Rapport Sciberrasdiscriminations CV

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1 MINISTERE DU TRAVAIL, DE L’EMPLOI ET DU DIALOGUE SOCIAL MINISTERE DE LA VILLE, DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS RAPPORT DE SYNTHESE DES TRAVAUX DU GROUPE DE DIALOGUE INTER - PARTENAIRES SUR LA LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS EN ENTREPRISE Président du groupe de dialogue : Jean-Christophe SCIBERRAS Rapporteur général : Philippe BARBEZIEUX, membre de l’Inspection générale des affaires sociales 13 MAI 2015

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Rapport Sciberrasdiscriminations CV

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    MINISTERE DU TRAVAIL, DE LEMPLOI

    ET DU DIALOGUE SOCIAL

    MINISTERE DE LA VILLE, DE LA JEUNESSE

    ET DES SPORTS

    RAPPORT DE SYNTHESE DES TRAVAUX DU GROUPE DE DIALOGUE INTER -

    PARTENAIRES SUR LA LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS EN ENTREPRISE

    Prsident du groupe de dialogue : Jean-Christophe SCIBERRAS

    Rapporteur gnral : Philippe BARBEZIEUX, membre de lInspection gnrale des affaires sociales

    13 MAI 2015

  • 2

    Prambule : origine du groupe, organisation des travaux et mthode. ................................................. 3

    INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 5

    Premire partie ....................................................................................................................................... 8

    La lutte contre les discriminations en entreprise ncessite des actions de fond mobilisant lensemble

    des acteurs. ............................................................................................................................................. 8

    1. Amliorer le partage des connaissances sur les phnomnes discriminatoires et dvelopper

    les recherches sur ce thme. ............................................................................................................... 8

    2. Informer sur les phnomnes discriminatoires. ....................................................................... 10

    3. Former lensemble des acteurs parties prenantes : RH, reprsentants syndicaux et managers,

    la problmatique des discriminations. ........................................................................................... 12

    4. Mettre en place des dispositifs permettant aux organisations syndicales et aux employeurs de

    dbattre de la question des discriminations partir dlments factuels........................................ 13

    5. Conforter et faire connatre les bonnes pratiques .................................................................... 13

    Deuxime partie. ................................................................................................................................... 15

    La lutte contre les discriminations en entreprise passe par des actions fortes et cibles en matire de

    recrutement, de gestion de la carrire et de lemploi ainsi que de renforcement des dmarches de

    prvention et, le cas chant, de sanction........................................................................................... 15

    1. Le dveloppement de mthodes de recrutement non discriminantes. ................................... 15

    2. La lutte contre les discriminations dans la carrire et dans lemploi ........................................ 19

    3. Les voies de recours pour lutter contre la discrimination en entreprise .................................. 21

    Liste des propositions du groupe de dialogue sur la lutte contre les discriminations. ......................... 24

    Annexes ................................................................................................................................................. 26

    Annexe 2 ........................................................................................................................................ 31

    Observations et position de la CGPME, de lUPA et du MEDEF sur le projet de rapport du groupe

    de dialogue interpartenaires sur la lutte contre les discriminations ........................................... 31

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    Prambule : origine du groupe, organisation des travaux et

    mthode.

    Le 29 octobre 2014, le ministre du travail, de lemploi, de la formation professionnelle et du dialogue

    social et le ministre de la ville, de la jeunesse et des sports ont procd linstallation du groupe de

    dialogue dont le principe et la composition avaient t prvus dans la feuille de route de la grande

    confrence sociale des 7 et 8 juillet 2014.

    Un groupe de dialogue runira, la rentre 2014, linitiative des ministres concerns, les partenaires sociaux ainsi que les associations les plus impliques afin : - didentifier les voies de progrs pour rendre plus efficace la rduction des discriminations collectives dans l'entreprise, tout en renforant la scurit juridique des entreprises qui s'y attellent, en s'inspirant notamment des propositions du rapport Pcaut- Rivolier ;

    - dexaminer les mesures ncessaires pour promouvoir les mthodes de recrutement non discriminantes (recrutement par simulation, CV anonyme dans certaines situations, autres mthodes en cours de dveloppement). Les bonnes pratiques qui en dcouleront devront tre gnralises et, si cela est ncessaire, pour aller plus loin une initiative lgislative sera prise. La composition du groupe de dialogue a t largement ouverte aux principaux partenaires intresss

    la question de la lutte contre les discriminations en entreprise : reprsentants des organisations

    reprsentatives demployeurs et de salaris, reprsentants dassociations de lutte contre les

    discriminations, intermdiaires de lemploi public et privs, chercheurs, reprsentants dassociations

    conduisant des actions dinsertion professionnelle, reprsentants de ladministration. La liste des

    membres du groupe et des personnes auditionnes figure en annexe 1.

    La prsidence du groupe a t confie Jean-Christophe SCIBERRAS, alors prsident de lassociation

    nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH), directeur des ressources humaines

    France et directeur des relations sociales de SOLVAY, la fonction de rapporteur tant assure par

    Philippe BARBEZIEUX, membre de lInspection gnrale des affaires sociales.

    Le groupe a tenu sa premire runion le 24 novembre 2014 afin de dfinir ses thmes et sa mthode

    de travail ainsi que le calendrier de ses runions afin de respecter lchance de remise du rapport

    fixe la fin du premier trimestre 2015.

    Il a choisi de traiter de lensemble des discriminations nonces dans le code du travail (vingt motifs

    de discriminations).Il na donc examin que la situation des entreprises couvertes par le Code du

    travail, ainsi que le prvoyait la feuille de route de la grande confrence sociale.

    Cependant lensemble des participants du groupe de dialogue sest tonn de ce quaucune

    dmarche analogue ne soit conduite dans les entreprises du secteur public ainsi que dans les trois

    versants de la fonction publique, tout aussi concerns par ce sujet.

    Proposition n 1 : Mettre en uvre, dans les entreprises du secteur public et dans les trois versants

    de la fonction publique, une dmarche analogue celle conduite par le groupe de travail pour lutter

    contre les discriminations.

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    Trois thmes ont t retenus, permettant de couvrir les domaines noncs dans la feuille de route :

    Les mthodes de recrutement non discriminantes,

    La lutte contre les discriminations dans la carrire et dans lemploi,

    Le dveloppement de nouvelles voies de recours collectif.

    Il a t dcid que chaque thme serait examin en groupe de travail, ouvert lensemble des

    membres du groupe de dialogue, en fonction de leurs centres dintrt. Les institutions membres du

    groupe de dialogue ont pu faire appel des experts internes ou externes pour participer aux groupes

    de travail et chaque thme tudi en groupe de travail a fait lobjet dun rapport dbattu en sance

    plnire du groupe de dialogue :

    le 18 dcembre 2014 sur les mthodes de recrutement non discriminantes,

    le 22 janvier 2015 sur la lutte contre les discriminations dans la carrire et dans lemploi,

    le 24 fvrier 2015 sur le dveloppement de nouvelles voies de recours collectif ainsi que, dans

    un deuxime temps, sur les mthodes de recrutement non discriminantes.

    Une dernire runion consacre lexamen du ci prsent projet de rapport aux ministres a t

    organise le 8 avril 2015.

    Il convient de souligner linvestissement des institutions reprsentes dans le groupe de dialogue qui,

    dans un dlai particulirement court, ont particip au total seize runions (cinq runions

    plnires et onze runions de travail) et prpar, en amont des runions, de nombreuses

    contributions qui ont aliment les changes.

    Cest lillustration de la volont de tous les participants de faire progresser la lutte contre les

    discriminations en entreprise, lesquelles constituent une atteinte aux droits fondamentaux de

    lHomme au travail et donc un enjeu thique majeur pour notre socit.

    Il a t rendu compte dans les rapports des groupes de travail et dans les comptes rendus des

    runions plnires des positions exprimes par les membres du groupe de dialogue sur chacun des

    trois sujets traits et des propositions quils ont formules. Le prsent rapport ne reprend donc pas

    ces lments mais essaie de dgager les points de consensus et les divergences qui se sont exprims

    au cours des dbats afin de proposer aux ministres des propositions concrtes permettant davancer

    sur ce sujet.

    Les propositions retenues et formules ici, sont donc celles qui recueillaient ladhsion la plus large

    du groupe et ne rpondent donc pas toutes les demandes exprimes. Par exemple sur certains

    sujets (le CV anonyme ou laction de groupe) des divergences plus fortes se sont exprimes.

    Par ailleurs la CGPME, lUPA et le MEDEF ont souhait prsenter leurs observations et leur position

    sur le projet de rapport. Ce document figure en annexe.

    Si les travaux du groupe de dialogue ont t organiss autour de trois thmes afin de faciliter

    lorganisation des changes, il est vite apparu au cours des dbats que la lutte contre les

    discriminations en entreprise appelait des propositions qui transcendaient ces trois thmes. Cest la

    prsentation de ces propositions quest consacre la premire partie du rapport. Au-del, pour

    chacun des trois axes, des propositions spcifiques ont t formules, exposes dans la seconde

    partie du rapport.

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    INTRODUCTION

    Nul ne peut tre ls, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou

    de ses croyances. Ce principe, nonc dans le prambule de notre Constitution, illustre lexigence

    morale qui sous-tend la lutte contre les discriminations en entreprise.

    Le code du travail a traduit cette exigence en prcisant dans son article L 1132-1 les situations qui

    peuvent tre source de discrimination et leurs causes possibles :

    Aucune personne ne peut tre carte d'une procdure de recrutement ou de l'accs un stage ou

    une priode de formation en entreprise, aucun salari ne peut tre sanctionn, licenci ou faire

    l'objet d'une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, telle que dfinie larticle 1er de la loi n

    2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le

    domaine de la lutte contre les discriminations, notamment en matire de rmunration, au sens de

    l'article L. 3221-3, de mesures d'intressement ou de distribution d'actions, de formation, de

    reclassement, d'affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle, de

    mutation ou de renouvellement de contrat en raison de son origine, de son sexe, de ses murs, de

    son orientation ou identit sexuelle, de son ge, de sa situation de famille ou de sa grossesse, de ses

    caractristiques gntiques, de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou suppose,

    une ethnie, une nation ou une race, de ses opinions politiques, de ses activits syndicales ou

    mutualistes, de ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son nom de famille, de son

    lieu de rsidence ou en raison de son tat de sant ou de son handicap.

    Le non respect des dispositions de larticle L. 1132-1 est sanctionn par des peines damendes et

    demprisonnement selon les dispositions nonces aux articles 225-1 225-4 du code pnal.

    Par ailleurs certaines des vingt situations de discriminations vises par larticle L 1132-1 ont fait

    lobjet de politiques spcifiques mlant dispositions lgislatives, rglementaires et conventionnelles

    afin de garantir les droits des salaris ou des demandeurs demplois susceptibles dtre victimes de

    discriminations. Il en va ainsi, par exemple, des politiques dgalit entre les hommes et les femmes,

    de lutte contre la discrimination syndicale, dencouragement lembauche et au maintien dans

    lemploi des personnes handicapes, daugmentation du taux dactivit des seniors.

    Enfin les partenaires sociaux, pour leur part, ont sign le 12 octobre 2006 un accord national

    interprofessionnel relatif la diversit en entreprise qui vise, dans le domaine de l'emploi,

    notamment, garantir aux salaris la non-discrimination et l'galit de traitement en matire de

    recrutement, d'affectation, de rmunration, de formation professionnelle et de droulement de

    carrire.

    Et pourtant, le rapport 2013 du Dfenseur des droits souligne quen matire de discrimination,

    lemploi dans le secteur priv est le principal domaine de rclamation, avant mme laccs au

    logement. Le premier critre de saisine reste lorigine (25 %), suivi des activits syndicales (14 %), de

    ltat de sant (13 %), de la grossesse (13 %) et du handicap (10,5 %). Le rapport insiste par ailleurs

    sur le fait que Laggravation de la crise conomique a accru les risques de discriminations. Le souci

    de performance, qui constitue la priorit des entreprises dans le cadre dune conomie mondialise,

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    alli la persistance de certains strotypes et prjugs, conduit notamment exclure dun march

    de lemploi dj fortement dgrad certaines catgories de salaris, juges a priori moins

    productives. Au-del, la crise sociale, marque par le dveloppement du chmage et de la pauvret,

    tend exacerber les prjugs les plus tenaces, le sentiment de repli sur soi et en dfinitive lexclusion

    de boucs missaires. Ce faisant, la dtrioration du contexte conomique et social a contribu

    accentuer certaines formes de discriminations, y compris le harclement moral, ainsi qu en faire

    apparatre de nouvelles .

    Ce rapport montre que les moyens juridiques mobiliss pour rprimer les discriminations et

    encourager lvolution des comportements sont loin davoir atteint leurs objectifs. Par ailleurs la

    ralit est encore plus proccupante car il ne prend en compte que les plaintes, fondes ou non mais

    sans doute significatives dun ressenti, et non pas lensemble des situations vcues comme

    discriminantes. En effet, de nombreuses tudes empiriques, ralises depuis une dizaine dannes

    notamment avec la mthode du testing, montrent que les phnomnes de discriminations sont en

    ralit trs gnraliss. Il faut avoir lhonntet et la lucidit de le reconnatre et ceci mrite

    explication.

    Une premire explication rside sans doute dans le fait que la lutte contre les discriminations en

    entreprise ne doit pas simplement tre envisage sous le seul aspect dune exigence morale aux

    consquences punitives, mais aussi sous celui dune exigence conomique. En discriminant lors du

    recrutement, les entreprises se privent de ressources en main duvre de qualit et contribuent la

    rigidit du fonctionnement du march du travail. En nassurant pas des possibilits de

    dveloppement professionnel quivalentes certaines catgories de salaris en raison dune gestion

    discriminante, elles nutilisent pas au mieux le potentiel de leurs collaborateurs, ce qui est, en outre,

    une source de dmotivation des intresss.

    La prise en compte de cette dimension conomique peut permettre de modifier lapproche des

    discriminations en entreprise en mettant laccent sur les gains conomiques rsultant pour elles de la

    mise en uvre dune politique de non discrimination qui permettra datteindre lobjectif de diversit.

    Il sagit donc l dun enjeu damlioration du fonctionnement du march du travail.

    Une seconde explication est que les discriminations sont considres comme rprhensibles car

    supposes dlibres alors que nombre de comportements discriminatoires relatifs lorigine, au

    sexe ou lge renvoient des strotypes profondment ancrs dont les auteurs nont pas

    toujours conscience. Cela peut conduire des formes de discriminations collectives, dites

    systmiques comme lvoque le rapport de madame Pcaut Rivolier. Une approche qui serait

    essentiellement coercitive et punitive ne serait donc pas adapte et suffisante, voire pourrait mme

    tre contreproductive, en ce quelle provoquerait chez certains une attitude de dfiance vis--vis

    des politiques de lutte contre les discriminations peu propice une prise de conscience de ses

    propres prjugs.

    Cest en se fondant sur ces rflexions que le rapport du groupe de dialogue entend proposer une

    approche renouvele de la lutte contre les discriminations en entreprise.

    Il ne sagit bien videmment pas de minimiser les attitudes discriminatoires dlibres, qui doivent

    tre combattues trs fermement en mobilisant larsenal juridique disponible et en le compltant,

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    comme le propose le groupe de dialogue, par la cration dune nouvelle voie de recours. Il sagit de

    sattaquer la racine des comportements discriminatoires, souvent inconscients et probablement

    trs rpandus dans les entreprises comme dans lensemble de la socit, en mobilisant tous les

    acteurs pour, en premier lieu, oprer ensemble une prise de conscience des pratiques

    discriminatoires, informer et former sur les discriminations, analyser les processus de slection

    luvre, dialoguer et ngocier sur les mesures mettre en uvre pour modifier les comportements

    et les modes de gestion.

    Il sagit donc de sortir aujourdhui dun dni culpabilisateur pour se mettre, tous ensemble, au

    travail.

  • 8

    Premire partie

    La lutte contre les discriminations en entreprise ncessite des

    actions de fond mobilisant lensemble des acteurs.

    Tout au long des runions de travail plusieurs sujets sont revenus de faon rcurrente, traduisant la

    ncessit de considrer la question de la lutte contre les discriminations en entreprise dans sa

    globalit, quel que soit le sujet abord : le recrutement, lemploi ou les voies de recours collectif.

    Cinq propositions ont merg des changes, constituant le socle des actions conduire dans la dure

    et qui permettront de btir des actions plus spcifiques sur chacun des trois volets de la lutte contre

    les discriminations tudis par le groupe de dialogue.

    1. Amliorer le partage des connaissances sur les phnomnes

    discriminatoires et dvelopper les recherches sur ce thme.

    Lors de la runion du 29 octobre 2014, prside par les ministres, les membres du groupe de

    dialogue avaient salu linitiative du gouvernement de runir une telle instance, soulignant lintrt

    de rassembler toutes les parties prenantes pour travailler sur la lutte contre les discriminations en

    entreprise.

    Cet a priori favorable sest confirm au fur et mesure de lavance des travaux. Mme si les

    changes ont parfois t vifs sur des sujets tels que le CV anonyme ou les actions de groupe, le

    dialogue na jamais t rompu et les travaux ont pu tre conduits jusqu leur terme.

    Mieux encore, lensemble des participants a souhait que le groupe de dialogue poursuive ses

    travaux au vu de plusieurs constats :

    - il nexiste plus aujourdhui dinstance permettant tous les acteurs intresss par la lutte

    contre la discrimination en entreprise de se rencontrer et de travailler ensemble. Les

    membres du groupe ont unanimement dplor que le comit consultatif mis en place au sein de

    la Haute autorit de lutte contre les discriminations et pour lgalit (HALDE), permettant

    d'associer ses travaux des personnalits qualifies, des reprsentants des associations, des

    syndicats et des organisations professionnelles reconnus pour leur engagement dans le domaine

    de la lutte contre les discriminations et la promotion de l'galit nait pas t maintenu lors de la

    cration du Dfenseur des Droits.

    - la complexit des phnomnes discriminatoires, lie la pluralit des sources de discrimination

    et la varit des acteurs impliqus, a suscit beaucoup dinitiatives faisant intervenir toutes les

    parties prenantes. Les nombreuses contributions fournies par les membres du groupe sur les

    sujets en dbat, la prsentation des actions mises en uvre (ralisation dtudes, ditions de

    guides et de documents dinformation, conduite dexprimentations) tmoignent de la

    multiplicit des dmarches en matire de lutte contre les discriminations en entreprise. Aux

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    dires de plusieurs membres du groupe, ces initiatives, si elles sont toutes lgitimes, gagneraient

    videmment tre partages et diffuses afin de leur assurer un plus grand impact.

    - lanalyse de certaines propositions (la cration dun registre des candidatures par exemple) a

    montr que les rflexions mritaient dtre approfondies si on veut dboucher sur des mesures

    crdibles car oprationnelles. Il est dailleurs tout fait normal que, ds lors quun sujet est

    dbattu au sein dinstances o sont reprsentes lensemble des parties prenantes, de

    nombreuses questions soient souleves et appellent chacune une analyse approfondie.

    - la richesse et la diversit des tudes ralises en matire de discriminations en entreprise

    ncessitent sans doute un travail de synthse et de diffusion pour donner une base plus solide

    aux actions conduites par les acteurs de terrain. Par ailleurs, il existe encore des domaines dans

    lesquelles de nouvelles tudes pourraient tre lances (sur les discriminations par secteur

    dactivit ou sur les gains conomiques de la lutte contre les discriminations par exemple, cf.

    infra).

    Au vu de ces constats le groupe de dialogue a souhait que cette instance soit maintenue

    temporairement dans sa composition actuelle, ou ventuellement largie, pour permettre ses

    membres de poursuivre ses changes sur la problmatique de la lutte contre les discriminations en

    entreprise, de partager et diffuser les connaissances dont chacun est dtenteur, de continuer les

    travaux engags au cours des derniers mois pour prparer, le cas chant, de nouvelles

    propositions pour les ministres. Le groupe de dialogue na pas les capacits ncessaires pour faire la

    synthse des tudes existant en matire de discrimination en entreprise ou pour conduire de

    nouvelles tudes, mais il souhaite dfinir les thmes prioritaires sur lesquels ces travaux devraient

    porter afin de lui permettre de progresser dans ses rflexions.

    Dans ce cadre, le groupe a estim que le premier sujet qui devrait faire lobjet dun travail de

    synthse, voire de nouvelles recherches, est celui des gains conomiques de la lutte contre les

    discriminations. La question du cot des mesures mettre en uvre est aussi souleve. Tel a t le

    cas au sein du groupe de dialogue lorsquon t voques les conditions danonymisation des CV, la

    cration dun registre des candidatures ou la mise en uvre dactions de formation pour les acteurs

    du recrutement.

    La question des conditions de financement au sein des entreprises de ces diverses propositions est

    bien entendu lgitime. Mais il faut galement et surtout prendre en compte les consquences

    financires caches, ngatives ou positives, des discriminations : manque gagner rsultant de

    mauvais recrutements ou dun management dficient entrainant une perte de crativit, gains en

    termes de stratgie commerciale rsultant dune plus grande diversit des collaborateurs. Des

    tudes du mme type pourraient tre lances pour valuer le cot des discriminations en entreprise

    pour les personnes et pour lensemble de la socit franaise.

    Ces dmarches permettraient de faire progresser lide que, si la lutte contre les discriminations a un

    cot, la discrimination en a galement un, sans doute plus important. Cette prise de conscience

    contribuerait faciliter la mise en place de mesures de lutte contre les discriminations, tout comme

    les tudes sur le cot de labsentisme ont conduit des entreprises mettre en place de nouvelles

    politiques de gestion des ressources humaines.

  • 10

    Proposition n 2 : Poursuivre les travaux du groupe de dialogue dans le cadre du suivi des propositions

    du prsent rapport et organiser sa prennisation ultrieure auprs du Dfenseur des droits.

    Proposition n 3 : Conduire des tudes pour valuer les gains conomiques de la lutte contre les

    discriminations en entreprise.

    2. Informer sur les phnomnes discriminatoires.

    Les membres du groupe de dialogue ont dbattu sur divers concepts : discrimination, diversit,

    galit de traitement, galit des chances illustrant ainsi, au-del des dbats dexperts, la ncessit

    de clarifier ce que lon entend par lutte contre les discriminations. Si la discrimination intentionnelle

    peut souvent (mais pas toujours) tre plus facilement identifie et combattue, il nen va pas de

    mme de tous les comportements qui peuvent gnrer de la discrimination, sans que leur auteur en

    ait conscience. Ce phnomne est dautant plus susceptible dtre prsent en entreprise que la

    diffrence de traitement est au cur de la gestion dans lentreprise et peut dboucher sur (ou tre

    perue comme) de la discrimination.

    Il convient donc dinformer tous les acteurs de lentreprise, et au-del lensemble de la socit, sur ce

    quest la discrimination et comment la combattre.

    Le groupe de dialogue recommande dagir trois niveaux.

    En premier lieu lentreprise nest pas un monde clos et il nest pas envisageable de lui demander de

    conduire le combat contre les discriminations si son environnement demeure marqu par des

    attitudes discriminatoires. Des membres du groupe de travail ont ainsi indiqu que, dans des

    entreprises, la crainte de ractions ngatives des clients pouvait freiner le recrutement de certaines

    catgories de salaris. De mme, les comportements discriminatoires entre collgues de travail ne

    font que reproduire, au sein de lentreprise, des attitudes existant lextrieur de lentreprise.

    Aussi le groupe de dialogue a propos que les pouvoirs publics organisent une campagne nationale

    dinformation pour dconstruire les strotypes lorigine des comportements discriminatoires.

    Cet effort dinformation est indispensable pour sensibiliser lensemble de nos concitoyens la

    problmatique des discriminations. Des outils existent ; ils peuvent tre rapidement mobiliss.

    Sagissant plus spcifiquement du milieu de travail, cette sensibilisation est par ailleurs la premire

    tape pralable la conduite dactions de formation pour toutes les personnes amenes intervenir

    en matire de gestion des ressources humaines ou exerant des fonctions dencadrement (cf. infra).

    Elle devrait tre lance assez rapidement pour permettre ensuite la mise en oeuvre de la campagne

    de testing annonce par le gouvernement loccasion de la runion interministrielle du 6 mars

    2015 sur lgalit et la citoyennet.

    Mais il convient daller plus loin et daffirmer clairement, au sein de chaque entreprise, la

    dtermination des employeurs et des organisations syndicales lutter contre les discriminations.

  • 11

    Le prambule de laccord national interprofessionnel relatif la diversit en entreprise du 12 octobre

    2006, sign par lensemble des organisations de salaris et demployeurs, va en ce sens en nonant

    que :

    Elles (les parties signataires) considrent que la ralit de la diversit doit conduire les entreprises

    offrir tous, comptences et capacits gales, les mmes possibilits dans l'emploi et dans son

    accs.

    A cet effet, le respect et la promotion du principe dgalit des chances et de traitement doivent tre

    au centre des proccupations de lensemble des acteurs de la vie conomique et sociale. Ce principe

    doit guider les entreprises et leurs salaris et nourrir leur rflexion au regard de ce quon appelle

    aujourdhui la diversit.

    Quil sagisse notamment de recrutement, de rmunration, de formation professionnelle,

    d'affectation, de droulement de carrire ou de parcours professionnel, la diversit doit tre accepte

    dans toutes ces composantes de la vie au travail, sans aucune discrimination.

    Les membres du groupe de dialogue proposent que ces principes, qui peuvent tre reformuls,

    soient affichs dans toutes les entreprises afin daffirmer concrtement la volont partage de

    tous les acteurs de lentreprises de lutter contre les discriminations et den informer ainsi

    lensemble des salaris.

    Enfin, sil est un moment important au cours duquel il est indispensable de bannir les attitudes

    discriminatoires, cest celui du recrutement.

    Des propositions spcifiques ont t formules par le groupe de dialogue lattention des recruteurs

    (cf. infra). Le groupe de dialogue a cependant souhait, en compltant les dispositions lgales qui

    prvoient dj que les candidats soient informs des mthodes de recrutement, quune information

    spcifique soit prvue en faveur des demandeurs demploi et des candidats, sous forme de remise

    par Ple emploi et les intermdiaires privs de lemploi (entreprise de travail temporaire, cabinets

    de recrutement..) dun document dinformation sur la lgislation applicable en matire de lutte

    contre les discriminations en gnral et loccasion des recrutements en particulier afin que les

    candidats soient avertis de leurs droits.

    Proposition n4 : Organiser une campagne nationale dinformation et de sensibilisation, auprs du grand

    public et des entreprises afin de dconstruire les strotypes.

    Proposition n 5 : Afficher dans toutes les entreprises un document reprenant les principes noncs dans

    le prambule de lAccord national interprofessionnel du 12 octobre 2006 relatif la diversit dans les

    entreprises.

    Proposition n 6: Demander Ple emploi et aux intermdiaires privs de lemploi de remettre

    lensemble des demandeurs demploi et des candidats un document dinformation sur la lgislation en

    matire de discrimination et sur leurs droits au cours de lentretien de recrutement.

  • 12

    3. Former lensemble des acteurs parties prenantes : RH, reprsentants

    syndicaux et managers, la problmatique des discriminations.

    Limportance de la formation pour faire prendre conscience tous les acteurs impliqus dans la

    gestion des ressources humaine des mcanismes conduisant des comportements discriminatoires

    involontaires a t souligne tout au long des travaux du groupe de dialogue. Il a t en particulier

    indiqu que des actions de formation en ce domaine navaient de sens que si elles taient

    accompagnes de dmarches dinformation et de sensibilisation telles que celle prvues au point 2

    ci-dessus afin quelles puissent tre mieux comprises et acceptes par les intresss. A dfaut elles

    risqueraient dtre purement formelles et sans effet rel sur les comportements.

    Deux thmatiques ont t voques sur le thme de la formation : qui faut il former et comment

    faire en sorte que les formations soient les plus systmatiques possibles ?

    Sur le premier point, ds lors que des actions gnrales dinformation et de sensibilisation sont

    envisages, les membres du groupe de dialogue ont insist pour que les actions de formation soient

    cibles sur les seuls acteurs parties prenantes la gestion des ressources humaines : salaris

    directement en charge de la gestion RH, cadres dirigeants, managers , reprsentants syndicaux. Le

    contenu des actions de formation devra tre adapt en fonction du degr dimplication dans le

    processus RH et du niveau de responsabilit des intresss.

    Sur le second point, la question du caractre obligatoire de ces actions de formation a t au centre

    des dbats. A ce jour, il nexiste que deux types de formation prsentant un caractre obligatoire :

    celles concernant la scurit (article L 4121-1 du code du travail) et celles visant assurer le maintien

    de lemployabilit des salaris (article L 6321-1 du code du travail). On peut penser que sagissant

    dun thme touchant au respect des droits fondamentaux de la personne, la question du caractre

    obligatoire de ce type de formation se pose singulirement.

    Dans tous les autres domaines, ce sont les partenaires sociaux qui dfinissent les priorits en matire

    de formation professionnelle. Sagissant de la lutte contre les discriminations, larticle 5 de laccord

    national interprofessionnel relatif la diversit dans lentreprise du 12 octobre 2006 prvoyait des

    dispositions sur la formation et la mobilisation des lignes hirarchiques et du personnel. Le bilan de

    cet accord, dsormais inscrit lagenda social 2015, pourrait tre loccasion deffectuer un bilan des

    formations menes et dexaminer les conditions dans lesquelles les actions de formation sur la

    problmatique des discriminations pourraient tre rendues obligatoires.

    Proposition n 7: Examiner, dans le cadre du bilan de laccord national interprofessionnel du 12

    octobre 2006 relatif la diversit en entreprise, les conditions dans lesquelles des formations sur la

    problmatique des discriminations pourraient tre rendues obligatoires.

  • 13

    4. Mettre en place des dispositifs permettant aux organisations

    syndicales et aux employeurs de dbattre de la question des

    discriminations partir dlments factuels.

    Lors de sa runion de travail du 17 fvrier 2015, le groupe de dialogue a dbattu de lutilisation de la

    mthode des testing pour dceler les comportements discriminatoires lembauche et de la

    ncessit den amliorer le contenu et les modalits de mise en uvre pour en renforcer

    loprationnalit.

    Le comit interministriel sur lgalit et la citoyennet du 6 mars 2015 a fait rfrence ces travaux

    et a dcid de soutenir une campagne de testing dans les entreprises :

    Le gouvernement lancera ds cet automne une campagne de testing grande chelle pour

    objectiver dventuelles pratiques discriminatoires en matire de recrutement. Les ministres du travail

    et de la ville, de la jeunesse et des sports en sappuyant sur les conclusions du groupe de dialogue mis

    en place, prsenteront avant lt les modalits concrtes de cette campagne .

    Ainsi, si le principe dune campagne de testing est arrt, il appartient au groupe de dialogue den

    proposer les modalits de mise en uvre sur la base des changes intervenus lors de la runion du

    17 fvrier mais galement loccasion dautres runions au cours desquelles furent voques les

    auto-testing mis en uvre par certaines entreprises leur permettant de constater puis danalyser de

    manire objective leurs comportements discriminatoires.

    Il apparat en effet indispensable que, dans la dmarche pdagogique dans laquelle le groupe de

    dialogue a inscrit ses travaux, les testing soient exclusivement conus comme un moyen de rvler

    des situations qui devront tre ensuite analyses par les acteurs de lentreprise pour dboucher sur

    des actions concrtes, en particulier de formation, afin de faire voluer les comportements.

    Proposition n 8 : Amliorer le contenu et les modalits de mise en uvre de la mthode des testings

    pour :

    - disposer dun outil didentification des discriminations,

    - permettre une prise de conscience des acteurs de lentreprise, partir de donnes factuelles, pour

    mettre en place des actions de lutte contre les discriminations adaptes leurs besoins.

    5. Conforter et faire connatre les bonnes pratiques

    Comme cela a t voqu en introduction, les membres du groupe de dialogue ont fourni de

    nombreuses contributions crites et orales qui, pour un certain nombre dentre elles, concernaient

    des exemples de bonnes pratiques en matire de lutte contre les discriminations.

    La prennisation du groupe de dialogue comme lieu dchange et de synthse sur lensemble des

    travaux conduits en matire de discrimination en entreprise (proposition n2) permettra bien

  • 14

    entendu dassurer la diffusion de ces bonnes pratiques. Le groupe de dialogue a cependant souhait

    aller plus loin et a identifi trois domaines dans lesquels un effort particulier devrait tre accompli.

    Tout dabord, il convient de mieux faire connatre le label diversit qui ne concerne aujourdhui

    que 380 organisations rassemblant environ 840 000 salaris. Il ne sagit pas de rendre cette

    dmarche obligatoire car il nest ni possible ni souhaitable de ltendre lensemble des entreprises

    mais plutt de faire en sorte que, dune part, les entreprises qui se sont engages dans cette voie

    exigeante aient une meilleure reconnaissance et que, dautre part, certaines actions mises en

    uvre dans le cadre de ce dispositif (formation, cellule de veille et dcoute) puissent tre

    dveloppes dans un plus grand nombre dentreprises.

    Ensuite, et dans la poursuite de lide dencourager les entreprise dvelopper des dmarches

    vertueuses en matire de lutte contre les discriminations , le groupe sest interrog sur les marges de

    manuvre possibles en matire de prise en compte de ces dmarches dans laccs aux marchs

    publics.

    En premire analyse, il est apparu que la rglementation des marchs publics relve de dispositions

    communautaires ne semblant offrir que des possibilits limites de prise en compte de la dimension

    lutte contre les discriminations. Cependant, le groupe a souhait que ladministration approfondisse

    cette question car cette voie dincitation la mise en place daction de lutte contre les

    discriminations est apparue potentiellement intressante.

    Enfin le groupe a souhait que le gouvernement saisisse loccasion de la transposition de la directive

    europenne du 22 octobre 2014 sur la publication dinformations extra financires et

    dinformations relatives la diversit par certaines grandes socits et certains groupes, qui

    comporte un volet respect des droits de lHomme, pour mettre laccent sur la lutte contre les

    discriminations.

    Proposition n 9 : Mieux faire connatre et valoriser le label diversit en renforant la perception de

    son utilit et en reconnaissant mieux les entreprises qui lont obtenu pour en encourager dautres

    sengager dans cette dmarche et inciter celles qui ne le peuvent pas, en particulier les PME, sen

    inspirer pour mettre en place des actions de lutte contre les discriminations.

    Proposition n10 : Prendre en compte, dans laccs aux marchs publics, la mise en place dactions de

    lutte contre les discriminations dans les entreprises soumissionnaires.

    Proposition n 11 : Dans le cadre de la transposition de la directive 2014/95/UE sur la publication

    dinformations non financires et dinformations relatives la diversit par certaines grandes entreprises

    et certains groupes du 22 octobre 2014 valoriser les politiques dentreprise de lutte contre les

    discriminations comme indicateur de respect des droits de lHomme.

  • 15

    Deuxime partie.

    La lutte contre les discriminations en entreprise passe par des

    actions fortes et cibles en matire de recrutement, de gestion de

    la carrire et de lemploi ainsi que de renforcement des dmarches

    de prvention et, le cas chant, de sanction.

    Lorganisation des travaux du groupe de dialogue autour de trois thmes a permis didentifier des

    propositions cibles permettant dagir sur les comportements discriminatoires. Certaines dentre

    elles mritent des travaux complmentaires pour en prciser le contenu et les conditions de mise en

    uvre. Elles visent toutes, comme celles figurant dans la premire partie du rapport, inflchir les

    comportements en privilgiant les actions vise pdagogique plutt que celles qui se traduiraient

    par de nouvelles obligations ou des sanctions, sauf en cas de discrimination avre et dlibre.

    1. Le dveloppement de mthodes de recrutement non discriminantes.

    Cest le sujet qui a le plus mobilis le groupe de dialogue qui y a consacr quatre runions de travail,

    compte tenu de labsence de mise en uvre de larticle L 1221-7 du code du travail (le CV

    anonyme ) qui dispose que :

    Dans les entreprises d'au moins cinquante salaris, les informations mentionnes l'article L. 1221-

    6 et communiques par crit par le candidat un emploi ne peuvent tre examines que dans des

    conditions prservant son anonymat.

    Les modalits d'application du prsent article sont dtermines par dcret en Conseil d'Etat.

    En effet le dcret en Conseil dEtat na jamais t publi et ce dernier, par dcision en date du 9

    juillet 2014, a demand au Premier ministre de prendre le dcret dapplication de larticle 24 de la

    loi du 31 mars 2006, codifi aujourdhui larticle L 1221-7 du code du travail, dans un dlai de six

    mois compter de la notification de la prsente dcision

    Sur ce sujet le groupe de dialogue a t le lieu dexpression de positions trs varies qui nont pas pu

    permettre de dgager de proposition concrte sur les conditions de mise en uvre de la loi. Mais

    dautres pistes ont t explores qui conduisent le groupe formuler trois propositions rpondant

    lexigence, unanimement partage, de promouvoir et dvelopper les mthodes de recrutement non

    discriminantes.

    1.1 Le groupe de dialogue sest majoritairement prononc contre le caractre obligatoire

    de lanonymisation des CV.

    Un des membres du groupe de dialogue, qui avait saisi le Conseil dEtat sur labsence de publication

    du dcret, a insist sur limportance de la mise en uvre du CV anonyme pour permettre des

    candidats qui ne peuvent accder des entretiens dembauche car limins au vu de leur

  • 16

    patronyme, de leur sexe, de leur ge ou de leur lieu de rsidence, davoir une chance de dfendre

    leur candidature.

    Il a par ailleurs propos un ensemble de dispositions susceptibles de figurer dans le projet de dcret

    pour permettre la mise en uvre concrte de la prservation de lanonymat :

    - des actions dinformation et de formation obligatoires pour les personnels chargs du

    recrutement et de la rception des candidatures,

    - la dfinition dun protocole danonymisation,

    - linstitution dun registre des candidatures calqu sur le registre du personnel , tenu

    disposition des dlgus du personnel et de linspection du travail,

    - linformation du comit dentreprise sur les mthodes de recrutement et la mise en place dun

    programme de formation la lutte contre les discriminations au cours du processus des

    recrutements ainsi que sur le protocole danonymisation.

    Il a enfin prcis quil souhaitait que le dcret dapplication prvoit limposition du CV anonyme

    toutes les entreprises de plus de 50 salaris, sauf celles qui concluraient un accord dentreprise

    mettant en place un dispositif alternatif au CV anonyme, soumis au comit dentreprise et contrl

    pas les services de linspection du travail.

    Lintrt du recours au CV anonyme, sur la base du volontariat des entreprises, a t soulign par de

    nombreux membres du groupe. Il peut en effet effectivement permettre certains candidats

    dobtenir un entretien. Cependant ils ont insist sur la ncessit de conserver une pluralit de

    mthodes de recrutement, indispensable au soutien de la ncessaire diversit.

    Lopposition lobligation danonymisation des CV, majoritaire au sein du groupe de dialogue, sest

    fonde sur deux types darguments :

    - les difficults souleves par la mise en uvre de lanonymisation : cot, modalits pratiques,

    ncessit danonymiser galement la lettre de motivation ;

    - des arguments de fond :

    le CV anonyme ne permettrait pas de valoriser les diffrences alors que cest le fondement

    des politiques de diversit.

    Il risquerait de conduire des dmarches de contournement avec lutilisation accrue

    dinternet comme mode de recrutement. Or la remise directe de CV lemployeur est une

    dmarche frquemment utilise dans certains secteurs faisant appel des candidats relevant

    de catgories susceptibles dtre discrimines.

    Le CV anonyme irait lencontre de la libert de choix des entreprises et des candidats.

    Il serait difficilement compatible avec la mise en uvre des politiques publiques en faveur de

    lemploi dans le cadre de la politique de la ville.

    Il ferait prvaloir lobligation sur la dmarche de pdagogie et dinformation quil convient

    de privilgier en matire de lutte contre les discriminations.

  • 17

    Le Dfenseur des droits a aussi fait connatre au groupe de dialogue ses rserves quant lobligation

    de CV anonyme, par lettre du 21 novembre 2014.

    Ces divergences fortes au sein du groupe conduisent rendre ce dispositif facultatif dans la loi et

    donc modifier celle-ci en ce sens.

    1.2 Le groupe de dialogue propose de renforcer la traabilit et la transparence des procdures de

    recrutement et de dvelopper des modes de recrutement innovants pour les populations les plus

    susceptibles de faire lobjet de discriminations lembauche.

    Si la systmatisation du CV anonyme nest donc pas apparue, pour une majorit de membres du

    groupe de dialogue, comme un outil pertinent pour lutter contre les discriminations lembauche,

    en raison de sa lourdeur et des ventuels effets pervers quil peut introduire dans les processus de

    recrutement, le groupe a cependant souhait formuler des propositions de nature contribuer au

    mme objectif. Par ailleurs, au-del de cette mesure gnrale visant lensemble des demandeurs

    demploi, il est apparu au cours des dbats que certaines populations, en raison de leur origine, de

    leur ge ou de leur absence suppose de comptences, taient plus susceptibles que dautres de

    faire lobjet de discriminations lembauche.

    Tout dabord un accord gnral sest manifest sur la ncessit de renforcer la traabilit et la

    transparence des procdures de recrutement. Cest bien entendu lintrt des candidats pour

    lesquelles cette transparence est gage de traitement quitable au regard de leurs seules

    comptences professionnelles. Cest galement lintrt des entreprises afin de pouvoir disposer

    dinformations leur permettant danalyser leurs procdures de recrutement et didentifier

    dventuels comportements discriminatoires dont elles nauraient pas conscience. Cest enfin, pour

    le candidat et lemployeur, la possibilit de disposer dun lment de preuve en cas de

    questionnement sur une discrimination lembauche.

    Afin de disposer dun outil pour assurer cette traabilit, certains membres du groupe ont propos

    dinstituer un registre des candidatures calqu sur le registre du personnel, tenu disposition des

    dlgus du personnel et de linspection du travail. Cette proposition a donn lieu des changes

    nourris sur les conditions de sa mise en uvre

    - nature des candidatures concernes : a priori les seules candidatures rpondant des offres

    demploi publies.

    - Entreprises concernes par ce dispositif : doivent-elles toutes le mettre en place ou uniquement

    partir dun certain seuil de salaris ?

    - Contenu du registre : simple enregistrement des candidatures classes par offre et date

    darrive avec une conservation spare du dossier de candidature (CV, lettre de motivation,

    dcision prise avec compte rendu dentretien sil y en a eu) pendant un certain temps ou outil

    informatique permettant, en particulier, de traiter les candidatures reues par voie

    lectronique et sintgrant dans loutil de gestion informatis RH de lentreprise. Les choix

    retenus influeront bien videmment sur le cot humain et financier du dispositif.

  • 18

    Toutes ces questions illustrent la complexit oprationnelle de ce sujet et le groupe de dialogue

    prconise la poursuite des travaux sur ce dossier.

    Proposition n 12 : Engager des travaux sur la faisabilit de la mise en place dun dispositif permettant

    dassurer la traabilit et la transparence des procdures de recrutement.

    Un second axe de rflexion a port sur les moyens de faciliter laccs lemploi de populations

    susceptibles dtre discrimines en fonction de leur origine, de leur ge, de leur absence de

    diplmes et/ou dexprience professionnelle ces situations pouvant se cumuler. Pour ces

    demandeurs demplois, la production dun CV, fut il anonymis, ne peut tre la voie privilgie de

    contact avec lentreprise car son contenu est trop pauvre. Il convient alors de mettre en valeur

    dautres lments : motivation, personnalit, savoir-faire non sanctionns par un diplme, qui ne

    peuvent tre prsents qu loccasion soit dun contact direct avec lemployeur ou via un

    intermdiaire de lemploi soit dans le cadre dune mise en situation de travail.

    Le groupe de dialogue a ainsi pris connaissance de plusieurs dmarches visant toutes mettre en

    uvre des dispositifs trs cibls sur des personnes, en particulier les jeunes, rencontrant des

    difficults daccs lemploi et permettant de faciliter le recrutement des entreprises en les aidant

    prciser les comptences dont elles ont rellement besoin:

    La fondation Agir Contre lExclusion (FACE) a prsent un dispositif national daccompagnement

    vers lemploi des jeunes issus des quartiers prioritaires et une nouvelle approche du

    recrutement pour les entreprises, grce une plateforme numrique de mini CV vido

    (Facealemploi.tv). Les jeunes sont accompagns dans la ralisation dun CV vido de 45

    secondes leur permettant de valoriser leur savoir-tre, leurs comptences informelles et de

    franchir les premires tapes du recrutement. Lambition de cette dmarche est de mettre les

    technologies numriques les plus avances au service des jeunes les plus loigns de lemploi et

    de favoriser linnovation sociale partir du monde de lentreprise. Cette dynamique favorise

    lgalit des chances et lgalit de traitement ainsi que la performance RH. Elle offre enfin la

    possibilit, pour les entreprises, dlargir les sources de recrutement et de faire voluer leurs

    dmarches de slection des candidats.

    Lassociation France Bnvolat et lUnion Nationale des Missions locales conduisent des

    exprimentations pour permettre des jeunes non diplms, via la recherche de missions

    bnvoles, de propositions de projets collectifs dintrt gnral, voire de cration

    dassociations, de dvelopper des comptences qui sont valorises par la dlivrance dun

    Passeport bnvole . Cette dmarche amliore limage que les jeunes ont deux-mmes et le

    passeport apporte lemployeur la preuve de leurs comptences.

    Lassociation Mozak RH intervient en faveur des jeunes diplms des quartiers qui disposent de

    comptences et de diplmes mais prouvent des difficults daccs lemploi car ils ne

    connaissent pas les rseaux de recrutement. Lassociation travaille troitement avec les

    recruteurs pour dfinir leurs besoins et identifier, sur la base de critres objectifs, les candidats

    correspondant leurs attentes.

  • 19

    Ple emploi a par ailleurs prsent la mthode de recrutement par simulation, mthode

    objective, centre sur les exigences du poste de travail:

    - Le poste est analys afin de crer des exercices dvaluation par simulation adapts.

    - Les candidats sont valus sur leur capacit, les habilets, et leur motivation tenir le poste,

    sans prslection par le CV, la qualification ou le parcours professionnel.

    - La mthode est ouverte tous et non discriminatoire.

    - La mthode rpond la fois des difficults de recrutement sur un bassin demploi mais

    permet aussi de lutter contre les risques de discrimination lembauche :

    - en considrant en premier lieu les capacits dveloppes par lindividu, transposables en

    situation de travail : ses habilets

    - en excluant toute prslection sur les diplmes et en encadrant la slection des

    candidats valus positivement sur la base dun entretien dembauche ax sur la motivation

    - en appliquant un processus de recrutement et des exercices identiques pour tous.

    Le groupe de dialogue na pu prendre connaissance que de quelques dmarches et il y en a beaucoup

    dautres qui poursuivent le mme objectif de faciliter laccs au march du travail des personnes qui

    peuvent en tre cartes. Il convient donc de les faire connatre des demandeurs demploi et des

    entreprises et de favoriser leur dveloppement.

    Proposition n 13 : Faire connatre et favoriser le dveloppement des mthodes innovantes de

    recrutement non-discriminantes pour les demandeurs demplois.

    2. La lutte contre les discriminations dans la carrire et dans lemploi

    Lorsque ce sujet a t examin par le groupe de dialogue, plusieurs reprsentants des partenaires

    sociaux ont rappel que laccord national interprofessionnel du 12 octobre 2006 relatif la diversit

    dans lentreprise contenait de nombreuses dispositions sur la lutte contre les discriminations dans la

    carrire et dans lemploi. Effectivement, ds lors que lexamen du bilan de cet accord est dsormais

    inscrit lagenda social 2015, le groupe de dialogue na pas vocation interfrer dans cette

    dmarche. Cependant le groupe a voqu certaines propositions, qui ncessitent une intervention

    des pouvoirs publics pour assurer leur mise en uvre, quil souhaite prsenter au ministre sans

    attendre la ralisation du bilan de laccord doctobre 2006.

    Il sagit en premier lieu de mettre en place, dans les entreprises de plus de 300 salaris, un rfrent

    galit des chances inspir de ce qui existe dans le champ informatique et liberts (correspondant

    informatique et liberts). Il serait dsign par la direction avec avis du comit dentreprise. Il

    conviendrait en outre que son niveau de rattachement hirarchique garantisse aux yeux de tous son

    influence et son autorit sur la question des discriminations. Il serait form la problmatique des

    discriminations dans le cadre des actions de formation prvues dans la proposition n 6 voque

  • 20

    prcdemment. Sa mission consisterait prioritairement orienter et accompagner les candidats ou

    les salaris se sentant discrimins qui pourraient souhaiter le saisir mais il pourrait galement jouer

    un rle de conseil et dexpertise auprs des organisations syndicales et des managers. Il pourrait ainsi

    intervenir en appui de la mise en uvre du dispositif permettant dassurer la traabilit et la

    transparence des procdures de recrutement et apporter son expertise au comit dentreprise

    lorsque des questions relatives la lutte contre les discriminations y seraient abordes, en

    particulier lanalyse des parcours professionnels (voir proposition 14 ci-dessous)

    Le seuil retenu pour la mise en uvre de cette disposition serait le mme que celui retenu pour la

    proposition n 14, soit plus de 300 salaris.

    Proposition 14 : Instituer dans les entreprises de plus de 300 salaris un rfrent galit des

    chances.

    En second lieu, dans le souci de faciliter la prise de conscience par lensemble des acteurs des

    comportements discriminatoires, les rflexions du groupe de dialogue ont port sur les moyens

    damliorer la connaissance et lanalyse des diffrences de traitement en entreprise, diffrences qui

    peuvent tre ressentis par les salaris comme des manifestations de discrimination.

    Les organisations syndicales ont souhait conduire, paralllement aux runions du groupe de

    dialogue, des travaux sur des outils permettant danalyser lvolution de la situation des salaris en

    entreprise. Le rsultat de ces travaux a t prsent lors de la runion plnire du 24 fvrier 2015 et

    a reu un accueil favorable de la part de lensemble des membres du groupe de travail (annexe 2)

    La mthode propose consiste analyser, sous forme de deux graphiques avec en abscisse la tranche

    dge et en ordonne le niveau de qualification de I V bis selon la classification de lEducation

    nationale pour le premier graphique et la rmunration pour le second, la situation de lensemble

    des salaris de lentreprise. Chaque salari serait reprsent anonymement dans un nuage de points

    chaque point situ lintersection entre son ge, sa qualification ou sa rmunration. Les femmes et

    les hommes seraient indiqus par une couleur diffrente.

    Ces graphiques montreraient, en dynamique, les trajectoires professionnelles des salaris et

    permettraient, sans les nommer, de dterminer les cas qui peuvent interroger. Dans un second

    temps, il conviendrait dexaminer les raisons qui justifient un tel positionnement : soit une diffrence

    de traitement fonde sur le comportement professionnel, soit une discrimination inexplique.

    Ces indicateurs, en rendant visible le positionnement de tous les salaris, seraient des indicateurs

    universels de lutte contre tous les critres discriminants, simples et efficaces, pouvant tre adapts

    la ralit de chaque entreprise. Cette mthode nayant de pertinence statistique que pour les

    entreprises employant un certain nombre de salaris, elle ne serait utilise que dans celles qui

    tablissent un bilan social, c'est--dire comptant plus de 300 salaris.

    La prsentation dans le bilan social devrait se faire sous forme graphique par repre orthonorm et

    nuage de points. Les primtres o sexercent les comparaisons devront tre dfinis par lemplyeur

    et les organisations syndicales. Lobjectif est de rendre celui-ci le plus intelligible possible

    lobservation et tendre lenvironnement professionnel le plus proche de celui des salaris

    (tablissement, secteur dactivit.).

  • 21

    Proposition n 15 : Modifier le code du travail pour complter la liste des indicateurs du bilan social

    sur lvolution des carrires et des rmunrations.

    3. Les voies de recours pour lutter contre la discrimination en

    entreprise

    Les travaux du groupe de dialogue sur ce thme se sont focaliss sur les deux nouvelles voies de

    recours collectifs prsentes respectivement par Mme Laurence Pcaut-Rivolier, magistrate la Cour

    de Cassation, auteur du rapport sur les discriminations collectives en entreprises : lutter contre les

    discriminations au travail : un dfi collectif remis le 17 dcembre 2013 au ministre du travail, de

    l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, la Ministre des droits des femmes,

    porte parole du gouvernement et la Ministre de la Justice, (voir note de synthse en annexe 3) et

    par M. Razzy Hammadi, dput, auteur dune proposition de loi instaurant une action de groupe en

    matire de discrimination et de lutte contre les ingalits, enregistre la Prsidence de lAssemble

    nationale le 14 janvier 2014 (voir proposition de loi en annexe 4).

    Cependant les dbats ont fait apparatre que, pralablement lengagement de toute dmarche

    contentieuse collective, la lutte contre les discriminations devait mobiliser les acteurs de lentreprise

    pour identifier les causes possibles de discriminations, dialoguer et ngocier pour y mettre fin.

    Cependant, comme on ne peut exclure un chec du dialogue social, il convient de renforcer les voies

    de recours en introduisant une procdure de recours collectif. Enfin il a t demand que les

    pouvoirs publics se mobilisent pour faciliter toutes les dmarches permettant de prvenir et

    rprimer les comportements discriminatoires.

    Lorsquils ont voqu les situations concrtes de discriminations quils ont pu rencontrer et sur

    lesquels ils se sont mobiliss, plusieurs membres du groupe de travail ont soulign les difficults

    auxquels ils ont t confronts : difficult rassembler des informations pour tayer la suspicion de

    discrimination en raison de limpossibilit, parfois, mme avec lintervention du juge, accder aux

    donnes dtenues par lentreprise ; rticence des salaris - sans mme parler des candidats -

    sengager dans une dmarche contentieuse vis--vis de leur employeur ; longueur et lourdeur des

    procdures et donc persistance de situations discriminatoires pendant parfois plusieurs annes ;

    faiblesse des moyens des organisations syndicales et des associations pour mener de telles actions

    Aussi, en cohrence avec la dmarche qui a conduit les organisations syndicales proposer un outil

    danalyse des parcours professionnel permettant dengager le dialogue social sur les discriminations

    (proposition n 14) et avec la dcision dinscrire lagenda social le bilan de laccord national

    interprofessionnel du 12 octobre 2006 relatif la diversit dans lentreprise, il apparat ncessaire de

    dvelopper le dialogue social sur le thme de la lutte contre les discriminations plutt que de

    privilgier exclusivement la voie contentieuse. Les conditions dexercice de ce dialogue social devront

    tre dfinies par les partenaires sociaux au niveau interprofessionnel.

    Proposition n16 : Assurer la prminence du dialogue social dans lentreprise au regard du risque

    de discrimination.

  • 22

    Cependant certains membres du groupe de dialogue ont galement tenu fortement insister sur

    les limites du dialogue social qui suppose une volont de ngociation qui est parfois absente ou

    superficielle. Aussi la voie contentieuse doit conserver toute sa place et tant le rapport de madame

    Pcaut-Rivolier que les interventions des membres du groupe de dialogue ont soulign les

    insuffisances des voies de recours existant aujourdhui en matire de lutte contre les discriminations.

    Ainsi la trs grande majorit des membres du groupe de dialogue ont tenu souligner la ncessit

    dune nouvelle voie de recours collectif. Aussi, la proposition figurant dans le rapport de madame

    Pcaut-Rivolier ainsi que laction de groupe prsente dans la proposition de loi de monsieur Razzi

    Hammadi ont fait lobjet de longs dbats autour de trois questions :

    - Faut-il introduire une nouvelle voie de recours collectif ou ne vaut-il mieux pas mieux utiliser les

    voies existantes en cas dchec du dialogue et de la ngociation ? Cette dernire branche de

    lalternative a t trs minoritaire au sein du groupe de dialogue, de nombreux membres ayant

    soulign les insuffisances du dispositif juridique existant aujourdhui.

    - Faut-il privilgier une voie de recours mettant laccent sur la rparation des victimes de

    discriminations et la sanction de leurs auteurs ou convient-il que le juge intervienne

    prioritairement pour demander quil soit mis fin aux discriminations, en ne sanctionnant leurs

    auteurs quen cas de refus de donner suite ces injonctions. Dans ce cas de figure, les victimes

    pourraient initier paralllement des recours individuels pour obtenir rparation des prjudices

    subis. Le groupe de dialogue a t partag sur ce sujet. Si tous les participants ont souhait que

    les attitudes discriminatoires volontaires soient immdiatement sanctionnes, les avis ont t

    plus nuancs en cas de discriminations involontaires, avec le souci de certains membres de

    donner en premier lieu toute sa place au dialogue social pour ngocier des mesures correctrices.

    - la voie de recours collectif doit elle tre ouverte aux seules organisations syndicales ou

    lensemble des parties ayant intrt agir en matire de discrimination, c'est--dire galement

    les associations ?L aussi les positions au sein du groupe de dialogue ont t partages.

    La proposition formule par le groupe de travail vise prendre en compte les diverses positions

    exprimes, sachant que la pertinence mme dune nouvelle voie de recours a t vivement

    conteste par certains.

    Il sagit de prendre en compte lintrt agir de chacune des parties prenantes :

    - les associations sont lgitimes intervenir en faveur des citoyens candidats un emploi, qui

    nont pas encore le statut de salari,

    - il apparat ncessaire de rserver aux organisations syndicales, dont la lgitimit a t renforce

    par les nouvelles rgles de reprsentativit qui reposent dsormais sur une procdure lective,

    la dfense des salaris victimes de discrimination dans lentreprise.

    La recevabilit de laction en justice devrait tre subordonne labsence de dialogue social dans la

    rsolution des questions de discrimination dans lentreprise mise en cause. Les conditions dexercice

    de ce dialogue social devront tre dfinies au niveau interprofessionnel par les partenaires sociaux.

  • 23

    Proposition n 17 :Dfinir une nouvelle voie de recours collectif, ouverte aprs absence du processus de

    dialogue social sur ce thme, toute partie ayant intrt agir (associations et organisations syndicales pour

    les discriminations lors du recrutement, organisations syndicales pour les discriminations dans la carrire et

    dans lemploi) permettant la fois la cessation de la pratique discriminatoire, la rparation des prjudices

    subis par les victimes et la sanction, si ncessaire, de cette pratique.

    Enfin, si la lutte contre les discriminations mobilise les partenaires sociaux, en particulier dans le

    cadre du bilan de laccord du 12 octobre 2006, les pouvoirs publics ne sauraient demeurer passifs sur

    ce sujet.

    La runion du groupe de dialogue tmoigne de limportance que le gouvernement attache cette

    question et plusieurs propositions formules dans le rapport vont mobiliser les services de lEtat et

    les institutions qui en relvent, au-del de llaboration et de la mise en uvre des mesures

    lgislatives et rglementaires rsultant des propositions du groupe de dialogue :

    - la poursuite des travaux du groupe de dialogue et la conduite dtudes et de recherches,

    - lorganisation dune campagne nationale dinformation,

    - le dveloppement des mthodes de recrutement spcifiques pour les demandeurs demplois

    susceptibles dtre victimes de discriminations lembauche, en particulier la mthode de

    recrutement par simulation.

    Mais en outre, afin de renforcer les dmarches de prvention et de rpression des comportements

    discriminatoires, le ministre du travail va mobiliser ds 2016 les services de linspection du travail

    pour quelle renforce son action en matire de contrle de lapplication du droit du travail, de

    conseil et dinformation des employeurs, des salaris et des reprsentants du personnel sur leurs

    droits et obligations et joue pleinement son rle de facilitateur de la conciliation amiable entre les

    parties.

    Proposition n 18 : Mobiliser les services de linspection du travail sur la lutte contre les

    discriminations en faisant de la lutte contre les discriminations une priorit nationale daction en

    2015/2016

  • 24

    Liste des propositions du groupe de dialogue sur la lutte contre les

    discriminations.

    Propositions dont la mise en uvre relve de la responsabilit de lEtat

    Proposition n 1 : Mettre en uvre, dans les entreprises du secteur public et dans les trois versants de

    la fonction publique, une dmarche analogue celle conduite par le groupe de travail pour lutter

    contre les discriminations.

    Proposition n2 : Poursuivre les travaux du groupe de dialogue dans le cadre du suivi des propositions

    du prsent rapport et organiser sa prennisation ultrieure auprs du Dfenseur des droits.

    Proposition n4 : Organiser une campagne nationale dinformation et de sensibilisation, auprs du

    grand public et des entreprises afin de dconstruire les strotypes.

    Proposition n9 : Mieux faire connatre et valoriser le label diversit en renforant la perception de

    son utilit et en reconnaissant mieux les entreprises qui lont obtenu pour en encourager dautres

    sengager dans cette dmarche et inciter celles qui ne le peuvent pas, en particulier les PME, sen

    inspirer pour mettre en place des actions de lutte contre les discriminations.

    Proposition n10 : Prendre en compte, dans laccs aux marchs publics, la mise en place dactions de

    lutte contre les discriminations dans les entreprises soumissionnaires.

    Proposition n11 : Dans le cadre de la transposition de la directive 2014/95/UE sur la publication

    dinformations non financires et dinformations relatives la diversit par certaines grandes

    entreprises et certains groupes du 22 octobre 2014 valoriser les politiques dentreprise de lutte contre

    les discriminations comme indicateur de respect des droits de lHomme.

    Proposition n 17 : Dfinir une nouvelle voie de recours collectif ouverte, aprs absence du processus

    de dialogue social sur ce thme, toute partie ayant intrt agir (associations et organisations

    syndicales pour les discriminations lors du recrutement, organisations syndicales pour les

    discriminations dans la carrire et dans lemploi) permettant la fois la cessation de la pratique

    discriminatoire la rparation intgrale des prjudices subis par les victimes, et la sanction, si ncessaire,

    de cette pratique.

    Proposition n 18 : Mobiliser les services de linspection du travail sur la lutte contre les

    discriminations en en faisant une priorit nationale en 2015/2016

  • 25

    Propositions dont la mise en uvre relve de la responsabilit des

    partenaires sociaux

    Proposition n7: Examiner, dans le cadre du bilan de laccord national interprofessionnel du 12

    octobre 206 relatif la diversit en entreprise, les conditions dans lesquelles des formations sur la

    problmatique des discriminations pourraient tre rendues obligatoires.

    Proposition n14: Instituer dans les entreprises de plus de 300 salaris un rfrent galit des

    chances.

    Proposition n 15 : Modifier le code du travail pour complter la liste des indicateurs du bilan social

    sur lvolution des carrires et des rmunrations.

    Proposition n 16 Assurer la prminence du dialogue social dans lentreprise au regard du risque

    de discrimination.

    Propositions qui doivent faire lobjet de travaux complmentaires du

    groupe de dialogue.

    Proposition n3 : Conduire des tudes pour valuer le gain conomique de la lutte contre les

    discriminations en entreprise.

    Proposition n5 : Afficher dans toutes les entreprises un document reprenant les principes

    noncs dans le prambule de lANI du 12 octobre 2006 relatif la diversit dans les entreprises.

    Proposition n6: Demander Ple emploi et aux intermdiaires privs de lemploi de remettre

    lensemble des demandeurs demploi un document dinformation sur la lgislation en matire de

    discrimination et sur leurs droits au cours de lentretien de recrutement.

    Proposition n8 : Amliorer le contenu et les modalits de mise en uvre de la mthode des

    testing pour :

    - disposer dun outil didentification des discriminations,

    - permettre une prise de conscience des acteurs de lentreprise, partir de donnes factuelles,

    pour mettre en place des actions de lutte contre les discriminations adaptes leurs besoins

    Proposition n12 : Engager des travaux sur la faisabilit de la mise en place dun dispositif

    permettant dassurer la traabilit et la transparence des procdures de recrutement.

    Proposition n13 : Faire connatre et favoriser le dveloppement des mthodes innovantes de

    recrutement non-discriminantes pour les demandeurs demplois.

  • 26

    Annexes

    Annexe 1. Composition du groupe de dialogue

    1. Participants aux runions du groupe de dialogue et des groupes de travail

    Conseil conomique, social et environnemental :

    Sonia HAMOUDI, personnalit associe, section des activits conomiques.

    Dfenseur des droits

    Slimane LAOUFI, chef du ple emploi priv.

    Clmence LEVESQUE, charge de mission. Promotion des droits fondamentaux et rforme.

    Association nationale des directeurs des ressources humaines

    Aline CREPIN.

    Association franaise des managers de la diversit

    Bruce ROCH, prsident.

    Laurent DEPOND vice-prsident diversit, Groupe Orange, vice-prsident de lAFMD

    Mansour ZOBERI directeur diversit, Groupe Casino, vice-prsident de lAFMD

    Elena MASCOVA, responsable des tudes.

    RANDSTAD

    Aline CREPIN, directrice de la RSE.

    ADECCO

    Johann TITREN, directeur Egalit des Chances.

    Ccile ALHINC-CAMY, responsable diversit et insertion

    A Comptences gales

    Sbastien Bompard, prsident.

    Anne GALLOT.

    IMS Entreprendre pour la Cit

    Ines DAUVERGNE HADDOUT, responsable expertise diversit-responsable innovation et valorisation.

    MozaK RH

    Sad HAMMOUCHE, directeur gnral.

    Gabriel LENOT, responsable ple alternance et stages.

    Fondation Agir contre lExclusion

    Catherine TRIPON, directrice dveloppement-diversit-RSE.

  • 27

    Centre national dinformation sur les droits des femmes et des familles

    Claire PASSAGNE.

    Ligue des Droits de lHomme

    Michel MINE, professeur de droit du travail au Cnam.

    Ligue internationale contre le racisme et lantismitisme

    Maria-Giuseppina BRUNA, dlgue excutive.

    Mouvement contre le racisme et pour lamiti entre les peuples.

    Sonia SADRMOUSAVI.

    Maison des potes

    Samuel THOMAS, prsident.

    Sabrina ALAOUCHICHE.

    Barbara MOSTEFAOUI.

    SOS Racisme

    Valentin LEDILY.

    Conseil reprsentatif des associations noires de France

    Louis-George TIN, prsident.

    Louis JOANES.

    SOS Homophobie

    Yohann ROSZEWITCH, prsident.

    Michal BOUVARD, administrateur, co-rfrent de la commission intervention et formation

    pour adultes.

    Personnalits qualifies

    Emmanuelle MARCHAL, sociologue, centre de sociologie des organisations Sciences

    Po/CNRS.

    Graldine RIEUCAU, conomiste, centre dtude de lemploi LED/Universit Paris 8.

    Cabinet Amnyos Consultants

    Thomas CAPELIER.

    Centre de recherche en conomie et statistiques

    Thomas LE BARBANCHON.

    Confdration franaise dmocratique du travail

    Jean-Louis MALYS, secrtaire national.

    Ommar BENFAID, secrtaire confdral, service conomie et socit.

    Barbara SERRANO.

  • 28

    Maud RENAUD.

    Confdration franaise de l'encadrement - Confdration gnrale des cadres

    Franck MIKULA.

    Marie-Line BRUGIDOU.

    Confdration franaise des travailleurs chrtiens

    Claude RAOUL, secrtaire confdral en charge des discriminations.

    Jean-Michel CERDAN, secrtaire confdral en charge de lgalit hommes-femmes.

    Michel CHARBONNIER, conseiller politique

    Confdration gnrale du travail :

    Sophie BINET, membre de la commission excutive.

    Ghislaine HOAREAU, conseillre confdrale au ple juridique

    Franois CLERC, en charge des questions de discriminations.

    Bernard SCHMID, conseiller confdral au ple juridique.

    Confdration gnrale du travail-Force Ouvrire

    Vronique LOPEZ-RIVOIRE, Responsable du service juridique, confdration F.O.

    Union nationale des syndicats autonomes

    Sad DARWANE, conseiller national.

    Christophe BENHACENE.

    Mouvement des entreprises de France

    Lidwine CHARBEAU-MANSART, Directrice de mission, Direction Entreprises et Socit.

    Jolle SIMON, directrice des affaires juridiques.

    Chantal FOULON.

    Franck AVIGNON.

    Confdration gnrale des petites et moyennes entreprises :

    Florence LACAVE, prsidente dlgue de la CGPME Paris 5me arrondissement.

    Union professionnelle artisanale

    Anne NOVAK-ANDRE, conseillre technique charge des questions sociales.

    Union nationale des missions locales

    Serge KROICHVILI, dlgu gnral de lunion nationale des missions locales.

    Conseil national des missions locales

    Vincent DELPEY, secrtaire gnral.

    Marie Josphe DE REDON, charge de mission insertion sociale et autonomie des jeunes.

    Amaria SEKOURI.

  • 29

    Ministre du travail, de lemploi et du dialogue social

    Dlgation gnrale lemploi et la formation professionnelle

    Julie DURAFFOURG, dpartement Ple emploi.

    Anna PERESSON, mission insertion des jeunes.

    Jeanne STRAUSZ, mission du fonds national de lemploi.

    Direction gnrale du travail

    Jean-Henri PYRONNET, adjoint la sous-directrice des relations individuelles et collectives du

    travail.

    Anne THAUVIN, cheffe du bureau des relations individuelles du travail.

    Anne-Laure BOUTOUNET, charge dtudes, bureau des relations individuelles du travail.

    Anthony BROUSSILLON, charg dtudes, bureau des relations individuelles du travail.

    Elise TEXIER, charge de mission, bureau des relations individuelles du travail.

    Ple Emploi

    Maryse CADEDDU, chef du dpartement Conception de loffre de service aux entreprises,

    direction des oprations.

    Catherine POUX, directrice du service aux entreprises

    Franois AVENTUR, adjoint au directeur des statistiques, des tudes et de l'valuation.

    Secrtariat dEtat charg du droit des femmes

    Service du droit des femmes et de lgalit

    Anne MAURAGE-BOUSQUET.

    Conseil suprieur de lgalit professionnelle

    Marie BECKER.

    Commissariat gnral lgalit des territoires

    Majda CHERKAOUI, Charge de mission emploi, formation professionnelle et diversit.

    Bureau dveloppement conomique et de lemploi, direction de la ville et de la cohsion

    urbaine.

    Frdric CALLENS, chef du bureau de la prvention et de la lutte contre les discriminations,

    direction de la cohsion et du dveloppement social.

    Kamel BENAMRA, adjoint au chef de bureau de la prvention et de la lutte contre les

    discriminations, direction de la cohsion et du dveloppement social.

    Camille BESNARD, stagiaire

    Ministre de la Justice

    Laurence PECAUT-RIVOLIER, inspectrice gnrale adjointe.

    Claire VUILLET, direction des affaires criminelles et des grces.

    Gilles MALFRE, direction des affaires civiles et du sceau.

    Herv ROBERGE, direction des affaires civiles et du sceau.

    Damien PONS.

  • 30

    2. Personnalits auditionnes

    Marylin BALDECK, dlgue gnrale de lassociation des violences faites aux femmes au

    travail (AVTF).

    Hlne GARNER, charge de mission, France stratgie.

    Dominique THIERRY, prsident national de France Bnvolat.

  • 31

    Annexe 2

    Observations et position de la CGPME, de lUPA et du MEDEF sur le projet de

    rapport du groupe de dialogue interpartenaires sur la lutte contre les

    discriminations

    Observations de la CGPME, de lUPA et du MEDEF sur le rapport :

    Le rapport insiste trs fortement sur la pdagogie quil est ncessaire de mettre en uvre pour

    lutter contre les discriminations ; il indique, par ailleurs, quil s'agit d'un problme socital qui est

    l'affaire de tous.

    Or, force est de constater que dans ses dveloppements mais surtout dans ses recommandations,

    lentreprise prive est seule vise, tenue pour responsable et, par consquent, mise contribution

    pour lutter contre les discriminations.

    Ainsi, sur les 17 propositions 8 sont contraignantes, voire trs contraignantes.

    La CGPME, lUPA et le Medef observent donc un dcalage complet entre le constat et les

    propositions envisages et sinterrogent sur les consquences que pourraient avoir la mise en oeuvre

    de certaines des propositions au mieux inutiles au pire contreproductives.

    En effet, lapproche trs charge pour lentreprise, est peu encourageante car elle naborde la

    question de la diversit que sous langle discrimination et ne souligne pas les bnfices que

    constitue la diversit en entreprise. Au lieu dobliger les entreprises agir, sans prendre en compte

    leurs orientations stratgiques, il conviendrait de les inciter sengager dans des actions en faveur de

    la diversit, en tenant compte de leur taille, de leur secteur et de la spcificit de leur activit et

    besoins en comptences. Enfin, la CGPME, lUPA et le Medef considrent que nombreuses sont les

    prconisations qui relvent des prrogatives des partenaires sociaux. Et par consquent, seul le bilan

    de lANI Diversit et le dialogue social pourront traiter de ces questions.

    Position de la CGPME, de lUPA et du MEDEF sur le rapport :

    Aussi, pour toutes ces raisons, la CGPME, lUPA et le MEDEF ne peuvent soutenir les orientations de

    ce rapport mme si sur certains points ils rejoignent les recommandations proposes :

    tout ce qui relve de la pdagogie, de la sensibilisation et de la prvention va dans le bon sens ;

    sous rserve que cette mobilisation concerne lensemble des acteurs concerns par le sujet,

    cestdire toute la socit et non uniquement lentreprise. Le sujet de la diversit et de la

    discrimination doit tre une cause partage par tous ; lentreprise prive ne peut elle seule

    assumer les difficults relles et tre seule sanctionne. Si ce point tait pris en compte, lUPA, la

    CGPME et le MEDEF pourraient soutenir les propositions : 2, 3, 5, 8, 10, 12.

    En revanche, les propositions relevant des partenaires sociaux ne peuvent tre abordes dans le

    cadre de ce groupe de dialogue ; elles relvent de lagenda social et des discussions entre les

    partenaires sociaux (propositions 4, 6, 11, 14, 15).

    Sagissant des nouvelles voies de recours (proposition 16), lUPA, la CGPME et le MEDEF ne

    peuvent que rappeler leurs positions dfavorables pour toutes les raisons dj voques maintes fois

  • 32

    lors des runions de travail du groupe de dialogue. Il en est de mme pour la mise en place de

    procdures de testing (proposition 7) dont lefficacit na pas t prouve et dont les rsultats ne

    sauraient, euxseuls, constituer une preuve de discrimination.

    Enfin, la prise en compte dans laccs aux marchs publics de la mise en place dactions de lutte

    contre les discriminations pour les entreprises soumissionnaires (proposition 9) ne semble pas

    compatible avec lobjectif global de pdagogie annonc dans le rapport.

    Enfin, sous rserve des suites qui seront donnes au projet de rapport, lUPA, la CGPME et le

    MEDEF reconsidreront leur participation aux travaux de ce groupe de dialogue (cf.proposition 1).

  • 33

    Annexe 3.

    Dclaration intersyndicale CGT, CFDT, CFTC, FO, UNSA, CFE-CGC

    PROPOSITIONS POUR LA LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS DANS LEMPLOI.

    Les missions reconnues par la loi aux organisations syndicales de salaris amnent celles-ci

    intervenir contre les discriminations. En complment de la dclaration intersyndicale du 15 janvier

    2015, nous prsentons nos propositions doutils visant lutter contre les discriminations dans

    lemploi.

    Lcoute et la lecture attentive des dbats et contributions des nombreux participants la

    concertation nous confortent dans la pertinence de nos propositions.

    Ainsi nous sommes guids par la volont de proposer des outils :

    - Simples, efficaces et faciles mettre en uvre,

    - respectueux de la confidentialit,

    - utiles lensemble des critres prohibs,

    - adaptables toutes les situations particulires dentreprise, tablissement, groupe, secteur

    dactivit.,

    - permettant un diagnostic partag et une anticipation,

    - assurant la scurit juridique,

    - napportant ni contrainte, ni cot supplmentaire lentreprise,

    - respectueux des accords et de la loi.

    La lutte contre les discriminations au travail impose limplication des partenaires sociaux, syndicats et

    employeurs. Il est impratif que les partenaires sociaux soient galit de moyens pour traiter de

    ces questions. Or, ce jour, toutes les informations ? documents et moyens sont en la stricte

    possession de lemployeur : ce dsquilibre nautorise pas une parole franche, loyale et de confiance.

    Le pralable toute ngociation et toute anticipation, oblige lgalit des armes.

    Voici ce quoi nous sommes parvenus en matire dindicateurs performants pour valuer les

    volutions professionnelles en entreprise.

    Il sagit de complter le rapport de situation compare.

    Inscrit dans larticle R.2323-12 du Code du travail, cela donne la formulation suivante :

    1 Dans les Conditions gnrales de lemploi, e) Positionnement dans lentreprise, aprs Rpartition

    des effectifs par catgories professionnelle , ajouter :

    - Selon le niveau de formation, au sens de la Circulaire II-67-30 du 11 juillet 1967 de

    lEducation nationale, acquis par les salaris, rpartition de ces salaris selon le niveau de

    qualification, par tranche dge

  • 34

    2 dans Rmunrations, comme il est crit, Donnes chiffres par sexe et par catgorie

    professionnelle , ajouter :

    Donnes chiffres par sexe :

    - Selon le niveau de formation, au sens de la circulaire II-67-30 du 11 juillet 1967 de lEducation

    nationale, acquis par les salaris, rpartition de ces salaris selon le niveau de rmunration, par

    tranche dge

    Pour une bonne lisibilit, ces donnes pourraient tre prsentes sous forme de deux graphiques

    avec en abscisse la tranche dge et en ordonne le niveau de qualification pour le premier

    graphique et la rmunration pour le second. Chaque salari(e) serait reprsent par un point situ

    lintersection entre son ge, sa qualification ou sa rmunration. Les femmes et les hommes seraient

    indiqus par une couleur diffrente et lanonymat serait prserv.

    Ces indicateurs sont faciles mettre en uvre. Les donnes demandes ne sont pas confidentielles

    et toutes les informations sont en possession de lemployeur.

    Ils montrent en dynamique les trajectoires professionnelles des salaris. Le plus important est de le

    sexuer, ce qui correspond lobjectif du rapport de situation compare. Une lecture attentive de ces

    indicateurs permet, sans les nommer, de dterminer les cas qui posent problme. Dans un second

    temps, dinterroger sur les cas ici rvls, pour examiner les raisons qui justifient un mauvais

    positionnement, une diffrence de traitement une discrimination.

    Ils seraient utilisables pour chacun des motifs prohibs de discrimination ce qui donnerait un aperu

    collectif par critre mais, en ltat de la proposition (femme/homme), il est dj facile, pour chaque

    salari de situer sa position sur le graphique, de comparer sa situation avec celle des autres salaris.

    Le salari susceptible dtre discrimin en raison de son origine, de sa nationalit, de sa religion, qui

    se situerait de manire dfavorable serait libre dinterroger son employeur.

    Ces indicateurs, en rendant visible le positionnement de tous les salaris, sont des indicateurs

    universels de lutte contre tous les critres discriminants, ils sont simples et efficaces.

    En outre, ils pourraient tre adapts