, le travail à temps partiel des femmes est plus fréquent au Luxembourg (35.4%) que dans l’UE-28 (31.7%) et il se situe à un niveau légèrement inférieur que dans la zone euro en moyenne (35.8%).

… le temps partiel reste un phénomène largement féminin, même si la proportion de femmes travaillant à temps partiel se tasse

En ce qui concerne la proportion de femmes travaillant à temps partiel (35.4% en 2014), le Luxembourg se trouve plus près de la tête du peloton européen. Comme pour le travail à temps partiel masculin, ce sont les Pays-Bas qui sont en première ligne avec un taux de travail à temps partiel féminin extrêmement élevé de 75.1% en 2014.

Année Total Hommes Femmes

2005 17.4 2.3 38.32006 17.1 2.4 36.42007 17.8 2.5 37.32008 18.0 2.5 38.32009 17.5 4.3 34.82010 17.4 3.2 35.82011 17.9 4.1 35.82012 18.3 4.3 35.92013 18.5 4.7 35.82014 18.3 4.3 35.4

Source: STATEC

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 71

Graphique 72: Proportion du travail à temps partiel au Luxembourg et dans les pays européens, selon le sexe, 2014 (en %)

Graphique 73: Proportion du travail à temps partiel et écarts entre les sexes, 2014 (en %, écarts en points de %)

Sources : STATEC, EUROSTAT

2.45.05.25.45.56.06.76.88.28.58.59.29.29.910.412.713.314.515.617.118.018.318.419.020.921.222.123.323.523.524.026.627.4

37.446.7

0 20 40 60

BGSKCRCZMCHULVPLEELTROELSIPTTRFICYMTESISITLUFR

UE-28DK

Zone €IESEBENOUKDEATCHNL

Total

2.74.76.76.78.38.89.29.410.210.610.912.412.913.016.517.521.425.327.227.930.431.231.732.133.635.435.835.936.440.141.0

46.747.2

62.975.1

0 20 40 60 80

BGMCCRSKHULVROCZPLLTEEPTELSICYFITRESISMTFRDK

UE-28ITIELU

Zone €SENOUKBEDEATCHNL

Femmes

2.22.43.74.04.14.14.34.55.65.86.06.16.26.36.57.17.57.57.77.78.08.18.28.28.78.99.49.910.211.711.811.912.3

15.122.2

0 10 20 30

BGCZSKCRHUPLLULVEETRMCSIMTLTELFRESPTITISROFI

UE-28BE

Zone €DEATUKCYDKSENOIECHNL

Hommes

Sources : STATEC, EUROSTAT

-10

0

10

20

30

40

50

60

70

80

MA BG RO CR SK HU LT LV PT EE PL CY EL SI CZ FI TR ES IS DK IE MT FR

UE-28 SE IT NO

Zone € UK LU BE DE AT CH NL

Ecart hommes - femmes (en points de %) Hommes Femmes

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Cahier économique 120 72

Graphique 74: Part des femmes dans l’emploi à temps partiel total, 2004 et 2014 (en %)

En Suisse (62.9% en 2014), en Autriche (47.2%), en Allemagne (46.7%), en Belgique (41.0%), au Royaume-Uni (40.1%), en Norvège (36.6%) et en Suède (35.9%) les taux sont plus élevés qu’au Luxembourg.

Malgré l’augmentation du temps partiel masculin (4.3% en 2014 contre 2.3% en 2005) et malgré le fait que la part des femmes travaillant à temps partiel se tasse un peu (38.3% en 2004 et 35.4% en 2014), les femmes restent largement majoritaires parmi les personnes ne travaillant pas à temps complet. Au Luxembourg, la part des femmes dans l’emploi à temps partiel est en recul (comme d’ailleurs dans les autres pays de l’UE et notamment les pays voisins), mais elle continue à se situer à 87.2% (voir Graphique 74). Avec ce pourcentage, le Luxembourg se place largement au-dessus des chiffres des pays voisins et de la zone euro et de l’UE-28 en moyenne. Dans la zone euro, la part des femmes dans l’emploi à temps partiel n’est que de 78.0% en 2014.

Par ailleurs, l’écart entre l’emploi à temps partiel masculin et féminin reste important au Luxembourg. La différence entre le taux de temps partiel des hommes et celui des femmes est de 31.1 points de %. En Belgique, en Allemagne, en Autriche, en Suisse et aux Pays-Bas, l’écart est encore plus conséquent, mais les raisons ne sont pas les mêmes. Au Luxembourg, en Belgique, en Allemagne et en Autriche, c’est surtout le taux relativement faible du travail à temps partiel des

hommes qui explique l’écart important. Aux Pays-Bas, par contre, où le temps partiel des hommes est très développé, c’est la proportion extrêmement élevé du temps partiel parmi les femmes (75.1%) qui est à l’origine de l’écart important entre les genres. C’est dans les “nouveaux Etats membres” de l’Est européen que l’écart du temps partiel entre hommes et femmes est le plus faible. C’est également dans ces pays que le temps partiel est le moins répandu d’une façon générale.

En Europe le travail à temps partiel a tendance à se développer, mais au Luxembourg la tendance est un peu moins prononcée

D’une façon générale, le travail à temps partiel a tendance à augmenter dans pratiquement tous les pays de l’UE, ce qui se répercute sur le taux moyen qui passe de 16.7% en 2004 à 21.2% en 2014 dans la zone euro (voir Graphique 75 et Graphique 76). Le Luxembourg participe donc à un mouvement de fond (de 16.4% en 2004 à 18.3% en 2014) dépassant le cadre national.

Pour fixer les idées, on peut mentionner les chiffres absolus: en 2004 sur un emploi résident total de quelque 188 000 personnes au Luxembourg, 31 000 travaillaient à temps partiel, dont 3 000 hommes et 28 000 femmes. En 2014, sur un emploi total résident d’environ 240 000 personnes, 44 000 avaient un emploi à temps partiel, dont 6 000 hommes et 38 000 femmes. En d’autres mots, même si le temps partiel reste peu répandu chez les hommes au Luxembourg, la progression relative est plus importante que pour les femmes. Le temps partiel des hommes est multiplié par 2 au Grand-Duché (en partant, il est vrai, d’un niveau extrêmement faible), alors que le temps partiel des femmes n’augmente que de 36% environ de 2004 à 2014.

Sources : STATEC, EUROSTAT

80.2 82.0 83.5 85.8 83.7

91.5

76.8 78.081.4 82.3 80.0

87.2

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

UE-28 Zone € BE DE FR LU2004 2014

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Cahier économique 120 73

Graphique 75: Proportion du travail à temps partiel au Luxembourg et dans la zone euro, selon le sexe, en 2004 et 2014 (en %)

Graphique 76: Évolution de la proportion du travail à temps partiel au Luxembourg, dans la zone euro et dans les pays voisins, 2004-2014 (en %)

Dans la classe d’âge des 15-24 ans, malgré la hausse récente, le temps partiel au Luxembourg reste moins fréquent qu’en Europe en moyenne

Dans la classe d’âge des 15-24, le travail à temps partiel a fortement augmenté depuis quelques années au Luxembourg (de 7.7% en 2004 à 28.1% en 2014). L’écart entre le Luxembourg et la zone euro c’est considérablement réduit dans cette classe d’âge; si en 2004 cet écart se chiffrait encore à 13.5 points de %, en 2014 il n’atteint plus que 3.7 points de %. Pour les classes d’âge des 25-49 l’écart avec la zone euro est similaire avec 3.3 points de % en 2014. En ce qui concerne la classe d’âge des 50-64, les taux de temps partiel du Luxembourg sont très légèrement inférieurs à ceux de la zone (0.8 points de % en 2014).

Pour les travailleurs “âgés” de 50 à 64 ans, le temps partiel au Luxembourg est, en revanche, plus fréquent (21.2%) que pour les 25 à 49 ans. Au Luxembourg, le taux des travailleurs de plus de 50 ans travaillant à temps partiel était supérieur à la moyenne de la zone euro depuis 2011, en 2014 ce taux repasse légèrement sous la moyenne de la zone euro. Comme dans la zone euro, la part du temps partiel parmi les travailleurs “âgés” au Luxembourg est plutôt en augmentation depuis une dizaine d’années (voir Graphique 78).

Graphique 77: Proportion du travail à temps partiel par classe d’âge au Luxembourg et dans la zone euro, 2014 (en %)

Sources : STATEC, EUROSTAT

16.7

21.2

5.38.7

31.435.8

16.418.3

2.34.3

36.6 35.4

0

5

10

15

20

25

30

35

40

2004 2014 2004 2014 2004 2014

Total Total Hommes Hommes Femmes Femmes

Zone € Luxembourg

Sources : STATEC, EUROSTAT

15

17

19

21

23

25

27

29

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

LU Zone € BE DE FR

Sources : STATEC, EUROSTAT

28.1

16.8

21.2

31.8

20.122.0

0

5

10

15

20

25

30

35

15-24 25-49 50-64

Âge

LU Zone €

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 74

Graphique 78: Évolution de la proportion du travail à temps partiel parmi les 50-64 ans au Luxembourg et dans la zone euro, 2004-2014 (en %)

Le travail à temps partiel est le plus fréquent dans les “Activités des ménages en tant qu’employeurs”, dans les “Arts, spectacles et activités récréatives” dans la “Santé et action sociale”, dans les “autres services”, dans les “Activités de services administratifs et de soutien” dans l’”Enseignement” …

On peut exprimer le temps partiel en pourcentage de l’emploi dans les différentes branches économiques ou en pourcentage de l’emploi à temps partiel total (voir Tableau 25).

Tableau 25: L’emploi à temps partiel par branche économique au Luxembourg, 2014

Dans quelles branches, le pourcentage de l’emploi à temps partiel par rapport à l’emploi de la branche dépasse-t-il la moyenne de l’économie luxembourgeoise ? Il s’agit d’abord de la branche des “Activités des ménages en tant qu’employeurs” (activités de nettoyage, par exemple) avec 75.0% en 2014. Viennent ensuite la “Arts, spectacles et activités récréatives” (40.7%), la “Santé et action sociale” (35.8%), les “Autres activités de services” (34.2%), les “Activités de services administratifs et de soutien” (31.3%), les “Activités immobilières” (31.3%), l’ “Enseignement” (24.3%), l’hébergement et restauration (20.8%), et l’ ”Administration publique” (20.3%). Le “Commerce et réparation automobile” avec un taux de 19.1% se situe autour de la moyenne.

Sur l’ensemble des emplois à temps partiel des résidents quelque 20.7% se trouvent dans la branche “Santé et action sociale”, 12.1% dans l’administration publique, ainsi que 10.8% dans l’enseignement, soit au total près de 44% des emplois à temps partiel qui se situent dans des branches relevant de près ou de loin du “service public”. En y ajoutant les “Activités financières” (8.9% du total de l’emploi à temps partiel) et le “Commerce” (8.6%), on arrive à plus de 60% des emplois à temps partiel qui se trouvent dans ces 5 branches économiques.

… et le temps partiel est le moins fréquent dans l’industrie, la construction, et les transports

Dans l’industrie, la part du temps partiel n’atteint que 4.5 % de l’emploi de cette branche en 2014. Le pourcentage est de seulement 6.3% dans la construction et, dans les transports, il ne dépasse pas les 11%. Dans ces trois branches on ne trouve qu’à peine 5% de l’emploi à temps partiel du total des résidents. Le Graphique 79 montre clairement que plus l’emploi des branches est féminisé, plus la part du temps partiel dans la branche est élevée.

Sources : STATEC, EUROSTAT

10

12

14

16

18

20

22

24

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

LU Zone €

Branche économique

Emploi à temps partiel en % de

l'emploi de la branche

Emploi à temps partiel de la branche en % de

l'emploi à temps partiel total

Ensemble des activités économiques 18.3 100.0Industrie manufacturière 4.5 1.3Construction 6.3 1.5Commerce; réparation d'automobiles 19.1 8.6Transports et entreposage 10.9 2.4Hébergement et restauration* 20.8 3.5Information et communication 13.8 3.2Activités financières et d'assurance 13.2 8.9Activités immobilières** 31.3 1.1Activités spécialisées, scientifiques et techniques 14.6 6.3Activités de services administratifs et de soutien 31.3 4.3Administration publique 20.3 12.1Enseignement 24.3 10.8Santé humaine et action sociale 35.8 20.7Arts, spectacles et activités récréatives 40.7 2.4Autres activités de services 34.2 2.8Activités des ménages en tant qu'employeurs 75.0 6.5Activités extra-territoriales 4.6 1.7Sans indication et autres activités 15.1 1.7

Source: STATEC ** = chiffres de 2012, *= chiffres de 2013

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 75

Graphique 79: Travail à temps partiel et emploi féminin par branche économique au Luxembourg, 2014 (en %)

La fréquence du temps partiel est encore largement déterminée par la présence d’enfants … pour les femmes

En 2014, le pourcentage des femmes ayant un emploi, n’ayant pas d’enfants et travaillant à temps partiel est de 23.6% (voir Graphique 80). Pour les femmes avec 1 enfant, le taux passe à 37.2%. La part du temps partiel des femmes passe à 48.3% pour les femmes ayant 2 enfants et à 50.2% pour les femmes ayant 3 enfants ou plus. Pour les hommes, les taux se situent à moins de 5% pour toutes les situations à l’exception des pères ayant un enfant à charge où le taux est légèrement au-dessus de 5%.

À noter toutefois que, pour les femmes avec enfants, la proportion du temps partiel tend à se tasser de 2006 à 2014. Pour les femmes n’ayant pas d’enfants, le pourcentage de celles travaillant à temps partiel est le plus bas comme on l’a vu, mais il reste pratiquement au même niveau en 2013 qu’en 2005. Pour les femmes ayant un enfant, la part du temps partiel est passée de 42.8% en 2006 à 37.2% en 2014. Pour les femmes avec 2 enfants, le taux évolue de 57.7% à 48.3% (la baisse la plus prononcée) et, pour les femmes avec 3 enfants ou plus, de 58.6% à 50.2%.

Graphique 80: Proportion du travail à temps partiel des femmes et des hommes selon le nombre d’enfants au Luxembourg, 2006 et 2014 (en %)

En ce qui concerne l’impact de l’âge des enfants, on peut se référer au pourcentage des femmes travaillant à temps partiel selon l’âge du plus jeune enfant (voir Graphique 81). Pour les femmes ayant un ou plusieurs enfants, le pourcentage de celles qui travaillent à temps partiel est de 40.7% en 2014 si l’enfant le plus jeune a moins de 6 ans. Le pourcentage monte à 48.7% lorsque le plus jeune enfant a de 6 à 12 ans, puis revient à 43.9% si le plus jeune enfant a 12 ans ou plus. Là encore, on constate que la part des femmes travaillant à temps partiel tend à reculer de 2006 à 2014 quel que soit l’âge du plus jeune enfant. La baisse est la plus prononcée pour les femmes dont le plus jeune enfant est âgé de 6 à 12 ans: dans ce cas de figure la part du temps partiel des femmes passe de 58.8% en 2006 à 48.7% en 2014.

Tableau 26: Proportion du travail à temps partiel des femmes et des hommes selon la composition du ménage, 2006 et 2014 (en %)

Source : STATEC

IndustrieConstruction

Commerce

TransportsHébergement et restaurationInformation et

communication

Administration publique

Enseignement

Santé et action sociale

Arts et spectacles

MénagesR² = 0.7097

0

10

20

30

40

50

60

70

80

0 20 40 60 80 100

Empl

oi à

tem

ps p

arti

el e

n %

de

l'em

ploi

de

la b

ranc

he

Part des femmes dans l'emploi de la branche (en%) Sources : STATEC, EUROSTAT

36.2

20.9

42.8

57.7

58.6

35.2

23.6

37.2

48.3

50.2

0

10

20

30

40

50

60

70

Total

Aucun enfant

1 enfant

2 enfants

3 enfants ou plus

Femmes

2006 2014

2.6

2.8

2.4

2.6

0.04.6

4.5 5.4

4.3

4.2

0

10

20

30

40

50

60

70

Total

Aucun enfant

1 enfant

2 enfants

3 enfants ou plus

Hommes

2006 2014

2006 2014 2006 2014 2006 2014

Total 17.1 18.3 2.6 4.6 36.2 35.2Adulte seul - total 12.1 14.2 .. 4.5 18.0 25.9Adulte seul avec enfants 36.5 40.7 .. .. 43.7 42.2Adulte seul sans enfants 7.9 9.2 .. 3.6 11.6 18.6Adulte vivant en couple - total 18.2 19.4 2.2 3.7 44.8 38.9

Adulte vivant en couple avec enfants 21.7 22.2 2.2 3.5 54.4 46.2

Adulte vivant en couple sans enfants 11.0 13.0 2.2 4.2 25.1 23.0

Source : STATEC .. = nombre d'observations faible

Total Hommes Femmes

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 76

Graphique 81: Proportion du travail à temps partiel des femmes et des hommes selon l’âge du (plus) jeune enfant au Luxembourg, 2006 et 2014 (en%)

En ce qui concerne le temps partiel selon la composition du ménage (voir Tableau 26), on peut noter que la proportion est la plus élevée pour les femmes vivant en couple et ayant des enfants (46.2%). Cependant, de 2006 à 2014, le pourcentage a fortement reculé. Il était encore de 54.4% en début de période.

Un niveau d’éducation faible augmente la probabilité de travailler à temps partiel

Au Luxembourg, la proportion du travail à temps partiel parmi les personnes (de 20 à 64 ans) ayant un niveau d’éducation faible est de 24.8% en 2014. Elle est de 21.9% parmi ceux qui ont un niveau d’éducation moyen et de seulement 13.8% pour les personnes ayant un niveau d’éducation élevé (voir Tableau 27). Cette caractéristique – c’est-à-dire une diminution de la fréquence du temps partiel avec le niveau d’éducation – se retrouve dans l’ensemble des pays européens. Dans l’UE-28, en 2014, la proportion du temps partiel est de 24.6% pour ceux qui ont un niveau d’éducation faible. Cette proportion, descend à 16.3% pour ceux ayant un niveau d’éducation élevé.

En ce qui concerne l’évolution depuis 2005, on note une augmentation du temps partiel pour tous les niveaux d’éducation au Luxembourg. À l’exception du niveau d’éducation moyen cette évolution est moins prononcée au Luxembourg que dans les pays voisins et en Europe dans son ensemble.

Tableau 27: Proportion du travail à temps partiel par niveau d’éducation au Luxembourg, dans les pays voisins et dans l’UE, 2005 et 2014 (en %)

Néanmoins, il convient de nuancer. La part du temps partiel des résidents au Luxembourg ayant un niveau d’éducation faible (CITE 0-2) augmente en passant de 21.7% en 2004 à 23.0% en 2013. Avec ce taux, le Luxembourg se situe tout près de la moyenne européenne et assez près du taux français. Par contre, en Belgique et en Allemagne, le pourcentage correspondant dépasse les 30%. En Allemagne, la part du temps partiel a augmenté de 7.6 points de % de 2004 à 2013 pour les personnes ayant un niveau d’éducation faible.

Au Grand-Duché, la part du temps partiel des personnes ayant un niveau d’éducation moyen (CITE 3-4) évolue fortement à la hausse en passant de 15.9% en 2005 à 21.9% en 2014. Néanmoins, avec ce taux, le Luxembourg continue de se placer en-dessous des taux correspondants de l’Allemagne (28.4% en 2014), de la Belgique (24.8%) et de la zone euro (23.1%), mais il est désormais au-dessus du taux français (18.1%).

En 2014, la part du temps partiel au Luxembourg pour les personnes ayant un niveau d’éducation élevé (CITE 5-6) est quasiment stable entre 2005 et 2014 (13.7% et 13.8%). La proportion du temps partiel pour le niveau d’éducation élevé reste plus faible au Luxembourg qu’en Belgique (20.3% en 2014) et qu’en Allemagne (19.5%). L’écart avec la France (16.3%) est plus réduit.

Source : STATEC

47.7

58.8

48.9

40.7

48.7

43.9

0

10

20

30

40

50

60

70

Moins de6 ans

De 6 à 11ans

12 ans ouplus

Femmes

2006 2014

2.5

2.9 5.4 6.1

0

10

20

30

40

50

60

70

Moins de6 ans

De 6 à 11ans

12 ans ouplus

Hommes

2006 2014

2005 2014 2005 2014 2005 2014

UE-28 19.9 24.6 17.0 19.9 14.3 16.3Zone € 18.0 24.3 19.2 23.1 14.9 17.5BE 25.1 29.5 22.4 24.8 18.7 20.3DE 27.6 33.0 25.3 28.4 16.6 19.5FR 20.6 24.4 16.3 18.1 14.9 16.3LU 23.3 24.8 15.9 21.9 13.7 13.8

Niveau d'éducation faible (CITE 0-2)

Niveau d'éducation moyen (CITE 3-4)

Niveau d'éducation élevé (CITE 5-6)

Source : STATEC, EUROSTAT N.B. : CITE = Classification Internationale Type de l’éducation. CITE 0-2 = enseignement pré-primaire, primaire, secondaire inférieur : CITE 3-4 = enseignement secondaire supérieur et post-secondaire non-tertiaire ; CITE 5-6 = enseignement tertiaire

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 77

Graphique 82: Part des personnes selon le niveau d’éducation dans le travail à temps complet et dans le travail à temps partiel au Luxembourg, 2005-2014 (en % du total des personnes travaillant respectivement à temps complet et à temps partiel)

On peut aussi aborder la question du temps partiel en jetant un regard sur les parts des personnes selon les différents niveaux d’éducation dans le travail à temps complet et dans le travail à temps partiel (voir Graphique 82).

Au Luxembourg, en 2014, 52.0% des personnes travaillant à temps complet ont un niveau d’éducation élevé correspondant à l’enseignement supérieur, contre seulement 37.0% des personnes travaillant à temps partiel. À l’inverse, en 2014, 21.1% des personnes travaillant à temps partiel ont un niveau d’éducation faible (primaire et secondaire inférieur), contre 14.4% des personnes travaillant à temps complet. Depuis 2005, les pourcentages des personnes ayant un niveau d’éducation élevé ne cesse d’augmenter que ce soit dans le temps partiel ou dans le temps complet. De 2005 à 2014, la part des personnes ayant un niveau d’éducation élevé passe de 23.4% à 37.0% dans le temps partiel et de 31.2% à 52.0% dans le temps complet.

Tableau 28: Proportion du travail à temps partiel par nationalité au Luxembourg, dans les pays voisins et dans la zone euro, 2005 et 2014 (en %)

La part du temps partiel est désormais largement plus élevée parmi les autochtones que parmi les étrangers au Luxembourg

En 2005, le temps partiel était pratiquement aussi répandu parmi les étrangers (16.2%) que parmi les Luxembourgeois (18.4%) (voir Tableau 28). En 2014, la situation est différente: si le temps partiel diminue légèrement pour les étrangers (de 16.2% en 2005 à 15.4% en 2014), l’augmentation du temps partiel parmi les nationaux est importante (de 18.4% à 21.7%). Le pourcentage du temps partiel parmi les

Source : STATEC CITE = Classification Internationale Type de l’éducation. CITE 0-2 = enseignement pré-primaire, primaire, secondaire inférieur : CITE 3-4 = enseignement secondaire supérieur et post-secondaire non-tertiaire ; CITE 5-6 = enseignement tertiaire N.B: calculé par rapport au total sans les non-réponse

39.8

39.8

39.4

36.3

26.5

25.8

24.8

25.7

20.8

21.1

36.8

38.9

38.1

39.1

43.8

46.6

44.1

43.3

42.1

41.8

23.4

21.3

22.2

24.7

29.7

27.4

31.1

30.1

36.0

37.0

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Temps partiel

Niveau d'éducation élevé (CITE 5-6)Niveau d'éducation moyen (CITE 3-4)Niveau d'éducation faible (CITE 0-2)

27.7

27.6

27.9

26.2

18.2

17.9

18.7

17.8

16.2

14.4

41.1

43.9

41.0

41.0

41.1

40.7

38.1

36.9

37.4

33.6

31.2

28.5

31.0

32.7

40.7

41.4

43.3

45.3

46.3

52.0

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Temps complet

Niveau d'éducation élevé (CITE 5-6)Niveau d'éducation moyen (CITE 3-4)Niveau d'éducation faible (CITE 0-2)

29.8

29.7

30.0

28.0

19.7

19.4

19.9

19.3

17.2

15.6

40.3

43.0

40.5

40.7

41.6

41.7

39.1

38.2

38.4

35.1

29.8

27.2

29.5

31.3

38.8

38.9

41.0

42.4

44.4

49.3

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Total

Niveau d'éducation élevé (CITE 5-6)Niveau d'éducation moyen (CITE 3-4)Niveau d'éducation faible (CITE 0-2)

2005 2014 2005 2014

Zone € 20.8 27.3 17.7 21.0BE 19.6 24.2 21.9 23.6DE 26.2 30.1 23.2 26.2FR 21.7 25.5 16.8 18.1LU 16.2 15.4 18.4 21.7

Sources : STATEC, EUROSTAT

Etrangers Nationaux

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 78

étrangers (15.4%) se situe désormais loin en-dessous de la moyenne de la zone euro (27.3%). Par contre, la proportion du temps partiel des nationaux (21.7%) au Luxembourg dépasse en 2014 légèrement la moyenne de la zone euro (21.0%). Ajoutons que, dans la zone euro, le temps partiel des étrangers (27.3%) dépasse le taux des nationaux (21.0%). Au Luxembourg c’est le contraire (15.4% pour les étrangers et 21.7% pour les autochtones).

La famille, principale raison invoquée pour le travail à temps partiel au Luxembourg

Au Grand-Duché, en 2014, 20.3% des résidents travaillant à temps partiel affirment que l’assistance d’enfants et d’adultes incapables de travailler est la raison du choix d’un l’emploi à temps partiel. 37.5% évoquent d’autres responsabilités familiales ou personnelles comme raison pour ce choix.

Près de 60% des résidents travaillant à temps partiel au Luxembourg évoquent donc la responsabilité familiale ou personnelle pour expliquer ce choix. Dans les autres pays européens, le taux évoqué pour les “autres responsabilité familiales ou personnelles” est en général plus faible (voir Tableau 29). En 2014, dans l’UE-28 en moyenne, seulement 13.2 % évoquent d’autres responsabilités familiales ou personnelles contre plus du double au Luxembourg. Les taux pour “l’assistance d’enfants ou d’adultes en incapacité de travailler” sont par contre similaires dans les différents pays observés et se situent autour de 20%.

Tableau 29: Raison principale pour l’emploi à temps partiel, 2014 (en %)

Le travail à temps partiel involontaire semble peu répandu au Grand-Duché

On peut considérer que les personnes qui répondent que la raison principale pour l’emploi à temps partiel est de n’avoir pas trouvé un emploi à temps plein travaillent involontairement dans cette situation. Le travail à temps partiel involontaire au Luxembourg semble beaucoup moins répandu que dans les autres pays européens. Dans la zone euro, en 2014, le taux de ceux qui disent ne pas avoir trouvé un emploi à temps plein atteint 31.5% de l’ensemble de ceux qui travaillent à temps partiel, alors qu’il n’est que de 12.9% pour les résidents du Luxembourg (voir Graphique 83).

… mais le travail involontaire à temps partiel est en hausse en Europe, particulièrement dans les pays les plus touchés par la crise

Avec la crise, le travail à temps partiel involontaire s’oriente à la hausse, particulièrement dans les pays les plus touchés par la crise, comme la Grèce où le travail à temps partiel involontaire passe de 45.1% en 2007 à 71.2% en 2014. En Espagne, le taux évolue de 33.3% à 64.0% sur cette période et, en Italie, de 39.3% à 65.4%. Au Portugal, le travail à temps partiel involontaire était de 38.6% en 2007, mais de 49.3% en 2014. Même si au Luxembourg le taux augmente légèrement passagèrement en 2011 et 2012, on est encore loin des pourcentages atteints dans les pays du Sud. À noter finalement qu’en Allemagne, la part du temps partiel involontaire tend à diminuer (de 22.6% en 2007 à 14.5% en 2014).

Graphique 83: Part du travail à temps partiel involontaire, 2007-2014 (en % du travail à temps partiel total)

N'a pas trouvé un emploi à temps plein

Maladie ou inca- pacité

Autres responsabi-

lités familiales ou person-

nelles

Assistance d'enfants ou

d'adultes dans l'incapacité de

travailler

Dans l'éducation

ou la formation

profes-sionnelle

Autres raisons

UE-28 29.4 4.1 13.2 21.7 10.3 21.2Zone € 31.5 3.9 12.5 20.9 9.5 21.8BE 10.1 6.2 25.8 19.3 3.2 35.4DE 14.5 3.7 17.7 23.9 10.2 30.0FR 41.5 6.8 15.6 22.6 6.5 7.0LU 12.9 5.4 37.5 20.3 6.6 17.3

Sources : STATEC, EUROSTAT

Sources : STATEC, EUROSTAT

24.4

31.5

14.8

10.1

22.614.5

10.9

41.4

45.1

71.2

33.3

64.0

31.5

41.539.3

65.4

5.2

12.9

38.6

49.3

0

10

20

30

40

50

60

70

80

2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

ZONE € BE DE IEEL ES FR ITLU PT

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 79

En résumé …

Le Graphique 84, le Graphique 85 et le Graphique 86 résument l’évolution du “poids” du travail à temps partiel (féminin et masculin) au Luxembourg et dans les pays voisins. En 2005, l’emploi à temps complet des hommes représente plus de 50% de l’emploi national (résidents) au Luxembourg, comme dans les pays voisins. Cependant, avec près de 56.7% en 2005, le temps complet masculin au Grand-Duché est beaucoup plus répandu qu’en France et en Allemagne par exemple (respectivement 50.4% et 50.7%). La moyenne de la zone euro est de 51.6% en 2005.

Le temps complet des femmes se situe autour de 30% de l’emploi dans la zone euro en 2005. Il est un peu moins répandu au Luxembourg (25.8% de l’emploi national total) qu’en France (32.4%) et a environ le même poids qu’en Belgique (26.0%) et en Allemagne (25.4%).

Le temps partiel féminin représentait, en 2005, 16.0% de l’emploi national total au Luxembourg. Son poids est plus faible qu’en Belgique (17.7% de l’emploi) et en Allemagne (19.7%). La part du temps partiel masculin dans l’emploi national était extrêmement faible au Luxembourg (1.4%) en 2005. Parmi les pays voisins, le pourcentage atteint un maximum de 4.2% en 2005 en Allemagne et en Belgique.

En 2014, le poids du travail à temps complet masculin dans l’emploi reste prédominant. On note cependant un tassement: au Luxembourg, le poids est passé de 56.7% en 2005 à 52.5% en 2014; dans la zone euro, il évolue de 52.6% à 48.6%.

La part du travail à temps complet féminin a augmenté entre 2005 et 2014 au Luxembourg (de 25.8% de l’emploi national total à 28.6%). En France, le pourcentage correspondant est également en augmentation (de 32.4% à 33.3%). En Belgique, le taux du travail à temps complet féminin croît de 26.0% à 27.2% entre 2005 et 2014. En Allemagne, par contre, le taux est en légère baisse: la part du travail à temps complet des femmes dans l’emploi total passe de 25.4% en 2005 et 24.8% en 2014.

De manière générale, la part du temps partiel masculin et féminin augmente et cela surtout au détriment du travail à temps complet masculin dans la zone euro ainsi que dans les pays voisins. Une exception est à relever pour le Grand-Duché, où la part du travail à temps partiel féminin est en stagnation. Le temps partiel masculin passe de 1.4% de l’emploi total des résidents en 2005 à 2.9% en 2015.

Graphique 84: Composition de l’emploi selon le sexe et selon le temps partiel et le temps complet, 2005 et 2014 (en % de l’emploi)

Sources : STATEC, EUROSTAT N.B.: 15-74 ans

4.1 3.8 4.2 4.2 3.1 1.4

51.6 52.6 52.1 50.7 50.4 56.7

13.6 14.5 17.7 19.714.1

16.0

30.7 29.2 26.0 25.4 32.4 25.8

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

UE-28 Zone € BE DE FR LU

2005

Hommes - temps partiel Hommes - temps complet

Femmes - temps partiel Femmes - temps complet

5.3 5.4 4.8 5.6 4.0 2.9

48.8 48.6 48.7 47.8 47.8 52.5

15.1 16.8 19.2 21.914.8

15.9

30.9 29.3 27.2 24.833.3 28.6

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

UE-28 Zone € BE DE FR LU

2014

Hommes - temps partiel Hommes - temps complet

Femmes - temps partiel Femmes - temps complet

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 80

Le Graphique 85 révèle que la part du travail masculin à temps complet dans l’augmentation de l’emploi de 2005 à 2014 est faible en Belgique (2.6%) et même fortement négative en France (-31.2%). En Allemagne, la part du travail à temps complet des hommes dans l’augmentation totale est par contre de 17.1%. Dans la zone euro, la contribution du temps complet masculin à l’augmentation de l’emploi est très fortement négative (-125.4%). Ce fait peut être expliqué largement par la diminution des emplois à temps complet des hommes dans les pays européens les plus touchés par la crise, c’est-à-dire, principalement, la Grèce, l’Espagne, l’Italie, le Portugal et l’Irlande. Au Luxembourg, par contre, la contribution du temps complet masculin à l’augmentation de l’emploi reste substantielle (avec 36.1% de l’augmentation de l’emploi total des résidents).

Le travail à temps partiel masculin et féminin représente le gros de l’augmentation de l’emploi dans la zone euro en moyenne entre 2005 et 2014. En Belgique et en Allemagne, la part du temps partiel masculin et féminin dans l’augmentation de l’emploi atteint respectivement 53.0% et 64.0%.

Graphique 85: Part dans l’augmentation de l’emploi national selon le sexe et selon le temps partiel et le temps complet, 2005-2014 (en % de l’augmentation totale de l’emploi)

En France le pourcentage est tout aussi conséquent et représente plus des 2/3 de l’augmentation de l’emploi total (70.0%). Parmi les pays étudiés ici, il n’y a qu’au Luxembourg où le pourcentage est beaucoup plus faible. La contribution de l’emploi à temps partiel masculin et féminin à l’accroissement de l’emploi total ne représente que 24.3%. En France, c’est le travail féminin à temps plein (61.3%) qui apporte une très grande contribution à l’augmentation de l’emploi, alors qu’au Luxembourg, la situation est plus équilibrée. En effet entre 2005 et 2014, la contribution à la hausse de l’emploi total est de 39.3 % pour le temps plein féminin et 36.1% pour le temps plein masculin.

L’apport du travail à temps complet féminin est le plus faible en Allemagne avec un taux bien en-deçà de la moyenne européenne (18.4% contre 35.4%).

Il semble néanmoins qu’il y ait deux périodes assez distinctes quant à la composition de l’augmentation de l’emploi au Luxembourg (voir Graphique 86). De 2005 à 2009, la situation semble plus équilibrée que sur la période suivante. En effet l’augmentation de l’emploi total repose pour 48.3% sur l’augmentation de l’emploi chez les hommes et pour 51.7% de hausse d’emploi chez les femmes. En revanche sur la période 2009 à 2014 l’augmentation de l’emploi total repose davantage sur la création d’emplois féminins (57.7%) que masculins (42.1%). Sur cette seconde période c’est surtout l’emploi à temps partiel chez les femmes qui est en nette progression son taux passe de 6.9% à 23.1%. Alors que la contribution de l’emploi à temps partiel des hommes dans l’augmentation totale de l’emploi est en net ralentissement en passant de 16.8% au cours de la période 2005-2009 à 1.8% au cours de la période 2009-2014.

Sources : STATEC, EUROSTAT

39.174.8

12.8 20.2 33.18.7

-31.9

-125.4

2.617.1

-31.2

36.1

57.4

117.1

40.244.2 36.9 15.6

35.4

33.3

44.318.4 61.3

39.3

-15.0

-10.0

-5.0

0.0

5.0

10.0

15.0

20.0

25.0

UE-28 Zone € BE DE FR LU

Hommes - temps partiel Hommes - temps completFemmes - temps partiel Femmes - temps complet

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 81

Graphique 86: Part dans l’augmentation de l’emploi national selon le sexe et selon le temps partiel et le temps complet au Luxembourg, 2005-2009 et 2009-2014 (en % de l’augmentation totale de l’emploi)

1.4 Le travail temporaire

Le travail temporaire est défini ici comme le travail salarié qui est presté sur la base d’un contrat de travail à durée déterminée. Les données analysées sont issues de l’enquête forces de travail (EFT) qui ne concerne que les salariés résidents, à l’exclusion donc des frontaliers. Les caractéristiques présentées se rapportent donc à l’emploi des résidents.

Les contrats à durée déterminée restent très minoritaires, mais ont tendance à augmenter au Luxembourg.

En 2014, seulement 8.1% des travailleurs salariés au Luxembourg ont un contrat à durée déterminée (CDD). Le travail sur la base d’un contrat à durée indéterminée (CDI) reste donc la norme. Pour les femmes, le taux est plus élevé que pour les hommes (9.2% contre 7.1% en 2014). La proportion du travail à durée déterminée augmente cependant fortement pour les deux sexes depuis quelques années. En 2004, elle n’était que de 4.8%, alors qu’on atteint 8.1% en 2014. Pour les hommes, le taux de CDD évolue de 4.1% en 2004 à 7.1% en 2014. Pour les femmes le taux de CDD passe de 5.8% à 9.1% dans le même laps de temps. En chiffres absolus, le nombre de résidents (de 15 à 64 ans) travaillant avec un CDD au Luxembourg passe d’environ 8 300 en 2004 à 17 800 en 2014.

Dans la comparaison européenne, on constate que la part des CDD dans l’emploi total au Luxembourg reste relativement faible, malgré une tendance ascendante.

En 2013, la part des CDD dans la zone euro représente le double de ce qu’elle est parmi les résidents du Luxembourg (15.2% dans la zone euro, contre 7.0% au Luxembourg en 2013). Par contre entre 2013 et 2014 la part des CDD au Luxembourg progresse plus rapidement que dans la zone euro. Ainsi, l’écart par rapport à la zone euro se réduite. En 2014, les CDD représentent 15.2% de tous les contrats dans la zone euro, alors que leur part est de 8.2% au Luxembourg.

Tableau 30: Proportion des contrats à durée déterminée au Luxembourg, 2004-2014 (en %)

Graphique 87: Proportion des contrats à durée déterminée au Luxembourg, dans la zone euro et dans les pays voisins, 2004-2014 (en %)

Le décalage du Luxembourg par rapport à l’Allemagne (13.1% en 2014) et à la France (15.7%) atteint les mêmes proportions, alors que la Belgique a un taux de CDD (8.6%) comparable à celui du Luxembourg. Les CDD sont de loin les plus fréquents en Pologne (28.3% en 2014), en Espagne (24.0%), au Portugal (21.4%) et aux Pays-Bas (21.3%).

Source : STATEC

16.81.8 8.7

31.540.3

36.2

6.9 23.1 15.6

44.834.8 39.4

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%100%

2005-2009 2009-2014 Ensemble de lapériode 2005-2014

Hommes - temps partiel Hommes - temps completFemmes - temps partiel Femmes - temps complet

Zone € LU Zone € LU Zone € LU2004 14.9 4.8 14.0 4.1 16.0 5.82005 15.9 5.3 15.2 4.9 16.7 5.82006 16.5 6.1 15.7 5.7 17.4 6.62007 16.4 6.8 15.6 6.2 17.4 7.62008 16.0 6.2 15.0 5.9 17.1 6.62009 15.2 7.2 14.1 6.3 16.4 8.32010 15.4 7.1 14.6 6.2 16.3 8.32011 15.6 7.1 14.9 6.3 16.3 8.22012 15.0 7.6 14.3 7.2 15.7 8.22013 15.0 7.0 14.4 5.6 15.6 8.82014 15.2 8.1 14.7 7.1 15.7 9.2

Sources: STATEC, EUROSTAT N.B.: population 15-64 ans

Total Hommes Femmes

Sources : STATEC, EUROSTAT N.B.: population 15-64 ans

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

LU Zone € BE DE FR

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 82

Graphique 88: Proportion des contrats à durée déterminée dans les pays européens, 2014 (en %)

Le Luxembourg se trouve d’ailleurs en fin de la liste européenne en matière de CDD. Seulement quelques autres Etats membres ont des taux de CDD encore plus faibles. Il s’agit notamment d’un certain nombre d’Etats membres de l’Est européen, par exemple de la Bulgarie (5.6% en 2013), de la Lettonie (4.3%), de l’Estonie (3.5%), de la Lituanie (2.7%) et de la Roumanie (1.5%). À noter qu’au Royaume-Uni, à Malte et en Norvège les CDD sont également peu répandus avec des parts légèrement inférieures à celle du Luxembourg.

Le fait que les CDD soient un peu plus répandus parmi les femmes que parmi les hommes constitue une donnée structurelle qui concerne la plupart des pays européens, mis à part la plupart des pays de l’Est européen, comme la Bulgarie, la Roumanie, la Pologne, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie où les taux de CDD des femmes sont identiques ou même légèrement inférieurs à ceux des hommes.

Un niveau d’éducation faible augmente la probabilité du travail temporaire

Un niveau d’éducation faible rend plus probable un contrat de travail temporaire. Dans la zone euro, en 2014, la proportion des CDD est de 18.6% pour les salariés ayant un niveau d’éducation faible. La part des CDD pour ce niveau d’éducation est beaucoup plus basse au Luxembourg, à savoir 10.1%.

En 2014, la part des CDD se réduit au Luxembourg à 7.1% pour ceux qui ont un niveau d’éducation élevé, contre 11.2% dans la zone euro pour ce même niveau d’éducation. Il convient de noter qu’au Luxembourg, le travail temporaire semble le moins répandu parmi les résidents possédant un niveau d’éducation moyen (6.3% en 2014).

Sources : STATEC, EUROSTAT N.B.: population 15-64 ans

1.52.83.13.3

5.36.37.77.98.18.68.68.89.29.39.710.811.612.913.113.113.613.714.015.215.415.515.716.516.816.9

19.021.321.4

24.028.3

0 10 20 30

ROLTEELVBGUKMTNOLUBEDKSKATIECZHUELTRDECHITIS

UE-28Zone €

FIMCFRSISECRCYNLPTESPL

Total

1.73.33.64.35.65.86.16.67.17.68.28.49.09.29.2

11.011.212.312.913.113.113.113.613.614.014.714.714.816.016.617.0

20.421.6

23.628.5

0 10 20 30

ROEELTLVBGUKNOMTLUBEDKCZSKIEATELHUFICHDEITCY

UE-28TRIS

Zone €SEFRSICRMCNLPTESPL

Hommes

1.22.02.43.0

4.96.88.59.09.19.29.29.49.79.710.311.211.312.413.213.213.413.414.214.415.716.717.117.118.218.8

21.122.3

24.424.6

28.0

0 10 20 30

ROLTLVEEBGUKSKDKMTLUATIEBENOHUTRCZELDECHIS

MCIT

UE-28Zone €

FRCRSIFISEPTNLCYESPL

Femmes

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 83

Graphique 89: Proportion des contrats à durée déterminée au Luxembourg et dans la zone euro par niveau d’éducation, 2014 (en%)

Graphique 90: Raisons principales pour l’emploi temporaire (CDD) au Luxembourg, 2014 (en %)

La part du travail temporaire (CDD) involontaire au Luxembourg est plus faible que dans la zone euro en moyenne

On a vu plus haut que le travail à temps partiel involontaire est moins répandu parmi les résidents du Luxembourg que dans les autre pays de l’UE. C’est également le cas pour les CDD involontaires. En effet, au Luxembourg 54.2% des personnes interrogées en 2014 ayant un contrat temporaire affirment qu’ils ont ce type de contrat parce qu’ils n’ont pas trouvé de travail permanent (CDI).

Graphique 91: Proportion des contrats à durée déterminée au Luxembourg et dans la zone euro par classe d’âge, 2004-2014 (en %)

C’est une majorité mais le taux luxembourgeois est plus faible qu’en moyenne dans la zone euro (environ 61%). En France et en Belgique, les taux de CDD involontaires sont également plus élevés qu’au Grand-Duché.

La vie professionnelle commence plus souvent par un contrat à durée déterminée

En jetant un regard sur l’évolution du travail temporaire par classes d’âge dans la zone euro et au Luxembourg, on note surtout une augmentation tendancielle du taux de CDD dans la classe d’âge des 15-24 ans. Le taux de CDD chez les jeunes enregistre une très nette augmentation en 2014. Le taux de CDD pour les résidents luxembourgeois appartenant à la classe des 15-24 ans bondit de 24.1% en 2004 à 45.4% en 2014 après s’être tassé sur la période 2008-2012. Ce taux avait même très fortement diminuée en 2013 (30.9%). Ainsi, le taux pour les jeunes résidents du Luxembourg s’est rapproché de celui de la moyenne de la zone euro (52.3% de CDD pour les jeunes en 2014). Le taux luxembourgeois reste toutefois inférieur à cette moyenne européenne. La fréquence de CDD est moins importante dans les classes d’âge plus élevées et cela aussi bien dans la zone euro qu’au Luxembourg. En 2014, la proportion de CDD chez les 25-54 ans est de 6.2% pour les résidents du Grand-Duché.

Source : EUROSTAT, STATEC N.B.: population 15-64 ans CITE = Classification Internationale Type de l’éducation. CITE 0-2 = enseignement pré-primaire, primaire, secondaire inférieur : CITE 3-4 = enseignement secondaire supérieur et post-secondaire non-tertiaire ; CITE 5-6 = enseignement tertiaire

18.6

11.5 11.210.1

6.37.1

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

Niveau d'éducationfaible (CITE 0-2)

Niveau d'éducationmoyen (CITE 3-4)

Niveau d'éducationélevé (CITE 5-6)

Zone € LU

Source : EUROSTAT, STATEC N.B.: population 15-64 ans

61.2

9.2

20.3

9.3

54.2

13.520.5

11.8

0

10

20

30

40

50

60

70

N'a pas trouvéde travailpermanent

N'a pas vouluun travailpermanent

Dansl'éducation oula formation

professionnelle

Période deprobation

Zone € LU

Source : EUROSTAT, STATEC N.B.: population 15-64 ans

0

10

20

30

40

50

60

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Zone € - 15-24 ans Luxembourg - 15-24 ans

Zone € - 25-54 ans Luxembourg - 25-54 ans

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 84

Graphique 92: Proportion des contrats à durée déterminée au Luxembourg et dans la zone euro par nationalité, 2004 et 2014 (en %)

Ce taux se situe encore très loin de la moyenne de la zone euro (12.7% en 2014). Mais la fréquence des CDD pour la classe d’âge des 25-54 ans est aussi en augmentation significative au Grand-Duché, le taux de CDD ayant été de seulement 3.6% en 2004.

Un écart assez faible de la fréquence des CDD entre les nationaux et les étrangers au Luxembourg

Dans la zone euro en moyenne, les CDD sont plus répandus parmi les étrangers que parmi les nationaux et cela en 2004, comme en 2014. Par ailleurs, alors que le taux de CDD reste relativement stable pour les nationaux, il est en diminution pour les étrangers passant de 25.8% à 21.1%. Les taux de CDD des nationaux et des étrangers sont assez similaires au Luxembourg, alors que dans la zone euro, les nationaux ont beaucoup moins souvent un CDD que les étrangers.

2. Chômage Ce chapitre propose une analyse du chômage au Luxembourg. Tout comme le chapitre sur l’emploi, ce chapitre adopte une approche plutôt structurelle. Voilà pourquoi ce chapitre se limite à présenter des données annuelles. Le lecteur intéressé par l’évolution conjoncturelle et des chiffres plus récents est prié de se référer aux notes de conjoncture publiées par le STATEC1.

Le chapitre débute par un exposé des concepts et définitions utilisés. Vient ensuite une section qui se penche sur l’évolution du chômage et sur sa structure. Une dernière section s’intéresse à ce qui est parfois appelé le “halo du chômage”, c’est-à-dire aux personnes qui se trouvent aux limites du chômage, de l’emploi et de l’inactivité.

2.1 Concepts et définitions

Le taux de chômage est défini comme étant le rapport entre le nombre de chômeurs et la population active. La population active se définit comme l'ensemble des personnes en âge de travailler qui sont disponibles sur le marché du travail, qu'elles aient un emploi ou qu'elles soient au chômage.

La définition du concept du chômage est intimement liée aux sources utilisées pour le mesurer. Au Luxembourg, comme ailleurs, le chômage est mesuré via des enquêtes dédiées, comme l’enquête sur les forces de travail (EFT) dans les pays de l’Union Européenne (UE), et via l’utilisation de sources administratives.

Dans le premier cas, le nombre de chômeurs correspond au nombre de personnes qui ont répondu d’une certaine manière à un questionnaire. Dans le second cas, le nombre de chômeurs correspond au nombre de personnes inscrites auprès d’un service public de l’emploi (au Luxembourg: l’Agence pour le développement de l’emploi).

1 http://www.statistiques.public.lu/fr/publications/ series/note-conjoncture/index.html

Source : EUROSTAT, STATEC N.B.: population 15-64 ans

25.8

21.1

4.5

8.3

14.7 14.6

5.0

7.8

0

5

10

15

20

25

30

2004 2014 2004 2014

Zone € LU

Etrangers Nationaux

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 85

2.1.1 Le chômage au sens de l’EFT

L’enquête européenne sur les forces de travail (EFT) mesure le chômage selon une définition préconisée par le Bureau International du Travail (BIT) et entérinée dans un règlement européen1.

Afin d’être classé en tant que chômeur au sens du BIT, une personne doit être:

• sans emploi, c’est à dire ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu’une heure, durant la semaine de référence;

• disponible pour prendre un emploi dans un délai de deux semaines suivant la semaine de référence;

• activement à la recherche d'un travail, c'est-à-dire qu’elle doit avoir entrepris des démarches spécifiques en vue de trouver un emploi salarié ou non salarié pendant une période de quatre semaines se terminant à la fin de la semaine de référence, ou avoir trouvé un travail et l'entamer dans une période de trois mois au maximum.

Une personne est dite “activement” à la recherche d’un emploi si elle a entrepris au moins une des démarches suivantes:

• contacter un bureau de placement public afin de trouver du travail, quelle que soit la partie prenant l'initiative (le renouvellement de l'inscription pour des raisons purement administratives ne constitue pas une démarche active en vue de trouver du travail);

• envoi d'une candidature directement aux employeurs;

• recherches par relations personnelles, par l'intermédiaire de syndicats, etc.;

• insertion ou réponse à des annonces dans les journaux;

• étude des offres d'emploi; • participation à un test, à un concours ou à un

entretien dans le cadre d'une procédure de recrutement;

• recherche de terrains, de locaux ou de matériel;

1 Règlement (CE) No 1897/2000 de la Commission du 7 septembre 2000 portant application du règlement (CE) no 577/98 du Conseil relatif à l'organisation d'une enquête par sondage sur les forces de travail dans la Communauté en ce qui concerne la définition opérationnelle du chômage. (http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do? uri=OJ:L:2000:228:0018:0021:FR:PDF)

• démarches pour obtenir des permis, des licences ou des ressources financières.

2.1.2 Le chômage au sens de l’ADEM

La seconde source permettant de déterminer le nombre de chômeurs au Luxembourg, ce sont les registres de l’Agence pour le développement de l’emploi (ADEM) qui utilise la notion de “demandeur d’emploi résidant”.

Il s’agit là d’une personne:

• sans emploi; • résidante sur le territoire national; • disponible pour le marché du travail; • à la recherche d’un emploi approprié; • non-affectée à une mesure pour l’emploi; • indemnisée ou non indemnisée; • ayant respecté les obligations de suivi de l’ADEM.

La grande différence entre ces deux définitions du chômage vient du fait que cette dernière définition implique qu’un chômeur doit être inscrit et qu’il doit être en règle en ce qui concerne le suivi imposé par l’ADEM.

Certains demandeurs d'emploi inscrits à l'ADEM ne sont pas des chômeurs au sens du BIT, parce qu'ils ont travaillé un peu durant la semaine de référence ou parce qu'ils ne sont pas disponibles pour travailler dans les 15 jours en raison d'une formation par exemple, ou simplement par ce qu’ils ne recherchent pas activement un emploi.

À l'inverse, certains chômeurs au sens du BIT ne sont pas inscrits à l'ADEM parce qu'ils n'en ont pas fait la démarche.

Il est possible de lever l’une ou l’autre de ces conditions et d’établir des indicateurs alternatifs.

2.2 Évolution et structure du chômage

Le Graphique 93 ci-dessous présente l’évolution du chômage entre 2004 et 2014. Ce Graphique présente deux séries. La première concerne le chômage BIT tel que défini ci-dessus. La deuxième concerne le chômage au sens de l’ADEM. Ces deux séries n’ont ni le même profil, ni le même niveau. L’écart en valeur absolue entre les deux séries varie entre 0.1 et 1.4 points de pourcentage. Il convient de souligner que le

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 86

taux de chômage selon l’ADEM est calculé selon la nouvelle méthodologie mise en place au début de l’année 2013.

Le taux de chômage selon l’ADEM passe de 5.5% en 2009 à 7.1% en 2014. En considérant le taux de chômage calculé selon les normes du BIT, l’image change quelque peu. Ce taux est de 5.2% en 2009.

Contrairement aux taux de l’ADEM, le taux de chômage selon le BIT baisse en 2010 à 4.4%. Depuis lors, il augmente de nouveau et s’établit à 5.9% en 2014.

Comment expliquer cette évolution divergente des années 2009 et 2010 ? Une piste d’explication serait que la baisse du chômage BIT observée entre 2009 et 2010 serait due à une hausse de l’inactivité. Cela voudrait dire qu’un certain nombre de personnes ne chercheraient plus activement et/ou ne seraient plus disponibles pour travailler.

Graphique 93: Évolution des taux de chômage au Luxembourg selon l’ADEM et le BIT, 2004 – 2014 (en %)

De ce fait les gens se retirent de la population active et s’éloignent du marché du travail. On est donc en présence d’un découragement dans le chef de certains chômeurs. Les chiffres présentés plus loin dans ce chapitre semblent confirmer cette hypothèse.

Un avantage du taux de chômage BIT est sa comparabilité. Comme il est calculé sur base d’une méthodologie harmonisée, il est possible de réaliser des comparaisons au niveau européen, voire au-delà. Le Graphique 94 présente les taux de chômage de 2014 pour les 28 pays membres de l’Union

européenne. Avec 5.9%, le Luxembourg affiche un taux de chômage relativement faible comparé aux autres pays européens. Seulement la Malte (5.9%), l’Autriche (5.7%) et l’Allemagne (5.1%) affichent un taux encore plus faible. En Belgique, le taux de chômage est de 8.6% et en France de 10.3%. La moyenne au niveau de l’Union européenne des 28 est de 10.4%. De l’autre côté de l’échelle, on retrouve la Grèce avec 26.7% et l’Espagne avec un taux de chômage de 24.6%.

Le

Tableau 31 s’intéresse de plus près à l’évolution du taux de chômage dans les différents pays européens au cours des dernières années. Ce Tableau montre les effets néfastes de la crise dans les pays baltes et en Irlande. Ces pays ont connu des taux de chômage relativement faibles jusqu’en 2008. À partir de 2009, le chômage y a explosé. En Espagne, le taux de chômage était déjà relativement élevé avant la crise.

Le Danemark a également connu une progression importante du taux de chômage à partir de 2009. Avant la crise, le Danemark a affiché des taux de chômage très faibles. Cette bonne performance a été attribuée au bon fonctionnement du marché du travail danois et en particulier à son modèle social, celui de la “flexicurité” (en anglais: “flexicurity”)1. Il s’agit d’un modèle conjuguant flexibilité pour les employeurs et sécurité pour les travailleurs. Des efforts ont été entrepris afin de transposer ce modèle social dans d’autres pays européens. Or, suite à la crise le taux de chômage danois a fait plus que doubler en passant de 3.4% en 2008 à 7.7% en 2012, 7.2% en 2013 et 6.8% en 2014. En analysant le modèle danois de plus près, une telle réaction n’est guère surprenante. Ce qui compte selon les défenseurs du modèle danois, n’est pas cette hausse (prévisible) du chômage, mais la vitesse avec laquelle ce chômage sera résorbé dans les années qui suivent.

1 http://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId= 102&langId=fr

Source : STATEC, ADEM

0

1

2

3

4

5

6

7

8

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Chômage ADEM Chômage BIT

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 87

Graphique 94: Les taux de chômage dans l’Union Européenne en 2014 (en %)

Tableau 31: Les taux de chômage dans l’Union Européenne, 2008 – 2014 (en %)

Notons encore qu’entre 2013 et 2014, le taux de chômage a diminué dans la majorité des pays de l’Union européenne. Les baisses les plus fortes sont enregistrées en Hongrie et au Portugal.

2.2.1 Le chômage en fonction du profil des chômeurs

Les résultats de l’enquête sur les forces de travail (EFT) permettent de calculer le taux de chômage en fonction d’un certain nombre de critères afin de dégager un profil plus précis des chômeurs.

Ainsi, le Graphique 95 ci-dessous présente-t-il l’évolution du taux de chômage de manière différenciée pour les hommes et les femmes. On peut remarquer que le taux de chômage des femmes est supérieur à celui des hommes au Luxembourg. Il en ressort également que l’écart entre le taux de chômage des hommes et celui des femmes n’est pas stable au fil du temps.

Au Luxembourg, le rapport entre le taux de chômage des femmes et celui des hommes est de l’ordre de 1.0 en 2014. Le Graphique 96 permet de situer le Luxembourg au niveau européen. Dans l’Union Européenne, le Grand-Duché compte parmi les pays où ce rapport est relativement équilibré. La Grèce et la République Tchèque présentent les rapports les plus élevés.

Quatorze des 28 pays de l’Union Européenne présentent des taux de chômage moindres pour les femmes que pour les hommes, et donc des rapports inférieurs à 1.

Graphique 95: Évolution des taux de chômage au Luxembourg selon le sexe, 2004 – 2014 (en %)

Source : STATEC, EUROSTAT

10.4

5.9

0 5 10 15 20 25

ELESHRCYPTSKITBGIELVLT

UE28FRSIPLFIBESEHUEENLRODKUKCZLUMTATDE

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

AT 3.9 4.9 4.5 4.2 4.4 5.0 5.7BE 7.0 8.0 8.4 7.2 7.6 8.5 8.6BG 5.7 6.9 10.3 11.4 12.4 13.0 11.5CY 3.8 5.5 6.5 8.1 12.1 16.1 16.3CZ 4.4 6.8 7.4 6.8 7.0 7.0 6.2DE 7.6 7.9 7.2 6.0 5.6 5.4 5.1DK 3.5 6.1 7.6 7.7 7.7 7.2 6.8EE 5.6 14.1 17.3 12.8 10.4 8.9 7.5EL 7.8 9.6 12.7 17.9 24.5 27.5 26.7ES 11.4 18.1 20.2 21.8 25.2 26.2 24.6FI 6.4 8.4 8.5 7.9 7.8 8.3 8.8FR 7.4 9.2 9.4 9.3 9.9 9.9 10.3HR 8.6 9.3 12.1 13.8 16.3 17.6 17.5HU 7.9 10.1 11.2 11.0 11.0 10.3 7.8IE 6.1 12.2 14.1 14.9 15.0 13.3 11.5IT 6.8 7.9 8.5 8.5 10.8 12.4 12.9LT 5.9 13.9 18.0 15.5 13.5 12.0 10.9LU 5.1 5.2 4.4 4.9 5.2 5.9 5.9LV 7.7 17.5 19.0 16.5 15.2 12.1 11.1MT 6.1 7.0 7.0 6.6 6.5 6.5 5.9NL 2.7 3.4 4.5 4.4 5.3 6.7 7.5PL 7.2 8.3 9.7 9.8 10.2 10.5 9.1PT 8.1 10.0 11.4 13.4 16.4 17.0 14.5RO 6.1 7.2 7.6 7.7 7.3 7.6 7.1SE 6.3 8.5 8.8 8.0 8.1 8.2 8.1SI 4.5 6.0 7.4 8.3 9.0 10.3 9.9SK 9.5 12.1 14.4 13.7 14.0 14.3 13.2UK 5.7 7.7 7.9 8.2 8.0 7.7 6.3

UE-28 7.1 9.0 9.7 9.8 10.6 11.0 10.4

Source : STATEC, EUROSTAT

Source : STATEC

0

1

2

3

4

5

6

7

8

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Femmes Hommes Total

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 88

Dans quatre autres pays, ainsi qu’en moyenne européenne, les taux de chômage féminin et masculin se retrouvent à égalité.

Le Graphique 97 différencie les taux de chômage en fonction de l’âge. Force est de constater que les travailleurs âgés de 15 à 24 ans affichent des taux de chômage relativement élevés. En outre, le taux de chômage des jeunes est relativement volatile, comparé à celui des autres travailleurs. Après avoir atteint un niveau de 17.9% en 2008, le taux de chômage des jeunes est redescendu à 14.2% en 2010 et augmente pour passer à 18.8% en 2012. En 2013, le taux de chômage des 15-24 ans s’établit à 15.5% pour repasser à 22.6% en 2014. Le taux de chômage est nettement plus faible dans la classe d’âge de 25 à 64 ans, où il s’élève à 4.8% en 2013.

Si le taux de chômage des jeunes peut paraître élevé pour le Luxembourg, on peut tout de même constater que le Grand-Duché se situe près de la moyenne de l’Union Européenne, qui a atteint 22.2% en 2014 (voir Graphique 98). Parmi les pays européens les plus touchés par le chômage des jeunes, on trouve la Grèce avec 52.4% et l’Espagne avec 53.2%. Comme on l’a déjà vu au point précédent, ces mêmes pays affichent les taux de chômage les plus élevés pour l’ensemble de leur population.

Graphique 96: Rapport entre taux de chômage des femmes et taux de chômage des hommes dans l’Union Européenne, 2014

Graphique 97: Évolution des taux de chômage au Luxembourg en fonction de l’âge, 2004 – 2014 (en %)

Graphique 98: Les taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans dans l’Union Européenne en 2014 (en %)

Source : STATEC, EUROSTAT (Enquête sur les forces de travail)

CZEL

SIIT PL HR

NL

ES SK HU

DK PT UE 28

LU FRAT UK SE BE EE DE CY MT

FI RO LV BG LTIE

0.4

0.6

0.8

1.0

1.2

1.4

1.6

Source : STATEC

0

5

10

15

20

25

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

15 - 24 ans 25 - 64 ans

Source : STATEC, EUROSTAT (Enquête sur les forces de travail)

22.622.2

0 10 20 30 40 50 60

ESELHRITCYPTSKFRROPLIEBGBESELU

UE-28FI

HUSILVLTUKCZEENLDKMTATDE

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Cahier économique 120 89

Graphique 99: Les taux de chômage au Luxembourg selon la nationalité, 2012 - 2014 (en %)

Le chômage ne touche pas tous les résidents du Luxembourg de la même manière. Le Graphique 99 renseigne les taux de chômage selon la nationalité des travailleurs.

Le taux de chômage reste très faible parmi les travailleurs de nationalité luxembourgeoise: 3.8% en 2014. Par contre, il est plus élevé parmi les personnes originaires des autres pays de l’Union Européenne vivant à Luxembourg (6.8%) et beaucoup plus élevé chez les ressortissants de pays tiers (19.2%).

Le niveau d’éducation est un autre déterminant important du chômage au Luxembourg. D’après le Graphique 100, ceci est vrai pour les hommes et pour les femmes. Le taux de chômage est de 10.5% chez les hommes ayant atteint au maximum un niveau secondaire inférieur (Niveau ISCED 0-2), mais se réduit à 6.5% pour ceux ayant achevé une éducation secondaire supérieure (ou post-secondaire non tertiaire) (ISCED 3-4), et même à 4% parmi les détenteurs d’un diplôme de niveau tertiaire (ISCED 5-6).

Il en est de même pour les femmes. Le taux de chômage passe de 9.8% chez les femmes ayant un niveau d’éducation primaire ou secondaire inférieur, et descend à 6.1% chez les femmes de niveau d’éducation secondaire supérieur, et à 3.9% chez celles ayant atteint un niveau tertiaire.

Graphique 100: Les taux de chômage au Luxembourg selon le niveau d’éducation et le sexe en 2014 (en %)

Le chômage de longue durée constitue un problème particulier pour nos sociétés, non seulement d’un point de vue économique, mais également d’un point de vue social et psychologique. On définit généralement le chômeur de longue durée comme étant un actif qui est au chômage depuis un an ou plus. Le Graphique 101 indique deux séries. La “nouvelle” série renseigne les demandeurs d’emploi comptés selon la méthodologie mise en place en 2012. Dans l’ ”ancienne” série, les demandeurs d’emploi sont dénombrés selon la méthodologie en vigueur jusqu’à la fin de 2011.

Si le taux de chômage de longue durée a encore été relativement limité au Luxembourg au début des années 2000 (de l’ordre de 0.5%), il a rapidement augmenté depuis 2002 pour atteindre 2.5% en 2011 (voir Graphique 101). Selon la nouvelle méthodologie, le taux de chômage de longue durée est de 2.3% en 2011 et s’élève à 3.1% en 2014. S’il y a une petite différence entre les niveaux de l’ancienne série et de la nouvelle série, leurs évolutions sont identiques.

Source : STATEC

3.3

6.2

15.1

3.6

7.5

14.0

3.8

6.8

19.2

0

5

10

15

20

25

Luxembourgeois UE-27 Hors UE-27

en %

2012 2013 2014

Source : STATEC

9.8

6.1

3.9

10.5

6.5

4.0

0

2

4

6

8

10

12

ISCED 0-2 ISCED 3-4 ISCED 5-6

en %

Femmes Hommes

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Cahier économique 120 90

Graphique 101: Évolution du taux de chômage de longue durée au Luxembourg, 2001 - 2014 (en % de la population active)

2.2.2 Le chômage par commune et par canton

La présente section se penche sur la dimension territoriale du chômage. Les données locales sur le chômage proviennent de l’ADEM. Elles reflètent la situation au 31 décembre de chaque année. Les chiffres sur l’emploi, qui permettent de calculer la population active et donc les taux de chômage proviennent de l’IGSS et reflètent également la situation au 31 décembre.

L’analyse de la répartition géographique du taux de chômage montre des différences régionales importantes. D’après le Tableau 32, les cantons les plus touchés sont ceux d’Esch, de Vianden, de Wiltz, de Diekirch et d’Echternach (avec des taux de chômage entre 7.2% et 9.1%), alors que ceux de Capellen, Grevenmacher, Redange, Remich et Mersch se retrouvent en-dessous de la moyenne nationale (qui était de 7.2% au 31.12.2012).

Tableau 32: Population active et taux de chômage dans les douze cantons du Grand-Duché de Luxembourg au 31/12/2013

Le Graphique 102 montre que les cantons d’Esch, Wiltz, Echternach et Vianden affichent de façon régulière un taux de chômage au-dessus de la moyenne nationale. Certains cantons ont connu une très forte augmentation du chômage entre 2000 et 2010. Ainsi, dans le canton de Grevenmacher, même s’il reste un des plus faibles du pays, le taux de chômage a presque quadruplé en 10 ans; dans les cantons de Capellen et de Mersch, il a triplé. On peut noter aussi que dans la plupart des cantons, le taux de chômage n’a que peu augmenté entre 2010 et 2013, à l’exception des cantons de Diekirch et de Vianden

Source : ADEM, STATEC

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

3.0

3.5

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

%

Ancienne série Nouvelle série

CantonPopula-

tion ayant un emploi

(1)

Nombre de chômeurs

(2)

Popula- tion active(3)=(1)+(2)

Taux de chômage

(%)(4)=(2)/(3)

Esch 65 723 7 340 73 063 10.0Wiltz 6 096 574 6 670 8.6Vianden 2 087 193 2 280 8.5Echternach 7 303 664 7 967 8.3Diekirch 12 888 1 168 14 056 8.3Luxembourg 63 167 5 201 68 368 7.6Clervaux 7 364 572 7 936 7.2Remich 8 963 588 9 551 6.2Redange 7 428 474 7 902 6.0Mersch 12 962 812 13 774 5.9Capellen 17 802 1 071 18 873 5.7Grevenmacher 11 624 630 12 254 5.1

Source: STATEC, IGSS, ADEM

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Cahier économique 120 91

Graphique 102: Évolution des taux de chômage dans les douze cantons du Grand-Duché de Luxembourg entre 2000 et 2013 (en%)

L’analyse des chiffres relatifs aux communes (voir Tableau 33) demande plus de précaution puisqu’ils peuvent être très volatiles, surtout dans les communes à population faible. Toujours est-il que les communes

d’Esch-sur-Alzette, Differdange, Echternach, Vianden et Wiltz se retrouvent régulièrement parmi les dix communes les plus touchées par le chômage depuis une dizaine d’années.

Tableau 33: Population active et taux de chômage dans certaines communes du Grand-Duché de Luxembourg au 31/12/2013 (en %)1

1 Les chiffres pour toutes les communes sont disponibles sur le portail des statistiques: http://www.statistiques.public.lu/stat/TableViewer/tableView.aspx?ReportId=1157&IF_Language=fra&MainTheme=2&FldrName=3

Source: STATEC, IGSS, ADEM

0

2

4

6

8

10

12Ca

pellen

Clervaux

Diekirch

Echternach

Esch

Grevenmacher

Luxembourg

Mersch

Redange

Remich

Vianden

Wiltz

2000 2005 2010 2013

Commune

Pop. ayant un emploi au 31/12/2013

Nombre de chômeurs au 31/12/2013

Population active au 31/12/2013

Taux de chômage au 31/12/2013

Taux de chômage au 31/12/2012

« Top ten »Reisdorf 457 77 534 14.4 10.0Esch-sur-Alzette 12 725 2 054 14 779 13.9 12.8Vianden 767 118 885 13.3 13.9Differdange 9 487 1 445 10 932 13.2 11.2Wiltz 1 959 284 2 243 12.7 11.9Echternach 2 167 291 2 458 11.8 9.7Beaufort 1 016 129 1 145 11.3 9.9Rumelange 2 019 255 2 274 11.2 10.1Pétange 6 767 810 7 577 10.7 9.5Ettelbruck 3 375 377 3 752 10.0 9.3…Luxembourg 39 513 3 855 43 368 8.9 8.1…« Bottom ten »Niederanven 1 937 73 2 010 3.6 4.3Waldbredimus 453 17 470 3.6 3.8Schuttrange 1 366 49 1 415 3.5 3.5Flaxweiler 868 31 899 3.4 4.1Reckange-sur-Mess 955 34 989 3.4 3.2Tuntange 602 21 623 3.4 3.7Betzdorf 1 476 51 1 527 3.3 2.5Bech 526 16 542 3.0 2.5Leudelange 1 064 32 1 096 2.9 3.6Garnich 844 25 869 2.9 2.9

Source : STATEC, IGSS, ADEM

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Cahier économique 120 92

La carte du taux de chômage par commune (Graphique 103) fait apparaître certaines disparités régionales. On peut remarquer que mise à part la capitale, les communes aux taux de chômage les plus élevés sont concentrées dans les centres régionaux du Nord (axe Clervaux-Wiltz), du Nord-Est (Echternach-Reisdorf, Diekirch/Ettelbruck et Vianden) et du Sud-Ouest (axe Pétange – Esch/Alzette – Dudelange), alors qu’à l’Est du pays, Remich est la seule commune à avoir un taux supérieur à 8%.

Les hommes et les femmes semblent ne pas être affectés par le chômage de la même manière selon leur lieu de résidence. On constate en effet (voir Tableau 34), que par rapport à leurs collègues masculins, les femmes sont davantage touchées par le chômage dans certains cantons (Clervaux, Echternach, Redange, Wiltz, Vianden), alors que les taux de chômage des femmes sont inférieurs à ceux des hommes dans d’autres (Remich, Esch, Mersch, Luxembourg).

Graphique 103: Les taux de chômage dans les communes du Grand-Duché de Luxembourg au 31/12/2013 (en %)

Tableau 34: Les taux de chômage par canton et par sexe au 31/12/2013 (en %)

2.3 Au-delà de l’emploi et du chômage

Le cadre mis au point par le BIT et utilisé par Eurostat dans le cadre de l’enquête sur les forces de travail permet de caser les personnes en âge de travailler (personnes âgées entre 15 et 74 ans) dans une des trois catégories suivantes:

• Emploi; • Chômage; • Inactivité.

Une personne est considérée comme étant en emploi si elle est impliquée dans une activité productrice. Une personne est considérée comme étant au chômage si elle est sans emploi, disponible pour travailler et activement à la recherche d’un emploi.1 Une personne est en inactivité si elle ne relève pas de l’un des deux premiers statuts.

Ce cadre d’analyse est clair et simple. Or, il n’est pas exempt de critique. Comme ces trois catégories sont mutuellement exclusives, une personne ne peut se trouver simultanément dans plusieurs catégories. Cette catégorisation peut paraître trop stricte, car elle n’admet pas de zone grise entre les statuts. Ainsi, un emploi à temps partiel, voire très partiel, suffit de ne plus être considéré comme chômeur. Un statut de chômeur “partiel” n’existe pas dans le cadre d’analyse du BIT. De même, une personne qui cherche activement un emploi, mais qui n’est pas disponible pour commencer dans le délai de 15 jours, sera considérée comme inactive, malgré le fait qu’elle

1 La définition du chômage au sens du BIT a été présentée plus en détail au point 1 du présent chapitre.

CantonTaux de chômage hommes (en%)

Taux de chômage femmes (en%)

Rapport Taux femmes / Taux hommes

Clervaux 5.9 7.6 1.3Echternach 6.6 7.9 1.2Redange 4.8 5.6 1.2Wiltz 7.8 8.7 1.1Vianden 7.9 8.7 1.1Capellen 4.5 4.9 1.1Grevenmacher 5.0 5.2 1.0Diekirch 7.6 7.6 1.0Luxembourg 7.3 6.5 0.9Mersch 5.9 5.2 0.9Esch 9.5 8.5 0.9Remich 5.6 4.9 0.9

Source: STATEC, IGSS, ADEM

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participe, via sa prospection d’emploi, au marché du travail. On utilise parfois le terme de “halo du chômage” afin de désigner cette frange du chômage. Dans le glossaire de l’INSEE, le halo du chômage est décrit comme suit:

La définition et la mesure du chômage est complexe et extrêmement sensible aux critères retenus. En effet, les frontières entre emploi, chômage et inactivité ne sont pas toujours faciles à établir (exemple d'un étudiant qui travaille quelques heures par semaine...). Le Bureau international du travail (BIT) a cependant fourni une définition stricte du chômage, mais qui ignore certaines interactions qu'il peut y avoir avec l'emploi (travail occasionnel, sous-emploi), ou avec l'inactivité: en effet, certaines personnes souhaitent travailler mais sont “classées” comme inactives, soit parce qu'elles ne sont pas disponibles rapidement pour travailler (deux semaines), soit parce qu'elles ne recherchent pas activement un emploi. Ces personnes forment ce qu'on appelle un “halo” autour du chômage.1

1 Source: http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page= definitions/liste-definitions.htm

Le Graphique 104 présente la situation de manière schématique. Le dessin de gauche représente le point de vue “BIT”. De ce point de vue, les trois états, emploi, chômage et inactivité sont mutuellement exclusifs.

Le dessin de droite présente une image plus proche de la réalité du marché du travail. En effet, d’après cette représentation, les trois statuts ne sont plus exclusifs, mais se chevauchent. Il y a en quelque sorte trois zones grises au croisement de ces trois statuts.

La zone 1 contient les personnes qui sont en sous-emploi, c’est-à-dire des personnes qui ont un emploi, mais qui souhaitent travailler davantage. Cette catégorie peut également contenir les personnes ayant un emploi précaire.

La zone 2 correspond aux personnes qui se trouvent à la limite entre le chômage BIT et l’inactivité. Il peut s’agir là de chômeurs découragés, qui ont renoncé à rechercher un emploi, mais qui seraient prêts à en accepter un si l’opportunité se présentait. Il peut également s’agir de chômeurs, qui sont à la recherche d’un emploi, mais qui ne peuvent pas commencer à travailler dans les délais fixés par le BIT.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 94

Graphique 104: Le “halo” du chômage

La zone 3 correspond à des personnes qui sont entre l’emploi et l’inactivité. Il s’agit là de travailleurs qui ont fait le choix de travailler moins, pour une raison qui leur est propre (préretraite, garde d’enfants, formation, …). Ils ne souhaitent donc pas travailler plus pour l’instant.

La suite de ce chapitre s’intéresse plus particulièrement aux zones 1 et 2 du Graphique 104.

Afin de mieux rendre compte de cette situation, des indicateurs alternatifs ou complémentaires au chômage BIT ont été développés au fil du temps. Une initiative récente émane de la part d’Eurostat. En 2009-2010, un groupe de travail a été constitué dans le but de définir des indicateurs supplémentaires au chômage BIT. Ce groupe de travail a rendu un rapport1 et a formulé des recommandations.

La suite de ce chapitre présente les indicateurs recommandés par ce groupe de travail. Ces indicateurs bénéficient d’un large consensus au sein de l’Union Européenne. Par ailleurs, comme ces indicateurs sont calculés à partir de l’enquête sur les forces de travail, ils permettent de réaliser des comparaisons entre pays.

Eurostat a mis au point trois indicateurs, qui sont définis comme suit:

• Personnes ayant un emploi à temps partiel, mais qui souhaitent travailler davantage (“Underemployed part-time workers”).

1 http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page/portal/labour_ market/documents/Report_TF_indicators.pdf

• Personnes à la recherche d’un emploi, mais pas immédiatement disponibles (“Persons seeking work but not immediately available”).

• Personnes disponibles pour travailler, mais pas à la recherche d’un emploi (“Persons available to work but not seeking”).

Il y a donc d’un côté les personnes en “sous-emploi”. Ce sont les personnes qui se trouvent dans la zone 1 du Graphique 104.

D’un autre côté, il y a des personnes qui ne sont pas en emploi, et qui se trouvent à mi-chemin entre les chômeurs au sens du BIT et les inactifs. Ces personnes sont qualifiées dans la suite de “force de travail potentielle”. Ce terme se justifie par le fait que ces personnes sont en dehors de la force de travail, telle que définie par le BIT (emploi + chômage). Par contre, elles sont plus proches de cette dernière que les autres personnes inactives. Par rapport au Graphique 104, il s’agit des personnes se trouvant dans la zone 2.

D’après le Tableau 35, la population en âge de travailler est de 421 988 personnes en 2014. Ceci correspond à une progression de 2.4% par rapport à l’année 2013. L’emploi a fortement progressé de 3.5% par rapport à 2013, en passant de 241 635 personnes en 2013 à 250 162 personnes en 2014. Parmi cette population en emploi, 4 812 personnes sont considérées comme étant en sous-emploi. Le nombre de chômeurs au sens BIT est passé de 15 630 en 2013 à 16 122 en 2014. Ceci représente une hausse de 3.1%.

Inactivité

Emploi ChômageEmploi Chômage1

23

Inactivité

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 95

La force de travail potentielle telle que définie ci-dessus, est composée de 17 017 personnes en 2014, contre 16 619 personnes en 2012. En termes relatifs, la progression a été de plus de 2.4%. Dans ce groupe, 15 145 personnes sont disponibles pour travailler mais ne recherchent pas activement un emploi. Il s’agit là de chômeurs découragés, qui ont arrêté la recherche active d’un emploi et de personnes qui sont empêchées dans la recherche active d’un emploi pour des raisons familiales ou personnelles. Quelques 1 872 personnes déclarent par contre rechercher un emploi, mais ne sont pas disponibles pour commencer à travailler dans les deux semaines.

Tableau 35: Décomposition de la population en âge de travailler (15-74 ans) au Luxembourg, de 2011 à 2014

Tableau 36: Taux de chômage et taux de sous-emploi, de 2011 à 2014 (en %)

Le Tableau 36 présente les chiffres du Tableau 35 sous forme de taux. La deuxième colonne du Tableau 36 fait référence à la numérotation des lignes du Tableau 35. Ceci permet de faire plus facilement le lien entre les effectifs et les taux.

En 2014, le sous-emploi représente 1.9% de l’emploi total, contre 2.0% en 2013 et 2.2% en 2012.

Le taux de chômage correspond à la proportion des chômeurs dans la population active. Le taux de chômage au sens du BIT est passé de 5.1% en 2011 à 6.1% en 2014.

Le taux de chômage élargi tient également compte de la force de travail potentielle définie ci-dessus. Cela signifie que la force de travail potentielle est rajoutée au numérateur et au dénominateur. La prise en compte de ce groupe de personnes fait plus ou moins doubler le taux de chômage. En 2011, le taux de chômage élargi s’élève à 10.0%. Il augmente ensuite pour passer à 11.7% en 2014. Dans le Tableau 36, ceci correspond à la ligne “taux de chômage élargi (1)”.

Le “taux de chômage élargi (2)”, compte en plus les personnes en sous-emploi parmi les chômeurs. Ce taux est de 11.5% en 2011 et 13.4% en 2013.

Ces chiffres font donc état d’un petit nombre de travailleurs en sous-emploi (1.9% de l’emploi national) et d’un halo relativement large autour du chômage BIT. La prise en compte de ce halo fait doubler le nombre de chômeurs ainsi que le taux de chômage.

Les statuts d’activité peuvent être considérés comme des statuts attribués sur base d’une batterie de critères objectifs. Le Tableau 37 met ensemble ces statuts attribués avec les statuts déclarés par les individus eux-mêmes. En effet, à la fin du questionnaire de l’EFT, chaque personne en âge de travailler est priée de s’exprimer sur sa situation par rapport à la vie économique. Chaque personne peut indiquer, parmi une liste prédéfinie, un et un seul statut qui correspond, selon elle, le mieux à sa situation.

D’après le Tableau 37, la quasi-totalité (95.4%) des personnes auxquelles le statut “emploi” a été attribué se considèrent elles-mêmes comme étant en emploi. Parmi les personnes considérées comme étant en sous-emploi, 90.9% déclarent être en emploi.

Pour les autres statuts attribués, l’image est moins nette. Seulement 50.9% des chômeurs au sens du BIT se considèrent comme étant au chômage, alors que 12.7% des chômeurs au sens du BIT indiquent le travail domestique comme activité.

Parmi les personnes à la recherche d’un travail mais non disponibles immédiatement, 30.2% déclarent être des étudiants, 40.6% se considèrent comme étant des chômeurs et 5.6% indiquent le travail domestique.

Chez les personnes disponibles pour travailler mais pas à la recherche active d’un emploi, on retrouve de nouveau trois groupes. Le premier groupe, qui représente 31.5% des personnes ayant ce statut, déclarent le travail domestique comme leur activité.

2011 2012 2013 2014

1 Emploi total 225 409 237 697 241 635 250 1621a dont: sous-emploi 3 764 5 225 4 745 4 812

2 Chômage BIT 12 171 12 579 15 630 16 122

3 Population active BIT 1+2 237 580 250 276 257 265 266 284

4Force de travail potentielle 12 863 14 199 16 619 17 017

4a dont: cherche/indisponible 1 180 1 530 1 776 1 8724b dont: disponible/ne cherche

pas 11 683 12 669 14 843 15 145

5 Population active élargie 3+4 250 443 264 475 273 884 283 301

6 Population inactive 141 194 138 055 138 056 138 687

7 Population en âge de travailler (15-74 ans) 1+2+4+6 391 637 402 530 411 940 421 988

Source : STATEC (Enquête sur les forces de travail)

2011 2012 2013 2014

Sous-emploi dans l'emploi total 1a / 1 1.7 2.2 2.0 1.9

Taux de chômage BIT 2 / 3 5.1 5.0 6.1 6.1

Taux de chômage élargi (1) (2+4) / 5 10.0 10.1 11.8 11.7

Taux de chômage élargi (2) (2+4+1a) / 5 11.5 12.1 13.5 13.4

Taux d'activité BIT 3 / 7 60.7 62.2 62.5 63.1

Taux d'activité élargi 5 / 7 63.9 65.7 66.5 67.1

Source: STATEC - Enquête sur les forces de travail

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 96

Ensuite, 19.6% sont des retraités et 28.3% des membres de ce groupe se considèrent comme des étudiants.

Finalement, parmi les personnes inactives on retrouve 39.6% de retraités, 32.5% d’étudiants et 20.2% de personnes qui disent avoir un travail domestique.

Tableau 37: Statuts attribués et statuts auto-déclarés (en %)

Au Luxembourg, les personnes sans emploi et/ou à la recherche d’un nouvel emploi ont la possibilité de s’inscrire à l’Agence pour le développement de l’emploi (ADEM), pour se faire assister dans la recherche d’un emploi. Le Tableau 38 indique, pour les 6 statuts attribués, le pourcentage de personnes inscrites à l’ADEM. Il n’est pas surprenant de voir que le taux d’inscription le plus élevé est observé parmi les chômeurs au sens du BIT. Hormis les personnes en emploi et en sous-emploi, il s’agit là du groupe qui est le plus proche du marché du travail. Dans ce groupe, deux personnes sur trois (62%) sont inscrites auprès de l’Agence pour le développement de l’emploi. Cela signifie qu’un chômeur BIT sur trois se passe des services de l’ADEM.

Ensuite, chez les personnes qui cherchent activement mais qui ne sont pas disponibles, 52% sont inscrites auprès de l’ADEM. Par contre, le taux d’inscription des personnes qui ne cherchent pas de travail mais qui sont disponibles est de 9%. Finalement, le taux d’inscription n’est que de 2% chez les personnes inactives.

Parmi les personnes en emploi, le taux d’inscription est de 2%. Il s’agit là de travailleurs qui se trouvent en période de préavis et de personnes qui sont affectées à une mesure pour l’emploi organisée par l’ADEM. Le taux est plus élevé chez les travailleurs en sous-emploi, à savoir 18%. Le fait que ce taux soit plus élevé pour ce groupe que pour le groupe précédent

reflète le caractère de “chômeurs partiels” de ces personnes.

Tableau 38: Statuts attribués et inscription à l’ADEM, 2014 (en %)

Le Graphique 105 rapporte la proportion des travailleurs en sous-emploi en 2014 au Luxembourg et dans quelques pays européens.

Le sous-emploi représente 2.0% de l’emploi national au Luxembourg. La moyenne des 28 pays membres de l’UE s’établit à 4.7%. En Espagne et en Irlande, deux pays particulièrement touchés par la crise, le sous-emploi représente 9.1% et 6.7% respectivement de l’emploi national.

Le Tableau 39 indique les différents taux de chômage. Le taux de chômage calculé selon les normes au sens du BIT est relativement faible au Luxembourg, avec 5.9%. La moyenne des 28 pays membres est de 10.2%, et le record des taux de chômage les plus élevés est détenu par l’Espagne (24.5%) et la Grèce (26.5%).

Graphique 105: Proportion du sous-emploi dans l’emploi national, 2014 (en %)

Emploi Chômage Etudiant Retraité

Travail

domestique

Autre

inacitf Total

Emploi 95.4 0.1 1.3 0.8 0.5 1.9 100.0Sous-emploi 90.9 1.4 4.2 0.4 1.6 1.5 100.0Chômage BIT 3.5 50.9 13.5 2.7 12.7 16.7 100.0Cherche / indisponible

5.0 40.6 30.2 4.9 5.6 13.8 100.0

Disponible / ne cherche pas

2.5 6.6 28.3 19.6 31.5 11.5 100.0

Inactif 0.9 0.8 32.5 39.6 20.2 6.1 100.0

Source: STATEC - Enquête sur les forces de travail

Statut auto-déclaré

Emploi 2Sous-emploi 18Chômage BIT 62Cherche / indisponible 52Disponible / ne cherche pas 9Inactif 2

Source : STATEC (Enquête sur les forces de travail)

%

Source : STATEC, EUROSTAT (Enquête sur les forces de travail)

4.7

2.0

0 2 4 6 8 10

UE-28

EspagnePays-Bas

GrèceIrlandeFrance

Royaume-UniPortugal

AllemagneAutricheBelgique

ItalieDanemark

Luxembourg

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 97

La prise en compte du “halo” change la donne quelque peu. La force de travail potentielle (définition (1)) fait presque doubler le taux de chômage au Luxembourg (de 5.9% à 11.6%). En Autriche, l’évolution est similaire. En Allemagne, la prise en compte de la force de travail potentielle a un impact plus faible sur le taux de chômage. Il y passe de 5.0% à 7.2%. Au niveau des 28 pays membres de l’UE, la force de travail potentielle fait augmenter le taux de chômage de 10.2% à 14.4%.

Si, en plus de la force de travail potentielle, les personnes en sous-emploi sont comptabilisées parmi les chômeurs (définition (2)), le taux de chômage au Luxembourg augmente encore légèrement pour atteindre 13.3%. En Allemagne, le sous-emploi a un impact plus substantiel sur le taux de chômage, qui passe de 7.2% à 11.0%. Sur l’ensemble de l’UE, le sous-emploi fait augmenter le taux de chômage de 14.4% à 18.4%.

Tableau 39: Taux de chômage au sens du BIT et taux de chômage élargis en 2014 (en %)

3. Salaires Graphique 106: Salaire moyen de l'ensemble de l'économie et valeur ajoutée par emploi, 2014

Dans ce qui suit, on s’appuiera, sur les données des comptes nationaux qui permettent d’étudier l’évolution du salaire moyen total et des salaires moyens des branches économiques et de faire des comparaisons entre les pays européens. À noter que le salaire moyen est défini ici par la somme des traitements et salaires bruts (variable D11 dans le système des comptes nationaux, SEC) divisée par le nombre de salariés. Ne sont pas inclus dans cet agrégat les charges patronales. En ajoutant les charges patronales aux salaires et traitements, on obtient la rémunération par salarié (variable D1 dans le SEC), c’est-à-dire en fait le coût salarial.

3.1 Le niveau et l’évolution du salaire moyen

En comparant les pays européens et en croisant le salaire moyen (nominal) avec le niveau de la valeur ajoutée par emploi (nominale), on constate une corrélation extrêmement élevée. En d’autres mots, et sans surprise, plus la valeur ajoutée nominale par emploi est importante, plus le salaire moyen nominal dans un pays est élevé. En bas de l’échelle européenne, on trouve des pays comme la Bulgarie, la Roumanie et d’autres nouveaux Etats membres; en haut de l’échelle se sont établis le Luxembourg, la Norvège et le Danemark (voir Graphique 106). À titre d’exemple, en 2014, la valeur ajoutée nominale par emploi au Luxembourg est de 112 100 € et le salaire moyen nominal annuel de 55 100 €. En Bulgarie, la valeur

BIT Elargi (1) Elargi (2)

Allemagne 5.0 7.2 11.0Autriche 5.6 9.8 13.5Belgique 8.5 11.2 14.3Danemark 6.6 9.1 11.6Espagne 24.5 28.5 35.0France 10.3 13.1 18.3Grèce 26.5 28.5 33.4Irlande 11.3 13.2 19.0Italie 12.7 23.2 25.7Luxembourg 5.9 11.6 13.3Pays-Bas 7.4 12.4 18.8Portugal 14.1 18.8 23.3Royaume-Uni 6.1 9.1 14.5

UE-28 10.2 14.4 18.4

Source : STATEC, EUROSTAT (Enquête sur les forces de travail)

Sources : STATEC, EUROSTAT

BE

BGCZ

DK

DE

EE

IE

EL

ESFR

IT

CY

LVLT

LU

HU

MT

NLAT

PT

RO

SI

SK

FI SEUK

NO

CHR² = 0.9633

0

10

20

30

40

50

60

70

0 50 100 150

Sala

ire m

oyen

par

em

ploi

sal

arié

(en

100

0 €)

Valeur ajoutée par emploi (en milliers d'euros)

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Cahier économique 120 98

ajoutée par emploi atteint 10 500 € et le salaire moyen ne dépasse pas les 5 700€ en 2014.

Globalement, en valeur nominale, l’évolution des salaires est parallèle à la valeur ajoutée par emploi

On note, pour le Luxembourg comme pour les autres pays européens, que l’évolution du salaire moyen nominal (et de la rémunération moyenne) est globalement parallèle à l’évolution de la valeur ajoutée par emploi, avec toutefois un décrochage ou plutôt une évolution moins dynamique de la rémunération et du salaire moyen que celle de la valeur ajoutée par emploi (plus ou moins important selon les pays) à partir de 2004 et cela jusqu’en 2007-2008 (voir Graphique 107).

Au Grand-Duché, le salaire moyen (et la rémunération moyenne) dévie de la trajectoire de la valeur ajoutée par emploi pendant les années de ralentissement économique 2001-2002. Le salaire moyen et la rémunération moyenne augmentent de façon assez linéaire, alors que la croissance de la valeur ajoutée par emploi recule en 2001 et est assez atone en 2002 et en 2003. De 2004 à 2007 (en fait jusqu’à la crise économique récente), la croissance s’accélère en tendance: la valeur ajoutée (VAB) par emploi (en termes nominaux) augmente fortement, sans être accompagnée par une croissance similaire du salaire

moyen. Il s’en suit qu’en 2007, l’indice de la VAB/emploi et l’indice de la rémunération moyenne et du salaire moyen se trouvent au même niveau (sur la base 2000) au Luxembourg (voir Graphique 107).

À noter que cela se répercute sur le coût salarial unitaire réel qui tend à baisser. On peut donc noter une baisse assez prononcée de la part salariale sur les années 2006-2007, alors que cette part avait fortement augmentée lors de la crise au début des années 2000. On y reviendra plus loin (voir également annexe 1.3).

À noter qu’en Allemagne, une croissance nominale assez faible de la valeur ajoutée (+17% de 2000 à 2007) va de pair avec une croissance encore plus faible du salaire moyen nominal (+ 7% de 2000 à 2007). À titre de comparaison, la valeur ajoutée par emploi nominale au Luxembourg a augmenté de 26% entre 2000 et 2007 et le salaire moyen nominal de 28%. Par ailleurs, contrairement à la France par exemple, l’écart entre la VAB par emploi et le salaire moyen tend à se creuser de manière considérable en Allemagne, résultat d’une modération salariale incontestable. En Allemagne, le coût salarial s’en ressent en s’orientant à la baisse et la part salariale régresse fortement jusqu’en 2008 (voir annexes 1.1. à 1.4).

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 99

Graphique 107: Évolution de la valeur ajoutée par emploi (en valeur nominale), des salaires et des rémunérations par salarié, 2000 –2014 (indices: 2000 = 100)

Source : STATEC, EUROSTAT

90100110120130140150160

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Luxembourg

Valeur ajoutée par emploi Rémunération par salarié

Salaire par salarié

90

100

110

120

130

140

150

160

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Zone euro

Valeur ajoutée par emploi Rémunération par salariéSalaire par salarié

90100110120130140150160

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Belgique

Valeur ajoutée par emploi Rémunération par salarié

Salaire par salarié

90100110120130140150160

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Allemagne

Valeur ajoutée par emploi Rémunération par salarié

Salaire par salarié

90

100

110

120

130

140

150

160

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Grèce

Valeur ajoutée par emploi Rémunération par salariéSalaire par salarié

90

100

110

120

130

140

150

160

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

France

Valeur ajoutée par emploi Rémunération par salariéSalaire par salarié

90100110120130140150160

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Irlande

Valeur ajoutée par emploi Rémunération par salariéSalaire par salarié

90100110120130140150160

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Portugal

Valeur ajoutée par emploi Rémunération par salariéSalaire par salarié

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 100

Graphique 108: Valeur ajoutée par emploi et salaire moyen par branches au Luxembourg, 2014

Notons encore que l’évolution de la rémunération moyenne par salarié (qui inclut les charges patronales) se superpose à celle du salaire moyen (salaires et traitements bruts par salarié à l’exclusion des charges patronales) dans la plupart des pays. Ce qui signifie que le poids des charges patronales est resté globalement stable en Europe depuis 2000, même s’il y a des nuances. Dans les pays les plus touchés par la crise, comme en Grèce, les charges patronales ont tendance à augmenter (évolution qui se montre dans l’écart qui se creuse entre rémunération moyenne et salaire moyen).

La crise économique et financière s’exprime très nettement par un tassement de la croissance en 2008, puis, en 2009, une chute – plus ou moins marquée selon les pays - de la valeur ajoutée par emploi. En valeur nominale, la valeur ajoutée par emploi au Luxembourg passe de 99 100 € en 2007 à 97 000 € en 2008 et à 92 400 € en 2009. Cet écart correspond à une évolution de -4.7%. Dans la zone euro, la VAB/emploi en valeur nominale augmente encore de 2.0% de 2007 à 2008, puis recule de 1.5% en 2009, de sorte qu’elle se situe au même niveau en 2009 qu’en 2007. En Belgique et en France, le recul de la VAB/emploi nominale était également moins prononcé qu’au Luxembourg. Elle se situe en 2009 légèrement en-dessous de son niveau de 2007 (environ -1%) dans ces deux pays.

En même temps, au Luxembourg comme dans les pays voisins, le salaire moyen (et la rémunération moyenne) continuait à croître quoiqu’à un rythme moins élevé qu’au cours des années précédant la crise. De 2007 à 2008, le salaire moyen nominal moyen au Luxembourg a augmenté de 2.5%. En 2009, l’augmentation est encore de 0.8%, malgré la chute de la VAB/emploi. Il en découle une détérioration du coût salarial unitaire

réel (et une augmentation de la part salariale dans la valeur ajoutée) (voir annexe 1.3).

En 2010, avec l’amélioration des conditions économiques, la VAB/emploi rebondit. Au Luxembourg, on passe de 92 400 € en 2009 de valeur ajoutée par emploi à 99 300 € en 2010, soit une augmentation nominale d’environ 7.5% (contre seulement 3% dans la zone euro). La croissance du salaire moyen nominal s’accélère également au Grand-Duché en passant de 0.8% en 2009 à 2.4% en 2010. Etant donné que ce taux est inférieur au taux de croissance de la VAB/emploi, le coût salarial unitaire réel s’améliore en 2010. On y reviendra plus loin.

En 2011, au Luxembourg, on enregistre encore une croissance de la valeur ajoutée par emploi en valeur nominale, mais elle est moins prononcée qu’en 2010. On passe de 99 300 € par emploi en 2010 à 102 700 €, soit une croissance de 3.5% en 2011 (contre 7.5% en 2010). Le salaire moyen nominal croît également en 2011 (+1.7%), mais moins fortement qu’en 2010 (+2.4%). Etant donné que la croissance du salaire nominal par emploi se situe en-dessous de celle de la valeur ajoutée par emploi (1.7% contre 3.5%), le coût salarial unitaire réel ne se détériore donc pas en 2011 (voir plus loin). En 2012, la valeur ajoutée nominale par emploi reste pratiquement stable au Luxembourg (+0.4%). En même temps le salaire moyen nominal augmente de près de 1.3%, d’où une légère une détérioration du coût salarial unitaire réel. En 2013, la valeur ajoutée nominale par emploi au Luxembourg croît de 4.3%. En même temps, le salaire nominal moyen n’augmente que de 3.6%. Enfin, en 2014, la croissance de la valeur ajoutée par emploi reste élevée au Luxembourg avec +4.3%, alors que le salaire moyen n’augmente que de 1.8%. En 2013 et surtout en 2014, le coût salarial unitaire réel s’améliore donc à nouveau.

À noter que, dans les pays les plus touchés par la crise (plus particulièrement dans le Sud de l’Europe), les salaires moyens nominaux stagnent où reculent même fortement pendant la crise, avant de se redresser à partir de 2011 ou 2012, sauf en Grèce où la chute du salaire moyen nominal n’est pas encore enrayée. En Grèce où le salaire moyen nominal est, en 2014, de 18% inférieur à son niveau de 2009 (voir

Source : STATEC

Agriculture

Industries extractivesIndustrie manufacturière

Production et distribution d'électricité

Production et distribution d'eau, déchets, dépollution

ConstructionCommerce et réparation

automobile

Transports et entreposage

Hébergement et restauration

Information et communication

Activités financières et d'assuranceActivités spécialisées

scientifiques et techniques

Services administratifs et de soutien

Administration publique

Enseigement

Santé et action sociale

Arts, spectacles, activités récréatives

Autres services

Activités des ménages en tant qu'employeurs

R² = 0.6718

0

20

40

60

80

100

120

0 50 100 150 200 250 300

Sala

ire m

oyen

ann

uel (

en 1

000

€)

Valeur ajoutée par emploi par an (en 1 000 €)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 101

Graphique 107). En 2014, au Luxembourg, le salaire moyen nominal est de 11% supérieur à son niveau de 2009 et, dans la zone euro, l’augmentation nominale du salaire moyen de 2009 à 2014 est de près de 9%.

3.2 Les salaires par branche économique

Le salaire moyen est évidemment influencé par la structure par âge de l’emploi dans les branches économiques, ainsi que par le niveau des qualifications requises par les différentes branches. En outre, l’incidence du temps partiel diffère selon les secteurs économiques. Il ne s’agit donc ici que de donner une vue globale sur la structure des salaires par branches.

Est-ce que le lien entre salaire et valeur ajoutée par emploi que l’on a mis en évidence en comparant les pays se retrouve au niveau des branches au sein d’un pays, en l’occurrence le Luxembourg ? Un coefficient de détermination élevé est le signe d’un lien clair entre le niveau du salaire moyen par branche et la valeur ajoutée par branche (voir Graphique 108). D’un côté, on est en présence de branches à faible valeur ajoutée et à faible rémunération, et, d’un autre côté, de branches ayant un haut niveau de valeur ajoutée par emploi et pouvant faire état de salaires élevés.

Le niveau des salaires selon les branches

En bas de l’échelle des rémunérations des salariés on trouve l’agriculture, le secteur HORECA et les activités des ménages en tant qu’employeurs (p.ex.: les femmes de ménage). Le secteur de la construction, les services administratifs de soutien (nettoyage, sécurité …) et le commerce ne se trouvent pas loin de ce groupe. En milieu de peloton, on trouve l’industrie, mais également des branches de services, comme les transports et la santé et l’action sociale. Les branches économiques ayant la valeur ajoutée par emploi et les salaires les plus élevés sont les services financiers (assurances, banques, auxiliaires financiers), mais également la branche de la distribution d’électricité et celle de l’information et de la communication.

À titre d’exemple, en 2014, dans la branche des hôtels et restaurants (HORECA), la valeur ajoutée brute par emploi (VAB) est de quelque 43 500 € et le salaire moyen annuel de 31 400 €. Dans les activités financières et d’assurance, la VAB/emploi atteint 292 400 € en 2014 et le salaire moyen 89 100 €.

Les salaires moyens dans l’administration publique, dans l’éducation, dans l’information et la communication et dans la branche “Activités spécialisées, techniques et scientifiques“ (activités juridiques et comptables, activités des sièges sociaux, conseil de gestion, recherche et développement) se situent également en haut de l’échelle des salaires du Luxembourg. En 2014, dans l’administration publique, le salaire moyen annuel est de 66 400 €, dans l’éducation de 74 000 €, dans la branche “Activités spécialisées, techniques et scientifiques” de 70 600 € et dans la branche “Information et communication” de 67 300 €.

L’écart du salaire moyen des différentes branches par rapport à la moyenne de l’ensemble des branches est parlant (voir Graphique 109). Dans les services financiers, le salaire moyen est de 62% plus élevé que la moyenne luxembourgeoise en 2014. Dans l’administration publique, l’écart par rapport à la moyenne salariale de l’ensemble des branches est de +20%, dans l’éducation de +34% et dans le secteur “Production et distribution d’électricité” de +32%. À l’inverse, en 2014, le niveau du salaire moyen dans la branche de l’hôtellerie et de la restauration par rapport à la moyenne du Luxembourg est de -43%, celui de la branche du “Commerce” de -24%. L’écart du salaire moyen dans la construction par rapport à la moyenne globale de l’économie luxembourgeoise est de -25%. Dans les transports, le salaire moyen se situe pratiquement au même niveau que le salaire moyen de l’ensemble des branches. Dans l’industrie (produits manufacturés), le salaire moyen se plaçait en 2000 assez près de la moyenne des branches (-7% par rapport à la moyenne), mais en 2014 l’écart par rapport au salaire moyen de l’ensemble des branches est devenu plus important (-11%).

À retenir encore qu’entre 2000 et 2014, la structure des salaires selon les branches économiques reste assez stable, même si les écarts par rapport à la moyenne évoluent. On constate, par exemple, que le salaire moyen dans les services financiers était de 73% plus élevé que la moyenne en 2000. Cet écart est réduit à 62% en 2014 (on verra que cette réduction de l’écart est dû largement à un tassement de la croissance du salaire moyen dans cette branche de 2008 et en 2009). Cependant, en 2014, comme en 2000, les services financiers continuent à situer en haut de l’échelle des salaires, tout comme l’administration publique et l’éducation. En bas de cette échelle en retrouve en 2000 comme en 2014, l’hôtellerie et la restauration, l’agriculture, les activités

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Cahier économique 120 102

des ménages en tant qu’employeurs et les services administratifs de soutien qui regroupe notamment les services liés aux bâtiments (nettoyage, sécurité, …) et d’autres services aux entreprises (voir Graphique 109).

L’évolution du salaire moyen selon les branches

Le lien entre l’évolution des salaires et l’évolution de la valeur ajoutée par emploi se retrouve au niveau des branches économiques. On a déjà vu que, globalement, le niveau des salaires de branches est fonction de la valeur ajoutée par emploi de ces branches (voir Graphique 108). L’évolution par branches des salaires (nominaux) et de la VAB par emploi confirme ce lien, du moins dans ses grandes lignes et jusqu’à la crise (voir Graphique 110). À noter que dans certaines branches, la croissance de la valeur ajoutée nominale par emploi se prolonge jusqu’en 2008, pour d’autres le ralentissement commence déjà plus tôt.

L’évolution à la hausse plus rapide de la valeur ajoutée par emploi comparée au salaire moyen (resp. la rémunération moyenne) - qu’on a décelé au niveau de l’économie dans son ensemble pour les années précédant la crise (2005-2007) - apparaît également dans l’industrie (où la valeur ajoutée nominale par emploi fait un bond important en 2007). Dans la branche “Commerce, HORECA, transports”, de même que dans les “Activités spécialisées, techniques et scientifiques et services administratifs et de soutien”, c’est en 2008 qu’on décèle encore une hausse importante de la valeur ajoutée par emploi, alors que d’autres branches économiques, comme la construction, l’industrie et les activités financières et d’assurance ont déjà commencé à ralentir en 2008 en termes de valeur ajoutée par emploi (voir Graphique 110). En 2009, la VAB par emploi du commerce, HORECA et transports recule fortement, mais avec une amplitude moindre que dans l’industrie qui est caractérisée par un véritable effondrement de la VAB par emploi en 2008 et en 2009 (-11% en 2008 et -34% en 2009). Dans l’industrie, la VAB/emploi se réoriente à la hausse en 2010, sans toutefois atteindre son niveau d’avant la crise. Dans le commerce et l’HORECA, par contre, la croissance de la valeur ajoutée dépasse le niveau d’avant-crise dès 2011. Dans ces deux branches où la valeur ajoutée a fortement chuté, le salaire moyen nominal, en revanche, ne recule pas; il continue même à croître pendant la crise, même si l’amplitude de cette croissance est plus faible qu’avant la crise. En 2014, le

salaire moyen dans l’industrie est de 40% supérieur à son niveau de 2000, alors que la valeur ajoutée par emploi n’est que de 7% supérieure en 2014 à son niveau de 2000. Dans le commerce, en 2014, le niveau du salaire moyen (+47% par rapport à 2000), soit globalement un peu inférieur au niveau que la VAB/emploi a atteint par rapport à 2000 (+54%).

Dans la construction, le parallélisme de la VAB/emploi et du salaire moyen est également présent. Mais dès 2008, on assiste à un tassement de la valeur ajoutée nominale par emploi dans cette branche (tassement qui est cependant moins prononcé que dans l’industrie). En 2012, la valeur ajoutée nominale par emploi dans la construction ne dépasse cependant que très légèrement le niveau de 2007. À noter que le salaire moyen nominal dans la construction continue de croître pendant la crise; il subit seulement un très léger recul en 2010. Au cours de la période la plus période récente, la construction se remet sur un chemin de croissance: la valeur ajoutée nominale par emploi augmente très fortement, plus fortement même que le salaire moyen. En fin de compte, la valeur ajoutée nominale par emploi dans la branche de la construction est de 40% plus élevée qu’en 2000, alors que le salaire moyen est de 48% plus élevé en 2014 qu’en 2000.

En ce qui concerne la branche des activités financières et d’assurance, l’évolution est plus complexe. De 2000 à 2002, la valeur ajoutée par emploi (en valeur nominale) n’évolue pas à la hausse contrairement au salaire moyen (voir Graphique 110). Il en résulte une tendance à l’augmentation du coût salarial unitaire réel au cours de cette période et une élévation du niveau de la part salariale dans ce secteur. À partir de 2004 et jusqu’en 2006/2007, la valeur ajoutée par emploi y croît de manière importante (même plus fortement que dans les autres branches, mais en partant d’un niveau relatif plus bas), alors que la cadence à la hausse du salaire moyen nominal est assez linéaire jusqu’en 2007. De 2007 à 2012, le salaire moyen nominal dans la branche “Activités financières et d’assurance” n’évolue que très peu (voir plus loin). Parallèlement, en 2012, la valeur ajoutée nominale par emploi n’a pas atteint son niveau d’avant la crise. Comme dans la construction, la croissance dans les activités financières et d’assurance et valeur ajoutée par emploi s’oriente résolument à la hausse en 2013 et en 2014. Par contre, l’évolution du salaire moyen dans le secteur financier, après avoir augmenté assez fortement en 2013, reste relativement atone en 2014.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 103

Graphique 109: Niveau du salaire moyen des branches par rapport au salaire moyen total, 2000 et 2014 (indices: 100 = salaire moyen de l’ensemble des branches)

Graphique 110: Évolution par branches économiques de la valeur ajoutée par emploi (en valeur nominale), du salaire et de la rémunération par salarié au Luxembourg, 2000 –2014 (indices: 100 = 2000)

Source : STATEC

020406080100120140160180200

Activité

s des ménages

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Agriculture

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trestauratio

n

Activité

s de services

administratifs et d

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Constructio

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Industrie

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Autres activité

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services

Commerce

Industrie

manufacturière

Santé humaine et

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Arts, spectacles et

activ

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Productio

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Activité

s immobilières

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Administration publique

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s spécialisées,

scientifiques et

techniques

Productio

n et

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ion

d'él

ectr

icité

Enseignement

Activité

s fin

ancières et

d'as

sura

nce

2000 2014 moyenne ensemble des branches

Source : STATEC

708090

100110120130140150160170180190200

2000

2001

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2008

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2010

2011

2012

2013

2014

Industrie (sauf construction)

Valeur ajoutée par emploiRémunération moyenne par salariéSalaire moyen par salarié

708090

100110120130140150160170180190200

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Construction

Valeur ajoutée par emploiRémunération moyenne par salariéSalaire moyen par salarié

708090

100110120130140150160170180190200

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Commerce, réparation d'automobiles, transports et entreposage, HORECA

Valeur ajoutée brute par emploiRémunération moyenne par salariéSalaire moyen par salarié

708090

100110120130140150160170180190200

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Information et communication

Valeur ajoutée par emploi

Rémunération moyenne par salarié

Salaire moyen par salarié

708090

100110120130140150160170180190200

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Activités financières et d'assurance

Valeur ajoutée par emploiRémunération moyenne par salariéSalaire moyen par salarié

708090

100110120130140150160170180190200

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Activités spécialisées, scientifiques et techniques, services administratifs et de soutien

Valeur ajoutée par emploi Rémunération par salarié

Salaire moyen par salarié

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 104

Tableau 40: Salaire moyen par branche économique au Luxembourg, 2000-2014 (en 1000 € par an)

Tableau 41: Écart du salaire moyen nominal dans les branches par rapport à la moyenne de l’ensemble des branches au Luxembourg, 2000-2014 (indices; ensemble des branches = 100)

Branche économique 2000 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Agriculture, sylviculture et pêche 23.3 25.1 24.9 25.3 24.7 27.0 27.4 27.8 28.3Industries extractives 34.4 43.8 46.1 50.2 49.0 43.1 41.7 41.0 41.3Industrie manufacturière 35.2 42.6 43.7 43.5 44.1 45.3 46.4 47.8 49.0Production et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné 52.8 63.7 67.4 72.4 69.9 70.3 73.7 73.9 72.9Production et distribution d'eau; assainissement, gestion des déchets et dépollution 36.1 42.9 45.8 45.5 46.8 47.8 47.2 52.6 53.2Construction 26.9 33.5 35.0 36.1 35.5 36.9 37.2 38.2 39.8Commerce; réparation d'automobiles et de motocycles 27.1 35.1 37.0 37.7 38.3 38.9 39.4 41.3 42.9Transports et entreposage 38.2 46.7 47.6 48.9 49.5 51.3 50.6 53.9 55.4Hébergement et restauration 25.4 27.2 28.1 29.0 29.3 29.5 29.4 31.0 31.4Information et communication 50.6 60.2 61.2 61.3 63.1 64.7 64.0 65.7 67.3Activités financières et d'assurance 65.3 82.1 80.1 79.0 83.8 83.7 85.9 90.7 89.1Activités immobilières 24.7 44.1 46.5 45.5 44.7 46.6 48.6 53.7 54.9Activités spécialisées, scientifiques et techniques 48.4 67.1 69.8 68.0 70.1 70.6 70.0 71.4 70.6Activités de services administratifs et de soutien 20.3 26.9 27.5 27.1 27.3 28.6 28.7 29.5 31.9Administration publique 43.7 56.4 57.9 58.9 60.9 61.9 62.9 65.5 66.4Enseignement 49.6 61.5 62.6 64.0 68.9 69.7 71.7 72.8 74.0Santé humaine et action sociale 33.6 44.0 46.1 46.3 47.1 47.4 48.2 48.1 49.3Arts, spectacles et activités récréatives 35.1 47.3 48.6 49.5 51.1 49.2 51.2 52.7 53.0Autres activités de services 26.8 34.3 36.0 36.0 37.1 38.4 39.1 40.8 41.8Activités des ménages en tant qu'employeurs 18.5 23.1 22.2 22.6 23.2 24.0 24.4 25.3 26.0Total 37.7 47.9 49.1 49.5 50.6 51.5 52.2 54.1 55.1

Source : STATEC

Branche économique 2000 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Agriculture, sylviculture et pêche 61.8 52.5 50.8 51.2 48.8 52.5 52.5 51.4 51.4Industries extractives 91.2 91.4 94.0 101.4 96.7 83.6 79.8 75.7 75.0Industrie manufacturière 93.3 88.9 89.0 87.9 87.1 88.0 88.9 88.4 88.9Production et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné 140.1 133.0 137.2 146.4 138.0 136.5 141.1 136.6 132.4Production et distribution d'eau; assainissement, gestion des déchets et dépollution 95.7 89.6 93.4 91.9 92.3 92.8 90.3 97.2 96.6Construction 71.3 70.0 71.3 73.0 70.2 71.6 71.2 70.7 72.2Commerce; réparation d'automobiles et de motocycles 71.8 73.2 75.3 76.2 75.7 75.5 75.5 76.3 77.9Transports et entreposage 101.3 97.5 97.0 98.8 97.8 99.5 97.0 99.7 100.5Hébergement et restauration 67.4 56.8 57.3 58.7 57.9 57.3 56.4 57.2 57.0Information et communication 134.1 125.8 124.6 124.0 124.7 125.5 122.6 121.5 122.2Activités financières et d'assurance 173.2 171.4 163.2 159.7 165.4 162.4 164.5 167.7 161.8Activités immobilières 65.5 92.1 94.8 92.1 88.4 90.4 93.1 99.3 99.7Activités spécialisées, scientifiques et techniques 128.4 140.1 142.3 137.5 138.5 137.0 134.0 132.0 128.2Activités de services administratifs et de soutien 53.8 56.1 55.9 54.8 53.9 55.5 55.0 54.5 57.9Administration publique 115.8 117.8 117.9 119.1 120.2 120.1 120.5 121.1 120.6Enseignement 131.5 128.3 127.6 129.4 136.1 135.4 137.4 134.5 134.3Santé humaine et action sociale 89.0 91.8 94.0 93.5 93.0 92.1 92.3 89.0 89.6Arts, spectacles et activités récréatives 93.0 98.7 98.9 100.1 100.9 95.6 98.2 97.4 96.1Autres activités de services 71.1 71.6 73.4 72.9 73.2 74.5 74.9 75.4 75.8Activités des ménages en tant qu'employeurs 48.9 48.3 45.3 45.7 45.8 46.6 46.8 46.7 47.2Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Source : STATEC

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 105

Tableau 42: Évolution du salaire moyen nominal par branches au Luxembourg, 2000-2014 (base 2000 =100)

En résumé, en 2014, la valeur ajoutée par emploi dans les activités financières est de 54% plus élevée qu’en 2000, alors que le salaire moyen dans cette branche est de seulement 36% plus élevé. Il convient néanmoins d’ajouter que, dans cette branche, l’écart entre l’indice de la VAB/emploi et l’indice du salaire moyen s’est fait exclusivement en 2014. En 2013, le niveau des deux variables était encore identique (+38 ou +39% en valeur nominale par rapport à 2000).

Dans la branche des activités spécialisées, techniques et scientifiques et dans les services administratifs et de soutien, la valeur ajoutée par emploi a augmenté très fortement jusqu’en 2008 (+48% par rapport à 2000), puis recule en 2009. Depuis, malgré quelques soubresauts, la VAB/emploi nominale connaît une croissance importante. En 2014, la valeur ajoutée par emploi est de 65% plus élevée qu’en 2000. Dans cette branche, le salaire moyen évolue globalement parallèlement à la valeur ajoutée par emploi. En 2014, le salaire moyen y est de 61% plus élevé qu’en 2000. Néanmoins, cette augmentation dépasse la moyenne de l’économie totale.

L’évolution des salaires par branche depuis 2000: une vue d’ensemble

Le salaire moyen nominal de l’ensemble des branches économiques du Luxembourg a augmenté de 46% de 2000 à 2014 (voir Tableau 42). La hausse est beaucoup plus forte dans les “Activités immobilières” (+122%), et à un degré moindre dans le “Commerce “ (+58%), dans les activités de services administratifs et de soutien (+57%), dans l’administration publique (+52%) et dans la branche des “Arts, spectacles et activités récréatives “ (+51%). Dans les branches suivantes, l’augmentation du salaire moyen nominal dépasse seulement très légèrement la moyenne de l’économie luxembourgeoise: l’enseignement (+49%) la branche de la santé et de l’action sociale (+47%) et la construction (+48%). Dans les transports et l’entreposage (+45%), le salaire moyen nominal augmente à peu près au même rythme que la moyenne de l’économie luxembourgeoise. Dans les services financiers, le salaire moyen nominal évolue en dessous de la moyenne de l’économie luxembourgeoise (+36% de 2000 à 2014, contre 46% dans l’économie luxembourgeoise au total). Dans l’industrie manufacturière, la hausse du salaire moyen nominal est de 39% entre 2000 et 2014, donc inférieure à la moyenne.

Branche économique 2000 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Agriculture, sylviculture et pêche 100.0 107.8 106.9 108.7 106.1 115.9 117.5 119.3 121.5Industries extractives 100.0 127.3 134.2 145.8 142.3 125.2 121.1 119.1 120.0Industrie manufacturière 100.0 120.9 124.1 123.5 125.3 128.8 131.8 135.8 139.2Production et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné 100.0 120.5 127.5 137.0 132.2 133.1 139.4 139.9 138.0Production et distribution d'eau; assainissement, gestion des déchets et dépollution 100.0 118.8 127.0 125.9 129.5 132.4 130.6 145.6 147.4Construction 100.0 124.6 130.1 134.3 132.0 137.0 138.1 142.1 147.8Commerce; réparation d'automobiles et de motocycles 100.0 129.5 136.5 139.2 141.5 143.7 145.6 152.5 158.4Transports et entreposage 100.0 122.2 124.6 127.9 129.6 134.1 132.4 141.1 144.9Hébergement et restauration 100.0 107.0 110.5 114.2 115.4 116.1 115.8 121.7 123.5Information et communication 100.0 119.1 121.0 121.3 124.8 127.9 126.5 130.0 133.1Activités financières et d'assurance 100.0 125.6 122.6 120.9 128.2 128.0 131.4 138.8 136.4Activités immobilières 100.0 178.3 188.2 184.2 181.0 188.3 196.6 217.2 222.2Activités spécialisées, scientifiques et techniques 100.0 138.5 144.2 140.4 144.8 145.7 144.4 147.4 145.8Activités de services administratifs et de soutien 100.0 132.3 135.3 133.7 134.5 140.8 141.4 145.2 157.1Administration publique 100.0 129.1 132.5 134.8 139.3 141.6 143.9 149.9 152.0Enseignement 100.0 123.9 126.3 129.0 139.0 140.6 144.6 146.7 149.1Santé humaine et action sociale 100.0 130.9 137.4 137.7 140.2 141.2 143.4 143.3 146.9Arts, spectacles et activités récréatives 100.0 134.8 138.5 141.3 145.7 140.4 146.1 150.2 151.0Autres activités de services 100.0 127.8 134.2 134.3 138.2 142.9 145.7 152.0 155.7Activités des ménages en tant qu'employeurs 100.0 125.2 120.5 122.6 125.5 129.9 132.2 136.9 140.7Total 100.0 126.9 130.1 131.1 134.2 136.5 138.4 143.4 146.0

Source : STATEC

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Cahier économique 120 106

C’est également le cas dans l’hôtellerie et la restauration, où la hausse du salaire moyen nominal entre 2000 à 2014 se situe aux alentours de 24%, et dans l’information et la communication où l’augmentation est de 33%.

3.3 Les effets de la crise économique …

La crise économique s’exprime dans une chute très prononcée de la valeur ajoutée nominale par emploi dans l’ensemble de l’Europe à partir du milieu de l’année 2008. Au Luxembourg la baisse de la valeur ajoutée par emploi est tout aussi prononcée que ne l’était la hausse exceptionnelle de 2005 à 2007 (voir Graphique 107).

La chute très forte de la valeur ajoutée par emploi au Luxembourg s’explique à la fois par le recul de la valeur ajoutée totale et par un “labour hoarding” important c’est-à-dire en fait un maintien de l’emploi, malgré la baisse de la VAB (voir à ce sujet: Note de conjoncture du STATEC, n° 1/2010). Le total de la valeur ajoutée nominale du Luxembourg est passé de 33.9 milliards d’euros en 2008 et à 32.6 milliards d’euros en 2009, soit une variation de -3.8% entre 2008 et 2009. Dans la zone euro, la valeur ajoutée totale nominale a reculé de 3.3% en 2009.

En revanche, l’emploi intérieur total (salariés et indépendants) du Luxembourg a augmenté – et cela même fortement - pendant les premières années de crise: il passe de 333 500 en 2007 à 349 400 en 2008 et 353 000 en 2009 (un plus de quelque 10 000 personnes en 2 ans), soit une augmentation de quelque 6% de l’emploi entre 2007 et 2009, alors qu’en 2009 la valeur ajoutée nominale est légèrement diminué par rapport à 2007 (-1.3% en 2009 par rapport à 2007). Il en découle une variation négative de la valeur ajoutée nominale par emploi de -7% au Grand-Duché. Dans la zone euro, contrairement au Luxembourg, l’emploi a reculé de 1.1% de 2007 à 2009, alors que la valeur ajoutée nominale n’a diminué que de 0.5% au cours de cette période. La valeur ajoutée nominale par emploi dans la zone euro est donc en 2009 légèrement supérieure à son niveau de 2007 (+0.6%).

Au Luxembourg, le recul de la VAB par emploi concerne tous les grands secteurs économiques au (voir Graphique 110). Pour l’industrie, les “Services financiers et d’assurance” et la construction il y a même eu déjà recul en 2008. En revanche, dans la

branche “Commerce, HORECA, transports” et dans la branche “Activités spécialisées, techniques et scientifiques” la valeur ajoutée par emploi a encore connu une augmentation en 2008.

Signe de la reprise, la valeur ajoutée par emploi au Luxembourg s’oriente à la hausse à partir du 3ème trimestre 2009. La valeur ajoutée totale nominale au Luxembourg évolue de 32.6 milliards d’euros en 2009 à 35.7 milliards d’euros en 2010, soit une augmentation de 9.5% en valeur. En même temps, l’emploi croît de nouveau de façon conséquente en passant de 353 000 en 2009 à 359 400 en 2010 (un plus de 6 400 emplois), soit un taux de croissance de 1.8% de l’emploi. La valeur ajoutée par emploi augmente donc d’environ 8% en valeur nominale en 2010 par rapport à 2009.

En valeur nominale, la VAB générée par l’économie luxembourgeoise augmente encore en 2011, mais à un rythme un peu moins soutenu qu’en 2010. Elle passe de 35.7 milliards d’euros en 2010 à 38.0 milliards en 2011, soit une augmentation nominale de 6.5%. La croissance de l’emploi s’accélère en 2011 par rapport à 2010: l’emploi intérieur total au Grand-Duché passe de 359 400 en 2010 à 370 000 en 2011, soit un plus de 10 600 emplois ou une croissance de l’emploi de 2.9%. Comme la valeur ajoutée totale nominale progresse moins vite en 2011 qu’en 2010 (+6.5% en 2011 contre +9.5% en 2010) et que, de l’autre côté, l’emploi évolue de façon plus dynamique en 2011 qu’en 2010 (+2.9% en 2011 contre 1.8% en 2010), la croissance de la valeur ajoutée nominale par emploi n’est que de 3.5% en 2011 (contre quelque 8% en 2010).

La valeur ajoutée totale nominale passe de 38.0 milliards d’euros en 2011 à 39.1 milliards en 2012, soit une augmentation de 2.8% par rapport à 2011 (ce qui correspond à un ralentissement par rapport à 2011 où la valeur ajoutée totale nominale avait encore augmenté de 6.5%). En même temps, l’emploi évolue de 370 000 personnes en 2011 à 379 000 en 2012, ce qui correspond à un accroissement de 2.4%. Il en résulte que la valeur ajoutée nominale par emploi augmente très légèrement en 2012 (+0.4%).

La valeur ajoutée totale nominale passe de 39.1 milliards d’euros en 2012 à 41.5 milliards en 2013, soit une augmentation de 6.2% par rapport à 2012, correspondant à une accélération de la croissance de la VAB nominale par rapport à 2012 où elle n’avait augmenté que de 2.8%. En même temps l’emploi

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 107

évolue de 379 000 personnes en 2012 à 386 000 en 2013, ce qui correspond à un accroissement de 1.8%. Il en résulte que la valeur ajoutée nominale par emploi s’accroît assez fortement en 2013 (+4.3%).

Finalement, en 2014, la valeur ajoutée nominale totale passe à 44.3 milliards d’euros (contre 41.5 milliards en 2013), ce qui correspond à une augmentation de 6.7% (soit une croissance nominale de la VAB pratiquement identique à celle de 2013). Parallèlement, l’emploi passe de 386 000 en 2013 à 395 200 en 2014 (soit une croissance de l’emploi de 2.4% en 2014 contre 1.8% en 2013). Comme l’emploi augmente moins vite que la valeur ajoutée nominale, la valeur ajoutée par emploi augmente à un rythme assez soutenu de +4.3% en 2014.

En ce qui concerne l’évolution des salaires nominaux par branche au cours des années récentes, on constate d’abord que c’est dans les services financiers que l’évolution est la moins favorable en 2008 et en 2009. Dans cette branche économique, le salaire moyen nominal recule de 2.4% en 2008, alors que le salaire moyen nominal dans l’ensemble de l’économie a encore augmenté de 2.5% au cours de l’année 2008. Ce taux de croissance total en 2008 ne se situe que légèrement en-dessous de la moyenne des années 2000-2007, où le salaire nominal avait augmenté de 3.5% par an (voir Tableau 43). En effet, mis à part les services financiers, l’évolution des salaires dans les autres branches est encore assez dynamique en 2008, notamment dans le commerce où le salaire moyen nominal a encore augmenté de 5.5% en 2008. Dans l’industrie, le salaire nominal évolue également à la hausse (+2.6% en 2008).

C’est en 2009 que la crise se fait sentir de manière claire dans l’évolution du salaire nominal. L’augmentation du salaire moyen nominal de l’ensemble des branches n’est que de 0.8% en valeur nominale au Luxembourg.

Dans le commerce (+2.0% en 2009), la construction (+3.2%), les transports (+2.6%) et dans l’hébergement et la restauration (+3.3%) l’évolution était plus dynamique que la moyenne, alors que dans l’industrie (-0.5%), les services financiers (-1.4%), les activités de services administratifs et de soutien (-1.2%), l’évolution du salaire nominal est atone ou négative en 2009.

En 2010, l’évolution du salaire moyen est plus dynamique dans l’économie luxembourgeoise dans son

ensemble (+2.4% en 2010, contre +0.8% en 2009), mis à part dans la construction où le salaire moyen recule de 1.7%.

Graphique 111: Évolution du salaire moyen nominal par branche au Luxembourg, 2000-2014 (indices: 2000 = 100)

Tableau 43: Taux de variation annuel du salaire moyen nominal selon les branches au Luxembourg de 2000 à 2014 (en %)

Dans l’hôtellerie et la restauration, le salaire moyen nominal n’augmente que faiblement en 2010 (+1.0%). Au cours de cette année, une des progressions les plus importantes a eu lieu dans le secteur “non concurrentiel” avec une progression de 3.3% du salaire moyen nominal dans l’administration publique et de 7.7% dans l’éducation. Il est vrai que dans ces deux branches, les salaires avaient évolué beaucoup moins favorablement en 2009. Dans les services financiers, l’augmentation est substantielle (+6.1% en

Source : STATEC

90

100

110

120

130

140

150

160

170

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Total - Ensemble des activités NACEIndustrie (sauf construction)ConstructionCommerce, transport, hébergement et activités de restaurationInformation et communicationActivités financières et d'assuranceActivités spécialisées, scientifiques et techniques; activités de services administratifs et de soutienAdministration publique, défense, éducation, santé humaine et action sociale

Branche économique2000-2007 2008 2009 2010 2011 2012

2008-2012 2013 2014

2013-2014

Agriculture 1.2 -0.8 1.7 -2.4 9.3 1.3 1.8 1.6 1.8 1.7Industrie manufacturière 2.8 2.6 -0.5 1.4 2.8 2.4 1.7 3.0 2.5 2.8Construction 3.2 4.4 3.2 -1.7 3.7 0.9 2.1 2.9 4.0 3.4Commerce; réparation 3.8 5.5 2.0 1.7 1.5 1.3 2.4 4.7 3.9 4.3Transports et entreposage 2.9 1.9 2.6 1.3 3.5 -1.3 1.6 6.5 2.7 4.6Hébergement et restauration 1.1 3.4 3.3 1.0 0.6 -0.3 1.6 5.1 1.5 3.3Information et communication 2.6 1.6 0.2 2.9 2.4 -1.1 1.2 2.8 2.4 2.6

Activités financières et d'assurance 3.3 -2.4 -1.4 6.1 -0.1 2.7 1.0 5.6 -1.7 1.9Activités spécialisées, scientifiques et techniques 4.8 4.1 -2.6 3.1 0.6 -0.9 0.9 2.1 -1.1 0.5Activités de services administratifs et de soutien 4.1 2.2 -1.2 0.6 4.7 0.4 1.4 2.7 8.2 5.4Administration publique 3.7 2.6 1.8 3.3 1.7 1.6 2.2 4.2 1.4 2.8Enseignement 3.1 1.9 2.2 7.7 1.2 2.9 3.2 1.5 1.7 1.6Santé humaine et action sociale 3.9 5.0 0.3 1.8 0.7 1.6 1.9 -0.1 2.5 1.2Arts, spectacles et activités récréatives 4.5 2.7 2.0 3.1 -3.6 4.1 1.7 2.8 0.5 1.7Autres activités de services 4.0 5.0 0.0 2.9 3.4 2.0 2.7 4.3 2.4 3.4Total 3.5 2.5 0.8 2.4 1.7 1.3 1.7 3.6 1.8 2.7Total sans le secteur financier 3.5 3.7 1.4 1.8 2.3 1.1 2.1 3.3 2.7 3.0

Source : STATEC

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Cahier économique 120 108

2010), mais cette augmentation suit deux années de recul du salaire moyen nominal dans cette branche.

Dans l’industrie manufacturière, la progression du salaire moyen nominal (+1.4% en 2010) se situe en-dessous de la moyenne de l’ensemble des branches, après une année où le salaire nominal était en recul (-0.5% en 2009).

En 2011, l’augmentation du salaire nominal moyen (+1.7%) est un peu moins dynamique qu’en 2010 (+2.4%). Dans l’industrie et dans la construction, la progression du salaire moyen (2.8% et 3.7%) dépasse la moyenne de l’ensemble des branches. À noter cependant que, dans ces deux branches, l’augmentation du salaire moyen avait été faible en 2009, respectivement en 2010. À noter encore qu’en 2011, la croissance du salaire moyen dans l’administration (+1.7%) et dans l’enseignement (+1.2%) se situe en-dessous de la moyenne de l’économie luxembourgeoise, alors que l’augmentation y avait été substantielle en 2010. Enfin, en 2011, la variation du salaire moyen dans les services financiers est de nouveau négative (-0.1%), alors qu’au cours de l’année précédente (2010), le salaire moyen dans cette branche avait augmenté de 6.1%.

En 2012, la croissance du salaire moyen nominal dans l’ensemble de l’économie luxembourgeoise est de 1.3%, soit encore en légère diminution par rapport à 2011 (1.7%). Dans l’industrie (+2.4% en 2012) l’augmentation est supérieure à la moyenne. C’est également le cas dans les services financiers (+ 2.7%), et dans l’enseignement (+2.9%). Dans la construction (+0.9%) et dans le commerce (+1.3%), le taux est inférieur à la moyenne. Dans la branche Horeca (hôtellerie, restauration), la variation est même légèrement négative (-0.3%) et dans les transports même assez fortement négative (-1.3%), tout comme dans l’information et la communication (-1.1%).

En 2013, la croissance du salaire moyen nominal rebondit: pour l’ensemble de l’économie luxembourgeoise, on passe de +1.3% en 2012 à +3.6% en 2013. Dans l’industrie (+3.0%), dans la construction (+2.9%) et dans l’information et la communication (+2.8%), la croissance se situe un peu en-dessous de la moyenne. Dans l’hébergement et dans la restauration (+5.1%), le commerce (+4.7%) et dans les transports (+6.5%) la croissance est supérieure à la moyenne, tout comme dans l’administration publique (+4.2%) et dans les activités financière et d’assurance (+5.6%). Cette augmentation est cependant due en partie aux

indemnités de licenciement qui sont comptabilisées dans les salaires. Toutefois, même sans les services financiers, on note une certaine accélération de la croissance du salaire nominal (de 2.1% en 2012 à 3.3% en 2013).

Finalement, en 2014, la croissance du salaire moyen nominal reste positive avec +1.8%, mais se situe assez largement en-dessous de son taux de 2013 (+3.6%). Dans la branche des services financiers, la croissance du salaire moyen nominal redevient négative en 2014 (-1.7%), après une croissance importante en 2013 (+5.6%). De même, le salaire nominal moyen diminue en 2014 dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques (-1.1%). Dans toutes les autres branches l’évolution du salaire nominale est positive en 2014, plus particulièrement dans la construction (+4.0%), dans le commerce (+3.9%) et dans les activités spécialisées techniques et scientifiques (+8.2%).

En résumé, en 2009, les taux de croissance du salaire moyen nominal sont marqués par un tassement en Europe comme au Luxembourg. Au Luxembourg, la croissance du salaire moyen nominal passe de 2.5% en 2008 à 0.8% en 2009, puis remonte à 2.4% en 2010. En 2011, la croissance du salaire moyen nominal recule à 1.7% en 2011 et à 1.3% en 2012. En 2013, la croissance du salaire moyen accélère à 3.6% en valeur nominale, puis le taux revient à 1.8% en 2014.

Sur la période 2000-2007, le taux de croissance annuel du salaire moyen nominal était de 3.5% au Luxembourg. Pour les années 2008-2012 (croissance annuelle moyenne de 1.7%), on se situe donc assez largement en-dessous du niveau moyen des années d’avant-crise 2000-2007. C’est l’évolution des salaires dans le secteur financier qui contribue au tassement de la croissance du salaire moyen nominal pendant ces années. De 2008 à 2012, la croissance du salaire moyen nominal aurait été de 2.1% par an sans le secteur financier, alors que le taux n’est que de 1.7% avec le secteur financier. Comme la dégringolade de la valeur ajoutée par emploi était très importante à partir de la 2ème moitié de l’année 2008, le coût salarial unitaire réel rebondit assez violemment, puis se rétablit avec la reprise (voir plus loin). En 2013, l’augmentation du salaire moyen (+3.6%) dépasse très légèrement la moyenne des années 2000-2007 (+3.5% par an). Toutefois, sans les services financiers (où l’augmentation du salaire moyen résulte partiellement des indemnités de licenciement), la croissance du salaire moyen nominal (3.3% en 2013 sans les services financiers) se situerait encore en-dessous de la moyenne d’avant-crise (+3.5% par an de 2000 à 2007). En 2014, la dynamique de l’évolution

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 109

du salaire moyen nominal (+1.8%) retombe largement en-dessous de son niveau d’avant la crise et cela notamment suite à l’évolution négative du salaire nominal dans le secteur financier.

La crise que traversent plus particulièrement l’industrie et les services financiers se répercute sur l’évolution du salaire moyen dans ces deux branches (voir Tableau 43 et Graphique 111). Dans les activités financières et d’assurance, le salaire moyen nominal a peu augmenté entre 2008 et 2012 (1.0% de croissance en moyenne annuelle), comparé à la période antérieure (3.3% de croissance annuelle moyenne de 2000 à 2007). Dans l’industrie manufacturière, le salaire moyen nominal connaît une croissance de 1.7% par an de 2008 à 2012, contre 2.8% de 2000 à 2007. Dans l’hôtellerie et la restauration, de 2008 à 2012, le salaire moyen augmente également à un rythme largement inférieur à la période antérieure: 0.5% par an de 2008 à 2012, contre 2.8% de 2000 à 2007.

Dans l’administration publique, le salaire nominal évolue de façon moins dynamique de 2008 à 2012 (2.2% de croissance par an) que de 2000 à 2007 (3.7%). Dans la branche “Santé humaine et action sociale”, le taux de croissance du salaire moyen nominal de 2008 à 2012 (1.9%) est largement inférieur à celui de la période 2000-2007 (3.9%). En revanche, dans l’enseignement, la croissance du salaire nominal se situe au même niveau qu’avant la crise: 3.2% par an de 2008 à 2012 et 3.1% par an de 2000 à 2007. Globalement, l’évolution du salaire moyen dans le secteur public et para-public (administration publique, enseignement, santé) est pratiquement identique à celle de l’ensemble de l’économie luxembourgeoise (voir Graphique 111). De 2008 à 2012, dans le commerce, le salaire nominal progresse à un rythme légèrement inférieur à celui d’avant la crise (2.4% en moyenne annuelle de 2000 à 2007 et 3.8% de 2008 à 2012). Dans les “Arts et spectacles”, on retrouve également ces caractéristiques.

Au cours de deux années les plus récentes pour lesquelles des données sont disponibles, c’est-à-dire 2013 et 2014, il semble que l’on assiste à une reprise de la dynamique salariale (plus en 2013 qu’en 2014 d’ailleurs). Dans l’industrie, la construction et le commerce, le taux de progression du salaire nominal atteint et dépasse même le taux moyen des années d’avant la crise.

Ajoutons enfin que, jusqu’à la crise, les évolutions des salaires moyens dans les différentes branches économiques divergent au Luxembourg et cela plus particulièrement de 2003 à 2008 (globalement une période d’expansion économique). Dans la branche dans laquelle sont rassemblées les services

administratifs et de soutien ainsi que les activités spécialisées techniques et scientifiques, le salaire augmente beaucoup plus vite que la moyenne alors que dans l’information et la communication ainsi que dans l’industrie, les salaires moyens évoluent en-dessous de la moyenne générale (voir Graphique 111). À partir du début de la crise, les écarts entre les branches restent plutôt stables, sauf pour les services financiers où le salaire moyen évolue moins rapidement que dans l’économie dans son ensemble.

3.4 Le salaire moyen en termes de pouvoir d’achat

Graphique 112: Taux d’inflation moyen annuel sur la période 1997-2014 au Luxembourg, dans les pays voisins et dans la zone euro (en %)

Graphique 113 : Taux d’inflation annuel de 1997 à 2014 au Luxembourg et dans la zone euro (en %)

Source : STATEC, EUROSTAT N.B. : Indice des prix à la consommation national (IPCN= pour le Luxembourg ; Indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) pour la zone euro et les pays voisins

1.5 1.6

1.9 1.92.1

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

DE FR Zone € BE LU

Moyenne 1997-2005 Moyenne 2006-2014 Moyenne 1997-2014

Source : STATEC, EUROSTAT N.B. : Indice des prix à la consommation national (IPCN) pour le Luxembourg ; Indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) pour la zone euro et les pays voisins

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

3.0

3.5

4.0

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Zone euro (19 pays) Luxembourg

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 110

Dans ce qui a été dit ci-devant, les salaires sont appréhendés en termes nominaux et de structure par branches. Il convient néanmoins de ne pas perdre de vue que les salaires peuvent également être approchés par le pouvoir d’achat.

En exprimant le salaire moyen et son évolution en termes de pouvoir d’achat, on ne peut évidemment éviter un biais pour le Luxembourg. Dans le montant total des salaires et dans le salaire moyen, sont inclus les salaires des frontaliers. Or, les frontaliers sont surreprésentés dans certaines branches et on a vu que les salaires des différentes branches n’évoluent pas à la même cadence. En outre, on retient implicitement l’hypothèse que l’ensemble du salaire soit dépensé au Luxembourg, ce qui n’est évidemment ni le cas pour les frontaliers, ni d’ailleurs pour les résidents.

L’inflation

L’inflation moyenne au Luxembourg est plus élevée que dans les pays voisins et dans la zone euro sur la période 1997-2014: 2.1 % en moyenne annuelle au Grand-Duché, contre 1.9 % dans la zone euro et en Belgique, 1.5 % en Allemagne et 1.6 % en France (voir Graphique 112). C’est surtout en 2000 et en 2001, pendant les années 2005 et 2006 et de nouveau de 2010 à 2012, que le taux d’inflation au Luxembourg dépasse assez largement la moyenne européenne (voir Graphique 113). D’une manière générale, l’inflation au Luxembourg est cependant plus faible sur la période 1997-2005 que sur la période 2006-2014, et ce malgré les taux d’inflation très faibles de l’année 2009 (0.4% au Luxembourg) et de l’année 2014 (0.6%). Cette caractéristique se retrouve dans les pays voisins, mais plus particulièrement en Allemagne et en Belgique où le taux d’inflation moyen est également supérieur sur la période 2006-2014, comparée aux années 1997-2005. En revanche, en France, l’inflation sur les deux périodes (1997-2005 et 2006-2014) est identique.

L’évolution du salaire moyen en termes de pouvoir d’achat

L’inflation fait que l’évolution à la hausse du pouvoir d’achat des salaires est évidemment beaucoup moins importante qu’en valeur nominale. En 2014, le salaire moyen nominal dans la zone euro est de 35.6% plus élevé qu’en 2000 (voir Graphique 114). En termes de pouvoir d’achat, l’écart entre 2000 et 2013 n’est que de +3.0%. Pour le Luxembourg, on passe d’un écart de +46.0% en valeur nominale entre 2000 et 2014, à +7.6% en termes de pouvoir d’achat. Pour la Belgique, l’écart entre le salaire moyen nominal de 2000 et celui

de 2014 est de +39.1%. En termes de pouvoir d’achat, l’augmentation est réduite à 4.9%. En France, le salaire nominal en 2014 est de 41.6% plus élevé qu’en 2000, le salaire moyen en termes de pouvoir d’achat de seulement 10.8% (voir Graphique 114).

En termes de pouvoir d’achat, l’évolution du salaire moyen en France depuis 2000 est un peu plus favorable qu’au Luxembourg. Il ne faut cependant pas oublier, qu’en niveau, le salaire moyen au Luxembourg est plus élevé qu’en France (55 100 € par an au Luxembourg et 33 500 € en France en 2014). En Allemagne et en Belgique, le salaire moyen est de respectivement 31 600 € et 38 800 € en 2014. Dans la zone euro, le salaire moyen se situe aux environs de 29 600 € en 2014 (voir annexe 2).

L’Allemagne constitue un cas un peu à part. Le salaire moyen nominal n’y a augmenté que de 26.1% entre 2000 et 2014. En termes de pouvoir d’achat, le salaire moyen en 2014 est de seulement quelque 0.3% supérieur à son niveau de 2000 (soit pratiquement une variation nulle). Evidemment, cette évolution en Allemagne pèse sur la moyenne de la zone euro.

D’une manière générale, le différentiel de l’évolution du salaire moyen entre les pays est beaucoup plus réduit en termes de pouvoir d’achat qu’en termes nominaux.

L’inflation ampute logiquement les salaires nominaux. En conséquence, les taux de variation du salaire moyen “réel” se situent – parfois largement pendant les années de très forte inflation au Luxembourg, comme en 2008 et 2011 – en-dessous des taux de variation du salaire nominal. Les variations annuelles du salaire moyen nominal, d’une part, et celles du salaire moyen en termes de pouvoir d’achat sont cependant étroitement corrélées (voir Graphique 115). En d’autres mots, les mouvements à la hausse et à la baisse sont, globalement, parallèles.

Les années de crise

Les années récentes sont marquées par une évolution assez erratique du salaire moyen en termes de pouvoir d’achat (voir Graphique 115). En 2008, le taux de croissance du salaire moyen nominal est de 2.5% (en recul par rapport à l’année 2007, où le taux de croissance du salaire moyen nominal était encore de 4.7%). Or, la même année 2008 est caractérisée par un taux d’inflation élevé de 3.4% (et en forte hausse par rapport à 2007 où il était de 2.3%). Il en découle que le pouvoir d’achat du salaire moyen évolue négativement en 2008 (-0.8%).

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 111

Graphique 114: Évolution du salaire moyen nominal et du salaire moyen en termes de pouvoir d’achat, 2000-2014 (base 2000 = 100)

En 2009, le taux de croissance du salaire moyen nominal est assez faible (0.8%). Néanmoins, comme le taux d’inflation est également faible (0.4%), le taux de croissance du salaire en termes de pouvoir d’achat reste faiblement positif (0.4%).

En 2010, la croissance du salaire nominal passe à 2.4%. Or, comme le taux d’inflation est également en augmentation (2.3% en 2010), la variation du pouvoir d’achat est très réduite (0.1% en 2010).

En 2011, le taux de croissance du salaire moyen nominal (1.7%) se tasse par rapport à 2010 (2.4%), mais reste largement positif. Or, comme le taux d’inflation est en hausse (3.4%), la variation du pouvoir d’achat du salaire moyen devient négative (-1.6%).

En 2012, le taux de croissance de salaire nominal régresse légèrement par rapport à 2011: 1.3% contre 1.7% en 2010. Cependant, le taux d’inflation au Luxembourg se tasse également assez fortement (de

3.4% en 2011 à 2.7% en 2012). L’évolution du pouvoir d’achat du salaire moyen est donc encore négative en 2012 (-1.3%), mais un peu moins qu’en 2011.

En 2013, le salaire nominal moyen s’accroît de 3.6%. Comme en même temps, le taux d’inflation se tasse à 1.7%, le salaire moyen en termes d’achat connaît un bond de +1.9% en 2013.

Finalement, en 2014, le salaire nominal moyen s’accroît de 1.8% (soit la moitié du taux de croissance de 2013), mais en même temps l’inflation recule très fortement à 0.6% en 2014. Le taux de croissance du salaire en termes de pouvoir d’achat reste donc très positif avec +1.2% en 2014 (voir Graphique 115).

En résumé, le taux de croissance du salaire nominal au Luxembourg est de 1.7% en moyenne annuelle de 2008 à 2012, alors que la moyenne pour les années antérieures (2000-2007) était de 3.5% de croissance annuelle, soit près du double des années d’avant la crise. En termes de pouvoir d’achat, la variation

Salaire moyen nominal

Salaire moyen en termes de pouvoir d'achat

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Luxembourg et pays voisins

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Pays les plus touchés par la crise

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Luxembourg et pays voisins

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Pays les plus touchés par la crise

Zone € EL ES PT IE IT

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 112

annuelle du salaire moyen était de -0.7% au Grand-Duché pour les années 2008-2012, alors qu’elle était de +1.1% par an en moyenne annuelle pour les années 2000-2007. En 2013, l’évolution du salaire moyen qu’il soit nominal (+3.6%) ou réel (+1.9%) connaît un sursaut. Puis, en 2014, la croissance salariale revient à des niveaux plus faibles (+1.8% en valeur nominale et +1.2% en termes de pouvoir d’achat).

En comparant l’évolution luxembourgeoise à celle de la zone euro, on décèle des similarités et des divergences (voir Graphique 115 et Graphique 116). À la fin des années 1990, la croissance du salaire nominal est importante au Luxembourg, comme dans la zone euro, puis se tasse suite à la crise du début des années 2000, avant de connaître une augmentation jusqu’en 2007-2008.

Graphique 115: Taux de variation annuel du salaire moyen nominal et en termes de pouvoir d’achat au Luxembourg, 2001-2014 (en %)

Graphique 116: Taux de variation annuel du salaire moyen nominal et en termes de pouvoir d’achat dans la zone euro, 2001-2014 (en %)

L’envolée est cependant beaucoup plus prononcée au Luxembourg - surtout de 2004 à 2007 - que dans la zone euro. La crise se manifeste dans la chute du taux croissance du salaire moyen nominal en 2008 et en 2009. En 2008, au Luxembourg, malgré une augmentation consistante du salaire moyen nominal, la variation du pouvoir d’achat en termes de pouvoir d’achat devient négative (-0.8%), alors que dans la zone euro elle se maintient légèrement dans le positif (+0.2%).

Source : STATEC

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Salaire moyen nominalSalaire moyen en termes de pouvoir d'achatTaux d'inflation

Source : STATEC, EUROSTAT

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Salaire moyen nominalSalaire moyen en termes de pouvoir d'achatTaux d'inflation

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 113

Graphique 117: Taux de variation annuel du salaire moyen en termes de pouvoir d’achat au Luxembourg, en Belgique, en Allemagne et dans la zone euro, 2001-2014 (en %)

En 2009, la croissance du salaire moyen nominal s’effondre à 0.8%. Comme en même temps, l’inflation s’oriente fortement à la baisse (un taux de 0.4%) en 2009, l’évolution du salaire moyen reste positive en termes de pouvoir d’achat avec +0.4%. Dans la zone euro, le taux d’augmentation du salaire moyen en termes de pouvoir d’achat (+1.2%) est supérieur à celui du Luxembourg en 2009. En 2010, la croissance du pouvoir d’achat du salaire moyen est pratiquement nulle au Luxembourg (+0.1%) et très faible dans la zone euro (+0.3%). Malgré les taux de croissance assez conséquents du salaire moyen nominal au Grand-Duché et dans la zone euro en 2011 (respectivement 1.7% et 2.0%), la variation du pouvoir d’achat est négative avec respectivement -1.6% au Luxembourg et -0.7% dans la zone euro, ce qui résulte d’un taux d’inflation élevé. En 2012, en termes de pouvoir d’achat, l’évolution salariale reste négative avec –1.3% au Luxembourg et -1.0% en moyenne dans la zone euro.

Au cours des 2011 et 2012, l’évolution du pouvoir d’achat du salaire moyen semble moins favorable au Luxembourg que dans les pays voisins (voir Graphique 117). Pour ces deux années, le taux de variation du salaire moyen en termes de pouvoir d’achat est négatif au Grand-Duché avec -1.6% en 2011 et -1.3% en 2012. En France, le taux est également négatif (-0.6% en 2011 et -0.2% en 2012), mais l’amplitude du recul est moindre qu’au Luxembourg. En Belgique, le pouvoir d’achat du salaire moyen évolue à la baisse en 2011: -0.3% en 2011, après un recul encore plus fort l’année précédente (-1.2% en 2010). En 2012, en revanche, l’évolution du salaire moyen en termes de pouvoir d’achat redevient positive en Belgique (+0.5%).

Si les années 2011 et 2012 ne sont donc pas favorables au Luxembourg comparé à la Belgique et à la France, l’année 2013 voit la tendance s’inverser: le salaire moyen réel augmente de 1.6% au Luxembourg, alors qu’en France la croissance n’est que de 0.4% et en Belgique de 0.9%. En 2014, le pouvoir d’achat du salaire moyen augmente de 1.2% au Luxembourg et ce taux reste supérieur celui de la Belgique (+0.3%) et de la France (+0.6% en 2014).

Source : STATEC, EUROSTAT

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Luxembourg - Belgique

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Luxembourg - France

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Luxembourg - Zone euro

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 114

Graphique 118: Taux de variation annuel du salaire moyen en termes de pouvoir d’achat au Luxembourg, en Grèce, en Espagne et au Portugal, 2001-2014 (en %)

C’est en Allemagne que l’évolution récente du pouvoir d’achat du salaire moyen est globalement la plus positive (voir Graphique 117): +1.4% en 2010, +0.9% en 2011, +0.6% en 2012, +0.5% en 2013 et +1.9% en 2014. Il est vrai que l’Allemagne sort d’une période où le pouvoir d’achat du salaire moyen a évolué de façon négative: le taux de variation du pouvoir d’achat était de -0.9% en moyenne annuelle de 2004 à 2009 en Allemagne, contre +1.0% au Luxembourg pendant la même période.

Il est intéressant de comparer l’évolution du pouvoir d’achat du salaire moyen au Luxembourg avec celle des pays les plus touchés par la crise (voir Graphique 118). À titre d’exemple, en Grèce, le taux de variation du pouvoir d’achat du salaire moyen recule très fortement pendant 4 années de suite: de -8.7% en 2010 (+0.1% au Luxembourg), de -5.5% en 2011 (-1.6% au Luxembourg), de -4.9% en 2012 (-1.3% au Luxembourg) et de -6.3% en 2013 (+1.9% au Luxembourg). En 2014, le pouvoir d’achat du salaire moyen semble est de nouveau légèrement positif (+0.2%), mais cela après une période de 4 années successives avec des taux fortement négatifs.

Tableau 44: Taux de variation annuel du salaire moyen en termes de pouvoir d’achat selon les branches au Luxembourg de 2000 à 2014 (en %)

En 2014, le pouvoir d’achat en Grèce se situe à 17.3% en-dessous de son niveau de 2000, alors qu’au Luxembourg, le pouvoir d’achat du salaire moyen est de 7.6% plus élevé qu’en 2000 (voir Graphique 114).

En ce qui concerne, l’évolution du pouvoir d’achat du salaire moyen selon les branches (voir Tableau 44), on retrouve logiquement les caractéristiques déjà évoquées pour les salaires nominaux. Le pouvoir d’achat moyen des salariés de l’hôtellerie et de la restauration a diminué de 0.8% par an de 2008 à 2012, avant de se redresser fortement en 2013 (+3.3%) et avec une ampleur moindre en 2014 (+0.8%). Dans l’administration publique, le taux est également négatif de 2008 à 2012 (-0.2% en moyenne annuelle), de même que dans les services financiers (-1.4% par an) et dans les activités spécialisées, techniques ou scientifiques (-1.5% par an de 2008 à 2012). Dans pratiquement toutes les branches, le pouvoir d’achat du salaire moyen diminue de 2008 à 2012. Avec un taux positif de 0.7% par an de 2008 à 2012, la branche de l’enseignement est une exception. Dans le commerce, la variation du pouvoir d’achat du salaire moyen est nulle. L’année 2013 est marquée par un rebond du pouvoir d’achat du salaire moyen dans pratiquement toutes les branches (+3.8% dans les services financiers, +2.4% dans l’administration publique, +0.3% dans les activités spécialisées scientifiques et techniques), mis à part l’enseignement (-0.3%), ainsi que la santé et l’action sociale (-1.8% en 2013). En 2014, le pouvoir d’achat du salaire moyen continue à augmenter dans la grande majorité des branches, mis à part les services

Sources : STATEC, EUROSTAT

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Branche économique

2000-2007 2008 2009 2010 2011 2012

2008-2012 2013 2014

2013-2014

Agriculture, sylviculture et pêche -1.1 -4.1 1.3 -4.6 5.7 -1.3 -0.6 -0.2 1.2 0.5Industrie manufacturière 0.4 -0.8 -0.8 -0.8 -0.6 -0.3 -0.7 1.3 1.8 1.6Construction 0.8 1.0 2.8 -3.8 0.3 -1.8 -0.3 1.1 3.3 2.2Commerce; réparation d'automobiles et de motocycles 1.4 2.0 1.6 -0.6 -1.8 -1.3 0.0 3.0 3.3 3.1Transports et entreposage 0.5 -1.4 2.3 -0.9 0.1 -3.9 -0.8 4.7 2.1 3.4Hébergement et restauration -1.3 0.0 2.9 -1.2 -2.7 -2.9 -0.8 3.3 0.8 2.1Information et communication 0.2 -1.8 -0.2 0.6 -0.9 -3.6 -1.2 1.0 1.8 1.4Activités financières et d'assurance 1.0 -5.6 -1.8 3.7 -3.4 0.0 -1.4 3.8 -2.4 0.7Activités spécialisées, scientifiques et techniques 2.4 0.7 -3.0 0.8 -2.7 -3.5 -1.5 0.3 -1.7 -0.7Activités de services administratifs et de soutien 1.7 -1.1 -1.5 -1.6 1.2 -2.2 -1.0 0.9 7.5 4.2Administration publique 1.4 -0.8 1.4 1.0 -1.7 -1.0 -0.2 2.4 0.8 1.6Enseignement 0.7 -1.4 1.8 5.3 -2.2 0.2 0.7 -0.3 1.0 0.4Santé humaine et action sociale 1.5 1.5 -0.1 -0.4 -2.6 -1.1 -0.5 -1.8 1.9 0.0Arts, spectacles et activités récréatives 2.1 -0.6 1.6 0.8 -6.8 1.4 -0.7 1.1 -0.1 0.5Autres activités de services 1.6 1.6 -0.3 0.6 0.0 -0.7 0.2 2.6 1.7 2.2Total 1.1 -0.8 0.4 0.1 -1.6 -1.3 -0.7 1.9 1.2 1.5Total sans secteur financier 1.1 0.3 1.0 -0.5 -1.0 -1.5 -0.4 1.5 2.1 1.8

Source : STATEC

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 115

financiers (-2.4% en 2014) et les activités spécialisées, techniques et scientifiques (-1.7%).

D’une manière générale, les variations du salaire moyen (nominal et en termes de pouvoir d’achat) sont plus prononcées au Luxembourg que dans la zone euro que ce soit à la hausse ou à la baisse. Néanmoins, les amplitudes importantes à la hausse en cours de période font que le taux de croissance du salaire moyen en termes de pouvoir d’achat est plus élevé sur l’ensemble des années 2000-2014 au Luxembourg (0.5% par an en moyenne) que dans la zone euro (0.2% par an en moyenne).

3.5 Le coût salarial de 2000 à 2014

Le coût salarial peut être présenté en termes de coût salarial moyen nominal, de coût salarial unitaire nominal et de coût salarial unitaire réel.

Le coût salarial moyen

Le coût salarial moyen nominal (CSM) est obtenu à partir des comptes nationaux en divisant le total des rémunérations (qui incluent les charges sociales patronales) par le total des salariés. Le coût salarial moyen nominal au Luxembourg évolue plus rapidement que dans les pays voisins et dans la zone euro à partir de 2000.

Très schématiquement, dans l’ensemble de l’économie, le coût salarial nominal au Grand-Duché a augmenté de 48.9% de 2000 à 2014, alors que le taux correspondant se situe à 35.4% dans la zone euro. En Allemagne, l’augmentation du coût salarial ne dépasse pas les 24.1%.

Dans le secteur concurrentiel, c’est surtout dans les “Activités spécialisées, techniques et scientifiques; activités de services administratifs et de soutien” et dans la branche “Commerce, transports. HORECA” que l’écart par rapport à la zone euro est le plus significatif (voir Annexe 1.1) Dans l’industrie le coût salarial moyen augmente un peu plus vite que dans la zone euro en moyenne de 2004 à 2007 (période de croissance économique dynamique). Au cours de la crise, dans l’industrie, le coût salarial moyen augmente moins fortement que dans la zone euro en moyenne. Dans la construction les caractéristiques sont similaires. Néanmoins, il faudra comparer le coût salarial à la productivité pour avoir une vue plus circonstanciée. On y reviendra.

On a également vu que l'évolution du coût salarial est corrélée à l'évolution de la valeur ajoutée par emploi produite dans l’économie (voir Graphique 107). Au Luxembourg, l’augmentation du coût salarial nominal entre 2000 et 2014 est de 13.5 points de % plus élevée que dans la zone euro (+48.9% au Luxembourg contre +35.4% dans la zone euro). La valeur ajoutée nominale par emploi a également connu une augmentation plus substantielle au Luxembourg que dans la zone euro entre 2000 et 2014 (+42.1% au Luxembourg contre +35.8% dans la zone euro). On constate cependant que l’amplitude de l’augmentation de la valeur ajoutée par emploi est moins forte au Luxembourg que l’augmentation du coût salarial moyen.

À noter qu’au Portugal, par exemple, le coût salarial nominal a augmenté de 32.4% de 2000 à 2014, mais la valeur ajoutée brute nominale a augmenté de 50.0%, c’est-à-dire avec une dynamique plus prononcée que le coût salarial moyen.

Le coût salarial moyen nominal n’est en fait qu’un indicateur très imparfait pour effectuer des comparaisons internationales en matière de coût de la main d’œuvre. Il ne prend en compte ni le volume, ni la valeur produite par cette main-d’œuvre. C’est le coût salarial unitaire (CSU) qui est le plus souvent utilisé pour des comparaisons entre pays. Le CSU constitue un indicateur de référence en termes de compétitivité.

Le coût salarial unitaire (CSU) peut être exprimé de deux manières:

− le CSU nominal - qui est le plus souvent utilisé pour mesurer la compétitivité-coût - compare la rémunération par salarié à la productivité en volume (en d’autres mots à la VAB en volume divisée par l’emploi);

− le CSU réel compare la rémunération par salarié à la productivité en valeur (en d’autres mots à la VAB en valeur divisée par l’emploi). Dans sa forme inversée (rapport entre les prix de la valeur ajoutée et le CSU nominal), il constitue un indicateur de marge sur coût salarial unitaire ou encore du partage de la valeur ajoutée.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 116

Graphique 119: Évolution du coût salarial moyen (CSM) nominal, du coût salarial unitaire (CSU) nominal et du coût salarial unitaire (CSU) réel, 2000-2014 (base 2000 = 100)

Le coût salarial unitaire

Le coût salarial unitaire nominal

On constate que dans l’ensemble des pays, et notamment dans les pays voisins, le CSU nominal est entraîné dans une forte hausse par la crise économique.

Au Luxembourg, l’évolution à la hausse du CSU nominal est particulièrement virulente dans la branche de l’industrie. Dans la branche “Commerce, transports, HORECA” et dans celle des “Services financiers” et dans les “Activités spécialisées,

techniques et scientifiques; activités de services administratifs et de soutien”, l’augmentation du CSU nominal au Luxembourg se situe également au-dessus de la moyenne de la zone euro (voir Annexe 1.2).

À noter que les mouvements importants à la hausse du CSU nominal se réalisent surtout au moment des ralentissements économiques brusques, comme en 2001 et surtout en 2008-2009 et que ces mouvements sont de plus forte amplitude que dans la zone euro en moyenne (voir Graphique 120). En 2008, le coût salarial unitaire nominal au Luxembourg a bondi de 8.8% (contre 3.5% dans la zone euro en moyenne) et, en 2009, de nouveau de 8.9% (contre 4.5% dans la zone euro).

D’une manière générale et sur l’ensemble de la période prise en compte (2000-2014), l’Allemagne se “détache” des autres pays européens. De 2000 à 2007, le coût salarial unitaire nominal est en légère diminution, alors qu’il est orienté à la hausse dans les autres pays.

Graphique 120: Taux de variation annuel du coût salarial unitaire (CSU) nominal, 2001-2014 (en %)

En termes de compétitivité-coûts, l’Allemagne améliore donc sa position. Néanmoins, même l’Allemagne n’échappe pas à la remontée du CSU nominal lors de la crise de 2008 et 2009, sans cependant que cette augmentation ne réduise l’écart avec la moyenne de la zone euro.

Le CSU nominal au Luxembourg connaît de nouveau une croissance assez importante en 2011 et en 2012, mais l’amplitude de cette hausse n’atteint pas les sommets des années 2008 et 2009. La hausse du CSU nominal est de +2.9% en 2011 et +5.1% en 2012 au

Sources : STATEC, EUROSTAT

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Coût salarial unitaire nominal

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Coût salarial unitaire réel

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Source : STATEC, EUROSTAT

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 117

Luxembourg (contre respectivement 0.5% et 1.7% en moyenne dans la zone euro). Avec l’amélioration de la situation économique (et des taux de croissance de la valeur ajoutée en hausse), l’augmentation du coût salarial unitaire nominal au Luxembourg tombe à +1.3% en 2013 et la variation devient négative en 2014 (la variation du coût salarial unitaire nominal étant de -1.2%). De 2011 à 2014, le coût salarial unitaire nominal continue cependant à augmenter en moyenne à un rythme qui est supérieur à la zone euro (2% par an au Luxembourg contre 1% par an dans la zone euro). Depuis 2011, le coût salarial unitaire nominal en Allemagne augmente également plus vite que dans la zone euro en moyenne: de 2011 à 2014, le coût salarial unitaire nominal s’accroît de 2% par an en Allemagne, contre1% par an dans la zone euro, rappelons-le.

Le CSU nominal est en quelque sorte un indicateur du salaire ajusté par la productivité. La croissance du CSU nominal, perceptible à partir du début de l’année 2008, résulte surtout de l’affaissement de la productivité qui est d’ailleurs particulièrement sévère au Luxembourg.

Le coût salarial unitaire réel

Quant au coût salarial unitaire (CSU) réel au Luxembourg, il évolue à la baisse de 2003 à 2007. C’est dans la branche des services financiers et d’assurance que le recul du CSU réel de 2002 à 2007 est le plus visible. Dans la branche “Commerce, transport, HORECA”, le CSU réel recule également, mais seulement en 2006 et 2007. Dans l’industrie, la chute du CSU réel est très passagère et se limite à l’année 2007. Dans la construction, on ne constate pas de véritable diminution du CSU réel de 2002 à 2007, si ce n’est un léger tassement en 2007 (voir Annexe 1.3).

Graphique 121: Taux de variation annuel du coût salarial unitaire (CSU) réel, 2001-2013 (en %)

À partir du début de la crise au deuxième semestre 2008, le CSU réel a subi un mouvement à la hausse très brusque et de forte ampleur dû à la baisse de la valeur ajoutée (en valeur) qui n’est pas compensée par une réduction proportionnelle de l’emploi. Au Luxembourg, l’envol du CSU réel est encore plus spectaculaire que dans les pays voisins.

Les mouvements importants à la hausse du CSU réel se réalisent surtout au moment des ralentissements économiques brusques, comme en 2001 et en 2008-2009 et ces mouvements (à la hausse, comme à la baisse d’ailleurs) sont de plus forte amplitude que dans la zone euro en moyenne.

On a déjà mentionné que la forte augmentation du CSU réel pendant la crise – plus particulièrement en 2008 et en 2009 - résulte d’une chute très brutale de la valeur ajoutée brute (qui suit, rappelons-le, une période de très forte croissance de la VAB) et du fait que l’emploi n’a pas reculé au Luxembourg (voir plus haut). En 2008, la valeur ajoutée nominale par emploi recule de 2.1% au Grand-Duché, alors que la rémunération par salarié nominale augmente de 2.7%. Le CSU réel croît donc de quelque 5% en 2008. En 2009, la valeur ajoutée par emploi nominale recule encore de 4.8%. La rémunération par salarié par contre augmente de 1.7%. D’où une hausse du CSU réel d’environ 6.5%.

Source : STATEC, EUROSTAT

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 118

Finalement, avec la reprise économique à partir du 3ème trimestre 2009, la valeur ajoutée (en valeur) par emploi se réoriente à la hausse en 2010 (+7.5%), alors que l’augmentation de la rémunération nominale par salarié n’est que de 2.1%. Le CSU réel recule en conséquence de quelque 5% en 2010 par rapport à 2009. La VAB en valeur par emploi continue de croître en 2011 (+3.5%). Comme cette croissance est plus forte que l’augmentation de la rémunération nominale par salarié (+2.0% par rapport à 2010), le CSU réel recule encore un peu en 2011 (-1.5%), quoique de façon beaucoup moins prononcée qu’en 2010. En 2012, la valeur ajoutée nominale par emploi en valeur n’augmente que peu au Luxembourg (+0.4%), alors que la rémunération par salarié évolue avec un taux de +1.6%, d’où une augmentation du coût salarial unitaire réel d’environ 1% en 2012. En 2013, la valeur ajoutée par emploi augmente de 4.3% en valeur au Luxembourg. La rémunération par salarié augmente également assez fortement (+3.6%), mais moins que la valeur ajoutée par emploi, d’où un très léger tassement de CSU réel de -0.6%. En 2014, la croissance économique est encore au rendez-vous. La valeur ajoutée par emploi s’accroît encore de 4.3%, alors que la rémunération par salarié n’augmente que de 1.9%. D’où résulte une baisse assez conséquente du CSU réel de 2.3%.

Le Graphique 122 donne un aperçu intéressant des spécificités de l’évolution de l’économie luxembourgeoise depuis une quinzaine d’années. Reflet des taux de croissance exceptionnels au Luxembourg, la valeur ajoutée brute (VAB) en volume a augmenté de quelque 32% de 2000 à 2007, contre seulement 15% dans la zone euro. L’emploi dans l’économie luxembourgeoise a augmenté de 26% de 2000 à 2007, alors que dans la zone euro, l’augmentation de l’emploi n’était que de 8% sur cette période.

La crise fait qu’au Luxembourg la VAB (en volume) s’effondre littéralement: en 2009, elle n’était plus que de 23% plus élevée qu’en 2000 (contre un plus de 32% en 2007 par rapport à 2000, faut-il le rappeler). Dans la zone euro, la VAB en volume connaît également un recul (-5 points de % entre 2007 et 2009 dans la comparaison avec l’an 2000).

L’ampleur de l’effondrement de la productivité (VAB en volume par emploi) au Luxembourg est la résultante de cette chute considérable de la VAB en volume qui n’est cependant pas accompagnée par une réduction proportionnelle de l’emploi (voir Graphique 122). L’emploi total augmente même en 2009 (une croissance de près de 1% en 2009 par rapport à 2008), alors qu’il diminue de près de 2% dans la zone euro.

Graphique 122: Emploi et productivité au Luxembourg et dans la zone euro, 2000-2014 (base 2000 = 100)

Source : STATEC, EUROSTAT

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Zone euro

Valeur ajoutée brute totale en volume

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 119

Graphique 123: Simulation de l'impact des charges patronales sur le coût salarial unitaire réel (part salariale) en supposant que ces charges correspondent à la moyenne de la zone euro, 2000-2014 (rémunérations des salariés en % de la valeur ajoutée brute)

À partir de 2009, on assiste à un rebond de la VAB en volume au Luxembourg. Cependant, étant donné que cette hausse de la VAB au Grand-Duché ne se traduit pas par une augmentation proportionnelle de l’emploi, la productivité rebondit légèrement en 2010. En 2011, la VAB en volume (+2.0%) continue de croître au Grand-Duché, même si c’est à un rythme moins élevé qu’en 2010 (+6.0%). Comme l’emploi croît assez fortement en 2011 (+2.9%, voir également à ce sujet le chapitre 1.1), la productivité se tasse de nouveau au Luxembourg. Ce tassement de la productivité se répète en 2012 (variation de la VAB en volume de -1.0% et augmentation de l’emploi de +2.4%). En 2013, la variation de la VAB en volume redevient positive (+4.3%). Comme l’augmentation de l’emploi est beaucoup moins prononcée (+1.8%), le gain de productivité au Luxembourg en 2013 est consistant. En 2014, l’évolution est très similaire: la valeur ajoutée en volume augmente de 5.5% et l’emploi de seulement 2.4%, d’où encore une augmentation de la productivité en 2014.

À noter encore que la VAB en volume a dépassé en 2013 pour la première fois son niveau d’avant la crise. Comme l’évolution de l’emploi n’a pas connu le tassement qui a caractérisé la VAB en volume, le niveau de productivité n’a pas encore atteint son niveau d’avant la crise. L’aire située entre la courbe de la VAB en volume et celle de l’emploi représente les gains ou les pertes de productivité (voir Graphique 122). Le rapport VAB en volume/emploi en est l’expression. Si le différentiel de croissance de la VAB et de l’emploi entre la zone euro et le Luxembourg est

saisissant, tel n’est pas le cas pour la productivité. L’évolution de la productivité au Luxembourg et dans la zone euro est assez comparable jusqu’à la crise, avec toutefois quelques nuances: entre 2000 et 2003, la croissance relativement faible de la VAB en volume au Luxembourg va de pair avec une évolution moins favorable de la productivité au Grand-Duché que dans la zone euro. De 2005 à 2007, période de croissance économique substantielle, l’évolution de la productivité est un peu plus favorable au Luxembourg que dans la zone euro. Par contre, la crise a plus affecté le Luxembourg en termes de productivité que la zone euro dans son ensemble.

La part salariale dans la valeur ajoutée

La part salariale dans la valeur ajoutée est définie ici comme le rapport entre le total des rémunérations, c’est-à-dire les salaires et traitements bruts auxquels on ajoute les cotisations patronales, et la valeur ajoutée. La part salariale est le miroir de l’évolution du coût salarial unitaire réel (CSU réel).

Pour l’ensemble de l’économie luxembourgeoise, on constate d’abord que la part salariale est plus faible - en niveau - que dans les pays voisins et dans la zone euro en moyenne. On note encore la diminution forte de la part salariale (et donc du CSU réel) de 2004 à 2007, puis une augmentation – suite à la crise - de la part salariale en 2008 et en 2009. Enfin, la part salariale se réoriente à la baisse parallèlement à la

Source : STATEC, EUROSTAT

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Simulation (charges sociales patronales = moyenne de la zone euro)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 120

reprise à partir de 2010 avec toutefois une rechute passagère en 2012 (voir Graphique 123).

L’impact des charges sociales patronales sur le niveau du CSU réel

Comment expliquer que la part salariale au Luxembourg se situe structurellement en dessous du niveau des pays voisins et de la zone euro. Trois raisons peuvent être évoquées:

• une part salariale relativement faible dans le secteur “Commerce, Transports, HORECA” (voir Annexe 1.4);

• un poids bien plus important dans l’économie luxembourgeoise de la branche des services financiers où la part salariale est structurellement plus faible que dans les autres branches;

• un poids des contributions sociales versées par les employeurs plus faible au Luxembourg.

On peut préciser l’impact du différentiel des charges sociales, en simulant l’application d’un taux unique de charges à tous les pays de la zone euro, dont le Luxembourg (voir Graphique 123).

Concrètement, on se base sur les salaires et traitements bruts (variable D11 dans le système des comptes nationaux SEC) dont les charges patronales sont exclues. On calcule ensuite, pour la zone euro dans son ensemble, le rapport entre les rémunérations qui incluent les charges sociales (variable D1 dans le système des comptes nationaux SEC) et les salaires et traitements bruts. Finalement, on multiplie les salaires et traitements bruts de tous les pays par ce rapport D1/D11 de la zone euro.

La simulation montre clairement que l’effet du niveau relativement faible des charges sociales patronales sur le CSU réel (la part salariale) au Luxembourg est non négligeable (voir Graphique 123).

En supposant que les charges sociales patronales soient identiques dans tous les pays et correspondent à la moyenne observée de la zone euro, la part salariale dans l’économie luxembourgeoise aurait été assez largement supérieure à la moyenne européenne. Avec la crise, le CSU réel et la part salariale au Luxembourg augmentent très fortement et l’écart par rapport à la zone euro se creuse. La part salariale en France et en Belgique, en réalité largement supérieure à celle du Luxembourg, serait inférieure à celle du Luxembourg si les charges sociales correspondaient à la moyenne de la zone euro. Précisons qu’actuellement le rapport D1/D11 au Luxembourg est de 1.16 contre 1.29 dans la zone euro en moyenne. Depuis 2000, ces rapports n’ont pas subi de modification majeure.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 121

Annexe 1.1: Évolution du coût salarial moyen (CSM) nominal selon les branches, 2000-2014 (base 2000 = 100)

Source : STATEC, EUROSTAT

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Construction

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Activités spécialisées, scientifiques et techniques; activités de services administratifs et de soutien

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 122

Annexe 1.2: Évolution du coût salarial unitaire (CSU) nominal selon les branches, 2000-2014 (base 2000 = 100)

Source : STATEC, EUROSTAT

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Economie totale

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Industrie (sauf construction)

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Construction

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Activités financières et d'assurance

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Commerce, transports, HORECA

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Activités spécialisées, scientifiques et techniques; activités de services administratifs et de soutien

LU Zone € BE DE FR

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 123

Annexe 1.3: Évolution du coût salarial unitaire (CSU) réel selon les branches, 2000-2014 (base 2000 = 100)

Source : STATEC, EUROSTAT

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Industrie (sauf construction)

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Construction

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Activités financières et d'assurance

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Commerce, transports, HORECA

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Activités spécialisées, scientifiques et techniques; activités de services administratifs et de soutien

LU Zone € BE DE FR

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 124

Annexe 1.4: Évolution de la part salariale selon les branches, 2000-2014 (salaires et traitements en % de la valeur ajoutée brute en valeur)

Source : STATEC, EUROSTAT

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Economie totale

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2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Industrie (sauf construction)

LU Zone € BE DE FR

30

40

50

60

70

80

90

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Construction

LU Zone € BE DE FR

30

40

50

60

70

80

90

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Activités financières et d'assurance

LU Zone € BE DE FR

30

40

50

60

70

80

90

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Commerce, transports, HORECA

LU Zone € BE DE FR

30

40

50

60

70

80

90

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Activités spécialisées, scientifiques et techniques; activités de services administratifs et de soutien

LU Zone € BE DE FR

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 125

Annexe 2: Salaire moyen nominal en Europe (ensemble des branches économiques), 2000-2014 (en 1000 €)

Sources: STATEC, EUROSTAT N.B.: … = données non disponibles

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Union européenne (28 pays) 20.7 21.5 22.0 22.1 22.7 23.3 24.0 24.9 25.0 24.7 25.6 26.0 26.8 27.0 27.6Zone euro (18 pays) 21.8 22.5 23.1 23.6 24.1 24.6 25.2 25.9 26.8 27.3 27.8 28.3 28.8 29.2 29.6Belgique 27.9 29.0 29.8 30.4 30.9 31.6 32.7 33.7 34.8 35.0 35.4 36.5 37.6 38.5 38.8Bulgarie 1.6 1.9 2.0 2.1 2.3 2.7 2.8 3.2 3.7 4.0 4.5 4.8 5.2 5.6 5.7République tchèque 4.7 5.3 6.3 6.6 7.1 7.9 8.8 9.5 11.1 10.5 11.2 11.9 11.8 11.4 10.9Danemark 32.9 34.1 35.4 36.5 37.5 38.7 40.0 41.6 43.1 44.3 45.8 46.5 47.4 47.7 48.5Allemagne 25.1 25.6 26.0 26.3 26.4 26.5 26.7 27.1 27.7 27.7 28.4 29.3 30.2 30.8 31.6Estonie 4.0 4.4 4.8 5.3 6.0 6.6 7.6 9.5 10.5 10.0 10.3 10.4 11.2 11.8 12.5Irlande 28.1 30.2 31.8 33.9 35.7 37.6 39.2 41.3 42.9 42.5 40.6 40.8 41.0 40.5 41.0Grèce 13.0 13.5 15.0 16.0 16.8 18.1 18.7 19.4 19.9 20.9 20.0 19.5 18.7 17.4 17.2Espagne 17.8 18.4 19.1 19.6 20.1 20.6 21.3 22.3 23.9 25.2 25.1 25.2 24.9 25.1 25.0France 23.6 24.4 25.3 25.9 26.9 27.7 28.6 29.4 30.1 30.6 31.5 32.0 32.6 33.1 33.5Italie 19.8 20.5 21.0 21.5 22.3 23.0 23.7 24.2 24.9 24.9 25.4 25.7 25.5 25.7 26.0Chypre 15.7 16.3 17.1 18.3 18.4 19.0 19.5 19.7 20.3 20.8 21.2 21.6 21.3 20.0 19.0Lettonie 3.5 3.9 3.9 4.0 4.4 5.4 6.6 9.0 10.5 9.1 8.5 8.7 9.5 9.9 10.8Lituanie … … … … 5.1 5.8 6.9 7.8 8.9 8.0 8.1 8.7 9.0 9.5 9.9Luxembourg 37.7 38.8 40.4 40.8 42.3 43.7 45.8 47.9 49.1 49.5 50.6 51.5 52.2 54.1 55.1Hongrie 4.8 5.6 6.8 7.3 8.1 8.8 8.8 9.8 10.4 9.4 9.9 10.1 10.0 9.9 9.8Malte 13.4 14.0 14.3 14.6 15.0 15.1 15.8 16.4 17.1 17.6 18.0 18.7 19.4 19.5 19.6Pays-Bas 25.7 26.8 27.7 28.4 29.1 29.6 30.4 31.3 32.2 32.9 33.3 33.8 34.2 34.9 35.1Autriche 26.2 26.5 27.1 27.6 28.0 28.7 29.6 30.6 31.7 32.1 32.5 33.1 34.1 34.8 35.3Pologne … … 7.2 6.4 6.3 7.2 7.6 8.3 9.8 8.2 9.6 9.8 9.9 10.1 …Portugal 12.3 12.8 13.3 13.7 14.0 14.5 14.7 15.3 15.6 16.0 16.3 16.0 15.5 15.9 15.7Roumanie 2.1 2.7 2.6 2.7 2.9 4.2 4.8 5.8 7.1 6.0 6.2 5.9 6.1 6.4 6.4Slovénie 12.9 13.6 14.1 14.7 15.4 16.3 17.2 18.2 19.6 19.9 20.7 21.0 20.7 20.9 21.2Slovaquie 3.8 3.9 4.3 4.8 5.4 6.2 6.9 8.3 9.5 10.2 10.7 10.9 11.2 11.4 11.9Finlande 25.1 25.9 26.4 27.2 28.2 29.1 30.1 31.2 32.6 33.3 34.3 35.5 36.4 36.9 37.5Suède 27.2 25.6 26.6 27.4 28.4 28.8 30.0 31.3 31.4 29.3 33.3 36.2 38.6 39.5 38.4Royaume-Uni 31.2 32.3 32.7 30.9 32.6 33.2 34.9 36.6 32.0 29.1 30.7 30.7 33.4 32.4 34.9Norvège 30.3 32.0 36.0 35.1 35.0 38.1 40.0 42.5 44.0 42.9 48.5 52.0 56.4 56.4 54.3Suisse 38.6 41.3 43.0 41.8 41.0 41.9 42.1 41.5 43.9 46.6 51.1 58.0 59.8 … …

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 126

Partie II: Revenus, conditions de vie et qualité de vie

1. Perception des ménages sur leurs difficultés matérielles et financières au travers de l'enquête EU-SILC L’enquête EU-SILC (European Survey on Income and Living Conditions) est une enquête communautaire qui est réalisée chaque année au Luxembourg par le STATEC en collaboration avec le LISER. À côté des questions sur le revenu des ménages (qui permettent notamment de calculer des indicateurs objectifs basés sur la distribution des revenus, comme le taux de risque de pauvreté et le coefficient de Gini), l’enquête contient des questions subjectives sur la perception qu’ont les ménages de leur propre situation financière et matérielle. Les développements qui suivent s’appuient sur les résultats de cette enquête.

1.1 Difficultés à joindre les deux bouts

En 2014, 26.0% des ménages résidents au Luxembourg déclarent avoir des difficultés pour joindre les deux bouts, autrement dit pour s’acquitter de leurs dépenses courantes dans l’état actuel de leurs finances. Plus précisément, joindre les deux bouts est “plutôt difficile” pour 15.3% des ménages, “difficile” pour 6.8%, tandis que pour 3.9% des ménages ceci est vécu comme “très difficile”.

L’information contenue dans le Tableau suivant est de nature subjective: ce sont les ménages eux-mêmes qui évaluent leur capacité à joindre les deux bouts. Ce manque d’objectivité a pu conduire certains à critiquer cette mesure car la perception qu’ont les ménages de leur situation financière peut être biaisée par des facteurs extérieurs comme l’environnement économique global (même si celui-ci n’affecte pas directement le niveau de vie du ménage). Cependant, un indicateur basé sur le ressenti est sans doute utile dans la mesure où la perception qu’ont les ménages de leur situation financière peut avoir des répercussions directes sur leur épargne et leur consommation.

Des écarts importants existent selon les catégories de ménages. Les ménages avec un seul adulte déclarent plus fréquemment rencontrer des difficultés pour joindre les deux bouts que les ménages de deux adultes. Parmi les premiers, ce sont les ménages avec enfants à charge (familles “monoparentales”) qui sont les plus exposés: en 2014, 67.2% des ménages composés d’un adulte et d’un enfant à charge et 68.8% des ménages d’un adulte et au moins deux enfants à charge déclarent avoir des difficultés à joindre les deux bouts, contre 27.0% des ménages isolés (un adulte sans enfants à charge). La perception s’améliore quand on interroge les couples: 16.9% des couples sans enfants à charge déclarent avoir des difficultés, mais 27.9% des couples avec un enfant et 31.9% de ceux avec au moins deux enfants sont concernés. La présence d’enfants à charge dans un ménage contribue donc à détériorer la perception qu’a le ménage de sa situation financière.

Tableau 45: Distribution des ménages (%) selon leur capacité à joindre les deux bouts, 2003-2014

très difficile difficile plutôt difficile plutôt facile facile très facile

Difficultés à joindre les deux

bouts

Pas de difficultés à joindre les deux

bouts

2003 1.8 4.8 12.4 27.7 39.1 14.2 19.0 81.02004 2.0 3.9 12.4 26.8 38.5 16.4 18.3 81.72005 1.9 4.1 12.6 26.6 40.8 14.0 18.6 81.42006 1.7 3.4 12.4 29.9 40.0 12.5 17.5 82.52007 1.8 4.6 11.1 30.1 41.1 11.2 17.6 82.42008 2.0 4.8 12.7 29.7 40.1 10.8 19.4 80.62009 2.2 5.4 15.4 30.3 35.7 11.0 23.0 77.02010 2.2 6.2 14.0 31.6 36.4 9.7 22.4 77.72011 2.6 6.4 15.2 29.8 34.7 11.3 24.2 75.82012 3.4 6.1 13.5 29.7 36.6 10.8 22.9 77.12013 4.2 8.0 15.5 31.5 30.9 9.9 27.7 72.32014 3.9 6.8 15.3 30.2 32.2 11.6 26.0 74.0

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Capacité du ménage à joindre les deux bouts

Année

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 127

Graphique 124: Pourcentage de ménages déclarant avoir des difficultés à joindre les deux bouts, selon le type de ménage, 2012-2014

En 2014, ce sont 47.0% des ménages locataires de leur habitation qui déclarent rencontrer des difficultés pour joindre les deux bouts. Cette proportion chute à 16.6% parmi les ménages propriétaires, avec cependant un écart important entre les ménages qui ont encore des remboursements d’emprunts en cours, dont 21.1% disent avoir des difficultés pour joindre les deux bouts, et ceux qui n’ont pas ou plus de remboursements d’emprunts à effectuer, dont “seulement” 12.0% déclarent avoir des difficultés. Cela illustre le poids important que représentent pour les finances des ménages les remboursements de crédits pour l’achat de la résidence principale.

Ce sont les ménages dont la personne de référence est âgée de 0 à 29 ans qui déclarent le plus souvent rencontrer des difficultés pour joindre les deux bouts: plus d’un tiers des ménages de cette catégorie le déclarent en 2014, contre 14.3% des ménages dont la personne de référence est âgée de 65 ans ou plus. D’après les données, parmi les ménages dont la personne de référence a atteint l’âge de 30 ans, la perception de la situation financière ne s’améliore pas sensiblement avec l’âge de la personne de référence. Cependant, la fracture est assez nette entre les ménages dont la personne de référence est âgée de 65 ans ou plus, dont 14.3% déclarent avoir des difficultés, et les autres ménages, pour lesquels cette proportion est nettement supérieure (autour de 31% en moyenne).

Graphique 125: Pourcentage de ménages déclarant avoir des difficultés à joindre les deux bouts, selon le statut d’occupation du logement, 2012-2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

23.5

61.3 60.2

14.7

26.432.4

28.1

69.5 69.0

18.5

32.0 34.327.0

67.2 68.8

16.9

27.931.9

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Un adulte - pasd'enfants à charge

Un adulte - 1 enfant àcharge

Un adulte - plus de 1enfant à charge

Couple - pas d'enfantsà charge

Couple - 1 enfant àcharge

Couple - plus de 1enfant à charge

%

Type de ménage

2012 2013 2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

8.4

20.2

14.5

40.3

11.9

24.9

18.8

47.4

12.0

21.116.6

47.0

05101520253035404550

Propriétaire (sansremboursements d'emprunts)

Propriétaire (avecremboursements d'emprunts)

Propriétaire (total) Locataire

%

Statut d'occupation du logement

2012 2013 2014

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 128

Graphique 126: Pourcentage de ménages déclarant avoir des difficultés à joindre les deux bouts, selon l’âge de la personne de référence, 2012-2014

Des différences de perception existent également entre les ménages selon que la personne de référence exerce une activité de cadre dirigeant ou une activité manuelle: 42.0% des derniers déclarent avoir rencontré des difficultés pour joindre les deux bouts en 2014, contre 9.8% des premiers. Il apparaît que plus on monte dans l’échelle des professions, moins on ressent de difficultés pour joindre les deux bouts.

Des écarts apparaissent aussi selon le niveau d’éducation atteint par la personne de référence du ménage. D’après les résultats, ce sont 40.6% des ménages dont la personne de référence a un faible niveau d’éducation (secondaire inférieur) qui déclarent faire face à des difficultés pour joindre les deux bouts, contre 24.0% des ménages dont la personne de référence a atteint un niveau moyen (secondaire supérieur) et 11.1% de ceux dont la personne de référence a atteint un niveau élevé (universitaire).

Graphique 127: Pourcentage de ménages déclarant avoir des difficultés à joindre les deux bouts, selon le type de profession exercée par la personne de référence, 2012-2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

29.8

25.9 24.7

12.2

31.0 32.329.7

14.9

35.7

28.9 29.0

14.3

0

10

20

30

40

0-29 30-49 50-64 65+

%

Age de la personne de référence du ménage

2012 2013 2014

Note : utilisation de la nomenclature ISCO-08 à partir de 2012

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

8.712.0

29.1

39.1

10.4

17.2

30.7

46.7

9.8

15.0

32.5

42.0

0

10

20

30

40

50

Cadres dirigeants Professions intermédiaires Employés Travailleurs manuels

%

Type de profession exercée par la personne de référence du ménage

2012 2013 2014

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 129

Graphique 128: Pourcentage de ménages déclarant avoir des difficultés à joindre les deux bouts, selon le niveau d’éducation atteint par la personne de référence, 2012-2014

Les résultats selon le statut d’activité de la personne de référence du ménage montrent que ce sont les ménages dont celle-ci est au chômage qui déclarent le plus souvent rencontrer des difficultés à joindre les deux bouts: 66.8% de ces ménages le déclarent en 2014, contre 27.6% des ménages dont la personne de référence est inactive (autre que retraitée), 25.2% des ménages dont la personne de référence est en emploi et 20.4% des ménages dont la personne de référence est retraitée. On voit ainsi que le fait d’être en emploi n’est pas forcément la meilleure protection contre les difficultés financières. La tendance entre 2013 et 2014 est stable pour les ménages dont la personne de

référence est en emploi ou retraitée, et à la baisse pour les ménages dont la personne de référence est au chômage ou inactive.

Parmi les ménages en situation de risque de pauvreté, c’est-à-dire ayant un niveau de vie inférieur à 60% du niveau de vie médian, deux tiers déclarent rencontrer des difficultés pour joindre les deux bouts, contre 19.2% de ceux qui ne sont pas en risque de pauvreté. En croisant une question subjective (difficulté à joindre les deux bouts) avec une question plus objective (risque de pauvreté), on obtient donc des résultats qui sont cohérents.

Graphique 129: Pourcentage de ménages déclarant avoir des difficultés à joindre les deux bouts, selon le statut d’activité de la personne de référence, 2012-2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

35.2

20.8

9.3

42.2

25.4

10.9

40.6

24.0

11.1

0

10

20

30

40

50

Faible Moyen Elevé

%

Niveau d'éducation atteint par la personne de référence du ménage

2012 2013 2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

21.7

66.2

16.8

25.726.3

75.0

19.9

34.61

25.2

66.8

20.427.6

0

10

20

30

40

50

60

70

80

En emploi Chômage Retraitée Autre inactive

%

Statut d'activité de la personne de référence du ménage

2012 2013 2014

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 130

Graphique 130: Pourcentage de ménages déclarant avoir des difficultés à joindre les deux bouts, selon le risque de pauvreté, 2012-2014

Si l’on compare la proportion des ménages qui déclarent avoir des difficultés à joindre les deux bouts dans les différents pays Européens, celle-ci est encore faible au Luxembourg, malgré une tendance à la hausse au cours des dernières années. Le Luxembourg se place dans le peloton de tête des pays Européens, en cinquième position, juste derrière la Suède, la Norvège, la Finlande et la Suisse. 14.7% des ménages en Suède déclaraient en 2013 avoir des difficultés pour joindre les deux bouts alors qu’ils étaient 18.8% Norvège, 24.2% en Finlande et 26.8% en Suisse. La Belgique (41.9%) et la France (61.5%) affichent des proportions beaucoup plus élevées que le Luxembourg. Les proportions les plus élevées de ménages déclarant avoir des difficultés pour joindre les deux bouts sont observées en Grèce (93.2%) et dans les pays d’Europe de l’Est, notamment la Bulgarie (91.4%), la Croatie (90.2%), la Roumanie (88.4%) et la Hongrie (87.7%), les républiques baltiques (85.2% pour la Lituanie et 85.1% pour la Lettonie).

Les difficultés financières rencontrées par certains ménages au Luxembourg font qu’une partie de la population est exclue de biens et de services qui sont importants pour permettre une bonne insertion dans la société. Par exemple, seulement 14.4% des ménages qui déclarent rencontrer de grandes difficultés pour joindre les deux bouts déclarent avoir les moyens de partir une semaine en vacances loin de leur domicile. Cette proportion augmente à mesure qu’il est plus facile pour le ménage d’arriver à joindre les deux bouts. Néanmoins, ce sont seulement 55.3% des ménages faisant face à des difficultés financières qui déclarent être en mesure de partir en vacances, contre 97.5% des ménages ne faisant pas face à des difficultés.

Graphique 131: Pourcentage de ménages déclarant avoir des difficultés pour joindre les deux bouts, comparaison européenne, 2013

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

65.7

16.1

70.1

20.6

65.5

19.2

0

10

20

30

40

50

60

70

80

<60% du niveau de vie médian >60% du niveau de vie médian

%

Risque de pauvreté2012 2013 2014

Note : Certains pays participant à la collecte EU-SILC ont refusé d'inclure leurs micro-données dans l'UDB. C'est le cas de l'Allemagne, de l'Islande et de l'Irlande

Source : EUROSTAT, EU Statistics on Income and Living Conditions (EU-SILC), User Data Base (Version 01-08-15)

14.718.8

24.226.827.728.531.4

40.741.945.2

61.564.165.168.269.270.172.3

78.178.879.181.785.185.287.788.490.291.493.2

0 20 40 60 80 100

SuèdeNorvègeFinlandeSuisse

LuxembourgDanemarkPays-BasAutricheBelgique

Royaume-UniFranceMalte

EspagneEstonie

Rép. TchèquePologneSlovénie

ItalieSlovaquiePortugalChypreLettonieLituanieHongrie

RoumanieCroatieBulgarieGrèce

%

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 131

Tableau 46: Pourcentage de ménages pouvant s’offrir une semaine de vacances loin de leur domicile, selon la capacité du ménage à joindre les deux bouts, 2012-2014

Tableau 47: Pourcentage de ménages pouvant s’offrir tous les deux jours un repas à base de viande ou de poisson (ou équivalent végétarien), selon la capacité du ménage à joindre les deux bouts, 2012-2014

Tableau 48: Pourcentage de ménages pouvant faire face à des dépenses financières imprévues, selon la capacité du ménage à joindre les deux bouts, 2012-2014

Une autre conséquence des problèmes financiers rencontrés par certains ménages est que 27.6% de ceux qui déclarent avoir de très grandes difficultés ne sont pas en mesure de s’offrir tous les deux jours un repas à base de viande ou de poisson (ou équivalent végétarien). Cette proportion diminue fortement à mesure qu’il est plus facile pour les ménages d’arriver à joindre les deux bouts: 100% de ceux qui arrivent très facilement à joindre les deux bouts peuvent aussi s’offrir un repas de viande ou de poisson tous les deux jours.

Seulement 34.1% des ménages qui déclarent avoir des difficultés pour joindre les deux bouts déclarent pouvoir faire face à des dépenses financières imprévues, contre 92.3% de ceux qui déclarent ne pas avoir de difficultés. Cette proportion chute à 5.8% lorsqu’il est très difficile pour le ménage de joindre les deux bouts et 23.6% lorsque cela est difficile.

1.2 La perception de la charge financière du logement

La charge financière du logement est une question centrale pour les finances des ménages. En 2014, 31.5% des ménages résidant au Luxembourg considèrent que la charge financière de leur logement est importante, 45.5% qu’elle est moyennement importante, et 23.0% qu’elle n’est pas du tout importante. Pour près de quatre ménages sur cinq au Luxembourg, le problème de la charge financière liée au logement est donc préoccupant. La tendance observée sur la période 2003-2012 est à l’aggravation, mais elle tend à s’améliorer depuis.

Tableau 49: Distribution des ménages (%) selon la perception de la charge financière du logement, 2003-2014

2012 2013 2014

Très difficile 15.8 13.4 14.4

Difficile 38.3 43.2 50.0Plutôt difficile 64.8 64.3 68.0Total - Difficultés pour joindre les deux bouts

50.6 50.5 55.3

Plutôt facile 92.5 95.8 95.1Facile 98.7 98.8 98.9Très facile 100.0 99.2 99.9Total - Pas de difficultés pour joindre les deux bouts

96.5 97.5 97.5

Total 86.0 84.5 86.5

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Capacité du ménage à joindre les deux bouts

2012 2013 2014

Très difficile 79.1 69.3 72.4Difficile 93.2 88.2 89.5Plutôt difficile 98.0 96.3 95.3Total - Difficultés pour joindre les deux bouts

94.0 89.8 90.3

Plutôt facile 99.4 99.6 99.7Facile 99.8 99.7 99.9Très facile 100.0 100.0 100.0Total - Pas de difficultés pour joindre les deux bouts

99.7 99.7 99.9

Total 98.4 97.0 97.4

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Capacité du ménage à joindre les deux bouts

2012 2013 2014

Très difficile 8.8 9.8 5.8Difficile 16.0 23.8 23.6Plutôt difficile 41.2 51.7 46.0Total - Difficultés pour joindre les deux bouts

29.7 37.3 34.1

Plutôt facile 84.0 87.0 85.0Facile 94.8 95.7 97.1Très facile 97.9 99.1 98.4Total - Pas de difficultés pour joindre les deux bouts

91.1 92.4 92.3

Total 77.0 77.1 77.2

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Capacité du ménage à joindre les deux bouts

Impor- tante

moyennement importante

Pas du tout importante

2003 27.4 47.1 25.5 100.02004 28.2 48.7 23.1 100.02005 26.6 46.5 26.9 100.02006 28.8 48.7 22.5 100.02007 34.0 44.5 21.5 100.02008 32.8 45.5 21.7 100.02009 33.0 47.0 20.0 100.02010 36.4 45.5 18.1 100.02011 36.4 46.9 16.7 100.02012 38.2 45.2 16.6 100.02013 35.0 45.2 19.8 100.02014 31.5 45.5 23.0 100.0

Perception de la charge financière du logement

Total

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

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Cahier économique 120 132

Logiquement, la charge financière du logement est corrélée avec la capacité du ménage à joindre les deux bouts: pour 65.9% des ménages qui déclarent avoir des difficultés pour joindre les deux bouts, la charge financière du logement est perçue comme importante, alors que cela ne concerne que 19.9% des ménages qui déclarent ne pas avoir de difficultés.

La charge financière du logement n’est pas ressentie de la même manière par toutes les catégories de ménages. La perception s’aggrave s’il y a des enfants à charge dans le ménage. Pour 27.1% des ménages composés d’un adulte sans enfants à charge, la charge financière du logement est perçue comme pas du tout importante, tandis qu’elle ne l’est que pour 3.0% des ménages monoparentaux avec un ou plusieurs enfants à charge. Par ailleurs, ce sont 27.5% des ménages de deux adultes sans enfants à charge qui considèrent pas du tout importante la charge financière de leur logement. Ce pourcentage chute à 17.5% pour les couples avec un enfant à charge et 13.7% pour les couples avec au moins deux enfants à charge.

Pour seulement 17.2% des ménages locataires de leur résidence principale et 18.1% des ménages propriétaires qui ont encore des remboursements d’emprunt à effectuer, la charge financière du logement est perçue comme pas du tout importante, alors qu’elle l’est pour 32.7% des ménages propriétaires qui n’ont pas ou plus de remboursements d’emprunt. On observe aussi que 20.7% des ménages dont la personne de référence est âgée de moins de 30 ans perçoivent comme pas du tout importante la charge financière du logement, contre 31.9% des ménages dont la personne de référence est âgée de 65 ans ou plus: la perception de la charge financière du logement semble donc s’améliorer à mesure que l’âge de la personne de référence augmente. Le poids du logement est également considéré plus lourd par les ménages dont la personne de référence exerce un travail manuel, a un niveau de qualification faible ou est au chômage.

Dans la comparaison européenne, le Luxembourg se trouve moins bien placé que lorsqu’on avait considéré la difficulté des ménages à joindre les deux bouts (voir section précédente). Avec 80.2% des ménages qui ressentent comme importante ou moyennement importante la charge financière de leur logement, le Luxembourg se situe dans le milieu de la hiérarchie des pays européens. Ce sont les pays scandinaves qui enregistrent les taux les plus faibles: 35.4% des

ménages au Danemark perçoivent comme importante ou moyennement importante la charge financière de leur logement, 36.0% des ménages en Suède et 37.9% en Norvège. À l’autre extrémité, l’Italie, la Croatie, la Roumanie, la Grèce et l’Espagne enregistrent les plus mauvais scores. Dans ces cinq pays, plus de 95% des ménages perçoivent comme importante ou moyennement importante la charge financière de leur logement.

Tableau 50: Distribution des ménages (%) selon la perception de la charge financière du logement et la capacité du ménage à joindre les deux bouts, 2014

Graphique 132: Part (%) des coûts du logement par rapport au revenu brut du ménage, en fonction de la perception de la charge financière du logement, 2014

Importante

Moyenne- ment

importantePas du tout importante

Très difficile 90.5 6.8 2.7 100.0Difficile 73.0 19.4 7.6 100.0Plutôt difficile 57.1 36.9 6.0 100.0Total - Difficultés pour joindre les deux bouts

65.9 28.1 6.0 100.0

Plutôt facile 31.1 55.8 13.2 100.0Facile 13.9 55.0 31.1 100.0Très facile 7.6 30.2 62.1 100.0Total - Pas de difficultés pour joindre les deux bouts

19.9 51.4 28.7 100.0

Total 31.5 45.5 23.0 100.0

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Perception de la charge financière du logement

Capacité du ménage à joindre les deux bouts

Total

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

34.6

25.421.7

0

5

10

15

20

25

30

35

40

Importante Moyennementimportante

Pas du toutimportante

%

Perception de la charge financière du logement

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Tableau 51: Distribution (%) des ménages selon la perception de la charge financière du logement, par type de ménage, statut d’occupation du logement et âge, type de profession, niveau d’éducation atteint et statut d’activité de la personne de référence du ménage, 2014

L‘enquête communautaire sur les revenus et les conditions de vie (EU-SILC) collecte au niveau de chaque ménage le montant total des coûts induits par le logement. Ces coûts comprennent le remboursement de l’emprunt logement (capital et intérêts) pour les ménages propriétaires de leur résidence principale, le paiement du loyer pour les ménages locataires, les assurances obligatoires pour le logement, les charges diverses en lien avec le logement (enlèvement des ordures ménagères, assainissement des eaux usées, adduction d’eau…), les factures pour l’eau, l’électricité, le gaz et le chauffage ainsi que les taxes (par ex. l’impôt foncier communal). On retranche à cela le montant des aides au logement.

Pour les ménages qui déclarent que la charge financière de leur logement est importante, le coût total induit par le logement représente en moyenne 35% du revenu brut du ménage en 2014. Cette part chute à 25% si la charge du logement est moyennement importante et à 22% si elle n’est pas du tout importante. Ces données quantitatives vont donc dans le sens des déclarations des ménages.

C’est chez les ménages monoparentaux, c'est-à-dire les ménages composés d’un seul adulte avec un ou plusieurs enfants à charge, que la part des coûts du logement est la plus importante: ces coûts représentent environ près de la moitié du revenu brut de ces ménages. Si l’on compare ce résultat avec celui pour les ménages d’un adulte sans enfants à charge – 35% du revenu brut – on voit que la part des coûts du logement augmente s’il y a des enfants à charge au sein du ménage. Par rapport aux ménages avec un seul adulte, la part des coûts du logement est moins élevée chez les ménages de deux adultes: elle est de 24% en moyenne pour les ménages de deux adultes sans enfants à charge et de 27% pour les ménages de deux adultes avec un ou plusieurs enfants à charge. Là encore, la part des coûts du logement augmente s’il y a des enfants à charge dans le ménage.

En 2014, le coût total du logement pour les ménages locataires représente 20% du revenu brut de ces ménages, contre 3% pour les ménages propriétaires qui n’ont pas ou plus de crédit à rembourser. Pour les ménages propriétaires qui ont encore des crédits à rembourser, la part monte à 22%. Ce résultat indique que les remboursements d’emprunt ont un poids important dans le budget des ménages propriétaires.

Importantemoyennement

importantePas du tout importante Total

Un adulte - pas d'enfants à charge 27.8 45.1 27.1 100.0Un adulte - 1 enfant à charge 53.6 43.3 3.0 100.0Un adulte - plus de 1 enfant à charge 52.3 45.1 2.7 100.0Deux adultes - pas d'enfants à charge 25.2 47.3 27.5 100.0Deux adultes - 1 enfant à charge 39.5 43.1 17.5 100.0Deux adultes - plus de 1 enfant à charge 42.1 44.2 13.7 100.0

Ménages propriétaires (pas de remboursements d'emprunts en cours) 18.2 49.1 32.7 100.0Ménages propriétaires (remboursements d'emprunts en cours) 34.6 47.3 18.1 100.0Ménages locataires 43.8 39.0 17.2 100.0

0-29 37.4 41.9 20.7 100.030-49 35.8 45.6 18.6 100.050-64 32.8 44.7 22.5 100.065+ 20.7 47.3 31.9 100.0

Cadres dirigeants, professions intellectuelles 20.9 45.9 33.2 100.0Professions intermédiaires 24.6 49.7 25.7 100.0Employés 35.3 44.6 20.1 100.0Travailleurs manuels 43.1 43.1 13.8 100.0

Faible 42.5 41.7 15.8 100.0Moyen 28.3 47.1 24.5 100.0Élevé 22.7 48.0 29.3 100.0

En emploi 33.3 46.0 20.7 100.0Chômage 56.0 40.0 4.0 100.0Pensionné 23.2 45.7 31.1 100.0Autre inactif 32.8 44.4 22.8 100.0

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Niveau d'éducation atteint par la personne de référence

Statut d'activité de la personne de référence

Perception de la charge financière du logement

Type de ménage

Statut d'occupation du logement

Age de la personne de référence

Profession de la personne de référence

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Cahier économique 120 134

Graphique 133: Pourcentage des ménages qui perçoivent comme importante ou moyennement importante la charge financière de leur logement, comparaison européenne, 2013

Le taux de surcharge des coûts du logement représente, en pourcentage, la part de la population vivant dans des ménages dont les coûts totaux de logement (après déduction des allocations de logement) représentent plus de 40 % du revenu disponible (après déduction des allocations de logement).

Ce taux reste marginal au Luxembourg, avec 6.8% de la population qui est concernée. Cependant, près de 30.9% des personnes en situation de risque de pauvreté, c’est-à-dire dont le niveau de vie est en-dessous de 60% du niveau de vie médian, sont concernées par la surcharge des coûts du logement.

Graphique 134: Part (%) des coûts du logement par rapport au revenu brut du ménage, en fonction du type de ménage, 2014

Graphique 135: Part (%) des coûts du logement par rapport au revenu brut du ménage, en fonction du statut d'occupation du logement, 2014

Note : Certains pays participant à la collecte EU-SILC ont refusé d'inclure leurs micro-données dans l'UDB. C'est le cas de l'Allemagne, l'Islande et de l'Irlande

Source : EUROSTAT, EU Statistics on Income and Living Conditions (EU-SILC), User Data Base (Version 01-08-15)

35.436.037.9

52.553.7

63.067.1

72.074.6

80.283.083.187.688.189.990.392.392.792.793.094.994.994.995.996.396.697.198.5

0 20 40 60 80 100

DanemarkSuède

NorvègeFrance

Pays-BasBelgiqueAutriche

Royaume-UniFinlande

LuxembourgEstonieSuisse

LettoniePortugalSlovénieLituanie

Rép. TchèqueMalte

HongrieSlovaquie

ChypreBulgariePologneEspagneGrèce

RoumanieCroatieItalie

%

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

34.8

24.3

14.9

50.347.4

26.7

0

10

20

30

40

50

60

Un adulte

sans enfants

à charge

Deux adulte

s sans

enfants à charge

Autres ménages sans

enfants à charge

Un adulte

- 1 enfant à

charge

Un adulte

- plus de 1

enfant à charge

Deux adulte

s - 1

enfant à charge

%

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

3.0

22.420.2

0

5

10

15

20

25

Propriétaire (traite

spayées)

Propriétaire (traite

sà payer)

Locataire

%

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Tableau 52: Taux de surcharge des coûts du logement (%) en fonction de l’âge et du risque de pauvreté, 2014

1.3 Les arriérés de paiement des ménages

En 2014, 4% des ménages déclarent avoir eu au moins une fois au cours des douze derniers mois des arriérés sur le paiement du loyer (si le ménage est locataire) ou des mensualités d’emprunt (si le ménage est propriétaire) pour leur résidence principale, 3% sur le paiement des factures courantes liées à la résidence principale (eau, électricité, gaz et chauffage) et 4% sur le remboursement d’autres emprunts (par ex., achats effectués à crédit). Malgré une tendance à la hausse au cours des dernières années, le problème des arriérés de paiement reste encore marginal au Luxembourg.

Les problèmes d’arriérés de paiement sont plus répandus parmi les ménages d’un seul adulte que

parmi ceux avec deux adultes. En outre, la situation s’aggrave avec la présence d’enfants à charge dans le ménage. Par exemple, si 1.9% des ménages d’un adulte sans enfants à charge (ménages “isolés”) ont déclaré avoir eu des arriérés sur le paiement des factures énergétiques courantes liées à la résidence principale au cours des douze derniers mois, ce chiffre monte à 7.9% des ménages d’un adulte avec un enfant à charge et 11.3% de ceux avec au moins deux enfants à charge. Une conclusion analogue est obtenue si l’on prend les arriérés sur le paiement des factures courantes liées à la résidence principale ou sur le remboursement d’autres emprunts.

Les ménages “jeunes”, dont la personne de référence est âgée de 0 à 29 ans, sont davantage touchés que les autres ménages par les problèmes d’arriérés de paiement sur le paiement du loyer ou des mensualités d’emprunt pour la résidence principale, sur les factures courantes liées à la résidence principale et sur les autres type d’emprunts, même si le phénomène reste encore peu répandu. En 2014, 6.3% de ces ménages ont eu des arriérés sur le paiement du loyer ou des mensualités d’emprunt pour la résidence principale, 5.2% sur le paiement des factures courantes liées à la résidence principale et 10.9% sur le remboursement d’achats effectués à crédit. Les ménages dont l’âge de la personne de référence se situe entre 30 et 64 ans sont environ à 4% en 2014 à rencontrer des difficultés à rembourser à temps les emprunts (quel que soit le type d’emprunt) ou à payer les factures courantes liées à la résidence principale. L’incidence d’arriérés de paiement pour les ménages dont la personne de référence est âgée de 65 ans et plus est extrêmement faible.

Graphique 136: Pourcentage de ménages déclarant avoir eu des arriérés de paiement au moins une fois pendant les douze derniers mois, 2011-2014

Oui Non

Total 30.9 2.1 6.8Moins de 6 ans 34.2 0.6 8.0De 6 à 11 ans 27.7 1.6 8.6De 12 à 17 ans 18.9 1.2 6.1Moins de 18 ans 26.6 1.1 7.6De 18 à 24 ans 24.4 2.8 7.6De 18 à 64 ans 33.6 2.5 7.4De 25 à 29 ans 47.8 2.3 9.265 ans ou plus 24.3 1.7 3.1

Source : Eurostat, EuroBase

Risque de pauvreté

Total

Risque de pauvreté : revenu équivalent (niveau de vie) en-dessous 60% du revenu équivalent médian

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

2.62.1

3.4

2.0 2.0

4.24.2

2.9

4.3

3.6

2.7

4.5

0

1

2

3

4

5

Paiement du loyer/mensualités d'empruntpour la résidence principale

Paiement des factures énergétiquescourantes (gaz, eau, électricité, chauffage)

Remboursement d'autres emprunts

%

2011 2012 2013 2014

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Graphique 137: Pourcentage de ménages déclarant avoir eu des arriérés de paiement au moins une fois pendant les douze derniers mois, selon le type de ménage, 2014

Graphique 138: Pourcentage de ménages déclarant avoir eu des arriérés de paiement au moins une fois pendant les douze derniers mois, selon l'âge de la personne de référence du ménage, 2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

4.1

3.0

5.8

3.3

4.5

2.2

1.9

7.9

11.3

1.8

4.7

3.7

4.4

6.9

6.7

3.2

7.8

4.0

0 2 4 6 8 10 12

Un adulte, pas d'enfants à charge

Un adulte, un enfant à charge

Un adulte, plus d'un enfant à charge

Deux adultes, pas d'enfants à charge

Deux adultes, un enfant à charge

Deux adultes, plus d'un enfant à charge

%Remboursement d'autres empruntsPaiement des factures énergétiques courantes (gaz, eau, électricité, chauffage)Paiement du loyer/mensualités d'emprunt pour la résidence principale

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

6.3

3.1

4.6

0.0

5.2

3.5 3.0

0.3

10.9

4.2 4.0

0.00

2

4

6

8

10

12

0-29 30-49 50-64 65+

%

Age de la personne de référence du ménagePaiement du loyer/mensualités d'emprunt pour la résidence principalePaiement des factures énergétiques courantes (gaz, eau, électricité, chauffage)Remboursement d'autres emprunts

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2. Revenus, pauvreté, inégalités La distribution des revenus prenant en compte aussi bien les revenus des ménages que ceux des individus est à la base de nombreux indicateurs visant à mesurer le niveau de la pauvreté et des inégalités au sein de la population. Plus précisément, un des indicateurs-clés sur la pauvreté est le taux de risque de pauvreté, défini comme la proportion d’individus ayant un revenu se situant en-dessous d’un certain seuil (qu’on appellera seuil de pauvreté). Parmi les indicateurs traitant de l’inégalité des revenus, on trouve des indicateurs de dispersion des revenus comme le ratio inter-quintiles S80/S20, le ratio inter-déciles S90/S10 ou le ratio intervingtiles S95/S5, et des indicateurs de concentration des revenus comme le coefficient de Gini.

Les indicateurs relatifs aux revenus et au niveau de vie des ménages sont produits à partir des données de l’enquête EU-SILC (European Union - Survey on Income and Living Conditions). Il s’agit d’une enquête communautaire qui est réalisée tous les ans par le STATEC en collaboration avec le LISER avec comme objectif de collecter des données détaillées sur les revenus et les conditions de vie des ménages et des individus.

La vague 2014 de l’enquête EU-SILC a porté sur un échantillon de 3 879 ménages et 9 982 individus. Les individus résidant dans des structures collectives (maisons de retraite, prisons, casernes…) étaient exclus du champ de l’enquête. Extrapolés à l’ensemble de la population, ces échantillons représentaient respectivement 211 610 ménages privés et 507 498 individus.

Tableau 53: Tailles d’échantillons, EU-SILC 2014

2.1 Revenu disponible et niveau de vie

Revenu disponible

La capacité financière d’un ménage ou d’un individu dépend du revenu dont il peut réellement disposer. Il faut donc retrancher de l’ensemble des revenus bruts d’un ménage toutes sortes de retenues, les plus importantes étant les impôts et les cotisations sociales. Les revenus bruts d’un ménage proviennent en grande partie de son travail et de son capital. Ce sont les revenus “primaires” d’un ménage. Les revenus du travail sont tirés d’une activité professionnelle (salariée ou indépendante), tandis que les revenus du capital proviennent essentiellement de la mise en location par les ménages de biens immobiliers (par exemple un appartement, un garage ou un terrain) et des intérêts ou des dividendes qui sont perçus sur des placements financiers (par exemple portefeuilles d’actions, plans d’épargne ou d’assurance-vie).

En plus des revenus primaires, les ménages touchent souvent d’autres formes de revenus, dits “secondaires”, qui correspondent à des transferts réalisés par les administrations publiques en direction des ménages. Ces revenus secondaires peuvent prendre la forme de revenus de compensation se substituant aux revenus d’activité lorsque des personnes ne peuvent plus exercer d’activité professionnelle (en cas de vieillesse, de chômage, de maladie, d’invalidité ou de veuvage). En plus de cela, les ménages peuvent bénéficier de toute une palette de prestations sociales:

• Prestations familiales: allocations familiales, allocation de rentrée scolaire, allocation d’éducation, prestations de naissance, indemnité pour congé parental, boni pour enfants, …

• Aides au logement, sous la forme de subvention ou de bonification des intérêts d’emprunt pour les ménages propriétaires.

• Bourses d’études sans charge d’intérêts.

• Minima sociaux: il s’agit principalement du Revenu Minimum Garanti (RMG), mais aussi de prestations spécifiques versées par le Fonds National de Solidarité comme, par exemple, l’allocation de vie chère ou l’allocation pour personnes gravement handicapées.

Echantillon Population

Individus 9 982 507 498Ménages 3 879 211 610

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Champ : ménages privés affiliées au système national de sécuritésociale résidant sur le territoire national à la date de l’enquête

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Cahier économique 120 138

Si l’on ajoute à tout cela les revenus qui sont issus de transferts réguliers de la part d’autres ménages (par exemple pension alimentaire) et les revenus qui sont perçus par les membres du ménage âgés de moins de 16 ans (par exemple salaire d’apprentissage), on aboutit finalement au revenu brut du ménage. Le revenu disponible du ménage est calculé en enlevant du revenu brut le montant des cotisations sociales (à la charge de l’employé) et des impôts directs (impôt sur le revenu des personnes physiques et impôt foncier communal1). Si l’imposition directe constitue la face émergée du système fiscal, les ménages sont également soumis à une imposition indirecte à quasiment tous les stades de leur consommation courante: TVA, droits d’accises,… Les impôts indirects sont acquittés par les entreprises, mais leur montant est répercuté à court-terme sur les prix à la consommation. Ce sont donc les ménages qui les payent au final.

La figure 1 fait la synthèse des différentes sources de revenus possibles pour les ménages. Un schéma analogue dans le cas de la France se trouve dans Bigot et al2. Il faudrait aussi ajouter à cette liste l’ensemble des revenus en nature (production domestique, voiture de société, prestations sociales en nature comme les chèques-services, les remboursements pour les médicaments ou les loyers d’habitation réduits…). Bien que l’impact des prestations sociales en nature sur le niveau de vie des ménages soit significatif3, il est difficile techniquement de donner une valeur monétaire à tous les revenus qui sont perçus en nature. C’est pour cela qu’ils ne sont généralement pas pris en compte dans le calcul des principaux indicateurs sur la distribution des revenus.

En 2014, le revenu disponible moyen des ménages résidant au Luxembourg est de 5 290 EUR par mois. Ce chiffre baisse de 1.4% par rapport à l’année

1 L’imposition directe au Luxembourg repose principalement sur l’impôt sur le revenu des personnes physiques, le niveau de l’impôt foncier communal étant très faible.

2 Régis Bigot, Emilie Daudey, Jörg Muller et Guillaume OSIER (2012). Les classes moyennes sont-elles perdantes ou gagnantes dans la redistribution socio-fiscale ? Cahier de Recherche du CREDOC, Paris. http://www.credoc.fr/

3 Voir à ce sujet le Regards N°12-2013 du STATEC sur les effets des transferts et des prélèvements sur le niveau de vie. En 2012, les transferts sociaux en nature représentaient 27% du revenu disponible des ménages (Source: STATEC, Comptes Nationaux)

précédente. Quant au revenu disponible médian, il est de 4 553 EUR par mois4, en hausse de 1.6% par rapport à l’année précédente.

La répartition des ménages en fonction de leur revenu disponible révèle que 4% des ménages disposent en 2014 de moins de 1 500 EUR de revenu mensuel, et que 16% ont moins de 2 500 EUR. À l’opposé, 7% des ménages ont plus de 10 000 EUR de revenu mensuel.

Les revenus du travail représentent en moyenne 67% du revenu total brut des ménages. Il s’agit de loin de la source de revenus la plus importante pour les ménages. Les pensions de vieillesse viennent après (20.0% du revenu brut des ménages), suivies des prestations familiales (3.4%). Quant aux revenus tirés du capital, ils ne comptent en moyenne que pour 3.8% du revenu des ménages. Trois quarts des revenus du capital proviennent de la location de biens immobiliers par les ménages.

Si le revenu brut des ménages a diminué de 0.7% entre 2013 et 2014, les revenus provenant d’une activité salariée ont progressé, sur la même période, de 1.6% et les prestations familiales ont diminué de 5.4%. Les revenus tirés du capital ont fortement baissé: -37.9% pour les revenus tirés de placements financiers et +5.1% pour les revenus locatifs.

Tableau 54: Part (%) des différentes sources de revenus dans le revenu brut des ménages, 2014

4 Cela signifie que la moitié des ménages ont un revenu disponible inférieur à 4 553 EUR par mois, tandis que le revenu disponible de l’autre moitié des ménages est supérieur à 4 553 EUR par mois.

Activité salariée 62.7Activité indépendante 3.7

Usage d'une voiture de société à des fins privées 0.4

Pensions versées par des régimes complémentaires de retraite

0.0

Location de biens immobiliers 2.9Intérêts, dividendes, bénéfices tirés de placements financiers

0.9

Chômage 1.6Vieillesse 20.0Veuvage 0.8Maladie 0.2Invalidité 1.5Prestations familiales 3.4Aides au logement 0.3Bourses d'études 0.4Minima sociaux 1.0Transferts réguliers en provenance d'autres ménages

0.3

Revenus des personnes de moins de 16 ans 0.0

Total 100.0

2014

Revenus du travail

Revenus du capital

Revenus de compensation

Prestations sociales

Autres revenus

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 139

Figure 1 - Une typologie des revenus des ménages

Revenus du travail

Revenus du capital

Vieillesse

Revenus primaires

du ménage

Bourses d’études

Revenu brut du ménage

Transferts d’autres

ménages…

Revenu disponible du ménage

Impôt sur le revenu

des personnes

Cotisations sociales

Chômage

Maladie

Invalidité

Prestations familiales

Veuvage

Aides au logement

Minima sociaux (RMG…)

Revenus de compensation

Prestations sociales

Consommation finale,

épargne…

TVA, droits d’accises…

Impôt foncier

Impôts directs

Impôts indirects

Autres revenus

Prélèvements obligatoires

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 140

Graphique 139: Répartition des ménages en fonction de leur revenu disponible (en % du nombre total des ménages), 2014

Graphique 140: Évolution (%) du revenu brut des ménages par source de revenus, 2013-2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

4.3

6.0 5.7

7.3

9.0 8.6 8.2

6.5 6.35.2 5.3

4.53.8

3.32.8

2.2 2.01.6 1.2 0.9 0.9 0.6

3.9

012345678910

< 1500

1500-1999

2000-2499

2500-2999

3000-3499

3500-3999

4000-4499

4500-4999

5000-5499

5500-5999

6000-6499

6500-6999

7000-7499

7500-7999

8000-8499

8500-8999

9000-9499

9500-9999

10000-10499

10500-10999

11000-11499

11500-11999

> 12000

%

Revenu disponible (EUR/mois)

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

1.6

-37.1

0.5

22.7

5.1

-37.9

-7.5

7.0

2.6

23.2

-12.3

-5.4

-19.8

24.2

8.7

-17.4

-42.6

-50 -40 -30 -20 -10 0 10 20 30

Activité salariée

Activité indépendante

Usage d'une voiture de société à des fins privées

Pensions versées par des régimes complémentaires de retraite

Location de biens immobiliers

Intérêts, dividendes, bénéfices tirés de placements financiers

Chômage

Vieillesse

Veuvage

Maladie

Invalidité

Prestations familiales

Aides au logement

Bourses d'études

Minima sociaux

Transferts réguliers en provenance d'autres ménages

Revenus des personnes de moins de 16 ans

Revenus du

travail

Revenus du

capital

Revenus de com

pensation

Prestatio

ns sociales

Autres

revenus

%

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 141

Revenu disponible et niveau de vie: le revenu disponible par équivalent-adulte

Il est facile de comprendre qu’une personne vivant seule et disposant d’un revenu mensuel de 5 000 EUR aura un niveau de vie supérieur à celui d’un couple avec deux enfants disposant du même revenu. Afin de pouvoir comparer les niveaux de vie de ces deux ménages, une solution serait de diviser leur revenu par la taille du ménage (en nombre de têtes). Mais on admet généralement que les besoins d’un ménage ne s’accroissent pas en stricte proportion de sa taille. Lorsque plusieurs personnes cohabitent au sein d’un même ménage, un grand nombre de biens et de services sont mutualisés: on partage, entre autres, le loyer de l’habitation, l’électricité ou le chauffage. Ce phénomène se vérifie tout particulièrement avec les biens de consommation durables (voiture, machine à laver, réfrigérateur, …). Les besoins d’un ménage de plusieurs personnes ne sont donc pas égaux à la somme des besoins respectifs de ses membres.

Afin de pouvoir comparer les niveaux de vie de ménages ayant des tailles et des compositions différentes, on divise généralement le revenu disponible du ménage par le nombre d’unités de consommation. Celui-ci se calcule en utilisant une échelle d’équivalence, par exemple:

− la racine carrée de la taille du ménage;

− l’échelle OCDE (ou échelle d’Oxford), qui attribue un coefficient égal à 1 à la personne de référence du ménage, 0.7 à chaque membre du ménage âgé de 14 ans ou plus et 0.5 à chaque membre âgé de 13 ans ou moins;

− l’échelle dite OCDE modifiée, qui attribue un coefficient égal à 1 à la personne de référence du ménage, 0.5 à chaque membre du ménage âgé de 14 ans ou plus et 0.3 à chaque membre âgé de 13 ans ou moins.

Ces coefficients sont appelés unités de consommation ou équivalents-adulte. C’est l’échelle “OCDE modifiée” qui est aujourd’hui utilisée par Eurostat pour calculer les indicateurs de niveau de vie au niveau européen.

Le niveau de vie d’un ménage s’obtient alors en divisant son revenu total disponible par le nombre d’unités de consommation (UC). Dans l’exemple précédent, le ménage d’une seule personne aurait

donc un niveau de vie mensuel de (5 000/1) = 5 000 EUR/UC, tandis que le couple avec deux enfants à charge, en supposant que ces derniers sont âgés de moins de 14 ans, aurait un niveau de vie égal à 5 000/(1+0.5+0.3+0.3) = 2 381 EUR/UC. Les niveaux de vie varieraient donc du simple au double.

En 2014, le niveau de vie moyen des ménages au Luxembourg est de 3 331 EUR par mois1. Il reste stable par rapport à l’année précédente. Quant au niveau de vie médian, il est de 2 984 EUR par mois, soit une progression de 2.2% par rapport à l’année précédente.

La répartition des ménages en fonction de leur niveau de vie indique que 71.2% des ménages au Luxembourg ont un niveau de vie mensuel qui est compris entre 1 500 et 4 500 EUR. 9.1% des ménages ont un niveau de vie inférieur à 1 500 EUR, tandis qu’il est supérieur à 7 500 EUR chez 2.8% des ménages.

Niveau de vie selon les caractéristiques de la personne de référence du ménage

Comme caractéristiques de la personne de référence du ménage2 ont été retenues:

− l’âge: moins de 30 ans, de 30 à 49 ans, de 50 à 64 ans et 65 ans ou plus;

− la situation par rapport à la vie économique: en emploi, retraité, inactif ou au chômage;

− le type de profession exercée3: cadre dirigeant/profession intellectuelle, profession intermédiaire, employé ou travailleur manuel;

− la nationalité: belge, allemande, française, italienne, luxembourgeoise et portugaise.

1 Ce montant est calculé au niveau du ménage. Il ne correspond donc pas au montant qui sera utilisé pour le calcul du seuil de pauvreté (voir chapitre 2.2).

2 La personne de référence est celle qui a répondu au questionnaire ménage.

3 Seulement si la personne de référence occupe un emploi.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 142

Le niveau de vie des ménages augmente avec l’âge de la personne de référence. Les différences sont très importantes entre les ménages dont la personne de référence occupe un emploi et ceux dont la personne de référence est au chômage, le niveau de vie des premiers étant 1.9 fois plus élevé que celui des derniers. Les résultats pour les quatre grands types de professions considérés montrent que le niveau de vie

augmente de façon régulière à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie professionnelle. Le niveau de vie des ménages de cadres dirigeants est pratiquement le double de celui des ménages de travailleurs manuels. Finalement, avec un niveau de vie mensuel médian qui se situe autour de 1 920 EUR, les ménages portugais sont moins aisés que les ménages luxembourgeois, allemands, belges, français et italiens.

Graphique 141: Répartition des ménages en fonction de leur niveau de vie (en % du nombre total des ménages), 2014

Graphique 142: Niveau de vie moyen et médian par ménage (EUR/mois), selon l’âge de la personne de référence, 2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

9.1

13.2 13.514.6

12.6

9.28.2

5.53.8

3.02.1 1.5 1.0 0.5 0.7 0.2 0.3 0.2 0.1 0.2 0.1 0.0 0.4

0

2

4

6

8

10

12

14

16

< 1500

1500-1999

2000-2499

2500-2999

3000-3499

3500-3999

4000-4499

4500-4999

5000-5499

5500-5999

6000-6499

6500-6999

7000-7499

7500-7999

8000-8499

8500-8999

9000-9499

9500-9999

10000-10499

10500-10999

11000-11499

11500-11999

> 12000

%

Niveau de vie (EUR/mois/UC)

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

2 616

3 342 3 3483 503

2 494

2 972 2 999 3 091

0

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

4 000

Moins de 30 ans 30-49 ans 50-64 ans 65 ans ou plus

EUR/

moi

s

Niveau de vie moyen Niveau de vie médian

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 143

Graphique 143: Niveau de vie moyen et médian par ménage (EUR/mois), selon la situation économique de la personne de référence, 2014

Graphique 144: Niveau de vie moyen et médian par ménage (EUR/mois), selon le type de profession exercée par la personne de référence, 2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

3 501

1 875

3 520

2 585

3 141

1 630

3 157

2 542

0

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

4 000

En emploi Chômage Retraité Autre inactif

EUR/

moi

s

Niveau de vie moyen Niveau de vie médian

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

4 661

3 738

2 886

2 379

4 281

3 567

2 6512 213

0

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

4 000

4 500

5 000

Cadre dirigeant, professionintellectuelle

Profession intermédiaire Employé Travailleur manuel

EUR/

moi

s

Niveau de vie moyen Niveau de vie médian

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 144

Graphique 145: Niveau de vie moyen et médian par ménage (EUR/mois), selon la nationalité de la personne de référence, 2014

2.2 Pauvreté et exclusion sociale

Qui est pauvre ?

La grande majorité des publications privilégient la pauvreté monétaire se caractérisant par une insuffisance de revenus par rapport à une certaine norme. En réalité, la pauvreté est, sans doute, multidimensionnelle, allant au-delà du simple manque de ressources matérielles. Le sociologue Peter Townsend place son analyse de la pauvreté dans le cadre plus large des conditions d’existence ou des privations. D’après lui une privation provient de l’exclusion du mode de vie dominant déterminé par les pratiques sociales. Cette exclusion peut concerner des domaines aussi divers que l’alimentation, l’habillement, l’habitat et l’environnement d’une personne en général.

On ne peut cependant difficilement nier que des ressources matérielles insuffisantes constituent souvent un indice de pauvreté.

Classer une population en pauvres et non pauvres nécessite la fixation d’un seuil séparant ces deux sous-populations. Comme le relèvent beaucoup de spécialistes en la matière, la définition d’un tel seuil revête un caractère normatif dépassant les simples considérations statistiques.

Pour appréhender l’importance du phénomène de la pauvreté dans une société, deux étapes sont nécessaires. Il faut tout d’abord se mettre d’accord sur la définition d’une norme sociale pour évaluer le seuil de pauvreté. Vient ensuite l’estimation statistique du seuil retenu.

Choisir un seuil de pauvreté

Dans la littérature théorique traitant de cette question, on trouve deux grandes approches. La première, associée souvent aux analyses du sociologue Peter Townsend mentionné plus haut, insiste sur la dimension relative de la pauvreté. L’économiste Amartya Sen, quant à lui, met plutôt en avant son caractère absolu1. Avec un seuil de pauvreté relatif, on peut avec un même revenu être pauvre dans une certaine société ou à une certaine époque et ne plus l’être dans un autre environnement social ou historique. L’existence de certains besoins fondamentaux que Sen appelle les “capabilities” fait référence à un noyau absolu de la pauvreté.

1 Le père de cette approche est Rowntree qui a publié des études sur le sujet dans les années 1930

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

3 9293 641 3 543

3 106

3 623

2 052

3 6963 326

3 0312 823

3 280

1 989

0

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

4 000

4 500

Belge Allemande Française Italienne Luxembourgeoise Portugaise

EUR/

moi

s

Niveau de vie moyen Niveau de vie médian

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 145

L’opposition entre ces deux écoles est, en réalité, moins tranchée qu’il n’y paraît puisque même les tenants de la pauvreté absolue admettent que la satisfaction des besoins jugés fondamentaux peut varier dans le temps et dans l’espace. Un exemple souvent cité a trait à l’habillement. Se vêtir de manière décente exigerait d’autres habits aujourd’hui qu’il y a trente ans.

Les méthodologies pour la construction de ces deux sortes de seuils ne sont évidemment pas les mêmes. Les seuils relatifs de pauvreté sont établis par référence à un certain positionnement dans la distribution des revenus de l’ensemble de la population (généralement une certaine fraction d’une des valeurs centrales). Les seuils absolus font appel au coût d’un panier de biens et services jugé indispensable pour vivre. Les adaptations de la valeur d’un tel panier négligent le plus souvent les changements intervenus dans les habitudes de consommation et se contentent de l’indexer à la seule évolution des prix des produits qu’il contient. Cette façon de procéder, toujours en usage aux Etats-Unis, soulève évidemment de nombreuses critiques parce qu’elle ne tient justement pas compte de changements intervenus dans les modes de vie.

L’avantage des seuils relatifs serait qu’ils sont adaptés, de par leur méthode de construction, à l’évolution de l’ensemble des revenus. Si ce seuil correspond, par exemple, à un certain pourcentage du revenu moyen, il est clair qu’il augmente lorsqu’une grande majorité de la population bénéficie d’une hausse de leurs revenus.

La définition du seuil relatif de pauvreté relatif, comme on le trouve dans les pays européens, exige de se mettre d’accord sur deux points:

− quelle norme de référence retenir: moyenne ou médiane1 ?

− quel pourcentage de cette norme de référence choisir ?

Concernant la norme de référence, c’est la médiane qui est actuellement favorisée par rapport à la moyenne. On dit que le choix d’une des deux révèle un certain degré d’aversion pour les inégalités. Se décider pour le revenu médian au lieu du revenu moyen serait

1 Pour être précis, il s’agirait en fait de la moyenne arithmétique. La médiane divise une population en deux parts égales, l’une se situant en dessous de cette valeur, l’autre au-dessus

le signe d’une moindre aversion pour l’inégalité. Il est clair que, vu l’allure de la courbe de distribution des revenus, la moyenne est plus élevée que la médiane et que le seuil de pauvreté le sera alors également. Un argument en faveur de la médiane est de nature statistique et consiste à dire qu’elle est moins sensible aux valeurs extrêmes souvent jugées aberrantes. On pourrait répliquer que les données brutes collectées sont normalement corrigées pour éliminer ces “outliers”. Il existe cependant un autre argument justifiant le choix de la médiane. Dans le cas d’une distribution étalée à droite, comme l’est celle des revenus, la moyenne arithmétique n’est non seulement pas significative mais peut encore induire en erreur. Des valeurs élevées peuvent faire en sorte que la moyenne arithmétique se situe à droite de la partie de la distribution ou se concentre la masse des revenus.

Distribution des revenus et seuil de pauvreté

Pour ce qui est de du pourcentage de la norme de référence, il est difficile de le justifier de manière purement statistique. Retenir 70% donnera évidemment un taux de pauvreté plus élevé que 30%.

Si pendant longtemps, EUROSTAT avait retenu un seuil de 50% du revenu moyen, il s’élève aujourd’hui à 60% du revenu médian, les deux étant en réalité très proches l’un de l’autre. Ce seuil de 60% du revenu médian a été fixé par le Conseil européen de Laeken.

Classer comme pauvres des ménages se trouvant juste en dessous du seuil de pauvreté et comme non pauvres ceux qui grâce à un revenu à peine supérieur se situent de l’autre côté peut soulever des critiques. Le choix du seuil de pauvreté serait donc quelque peu arbitraire et la plupart des experts recommandent d’en tester plusieurs pour examiner les conséquences sur les taux de pauvreté. Une autre solution est de mesurer la gravité de la pauvreté à l’aide d’indicateurs montrant la distance des ménages jugés pauvres par rapport au seuil de pauvreté. En raison de la taille souvent très réduite du sous-échantillon relatif à ces ménages, ces indicateurs risquent cependant de manquer de fiabilité.

Source : STATEC

médiane

% des ménages

moyenneSeuil60%

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 146

Le taux de risque de pauvreté au Luxembourg

Méthode de calcul

Le taux de risque de pauvreté1 est établi à partir de la distribution des revenus disponibles par équivalents-adulte, c’est-à-dire les niveaux de vie. Il est donc tenu compte de la taille et de la composition des ménages en divisant le revenu total disponible du ménage par son nombre d’équivalents-adulte, calculé à partir de l’échelle OCDE modifiée. Les chiffres de la pauvreté sont calculés au niveau individuel: chaque membre d’un même ménage a le même niveau de vie, égal au revenu total disponible du ménage par équivalent-adulte.

On calcule alors la médiane de la distribution des revenus: par définition, il s’agit de la valeur qui sépare la population en deux parties de tailles égales. Les individus de la première moitié ont un niveau de vie inférieur à la médiane, tandis qu’il est supérieur à cette valeur pour les individus de l’autre moitié. Le seuil de pauvreté est finalement obtenu en prenant 60% du revenu médian calculé au niveau national. Pour l’année 2014, la valeur de ce seuil est de 1 716 EUR par mois, contre 1 665 EUR en 2013.

Aperçu de l’état de la pauvreté

En 2014, 16.4% de la population était en situation de risque de pauvreté, c'est-à-dire que ces personnes ont un niveau de vie mensuel inférieur à 1 716 EUR. Ce chiffre est en progression par rapport à l’année 2013, où le taux de pauvreté s’élevait à 15.9% de la population.

Néanmoins, à la vue des intervalles de confiance, il ne faut pas rejeter l’hypothèse selon laquelle la hausse du taux de pauvreté pourrait être due au fait que seulement un échantillon de la population est interrogé chaque année (ce qu’on appelle aussi l’erreur d’échantillonnage).

1 Dans le rapport, on utilisera indifféremment les expressions taux de pauvreté et taux de risque de pauvreté. Cette dernière suggère que les ménages et les personnes concernés ne seraient pas obligatoirement “pauvres” au sens absolu du terme, mais qu’à l’aune de leur position dans la distribution des revenus, ils courent le risque d’être exclus socialement.

Tableau 55: Taux de risque de pauvreté (%), 2013-2014

Taux de risque de pauvreté selon les caractéristiques sociodémographiques des ménages et des individus

Les écarts de pauvreté entre nationaux et étrangers sont importants: en 2014, le taux de risque de pauvreté des étrangers résidant au Luxembourg est de 22.2%, contre 9.1% pour les nationaux. L’aggravation de la pauvreté entre 2013 et 2014 est plus nette chez les étrangers, leur taux passant de 21.4 à 22.9%. Quant à celui des nationaux, il augmente légèrement sur la même période (de 8.9% en 2013 à 9.1% en 2014).

Les résultats par niveau d’éducation mettent en lumière des écarts très importants selon que la personne a atteint un niveau d’éducation faible (secondaire inférieur), moyen (secondaire supérieur) ou élevé (universitaire). Pour tenir compte du fait que nombre de jeunes poursuivent des études jusqu’à un âge avancé, et que le niveau d’éducation atteint ne correspond pas forcément au niveau définitif, seules les personnes âgées de 25 ans ou plus ont été prises en considération dans nos calculs.

Graphique 146: Taux de risque de pauvreté (%) selon la nationalité, 2013-2014

2013 2014

15.9 16.4[14.076,17.650] [14.691-18.202]Taux de risque de pauvreté (%)

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER),

EU-SILC

15.9

8.9

21.4

16.4

9.1

22.2

0

5

10

15

20

25

Total Nationaux Etrangers

%

2013 2014

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 147

Les chiffres de 2014 confirment que le risque de pauvreté est nettement plus élevé chez les personnes faiblement qualifiées: leur taux atteint 20.8% en 2014, contre 10.0% pour celles titulaires d’un diplôme de fin d’études secondaires (niveau moyen) et 6.1% pour les universitaires (niveau élevé). La hausse de la pauvreté entre 2013 et 2014 a le plus touché les personnes ayant obtenu un diplôme universitaire, pour lesquelles la pauvreté a progressé de 0.9 points. Le taux de pauvreté ne varie pas pour les personnes ayant un niveau d’études secondaires et diminue et augmente de 0.4 points pour celles faiblement éduquées.

Les résultats par classe d’âge et par genre indiquent que les jeunes sont les plus exposés au risque de pauvreté, et que le risque diminue avec l’âge. En 2014, le taux de risque de pauvreté chez les 0-17 ans est de 25.4%, contre 6.3% pour les 65 ans et plus. Le taux de pauvreté des 0-17 ans est ce qu’on appelle communément le “taux de pauvreté des enfants”. La hausse de la pauvreté entre 2013 et 2014 a touché toutes les catégories d’âge.

Par ailleurs, la ventilation des individus selon la taille et la composition de leur ménage fait apparaître des différences non négligeables au niveau du taux de pauvreté. Ce sont les personnes qui vivent dans des ménages avec enfants à charge qui ont le risque de pauvreté le plus élevé: le taux de pauvreté pour ces

personnes est de 22.4% en 2014, contre 6.1% pour celles faisant partie de ménages sans enfants à charge. Parmi la population vivant dans des ménages avec enfants à charge, ce sont les membres de familles monoparentales (c'est-à-dire un seul adulte avec enfants à charge) qui font face au risque de taux de pauvreté le plus élevé (44.6% en 2014).

Graphique 147: Taux de risque de pauvreté (%) selon le niveau d’éducation atteint, 2013-2014

Graphique 148: Taux de risque de pauvreté (%) selon la classe d’âge et le genre, 2013-2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

12.5

20.4

10.0

5.2

12.9

20.8

10.0

6.1

0

5

10

15

20

25

Total (25 ansou plus)

Faible Moyen Elevé

%

Niveau d'éducation atteint2013 2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

15.9 15.7 16.0

23.9

19.618.3

21.0

14.913.6

16.3

12.9 13.4 12.3

6.2 5.66.7

16.4 16.3 16.6

25.4

22.3 22.5 22.1

15.413.9

16.9

13.414.5

12.4

6.3 5.76.8

0

5

10

15

20

25

30

T H F T T H F T H F T H F T H F

TOTAL 0-17 18-24 25-49 50-64 65+

%

2013 2014

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 148

Graphique 149: Taux de risque de pauvreté (%) selon la taille et la composition du ménage, 2014

Il faut cependant garder à l’esprit que les individus en question sont très peu nombreux dans l’échantillon, de sorte que l’intervalle de confiance de ce taux doit être extrêmement large. Par ailleurs, le taux de pauvreté augmente avec le nombre d’enfants à charge dans le ménage: il est de 15.0% pour les membres de ménages de deux adultes avec un enfant à charge, 16.5% si le ménage a deux enfants à charge et 32.4% s’il y a plus de deux enfants. Parmi les ménages isolés (c'est-à-dire un adulte vivant seul sans enfants à charge), le taux de risque de pauvreté est plus élevé pour les hommes que pour les femmes (18.3%, contre 12.4% pour les femmes), et il est aussi plus élevé pour les adultes isolées de moins de 65 ans (18.9%, contre 7.9% chez les adultes isolés de 65 ans ou plus)

Les résultats selon la situation économique de la personne montrent aussi des écarts très importants en termes d’exposition à la pauvreté: 11.0% des personnes en emploi sont en situation de risque de pauvreté en 2014, contre 50.0% des personnes au chômage et 22.8% des personnes inactives (autres que retraitées). Les personnes retraitées sont en fait les moins exposées au risque de pauvreté: leur taux est de 3.9% en 2014. Les taux de pauvreté selon la situation économique ne changent pas de manière marquée entre 2013 et 2014.

Graphique 150: Taux de risque de pauvreté (%) selon la situation économique, 2013-2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Plus de deux adultes avec enfant(s) à charge; 21.6

Deux adultes avec plus de deux enfants à charge; 32.4

Deux adultes avec deux enfants à charge; 16.5

Deux adultes avec un enfant à charge; 15.0

Un seul parent avec enfant(s) à charge (famille monoparentale); 44.6

Ensemble des ménages avec enfant(s) à charge; 22.4

Plus de 2 adultes, sans enfants à charge; 4.9

Deux adultes dont au moins un est âgé de 65 ans ou plus, sans enfants à charge; 3.8

Deux adultes de moins de 65 ans, sans enfants à charge; 8.9

Un adulte isolé de moins de 65 ans; 18.9

Un adulte isolé de 65 ans ou plus; 7.9

Un adulte isolé - Femme; 12.4

Un adulte isolé - Homme; 18.3

Ensemble des ménages sans enfants à charge; 6.1

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50%

Source : STATEC (en collaboration avec le

CEPS/INSTEAD), EU-SILC

11.2

53.0

5.0

18.8

11.0

50.0

3.9

22.8

0

10

20

30

40

50

60

En emploi Chômage Retraité Autre inactif

%

2013 2014

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 149

La gravité de la pauvreté

Le taux de risque de pauvreté ne renseigne pas sur la gravité de la pauvreté. La pauvreté est d’autant plus “grave” que les individus en situation de risque de pauvreté ont un niveau de vie qui est éloigné du seuil de pauvreté. Que le niveau de vie d’une personne soit très éloigné du seuil ou, au contraire, très proche, la valeur du taux de pauvreté reste la même. Il faut donc s’appuyer sur d’autres indicateurs afin de mesurer la gravité de la pauvreté.

Plus de la moitié des personnes en risque de pauvreté, c’est-à-dire qui ont un niveau de vie mensuel inférieur à 1 716 EUR/mois, ont un niveau de vie qui est supérieur à 1 400 EUR. Pour 84.8% de ces personnes le niveau de vie est supérieur à 1 000 EUR. Cela montre que les personnes en risque de pauvreté ont un niveau de vie qui n’est pas “très loin” du seuil, même si cette notion de distance doit être définie.

Un indicateur de gravité couramment utilisé est l’écart médian relatif à la pauvreté. Il consiste à calculer la différence entre le seuil de risque de pauvreté et le niveau de vie médian des personnes en risque de pauvreté (c.à.d. dont le niveau de vie est en-dessous du seuil), et à exprimer cet écart en % du seuil de pauvreté. En 2014, cet indicateur est de 16.3% au Luxembourg. Cela signifie que la moitié des personnes en risque de pauvreté ont un niveau de vie compris entre 83.7% et 100.0% du seuil de pauvreté. Même si la pauvreté est plus “grave” pour les hommes que les femmes, les différences ne sont pas très importantes (15.8% pour les femmes, contre 17.5% pour les hommes). La gravité de la pauvreté, telle que mesurée par l’écart médian relatif à la pauvreté, a diminué en 2014 (16.3%) par rapport à 2013 (17.5%).

Revenu disponible, niveau de vie des ménages, taux de pauvreté: indicateurs 1996-2014

En termes réels, le niveau de vie des ménages s’est accru de 21% entre 1996 et 2014, et il progresse depuis 2013. Concernant les inégalités de revenu, les chiffres du coefficient de Gini font état d’une augmentation du niveau des inégalités entre 1996 et 2014: le coefficient de Gini est passé de 0.25 en 1996 à 0.28 en 2014. La situation s’est également détériorée en ce qui concerne le taux de pauvreté, avec une augmentation de 5.4 points de pourcentage entre le milieu des années 1990 et aujourd’hui.

Graphique 151: Répartition (%) des personnes en situation de risque de pauvreté selon leur niveau de vie mensuel, 2014

Graphique 152: Ecart médian relatif à la pauvreté (%) selon l’âge et genre, 2014

Précédemment, on avait déjà attiré l’attention sur l’imprécision statistique qui entoure ces chiffres, de sorte que les évolutions sous revue doivent être interprétées avec une certaine prudence, même si une tendance à l’accroissement ne peut être exclue. Un autre fait doit aussi inciter à la prudence dans l’analyse des évolutions sur une longue période: les chiffres du Tableau suivant sont tirés de deux enquêtes et donc de deux échantillons qui sont différents: le PSELL-2 jusqu’en 2002, puis EU-SILC à partir de 2003.

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

3.1

0.8 0.80.0 0.2 0.8

2.03.1

2.2 2.4

6.9 6.7

9.98.8

11.0

18.419.2

3.9

0

5

10

15

20

25

<00-199

200-299

300-399

400-499

500-599

600-699

700-799

800-899

900-999

1000-1099

1100-1199

1200-1299

1300-1399

1400-1499

1500-1599

1600-1699

1700-1799

%

Niveau de vie (EUR/mois)

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

16.317.5

15.817.0

20.5

15.813.6

16.1

0

5

10

15

20

25

Total

Hom

mes

Femmes

Total

Hom

mes

Femmes

Total

Total

Population totalerésidente

18-64 65+ 0-17

%

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 150

Tableau 56: Revenu disponible, niveau de vie des ménages, taux de pauvreté: indicateurs 1996-2014

Les travailleurs pauvres (“working poor”)

Le concept des “working poor” vient des Etats-Unis et a trait à des personnes qui, tout en travaillant, se retrouvent dans une situation de pauvreté. Les débats sur cette catégorie de personnes sont souvent liés aux discussions sur l’introduction ou l’augmentation substantielle des salaires minima.

Selon Eurostat, un travailleur pauvre est une personne qui exerce une activité professionnelle (à temps plein ou à temps partiel) pendant plus de la moitié de l’année et qui vit dans un ménage exposé au risque de pauvreté tel qu’il a été défini précédemment. Sont donc pris en considération aussi bien les caractéristiques personnelles (exercer une activité professionnelle) que les caractéristiques familiales (vivre dans un ménage pauvre), ces dernières étant saisies au niveau du ménage. Cette catégorie de travailleurs pauvres n’est pas identique à celle des travailleurs à bas salaire. La différence la plus frappante concerne la répartition par sexe. Alors que les bas salaires sont un phénomène très largement féminin, le pourcentage de travailleurs pauvres est légèrement plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Vu que les premiers sont plus nombreux, cela veut dire que la majorité des travailleurs pauvres sont des hommes. Certaines analyses estiment aussi que la manière de définir la population des travailleurs

pauvres cache la réalité des discriminations dont souffrent les femmes sur le marché du travail.

En 2014, le taux de pauvreté des personnes en emploi s’élevé à 11.1%, en-dessous du taux de 16.4% pour l’ensemble de la population résidente. Si le travail protège de la pauvreté, il n’en met pas totalement à l’abri. Les hommes qui travaillent sont davantage exposés à la pauvreté que les femmes: le taux de pauvreté des hommes en emploi est de 11.8%, contre 10.2% pour les femmes. Par ailleurs, les travailleurs à temps plein, avec un taux de 9.9%, sont moins exposés que les travailleurs à temps partiel, pour lesquels le taux de pauvreté est de 14.8%. Enfin, les travailleurs salariés, avec un taux de pauvreté de 10.2%, sont moins exposés que les travailleurs non-salariés, pour lesquels le taux de pauvreté est de 22.8%.

Les travailleurs manuels, ainsi que ceux n’ayant qu’un faible niveau d’éducation, ont des taux de pauvreté de 22.7%. Ce résultat n’est pas surprenant, les deux variables étant fortement corrélées. Comme les travailleurs manuels sont fortement représentés au sein de la population résidente portugaise, le taux de pauvreté de 20.7% que l’on constate chez les travailleurs de nationalité portugaise peut s’expliquer. À l’inverse, chez les nationaux, ce sont 6.5% des actifs occupés qui sont exposés au risque de pauvreté en 2014.

1996 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Revenu disponible médian par ménage (EUR courants) 2 680 2 979 3 194 3 409 3 532 3 685 3 915 3 913 3 992 4 172 4 281 4 350 4 446 4 411 4 482 4552

Revenu disponible médian par équivalent adulte (EUR courants) 1 653 1 870 1 957 2 080 2 148 2 245 2 367 2 457 2 491 2 576 2 646 2 694 2 712 2 732 2 775 2860

Revenu disponible médian par ménage, en volume (1996=100) 100 104.2 108.9 113.8 115.6 117.9 122.3 119 118.7 120 122.6 121.8 120.4 116.3 120 121

Revenu disponible médian par équivalent adulte, en volume (1996=100) 100 106.1 108.1 112.6 113.9 116.5 119.8 121.2 120.1 120.1 122.9 122.3 119.1 116.8 117 120

Coefficient de GINI 0.25 0.26 0.26 0.26 0.28 0.26 0.26 0.28 0.27 0.28 0.29 0.28 0.27 0.28 0.30 0.28

Rapport interquintiles S80/S20 3.5 3.7 3.7 3.7 4.1 3.9 3.9 4.2 4.0 4.1 4.3 4.1 4.0 4.1 4.6 4.4

Seuil de pauvreté : 60 % médiane (EUR courants) 992 1 122 1 174 1 248 1 289 1 347 1 420 1 474 1 495 1 546 1 588 1 617 1 627 1 639 1 665 1716

Taux de risque de pauvreté (%) : seuil égal à 60% du revenu médian 11.0 12.1 11.9 12.1 11.9 12.7 13.7 14.1 13.5 13.4 14.9 14.5 13.6 15.1 15.9 16.4

Source : LISER (d'après Population et Emploi, n° 1, janvier 2004) jusqu'en 2002. Calculs STATEC de 2003 à 2014

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 151

Graphique 153: Taux de risque de pauvreté des personnes en emploi selon le genre, le niveau d’éducation, le type de profession exercée, la nationalité, le temps de travail et le statut dans l’emploi (salarié/non salarié), 2014

Le taux de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale “Europe-2020”

En 2014, le taux de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale introduit dans le cadre de la stratégie “Europe 2020”1 est pour le Luxembourg de 19%, stable par rapport à 2013. Ceci représente plus de 96 400 personnes en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale.

Sont considérées comme à risque d’être pauvres ou exclues socialement les personnes relevant d’au moins un des 3 critères suivants:

− les personnes à risque de pauvreté (relative) sont celles vivant dans un ménage disposant d'un revenu équivalent-adulte disponible (après transferts sociaux en espèces) inférieur au seuil de pauvreté qui est fixé à 60% du revenu médian national équivalent-adulte (après transferts sociaux);

− les personnes en situation de privation matérielle grave ont des conditions de vie limitées par un manque de ressources et sont confrontées à la privation d'au moins 4 des 9 éléments suivants.

1 Voir aussi: http://ec.europa.eu/europe2020/index_en.htm

Ils ne sont pas en mesure: 1) de payer un loyer ou des factures courantes, 2) de chauffer correctement leur domicile, 3) de faire face à des dépenses imprévues, 4) de consommer de la viande, du poisson ou un équivalent de protéines tous les deux jours, 5) de s'offrir une semaine de vacances en dehors de leur domicile, 6) de posséder une voiture personnelle, 7) un lave-linge , 8) un téléviseur couleur, ou 9) un téléphone;

− les personnes vivant dans des ménages à très faible intensité de travail sont les personnes âgées de 0 à 59 ans vivant dans des ménages dans lesquels en moyenne les adultes (âgés entre 18 et 59 ans) ont utilisé moins de 20% de leur potentiel total d'emploi au cours de l'année passée. Les étudiants sont exclus.

L’examen des intersections révèle plus de 80% des personnes (79 600 individus sur 96 400) en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale sont exclues selon une seule des trois dimensions (risque de pauvreté, privation matérielle grave ou habiter dans un ménage à très faible intensité de travail). Les 16 800 personnes restantes, soit 3.2% de la population totale, sont en situation d’exclusion multiple, avec au moins deux des trois dimensions concernées.

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

11.1

11.8

10.2

20.8

8.9

4.4

3.1

3.7

10.8

22.7

6.5

20.7

6.2

8.4

4.5

7.5

9.9

14.8

10.2

22.8

0 5 10 15 20 25

Total

Hommes

Femmes

Faible

Moyen

Eleve

Cadres dirigeants, professions intellectuelles

Professions intermédiaires

Employés

Travailleurs manuels

Luxembourgeoise

Portugaise

Italienne

Française

Belge

Allemande

Temps plein

Temps partiel

Salarié

Non salarié

Genre

Niveau

d'éd

ucat

ion

Type de profession

exercée

Nationalité

Temps de

travail

Statut

dans

l'em

ploi

%

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 152

Figure 2: La composition du nouvel indicateur “Europe-2020” de pauvreté ou d’exclusion sociale pour le Luxembourg, 2014

Source: STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Tableau 57: Composition de l’indicateur “Europe-2020” pour le Luxembourg, 2014

Nombre

d'individus

concernés %

Population en risque de pauvreté, n'étant ni en situation de privation matérielle grave ni habitant dans un ménage à très faible intensité de travail

66 800 13.2

Population n'étant pas en risque de pauvreté, étant en situation de privation matérielle grave et n'habitant pas dans un ménage à très faible intensité de travail

2 600 0.5

Population n'étant pas en risque de pauvreté ni en situation de privation matérielle grave et habitant dans un ménage à très faible intensité de travail

10 200 2.0

Population totale exclue selon une seule dimension 79 600 15.7

Population en risque de pauvreté, en situation de privation matérielle grave et n'habitant pas dans un ménage à très faible intensité de travail

2 000 0.4

Population n'étant pas en risque de pauvreté, étant en situation de privation matérielle grave et habitant dans un ménage à très faible intensité de travail

200 0.0

Population en risque de pauvreté, n'étant pas en situation de privation matérielle grave et habitant dans un ménage à très faible intensité de travail

12 400 2.4

Population totale exclue selon deux dimensions 14 600 2.9

Population en risque de pauvreté, en situation de privation matérielle grave et habitant dans un ménage à très faible intensité de travail

2 200 0.4

Population totale exclue selon les trois dimensions 2 200 0.3

Risque total de pauvreté et d'exclusion sociale UE-2020 96 400 19.0

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Individus en situation de risque de pauvreté: 16.4%

(83 500 personnes) Individus âgés de moins de 60 ans et habitant dans des

ménages à très faible intensité de travail: 6.1%

(25 000 personnes)

Individus en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale

Individus en situation de privation matérielle grave: 1.4% (7 000 personnes)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 153

Pris dans le détail, ce sont 16.4% des personnes qui sont en situation de risque de pauvreté en 2014, 1.4% qui sont en situation de privation matérielle sévère et 6.1% qui habitent dans des ménages à très faible intensité de travail. L’indicateur Europe-2020 est en augmentation de 0.5 points par rapport à 2013.

L’exclusion sociale touche davantage les 0-17 ans: 26.4% d’entre eux sont en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale en 2014, contre 19.0% pour l’ensemble de la population, 19.4% pour les 18-64 ans et 6.4% pour les 65 ans ou plus. Les résidents étrangers sont davantage touchés que les nationaux: 23.5% des résidents étrangers âgés de 18 ans ou plus et 25.2% de ceux âgés de 18 à 64 ans sont en risque et pauvreté ou d’exclusion sociale, contre respectivement 11.8 et 14.0 qui avoisinent 38%, sont les plus durement touchés.

Graphique 154: Taux de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale (Europe-2020), taux de risque de pauvreté, taux de privation matérielle grave et % de personnes qui habitent dans des ménages à très faible intensité de travail, 2003-2014

Graphique 155: Taux de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale (Europe-2020) selon l’âge, le genre et la nationalité, 2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

15.8 16.117.3

16.5 15.9 15.5

17.8 17.1 16.818.4 19.0 19.0

1.90.8

1.8 1.1 0.8 0.7 1.1 0.5 1.2 1.3 1.8 1.4

11.912.7

13.7 14.1 13.5 13.414.9 14.5

13.615.1

15.9 16.4

6.1 6.2 5.7 5.2 5.0 4.76.3

5.5 5.8 6.1 6.6 6.1

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

%

Taux de risque de pauvreté ou d'exclusion sociale (Europe-2020)

Taux de privation matérielle grave

Taux de risque de pauvreté

% de personnes âgées de moins de 60 ans vivant dans des ménages à très faibleintensité de travail

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

19.0 18.5 19.5

26.4

19.4 18.120.7

6.4 5.7 6.911.8

23.519.6

37.2

14.0

25.221.0

38.9

051015202530354045

Total

Hom

mes

Femmes

Total

Total

Hom

mes

Femmes

Total

Hom

mes

Femmes

Nationaux

Etrangers (total)

Etrangers (UE27)

Etrangers (hors UE

27)

Nationaux

Etrangers (total)

Etrangers (UE27)

Etrangers (hors UE

27)

Total 0-17 18-64 65+ 18+ 18-64

ÂGE ET GENRE ÂGE ET NATIONALITE

%

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 154

2.3 Les inégalités de revenus

Les individus ne profitent pas tous du même niveau de vie1. Le niveau de vie moyen des individus varie de 1 017 EUR/mois pour les 10% des individus les moins aisés à 7 166 EUR/mois pour les 10% les plus aisés.

Le niveau de vie moyen ou le revenu médian fournissent une indication sur le centre de la distribution. Cependant, ils ne renseignent pas sur le niveau des inégalités qui peuvent exister entre les individus en termes de niveau de vie.

Le niveau des inégalités peut être mesuré à l’aide d’indicateurs de concentration, qui vont évaluer la distance entre la distribution observée sur la population et la distribution égalitaire dans laquelle chaque individu dans la population disposerait du même niveau de vie. En 2014, les 10% des individus ayant les niveaux de vie les plus bas ne possèdent que 3.1% de la masse totale des revenus, contre 22 % pour les 10% des individus les plus aisés.

Un indicateur de concentration couramment utilisé en pratique est le coefficient de Gini. Un coefficient de Gini égal à 0 signifie que tous les membres de la population ont le même niveau de vie (situation d’égalité parfaite). En revanche, un coefficient de Gini égal à 1 correspond à la situation dans laquelle un unique individu possèderait la totalité des revenus, alors que tous les autres auraient un revenu égal à 0.

En 2014, la valeur du coefficient de Gini s’élève à 0.28, contre 0.30 l’année précédente. Cela traduit une réduction des inégalités de niveau de vie entre les personnes. Sur la période 2003-2014, l’évolution du coefficient de Gini ne suit pas une tendance stable. Le coefficient atteint son sommet en 2013.

Les inégalités peuvent aussi être mesurées au moyen d’indicateurs de dispersion, qui vont mesurer les écarts entre les quantiles de la distribution du revenu. On calculera par exemple le ratio interquintiles S80/S20 en divisant la part du revenu total perçue par les 20% des individus ayant les revenus les plus élevés par la part perçue par les 20% ayant les revenus les plus bas.

1 Le niveau de vie d’un individu correspond au revenu total disponible de son ménage divisé par le nombre d’unités de consommation du ménage (voir chapitre 2.1)

Graphique 156: Niveau de vie moyen et médian des individus par décile, 2014

Graphique 157: Pourcentage de la masse totale des revenus possédé selon le niveau de vie, 2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Lecture : D1 = premier décile (10% des ménages les moins aisés) ; D10= dernier décile (10% des ménages les plus aisés)

0

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

D1 D2 D3 D4 D5 D6 D7 D8 D9 D10

EUR/

moi

s

Décile du niveau de vie

Niveau de vie moyen Niveau de vie médian

Lecture : D1 = premier décile (10% des ménages les moins aisés) ; D10= dernier décile (10% des ménages les plus aisés)

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

0

5

10

15

20

25

D1 D2 D3 D4 D5 D6 D7 D8 D9 D10

% d

e la

mas

se t

otal

e de

s re

venu

s

Décile du niveau de vie2014

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 155

Graphique 158: Coefficient de Gini (%), 2003-2014

Une variante serait de calculer le ratio interdéciles S90/S10 ou le ratio intervingtiles S95/S5 en divisant la part du revenu perçue par les 10% (respectivement, les 5%) des individus ayant les revenus les plus élevés par celle des 10% (respectivement, les 5%) ayant les revenus les plus bas. Un désavantage de ce type d’indicateur est qu’il peut rester insensible à d’éventuelles modifications intervenant dans les catégories intermédiaires.

En 2014, la valeur du ratio interquintiles S80/S20 pour le Luxembourg est de 4.4, contre 4.6 en 2013. Une autre façon de présenter cet indicateur est de dire que les 20% des individus les moins aisés de la population perçoivent 8.4% du revenu total, contre 37 % pour les 20% les plus aisés, les 60% se trouvant entre les deux catégories se partageant les 54.6% restants. Quant au ratio interdéciles S90/S10, sa valeur est de 7.0 en 2014, contre 7.4 l’année précédente. Si ces indicateurs ont baissé entre 2013 et 2014, ils apparaissent relativement stables sur la période 2003-2014.

EU-SILC collecte les revenus de façon détaillée, composante par composante. Le revenu total d’un ménage est ensuite calculé en agrégeant les différentes composantes de son revenu. Comme catégories de revenu, on distingue (voir aussi le chapitre 2.1):

− les revenus du travail: ils incluent les revenus provenant d’une activité salariée (revenus monétaires et avantage en nature lié à l’usage d’une voiture de société à des fins privées) et ceux provenant d’une activité indépendante;

− les revenus du capital: il s’agit principalement des loyers perçus pour la location d’un bien immobilier (appartement, garage, terrain…) et des intérêts ou des dividendes qui sont perçus sur des placements financiers (portefeuilles d’action, plan d’épargne retraite, …);

Graphique 159: Ratios interquintiles S80/S20, interdéciles S90/S10 et intervingtiles S95/S5, 2003-2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER),

EU-SILC

27.6

26.4 26.5

27.827.4 27.6

29.1

28.0

27.2

28.0

30.4

28.7

24

25

26

27

28

29

30

312003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

%

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

4.1 3.9 3.9 4.2 4.0 4.1 4.3 4.1 4.0 4.1 4.6 4.4

6.3 5.9 5.86.6

5.8 6.16.6 6.2 5.9 6.1

7.4 7.0

10.5

9.28.6

10.6

8.29.2

9.9 9.6 9.4 9.6

12.8 12.8

0

2

4

6

8

10

12

14

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Ratio interquintiles S80/S20 Ratio interdéciles S90/S10 Ratio intervingtiles S95/S5

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 156

− les pensions en cas de chômage, de vieillesse, de maladie, d’invalidité ou de veuvage;

− les prestations sociales incluant, entre autres, les prestations familiales (allocation de maternité, congé parental, boni pour enfant, …), les aides au logement (subvention ou bonification des intérêts d’emprunt), les allocations pour l’éducation (allocation de rentrée scolaire et bourses d’études) et les revenus de l’assistance sociale (Revenu Minimum Garanti, allocation de vie chère, …);

− les transferts réguliers en provenance d’autres ménages (pension alimentaire, soutien familial…) et les revenus perçus par les membres âgés de moins de 16 ans (salaire d’apprentissage et pension d’orphelin).

Les revenus du travail représentent en moyenne 66.9% du revenu total des ménages en 2014. Il s’agit de loin de la source de revenus la plus importante pour les ménages. Les pensions de vieillesse viennent

ensuite (20.0%), suivies par les revenus du capital (3.6%) et les prestations familiales, qui représentent 3.4% du revenu total des ménages.

Cette structure moyenne cache cependant des écarts importants selon le niveau de vie des ménages. Pour les 10% des ménages les moins aisés (premier décile – D1), 48.5% du revenu provient du travail, contre 71.1% du revenu des 10% les plus aisés (dernier décile – D10) et 77.1% de celui des 1% les plus aisés (dernier percentile – P100). De la même façon, la part des revenus du capital passe de 2.1% pour les ménages du premier décile à 8.4% pour ceux du dernier décile et 11.6% pour ceux du dernier percentile. Ainsi, le revenu des ménages aisés est composé en très grande majorité de revenus “primaires”, c’est-à-dire de revenus issus du travail et du capital. À l’inverse, 15% du revenu des ménages du premier décile dépendent de l’aide sociale (RMG et autres allocations versées par le Fonds National de Solidarité) et 45.5% provient de transferts sociaux.

Graphique 160: Structure du revenu brut des ménages, 2014

Graphique 161: Structure du revenu brut des ménages, premier décile (D1), 2014

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Travail; 66.8Capital; 3.8

Chômage; 1.6

Vieillesse; 20.0

Autres pensions (invalidité, maladie...); 2.5

Prestations familiales; 3.4

Autres prestations sociales (RMG, aides au logement…);

1.6

Transferts privés; 0.3Revenus < 16 ans; 0.0

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Travail; 51.7

Capital; 2.1Chômage; 5.4Vieillesse; 7.3

Autres pensions (invalidité, maladie...); 5.4

Prestations familiales; 13.1

Autres prestations sociales (RMG, aides au logement…);

13.6

Transferts privés; 1.4Revenus < 16 ans; 0.1

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Cahier économique 120 157

Graphique 162: Structure du revenu brut des ménages, dernier décile (D10), 2014

Graphique 163: Structure du revenu brut des ménages, dernier percentile (P100), 2014

2.4 L'impact des transferts sociaux sur la pauvreté et les inégalités

Pour examiner l’impact des transferts sociaux sur la pauvreté et les inégalités, on doit faire la balance entre, d’un côté, la contribution des ménages via l’imposition et les cotisations et, de l’autre, ce que les ménages reçoivent en retour en termes de prestations sociales.

Les impôts directs et les cotisations sociales employeurs et employés représentent en moyenne 26% du revenu brut1 des ménages au Luxembourg. Les impôts directs et les cotisations employés

1 Il s’agit du revenu brut “chargé”, c’est-à-dire incluant les cotisations sociales à la charge de l’employé et de l’employeur. Voir également sur ce sujet le Regards N°4/2014 du STATEC sur la redistribution socio-fiscale au Luxembourg.

comptent en moyenne pour 19% du revenu et les cotisations employeurs pour 7%. Par rapport à ce que l’on observe dans les autres pays européens, ce taux apparaît plutôt faible.

Les systèmes de protection sociale en Europe: Bismarck et Beveridge

La mise en place des systèmes d’État-providence dans les pays européens ne s’est pas faite de manière identique dans tous les pays mais a suivi des trajectoires différentes en fonction du contexte historique, géographique, culturel ou social2. On peut dire cependant que les systèmes actuels de protection sociale en Europe s’articulent autour de deux grands modèles:

2 Une revue historique détaillée se trouve dans Bigot et al. (2012)

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Travail; 71.1

Capital; 8.4

Chômage; 0.5

Vieillesse; 17.8

Autres pensions (invalidité, maladie...); 0.9

Prestations familiales; 0.8

Autres prestations sociales (RMG, aides au logement…);

0.4

Transferts privés; 0.1 Revenus < 16 ans; 0.0

Source : STATEC (en collaboration avec le LISER), EU-SILC

Travail; 77.1

Capital; 11.6

Chômage; 0.0

Vieillesse; 9.4

Autres pensions (invalidité, maladie...); 1.0

Prestations familiales; 0.7

Autres prestations sociales (RMG, aides au logement…);

0.2

Transferts privés; 0.0

Revenus < 16 ans; 0.0

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Cahier économique 120 158

Le modèle bismarckien: introduit en Allemagne à la fin du 19ème siècle par le chancelier Otto Von Bismarck, il repose sur un système d’assurances sociales obligatoires pour tous les travailleurs. Le système est financé par des cotisations sociales partagées entre l’employeur et l’employé. L’accès aux droits est donc conditionné au versement des cotisations. Introduit à l’origine en Allemagne, ce modèle influence aujourd’hui les systèmes de protection sociale de la plupart des pays d’Europe, en particulier les pays d’Europe continentale.

Le modèle beveridgien: introduit en Grande-Bretagne au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale suivant les recommandations de l’économiste William Beveridge, il préconise, à la différence du système assurantiel Bismarckien, un système de protection sociale universel fondé sur la solidarité nationale et garantissant à tous les citoyens (principe d’universalité) l’accès aux mêmes prestations sociales (principe d’uniformité). L’objectif affiché était de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale au lendemain de la Guerre. Le système est financé via l’impôt et géré par l’Etat au travers d’organismes intégrés. Le modèle beveridgien a sensiblement influencé la protection sociale dans les pays d’Europe du Nord (Pays-Bas, pays scandinaves, …)

Si le principe assurantiel Bismarckien reste encore aujourd’hui un principe essentiel du financement de la protection sociale en Europe, il a comme inconvénient de restreindre l’accès aux prestations aux seuls assurés et à leurs co-assurés. Par ailleurs, il fait peser le financement de la protection sociale sur les revenus de l’activité, ce qui contribue à alourdir le coût du travail. C’est pour cette raison que les pays européens cherchent de plus en plus à diminuer le poids des cotisations sociales et à faire financer la protection sociale par d’autres ressources (État, TVA, …), suivant en cela la logique beveridgienne. Ceci est aussi vrai au Luxembourg, où la contribution de l’Etat au financement de la protection sociale est importante (allocations familiales, Fonds pour l’emploi, …) et, à l’inverse, le poids des cotisations sociales est relativement faible. En outre, le Luxembourg a mis en place un système de minima sociaux en instituant notamment le Revenu Minimum Garanti (RMG). Certains organismes de sécurité sociale ont également été regroupés dans des structures unifiées (par exemple, création de la Caisse Nationale de Santé (CNS)). Tous ces éléments découlent de la logique universelle beveridgienne.

Les transferts sociaux représentent en moyenne 29% du revenu brut des ménages. Ils sont composés en grande majorité des pensions de vieillesse (17% du revenu brut) et des prestations familiales (3%). Le poids des transferts sociaux dans le revenu brut des ménages passe de 45% chez les 10% des ménages les moins aisés à 20% chez les 10% des ménages les plus aisés. Ce calcul reste cependant incomplet car il ne tient pas compte des transferts sociaux en nature ainsi que d’une partie de l’imposition indirecte.

En 2014, le taux de risque de pauvreté calculé avant transferts sociaux atteint 44.8% de la population. Si l’on intègre les pensions de vieillesse et de veuvage dans le calcul du revenu, le taux chute à 27.6%. Finalement, si l’on prend en compte la totalité des transferts, il descend à 16.4%. Si le taux de pauvreté avant transferts a progressé de 6.8 points depuis 2004, celui calculé après transferts a progressé de 3.7 points. Sur certaines périodes (par exemple, entre 2009 et 2011), la pauvreté après transferts a même reculé tandis que celle avant transferts progressait. Ceci montre l’impact positif sur la pauvreté des revenus issus des transferts sociaux.

Si l’on regarde des indicateurs d’inégalité des revenus, l’impact des transferts sociaux est également significatif: avant transferts sociaux, la valeur du coefficient de Gini est de 48%. Si l’on inclut les pensions de vieillesse et de veuvage dans le calcul du revenu, la valeur chute à 35.5%, et finalement à 28.7% si l’on prend en compte la totalité des transferts sociaux. Les transferts sociaux réduisent donc aussi les inégalités de niveaux de vie entre les ménages.

Graphique 164: Taux de risque de pauvreté (%) avant et après transferts sociaux, 2004-2014

Source : STATEC (en collaboration avec LISER), EU-SILC

38.040.6 39.8 39.2 40.2

44.0 45.0 43.845.8 45.3 44.8

22.4 23.8 23.6 23.4 23.627.0

29.127.2

29.0 29.427.6

12.7 13.7 14.1 13.5 13.4 14.9 14.5 13.6 15.1 15.9 16.4

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

%

Avant transferts sociauxAvant transferts sociaux (excepté pensions de vieillesse et de veuvage)Après transferts sociaux

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 159

2.5 Dimensions Européennes

Au Luxembourg, aucune administration ou autre instance n’a pour l’instant mandat de publier un seuil de pauvreté officiel qui serait utilisé pour fixer des minima sociaux (salaire social minimum, revenu minimum garanti, …).

Le seul cadre officiel pour l’élaboration de tels indicateurs existe au niveau communautaire. Le traité d’Amsterdam a introduit la lutte contre l’exclusion sociale dans les dispositions relatives à la politique sociale de l’Union (articles 136 et 137 CE). Le Conseil Européen de Lisbonne de mars 2000 a souligné que l’étendue de la pauvreté et de l’exclusion sociale était inacceptable et que l’inclusion sociale sera un élément essentiel de la Stratégie de l’Union pour la décennie prochaine. Parmi les objectifs de cette stratégie figuraient une croissance économique durable, une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et une plus grande cohésion sociale. Le Sommet de Nice en décembre de la même année a confirmé ces objectifs et a décidé de choisir la méthode de

coordination ouverte pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale dans l’UE.

La mise en œuvre de cette approche implique la définition d’objectifs acceptés par l’UE dans sa globalité, l’élaboration de plans d’action nationaux d’inclusion sociale (PANIncl) en vue de la réalisation de ces objectifs et la publication de rapports périodiques de suivi. Un ensemble de 18 indicateurs a été mis en place au Conseil Européen de Laeken en décembre 2001. Cette batterie d’indicateurs a été révisée par le Comité de Protection Sociale de l’UE pour y inclure d’autres éléments relatifs à l’exclusion sociale. Depuis 2006, un ensemble d’indicateurs parallèles a été élaboré par ce même Comité afin de définir une série réduite d’indicateurs, les “overarching indicators”, qui puissent répondre aux objectifs de cohésion sociale et d’interaction opératoire entre les objectifs de Lisbonne et la stratégie de développement durable de l’UE.

Au Tableau suivant figurent les 20 indicateurs révisés de Laeken, les indicateurs grisés représentant les indicateurs monétaires.

Tableau 58: Indicateurs de Laeken, 2013 et 2014

2013 2014

1 Taux de risque de pauvreté (seuil fixé à 60% du revenu national médian équivalent) 15.9 16.42 Seuil de risque de pauvreté pour un adulte (EUR) 19 981 20 5923 Ratio inter-quintiles S80/S20 4.6 4.44 Taux de risque de pauvreté persistante (*) 7.1 9.25 Ecart médian relatif du taux de pauvreté 17.5 16.36 Cohésion régionale - -7 Taux de chômage de long terme (% de la population active) 1.8 1.78 Personnes vivant dans des ménages sans emploi (%) 6.6 6.110 Espérance de vie à 1 an (*) (en années) 80.4 81.211 Ecart de taux d’emploi des immigrants (points de %) 6.1 6.0

2013 2014

12 Dispersion autour du seuil de risque de pauvreté (seuil fixé à 50% du revenu national médian équivalent)(*) (%)

7.1 8.4

13 Taux de risque de pauvreté (seuil fixé en 2005) (%) 18.3 17.314 Taux de risque de pauvreté (avant transferts sociaux) (%) 45.3 44.815 Coefficient de Gini (%) 30.4 28.716 Taux de risque de pauvreté persistante (50% du revenu équivalent médian national) (*) 2.2 3.617 Taux de risque de pauvreté des personnes en emploi (%) 11.2 11.118 Taux de chômage de long terme (% de la population sans emploi) 30.4 27.419 Taux de chômage de très long terme (% de la population active) 0.8 0.720 % des personnes de 25 à 64 ans avec un faible niveau d’éducation 19.5 18**

Source : STATEC, Eurostat (EuroBase)

**rupture de série

Indicateurs primaires

Indicateurs secondaires

Note: Le taux de risque de pauvreté persistante est défini sur une période de quatre années consécutives comme la proportion d'individus qui sonten risque de pauvreté à la dernière année ainsi que lors de deux des trois années précédentes .

(*) Ces indicateurs se rapportent aux années 2012 et 2013 au lieu de 2013 et 2014

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

160 Cahier économique 120

En 2011, la stratégie “Europe 2020” (UE-2020) pour l’emploi et la croissance a pris le relais de la stratégie de Lisbonne. UE-2020 définit trois grands axes de développement: croissance intelligente (éducation, recherche et innovation, société numérique), croissance inclusive (plus et de meilleurs emplois, qualifications et formation, modernisations des marchés du travail et des systèmes de protection sociale) et croissance durable (technologies vertes, protection de l’environnement, …)

Seuils de pauvreté, taux de pauvreté, taux de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale: Comparaisons internationales

La position favorable du Luxembourg en matière de niveau de vie est illustrée par les deux graphiques suivants, présentant les seuils de pauvreté des pays européens en 2013. C’est le seuil établi à 60% du niveau de vie médian annuel, exprimé en Parités de Pouvoir d’Achat (PPA)1, qui a été retenu. Pour rappel, le niveau de vie d’un individu est obtenu en divisant le revenu total disponible de son ménage par le nombre d’unités de consommation, calculé en utilisant l’échelle OCDE modifiée (voir chapitre 2.1).

En multipliant le seuil de risque de pauvreté par le nombre d’unités de consommation affecté à un ménage, on peut ajuster le seuil de pauvreté à la taille et à la composition du ménage. Par exemple, dans le cas d’un couple avec deux enfants de moins de 14 ans (nombre d’unités de consommation d’après l’échelle OCDE modifiée égal à 2.1), il faut multiplier le seuil par 2.1.

Au Luxembourg, le seuil de risque de pauvreté pour un ménage de deux adultes avec deux enfants de moins de 14 ans s’élève à 35 318 PPA en 2013, ce qui est nettement supérieur aux seuils observés dans les autres pays Européens. À titre de comparaison le seuil est à peine supérieur à 24 200 PPA en France, en Allemagne et en Belgique.

1 L’INSEE définit la Parité de Pouvoir d’Achat (PPA) comme un taux de conversion monétaire qui permet d’exprimer dans une unité commune les pouvoirs d’achat des différentes monnaies. Ce taux exprime le rapport entre la quantité d’unités monétaires nécessaire dans des pays différents pour se procurer le même “panier” de biens et de services. Ce taux de conversion est différent du taux de change: en effet, le taux de change d’une monnaie par rapport à une autre reflète leurs valeurs réciproques sur les marchés financiers internationaux, et non leurs valeurs intrinsèques pour un consommateur.

Graphique 165: Seuil de risque de pauvreté (60% du niveau de vie médian annuel), exprimé en parités de pouvoir d'achat (PPA), 2013

Si le niveau de vie au Luxembourg est le plus élevé en Europe, la comparaison européenne sur la base des taux de risque de pauvreté montre un Tableau quelque peu différent. En 2013, le taux varie de 8.6% en République Tchèque à 23.1% en Grèce. Le Luxembourg, avec un taux de 15.9%, se situe dans la première partie de Tableau, derrière des pays comme la Slovénie et la Slovaquie. La raison est que le taux de pauvreté, tel qu’il est défini au niveau Européen, ne mesure pas le niveau de vie d’un pays, mais celui des inégalités en termes de niveau de vie.

Sources : EUROSTAT, EuroBase

16 81816 069

15 43912 54212 31011 73811 68711 67611 60911 53611 53211 507

10 29910 0969 5819 1349 0348 5508 527

6 4815 8925 7435 4955 4275 164

4 4484 4424 3693 8683 540

2 361

0 5 000 10 000 15 000 20 000

LuxembourgNorvègeSuisse

AutricheSuède

BelgiqueAllemagne

IslandeDanemarkPays-BasFrance

FinlandeChypre

Royaume-UniIrlandeItalieMalte

EspagneSlovénie

République tchèquePortugalSlovaquiePologneGrèce

EstonieCroatieHongrieLituanieLettonieBulgarie

Roumanie

PPA

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 161

Si l’on prend comme indicateur le taux de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale “Europe-2020”, la position du Luxembourg s’améliore dans la mesure où les problèmes de privation matérielle grave et de faible intensité de travail au sein du ménage y sont encore faiblement répandus. Dans d’autres pays, en particulier les pays d’Europe de l’Est, la privation matérielle grave est un problème beaucoup plus important.

Graphique 166: Seuil de risque de pauvreté pour un ménage de deux adultes avec deux enfants de moins de 14 ans, exprimé en parités de pouvoir d'achat (PPA), 2013

Graphique 167: Taux de risque de pauvreté (seuil égal à 60% du niveau de vie médian annuel), 2013

Graphique 168: Taux de risqué de pauvreté ou d'exclusion sociale "Europe 2020", 2013

Sources : EUROSTAT, EuroBase

35 31833 745

32 42126 33925 851

24 64924 54224 51924 38024 22524 21824 165

21 62821 201

20 11919 18118 971

17 95517 908

13 61012 37312 06011 53911 39710 845

9 3419 3299 176

8 1227 434

4 959

0 10 000 20 000 30 000 40 000

LuxembourgNorvègeSuisse

AutricheSuède

BelgiqueAllemagne

IslandeDanemarkPays-BasFrance

FinlandeChypre

Royaume-UniIrlandeItalieMalte

EspagneSlovénie

République tchèquePortugalSlovaquiePologneGrèce

EstonieCroatieHongrieLituanieLettonieBulgarie

Roumanie

PPA

Sources : EUROSTAT, EuroBase

23.122.4

21.020.620.4

19.519.419.118.718.6

17.316.115.915.915.715.315.114.814.514.514.414.314.113.7

12.812.311.8

10.910.4

9.38.6

0 5 10 15 20 25

GrèceRoumanieBulgarieLituanieEspagneCroatieLettonie

ItaliePortugalEstoniePologne

AllemagneLuxembourg

Royaume-UniMalteChypre

BelgiqueSuède

SlovénieSuisse

AutricheHongrieIrlandeFrance

SlovaquieDanemarkFinlandeNorvègePays-BasIslande

République tchèque

%

Sources : EUROSTAT, EuroBase

12.713.715.015.415.617.217.518.418.519.019.119.619.620.521.623.123.424.125.326.727.128.229.930.032.332.432.534.636.2

41.749.3

0 10 20 30 40 50 60

IslandeNorvège

République tchèquePays-BasFinlandeSuisseSuèdeFrance

AutricheDanemark

LuxembourgSlovaquieAllemagneSlovénieBelgiqueEstonieMalte

Royaume-UniPologneEspagnePortugalChypreItalie

IrlandeCroatieLituanieHongrieLettonieGrèce

RoumanieBulgarie

%

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 162

Partie III: Thématique

1. Au-delà du PIB: la satisfaction avec la vie et la confiance dans les institutions et envers autrui 1.1 Les indicateurs de bien-être subjectif général

La demande politique pour la mise en place de système d’indicateurs de qualité de vie - notion qui n’est que très imparfaitement reflétée par le ratio PIB/habitant (surtout au Luxembourg) – est devenue très insistante depuis le milieu des années 2000. Depuis plusieurs années, des efforts sont déployés par les statistiques “officielles” pour produire des indicateurs de bien-être dépassant le PIB par habitant. Au niveau européen, l’initiative “Beyond GDP” qui remonte à 2007 a lancé le mouvement, relayée en 2009 par le “rapport Stiglitz” commanditée par la présidence française, puis, un an plus tard, par le rapport franco-allemand intitulé “Monitoring economic performance, quality of life and sustainability” établi par le “Sachverständigenrat” et le “Conseil d’analyse économique”. Dans le même contexte, l’OCDE, produit depuis quelques années le Better Life Index. Une panoplie d’indicateurs importante recueillis sur la base des enquêtes européennes comme l’Enquête Forces de Travail et, surtout, l’enquête sur les revenus et les conditions de vie (EU-SILC) existe aujourd’hui. Ces indicateurs concernent la privation matérielle, les difficultés économiques et financières des ménages, la qualité du logement, la sécurité, la santé et la perception de la santé, les liens sociaux, etc.

Les formes du “bien-être subjectif” général: hédonisme et eudémonisme

S’y ajoutent des indicateurs de bien-être subjectif, plus communément appelés des indicateurs de “bonheur”. Un module dédié à la question du bien-être subjectif a été ajouté à l’enquête EU-SILC de 2013. Le questionnaire suit implicitement la définition de l’OCDE retenue dans les lignes directrices de mesure du bien-être subjectif - qui va au-delà de la notion de “bonheur” pour englober trois éléments clés:

1. Évaluation de sa propre existence - évaluation réfléchie de sa propre existence ou d’un de ses aspects spécifiques. 2. Affects – sentiments ou émotions, généralement mesurés par rapport à un moment donné. 3. Eudémonisme – sentiment d’avoir un but dans l’existence ou signe d’un fonctionnement psychologique équilibré. L’OCDE dit cependant au sujet de ce concept: “It is not clear whether eudaimonic well-being captures a single underlying construct like life evaluation or is rather an intrinsically multi-dimensional concept like affect”.

Le bonheur hédonique – qui est reflété dans les réponses à la question sur les affects - est plus axé sur l’individu ou la satisfaction d’un besoin personnel ou encore sur une recherche d'un bonheur immédiat. L’eudémonisme va plus loin: il s’agit d’une théorie morale fondée sur le bonheur conçu comme bien suprême. En le disant de façon simple: l’hédonisme place en valeur centrale le plaisir ou la satisfaction d’un désir, alors que dans l’eudémonisme la valeur centrale est le bonheur. Elle se base entre autres sur la confiance en l'homme, c’est-à-dire l'humanisme. Ces deux notions ne sont d’ailleurs pas nécessairement contradictoires.

Le premier élément – une évaluation globale de sa propre existence - est mesuré sur la base de la question suivante incluse dans le module EU-SILC: “D’une manière générale, sur une échelle de 1 à 10 êtes-vous satisfaits de votre vie en général (en ce moment)” (0 signifiant pas du tout satisfait et 10 entièrement satisfait). En fait, cette question semble se situer plutôt à l’intersection de l’eudémonisme et de l’hédonisme.

Les affects, c’est-à-dire les sentiments ou émotions sont mesurés sur la base de la question: “Au cours des 4 dernières semaines, sur une échelle de 1 à 5, avez-vous été dans les états suivants: Heureux, Découragé ou déprimé, Calme et serein, Avoir le cafard, Très nerveux. L’échelle de de fréquence va de 1 à 5: avec 1. Tout le temps, à 2. La plupart du temps; 3. Parfois; 4 Rarement; 5. Jamais. On ne retiendra dans ce qui suit uniquement l’affect du bonheur (fréquence de l’affect “être heureux” au cours des 4 dernières semaines).

L’aspect eudémonique, c’est-à-dire sur le sens que l’on donne à sa vie, est couvert par la question: “D’une

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 163

manière générale, sur une échelle de 0 à 10, pensez-vous que les choses que vous faites dans la vie valent la peine” (0 signifiant ne vaut pas la peine et 10 vaut entièrement la peine).

À noter que le module EU-SILC de 2013 contient également des questions sur la confiance dans les institutions, la confiance envers autrui, le sentiment d’insécurité, mais aussi l’aide matérielle, financière ou morale que les gens peuvent attendre de leurs connaissances. On se limitera dans un premier temps aux aspects de bien-être subjectif proprement dit (satisfaction avec la vie et sens de la vie, fréquence du sentiment de bonheur).

Dans le domaine de la satisfaction générale avec la vie, le Luxembourg assez bien situé dans le peloton européen, avec un score moyen de 7.5 sur 10

Le score moyen de satisfaction avec la vie au Luxembourg est de 7.5 (sur 10) en 2013. Cette performance est meilleure qu’en moyenne de l’UE-28 (7.1), mais la Suisse (en tête de peloton avec un score moyen de 8.0) et les pays nordiques font beaucoup mieux (Suède, Finlande, Danemark avec également 8.0 sur 10, la Norvège et l’Islande avec 7.9). L’Autriche et les Pays-Bas (7.8 les deux pays) sont également mieux situés que le Grand-Duché. En bas de l’échelle, on trouve des pays de l’Est de l’Europe (et des Balkans) et du Sud de l’Europe, dont certains, comme la Grèce, sont encore en crise économique profonde.

Graphique 169: Satisfaction générale avec la vie (scores moyens), 2013

Graphique 170: Satisfaction générale avec la vie selon l’intensité, 2013

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg) N.B. : Score moyen des réponses à la question : « D’une manière générale, sur une échelle de 1 à 10 êtes-vous satisfaits de votre vie en général (en ce moment) » (0 signifiant pas du tout satisfait et 10 entièrement satisfait)

4.8 4.9

6.2

6.2

6.2

6.2 6.3 6.5

6.5 6.7

6.7 6.9

6.9 7.0

7.0

7.0 7.1

7.1 7.2 7.3

7.3

7.3 7.4 7.5 7.6 7.8

7.8 7.9

7.9 8.0

8.0

8.0

8.0

012345678910

BG SR EL CY HU PT HR EE LV IT LT CZ ES FR SI SK

UE-28

MT

RO DE PL UK IE LU BE NL AT IS NO DK FI SE CH

Satisfaction avec la vie en général

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg) N.B. : Résultat des réponses à la question : « D’une manière générale, sur une échelle de 1 à 10 êtes-vous satisfaits de votre vie en général (en ce moment) » (0 signifiant pas du tout satisfait et 10 entièrement satisfait). Intensité basse = score de 0 à 5 ; intensité moyenne : score de 6 à 8 ; intensité élevée : score de 9 à 10

64.2

61.4

48.2

40.5

37.4

37.0

35.4

35.5

34.4

30.8

27.9

26.4

25.4

24.4

23.2

22.8

21.0

20.3

19.9

19.3

19.2

19.1

16.7

15.9

14.8

12.9

10.7

10.3

9.5

9.2

8.1

8.0

6.0

5.6

29.8

32.4

39.4

45.7

51.0

48.8

49.5

51.8

52.1

56.6

53.3

48.6

53.3

55.2

58.4

62.9

57.4

57.2

50.7 64.5

55.8

53.2

52.7 64.2

59.5

49.3

47.1 54.1

52.4 69

.9

56.8

53.5

55.5 68.3

5.9

6.2

12.4

13.8

11.6

14.2

15.0

12.8

13.5

12.6

18.8

25.0

21.3

20.4

18.4

14.4

21.7

22.5

29.4 16.2

25.0

27.8

30.6 19.9

25.7

37.9

42.1 35.6

38.1 20

.9

35.1

38.5

38.6 26.1

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%100%

BG SR MA PT HU CY HR EL EE LV LT SK CZ SI ES IT

UE-28

MT PL FR DE UK IE RO LU AT DK NO IS BE SE CH FI NL

Bas Moyen Elevé

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 164

Graphique 171: Fréquence du sentiment de bonheur, 2013

Graphique 172: Sens de la vie perçu (scores moyens), 2013

En fin de tableau (Graphique 169), on trouve la Bulgarie avec un score de satisfaction moyen de 4.8 sur 10. La Serbie (4.9) se situe également en fin de la liste, puis viennent la Grèce et Chypre (6.2 sur 10 pour les deux pays). Ensuite, on trouve de nouveau un groupe de pays de l’Est de l’Europe, avec la Hongrie (6.2) et la Croatie (6.2), l’Estonie (6.5), la Lettonie (6.7) et la Lituanie (6.7). Dans ce groupe de pays de l’Est européen s’intercalent le Portugal avec un score moyen très faible de 6.2 et l’Italie avec un score de 6.7.

En matière de satisfaction avec la vie, parmi les pays de l’Est européen, la Pologne et la Roumanie constituent des exceptions avec des scores moyens assez élevés de 7.2 et 7.3 sur 10 qui se situent au-

dessus de la moyenne de l’UE-28. Cette spécificité ne pourra pas être analysée dans le présent contexte. Néanmoins, il pourrait y avoir des biais liés à la formulation de la question ou encore à la façon dont la question a été comprise. En effet, on verra plus loin que la Roumanie, par exemple, recule vers la fin de classement des pays européens si on prend en considération la fréquence du sentiment de bonheur. À noter finalement que les pays voisins se situent au même niveau moyen de satisfaction avec la vie que le Grand-Duché (la Belgique avec un score moyen de 7.6) ou à un niveau inférieur (la France et l’Allemagne avec des scores moyens de respectivement 7.0 et 7.3) sur 10.

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg) N.B. : Réponses à la question « Au cours des 4 dernières semaines, sur une échelle de 1 à 5, avez-vous été dans les états suivants : Heureux, Découragé ou déprimé, Calme et serein, Avoir le cafard, Très nerveux. L’échelle de de fréquence va de 1 à 5 : avec 1. Tout le temps, à 2. La plupart du temps ; 3. Parfois ; 4 Rarement ; 5. Jamais. Ne sont reprises ici qu’exclusivement les réponses concernant l’état « heureux »

5.4

6.4

5.5

4.7

5.7 11.3

5.9

6.7 9.9

9.2 16.6

8.5

7.8

11.8

5.9 12.4 19.1

11.7

13.2

14.9

15.1

13.2

12.2

14.1

14.8

13.8

15.7

13.6

13.6

11.2 22.5

21.025

.9

25.2

29.1

33.2

33.4 33.0

38.7

38.6 38.1

40.6 34.8

48.5

51.2

47.7

56.1 50.0 44.1

53.7

54.4

52.7

53.4

55.4

56.7

57.2

57.8

61.0

59.4

61.6

61.6

66.1 58

.9

61.2

40.3

27.7 36

.4 47.0

35.5 38.0

36.2 41.8

36.7

33.0

28.9 26.3 32.0

27.6

25.3

27.5

27.7

26.6

20.8

21.9

23.6

23.0

24.3

21.3

21.0

19.7

17.5

18.3

19.0

17.4

13.3

13.3

0102030405060708090100

LV EL BG HR RO IT EE CZ LT CY PT HU SK

UE-28 DE FR ES SI PL MT SE UK NO AT BE CH DK LU IE FI IS NL

Toujours La plupart du temps Parfois

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg) N.B. : Réponses à la question « D’une manière générale, sur une échelle de 0 à 10, pensez-vous que les choses que vous faites dans la vie valent la peine » (0 signifiant ne vaut pas la peine et 10 vaut entièrement la peine)

6.1 6.6 7.0

7.0 7.1

7.1 7.2 7.3

7.3 7.4

7.4

7.4

7.4 7.5

7.5

7.5

7.5 7.6

7.6

7.6 7.7

7.7 7.8

7.8 7.9

7.9

7.9 8.0

8.0

8.0 8.1 8.2 8.3

012345678910

BG EL HR SR FR HU CY IT RO

UE-28 DE LV LT EE ES PT SK BE CZ PL NL

UK IE SE AT SI CH MT FI NO LU DK IS

Sens de la vie

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 165

Le score moyen de satisfaction avec la vie pourrait éventuellement cacher des écarts importants dans un pays donné entre scores élevés et scores faibles. On peut également présenter des résultats en distinguant l’intensité de la satisfaction avec la vie.

Pour un quart de la population du Luxembourg, le niveau de satisfaction avec la vie est élevé (c’est-à-dire qu’ils ont indiqué un score de 9 ou 10 sur une échelle de satisfaction de 0 à 10)

On considère que les personnes ayant donné un score de 9 à 10 sur une échelle de 1 à 10 ont un niveau de satisfaction avec la vie qui peut être qualifié d’élevé; ceux ayant coché les cases de 6 à 8 ont un niveau de satisfaction avec la vie qualifié de moyen. Enfin, les personnes ayant indiqué que leur satisfaction avec la vie se situe entre 0 et 5 sur une échelle 10 ont un niveau de satisfaction avec la vie qui est considéré comme faible.

25.7% des enquêtés luxembourgeois ont un niveau de satisfaction avec la vie qui peut être considéré comme élevé. Comme pour les scores moyens, ce sont les pays nordiques qui se trouvent largement en tête si on considère l’intensité de la satisfaction avec la vie. Ainsi, au Danemark, 42.1% des personnes interrogées peuvent être situées dans la catégorie de ceux ayant un niveau de satisfaction avec la vie élevé (9 à 10 sur une échelle de 10). Dans les autres pays nordiques le taux des personnes dont la satisfaction avec la vie est élevée se situe toujours au-dessus de 35% (35.1% en Suède, 35.6% en Norvège, 38.1% en Islande, 38.6% en Finlande. En Suisse et en Autriche, on atteint également des pourcentages importants de personnes très satisfaites de leur vie: 38.5% des personnes enquêtées en Suisse et 37.9% en Autriche ont estimé que leur satisfaction avec la vie se situe aux niveaux 9 et 10 sur une échelle de 10. À l’autre bout de l’échelle, on trouve, comme dans le cas des scores moyens, les pays de l’Est de l’Europe, des Balkans et du Sud de l’Europe qui se situent très loin des pays nordiques en termes d’intensité de satisfaction avec la vie: en Bulgarie seulement 5.9% des personnes interrogées ont coché les cases de 9 et 10 sur une échelle de 0 à 10 concernant la satisfaction avec la vie (contre plus de 42% au Danemark, rappelons-le). En Serbie, le pourcentage des personnes très satisfaites de leur vie n’est que de 6.2%. Au Portugal, le taux de personnes dont la satisfaction avec la vie est élevée (9 et 10 sur une échelle de 0 à 10) est de 13.8%, c’est-à-dire un pourcentage qui correspond à environ la moitié de celui du Luxembourg.

Seulement 15% des personnes interrogées au Luxembourg ont un niveau faible de satisfaction avec la vie (de 0 à 5 sur une échelle de 0 à 10)

Le pourcentage des personnes dont le niveau de satisfaction avec la vie est faible (scores de 0 à 5 sur 10) varie fortement entre les pays. On passe de 64.2% en Bulgarie à 5.6% aux Pays-Bas. Au Luxembourg, le taux est également peu élevé avec 14.8%,

Globalement, les pays où le pourcentage de personnes dont le niveau de satisfaction avec la vie est le plus élevé (de 9 à 10 sur une échelle de 10) sont également ceux où le score moyen est le plus élevé. Il s’agit notamment des pays nordiques.

Au Luxembourg et dans les pays voisins du Luxembourg c’est plutôt le niveau moyen de satisfaction avec la vie qui est le plus développé. Le pourcentage de personnes qui ont indiqué un score de 6 à 8 (sur 10) est de 64.5% en France, 55.8% en Allemagne, 69.9% en Belgique et 68.3% aux Pays-Bas.

En ce qui concerne la fréquence du sentiment du bonheur, environ 75% des personnes interrogées au Luxembourg se sont sentis toujours ou la plupart du temps heureux au cours de 4 dernières semaines précédant l’enquête

Le pays où la fréquence du sentiment de bonheur est le plus élevé sont les Pays-Bas: 21.0% de personnes interrogées affirment s’être toujours sentis heureux et 61.2% la plupart du temps au cours des 4 semaines précédant l’enquête, soit un total de 82.2%. À l’inverse seulement 17.8% des enquêtés aux Pays-Bas ne se sont sentis heureux que parfois, rarement ou jamais. En Islande, la fréquence du sentiment de bonheur est comparable aux Pays-Bas. 81.4% des personnes interrogées affirment avoir été toujours (22.5%) ou la plupart du temps (58.9%) heureux au cours des 4 semaines suivant l’enquête.

En ce qui concerne la fréquence du sentiment de bonheur, le Luxembourg se situe encore un peu plus favorablement que pour la satisfaction avec la vie, plus précisément en 5e position en rangeant les pays selon la fréquence du sentiment de bonheur (“toujours” + la plupart du temps”. 75.2% des résidents du Luxembourg affirment avoir été toujours (13.6%) ou la plupart du temps (61.6%) heureux au cours des 4 semaines précédant l’enquête.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 166

On a vu que les pays nordiques se situent à l’avant du peloton en termes de satisfaction générale avec la vie (du moins si on considère les scores moyens). En termes de fréquence du sentiment de bonheur, les pays nordiques sont toujours dans la première moitié du peloton européen, mais la Suède, par exemple recule un peu dans le classement. Dans ce pays 68.5% des personnes interrogées se sont dits “toujours” heureux (15.1%), respectivement “la plupart du temps” (53.4%). En Norvège, le pourcentage est seulement très légèrement supérieur à la Suède, avec 68.9% des personnes enquêtées qui y affirment avoir été “toujours” (12.2%) et “la plupart du temps” (56.7%) heureux.

Tout comme pour l’indicateur de satisfaction avec la vie, les pays de l’Est de l’Europe se positionnent également pour la fréquence du bonheur en fin de tableau: en Lettonie seulement 31.3% des personnes interrogées disent avoir été toujours (5.4%) ou la plupart du temps (25.9%) heureux au cours des 4 semaines précédant l’enquête. La Grèce se place aussi en fin de peloton. Seulement 31.6% y affirment s’être sentis toujours (6.4%) ou la plupart du temps (25.2%) heureux. Comme la Lettonie et la Grèce, la Bulgarie, la Croatie et la Roumanie se placent en fin de tableau pour la fréquence du sentiment de bonheur.

En moyenne, dans l’UE-28, près de la moitié des personnes interrogées se disent fréquemment heureux (11.8% toujours et 47.7% la plupart du temps, c’est-à-dire au total 49.5%). Les pays voisins du Luxembourg se situent entre cette moyenne et les valeurs qui caractérisent le Luxembourg. En Allemagne, seulement 5.9% des personnes interrogées affirment avoir été toujours heureux au cours des 4 semaines précédant l’enquête, mais une majorité (56.1%) disent avoir été heureux la plupart du temps, soit un total de 62.0% de personnes disant être fréquemment heureux. En Belgique, ce total est de 72.6% (14.8% se disant toujours heureux et 57.8% la plupart du temps).

Le Luxembourg parmi les pays en tête de liste pour la question concernant le “sens de la vie”, avec un score moyen de 8.1 sur 10

La dernière question sur le bien-être subjectif général posée dans le module EU-SILC est la question eudémonique, c’est-à-dire sur le sens que l’on donne à sa vie. Cet aspect est couvert par la question: “D’une manière générale, sur une échelle de 0 à 10, pensez-vous que les choses que vous faites dans la vie valent

la peine” (0 signifiant ne vaut pas la peine et 10 vaut entièrement la peine).

En Islande, le score moyen des réponses à la question si les choses qu’on fait valent la peine est le plus élevé avec 8.3 sur 10. Viennent ensuite le Danemark (avec un score moyen de 8.2), le Luxembourg avec un score moyen de 8.1 sur 10, puis la Norvège et la Finlande (8.0).

Comme pour les autres indicateurs de bien-être subjectif général, les pays de l’Est de l’Europe et des Balkans, ainsi que la plupart des pays du Sud de l’Europe se situent pratiquement tous dans la deuxième moitié du peloton et vers la fin de celui-ci. En Bulgarie, le score moyen des réponses à la question si les choses qu’on fait valent la peine est de seulement 6.1 sur 10, en Grèce de 6.6, en Serbie et en Croatie de 7.0, alors que la moyenne de l’UE-28 est de 7.4 sur 10.

Les indicateurs de bien-être subjectif sont fortement corrélés entre eux avec toutefois des nuances selon les questions

On constate des corrélations assez fortes entre les indicateurs de bien-être subjectif général. Ainsi, si on prend en considération le score moyen de “satisfaction avec la vie” et le score moyen du “sens de la vie”, le coefficient de détermination r2 est de 0.70. S’il y a donc un lien fort entre ces deux notions, la corrélation n’est cependant pas parfaite et on peut considérer que les deux notions “satisfaction avec la vie” et “sens de la vie” ne reflètent pas nécessairement le même concept sous-jacent. Il s’agit plutôt de notions complémentaires. D’une manière générale, le score moyen pour le “sens de la vie” est plus élevé que celui de la satisfaction avec la vie. Tous les pays se situent au-dessus de la diagonale dans le Graphique afférent. En bas de l’échelle, ce sont la Bulgarie et la Serbie qui ont de scores pour le “sens de la vie”, beaucoup plus élevés que pour la “satisfaction avec la vie”. C’est également le cas pour le Portugal, Chypre et Malte, par exemple. Globalement, les écarts entre les scores faibles et les scores élevés sont moins importants pour la question du “sens de la vie” que pour celle de la satisfaction avec la vie”. On constate encore que le Luxembourg fait partie d’un groupe de pays, comprenant encore les pays nordiques, les Pays-Bas, la Suisse et l’Autriche où les deux indicateurs sont positifs. La Belgique ne se situe pas loin, alors qu’en France les enquêtés semblent plutôt pessimistes avec

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 167

des scores moyens relativement faibles à la fois pour la satisfaction avec la vie et le “sens de la vie”.

Des enquêtes sur les valeurs (comme la European Values Study, EVS) ont montré que les pays de l’Est de l’Europe constituent dans beaucoup de domaines un groupe à part. Se pose donc la question si, sans ces pays de l’Est, la solidité du lien entre “satisfaction avec la vie” et “sens de la vie” pour les autres pays de l’UE-28 se maintient. Le coefficient de détermination r2 diminue effectivement à 0.61 si on élimine les pays de l’Est. Le lien entre les deux variables reste cependant fort, même s’il s’est légèrement distendu. En d’autres termes, pour les pays européens de l’Ouest, du Sud et du Nord, les deux notions “satisfaction avec la vie” et “sens de la vie”, semblent un peu plus éloignés que pour les pays européens pris dans leur ensemble.

Graphique 173: Corrélation entre “satisfaction avec la vie” et “sens de la vie”, 2013

Qu’en est-il d’un lien éventuel entre la satisfaction avec la vie et fréquence du sentiment de bonheur ? Là encore le coefficient de détermination est important (r2 = 0.63 pour l’ensemble des pays européens). En haut du tableau, on trouve - pour les deux variables - les pays nordiques, mais également le Luxembourg, l’Autriche, la Suisse, l’Irlande et la Belgique.

Il apparaît également qu’en bas de tableau la dispersion autour de la droite de régression est importante et que cela concerne surtout les pays de l’Est de l’Europe et des Balkans. À titre d’exemple, on peut mentionner la Bulgarie et la Roumanie. En Roumanie, le niveau moyen de satisfaction générale avec la vie est élevé avec quelque 7.2 sur 10 (ce qui peut d’ailleurs étonner, le niveau de vie étant faible), alors qu’en Bulgarie le score moyen de satisfaction avec la vie est faible (avec 4.8 sur 10).

Graphique 174: Corrélation entre “satisfaction avec la vie” et fréquence du sentiment de bonheur, 2013

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

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Satisfaction avec la vie (score moyen)

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Sens

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Satisfaction avec la vie (score moyen)

UE-28 sans pays de l'Est de l'Europe

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

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Satisfaction avec la vie (score moyen)

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Satisfaction avec la vie (score moyen)

UE-28 sans pays d'Europe de l'Est

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 168

Par contre, la fréquence du sentiment de bonheur en Bulgarie et en Roumanie est assez comparable: respectivement 35% et 39% des personnes enquêtées se disent toujours ou la plupart du temps heureuses. La dispersion autour de la droite de régression signifie en fait que pour les pays de l’Est européen et des Balkans, les notions de satisfaction avec la vie (un concept global) et la notion de fréquence du sentiment de bonheur sont assez éloignées l’une de l’autre. En conséquence, sans les pays de l’Est de l’Europe et des Balkans (dispersés autour de la droite de régression), la corrélation entre les deux variables est bien plus importante pour les pays européens restants (r2 = 0.75).

Les inégalités du bien-être subjectif: les revenus

Actuellement on utilise souvent la notion du “paradoxe d’Easterlin” pour expliquer – de façon qui se veut scientifique - que le bien-être subjectif global (la satisfaction avec la vie, le bonheur) ne serait pas lié au niveau de vie tel que mesuré, par exemple, par le PIB/habitant. En réalité il s’agit d’une utilisation biaisée de ce résultat des recherches de Richard Easterlin publié dans les années 1970 (en ce qui concerne cette notion, voir l’encadré). En fait, Easterlin a voulu montrer qu’à partir d’un certain niveau de vie, la croissance de ce niveau de vie ne va pas de pair avec une croissance proportionnelle du bonheur ou du bien-être subjectif général. Cette assertion est certes contestée depuis quelques années, mais certains éléments (d’ailleurs plus conceptuels qu’empiriques) continuent à plaider en faveur de la thèse d’Easterlin. Par contre, en analyse transversale, que ce soit dans la comparaison entre pays ou au sein des pays entre groupes de revenus, le bien-être subjectif général est bien lié au niveau de vie.

D’abord, en ce qui concerne la comparaison entre pays, on constate un coefficient de détermination non-négligeable entre le niveau de vie (le revenu) et le score moyen de satisfaction avec la vie. Il faut cependant ajouter que la corrélation est loin d’être parfaite, signe qu’il y a aussi d’autres éléments que le bien-être purement matériel qui ont un lien avec le bien-être subjectif. Les pays qui se trouvent au-dessus de la droite de régression sont ceux dans lesquels le niveau de satisfaction avec la vie est plus élevé que ne le laisserait supposer le bien-être matériel.

On constate que, parmi les pays où le niveau de vie matériel est élevé, un groupe de pays se détache. Dans les pays nordiques (mis à part la Norvège) et l’Autriche le bien-être subjectif (mesuré ici par le score moyen de satisfaction avec la vie) est particulièrement élevé, même en tenant compte du bien-être matériel qui est également élevé. Au Luxembourg, qui se situe en-dessous de la droite de régression, le bien-être subjectif est moins élevé que ne le laisserait supposer le bien-être matériel. En bas de l’échelle, on trouve surtout deux pays où le bien-être subjectif est très faible et même plus faible que ne le laisserait supposer le niveau peu important du revenu. Il s’agit de la Bulgarie et de la Serbie. En Roumanie, c’est l’inverse. Mais on a vu que la question sur la satisfaction avec la vie, prise toute seule, ne reflète peut-être pas très bien le bien-être subjectif dans ce pays. C’est en tout cas ce que peut laisser entendre la fréquence peu élevée du sentiment de bonheur et le score moyen relativement faible pour la question du sens de la vie en Roumanie. À noter encore qu’en milieu de tableau, c’est Chypre qui se trouve un peu à l’écart avec un degré de satisfaction avec la vie plus faible que ce que peut laisser attendre le niveau de vie matériel.

Graphique 175: Corrélation entre niveau de vie et satisfaction avec la vie (score moyen), 2013

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

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Revenu médian équivalent annuel (en standards de pouvoir d'achat)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 169

Le paradoxe d’Easterlin

La notion du “paradoxe d’Easterlin” est due à l’économiste qui l’a “découvert” en 1974: la croissance du PIB ne se répercute pas nécessairement dans une hausse du niveau de bien-être subjectif ressenti par les individus. Cela vaut pour les pays ayant atteint un certain niveau de développement économique. Toutefois, il n’y a pas de consensus sur le seuil. Le paradoxe d’Easterlin est à la base de l'économie du bien-être qui est en pleine expansion aujourd’hui (à défaut d’une croissance économique consistante, d’ailleurs, l’un n’étant certainement pas sans lien avec l’autre). Pour expliquer le “paradoxe d’Easterlin” on se rapporte le plus souvent au “paradoxe de l'abondance”. L’adaptation et “la stagnation hédonique” (“hedonic treadmill”) qui lui est associée constituent l’une des explications les plus souvent utilisées du paradoxe d’Easterlin. En d’autres mots, l’habitude détruirait les effets de la croissance matérielle sur le bien-être. Cela résulterait de l’impact délétère des aspirations: “Material aspirations increase commensurately with income, and as a result, one gets no nearer to or farther away from the attainment of one’s material goals, and well-being is unchanged”1. Les aspirations matérielles croissent proportionnellement au revenu et, de ce fait, un individu ne s’approche ni ne s’éloigne de la réalisation de ses objectifs matériels, et le bien-être resterait inchangé.

La théorie d’Easterlin a été notamment remise en cause en 2008 par Justin Wolfers et Betsey Stevenson, qui montrent, sur la base de données individuelles collectées dans un grand nombre de pays, qu'il y a bien un lien entre le PIB par habitant et le degré de satisfaction des individus.2

On dispose de données sur la satisfaction avec la vie depuis 1973. Elles ont été relevées depuis cette époque dans le cadre de l’Eurobaromètre. Les questions dans ces enquêtes prévoient une échelle de satisfaction de 1 à 4. Les données ont été transformées vers une échelle de 1 à 10 dans le cadre de World Database of Happiness.

(http://worlddatabaseofhappiness.eur.nl/ )

1 Easterlin, R. (2003). "Explaining Happiness". Proceedings of the National Academy of Science, 100, 11176-11183. 2 Justin Wolfers et Betsey Stevenson, “Economic Growth and Subjective Well-Being: Reassessing the Easterlin Paradox”, Brookings Papers on Economic Activity, vol. 39, no 1, printemps 2008, p. 1-102

Graphique A: Evolution de la satisfaction avec la vie de 1973 à 2014 au Luxembourg et dans les pays voisins

Au Luxembourg, la satisfaction avec la vie se situe en 2014 pratiquement au même niveau qu’en 1973 avec quelque 7.4 sur 10. On peut relever que cette valeur issue de l’Eurobaromètre est très proche de celle relevée en 2013 dans le module de l’enquête EU-SILC et qui est utilisée par ailleurs dans la présente contribution. On constate également que, malgré l’augmentation tendancielle de la satisfaction avec la vie en France, c’est dans ce dernier pays que son niveau est le plus faible parmi les pays voisins du Luxembourg, ce qui confirme également les résultats de l’enquête EU-SILC de 2013.

En jetant un regard sur l’évolution de la satisfaction avec la vie et l’évolution du bien-être matériel, la théorie d’Easterlin semble se confirmer pour le Luxembourg pris séparément. Le niveau de vie (mesuré ici par la consommation privée en volume par habitant qui est la variable la plus proche de ce qu’on pourrait appeler le niveau de vie et qui est disponible sur la longue durée) augmente de façon pratiquement continue depuis une quarantaine d’années (elle est multipliée par environ 2.5 depuis le début des années 1970), alors que la satisfaction avec la vie semble plutôt stagner ou varier entre des bornes supérieure et inférieure assez proches (grosso modo entre 7.3 et 7.8).

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 170

Graphique B: Évolution de la satisfaction avec la vie et du niveau de vie de 1973 à 2014 au Luxembourg

Ajoutons encore que le bien-être subjectif global est lié l’évolution conjoncturelle (à court terme) et que, dans la littérature scientifique, il y a consensus sur ce constat. L’évolution des courbes dans le Graphique afférent pour le Luxembourg montre des parallélismes, même si le lien n’est pas parfait. On note que la chute de la croissance du PIB par habitant en 1974 et 1975 est accompagnée par une chute tout aussi importante de la satisfaction avec la vie (qui passe de quelque 7.4 sur 10 en 1973 à moins de 6.8 en 1975). On constate également que la crise économique depuis 2007 se répercute également par un recul de la satisfaction avec la vie, même si c’est dans des proportions moindres que lors de la crise des années 1970. Parfois il y a un décalage entre les deux variables. Ainsi, la croissance du PIB par habitant de la deuxième moitié des années 1970 ne semble se répercuter qu’au début des années 1980 par une hausse significative de la satisfaction de la vie qui tombe dans une période ou le PIB par habitant est en recul (en 1981 il est même négatif). Pour d’autres périodes, les variations du PIB par habitant sont tout simplement escamotées dans le domaine du bien-être subjectif. Ainsi, la croissance économique très importante de la deuxième moitié des années 1990 ne semble pas avoir d’impact ou peu d’impact sur le niveau de la satisfaction avec la vie.

Graphique C: Variation annuelle de la satisfaction avec la vie et du PIB par habitant de 1973 à 2014 au Luxembourg

Mis à part les questions de mesure qui ont fait l’objet de nombreuses contributions scientifiques de haut niveau (voir ci-dessous), la comparaison entre une variable qui est, par nature, liée à une échelle fermée (en l’occurrence la satisfaction avec la vie qui est mesurée sur une échelle de 1 à 10) et une variable pour laquelle l’échelle est ouverte par nature comme le niveau de vie matériel par habitant (PIB, RNB, consommation, etc.) est problématique.

Voici un résumé des principaux consensus et désaccords sur le paradoxe d’Easterlin selon Andrew Clarke et Claudia Senik 1

1 - Relation statistique entre revenu individuel et bonheur individuel Consensus: revenu plus élevé → bonheur plus élevé. Dans un pays, les individus riches sont plus heureux que les pauvres.

2. Relation dynamique entre le revenu individuel et le bonheur individuel Estimations nationales. Analyse des données de panels au niveau individuel; Consensus: revenu plus élevé → bonheur plus élevé.

1 Andrew E. Clark et Claudia Senik, “La croissance du PIB rendra-t-elle les habitants des pays en développement plus heureux ?”, Revue d'économie du développement, 2011/2 (Vol. 19)

Source : World Database of Happiness (pour la satisfaction avec la vie, quelques années sont manquantes, les valeurs pour ces années ont été extrapolées ; une moyenne par année a été établie pour les années où il y a avait deux enquêtes) ; AMECO (pour la consommation privée)

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Consommation finale privée par habitant (en volume, eurosde 2000)Satisfaction avec la vie (échelle de 1 à 10)

Source : World Database of Happiness (pour la satisfaction avec la vie, quelques années sont manquantes, les valeurs pour ces années ont été extrapolées ; une moyenne par année a été établie pour les années où il y a avait deux enquêtes) ; AMECO (pour la consommation privée)

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1991

1994

1997

2000

2003

2006

2009

2012

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 171

Les individus deviennent plus heureux à mesure qu’ils s’enrichissent.

3. Relation statistique instantanée entre le revenu national et le bonheur moyen Mesures agrégées, estimations transnationales. Consensus: revenu plus élevé → bonheur plus élevé. Les individus qui vivent dans des pays riches sont plus heureux que ceux qui vivent dans des pays pauvres.

4. Relation dynamique entre le revenu national et le bonheur moyen Mesures agrégées, estimations transnationales. Pas de consensus. Constats divergents. → La croissance du revenu n’accroît pas le bonheur dans le temps. Easterlin (2005), Easterlin et Sawangfa (2010), Easterlin et Angelescu (2009), Layard (2005), Brockmann, Delhey, Welzel, Yuan (2009) → La croissance du revenu accroît le bonheur dans le temps. Stevenson et Wolfers (2008), Deaton (2008), Helliwell (2003), Blanchflower (2008) → La croissance du revenu accroît le bonheur dans le temps, mais pas toujours et faiblement. - Hagerty et Veenhoven (2003) (coefficient positif et statistiquement significatif, mais pas dans tous les pays). - Inglehart, Foa, Peterson et Welzel (2008): (coefficient positif et statistiquement significatif, mais pas dans tous les pays). - Kenny (2005) (coefficient positif et statistiquement significatif, mais pas dans tous les pays). - Layard, Mayraz et Nickell (2010): coefficient positif mais pas toujours statistiquement significatif. - Oswald (1997): coefficient positif mais pas toujours statistiquement significatif. - Di Tella et MacCulloch (2008): coefficient positif mais significativité statistique faible.

Bibliographie sélective - BLANCHFLOWER D.G. (2008). “International evidence on well-being”. IZA Discussion Paper No. 3354. - BROCKMANN H., DELHEY J., WELZEL C., YUAN A. (2009). “The China puzzle: Falling happiness in a rising economy”. Journal of Happiness Studies 10 (4), 387-405 - EASTERLIN, R. (2005). “Feeding the Illusion of Growth and Happiness: A Reply to Hagerty and Veenhoven”, Social Indicators Research, vol. 74, no 3, 2005, p. 429-443 - EASTERLIN R., SAWANGFA O. (2010). “Happiness and

Growth: Does the Cross Section Predict Time Trends? Evidence from Developing Countries”, in E. Diener, J. Helliwell, and D. Kahneman, eds. International “Differences in Well-Being“. Princeton, NJ., Princeton University Press, chapter 7, pp. 162-212. - EASTERLIN R. and ANGELESCU L. (2009). “Happiness and growth the world over: time series evidence on the Happiness-income paradox”, IZA Discussion Paper No. 4060. - DEATON, A. (2008). “Income, Health and Well-Being around the World: Evidence from the Gallup World Poll”. Journal of Economic Perspectives, 22, 53-72. - DI TELLA, R., and MACCULLOCH, R. (2008). “Gross National Happiness as an Answer to the Easterlin Paradox?”. Journal of Development Economics, 86, 22-42. - HAGERTY M., VEENHOVEN R., 2003. "Wealth and Happiness Revisited – Growing National Income Does Go with Greater Happiness," Social Indicators Research, Springer, vol. 64(1), 1-27, - HELLIWELL, J.F. (2003). “How’s Life? Combining Individual and National Variables to Explain Subjective Well-Being”. Economic Modelling, 20, 331-360. - INGLEHART, R., FOA, R., PETERSON, C., and WELZEL, C. (2008). “Development, Freedom, and Rising Happiness: A Global Perspective (1981–2007)”. Perspectives on Psychological Science, 3, 264-285. - KENNY C. (2005). “Does development make you happy? Subjective well-being and economic growth in developing countries”. Social Indicators Research, 73, 199-219. - LAYARD R. (2005). “Happiness: Lessons from a New Science”. Penguin, London. - LAYARD R., MAYRAZ G. and NICKELL S., (2010). “Does Relative Income Matter? Are the Critics Right?” in E. Diener, J. F. Helliwell, and D. Kahneman (ed.), International Differences in Well-Being, Oxford University Press. - OSWALD, A.J. (1997). “Happiness and economic performance”. Economic Journal, 107, 1815-31. - STEVENSON, B., and WOLFERS, J. (2008), “Economic Growth and Subjective Well-Being: Reassessing the Easterlin Paradox”, Brookings Papers on Economic Activity, Spring.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 172

Au Luxembourg, le score moyen de satisfaction avec la vie pour les personnes dont le revenu est faible (premier quintile des revenus) est de 6.7 sur 10, mais il atteint 8.2 dans le quintile de revenus le plus élevé

Il n’y a pas seulement un lien entre le niveau de vie matériel et le bien-être lorsqu’on prend en considération les scores moyens des pays, mais également lorsqu’on considère le niveau de vie et le niveau de la satisfaction avec la vie. Dans le premier quintile des revenus (les 20% des revenus les plus faibles), le score de satisfaction avec la vie est de 6.7. On passe à un score moyen de 7.3 dans le deuxième quintile, 7.4 dans le troisième, 7.7 dans le quatrième et 8.1 dans le cinquième quintile. Rappelons que le score moyen pour l’ensemble de la population est de 7.5.

En ce qui concerne la question du “sens de la vie” perçu (réponse à la question si les gens pensent que ce qu’ils font vaut la peine), il y a également un écart selon le revenu des personnes, mais cet écart est beaucoup moindre que pour la question sur la satisfaction avec la vie hédonique. Dans le premier quintile des revenus, le score moyen pour la question sur le “sens de la vie” est de 7.8 sur 10. Il passe à 8.1 dans le deuxième quintile, puis reste à peu près à ce niveau (8.2 dans le dernier quintile).

Graphique 176: Satisfaction avec la vie et “sens de la vie” perçu au Luxembourg selon le revenu, 2013

Dans le premier quintile des revenus au Luxembourg, la part des personnes se sentant toujours ou la plupart du temps heureux est de 62.7%, dans le dernier quintile 81.6% sont dans ce cas.

La question sur la fréquence du bonheur fait également apparaître un écart très sensible selon le niveau de revenu. Dans le premier quintile des revenus (personnes les moins aisées), 12.1% affirmaient avoir été toujours heureux au cours des 4 semaines précédant l’enquête. 50.6% des personnes du premier quintile disaient avoir été heureux la plupart du temps au cours de la même période. En d’autres mots, pour 62.7% des résidents du Luxembourg se situant en bas de l’échelle des revenus, la fréquence du sentiment de bonheur est élevée. Dans le quintile des revenus supérieur (5e quintile), 81.6% des personnes interrogées affirmaient être fréquemment heureux (12.7% toujours et 68.9% la plupart du temps). Il y a donc un écart de près de 20 points de % entre le quintile inférieur et le quintile supérieur.

Il est néanmoins à remarquer que la part des personnes se disant toujours heureuses n’est pas plus élevée en haut de l’échelle des revenus qu’en bas. On passe de 12.1% dans le premier quintile à 14.9% dans le deuxième, 16.0% dans le troisième, 11.9% dans la quatrième et 12.7% dans le cinquième.

Graphique 177: Fréquence du sentiment de bonheur au Luxembourg selon le revenu(en %), 2013

Source: STATEC

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7.3 7.47.7

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1 2 3 4 5Quintiles de revenu

Satisfaction avec la vie Sens de la vie

Source: STATEC

12.1 14.9 16.0 11.9 12.7

50.660.0 58.6 68.9 68.9

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19.3 18.7 13.1 15.1

0

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90

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Q1 Q2 Q3 Q4 Q5

Toujours La plupart du temps Parfois

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 173

Graphique 178: Satisfaction avec la vie selon le Graphique 179: Sens de la vie perçu selon le revenu revenu dans quelques pays européens, 2013 dans quelques pays européens, 2013

En revanche, la part des personnes affirmant avoir été heureuses la plupart du temps au cours des 4 semaines précèdent l’enquête augmente avec le revenu: dans le premier quintile, 50.6% des personnes interrogées sont dans ce cas, dans le décile supérieur le pourcentage des personnes disant être heureuses la plupart du temps atteint 68.9%. La part des personnes affirmant être seulement parfois heureux, par contre, diminue avec le revenu: de 26.0% dans le premier quintile des revenus à 15.1% dans le dernier quintile.

Le lien entre le revenu et la satisfaction avec la vie est manifeste dans tous les pays européens. Dans certains pays, l’écart entre le haut et le bas de l’échelle des revenus est cependant beaucoup plus important qu’au Luxembourg: en Bulgarie, par exemple, le score moyen de satisfaction avec la vie est de 3.3 sur 10 en bas de l’échelle (1er quintile des revenus) et de 5.9 en haut de l’échelle (5e quintile); en Serbie les scores correspondants sont de 3.7 et de 6.4, en Lituanie de 5.8 et de 7.8. Rappelons qu’au Luxembourg, le score évolue de 6.7 dans le 1er quintile à 8.1 dans le 5ème quintile, en Belgique de 6.8 en bas de l’échelle à 9.0 en haut de l’échelle des revenus.

Il semble que l’inégalité de satisfaction avec la vie soit en partie liée aux inégalités de revenu. Ainsi dans les pays les plus inégalitaires en termes de revenu, les inégalités de satisfaction avec la vie sont également importantes. C’est notamment le cas en Bulgarie et en Serbie.

À l’autre bout du tableau, on trouve les pays les plus égalitaires, notamment les pays nordiques, où les écarts de revenu sont assez faibles tout comme les

écarts de satisfaction avec la vie. Cependant la corrélation est loin d’être parfaite: en Roumanie, par exemple, les inégalités de revenu se situent au même niveau qu’en Bulgarie, mais les niveaux de satisfaction avec la vie moyens dans les deux pays sont très éloignés les uns des autres. On trouve également une dispersion importante des pays en milieu de tableau. Entre la Belgique et la Grèce, il y a un écart important en termes d’inégalités de revenus (la Grèce étant bien plus inégalitaire que la Belgique), alors que les inégalités de satisfaction avec la vie sont assez similaires. Les inégalités en termes de bien-être subjectif sont donc probablement liées aux inégalités matérielles, mais également au niveau de vie en termes absolus.

Graphique 180: Corrélation entre inégalités de niveau de vie et inégalités de satisfaction avec la vie, 2013

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg) Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

3

4

5

6

7

8

9

1 2 3 4 5Sati

sfac

tion

ave

c la

vie

(sco

re m

oyen

)

Quintiles de revenu

Satisfaction avec la vie

BE BG DE EL FRLU AT PT SE NO

3

4

5

6

7

8

9

1 2 3 4 5Sati

sfac

tion

ave

c la

vie

(sco

re m

oyen

)

Quintiles de revenu

Sens de la vie

BE BG DE EL FR

LU AT PT SE NO

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

BE

BG

CZ

DK DE

EEIE

ELES

FR

HRITCY

LVLT

LUHUAT

NLMT

PLPT

RO

SIESFISEUK

IS NO

CH

SR

R² = 0.4599

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

1 1.2 1.4 1.6 1.8 2

Inég

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(rap

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ntile

de

reve

nu)

Ecart interquintile de satisfaction avec la vie

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 174

On a déjà dit que les écarts entre pays pour la variable “sens de la vie” sont moins importants que pour la variable “satisfaction avec la vie”. En ce qui concerne les inégalités selon le revenu à l’intérieur des pays pour la question sur le “sens de la vie”, elles sont également moins prononcées que pour la “satisfaction avec la vie”. En Bulgarie, un des pays ou les inégalités de revenu sont les plus importantes, dans le premier quintile des revenus, le score pour le “sens de la vie” perçu est de 5.0 dans le premier quintile et de 7.0 dans le dernier quintile, soit un écart de 2 points (comparé à un écart de 3.6 points pour la “satisfaction avec la vie”). Pour le Luxembourg, on passe, pour l’indicateur “sens de la vie perçu” de 7.8 dans le premier quintile à 8.2 dans le quintile supérieur (soit un écart de seulement 0.4 point, contre un écart de 1.4 point pour l’indicateur “satisfaction avec la vie”).

Graphique 181: Score moyen de “satisfaction avec la vie” selon le type de ménage au Luxembourg et dans l’UE-28, 2013

Graphique 182: Score moyen pour le “sens de la vie” perçu selon le type de ménage au Luxembourg et dans l’UE-28, 2013

Les personnes seules sont moins satisfaites de leur vie que les personnes vivant dans des ménages avec enfants

Le score moyen de satisfaction avec la vie pour les personnes vivant seules au Luxembourg est de 7.1 sur 10. Ce score atteint 7.6 sur 10 pour les personnes vivant dans des ménages constitués de deux adultes, tout comme dans les ménages avec des enfants dépendants.

Ces caractéristiques se retrouvent dans les autres pays européens: dans l’UE-28 le score moyen de satisfaction avec la vie pour les personnes vivant seules est de 6.6 sur 10, pour les personnes vivant dans de ménages avec enfants dépendants le score moyen atteint 7.2.

Pour l’indicateur “sens de la vie”, les mêmes caractéristiques restent valables. Pour les personnes vivant seules le score moyen de la perception du “sens de la vie” des personnes vivant seules est de 7.8 sur 10 au Luxembourg et de 7.0 en moyenne dans l’UE-28. Le score moyen en ce qui concerne le “sens de la vie” perçu pour les personnes vivant dans des ménages avec enfants dépendants atteint 8.2 au Luxembourg et 7.6 sur 10 dans l’UE-28 en moyenne.

Graphique 183: “Satisfaction avec la vie” selon le type de ménage et selon le revenu (par quintiles) au Luxembourg, 2013

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

7.1

7.67.4

7.6

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

Personne seule

Deux adulte

s

Ménages sans enfants

dépendants

Ménages avec enfants

dépendants

Luxembourg

Satisfaction avec la vie

6.6

7.26.9

7.2

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

Personne seule

Deux adulte

s

Ménages sans enfants

dépendants

Ménages avec enfants

dépendants

UE-28

Satisfaction avec la vie

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

7.88.1 8.0 8.2

5.05.56.06.57.07.58.08.5

Personne seule

Deux adulte

s

Ménages sans enfants

dépendants

Ménages avec enfants

dépendants

Luxembourg

Sens de la vie

7.07.5 7.3

7.6

5.05.56.06.57.07.58.08.5

Personne seule

Deux adulte

s

Ménages sans enfants

dépendants

Ménages avec enfants

dépendants

UE-28

Sens de la vie

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

1er quintile 2èmequintile

3èmequintile

4èmequintile

5èmequintile

TotalPersonne seuleDeux adultesMénages sans enfants dépendantsMénages avec enfants dépendants

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 175

Évidemment les différences de revenu ont un impact important quel que soit le type de famille. Pour les personnes vivant seules le score moyen de satisfaction avec la vie est de 6.0 sur 10 en bas de l’échelle des revenus (1er quintile) et de 7.7 dans le quintile supérieur. Pour les personnes habitant dans des ménages avec enfants dépendants, le score de satisfaction avec la vie évolue de 6.9 sur 10 en bas de la distribution des revenus (1er quintile) à 8.2 dans le quintile des revenus les plus élevés. D’une manière générale, au sein des ménages les moins aisés (1er quintile), l’écart entre la satisfaction avec la vie des différents types de ménage est plus important (6.0 pour les personnes seules et 6.9 pour les personnes vivant dans des ménages avec enfants dépendants, soit un écart d’environ 1 point) qu’en haut de l’échelle (respectivement des scores de 7.7 et 8.2, soit un écart de 0.5 point).

Graphique 184: Score moyen de “satisfaction avec la vie” et “sens de la vie perçu” selon l’âge au Luxembourg, dans l’UE-28, en Belgique et en Allemagne, 2013

La satisfaction avec la vie diminue avec l’âge au Luxembourg: on passe d’un score moyen de 7.8 sur 10 chez les 16-24 ans et 7.3 chez les 75 ans et plus.

Globalement, la satisfaction avec la vie diminue avec l’âge: au Luxembourg on passe d’un score moyen de 7.8 sur 10 chez les 16-24 ans à 7.3 chez les 75 ans et plus. Dans l’UE-28 en moyenne, l’évolution est très semblable avec néanmoins une diminution encore plus sensible: le score moyen de satisfaction avec la vie passe de 7.6 à 6.8 sur 10 de la classe des 16-24 à celle des 75 ans et plus. En Belgique, le score moyen est de 7.8 chez les 16-24 ans et de seulement 7.4 chez les 75 ans et plus.

En théorie, le bien-être subjectif évoluerait selon une courbe en U. Les jeunes seraient les plus heureux. Avec l’entrée dans la vie active et les obligations familiales, le “bonheur” diminuerait – atteignant dans la classe d’âge des 50-64 ans un minimum - pour ensuite remonter avec la retraite. En fait, les courbes suivent partiellement ce schéma. Il est intéressant de constater qu’il y a aussi des différences considérables entre pays.

Dans beaucoup de pays, la satisfaction avec la vie atteint effectivement un point bas dans la classe d’âge des 50-64 ans. C’est notamment le cas au Luxembourg, mais également en Allemagne et dans l’UE-28 en moyenne. Le score de satisfaction avec la vie remonte ensuite dans la classe d’âge des 65-74 ans (ou stagne comme en Belgique). Il s’agit de la classe d’âge où les gens ont quitté ou quittent le marché du travail. Chez les 75 ans et plus, la satisfaction avec la vie tend de nouveau à reculer au Luxembourg, mais également en Belgique et dans l’UE-28 en moyenne. En moyenne, le score de satisfaction avec la vie au Luxembourg est de 7.8 chez les 16-24 ans, mais seulement de 7.3 chez les 75 ans et plus. En Allemagne, en revanche, la satisfaction avec la vie continue à augmenter dans la classe d’âge des 75 ans et plus comparée à la classe d’âge précédente. Il pourrait s’agir d’un effet de cohorte liée notamment au fait que ces personnes ont vécu de manière intense les années de guerre. Mais bien évidemment il s’agit là de questions qui ne pourront pas être élucidées dans la présente contribution.

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

6.46.66.87.07.27.47.67.88.08.28.4

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Satisfaction avec la vie

LU UE-28

BE DE

6.46.66.87.07.27.47.67.88.08.28.4

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Sens de la vie

LU UE-28BE DE

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 176

Graphique 185: Score de satisfaction avec la vie pour 3 catégories d’âge dans les pays européens, 2013

Dans les pays où le niveau de satisfaction avec la vie moyen est le plus élevé, les personnes âgées sont également, d’une manière générale, très satisfaites de leur vie

Comme souvent, la moyenne de l’UE-28 cache des disparités, mais également des pistes d’explication possibles. Dans les graphiques radars (voir Graphique 185), on a juxtaposé les scores de satisfaction avec la vie pour trois catégories d’âge: les personnes âgées (75 ans et plus), les jeunes (16-24) et une catégorie d’âge moyen (35-49 ans). Dans les pays où le niveau de satisfaction avec la vie moyen est faible, l’écart entre les jeunes et les personnes âgées est important (en défaveur des personnes âgées). C’est notamment le cas des pays de l’Est de l’Europe, mais également pour la plupart des pays du Sud de l’Europe. À l’autre bout de l’échelle, on trouve la Suisse et les pays nordiques. Dans de nombreux pays de ce groupe, le niveau de satisfaction avec la vie des 75 ans et plus dépasse même le niveau de satisfaction des jeunes, comme en Suisse, Suède et Danemark. En Norvège, Islande et Pays-Bas, le niveau de satisfaction des personnes âgées et très similaire à celui des jeunes. Au Luxembourg, il persiste un écart assez important en défaveur des personnes âgées. C’est également le cas en Autriche. En revanche, dans des pays comme le Royaume-Uni, l’Irlande et l’Allemagne, il y a égalité entre les jeunes et les personnes âgées en matière de satisfaction avec la vie et cela malgré le fait que le niveau moyen de satisfaction avec la vie soit inférieur à celui du Luxembourg.

En ce qui concerne la satisfaction avec la vie des personnes d’âge moyen (les 35-49 ans qui sont le plus souvent en emploi), son niveau est généralement inférieur à celui des jeunes est supérieur à celui des personnes âgées dans les pays où le niveau moyen de satisfaction avec la vie est faible, comme dans les pays de l’Est et du Sud de l’Europe. Dans les pays qui se situent au-dessus de la moyenne de l’UE-28 en matière de satisfaction avec la vie, la situation est moins claire. Dans les pays nordiques, par exemple, le score de satisfaction avec la vie des 35-49 ans se situe très près de celui des jeunes. D’une manière générale, il semble que, tendanciellement, l’augmentation du niveau moyen de satisfaction avec la vie, aille de pair avec une homogénéisation du niveau de satisfaction avec la vie selon l’âge.

Le score du “sens de la vie” au Luxembourg n’est que peu influencé par l’âge

Si on considère le deuxième indicateur de bien-être subjectif, la perception du “sens de la vie”, on retrouve, dans un premier temps, un tassement avec l’âge du score moyen dans la plupart des pays. Mais ce tassement n’est pas aussi prononcé que pour la “satisfaction avec la vie”. En outre, le score remonte assez rapidement. Au Luxemburg, le score du “sens de la vie” évolue de 8.2 dans la classe d’âge des 16-24 à 8.0 dans la classe d’âge des 35-39 ans, puis s’accroît de nouveau à 8.2 chez les 65-74 ans, pour enfin se tasser de nouveau à 8.1 chez les 75 ans et plus. Dans l’UE-28 en moyenne, le score du “sens de la vie” diminue légèrement jusqu’à l’âge de 75 ans, puis recule assez fortement.

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg) N.B. : Classement des pays selon le score moyen de satisfaction avec la vie dans le sens des aiguilles d’une montre. Dans le graphique de gauche, on part de la Grèce qui a le plus faible niveau moyen de satisfaction avec la vie

5.05.56.06.57.07.58.08.5

ELCY

PT

IT

ES

FR

UE-28

MT

DEUK

IELUBE

NL

AT

IS

NO

DK

FI

SECH

Pays du Sud, de l'Ouest et du Nord de l'Europe

De 16 à 24 ans De 35 à 49 ans 75 ans ou plus

3.04.05.06.07.08.09.0

BG

SR

HU

HR

EE

LV

LTCZ

SI

SK

UE-28

RO

PL

Pays de l'Est de l'Europe

De 16 à 24 ans De 35 à 49 ans 75 ans ou plus

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 177

Graphique 186: Fréquence du sentiment de bonheur au Luxembourg selon l’âge, 2013

Globalement, le bien-être subjectif mesuré par la question sur le “sens de la vie” varie peu selon l’âge au Luxembourg ou en tout cas moins que l’indicateur de “satisfaction avec la vie”. Dans l’UE-28, et contrairement au Luxembourg, le score se tasse fortement chez les 75 ans et plus. On a vu qu’en Allemagne le score de “satisfaction avec la vie” diminue jusqu’aux âges moyens, puis remonte assez fortement. On retrouve le même schéma pour l’indicateur “sens de la vie”.

La fréquence du sentiment de bonheur diminue jusqu’à la trentaine, puis reste relativement stable

Qu’en est-il du 3ème indicateur du “bien-être subjectif” général, à savoir la fréquence du sentiment de bonheur. On retrouve le schéma qu’on a décrit pour le “sens de la vie”: au Luxembourg la fréquence du sentiment de bonheur se tasse d’abord assez fortement avec l’âge, puis remonte légèrement et recule de nouveau légèrement chez les personnes les plus âgées. À partir de la classe d’âge de 25-34 ans, la fréquence du sentiment de bonheur ne varie cependant pas de façon extrême. Chez les 16-24 ans, 84.5% des personnes enquêtées au Luxembourg se disent toujours (22.4%) ou la plupart du temps (62.1%) heureux. Le pourcentage des personnes qui affirment avoir été fréquemment heureux recule à 75.9% dans la classe d’âge des 25-34 ans (16.7% se sont dits toujours heureux et 59.2% la plupart du temps).

Graphique 187: Satisfaction avec la vie des hommes et des femmes dans les pays européens (scores moyens), 2013

Dans la classe d’âge des 35-49 ans, il y a encore un léger recul, la part des personnes se disant fréquemment heureux descendant à 72.5% (11.1% toujours heureux et 61.4% la plupart du temps heureux). À partir de cette classe d’âge, la fréquence du sentiment de bonheur reste pratiquement au même niveau. Chez les 75 ans et plus, 73.7% des personnes sont fréquemment heureuses (10.8% toujours et 62.9% la plupart du temps).

Il est à noter que la diminution de la fréquence du sentiment de bonheur entre la classe d’âge des 16-24 ans et la classe d’âge des 35-49 ans est intégralement due à la diminution de la part des personnes qui se disent toujours heureuses. Cette part est divisée par deux en passant de 22.4% chez les 16-24 ans à 11.2% chez les 35-49 ans.

Les femmes âgées sont moins satisfaites de leur vie que les hommes, alors que dans les classes d’âge moyen les hommes sont moins satisfaits de leur vie que les femmes

En considérant l’ensemble des femmes et des hommes, on note que les scores moyens de satisfaction avec la vie selon le sexe sont très proches.

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

22.4 16.7 11.1 10.3 14.3 10.8

62.159.2

61.4 63.8 60.9 62.9

11.820.9

20.0 17.5 15.6 20.3

3.4 2.8 6.0 5.7 7.4 5.40.3 0.4 1.6 2.6 1.8 0.7

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

16-24 25-34 35-49 50-64 65-74 75+

Toujours La plupart du temps Parfois Rarement Jamais

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

4.0

4.5

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

9.0

4.0 4.5 5.0 5.5 6.0 6.5 7.0 7.5 8.0 8.5 9.0

Fem

mes

Hommes

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 178

Graphique 188: Satisfaction avec la vie des hommes et des femmes au Luxembourg et dans l’UE-28 selon l’âge, 2013

Graphique 189: Perception de l’état de santé au Luxembourg selon le sexe et l’âge, 2013

Néanmoins, dans le détail, les choses se présentent différemment. La moyenne cache des écarts importants selon l’âge. Chez les jeunes de 16 à 34 ans au Luxembourg, la satisfaction avec la vie est la plus élevée (score moyen de 7.8 pour les 16-24 ans et de 7.7 chez les 25-34 ans) et elle est identique pour les deux sexes. Le score de satisfaction avec la vie continue à diminuer en avançant vers les classes d’âge des 35-49 ans et 50-64 ans. Cependant, le recul est moins prononcé pour les femmes au Luxembourg. Dans la classe d’âge des 50-64 ans, le score de satisfaction avec la vie y est de 7.2 pour les hommes et de 7.4 pour les femmes. Dans la classe d’âge des 65-74 ans, la satisfaction avec la vie remonte ensuite fortement au Luxembourg pour les hommes (score de 7.5), alors que le recul pour les femmes se poursuit

(score de 7.3 chez les 65-74 ans). Ensuite, chez les personnes les plus âgées, que ce soit les hommes ou les femmes, la satisfaction avec la vie recule de nouveau, mais plus fortement pour les femmes que pour les hommes. Au Luxembourg, chez les 75 ans et plus, le score de satisfaction avec la vie est de 7.4 sur 10 pour les hommes et de 7.1 pour les femmes.

En moyenne, dans la zone dans l’UE-28, jusqu’à la classe d’âge des 50-64 ans, la satisfaction avec la vie des hommes est inférieure à celle des femmes. L’écart entre hommes et femmes (en défaveur des hommes) est également présent au Luxembourg, mais il est beaucoup plus prononcé dans la classe d’âge des 35-49 ans et chez les 50-64 ans que dans l’UE-28 en moyenne. La remontée significative de la satisfaction avec la vie des hommes chez les 65-74 ans semble être une caractéristique qui dépasse le Grand-Duché. On retrouve le même phénomène dans les autres pays européens et dans l’UE-28 en moyenne. Le score de satisfaction avec la vie des hommes dépasse celui des femmes chez les personnes âgées de 65 ans et plus dans l’UE-28: le score de satisfaction avec la vie chez les hommes ayant de 65 à 74 ans est de 7.1 sur 10, soit assez largement au-dessus du score des femmes de cette classe d’âge (6.9 sur 10). Comme au Luxembourg, dans l’UE-28 en moyenne, dans la classe d’âge au-dessus de 75 ans, la satisfaction avec la vie recule de nouveau, mais un peu moins, semble-t-il chez les hommes (de 7.1 à 7.0) que chez les femmes (de 6.9 à 6.7).

Comment expliquer le recul de la satisfaction avec la vie avec l’âge et l’écart entre hommes et femmes (d’abord négatif pour les hommes, puis positif). Une première explication est certainement liée à l’entrée dans la vie active et les nombreux défis que constitue la vie familiale et la conciliation de la vie familiale avec le travail. La santé et la perception de la santé interviennent également. D’une manière générale, la part des personnes qui affirment dans l’enquête EU-SILC que leur santé est bonne ou très bonne diminue de façon régulière avec l’âge. Dans la classe d’âge des 16-24 ans, 92.2% des hommes et 87.3% des femmes au Luxembourg affirment être en bonne ou très bonne santé. À partir de la trentaine, la perception de la santé devient graduellement beaucoup moins positive. Chez les hommes de 65-74 ans, 53.1% des hommes et 53.6% des femmes estiment être en bonne ou très bonne santé. À noter que c’est la part des personnes se sentant en très bonne santé qui diminue le plus fortement: de 50.1% chez les hommes de 16-24 ans à 9.1% chez les 65-74 ans et de 41.5% à 7.6% chez les

Source : STATEC

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Luxembourg Satisfaction avec la vie

Total HommesFemmes

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

UE-28Satisfaction avec la vie

Total HommesFemmes

Source : STATEC

50.0

38.9

25.4

14.3

11.8

9.1

4.7

42.2

50.4

56.7

54.6

48.5

44.0

37.2

0102030405060708090100

16-24

25-34

35-44

45-54

55-64

65-74

75+

Hommes

Très bon Bon

41.5

33.1

24.7

18.7

11.6

7.6

2.5

45.8

52.8

50.9

49.5

49.3

46.0

29.8

0102030405060708090100

16-24

25-34

35-44

45-54

55-64

65-74

75+

Femmes

Très bon Bon

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 179

femmes entre les mêmes classes d’âge. En ce qui concerne les écarts entre hommes et femmes, on constate que la perception de l’état de santé est un peu moins positive chez les femmes jeunes que chez les hommes jeunes (alors que la “satisfaction avec la vie” est identique chez les jeunes au Luxembourg). Aux âges moyens, la perception de la santé des femmes et des hommes est pratiquement identique, du moins si on compte ensemble ceux qui affirment que leur santé est bonne et ceux qui disent qu’elle est très bonne. Aux âges moyens, en revanche, la satisfaction avec la vie des hommes et inférieure à celle des femmes au Luxembourg. L’explication du différentiel de satisfaction avec la vie ne semble donc pas liée à la perception de la santé, mais à d’autres facteurs (comme le travail p.ex.). On a vu que, dans la classe d’âge des 65-74 ans, la satisfaction avec la vie des hommes devient supérieure à celle des femmes, alors que la perception de la santé pour les deux sexes est pratiquement identique. Il semble donc que l’augmentation de la satisfaction avec la vie des hommes, comparée à celle des femmes, ne soit pas due à des questions de santé, mais éventuellement à la sortie de la vie active (le taux d’emploi des hommes étant supérieur à celle des femmes). Mais cela reste à vérifier empiriquement. Finalement dans la classe d’âge des 75 ans et plus, la satisfaction avec la vie dégringole chez les hommes, mais beaucoup plus significativement chez les femmes. Cette évolution pourrait être liée à l’écart en matière de perception de la santé. Chez les femmes de 75 ans et plus, seulement 32.3% affirment se sentir en bonne ou très bonne santé; le pourcentage correspondant chez les hommes de la même catégorie d’âge est de 41.9%.

Graphique 190: Perception du sens de la vie au Luxembourg et dans l’UE-28 selon l’âge et le sexe, 2013

Quant à la perception du sens de la vie, le score moyen des femmes passe en-dessous de celui des hommes à partir de l’âge de 75 ans, alors que le score des femmes des classes d’âge inférieures se situe en-dessous de celui des hommes

On a déjà vu que la perception du “sens de la vie” n’a pas une tendance aussi claire à reculer avec l’âge que la “satisfaction avec la vie” du moins si on prend en considération les deux sexes ensemble. Les écarts entre les deux sexes sont cependant bien présents, tout comme pour la “satisfaction avec la vie”. Dans les “âges jeunes et moyens” le score du “sens de la vie” des hommes est plus faible que celui des femmes au Luxembourg comme dans l’UE-28 en moyenne. Dans la classe d’âge des 25-34 ans au Luxembourg, le score moyen de la perception du sens de la vie est de 8.2 pour les femmes et de 8.1 pour les hommes. Dans la classe d’âge suivante, c’est- à-dire les 35-49 ans, le score de perception du sens de la vie tombe à 7.7 pour les hommes, alors que, pour les femmes, il reste constant à 8.2. Pour les 75 ans et plus, les scores du sens de la vie selon le sexe évoluent conformément à ce que l’on a vu pour la satisfaction avec la vie. Dans cette classe d’âge, le score des hommes (8.2) dépasse celui des femmes (8.0) au Luxembourg. En moyenne dans l’UE-28, le score de la perception du sens de la vie est orienté, pour les femmes comme pour les hommes, à la baisse chez les 75 ans et plus. Cependant, le score moyen des hommes pour l’indicateur du “sens de la vie” (7.3 en moyenne dans l’UE-28) est plus élevé dans les catégories d’âge les plus élevées que celui des femmes (7.0).

84% des jeunes hommes et des jeunes femmes se disent toujours ou la plupart du temps heureux, contre 74% des hommes et des femmes âgées de 75 ans et plus

On a dit plus haut qu’en termes de satisfaction avec la vie, les hommes et les femmes atteignent les mêmes scores chez les jeunes de 16-24 ans au Luxembourg. C’est également le cas pour l’affect, c’est- à -dire la fréquence du sentiment de bonheur, même si l’intensité de cet affect (“toujours heureux”) semble plus élevée chez les jeunes hommes. 28.6% des hommes âgés de 16 à 24 ans ont affirmé avoir été toujours heureux au cours des 4 semaines précédant l’enquête, contre 16.0% des jeunes femmes du même âge. En revanche, la part des jeunes hommes de 16-24 qui se disent heureux “la plupart du temps” (56.1%) est moins élevée que celle des jeunes femmes de 16-24 ans (68.2%). Il en résulte que la part des jeunes de Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

6.56.76.97.17.37.57.77.98.18.38.5

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

LuxembourgSens de la vie

Total Hommes

Femmes

6.56.76.97.17.37.57.77.98.18.38.5

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

UE28 Sens de la vie

Total HommesFemmes

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 180

16 à 24 qui affirment avoir été fréquemment (toujours ou la plupart du temps) heureux atteint 84% pour les deux sexes. Dans les classes d’âge moyen (de 25 à 65 ans), la fréquence du sentiment de bonheur semble tout- à -fait comparable pour les hommes et les femmes (autour de 73 à 75%) avec un léger plus pour les femmes dans la classe d’âge des 50-64 ans. Ce que dit l’indicateur de la fréquence de l’affect du bonheur semble donc assez comparable aux indicateurs de satisfaction avec la vie et de la perception du sens de la vie. En effet, l’on retrouve aussi une autre caractéristique que l’on a déjà décrite plus haut: dans la classe d’âge des 65-74 ans, le bien-être subjectif des hommes est supérieur à celui des femmes: 80% des hommes de cette classe d’âge et 70% des femmes se disent toujours ou la plupart du temps heureux.

Les personnes ayant un niveau d’éducation élevé ont un niveau de satisfaction avec la vie plus important que les personnes ayant un niveau d’éducation faible

On a vu que les inégalités en matière de satisfaction avec la vie selon le revenu sont assez importantes. Plus le revenu du ménage est élevé, plus la satisfaction la vie est importante. Ces inégalités se retrouvent logiquement si on prend en considération le niveau d’éducation.

Au Luxembourg, les personnes ayant accompli des études de niveau primaire ou de secondaire inférieur ont un score moyen de satisfaction avec la vie de 7.1 sur 10; pour les personnes ayant accompli des études supérieures (de niveau postsecondaire ou universitaire), le score de satisfaction avec la vie atteint 7.9 sur 10 au Luxembourg (soit une différence de 0.8 point par rapport au niveau d’éducation faible).

Dans l’UE-28, le score de satisfaction avec la vie passe de 6.6 pour les personnes ayant un niveau d’éducation faible à 7.6 pour ceux qui ont un niveau d’éducation élevé. En Allemagne, on passe de 6.9 à 7.6 et en France de 6.7 à 7.4.

Graphique 191: Fréquence du sentiment de bonheur au Luxembourg selon l’âge et le sexe, 2013

Graphique 192: Satisfaction avec la vie et sens de la vie selon le niveau d’éducation au Luxembourg et dans les pays voisins, 2013

Source : STATEC, EUROSTAT (pour le Luxembourg)

16.0

15.0

11.6

11.0

13.4

9.1

68.2

59.1

59.9

64.5

57.0

64.3

13.6

22.5

20.2

14.6

18.6 21.2

0

20

40

60

80

100

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Femmes

Parfois

La plupart du temps

Toujours

28.6

18.3

10.6

9.7

15.2

13.0

56.1

59.3

62.8

63.2 65.2

61.1

10.1

19.4

19.8

20.2

12.3

19.1

0

20

40

60

80

100

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Hommes

Parfois

La plupart du temps

Toujours

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg) Niveau d’éducation faible = ISCED 0-2, niveau d’éducation moyen = ISCED 3-4 ; niveau d’éducation élevé = ISCED 5-6

6.6

7.1

7.6

7.1

7.6

7.9

6.9

7.2

7.6

7.3

7.67.8

6.7

7.0

7.4

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

Faible Moyen Elevé

Satisfaction avec la vie

UE-28 LU DE BE FR

7.1

7.57.7

8.08.1 8.1

7.0

7.3

7.7

7.4

7.77.8

6.9

7.27.2

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

Faible Moyen Elevé

Sens de la vie

UE-28 LU DE BE FR

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 181

Graphique 193: Évolution du score de satisfaction avec la vie selon le niveau d’éducation et l’âge au Luxembourg et dans les pays voisins, 2013

Des évolutions divergentes selon les pays si on prend en considération ensemble l’âge et le niveau d’éducation

En prenant en considération l’âge et le niveau d’éducation ensemble, l’évolution de la moyenne de l’UE-28 ne raconte qu’une partie de l’histoire. On a déjà dit que le score de satisfaction avec la vie diminue globalement jusqu’à la classe d’âge des 50-64 ans, puis se redresse chez les 65-74 avant de se tasser à nouveau pour les personnes âgées de 75 ans et plus. Dans l’UE-28, cette même évolution peut être retracée pour les trois niveaux d’éducation. Cependant en jetant un regard sur le Luxembourg et les pays voisins, on constate que l’évolution est loin d’être la même dans tous les pays. Au Luxembourg, par exemple, la diminution du score de satisfaction avec la vie avec l’âge concerne surtout les personnes ayant un niveau d’éducation élevé. Le redressement du score de

satisfaction avec la vie dans la classe d’âge des 65-74 ans concerne également surtout les personnes ayant un niveau d’éducation élevé. Pour les deux autres niveaux d’éducation, les variations sont peu importantes, avec l’exception de la baisse du score pour les personnes ayant un niveau d’éducation moyen entre la classe d’âge de 25-34 ans et celle de 35-49 ans. En Allemagne, l’évolution pour le niveau d’éducation inférieur se distingue de la moyenne de l’UE-28, les évolutions pour les deux niveaux d’éducation moyen et supérieur étant similaires à l’UE-28. Pour les personnes ayant un niveau d’éducation faible, le score de satisfaction avec la vie baisse, mais seulement entre les classes d’âge des 25-34 ans et les 35-49 ans. Ensuite, pour le niveau d’éducation faible, le score augmente légèrement chez les 50-64 ans, avant de connaitre une hausse très significative dans la classe d’âge des 65-74 ans. Le score passe de 6.4 (pour les 50-64 ans) à 7.2 (pour les 65-74 ans). Avec ce score, le niveau de satisfaction avec la vie des personnes ayant un niveau d’éducation faible se rapproche très fortement du niveau de satisfaction des personnes ayant des niveaux d’éducation moyen ou supérieur. Rappelons qu’il s’agit de l’âge où en est, respectivement on part, à la retraite. En Allemagne, dans la classe d’âge des 35-49 ans, l’écart de satisfaction avec la vie entre le niveau d’éducation inférieur et le niveau supérieur est de 1.3 points (6.3 contre 7.6). Dans la classe d’âge des 65-74 ans en Allemagne, l’écart est réduit à 0.5 points entre le niveau d’éducation inférieur (7.2) et supérieur (7.7). En Belgique, on note également une réduction très forte de l’écart de satisfaction avec la vie entre niveaux d’éducation et l’âge.

Au Luxembourg, les écarts résultant du niveau d’éducation sont faibles pour l’indicateur du “sens de la vie”

Pour la variable du “sens de la vie” (on demande aux gens s’ils pensent que ce qu’ils font “vaut la peine”), on a noté qu’il n’y a qu’un lien assez faible (en tout cas plus faible que pour la satisfaction avec la vie) avec le revenu. Cela vaut particulièrement pour le Luxembourg. Pour les écarts de niveau d’éducation les caractéristiques sont similaires. Pour les personnes ayant un niveau d’éducation dit “faible” (primaire ou secondaire inférieur), le score de la perception du “sens de la vie” est de 8.0 sur 10 au Luxembourg. Le score ne varie pratiquement pas en passant à 8.1 pour les personnes ayant un niveau d’éducation moyen ou élevé. En moyenne, dans l’UE-28, il y a un lien plus fort qu’au Luxembourg entre le niveau d’éducation et

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg) Niveau d’éducation faible = ISCED 0-2, niveau d’éducation moyen = ISCED 3-4 ; niveau d’éducation élevé = ISCED 5-6

6.26.46.66.87.07.27.47.67.88.08.2

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

UE-28

Faible Moyen Elevé

6.26.46.66.87.07.27.47.67.88.08.2

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Luxembourg

Faible Moyen Elevé

6.26.46.66.87.07.27.47.67.88.08.2

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Belgique

Faible Moyen Elevé

6.26.46.66.87.07.27.47.67.88.08.2

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Allemagne

Faible Moyen Elevé

6.26.46.66.87.07.27.47.67.88.08.2

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

France

Faible Moyen Elevé

6.26.46.66.87.07.27.47.67.88.08.2

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Pays-Bas

Faible Moyen Elevé

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 182

la perception du sens de la vie (mais tout-de-même un lien moins important que pour la satisfaction avec la vie). Le score pour la perception du sens de la vie dans l’UE-28 évolue de 7.1 sur 10 chez les personnes ayant un niveau d’éducation “faible” à 7.7 chez les personnes ayant un niveau d’éducation élevé; en Allemagne, le score évolue de 7.0 à 7.7 sur 10. En Belgique et en Allemagne, il y a également un accroissement de la perception du sens de la vie, mais cette évolution se situe surtout entre le niveau d’éducation faible et le niveau d’éducation moyen, alors que du niveau moyen au niveau supérieur la hausse du score est faible.

Graphique 194: Fréquence du sentiment de bonheur selon le niveau d’éducation au Luxembourg, 2013

Au Luxembourg, 82.1% des personnes ayant un niveau d’éducation élevé disent être toujours ou la plupart du temps heureuses, contre 71.8% des personnes ayant un niveau d’éducation faible

Pour le troisième indicateur du bien-être subjectif général, on retrouve les caractéristiques de l’indicateur de satisfaction avec la vie: plus le niveau d’éducation est élevé, plus la fréquence du sentiment de bonheur est élevée. Rappelons que l’on demande aux enquêtés s’ils ont été heureux au cours des 4 semaines précédant l’enquête 1. Toujours; 2. La plupart du temps; 3. Parfois; 4. Rarement; 4. Jamais. Ce n’est d’ailleurs pas dans la catégorie de la fréquence la plus élevée (“toujours heureux”) que la différence se fait mais dans la catégorie suivante du “la plupart du temps heureux”. En effet, la part des personnes qui disent avoir été toujours heureuses passe de 13.3% chez les personnes ayant un niveau d’éducation faible à 15.5% pour le niveau d’éducation

moyen. La part des personnes se disant “toujours” heureuses revient à 10.4% pour celles qui ont un niveau d’éducation élevé. En revanche, la part de ceux qui ont indiqué avait été heureux “la plupart du temps”, augmente fortement avec le niveau d’éducation: de 58.5% pour le niveau d’éducation “faible” à 59.1% pour le niveau d’éducation moyen et à 71.7% pour le niveau d’éducation élevé.

1.2 Les indicateurs de “satisfaction” dans différentes dimensions de la vie

À côté des variables concernant le “bien-être subjectif” général des personnes interrogées (satisfaction avec la vie, sens de la vie, fréquence du sentiment de bonheur), le module sur le bien-être contient également des variables sur la satisfaction dans divers domaines précis de la vie, à savoir:

• la satisfaction quant à la situation financière

• la satisfaction quant à l'emploi du temps

• la satisfaction quant à l'emploi

• la satisfaction avec la vie en général

• la satisfaction quant au temps de trajet domicile/travail

• la satisfaction quant au logement

• la satisfaction quant aux zones de loisirs et espaces verts

• la satisfaction quant au lieu de résidence (cadre de vie, c.-à-d. accès aux services)

• la satisfaction quant aux relations personnelles.1

La satisfaction avec la vie en général a déjà fait l’objet de commentaires détaillés. Dans ce qui suit, on mettra l’ensemble des variables concernant les domaines de la vie au Luxembourg en perspective en comparant les scores aux autres pays européens et en analysant les inégalités de satisfaction selon le revenu, le niveau d’éducation etc.

1 En ce qui concerne la formulation exacte des questions voir la partie du questionnaire EU-SILC consacrée au bien-être à la fin du présent chapitre.

Source : STATEC

13.3 15.5 10.4

58.5 59.1 71.7

19.7 18.914.9

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Faible Moyen Elevé

Toujours La plupart du temps Parfois

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 183

Graphique 195: Scores moyens de satisfaction dans divers domaines de la vie au Luxembourg, 2013

Au Luxembourg, les scores de satisfaction quant aux relations personnelles et quant au logement et à son environnement sont les plus élevés

Le score moyen de satisfaction quant aux relations personnelles (8.0 sur 10) est le plus élevé obtenu dans l’enquête. Viennent ensuite les scores de satisfaction quant au logement et son environnement. Pour le logement même, le score de satisfaction est de 7.8. Pour l’environnement du logement, les scores se situent au même niveau: 7.8 pour le lieu de résidence et 7.8 pour les zones de loisirs et les espaces verts. Suivent ensuite la satisfaction avec la vie en général (7.5) et la satisfaction avec l’emploi (également un score moyen de 7.5). En fin de tableau, on trouve le score de la satisfaction avec l’emploi du temps (score moyen de 7.2 sur 10) et finalement le score moyen de satisfaction avec la situation financière.

Graphique 196: Scores moyens de satisfaction dans divers domaines de la vie au Luxembourg dans la comparaison avec les pays ayant le score le plus faible, le score le plus élevé et l’UE-28 dans son ensemble, 2013

Les scores du Luxembourg pour l’ensemble des indicateurs de satisfaction se situent en-dessous de celui des pays les mieux placés, mais au-dessus de la moyenne de l’UE-28. La distance par rapport aux pays les moins bien placés est très importante pour certaines variables. D’une manière générale, tous les scores de satisfaction avec les divers aspects de la vie au Luxembourg se positionnent dans le premier tiers des pays européen, sauf le score de satisfaction avec les relations personnelles (même si, en valeur absolue, la note pour cet indicateur est la plus élevée de tous les indicateurs de satisfaction au Luxembourg).

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

6.9

7.2

7.5

7.5

7.7

7.8

7.8

7.8

8.0

0 2 4 6 8 10

Satisfaction quant à la situationfinancière

Satisfaction quant à l'emploi du temps

Satisfaction quant à l'emploi

Satisfaction avec la vie en général

Satisfaction quant au temps de trajetdomicile/travail

Satisfaction quant au logement

Satisfaction quant aux zones de loisirs etespaces verts

Satisfaction quant au lieu de résidence

Satisfaction quant aux relationspersonnelles

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

3.0

5.0

7.0

9.0

Satisfactionquant à lasituation…

Satisfactionquant aulogement

Satisfactionquant à l'emploi

Satisfactionquant au temps

de trajet…Satisfaction

quant à l'emploidu temps

Satisfaction dansla vie en général

Satisfactionquant aux zonesde loisirs et…

Satisfactionquant au lieu de

résidence

Satisfactionquant auxrelations…

pays avec le score le plus faible UE-28

LU pays avec score le plus élevé

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 184

Tableau 59: Scores moyens de satisfaction dans divers domaines de la vie dans les pays européens, 2013

Pour ce dernier indicateur concernant les relations personnelles (il s’agit d’ailleurs d’un des seuls indicateurs qui n’est pas lié directement ou indirectement à des conditions de vie matérielles), avec la note moyenne de 8.0 sur 10, le Luxembourg se place seulement en milieu de tableau. D’ailleurs, il y a de nombreux pays de l’Est de l’Europe qui dépassent le Luxembourg sur ce terrain, alors que pour les autres indicateurs ce n’est pas le cas. À titre d’exemple, pour la note moyenne de satisfaction avec les relations personnelles, le Luxembourg (8.0 sur 10) est dépassée par la République tchèque (8.1), la Lettonie (8.1), la Serbie (8.2) et la Slovénie (8.3).

Pour l’ensemble des indicateurs, c’est la Bulgarie qui est le pays le moins bien placé (sauf pour l’indicateur “satisfaction avec le lieu de résidence” pour lequel la Serbie est le pays européen avec le score le plus faible). La Grèce et l’Espagne s’intercalent très souvent en fin de classement entre les pays de l’Est européen. À titre d’exemple, le score moyen pour la satisfaction avec la situation financière est de 3.7 sur 10 en Bulgarie, 4.0 en Serbie, puis viennent la Grèce avec

4.3, le Portugal avec 4.5, la Croatie (4.6) et la Lettonie (5.0). Pour l’indicateur de satisfaction avec la situation financière c’est en Suisse que le score est le plus élevé (7.6). Les pays nordiques se trouvent pratiquement tous en tête de peloton pour la variable de satisfaction avec la situation financière, mais c’est en fait le cas pour tous les indicateurs de satisfaction avec les divers aspects de la vie pris en compte ici. À noter que la Suisse se trouve également à l’avant du peloton (et souvent en 1ère place) pour pratiquement tous les indicateurs, tout comme l’Autriche qui se place régulièrement dans le premier tiers des pays européens et même à la première place pour la satisfaction avec le lieu de résidence.

La position du Luxembourg pour les divers indicateurs de satisfaction apparaît également dans le Graphique reprenant les écarts des scores du Grand-Duché avec les pays les moins bien placés, les pays les mieux placés et par rapport à la moyenne de l’UE-28.

BG 3.7 BG 6.0 BG 6.0 BG 5.9 BG 5.7 BG 4.8 BG 5.2 SR 5.0 BG 5.7SR 4.0 SR 6.2 SR 6.0 EL 6.5 EL 6.1 SR 4.9 SR 5.4 BG 5.2 EL 7.0EL 4.3 EL 6.6 EL 6.1 MT 6.6 SR 6.2 EL 6.2 HR 5.8 IT 6.0 HR 7.3PT 4.5 LV 6.6 DE 6.9 SR 6.7 HU 6.3 CY 6.2 EL 5.9 CY 6.0 IT 7.3HR 4.6 HU 6.8 ES 6.9 IT 7.0 IT 6.4 HU 6.2 CY 5.9 EL 6.2 EE 7.6LV 5.0 HR 6.9 HR 7.0 ES 7.1 DE 6.5 PT 6.2 PT 6.0 HR 6.3 HU 7.6CY 5.2 EE 7.1 IT 7.0 HU 7.1 PT 6.5 HR 6.3 IT 6.1 PT 6.3 RO 7.6HU 5.2 IT 7.2 PT 7.0 HR 7.2 ES 6.6 EE 6.5 HU 6.2 HU 6.5 BE 7.7EE 5.4 ES 7.3 UK 7.0 LV 7.2 HR 6.6 LV 6.5 ES 6.6 EE 6.8 UE-28 7.8IE 5.5 PT 7.3 UE-28 7.1 RO 7.2 MT 6.6 IT 6.7 MT 6.6 SK 6.9 DE 7.8SK 5.5 LT 7.4 HU 7.1 CY 7.3 UE-28 6.7 LT 6.7 SK 6.8 MT 7.1 ES 7.8SI 5.6 PL 7.4 RO 7.1 SK 7.3 CZ 6.7 CZ 6.9 EE 7.0 ES 7.2 FR 7.8IT 5.7 RO 7.4 IE 7.2 UE-28 7.4 EE 6.7 ES 6.9 RO 7.0 LV 7.2 PT 7.9PL 5.7 UE-28 7.5 FR 7.2 EE 7.4 CY 6.7 FR 7.0 UE-28 7.1 UE-28 7.3 SK 7.9ES 5.8 DE 7.5 CY 7.2 CZ 7.5 LT 6.8 SI 7.0 FR 7.2 RO 7.4 CY 8.0LT 5.8 FR 7.5 SK 7.2 DE 7.5 PL 6.8 SK 7.0 BE 7.3 CZ 7.5 LT 8.0UE-28 6.0 SI 7.6 EE 7.3 FR 7.5 SI 6.8 UE-28 7.1 LT 7.4 IS 7.5 LU 8.0CZ 6.0 SK 7.6 LV 7.3 PL 7.5 IE 6.9 MT 7.1 CZ 7.5 BE 7.6 PL 8.0MT 6.0 CZ 7.7 PL 7.3 PT 7.5 FR 6.9 RO 7.2 IE 7.5 FR 7.6 CZ 8.1RO 6.2 CY 7.7 SI 7.3 UK 7.5 RO 6.9 DE 7.3 LV 7.5 PL 7.6 LV 8.1UK 6.2 BE 7.8 CZ 7.4 BE 7.6 SK 6.9 PL 7.3 PL 7.5 DE 7.7 IS 8.1DE 6.3 LU 7.8 BE 7.5 LT 7.7 UK 6.9 UK 7.3 DE 7.6 SI 7.7 NL 8.2FR 6.4 MT 7.9 LT 7.5 LU 7.7 CH 7.0 IE 7.4 UK 7.6 SE 7.7 SR 8.2IS 6.4 UK 7.9 LU 7.5 SI 7.8 BE 7.1 LU 7.5 LU 7.8 LT 7.8 SI 8.3BE 6.9 IE 8.0 MT 7.5 SE 7.9 LV 7.1 BE 7.6 SI 7.9 LU 7.8 FI 8.3LU 6.9 NO 8.0 NL 7.7 IE 8.0 LU 7.2 NL 7.8 IS 8.0 FI 7.8 SE 8.3AT 7.0 NL 8.1 SE 7.7 NL 8.0 NO 7.2 AT 7.8 NL 8.1 UK 7.8 UK 8.3NL 7.4 IS 8.1 CH 7.9 AT 8.0 AT 7.3 IS 7.9 DK 8.3 CH 7.9 MT 8.4FI 7.5 SE 8.2 AT 8.0 FI 8.2 SE 7.3 NO 7.9 AT 8.3 IE 8.0 NO 8.4NO 7.5 DK 8.3 IS 8.0 IS 8.2 IS 7.4 DK 8.0 FI 8.3 NL 8.0 DK 8.5DK 7.6 AT 8.3 NO 8.0 NO 8.2 NL 7.5 FI 8.0 SE 8.4 DK 8.2 AT 8.5SE 7.6 FI 8.4 DK 8.1 CH 8.2 FI 7.7 SE 8.0 CH 8.4 NO 8.3 IE 8.6CH 7.6 CH 8.4 FI 8.1 DK 8.3 DK 7.8 CH 8.0 NO 8.5 AT 8.4 CH 8.7

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg) N.B. : Echelle de 1 à10

Satisfaction quant aux zones de loisirs et

espaces vertsSatisfaction quant au

lieu de résidence

Satisfaction quant aux relations personnelles

Satisfaction quant à la situation financière

Satisfaction quant au logement

Satisfaction quant à l'emploi

Satisfaction quant au temps de trajet domicile/ travail

Satisfaction quant à l'emploi du temps

Satisfaction dans la vie en général

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 185

Si la note moyenne de satisfaction avec la situation financière est relativement faible au Luxembourg (6.9 sur 10), l’écart par rapport au pays le moins bien placé (3.7 en Bulgarie) est cependant très important (+3.2 points pour le Luxembourg)

L’écart du Luxembourg par rapport aux scores des pays les mieux placés est assez réduit et se situe dans tous les cas entre -0.5 et -0.7 point. Comparé aux pays les moins bien placés, l’écart - positif pour le Luxembourg - est beaucoup plus consistant. On a vu que le score moyen de satisfaction avec la situation financière au Luxembourg (6.9 sur 10) est le score de satisfaction le plus bas parmi l’ensemble des indicateurs de satisfaction. C’est cependant également le cas dans les autres pays européens. En réalité, le Luxembourg est assez bien placé en la matière. L’écart du Luxembourg par rapport au pays le plus mal placé en termes de satisfaction avec la situation financière est de 3.2 points soit l’écart le plus important sur l’ensemble des indicateurs par rapport au pays le moins bien placé (la Bulgarie où le score de satisfaction moyen avec la situation financière est de 3.7 sur 10).

L’écart du Luxembourg par rapport au pays le moins bien placé est relativement faible pour les questions liées à l’emploi, au logement et à l’emploi du temps

Tout comme pour la satisfaction avec la situation financière, l’écart par rapport aux pays les moins bien placés est également important pour la satisfaction avec le lieu de résidence (+2.8 points pour le Luxembourg), la satisfaction avec la vie en général (+2.7), la satisfaction quant zones de loisirs et espaces verts (+2.6 points) et la satisfaction quant aux relations personnelles (2.3).

En revanche, l’écart du Luxembourg par rapport aux pays les moins bien situés est relativement faible pour la satisfaction quant au logement (+1.8 point par rapport au pays le moins bien situé), la satisfaction quant au temps de trajet domicile/travail (+1.8), la satisfaction quant à l’emploi (+1.5), la satisfaction quant à l’emploi du temps (+1.5).

Les scores moyens qu’on a commenté jusqu’ici ne donnent qu’une vue très partielle sur la question du bien-être subjectif. Il convient en effet de se demander quelle est la distribution de la satisfaction dans les différents domaines de la vie. On va successivement traiter des différences d’âge, de genre, de niveau d’éducation, de revenu et de lieu de résidence (selon la densité de peuplement).

Graphique 197: Écarts des scores moyens de satisfaction dans divers domaines de la vie au Luxembourg dans la comparaison avec les pays ayant le score le plus faible, les pays ayant le score le plus élevé et l’UE-28 dans son ensemble, 2013

Au Luxembourg, les personnes âgées sont plus satisfaites de leur situation financière, de leur logement et de leur emploi du temps que les classes d’âge moyen et que les jeunes

Les graphiques radars pour le Luxembourg et l’UE-28 dans son ensemble concernant les indicateurs de satisfaction selon l’âge font apparaître quelques informations intéressantes. On constate notamment que le score des personnes âgées de 75 ans et plus dépasse celui des plus jeunes pour la satisfaction quant à la situation financière. La note de satisfaction avec la situation financière est de 7.7 sur 10 pour les 75 et plus au Luxembourg, contre 6.9 pour les 16-24 ans et 6.7 pour les 35-49 ans, soit un écart de 1 point entre les personnes âgées et les personnes d’âge moyen.

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg) Note de lecture : le score moyen de satisfaction quant à l’emploi est de 7.5 au Luxembourg ; en Bulgarie, pays le moins bien placé, le score est de 6.0, d’où un écart de 1.5 point

0.9

0.3

0.4

0.3

0.5

0.4

0.7

0.5

0.2

3.2

1.8

1.5

1.8

1.5

2.7

2.6

2.8

2.3

-0.7

-0.6

-0.6

-0.6

-0.6

-0.5

-0.7

-0.6

-0.7

-1.0 0.0 1.0 2.0 3.0 4.0

Satisfaction quant à la situationfinancière

Satisfaction quant au logement

Satisfaction quant à l'emploi

Satisfaction quant au temps detrajet domicile/travail

Satisfaction quant à l'emploi dutemps

Satisfaction dans la vie en général

Satisfaction quant aux zones deloisirs et espaces verts

Satisfaction quant au lieu derésidence

Satisfaction quant aux relationspersonnelles

écart LU - pays avec le score le plus élevé

écart LU - pays avec le score le plus faible

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 186

Graphique 198: Scores moyens de satisfaction dans divers domaines de la vie selon 3 catégories d’âge au Luxembourg et dans l’UE-28, 2013

Dans l’UE-28 dans son ensemble, l’écart est beaucoup plus faible: la satisfaction avec la situation financière atteint le score de 6.3 chez les 75 ans et plus, contre 6.2 chez les 16-24 ans et 5.9 sur 10 chez les 25-49 ans, soit un écart de 0.4 point entre les personnes âgées et les personnes d’âge moyen dans l’UE-28. En jetant un regard sur le Graphique 198, on note d’ailleurs qu’au Luxembourg, contrairement à l’UE-28, la satisfaction avec le logement augmente dans la classe d’âge des 75 ans et plus par rapport aux 65-74 ans.

Un autre indicateur de satisfaction qui est beaucoup plus favorable au Luxembourg chez les personnes âgées que chez les personnes d’âge moyen est la satisfaction avec le logement. Pour les personnes de 75 et plus la note moyenne de satisfaction avec le logement est de 8.5 sur 10 au Grand-Duché, contre 7.9 chez les jeunes de 16 à 24 ans et 7.7 chez les personnes de 35 à 49 ans. L’écart entre les personnes âgées et les personnes d’âge moyen (35-49 ans) est donc de 0.8 point. Dans l’UE-28, le score moyen de la satisfaction avec le logement est globalement plus faible au Grand-Duché, mais l’écart entre personnes âgées et personnes d’âge moyen est également plus réduit qu’au Luxembourg. Dans la classe d’âge des 75 ans et plus, le score de satisfaction avec le logement est de 7.8 sur 10 dans l’UE-28, contre 7.5 chez les 16-24 ans et 7.4 chez les 35-49 ans. L’écart de satisfaction quant au logement entre les personnes âgées (75 ans et plus) et les personnes d’âge moyen (35-49 ans) est donc de 0.4 point dans l’UE-28, contre

0.8 point au Luxembourg, rappelons-le. Comme pour la variable de satisfaction avec la situation financière, la satisfaction avec le logement augmente d’ailleurs au Luxembourg dans la classe d’âge de 75 ans dans la comparaison avec les 65-74. Ce n’est pas le cas dans l’UE-28.

Graphique 199: Écarts des scores de satisfaction des personnes âgées de 75 et plus par rapport aux personnes d’âge moyen (35-49 ans) dans divers domaines de la vie au Luxembourg et dans l’UE-28 dans son ensemble, 2013

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

5.05.56.06.57.07.58.08.5

Satisfactionquant à lasituationfinancière

Satisfactionquant aulogement

Satisfactionquant à l'emploi

du temps

Satisfactiondans la vie en

général

Satisfactionquant aux zonesde loisirs etespaces verts

Satisfactionquant au lieu de

résidence

Satisfactionquant auxrelations

personnelles

Luxembourg

De 16 à 24 ans De 35 à 49 ans 75 ans ou plus

5.05.56.06.57.07.58.08.5

Satisfaction quant àla situationfinancière

Satisfaction quantau logement

Satisfaction quant àl'emploi du temps

Satisfaction dans lavie en général

Satisfaction quantaux zones de loisirset espaces verts

Satisfaction quantau lieu de résidence

Satisfaction quantaux relationspersonnelles

UE-28

De 16 à 24 ans De 35 à 49 ans 75 ans ou plus

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

1.0

0.8

1.6

-0.1

0.2

-0.2

0.4

0.4

0.4

1.3

-0.2

0.2

0.1

0.1

-1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0

Satisfaction quant à la situationfinancière

Satisfaction quant au logement

Satisfaction quant à l'emploi du temps

Satisfaction dans la vie en général

Satisfaction quant aux zones de loisirset espaces verts

Satisfaction quant au lieu de résidence

Satisfaction quant aux relationspersonnelles

UE-28 - Ecart 75+ par rapport à 35-49Luxembourg - Ecart 75+ par rapport à 35-49

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 187

Finalement, un dernier indicateur de satisfaction qui est particulièrement favorable aux personnes âgées (d’ailleurs tant au Luxembourg que dans l’UE-28 dans son ensemble) est celui quant à l’emploi du temps. Il est d’ailleurs assez logique que le score pour cette variable augmente avec l’âge étant donné que les gens partent à la retraite ou sont à la retraite aux âges plus élevés. Au Luxembourg, la satisfaction avec l’emploi du temps dans la classe d’âge des 75 ans et plus atteint la note de 8.2 sur 10, alors que pour les 16-24 ans, le score est de 7.6 et pour les personnes âgées de 35-49 (c’est-à-dire en grande partie des personnes en activité), la note n’est que de 6.6 sur 10, soit un écart conséquent de 1.6 point entre les personnes âgées et les personnes d’âge moyen. Dans l’UE-28, on passe d’une note de 7.2 sur 10 chez les jeunes de 16 à 24 ans, à 6.2 chez les personnes de 35 à 49 ans, pour remonter ensuite à 7.5 sur 10 chez les personnes âgées de 75 ans et plus, soit un écart de 1.3 point entre les classes d’âge moyen et élevé. Comme pour les deux indicateurs précédents, le score de satisfaction avec l’emploi du temps augmente d’ailleurs au Luxembourg de la classe d’âge des 65 à 74 ans à celle de 75 ans et plus. Dans l’UE-28, il y a, en revanche, une très légère diminution entre ces deux classes d’âge.

Comment interpréter ces résultats particulièrement favorables aux personnes âgées au Luxembourg pour ces trois variables (satisfaction avec la situation financière, satisfaction avec le logement, satisfaction avec l’emploi du temps). Il est probable que c’est le niveau de vie élevé (résultant du niveau des pensions) des personnes âgées (en moyenne) qui explique cette caractéristique. En effet, la satisfaction avec la situation financière et le logement sont clairement liées aux conditions matérielles dans lesquelles vivent les personnes âgées. À première vue, l’emploi du temps semble moins lié aux conditions de vie matérielles. Néanmoins, il est clair que les revenus à disposition des personnes âgées permettent généralement une organisation satisfaisante de cet emploi du temps (loisirs, voyages, etc.).

Des tendances moins claires d’évolution selon l’âge pour les autres indicateurs de satisfaction

Dans les graphiques radars (voir Graphique 198), il apparaît déjà que les écarts entre classes d’âge sont relativement limités – au Luxembourg comme dans l’UE-28 en moyenne - pour les variables de la satisfaction avec le lieu de résidence (-0.2 point de la classe d’âge des 35-49 ans à celle des 75 ans et plus au Luxembourg et +0.1 point dans l’UE-28) et la satisfaction avec les zones de loisirs et les espaces verts (+0.2 au Luxembourg et dans l’UE-28 entre la classe d’âge des 35-49 ans et celle des 75 ans et plus).

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

188 Cahier économique 120

Graphique 200: Scores de satisfaction dans diverses dimensions de la vie au Luxembourg et dans l’UE-28 selon l’âge, 2013

N.B. En ce qui concerne la satisfaction quant au temps de trajet domicile/travail et la satisfaction avec l’emploi, le nombre d’observations est trop faible au Luxembourg à partir de la classe d’âge des 65 ans et plus.

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

9.0

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Satisfaction quant à la situation financière

Luxembourg UE-28

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

9.0

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Satisfaction quant au logement

Luxembourg UE-28

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

9.0

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Satisfaction quant à l'emploi du temps

Luxembourg UE-28

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

9.0

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Satisfaction quant à la vie en général

Luxembourg UE-28

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

9.0

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Satisfaction quant aux zones de loisirs et aux espaces verts

Luxembourg UE-28

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

9.0

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Satisfaction quant au lieu de résidence

Luxembourg UE-28

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

9.0

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Satisfaction quant au temps de trajet domicile/travail

Luxembourg UE-28

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

9.0

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Satisfaction quant à l'emploi

Luxembourg UE-28

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

7.5

8.0

8.5

9.0

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Satisfaction quant aux relations personnelles

Luxembourg UE-28

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 189

Concernant la satisfaction avec les relations personnelles, au Luxembourg, le score des personnes âgées de 75 ans et plus se situe légèrement en-dessous de celui des jeunes de 16 à 24 ans, mais largement au-dessus du score de la classe d’âge moyen de 35 à 49 ans.

Au Grand-Duché, la note de satisfaction avec les relations personnelles est de 8.2 pour les 75 ans et plus et de 7.8 pour les 35-49 ans, soit un écart non-négligeable de +0.4 point en faveur des personnes âgées. À noter qu’entre la classe d’âge de 65-74 ans et celle des 75 ans et plus, la satisfaction avec les relations personnelles reste stable au Luxembourg, alors que dans l’UE-28 entre les deux mêmes classes d’âge elle recule. Dans l’UE-28, le score de satisfaction quant aux relations personnelles est de 7.8 sur 10 chez les 75 ans et plus et de 7.7 pour la classe d’âge des 35-49 ans, soit un écart très réduit de 0.1 point entre ces deux classes d’âge.

Finalement, en ce qui concerne la satisfaction avec l’emploi, le nombre d’observations est trop faible au Luxembourg à partir de la classe d’âge des 65 ans et plus. La satisfaction avec l’emploi au Grand-Duché a plutôt tendance à diminuer de la classe d’âge des 16-24 ans (7.9 sur 10) à celle des 25-34 ans (7.4), puis à se stabiliser. Dans l’UE-28 en moyenne le niveau de satisfaction est plus faible qu’au Luxembourg et le score de satisfaction avec le travail varie peu selon l’âge (de 7.2 à 7.1). La note de satisfaction avec le

temps de trajet domicile-travail est également globalement plus élevée au Luxembourg que dans l’UE-28, mais la variation selon l’âge est également assez limitée. Le score diminue légèrement au Grand-Duché en passant de 7.8 sur 10 chez les 16-24 ans à 7.6 chez les 25-34 ans, puis remonte à 7.8 chez les 35-49 ans et à 7.9 chez les 50-64 ans.

En ce qui concerne la satisfaction avec la vie en général, on a déjà vu plus haut qu’en tendance celle-ci diminue avec l’âge, cela d’ailleurs aussi bien au Luxembourg que dans l’UE-28. Toutefois, dans la classe d’âge des 65-74 ans (l’âge de la retraite), la satisfaction avec la vie en général connaît un sursaut avant de se réorienter à la baisse.

Les scores des hommes et des femmes sont très proches pour l’ensemble des indicateurs de satisfaction, mais il y a quelques écarts si on considère les classes d’âge séparément

Globalement, les scores des hommes et des femmes sont très proches pour l’ensemble des indicateurs de satisfaction, mais en ce qui concerne la situation financière, le score de satisfaction des hommes âgés de 75 ans et plus (8.0 sur 10) est significativement plus élevé que celui des femmes du même âge (7.4) soit un écart de 0.6 point. Chez les personnes âgées de 75 ans et plus, ce sont d’ailleurs les hommes qui sont globalement un peu plus satisfaits dans la plupart des dimensions de la vie.

Graphique 201: Scores de satisfaction dans diverses dimensions de la vie au Luxembourg selon l’âge et le sexe, 2013

Source : STATEC

5.56.06.57.07.58.08.59.0

Satisfactionquant à lasituationfinancière

Satisfactionquant aulogement

Satisfactionquant à

l'emploi dutemps

Satisfactiondans la vie en

général

Satisfactionquant auxzones deloisirs et

espaces verts

Satisfactionquant au lieude résidence

Satisfactionquant auxrelations

personnelles

16-24 ans

Femmes De 16 à 24 ans Hommes De 16 à 24 ans

5.56.06.57.07.58.08.59.0

Satisfactionquant à lasituationfinancière

Satisfactionquant aulogement

Satisfactionquant à

l'emploi dutemps

Satisfactiondans la vie en

général

Satisfactionquant auxzones deloisirs et

espaces verts

Satisfactionquant au lieude résidence

Satisfactionquant auxrelations

personnelles

35-49 ans

Femmes De 35 à 49 ans Hommes De 35 à 49 ans

5.56.06.57.07.58.08.59.0

Satisfactionquant à lasituationfinancière

Satisfactionquant aulogement

Satisfactionquant à l'emploi

du temps

Satisfaction dansla vie en général

Satisfactionquant aux zonesde loisirs etespaces verts

Satisfactionquant au lieu de

résidence

Satisfactionquant auxrelations

personnelles

75 ans et plus

Femmes 75 ans ou plus Hommes 75 ans ou plus

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

190 Cahier économique 120

À titre d’exemple, pour la satisfaction avec les zones de loisirs et espaces verts, le score de satisfaction est de 8.2 pour les hommes âgés de 75 ans et de 7.9 pour les femmes du même âge. Pour la satisfaction avec la vie en général, la note moyenne des hommes de 75 ans et plus est de 7.4, alors qu’elle n’atteint que 7.1 pour les femmes de cet âge. Dans la classe d’âge des 35-49 ans, ce sont les femmes qui sont légèrement mieux placés que les hommes pour l’ensemble des dimensions de satisfaction avec la vie. L’écart se situe à 0.2 ou 0.3 point (sur 10) en faveur des femmes selon les dimensions. Pour les plus jeunes enquêtés (16-24

ans), ce sont en revanche plutôt les hommes qui sont mieux placés que les femmes. Pour la satisfaction avec les relations personnelles, la satisfaction avec la situation financière, la satisfaction avec le logement et la satisfaction avec la vie en général, les scores des hommes et des femmes sont très proches ou identiques. Pour la satisfaction avec l’emploi du temps et la satisfaction avec le cadre de vie (lieu de résidence) et les zones de loisirs et espaces verts, les scores des hommes de 16-24 ans sont cependant plus élevés que les scores des femmes.

Graphique 202: Scores moyens de satisfaction dans divers domaines de la vie au Luxembourg selon 3 classes de revenu au Luxembourg et dans l’UE-28, 2013

Graphique 203: Scores moyens de satisfaction dans divers domaines de la vie au Luxembourg selon 3 niveaux d’éducation au Luxembourg et dans l’UE-28, 2013

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg) N.B. : Q1 = 1er quintile des revenus (revenus les plus faibles); Q3 = 3ème quintile des

revenus ; Q5 = 5ème quintile des revenus

4.05.06.07.08.09.0

Satisfactionquant à lasituation…

Satisfactionquant aulogement

Satisfactionquant àl'emploi

Satisfactionquant au temps

de trajet…Satisfactionquant à

l'emploi du…

Satisfactiondans la vie en

général

Satisfactionquant auxzones de…

Satisfactionquant au lieude résidence

Satisfactionquant auxrelations…

Luxembourg

Q1 Q3 Q5

4.05.06.07.08.09.0

Satisfaction quant àla situationfinancière

Satisfaction quantau logement

Satisfaction quant àl'emploi

Satisfaction quantau temps de trajetdomicile/travail

Satisfaction quant àl'emploi du temps

Satisfaction dans lavie en général

Satisfaction quantaux zones de loisirset espaces verts

Satisfaction quantau lieu de résidence

Satisfaction quantaux relationspersonnelles

UE-28

Q1 Q3 Q5

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg) N.B : niveaux d’éducation = niveaux CITE (classification internationale type de l’éducation)

5.05.56.06.57.07.58.0

Satisfaction quant à lasituation financière

Satisfaction quant aulogement

Satisfaction quant àl'emploi

Satisfaction quant autemps de trajet…

Satisfaction quant àl'emploi du temps

Satisfaction dans la vieen général

Satisfaction quant auxzones de loisirs et…

Satisfaction quant aulieu de résidence

Satisfaction quant auxrelations personnelles

Luxembourg

Education préprimaire, enseignement primaire et secondaire de premier cycle (niveaux 0-2)

Enseignement secondaire de deuxième cycle et post-secondaire non-supérieur (niveaux 3-4)

Enseignement supérieur de premier et deuxième cycles (niveaux 5-6)

5.05.56.06.57.07.58.0

Satisfaction quant à lasituation financière

Satisfaction quant aulogement

Satisfaction quant àl'emploi

Satisfaction quant autemps de trajetdomicile/travail

Satisfaction quant àl'emploi du temps

Satisfaction dans la vieen général

Satisfaction quant auxzones de loisirs etespaces verts

Satisfaction quant aulieu de résidence

Satisfaction quant auxrelations personnelles

UE-28

Education préprimaire, enseignement primaire et secondaire de premier cycle (niveaux 0-2)Enseignement secondaire de deuxième cycle et post-secondaire non-supérieur (niveaux3-4)Enseignement supérieur de premier et deuxième cycles (niveaux 5-6)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 191

Les inégalités de satisfaction sont particulièrement sensibles dans la dimension financière, dans la dimension du logement et pour la satisfaction avec la vie en général

On peut recourir principalement à deux variables pour analyser les inégalités en termes de bien-être subjectif: le revenu et le niveau d’éducation.

Dans les graphiques radars, afin qu’ils restent lisibles, on s’est limité à présenter les données pour 3 classes de revenu: le premier quintile des revenus (les 20% des personnes vivant avec les revenus les plus faibles), le 3ème quintile (donc le milieu de la distribution) et le 5ème quintile (les 20% des personnes les plus aisés). Dans toutes les dimensions, il y a un lien entre la satisfaction déclarée par les enquêtés et le niveau de leurs revenus. Globalement, plus le revenu est élevé, plus la satisfaction est élevée. C’est logiquement dans deux dimensions directement liées aux conditions de vie matérielles, c’est-à-dire en matière de satisfaction avec la situation financière et en matière de logement, que l’écart selon les revenus est le plus important. Au Luxembourg, dans le premier quintile des revenus le score moyen de satisfaction quant à la situation financière est de 5.3 sur 10, alors qu’il atteint 8.2 dans le quintile des revenus les plus élevés, soit un écart très important de 2.9 points.

Dans l’UE-28 en moyenne, c’est également par rapport à la situation financière que l’écart de satisfaction selon le revenu est le plus important. On passe d’un score de 4.7 dans le premier quintile à 7.3 dans le cinquième quintile (soit un écart de 2.6 points).

La satisfaction quant au logement au Luxembourg atteint la note de 6.9 sur 10 dans le 1er quintile des revenus et passe à 8.4 en haut de la distribution des revenus (5ème quintile), soit un écart de 1.5 point. Dans l’UE-28, la différence quant à la satisfaction avec le logement est également importante: dans le 1er quintile des revenus le score de satisfaction avec le logement est de 6.8 sur 10 (c’est-à-dire très près du score du Luxembourg dans ce quintile); dans le cinquième quintile, le score est de 8.0 (alors qu’au Luxembourg, dans le haut de la distribution, le score est beaucoup plus élevé avec 8.4 sur 10). Dans l’UE-28, l’écart en matière de satisfaction avec le logement est donc de 1.2 point entre le bas et le haut de la distribution des revenus.

Graphique 204: Écarts des scores de satisfaction selon le revenu dans divers domaines de la vie au Luxembourg et dans l’UE-28 dans son ensemble, 2013

Finalement, le troisième indicateur de satisfaction pour lequel l’écart entre le haut et le bas de l’échelle des revenus est assez important est la variable “satisfaction avec la vie en général”. Au Luxembourg, pour les 20% des personnes qui ont les revenus les plus bas, la note moyenne de satisfaction avec la vie en général est de 6.7, contre 8.1 pour le quintile des revenus les plus élevés. Dans l’UE-28, on est à 6.3 sur 10 dans le 1er quintile et à 7.7 dans le 5ème quintile, soit un écart de 1.4 point, comme au Luxembourg.

Pour tous les autres indicateurs de satisfaction, l’écart entre les personnes les moins bien loties et celles qui sont les mieux loties se situe en-dessous de 1 point. On note cependant que, pour certains indicateurs, les écarts au Luxemburg sont plus élevés que dans l’UE-28. À titre d’exemple, la satisfaction avec le temps de trajet domicile/travail au Luxembourg atteint le score de 7.4 sur 10 dans le 1er quintile et 8.1 dans le dernier quintile des revenus, soit un écart de 0.7 point. Dans l’UE-28, le score de satisfaction avec le temps de trajet domicile/travail est de 7.2 dans le 1er quintile. Le score n’augmente que très peu dans les classes de revenu supérieures (7.4 dans le 5ème quintile), soit un écart de seulement 0.2 point entre le haut de l’échelle des revenus et le bas de cette échelle.

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

2.9

1.5

0.5

0.7

0.5

1.4

0.9

0.4

0.6

2.6

1.2

0.8

0.2

0.3

1.4

0.7

0.8

0.7

0 1 2 3 4

Satisfaction quant à lasituation financière

Satisfaction quant aulogement

Satisfaction quant àl'emploi

Satisfaction quant autemps de trajetdomicile/travail

Satisfaction quant àl'emploi du temps

Satisfaction dans la vieen général

Satisfaction quant auxzones de loisirs etespaces verts

Satisfaction quant aulieu de résidence

Satisfaction quant auxrelations personnelles

UE-28 - Ecart Q5-Q1 Luxembourg - Ecart Q5-Q1

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 192

Les inégalités de satisfaction avec le cadre de vie et les inégalités de satisfaction avec l’emploi sont plus faibles au Luxembourg que dans l’UE-28 en moyenne

Il y a quelques indicateurs pour lesquels les inégalités de satisfaction sont plus importantes dans l’UE-28 qu’au Luxembourg. Ainsi, l’indicateur de satisfaction avec le lieu de résidence (c’est-à-dire le cadre de vie) passe de 7.6 sur 10 dans le 1er quintile des revenus au Luxembourg à 8.0 dans le quintile supérieur, soit un écart de +0.4 point.

Dans l’UE-28 dans son ensemble, l’écart entre le bas de la distribution des revenus et le haut de celle-ci atteint le double (0.8 point) de l’écart du Luxembourg (0.4). En effet, pour le 1er quintile des revenus, le score de satisfaction quant au lieu de résidence est de 6.8 sur 10 dans l’UE-28, mais il s’accroît à 7.6 dans le 5ème quintile.

Finalement les inégalités sont également plus élevées dans l’UE-28 qu’au Luxembourg dans le domaine de la satisfaction avec l’emploi. Dans l’UE-28, le score de satisfaction quant au travail est de 6.6 sur 10 dans le quintile inférieur, mais de 7.4 dans le quintile supérieur; ce qui correspond à un écart de 0.8 point. Au Luxembourg, la satisfaction avec le travail est de 7.2 dans le quintile inférieur des revenus, c’est-à-dire largement supérieur à la satisfaction avec le travail dans ce même quintile dans l’UE-28 (score de 6.6 dans cette classe de revenus). Au Grand-Duché, la satisfaction avec le travail atteint la note de 7.7 sur 10. L’écart de satisfaction quant au travail entre les personnes à revenu faible (1er quintile) et à revenu élevé (5e quintile) est donc de seulement 0.5 point au Luxembourg (contre 0.8 dans l’UE-28, rappelons-le).

Dans l’ensemble des dimensions, mais plus particulièrement dans la dimension financière, les personnes vivant dans des ménages constitués de deux adultes ont les scores de satisfaction les plus favorables

Les ménages de deux adultes peuvent être constitués notamment par des jeunes couples qui n’ont pas encore d’enfants ou encore par des personnes âgées dont les enfants ont déjà quitté le ménage. Or, d’un côté, il y a des dimensions où les niveaux de satisfaction des jeunes sont élevés comme on l’a vu plus haut (lieu de résidence, relations personnelles, satisfaction avec la vie en général) et, de l’autre côté, des dimensions où les niveaux de satisfaction des personnes âgées sont élevés (satisfaction avec la situation financière, satisfaction avec le logement, avec l’emploi du temps). Il n’est donc pas étonnant qu’en moyenne les ménages de deux adultes sont plutôt satisfaits dans l’ensemble des dimensions de la vie.

C’est pour la situation financière que le degré de satisfaction des personnes vivant dans des ménages de deux adultes dépasse largement celui des autres types de ménage: le score de satisfaction est de 7.3 sur 10 pour les personnes vivant dans ce type de ménage, contre 6.8 pour les personnes vivant seules, 6.7 pour les ménages avec enfants dépendants et 7.0 pour les ménages sans enfants dépendants.

Dans les autres dimensions, la satisfaction des ménages de deux adultes est généralement supérieure à celle des autres types de ménages, mais l’écart est moins important que pour la dimension financière.

Graphique 205: Scores moyens de satisfaction dans divers domaines de la vie au Luxembourg selon 4 types de ménages au Luxembourg et dans l’UE-28, 2013

Source: EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

5.56.06.57.07.58.08.5

Satisfaction quant àla situationfinancière

Satisfaction quant aulogement

Satisfaction quant àl'emploi

Satisfaction quant autemps de trajetdomicile/travail

Satisfaction quant àl'emploi du temps

Satisfaction dans lavie en général

Satisfaction quantaux zones de loisirset espaces verts

Satisfaction quant aulieu de résidence

Satisfaction quantaux relationspersonnelles

Luxembourg

Personne seuleDeux adultesMénages sans enfants dépendantsMénages avec enfants dépendants

5.56.06.57.07.58.08.5

Satisfaction quant à lasituation financière

Satisfaction quant aulogement

Satisfaction quant àl'emploi

Satisfaction quant autemps de trajetdomicile/travail

Satisfaction quant àl'emploi du temps

Satisfaction dans la vieen général

Satisfaction quant auxzones de loisirs etespaces verts

Satisfaction quant aulieu de résidence

Satisfaction quant auxrelations personnelles

UE-28

Personne seuleDeux adultesMénages sans enfants dépendantsMénages avec enfants dépendants

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Cahier économique 120 193

Les ménages avec enfants sont moins satisfaits que les autres types de ménages avec leur situation financière, avec leur emploi du temps, ainsi que le temps de trajet domicile-travail que les autres types de ménages

En considérant les écarts entre les scores de satisfaction des ménages avec enfants, d’une part, et les scores des ménages sans enfants et les ménages des personnes vivant seules, on décèle 4 dimensions pour lesquelles la satisfaction des ménages avec enfants est plus faible et 2 dimensions où le score de satisfaction de ces ménages est plus élevé (à des degrés divers). Dans 3 autres dimensions les écarts sont pratiquement nuls.

Au Luxembourg, la dimension pour laquelle les ménages avec enfants sont beaucoup moins satisfaits que les autres types de ménages est celle de leur emploi du temps. Cette caractéristique est liée aux horaires souvent contraignants (des parents et des enfants) qui ne permettent pas toujours de concilier de façon positive la vie familiale et la vie professionnelle. Le score de satisfaction avec leur emploi du temps des personnes qui vivent dans des ménages avec enfants est de 6.8 sur 10. La note atteint de 7.4 à 7.6 pour les autres types de ménages. L’écart de satisfaction des personnes vivant dans des ménages avec enfants par rapport aux ménages de personnes vivant seules est de -0.6 point. Il est de -0.7 point par rapport aux personnes vivant dans des ménages avec enfants.

Une autre dimension dans laquelle la satisfaction est plus faible pour les personnes vivant dans les ménages avec enfants est celle de la situation financière. C’est surtout par rapport aux ménages sans enfants et par rapport aux ménages de deux adultes que la différence est sensible. Le score de satisfaction avec la situation financière des personnes vivant dans des ménages avec enfants est de 6.7 sur 10 au Luxembourg. Ce score est très proche de celui des personnes vivant seules (6.8), mais il est dépassé de façon substantielle par le score des ménages de deux adultes (7.3) et des ménages sans enfants (7.0).

La satisfaction avec le logement semble également un peu moins développée pour les ménages avec enfants que pour les autres types de ménages au Luxembourg. Le score de satisfaction est de 7.7 sur 10 pour ces ménages avec enfants. Pour les personnes seules, la note est comparable avec 7.8. Le score est de 7.9 pour les ménages sans enfants et il atteint 8.0 pour les ménages de deux adultes.

Enfin, les ménages avec enfants sont moins satisfaits du temps de trajet domicile-travail. Le score est de 7.6 sur 10 pour les personnes vivant dans ce type de ménage, contre 7.9 pour les autres types de ménages. Cela peut être lié à plusieurs phénomènes: d’une part les parents doivent parfois faire des “détours” pour amener les enfants à l’école ou à la crèche et d’autre part, les parents avec enfants vivent souvent dans des régions assez éloignées des zones d’emploi (comme l’agglomération de la capitale).

En revanche, la satisfaction avec la vie en général est plus élevée pour les ménages avec enfants

Le score de satisfaction avec la vie en général est le plus faible pour les personnes vivant seules avec 7.1 sur 10 au Luxembourg. La note atteint 7.4 pour les ménages sans enfants et 7.6 pour les ménages avec enfants, comme pour les ménages de deux adultes. Il y a donc un écart de +0.5 point en faveur des ménages avec enfants par rapport aux personnes vivant seules et un écart de +0.2 point par rapport aux ménages sans enfants.

Le score de satisfaction quant aux zones de loisirs et espaces verts est également plus élevé pour les ménages avec enfants au Luxembourg (7.9 sur 10) que pour les personnes vivant seules (7.6) et les ménages sans enfants (7.8)

Finalement, pour les indicateurs “satisfaction quant aux relations personnelles”, “satisfaction avec le lieu de résidence” (cadre de vie) et “satisfaction avec l’emploi” les différences de satisfaction entre types de ménages sont peu importantes.

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Cahier économique 120 194

Graphique 206: Écarts des scores de satisfaction selon les types de ménages dans divers domaines de la vie au Luxembourg, 2013

Graphique 207: Scores moyens de satisfaction dans divers domaines de la vie selon la densité de population au Luxembourg et dans l’UE-28, 2013

Source: STATEC

-0.1

-0.1

0.0

-0.3

-0.6

0.5

0.3

0.1

0.1

-0.3

-0.2

0.0

-0.3

-0.7

0.2

0.1

0.0

0.0

-0.8 -0.6 -0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4 0.6

Satisfaction quant à la situationfinancière

Satisfaction quant au logement

Satisfaction quant à l'emploi

Satisfaction quant au temps de trajetdomicile/travail

Satisfaction quant à l'emploi du temps

Satisfaction dans la vie en général

Satisfaction quant aux zones de loisirset espaces verts

Satisfaction quant au lieu de résidence

Satisfaction quant aux relationspersonnelles

Luxembourg - Ecart entre ménages avec enfants dépendants et ménages sansenfants dépendants

Luxembourg - Ecart entre ménages avec enfants dépendants et personnesvivant seules

Source: EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

5.0

6.0

7.0

8.0

9.0

Satisfaction quantà la situationfinancière

Satisfaction quantau logement

Satisfaction quantà l'emploi

Satisfaction quantau temps de trajetdomicile/travail

Satisfaction quantà l'emploi du

temps

Satisfaction dansla vie en général

Satisfaction quantaux zones de

loisirs et espacesverts

Satisfaction quantau lieu derésidence

Satisfaction quantaux relationspersonnelles

Luxembourg

Zone densément peuplée

Zone urbanisée intermédiaire

Zone faiblement peuplée

5.0

6.0

7.0

8.0

9.0

Satisfaction quantà la situationfinancière

Satisfaction quantau logement

Satisfaction quantà l'emploi

Satisfaction quantau temps de trajetdomicile/travail

Satisfaction quantà l'emploi du

temps

Satisfaction dansla vie en général

Satisfaction quantaux zones de

loisirs et espacesverts

Satisfaction quantau lieu derésidence

Satisfaction quantaux relationspersonnelles

UE-28

Zone densément peuplée

Zone urbanisée intermédiaire

Zone faiblement peuplée

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Cahier économique 120 195

Par ailleurs, on retrouve les mêmes caractéristiques dans l’UE-28 prise dans son ensemble, même si dans toutes les dimensions le niveau de satisfaction est plus faible qu’au Luxembourg. C’est notamment dans le domaine de la satisfaction avec la situation financière que le niveau est beaucoup plus faible qu’au Grand-Duché et cela pour l’ensemble des types de ménages. On constate néanmoins qu’à l’instar du Luxembourg le niveau de satisfaction avec l’emploi du temps des ménages avec enfants est beaucoup plus faible que pour les autres types de ménages. Par ailleurs, comme au Luxembourg, le niveau de satisfaction avec la situation financière dans l’UE-28 est plus faible pour les ménages avec enfants que pour les ménages sans enfants et pour les ménages de deux adultes.

C’est dans les zones “faiblement peuplées”1, c’est-à-dire en dehors de la Ville de Luxembourg (“densément peuplée”) et en dehors de la périphérie de la capitale et des agglomérations du Sud du pays que, dans la plupart des domaines de vie, le niveau de satisfaction est le plus élevé

Logiquement, c’est dans le domaine de la satisfaction avec les zones de loisirs et espaces verts que l’écart entre les zones faiblement peuplées et les zones densément peuplées est le plus important.

Le score de satisfaction quant aux zones de loisirs et espaces verts atteint la valeur très élevée de 8.3 sur 10 dans les zones faiblement peuplées au Luxembourg. Dans les zones densément peuplées la note est de seulement 7.6, soit un écart de 0.7 point en défaveur des zones urbanisées (c’est-à-dire en fait la Ville de Luxembourg qui est la seule zone définie comme densément peuplée au Luxembourg). On retrouve cette caractéristique dans l’UE-28 prise dans son ensemble.

1 Zone urbaine ou densément peuplée = grappe (cluster) de cellules adjacentes de 1 km2 avec une densité de la population dépassant les 1 500 habitants par km2 et une population minimum de 50000 habitants. Seule la Ville de Luxembourg fait partie de cette catégorie. Zone urbanisée intermédiaire = grappe (cluster) de cellules adjacentes de 1 km2 avec une densité de la population dépassant les 300 habitants par km2 et une population minimum de 5000 habitants. Font partie de ce cluster, les communes périphériques de la Ville de Luxembourg (Strassen, Bertrange, Hesperange, Walferdange), les deux grandes communes du centre du pays (Ettelbruck, Diekirch) et les communes du Sud du pays (Bettembourg, Differdange, Dudelange, Esch-sur-Alzette. Kayl, Pétange, Rumelange, Sanem, Schifflange). Zone rurale (zone faiblement peuplée) = toutes les autres communes du pays

Graphique 208: Écarts des scores de satisfaction dans divers domaines de la vie selon la densité de population au Luxembourg et dans l’UE-28, 2013

Au total, 7 des 9 indicateurs de satisfaction au Luxembourg sont plus favorables dans les zones faiblement peuplées (rurales). Evidemment cette caractéristique n’est pas ou peu liée à l’environnement naturel (sauf pour l’indicateur concernant les espaces verts …), mais plutôt à la composition de la population et à ses caractéristiques socio-économiques.

Le score de satisfaction avec la vie en général est de 7.7 sur 10 dans les zones faiblement peuplées au Luxembourg, contre 7.3 dans les zones densément peuplées (un écart de 0.4 point en défaveur des zones densément peuplées, c’est-à-dire la Ville de Luxembourg).

La note de satisfaction quant au logement est de 8.0 sur 10 dans les zones faiblement peuplées du Luxembourg, contre 7.6 dans les zones urbanisées (-0.4 point d’écart entre les zones urbanisées et les zones rurales).

Au Grand-Duché, c’est seulement pour deux indicateurs – satisfaction quant au temps de trajet domicile/travail et satisfaction quant au lieu de résidence (c’est-à-dire au cadre de vie) – que les

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

-0.3

-0.4

-0.3

0.4

-0.6

-0.4

-0.7

0.3

-0.3

0.2

-0.1

0.0

-0.1

-0.1

0.0

-0.5

-0.1

0.0

-0.8 -0.6 -0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4 0.6

Satisfaction quant à la situationfinancière

Satisfaction quant au logement

Satisfaction quant à l'emploi

Satisfaction quant au temps detrajet domicile/travail

Satisfaction quant à l'emploi dutemps

Satisfaction dans la vie en général

Satisfaction quant aux zones deloisirs et espaces verts

Satisfaction quant au lieu derésidence

Satisfaction quant aux relationspersonnelles

UE-28 - Ecart zone densément peuplée - zone faiblement peuplée

Luxembourg - Ecart zone densément peuplée - zone faiblement peuplée

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Cahier économique 120 196

scores de satisfaction sont plus élevés dans la Ville de Luxembourg (zone densément peuplée) que dans les zones faiblement peuplées. Cela résulte du fait que le plus grand bassin de l’emploi se situe dans et à la périphérie immédiate de la Ville de Luxembourg et que les temps de déplacement du domicile au travail sont donc plus courts. Le score de satisfaction quant au temps de trajet entre le domicile et le travail est de 8.2 sur 10 dans la Ville de Luxembourg et de seulement 7.8 pour les personnes vivant dans les zones rurales du Grand-Duché. Ajoutons que dans l’UE-28, la situation est inversée: la satisfaction quant au temps de déplacement domicile/travail atteint le score de 7.3 dans les zones densément peuplées de l’UE-28, contre 7.4 dans les zones faiblement peuplées. Il est vrai que les zones densément peuplées

correspondent souvent à des mégalopoles dans d’autres pays que le Luxembourg et les déplacements y sont souvent difficiles et lents. À noter que la question du temps de trajet entre le domicile et le travail se pose avec beaucoup plus d’acuité pour les travailleurs frontaliers ayant un emploi au Luxembourg. L’enquête se limite cependant aux résidents.

En ce qui concerne le lieu de résidence, c’est-à-dire le cadre de vie, c’est la facilité d’accès aux services, aux magasins, aux transports qui contribue à expliquer que le score de satisfaction dans ce domaine est plus élevé dans la Ville de Luxembourg. Le score y atteint 8.0 sur 10, contre 7.7 dans les communes rurales.

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Annexe: Questionnaire du module ad hoc EU-SILC 2013 sur le bien-être

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1.3 La confiance dans les institutions publiques et la confiance envers autrui

1.3.1 Un cadre conceptuel

À côté des questions liées au bien-être subjectif proprement dit (satisfaction avec divers aspects de la vie, sens de la vie, fréquence du sentiment de bonheur) qui ont été traitées dans les deux premiers chapitres, le module de l’enquête EU-SILC 2013 sur le bien-être contient également des questions sur la confiance dans les institutions et la confiance envers autrui. Quels sont les liens entre la confiance (“trust”) et le bien-être ?

La confiance dans les institutions: une question de légitimité qui rend possible des interactions efficaces entre les gouvernants et les citoyens

L’OCDE donne la définition suivante de la confiance en général: “Trust is broadly understood as holding a positive perception about the actions of an individual or an organisation. While trust may be based on actual experience, it is for the most part a subjective phenomenon, reflected in the eyes of the beholder”1. Il s’agirait donc d’un phénomène subjectif qui attribue (plutôt) un contenu positif aux actions d’un individu ou d’une organisation.

Comment définir la confiance dans les institutions en particulier? Là encore la definition donnée par l’OCDE paraît judicieuse: “Trust in government represents the confidence of citizens and businesses in the actions of governments to do what is right and perceived as fair. Most importantly the legitimacy of governments is built on being trusted by their citizens, as trust is mainly an enabler of fluent and effective interactions between governments and citizens”.2

En d’autres mots, la légitimité des institutions publiques, mais également des institutions politiques (comme le gouvernement) est basée sur la confiance des citoyens. Sans cette légitimité, basée sur l’équité (“fairness”), respectivement la perception d’une telle équité, le rôle de médiation qu’incarnent un certain nombre d’institutions publiques est rendu difficile et parfois même impossible. La confiance envers les institutions a un impact direct sur les interactions

1 OCDE, Government at a glance, Paris, 2015 2 Idem.

entre ces institutions et les citoyens et un impact indirect sur le développement global de la société.

Il y a d’ailleurs un lien de va-et-vient entre la confiance dans les institutions et le fonctionnement de ces institutions: “Core levels of trust in government are necessary for the fair and effective functioning of government institutions – such as adherence to the rule of law, or the delivery of basic public services and the provision of infrastructure. The rule of law and independent judiciary are particularly important as their proper functioning is a key driver of trust in government …”.3 4

Par ailleurs, la confiance dans le gouvernement peut contribuer à améliorer la conformité du comportement des citoyens et de l’économie avec les règles et règlements et à réduire leur coût de mise en œuvre. L’imposition et la propension - volontaire - des citoyens de payer l’impôt est une de ces réglementations qui repose sur la confiance, comme le note l’OCDE: “ Rules an regulations are never perfect or complete enough to eliminate abuse. Their effectiveness depends on the extent to which people see them as fair and legitimate enough to outweigh the benefits of non-compliance. This is particularly important for regulations where de gap between the cost of compliance and personal benefits is large and where control is more difficult. Taxation is an example of the first, while traffic regulations are am example of the second. Trust in the regulator can lead to higher voluntary compliance”.5

D’après certains auteurs, la confiance dans les institutions a également un impact sur le développement économique en facilitant les prises de décision (mobilité, investissement, consommation …) qui peuvent contribuer à la croissance économique.

La confiance dans les institutions (et envers autrui) est encore plus importante en situation de crise. Des catastrophes naturelles, une crise économique ou des tensions politiques (les deux derniers phénomènes pouvant d’ailleurs être liés) en appellent à la capacité du gouvernement de gérer ces situations. L’absence de

3 OCDE, Government at a glance, Paris, 2013, p. 22 4 Voir également à ce sujet: Knack, S., Zak P.J., Building trust: public policy, interpersonal trust, and economic development, in. Supreme Court Review, N° 10, pp. 91-107 5 OCDE, Government at a glance, Paris, 2013, p. 22; voir également à ce sujet: Murphy K. The role of trust in nurturing compliance: A study of accused tax avoiders, in: Law and Human Behavior, Vol. 28 (2), pp. 187-2009

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confiance dans le gouvernement peut empêcher des réponses rapides. Concernant la crise économique récente, l’OCDE note: “ … the current economic crisis may reveal dimensions of trust that were not evident in the gradual evolution of countries in the years that preceded it”.1 On va revenir plus loin sur les effets éventuels de la crise économique sur la confiance dans les institutions sur la base des données de l’Eurobaromètre et, accessoirement sur les données de Gallup publiées par l’OCDE.

Par ailleurs, si la confiance dans les institutions est lente à se mettre en place, elle peut rapidement être perdue, ce qui peut induire des coûts pour le gouvernement: “While trust takes time to be established, it can be lost quickly. It is not sufficient to discuss the impact of trust in government on the performance of government, the economy and society, it is also necessary to describe what might happen if there is an increasing distrust in government. This might lead to less willingness on the part of citizens (and businesses) to obey the law, to make sacrifices during crises or to pay taxes. This could raise costs for government – resulting in declining efficiency – or erode revenues. Declining trust in government might also make it more difficult to attract and retain talent to work for government institutions”.2

Des pièges …

Des concepts aux questions dans les enquêtes

Se pose évidemment la question de la différenciation entre l’administration (une institution en principe “neutre”) et le pouvoir politique. Par exemple, en répondant à la question sur la confiance dans le gouvernement, les enquêtés visent-ils l’administration “gouvernementale” ou les politiciens qui forment le gouvernement sur la base d’un rapport de force politique au parlement.

Dans l’enquête récurrente Eurobaromètre, la problématique de la confiance dans les institutions se répartit en fait sur plusieurs questions: la confiance dans le gouvernement, mais également la confiance dans la Police, dans la Justice, dans les partis politiques, dans les média, dans l’Union européenne, dans les Nations Unies. On reviendra plus loin sur les résultats de l’Eurobaromètre.

1 OCDE, Government at a glance, Paris, 2013, p. 23 2 OCDE, Government at a glance, Paris, 2013, p. 23

En revanche, les questions posées dans le module 2013 de l’enquête EU-SILC sur la confiance dans les institutions concernent le “système politique” et le “système judiciaire” et non pas le “gouvernement” (“Dans quelle mesure, sur une échelle de 1 à 10, avez-vous confiance dans les institutions nationales suivantes 1. le système politique, 2. le système judiciaire, 3. La Police ?”). Cette question se place donc à un certain niveau d’abstraction, et si l’intention semble juste (éviter que les enquêtés se réfèrent à leurs préférences politiques ou au débat politique en cours), il n’est pas certain que cette distance sémantique se reflète dans les réponses.

Par ailleurs, une question comme “Avez-vous confiance dans le gouvernement” ne permet pas de faire apparaître les actions du gouvernement qui sont, respectivement pourraient être à l’origine de la hausse ou de la baisse de la confiance.

Des impacts “conjoncturels”

La mesure de la confiance se fait évidemment à un moment donné de l’évolution de l’économie et de la société, alors que les chercheurs ont souvent tendance à vouloir approcher leur thème de recherche de façon structurelle. Or, les perspectives économiques, tout comme les changements politiques (p.ex. les élections), mais également des catastrophes naturelles et des scandales publics (p.ex. la corruption) peuvent influencer les indicateurs de confiance dans les institutions.

Par ailleurs, les attentes des citoyens s’accroissent souvent plus vite que les réponses que les institutions sont à même de fournir, réduisant ainsi la confiance des citoyens dans les capacités des institutions (et notamment le gouvernement) à s’adapter rapidement à de nouvelles demandes.

La confiance envers autrui: un élément essentiel du “capital social”

Francis Fukuyama, définit la confiance envers autrui de la manière suivante: “Trust is the expectation that arises within a community of regular, honest, and cooperative behavior, based on commonly shared norms, on the part of other members of that community … Social capital is a capability that arises from the prevalence of trust in a society or in certain parts of it. It can be embodied in the smallest and most basic social group, the family, as well as the largest of all groups, the nation, and in all the other groups in

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between. Social capital differs from other forms of human capital insofar as it is usually created and transmitted through cultural mechanisms like religion, tradition, or historical habit.”1 Grosso modo, selon Fukuyama, ce seraient donc les comportements collaboratifs et honnêtes, eux-mêmes basés sur des normes partagées, qui seraient à l’origine du sentiment de confiance. Le capital social correspondrait à la capacité, émanant de cette confiance, d’améliorer les relations sociales.

Il y a bien évidemment bien d’autres définitions de la confiance envers autrui (confiance interpersonnelle)2 et du “capital social”. La “confiance” dans les autres est considérée par les uns comme étant à l’origine du capital social, par d’autres comme “identique”, c’est-à-dire synonyme du capital social, et par d’autres encore comme simple indicateur statistique de la notion de “capital social”. La discussion concernant le capital social (et son déclin supposé) est d’ailleurs née aux Etats-Unis où de nombreux chercheurs ont constaté un recul simultané de l’engagement civique, de la vie associative et de la confiance interpersonnelle. Il y a cependant deux “courants” importants en la matière. Certains auteurs relient le capital social plutôt à la “confiance interpersonnelle”, d’autres aux relations sociales et à l’engagement civique. La plupart des chercheurs sont d’ailleurs d’accord pour dire qu’il y a un lien entre relations sociales et la confiance, mais il n’y a pas unanimité concernant la direction de causalité.

1 Fukuyama, F. Trust: Social Virtues and the Creation of Prosperity, Simon and Schuster, 1996: 26.

2 En ce qui concerne le concept de confiance, respectivement de capital social, ainsi que les définitions, voir notamment les publications suivantes: P. Zahlen, La société civile luxembourgeoise à travers le prisme du capital social, in: forum, n° 207, 2001; P. Zahlen, Le “capital social”: le lubrifiant de l’action collective?, in: Rapport travail et cohésion sociale, Cahier économique n° 109, 2009, pp. 53-59; G. Schuller, Économie et confiance, in: Actes de la section des sciences morales et politiques de l’Institut grand-ducal, Vol. VIII, 2004; en ce qui concerne les débuts de la littérature internationale en la matière voir notamment: P. Dasgupta, I. Serageldin eds., Social capital: a multifaceted perspective, World Bank, Washington D.C., 1999; J. Sobel, Can we trust social capital, in: Journal of Economic Literature, Vol. XL (March 2002), pp. 139-154; P.Adler, Seok-Woo Kwon, Social Capital: The Good, the Bad, and the Ugly USC Marshall School of Business Working Paper Marshall Research Paper Series, January 2009 (http://www.researchgate.net/publication/228178746_Social_Capital_The_Good_the_Bad_and_the_Ugly )

On a vu que Fukuyama semble plutôt voir des origines socio-culturelles à la confiance envers les autres. En outre, la causalité irait plutôt de la “confiance” vers le capital social, respectivement la participation à la société (volontariat, engagement civique, etc.).

Les écrits d’Eric M. Uslaner vont également dans ce sens: “ Trust plays an important role in participation levels, but contrary to more traditional models, the causal relationship runs from trust to participation”.3 Dans un autre article Uslaner note: “American society has become disconnected, Robert Putnam has argued.. We have lost the sense of community that Tocqueville believed was central to American culture. We don’t trust each other as much as we used to. Trust in other people has fallen from 58 percent in 1960 to 35 percent in the mid-1990s. Our less trusting atmosphere has led us to recoil from civic life and social ties. We belong to fewer voluntary organizations, vote less often, volunteer less, and give a smaller share of our gross national product to charity. People who trust others are more likely to participate in almost all of these activities ...”.4

Un autre type d’approche du capital social, celle par les réseaux (respectivement les relations sociales), remonte notamment à Bourdieu qui dit: “Social capital is an attribute of an individual in a social context. One can acquire social capital through purposeful actions and can transform social capital into conventional economic gains. The ability to do so however depends on the nature of the social obligations, connections and networks available to you.”5 Ronald S. Burt, cité plus haut, se situe plutôt dans cette lignée.6

3 E.M. Uslaner, M. Brown, Inequality, trust and civic engagement, America Politics Research, American Politics Research November, 2005 vol. 33 no. 6, pp. 868-894; voir également: E.M. Uslaner, The moral foundations of trust Cambridge University Press, 2002 4 E.M. Uslaner, Social capital, television, and the "mean world": Trust, optimism, and civic participation, Political psychology, Vol. 19, n° 3 (Special issue: Psychological approaches of social capital), pp. 441-467 5 P. Bourdieu, Forms of capital, in: Handbook of Theory and Research for the Sociology of Education, John G. Richardson, ed., 1986, pp. 241-260 6 R. S.Burt, Structural holes: The social structure of competition, Cambridge, Harvard University Press, 1992; R.S. Burt, The network structure of social capital , in: Research in organizational behaviour, 22, Robert I. Sutton and Barry M. Staw (eds.), 2000

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Selon Robert Putnam, le capital social est défini comme suit: “Social capital” =“features of social life – networks, norms and trust – that facilitate cooperation and coordination for mutual benefit”.1 Pour cet auteur le capital social n’est donc pas un attribut personnel, mais un conglomérat de facteurs sociétaux. Putnam a popularisé le concept de capital social, notamment dans son livre “Bowling alone”.2 Sobel en donne un résumé concis et pertinent: “‘Bowling alone’ begins with a barrage of evidence that involvement in a group has been dropping in the United States over the last forty years. We are bowling alone and not in leagues. We are voting at lower rates. We belong to fewer clubs and participate in those we do belong to at lower rates. We are less likely to participate in organized religion. We are joining unions and professional organizations at lower rates. We are spending less time socializing. … We trust our neighbours less”.3

La notion de “confiance envers autrui”: encore des pièges

“Bonding and bridging”

On a vu que les statistiques concernant la confiance envers les institutions posent un certain nombre de questions auxquelles il n’y pas toujours des réponses univoques. C’est également vrai pour le concept de la “confiance envers autrui” (et le capital social). Tout d’abord, Robert Putnam fait lui-même la distinction entre un “bonding” et un “bridging” social capital. La première notion est synonyme de réseaux plus denses, alors que la deuxième notion renvoie plutôt à des réseaux plus larges, mais moins denses. Le “bridging social capital” pourrait d’ailleurs s’apparenter à la théorie des “structural holes” de Ronald S. Burt (un individu peut envisager des effets, notamment économiques, positifs en posant un pont entre deux réseaux autrement déconnectés, c’est-à-dire en enjambant les “structural holes”) ou encore à la “force” de ce que Granovetter appelle les “weak ties”.4 Ce serait en fait le “bridging social capital”, c’est-à-dire en fait les liens qui dépassent un cercle restreint de personnes formant un groupe relativement homogène qui aurait des effets positifs sur la vie en

1 R. Putnam, Democracy in America at century’s end, in: Democracy’s victory and crisis, Axel Hadenius, ed., 1997, p. 31 2 R. Putnam, Bowling alone: the collapse and revival of American community, 2000 3 J. Sobel, op. cit., p. 140 4 M. S. Granovetter, The strength of weak ties, American Journal of Sociology, Volume 78, Issue 6, 1973, pp. 1360-1380

société. Effectivement, on peut concevoir que des liens très forts – et un degré de confiance élevé – au sein d’un groupe peut être accompagné par une méfiance exacerbé par rapport aux membres d’un autre groupe. D’ailleurs, Uslaner et Brown estiment que l’engagement politique, qui va au-delà de l’engagement local, serait plutôt motivé par la méfiance que par la confiance: “ Political life is inherently confrontational. The goal of politics is to win, to defeat the opposition …Whereas civic engagement depends on trust, political action thrives on mistrust”.5 La confiance n’a donc pas nécessairement et de façon automatique des conséquences positives.

Causalités multiples et circularité du raisonnement: “tangled as well-tossed spaghetti”

Comme le dit J. Sobel, l’approche de Putnam dans le livre “Bowling alone” confond souvent la cause et l’effet. “The book often confuses cause and effect. The argument of the book appears to be that measurable declines in group activities cause bad outcomes. …. Treating decreases in trusting behaviour (as measured by survey responses as direct evidence for decreases in social capital comes close to equating social capital with good outcomes”.6 D’ailleurs la définition du capital social donnée par Putnam7 suggère effectivement que, pour cet auteur, le capital social équivaut aux “outcomes”, c’est-à-dire aux résultats. Cette approche peut conduire à des raisonnements circulaires; un groupe qui a du succès a réussi parce qu’il dispose d’un capital social élevé, mais le fait que le groupe a du capital social est également déjà son succès.8 Putnam lui-même est d’ailleurs conscient de ces questions de causalité: “The causal arrows among civic involvement, reciprocity, honesty, and social trust are as tangled as well-tossed spaghetti.”9

5 E.M. Uslaner, M. Brown, op. cit., p. 8; voir également à ce sujet M.E. Warren, Deliberative democracy and authority, American Political Science Review, 90, 1996, pp. 46-60 6 J. Sobel, op. cit, p. 140 7 Social capital = features of social life – networks, norms and trust – that facilitate cooperation and coordination for mutual benefit 8 Voir à ce sujet J. Sobel, op.cit., p. 146 ; A. Portes, Social capital: Its origins and applications in modern sociology, Annual review of Sociology, 24, 1998, pp. 1-24; S. Durlauf, The case ‘against’ social capital, Focus, 20, 1999 9 R. Putnam, Bowling alone: the collapse and revival of American community, 2000, p. 137

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En revanche, dans un texte paru en 1963, Almond et Verba ont argumenté pour un lien de causalité assez clair qui irait de la confiance à l’engagement civique: “In the United States and Britain, the belief that people are generally cooperative, trustworthy, and helpful is frequent, and it has political consequences. Belief in the benignity of one’s fellow citizen is directly related to one’s propensity to join with others in political activity”.1

Brehm et Rahn2 pensent que le lien de causalité qui va de l’engagement civique vers la confiance interpersonnelle serait beaucoup plus fort que le lien inverse entre attitudes coopératives (comme la confiance) et la participation (“Civic engagement and interpersonal trust are in a tight reciprocal relationship, where the connection is stronger from participation to interpersonal trust, rather than the reverse”). Dietlind Stolle estime également qu’il y a des causalités croisées entre confiance et engagement civique3. D’autres auteurs contestent radicalement que l’engagement civique aurait des conséquences bénéfiques sur la vie en société.4

En restant à un niveau “macro”, il est difficile de distinguer clairement les causes et les effets de la confiance. Certains économistes ont essayé de démêler les fils par des modélisations partant des caractéristiques individuelles des individus et du contexte social dans lequel ils vivent.

Alesina et Ferrara ont trouvé les déterminants suivants de la confiance5: “The strongest factors that reduce trust are: (i) a recent history of traumatic experiences, even though the passage of time reduces this effect

1 G. Almond, S. Verba, The civic culture, Princeton University Press, Princeton N.J., 1963 2 J. Brehm, W. Rahn, Individual level evidence for the causes and consequences of social capital, American Journal of Political Science, Vol. 41, No. 3 (Jul., 1997), pp. 999-1023 3 D. Stolle, Bowling Together, Bowling Alone: The Development of Generalized Trust in Voluntary Associations, Political Psychology, Vol. 19, No. 3, Special Issue: Psychological Approaches to Social Capital (Sep., 1998), pp. 497-525 4 J.E. Oliver dit par exemple: “Despite the popularity and appeal of Tocqueville’s and Putnam’s arguments, the notion that civic participation holds all sorts of benefits arises largely from the observations and speculations of political theorists” (Democracy in suburbia, Princeton University Press, Princeton N.J., 2001) 5 A. Alesina, E. La Ferrara , Who trusts others?, Journal of Public Economics 85 (2002), p. 209. Le texte paru dans le Journal of Public Economics est basé largement sur le document de travail: A. Alesina, E. La Ferrara, The Determinants of Trust, NBER Working Paper No. 7621, Issued in March 2000

fairly rapidly; (ii) belonging to a group that historically has been discriminated against, such as minorities (blacks in particular) and, to a lesser extent, women; (iii) being economically unsuccessful in terms of income and education; (iv) living in a racially mixed community and/or in one with a high degree of income disparity. We find instead that religious beliefs and ethnic origin do not significantly affect trust. The latter result may be an indication that the American melting pot at least up to a point works, in terms of homogenizing attitudes of different cultures, even though mistrust across racial lines is still quite high. Particularly interesting are the results on income and racial heterogeneity of the community. Our prior is that most individuals are less inclined to trust those who are different from themselves, because familiarity bread trust, as pointed out and discussed by Coleman (1990). Recent experimental results by Barr (1999) and Glaeser et al. (2000) point exactly in that direction. Alesina and La Ferrara (2000)6 show that in heterogeneous communities participation in groups that require direct contact among members is low; in particular, in racially heterogeneous communities the individuals who do not participate are those with the strongest views against racial mixing. In the present paper we find that individuals who dislike inter-racial contacts also trust others less, the more heterogeneous their community is. One should note that trust and participation in social activities are positively correlated, even though the results on participation and trust are far from identical. For instance, while — after controlling for other characteristics — blacks participate more in social and political activities, the same group trusts significantly less. Similar considerations apply to women. Also, Helliwell and Putnam (1999) find that while an increase in average education increases trust, it does not increase participation in the same way. The effect of social interactions on trust are likely to imply complementarities leading to a ‘two equilibria’ phenomenon. In the ‘good’ equilibrium (more likely to occur in homogeneous communities) individuals trust each other and for that reason more and more trust is built. In the ‘bad’ equilibrium (more likely to occur in heterogeneous communities) the low level of trust

6 Références: Coleman, J., Foundations of Social Theory. Harvard University Press, Cambridge MA., 1990; Barr, A., Familiarity and Trust: An Experimental Investigation. University of Oxford, CSAE

Working Paper 99–23,1999; Glaeser, E., Laibson, D., Scheinkman, J., Soutter, C., What is social capital? Quarterly Journal of

Economics, August 2000; Alesina, A., La Ferrara, E., 2000. Participation in heterogeneous communities, Quarterly Journal of Economics, August, pp. 847–904;

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reduces trust building opportunities even more.”

Les conclusions d’Alesina et de Ferrara ont le mérite de poser clairement la question de l’impact des inégalités, (en matière économique et en matière d’éducation) et des discriminations sur la confiance interpersonnelle. On va revenir plus sur l’impact des inégalités sur la confiance. Par ailleurs, les deux auteurs confirment ce qu’on peut penser intuitivement, à savoir que la confiance s’entretient elle-même dans des conditions de “bon équilibre” (plus probable, selon Alesina et La Ferrara dans le cadre de communautés homogènes). Par contre dans des conditions d’équilibre “mauvais” (plus probable dans les communautés hétérogènes), des niveaux de confiance faibles réduisent encore les opportunités de construire des relations de confiance.

L’impact positif du capital social, respectivement de la confiance interpersonnelle

Si la recherche concernant les déterminants ou les origines du capital social, respectivement de la confiance interpersonnelle, doit encore développée, en revanche il semble aujourd’hui hors de doute que le capital social a des impacts positifs

- sur le fonctionnement des institutions démocratiques1;

- sur le “bonheur personnel”2;

- sur l’optimisme et la tolérance3;

- sur la croissance économique4 et

- sur la stabilité démocratique5.

1 R. Putnam (with R. Leonardi and R. Nanetti), Making democracy work. Civic traditions in modern Italy, Princeton University Press, Princeton N.J., 1993; Newton K., Social capital and democracy in modern Europe, In: Social capital and democracy, Van Deth, J.W. et al., Princeton University Press, Princeton, 1999; Woolcock M., The place of social capital in understanding social and economic outcomes, ISUMA,- Canadian Journal of Policy Research, 2 (1), 2001, pp. 11-16 2 Helliwell J.F., How’s life? Combining individual and national variables to explain subjective well-being, NBER, Cambridge, Mass. 2002 3 Uslaner E., The moral foundations of trust, Cambridge University Press, New York, 2002 4 Knack S., Keefer P., Does social capital have an economic payoff ? A cross-country investigation, Quarterly Journal of Economics, 112 (49, 1997, pp. 1251-1288; Zak P., Knack S., Trust and growth, Economic Journal, 111 (470), 2001, pp. 295-321

Culture et/ou institutions ?

Globalement, des auteurs comme Fukuyama semblent plutôt voir un lien de causalité qui va de la “confiance” à la participation et à l’engagement civique. En supposant qu’il y ait un lien entre la capacité d’atteindre des relations de confiance et des résultats positifs pour une société (notamment en termes économiques), ce lien résulterait donc en quelque sorte d’un effet de “culture” profondément ancré dans la société. Fukuyama écrit au sujet du Japon6: “Networks based on reciprocal moral obligations have ramified throughout the Japanese economy because the degree of generalized trust possible among unrelated people is extraordinarily high … Something in the Japanese culture makes it very easy for one person to incur a reciprocal obligation to another and to maintain this obligation over extended periods of time”

D’ailleurs dans une publication de 1993 comparant le Nord et le Sud de l’Italie (et les différences de performance économique et sociale, notamment), Putnam et ses coauteurs, tout comme Fukuyama, semblent bien faire de cet ancrage culturel (dont feraient partie le civisme et la confiance, notamment) le lien fondamental avec la réussite économique et sociale.7 À noter toutefois que Putnam fonde ses écrits sur une approche assez éclectique où les déterminants socio-culturels et institutionnels se mélangent. Ainsi Putnam, dans son étude sur l’Italie relève également l’importance de l’organisation du Nord de l’Italie en “cités-Etats” qui auraient été à l’origine de l’organisation des réseaux sociaux horizontaux, eux-mêmes à la base de relations de confiance entre les citoyens.

Une autre approche plutôt culturelle est celle de La Porta et de ses coauteurs qui trouvent que la confiance a des effets positifs sur les grandes organisations, mais que cette confiance interpersonnelle est plus faible dans des pays où les religions (qui font partie du contexte culturel) très hiérarchisées (comme la religion catholique) sont

5 Inglehart R., Trust, well-being and democracy, in: Democracy & Trust, W. E. Warren (ed.), Cambridge University Press, New York, 1999 6 Fukuyama,op. cit, 1995, p. 205 7 R. Putnam (with Robert Leonardi and Rafaella Nanetti), Making democracy work. Civic traditions in modern Italy, Princeton University Press, Princeton N.J., 1993

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dominantes1: “Trust promotes cooperation, which is most important for large organizations. Data on government performance, participation in civic and professional societies, importance of large firms, and overall performance of different societies support this hypothesis. Lastly trust is lower in countries with dominant hierarchical religions, which may have deterred the formation of horizontal networks of cooperation between people. Despite economists’ scepticism, theories of trust hold up remarkably well when tested on a cross-section of countries”. La Porta et al. rejoignent ici en fait Putnam qui, dans sa recherche sur l’Italie, essaie de montrer que l’église catholique, en imposant une structure hiérarchique à la société, souvent en symbiose avec l’État, a découragé la création de réseaux sociaux horizontaux et avait un impact négatif sur la formation de la confiance au sein de la société.2 Ce serait d’ailleurs particulièrement au Sud de l’Italie que des régimes politiques autoritaires auraient contribué à ralentir la formation de capital social (c’est-à-dire la formation de réseaux horizontaux), alors que, dans le Nord de l’Italie les “Cités-États” auraient plutôt encouragé la création de ces réseaux horizontaux.

Cette dernière ligne d’interprétation pose évidemment la question du lien entre les institutions (et leur fonctionnement) et la confiance interpersonnelle.

L’OCDE construit un tel lien, mais cela plutôt sur des bases intuitives: “At a broad level, trust in government builds on two main components: 1) social trust, that represents citizens’ confidence in their social community; and 2) political trust, when citizens appraise government and its institutions. Political trust includes both macro-level trust, which is diffuse and system based, and institution-based trust. Civic engagement in the community and interpersonal trust have been shown to contribute to overall social trust (Putnam, 2000). This relationship, however, is not mechanical and may be affected by a number of contextual factors. For example, there are countries where people mistrust each other – social trust is low – and then rely on institutions to represent their interest (Aghion et al., 2010).3

1 R. La Porta, F. Lopez-de-Silane, A. Shleifer, R. W. Vishny, Trust in Large Organizations, NBER Working Paper No. 5864, 1996 2 R. Putnam et al., op. cit., 1993 3 OCDE, Government at a glance, Paris, 2013, p. 21; Référence: Aghion, P., Y. Algan, P. Cahuc and A. Shleifer (2010), Regulation and distrust, Quarterly Journal of Economics, Vol. 125(3), Oxford, pp. 1015-1049.

Selon l’OCDE, la confiance “politique” se baserait globalement sur une composante de confiance interpersonnelle au sein de la communauté (donc en fait ce que d’autres auteurs ont appelé le “capital social”) et sur une composante de “confiance politique”, sans que les causalités en soient manifestes. L’affirmation la plus intéressante des auteurs de l’OCDE est celle que les institutions peuvent servir en quelque sorte à remplacer la confiance interpersonnelle dans des pays où celle-ci est faible.

Malheureusement les fondements théoriques de cette approche institutionnelle de la confiance inter-personnelle sont moins développés que celle de l’approche culturelle évoquée plus haut. Néanmoins, pour Elinor Ostrom par exemple, le “capital social” est un attribut individuel, en même temps qu’un attribut des relations entre ces individus permettant de résoudre des problèmes d’action collective. Parmi les formes de capital social, Ostrom et Ahn énumèrent notamment les règles formelles et informelles des institutions: “Given the diversity of forms of physical and human capital, it is not surprising that we assume that there are multiple forms of social capital. We have selected three broad forms of social capital that are particularly important in the study of collective action: (1) trustworthiness, (2) networks, and (3) formal and informal rules of institutions. We view social capital as an attribute of individuals and of their relationships that enhances their ability to solve collective action problems … The various forms of social capital contribute to successful collective action, almost always by enhancing trust among the actors. In other words, we see trust as the core link between social capital and collective action. Trust is enhanced when individuals are trustworthy, are networked with one another in multiple ways, and are within institutions that facilitate the growth of trust…. Trust itself is not a form of social capital but an outcome of the forms of social capital and a key link between social capital and successful collective action. The existence of trust among a group of individuals can often be explained as a result of the presence of some configuration of the forms of social capital”.4

D’après Ostrom et Ahn, la confiance interpersonnelle (“trust”) constituerait le lien entre les formes de capital social et l’action collective. À noter que les diverses formes de capital social seraient la “fiabilité” 4 Ahn, T.K., Ostrom E, Introduction, in: Foundations of Social Capital: A Reader, Ahn, T.K., Ostrom E. eds.Cheltenham, U.K.: Edward Elgar Publishing Ltd., 2003

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(“trustworthiness”), les réseaux (“networks”) et les institutions. La fiabilité serait une condition nécessaire pour une économie et pour une démocratie qui fonctionnent, étant donné que les gens qui interagissent ne se connaissent pas nécessairement et ne font le plus souvent pas partie du même réseau: “The potential of modern market economies and democratic political orders makes it imperative for individuals to deal with others beyond the confines of intimate relations and close networks. The very condition for a successful market economy and democracy is that a vast number of people relate in a trustworthy manner when dealing with others - many of whom do not know another and cannot incorporate repeated interaction or a network - to achieve collective actions of various scales.”1 La fiabilité et la confiance sont donc les deux faces d’une même médaille qui est caractérisée par le principe de la réciprocité.

Schéma 1: Confiance, formes de capital social et lien avec l’action collective

n

Source: T.K. Ahn, E. Ostrom, The meaning of social capital and its link to collective action, Handbook of social capital. The troika of sociology, political science and economics (Research handbooks in business and management series), Edited by Gert Tinggaard Svendsen and Gunnar Svendsen, Edward Elgar, 2009, p. 24 (pp. 17-32)

En ce qui concerne les réseaux, Ostrom et Ahn, pensent qu’ils sont notamment nécessaires pour que les minorités puissent se développer: “When trustworthy individuals who are willing to cooperate with others constitute only a small minority of a society’s whole population, one condition for them to survive, prosper, and spread is to establish a network among them. … Dense social networks also encourage the development of reciprocity norms through the transmission of information across individuals about

1 Ahn T.K., Ostrom E., The meaning of social capital and its link to collective action, Handbook of social capital. The troika of sociology, political science and economics (Research handbooks in business and management series), Edited by Gert Tinggaard Svendsen and Gunnar Svendsen, Edward Elgar, 2009, pp. 17-32

who is trustworthy and who is not”2. Les effets bénéfiques des réseaux sociaux sont rarement contestés, mais la densité des réseaux peut aussi poser certains problèmes. Ainsi des réseaux mafieux peuvent souvent faire état d’un capital social abondant.3

Finalement, concernant les institutions, les chercheurs précités reconnaissent qu’elles peuvent, dans des régimes autoritaires par exemple, démolir les bases de la coopération sociale, mais les règles formelles (un “État de droit”, par exemple) constitueraient généralement un capital social valable pour toutes les sociétés: “Institutions are thus the rules of a game that people devise (North 1990). Rules are the results of human beings’ efforts to establish order and increase predictability of social outcomes. Rules can be used to increase the welfare of many individuals or, if collective-choice processes are controlled by a well-organized subgroup, to benefit that group more than others. … Many scholars (for example, Fuller 1981; Taylor 1982) have argued that legal rules and formal institutions are an ineffective means to solve collective-action problems, and sometimes might even undermine the very basis of social cooperation. This view is a valid criticism to Hobbesian tradition in which the state is regarded as the inevitable and omnipotent solution to the collective-action problem. We think that this criticism, however, should not be stretched so far as to deny the significant role of formal laws at national, regional, and local levels in sustaining and facilitating social cooperation. First of all, formal laws, or the characteristics of a political system broadly understood, can encourage or discourage individuals’ efforts to voluntarily solve their collective action problems. Though no authoritarian regime can completely demolish peoples’ will and ability to self-organize to deal with the problems they face on a daily basis, whether or not a regime explicitly allows and even encourages those activities makes a big difference for the fate of self-governance. Therefore, a rule of law, a democratic atmosphere, and a well-structured government (if these exist) are valuable social capital for any society”.4

2 Idem. 3 En ce qui concerne le capital social dommageable, voir Collier P., Social capital and poverty. A microeconomic perspective, in: C. Grootaert, T.Bastelaer, The Role of Social Capital in Development: An Empirical Assessment, Cambridge University Press, 2002, p. 34 4 Ahn T.K., Ostrom E., op. cit. , 2009, pp. 17-32; Références: North, D. C., Institutions, Institutional Change, and Economic Performance, New York: Cambridge University Press. 1990; Fuller L., The Problem of Social Order, Durham, NC: Duke

Trustworthiness

Networks

Institutions

Forms of social capital

Trust Collective action

Contextual variables

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Dans ce cas aussi se pose la question de la direction de la causalité. Est-ce que des institutions adaptées favorisent le développement de la confiance envers autrui, où est-ce que la confiance interpersonnelle favorise l’émergence et/ou le développement d’institutions efficientes ?

Bo Rothstein et Dietlind Stolle ont tenté de répondre à cette question. Les deux chercheurs distinguent d’abord les approches du capital social (et de la confiance interpersonnelle) centrées sur la société (“society-centered approach”) de l’approche centrée sur les institutions (“institution-centered approach”)1.

Selon l’approche centrée sur la société qu’on peut appeler “tocquevilienne” - des représentants en sont notamment Fukuyama et Putnam dont les travaux ont été évoqués plus haut -, la capacité d’une société de produire du capital social est déterminée par l’expérience (historique) d’une organisation sociale basée sur la participation ou l’engagement civiques (être membre d’une association formelle ou informelle, par exemple): “Following the tocquevillian tradition, formal and informal associations are seen as creators of social capital because of their socializing effects on democratic and cooperative values and norms”.2 Est-ce que la participation civique produit de la confiance interpersonnelle. Selon Rothsein et Stolle, il s’agit d’une approche biaisée par le fait qu’il s’agirait des conséquences d’une auto-sélection (“self-selection”). En d’autres mots, les personnes qui ont plus de confiance dans les autres participent également plus à la vie associative, mais cette participation ne va pas ajouter beaucoup à une prédisposition de confiance. La confiance se limitera plutôt au groupe au lieu de s’élargir vers l’ensemble de la société.: “People who – for some reason – score high on the social ability to trust and cooperate with others join voluntary disproportionaly. However, activity in such organizations does not add much in these desired traits, at least not for adults. Members become purely more trusting of their fellow members and they cooperate more for group purposes only. Thus the evidence that associational membership of adults

University Press1981; Taylor, M., Community, Anarchy, and Liberty, Cambridge: Cambridge University Press, 1982 1 Rothstein B., Stolle D., The State and Social Capital: An Institutional Theory of Generalized Trust, Comparative Politics, Vol. 40, No. 4 (Jul., 2008), pp. 441-459 2 Idem.

creates social capital that can be used in the wider society simply does not hold”.3

Le lien entre la confiance dans les institutions (politiques) et la confiance interpersonnelle

Les tenants de l’approche du capital social centrée sur les institutions (“institution-centered approach”) estiment que ces institutions publiques (légales et politiques, notamment) créent et influencent le développement du capital social: “As a response to the society-centered approach, the institution-centered accounts of social capital theory claim that for social capital to flourish it needs to be embedded in and linked to the political context as well as formal political and legal institutions. According to this group of scholars, government institutions and policies create, channel, and influence social capital”.4

D’après Rothstein et Stolle, on peut distinguer deux types d’arguments “institutionnels”: 1. une ligne d’arguments basée sur les attitudes; 2. une ligne d’arguments “institutionnelle structurelle”.

Le premier axe d’analyse basée sur les ”attitudes” s’intéresse au lien entre la confiance politique, respectivement institutionnelle, et la confiance envers autrui (confiance interpersonnelle). Peter A. Hall, dans un texte intéressant datant de 1999 sur l’évolution du capital social au Royaume-Uni, constate d’abord que la participation à des associations, mais également la “sociabilité informelle” – qui sont souvent utilisés comme indicateurs du capital social - n’ont pas reculé au Royaume-Uni, alors que la confiance envers autrui (“social trust”) et la confiance dans les institutions politiques (gouvernement et parlement) se sont tassées. Hall en conclut qu’une sociabilité dynamique n’empêche pas le développement de méfiance dans la politique, mais qu’il pourrait y avoir un lien entre le recul de la confiance interpersonnelle et la confiance politique.

“Given that levels of formal and informal sociability in Britain have remained relatively robust, the decline is puzzling from the perspective of theories of social capital. However, the data analysed for this study contain several clues to this puzzle. To begin with, associational life alone does not seem to maintain levels of political trust. Both the aggregate data, which suggest that political trust has declined while 3 Idem. 4 Idem.

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associational membership remains stable, and the individual level data point in this direction. Although membership in formal associations shows a statistically strong relationship to the political activism and attentiveness of individuals, by and large, it is not strongly correlated with their levels of political trust. However, political trust does seem to be closely associated with social trust. At the aggregate level, the two have fallen in tandem since 1959; and, at the individual level, the amount of political trust that an individual feels is strongly and significantly correlated with the amount of social trust he feels. This is logical: a lower willingness to trust others is likely to be associated with a lower willingness to trust public officials. Thus, it may be that the general decline in social trust has led to some erosion in political trust or vice versa or that a common set of factors has depressed both of them, although the precise lines of causation remain elusive. At a minimum, these findings confirm that an active associational life does not inoculate a society against political distrust; and they tend to suggest that patterns of sociability and feelings of social trust, while connected, may be only loosely coupled. Levels of social and political trust seem to respond to a range of factors beyond patterns of sociability, which may well include the performance of the government of the day”.1

On constate que Hall, s’il est assez affirmatif sur le lien entre la confiance politique et la confiance interpersonnelle, reste relativement évasif sur la direction de la causalité. Lipset et Schneider pensent que le lien de causalité va plutôt de la confiance interpersonnelle vers la confiance dans les institutions: “A general feeling of confidence in institutions seems to derive from a personal outlook of optimism, satisfaction and trust”.2 Ken Newton et Pippa Norris trouvent d’abord qu’au niveau individuel la correlation entre la confiance interpersonnelle et la confiance dans le gouvernement et ses institutions est assez faible, mais qu’à un niveau agrégé (au niveau des pays) le lien est très fort et que c’est la confiance sociale qui contribue à la construction d’institutions efficaces, ce qui, en retour, encouragerait de nouveau la confiance dans les institutions: “When we step back and look at a nation as a whole, the story is quite different. At this aggregate level, social trust and

1 Hall P. A., Social capital in Britain, British Journal of Political Science, 29, 1999, pp. 417–461

(http://sociology.sunimc.net/htmledit/uploadfile/system/20100506/20100506145743306.pdf ) 2 Lipset S.M., Schneider W., The confidence gap, the Free Press, New York, pp. 120 et s.; cité par Rothstein et Stolle, op. cit.

confidence in government and its institutions are strongly associated with each other. Social trust can help build effective social and political institutions, which can help governments perform effectively, and this in turn encourages confidence in civic institutions. Thus, … nations that enjoy a high level of social trust also tend to enjoy a relatively high level of confidence in political institutions. Conversely, countries with low levels of social trust are less likely to build the kind of vibrant civil society that spurs strong government performance, and the result will be low citizen confidence in government and public institutions.”3

En revanche, selon John Brehm et Wendy Rahn, qui analysent les liens entre engagement civique, confiance interpersonnelle et confiance dans les institutions aux Etats-Unis (les 3 institutions suivantes: Congrès, Cour suprême et branche exécutive du gouvernement) trouvent que l’impact de la confiance dans les institutions sur la confiance interpersonnelle est beaucoup plus important que l’impact inverse: “The effect of confidence (in institutions) upon trust, however, is enormous (at .63), and the single largest estimate of the entire model. We take the magnitude of the effect of confidence upon trust to be confirmation of the conjecture raised by Levi (1996) that institutions, perhaps by providing reassurance that defectors will not go unpunished, can influence trust. This finding suggests that it is possible for governments to counter the vicious circle and stave off unabated declines in social capital”4

Rothstein et Stolle estiment que l’approche par les attitudes (lien entre confiance interpersonnelle et confiance dans les institutions) n’est pas adaptée telle quelle pour analyser les liens entre les institutions et la confiance interpersonnelle. D’abord, les deux chercheurs estiment qu’il est discutable de fusionner toutes les formes de confiance politique/institutionnelle dans la seule question concernant la confiance dans le gouvernement. En fait, c’est effectivement cette dernière question qui est utilisée très souvent dans la recherche pour

3 Newton K., Norris P., Confidence in public institutions, in: Disaffected democracies. What’s troubling the trilateral countries, S.J. Pharr, R.D. Putnam eds., Princeton University Press, Princeton, 2000 (http://www.hks.harvard.edu/fs/pnorris/Acrobat/NEWTON.PDF) 4 Brehm J., Rahn W., Individual-level evidence for the causes and consequences of social capital, American Journal of Political Science, Vol. 41, No. 3 (Jul., 1997), pp. 999-1023. Référence dans le texte: Levi M. 1996. "Social and unsocial capital: A review essay of Robert Putnam's Making Democracy Work, Politics & Society, 24, 1996, pp. 45-55.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 209

évaluer la confiance politique et/ou institutionnelle. Dans le module EU-SILC 2013 - dont les résultats seront présentés un peu plus loin -, la confiance institutionnelle repose en fait sur trois questions (confiance dans le système politique, le système judiciaire et la Police) et prend donc implicitement en compte les critiques évoquées ci-dessus.

Quel serait le mécanisme qui ferait que la confiance interpersonnelle se répercuterait sur la performance institutionnelle et puis, éventuellement, sur la confiance dans les politiciens se demandent également Rothstein et Stolle. Les deux auteurs se décident donc pour la logique (causalité) inverse selon laquelle le fonctionnement des institutions aurait un effet positif sur la confiance interpersonnelle: “We do not know how trusting people create better service performance and better local politicians who are more responsive. Do more trusting citizens contact governmental officials more frequently to pressure them into good performance? Or is it that local politicians just reflect the culture of trust or distrust that prevails in their local societies? Our argument is that the reverse logic is just as plausible”1.

En conséquence, après voir rejeté le lien de causalité qui va de la confiance sociale vers la confiance dans les institutions, les deux auteurs précités proposent une approche “institutionnelle-structurelle” qui considère que le fonctionnement de l’Etat (plus précisément des institutions) est une source du développement du capital social. En effet, les Etats permettent - ou devraient permettre - l’établissement de contrats fiables entre citoyens en fournissant les informations et en évaluant la législation sur les contrats, en faisant respecter les droits et les règles qui sanctionnent ceux qui enfreignent la loi et en supportant activement l’intégration et la participation des citoyens: “This approach centers on the role of the state as a source of social capital generation. States, for example, enable the establishment of reliable contracts between citizens in that they provide information and monitor legislation about contracts, and enforce rights and rules that sanction lawbreakers, protect minorities and actively support the integration and participation of citizens”.2

Il est néanmoins utile de se demander si toutes les institutions ont (ou peuvent avoir) le même effet sur la confiance interpersonnelle. Or, selon Rothstein et Stolle, la littérature scientifique n’a pas assez fait la distinction entre la dimension “représentative” du

1 Rothstein B., Stolle D., The State and Social Capital: An Institutional Theory of Generalized Trust, Comparative Politics, Vol. 40, n° 4 (Jul., 2008), pp. 441-459 2 Idem.

système politique (partis, parlement, gouvernement) et la dimension de l’implémentation des politiques (administrations, justice, etc.). En effet, les formes de la confiance dans les deux types d’institutions diffèrent. Du côté des institutions dites “représentatives” (partis politiques, parlement, gouvernement), un des rôles des partis politiques est d’être “partisans”. On peut penser qu’un parti politique qui est au gouvernement ou qui a la majorité au parlement essaiera de mettre en œuvre une politique bien définie qui plaira aux uns et à laquelle ceux-ci feront confiance, mais qui déplaira ou inspirera la méfiance aux autres. Il est peu probable que la confiance dans un parti politique donné aura une influence sur la confiance interpersonnelle dans une société en général. Rothstein et Stolle pensent que c’est la raison pour laquelle la corrélation entre la confiance dans ce type d’institutions politiques (comme les partis politiques, le parlement, … ) et la confiance interpersonnelle est souvent relativement faible. Les sources majeures des variations de la confiance interpersonnelle dans une société devraient être cherchées du côté des branches administratives et judiciaires de l’État 1. parce que le travail de ces institutions (police, justice, services sociaux …) est en principe impartial et marqué par le principe de l’équité; 2. parce que ces institutions ont la charge de détecter et de punir les gens qui en termes de théorie des jeux suivent des stratégies opportunistes (contraires à l’intérêt des autres membres de la société). Le système judiciaire et la police peuvent être qualifiés d’institutions d’ordre qui s’occupent des gens peu “fiables”. L’impartialité, l’efficience et l’équité de ces institutions contribuent à la confiance qu’on y accorde. Selon les mots de Rothstein et Stolle: “We propose that the major source of variations in generalized trust is to be found at the other side of the state machinery, namely the legal and administrative branches of the state responsible for the implementation of public policies. We argue that these branches of government need to be distinguished from the influence of representational institutions such as the legislative and the executive for three main reasons. The first is that while the basis for trusting (or distrusting) the institutions dominated by politicians is partisanship, the reason for trusting civil servants, judges, the police, or social service institutions is for their even-handedness, and/or impartiality. Secondly, compared to other political institutions, the courts, the police and the other legal institutions of the state have a special task, namely to detect and punish people who, in game theory parlance, use opportunistic strategies (we would prefer the term treacherous). In other words, these political institutions, which we label the order institutions, are in the business of taking care of people who are better not to be trusted. Thirdly, we argue that the impartiality, efficiency and fairness of street-level political institutions are important dimensions of institutional trust and confidence that

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 210

can be conceptually separated from conventional trust in politicians, parties, and “the government”.1

Dans ce qui suit on présentera les résultats de deux enquêtes qui contiennent des questions sur la confiance dans les institutions, respectivement sur la confiance envers autrui. Il s’agit d’une part du module sur le bien-être ajouté en 2013 à l’enquête EU-SILC (enquête européenne sur les revenus et les conditions de vie) et, d’autre part, de l’enquête Eurobaromètre. À noter cependant que les deux enquêtes ont un “design” assez différent. On y reviendra plus loin.

1.3.2 La confiance dans les institutions et envers autrui à travers les résultats du module EU-SILC 2013

Le module 2013 de EU-SILC contient une question qui demande aux enquêtés d’évaluer, sur une échelle de 1 à 10, le degré de confiance qu’ils ont dans 3 institutions: le système judiciaire, le système politique et la police (respectivement la police et la gendarmerie dans certains pays européens). Au Luxembourg, la question est formulée comme suit: “Dans quelle mesure, sur une échelle de 1 à 10 avez-vous confiance dans les institutions nationales suivantes: 1. Le système politique, 2. Le système judiciaire, 3. la Police ?”. En ce qui concerne la confiance purement politique le module de l’enquête EU-SILC essaie donc de contourner le biais pouvant résulter du caractère nécessairement partisan dans ce domaine (voir plus haut), en parlant de “système politique”. Rien ne permet cependant de dire si les réponses des enquêtés sont affectées ou non par le caractère partisan que des institutions comme les partis politiques ou le gouvernement véhiculent. L’enquête Eurobaromètre sur laquelle on va revenir plus loin permettra de faire plus clairement la distinction entre la confiance dans les institutions purement politiques (partis, gouvernement …) et les institutions d’ordre (justice, police …).

La confiance envers autrui est mesurée sur la base de la question “Dans quelle mesure, sur une échelle de 1 à 10, diriez-vous que la plupart des gens sont dignes de confiance ?” incluse dans le module 2013 de l’enquête EU-SILC.

1 Idem.

Graphique 209: Confiance dans les institutions et confiance envers autrui au Luxembourg et en Europe (score moyen sur une échelle de 1 à 10), 2013

Graphique 210: Écarts des scores de confiance dans les institutions et de la confiance envers autrui entre le Luxembourg, la moyenne de l’UE-28 et les pays les moins et les mieux placés (différence de scores en points), 2013

Source: EUROSTAT, STATEC

0.01.02.03.04.05.06.07.08.09.0

Confiance dans lapolice et lagendarmerie

Confiance dans lajustice

Confiance dans lesystème politique

Confiance enversautrui

Pays avec le score le moins élevé UE-28

Luxembourg Pays avec le score le plus élevé

Source: EUROSTAT, STATEC

-2.1 -2.2-1.6

-2.8

2.5 2.63.3

1.3

0.10.7

1.5

-0.3

-4-3-2-101234

Confiance dansla police et lagendarmerie

Confiance dansla justice

Confiance dansle systèmepolitique

Confianceenvers autrui

Ecart Luxembourg - pays avec score le plus élevéEcart Luxembourg - pays avec le score le moins élevéEcart Luxembourg - moyenne de l'OCDE

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 211

Graphique 211: Scores moyens de confiance dans la police, la justice, le système politique et envers autrui dans les pays de l’UE-28 (sur une échelle de 1 à 10), 2013

Source: EUROSTAT, STATEC

3.64.34.44.74.95.05.25.45.45.45.55.75.75.86.06.06.06.16.16.36.46.46.46.66.97.17.27.47.57.77.98.2

0 2 4 6 8 10

BulgarieSerbie

SlovaquieChypre

République tchèqueGrèce

PologneEspagneLettoniePortugalSlovénieFrance

HongrieItalieUE-28EstonieLituanieBelgique

LuxembourgMalte

AllemagneRoumanie

Royaume-UniPays-BasIrlandeSuède

AutricheSuisse

NorvègeIslande

DanemarkFinlande

Confiance dans la police

Moyenne UE-28: 6.0

2.72.93.03.13.33.43.63.63.63.84.14.24.54.54.64.94.95.05.15.15.25.35.35.55.75.86.06.2

6.77.07.27.27.5

0 2 4 6 8 10

SlovéniePortugalBulgarieEspagneCroatieSerbieItalie

ChypreSlovaquie

République tchèqueGrèce

PologneFrance

LettonieUE-28

LituanieMalte

BelgiqueIrlandeHongrieEstonie

AllemagneLuxembourg

Royaume-UniIslande

RoumanieAutrichePays-Bas

SuèdeSuisse

FinlandeNorvège

Danemark

Confiance dans la justice

Moyenne UE-28: 4.6

1.71.81.92.02.1

2.62.62.83.03.23.23.53.53.53.63.73.73.8

4.44.44.54.54.64.84.95.0

5.55.65.75.95.96.0

6.6

0 2 4 6 8 10

PortugalSlovénieEspagne

GrèceItalie

BulgarieChypreCroatieFranceIrlandeSerbieUE-28

PologneSlovaquieLettonie

République tchèqueIslande

Royaume-UniEstonieAutricheLituanieHongrieBelgique

RoumanieAllemagne

LuxembourgPays-Bas

SuèdeMalte

DanemarkNorvègeFinlandeSuisse

Confiance dans le système politique

Moyenne UE-28: 3.5

4.24.24.5

5.05.15.35.35.35.35.55.55.75.75.85.85.85.96.06.16.16.26.36.46.46.46.56.56.96.97.07.37.4

8.3

0 2 4 6 8 10

BulgarieSerbieChypreFranceCroatie

République tchèqueGrèce

HongriePortugal

AllemagneLuxembourg

BelgiqueItalieUE-28Estonie

SlovaquieAutrichePologneLituanie

Royaume-UniMalte

EspagneIrlande

RoumanieSuisse

LettonieSlovéniePays-Bas

SuèdeIslandeNorvègeFinlande

Danemark

Confiance dans autrui

Moyenne UE-28: 5.8

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 212

Graphique 212: Corrélations entre les indicateurs de confiance dans les institutions et la confiance envers autrui, 2013

Source: EUROSTAT, STATEC

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0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

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Confiance dans la police

Police / Justice

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0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

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Confiance dans la police

Police / Sytème politique

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Confiance dans la justice

Justice / Système politique

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Confiance dans la police

Police / Confiance envers autrui

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Confiance dans la justice

Justice / Confiance envers autrui

BE

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Confiance dans le système politique

Système politique / Confiance envers autrui

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 213

En termes absolus, le score de confiance moyen est le plus élevé pour la police et le moins élevé pour le système politique au Luxembourg et dans l’UE-28 en moyenne

Globalement, dans l’UE-28, le score moyen de confiance est le plus élevé pour la police (6.0 sur 10). Suivent ensuite, la confiance envers autrui (5.8 sur 10), le système judiciaire (4.6 sur 10) et finalement le système politique qui arrive assez loin avec un score moyen de seulement 3.5 sur 10 dans l’UE-28 en moyenne. Il semble donc bien que si on parle de crise du politique ce n’est pas sans fondement.

Comment le Luxembourg se situe-t-il dans le contexte européen ? Globalement la structure de la confiance est comparable à la moyenne européenne: on trouve le score le plus élevé pour la confiance dans la police, puis la confiance envers autrui, puis la confiance dans la justice et enfin la confiance dans le système politique (même si, comme on le verra, le score de confiance dans le système politique au Luxembourg dépasse de loin la moyenne européenne).

Cependant, au Luxembourg la confiance dans le système politique, ainsi que la confiance dans le système judiciaire dépassent largement la moyenne européenne …

Le score moyen de confiance dans le système politique au Luxembourg est de 5.0 sur 10 soit largement au-dessus de la moyenne de l’UE-28 qui est de 3.5. Avec ce score, le Luxembourg se situe en 8ème position sur 33 pays européens pour lesquels les statistiques sont disponibles.

Le score de confiance dans la justice est de 5.3 sur 10 au Grand-Duché, soit également assez largement au-dessus de la moyenne de l’UE-28 (4.5 sur 10). C’est le 11ème rang sur 33 pays.

… alors que la confiance sociale (interpersonnelle) au Luxembourg est moins élevée que dans la moyenne européenne

En revanche, la confiance envers autrui (confiance sociale) au Luxembourg est inférieure à la moyenne européenne: 5.5 sur 10 au Grand-Duché contre 5.8 en moyenne dans l’UE-28, soit le 23ème rang sur 33 pays.

Pour la confiance dans la police le score du Luxembourg se situe dans la moyenne de l’UE-28: il est de 6.1 sur 10 contre 6.0 dans l’UE-28.

Ces caractéristiques s’expriment encore plus clairement dans le Graphique retraçant les écarts de confiance du Luxembourg par rapport aux pays les moins bien classés et les mieux classés (voir Graphique 210). C’est pour la confiance par rapport au système politique que le Luxembourg se situe le plus loin au-dessus du pays le moins bien placé en l’occurrence le Portugal: on passe d’un score de 1.7 à 5.0 (soit un écart conséquent de 3.3 points en faveur du Luxembourg). À l’inverse, en termes de la distance par rapport au pays le mieux placé (la Suisse avec un score de 6.6 sur 10), l’écart est assez faible (-1.6 point).

Pour la confiance sociale (confiance envers autrui), c’est le contraire qui est vrai: l’écart par rapport au pays le mieux situé en la matière est très important: au Danemark, le score de confiance sociale est de 8.3 sur 10, alors qu’au Luxembourg il atteint 5.5, soit un écart de -2.8 points en défaveur du Luxembourg. À l’inverse le Luxembourg ne situe pas très loin du pays le plus mal situé en termes de confiance sociale: en Bulgarie, le score moyen est de 4.2, soit un écart assez réduit de +1.3 point en faveur du Luxembourg.

Pour les deux autres indicateurs de confiance dans les institutions (police et justice), le Luxembourg se situe à équidistance entre les pays européens les moins bien placés et les pays les mieux placés.

La forme des losanges dans le Graphique 209 est également parlante: le losange est assez régulier pour les pays les mieux placés (mais également pour le Luxembourg), alors que, pour les pays les moins bien placés il semble que ce soit la dimension de la confiance dans le système politique qui soit la moins développée.

Des corrélations importantes entre les indicateurs de confiance institutionnelle pour les pays européens …

Des scores très faibles de confiance dans le système politique caractérisent les pays du Sud de l’Europe. Au Portugal, le score moyen de confiance dans le système politique n’est que de 1.7 sur 10, en Espagne de 1.9, en Grèce 2.0 et en Italie 2.1 (en 2013, rappelons-le). Quelques pays de l’Est de l’Europe, comme la Slovénie (1.8) ou la Bulgarie (2.6) sont également mal placés. À

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 214

noter encore le score assez faible de la confiance dans le système politique en France (3.0 sur 10). Avec ce score, la France se situe à la 25e place sur 33 pays. En haut de tableau pour la confiance dans le système politique on trouve la Suisse (6.6 sur 10) et les pays nordiques, comme la Finlande (6.0), la Norvège et le Danemark (5.9 sur 10 pour ces deux pays). Le Luxembourg se situe, avec un score de 5.0, assez favorablement en matière de confiance dans le système politique. On reviendra plus loin sur l’évolution de la confiance “politique” sur la base des données de l’Eurobaromètre qui permettent de suivre l’évolution des indicateurs de confiance institutionnelle dans le temps, mais également de distinguer les différentes institutions purement politiques (partis politiques, gouvernement, parlement).

En fait, le croisement des 3 indicateurs de confiance institutionnelle entre eux (justice, police, système politique) aboutit à des corrélations fortement positives. Globalement, dans les trois dimensions de confiance institutionnelle, on trouve, en bas du tableau, les pays du Sud et de l’Est de l’Europe et en haut les pays nordiques et la Suisse. L’Allemagne et la Belgique se situent dans les parages du Luxembourg pour les 3 indicateurs de confiance institutionnelle, alors que la France est assez mal placée pour ces trois indicateurs.

La corrélation entre la confiance dans la justice et la confiance dans la police est très forte (R2 = 0.78). De même, le lien entre la confiance dans la justice et la confiance dans le système politique atteint une intensité importante (R2 = 0.79). En revanche, si le lien entre la confiance dans la police et la confiance dans le système politique existe bel et bien (R2 = 0.48), il est plus faible que pour les deux autres croisements (justice/police et justice/système politique). Cela semble confirmer que la confiance dans les institutions politiques et les institutions de maintien de l’ordre (police) répondent à des critères, respectivement à des préoccupations ou intérêts distincts des citoyens, ce que le travail déjà cité de Rothstein et Stolle montre aussi.1

1 Rothstein B., Stolle D., The State and Social Capital: An Institutional Theory of Generalized Trust, Comparative Politics, Vol. 40, n° 4 (Jul., 2008), pp. 441-459

Une force importante du lien entre la confiance dans la police et la confiance interpersonnelle (confiance sociale), mais un lien assez faible entre la confiance dans le système politique et la confiance interpersonnelle.

On a déjà dit plus haut que les deux auteurs précités (Rothstein et Stolle) construisent un lien entre la confiance dans les institutions et la confiance sociale.

Graphique 213: Corrélation entre la confiance dans les institutions (score moyen pour la police, la justice et le système politique) et la confiance sociale, 2013

En prenant en considération les pays européens dont on dispose des résultats de l’enquête EU-SILC 2013, on retrouve effectivement ce lien global entre la confiance dans les institutions et la confiance envers autrui, c’est-à-dire la confiance sociale (voir Graphique 213). Le coefficient de détermination est assez élevé (R2 = 0.53). La moyenne des scores de confiance dans les différentes institutions cache des divergences importantes si on jette un regard sur les corrélations entre la confiance dans les trois institutions prises séparément et la confiance sociale (voir Graphique 212).

Rappelons que Rothstein et Stolle proposent de séparer le volet purement politique - ou de “représentation politique” - des institutions (partis, gouvernement, parlement) du volet de la mise en œuvre, de l’implémentation des politiques, ce que les auteurs appellent les institutions d’ordre. L’explication théorique en est que les institutions purement politiques sont partisanes par nature de sorte qu’une partie des citoyens sera “naturellement” amenée à avoir de la confiance dans ces institutions et une

Source: EUROSTAT, STATEC

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Confiance dans les institutions (moyenne police, justice, système politique)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 215

autre plutôt de la méfiance. En tout état de cause, il est peu probable que les institutions purement politiques soient à l’origine d’un niveau de confiance sociale généralisée élevé: ”However, it is less likely that this type of political trust or distrust that is connected to political leanings should influence one’s generalized trust in other people. There is to our knowledge no plausible causal mechanism linking these two phenomena”.1

La corrélation – assez faible (R2 = 0.30) - entre la confiance sociale (c’est-à-dire la confiance envers autrui) et la confiance dans le système politique semble d’ailleurs donner raison aux auteurs, cela d’autant plus que les corrélations entre confiance sociale et institutions d’ordre sont beaucoup plus positives. L’argument théorique est le suivant: les institutions d’ordre (comme la police ou la justice) ont une tâche particulièrement importante, celle de détecter et de punir des personnes qui “trahissent” la confiance en rompant les contrats, en corrompant, en entretenant du clientélisme, en volant et en ayant d’autres activités non-coopératives. À ces personnes, les gens ne que font rarement confiance. Du moment que les citoyens pensent que les institutions d’ordre (police et justice, par exemple) agissent de manière juste, équitable et efficace, ils peuvent également penser que les gens qui ont un comportement déloyal ont peu de chances de s’en tirer. Si les citoyens pensent donc que les gens ont toutes les raisons de ne pas se comporter de façon déloyale (suite à l’action des institutions d’ordre), ces mêmes citoyens ont également toutes les raisons de penser qu’on peut faire généralement confiance à autrui.2 L’importance des corrélations entre la confiance sociale et la 1 Idem. 2 “Institutions of law and order have one particularly important task, namely to detect and punish people who are “traitors”, that is, those who break contracts, offer or take bribes, engage in clientelistic operations, cheat, steal and do other such non-cooperative things and therefore should not be trusted. Thus, if citizens think that these order institutions do what they are supposed to do in a fair, reasonably efficient and unbiased manner, then they also have reason to believe that the chance of people getting away with treacherous behavior is relatively small. If so, citizens believe that most people have good reason to refrain from acting in a treacherous manner and because of this, they have reason to believe that “most people can be trusted”. However, we wish to emphasize that it is not just the efficiency with which treacherous behavior is punished that matters for generalized trust, but the combination of efficiency and fairness of order institutions. Police officers, social service bureaucrats, judges, public school teachers, are both representatives of the people as well as exhibitors of institutionalized values. In short, their behavior work as important signals to citizens about the moral standard of the society in which they live”. (Rothstein et Stolle, op. cit.)

confiance dans les institutions semble confirmer cette façon de voir les choses: le coefficient de détermination R2 est de 0.66 pour le lien confiance dans la police/confiance sociale et de 0.50 pour le lien confiance dans la justice/confiance sociale.

Le mécanisme causal détaillé pourrait être le suivant.

- Le niveau d’efficacité et d’équité de l’action des institutions peut influencer la perception des individus quant à leur sécurité. La présence ou l’absence de peur des autres aura évidemment une influence sur la confiance que l’on accorde aux autres;

- Les individus peuvent projeter l’action de ceux qui ont des responsabilités sur le reste de la société. Si les personnes qui ont des responsabilités ne semblent pas fiables, il est peu probable que les citoyens soient confiants dans les autres;

- L’action des institutions donne en quelque sorte le ton: le message implicite d’un système corrompu est que, si on veut couvrir ses besoins dans un tel système, on doit également recourir à ces moyens. Dans un tel contexte, la confiance sociale a peu de chances de se développer.

D’une manière générale, plus la perception de la corruption est faible, plus la confiance dans les institutions est forte comme le montre le croisement des données sur la confiance issues de l’enquête EU-SILC avec le “corruption perception index” (CPI) de l’association “Transparency International”. À noter que la corrélation entre la confiance sociale et la perception de la corruption (plus la perception de la corruption est faible, plus les gens se font confiance entre eux) est cependant plus faible que celle qu’on a trouvé pour la corruption et la confiance dans les institutions.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 216

Graphique 214: Corrélation entre la confiance dans les institutions et la perception de la corruption, 2013

Graphique 215: Corrélation entre la confiance envers autrui et la perception de la corruption, 2013

Dans ce qui suit on présentera les indicateurs de confiance de l’enquête EU-SILC de 2013 selon l’âge, le niveau d’éducation et le niveau de revenu.

Graphique 216: Indicateurs de confiance selon l’âge au Luxembourg (scores moyens sur une échelle de 1 à 10), 2013

À l’exception de la justice, au Luxembourg, les personnes âgées sont en général plus confiantes que les personnes d’âge moyen (35-49 ans)

Globalement, les variations avec l’âge de la confiance dans les institutions et de la confiance envers autrui ne sont pas extrêmement importantes, ni au Luxembourg, ni dans les pays voisins du Luxembourg. Il convient cependant de noter qu’au Luxembourg, de la classe d’âge des 16-24 ans à celle des 25-34 ans, la confiance dans la police et le système politique augmente provisoirement, pour se tasser par la suite dans la classe d’âge moyen (35-49 ans). Elle remonte enfin pour ces deux indicateurs sans pour autant vraiment dépasser leur niveau de la classe d’âge de 25-34 ans. Néanmoins, au Luxembourg, la confiance dans la police et dans le système politique chez les personnes âgées au Luxembourg (75+) est supérieure à celle de la classe d’âge moyen de 35-49 ans.

Source: EUROSTAT, STATEC et Transparency International pour le CPI

BE

BG

CZ

DK

DE

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EL

ES

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HRIT

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LT

LU

HU MT

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RO

SISK

FISE

Uk ISNO CH

SR

R² = 0.61680

10

20

30

40

50

60

70

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100

2 3 4 5 6 7 8Corr

upti

on p

erce

ptio

n in

dex

(CPI

) -10

0 =

perc

epti

on d

e la

cor

rupt

ion

faib

le

Confiance dans les institutions (moyenne des scores pour la police, la justice et le

système politique)

Source: EUROSTAT, STATEC et Transparency International pour le CPI

BE

BG

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DE

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FR

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e la

cor

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faib

le

Confiance envers autrui

Source: EUROSTAT, STATEC

4.0

4.5

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Classes d'âgeConfiance dans la policeConfiance dans la justiceConfiance dans le système politiqueConfiance envers autrui

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Cahier économique 120 217

Graphique 217: Indicateurs de confiance selon l’âge au Luxembourg, dans les pays voisins et dans l’UE-28 (scores sur une échelle de 1 à 10), 2013

À noter que, d’une manière générale, dans les pays voisins du Luxembourg et dans l’UE-28 en moyenne, la confiance dans la police a une tendance plus nette à la hausse avec l’âge qu’au Luxembourg. Au Grand-Duché la confiance dans la police passe s’un score de 5.7 sur 10 chez les 16-24 ans à 6.3 pour les 35-34, puis se tasse à 5.9 chez les 60-74 ans et remonte à 6.4 sur 10 chez les 75 ans et plus. Dans l’UE-28 en moyenne, la confiance dans la police évolue assez régulièrement à la hausse d’un score de 5.7 chez les 25-34 ans à 6.4 chez les 75 ans et plus. En Allemagne et en France la croissance de la confiance avec l’âge dans la police est encore plus manifeste. En France, le score de confiance dans la police passe de 5.2 sur 10 chez les 16-24 ans à 6.2 chez les 75 ans et plus, en Allemagne de 6.1 à 7.1 entre les mêmes classes d’âge. À noter qu’une grande partie de cette augmentation dans les deux pays se fait à partir de la classe d’âge des 50-64 ans.

Au Luxembourg, la confiance dans la justice recule plutôt avec l’âge

La confiance dans la justice au Luxembourg recule en tendance avec l’âge. Elle se tasse à partir de la classe d’âge des 25-34 ans, puis se stabilise à partir de la classe d’âge des 50-64 ans. On passe d’un score de 5.8 pour les 25-34 ans à 5.0 à partir de la classe d’âge des 50-64 ans.

On note également un tassement de la confiance dans la justice en Belgique (de 5.5 chez les 16-24 ans à 4.8 chez les 60-74 ans, puis elle remonte légèrement à 5.0 sur 10 chez les 75 ans et plus). En France, le niveau de confiance dans la justice est relativement homogène sur l’ensemble des classes d’âge en variant autour d’un score de 4.5 sur 10.

En Allemagne, la confiance dans la justice recule entre 25 et 50 ans, puis – contrairement aux autres pays - est résolument orienté à la hausse (de 5.4 sur 10 chez les 16-24 ans à 5.1 pour les 50-64 ans, puis à 5.9 sur 10 chez les 75 ans et plus). En d’autres mots, alors qu’au Luxembourg, en France et en Belgique, le niveau de la confiance dans la justice recule plutôt avec l’âge, ce n’est pas le cas en Allemagne.

La confiance dans le système politique au Luxembourg varie certes avec l’âge, mais on ne décèle pas de véritable hausse ou de baisse tendancielle

Au Luxembourg, la confiance dans le système politique s’accroît assez fortement de la classe d’âge des 16-24 ans à celle des 25-34 ans: de 4.9 sur 10 à 5.4 sur 10. Puis le niveau de confiance recule assez fortement (à 4.7 sur 10 dans la classe d’âge des 50-64, puis remonte à quelque de 5.0 sur 10 à partir de l’âge de 65 ans et plus.

En Belgique et en France, le score de la confiance dans le système politique, contrairement au Luxembourg, recule de la classe d’âge des 16-24 ans à celle des 25-34 ans. Il se stabilise ensuite: en France autour de 3.0 sur 10, en Belgique à quelque 4.5 sur 10. Là encore, en Allemagne on décèle une caractéristique spécifique, à savoir que la confiance dans le système politique augmente fortement (en tout cas beaucoup plus fortement qu’en Belgique, en France ou au Luxembourg) à partir de 65 ans: le score de confiance dans le système politique en Allemagne évolue de 5.0 sur 10 dans la classe d’âge des 16-24 ans à 4.7 sur 10 chez les 50-64 ans et augmente ensuite à 5.5 sur 10

Source: EUROSTAT, STATEC

2.02.53.03.54.04.55.05.56.06.57.07.5

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Police

UE-28 BEDE FRLU

2.02.53.03.54.04.55.05.56.06.57.07.5

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Justice

UE-28 BEDE FRLU

2.02.53.03.54.04.55.05.56.06.57.07.5

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Système politique

UE-28 BEDE FRLU

2.02.53.03.54.04.55.05.56.06.57.07.5

16-24

25-34

35-49

50-64

65-74

75+

Envers autrui

UE-28 BEDE FRLU

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 218

chez les 75 ans et plus (contre seulement 5.1 sur 10 au Luxembourg dans cette classe d’âge).

Au Luxembourg, la confiance envers autrui (confiance sociale) recule jusqu’aux classes d’âge moyen, puis remonte fortement

Le score de confiance envers autrui évolue de 5.8 sur 10 chez les 16-24 ans à 5.3 pour la classe d’âge des 35-49 ans, puis s’accroît jusqu’à la classe d’âge de 75 ans et plus (5.8 sur 10 soit le même niveau que chez les jeunes).

En France et en Allemagne, les variations de la confiance sociale selon l’âge sont relativement peu importantes (autour de 6.0 en Belgique et de 5.0 sur 10 en France). À noter cependant qu’en Allemagne la confiance envers autrui s’accroît assez fortement avec l’âge: de 5.4 sur 10 dans la classe d’âge moyen de 35 à 49 ans à 6.1 chez les 75 ans et plus.

En Allemagne la confiance (institutionnelle et interpersonnelle) est assez élevée chez les personnes âgées dans la comparaison avec les autres classes d’âge; parmi les pays voisins du Luxembourg, en France, la confiance est relativement faible à tous âges

Sur la base de la comparaison du Luxembourg et des pays voisins, on peut retenir qu’en Allemagne, dans les classes d’âge élevées, tous les indicateurs de confiance (institutionnelle et sociale) sont très positifs chez les personnes âgées dans la comparaison avec les autres classes d’âge. Nous avons vu plus haut que le même phénomène caractérise les indicateurs de satisfaction avec la vie. Il s’agit plus probablement d’un effet de cohorte que d’un effet d’âge, mais il faudrait évidemment une recherche spécifique pour en avoir le cœur net.

Le deuxième élément à retenir est le positionnement relativement faible de la France. Pour tous les indicateurs de confiance, la France est le pays le moins bien placé parmi les pays voisins et le Luxembourg-même. C’est particulièrement la confiance dans le système politique qui, à tous âges, est très faible en France.

Plus le niveau d’éducation est élevé, plus la confiance institutionnelle et la confiance sociale sont élevées

Au Luxembourg, la confiance dans la police atteint un score de 5.9 sur 10 chez les personnes ayant un niveau d'éducation faible (primaire et secondaire inférieur). Elle reste a 5.9 pour les personnes ayant un niveau d'éducation moyen (enseignement secondaire de deuxième cycle et post-secondaire non-supérieur) et passe à 6.5 chez les personnes ayant un niveau d'éducation élevé (de type universitaire), soit une augmentation de 0.6 point entre le niveau d'éducation faible et le niveau d'éducation élevé..

Graphique 218: Indicateurs de confiance selon le niveau d’éducation au Luxembourg (scores moyens sur une échelle de 1 à 10), 2013

L'augmentation, avec le niveau d'éducation, de la confiance dans la justice est encore plus significative. Chez les personnes ayant un niveau d'éducation faible, le score de confiance au Luxembourg est de 4.9 sur 10. Le score passe à 5.2 pour les personnes ayant un niveau d'éducation moyen et à 6.1 pour ceux ayant un niveau d'éducation élevé, soit un plus de 1.2 point entre les niveaux d'éducation se situant aux extrêmes des niveaux d'éducation.

Les caractéristiques sont assez similaires pour la confiance dans le système politique. Les personnes ayant un niveau d'éducation de niveau primaire ou de secondaire inferieur ont un score de confiance dans le système politique qui est de 4.6 sur 10 au Luxembourg. Pour ceux se situant à un niveau d'éducation moyen le score atteint 4.9 sur 10 et, pour les personnes ayant un niveau d'éducation supérieur, il

Source: EUROSTAT, STATEC

4.0

4.5

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

Faible

Moyen

Elevé

Niveau d'éducationConfiance dans la policeConfiance dans la justiceConfiance dans le système politiqueConfiance envers autrui

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 219

est de 5.6, soit un écart de 1 point entre le haut et le bas des niveaux d'éducation. À noter que pour les trois niveaux d'éducation, la note de confiance dans le système politique au Luxembourg est plus bas que les scores de confiance dans les autres domaines (justice, police, envers autrui). C'est également vrai pour les pays voisins.

L’impact du niveau d’éducation sur la confiance est le plus sensible en haut de l’échelle d’éducation

Entre le niveau d’éducation faible et le niveau d’éducation moyen, les indicateurs de confiance sont moins orientés à la hausse qu’entre le niveau d’éducation moyen et le niveau d’éducation élevé. C’est là que se fait la différence. À titre d’exemple, au Luxembourg, le niveau de confiance dans la police reste constant à 5.9 sur 10 pour les deux premiers niveaux d’éducation, puis passe à 6.5 sur 10 dans le niveau d’éducation.

La confiance dans la justice au Luxembourg augmente légèrement du niveau d’éducation faible au niveau d’éducation moyen (de 4.9 à 5.2), puis fait un bond beaucoup plus considérable à 6.1 sur 10 chez les personnes ayant un niveau d’éducation élevé (soit une augmentation de près d’un point, comparé à une augmentation de seulement 0.3 point entre le niveau d’éducation faible et le niveau moyen).

En ce qui concerne la confiance dans le système politique, on trouve les mêmes caractéristiques (au Luxembourg, on passe de 4.6 à 4.9 sur 10 entre les deux premiers niveaux d’éducation, soit une augmentation de 0.3 point, puis à 5.6 pour les personnes en haut de l’échelle d’éducation, soit un plus de 0.7 point). Dans les pays voisins du Luxembourg, c’est également chez les personnes ayant un niveau d’éducation élevé que l’impact sur la confiance est le plus important. En France notamment, le degré de confiance dans les institutions et envers autrui, bouge peu entre les niveaux d’éducation faible et moyen, il fait un saut important chez les personnes ayant un niveau d’éducation élevé.

Graphique 219: Indicateurs de confiance selon le niveau d’éducation au Luxembourg, dans les pays voisins et dans l’UE-28 (scores sur une échelle de 1 à 10), 2013

Source : EUROSTAT, STATEC

2

3

4

5

6

7

Faible Moyen Elevé

Confiance dans la police(ou dans la gendarmerie)

UE-28 BEDE FRLU

2

3

4

5

6

7

Faible Moyen Elevé

Confiance dans la justice

UE-28 BEDE FRLU

2

3

4

5

6

7

Faible Moyen Elevé

Confiance dans le système politique

UE-28 BEDE FRLU

2

3

4

5

6

7

Faible Moyen Elevé

Confiance envers autrui

UE-28 BEDE FRLU

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 220

Graphique 220: Inégalités de confiance selon le niveau d’éducation pour les 4 indicateurs de confiance (écart entre le niveau d’éducation inférieur et supérieur en %), 2013

Au Luxembourg, la confiance dans la justice, dans le système politique et la confiance envers autrui sont réparties de façon plus inégale que la confiance dans la police

Au Grand-Duché, l’écart de confiance dans la police entre les niveaux d’éducation supérieur et inférieur est assez réduit (0.6 point ou encore 10%). Dans les pays voisins et dans l’UE-28 en moyenne, les inégalités de confiance dans la police sont également plutôt réduites (0.5 point dans l’UE-28 en moyenne entre le niveau d’éducation supérieur et inférieur ou 9%).

Les inégalités dans le domaine de la confiance sociale sont un peu plus importantes, mais restent assez limitées. Au Luxembourg, l’écart entre les niveaux d’éducation faible et élevé est de 0.8 point ou encore 13%).

Dans notre pays, c’est dans le domaine de la confiance dans la justice que les inégalités en fonction de l’éducation sont les plus importantes (1.2 point ou près de 25% de différence concernant la confiance dans la justice entre le niveau d’éducation faible et le niveau d’éducation élevé). À noter que les inégalités de confiance dans la justice selon le niveau d’éducation sont encore plus importantes en moyenne dans l’UE-28 (1.3 point d’écart entre les niveaux d’éducation faible et élevé ou 33%).

Finalement, les inégalités de confiance sont également assez importantes au Luxembourg dans le domaine de la confiance dans le système politique: l’écart entre le haut et le bas de l’échelle d’éducation est de 1.0 point ou un peu plus de 20%. Cependant, l’écart de confiance dans le système politique entre les niveaux d’éducation est encore beaucoup plus important dans l’UE-28 en moyenne (près de 45%).

Les inégalités en fonction du revenu se recoupent avec les inégalités selon le niveau d’éducation

Au Luxembourg, la confiance dans la police semble répartie de façon assez uniforme sur l’ensemble de la distribution des revenus. Dans les 4 premiers quintiles, elle se situe autour 6.0 sur 10, mais elle s’accroît assez fortement à 6.4 sur 10 dans le quintile supérieur des revenus.

La confiance dans l’autre institution d’ordre qu’est la justice augmente avec le revenu, mais cela seulement à partir du milieu de la distribution. Dans les trois premiers quintiles des revenus, la confiance dans la justice se situe autour d’un score de 5.0 sur 10, puis passe à 5.3 dans le quatrième quintile et 5.8 dans le quintile des revenus les plus élevés.

La confiance dans le système politique augmente également seulement à partir du milieu de la distribution des revenus: le score s’accroît passagèrement du 1er quintile au 2ème quintile (de 4.5 à 4.9), puis se tasse à 4.7 et augmente fortement en haut de la distribution des revenus en atteignant un score de 5.6 dans le 5ème quintile.

Graphique 221: Indicateurs de confiance selon le niveau d’éducation au Luxembourg (scores moyens sur une échelle de 1 à 10), 2013

Source: EUROSTAT, STATEC

10.2

24.521.7

15.4

8.6

32.5

44.8

12.5

05101520253035404550

Confiance dansla police et lagendarmerie

Confiance dansla justice

Confiance dansle systèmepolitique

Confianceenvers autrui

UE-28 (écart entre le niveau d'éducation élevé et faible)LU (écart entre le niveau d'éducation élevé et faible)

Source : EUROSTAT, STATEC

4.0

4.5

5.0

5.5

6.0

6.5

7.0

Q1 Q2 Q3 Q4 Q5

Quintiles de revenu

Confiance dans la policeConfiance dans la justiceConfiance dans le système politiqueConfiance envers autrui

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 221

Finalement, la confiance envers autrui augmente assez régulièrement sur toute la distribution des revenus. On passe de 5.0 sur 10 en bas de la distribution, à 5.3 dans le 2ème quintile. Dans le 3ème quintile, la note reste stable à 5.3, puis passe à 5.7 dans le 4ème quintile des revenus et 6.1 dans le quintile supérieur.

Ce qu’on a dit concernant les inégalités de confiance selon le niveau d’éducation, à savoir qu’au Luxembourg les scores de confiance bougent relativement peu entre les niveaux d’éducation faible et moyen semble également trouver son expression dans le fait que l’augmentation de la confiance est relativement faible dans les 3 premiers quintiles de revenu avant de s’orienter résolument à la hausse dans les 2 quintiles de revenu les plus élevés.

Graphique 222: Indicateurs de confiance selon le revenu au Luxembourg, dans les pays voisins et dans l’UE-28 (scores sur une échelle de 1 à 10), 2013

En jetant un regard sur les pays voisins (voir Graphique 222), il apparaît que, globalement, l’augmentation de la confiance avec le niveau de revenu est plus régulière qu’au Luxembourg.

En ce qui concerne les inégalités de confiance selon le revenu, on constate que l’écart entre le quintile de revenu le plus élevé et le quintile le plus faible est très réduit au Luxembourg pour la confiance dans la police. L’écart est de 5% entre le 1er quintile et le 5ème quintile. Dans l’UE-28 en moyenne la différence correspondant est de quelque 12%.

Les inégalités de confiance dans la justice, dans le système politique, mais également les inégalités de la confiance envers autrui (confiance sociale) au Luxembourg sont plus importantes que les inégalités de confiance dans la police. L’écart est de 18% entre le 1er quintile et le 5e quintile pour la confiance dans la justice au Grand-Duché; l’écart entre le haut et le bas de la distribution atteint 24% pour la confiance dans le système politique, alors qu’il est de 22% pour la confiance sociale. C’est également dans le domaine de la confiance sociale que l’inégalité selon le revenu au Luxembourg est plus importante que dans l’UE-28 en moyenne (contrairement aux autres indicateurs de confiance).

Graphique 223: Inégalités de confiance selon le revenu pour les 4 indicateurs de confiance (écart entre le 5ème quintile de revenu et le 1er quintile en %), 2013

Source : EUROSTAT, STATEC

2

3

4

5

6

7

Q1 Q2 Q3 Q4 Q5

Confiance dans le système politique

UE-28 BEDE FRLU

2

3

4

5

6

7

Q1 Q2 Q3 Q4 Q5

Confiance dans la police

(ou dans la gendarmerie)

UE-28 BEDE FRLU

2

3

4

5

6

7

Q1 Q2 Q3 Q4 Q5

Confiance envers autrui

UE-28 BEDE FRLU

2

3

4

5

6

7

Q1 Q2 Q3 Q4 Q5

Confiance dans la justice

UE-28 BE DE

FR LU

Source : EUROSTAT, STATEC

12.5

18.6

25.0

14.8

4.9

13.7

24.422.0

05101520253035404550

Confiance dansla police et lagendarmerie

Confiance dansla justice

Confiance dansle systèmepolitique

Confianceenvers autrui

UE-28 (écart Q5-Q1) LU (écart Q5-Q1)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 222

Un lien entre la satisfaction avec la vie et les indicateurs de confiance ?

Les questions sur la satisfaction avec la vie et sur la confiance (dans les institutions et envers autrui) ont été posées dans le contexte d’un même module – consacré au bien-être - de l’enquête EU-SILC.

Graphique 224: Corrélations entre les indicateurs de confiance et la satisfaction avec la vie, 2013

Au moins implicitement les auteurs du questionnaire semblent donc penser que ces deux concepts (satisfaction avec la vie, confiance) sont liés d’une façon ou d’une autre. Est-ce que les corrélations entre les différentes formes de confiance et la satisfaction avec la vie confirment, au moins partiellement, cette vue.

On constate d’abord que la corrélation entre la confiance dans les institutions d’ordre (justice, police) et la satisfaction avec la vie est claire (coefficient de détermination R2 de 0.67). Pour les deux variables confiance envers autrui et satisfaction avec la vie, la corrélation est également forte (R2 de 0.64). Par contre, le lien entre la confiance dans le système politique et la satisfaction avec la vie est beaucoup plus faible (R2 de 0.40). Ce qui confirme que cette notion est plus éloignée de la notion de la satisfaction avec la vie que les autres variables de confiance.

1.3.3 La confiance dans les institutions à travers les résultats de l’Eurobaromètre

On a vu que, dans le module de l’enquête EU-SILC de 2013 sur le bien-être, la question de la confiance dans les institutions politiques est “réduite” au “système politique”. On peut supposer que l’introduction de la notion de “système” a été choisie par les auteurs du questionnaire pour éviter que les enquêtés répondent sur la base d’arguments politiques conjoncturels (p.ex. popularité ou non du ou des partis politiques au pouvoir). Il n’est évidemment pas certain que cet effet de “rationalisation” ait bien été obtenu. Et la question se pose si ce niveau de “rationalité” peut être obtenu pour des questions concernant la confiance dans la politique et même s’il est souhaitable de l’obtenir dans un domaine qui est “partisan” par nature.

Quoiqu’il en soit, on dispose d’une autre source en la matière, à savoir les différentes éditions de l’Eurobaromètre depuis le début des années 2000. Contrairement au module EU-SILC de 2013, la question sur la confiance politique ne concerne pas le “système” politique, mais distingue toute une série d’ ”institutions politiques” en partant des partis politiques, en passant par le gouvernement, le parlement, mais aussi des institutions d’ordre comme la justice, la police ou l’armée. S’y ajoutent des questions sur la confiance dans les institutions internationales: l’Union européenne et les Nations Unies. Finalement, dans le cadre de l’Eurobaromètre, on demande aussi aux personnes enquêtées si elles ont confiance dans les médias (presse écrite,

Source : EUROSTAT, STATEC

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Confiance dans le système politique

Confiance dans le système politique / satisfaction avec la vie

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 223

télévision, radio, et plus récemment Internet). La question est formulée comme suit: "Avez-vous plutôt confiance ou plutôt pas confiance dans <institution>". Elle est donc beaucoup plus globale que les questions de l'enquête EU-SILC qui reposent sur une graduation de 0 à 10 pour ce qui concerne les questions de confiance, respectivement de satisfaction avec la vie.

Quel est le niveau de confiance dans les institutions et comment cette confiance a-t-elle évoluée depuis 2003 au Luxembourg.

Au Luxembourg, les institutions d'ordre (justice, police, armée) appréciés par les personnes enquêtées

C'est une institution d'ordre, à savoir la police, qui est l'institution dans laquelle les résidents ont le plus confiance en 2014. À noter que, pour les années 2003 et 2014 et pour tous les indicateurs, on a tenu compte de la deuxième vague annuelle de l'Eurobaromètre qui se déroule en automne de chaque année. Pour l'année 2008 on a pris en compte les données de la première vague annuelle (printemps) étant donné que de nombreuses variables font défaut lors de la deuxième vague de 2008.

72% des résidents du Luxembourg font confiance à la police en 2014. Suit l'armée avec 64% de la population faisant plutôt confiance à cette institution. Finalement l'autre institution d'ordre de base qu'est la justice est relativement bien placée avec 61% des personnes au Luxembourg qui indiquent qu'elles font plutôt confiance à cette institution.

Parmi toutes les institutions, les institutions politiques proprement dites, et plus particu-lièrement les partis politiques, sont situées en fin de peloton en termes de confiance de la part de la population luxembourgeoise en 2014

En automne 2014, seulement 51% de la population du Luxembourg font confiance au gouvernement, 47% au parlement et 25% aux partis politiques. Une des institutions de base de la démocratie représentative est donc assez peu appréciée par la population, à savoir les partis politiques. Ce qui pose évidemment des questions très importantes sur les perspectives en matière de fonctionnement de cette démocratie représentative. On verra d'ailleurs qu'il s'agit d'un

phénomène structurel (et non pas conjoncturel) qui dépasse en outre les frontières du Luxembourg.

Graphique 225: Confiance dans diverses institutions au Luxembourg, 2001, 2003, 2008 et 2014 (en % de la population)

Dans le cadre de l'Eurobaromètre, on a également demandé aux personnes enquêtées si elles font confiance aux différents médias. Là encore, il faut manier les résultats avec précaution. En effet, "la radio", "la presse écrite" et "la télévision" sont des notions très générales qui peuvent cacher des différences très importantes entre les différentes stations de radio ou de télévision ou entre les divers journaux ou magazines. Néanmoins, les réponses aux questions sur la confiance dans les médias permettent de comparer ceux-ci aux autres institutions prises en compte dans l'Eurobaromètre. Au Luxembourg, la radio se situe en haut du tableau avec 62% des personnes qui lui font confiance en 2014.

Avec ce taux, la confiance dans la radio se situe assez près d'une institution d'ordre comme la justice. La presse écrite se place en milieu de peloton des institutions avec 56% de la population qui lui font

Source: Eurobaromètre N.B.: Classement selon le taux de confiance en 2014 N.B: Dans l'Eurobaromètre de 2001 on ne posait pas encore la question sur la confiance dans l'Union européenne et dans les Nations Unies

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Cahier économique 120 224

confiance au Luxembourg. En revanche, la télévision se positionne plutôt vers la fin de peloton (juste devant des institutions politiques comme le parlement ou le gouvernement), avec environ la moitié de la population (52%) qui lui fait confiance.

Finalement, deux institutions internationales sont incluses dans l'Eurobaromètre: l'Union européenne et les Nations Unies. Avec un taux de 53% de la population faisant confiance à ces deux institutions en 2014, celles-ci se placent en milieu de classement.

La confiance dans certaines institutions peut évoluer rapidement, notamment la confiance dans les institutions politiques, comme le gouvernement, le parlement ou les partis politiques. En effet, on peut penser que le caractère intrinsèquement partisan de ces institutions (plus particulièrement des partis politiques) va de pair avec une certaine volatilité de la confiance que la population leur accorde.

La faible confiance dans les institutions politiques est devenue structurelle et elle a encore souffert suite à la crise

Il semble bien y avoir une composante conjoncturelle dans l'évolution de la confiance dans les institutions politiques. Au printemps 2001, la confiance dans le parlement et dans le gouvernement était encore très élevée au Luxembourg avec respectivement 72% et 73% de la population affirmant avoir plutôt confiance dans ces deux institutions. Avec ces valeurs, les deux institutions politiques se situaient même en tête des institutions prises en compte et cela devant la police (taux de confiance de 70% en 2001) et l'armée (65%). La crise du début des années 2000 qui touche le Luxembourg à partir de 2002/2003 semble avoir ébranlé (et cela définitivement) la confiance dans le gouvernement et dans le parlement. En 2003, seulement 53% des personnes interrogées au Luxembourg avaient confiance dans le parlement contre 72% en 2001, soit une chute de près de 20 points de % en 2 ans. La confiance dans le gouvernement évolue de 73% en 2001 à 60% en 2003, c'est-à-dire un recul de 13 points de %. La confiance dans le parlement et dans le gouvernement a donc reculé vers la fin du classement des institutions, alors qu'en 2001 elles se situaient plutôt à l'avant de ce classement. On aurait pu s'attendre qu'avec la sortie de crise (les taux de croissance du PIB atteignent des niveaux considérables de 2004 à 2007), le niveau de confiance dans le gouvernement et dans le parlement augmente à nouveau. Tel n'est

cependant pas le cas, les taux restent pratiquement stables en 2008 dans la comparaison avec 2003 (à noter que les effets de la crise ne se sont pas encore fait sentir très concrètement en automne 2008 au Luxembourg). Comment expliquer le fait que la confiance dans le gouvernement et dans le parlement ne se soit pas remise à croître de 2003 à 2008. On peut supposer que c'est en raison d'un discours de crise qui n'a pas connu de répit, malgré les chiffres objectifs assez favorables. Mais il s'agit évidemment d'une hypothèse sur laquelle il faudrait travailler en détail.

En ce qui concerne la confiance dans les partis politiques (qui, rappelons-le constituent un rouage central dans le régime de la démocratie représentative), elle était déjà très faible en 2001 (32% de la population faisaient confiance aux partis politiques). En 2003, elle est encore plus faible avec 26% et l'évolution ne s'inverse pas réellement jusqu'en 2008 (29%). Le niveau de confiance dans les partis politiques reste très bas par la suite et recule même. Il est de seulement 25% en automne 2014.

Quelle est l'évolution de la confiance dans le parlement et dans le gouvernement depuis le début de la crise ? Même si la confiance dans le gouvernement se réoriente à la hausse en 2009 (voir à ce sujet le Graphique dans l’annexe 1(1)), puis se stabilise à un peu moins de 70%, il ne s'agit que d'une augmentation provisoire.

Graphique 226: Confiance dans des diverses institutions au Luxembourg, 2001, 2003, 2008 et 2014 (en % de la population)

Source: Eurobaromètre

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Cahier économique 120 225

En fait, la tendance s'inverse à nouveau en 2011. En automne 2014, seulement la moitié (51%) des personnes interrogées font confiance au gouvernement, contre les 3/4 (73%) en 2001, rappelons-le. Moins de la moitié de la population (47%) fait confiance au parlement en automne 2014 (contre 72% en 2001).

Contrairement aux institutions politiques proprement dites, la confiance dans les institutions d'ordre (police, armée, justice) se porte plutôt bien au Luxembourg

Le Graphique radar montre bien les évolutions divergentes de la confiance dans les institutions au Luxembourg. On constate, d'une part, que la position des institutions politiques (surtout le gouvernement et le parlement) s'effrite et que le niveau de confiance dans les partis politiques, déjà très bas au début des années 2000 baisse encore au cours des années récentes.

En revanche, la confiance dans les institutions d'ordre (la police, l'armée et la justice), si elle a légèrement diminué dans les années 2000, reprend des couleurs aux cours des années de crise récentes. À titre d'exemple, le taux de confiance dans la police a diminué en passant de 70% en 2001 à 62% en 2008, puis il remonte à 72% en 2014. Le taux de confiance dans la justice évolue de 61% en 2001 à 52% en 2008, puis remonte à 61% den 2014. La confiance dans les institutions non politiques a donc tendance à augmenter au cours des années de crise récente. S'agit-il d'un effet de "compensation", vu la sclérose de la politique en termes de confiance?

Parmi les médias, c'est la confiance dans la télévision qui souffre le plus ...

L'évolution de la confiance dans les médias n'est pas univoque. Il semble néanmoins qu'il y ait une tendance nette de perte de confiance dans la télévision. Le taux de confiance passe de 65% en 2001 à 58% en 2003. Il se situe au même niveau en 2008 (58%), puis dégringole à 52% en 2014. La confiance dans la radio en 2014 (62%) se place pratiquement au même niveau qu'en 2008 (64%), mais le taux est inférieur à celui de 2001 (68%). Finalement, la presse écrite semble la plus stable en termes de confiance que la population lui accorde: le taux de confiance est de 58% en 2001, de 59% en 2008 et de 56% en 2014.

Au Luxembourg, la confiance dans l'Union européenne pâtit au cours de la crise, mais se redresse en 2014

La confiance dans l'Union européenne au Luxembourg connaît une première baisse parallèlement aux discussions sur la "constitution" européenne au milieu des années 2000 (voir le Graphique dans l’annexe 1(3)). Le taux de confiance dans l'UE évolue de 52% en 2003 à 60% en 2004, puis recule fortement à 47% en 2006. Ensuite, la confiance dans l'UE reprend des couleurs (62% en 2009) avant de s'effondrer avec la crise (42% en 2013, soit un recul de 20 points de % comparé à 2009). En 2014, l'amélioration de la situation économique semble aller de pair avec une embellie de la confiance dans l'UE (le taux de confiance atteint 53% en automne 2014).

La confiance dans les Nations Unies est tendanciellement orientée à la baisse

Au Luxembourg, au début des années 2000, la confiance dans les Nations Unies se situe autour de 70% (68% en 2001), puis le taux de confiance se tasse pour tomber aux alentours de 50% dans les années 2010 (48% en 2013, 53% en 2014).

La confiance dans les institutions au Luxembourg dans la comparaison avec quelques autres pays européens

L'évolution temporelle des indicateurs de confiance du Luxembourg donne une perspective d'analyse intéressante; la comparaison avec d'autres pays européens permet de compléter cette perspective. Pour cette comparaison on a retenu les pays voisins du Luxembourg, un pays du Nord de l'Europe (Danemark) et 4 pays du Sud de l'Europe qui étaient et sont d'ailleurs les pays les plus touchés par la crise économique. Une première chose est à noter: comme le laissent déjà penser les résultats du module d'EU-SILC de 2013, les résultats de l'Eurobaromètre montrent de façon assez claire, à l'exemple du Danemark - que l'on a pris en compte dans le Graphique 227 et dans l'annexe 1 -, que la confiance institutionnelle dans les pays nordiques se situe globalement à un niveau élevé. Pour l'année 2003, le polygone représentant le Danemark (voir Graphique 227), se place à l'extérieur de celui du Luxembourg (à l'exception de la confiance dans l'Union européenne, plus faible au Danemark qu'au Luxembourg et de la confiance dans le gouvernement plus élevée au Luxembourg); le polygone représentant le Luxembourg

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 226

se place lui-même à l'extérieur de ceux de la Grèce ou du Portugal pour les indicateurs de confiance dans les institutions politiques (gouvernement, parlement, partis politiques). Pour les indicateurs de confiance dans les institutions d'ordre (justice, police, armée), la situation est moins univoque: en Grèce, par exemple, la confiance dans les institutions d'ordre, comme la justice, la police ou l'armée est un peu plus élevée qu'au Luxembourg en 2003.

Structurellement, les rangs des pays concernant la confiance dans les institutions semblent rester assez stables jusqu'en 2014, année pour laquelle le polygone représentant le Danemark (voir Graphique 227) se dessine toujours à l'extérieur de celui du Luxembourg (et au même niveau qu'au Luxembourg pour la confiance dans l'Union européenne et la confiance dans le gouvernement). En revanche, les polygones des pays du Sud de l'Europe (le Portugal et la Grèce dans le Graphique 227) se sont "ratatinés" dans pratiquement toutes les dimensions de la confiance dans les institutions, à l'exception de la confiance dans les institutions d'ordre que sont la police ou l'armée qui se maintiennent relativement bien. On reviendra plus loin sur cette "frénésie de méfiance" qui semble marquer les pays du Sud de l'Europe, qui

sont d'ailleurs les pays les plus touchés par la crise économique.

En niveau et dans la comparaison avec autres pays européens, la confiance dans les institutions politiques au Luxembourg se situait à un niveau assez élevé au début des années 2000 ...

Dans les pays nordiques, la confiance dans les institutions est généralement plus élevée que dans les pays d'Europe occidentale (France, Belgique, ...) et que dans les pays du Sud de l'Europe. Le Luxembourg se situait plutôt du côté des pays nordiques il y a une quinzaine d'années.

Prenons les partis politiques, par exemple. En 2001, 36% de la population au Danemark avaient plutôt confiance dans ces institutions. Au Luxembourg, le pourcentage correspondant était de 32%, en Allemagne de 17%, en Belgique de 19% et en France de seulement 15%. Dans les pays du Sud de l'Europe, le niveau de confiance dans les partis politiques est plus bas qu'au Danemark, mais aussi plus bas qu'au Luxembourg: au Portugal, il était de 22% en 2001, en Espagne de 23%, en Grèce de 25%, mais en Italie de seulement 13%.

Graphique 227: Taux de confiance dans les institutions en 2003 et en 2014 au Luxembourg, au Danemark, en Grèce et au Portugal

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ParlementJustice

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 227

Autre exemple: la confiance dans le parlement se situait en 2001 à 73% au Danemark, à 72% au Luxembourg, mais seulement à 55% en Belgique et 52% en Allemagne. En Espagne (56% de confiance dans le parlement en 2001) et au Portugal (55%), les taux se plaçaient au même niveau que dans nos pays voisins et en Grèce la confiance dans le parlement était même plus élevée avec 63%. En revanche, en Italie, seulement 43% de la population avaient confiance dans le parlement.

En ce qui concerne la confiance dans le gouvernement, elle était particulièrement élevée au tout début des années 2000 au Luxembourg comparé aux autres pays (pris en considération dans l'annexe 1). En 2001, le taux de confiance dans le gouvernement était de 73% au Grand-Duché, contre 51% en Belgique, 47% en Allemagne et de 43% en France.

... mais au cours des années 2000 et plus particulièrement depuis la crise économique et financière, la méfiance dans les institutions politiques (y compris l'Union européenne) gagne du terrain au Luxembourg, comme dans les autres pays européens ...

Le niveau relativement faible et la volatilité de la confiance dans les partis politiques (qui est logiquement assez élevée) peuvent au moins partiellement être expliqués par le caractère idéologique et partisan du discours véhiculé par ces organismes). Cependant, il semble bien que s'y ajoute un fléchissement de la confiance dans les partis politiques au Luxembourg depuis que la crise économique s'était installée définitivement en 2009. En 2001, 32% des habitants du Luxembourg avaient confiance dans les partis politiques. Fin 2009, on atteint même un pic de quelque 40%. Depuis, le taux de confiance dans les partis a reculé à 25% en 2014. En fait, ce recul ne signifie pas que le Luxembourg s'enfonce réellement dans ce domaine. En effet, on a vu que le niveau de confiance dans les partis politiques était plus élevé que dans les pays voisins au Luxembourg au début des années 2000. Le recul fait qu'au Luxembourg le taux de confiance dans les partis politiques (25%) se situe désormais tout près de l'Allemagne (21%) et de la Belgique (18% en 2014, mais 26% en 2013). En revanche, en France le niveau de confiance dans les partis politiques, déjà faible en 2001 (15%) recule à 6% (!) en 2014 (voir annexe 1). Cette évolution en France est d'ailleurs bien antérieure à la crise. À noter qu'au Danemark le taux de

confiance dans les partis politiques reste élevé avec 34% en 2014 et cela malgré la crise. En ce qui concerne, la confiance dans les partis politiques, la tendance en Allemagne va plus en sens contraire des autres pays voisins du Luxembourg et du Luxembourg-même. En effet, la confiance dans les partis politiques en Allemagne qui était déjà assez faible au début des années 2000 a reculé d'abord en passant de 17% en 2001 à 12% en 2003, puis elle connaît une constante hausse même si elle n'est pas fulgurante en atteignant 21% en 2014. On verra que pour d'autres indicateurs de confiance dans les institutions politiques, l'Allemagne évolue - comme dans le domaine économique - à contre-courant de la plupart des autres pays européens.

On a déjà dit que le taux de confiance dans le gouvernement était très élevé au Luxembourg, comparé aux autres pays européens au début des années 2000 (en 2001, 73% au Luxembourg, contre 51% en Belgique, par exemple, 47% en Allemagne, 43% en France, 63% au Danemark ...). Au Grand-Duché, le taux recule à 55% au printemps 2008. Les premières années de crise semblent aller de pair au Luxembourg avec une augmentation de la confiance dans le gouvernement (68% en automne 2011), puis la confiance dans le gouvernement se tasse fortement à 51% en 2013 et en 2014. Au Danemark, on assiste également à une réduction du taux de confiance dans le gouvernement qui passe de 63% en 2001 à 57% en 2009, puis ce taux diminue fortement à 40% en 2013, avant de rebondir à 50% en 2014. En Belgique, le taux de confiance dans le gouvernement varie entre 40% et 50% entre 2001 et 2008, puis passe à 29% en 2010 pour remonter à 48% en 2013 et replonger à 33% en 2014. En France, la confiance dans le gouvernement, déjà relativement faible au début des années 2000 (30% en 2002) recule encore à 19% en 2013 avant de remonter à 23% en 2014, c'est-à-dire sans atteindre son niveau d'il y a 15 ans. L'évolution en Allemagne va à contre-courant de celle des deux autres pays voisins (ce qui pourrait être dû à l'évolution relativement favorable de l'économie allemande). La confiance dans le gouvernement allemand se tasse très fortement lors de la crise du début des années 2000 (de 47% en 2001 à 24% en 2003), puis s'oriente à la hausse (et est peu affectée par la crise économique) pour atteindre avec 48% en 2014, son niveau de 2001. Globalement, au Luxembourg, dans la comparaison avec les autres pays européens, la confiance dans le gouvernement, si elle a reculé tendanciellement et assez fortement, elle ne s'est pas effondrée totalement. Aujourd'hui le taux

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 228

reste un peu plus élevé qu'en Belgique, en Allemagne ou au Danemark et il est largement supérieur à celui de la France.

La confiance dans le parlement a fortement reculé au Luxembourg. Cette tendance structurelle avait déjà débuté avant la crise: on passe d'un taux de confiance de 72% en 2001 à 55% en 2008 à 41% en 2013. Le taux luxembourgeois remonte à 47% en 2014, soit un niveau qui reste largement inférieur à celui de 2001. En Belgique, en 2001, 55% de la population avaient confiance dans le parlement. Avec la crise économique du début des années 2000, le pourcentage recule à 40% en 2003, puis remonte à 55% en 2006. Depuis la confiance dans le parlement a tendance à reculer chez nos voisins belges, malgré quelques soubresauts à la hausse. En 2014, seulement 36% des habitants de la Belgique font confiance à leur parlement, soit un recul de 20 points de % par rapport à 2001. En France, en 2001, la confiance dans le parlement (47%) se situait déjà à un niveau plus faible qu'au Luxembourg, qu'en Belgique et en Allemagne. Depuis, la confiance dans le parlement est tendanciellement en baisse, malgré quelques variations ponctuelles à la hausse. En 2013, seulement 19% des habitants de la République française ont confiance dans le parlement. Même si le taux remonte à 23% en 2014, il reste parmi les faibles d'Europe occidentale et d'Europe du Nord. Finalement, il convient de noter qu'au Danemark, même si elle a un peu diminué avec la crise, la confiance dans le parlement (61% en 2014) y reste assez largement supérieure au Luxembourg et aux pays voisins du Grand-Duché. En fait, comme pour les autres indicateurs de confiance politique, il y a tout un monde entre le Danemark et la France, par exemple. D'une manière générale, la confiance dans le parlement au Luxembourg se situe en 2014 assez près des taux allemand et belge alors qu'au début des années 2000, la situation était beaucoup plus favorable au Luxembourg que dans ces deux pays voisins.

Jetons enfin un regard sur la confiance dans l'Union européenne. En fait, il ne s'agit pas d'une institution au sens propre du terme mais plutôt d'une construction politique, économique et sociale qui véhicule des notions multiples (parlement, Commission, Conseil des ministres ...). La réponse à la question sur la confiance dans l'Union européenne peut donc cacher des réalités multiples. D'un autre côté, la globalité du concept d'Union européenne peut éviter de se perdre dans les détails et la question

paraît assez bien adaptée pour mesurer le soutien général à la construction européenne.

On a déjà dit que la confiance dans l'Union européenne pâtit de la crise au Luxemburg, puis se redresse en 2014 (d'ailleurs l'année de sortie de crise). Le taux de confiance dans l'Union européenne au Luxembourg passe de 62% en 2009 à 42% en 2013 et réaugmente à 53% en 2014. Dans les pays voisins du Luxembourg le schéma est similaire: en Belgique, le pourcentage évolue de 68% en 2008 à 43% en 2014, en France, la part de ceux qui font confiance à l'Union européenne évolue de 50% en 2008 à 28% en 2013 et augmente à 36% en 2014, soit encore un niveau largement inférieur à celui d'avant-crise. En Allemagne, la confiance dans l'UE était de 44% en 2009. Elle recule à 29% en 2013, puis se redresse un peu à 34% (niveau qui reste néanmoins de 10 points de % inférieur à celui de 2009).

... et une véritable "frénésie de défiance" dans les institutions politiques dans les pays du Sud de l'Europe

On a vu qu'au Luxembourg, la confiance dans les institutions politiques (parlement, gouvernement et partis politiques) est sous pression. Ce n'est cependant rien par rapport à des pays comme la Grèce, l'Espagne ou le Portugal où la confiance dans les institutions politiques se "volatilise" littéralement. En Italie, le niveau de confiance dans les institutions politiques était déjà faible au début des années 2000. Dans les 15 dernières années un mouvement supplémentaire à la baisse n'a cependant pas pu y être évité.

En Grèce, en 2007, 21% de la population avaient confiance dans les partis politiques. En 2013, le pourcentage s'était réduit à 4%. Le fait qu'en 2014, le taux soit remonté à 8% ne peut pas cacher la crise de confiance profonde dans les partis politiques. En Espagne, la chute de la confiance dans les partis politiques est tout aussi impressionnante. En 2008, 40% de la population espagnole firent confiance aux partis politiques; jusqu'en 2014, le taux s'est réduit à 5%. Au Portugal, la confiance dans les partis politiques évolue de 21% en 2009 à 11% en 2014.

Dans les pays du Sud de l'Europe, le recul de la confiance dans le parlement est tout aussi impressionnant. En Grèce, le taux de confiance dans le parlement évolue de 49% en 2008 à 9% en 2012 (soit une chute de 40 points de % en quelques années). Jusqu'en 2014, le taux remonte à 14%, ce qui reste

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

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très éloigné des scores d'avant-crise. En Espagne, 54% de la population avaient confiance dans le parlement. En 2014, seulement 10% de la population expriment de la confiance dans le parlement. Au Portugal, le taux passe de 41% en 2009 à 15% en 2013, puis remonte quelque peu à 20% en 2014, soit la moitié de ce qu'il était en 2009.

L'évolution de la confiance dans le gouvernement pour les pays du Sud de l'Europe est similaire. Elle s'effondre en fait. En Grèce, on passe de 46% de confiance en 2007 à 7% en 2012, puis le taux augmente à 11% en 2014. Au Portugal, 30% de la population avaient confiance dans le gouvernement en 2008. Il faut dire que tout au long des années 2000, la confiance dans le gouvernement avait diminué étant donné que le taux de confiance était de quelque 50% en 2001. Avec la crise économique récente, le déclin se confirme. En 2014, seulement 17% de la population du Portugal avait confiance dans le gouvernement. En Espagne, 55% de la population exprimaient leur confiance dans le gouvernement en 2001. En 2014, ils n'étaient plus que 11% à dire la même chose.

Finalement, l'Union européenne s'inscrit dans le même mouvement de recul de la confiance. En Grèce, 60% de la population disaient avoir confiance dans l'Union européenne en 2008; en 2014, le pourcentage était réduit à 23%. En 2012, on avait même atteint un point plus bas avec 18%. En Espagne, le taux de confiance dans l'Union européenne était même de 66% en 2008. En 2014, on atteint 30%, après être passé à un minimum de 20% en 2012. Au Portugal, 62% de la population avaient confiance dans l'Union européenne en 2009, contre seulement 39% en 2014. En 2013, le taux était même de seulement 25%.

On pourrait donc dire que, dans les pays du Sud de l'Europe, la confiance dans les institutions politiques baisse fortement, mais cette formulation semble trop faible par rapport à ce qui se passe dans la réalité. La méfiance dans les institutions politiques semble en effet se répandre de façon contagieuse. Pour un pays comme la Grèce, on peut parler d'un véritable assèchement de la confiance dans les institutions qui, dans le Graphique 227, se reflète dans un polygone pour l'année 2014 qui a l'air de s'être rétréci par rapport à celui de 2003. Cette évolution peut être considérée comme inquiétante (parce qu'elle pourrait finir par mettre en cause le fonctionnement de l'Etat). D'un autre côté, quelques indicateurs permettent de nuancer le diagnostic "pessimiste". En effet, la

confiance dans les institutions d'ordre (justice, police, armée) se maintient relativement bien.

La confiance dans les institutions d'ordre (justice, police, armée) reste globalement plus stable dans la plupart des pays européens que la confiance dans les institutions politiques ...

Au Luxembourg, la part des personnes qui font confiance à la police était de 70% en 2001. Elle diminue tendanciellement jusqu'en 2008 (62%), puis remonte à plus de 70% (76% en 2008 et 72% en 2014, soit à peu près le même niveau qu'au début des années 2000). Sur l'ensemble de la période 2000-2014, le taux de confiance dans la justice au Luxembourg varie de 50% à un peu plus de 60%. En début et en fin de période le pourcentage est identique (61% en 2001 et en 2014). Quant à la confiance dans l'armée au Luxembourg, son niveau est également pratiquement identique en 2001 (65%) et en 2014 (64%).

L'évolution dans les pays voisins ne montre pas non plus de baisse structurelle de la confiance dans les institutions d'ordre; c'est même plutôt le contraire qui se passe. En Belgique, par exemple, la confiance dans la police se situe même à un niveau plus élevé en 2014 qu'en 2001. Le taux de confiance dans la police passe de 54% à 71% en 2008, puis recule à 65% en 2010 et remonte 69% en 2014. En Belgique encore, le taux de confiance dans la justice était de 37% en 2001 et de 46% en 2014. En Allemagne, le taux de confiance dans la justice était de 61% en 2001 et de 64% en 2014. Le taux de confiance dans la police allemande évolue de 74% en 2001 à 79% en 2014. En France, la confiance dans les institutions d'ordre est en assez forte augmentation (contrairement à la confiance dans les institutions politques qui y est faible en niveau en début de période et qui est encore en chute en cours de période). La confiance dans la justice en France passe de 40% en 2001 à 53% en 2014. En 2001, 57% de la population en France avaient confiance dans la police; en 2014, le pourcentage était de 71%. Le taux de confiance dans l'armée française était de 66% en 2001 et atteint 78% en 2014. Finalement, on peut relever les hauts niveaux de confiance dans les institutions d'ordre dans les pays du Nord de l'Europe. L'exemple du Danemark est éloquent. En 2001, 80% de la population danoise exprimaient leur confiance dans la justice; en 2014, le taux atteint même 84%. Le taux de confiance dans la police était de 90% en 2001 au

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

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Danemark et reste pratiquement au même niveau par la suite (88% en 2014).

... même si dans les pays du Sud de l'Europe certains indicateurs de confiance dans les institutions d'ordre sont plutôt orientés à la baisse

Dans les pays du Sud de l'Europe, certains indicateurs de confiance dans les institutions d'ordre (police, armée, justice) sont en chute, mais on est loin de l'effondrement de la confiance dans les institutions politiques proprement dites que l'on a décrite. Globalement, il ne semble pas y avoir de véritable contagion massive pour tous les indicateurs et dans tous les pays, même si une tendance relativement claire à la baisse de la confiance dans les institutions d'ordre peut être décelée pour la Grèce.

En Grèce, la confiance dans la justice a connu une baisse sensible qui se situe cependant en grande partie avant la récente crise économique. Par ailleurs, comparé aux autres pays du Sud de l'Europe, le niveau de confiance dans la justice en Grèce était très élevé et l'évolution de 2001 à 2008 conduit en fait à une adaptation du taux de la Grèce aux autres pays du Sud. En 2001, 69% de la population grecque avait confiance dans la justice. Le pourcentage correspondant se situe à 48% en 2008 et il est de 45% en 2014. Au Portugal, le taux de confiance dans la justice est de 35% en 2001, comme en 2014. En Espagne, par contre, la confiance dans la justice recule de façon significative pendant les années récentes. Le taux était de 46% en 2001; il augmente à 55% en 2008, puis diminue fortement à 25% en 2014. En Italie, en 2001, 40% des personnes enquêtées ont confiance dans la justice; le taux est de 33% en 2014.

La confiance dans la police diminue également en Grèce, même si c'est avec une amplitude moindre que pour la justice. En 2001, 64% de la population font confiance à la police en Grèce; en 2014 ils ne sont plus que 59%. En revanche au Portugal, la confiance dans la police semble avoir plutôt tendance à augmenter (le taux de confiance est de 55% en 2001, mais de 70% en 2014). En Espagne, il y a plutôt stabilité (63% de confiance dans la police en 2001 et 60% en 2014).

En Grèce, la confiance dans l'armée est également tendanciellement en diminution: 88% en 2001, 71% en 2014. En Espagne, l'indicateur est relativement stable: 63% de confiance dans l'armée en 2001 et

60% en 2014. Au Portugal, la confiance dans l'armée est plutôt en recul: 77% en 2001 et 67% en 2014.

D'une manière générale, la confiance dans les institutions d'ordre se maintient donc un peu moins bien dans les pays du Sud de l'Europe qu'au Luxembourg, au Danemark et dans les pays voisins du Luxembourg, sans que les indicateurs s'effondrent cependant, comme dans le cas des institutions politiques proprement dites.

Avec la crise, la confiance dans les médias se tasse un peu au Luxembourg, alors qu'en Espagne et en Grèce elle recule très fortement

En 2001, 58% des habitants du Luxembourg avaient plutôt confiance dans la presse écrite. Le taux augmente à 65% en 2009, puis diminue à 56% en 2014 (voir annexe 1 (4)). Le taux de confiance dans la radio fut de 68% en 2001. En 2009, le niveau reste pratiquement identique à 70%, alors qu'en 2014, le pourcentage n'est plus que de 62%. Finalement, la confiance dans la télévision est en net recul. 65% de la population du Luxembourg avaient confiance dans ce média en 2001. En 2009, le pourcentage et encore de 63%, puis recule à 52% en 2010 et se maintient ensuite à ce niveau jusqu'en 2014. En Belgique, la confiance dans les médias est également en recul, mais cela structurellement depuis les années 2000. La confiance dans la presse écrite, chez nos voisins belges était de 60% et de 56% en 2014; la confiance dans la radio en Belgique passe de 74% en 2001 à 66% en 2014. Enfin, le taux de confiance dans la télévision était de 76% en 2001, mais seulement de 61% en 2014 en Belgique. Comme au Luxembourg, c'est donc la confiance dans la télévision qui y recule le plus. Il faut préciser que sous "télévision", il faut comprendre une multitude de chaînes (du moins au Luxembourg) et que la variable ne s'applique évidemment pas une chaîne précise. En Allemagne, comme pour la plupart des autres indicateurs de confiance, l'évolution de la confiance dans les médias va à contre-courant de la plupart des autres pays européens pris en considération ici. En effet, la confiance dans les médias a plutôt tendance à augmenter chez nos voisins allemands. En 2001, le taux de confiance dans la presse écrite est de 43%. Le pourcentage augmente à 50% en 2011, puis se réduit un peu à 47% en 2014. En 2001, 60% des résidents en Allemagne avaient confiance dans la radio; en 2014, le pourcentage correspondant est plus élevé avec 67%. Le taux de confiance dans la télévision en Allemagne reste assez stable en variant autour de

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60%. Si en Allemagne les indicateurs de confiance dans les médias et dans les autres institutions évoluent plutôt à la hausse, en France les variables de confiance évoluent globalement en sens inverse (à la baisse). C'est également le cas pour les médias. La confiance dans la presse écrite est de 61% en 2001 chez nos voisins français; en 2014, le taux n'est plus que de 45%. En 2001, 63% de la population en France avaient confiance dans la radio; en 2014, le pourcentage a diminué à 55%. 52% des résidents en France faisaient confiance à la télévision en 2001; en 2014, ils ne sont plus que 34%. À noter finalement qu'au Danemark le niveau de confiance dans les médias est élevé et reste remarquablement stable en cours de période.

En Espagne et en Grèce, le recul de la confiance institutionnelle semble également toucher les médias et cela de façon très massive. Le taux de confiance dans la presse écrite en Grèce était de 45%; en 2014, le taux se tasse à 31%. En 2001, 54% de la population grecque avaient confiance dans la radio; en 2014, ils ne sont plus que 40%. La confiance dans la télévision en Grèce s'effondre littéralement (48% en 2001 et 21% en 2014.) En Espagne, le recul de la confiance dans les médias est également spectaculaire. 65% des habitants d'Espagne avaient confiance dans la presse écrite, contre seulement 37% en 2014. Le taux de confiance dans la radio passe de 72% en 2001 à 49% en 2014 et celui de la confiance dans la télévision de 66% en 2001 à 33% en 2014.

Même la confiance dans les Nations Unies est en souffrance dans les pays les plus affectés par la crise

Au Luxembourg, la confiance dans les Nations Unies recule en cours de période: le taux est de 68% en 2001 et de 53% en 2014. Cependant, en Espagne et en Grèce, la défiance par rapport à cette institution se développe beaucoup plus fortement: en Grèce, 48% de la population affirment avoir confiance dans les Nations Unies en 2001; en 2014, le pourcentage est divisé par deux: 24% de la population de la Grèce font confiance aux Nations Unies. En Espagne, le taux de confiance dans les Nations Unies était de 66% en 2001 et diminue à 29% en 2012 avant de remonter à 39% en 2014, ce qui reste un niveau largement inférieur au début des années 2000.

Une véritable contagion de la défiance institu-tionnelle dans les pays les plus touchés par la crise?

En comparant les pays dans les graphiques de l'annexe 2, il apparaît qu'au Luxembourg, au Danemark et en Belgique, il y a certes un impact de la crise sur les indicateurs de confiance, mais les polygones pour les années 2003, 2008 et 2014 restent assez proches (plus particulièrement au Luxembourg et au Danemark). Ce qui veut dire que, même si la confiance institutionnelle a reculé dans ces pays et notamment au Luxembourg, l'amplitude de ce recul reste "relativement" faible. En revanche, en Grèce et en Espagne, le polygone des indicateurs de confiance s'est fortement rétréci (en d'autres mots, la courbe concernant l'année 2014 se situe largement à l'intérieur de la courbe pour les années 2003 ou 2008) et cela dans pratiquement dans toutes les dimensions.

La satisfaction avec le fonctionnement de la démocratie est en forte baisse dans les pays du Sud de l'Europe, alors qu'elle se maintient à un niveau élevé au Luxembourg, malgré un tassement au cours des années de crise

Se pose évidemment la question si une baisse (généralisée et massive) de tous les indicateurs de confiance institutionnelle n'est pas susceptible de mettre tout simplement en péril le fonctionnement des démocraties.

On dispose d'un indicateur provenant, comme les indicateurs de confiance, de l'Eurobaromètre et qui a trait à la satisfaction avec la démocratie. Elle formulée comme suit: "Dans l'ensemble, êtes-vous très satisfait(e), plutôt satisfait(e), plutôt pas satisfait(e) ou pas du tout satisfait(e) du fonctionnement de la démocratie en <notre pays>". La question est posée de façon identique dans l'Eurobaromètre depuis le milieu des années 1970.

Cette façon de poser la question sur la démocratie englobe évidemment des concepts et des notions très différentes et pourrait s'apparenter à celle posée dans l'enquête EU-SILC de 2013 sur la confiance dans le "système politique" (même si la notion de "satisfaction" n'est pas identique à celle de "confiance").

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 232

Au Luxembourg, le pourcentage des personnes affirmant être satisfaites du fonctionnement de la démocratie:

- est élevé en niveau par rapport aux autres pays européens dès le milieu des années 1970;

- a augmenté en tendance jusqu'à la crise des années récentes, c'est-à-dire jusqu'en 2009;

- a tendance à diminuer pendant la crise sans pour autant s'effondrer.

En 1976, le taux de satisfaction avec la démocratie était de 54% au Grand-Duché. En Belgique, il était légèrement inférieur (53%) et en France, largement inférieur (42%). Par contre, en Allemagne, le pourcentage de satisfaction (79%) était de beaucoup supérieur à celui du Luxembourg et au Danemark. La satisfaction avec la démocratie dans notre pays augmente par la suite tendanciellement (avec évidemment des soubresauts) pour atteindre 90% en 2009. Depuis, la satisfaction avec le fonctionnement de la démocratie s'est tassée - tout en restant à un niveau élevé - en passant à 80% en 2014 au Luxembourg.

En France, la satisfaction avec le fonctionnement de la démocratie a tendance à augmenter à partir du milieu des années 1970 (43% en 1976) jusqu'en 2007 (65%), puis elle connaît quelques soubresauts et se rétracte par la suite à quelque 50% au cours des années récentes. En Allemagne, le taux de satisfaction avec la démocratie se situait à un niveau élevé (entre 70% et 80%) du milieu des années 1970 à la fin des années 1980. Avec la réunification intervient un

effondrement de la satisfaction avec la démocratie (45% en 1997), puis une augmentation qui va à contre-courant des autres pays européens (la satisfaction avec le fonctionnement de la démocratie est de 72% en 2014 en Allemagne).

Comme la plupart des indicateurs de confiance institutionnelle, la satisfaction avec le fonctionnement de la démocratie s'effondre en Espagne et Grèce parallèlement à la crise économique récente. En Italie et au Portugal, l'évolution est également très négative. En Grèce, la part de la population satisfaite du fonctionnement de la démocratie évolue de 63% en 2007 à 11% (!) en 2012, puis elle remonte à quelque 20% (soit un tiers par rapport à l'avant-crise). En Espagne, le taux de satisfaction avec le fonctionnement de la démocratie était de 77% en 2007. En 2014, le pourcentage correspondant n'est plus que de 22%. Au Portugal, le taux de satisfaction avec le fonctionnement de la démocratie évolue de 40% en 2009 à 25% en 2014.

Globalement, la situation est donc assez inquiétante dans certains pays du Sud de l'Europe, étant donné que la plupart des indicateurs de confiance institutionnelle s'effondrent et que s'y superpose une insatisfaction croissante par rapport au fonctionnement de la démocratie. Au Luxembourg, l'évolution semble moins "périlleuse" étant donné que, si la confiance dans les institutions purement politiques (partis politiques, gouvernement, parlement) est sous pression, la confiance dans les institutions d'ordre (justice, police) reste assez positive.

Graphique 228: Pourcentage de la population étant "très" ou "plutôt" satisfaite du fonctionnement de la démocratie, 1976-2014

Source: Eurobaromètre

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Pays du Sud de l'Europe

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 233

Annexe 1 (1): Évolution de la confiance dans les institutions politiques dans deux groupes de pays, 2001-2014 (%)

Source: Eurobaromètre

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Partis politiques

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Gouvernement

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Gouvernement

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Parlement

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 234

Annexe 1 (2): Évolution de la confiance dans les institutions d'ordre dans deux groupes de pays, 2001-2014 (%)

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Source: Eurobaromètre

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Justice

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Police

PT EL ES IT

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 235

Annexe 1 (3): Évolution de la confiance dans les institutions internationales dans deux groupes de pays, 2001-2014 (%)

Source: Eurobaromètre

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Union européenne

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Nations Unies

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 236

Annexe 1 (4): Évolution de la confiance dans les médias dans deux groupes de pays, 2001-2014 (%)

Source: Eurobaromètre

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Presse écrite

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Radio

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Télévision

PT EL ES IT

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 237

Annexe 2: Indicateurs de confiance en 2003, 2008 et 2014 au Luxembourg, au Danemark, en Belgique, au Portugal, en Grèce et en Espagne (%)

Source: Eurobaromètre

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Partis politiques

Gouvernement

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Partis politiques

Gouvernement

ParlementJustice

Police

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Union européenne

ONU

Danemark

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020406080

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Radio

Télévision

Partis politiques

Gouvernement

ParlementJustice

Police

Armée

Unioneuropéenne

ONU

Grèce

2003 2008 2014

020406080

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Radio

Télévision

Partis politiques

Gouvernement

ParlementJustice

Police

Armée

Unioneuropéenne

ONU

Portugal

2003 2008 2014

020406080

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Radio

Télévision

Partis politiques

Gouvernement

ParlementJustice

Police

Armée

Unioneuropéenne

ONU

Espagne

2003 2008 2014

020406080

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Radio

Télévision

Partis politiques

Gouvernement

ParlementJustice

Police

Armée

Union européenne

ONU

Belgique

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 238

The well-being of residents in Luxembourg: (results from regression analysis)

This chapter provided an in-depth description of the life satisfaction of residents in Luxembourg and, wherever possible, it disaggregated the information by gender, age, residence, and income. The figures drawn are consistent with some well-known patterns identified by the literature on quality of life. For instance, it is well-known that richer, more educated, and younger people are more satisfied with their lives than others. Being on a relationship, having children, or being employed are characteristics that, on average, contribute significantly to the well-being and meaning of life of a person. Yet, this evidence leaves some questions unanswered. For instance, are richer people more satisfied with their lives because they are healthier, more educated, living in a proper environment, have a safe job, or because they are – just – rich? We cannot address this issue using basic statistics: there are many conditions that may affect well-being at the same time, and accounting for their joint effect requires a more sophisticated approach, such as regression analysis.

This box deepens previous analysis and presents results from a regression of well-being on its determinants, i.e. a list of variables that are likely to explain the differences of life satisfaction within the population. This exercise allows us to establish what matters for the life satisfaction of Luxembourgish residents while keeping all other characteristics constant. In other words, regression analysis allows us to tell the effect of income for well-being, while keeping all other characteristics – such as gender, age, and education – constant or, to use economists jargon, ceteris paribus.

Methodological remark

As life satisfaction is a categorical variable taking values from 1 to 10, we report the marginal effects after an ordered probit model with robust standard errors. Marginal effects inform about the change, measured in percentage points, in the probability of choosing a given level of life satisfaction when the explanatory variables change marginally. Present estimates refer to a level of life satisfaction equal to 8, on a scale from 1 to 10, i.e. the median value of the distribution of life satisfaction.1

1 The median value is the number that halves a distribution, i.e. it leaves the exact same amount of observations on the right and on the left of its position.

Results

Results are graphically presented in Figure 1, whereas Table 1 in the Appendix provides the exact coefficients. Results show that, ceteris paribus, richer people, home owners, retired, house workers, and married people have a higher probability to be very satisfied with their lives (a score of life satisfaction equal to 8). It is worth emphasizing that these results are net of each other: for instance, the positive statistical association (correlation) between household income and life satisfaction does not depend on the fact that richer people can also be home owners, retired or married. On the other hand, unemployed people, elderly, disabled and people with chronic illnesses have lower probabilities to be very satisfied with their lives than their counterparts. These figures are consistent with the information provided by descriptive statistics.

In addition to this, the regression analysis uncovered two further aspects: the first one is the positive impact of a lively social life on well-being. People who meet often with friends, who can count on the help from others, who have someone to discuss with have, on average, a higher probability to be very satisfied with their lives than others. The same holds true for people who trust others and national institutions, namely the legal system, and the police. On the contrary, trusting the political system is not significantly associated with the probability of being very satisfied with life. The coefficients indicate that meeting friends at least once a month increases the probability of being very satisfied by 3.16 percentage points. In case of people regularly participating in leisure activities or having anyone to discuss personal matters, the same probability increases by about 1.50 percentage points. Confidence in institutions and trust in others seem to exert a smaller, although positive and significant, effect: people who trust others have a probability of 0.89 percentage points higher than others of being very satisfied, while in case of confidence in institutions the same probability increases by 0.5 percentage points. These numbers indicate that the probability of being very satisfied with own life for people who trust others or Luxembourgian institutions increases from 33.6% to nearly 34.5%

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 239

Figure 1: Coefficients plot of marginal effects of each independent variable on life satisfaction. Marginal effects have been computed for a score of life satisfaction equal to 8, the median value of the life satisfaction distribution

Source: EU-SILC for Luxembourg, 2013. Note: The squares in the figure indicate the marginal effects, while the horizontal lines indicate the confidence interval. A bar crossing the zero (which is marked with a vertical, solid line) suggests that the marginal effect is not significantly different from zero. The exact coefficients are reported in Table 1 in the Appendix. The second aspect concerns the well-being of people with a migratory background: immigrants – either from within or outside Europe – are, on average, less satisfied with their lives than nationals: the probability of being very satisfied with life is 0.48 percentage points lower for immigrants than nationals. Although the difference is small, it is worth to emphasise that this number refers to a fairly high level of satisfaction with life. If we consider a lower level of satisfaction — such as the one of the first quartile, which is equal to 5 – the probability that an immigrant’s well-being belongs to that level is 1.2 percentage points higher than for nationals: i.e. the probability increases from 8.8% to 10%.

Understanding the reasons for the difference in well-being between nationals and immigrants requires a deeper analysis and goes beyond the scope of this box. However, previous studies – both within and across countries – confirm that the life satisfaction gap between immigrants and nationals exists, and they explain it in terms of different endowments of what matters for people’s well-being (see, for instance, Valentova and Berzosa, 2012; Callens et al., 2014). Descriptive statistics for Luxembourg point to the differences between immigrants and nationals in terms of income, home ownership, and social relations as possible explanatory factors of the gap (see figure 2 in the Appendix for some comparative figures of nationals and immigrants). Unemployed immigrants

MaleAge

Age squared / 100Marital status: Married

Marital status: SeparatedMarital status: WidowedMarital status: Divorced

Household size: 2Household size: 3Household size: 4

Household size: 5+Education level: Lower secondary educationEducation level: Upper secondary educationEducation level: Post-secondary education

Education level: Tertiary educationEconomic status: Employee part-time

Economic status: Self-employedEconomic status: UnemployedEconomic status: In educationEconomic status: In retirement

Economic status: DisabledEconomic status: Housework

Hosue ownerImmigrant

Trust in the political systemTrust in the legal system

Trust in the policeTrust in others

Anyone to discussHelp from others

Log of household incomeLeisure activityChronic illness

Get-together with friends

-.1 -.05 0 .05

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 240

are nearly two times more numerous than nationals and, on average, less rich: 57% of nationals have a household income higher than the national average, while this percentage amounts to 42% in case of immigrants; the latter group reports slightly less social contacts (for instance, 48% of immigrants and 52.7% of nationals declared to trust others), but higher confidence in national institutions, such as police, and the political and legal system. Finally, while 37% of nationals own the dwelling they live in, only 18.5% of immigrants own the dwelling they live in.

Conclusion

In sum, the correlates of life satisfaction in Luxembourg are similar to those identified by the international literature on quality of life (Dolan et al., 2008; Boarini et al., 2012; OECD, 2013). Some figures also confirm the findings from descriptive statistics. In particular it seems that richer people are more satisfied than poorer people; men are slightly less satisfied than women; unemployed people are less satisfied than employed ones; the relationship between age and life satisfaction is not U-shaped as usually found, and older people are more dissatisfied than younger ones; finally, landlords are more satisfied than tenants. On the other hand, regression analysis also revealed some discrepancies compared to the descriptive statistics. For instance, available figures do not point to any significant difference in the life satisfaction of people belonging to households of various sizes1, or of various degrees of education. In addition to this, regression analysis also uncovered some new aspects, namely the positive role for well-being of social relationships, and of trust in others and in national institutions; and the negative role of migratory background.

Far from being conclusive, this evidence calls for a more in-depth analysis of the possible mechanisms behind these results. Future analyses require more sophisticated methods, such as instrumental variables, to assess the causality between explanatory variables and life satisfaction. This step is necessary to reach some conclusive result that could inform policy-makers about the policies to improve people’s life satisfaction in Luxembourg.

1 The only exception are households with 3 components who have a slightly lower, but statistically significant probability of being very satisfied with their lives.

References

Boarini, R., Comola, M., Smith, C., Manchin, R., & De Keulenaer, F. (2012). What makes for a better life?: The determinants of subjective well-being in OECD countries–Evidence from the Gallup World Poll (No. 2012/3). OECD Publishing.

Callens, M. S., Valentova, M., & Meuleman, B. (2014). Do attitudes towards the integration of immigrants change over time? A comparative study of natives, second-generation immigrants and foreign-born residents in Luxembourg. Journal of International Migration and Integration, 15(1), 135-157.

Dolan, P., Peasgood, T., & White, M. (2008). Do we really know what makes us happy? A review of the economic literature on the factors associated with subjective well-being. Journal of economic psychology, 29(1), 94-122.

Organisation for Economic Co-operation and Development. (2013). OECD guidelines on measuring subjective well-being. OECD Publishing, Paris.

Valentova, M., & Berzosa, G. (2012). Attitudes toward immigrants in Luxembourg. Do contacts matter?. International review of sociology, 22(2), 341-363.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 241

Appendix

Table 1: Marginal effects after ordered probit regression analysis.

Variables dy/dx z-stat Male -0.00250* (-2.03) Age -0.000345 (-1.36) Age squared / 100 0.000214 (0.82) Married 0.00745** (2.78) Separated -0.00101 (-0.09) Widowed -0.0157 (-1.67) Divorced -0.00127 (-0.29) Household size: 2 people -0.000530 (-0.52) Household size: 3 people -0.00624** (-2.86) Household size: 4 people -0.00106 (-0.74) Household size: 5 and more -0.00109 (-0.60) Lower secondary education -0.000848 (-0.31) Upper secondary education 0.00188 (0.94) Post-secondary education 0.00293 (1.16) Tertiary education 0.00215 (1.00) Employee part-time -0.000759 (-0.29) Self-employed 0.00237 (1.07) Unemployed -0.0630*** (-3.81) Student 0.000260 (0.05) Retired 0.00299 (1.63) Disabled -0.0218* (-2.01) Housework 0.00360** (2.66) House owner 0.00301* (2.51) Immigrant -0.00483** (-2.81) Trust in the political system -0.000388 (-0.31) Trust in the legal system 0.00506** (2.90) Trust in the police 0.00575** (2.91) Trust in others 0.00891*** (4.77) Has anyone to discuss personal matters 0.0178* (2.11) Help from others if needed 0.00480 (1.59) Log of household income 0.00698*** (4.59) Regularly participates in a leisure activity 0.0150*** (4.42) Suffers from a chronic illness -0.0152*** (-4.57) Meeting friends at least once a month 0.0316*** (3.71) Observations 4511

z statistics in parentheses. Ordered probit estimated with robust standard errors. Dependent variable: Life satisfaction (0-10). dy/dx for factor levels is the discrete change from the base level.

Significance levels: * p < 0.05, ** p < 0.01, *** p < 0.001.

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Figure 2: Share of people by socio-economic variables

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 243

2. La structure de consommation des ménages Les données présentées dans cette contribution sont issues des enquêtes sur les budgets des ménages menées dans les pays européens (voir encadré méthodologique). Les données comparatives les plus récentes pour les pays européens concernent l’année 2010. Pour le Luxembourg, les dernières données disponibles se rapportent à l’année 2012.

Une première façon d’approcher les questions liées à la consommation est de raisonner en termes de niveau de consommation. Exprimées en SPA (Standard de Pouvoir d’achat), c’est-à-dire en euros ajustés par les différences de niveau de prix entre pays, les dépenses de consommation par ménage au Luxembourg sont de 60% plus élevées qu’en moyenne dans la zone euro. Ce chiffre représente, implicitement, une mesure de la différence de niveau de vie. L’écart est beaucoup plus faible pour certaines catégories de consommation. Le niveau des dépenses alimentaires est pratiquement identique au Luxembourg et dans la zone euro. Ce qui est, somme toute, logique, les dépenses alimentaires constituant des besoins de base qui sont comparables d’un pays à l’autre. Les différences entre pays se font à travers d’autres postes de consommation. Les écarts les plus importants concernent les dépenses pour les

hôtels et restaurants (+97% au Luxembourg par rapport à la moyenne de la zone euro), pour l’ameublement (+98%), pour l’habillement (+95%) et pour le logement (+83%).

Le logement, l’alimentation et les transports représentent ensemble plus de 55% des dépenses des ménages en moyenne dans l’UE et au Luxembourg

En ce qui concerne la structure de consommation, on décèle 2 ou 3 postes dont l’importance en termes relatifs (en % de la consommation totale) dans les pays européens est beaucoup plus importante que d’autres postes. Il s’agit d’abord du logement: le pourcentage dans les dépenses totales des ménages pour le logement va de 23.5% en Lettonie à 37.2% en Bulgarie. Au Luxembourg, le pourcentage correspondant est également élevé avec 33.8% des dépenses totales des ménages en 2010. Il convient de noter que, dans ces dépenses pour le logement, les loyers imputés sont inclus. On reviendra plus loin sur la question du logement. Les dépenses pour transports (achat de véhicules, carburants, transports publics …) vont d’un peu plus de 5% des dépenses totales de ménages en Bulgarie à environ 15% au Luxembourg et 17% en Finlande. Finalement, les dépenses pour l’alimentation se situent entre 8.8% pour le Luxembourg (la part la plus faible des pays européens) à près de 40% au Monténégro.

Tableau 60: Dépense de consommation moyenne par ménage selon les catégories de consommation au Luxembourg et dans certains pays européens, 2010 (en SPA)

Zone € BE DE EL ES FR IT LU PT

Luxembourg-

Zone euro (en %)

Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 4 114 4 122 3 298 4 791 4 437 4 354 5 292 3 959 3 097 -3.8

Boissons alcoolisées, tabac et narcotiques 588 642 466 887 651 715 494 641 440 9.0Articles d'habillement et articles chaussants 1 426 1 405 1 239 1 794 1 738 1 105 1 807 2 784 867 95.2Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 8 339 8 349 8 588 8 245 9 266 7 392 9 174 15 255 6 825 82.9Ameublement, équipement ménager et entretien maison 1 431 1 959 1 328 1 683 1 506 1 361 1 444 2 830 990 97.8Santé 931 1 476 1 101 1 588 978 426 1 080 1 115 1 359 19.8Transports 3 720 4 072 3 981 3 157 3 816 3 896 3 294 6 545 3 387 75.9Communications 783 809 765 1 009 960 800 571 971 779 24.0Loisirs et culture 2 300 2 841 2 993 1 168 2 049 2 132 1 597 3 297 1 229 43.3Enseignement 262 147 236 847 321 143 218 158 505 -39.7Restaurants et hôtels 1 737 2 010 1 320 2 885 2 816 1 524 1 397 3 423 2 418 97.1Autres biens et services 2 850 3 429 3 052 1 919 2 347 3 778 2 026 4 192 1 463 47.1

Total 28 481 31 261 28 367 29 973 30 885 27 626 28 394 45 170 23 359 58.6

Source : STATEC, EUROSTAT

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

244 Cahier économique 120

Au Luxembourg, les trois postes de consommation représentent donc quelque 55% des dépenses totales des ménages; en Norvège on approche même les 60%. En Bulgarie et en Roumanie, plus de 70% des dépenses des ménages sont affectées au logement, à l’alimentation et aux transports.

Les différences de la structure de consommation entre les pays européens sont notamment liées aux écarts de niveau de vie

Le niveau de vie a un impact très important sur la structure de consommation. Grosso modo, avec le niveau de vie, la part des dépenses alimentaires diminue, alors que la part des dépenses pour les transports augmente. C’est également le cas de la part des dépenses pour les loisirs et la culture. Pour le logement, la situation est moins univoque, comme on le verra.

Au Luxembourg, la part des dépenses pour l’alimentation est la plus faible parmi les pays européens

Plus le niveau de vie est élevé, moins la part des dépenses alimentaires est importante. L’écart entre pays va de 1 à 4. Pour l’année 2010 - dernière année pour laquelle on dispose de données comparatives -, les pourcentages se situent entre 8.8% au Luxembourg (le pourcentage le plus faible en Europe),

11.8% au Danemark, 12.7% en Suède, mais à 39.9% au Monténégro, 31.5% en Roumanie et 29.3% en Bulgarie.

Au cours du dernier quart de siècle, avec l’augmentation du niveau de vie, la part des dépenses pour l’alimentation a d’ailleurs fortement diminué dans beaucoup de pays européens, notamment du Sud de l’Europe. Au Luxembourg, la part des dépenses d’alimentation passe d’environ 15% en 1988 à 9% en 2010, en Espagne de 26% à 14% et au Portugal de 30% à 13%.

Graphique 229: Part des dépenses pour l’alimentation dans les dépenses totales des ménages, 1988-2010 (en %)

Tableau 61: La structure de consommation dans les pays européens, 2010

Source : EUROSTAT, STATEC

0

5

10

15

20

25

30

35

1988 1994 1999 2005 2010

BE DE FR LU Zone € ES PT

UE-28

Zone € BE BG DK DE EE IE EL ES FR CR IT CY LV LT LU MT NL AT PL PT RO SI SK FI SE NO MN TR

Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 16.3 14.6 13.2 29.3 11.8 11.6 23.3 12.2 16.0 14.4 15.8 25.6 18.6 12.3 26.1 28.5 8.8 22.2 10.0 12.1 22.7 13.3 31.5 14.5 22.0 13.0 12.7 11.8 39.9 22.5Boissons alcoolisées, tabac et narcotiques 2.4 2.1 2.1 4.0 2.8 1.6 3.1 3.2 3.0 2.1 2.6 3.0 1.7 1.3 3.1 3.2 1.4 2.4 1.8 2.4 2.5 1.9 5.9 1.9 3.0 2.3 2.0 2.6 3.5 4.1

Articles d'habillement et articles chaussants 5.0 5.0 4.5 2.5 5.2 4.4 4.0 5.4 6.0 5.6 4.0 5.1 6.4 6.8 5.4 7.0 6.2 7.1 5.1 5.7 4.8 3.7 4.2 5.9 5.3 3.4 4.7 5.3 7.4 5.2Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 28.4 29.3 26.7 37.2 31.2 30.3 29.4 27.7 27.5 30.0 26.8 32.3 32.3 26.6 23.5 28.5 33.8 8.1 28.6 23.8 32.7 29.2 36.0 29.8 33.8 26.7 33.1 31.2 15.3 28.0Ameublement, équipement ménager et entretien 5.2 5.0 6.3 2.8 5.6 4.7 5.5 3.7 5.6 4.9 4.9 3.9 5.1 5.7 3.8 4.1 6.3 8.8 5.7 6.9 4.7 4.2 3.1 5.8 4.0 4.8 6.1 5.9 3.9 6.1Santé 3.1 3.3 4.7 4.8 2.7 3.9 3.2 2.9 5.3 3.2 1.5 2.6 3.8 5.3 5.4 4.0 2.5 6.3 1.4 3.5 4.4 5.8 3.5 2.0 3.0 3.2 2.2 2.6 3.3 2.0Transports 12.4 13.0 13.0 5.3 12.3 14.0 9.7 12.8 10.5 12.4 14.1 9.5 11.6 13.9 11.0 8.0 14.5 13.8 11.5 15.0 8.8 14.5 4.6 13.2 7.2 17.5 12.3 16.3 8.8 14.3Communications 3.1 2.8 2.6 4.1 2.4 2.7 5.2 3.5 3.4 3.1 2.9 4.2 2.0 3.5 4.6 3.8 2.1 4.0 3.0 1.7 4.0 3.3 3.8 4.1 5.2 2.6 2.9 1.9 5.1 4.2Loisirs et culture 8.5 8.0 9.1 2.6 11.5 10.5 8.4 8.9 3.9 6.6 7.7 4.4 5.6 5.4 6.5 3.9 7.3 8.4 10.5 12.8 7.4 5.3 3.1 9.0 7.2 10.4 14.1 12.5 3.7 2.6Enseignement 1.1 0.9 0.5 0.3 0.6 0.8 1.1 2.0 2.8 1.0 0.5 0.7 0.8 3.4 1.7 0.5 0.4 1.7 1.1 1.0 1.2 2.2 0.6 0.8 0.4 0.2 0.0 0.2 1.8 2.0Restaurants et hôtels 5.8 6.0 6.4 4.1 5.0 4.7 2.6 7.9 9.6 9.1 5.5 1.9 4.9 8.5 3.7 4.5 7.6 7.0 6.1 5.7 2.1 10.4 1.0 3.6 4.8 4.2 3.8 3.5 2.3 5.0Autres biens et services 8.7 10.0 11.0 3.1 9.0 10.8 4.6 9.9 6.4 7.6 13.7 6.8 7.1 7.2 5.3 4.1 9.3 10.3 15.1 9.3 4.8 6.3 2.9 9.2 4.0 11.9 6.1 6.3 4.9 4.0Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Part des trois postes de consommation : produits alimentaires, logement et transports 57.1 56.9 52.9 71.8 55.3 55.9 62.4 52.7 54.0 56.8 56.7 67.4 62.5 52.8 60.6 65.0 57.1 44.1 50.1 50.9 64.2 57.0 72.1 57.5 63.0 57.2 58.1 59.3 64.0 64.8

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg) N.B. : Les pays suivants n'ont pas imputé un loyer pour l'utilisation des logements occupés par leur propriétaire en tant que résidence principale du ménage: le Royaume-Uni, la République tchèque, la Hongrie et l'ancienne République yougoslave de Macédoine. Pour ces pays, les chiffres de la structure de consommation ne sont donc pas comparables aux autres pays et ils ne sont pas inclus dans la comparaison européenne.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 245

Graphique 230: Niveau de vie et part des dépenses de consommation par catégories dans les pays européens, 2010

Dans les pays voisins du Luxembourg et dans la zone euro en moyenne, la tendance à la baisse est beaucoup moins marquée et, depuis les années 1990, la part des dépenses alimentaires tend plutôt à s’y stabiliser. En Belgique, le pourcentage des dépenses de consommation consacrées à l’alimentation passe de 16% en 1988 à 12% en 1994, puis se stabilise à un niveau de quelque 13%.

En Allemagne, environ 15% du total des dépenses sont consacrées à l’alimentation en 1988. La part passe à 11% en 1999 et reste grosso modo à ce niveau dans les années 2000.

Source : EUROSTAT, STATEC (pour le Luxembourg)

BE

BG

DK

DE

EE

IEEL

ESFR

LV

ITCY

HR LT

LU

NL AT

PL

PT

RO

SISK

FISE

NOR² = 0.6747

05 000

10 00015 00020 00025 00030 00035 00040 00045 00050 000

0 5 10 15 20 25 30 35Revenu

national brut par h

abita

nt (en

SPA)

Part de l'alimentation dans les dépenses (en %)

Alimentation

BE

BG

DKDE

EE

IE

EL

ESFR

HR

IT CY

LV PL

LU

NL AT

LTPT

RO

SISK

FI SE

NOR² = 0.5179

05 000

10 00015 00020 00025 00030 00035 00040 00045 00050 000

0 10 20 30 40 50 60 70 80

Reevenu natio

nal brut par h

abita

nt (en

SPA)

Part de l'ameublement, de l'équipement ménager (en %)

Ameublement, équipement ménager et entretien de la maison

BE

BG

DK

DE

EE

IEEL ES

FR

HR

ITCY

LVLT

LU

NL AT

PLPT

RO

SISK

FISE

NOR² = 0.5572

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

35 000

40 000

45 000

50 000

0 5 10 15 20

Revenu

national brut par h

abita

nt (en

SPA)

Part des transports dans les dépenses (en %)

Transports

BE

BG

DKDE

EE

IE

ELESFR

HR

IT CY

LVLT

LU

NLAT

PL

PT

RO

SISK

FISE

NOR² = 0.6206

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

35 000

40 000

45 000

50 000

0 1 2 3 4 5 6

Revenu

national brut par h

abita

mnt (en

SPA)

Part des communications dans les dépenses (en %)

Communications

BE

BG

DKDE

EE

IEEL

ESES

HR

ITCY

LV

LT

LU

NL

AT

PLPT

RO

SISK

FI

SE

NOR² = 0.5012

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

35 000

40 000

45 000

50 000

0 5 10 15

Revenu

national bruit par h

abita

nt (en

SPA)

Part des loisirs et de la culture dans les dépenses (en %)

Loisirs et culture

BE

BG

DK

DE

EE

IE

ELESFR

HR

ITCY

LV LT

LU

NLAT

PL

PT

RO

SI SK

FISE

NOR² = 0.0047

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

35 000

40 000

45 000

50 000

20 25 30 35 40

Revenu

national brut par h

abita

nt (en

SPA)

Part du logement dans les dépenses (en %)

Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles

BE

BG

DKDE

HU

IE

ELES

FR

HR

IT

CY

LV LT

LU

PL

NL AT

EE

PT

RO

SISK

FISE

NOR² = 0.0662

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

35 000

40 000

45 000

50 000

0 1 2 3 4 5 6 7 8

Revenu

national brut par h

abita

nt (en

SPA)

Part de l'habillement et articles chaussants (en %)

Articles d'habillement et articles chaussants

BE

BG

DKDE

EE

IE

EL

ESFR

HR

ITCY

LVLT

LU

NLAT

PL PT

RO

SISK

FISE

NOR² = 0.083

05 000

10 00015 00020 00025 00030 00035 00040 00045 00050 000

0 2 4 6 8 10 12Revenu

national brut par h

abita

nt (en

SPA)

Part des restaurants et hôtels dans les dépenses (en %)

Restaurants et hôtels

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 246

Tableau 62: Structure des dépenses pour l’alimentation au Luxembourg et dans certains pays européens, 2010 (en %)

Dans le détail, au Luxembourg, 1.5% des dépenses totales de consommation des ménages sont déboursées pour le pain et les céréales (soit environ 17% de l’ensemble des dépenses alimentaires), 1.9% pour la viande, c’est-à-dire 22% des dépenses alimentaires, le poste le plus important dans le budget de l’alimentation. D’ailleurs, dans les autres pays européens pris en considération (voir Tableau 362), le pourcentage correspondant pour la consommation de viande est comparable.

0.6% des dépenses totales des ménages sont consacrées au Luxembourg à l’achat de poissons et autres aliments marins, ce qui équivaut à quelque 7% des dépenses alimentaires. À noter que dans des pays du Sud de l’Europe - situés près de la mer -, la consommation de poissons est généralement plus importante. Au Portugal, par exemple, elle atteint 14.6% du total des dépenses alimentaires, en Espagne 12.0%, soit près du double de la part qui vaut pour le Luxembourg.

Les achats de fruits correspondent à 0.6% des dépenses totales des ménages luxembourgeois, soit 7.4% de l’ensemble des dépenses alimentaires. Parmi les pays pris en considération dans le Tableau 62, les parts dans les dépenses alimentaires sont similaires, sauf en Espagne où les ménages consacrent près de 10% des dépenses alimentaires à l’achat de fruits (9.5%).

Dans l’ensemble des dépenses des ménages au Luxembourg, les achats de légumes ne représentent qu’un peu moins de 1% des dépenses totales ou 9.8% des dépenses alimentaires prises séparément. En France, la part des légumes dans les dépenses alimentaires des ménages atteint près de 15%.

Dans le domaine de l’alimentation, on peut finalement noter que la part des dépenses pour boissons non alcoolisées – plus particulièrement l’eau minérale, les boissons gazeuses et les jus - dans les dépenses des ménages au Luxembourg est assez importante: 1.0% des dépenses totales et 10.9% des dépenses alimentaires. À titre de comparaison, au Portugal et en Grèce, les dépenses pour boissons non-alcoolisées n’atteignent même pas 6% des dépenses des ménages pour l’alimentation.

Par ailleurs, la part des dépenses consacrées aux boissons alcoolisées et aux tabacs est également inversement proportionnelle au niveau de vie. En Turquie, dans l’Ancienne République yougoslave de Macédoine et en Bulgarie, la part dépasse les 4% et elle atteint même près de 6% des dépenses des ménages en Roumanie. Au Luxembourg, en revanche, la part des boissons alcoolisées et des tabacs n’est que de 1.4% des dépenses totales, en Allemagne 1.6%, en Belgique 2.1% et en France 2.6%. Depuis les années 1980, dans tous les pays européens, la part des dépenses pour boissons alcoolisées et tabacs a d’ailleurs diminué en tendance (voir Graphique 231). Au Luxembourg, le pourcentage des dépenses de consommation pour alcool et tabacs passe de 2.4% en 1988 à 1.4% en 2010. En Italie, la part passe de 2.8% en 1988 à 1.7% en 2010, au Portugal de 3.7% à 1.9%.

BE DE EL ES FR LU PT

Produits alimentaires, boissons non alcoolisées 13.2 11.6 16.0 14.4 15.8 8.8 13.3

Produits alimentaires 12.0 10.4 15.1 13.4 14.7 7.8 12.5Pain et céréales 2.5 … 2.1 2.3 2.6 1.5 2.3Viande 3.2 … 3.8 3.4 3.5 1.9 3.1Poisson et aliment marin 0.8 … 1.2 1.7 1.1 0.6 1.9Lait, fromages et oeufs 1.6 … 2.7 1.8 2.3 1.2 1.8Huiles et graisses 0.3 … 1.1 0.3 0.3 0.2 0.5Fruits 0.9 … 1.2 1.4 1.2 0.6 1.0Légumes 1.4 … 1.9 1.4 2.3 0.9 1.2

Sucre, confitures, miel, chocolat et confiserie 0.9 … 0.8 0.6 0.9 0.5 0.4Produits alimentaires n.d.a. 0.5 … 0.2 0.5 0.5 0.3 0.3

Boissons non alcoolisées 1.2 1.2 0.9 1.0 1.1 1.0 0.8Café, thé, cacao 0.2 … 0.3 0.2 0.4 0.3 0.3

Eau minérale, boissons gazeuses, jus 0.9 … 0.6 0.8 0.7 0.7 0.5

BE DE EL ES FR LU PT

Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Produits alimentaires 91.1 89.8 94.4 93.0 93.0 89.1 94.2Pain et céréales 18.8 … 13.3 15.8 16.3 16.8 17.2Viande 24.5 … 23.8 23.9 22.3 22.2 23.2Poisson et aliment marin 5.8 … 7.6 12.0 6.9 6.6 14.6Lait, fromages et oeufs 12.1 … 16.7 12.4 14.5 13.9 13.6Huiles et graisses 2.1 … 6.7 2.4 1.9 2.8 3.7Fruits 6.9 … 7.4 9.5 7.7 7.4 7.7Légumes 10.4 … 12.1 9.8 14.6 9.8 8.8Sucre, confitures, miel, chocolat et confiserie 6.6 … 5.2 3.9 5.8 5.9 3.1Produits alimentaires n.d.a. 3.9 … 1.5 3.4 3.0 3.6 2.3

Boissons non alcoolisées 9.0 10.2 5.6 7.0 7.0 10.9 5.8Café, thé, cacao 1.9 … 1.9 1.7 2.3 2.9 2.3

Eau minérale, boissons gazeuses, jus 7.1 … 3.7 5.3 4.7 8.0 3.6

Source : EUROSTAT, STATEC

Part dans les dépenses totales des ménages

Part dans les dépenses alimentaires des ménages

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 247

Graphique 231: Part des dépenses pour les boissons alcoolisées et les tabacs dans les dépenses totales des ménages, 1988-2010 (en %)

De façon similaire aux dépenses pour l’alimentation et aux dépenses pour les boissons alcoolisées et les tabacs, plus le niveau de vie est élevé, moins la part des dépenses de communication (services postaux, téléphones et de télécopieurs, services de téléphone et de télécopie) dans les dépenses totales des ménages est élevée. En Estonie et en Slovaquie, les dépenses pour communications atteignent le pourcentage considérable de 5.2% des dépenses totales des ménages, en Slovénie et en Bulgarie 4.1% et en Lituanie et en Roumanie 3.8%. En Belgique, le pourcentage correspondant n’est que de 2.6%, en Allemagne 2.7%, au Danemark 2.4%. Au Luxembourg, avec 2.1% du total, la part des dépenses des ménages pour les communications est parmi les plus faibles en Europe. Seule l’Autriche est encore mieux placée (la part y atteint 1.7% des dépenses totales). Evidemment, la corrélation n’est pas parfaite et la dispersion autour de la droite de régression n’est pas négligeable. Ainsi, en Italie, la part des communications dans les dépenses totales (2.0%) se situe tout près de celle qui vaut pour le Luxembourg (2.1%) alors que le niveau de vie en Italie est bien plus faible qu’au Luxembourg.

En ce qui concerne, l’évolution de la part des dépenses de communication dans les dépenses des ménages, il semble qu’il y ait deux périodes bien distinctes depuis la fin des années 1980. Jusqu’à la fin des années 1990, la tendance de la part des communications dans la consommation est orientée à la hausse.

Graphique 232: Part des dépenses pour communications dans les dépenses totales des ménages, 1988-2010 (en %)

Dans certains pays, cette tendance continue d’ailleurs jusqu’au milieu des années 2000. Depuis, la part semble plutôt stable. À titre d’exemple, au Luxembourg, la part des communications dans les dépenses totales des ménages passe de 0.7% en 1988 à 2.1% en 1999, puis se maintient à ce niveau dans les années 2000.

Dans une autre publication du STATEC, il est montré que la relative stabilité observée au cours des dix dernières années cache des disparités entre les deux composantes de la catégorie "communication", c’est-à-dire d’une part les équipements (téléphones, etc.) et, d’autre part, les services de communication (abonnements, p.ex.). Au Luxembourg, la part des dépenses en équipement a reculé (de 0.5% des dépenses totales en 1999 à 0.1% en 2012), alors que la part des dépenses pour services de communication évolue de 1.6% des dépenses totales en 1999 à 2.0% en 2012.1

S’il y a une corrélation négative entre, d’une part, le niveau de vie des pays et les parts des dépenses pour "alimentation" et "communication", on constate, en revanche, une corrélation fortement positive entre le niveau de vie des pays et la part des dépenses que les ménages consacrent aux transports et aux loisirs.

1 Voir à ce sujet: STATEC (2015), Les TIC chez les ménages et les particuliers en 2014, Bulletin du STATEC, n° 1/2015

Source : EUROSTAT, STATEC

0

1

2

3

4

5

6

1988 1994 1999 2005 2010

BE DE FR LUZone € ES PT

Source : EUROSTAT, STATEC

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

3.0

3.5

1988 1994 1999 2005 2010

BE DE FR LU

Zone € ES PT

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 248

Dans les pays les moins bien lotis en termes de niveau de vie, les dépenses pour les loisirs et la culture dans le budget des ménages sont moins importantes que dans les pays plus "riches". En Bulgarie, où le niveau de vie est parmi les faibles des pays européens, seulement 2.6% des dépenses des ménages sont consacrées aux loisirs et à la culture. En Roumanie et au Monténégro, la part du budget des ménages consacrée aux loisirs et à la culture n’est guère plus importante avec respectivement 3.1% et 3.7%. En revanche, en moyenne dans l’UE-28, ces dépenses pour "loisirs et culture" atteignent 8.5% des dépenses totales des ménages et même 11.5% au Danemark, 12.5% en Norvège et 14.1% en Suède. Le Luxembourg (7.3% du total des dépenses vont aux loisirs et la culture) se situe plutôt en milieu de tableau malgré le niveau de vie très élevé.

Il convient de noter que les voyages sont également inclus dans les loisirs et la culture et qu’ils représentent une partie importante de ce poste budgétaire, plus particulièrement au Luxembourg. Au Grand-Duché, 2.1% du total des dépenses des ménages sont consacrés aux voyages, soit près du tiers (28.8%) du poste "loisirs et culture". En moyenne, dans la zone euro, la part des voyages n’est que de 1.4% du total des dépenses des ménages, c’est-à-dire quelque 18% du poste budgétaire "loisirs et culture".

Tableau 63: Structure des dépenses de loisirs et de culture au Luxembourg et dans certains pays européens, 2010 (en %)

À titre de comparaison, en Grèce, le poste "voyages" ne représente qu’environ 8% du poste "loisirs et culture".

En jetant un regard sur l’évolution de la part des loisirs et de la culture dans les dépenses totales des ménages entre 1988 et 2010, il semble qu’il y ait plutôt stagnation de cette part. Au Luxembourg, elle est de 7.3% en 1988 et elle se situe exactement au même niveau en 2010, après avoir connu, il est vrai, une hausse passagère de 1988 à 1994 à 11.5%. Dans les autres pays européens, les variations de la part du poste de consommation pour les loisirs et la culture sont faibles et parfois même très faibles depuis la fin des années 1980. Au Portugal, par exemple, on note une très légère hausse (de 4% à un peu plus de 5%), alors qu’en France, la part varie autour de 7%.

L’évolution des différents postes de la catégorie de consommation des "loisirs" n’est pas uniforme. On constate, par exemple, que – comme pour les dépenses de communication - les dépenses pour l’équipement audiovisuel, photographique et informatique ont reculé entre 2005 et 2010. Celles-ci sont passées de 648 PPA (parité du pouvoir d’achat) à 506 PPA.1 Ce recul est dû à une baisse constatée sur tous les postes de dépenses mis à part les supports d’enregistrement. La chute la plus remarquable concerne les équipements informatiques qui, après avoir fait l’objet d’une fulgurante ascension (de 57 à 273 PPA entre 1988 et 2005), ont reculé à 202 PPA en 2010.

Graphique 233: Part des dépenses pour loisirs et culture dans les dépenses totales des ménages, 1988-2010 (en %)

1 Voir à ce sujet: STATEC (2015), Les TIC chez les ménages et les particuliers en 2014, Bulletin du STATEC, n° 1/2015

BE DE EL ES FR LU PTLoisirs et culture (Total) 9.1 10.6 3.9 6.6 7.7 7.3 5.3

Appareils et accessoires, y compris réparations 1.1 1.5 0.5 1.0 1.3 1.1 0.5Autres biens durables importants pour les loisirs et la culture 0.4 0.2 0.3 0.1 0.3 0.2 0.0

Autres articles et équipement de loisirs, jardins et animaux d'agrément 1.8 1.8 0.8 1.0 1.7 1.6 1.0

Services récréatifs et culturels 2.3 2.8 1.2 2.1 2.3 1.4 1.6Presse, librairie et papeterie 1.4 1.8 0.9 0.9 1.1 0.9 1.5Voyages 2.1 2.5 0.3 1.4 0.0 2.1 0.5

BE DE EL ES FR LU PTLoisirs et culture (Total) 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0Appareils et accessoires, y compris réparations 12.1 13.9 12.8 15.2 16.9 15.3 10.3Autres biens durables importants pour les loisirs et la culture 4.0 2.2 6.6 2.0 3.5 3.4 0.5

Autres articles et équipement de loisirs, jardins et animaux d'agrément 19.7 17.3 19.6 15.3 21.6 22.0 19.4

Services récréatifs et culturels 25.4 26.2 30.3 31.6 30.0 18.8 31.2

Presse, librairie et papeterie 15.3 16.7 22.7 14.3 14.7 11.9 28.8Voyages 23.4 23.8 8.1 21.7 13.3 28.6 9.8

Source : EUROSTAT, STATEC

Part dans les dépenses totales des ménages

Part dans les dépenses pour loisirs et culture des ménages

Source : EUROSTAT, STATEC

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 249

La part des dépenses en équipement TIC recule, et ce depuis 1988, passant de 19‰ en 1988 à 11 ‰ en 2010. Diverses raisons peuvent être invoquées pour expliquer ces changements comme la désuétude de certains équipements (par ex. le magnétoscope, le poste de radio, …), la place de plus en plus grande occupée par l’informatique parmi les équipements audiovisuels (on peut regarder la télévision et/ou écouter la radio sur Internet, faire des photos et des vidéos avec les tablettes et smartphones, …) ou encore une meilleure connaissance technique des utilisateurs (qui pourrait expliquer en partie la baisse des dépenses de maintenance des appareils). Cependant, un autre facteur joue sans doute un rôle déterminant dans ces changements: c’est la baisse continuelle du prix de ces biens.1

En ce qui concerne les transports, il y a également une corrélation positive entre la part des dépenses qui y sont consacrées et le niveau de vie (voir Graphique 230). Autrement dit, plus le niveau de vie est élevé, plus la part des transports dans les dépenses des ménages est importante. En Roumanie et en Bulgarie, pays qui se situent en bas de l’échelle des niveaux de vie en Europe, cette part est de respectivement 4.6% et 5.3%. Au Luxembourg, la part des dépenses pour les transports atteint le triple avec 14.5%. En Norvège et en Finlande, les pourcentages sont encore plus élevés avec respectivement 16.3% et 17.5%.

En jetant un regard sur le détail (voir Tableau 64), on constate qu’au Luxembourg, la part importante des dépenses des ménages consacrées aux transports résulte largement de l’achat de véhicules et beaucoup moins des dépenses d’utilisation des véhicules, comme le carburant. La part pour l’achat des véhicules dans les dépenses totales des ménages atteint 7.7% au Grand-Duché, contre 3.9%, 3.7% et 3.6% respectivement au Portugal, en Espagne et en Grèce. En d’autres mots, au Luxembourg, plus de la moitié des dépenses pour les transports (53.1%) sont dédiées à l’achat de véhicules, contre seulement 27.1% au Portugal et 30.2% en Espagne, par exemple. En Belgique et en Allemagne, les achats de véhicules correspondent à environ un tiers des dépenses totales du poste "transports" (respectivement 37.5% et 33.3%).

1 Idem

Tableau 64: Structure des dépenses pour les transports au Luxembourg et dans certains pays européens, 2010 (en %)

En termes absolus, l’écart pour l’achat de véhicules est encore plus parlant: au Luxembourg, près de 3 500 SPA (standards de pouvoir d’achat, c’est-à-dire euros ajustés par les différences de niveaux de prix entre pays européens) y sont dédiés par ménage, contre environ 900 SPA au Portugal et 1100 SPA dans la zone euro en moyenne.

Les dépenses pour carburants ne représentent au Luxembourg que 2.3% des dépenses totales des ménages, correspondant à quelque 16% des dépenses pour les "transports". Dans les pays voisins, les pourcentages sont plus élevés: à titre d’exemple, en Belgique, les ménages affectent 3.0% de leurs dépenses totales à l’achat de carburants (ce qui équivaut à 23% des dépenses pour le poste "transports"); en Allemagne 4.0% des dépenses totales concernent les carburants (ou environ 29% du poste "transports"). À noter toutefois que ces pourcentages se rapportent à la structure de consommation et que le dénominateur dans ce calcul est constitué par les dépenses totales (respectivement les dépenses pour les transports). Dans un pays comme le Luxembourg, ce dénominateur est évidemment beaucoup plus élevé que dans la plupart des autres pays européens. En valeur absolue, les dépenses pour les carburants par ménage au Luxembourg (1 040 SPA en 2010) sont comparables à la Belgique (940 SPA) ou à l’Allemagne (1 140 SPA).

BE DE EL ES FR LU PTTransports 13.0 14.0 10.5 12.4 14.1 14.5 14.5Achats de véhicules 4.9 4.7 3.6 3.7 6.5 7.7 3.9Utilisation des véhicules personnels 7.1 8.5 5.8 7.4 6.0 5.8 9.3Pièces détachées et accessoires 0.4 0.7 0.6 0.2 0.5 1.4 0.5Carburants et lubrifiants 3.0 4.0 4.2 4.4 4.2 2.3 6.9Entretien et réparations 1.3 1.4 0.8 2.3 0.9 1.6 1.5Autres services relatifs aux véhicules personnels 2.5 2.3 0.2 0.4 0.4 0.5 0.5Services de transport 1.0 1.4 1.2 1.2 1.6 1.0 1.3

BE DE EL ES FR LU PTTransports 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0Achats de véhicules 37.5 33.3 34.0 30.2 46.3 53.1 27.1Utilisation des véhicules personnels 54.8 60.4 54.6 59.8 42.5 40.0 63.9Pièces détachées et accessoires 8.1 14.3 16.2 6.5 7.8 17.9 12.4Carburants et lubrifiants 23.0 28.7 39.9 35.7 29.7 15.8 47.3Entretien et réparations 9.7 10.2 7.4 18.8 6.5 10.9 10.0Autres services relatifs aux véhicules personnels 19.1 16.7 1.8 3.4 2.6 3.8 3.2Services de transport 7.7 10.2 11.4 10.0 11.2 6.9 9.0

Source : EUROSTAT, STATEC

Part dans les dépenses totales des ménages

Part dans les dépenses pour transports des ménages

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 250

Graphique 234: Part des dépenses pour les transports dans les dépenses totales des ménages, 1988-2010 (en %)

En ce qui concerne l’évolution de la part des "transports" dans les dépenses totales des ménages depuis la fin des années 1980, on constate d’abord qu’il n’y pas de tendance univoque en Europe ni à la hausse, ni à la baisse (voir Graphique 234). En moyenne, dans la zone euro, la part des transports reste assez stable autour de 13%. En France, la part semble avoir très légèrement diminué dans les années 1990, puis elle s’est stabilisée à quelque 14%. Au Luxembourg, en revanche, l’augmentation de la part des transports semble assez claire de 1988 à 2005 (de 12% à 16%). En 2010, la part des transports revient à environ 14% au Grand-Duché.

On a vu qu’il y a une corrélation positive entre le niveau de vie et la part des dépenses des ménages pour les transports, de même qu’avec la part des dépenses pour les loisirs et la culture. Pour le poste de dépenses consacrées à l’ameublement, à l’équipement ménager et l’entretien de la maison, on retrouve également une corrélation positive (voir Graphique 230). Dans les deux pays où le niveau de vie (revenu national brut par habitant) est le moins élevé, c’est-à-dire en Bulgarie et en Roumanie, la part des dépenses pour l’ameublement, l’équipement ménager et l’entretien de la maison dans les dépenses totales est la moins importante: 2.8% des dépenses totales en Bulgarie et 3.1% en Roumanie. En moyenne, en Europe, le pourcentage correspondant dépasse de peu les 5%, alors qu’au Luxembourg, la part est de 6.3%. Avec 6.9% l’Autriche est le seul pays européen, où la part des dépenses pour l’ameublement, l’équipement ménager et l’entretien de la maison dépasse celle du Luxembourg. En ce qui concerne les pays voisins du Luxembourg, la part de l’ameublement, l’équipement

Tableau 65: Structure des dépenses pour l’ameublement, l’équipement ménager et l’entretien de la maison au Luxembourg et dans certains pays européens, 2010 (en %)

ménager et l’entretien dans les dépenses totales des ménages en Belgique atteint le même taux qu’au Luxembourg (6.3%). La part est plus faible en France (4.9%) et en Allemagne (4.7%). La corrélation évoquée est cependant loin d’être parfaite: en Grèce, par exemple, les dépenses pour meubles, équipement ménager et entretien de la maison représentent 5.6% des dépenses des ménages, alors qu’en Norvège, où le niveau de vie est deux fois plus élevé qu’en Grèce, le pourcentage est très comparable (5.9%).

En entrant dans le détail des dépenses d’ameublement, d’équipement ménager et d’entretien de la maison, on peut retenir, pour le Luxembourg, une part importante déboursée par les ménages pour les meubles, tapis et revêtements du sol. Ces achats constituent 2.7% des dépenses totales des ménages et près de 43% des dépenses de ménages consacrées au poste "ameublement, équipement ménager et entretien de la maison". À titre de comparaison, au Portugal, l’achat de meubles, tapis et revêtements de sol ne représente que 15% du poste "ameublement, équipement, entretien de la maison". En Grèce, avec 16%, le taux est également beaucoup plus faible qu’au Luxembourg.

Source : EUROSTAT, STATEC

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BE DE EL ES FR LU PTAmeublement, équipement ménager et entretien maison 6.3 4.7 5.6 4.9 4.9 6.3 4.2Ameublement, tapis et autres revêtements de sol et réparations 1.7 1.9 0.9 1.1 1.3 2.7 0.6Articles de ménage en textiles 0.6 0.4 0.8 0.5 0.3 0.4 0.2Appareils ménagers 1.1 0.8 0.6 0.9 0.7 0.9 0.6Verrerie, vaisselle et ustensiles de ménage 0.4 0.3 0.4 0.2 0.3 0.2 0.1Outillage pour la maison et le jardin 0.5 0.5 0.2 0.2 0.6 0.4 0.1Biens et services pour l'entretien courant de l'habitation 2.0 0.6 2.8 2.0 1.7 1.7 2.6

BE DE EL ES FR LU PTAmeublement, équipement ménager et entretien maison 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0Ameublement, tapis et autres revêtements de sol et réparations 27.9 39.6 16.0 22.0 26.7 42.7 15.3Articles de ménage en textiles 9.2 7.8 14.0 9.8 5.5 6.9 5.7Appareils ménagers 16.8 16.7 10.4 17.7 14.4 13.9 13.6Verrerie, vaisselle et ustensiles de ménage 5.9 7.0 7.4 4.5 6.5 3.2 2.6Outillage pour la maison et le jardin 8.6 11.4 3.0 4.1 11.9 6.4 2.1Biens et services pour l'entretien courant de l'habitation 31.6 17.5 49.3 42.0 35.0 27.0 60.8

Source : EUROSTAT, STATEC

Part dans les dépenses totales des ménages

Part dans les dépenses pour ameublement des ménages

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 251

Graphique 235: Part des dépenses pour l’ameublement, l’équipement ménager et l’entretien de la maison dans les dépenses totales des ménages, 1988-2010 (en %)

On a vu que plus le niveau de vie est élevé, plus la part des dépenses pour l’ameublement, l’équipement ménager et l’entretien de la maison dans les dépenses des ménages est importante. Quant à l’évolution de la part de ces dépenses au cours du dernier quart de siècle, elle est plutôt orientée à la baisse (plus particulièrement à partir du milieu des années 1990). Au Luxembourg, la part des dépenses pour le poste "ameublement, etc." passe de 9.3% en 1994 à 6.3% en 2010. Dans la zone euro en moyenne, la part passe de 6.8% à 5.0%.

Il y a également des catégories de consommation, pour lesquelles il n’y pas de corrélation nette et claire entre le niveau de vie et leurs parts respectives dans les dépenses totales des ménages. C’est par exemple le cas pour les vêtements et les chaussures. Pour cette catégorie de consommation, la corrélation entre le niveau de vie général et la part dans les dépenses de consommation totales est nulle (voir Graphique 230). Il y a bien, d’un côté, des pays où le niveau de vie est faible et où la part des dépenses pour l’habillement est également faible. C’est notamment le cas en Bulgarie où elle n’atteint que 2.5% en 2010. La dispersion des pays autour de la droite de régression est importante. En Lituanie, où le niveau de vie est également faible comparé à la moyenne européenne, la part dépensée par les ménages pour l’habillement est beaucoup plus importante (7.0% des dépenses totales) qu’en Bulgarie. En Italie, la part des dépenses des ménages pour l’habillement est de 6.4% en 2010, alors qu’elle n’est que de 3.4% en Finlande où le niveau de vie /revenu national brut par habitant) est de 10% plus élevé qu’en Italie.

Graphique 236: Part des dépenses pour l’habillement et les chaussures dans les dépenses totales des ménages, 1988-2010 (en %)

Au Luxembourg, les ménages consacrent 6.2% des dépenses totales aux vêtements et aux chaussures. Ce pourcentage est élevé dans la comparaison européenne, mais en Lituanie, à Chypre et en Italie, les pourcentages des dépenses pour l’habillement sont encore plus importants

Rappelons que la part relative des dépenses de consommation ne dit rien sur la valeur absolue des moyens affectés aux achats. Les dépenses par ménage pour vêtements et chaussures atteignent 2 800 SPA (standards de pouvoir d’achat) en 2010 au Grand-Duché, soit le double du montant dépensé par un ménage moyen dans la zone euro (1 400 SPA).

S’il n’y pas de corrélation nette entre le niveau de vie et la part des dépenses que les ménages consacrent à l’habillement, on constate cependant une évolution relativement homogène à la baisse de la part relative de cette catégorie de consommation depuis la fin des années 1980 dans les pays européens. En d’autres mots, avec l’augmentation du niveau de vie, c’est-à-dire des revenus des ménages, le volume de ces revenus consacré à l’habillement semble diminuer en termes relatifs (par rapport aux dépenses totales). Dans la zone euro, en moyenne, la part de l’habillement dans les dépenses totales passe de 7.1% en 1994 à 5.0% en 2010. Au Portugal, le taux évolue de 9.3% en 1988 à 3.7% en 2010, au Luxembourg de 8.1% à 6.2%. Dans cette perspective, l’évolution du comportement de consommation relatif à l’habillement semble donc assez similaire à celle relative à l’alimentation (un autre bien essentiel) dont

Source : EUROSTAT, STATEC

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 252

la part dans les dépenses de consommation diminue également assez fortement depuis les années 1980.

On pourrait supposer que les dépenses pour les hôtels et les restaurants reflètent un comportement de consommation similaire à celui qu’on a constaté pour les loisirs et la culture. On peut ranger ces catégories de consommation - du moins une partie de ces catégories - dans le domaine des dépenses pour des biens ou services "non essentiels". On a vu que plus le niveau de vie d’un pays est élevé, plus la part de dépenses pour les loisirs et la culture dans les dépenses totales est importante. Cependant pour les hôtels et les restaurants on ne retrouve pas ce schéma, du moins à première vue. Le coefficient de corrélation entre le niveau de vie et la part des dépenses pour les hôtels et les restaurants est nul pour les pays de l’Union européenne (voir Graphique 230). En d’autres mots, on ne peut pas déduire des chiffres (des pays pris en considération) qu’un niveau de vie plus élevé va de pair avec une part plus importante des dépenses que les ménages consacrent à des hôtels et des visites de restaurants. En moyenne, en Europe, les ménages affectent quelque 6% du total de leurs dépenses aux restaurants et aux hôtels. Au Luxembourg, les habitants déboursent 7.6% du total de leurs dépenses pour les hôtels et les restaurants, un des pourcentages les plus élevés parmi les pays européens. En fait, en regardant de plus près le Graphique 230 concernant la corrélation entre le niveau de vie et la part des dépenses dans les hôtels et restaurants, on note qu’il y a un groupe de pays dont le niveau de vie se situe en-dessous de la moyenne européenne, mais où la part des dépenses pour "hôtels et restaurants" dépasse largement la moyenne. Il s’agit de l’Irlande et des pays du Sud de l’Europe (Chypre, Portugal, Espagne, Grèce), à l’exception de l’Italie qui se situe plutôt en milieu de peloton pour la part des dépenses pour les hôtels et restaurants. Au Portugal, la part des dépenses que les ménages consacrent aux hôtels et aux sorties dans les restaurants atteint les 10%.

En fait, en éliminant les pays mentionnés ci-devant de la corrélation, celle-ci devient positive: globalement, plus le niveau de vie est élevé, plus la part des dépenses dans les hôtels et restaurants est importante, avec en tête le Luxembourg (les ménages y affectent 7.6% du total des dépenses) et en fin de tableau la Roumanie où les ménages consacrent seulement 1.0% du total de leurs dépenses à cette activité. Il faut cependant noter que la dispersion des pays est assez importante.

Graphique 237: Niveau de vie et part des dépenses de consommation pour les hôtels et les restaurants dans les pays européens, à l’exception de Chypre, Portugal, Espagne, Grèce et Irlande, 2010

Ainsi, en Pologne, 1.8% des dépenses des ménages sont consacrées aux sorties dans des restaurants et dans des hôtels. En Lituanie, le niveau de vie est similaire, mais les ménages affectent 4.5% du total de leurs dépenses à ce poste de consommation. Inversement, entre la Norvège et la Lettonie, l’écart de niveau de vie est très important: un revenu national brut par habitant se situant autour de 45 000 SPA en Norvège, contre 15 000 SPA en Lettonie. En revanche, la part de la dépense pour les hôtels et les restaurants est similaire (environ 3.5% dans les deux pays).

Comme pour les autres catégories de consommation, il convient de rappeler que les parts sont calculées par rapport à un dénominateur (les dépenses totales) qui est beaucoup plus volumineux au Luxembourg que dans la plupart des autres pays. En valeur absolue, les 7.6% des dépenses des ménages pour hôtels et restaurants au Luxembourg correspondent à environ 3 400 SPA (standards de pouvoir d’achat, c’est-à-dire euros ajustés par les différences de niveau de prix entre pays). En France, quelque 1 500 SPA par an et par ménage sont affectés aux hôtels et restaurants, soit 5.5% des dépenses totales. L’écart avec le Luxembourg n’est donc que de 2 points de % en termes relatifs, alors qu’en termes absolus un ménage au Luxembourg dépense en moyenne 2.2 fois plus pour les hôtels et les restaurants au Luxembourg qu’en France.

Source : EUROSTAT, STATEC

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 253

Graphique 238: Part des dépenses pour hôtels et restaurants dans les dépenses totales des ménages, 1988-2010 (en %)

En ce qui concerne l’évolution de la part des dépenses pour hôtels et restaurants dans les dépenses totales depuis la fin des années 1980, on ne peut pas déceler de tendance univoque à la hausse ou à la baisse. Dans la zone euro en moyenne, la part reste stable autour de 6%. Au Portugal, le taux est de 10% en 1988; il diminue très légèrement à 9% par la suite, puis remonte à un peu plus de 10%. En France et en Allemagne, la part était de respectivement 7% et 8% en 1988; elle diminue ensuite à un peu moins de 5% dans les deux pays en 2005, puis se stabilise. Au Luxembourg, il semble y avoir eu une augmentation très significative des dépenses pour hôtels et restaurants dans la deuxième moitié des années 1990 (de 4% à plus de 9% des dépenses totales). Dans les années 2000, on assiste à un tassement de cette part à quelque 8%.

Environ 35% du total des dépenses des ménages sont affectées au logement au Luxembourg

Les dépenses pour le logement et l’alimentation, c’est-à-dire les dépenses les plus élémentaires pour pouvoir vivre décemment, représentent aujourd’hui près de 50% des dépenses de consommation des ménages au Luxembourg. Les dépenses pour le logement (avec les dépenses pour l’eau, le gaz et les autres combustibles) à elles seules interviennent pour plus du tiers des dépenses de consommation des ménages depuis les années 2000 (33.8% en 2010 et 35.5% en 2012).

Ce chiffre doit néanmoins être nuancé. En effet, les dépenses pour le logement incluent ce qu’on appelle de "loyer imputé". Selon l'INSEE, la notion de "loyer

imputé" ou "loyer fictif" recouvre le service de location que se rendent à eux-mêmes les propriétaires de leur logement: à savoir, les loyers que les propriétaires auraient à payer s'ils étaient locataires du logement qu'ils habitent. En fait, le "loyer imputé" augmente/améliore la capacité de consommation des ménages, parce qu’ils bénéficient de "services de logement" pour lesquels ils devraient autrement payer, ce qui aurait pour effet de diminuer leurs ressources disponibles (pour la consommation notamment). Le "loyer imputé" rend la comparaison des coûts du logement entre propriétaires et locataires possible. Ne pas tenir compte du statut d'occupation du logement (propriétaire ou locataire) et du "loyer fictif" reviendrait à dire qu'un ménage locataire et un ménage propriétaire disposant des mêmes ressources monétaires auraient le même niveau de vie, ce qui n'est évidemment pas le cas.

Est-ce que la part des dépenses pour le logement est liée au niveau de vie des pays ? Assez paradoxalement, ce n’est pas le cas si on prend en compte l’ensemble des pays européens (voir Graphique 230). Les chiffres montrent une réalité assez complexe. On a, d’une part, des pays ayant un niveau de vie faible, mais où la part des dépenses pour le logement est très élevée. C’est notamment le cas en Bulgarie et en Roumanie (les deux pays les moins bien lotis en Europe du point de vue du niveau de vie) où la part dépensée pour le logement est, avec respectivement 37% et 36% des dépenses totales en 2010, la plus élevée parmi les pays européens.

Graphique 239: Niveau de vie et part des dépenses de consommation pour le logement dans les pays européens, à l’exception des pays de l’Est européen, 2010

Source : EUROSTAT, STATEC

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20 25 30 35 40Revenu national brut p

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nt (en SPA)

Part du logement dans les dépenses (en %)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 254

La Croatie et la Slovaquie - autres pays de l’Est de l’Europe où le niveau de vie est relativement faible - ne sont pas loin avec des parts de 32% et 34% en 2010. On pourrait donc avoir tendance à dire qu’il y a un groupe de pays constitué par les pays de l’Est de l’Europe, qui auraient des caractéristiques spécifiques (au niveau du fonctionnement du marché du logement, par exemple) où une part élevée des dépenses de logement serait associée à un niveau de vie faible. Or, ce n’est que partiellement vrai. En effet, à l’autre bout de l’échelle des pays de l’Est européen avec un niveau de vie faible, on trouve la Lettonie où la part des dépenses pour le logement, 24%, est également relativement faible (contrairement à la Bulgarie et à la Roumanie).

On a essayé de voir si, sans les pays de l’Est européen, on peut déceler une corrélation entre niveau de vie et part des dépenses de logement des ménages (voir Graphique 239). C’est effectivement le cas, mais la corrélation reste relativement faible et la dispersion par rapport à la droite de régression est importante. En jetant un regard aux deux extrêmes, on voit que le Luxembourg se trouve au sommet de l’échelle avec un niveau de vie très élevé, mais également une part importante que les ménages doivent dédier au logement (34% en moyenne). En Norvège où le niveau de vie est comparable au Luxembourg, la part correspondante n’est "que" de 31%. À l’autre extrémité, on trouve Chypre avec un niveau de vie qui correspond à la moitié de celui du Luxembourg et une part consacrée au logement relativement faible de 27%. Il y a cependant des pays où le niveau de vie est plus faible qu’à Chypre et où la part des dépenses de logement est plus élevée. C’est le cas pour la Grèce et le Portugal. De l’autre côté, l’Autriche a un niveau de vie beaucoup plus élevé que Chypre, mais la part que les ménages consacrent au logement est plus faible en Autriche (24%) qu’à Chypre. Parmi les pays ayant un niveau de vie plus élevé, on peut noter l’écart entre l’Autriche et la Suède. Le revenu national brut par habitant était pratiquement identique dans ces deux pays en 2010 (30 800 et 30 900 SPA). En revanche, la part des dépenses des ménages dédiée au logement va de 24% en Autriche à 33% en Suède. En d’autres mots, la part des dépenses que les ménages consacrent au logement dépend certes du niveau de vie, mais d’autres facteurs interviennent (démographie, croissance économique, fonctionnement du marché du logement, terrains disponibles, …); ces facteurs interagissent d’ailleurs et il faudra investir dans la recherche pour avoir une vue plus précise sur cette question.

Rappelons qu’en valeur absolue, l’image est très différente. Au Luxembourg les dépenses moyennes pour le logement par ménage atteignent 15 300 SPA en 2010 (standards de pouvoir d’achat), soit plus du double des dépenses pour le logement au Portugal (6 800 SPA en 2010.

En ce qui concerne l’évolution de la part que les ménages dépensent pour le logement, l’image que le Graphique 240 reflète est assez cohérente et univoque. Dans pratiquement tous les pays européens, la part du logement dans les dépenses a tendance à augmenter. Au Luxembourg, elle évolue de 24.3% en 1988 à 33.8% en 2010. Au Portugal, en moyenne, la part que les ménages dépensent pour le logement évolue de 12% en 1988 à 29% en 2010. En France, la part passe de 14% en 1988 à 28% à la fin des années 1990, puis elle se stabilise. En Allemagne, l’évolution est un peu similaire à celle de la France: la part du logement dans les dépenses des ménages passe de 22% du total des dépenses à la fin des années 1980 à 31% à la fin des années 1990, puis se stabilise à 30% dans les années 2000. En moyenne, dans la zone euro, la part des dépenses de logement des ménages était de 24% en 1994. En 2010, elle atteint 29%.

En regardant la composition des dépenses des ménages pour le logement dans le détail, on peut d’abord noter qu’au Luxembourg, les loyers d’habitation réels n’interviennent qu’avec 4.2% dans les dépenses totales des ménages (et 12.6% des dépenses pour la catégorie "logement").

Graphique 240: Part des dépenses pour le logement dans les dépenses totales des ménages, 1988-2010 (en %)

Source : EUROSTAT, STATEC

0

5

10

15

20

25

30

35

40

1988 1994 1999 2005 2010

BE DE FR LUZone € ES PT

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Cahier économique 120 255

En revanche, les "loyers imputés" constituent 21.5% des dépenses totales des ménages au Luxembourg (ou 63.6% des dépenses pour la catégorie "logement"). Ces pourcentages reflètent la répartition entre locataires ("loyers réels") et propriétaires ("loyers imputés"). Au Luxembourg, autour des 2/3 des ménages sont effectivement propriétaires de leur logement. On a une répartition similaire entre "loyers imputés" et loyers réels dans d’autres pays où le taux de propriétaires est élevé, comme en Espagne ou au Portugal. Par contre, en Allemagne, le taux de locataires est parmi les plus élevés en Europe et la répartition entre "loyers imputés" et loyers réels s’en ressent. Les "loyers imputés" y représentent 39% seulement des dépenses totales pour la catégorie "logement" (contre 67% en Espagne, par exemple). La part des loyers imputés dans les dépenses pour la catégorie "logement" atteint 31% en Allemagne (seulement 10% en Espagne). Le détail des dépenses pour le poste "logement" fait aussi apparaître qu’au Luxembourg, la part des dépenses pour l’entretien et la réparation des logements est plus importante que dans la plupart des autres pays européens. Les ménages luxembourgeois y consacrent, en 2010, 7.8% des dépenses totales pour la catégorie "logement" en moyenne, contre 2.7% pour les ménages allemands. En revanche, la part des dépenses pour l’eau et les autres services relatifs au logement (enlèvement des ordures, assainissement) ne représente que 4.6% des dépenses des ménages pour le logement, alors qu’en France, la part est deux fois plus élevée (9.7% des dépenses pour le logement).

Finalement, la part de l’électricité, du gaz et des autres combustibles dans les dépenses des ménages est plus faible au Luxembourg que dans beaucoup d’autres pays européens. Elle atteint 11.4% des dépenses pour la catégorie logement au Grand-Duché, contre 22.1% en Belgique, par exemple.

De plus faibles pourcentages dans la structure de consommation - qui sont calculés par rapport aux dépenses totales ou par rapport une catégorie de dépenses - ne sont pas nécessairement synonymes de dépenses plus faibles en valeur absolue si le volume global des dépenses est important, ce qui est le cas pour le Luxembourg. Quel est le niveau des différentes composantes de dépenses pour le logement ? Les loyers réels et les loyers imputés représentent un total de 5 800 SPA dans la zone euro en moyenne en 2010. Au Luxembourg, ce total est deux fois plus élevé: 11 600 SPA en moyenne pour le total des loyers réels et des loyers imputés. Pour l’entretien et les réparations courantes l’écart entre le Luxembourg et la zone euro en moyenne est encore plus conséquent: 1 200 SPA au Luxembourg, contre 260 SPA dans la zone euro en moyenne.

Tableau 66: Structure des dépenses pour le logement au Luxembourg et dans certains pays européens, 2010 (en %)

En revanche, pour l’adduction d’eau, l’enlèvement des ordures et l’assainissement, les dépenses au Luxembourg sont bien supérieures en valeur absolue à celles de la zone euro (700 SPA en 2010 contre 480 SPA en moyenne de la zone euro), mais l’écart est beaucoup plus réduit que pour le poste de l’entretien et des réparations du logement. Une conclusion similaire s’impose pour les dépenses d’électricité, de gaz et d’autres combustibles. Au Luxembourg, les ménages dépensent 1 750 SPA pour ce poste en 2010. Dans la zone euro, le niveau n’est que légèrement plus faible (1 440 SPA).

Le Tableau 67 résume l’évolution de la structure de consommation au Luxembourg depuis la fin des années 1980. On peut retenir que:

• les dépenses pour le logement constituent de loin le poste de consommation le plus important (35.5% en 2012) et cette part est orientée à la hausse au cours du dernier quart de siècle (24.3% en 1988);

• la part de l’alimentation dans les dépenses des ménages a tendance à diminuer, cela aussi bien au

BE DE ES FR LU PTLogement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 26.7 30.3 30.0 26.8 33.8 29.2Loyers d'habitation réels 5.0 9.4 2.8 6.1 4.2 2.3Loyer imputé au logement 13.1 11.8 20.0 13.4 21.5 17.8Entretien et réparations courantes du logement 1.2 0.8 1.0 0.5 2.6 1.4Adduction d'eau et autres services relatifs au logement 1.4 2.4 2.4 2.6 1.6 1.8Electricité, gaz et autres combustibles 5.9 5.8 3.7 4.2 3.9 5.8Electricité 2.2 2.4 2.5 2.5 1.4 2.9Gaz 1.9 1.5 0.8 1.0 1.3 1.9Combustibles liquides 1.8 1.2 0.3 0.6 1.1 0.4Combustibles solides 0.1 0.1 0.0 0.1 0.1 0.7Energie thermique 0.0 0.5 0.0 0.0 0.0 0.0

BE DE ES FR LU PT

Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0Loyers d'habitation réels 18.8 31.1 9.5 22.7 12.6 7.9Loyer imputé au logement 49.1 39.1 66.8 50.0 63.6 61.1Entretien et réparations courantes du logement 4.5 2.7 3.4 1.9 7.8 5.0Adduction d'eau et autres services relatifs au logement 5.4 7.9 8.1 9.7 4.6 6.2Electricité, gaz et autres combustibles 22.1 19.1 12.2 15.6 11.4 19.9Electricité 8.2 7.9 8.2 9.2 4.1 9.8Gaz 7.0 5.0 2.8 3.7 3.8 6.5Combustibles liquides 6.6 4.1 1.1 2.2 3.3 1.3Combustibles solides 0.3 0.4 0.1 0.5 0.2 2.3Energie thermique 0.0 1.7 0.0 0.0 0.0 0.0

Source : EUROSTAT, STATEC

Part dans les dépenses totales des ménages

Part dans les dépenses pour le logement des ménages

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Cahier économique 120 256

Luxembourg que dans les autres pays européens; au Grand-Duché, la part passe de 15.1% à 8.6%

• la part dépensée par les ménages pour les boissons alcoolisées et le tabac est également en recul (de 2.4% en 1988 à 1.4% en 2012), de même que la part des dépenses pour les vêtements et les chaussures (de 8.1% en 1988 à 5.6% en 2012);

• la part des transports a augmenté fortement de la fin des années 1980 au milieu des années 2000 (12.1% en 1988 et 16.2% en 2005), puis se tasse (14.2% en 2012);

• la part des communications dans les dépenses des ménages a augmenté de façon significative dans les années 1990 (de 0.7% en 1988 à 2.1% en 1999), et se stabilise par la suite (2.2% en 2005 et 2.3% en 2012);

• la part des dépenses pour les loisirs et la culture est aujourd’hui au même niveau qu’en 1988 (7.2% en 2012 et 7.3% en 1988);

• la part des hôtels et des sorties au restaurant était de 4.2% en 1988; elle atteint 7.3% en 2012; cependant l’essentiel de l’augmentation de cette part date des années 1990 (9.6% en 1999); depuis on a assisté à un tassement.

En valeur absolue, les chiffres apportent des nuances à cette analyse. Le total des dépenses des ménages a augmenté de quelque 51% (en valeur nominale) de 1993 à 2012. Les dépenses pour les boissons alcoolisées et le tabac, ainsi que les dépenses pour les "services éducatifs" se situent en 2012 largement en-dessous de leur niveau (nominal) de 1993. Les dépenses pour l’ameublement et pour l’habillement sont restées pratiquement au même niveau en 1993 et en 2012 (respectivement +3% et +2%). L’augmentation nominale des dépenses pour l’alimentation (+18% de 1993 à 2012) est assez faible comparée à la moyenne.

En revanche, la dépense moyenne par ménage pour la catégorie "logement" au Luxembourg est passée de quelque 11 100 euros par an et par ménage à 20 300 euros en 2012, soit une augmentation de plus de 80% en valeur nominale. Les dépenses pour "loisirs et culture" ont également évolué plus fortement à la hausse que la moyenne (+64%).

Tableau 67: Évolution de la structure des dépenses de consommation par ménage au Luxembourg, 1988-2012 (en %)

Les dépenses de communication des ménages ont le plus augmenté au cours des vingt dernières années en passant de 460 euros par an et par ménage en 1993 à 1 306 euros en 2012 (+184% en valeur nominale). Un autre poste qui a vu son importance s’envoler en valeur absolue est celui de la santé (environ +170%). À noter qu’il s’agit des seules dépenses de santé non prises en charge par la sécurité sociale. Avec quelque 2.5% de la consommation totale, ces deux postes ("communications" et "santé") restent néanmoins faibles en valeur relative.

Tableau 68: Dépenses de consommation par an et par ménage au Luxembourg, 1993 et 2012 (en euros)

1988 1994 1999 2005 2010 2011 2012

Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 15.1 12.3 10.1 9.3 8.8 8.8 8.6Boissons alcoolisées et tabac 2.4 2.2 2.0 1.7 1.4 1.4 1.4

Articles d'habillement et articles chaussants 8.1 8.5 5.9 6.4 6.2 5.8 5.6Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 24.3 27.4 27.4 30.1 33.8 34.4 35.5Ameublement, équipement ménager en entretien maison 8.2 9.3 8.2 7.1 6.3 6.3 6.2Santé 4.3 1.4 2.4 2.6 2.5 3.0 2.5Transports 12.1 13.8 15.5 16.2 14.5 14.4 14.2Communications 0.7 1.4 2.1 2.2 2.1 2.2 2.3Loisirs et culture 7.3 11.5 8.7 7.5 7.3 7.2 7.2Services éducatifs 1.3 0.7 0.1 0.4 0.4 0.4 0.5Hôtels, cafés et restaurants 4.2 4.2 9.6 7.9 7.6 7.3 7.3Autres biens et services 12.2 7.3 8.0 8.6 9.3 8.8 8.6Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Source: STATEC

1993 2012

Augmen-tation de

1993 à 2012 (en %)

Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 4 178 4 936 18.2Boissons alcoolisées et tabac 1 218 801 -34.2Articles d'habillement et articles chaussants 3 157 3 226 2.2Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 11 101 20 289 82.8

Ameublement, équipement ménager, entretien de la maison 3 473 3 566 2.7Santé 523 1 404 168.5Transports 5 844 8 132 39.1Communications 460 1 306 183.7Loisirs et culture 2 503 4 105 64.0Services éducatifs 647 261 -59.7Hôtels, cafés et restaurants 3 119 4 190 34.3Autres biens et services 1 665 4 919 195.4Total 37 888 57 135 50.8

Source : STATEC

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Cahier économique 120 257

L’impact de la composition des ménages

Les moyennes cachent souvent des inégalités importantes. Une première façon d’appréhender les écarts de la structure de consommation entre ménages est de tenir compte de la composition des ménages.

En ce qui concerne les personnes vivant seules, on peut relever d’abord que la part des dépenses qu’ils consacrent au logement est plus importante que pour la moyenne des ménages. Au Luxembourg, les personnes seules affectent 40.4% à ce poste de consommation en 2010, contre 33.8% pour tous les ménages en moyenne. À l’autre extrémité, on trouve les ménages de deux adultes avec enfants dépendants qui ne consacrent que 30.5% de leurs dépenses à ce poste. On retrouve cette caractéristique dans la zone euro en moyenne et dans les pays voisins en particulier: la part des dépenses pour le logement est de 36.6% du total des dépenses pour une personne seule dans la zone euro, contre 26.0% pour un ménage de deux adultes avec enfants dépendants.

La taille des ménages ou, plus précisément la présence d’enfants dans le ménage, a un impact non négligeable sur les dépenses de consommation pour vêtements et chaussures. Au Luxembourg, en 2010, les personnes seules dépensent 5.0% du total pour ce poste, alors qu’un ménage de deux adultes avec enfants dépendants consacre 7.0% de ses dépenses à des achats de vêtements et de chaussures. Dans la zone euro, on trouve un écart similaire: les personnes vivant seules consacrent 4.2% de leurs dépenses totales à l’habillement et les chaussures, contre 5.9% pour les ménages de deux adultes avec enfants.

En revanche, pour les produits alimentaires et pour les articles d’habillement la situation est inversée. La part des dépenses pour l’alimentation est logiquement plus faible pour les personnes seules (7.3%) que pour les ménages avec plusieurs personnes et notamment les ménages avec enfants (10.0% pour les familles monoparentales et 9.5% pour les familles de 2 adultes avec enfants). On retrouve des caractéristiques similaires dans les pays voisins et dans la zone euro dans son ensemble.

Tableau 69: Structure des dépenses de consommation selon le type de ménage au Luxembourg, dans la zone euro et dans les pays voisins, 2010 (en %)

LU Zone € BE DE FR Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 7.3 13.4 11.2 10.4 13.4Boissons alcoolisées, tabac 1.6 2.0 2.2 1.7 2.8Articles d'habillement et articles chaussants 5.0 4.2 3.4 3.9 3.6Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 40.4 36.6 33.1 35.2 33.4Ameublement, équipement ménager et entretien maison 5.3 4.7 5.3 4.1 4.7Santé 2.3 3.6 4.9 4.0 1.5Transports 12.0 10.0 11.5 11.7 11.6Communications 2.3 3.0 3.0 3.3 3.2Loisirs et culture 6.7 7.4 8.6 10.6 7.3Enseignement 0.2 0.3 0.0 0.4 0.3Restaurants et hôtels 8.2 5.5 6.4 4.5 4.8Autres biens et services 8.7 9.1 10.4 10.3 13.3

100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

LU Zone € BE DE FR Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 10.0 15.0 13.6 14.1 14.2Boissons alcoolisées, tabac 1.6 1.9 1.7 1.4 3.0Articles d'habillement et articles chaussants 6.9 6.0 5.2 5.2 5.3Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 34.9 30.5 29.8 33.7 26.5Ameublement, équipement ménager et entretien maison 6.0 4.6 4.9 4.3 3.9Santé 2.9 2.8 4.1 2.7 1.6Transports 11.6 11.0 11.2 11.8 12.2Communications 2.6 3.4 3.6 3.8 3.8Loisirs et culture 6.7 8.1 9.2 9.4 8.3Enseignement 0.8 2.0 1.3 1.7 1.2Restaurants et hôtels 6.7 5.7 4.5 3.2 7.2Autres biens et services 9.2 9.0 11.1 8.7 12.8

100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

LU Zone € BE DE FR Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 8.3 15.3 13.6 11.1 17.8Boissons alcoolisées, tabac 1.5 2.2 2.6 1.7 2.7Articles d'habillement et articles chaussants 5.7 4.2 3.8 4.1 3.1Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 33.6 30.2 25.6 29.1 26.2Ameublement, équipement ménager et entretien maison 6.9 5.3 6.6 4.9 5.5Santé 2.4 4.1 5.3 4.8 1.6Transports 14.8 12.9 12.8 14.4 14.7Communications 1.9 2.5 2.3 2.3 2.6Loisirs et culture 7.6 7.9 9.0 11.1 7.9Enseignement 0.1 0.3 0.0 0.4 0.2Restaurants et hôtels 8.1 5.6 7.2 5.3 4.1Autres biens et services 9.0 9.6 11.2 10.8 13.6Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

LU Zone € BE DE FR Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 9.5 14.8 13.7 13.0 15.3Boissons alcoolisées, tabac 1.2 1.8 1.6 1.5 2.2Articles d'habillement et articles chaussants 7.0 5.9 5.7 5.0 4.8Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 30.5 26.0 23.2 27.8 23.6Ameublement, équipement ménager et entretien maison 6.6 5.1 6.8 4.9 4.8Santé 2.5 2.7 4.2 2.8 1.5Transports 15.7 14.3 14.2 15.0 15.2Communications 2.1 2.7 2.4 2.5 2.7Loisirs et culture 7.4 8.3 9.8 10.3 7.9Enseignement 0.5 1.6 1.0 1.7 0.9Restaurants et hôtels 7.2 6.5 6.1 4.2 7.0Autres biens et services 9.7 10.2 11.0 11.4 14.2Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

LU Zone € BE DE FRProduits alimentaires et boissons non alcoolisées 8.8 14.6 13.2 11.6 15.8Boissons alcoolisées, tabac 1.4 2.1 2.1 1.6 2.6Articles d'habillement et articles chaussants 6.2 5.0 4.5 4.4 4.0Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 33.8 29.3 26.7 30.3 26.8Ameublement, équipement ménager et entretien maison 6.3 5.0 6.3 4.7 4.9Santé 2.5 3.3 4.7 3.9 1.5Transports 14.5 13.0 13.0 14.0 14.1Communications 2.1 2.8 2.6 2.7 2.9Loisirs et culture 7.3 8.0 9.1 10.5 7.7Enseignement 0.4 0.9 0.5 0.8 0.5Restaurants et hôtels 7.6 6.0 6.4 4.7 5.5Autres biens et services 9.3 10.0 11.0 10.8 13.7Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Source : EUROSTAT, STATEC

Deux adultes avec enfants dépendants

Ensemble des ménages

Personne seule

Personne seule avec enfants dépendants

Deux adultes

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Cahier économique 120 258

À titre d’exemple, en France, une personne seule dépense 13.4% du total pour l’alimentation en 2010, alors que la part qu’un ménage de 2 adultes affecte à ce poste de consommation atteint 17.8%. Pour un ménage de deux adultes avec enfants dépendants le pourcentage correspondant est de 15.3% en France. En ce qui concerne l’habillement, pour une personne vivant seule au Luxembourg, la part dans les dépenses est de 5.0% en 2010 (4.2% en moyenne dans la zone euro). Pour un ménage de deux adultes avec enfants dépendants, la part atteint 7.0% au Luxembourg (et 5.9% dans la zone euro en moyenne).

Au Grand-Duché, un poste de consommation plus important, en valeur relative, pour les personne seules (et pour les ménages de deux adultes) que pour les autres types de ménages avec enfants est celui des "hôtels et restaurants". Au Luxembourg, en 2010, les ménages d’une personne seule dédient 8.2% du total de leurs dépenses à des hôtels et à des sorties dans des restaurants. Les ménages de deux adultes dépensent 8.1% pour ce poste de consommation. Pour les familles monoparentales, le pourcentage est de 6.7% et pour les ménages de deux adultes avec enfants, il est de 7.2%. En revanche, dans les pays voisins et dans la zone euro – et contrairement au Luxembourg -, la part que les ménages avec enfants dépendants consacrent à cette catégorie de dépenses est souvent plus élevée que pour les ménages sans enfants. C’est par exemple le cas en France où 4.8% des dépenses des personnes vivant seules vont aux hôtels et restaurants, alors que pour les ménages de deux adultes avec enfants, la part atteint 7.0%.

Tableau 70: Dépenses moyennes par type de ménage au Luxembourg, dans la zone et dans les pays voisins, 2010

Comment expliquer le fait qu’au Luxembourg, la part de leur budget que les adultes seuls ou les ménages composés de 2 adultes (sans enfants dépendants) consacrent aux hôtels et restaurants soit comparativement plus élevée que pour les ménages avec enfants ? Cette caractéristique pourrait être liée aux différences de niveau de vie des ménages (et on a vu plus haut que, plus le niveau de vie est élevé dans un pays, plus la part de cette catégorie de dépenses est élevée). Or, le niveau de vie des personnes seules et des ménages de 2 adultes sans enfants dépendants semble être particulièrement élevé au Luxembourg, du moins si on le mesure à travers le niveau des dépenses de consommation.1

En 2010, la dépense de consommation moyenne de l’ensemble des ménages était de 60% plus élevée au Luxembourg que dans la zone euro (en standards de pouvoir d’achat). Le Tableau 70 révèle que l’écart entre le Luxembourg et les autres pays est particulièrement marqué pour les ménages d’une personne seule et pour les ménages de deux adultes. Pour un adulte seul, les dépenses de consommation (en standards de pouvoir d’achat) sont de 72% plus élevées au Luxembourg que dans la zone euro en 2010. Pour un ménage de deux adultes, l’écart du Luxembourg par rapport à la moyenne de la zone euro est de près +65%. Pour les ménages avec enfants, l’écart du niveau de dépenses entre le Luxembourg et la moyenne de la zone euro est moins important (+47-48% en 2010).

Dans le type de ménage des personnes vivant seules ou à deux sans enfants, on trouve le plus souvent des jeunes ou des personnes âgées. Les écarts des dépenses (… et de niveau de vie) selon les types de ménage se retrouvent logiquement dans les écarts selon l’âge de la personne de référence des ménages.

La structure de consommation selon l’âge de la personne de référence du ménage

En valeur absolue, le niveau des dépenses augmente en tendance avec l’âge (de la personne de référence du ménage), du moins jusqu’à environ 60 ans, qui est souvent l’âge vers lequel les gens partent à la retraite. Au Luxembourg, les dépenses des ménages dans lesquels la personne de référence a moins de 30 ans 1 Le niveau de vie est constitué par le revenu des ménages qui se décompose en dépenses de consommation et en épargne (et investissement). Les dépenses de consommation ne sont donc qu’une approximation du niveau de vie.

TotalPersonne

seule

Personne seule avec

enfants dépendants

Deux adultes

Deux adultes

avec enfants

dépendants

Trois adultes ou plus

Trois adultes ou plus avec

enfants dépendants

Zone € 28 481 17 877 24 862 29 211 37 712 36 057 41 830BE 31 264 20 214 24 959 32 722 44 057 37 839 50 983DE 28 367 17 780 22 535 32 746 39 845 42 743 49 265FR 27 627 17 544 24 222 29 607 38 848 32 420 39 169LU 45 171 30 759 38 516 48 143 55 360 53 532 61 374

Zone € 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0BE 109.8 113.1 100.4 112.0 116.8 104.9 121.9DE 99.6 99.5 90.6 112.1 105.7 118.5 117.8FR 97.0 98.1 97.4 101.4 103.0 89.9 93.6LU 158.6 172.1 154.9 164.8 146.8 148.5 146.7

Source : EUROSTAT, STATEC

Par rapport à la zone euro (zone euro = 100)

En SPA (standards de pouvoir d'achat)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 259

sont de 33 157 SPA en 2010. Elles passent à 46 894 SPA pour les ménages où la personne de référence a entre 30 et 44 ans et à 50 039 SPA pour les ménages dont la personne de référence a entre 45 et 59 ans. Cette augmentation est somme toute logique; elle est parallèle à l’évolution de la carrière professionnelle des personnes. Pour les ménages, dont la personne de référence a 60 ans et plus, le niveau de dépense baisse: au Luxembourg on atteint 42 259 SPA pour les ménages de 60 ans et plus, contre 50 039 SPA pour les 45-59 ans.

Ce schéma d’évolution vaut en grande partie pour l’ensemble des pays européens, mais cela avec des nuances. D’abord l’augmentation des dépenses avec l’âge de la personne de référence n’a pas la même ampleur dans tous les pays. Au Luxembourg, les dépenses augmentent de 51% entre, d’une part, les ménages où l’âge de la personne de référence est de moins de 30 ans et, d’autre part, les ménages où cet âge est de 45 à 59 ans. En Belgique, l’augmentation entre ces deux classes d’âge n’est que de 30%. En outre, la diminution des dépenses entre la classe d’âge des 45 à 59 ans et l’âge des 60 ans et plus n’est pas uniforme. Au Luxembourg, les dépenses des ménages où la personne de référence a 60 ans et plus diminue de quelque 15% par rapport aux ménages de la classe d’âge précédente des 45-59 ans (en passant de 50 039 SPA à 42 259 SPA). En Allemagne, la diminution est du même ordre de grandeur, alors que dans la zone euro, elle atteint 25%.

Tableau 71: Dépenses moyennes par ménage selon l’âge de la personne de référence du ménage au Luxembourg, dans la zone et dans les pays voisins, 2010

La spécificité du Luxembourg – c’est-à-dire des dépenses assez élevées pour les ménages dont la personne de référence a 60 et plus – apparaît encore plus clairement dans le ratio, pour les différentes catégories d’âge, entre le Luxemburg et la zone euro. Pour les ménages de personnes âgées (60 ans et plus) au Luxembourg, les dépenses sont de 72% plus élevées que pour la même catégorie des ménages dans la zone euro, alors que l’écart pour l’ensemble des ménages n’est que de 59% et pour les autres classes d’âge de 46% (moins de 30 ans) à 53% (45 à 59 ans). En France et en Belgique, les dépenses dans la classe d’âge des 60 ans et plus n’ont pas la particularité d’avoir un écart aussi positif par rapport à la zone euro comparé aux autres classes d’âge. En Allemagne, la situation des ménages âgés est plus positive.

Les chiffres présentés ci-dessus pourraient être biaisés parce que la composition des ménages peut différer d’un pays à l’autre. C’est pour cette raison qu’il est intéressant de jeter un regard sur les dépenses par équivalent-adulte.

On a vu qu’au Luxembourg la dépense moyenne par ménage où la personne de référence a 60 ans et plus est de 15% inférieur à la dépense des ménages de la classe d’âge des 45 à 59 ans. Dans la comparaison européenne (écart négatif de 25%), cette diminution au Luxembourg est faible.

Par équivalent-adulte, la spécificité du Luxembourg apparaît encore plus clairement. Le calcul par équivalent-adulte (ou "unité de consommation") permet de tenir compte de la différence de la composition des ménages entre les pays et de comparer les types de ménage sur une base plus adaptée. Notons d’abord que de la classe d’âge de 45-59 ans à la classe d’âge de 60 ans et plus, les dépenses par équivalent-adulte au Luxembourg ne diminuent pas. Elles augmentent même assez fortement au Grand-Duché (de 28 041 SPA à 30 642 SPA, c’est-à-dire +9% entre ces deux classes d’âge), alors que dans les pays voisins et la zone euro en moyenne, la variation entre les deux classes d’âge est très réduite.

La comparaison du Luxembourg avec la moyenne de la zone euro apporte des confirmations: les ménages dans lesquels la personne de référence a moins de 30 ans (dépenses de 61% plus élevées au Luxembourg qu’en moyenne dans la zone euro) et, surtout, les ménages dont la personne de référence a 60 ans et plus (+69% par rapport au même type de ménage dans la zone euro) sont les mieux situés, du moins en

TotalMoins de

30 ansDe 30 à 44 ans

De 45 à 59 ans

60 ans ou plus

Zone € 28 481 22 657 31 204 32 624 24 616BE 31 264 26 365 34 300 34 260 26 680DE 28 367 19 945 30 626 31 349 26 435FR 27 627 21 504 32 237 30 727 23 788LU 45 171 33 157 46 894 50 039 42 259

Zone € 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0BE 109.8 116.4 109.9 105.0 108.4DE 99.6 88.0 98.1 96.1 107.4FR 97.0 94.9 103.3 94.2 96.6LU 158.6 146.3 150.3 153.4 171.7

Source : EUROSTAT, STATEC

Par rapport à la zone euro (zone euro = 100)

En SPA (standards de pouvoir d'achat)

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Cahier économique 120 260

Tableau 72: Dépenses moyennes par équivalent-adulte selon l’âge de la personne de référence du ménage au Luxembourg, dans la zone et dans les pays voisins, 2010

termes de dépenses. Pour les ménages dont la personne de référence a de 30 à 59 ans, les dépenses au Luxembourg restent largement supérieures à la moyenne européenne (environ +50%), mais l’écart est moins important que pour les moins de 30 ans et les 60 ans et plus. En fait, pour la classe d’âge des 60 ans et plus, les dépenses reflètent un revenu relativement élevé, lui-même dû à des niveaux de pension conséquents.

En ce qui concerne la structure de consommation des ménages selon l’âge de la personne de référence (voir Tableau 73), on trouve globalement des structures qui sont cohérentes avec la moyenne globale du Grand-Duché. Dans toutes les classes d’âge, les parts des dépenses pour le logement sont plus élevées que dans les pays voisins et dans la zone euro en général. Les parts de l’habillement et de l’ameublement sont également plus élevés dans toutes les classes d’âge au Luxembourg. La même caractéristique se retrouve pour les transports (c’est-à-dire, en règle générale une part plus importante au Luxembourg pour toutes les classes d’âge). En revanche, la part des dépenses pour l’alimentation est plus faible au Luxembourg pour toutes les classes d’âge dans la comparaison avec les pays voisins.

Entre les classes d’âge, il y a néanmoins des nuances, et même parfois des traits spécifiques très marqués. À titre d’exemple, la part des dépenses que les ménages consacrent aux transports est beaucoup plus élevée chez les jeunes ménages. Les ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans consacrent 20.3% du total de leurs dépenses aux transports.

Tableau 73: Structure des dépenses de consommation par ménage selon l’âge de la personne de référence du ménage au Luxembourg, dans la zone euro et dans les pays voisins, 2010 (en %)

TotalMoins de

30 ansDe 30 à 44 ans

De 45 à 59 ans

60 ans ou plus

Zone € 18 128 16 351 18 497 18 829 17 882BE 20 139 19 036 19 760 20 492 20 388DE 19 234 15 210 19 175 19 740 20 090FR 18 085 15 810 18 474 18 617 18 176LU 28 621 25 464 28 383 28 041 30 642

Zone € 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0BE 111.1 116.4 106.8 108.8 114.0DE 95.5 79.9 97.0 96.3 98.5FR 94.0 103.9 96.3 94.3 90.5LU 158.3 161.1 153.6 150.6 168.6

Source : EUROSTAT, STATEC

En SPA (standards de pouvoir d'achat)

Par rapport à la zone euro (zone euro = 100)

LU Zone € BE DE FRProduits alimentaires et boissons non alcoolisées 7.0 12.7 11.6 11.0 11.2Boissons alcoolisées, tabac 1.3 2.4 1.7 2.0 2.9Articles d'habillement et articles chaussants 6.7 5.6 4.8 5.3 5.1Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 30.7 27.8 28.4 29.9 25.6Ameublement, équipement ménager et entretien maison 5.4 4.6 4.4 4.4 4.2Santé 1.8 2.1 3.6 2.2 1.3Transports 20.3 15.5 14.9 16.4 16.1Communications 2.8 3.7 3.2 4.3 4.0Loisirs et culture 6.6 7.6 8.8 9.8 7.9Enseignement 0.3 1.4 0.1 1.6 1.1Restaurants et hôtels 8.8 7.3 6.9 4.7 6.8Autres biens et services 8.2 9.1 11.6 8.4 13.7Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

LU Zone € BE DE FRProduits alimentaires et boissons non alcoolisées 8.7 13.6 12.6 11.8 14.0Boissons alcoolisées, tabac 1.2 2.0 1.6 1.5 2.5Articles d'habillement et articles chaussants 7.0 5.8 5.5 4.9 4.9Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 31.4 27.2 25.3 28.6 25.4Ameublement, équipement ménager et entretien maison 6.7 5.0 6.6 4.8 4.7Santé 2.2 2.6 3.9 2.7 1.6Transports 15.6 14.3 15.2 15.5 14.9Communications 2.3 2.9 2.6 2.9 3.0Loisirs et culture 7.0 8.3 9.7 10.2 7.9Enseignement 0.4 1.1 0.6 1.2 0.4Restaurants et hôtels 8.0 6.7 6.0 4.7 7.0Autres biens et services 9.6 10.4 10.4 11.2 13.9Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

LU Zone € BE DE FRProduits alimentaires et boissons non alcoolisées 9.0 14.5 13.3 11.8 16.0Boissons alcoolisées, tabac 1.6 2.3 2.2 1.9 2.8Articles d'habillement et articles chaussants 6.3 5.2 4.5 4.5 4.2Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 32.7 27.4 25.9 29.1 25.2Ameublement, équipement ménager et entretien maison 6.0 4.9 6.3 4.8 4.9Santé 2.7 2.9 4.6 3.2 1.4Transports 14.5 14.2 12.7 15.1 15.0Communications 2.2 2.8 2.6 2.7 2.9Loisirs et culture 7.9 8.2 9.3 10.2 8.0Enseignement 0.5 1.3 0.8 0.9 0.9Restaurants et hôtels 7.5 6.4 6.5 4.5 6.0Autres biens et services 9.2 10.0 11.3 11.5 12.9Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

LU Zone € BE DE FRProduits alimentaires et boissons non alcoolisées 9.1 16.2 14.1 11.4 18.8Boissons alcoolisées, tabac et narcotiques 1.6 1.9 2.5 1.4 2.4Articles d'habillement et articles chaussants 4.6 3.8 3.2 3.5 2.5Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 39.4 33.7 28.9 33.2 30.2Ameublement, équipement ménager et entretien courant de l 6.2 5.2 6.2 4.5 5.5Santé 2.8 4.6 6.2 6.2 1.8Transports 11.2 10.0 10.6 11.0 11.7Communications 1.7 2.4 2.3 2.2 2.4Loisirs et culture 7.3 7.6 8.3 11.4 7.1Enseignement 0.2 0.2 0.0 0.2 0.1Restaurants et hôtels 6.8 4.7 6.7 4.7 3.1Autres biens et services 9.1 9.7 11.0 10.1 14.3Total 100.0 100.0 100.0 99.8 99.9

LU Zone € BE DE FRProduits alimentaires et boissons non alcoolisées 8.8 14.6 13.2 11.6 15.8Boissons alcoolisées, tabac et narcotiques 1.4 2.1 2.1 1.6 2.6Articles d'habillement et articles chaussants 6.2 5.0 4.5 4.4 4.0Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 33.8 29.3 26.7 30.3 26.8Ameublement, équipement ménager et entretien 6.3 5.0 6.3 4.7 4.9Santé 2.5 3.3 4.7 3.9 1.5Transports 14.5 13.0 13.0 14.0 14.1Communications 2.1 2.8 2.6 2.7 2.9Loisirs et culture 7.3 8.0 9.1 10.5 7.7Enseignement 0.4 0.9 0.5 0.8 0.5Restaurants et hôtels 7.6 6.0 6.4 4.7 5.5Autres biens et services 9.3 10.0 11.0 10.8 13.7Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Source : EUROSTAT, STATEC

Moins de 30 ans

De 30 à 44 ans

De 45 à 59 ans

60 ans ou plus

Ensemble des ménages

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 261

Dans les pays voisins, le pourcentage se situe autour de 15 ou 16%. Avec l’âge de la personne de référence, la part des dépenses de transports diminue et atteint 11.2% pour les ménages dont la personne de référence a 60 ans et plus. D’ailleurs, dans cette classe d’âge, l’écart par rapport aux pays voisins est très faible ou nul (10.6% en Belgique, 11.0% en Allemagne et, en France, la part pour les transports est même plus élevée avec 11.7%).

La part des dépenses pour l’habillement est la plus faible chez les ménages âgés: chez les ménages dont la personne de référence à moins de 30 ans, cette part est de 6.7%; elle s’accroît à 7.0% pour les 30-44 ans, puis dégringole à 6.3% pour les 45-59 ans et à 4.6% chez les ménages dont la personne de référence à 60 ans et plus.

Pour l’ameublement, la part dans les dépenses des ménages est la plus élevée chez ceux dont la personne de référence a entre 30 et 44 ans (6.7%). Il s’agit des ménages qui s’installent. Chez les ménages les plus jeunes (dont la personne de référence a moins de 30 ans), la part des dépenses consacrées à l’ameublement est plus faible (5.4%). Chez les ménages âgés, la part des dépenses affectée à l’ameublement reste relativement élevée au Luxembourg (6.2% pour les ménages dont la personne de référence a 60 ans et plus).

Globalement, la part des dépenses consacrées par les ménages luxembourgeois aux hôtels et restaurants est élevée dans la comparaison avec les autres pays européens et cela pour toutes les classes d’âge. Cependant, en tendance, la part des dépenses pour les hôtels et les restaurants diminue avec l’âge, même si ce n’est pas de façon abrupte. Au Luxembourg, les ménages dont la personne de référence à moins de 30 ans dépensent 8.8% du total de leurs dépenses dans les hôtels et restaurants en 2010. Pour les 30-44 ans et les 45-59 ans, la part est légèrement inférieure (8.0% et 7.5%). Pour les ménages dont la personne de référence a 60 ans et plus, la part consacrée aux hôtels et restaurants recule à 6.8% au Luxembourg. En France, la diminution avec l’âge de la personne de référence du ménage de la part des dépenses pour les hôtels et restaurants est plus prononcée. On passe de 7.0% pour les 30-44 ans à 6.0% pour les 45-59 ans et à seulement 3.1% pour les 60 ans et plus.

On a vu plus haut qu’en moyenne la part des dépenses pour l’alimentation au Luxembourg est plus faible que dans les autres pays européens et notamment les pays

voisins. Cette différence de niveau se confirme pour toutes les classes d’âge. Cependant, la part des dépenses pour l’alimentation a tendance à augmenter avec l’âge. Au Luxembourg, en 2010, elle passe de 7.0% pour les ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans à 8.7% pour les 30-44 ans, 9.0% pour les 45-59 ans et 9.1% pour les 60 ans et plus. Dans la zone euro, les pourcentages correspondants augmentent en passant de 12.7% (moins de 30 ans) à 13.6% (30-44 ans), 14.5% (45-59 ans) et 16.2% (60 ans et plus.

Avec l’âge de la personne de référence, la part du logement dans les dépenses des ménages s’accroît. En 2010, au Luxembourg, elle évolue de 30.7% pour les ménages jeunes (dont la personne de référence a moins de 30 ans), à 31.4% pour les ménages dont la personne de référence a entre 30 et 44 ans, 32.7% pour la classe d’âge des 45-59 ans et 39.4% chez les 60 ans et plus. Dans la zone euro, on passe de 27.8% pour les moins de 30 ans à 33.7% chez les 60 ans et plus.

L’impact du revenu sur la structure de consommation: la part des dépenses alimentaires et du logement diminue avec le niveau de revenu

Globalement on retrouve - à l’intérieur des pays européens et au Luxembourg notamment - les différences dans la structure de consommation dues au niveau de vie qui sont manifestes dans la comparaison entre pays. Les caractéristiques principales sont les suivantes:

• avec le niveau de vie, la part des dépenses alimentaires diminue: au Luxembourg, la part est de 11.2% pour le 1er quintile des ménages selon le revenu (les 20% des ménages les moins bien lotis). Dans le 5e quintile (les 20% des ménages qui se situent en haut de l’échelle des revenus), la part des dépenses pour l’alimentation dans les dépenses totales des ménages est de 6.7%;

• plus le revenu est faible, plus la part des dépenses pour le logement est élevée: la part des dépenses pour le logement est de 42.4% pour les ménages se situant dans le premier quintile des revenus; cette part recule à 38.0% dans le troisième quintile et à 33.7% dans le quintile des revenus les plus élevés;

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 262

• avec le niveau de revenu, la part des dépenses pour les communications diminue: les ménages situés en bas de l’échelle des revenus (1er quintile) consacrent 3.3% de leurs dépenses aux communications, alors que le pourcentage correspondant n’est que de 1.8% pour les ménages se situant dans le 5ème quintile de revenus;

• la part des dépenses pour l’habillement semble avoir une très légère tendance à la hausse avec le niveau de vie: elle est de 4.7% dans le premier quintile et de 5.7% dans les deux quintiles de revenus les plus élevés;

• c’est dans le domaine de l’ameublement, des loisirs et de la culture et des restaurants et hôtels que les parts des dépenses varient le plus selon le niveau de revenu: la part des dépenses pour l’ameublement passe de 4.3% dans le premier quintile des revenus à 7.4% dans le quintile le plus élevé des revenus; la part des loisirs et de la culture est de 4.8% dans le premier quintile et de 8.2% dans le quintile des revenus les plus élevés; les ménages situés dans le premier quintile des revenus consacrent 5.0% de leur budget aux hôtels et restaurants, alors que dans le quintile des revenus les plus élevés, la part atteint 9.2%.

En raisonnant en termes de structure de consommation, les écarts de consommation selon le revenu n’apparaissent pas dans leur ampleur réelle. On peut également jeter un regard sur les dépenses en valeur absolue et calculer le rapport entre les dépenses des ménages du quintile des revenus les plus élevés (5ème quintile) et les dépenses des ménages du quintile des revenus les plus faibles.

Tableau 74: Niveau et structure des dépenses par unité de consommation selon le niveau de revenu au Luxembourg en 2012

Un écart de 1.4 à 4.8 pour les différentes catégories de dépenses selon le niveau de vie

Au Luxembourg, l’ensemble des dépenses de consommation des ménages du 5ème quintile des revenus est 2.6 fois plus élevé que les dépenses du 1er quintile des revenus. L’écart entre le quintile supérieur et le quintile inférieur des revenus est très proche de la moyenne pour les dépenses d’enseignement (3.0 fois plus élevés en haut de l’échelle des revenus qu’en bas), les transports (3.2) et les "autres biens et services" (3.2)1. Les catégories pour lesquelles l’écart des dépenses de consommation entre le 5ème quintile et le 1er quintile des revenus sont les plus importants sont les loisirs et la culture (4.4 fois plus élevés en haut de l’échelle des revenus qu’en bas), puis l’ameublement et l’équipement ménager (un rapport de 4.5) et, enfin, les hôtels et restaurants (4.8 fois plus élevés pour les ménages du 5ème quintile des revenus que dans le 1er quintile).

1 Les "autres biens et services" incluent les postes de consommation suivantes: soins corporels (coiffure, pédicure …), articles personnels (bijoux, montres, maroquinerie …), services financiers et d’assurance et diverses taxes.

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5 TotalTotal des dépenses 20 981 30 066 36 264 43 442 54 526 36 335Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 2 360 2 876 3 064 3 371 3 659 3 037 stupéfiants 399 447 463 666 710 529 chaussants 980 1 505 1 938 2 490 3 112 1 958Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 8 896 11 517 13 796 15 049 18 356 13 322Ameublement, équipement ménager et entretien maison 910 1 475 1 981 2 974 4 061 2 212Santé 580 883 902 949 1 185 888Transports 2 488 4 285 4 961 6 307 7 860 5 063Communications 698 814 820 904 959 833Loisirs et culture 1 010 1 917 2 508 3 310 4 475 2 570Enseignement 79 108 99 136 237 129Restaurants et hôtels 1 054 1 803 2 585 3 398 5 034 2 692Autres biens et services 1 526 2 438 3 148 3 887 4 879 3 102

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5 TotalProduits alimentaires et boissons non alcoolisées 11.2 9.6 8.4 7.8 6.7 8.4 stupéfiants 1.9 1.5 1.3 1.5 1.3 1.5 chaussants 4.7 5.0 5.3 5.7 5.7 5.4Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 42.4 38.3 38.0 34.6 33.7 36.7Ameublement, équipement ménager et entretien maison 4.3 4.9 5.5 6.8 7.4 6.1Santé 2.8 2.9 2.5 2.2 2.2 2.4Transports 11.9 14.3 13.7 14.5 14.4 13.9Communications 3.3 2.7 2.3 2.1 1.8 2.3Loisirs et culture 4.8 6.4 6.9 7.6 8.2 7.1Enseignement 0.4 0.4 0.3 0.3 0.4 0.4Restaurants et hôtels 5.0 6.0 7.1 7.8 9.2 7.4Autres biens et services 7.3 8.1 8.7 8.9 8.9 8.5Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

En euros par unité de consommation

En % par rapport aux dépenses totales

Source : STATEC N.B. : Le premier quintile des revenus est constitué par les 20% les revenus les moins élevés ; le cinquième quintile correspond au 20% les revenus les plus élevés.

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Cahier économique 120 263

Graphique 241: Écart des dépenses de consommation par unité de consommation par catégories entre le 5ème quintile des revenus (ménages avec les 20% les revenus les plus élevés) et le 1er quintile des revenus (20% les revenus les plus faibles), 2012

Les catégories de consommation pour lesquelles les inégalités selon le revenu sont moins importantes sont les communications (un rapport de 1.4 entre les dépenses du quintile supérieur des revenus et le quintile inférieur), l’alimentation et les boissons non alcoolisées (un rapport de 1.6), les boissons alcoolisées et le tabac (un rapport de 1.8 entre le quintile supérieur et le quintile inférieur). Pour la santé, les dépenses du quintile supérieur sont 2.0 fois plus élevées que pour le décile inférieur (à noter qu’il s’agit évidemment des dépenses hors remboursements de la sécurité sociale). Pour le logement le rapport est de 2.1. On constate donc que les inégalités en termes de consommation se creusent pour les dépenses qu’on pourrait qualifier d’un peu moins „essentielles“ que le logement et l’alimentation, comme les loisirs et culture, hôtels et restaurants et l’ameublement).

La part des dépenses alimentaires diminue quel que soit le niveau de revenu des ménages

En ce qui concerne la part des dépenses alimentaires par unité de consommation dans la consommation totale, on a vu qu’elle est en moyenne de 8.4% pour l’ensemble des ménages résidant au Luxembourg. Selon, le niveau de vie, la part des dépenses alimentaires varie cependant fortement. On a déjà vu que la part des dépenses alimentaires est plus faible dans les pays où le niveau de vie est élevé. À l’intérieur des pays, le niveau de vie a un effet similaire. Chez les 20% des ménages les mieux lotis au Luxembourg, la part des dépenses alimentaires n’est que de 6.7% des

dépenses de consommation totales. En revanche, pour les 20% des ménages les moins bien lotis, le pourcentage correspondant atteint 11.2%. Au milieu de la distribution des revenus (3ème quintile), la part des dépenses alimentaires dans les dépenses de consommation totales est de 8.4%.

Graphique 242: Évolution de la part des dépenses des ménages par unité de consommation consacrées à l’alimentation et aux boissons non alcoolisées selon le niveau de revenu (par quintiles), 1994-2012

En ce qui concerne l’évolution des parts des dépenses alimentaires selon le niveau de revenu (voir Graphique 242), on constate d’abord qu’elle diminue depuis le milieu des années 1990 pour tous les niveaux de revenu. Dans le 1er quintile, le pourcentage passe de 18.6% en 1994 à 13.6% en 2012. Dans le dernier quintile, il évolue de 8.3% à 7.1%. Comme la diminution en haut de l’échelle des revenus est plus faible, l’écart de la part des dépenses alimentaires entre les quintiles se réduit.

Les ménages le mieux lotis dépensent plus pour les poissons, les légumes et les fruits, ainsi que pour la confiserie

Au sein des dépenses d’alimentation, toutes les composantes exprimées en pourcentage des dépenses de consommation totales des ménages diminuent avec le revenu. En 2012, la part du pain et des céréales dans les dépenses de consommation totales passe de 1.9% dans le 1er quintile des revenus à 1.1% dans le 5ème quintile. La part de la viande qui est de 2.6% du total des dépenses de consommation dans le 1er quintile des revenus des ménages passe à 1.3% dans le quintile le plus élevé. Les parts du poisson, des

Source : STATEC

1.4 1.6 1.8 2.0 2.12.6

3.0 3.2 3.2 3.2

4.4 4.5 4.8

0

1

2

3

4

5

6

Commun

ications

Produits alim

entaire

s et…

Boissons alcoolisées,…

Santé

Logement, eau,…

Total

Enseignement

Transports

Artic

les

d'ha

bille

men

t…

Autres biens et services

Loisirs et c

ulture

Ameublem

ent, …

Restaurants et hôtels

Source : EUROSTAT

4

6

8

10

12

14

16

18

20

1994 1999 2005 2012

1er quintile 2ème quintile 3ème quintile

4ème quintile 5ème quintile Total

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Cahier économique 120 264

fruits et des légumes et des sucreries et de la confiserie exprimées en pourcentage des dépenses totales des ménages diminuent également avec le niveau des revenus des ménages, mais moins que pour le pain et les céréales et que pour la viande. Dans le 1er quintile des revenus, les ménages consacrent 0.7% de leurs dépenses totales à l’achat de poisson. Dans le dernier décile la part est de 0.5%. La part des dépenses pour les légumes évolue de 1.1% des dépenses totales en bas de l’échelle des revenus à 0.7% en haut de cette échelle. La part des fruits passe de 0.8% des dépenses de consommation totales dans le 1er quintile à 0.6% dans le 5ème quintile. Enfin, le pourcentage du sucre, des confitures, du chocolat et de la confiserie est de 0.6% des dépenses totales de consommation des ménages les moins bien lotis. La part du sucre, du chocolat et des confiseries passe à 0.4% des dépenses totales en haut de l’échelle des revenus.

En exprimant les dépenses pour les différents postes d’alimentation en pourcentage de la seule catégorie des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées, l’image des comportements de consommation selon les revenus est plus nuancée. La part du pain et des céréales dans les dépenses alimentaires diminue effectivement avec le niveau de revenu mais, en fait, très modérément: on passe de 16.9% de dépenses pour le pain et les céréales dans le 1er quintile des revenus à 15.8% dans le 5ème quintile en 2012. On a vu que la part de la viande dans les dépenses totales des ménages évolue de 2.6% dans le 1er quintile des revenus à 1.3% dans le 5ème quintile. En pourcentage des seules dépenses alimentaires, la part des dépenses pour la viande diminue également entre le 1er décile des revenus et le 5ème décile, mais dans des proportions assez limitées: de 23.4% à 20.0%. À noter qu’ensemble, le pain, les céréales et la viande constituent environ 40% des dépenses alimentaires totales dans le 1er quintile des revenus et 36% dans le dernier quintile.

On a également vu que les dépenses pour le poisson, les fruits et légumes diminuent assez légèrement avec le revenu en pourcentage des dépenses totales des ménages. En termes d’habitudes de consommation alimentaire, cette vue est biaisée (parce qu’avec le revenu la part des dépenses alimentaires dans les dépenses totales se réduit également).

En rapportant les dépenses pour le poisson, les légumes et les fruits aux seules dépenses alimentaires, on s’aperçoit que leur part dans l’alimentation augmente même un peu avec le revenu. Les ménages du 1er quintile des revenus consacrent 5.8% des dépenses alimentaires à l’achat de poisson, alors que, pour les ménages les mieux lotis (5ème quintile), la part atteint plus de 7%. Pour les fruits, la part dans les dépenses alimentaires est de 7.5% pour les ménages du 1er quintile des revenus et de 8.9% en haut de l’échelle des revenus (5ème quintile). La part des légumes dans les dépenses alimentaires est également un peu plus élevée chez les ménages les mieux lotis (10.6% des dépenses alimentaires) qu’en bas de l’échelle des revenus (9.7%).

Le fait que les parts des dépenses alimentaires soient moins élevées en haut de l’échelle des revenus qu’en bas de l’échelle ne signifie pas que les dépenses soient inférieures en valeur absolue pour les ménages les mieux lotis. C’est le contraire qui est le cas.

Rappelons d’abord qu’en valeur absolue l’écart des dépenses pour l’alimentation entre les plus riches et les moins bien lotis des ménages est relativement faible. Pour l’ensemble des dépenses de consommation, le rapport est de 2.6 entre le 5ème quintile et le 1er quintile, alors que pour les dépenses alimentaires, le rapport est beaucoup plus faible avec 1.6 en 2012 (voir Graphique 243). Pour toutes les composantes des dépenses alimentaires (poissons, viande, pain), l’écart des dépenses entre le revenus élevés et les revenus faibles se situe en-dessous de l’écart moyen de l’ensemble des dépenses de consommation des ménages.

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Cahier économique 120 265

Tableau 75: Niveau et structure des dépenses de consommation par unité de consommation pour les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées selon le niveau de revenu au Luxembourg en 2012

Il y a 5 ou 6 postes de consommation de la catégorie de l’alimentation pour lesquels les ménages situés dans le quintile des revenus les plus élevés dépensent plus que la moyenne (voir Graphique 243). Il s’agit d’abord des dépenses pour le poisson qui sont près de 2 fois (1.93) plus élevées pour les ménages du 5ème quintile que pour les ménages du 1er quintile. Les rapports correspondants se situent également au-dessus de la moyenne pour le sucre, le chocolat et les confiseries (pour ce poste, les dépenses sont de 1.86 plus élevées dans le 5ème quintile que dans le premier), les fruits (rapport de 1.85), les légumes (1.71) et le lait et les fromages (1.67).

Graphique 243: Écart des dépenses alimentaires par unité de consommation par postes de dépenses entre le 5ème quintile des revenus (ménages avec les 20% des revenus les plus élevés) et le 1er quintile des revenus (20% des revenus les plus faibles), 2012

Les dépenses pour le pain et les céréales, les huiles et les graisses, la viande, les eaux minérales et les boissons gazeuses, si elles restent supérieures en valeur absolue pour les ménages en haut de la distribution des revenus, l’écart est cependant assez réduit comparé à la moyenne. Le rapport est de 1.30 pour les huiles et les graisses, de 1.32 pour la viande, de 1.34 pour les eaux minérales et les boissons gazeuses et de 1.45 pour le pain et les céréales. Pour le café, le thé et le cacao, le rapport entre les dépenses de consommation en haut (5ème quintile) et en bas de l’échelle des revenus (1er quintile) est de 1.51 soit proche de l’écart moyen pour les produits alimentaires.

Les dépenses pour le tabac plus importantes en bas de l’échelle des revenus et les dépenses pour boissons alcoolisées plus importantes en haut de l’échelle des revenus

Exprimées en pourcentage des dépenses de consommation totales, les dépenses pour les boissons alcoolisées et les tabacs sont un peu plus faibles en haut de l’échelle des revenus qu’en bas de cette échelle (1.9% dans le premier quintile et 1.3% dans le dernier quintile). Il y a néanmoins des divergences marquées entre les dépenses pour les boissons alcoolisées, d’une part, et le tabac, d’autre part.

Pour les boissons alcoolisées, les parts dans les dépenses totales dans le premier quintile des revenus et dans le 5ème quintile sont assez proches (0.8% et 1.0%) (voir Tableau 76).

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5Dépenses de consommation totales 20 981 30 066 36 264 43 442 54 526Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 2 360 2 876 3 064 3 371 3 659Produits alimentaires 2 100 2 577 2 711 3 007 3 298Pains et céréales 400 475 507 540 580Viande 552 700 658 707 731Poisson 137 178 207 226 264Lait, fromages et oeufs 317 387 423 481 531Huiles et graisses 68 79 95 95 89Fruits 177 223 238 254 327Légumes 228 272 279 346 389Sucre, confitures, miel, chocolat et confiseries 127 160 185 215 236Produits alimentaires n.d.a. 93 104 118 142 151Boissons non alcoolisées 261 298 353 364 361Café, thé, cacao 70 83 97 113 106Eaux minérales, boissons gazeuses et jus 191 215 256 251 256

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5Dépenses de consommation totales 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 11.2 9.6 8.4 7.8 6.7Produits alimentaires 10.0 8.6 7.5 6.9 6.0Pains et céréales 1.9 1.6 1.4 1.2 1.1Viande 2.6 2.3 1.8 1.6 1.3Poisson 0.7 0.6 0.6 0.5 0.5Lait, fromages et oeufs 1.5 1.3 1.2 1.1 1.0Huiles et graisses 0.3 0.3 0.3 0.2 0.2Fruits 0.8 0.7 0.7 0.6 0.6Légumes 1.1 0.9 0.8 0.8 0.7Sucre, confitures, miel, chocolat et confiseries 0.6 0.5 0.5 0.5 0.4Produits alimentaires n.d.a. 0.4 0.3 0.3 0.3 0.3Boissons non alcoolisées 1.2 1.0 1.0 0.8 0.7Café, thé, cacao 0.3 0.3 0.3 0.3 0.2Eaux minérales, boissons gazeuses et jus 0.9 0.7 0.7 0.6 0.5

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0Produits alimentaires 89.0 89.6 88.5 89.2 90.1Pains et céréales 16.9 16.5 16.5 16.0 15.8Viande 23.4 24.3 21.5 21.0 20.0Poisson 5.8 6.2 6.8 6.7 7.2Lait, fromages et oeufs 13.4 13.5 13.8 14.3 14.5Huiles et graisses 2.9 2.8 3.1 2.8 2.4Fruits 7.5 7.8 7.8 7.5 8.9Légumes 9.7 9.4 9.1 10.3 10.6Sucre, confitures, miel, chocolat et confiseries 5.4 5.6 6.0 6.4 6.5Produits alimentaires n.d.a. 4.0 3.6 3.9 4.2 4.1Boissons non alcoolisées 11.0 10.4 11.5 10.8 9.9Café, thé, cacao 3.0 2.9 3.2 3.4 2.9Eaux minérales, boissons gazeuses et jus 8.1 7.5 8.4 7.4 7.0

Source: STATEC

Dépenses de consommation pour les produits alimentaires et les boissons non alccolisées par équivalent adulte (en euros)

Part dans les dépenses de consommation totales (en %)

Part dans les dépenses de consommation de produits alimentaires et boissons non alcoolisées (en %)

Source : STATEC

1.30 1.32 1.34 1.45 1.51 1.55 1.61 1.67 1.71 1.85 1.86 1.93

2.60

0.00

0.50

1.00

1.50

2.00

2.50

3.00

Huiles et graisses

Viande

Eaux minérales, boissons

gazeuses et jus

Pains et céréales

Café, thé, cacao

Total produits

alimentaires et…

Produits alim

entaires

n.d.a.

Lait, from

ages et o

eufs

Légumes

Fruits

Sucre, confitures, m

iel,

chocolat et c

onfiseries

Poisson

Ensemble des dépenses

de consommation

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 266

Tableau 76: Niveau et structure des dépenses de consommation par unité de consommation pour les boissons alcoolisées et le tabac selon le niveau de revenu au Luxembourg en 2012

En revanche, en valeur absolue, l’image change: par unité de consommation, un ménage situé en bas de l’échelle des revenus (1er quintile) dépense 174 euros par an en 2012 pour des boissons alcoolisées; dans le quintile des revenus les plus élevés (5ème quintile), le montant correspondant atteint 534 euros, soit près du double du 1er quintile. Cela ne signifie pas que dans le quintile des revenus les plus élevés, les ménages consomment 2 fois plus d’alcool; c’est plus probablement le prix des produits consommés qui fait la différence.

Pour le tabac, la situation est inversée. Les ménages du 1er quintile des revenus consacrent 1.1% de leurs dépenses totales par unité de consommation à l’achat de tabac. En haut de la distribution des revenus, la part est réduite à 0.3%. En valeur absolue, les ménages situés en bas de l’échelle des revenus (1er quintile) dépensent, en 2012, 225 euros par unité de consommation. Dans le cinquième quintile, les dépenses pour le tabac sont réduites à 174 euros par unité de consommation, soit 80% de ce qu’ils sont chez les ménages les moins bien lotis en termes de revenus.

Graphique 244: Écart des dépenses pour boissons alcoolisées et tabac par unité de consommation entre le 5ème quintile des revenus (ménages avec les 20% les revenus les plus élevés) et le 1er quintile des revenus (20% les revenus les plus faibles), 2012

On a déjà vu plus haut que la part des dépenses des ménages pour les boissons alcoolisées et pour le tabac a tendance à diminuer depuis une vingtaine d’années et cela au Luxembourg, comme dans les pays voisins. Par unité de consommation la part des dépenses pour l’alcool et le tabac au Luxembourg passe de 2.2% en 1994 à 1.5% en 2012. Cette évolution concerne les ménages dans toutes les classes de revenu. La part des dépenses du 1er quintile des ménages pour l’alcool et le tabac passe de 2.9% en 1994 à 1.9% en 2012, celle du 2ème quintile de 2.7% à 1.5%. En haut de la distribution des revenus, la part des dépenses pour l’alcool et le tabac était déjà plus faible que pour les ménages les moins aisés au milieu des années 1990 (1.6% dans le 5ème quintile, contre 2.9% dans le 1er quintile en 1994). Depuis, la tendance de la part des dépenses pour l’alcool et le tabac semble également être à la baisse en haut de la distribution, même si c’est avec une moindre ampleur que chez les ménages moins aisés. Dans le 5ème quintile des revenus, la part des dépenses pour l’alcool et le tabac évolue de 1.6% en 1994 à 1.3% en 2012. Globalement, mis à part la tendance à la baisse de la part des dépenses pour l’alcool et le tabac, il faut également noter que les parts relatives du haut de la distribution et du bas se rapprochent: en 1994, 2.9% pour les ménages les moins aisés et 1.6% pour les ménages les plus aisés (soit un écart de 1.3 point); en 2012, 1.9% en haut de la distribution et 1.3% en bas (un écart de 0.6 point).

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5 total Total des dépenses 20 981 30 066 36 264 43 442 54 526 36 335

Boissons alcoolisées, tabacs 399 447 463 666 710 529Boissons alcoolisées 174 245 297 521 534 345

Tabac 225 201 167 145 177 184

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5 total Boissons alcoolisées, tabacs 1.9 1.5 1.3 1.5 1.3 1.5Boissons alcoolisées 0.8 0.8 0.8 1.2 1.0 0.9Tabac 1.1 0.7 0.5 0.3 0.3 0.5

Source : STATEC

En euros par unité de consommation

En % par rapport aux dépenses totales

Source : STATEC

0.79

1.78

2.603.06

0.00.51.01.52.02.53.03.5

Tabac

Boissons alcoolisées et

tabacs

Ensemble des dépenses de

consom

mation

Boissons alcoolisées

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 267

Graphique 245: Évolution de la part des dépenses des ménages par unité de consommation consacrées aux boissons alcoolisées et aux tabacs selon le niveau de revenu (par quintiles) au Luxembourg, 1994-2012

La part des dépenses d’ameublement augmente globalement avec le niveau de vie

Dans le 1er quintile des revenus, la part des dépenses d’ameublement est de 4.3% du total des dépenses des ménages par unité de consommation. En haut de la distribution (5ème quintile), la part correspondante atteint 7.4%. Ce sont deux postes de consommation qui expliquent cet écart: les dépenses pour les meubles, tapis et autres revêtements de sol et les dépenses pour les biens et les services d’entretien courant de la maison. Pour les meubles, tapis et revêtements de sol, le pourcentage des dépenses est de 1.5% des dépenses de consommation totales chez les 20% des ménages les moins bien lotis par unité de consommation, alors qu’il atteint respectivement 3.3% et 2.9% chez les ménages les mieux lotis (4ème et 5ème quintiles). En ce qui concerne, les dépenses pour biens et services pour l’entretien courant de la maison - qui comprend notamment les frais du personnel pour l’entretien et le nettoyage ou pour la garde d’enfants – elles représentent, en 2012, 1.0% des dépenses des ménages dans le 1er quintile des revenus, mais 2.5% dans le quintile le plus élevé.

Tableau 77: Niveau et structure des dépenses de consommation par unité de consommation pour les meubles, l’équipement ménager et l’entretien de la maison selon le niveau de revenu au Luxembourg en 2012

Graphique 246: Écart des dépenses pour meubles, équipement ménager et biens et services d’entretien de la maison par unité de consommation entre le 5ème quintile des revenus (ménages avec les 20% les revenus les plus élevés) et le 1er quintile des revenus (20% les revenus les plus faibles), 2012

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

3.0

3.5

1994 1999 2005 20121er quintile 2ème quintile 3ème quintile4ème quintile 5ème quintile Total

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5

ménages

Total des dépenses 20 981 30 066 36 264 43 442 54 526 36 335

Ameublement, équipement ménager et entretien maison 910 1 475 1 981 2 974 4 061 2 212Meubles, articles d'ameublement, tapis et autres revêtements de sol 310 604 878 1 424 1 603 932Articles de ménage en textiles 83 106 125 179 264 148Appareils ménagers 137 244 293 373 379 279Verrerie, vaisselle et ustensiles de ménage 49 64 86 113 131 87Outillage pour la maison et le jardin 115 143 146 179 321 177Biens et services pour l'entretien courant de la maison 216 314 453 706 1 363 589

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5

ménages

Ameublement, équipement ménager et entretien maison 4.3 4.9 5.5 6.8 7.4 6.1Meubles, articles d'ameublement, tapis et autres revêtements de sol 1.5 2.0 2.4 3.3 2.9 2.6Articles de ménage en textiles 0.4 0.4 0.3 0.4 0.5 0.4Appareils ménagers 0.7 0.8 0.8 0.9 0.7 0.8Verrerie, vaisselle et ustensiles de ménage 0.2 0.2 0.2 0.3 0.2 0.2Outillage pour la maison et le jardin 0.5 0.5 0.4 0.4 0.6 0.5Biens et services pour l'entretien courant de la maison 1.0 1.0 1.2 1.6 2.5 1.6

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5

ménages

Ameublement, équipement ménager et entretien maison 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0Meubles, articles d'ameublement, tapis et autres revêtements de sol 34.1 41.0 44.3 47.9 39.5 42.2Articles de ménage en textiles 9.1 7.2 6.3 6.0 6.5 6.7Appareils ménagers 15.1 16.6 14.8 12.6 9.3 12.6Verrerie, vaisselle et ustensiles de ménage 5.3 4.3 4.4 3.8 3.2 3.9Outillage pour la maison et le jardin 12.6 9.7 7.4 6.0 7.9 8.0Biens et services pour l'entretien courant de la maison 23.7 21.3 22.9 23.7 33.6 26.6

Source : STATEC

Dépenses de consommation pour l'ameublement, l'équipement ménager et l'entretien de la maison (en euros)

Part dans les dépenses de consommation totales (en %)

Part dans les dépenses de consommation pour l'ameublement, l'équipement ménager et l'entretien de la maison (en %)

Source : STATEC

2.60 2.71 2.76 2.79 3.18

4.465.16

6.31

0

1

2

3

4

5

6

7

Ensemble des dépenses

de consommation

Verrerie, vaisselle et

ustensiles de m

énage

Appareils m

énagers

Outillage pour la

maison et le jardin

Artic

les de ménage en

textiles

Total ameublem

ent,

équipement m

énager…

Meubles, articles

d'am

eubl

emen

t, ta

pis…

Biens et services pour

l'ent

retie

n co

uran

t de…

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 268

Exprimées en pourcentage des dépenses de la catégorie de l’ameublement, de l’équipement ménager et de l’entretien de la maison, ces caractéristiques deviennent encore plus claires. Les meubles, tapis et autres revêtements de sol représentent environ 34% des dépenses de la catégorie dans le 1er quintile, mais près de 48% dans le 4ème quintile, pour revenir à 40% dans le 5ème quintile. Les biens et services pour l’entretien courant de la maison constituent moins de 24% des dépenses de la catégorie "ameublement, équipement ménager et entretien de la maison" dans le 1er quintile des revenus, alors que dans le 5ème quintile, le pourcentage correspondant est de près de 34% de la catégorie dans le 5ème quintile. En revanche, la part des dépenses pour appareils ménagers dans la catégorie "ameublement, équipement ménager et entretien de la maison" est plus importante chez les ménages les moins bien lotis (environ 15% dans le 1er quintile) que chez les ménages ayant les revenus les plus élevés (autour de 6% dans le 4ème et le 5ème quintiles).

L’écart en valeur absolue entre le 1er quintile des revenus et le 5ème quintile des dépenses dans la catégorie "ameublement, équipement ménager et entretien de la maison" est encore plus parlant. Globalement, les inégalités des comportements de consommation pour cette catégorie de biens et services sont plus importantes que la moyenne.

Le rapport entre les dépenses du quintile supérieur et les dépenses du quintile inférieur pour cette catégorie de dépenses (ameublement, équipement ménager, biens et services pour l’entretien de la maison) est de 4.5 (contre un rapport de 2.6 pour l’ensemble des dépenses de consommation). Pour toutes les composantes de cette catégorie de consommation, l’écart entre les ménages situés en haut de l’échelle des revenus et ceux situés en bas de cette échelle est supérieur à la moyenne de l’écart de l’ensemble de la consommation. Pour les meubles, les tapis et les revêtements de sol l’écart est même de 5.2 et, pour les biens et services d’entretien de la maison, le rapport entre le quintile supérieur et le quintile inférieur atteint un chiffre élevé de 6.3. En d’autres mots, les 20% des ménages les mieux lotis dépensent 6.3 fois plus par unité de consommation pour les biens et services d’entretien de la maison que les 20% les moins bien lotis (même si, en valeur relative, la part dans les dépenses totales reste relativement faible avec 2.5% pour le 5ème quintile des revenus).

Graphique 247: Évolution de la part des dépenses des ménages par unité de consommation consacrées à l’ameublement, l’équipement ménager et l’entretien courant de la maison selon le niveau de revenu (par quintiles) au Luxembourg, 1994-2012

En tendance, la part des dépenses de consommation pour les meubles, l’équipement ménager et l’entretien courant de la maison diminue dans tous les segments de la distribution des revenus au Luxembourg depuis le milieu des années 1990. Pour l’ensemble des ménages, la part passe de 9.3% en 1994 du total des dépenses par unité de consommation à 6.2% en 2012. Dans le 1er quintile des revenus, la part évolue de 8.0% en 1994 à 4.0% en 2005, puis reste relativement stable avec 4.3% en 2012. Dans le 5ème quintile, la part passe de 11.0% à 7.4%.

La part des dépenses pour les transports est beaucoup plus faible en bas de l’échelle des revenus

Ensemble, les dépenses pour les transports (achat de véhicules, utilisation et entretien de véhicules, transports en commun, taxis, …) représentent près de 14% de l’ensemble des dépenses des ménages. Cependant, dans le 1er quintile des revenus, la part n’est que de 11.9%. Cependant dès le 2ème quintile, la part atteint 14.3%, soit à peu près le même pourcentage que tout en haut de l’échelle des revenus (14.4% dans le 5ème quintile). La différence entre le 1er quintile et les quintiles suivants semble due essentiellement au poste des achats de véhicules qui ne représente que 5.3% de l’ensemble des dépenses des ménages du 1er quintile des revenus (ou 45% de la catégorie de consommation "transports"), mais qui atteint 7.5% dès le 2ème quintile (ou 53% de la catégorie "transports").

Source : STATEC

0

2

4

6

8

10

12

1994 1999 2005 2012

1er quintile 2ème quintile 3ème quintile

4ème quintile 5ème quintile Total

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 269

Tableau 78: Niveau et structure des dépenses de consommation par unité de consommation pour les transports selon le niveau de revenu au Luxembourg en 2012

En jetant un regard sur les écarts des dépenses en valeur absolue, on note d’abord que les dépenses pour l’utilisation des véhicules (carburants, réparations, pièces de véhicules, …), sont de 2.5 fois plus élevées en haut de la distribution des revenus qu’en bas. Cet écart se situe cependant au même niveau que l’écart moyen des dépenses de consommation (2.6). Pour l’achat de véhicules, les ménages situés en haut de l’échelle des revenus (5ème quintile) dépensent 3.7 fois plus que ceux du 1er quintile. Pour les services de transports (chemins de fer, bus, taxis, …), les ménages du quintile supérieur dépensent même 4.2 fois plus que les ménages du quintile inférieur.

Rappelons finalement que, globalement, la part des dépenses des ménages pour les transports au Luxembourg est parmi les plus élevées en Europe (voir plus haut).

Graphique 248: Écart des dépenses pour transports par unité de consommation entre le 5ème quintile des revenus (ménages avec les 20% les revenus les plus élevés) et le 1er quintile des revenus (20% les revenus les plus faibles), 2012

Les inégalités de comportement de consommation en matière de loisirs et de culture sont prononcées

Les loisirs et la culture sont – à côté des hôtels et restaurants et de l’ameublement – le poste de consommation pour lequel les inégalités des dépenses entre ménages sont les plus importantes au Luxembourg. Les chiffres en témoignent: la part des "loisirs et de la culture" chez les ménages du 1er quintile des revenus représente 4.8% de l’ensemble de leurs dépenses. En haut de l’échelle des revenus, c’est-à-dire dans le 5ème quintile, la part atteint 8.2%. L’écart selon le revenu concerne tous les postes de cette catégorie, même si l’ampleur n’est pas la même pour tous les postes. Les dépenses pour les équipements audiovisuels, photographiques et informatiques et les autres biens durables importants du domaine des loisirs et de la culture représentent 0.9% des dépenses des ménages se situant dans le premier quintile des revenus, mais 1.5% des dépenses totales des ménages dans le quintile supérieur.

La part des dépenses des ménages pour l’édition (livres), la presse et la papeterie dans les dépenses totales varie assez peu selon le revenu (0.7% en bas de la distribution des revenus et 0.8% en haut de la distribution). En pourcentage des dépenses de la catégorie "loisirs et culture", les dépenses pour l’édition, la presse et la papeterie sont même plus élevées en bas de la distribution (14.0% des dépenses de la catégorie "presse et édition" dans le 1er quintile

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5

total

ménagesTotal des dépenses 20 981 30 066 36 264 43 442 54 526 36 335

Transports 2 488 4 285 4 961 6 307 7 860 5 063Achats de véhicules 1 114 2 264 2 557 3 333 4 138 2 615Utilisation des véhicules personnels 1 185 1 783 2 033 2 550 2 933 2 057Services de transport 189 238 371 424 789 391

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5

total

ménagesTotal des dépenses 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Transports 11.9 14.3 13.7 14.5 14.4 13.9Achats de véhicules 5.3 7.5 7.1 7.7 7.6 7.2Utilisation des véhicules personnels 5.6 5.9 5.6 5.9 5.4 5.7Services de transport 0.9 0.8 1.0 1.0 1.4 1.1

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5

total

ménagesTransports 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0Achats de véhicules 44.8 52.8 51.6 52.8 52.6 51.6Utilisation des véhicules personnels 47.6 41.6 41.0 40.4 37.3 40.6Services de transport 7.6 5.6 7.5 6.7 10.0 7.7

Source : STATEC

Dépenses de consommation pour les transports (en euros)

Part dans les dépenses de consommation totales (en %)

Part dans les dépenses de consommation pour les transports (en %)

Source : STATEC

2.48 2.60

3.16

3.724.16

0.00.51.01.52.02.53.03.54.04.5

Utilisatio

n des véhicules

personnels

Ensemble des dépenses de

consom

mation

Total transports

Achats de véhicules

Services de transport

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 270

et 10.2% dans le 5ème quintile), une caractéristique que l’on retrouve d’ailleurs pour les services récréatifs et culturels (cinéma, théâtre, …). Pour ce poste la part dépensée par le 1er quintile des ménages est de 1.1% des dépenses totales; dans le cinquième quintile, la part atteint 1.4%. Cependant, dans les dépenses de la catégorie, c’est l’inverse qui est le cas. Les services récréatifs et culturels constituent environ 23% des dépenses du poste "loisirs et culture" dans le 1er quintile des revenus, contre 17% dans le 5ème quintile.

Beaucoup moins de dépenses pour voyages chez les ménages les moins bien lotis

En fait, les chiffres relatifs (pourcentage par rapport aux dépenses totales et de la catégorie) sont fortement "impactés" par un poste spécifique pour lequel les écarts de dépense entre le haut et le bas de la distribution sont très importants: il s’agit des "voyages à forfait". Ce poste représente 0.9% de l’ensemble des dépenses des ménages appartenant au 1er quintile des revenus et 2.8% dans le 5ème quintile.

L’écart dans le domaine des voyages est encore plus apparent en considérant, d’une part, le pourcentage des dépenses pour les voyages dans la catégorie "loisirs et culture" (qui est de 18.9% dans le 1er quintile, mais de 34.0% dans le quintile supérieur des revenus) et, d’autre part, l’écart des dépenses en valeur entre le quintile supérieur et le quintile inférieur. En effet, les dépenses pour les voyages sont 7.95 fois supérieures dans le 5ème quintile que dans le 1er quintile (moins de 200 € par unité de consommation dans le premier quintile en 2012, contre plus de 1 500 € dans le 5ème quintile).

L’ensemble des dépenses en euros par unité de consommation dans la catégorie “loisirs et culture“ est 4.43 fois plus élevé parmi les ménages se situant dans les 20% les mieux lotis que parmi les ménages du 1er quintile. Cet écart est beaucoup plus important que pour l’ensemble des catégories de consommation (un rapport global de 2.6 entre le 5ème quintile et le 1er quintile). D’ailleurs, pour toutes les composantes de la catégorie “loisirs et culture“, l’écart des dépenses entre le quintile supérieur et le quintile inférieur se situe au-dessus de cette moyenne de 2.6. Il va de 3.24 pour l’édition, la presse et la papeterie à 4.34 pour les équipements audiovisuels, photographiques ou informatiques et autres biens durables pour les loisirs et la culture et à 7.95 pour les voyages.

Tableau 79: Niveau et structure des dépenses de consommation par unité de consommation pour les loisirs et la culture selon le niveau de revenu au Luxembourg en 2012

Graphique 249: Écart des dépenses pour loisirs et culture par unité de consommation entre le 5ème quintile des revenus (ménages avec les 20% les revenus les plus élevés) et le 1er quintile des revenus (20% les revenus les plus faibles), 2012

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5total

ménages

Total des dépenses 20 981 30 066 36 264 43 442 54 526 36 335

Loisirs et culture 1 010 1 917 2 508 3 310 4 475 2 570Equipements audiovisuels, photographiques et informatiques et autres biens durables importants du domaine des loisirs et de la culture 192 268 397 508 835 427Autres articles et équipement de loisirs, jardins et animaux d'agrément 250 529 530 726 884 570Services récréatifs et culturels 236 359 459 579 777 471Edition, presse et papeterie 141 228 267 339 457 280Voyages à forfait 191 533 856 1 158 1 521 822

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5total

ménagesTotal des dépenses 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Loisirs et culture 4.8 6.4 6.9 7.6 8.2 7.1Equipements audiovisuels, photographiques et informatiques et autres biens durables importants du domaine des loisirs et de la culture 0.9 0.9 1.1 1.2 1.5 1.2Autres articles et équipement de loisirs, jardins et animaux d'agrément 1.2 1.8 1.5 1.7 1.6 1.6Services récréatifs et culturels 1.1 1.2 1.3 1.3 1.4 1.3Edition, presse et papeterie 0.7 0.8 0.7 0.8 0.8 0.8Voyages à forfait 0.9 1.8 2.4 2.7 2.8 2.3

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5total

ménagesLoisirs et culture 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0Equipements audiovisuels, photographiques et informatiques et autres biens durables importants du domaine des loisirs et de la culture 19.0 14.0 15.8 15.3 18.7 16.6Autres articles et équipement de loisirs, jardins et animaux d'agrément 24.7 27.6 21.1 21.9 19.8 22.2Services récréatifs et culturels 23.3 18.7 18.3 17.5 17.4 18.3Edition, presse et papeterie 14.0 11.9 10.6 10.2 10.2 10.9Voyages à forfait 18.9 27.8 34.1 35.0 34.0 32.0

Source : STATEC

Dépenses de consommation pour les loisirs et la culture (en euros)

Part dans les dépenses de consommation totales (en %)

Part dans les dépenses de consommation pour les loisirs et la culture (en %)

tEnsemble d 2.6

Editio 3.2Servic 3.3Autres 3.5Equip 4.3

Total lois 4.4Voyag 7.9

Source : STATEC

2.603.24 3.29 3.54

4.34 4.43

7.95

0123456789

Ensemble des dépenses

de consommation

Edition, presse et

papeterie

Services ré

créatifs et

cultu

rels

Autres articles et

équipement d

e loisirs,

jardins et animaux…

Equipements

audiovisuels,

photographiques et…

Total loisirs et c

ulture

Voyages à forfait

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 271

Plus de 40% des dépenses de consommation des ménages les moins aisés sont consacrés au logement (loyers imputés inclus)

Dans le 1er quintile des revenus, les ménages affectent 42.4% du total de leurs dépenses au logement et les frais liés au logement comme l’eau, l’électricité, le gaz et les autres combustibles, comme le fuel de chauffage, ainsi que l’entretien et les réparations du logement. Dans le 3ème quintile, c’est-à-dire au milieu de la distribution des revenus, les dépenses pour le logement atteignent 38.0% des dépenses et, dans le quintile supérieur, seulement 33.7% des dépenses des ménages.

Dans ces dépenses pour le logement sont inclus les "loyers imputés" ou "loyer fictifs" qui comprennent le service (de location) que se rendent à eux-mêmes les propriétaires de leur logement. Les loyers imputés sont les loyers que les propriétaires auraient à payer s'ils étaient locataires du logement. Le "loyer imputé" augmente la capacité de consommation des ménages, parce qu’ils bénéficient de "services de logement" pour lesquels ils devraient autrement payer, ce qui aurait pour effet de diminuer leurs ressources disponibles. En ne tenant pas compte du statut d'occupation du logement (propriétaire ou locataire) on supposerait qu'un ménage locataire et un ménage propriétaire disposant des mêmes ressources monétaires ont le même niveau de vie. Or, un ménage locataire, comme il a à sa charge des dépenses de logement souvent plus importantes, a un niveau de vie inférieur à celui du ménage propriétaire. Afin de prendre en compte le statut d'occupation, on impute donc un revenu, respectivement des dépenses supplémentaires, aux propriétaires occupant, égales au loyer qu'ils pourraient percevoir/payer s'ils mettaient en location leur logement.

Chez les ménages les moins aisés (1er quintile des revenus), qui sont plus souvent locataires que les ménages plus aisés, le loyer réel dépensé correspond à près de 13.8% du total des dépenses de consommation, alors qu’en haut de l’échelle des revenus (5ème quintile), les loyers réels sont de 10 points de % inférieurs (3.8% des dépenses de consommation totales). En pourcentage des seules dépenses de logement (avec gaz, électricité, eau, ...), l’écart est encore plus parlant: les loyers d’habitation réels correspondent à 32.6% de ces dépenses dans le 1er quintile, contre 11.2% dans le 5ème quintile. À l’inverse, les loyers imputés – pour les propriétaires occupant leur logement - correspondent à 43.0% des

dépenses de logement dans le 1er quintile (et 18.2% des dépenses de consommation totales), mais à 69.0% dans le 5ème quintile des revenus (23.2% des dépenses de consommation totales).

Pour les ménages les plus aisés, les parts des dépenses pour l’eau, l’électricité, le gaz et les autres combustibles sont moins élevées que pour les ménages en bas de l’échelle des revenus. Pour l’eau, les ménages du 1er quintile des revenus dépensent 2.4% du total de leur budget (5.6% du budget consacré au logement). Le pourcentage correspondant est de 1.4% des dépenses totales (et 4.2% du poste “logement“) pour les ménages en haut de la distribution des revenus. Les ménages les moins bien lotis (1er quintile des revenus) consacrent 5.6% de leurs dépenses totales au poste de l’eau, de l’électricité, du gaz et des autres combustibles (soit 13.3% de la catégorie du “logement“), contre 3.1% des dépenses totales pour les ménages du quintile supérieur des revenus (ou 9.3% de la catégorie “logement“). En ce qui concerne les réparations et l’entretien du logement, le schéma est moins clair: en haut de l’échelle des revenus, les ménages semblent effectivement dépenser moins en pourcentage des dépenses totales (2.1%) qu’en bas de l’échelle (2.4%), mais l’écart est peu important. En pourcentage de la catégorie logement la situation est inversée: les ménages du 1er quintile affectent 5.6% de leurs dépenses pour la catégorie “logement” à l’entretien et aux réparations; dans le 4ème quintile, la part atteint 7.9% de la catégorie “logement”.

En valeur absolue, les dépenses pour la catégorie de consommation “logement” sont environ 2.1 plus élevées pour les ménages les plus aisés (5ème quintile) que pour les ménages les moins bien lotis (1er quintile). L’écart pour le logement est donc moins important que pour les dépenses totales des ménages (un rapport de 2.6 entre le 5ème quintile et le 1er quintile).

Comme la part des propriétaires occupants est beaucoup plus élevée chez les ménages aisés que chez les ménages les moins bien lotis en termes de revenu, les loyers imputés sont logiquement beaucoup plus élevés en haut de l’échelle des revenus. Dans le 5ème quintile, les loyers imputés sont 3.3 fois plus élevés que dans le 1er quintile. Inversement, comme les locataires sont plus nombreux parmi les ménages moins aisés, les loyers réels dans le 5ème quintile correspondent à 80% des loyers réels du premier quintile.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 272

Tableau 80: Niveau et structure des dépenses de consommation par unité de consommation pour le logement selon le niveau de revenu au Luxembourg en 2012

Graphique 250: Écart des dépenses pour le logement par unité de consommation entre le 5ème quintile des revenus (ménages avec les 20% les revenus les plus élevés) et le 1er quintile des revenus (20% les revenus les plus faibles), 2012

Les dépenses pour l’électricité, le gaz, et les autres combustibles, tout comme les dépenses pour l’eau sont plus élevées chez les ménages en haut de l’échelle de revenus (un écart de 1.44 et de 1.55 avec le 1er quintile). Néanmoins, l’écart pour la catégorie de consommation “logement” n’est pas très important si on le compare à l’écart pour l’ensemble des dépenses des ménages.

Sans loyers imputés, les parts relatives des catégories dans la structure de consommation sont modifiées de façon significative, même si les rangs des différentes catégories restent logiquement identiques

On a déjà dit que, en ne tenant pas compte des “loyers imputés”, on émet implicitement l’hypothèse que le niveau de vie des locataires et des propriétaires disposant d’un même revenu sont identiques. Ce qui est évidemment inexact. Pour avoir une idée plus précise de l’impact des loyers imputés sur la structure de consommation, on peut néanmoins faire une simulation en retirant les loyers imputés de la catégorie “logement” et des dépenses totales des ménages.

La répartition des “loyers imputés” selon le revenu des ménages reflète le fait que la part des propriétaires augmente avec le niveau de vie des ménages (voir Graphique 251). En valeur absolue, les loyers imputés (c’est-à-dire les loyers “fictifs” attribués aux propriétaires occupants sont environ 6 fois plus élevés que les loyers réels en haut de la hiérarchie des revenus (12 671 € de loyers imputés, contre 2 056 € de loyers réels par unité de consommation). La part plus importante de locataires en bas de l’échelle des revenus se reflète dans l’écart beaucoup plus réduit entre loyers imputés et loyers réels dans le 1er quintile des revenus (2 900 € de loyers réels et 3 825 € de loyers imputés). À noter encore qu’en valeur absolue les loyers réels sont les plus élevés dans le premier quintile des revenus (2 900 € par unité de consommation dans le 1er quintile, 2 032 € dès le 2ème quintile, 2 008 € dans le 3ème quintile, 1 718 € dans le 4ème quintile et 2 056 € dans le 5ème quintile). En valeur relative - c’est-à-dire en pourcentage des dépenses de consommation -, les écarts sont tout aussi parlants et avec les revenus la part des loyers tend à diminuer tandis que la part des loyers imputés augmente en tendance jusqu’au 3ème quintile avant de se stabiliser.

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5

total

ménagesTotal des dépenses 20 981 30 066 36 264 43 442 54 526 36 335

Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 8 896 11 517 13 796 15 049 18 356 13 322Loyers d'habitation réels 2 900 2 032 2 008 1 718 2 056 2 167Loyers d'habitation imputés 3 825 6 755 8 791 9 815 12 671 8 182Entretien et réparation du logement 497 746 874 1 182 1 160 874Adduction d'eau et autres services relatifs au logement 495 539 562 594 766 586Electricité, gaz et autres combustibles 1 179 1 445 1 560 1 740 1 702 1 512

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5

total

ménagesTotal des dépenses 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 42.4 38.3 38.0 34.6 33.7 36.7Loyers d'habitation réels 13.8 6.8 5.5 4.0 3.8 6.0Loyers d'habitation imputés 18.2 22.5 24.2 22.6 23.2 22.5Entretien et réparation du logement 2.4 2.5 2.4 2.7 2.1 2.4Adduction d'eau et autres services relatifs au logement 2.4 1.8 1.6 1.4 1.4 1.6Electricité, gaz et autres combustibles 5.6 4.8 4.3 4.0 3.1 4.2

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5

total

ménagesLogement, eau, électricité, gaz et autres combustibles 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0Loyers d'habitation réels 32.6 17.6 14.6 11.4 11.2 16.3Loyers d'habitation imputés 43.0 58.6 63.7 65.2 69.0 61.4Entretien et réparation du logement 5.6 6.5 6.3 7.9 6.3 6.6Adduction d'eau et autres services relatifs au logement 5.6 4.7 4.1 3.9 4.2 4.4Electricité, gaz et autres combustibles 13.3 12.5 11.3 11.6 9.3 11.3

Dépenses de consommation pour le logement (en euros)

Part dans les dépenses de consommation totales (en %)

Part dans les dépenses de consommation pour le logement (en %)

Source : STATEC

0.71

1.44 1.55

2.062.33

2.60

3.31

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

3.0

3.5

Loye

rs d

'hab

itatio

n ré

els

Electricité

, gaz et a

utres

combustibles

Addu

ctio

n d'

eau

et a

utre

sservices re

latifs au logement

Total logem

ent, eau,

électricité

, gaz et a

utres

combustibles

Entretien et ré

paratio

n du

logement

Ensemble des dépenses de

consom

mation des ménages

Loye

rs d

'hab

itatio

n im

puté

s

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 273

Graphique 251: Loyers imputés et loyers réels par unité de consommation selon le revenu des ménages, 2012

Graphique 252: Structure de consommation des ménages au Luxembourg avec et sans loyers imputés, 2012 (en %)

Dans le premier quintile des revenus, la part des loyers réels dépensés correspond à 13.8% des dépenses totales des ménages par unité de consommation. Cette part tombe à 6.8% dès le deuxième quintile et à 3.8% dans le quintile supérieur. Inversement, la part des loyers imputés passe de 18.2% dans le 1er quintile à 24.2% au milieu de la distribution de revenus (3ème quintile). Dans le quintile supérieur, la part est pratiquement identique avec 23.2%.

En 2012, sans loyers imputés (c’est-à-dire seulement avec les loyers réels), les dépenses des ménages pour la catégorie “logement” correspondent à seulement 18.3% des dépenses de consommation totales (contre 36.7% avec les loyers imputés). La différence se répartit sur les autres postes au prorata de leur importance relative (voir Graphique 252). Ainsi, sans loyers imputés, la part des dépenses pour les transports n’est pas de 13.9% (avec les loyers imputés), mais de 18.0%. Sans les loyers imputés, les ménages consacrent 11.0% aux autres biens et services (soins personnels, bijoux, etc.), contre 8.5% si on tient compte des loyers imputés. Les dépenses pour les produits alimentaires correspondent à 8.4% des dépenses totales des ménages avec les loyers imputés, contre 10.8% sans les loyers imputés.

Tableau 81: Structure de consommation des ménages selon le revenu au Luxembourg avec et sans loyers imputés, 2012 (en %)

Source : STATEC

2 90

0

2 03

2

2 00

8

1 71

8

2 05

6382

5 675

5 879

1

981

5 1267

1

0

2 000

4 000

6 000

8 000

10 000

12 000

14 000

1 2 3 4 5

En euros

Loyers d'habitation réels Loyers d'habitation imputés

13.8

6.8

5.5

4.0

3.8

18.2 22

.5 24.2

22.6

23.2

0

5

10

15

20

25

30

1 2 3 4 5

En pourcentage des dépenses totales

Loyers d'habitation réels Loyers d'habitation imputés

Source: STATEC

0.5 1.9 3.0

3.2

7.9 9.1 9.6 10.8

11.0

18.0

18.3

0.4 1.5 2.3

2.4 6.

1 7.1

7.4 8.4

8.5

13.9

36.7

0510152025303540

Enseignement

Boissons alcoolisées, tabac et stupéfia

nts

Communications

Santé

Ameublem

ent, équipement ménager et

entretien courant de la maison

Loisirs et c

ulture

Restaurants et hôtels

Produits alim

entaires et boissons non

alcoolisées

Autres biens et services

Transports

Logement, eau, électricité

, gaz et a

utres

combustibles nsans loyers im

putés

sans loyers imputés

avec loyers imputés quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5total

ménages

Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 11.2 9.6 8.4 7.8 6.7 8.4Boissons alcoolisées, tabac 1.9 1.5 1.3 1.5 1.3 1.5

Articles d'habillement et articles chaussants 4.7 5.0 5.3 5.7 5.7 5.4Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles avec loyers imputés 42.4 38.3 38.0 34.6 33.7 36.7Ameublement, équipement ménager et entretien courant de la maison 4.3 4.9 5.5 6.8 7.4 6.1Santé 2.8 2.9 2.5 2.2 2.2 2.4Transports 11.9 14.3 13.7 14.5 14.4 13.9Communications 3.3 2.7 2.3 2.1 1.8 2.3Loisirs et culture 4.8 6.4 6.9 7.6 8.2 7.1Enseignement 0.4 0.4 0.3 0.3 0.4 0.4Restaurants et hôtels 5.0 6.0 7.1 7.8 9.2 7.4Autres biens et services 7.3 8.1 8.7 8.9 8.9 8.5Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

quintile 1 quintile 2 quintile 3 quintile 4 quintile 5total

ménages

Produits alimentaires et boissons non alcoolisées 13.8 12.3 11.2 10.0 8.7 10.8Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants 2.3 1.9 1.7 2.0 1.7 1.9

Articles d'habillement et articles chaussants 5.7 6.5 7.1 7.4 7.4 7.0Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles sans loyers imputés 29.6 20.4 18.2 15.6 13.6 18.3Ameublement, équipement ménager et entretien courant de la maison 5.3 6.3 7.2 8.8 9.7 7.9Santé 3.4 3.8 3.3 2.8 2.8 3.2Transports 14.5 18.4 18.1 18.8 18.8 18.0Communications 4.1 3.5 3.0 2.7 2.3 3.0Loisirs et culture 5.9 8.2 9.1 9.8 10.7 9.1Enseignement 0.5 0.5 0.4 0.4 0.6 0.5Restaurants et hôtels 6.1 7.7 9.4 10.1 12.0 9.6Autres biens et services 8.9 10.5 11.5 11.6 11.7 11.0Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

Source: STATEC

Part des catégories de consommation dans le total des dépenses des ménages, loyers imputés inclus (en %)

Part des catégories de consommation dans le total des dépenses des ménages, loyers imputés exclus (en %)

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 274

Avec les loyers imputés, l’écart de la part des dépenses de logement entre le haut et le bas de la distribution est réel, mais reste relativement limité (42.4% dans le 1er quintile des revenus et 33.7% dans le 5ème quintile, soit moins de 9 points de % d’écart). Sans loyers imputés, l’écart de la part des dépenses pour le logement des ménages aisés, d’une part, et des ménages les moins bien lotis, d’autre part, est plus conséquent. Dans le 1er quintile (où la part des locataires et donc des loyers réels est la plus élevée), la part des dépenses pour le logement - sans loyers imputés - atteint 29.6%. À l’autre bout de l’échelle des revenus, où la part des propriétaires est plus importante (5ème quintile), la part des dépenses de logement, sans loyers imputés, c’est-à-dire seulement avec les loyers réels, n’est que de 13.6%. L’écart de la part des dépenses pour le logement, sans les loyers imputés, entre le quintile le plus élevé et le quintile le plus bas est donc de 15 points de % (contre moins de 10 points de % d’écart avec les loyers imputés, rappelons-le).

Pour les ménages les moins aisés, le poids du logement dans les dépenses de consommation augmente le plus

Selon les données de l’Enquête Budget des Ménages, la part du logement dans le total des dépenses de consommation a augmenté depuis une vingtaine d’années, et cela sur l’ensemble de la distribution des revenus. En moyenne, la part du logement est passée de 27.4% des dépenses par unité de consommation en 1994 à 35.5% en 2012 (soit un plus de quelque 8 points de %). L’augmentation est la plus sensible pour les ménages situés en bas de l’échelle des revenus: dans le 1er quintile des revenus la part passe de 25.6% en 1994 à 42.4% en 2012, soit une augmentation de plus de 15 points de %. L’essentiel de cette évolution à la hausse se situe d’ailleurs dans les années 2000-2005. En haut de la distribution des revenus, la part du logement dans les dépenses de consommation totales est également plus élevée en 2012 qu’au milieu des années 1990 (28.3% par unité de consommation dans le 5ème quintile des revenus en 1994 et 33.7% en 2012). Dans ce 5ème quintile, l’augmentation de la part du logement dans les dépenses de consommation se situe d’ailleurs plutôt dans les années 2005-2012 (alors qu’en bas de la distribution c’est dans les années 2000-2005 que l’augmentation de la part du logement est la plus forte). Globalement l’écart de la part du logement entre le haut et le bas de la distribution s’est

fortement accru depuis le milieu des années 1990 et cela au détriment des ménages les moins aisés.

Graphique 253: Évolution de la part des dépenses des ménages par unité de consommation consacrées au logement selon le niveau de revenu (par quintiles) au Luxembourg, 1994-2012

Note méthodologique

Les enquêtes sur le budget des ménages (EBM) sont conduites dans tous les États membres de l'UE– au Luxembourg par le STATEC - et s’intéressent principalement aux dépenses de consommation. L’objectif primordial de ces enquêtes (en particulier au niveau national) est de calculer les pondérations de l'indice des prix à la consommation. Elles ont débuté dans la plupart des États membres de l'UE au début des années 1960. Sur la base d’un accord volontaire (gentlemen’s agreement), les Etats-membres transmettent les données d'enquêtes tous les cinq ans depuis 1988 à EUROSTAT qui les publie sur son site Internet. La dernière vague de l’enquête sur le budget des ménages dans les pays européens a été collectée par EUROSTAT à partir de 2012 et concerne l’année 2010. Actuellement, les données sont collectées pour l'ensemble des 28 États membres de l'UE et le Monténégro, l'ancienne République yougoslave de Macédoine, la Turquie et la Norvège. Pour le Luxembourg les données les plus récentes disponibles concernent l’année 2012.

Des efforts continus d’harmonisation ont été déployés mais des différences existent toujours entre pays, en termes de fréquence, de calendrier, de contenu ou de structure. La principale différence méthodologique en termes quantitatifs est celui du loyer imputé des propriétaires occupants. La notion de “loyer imputé”

Source : STATEC

20

25

30

35

40

45

50

1994 1999 2005 2012

1er quintile 2ème quintile 3ème quintile

4ème quintile 5ème quintile Total

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 275

ou “loyer fictif” recouvre le service de location que se rendent à eux-mêmes les propriétaires de leur logement: à savoir, les loyers que les propriétaires auraient à payer s'ils étaient locataires du logement qu'ils habitent. En fait, le “loyer imputé” augmente la capacité de consommation des ménages, parce qu’ils bénéficient de “services de logement” pour lesquels ils devraient autrement payer, ce qui aurait pour effet de diminuer leurs ressources disponibles. Les pays

suivants n'ont pas imputé un loyer pour l'utilisation des logements occupés par leur propriétaire en tant que résidence principale du ménage: le Royaume-Uni, la République tchèque, la Hongrie et l'ancienne République yougoslave de Macédoine. Pour ces pays, les chiffres de la structure de consommation ne sont donc pas comparables aux autres pays.

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 276

Annexe: Part de différentes catégories de consommation dans les dépenses de consommation totales des ménages dans les pays européens en 2010 (en %)

8.8 10.0

11.6

11.8

11.8

12.1

12.2

12.3

12.6

12.7

13.0

13.2

13.3

14.4

14.5

14.6

15.8

16.0

16.0 18.6

19.0

20.3

22.0

22.2

22.5

23.0

23.3 25.6

26.1 28.5

29.3 31.5

39.9 43.3

05101520253035404550

LU NL

DE DK NO AT IE CY UK SE FI BE PT ES SI

Zone € FR

UE-28 EL IT PL CZ SK MT TR HU EE HR LV LT BG RO MN

MA

Produits alimentaires et boissons non alcoolisées

1.3 1.4 1.6 1.7 1.8 1.9

1.9 2.0 2.1

2.1

2.1

2.1 2.3 2.4

2.4

2.4 2.6

2.6 2.8

2.8 2.9 3.0

3.0

3.0 3.1

3.1 3.2

3.2

3.2 3.5 4.0 4.1

4.1

5.9

0

1

2

3

4

5

6

7

CY LU DE IT NL PT SI SE

Zone € BE ES PL FI

UE-28

MT AT FR NO DK UK CZ EL HR SK EE LV IE LT HU

MN BG MA TR RO

Boissons alcoolisées, tabac

1.7 1.9 2.0 2.1 2.4 2.6

2.6 2.7 2.8 2.9

2.9 3.0

3.0 3.1

3.1 3.3

3.3 3.4 3.5

3.5 3.8

3.8 4.0 4.1

4.1

4.1 4.2

4.2 4.6 4.8 5.1 5.2

5.2

6.0

0

1

2

3

4

5

6

7

AT NO IT LU DK BE FI DE

Zone € FR SE

UE-28 NL ES UK PL PT EL IE CY LT RO MT

BG SI

MA HR TR LV CZ MN EE SK HU

Communications

2.6

2.6

2.7 3.1 3.7 3.9

3.9 4.4 5.3

5.4 5.6 6.1 6.5

6.6 7.2

7.3 7.7 7.9

8.0 8.4

8.4

8.4 8.9

9.0

9.1 10

.4

10.5

10.5

10.7 11.5 12.5

12.8 13.6

14.1

0

2

4

6

8

10

12

14

16

BG TR MA RO MN EL LT HR PT CY IT PL LV ES SK LU FR HU

Zone €

UE-28 EE MT IE SI BE FI DE NL

CZ DK NO AT UK SE

Loisirs et culture

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Rapport Travail et Cohésion sociale 2015

Cahier économique 120 277

Annexe: Part de différentes catégories de consommation dans les dépenses de consommation totales des ménages dans les pays européens en 2010 (en %) (suite)

Source : STATEC, EUROSTAT

2.5

3.4 3.7 4.0

4.0

4.0

4.0 4.2 4.4 4.5 4.7 4.9 5.0 5.1

5.1 5.2

5.2

5.2 5.3

5.3 5.4

5.4 5.6

5.6 5.7 5.9 6.0 6.2 6.4 6.6 6.8 7.0 7.1 7.4

0

1

2

3

4

5

6

7

8

BG FI PT EE FR HU PL RO DE BE SE

UE-28

Zone € HR NL CZ DK TR SK NO IE LV ES UK AT SI EL LU IT

MA CY LT MT

MN

Articles d'habillement et chaussures

8.1

12.9 15.3 18.0 22

.7

23.5

23.8

24.9 26.6

26.7

26.7

26.8

27.2

27.5

27.7

28.0

28.0

28.5

28.6

29.2

29.3

29.4

29.8

30.0

30.3

31.2

31.2

32.3

32.3

33.1

33.8

33.8 36.0

37.2

0

5

10

15

20

25

30

35

40

MT

MA

MN UK CZ LV AT HU CY BE FI FR PL EL IE

UE-28 TR LT NL PT

Zone € EE SI ES DE DK NO HR IT SE LU SK RO BG

Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles

2.8 3.1 3.7

3.8

3.9

3.9

3.9

3.9

4.0

4.1

4.2 4.7

4.8

4.9

4.9

5.0

5.1

5.1 5.4

5.5

5.6

5.6

5.7

5.7

5.8

5.9 6.1

6.1 6.3

6.3 6.6 6.9 7.5

8.8

012345678910

BG RO IE LV HR

HU PL MN SK LT PT DE FI ES FR

Zone €

UE-28 IT

MA EE DK EL CY NL SI NO SE TR BE LU CZ AT UK

MT

Ameublement, équipement ménager et entretien courant de la maison

4.6 5.3 6.6 7.2

7.3 8.0 8.8 9.5

9.7 10.5

11.0

11.1

11.2

11.5

11.6

12.3

12.3

12.3

12.4

12.8

13.0

13.0

13.2

13.8

13.9

14.0

14.1

14.3

14.5

14.5

15.0

15.4 16.3 17.5

02468101214161820

RO BG MA SK PL LT

MN HR EE EL LV HU CZ NL IT

UE-28 DK SE ES IE

Zone € BE SI MT

CY DE FR TR LU PT AT UK

NO FI

Transports