Rapport mondial sur le développement humain 2006

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Rapport mondial sur le développement humain 2006 Publié pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l’eau

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  • Rapport mondial sur ledveloppement humain 2006

    Publi pour le Programme des Nations Unies pour le dveloppement (PNUD)

    Au-del de la pnurie :pouvoir, pauvret et crise mondiale de leau

  • Copyright 2006

    Programme des Nations Unies pour le dveloppement

    1 UN Plaza, New York, New York, 10017, USA

    Tous droits rservs. Il est interdit, sauf accord pralable de lditeur, de reproduire le

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    ECONOMICA

    49, rue Hricart, 75015 Paris France

    ISBN: 2-7178-5323-5

    Imprim par Colorcraft of Virginia, Inc., sur papier sans chlore au moyen dencre

    vgtale et de technologies respectueuses de lenvironnement.

    Maquette et couverture : Grundy & Northedge Information Designers, LondresCartes et graphiques : Philippe Rekacewicz, Narest, NorvgeRdaction technique, maquette et gestion de la production : Communications DevelopmentIncorporated, Washington, D.C.

    Traduction et composition : euroscript Luxembourg S. r.l.

    Pour une liste des erreurs ou omissions trouves aprs impression, veuillez consulter

    notre site ladresse suivante : http://hdr.undp.org

  • Directeur et rdacteur en chef

    Kevin Watkins

    Recherches, rdaction et statistiques

    Liliana Carvajal, Daniel Coppard, Ricardo Fuentes, Arunabha Ghosh, Chiara Giamberardini, Claes Johansson (responsable intrimaire du service des statistiques), Papa Seck, Cecilia Ugaz (conseillre politique en chef) et Shahin Yaqub.

    Conseiller statistique : Tom GriffinGestion de la production et coordination de

    la traduction : Carlotta Aiello et Marta Jaksona

    Assistance ditoriale : Bruce Ross-Larson, Meta de Coquereaumont et Christopher Trott

    Maquette et couverture : Peter Grundy et Tilly Northedge

    Cartes et graphiques : Philippe Rekacewicz

    Membres de lquipe charge de la rdaction duRapport mondial sur le dveloppement humain 2006

    Le Bureau du Rapport mondial sur le dveloppement humain (BRMDH)

    Le Rapport mondial sur le dveloppement humain est le fruit dun effort collectif. Les membres de lquipe en charge des rapports nationaux sur le dveloppement humain (RNDH) fournissent des commentaires dtaills et des conseils dans le cadre des travaux de recherche. Ils tablissent galement le lien entre le Rapport et un rseau international de rapports sur le dveloppement humain au sein des pays en dveloppement. Lquipe charge des RNDH, dirige par Sarah Burd-Sharps (Directrice dlgue), se compose dAmie Gaye, Sharmila Kurukulasuriya, Hanna Schmitt et Timothy Scott. Oscar Bernal, Mamaye Gebretsadik, Melissa Hernandez, Fe Juarez et Mary Ann Mwangi, membres de lquipe administrative du BRMDH, effectuent les tches administratives. Sarantuya Mend assure la gestion des oprations. Marisol Sanjines gre les oprations du BRMDH sur le terrain ainsi que le programme promotionnel.

  • Prface

    Cette anne, le Rapport mondial sur le dveloppement humain sintresse une question dont linfluence sur le potentiel humain et le progrs en direction des Ob-jectifs du Millnaire pour le Dveloppement est con-sidrable. Depuis des temps immmoriaux, le progrs humain dpend de laccs leau salubre et de la capac-it des socits exploiter le potentiel de leau en tant que ressource productive. Leau qui permet de vivre au sein du mnage et leau garantissant les moyens de subsistance par le biais de la production sont deux des conditions ncessaires au dveloppement humain. Or, pour une part importante de lhumanit, ces condi-tions ne sont pas runies.

    Le terme de crise est parfois employ de faon abu-sive en ce qui concerne le dveloppement. Toutefois, ds lors quil sagit de leau, on reconnat de plus en plus que le monde est confront une crise qui, hors de tout contrle, risque denrayer le progrs en direction des Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement et dentraver le dveloppement humain. Pour certains, la crise internationale de leau se limite la pnurie ab-solue de la disponibilit physique. Ce Rapport soppose ce point de vue. Il invoque le fait que la crise de leau trouve son origine dans la pauvret, lingalit et des rapports de force inquitables, ainsi que dans des poli-tiques de gestion de leau inadaptes qui en aggravent la raret.

    Laccs leau pour vivre est un besoin humain de base, de mme quun droit de lHomme fondamen-tal. Pourtant, dans le monde de plus en plus prospre

    dans lequel nous vivons, plus dun million dindividus se voient privs du droit leau salubre et 2,6 mil-liards dtres humains sont sans accs un dispositif dassainissement adquat. Ces chiffres choc nillustrent quune facette du problme. Chaque anne, prs d1,8 million denfants meurent des suites directes de diar-rhes ou dautres pathologies causes par la consom-mation deau insalubre ou par un assainissement ina-dquat. En ce dbut de XXIe sicle, leau insalubre est la deuxime cause de mortalit chez lenfant travers le monde. Chaque jour, des millions de femmes et de jeunes filles vont chercher de leau pour leur famille un rituel qui ne fait que renforcer lingalit de genre, tant au niveau de lemploi que de lducation. Pendant ce temps, les problmes de sant associs aux dficits en eau et en assainissement entravent la productivit et la croissance conomique, ce qui renforce les ingalits profondes qui caractrisent les schmas actuels de la mondialisation, et enferme les mnages les plus vul-nrables dans le cycle infernal de la pauvret.

    Comme le montre ce Rapport, les sources du problme peuvent varier dun pays lautre, mais plusieurs thmes ressortent. Dabord, rares sont les pays qui accordent une priorit politique leau et lassainissement, comme en tmoigne la faiblesse des allocations budgtaires. Deuximement, parmi les plus pauvres de la plante, certains paient leau des prix parmi les plus levs en raison de la faible couver-ture par les services dapprovisionnement en eau des bidonvilles et des zones dhabitat informel, o vivent

    Le dveloppement humain consiste avant tout permettre aux hommes de mener la vie quils souhaitent et raliser leur potentiel en tant qutres humains. Le cadre normatif du dveloppement humain se reflte aujourdhui dans la vision plus vaste exprime dans les Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement ensemble dobjectifs assortis de dlais et fixs par la communaut internationale dans le but de rduire la pauvret extrme, de renforcer lgalit entre les genres et dlargir le champ des opportunits en matire de sant et dducation. Le progrs ralis en direction de ces objectifs est un repre laune duquel il est possible dvaluer la volont de la communaut internationale de traduire ses engage-ments en actions. Plus encore, il constitue le fondement de la prosprit commune et de la scurit collective dans un monde de plus en plus interdpendant.

    RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

  • les populations pauvres. Troisimement, la commu-naut internationale na pas accord la priorit leau et lassainissement dans le cadre des partenariats pour le dveloppement crs autour des Objectifs du Mill-naire pour le Dveloppement. lorigine de chacun de ces problmes, le fait que les personnes qui souffrent le plus de la crise de leau et de lassainissement les pau-vres, de manire gnrale, et les femmes pauvres en par-ticulier sont souvent prives de la reprsentation poli-tique ncessaire pour faire valoir leurs droits leau.

    Le Rapport tudie dans le dtail ce point, parmi de nombreux autres. Les dfis quil expose sont dcou-rageants. Toutefois, ses auteurs ne prconisent pas de baisser les bras. Comme lindiquent les cas rapports, cest une bataille que nous pouvons remporter. De nombreux pays ont ralis des progrs extraordinaires pour fournir de leau salubre et un systme dassainis-sement. Dans le monde en dveloppement, des indivi-dus vivant dans des bidonvilles et des villages ruraux ont pris linitiative et montr lexemple, mobilisant des ressources et faisant preuve dnergie et dinnovation pour surmonter leurs problmes. Au dbut du XXIe sicle, nous avons les moyens financiers, la technologie, et les capacits ncessaires pour relguer la crise de leau et de lassainissement au rang de souvenir, tout aussi ef-ficacement que les pays riches actuels lont fait il y a un sicle. Ce qui fait dfaut, cest un effort concert pour dvelopper laccs de tous leau et lassainissement, par le biais de programmes nationaux bien conus et financs de faon adquate, soutenus par un plan dac-tion mondial destin galvaniser le bon vouloir politi-que et mobiliser les ressources.

    Leau source de moyens de subsistance pose des dfis tout fait diffrents. Le monde ne manque pas deau, mais plusieurs millions de personnes parmi les plus vul-nrables vivent dans des rgions soumises un stress hy-drique croissant. Prs d1,4 milliard dindividus vivent dans des bassins hydrographiques o la consommation deau est suprieure aux taux de recharge. Les sympt-mes de la surutilisation de leau sont on ne peut plus lo-quents : les fleuves sasschent, les nappes phratiques baissent et les cosystmes aquatiques se dgradent rapi-dement. proprement parler, le monde est en train de piller lune de ses ressources naturelles les plus prcieuses et dengager des dettes cologiques insoutenables dont hriteront les gnrations venir.

    Il est galement ncessaire de ragir face aux menaces que le changement climatique fait peser sur le dveloppement humain. Comme lindique le Rap-port, ce nest pas une menace lointaine. Le rchauffe-ment de la plante est dj une ralit et, dans de

    nombreux pays, il a le potentiel danantir les avances en matire de dveloppement humain ralises sur plu-sieurs gnrations. Des rserves deau rduites dans des zones dj marques par un stress hydrique chronique, des conditions climatiques plus extrmes et la fonte des glaciers, tels sont les diffrents visages du dfi qui menace. Une action multilatrale destine limiter les changements climatiques en rduisant les missions de dioxyde de carbone nest quun volet de la rponse de politique publique dont on a besoin pour relever ce dfi. Lautre volet implique un soutien plus important accord aux stratgies dadaptation.

    Il est dores et dj clairement tabli que la concur-rence pour leau sintensifiera dans les dcennies venir. Laccroissement de la population, lurbanisation, le dveloppement industriel et les besoins de lagriculture ne font quaccrotre la demande lgard dune ressource limite. Paralllement, on est de plus en plus conscient quil faudra intgrer les besoins de lenvironnement aux schmas futurs dutilisation de leau. Deux dangers manifestes mergent. Dabord, si la concurrence natio-nale pour leau sintensifie, les hommes les plus faibles en droits les petits paysans et, parmi eux, les femmes verront leurs droits leau sroder de par la prsence de groupes plus puissants. Ensuite, leau est la ressource fugitive ultime, elle traverse les frontires par le biais des fleuves, des lacs et des aquifres un tat de fait qui souligne le potentiel de tensions transfrontalires dans les rgions soumises au stress hydrique. Il est pos-sible de pallier et dviter ces deux dangers au moyen de politiques publiques et de la coopration internationale cependant, des signaux dalarme clignotent dj sur les deux fronts.

    Lobjectif de ce Rapport, fruit de recherches et danalyses effectues par des experts internationaux et le personnel de lONU, est de susciter le dbat et le dia-logue autour dun certain nombre de points en troite relation avec la ralisation des Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement et de progrs en matire de dveloppement humain.

    Kemal DerviAdministrateur

    Programme des Nations Unies pour le dveloppement

    Les analyses et les recommandations exprimes dans le Rapport ne refltent pas ncessairement les opinions du Pro-gramme des Nations Unies pour le dveloppement, de son Conseil dadministration ou de ses tats membres. Le rapport est une publication indpendante ralise pour le compte du PNUD. Il est le fruit dune collaboration entre des consultants, des conseillers minents et lquipe du Rapport mondial sur le dveloppement humain. Ces travaux ont t dirigs par Kevin Watkins, Directeur du Bureau du Rapport mondial sur le dveloppement humain.

    i iiRAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

  • Remerciements

    Contributions Nombre des tudes de fond, des textes et des notes ont t rdigs partir de sujets thmatiques trs varis relatifs au Rapport. Ces sujets ont t fournis par : Martin Adams, Jos Albiac, Rajindra Ariya-bandu, Jacob Assa, Karen Bakker, Bernard Barra-qu, James Bartram, Jeremy Berkoff, Anders Bern-tell, Helen Bryer, Stephanie Buechler, Ximing Cai, Belinda Calaguas, Lorenzo Cotula, Elizabeth Daley, Andre DeGeorges, Malin Falkenmark, Matthew Gandy, Leonardo Gasparini, Toni German, Mi-cheal Grimm, Alejandro Guevara-Sangins, Lau-rence Haller, Ken Harttgen, Lo Heller, Juan Emilio Hernndez Mazariegos, Caroline Hunt, Guy Hut-ton, Anders Jgerskog, Marion W. Jenkins, Stephan Klasen, Michelle Kooy, Jakub Landovsky, Jan Lundqvist, Boris Maran, Richard R. Marcus, Ernst-Jan Martijn, Gordon McGranahan, Lyla Mehta, Ruth Meinzen-Dick, Mark Misselhorn, Erik Mostert, Synne Movik, Sobona Mtisi, Arnold Mi-chael Muller, Sunita Narain, Alan Nicol, Tobias Pf-tze, David Phillips, Brian Kevin Reilly, Claudia Ring-ler, Vicente Snchez Mungua, Juan J. Snchez-Meza, David Sattherthwaite, Christopher Scott, Dajun Shen, Nur Endah Shofiani, Steven Sugden, Erik Sw-yngedouw, Oumar Sylla, Sahnaz Tigrek, Leopoldo Tornarolli, Cecilia Tortajada, Hkan Tropp, Erika Weinthal, Dale Whittington et Aaron T. Wolf.

    Plusieurs organisations ont gnreusement apport leurs informations ainsi que dautres lments de recherche : le Centre danalyse de linformation relative au gaz carbonique, le Se-crtariat de la communaut caribenne, le Center

    for International Comparisons de lUniversit de Pennsylvanie, Development Initiatives, la Com-mission conomique et sociale pour lAsie et le Paci-fique, la Commission conomique et sociale pour lAmrique latine et les Carabes, la Commission europenne, lOrganisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture, lInstitut de recherche sur le dveloppement, lObservatoire des situations de dplacements internes, lInstitut international de recherche sur les politiques alimentaires, lInstitut international pour lenvironnement et le dvelop-dvelop-pement, lInstitut international dtudes strat-, lInstitut international dtudes strat-giques, lOrganisation internationale du travail, le Fonds montaire international, lOrganisation internationale pour les migrations, lUnion inter-nationale des tlcommunications, lUnion inter-parlementaire, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA, Luxembourg Income Study, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les rfugis, lOrganisation de coopration et de dveloppement conomiques, Practical Action Consulting, lInstitut international de recherche sur la paix de Stockholm, lInstitut international de leau de Stockholm, le Fonds des Nations Unies pour lEnfance, la Confrence des Nations Unies sur le commerce et le dveloppement, le service des statistiques et le service de la population de la Di-vision des affaires conomiques et sociales des Na-tions Unies, le Fonds de dveloppement des Nations Unies pour la femme, lInstitut de statistiques de lOrganisation des Nations Unies pour lducation, la science et la culture, lOffice des Nations Unies contre la drogue et le crime, le Bureau des affaires

    Ce Rapport naurait pas pu voir le jour sans la gnreuse contribution dun grand nombre de personnes et dorganisations. Les auteurs souhaitent exprimer toute leur gratitude Amar-tya Sen, dont le travail a influenc lvolution du Rapport mondial sur le dveloppement humain ces dernires annes. Kemal Dervi, ladministrateur du Programme des Nations Unies pour le dveloppement (PNUD), a fourni un soutien et des encouragements sans faille. Son engagement personnel est trs apprci. Les erreurs et omissions relvent de la seule responsabilit des auteurs.

    i iiRAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

  • juridiques des Nations Unies, WaterAid, la Banque mondiale, lOrganisation mondiale de la sant, lOrganisation mondiale de la proprit intellectu-elle et lOrganisation mondiale du commerce.

    Comit de Consultants Ce Rapport a bnfici dans une trs large mesure des conseils et orientations clairs dexperts mi-nents runis au sein dun comit de consultants extrieurs runissant Karen Assaf, Michel Camdes-sus, Margaret Catley-Carlson, Leonid Dmitriev, Jan Eliasson, David Grey, Wang Hao, Sylvy Jaglin, Sir Richard Jolly, Inge Kaul, Roberto Lenton, Bindesh-war Pathak, Grard Payen, Riccardo Petrella, Clau-dia W. Sadoff, Miguel Solanes, Olinda Sousa, San-dra Suarez Perez, Anna Kajumulo Tibaijuka, Klaus Toepfer, SAR le Prince Willem-Alexander des Pays-Bas, Ngaire Woods et Gordon Young. Le comit de consultants sur les statistiques, compos de Carla Abou-Zahr, Tony Atkinson, Hubert Escaith, Hais-han Fu, Gareth Jones, Ian D. Macredie, Anna N. Majelantle, John Male-Mukasa, Marion McEwin, Saeed Ordoubadi, Francesca Perucci, Tim Smeed-ing, Eric Swanson, Pervez Tahir et Michael Ward, a apport une contribution inestimable. Lquipe re-mercie Karen Frenken, Angela Me et David Pearce, qui ont assur la relecture des statistiques et des don-nes du Rapport et ont apport leur expertise en la matire.

    Consultations Un grand nombre de personnes consultes pendant la rdaction de ce Rapport ont fourni des avis, des in-formations et des documents inestimables. Lquipe remercie Nigel Adderley, Wondu Alemayehu, Serge Allegrezza, Juan Carlos Alurralde, Paul Appasamy, Glauco Arbix, Togzhan Assan, Kaisha Atakha-nova, Dan Banik, Michelle Barron, Aparna Bas-nyat, Ivar A. Baste, Charles Batchelor, Sylvia Beales, Rosangela Berman Bieler, sa Blomstrm, Rutgerd Boelens, Anne Bousquet, Benedito Braga, Marcia M. Brewster, Tony Burton, Eva Busza, Fernando Calderon, Ken Caplan, Markela Castro, Tarek Abou Chabake, Lekha Chakraborty, Mary Chamie, Jacques Charmes, Declan Conway, Esteve Corbera, Priti Darooka, Raj Kumar Daw, Partha Deb, Man-uel Dengo, Catalina Devandas Aguilar, Philip Dobie, Moez Doraid, Kassym Duskayev, Arne Eide, Melissa Eisdell, Pauline Eizema, Elin Enge, Janique Etienne, Merle Douglas Faminow, Jean-Marc Fau-rs, Kimberly Fisher, Richard Franceys, Sakiko Fu-kuda-Parr, Ludmila Funso, Oscar Garcia, Maria Genina, Uladzimir Gerus, Peter Ghys, Donna L. Goodman, Maurizio Guadagni, Irene Guimares Altafin, le prince hritier Haakon de Norvge, Brian

    Hammond, Bente Harstad, Hans Olav Ibrekk, Ar-temy Izmestiev, Kareen Jabre, S. Janakarajan, David Jones, Hazel Jones, Andrei Jouravlev, Tim Kasten, Ashfaq Khalfan, Nariman Kipshakbayev, Aloysius Kiribaki, Karoly Kovacs, Radhika Lal, Jean Langers, Christopher Langton, Bruce Lankford, James Le-nahan, Michael Lipton, Edilberto Loaiza, Mitchell Loeb, Jan Lundqvist, Nora Lustig, Rolf Luyendijk, Howard Mann, Sebastien Martin, Wariara Mbu-gua, Charlotte McClain-Nhlapo, Patrick McCully, David Molden, Daniel Mont, Federico Montero, Trevor Mulaudzi, Carlos Muoz, Teresa Munzi, Naison Mutizwa-Mangiza, Ngila Mwase, Rohini Nayyar, Gunhild Oerstavik, Siddiq Osmani, P. Sainath, Richard Palmer-Jones, Eric Patrick, David Pearce, Agueda Perez, Chris Perry, Henrik Pilgaard, Will Prince, Shammy Puri, Eva Quintana Mourelle, Xavi Ramos, Kalyan Ray, Chris Reij, Nils Rosemann, Shea Rutstein, Steven Sabey, Bharati Sadasivam, Zhanara Sagimbaeva, Julio Sanjines, Lisa Schipper, Janet Seeley, Sharda Sekaran, Yuriko Shoji, Yuriy Shokamanov, Vladimir Smakhtin, David Smith, Petter Stlenheim, Ashok Subramanian, Morten Svelle, Michel Thieren, Hkan Tropp, Tuong To Phuc, Vanessa Tobin, Kerry Turner, Sriti Vadera, Imraan Valodia, Henk van Norden, Veronique Verdeil, Sad Ould A. Voffal, Charles Vorosmarty, Bill Walker, Tessa Wardlaw, Dominic Waughray, Siemon Wezeman, Peter Whalley, Howard White, Florian Wieneke, Lars Wirkus, Albert M. Wright, Nancy Yanez Fuenzalida, Bulat Yessekin, Elizabeth Zaniewski et Windy Zhang.

    Comit de lecture du PNUD Un comit de lecture form de collgues du PNUD a galement formul des remarques et suggestions et apport des lments extrmement utiles au cours de la rdaction de ce Rapport. Lquipe remercie tout particulirement Nada Al-Nashif, Amat Al Aleem Ali Alsoswa, Johan Arvling, Walid Badawi, Michel Balima, Mohamed Bayoumi, Robert G. Bernardo, Razina Bilgrami, Aeneas C. Chuma, Niamh Col-lier-Smith, Pedro Conceio, Philip Dobie, Jafet Enriquez, Sergio Feld, Emilie Filmer-Wilson, Bjoern Foerde, Edith Gassana, Prema Gera, Tegegnework Gettu, Rebeca Grynspan, Tim Hannan, Joakim Harlin, Gilbert Fossoun Houngbo, Andrew Hud-son, Ragnhild Imerslund, Abdoulie Janneh, Bruce Jenks, Gordon Eric Johnson, Nanak Kakwani, Douglas Keh, Rima Khalaf Hunaidi, Olav Kjorven, Elie Kodsi, Oksana Leshchenko, Carlos Linares, Metsi Makhetha, Lamin Manneh, Elena Martinez, Pratibha Mehta, Kalman Mizsei, Cielo Morales, David Morrison, Abdoulaye Ndiaye, Shoji Nishi-moto, Joseph Opio-Odongo, William Orme, Hafiz Pasha, Stefano Pettinato, Gonzalo Pizarro, Martin

    iii ixRAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

  • Santiago, Susanne Schmidt, Guido Schmidt-Traub, Salil Shetty, Moustapha Soumare, Juerg Stauden-mann, Mounir Tabet, Sarah Timpson et Louisa Vinton.

    dition, production et traduction Le Rapport a bnfici dans une trs large mesure des conseils et contributions de lquipe ditoriale de Communications Development Incorporated. Bruce Ross-Larson a fourni des conseils relatifs la structure et la prsentation du Rapport. La rdaction tech-nique et la production ont t assures par Meta de Coquereaumont, Elizabeth Collins et Christopher Trott. La mise en page et la correction dpreuve ont galement t effectues par Communications De-velopment Incorporated. La conception du Rapport (couverture comprise) a t assure par Grundy & Northedge Information Designers. Les cartes et les graphiques du Rapport ont t produits par Philippe Rekacewicz, avec laide de Laura Margueritte.

    La production, la traduction, la distribution et la promotion du Rapport ont t ralises avec laide et le soutien du Bureau des communications du PNUD : Niamh Collier-Smith, Maureen Lynch, David Morrison et Bill Orme. Les traductions ont t revues par Yu Gao, Ccile Molinier, Vladimir

    Scherbov, Rosine Sori Coulibaly, Mounir Tabet et Oscar Yujnovsky.

    Susana Franco (qui a gr le projet relatif aux indicateurs sexospcifiques) et Jonathan Morse ont fourni une aide prcieuse lquipe statistique. Plu-sieurs membres des quipes internes ont galement apport une contribution considrable la rdac-tion du rapport : Paola Adriazola, Carolina Ara-gon, Nurit Bodemann-Ostow, Torsten Henricson-Bell, Roshni Menon, Sarai Nuez Ceron and Min Zhang.

    Gloria Wightman et Juan Arbelaez, du Bu-reau des services de soutien aux projets des Nations Unies, ont fourni une prestation administrative et logistique essentielle.

    Kevin WatkinsDirecteur

    Rapport mondial sur le dveloppement humain 2006

    iii ixRAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

  • Table de matires

    Prface v

    Remerciements vii

    Vue densemble Au-deldelapnurie:Pouvoir,pauvretetcrisemondialedeleau 1

    Chapitre 1 Mettreuntermelacrisedeleauetdelassainissement 25

    Enseignements de lhistoire 28Une croissance conomique et un dveloppement humain dissocis du fait de linscurit de leau 30La rupture eau-assainissement et des progrs qui se font attendre 31

    La crise mondiale actuelle de leau et de lassainissement 31Monde riche contre monde pauvre 31De limportance de la richesse 35... et lassainissement accuse un retard par rapport leau 36Les donnes ne rendent jamais compte de toute lampleur du dficit 37Cots de la crise en matire de dveloppement humain 42Aggravation de la pauvret en termes de revenus limpact de la crise sur les ressources budgtaires 42Retarder les amliorations du taux de mortalit infantile revient instaurer un lien mortel ds la naissance 42Des prjudices nombreux tout au long du cycle de vie 45Augmentation des cots sanitaires au sens plus large 45Une situation qui porte atteinte lducation des filles 47Manque de temps et ingalit de genre exacerbs 48Une dignit humaine altre 48

    Ce sont de loin les pauvres qui sont le plus durement affects par la crise 49Le dficit concerne surtout les pauvres 49Les pauvres paient davantage et plus que leurs moyens financiers ne le leur permettent 51

    Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement et au-del : progresser dans la bonne direction 55Rapport dtape sur la cible fixe au titre des Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement 56Atteindre la cible fixe au titre des Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement permettra de raliser des conomies 58

    Concrtiser le progrs 60Reconnaissance du droit de lHomme que constitue laccs leau et lassainissement 60Dveloppement de stratgies nationales puissantes 61Accrotre laide internationale en faveur de leau et de lassainissement 67Construction du partenariat mondial arguments en faveur dun plan daction mondial pour leau et lassainissement 70

    Chapitre 2 Leaudestinelaconsommationhumaine 75

    Pourquoi les pauvres paient-ils plus cher mais reoivent-ils moins deau ? 80Eau potable et non potable : frontire illusoire entre propret et salet 80Approvisionnement auprs de plusieurs sources 82

    x xiRAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

  • Les prix montent en flche dans les bidonvilles urbains 83Importance des tarifs 84Populations rurales pauvres : les dernires servies 86

    Une gestion des rseaux axe sur lefficacit et lquit 88Prestataires publics : des acteurs cls de lapprovisionnement et du financement 89Prestataires privs : au-del des concessions 91

    Concrtisation des rsultats escompts : les politiques 96Financement public et accs leau des populations urbaines pauvres 97Rle capital de la rglementation 100Desserte des rgions pauvres 102Soutien international au financement local 105

    Chapitre 3 Lampleurdudficitenassainissement 109

    2,6 milliards de personnes prives dassainissement 112Qui se situe o sur lchelle de lassainissement ? 113Le cercle vertueux eau-assainissement-hygine 115

    Pourquoi lassainissement accuse-t-il un tel retard par rapport leau ? 118Lobstacle li aux politiques nationales 118Lobstacle li au comportement 119Lobstacle li la perception 119Lobstacle li la pauvret 119Lobstacle li au genre 120Lobstacle li loffre 120

    Mettre lassainissement la porte de tous 120Les initiatives la base font la diffrence 121Le leadership du gouvernement est essentiel 122Le problme du financement 127Dvelopper des marchs ractifs 127

    La voie suivre 128

    Chapitre 4 Pnuriedeau,risqueetvulnrabilit 131

    Repenser la pnurie dans un monde soumis au stress hydrique 134Comprendre la pnurie 134Franchir les limites de lutilisation durable problmes, politiques et rponses 138Augmenter loffre options et contraintes 148Rglementer la demande dune ressource rare 152

    Faire face aux risques, la vulnrabilit et lincertitude 155Le rle crucial des infrastructures 155Rchauffement de la plante lurgence prvisible 159

    La voie suivre 169

    Chapitre 5 Laconcurrencepourlaccsleaudanslagriculture 171

    Leau et le dveloppement humain liens avec la subsistance 174Lagriculture sous pression les scnarios mergents 175Barrire immuable et force irrsistible 177

    La concurrence, les droits daccs et la rue vers leau 178Les limites des marchs privs de leau 179Lagenda des droits sur leau manque dquit et dautonomisation 181

    x xiRAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

  • Droits coutumiers et formels lexprience de lAfrique subsaharienne 183Les droits sur leau lorigine de privilges 186

    Amliorer la gouvernance des systmes dirrigation 187Rduire le risque de pauvret 188Le financement dans lquit 189Autonomisation le chanon manquant 192

    Laccroissement de la productivit de leau pour les pauvres 195La rcupration de leau et la micro-irrigation 195Des solutions de basse technologie haut rendement pour le dveloppement humain 197

    La voie suivre 199

    Chapitre 6 Lagestiondeseauxtransfrontalires 201

    Linterdpendance hydrologique 204Partager les eaux de la plante 205Suivre le cours deau 206

    Les cots de la non-coopration 209La transmission des tensions en aval 209Des lacs qui rtrcissent, des fleuves qui sasschent 211

    Plaidoyer en faveur de la coopration 215Les rgles du jeu 215Sur le fleuve et au-del 218Ltat de la coopration 221

    La coopration autour du bassin hydrographique au profit du dveloppement humain 224La coopration au niveau du bassin 224Des structures institutionnelles de gestion de leau faibles 226Crer les conditions de la coopration 228

    Notes 233

    Notesbibliographiques 236

    Bibliographie 238

    Encadrs

    Huit raisons pour que le monde prenne des mesures lgard de leau et de lassainissement liens avec les Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement 22

    1.1 Un grand pas en avant dans la Grande-Bretagne du XIXe sicle depuis la rforme de leau jusqu la rforme de lassainissement 29

    1.2 Dissocier les questions de race, de maladie et dingalits dans les villes des tats-Unis 32 1.3 Les toilettes volantes de Kibera : une couverture en eau et en

    assainissement nglige dans les quartiers pauvres de Nairobi 38 1.4 Lcart entre eau et assainissement aux Philippines 40 1.5 Les cots sanitaires du dficit de laccs leau et lassainissement 46 1.6 LAfrique du Sud : intervention dans le domaine de leau en tant que droit 64 2.1 Le lourd hritage du pass : de nombreux rseaux nont pas t conus pour

    atteindre les quartiers pauvres 86 2.2 Leau, la dimension de genre et le manque de temps 87 2.3 Les services publics peuvent tre performants : le dpartement de leau et de

    lassainissement de Porto Alegre en est une excellente illustration 90 2.4 Quel a t le problme des concessions ? Trois checs et trois leons 93 2.5 Politiques de prix favorables aux pauvres en Cte dIvoire 94 2.6 Subventions la consommation deau au Chili : efficacit et quit accrues 98

    xii x i i iRAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

  • 2.7 Bornes-fontaines : elles alimentent les pauvres, mais souvent un prix trop lev 100 2.8 Fiches dvaluation des citoyens : une voix initiatrice de changement 101 2.9 Approvisionnement en eau des rgions rurales du Ghana :

    une approche participative couronne de succs 103 2.10 Leau nest pas le droit de quelques-uns mais celui de tous en Ouganda 104 2.11 Autonomisation des communauts rurales du Maroc : la demande locale induit

    un largissement de la couverture 105 3.1 Invalidit et assainissement 114 3.2 Les enfants en tant quagents du changement 116 3.3 Une initiative la base le projet dOrangi 121 3.4 La campagne dassainissement total au Bangladesh 123 3.5 Sulabh permettre aux populations indiennes dmunies de jouir de lassainissement 124 3.6 Lesotho les progrs en matire dassainissement rural 125 3.7 Lapproche axe sur la concession retenue pour le rseau dgouts de

    Brasilia dimension politique et technologique 126 4.1 Chine grer une crise hydrologique dans une conomie en forte croissance 142 4.2 Le Ymen soumis au stress hydrique 144 4.3 Subventions favorisant lpuisement des ressources en eau souterraine au Mexique 146 4.4 La valeur relle des cosystmes bass sur leau 147 4.5 Accrotre loffre en rduisant la pollution marchs et technologie 148 4.6 Le dessalement et ses limites 150 4.7 Gestion intgre des ressources en eau 154 4.8 Scheresses, inondations et inscurit de lapprovisionnement en eau au Kenya 157 4.9 Fonte des banques deau les dbits deau changent en raison du recul des glaciers 166 5.1 Chili Les marchs de leau et la rforme dans une conomie croissance soutenue 179 5.2 Le commerce de leau dans lOuest des tats-Unis 180 5.3 Les droits sur leau et la redistribution en Afrique du Sud 182 5.4 Le chevauchement des droits sur leau et lingalit des changes aux Philippines 183 5.5 Le textile contre lagriculture dans lOuest de Java 184 5.6 Le droit coutumier et les ingalits au Sngal 185 5.7 Les gagnants et les perdants de la rforme de la politique de leau sur

    le fleuve Pangani en Tanzanie 187 5.8 Irrigation et gestion de leau en Asie centrale 190 5.9 Dlgation de la gouvernance de leau dans lAndhra Pradesh 193 6.1 Au-del du fleuve Les cots de la non-coopration en Asie centrale 214 6.2 Les droits sur leau dans les Territoires palestiniens occups 216 6.3 Lexprience europenne de la gestion des bassins hydrographiques : le Rhin et le Danube 219 6.4 La coopration autour du bassin hydrographique prend de nombreuses formes 225 6.5 Afrique australe Lintgration rgionale par le biais de la coopration

    autour des fleuves internationaux 227 6.6 Le Fonds pour lenvironnement mondial Renforcer le savoir, les capacits et les institutions 229

    Tableaux

    1.1 Cible au titre des Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement : performances antrieures et objectifs en matire deau et dassainissement 56

    2.1 Cebu, Philippines : schmas dutilisation de leau au sein des mnages non raccords au rseau principal de distribution deau 81

    2.2 Fournisseurs deau indpendants : des acteurs importants mais chers dans les villes dAmrique latine 84

    2.3 La participation prive dans les rseaux dapprovisionnement en eau prend de nombreuses formes 91

    4.1 Projection de lutilisation de leau et de sa raffectation des secteurs non agricoles par rgion, 2000 et 2050 139

    4.2 Rchauffement de la plante : seuils et objectifs 160 5.1 Cots dirrigation et valeur de production dans une slection

    de rseaux dirrigation en Asie 191 6.1 De nombreux pays partagent des bassins internationaux 206 6.2 Dans 39 pays, la majeure partie de leau provient de ltranger 210

    xii x i i iRAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

  • 6.3 Les pays prlvent de leau plus rapidement que les rserves ne se reconstituent 210 6.4 Les avantages potentiels dans le sous-bassin de la rivire Kagera 226

    Schmas

    1.1 Une rduction lente du dficit mondial en eau et en assainissement 33 1.2 Des ingalits profondes sur un plan mondial : lcart en matire daccs leau 34 1.3 De nombreux pays sont encore loin de bnficier dune couverture universelle 36 1.4 Revenus et rsultats dans le domaine de leau et de lassainissement :

    une divergence frquente entre richesse et performances 37 1.5 La diarrhe : la deuxime maladie la plus meurtrire chez les enfants 43 1.6 Leau salubre et la mise disposition de toilettes rduisent la mortalit infantile 43 1.7 Leau salubre rduit le risque de diarrhe 44 44 44 1.8 tout comme laccs lassainissement 44 1.9 Le dficit de laccs leau et lassainissement concerne surtout les pauvres 48 1.10 La fracture de leau 49 1.11 La grande fracture de lassainissement 50 1.12 Au Brsil, les pauvres bnficient dune moins bonne couverture en assainissement 50 1.13 Le prix payer lorsque lon est pauvre : leau accapare une part plus leve du budget

    du mnage pour les 20 % des mnages les moins fortuns 51 1.14 Le cot du manque daccs aux services collectifs 52 1.15 Les prix de leau : les pauvres paient plus, les riches paient moins 53 1.16 La fracture de leau au sein des pays : Kenya, Ouganda et Tanzanie 53 1.17 Clivage ville-campagne : les disparits en matire daccs

    lassainissement restent profondes 54 1.18 Certains groupes ethniques bnficient dun accs leau bien infrieur 54 1.19 Disparits rgionales : au Prou, la couverture plus limite dont bnficient

    les provinces les plus pauvres cote des vies 55 1.20 Certaines rgions sont encore trs loin datteindre la cible fixe au titre des Objectifs

    du Millnaire pour le Dveloppement en matire daccs leau et lassainissement 57 1.21 Le taux de couverture en eau diminue en raison dune rapide urbanisation dans certains pays 58 1.22 Leau : une question peu prioritaire dans de nombreux budgets 62 1.23 Dans de nombreux pays, linvestissement public dans leau et lassainissement

    est insuffisant pour rpondre la cible fixe dans le cadre de lObjectif du Millnaire pour le Dveloppement 67

    1.24 Le degr dengagement des bailleurs de fonds varie considrablement, et le niveau de financement est imprvisible 68

    1.25 Certains bailleurs de fonds attachent plus dimportance leau et lassainissement que dautres 69

    2.1 La plupart des mnages de Djakarta obtiennent leur eau de plusieurs sources 81 2.2 Les services collectifs de distribution fournissent leau la moins chre 83 2.3 En gnral, le prix de leau fournie par les services collectifs augmente avec le volume 85 2.4 qui profitent les subventions dans le secteur de leau ? 99 2.5 La tarification minimale fonctionne si le taux de raccordement est lev 100 3.1 La progression sur lchelle de lassainissement a des implications

    financires autant que sanitaires 113 3.2 Les bienfaits de lassainissement dpendent de laction des mnages et de la communaut 115 3.3 Au Vit Nam, les pauvres sont largement sur la touche 119 3.4 Assainissement au Cambodge : les disparits lies la richesse 120 3.5 Extension de laccs lassainissement en Colombie et au Maroc grce

    une croissance bnficiant en priorit aux pauvres 124 4.1 Dclin de la disponibilit en eau 136 4.2 Selon les projections, la pnurie deau devrait gagner en intensit dans plusieurs rgions 136 4.3 Le stress hydrique sintensifie lchelle mondiale 137 4.4 Notre monde plus riche et plus assoiff 137 4.5 Comment le monde utilise son eau 138 4.6 Lagriculture reste la plus grande consommatrice deau 138 4.7 La variabilit des revenus suit la variabilit des prcipitations en thiopie 156 4.8 Ingalits marques dans la capacit rduire les risques 158

    xi xRAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

  • 4.9 Notre monde se rchauffera nettement au cours du prochain sicle 160 4.10 Rchauffement de la plante : la stabilisation ncessitera des

    rductions drastiques des missions 161 4.11 Aides lagriculture en baisse 169 5.1 Laccs leau dirrigation peut rduire la pauvret et la vulnrabilit 175 5.2 LAfrique subsaharienne a le plus faible taux dagriculture irrigue

    par rapport lagriculture pluviale non irrigue 177 5.3 LAsie compte plus de la moiti des terres irrigues dans le monde 177 5.4 Lirrigation se traduit par une pauvret moindre dans de nombreux pays en dveloppement 188 5.5 Productivit agricole et quit sont souvent troitement lies 189 5.6 Volume Gagnants en tte de ligne, perdants en fin de ligne 189 5.7 et les agriculteurs en fin de ligne sont plus pauvres 189 5.8 La rcupration de leau en baisse en Inde 196 6.1 Les conflits autour de leau portent essentiellement sur les volumes, la coopration

    peut tre beaucoup plus vaste 221 6.2 Au-del du volume les accords sur leau couvrent de nombreux domaines 222

    Cartes

    4.1 La consommation excessive deau dgrade lenvironnement dans de nombreux bassins importants 140

    4.2 Le changement climatique causera une diminution du ruissellement dans de nombreuses rgions 162

    4.3 Le changement climatique menace de rduire la productivit cralire dans une bonne partie de lAfrique subsaharienne 164

    4.4 Le changement climatique saccompagnera dune diminution du nombre de jours de prcipitations en Inde 167

    6.1 Les bassins hydrographiques et lacustres dAfrique traversent de nombreuses frontires 207 6.2 Le Mkong gnre des moyens de subsistance transfrontaliers 208 6.3 La disparition du lac Tchad 211 6.4 Le rtrcissement de la mer dAral : les cots environnementaux du coton 213

    Contributions spciales

    Concentrer le financement lors des tapes initiales dcisives pour pouvoir rpondre lObjectif du Millnaire pour le Dveloppement en matire deau et dassainissement, Gordon Brown et Ngozi Okonjo-Iweala 72

    Laccs leau salubre est un besoin vital et un droit de lHomme fondamental, Kofi Annan 78 Leau salubre, accessible et abordable constitue un droit de lHomme et un pilier du

    dveloppement conomique et social, Luiz Incio Lula da Silva 79 Leau et lassainissement : un dfi de taille, que nous sommes toutefois en mesure

    de relever, Jimmy Carter 117

    Indicateurs du dveloppement humain

    Ltatdudveloppementhumain 263

    Guidedulecteuretnotesrelativesauxtableaux 274

    Mesurerledveloppementhumain:accrotreleschoix... 1 Indicateur du dveloppement humain 283 1a Indicateurs de base pour les autres pays de lONU 287 2 Indicateur de dveloppement humain : tendances 288 3 Pauvret humaine et en termes de revenu : pays en dveloppement 292 4 Pauvret humaine et en termes de revenu : Pays de lOCDE,

    Europe centrale et orientale et CEI 295

    xi xRAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

  • xi 1RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006xi 1RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

    ...Vivrelongtempsetenbonnesant... 5 Tendances dmographiques 297 6 Assurer la sant : ressources, accs et services 301 7 Eau, conditions sanitaires et nutrition 305 8 Ingalits en matire de sant chez les mres et les enfants 309 9 Crises et risques majeurs pour la sant lchelle mondiale 311 10 Survie : progrs et reculs 315

    ...Acqurirunsavoir... 11 Assurer lducation : dpenses publiques 319 12 Alphabtisation et scolarisation 323 13 Technologie : diffusion et cration 327

    ...Accderauxressourcespermettantdassurerunniveaudeviedcent... 14 Paramtres conomiques 331 15 Ingalits en termes de revenus ou de dpenses 335 16 Structure des changes 339 17 Responsabilits des pays riches : laide 343 18 Flux daide, de capitaux privs et de dette 344 19 Priorits dans les dpenses publiques 348 20 Le chmage dans les pays de lOCDE 352

    ...toutenlesprservantpourlesgnrationsfutures... 21 nergie et environnement 353

    ...vivrelabridelinscurit... 22 Rfugis et armements 357 23 Victimes de la criminalit 361

    ...etparvenirlgalitentrehommesetfemmes 24 Indicateur sexospcifique du dveloppement humain 363 25 Indicateur de la participation des femmes 367 26 Ingalits entre femmes et hommes en termes dducation 371 27 Ingalits entre femmes et hommes dans lactivit conomique 375 28 Charge de travail et emploi du temps des hommes et des femmes 379 29 Participation des femmes la vie politique 380

    TextesrelatifsauxdroitsdelHommeetdestravailleurs 30 tat des principaux textes internationaux relatifs aux droits de lHomme 384 31 tat des conventions relatives aux droits fondamentaux du travail 388

    Notetechnique1 393

    Notetechnique2 400

    Notetechnique3 402

    Dfinitionsdestermesstatistiques 404

    Rfrencesstatistiques 411

    Classificationdespays 413

    Indexdesindicateurs 417

    IndexdesindicateursrelatifsauxObjectifsduMillnairepourleDveloppement

    danslestableauxstatistiques 421

  • xi 1RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006xi 1RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

    Leau de cet tang nest pas bonne. Nous la puisons car nous navons pas dautre choix. Tous les animaux boivent leau de cet tang, tout comme les membres de la communaut. cause de leau, nous attrapons aussi toutes sortes de maladies.

    Zenebech Jemel, Chobare Meno, thiopie

    Bien sr que je prfrerais tre l cole. Je veux apprendre lire et crire Mais comment faire ? Ma mre a besoin de moi pour aller chercher leau.

    Yeni Bazan, 10 ans, El Alto, Bolivie

    Les conditions ici sont terribles. Les eaux uses sont partout. Elles polluent notre eau. La plupart des gens se servent de seaux et de sacs plastique en guise de toilettes. Nos enfants souffrent en permanence de diarrhe et dautres maladies en raison de lextrme salet.

    Mary Akinyi, Kibera, Nairobi, Kenya

    Elles [les usines] utilisent tant deau alors que nous en avons peine assez pour nos besoins lmentaires, et encore moins pour arroser nos rcoltes.

    Gopal Gujur, agriculteur, Rajasthan, Inde

    Quatre chos provenant de quatre pays runis autour dun seul et mme thme : le manque daccs leau. Les statistiques sont l, qui mesurent ce manque, mais derrire les chiffres se cachent plusieurs millions de visages humains dans limpossibilit de raliser leur potentiel. Leau, essence de la vie et un des droits de lHomme fondamentaux, est au centre dune crise que traversent au quotidien plusieurs millions dtres humains parmi les plus vulnrables au monde crise dune ampleur dvastatrice qui menace des vies et d-truit les moyens de subsistance.

    Contrairement aux guerres et aux catastrophes naturelles, la crise mondiale de leau ne fait pas les gros titres des mdias. Elle ne mobilise pas non plus laide internationale. Tout comme la faim dans le monde, le manque daccs leau est un flau silen-cieux qui frappe les pauvres tout en restant tolr par ceux qui possdent les ressources, la technologie et le pouvoir politique ncessaires pour y mettre fin. Pourtant, il sagit dune crise qui constitue un frein

    au progrs humain, laissant des tranches importantes de la population en proie la pauvret, la vulnra-bilit et linscurit. Cette crise tue plus par la ma-ladie que nimporte quelle guerre par les armes. Elle accentue galement les diffrences intolrables en ma-tire dgalit des chances qui divisent notre monde toujours plus prospre et interdpendant en nations riches et pauvres tout comme elles divisent les popu-lations au sein mme des nations sur la base de la ri-chesse, du genre et dautres facteurs dingalit.

    Rsoudre la crise de leau et de lassainissement est lun des grands dfis du dveloppement humain de ce dbut de XXIe sicle. Parvenir relever ce dfi tra-vers une action nationale et internationale concerte servirait de moteur au progrs dans les domaines de la sant publique, de lducation et de la rduction de la pauvret et permettrait de dynamiser lconomie. Cela donnerait une impulsion dcisive aux Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement, savoir les ob-jectifs fixs par les gouvernements sur la base dun par-

    Vue densemble

    Au-del de la pnuriePouoir, pauret et crise mondiale de leau

    La crise mondiale de

    leau laisse des tranches

    importantes de la

    population en proie la

    pauvret, la vulnrabilit

    et linscurit

  • 2 3RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 20062 3RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

    tenariat mondial de lutte contre la pauvret. Lautre solution consiste toujours tolrer un niveau de souf-frances vitables et de pertes de potentiel humain, ce que tous les gouvernements devraient considrer comme un comportement thiquement indfendable et conomiquement prjudiciable.

    De leau pour vivre, de leau pour garantir les moyens de subsistance

    Selon le Coran, leau est source de vie. Ce simple ensei-gnement renferme une sagesse plus profonde encore. Les hommes ont besoin deau comme ils ont besoin doxygne. Sans eau, pas de vie. Mais leau est gale-ment source de vie dans un sens bien plus large. Les hommes ont besoin deau salubre et de systmes das-sainissement pour rester en bonne sant et prserver leur dignit. En outre, au-del du niveau domestique, leau permet de prserver les cosystmes et fournit une aide prcieuse aux systmes de production qui ga-rantissent les moyens de subsistance.

    Enfin, le dveloppement humain se base sur la ralisation dun potentiel. Il est le fondement des ac-complissements et de lavenir des hommes cest--dire de leurs capacits sur lequel repose leur libert dexercer de vrais choix de vie. Leau sinfiltre dans tous les aspects du dveloppement humain. Si lon refuse lhomme laccs leau salubre usage domestique ou laccs leau en tant que ressource productive, ses choix et liberts sont restreints cause de la maladie, la pauvret et la vulnrabilit. Leau est source de vie y compris en ce qui concerne le dveloppement humain et la libert de lhomme.

    Dans le Rapport mondial sur le dveloppement humain de cette anne, nous allons nous pencher sur deux volets distincts de la crise mondiale de leau. Le premier volet, abord aux chapitres 1 3, sera intitul De leau pour vivre . Donner accs une eau sa-lubre, liminer les eaux uses et fournir des systmes dassainissement constituent trois des bases les plus fondamentales du progrs humain. Nous consid-rerons le prix payer en labsence dintervention vi-sant instaurer ces bases et exposerons certaines des stratgies ncessaires en vue de gnraliser laccs universel leau et lassainissement. Le deuxime volet, intitul De leau pour garantir les moyens de subsistance , fera lobjet des chapitres 4 6. Nous y voquerons leau en tant que ressource productive partage au sein des nations et au-del des frontires, en mettant en vidence les dfis gigantesques auxquels de nombreux gouvernements se trouvent confronts lheure actuelle en ce qui concerne la gestion quitable et efficace de leau.

    Daucuns pensent que les dfis en matire deau lchelle mondiale relvent uniquement de la p-

    nurie. Lidologie de Thomas Malthus, qui au XIXe sicle dconcerta les leaders politiques en prdisant des pnuries alimentaires pour le futur, sinsinue de plus en plus dans les dbats internationaux sur leau. Largument avanc suit la logique arithmtique : tant donn laccroissement de la population et la demande grandissante en eau sur Terre, lon arrive la sinistre dduction que lavenir sera marqu par une pnurie deau. Nous rfutons ce point de dpart. La disponibi-lit en eau constitue certes un problme pour certains pays, mais la pnurie au centre de la crise mondiale de leau trouve ses origines dans le pouvoir, la pauvret et les ingalits, non dans la disponibilit physique.

    Ceci est dautant plus visible dans le domaine de leau en tant que source de vie. Aujourdhui, prs d1,1 milliard dtres humains vivant dans des pays en dve-loppement ne peuvent accder leau de manire ap-proprie et 2,6 milliards de personnes ne bnficient pas de systmes dassainissement de base. Ces deux d-ficits trouvent leur origine dans les institutions et les choix politiques, non dans la disponibilit en eau. Les besoins domestiques en eau ne reprsentent quune infime fraction de leau utilise, en gnral moins de 5 % au total, mais il existe dnormes ingalits en matire daccs leau salubre et lassainissement au niveau domestique. Les habitants des quartiers aiss de certaines villes dAfrique subsaharienne, dAmri-que latine et dAsie ont la chance davoir accs des centaines de litres deau par jour qui leurs sont four-nis domicile pour un prix modique par les services publics. Paralllement, les habitants des bidonvilles et les mnages pauvres vivant dans les zones rurales de ces mmes pays disposent de moins de 20 litres deau par jour et par personne pour satisfaire leurs besoins les plus lmentaires. Les femmes et les jeunes filles doivent supporter un double inconvnient puisque ce sont elles qui sacrifient leur temps et leur ducation pour aller chercher de leau.

    Globalement, la mme chose sapplique leau en tant que source de moyens de subsistance. Dans le monde entier, lagriculture et lindustrie sadaptent aux contraintes hydrologiques de plus en plus svres. Mais alors que la pnurie constitue un problme trs rpandu, ce problme nest pas vcu par tous. Dans les rgions de lInde soumises au stress hydrique, des pompes dirrigation extraient leau des aquifres 24 heures sur 24 pour les riches exploitants agricoles, tandis que les petits propritaires voisins dpendent des caprices de la pluie. Ici aussi, la cause sous-jacente la pnurie deau est, dans la majorit des cas, dor-dre institutionnel et politique et non le rsultat dun manque physique de ressources. Dans de nombreux pays, la pnurie rsulte de politiques publiques qui ont encourag la surexploitation de leau par le biais de subventions et dune sous-tarification.

    Les ressources en eau sont plus que suffisantes au niveau mondial pour les besoins domestiques, pour

    La pnurie au centre de

    la crise mondiale de leau

    trouve ses origines dans

    le pouvoir, la pauvret et

    les ingalits, non dans la

    disponibilit physique

  • 2 3RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 20062 3RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

    lagriculture et pour lindustrie. Le problme rside dans le fait que certaines personnes notamment les pauvres sont systmatiquement exclues de laccs leau en raison de leur pauvret, de leurs droits juridi-ques restreints ou en consquence de politiques pu-bliques limitant laccs aux infrastructures qui four-nissent leau en tant que source de vie et de moyens de subsistance. En bref, la pnurie est gnre travers des processus et des institutions politiques qui pna-lisent les pauvres. Dans de nombreux pays, lorsquil sagit deau salubre, la difficult repose sur le fait que le pauvre reoit moins, paie plus et doit supporter les cots du dveloppement humain lis la pnurie.

    Scurit humaine, citoyennet et justice socialeIl y a plus de dix ans, le Rapport mondial sur le dvelop-pement humain 1994 introduisait le concept de scu-rit humaine au sein du dbat plus vaste sur le dvelop-pement. Lobjectif tait daller au-del des conceptions restreintes de la scurit nationale, qui reposaient sur les notions de menace militaire et de protection des objectifs stratgiques de politique trangre, pour se tourner vers une vision de la scurit fonde sur la vie des tres humains.

    La scurit de lapprovisionnement en eau fait par-tie intgrante de cette conception plus large de la scu-rit humaine. Globalement, la scurit de lapprovision-nement en eau consiste garantir chaque personne un accs fiable une quantit suffisante deau salubre un prix raisonnable afin de lui permettre de vivre de manire productive, en bonne sant et dans la dignit, tout en prservant les cosystmes qui fournissent leau et dpendent galement de celle-ci. Si ces conditions ne sont pas runies ou si laccs leau est interrompu, les hommes sont confronts des risques levs sur le plan de la scurit humaine en raison de leur sant prcaire et du manque de moyens de subsistance.

    Dans la socit du dbut du XXIe sicle, les pro-blmes de scurit nationale occupent une place pr-pondrante sur la scne internationale. Les conflits violents, les inquitudes propos des menaces terro-ristes, la prolifration des armes nuclaires et la hausse du commerce illgal darmes et de drogues donnent tous lieu de grands dfis. Dans ce contexte, il est fa-cile de perdre de vue les fondements de la scurit hu-maine, y compris ceux lis leau. Le nombre denfants morts chaque anne (1,8 million) en raison de linsa-lubrit de leau et de la dficience de lassainissement dpasse de loin les pertes occasionnes par les conflits violents. Aucun acte terroriste nest aussi dvastateur sur le plan conomique que la crise de leau et de las-sainissement. Pourtant cette question est rarement lordre du jour sur la scne internationale.

    Ce nest pas seulement le contraste avec les imp-ratifs de scurit nationale qui est frappant. lheure

    actuelle, laction internationale visant contrer la crise du VIH/SIDA a t institutionnalise dans les programmes du Groupe des Huit. Menac dune crise sanitaire probable sous la forme de la grippe aviaire, le monde se mobilise rapidement pour dresser un plan daction international. Mais la ralit vivante de la crise de leau et de lassainissement ne suscite que dinfimes ractions isoles. Pourquoi ? Lune des ex-plications possibles est que, contrairement au VIH/SIDA et la grippe aviaire, la crise de leau et de las-sainissement constitue la menace la plus immdiate et directe lencontre des personnes dfavorises vivant dans les pays pauvres groupe dont le poids est in-suffisant pour influencer la vision internationale de la scurit humaine.

    Outre ses consquences destructrices largement apparentes sur les populations, linscurit de lappro-visionnement en eau transgresse certains des princi-pes les plus lmentaires de justice sociale. Parmi ces principes, citons : L galit dans la citoyennet. Tous les tres hu-

    mains disposent des mmes droits civils, politi-ques et sociaux, y compris de la facult dexercer ces droits dans la pratique. Linscurit de lap-provisionnement en eau compromet laccs ces droits. Une femme qui passe de longues heures rcolter leau ou qui souffre constamment de maladies lies linsalubrit de leau dispose de peu de moyens pour participer la vie en socit, mme si elle peut prendre part aux lections de son gouvernement.

    Le minimum social. Tous les citoyens devraient avoir accs des ressources suffisantes pour leur permettre de satisfaire leurs besoins lmentaires et de vivre dans la dignit. Leau salubre fait par-tie de ce minimum social, correspondant une quantit minimale de 20 litres deau par personne et par jour.

    L galit des chances. Lgalit des chances, fon-dement de la justice sociale, est compromise par linscurit de lapprovisionnement en eau. La plupart des gens reconnatraient que lducation fait partie intgrante de lgalit des chances. Par exemple, les enfants incapables de suivre une scolarit en raison daccs incessants de maladies lies linsalubrit de leau ne jouissent pas de manire satisfaisante de leur droit lducation.

    Une distribution quitable. Toutes les socits fixent leurs propres limites aux ingalits quel-les estiment justifiables. Les ingalits profondes en matire daccs des mnages leau salubre ou daccs leau en tant que ressource pour la production agricole ne permettent pas de g-nrer une distribution quitable, notamment si elles saccompagnent de niveaux levs, mais nanmoins vitables, de mortalit infantile et de pauvret.

    Les ressources en eau

    sont plus que suffisantes

    au niveau mondial pour

    les besoins domestiques,

    pour lagriculture et

    pour lindustrie. Le

    problme rside dans

    le fait que certaines

    personnes notamment

    les pauvres sont

    systmatiquement exclues

  • 4 5RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 20064 5RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

    Le concept de leau en tant que droit de lHomme reflte ces inquitudes sous-jacentes. Comme la sou-lign le Secrtaire gnral des Nations Unies, lac-cs leau salubre est un besoin vital et un droit de lHomme fondamental . Veiller au respect du droit de lHomme leau salubre est une fin en soi et consti-tue un moyen de renforcer les droits plus gnraux dfinis dans la Dclaration universelle des droits de lHomme et dautres instruments juridiques contrai-gnants y compris le droit la vie, lducation, la sant et un logement dcent. Garantir chaque per-sonne un accs au moins 20 litres deau salubre par jour pour satisfaire ses besoins lmentaires consti-tue une exigence minimale pour assurer le respect du droit leau et devrait tre lobjectif minimum des gouvernements.

    Les droits de lHomme ne sont pas un luxe su-perflu. Ils ne constituent pas non plus une disposi-tion lgale volontaire que lon accepte ou que lon abandonne dun gouvernement lautre. Ce sont des obligations qui refltent les valeurs universelles et en-gagent la responsabilit des gouvernements. Pourtant, le droit de lHomme leau est enfreint en toute im-punit large chelle et de manire systmatique et ce sont les droits des pauvres qui font lobjet des abus les plus graves.

    Atteindre les Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement lhorizon 2015 un test dhumanitMoins de 10 ans nous sparent actuellement de lhori-zon 2015 chance fixe pour atteindre les Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement; ces objectifs assortis de dlais dfinis par la communaut interna-tionale visent rduire lextrme pauvret et la faim dans le monde, faire baisser la mortalit infantile, garantir aux enfants laccs lducation et vaincre les ingalits de genre. Les progrs en la matire d-pendront de la rponse des gouvernements la crise de leau.

    Les Objectifs du Millnaire pour le Dveloppe-ment procurent une rfrence pour mesurer le progrs ralis vers la concrtisation du droit de lHomme leau. Cest pourquoi, rduire de moiti la popula-tion mondiale qui ne dispose pas dun accs durable leau potable et aux infrastructures lmentaires dassainissement (Objectif 7, cible 10) constitue une cible fondamentale en soi. Atteindre ce but est crucial pour la ralisation dautres objectifs. Une eau salubre et un assainissement dcent permettraient de sauver la vie dinnombrables enfants, de soutenir les efforts entrepris en matire dducation et de librer les po-pulations des maladies qui les maintiennent dans la pauvret.

    Il est impratif de ne pas sous-estimer lurgence datteindre lObjectif du Millnaire pour le Dvelop-

    pement en matire deau et dassainissement. Mme si les objectifs sont atteints, lanne 2015 verra toujours plus de 800 millions dtres humains privs deau et 1,8 milliard de personnes prives de structures das-sainissement. Pourtant, malgr les progrs raliss, le monde ne russit pas pleinement faire face tous les besoins, en particulier dans les pays les plus pauvres. Pour modifier cette image, il est ncessaire de pour-suivre laction au cours de la prochaine dcennie et de lassocier un abandon des pratiques actuelles consi-dres comme le modle suivre.

    Lhorizon 2015 est une chance importante pour des raisons dordre pratique et symbolique. Sur le plan pratique, il nous rappelle que le temps passe et quil est grand temps de mettre en uvre les investissements et les politiques ncessaires lobtention des rsultats souhaits. Sur le plan symbolique, lan 2015 revt une signification plus profonde. La situation du monde cette date refltera la situation de la coopration in-ternationale daujourdhui. Cest ce moment que les leaders politiques ayant sign la convention relative aux Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement pourront se pencher sur les progrs accomplis et que sera rendu le verdict : cette convention sest-elle distin-gue par ses manquements ou par son respect ?

    Au cours de lanne 2015 se produira un autre vnement moins important, mais tout aussi symbo-lique. LAdministration nationale de laronautique et de lespace (NASA) lancera son projet Jupiter Icy Moons . Grce une technologie actuellement en cours de dveloppement, une navette spatiale sera mise en orbite autour de trois des lunes de Jupiter afin dtudier la composition des immenses lacs sous-gla-ciaires deau sale et de dterminer si lon y retrouve des conditions propices lapparition de la vie. Liro-nie sous-jacente au fait que lhumanit dpense des milliards de dollars dans lexploration du potentiel de vie sur dautres plantes prendrait une significa-tion puissante et tragique si, paralllement, nous permettions la destruction de la vie et des capacits humaines sur la plante Terre en raison dun manque de technologies bien moins sophistiques ncessaires ltablissement dinfrastructures dapprovisionne-ment en eau salubre et dassainissement accessibles tous. Procurer un verre deau potable et des toilettes peut constituer une vritable gageure, mais ne relve en aucun cas de la science arospatiale.

    Le Mahatma Gandhi a un jour dclar que la diffrence entre ce que nous faisons et ce que nous sommes capables de faire suffirait rsoudre la plu-part des problmes dans le monde . Applique aux Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement, cette observation revt une signification profonde. La combinaison sans prcdent de ressources et de tech-nologies dont nous disposons lheure actuelle rend largument selon lequel les objectifs fixs pour lhori-zon 2015 relvent de limpossible intellectuellement

    Garantir chaque personne

    un accs au moins

    20 litres deau salubre

    par jour constitue une

    exigence minimale pour

    assurer le respect du droit

    de lHomme leau

  • 4 5RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 20064 5RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

    et moralement indfendable. Nous ne devons pas nous satisfaire de progrs ne permettant pas de ra-liser pleinement les objectifs fixs ni nous contenter de demi-mesures qui ngligent des rgions entires de lhumanit.

    De leau pour vivre la crise mondiale de leau et de lassainissementLeau salubre et lassainissement figurent parmi les moteurs les plus puissants du dveloppement humain. Ils gnrent des opportunits, renforcent la dignit et soutiennent la cration dun cercle vertueux au sein duquel la sant samliore pour son tour engendrer des richesses.

    lheure actuelle, les hommes vivant dans les pays riches ne sont que vaguement conscients de la manire dont leau salubre a encourag le progrs social dans leurs propres pays. Il y a un peu plus dun sicle, Lon-dres, New York et Paris taient des foyers de maladies infectieuses telles que diarrhe, dysenterie et fivre typhode qui mettaient en pril la sant publique. Les taux de mortalit infantile taient alors aussi le-vs que les taux actuels dans la plupart des pays dAfri-que subsaharienne. Laccroissement des richesses g-nr par lindustrialisation a certes fait progresser les revenus, mais la mortalit infantile et lesprance de vie nont pratiquement pas volu.

    Les rformes radicales mises en uvre dans le secteur de leau et de lassainissement ont modifi ce paysage. Leau salubre a t lorigine de lessor du progrs humain. Motivs par les coalitions en faveur de la rforme sociale, par le sens moral et par leurs in-trts conomiques propres, les gouvernements ont plac leau et lassainissement au centre dun nouveau contrat social entre ltat et les citoyens. En lespace dune gnration, ils ont mis en place le systme de financement, la technologie et les rglementations ncessaires pour garantir laccs de tous leau et aux infrastructures dassainissement.

    Les nouvelles infrastructures ont permis de briser le lien entre leau insalubre et les maladies infectieu-ses. Selon une estimation, la purification de leau est lorigine dune diminution de moiti de la mortalit aux tats-Unis au cours du premier tiers du XXe si-cle. En Grande-Bretagne, le dveloppement de lassai-nissement a contribu augmenter lesprance de vie de 15 ans au cours des quatre dcennies qui ont suivi les annes 1880.

    Le clivage entre lassainissement et leauDans les pays riches, il suffit dsormais dactionner le robinet pour obtenir de leau salubre. Les installations sanitaires prives sont devenues monnaie courante. Les pnuries deau peuvent parfois tre source din-quitudes dans certains pays, mais il faut relativiser

    ces dsagrments. Dans les pays riches, les enfants ne meurent pas cause dun manque deau potable et les jeunes filles ne sont pas obliges de manquer lcole parce quelles doivent faire de longs trajets pour puiser leau des ruisseaux ou des rivires. Et les maladies in-fectieuses vhicules par leau ne subsistent que dans les livres dhistoire; elles ont dsert les salles commu-nes des hpitaux et les morgues.

    Le contraste avec les pays pauvres est frappant. Alors que le manque daccs leau frappe ingale-ment travers les rgions, les faits en relation avec la crise mondiale de leau parlent deux-mmes. Prs d1,1 milliard dtres humains vivant dans les pays en dveloppement nont pas accs une quantit mini-male deau salubre. Bien que lAfrique subsaharienne enregistre les taux de couverture les plus faibles, la plupart des personnes prives deau salubre vivent en Asie. Le manque daccs lassainissement est un ph-nomne encore plus rpandu. Quelque 2,6 milliards dtres humains soit la moiti de la population des pays en dveloppement nont pas accs des dispo-sitifs dassainissement de base. Par ailleurs, la sous-dclaration systmatique a pour consquence que ces chiffres sont en dessous de la ralit.

    Ne pas avoir accs leau et aux dispositifs dassainissement est un euphmisme courtois pour dsigner une forme de privation qui menace des vies, dtruit toute opportunit et porte atteinte la dignit humaine. Pour les populations pauvres, ne pas avoir accs leau signifie utiliser leau des fosss, des rivi-res et des lacs pollus par des matires fcales dorigine humaine ou animale, ou encore employer la mme eau que les animaux. Cela signifie galement ne pas dis-poser dassez deau pour satisfaire ne serait-ce que les besoins humains les plus lmentaires.

    Bien que les besoins lmentaires soient variables, la quantit minimale est denviron 20 litres deau par jour. La plupart des 1,1 milliard dtres humains r-pertoris comme tant privs daccs leau salubre se contentent denviron 5 litres par jour soit un dixime du volume quotidien moyen utilis dans les pays riches pour tirer la chasse deau. En moyenne, les populations europennes en utilisent plus de 200 litres et plus de 400 litres pour les tats-Unis. Lors-quun Europen tire la chasse deau ou quun Amri-cain prend une douche, il emploie plus deau que la quantit disponible pour des centaines de millions dindividus vivant dans les bidonvilles urbains ou dans les rgions arides des pays en dveloppement. Dans les pays riches, un robinet qui fuit gaspille plus deau que la quantit disponible chaque jour pour plus d1 milliard de personnes.

    Pour certaines personnes, ne pas avoir accs des dispositifs dassainissement implique tre oblig de dfquer dans des champs, des fosss et des seaux. Les toilettes volantes de Kibera, un bidonville de Nai-robi au Kenya, tmoignent de ce que signifie tre priv

    Ne pas avoir accs

    leau et aux dispositifs

    dassainissement est un

    euphmisme courtois

    pour dsigner une forme

    de privation qui menace

    des vies, dtruit toute

    opportunit et porte atteinte

    la dignit humaine

  • 6 7RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 20066 7RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

    de moyens dassainissement. Dpourvus de toilettes, les gens dfquent dans des sacs plastique quils jet-tent mme la rue. Labsence de toilettes occasionne des problmes particulirement graves de sant publi-que et de scurit pour les femmes et les jeunes filles. En matire dassainissement comme en matire deau, lingalit de genre est lorigine du cot humain des inconvnients quelle gnre.

    Laccs leau et lassainissement renforce cer-tains enseignements bien ancrs en matire de dve-loppement humain. En moyenne, les taux de cou-verture dans ces deux domaines augmentent avec le revenu : un accroissement des richesses est suscepti-ble dentraner une amlioration de laccs leau et lassainissement. Mais il existe de grandes varia-tions autour de la moyenne. Certains pays tels le Bangladesh et la Thalande pour lassainissement, et Sri Lanka et le Viet Nam pour leau sen sortent beaucoup mieux que prvu sur la seule base du re-venu. Dautres tels que lInde et le Mexique pour lassainissement sen sortent beaucoup moins bien. La leon quil faut en tirer est la suivante : le revenu revt certes de limportance, mais ce sont les politi-ques publiques qui influencent la transformation du revenu en dveloppement humain.

    Des cots colossaux pour le dveloppement humainLe manque daccs leau et lassainissement a un effet multiplicateur. Ont t recenses au nombre des cots pour le dveloppement humain, les prjudices suivants : Environ 1,8 million de dcs denfants dus la

    diarrhe chaque anne soit 4 900 dcs par jour ou encore un nombre de dcs denfants de moins de cinq ans quivalent aux populations de New York et de Londres runies. eux deux, linsalu-brit de leau et la dficience de lassainissement constituent la deuxime principale cause de mor-talit infantile au monde. En 2004, le nombre de dcs dus la diarrhe tait de six fois sup-rieur au nombre annuel moyen de morts dans les conflits arms dans les annes 1990.

    La perte de 443 millions de jours de scolarit chaque anne en raison de maladies vhicules par leau.

    Prs de la moiti de toutes les personnes qui vivent dans les pays en dveloppement souf-frant un moment donn dun problme de sant en raison du dficit de laccs leau et lassainissement.

    Des millions de femmes passant plusieurs heu-res par jour puiser de leau.

    Des vies entires marques par la misre pour des millions de personnes qui affrontent la maladie et la perte dopportunits en matire

    dducation durant leur enfance et la pauvret qui en rsulte lge adulte. ces cots humains, il faut ajouter la dgra-

    dation massive de lconomie qui accompagne le dficit de laccs leau et lassainissement. Il est intrinsquement difficile de mesurer ces cots. Nanmoins, une nouvelle tude mene dans le cadre du Rapport mondial sur le dveloppement humain de cette anne souligne limmensit des pertes subies dans certaines rgions les plus pau-vres du monde. Cette tude a mis en vidence les cots lis aux dpenses de sant, la perte de productivit et labsentisme au travail.

    Les pertes subies sont plus importantes dans certains des pays les plus pauvres. Les pertes de lAfrique subsaharienne reprsentent environ 5 % de son PIB, soit quelque 28,4 milliards USD chaque anne, un chiffre qui dpasse le montant total de laide et de lallgement de la dette allou la rgion en 2003. un aspect majeur, ces cots conomiques agrgs dissimulent limpact rel du dficit de laccs leau et lassainissement. Dans leur majorit, ces pertes sont supportes par les mnages qui se situent en dessous du seuil de pauvret, ce qui retarde les efforts des pauvres pour sortir de la pauvret.

    En termes defficacit, les investissements dans leau et lassainissement sont en mesure de gnrer un rendement lev. 1 USD investi dans ce secteur en rapporte en moyenne 8 grce une baisse des cots et la ralisation de gains de productivit. Au-del du simple profit, lam-lioration de laccs leau et aux moyens dassai-nissement peut gnrer des effets dynamiques long terme, lesquels stimuleront lefficacit conomique.

    Si lon mesure le dficit en eau et en assai-nissement au lot de souffrances humaines, aux pertes conomiques ou l extrme pauvret quil gnre, on dcouvre que la facture est ter-riblement sale. De lautre ct de la mdaille se trouve le potentiel disponible pour rduire ce dficit en vue de dynamiser le progrs humain. Leau et lassainissement figurent parmi les m-dicaments prventifs les plus puissants dont les gouvernements disposent pour faire baisser le nombre de maladies infectieuses. Les inves-tissements dans ce domaine sont aux maladies meurtrires telles que la diarrhe ce que la vac-cination est la rougeole : ils sauvent des vies. Les recherches menes dans le cadre du prsent Rapport dmontrent que laccs leau salubre rduit le taux de mortalit infantile de plus de 20 % au Cameroun et en Ouganda. En gypte et au Prou, la prsence de toilettes chasse deau dans la maison rduit de plus de 30 % le risque de mortalit infantile.

    Leau et lassainissement

    figurent parmi les

    mdicaments prventifs

    les plus puissants dont les

    gouvernements disposent

    pour faire baisser le nombre

    de maladies infectieuses.

    Les investissements

    dans ce domaine sont

    aux maladies meurtrires

    telles que la diarrhe

    ce que la vaccination

    est la rougeole : ils

    sauvent des vies

  • 6 7RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 20066 7RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

    Une crise qui touche essentiellement les pauvresLa crise de leau et de lassainissement affecte avant tout les pauvres. Prs de deux personnes sur trois prives daccs leau salubre survivent avec moins de 2 USD par jour et une sur trois vit avec moins d1 USD par jour. Plus de 660 millions dhommes dpourvus de moyens das-sainissement vivent avec moins de 2 USD par jour et plus de 385 millions avec moins d1 USD par jour.

    Ces faits ont des rpercussions importantes sur les politiques publiques. Ils rvlent clai-rement que les capacits restreintes des popu-lations non desservies ne leur permettent pas de financer un meilleur accs leau travers des deniers privs. Tandis que le secteur priv peut jouer un rle dans la pratique, ce sont les finances publiques qui dtiennent la cl pour mettre un terme au dficit de laccs leau et lassainissement.

    Dans de nombreux pays, la distribution de laccs une eau et des moyens dassainissement adquats reflte la distribution des richesses. En moyenne, laccs des mnages leau courante avoisine les 85 % pour les 20 % les plus nantis de la population contre 25 % pour les 20 % les plus pauvres. Lingalit ne concerne pas unique-ment laccs. Le principe pervers qui sapplique la plupart des pays en dveloppement est celui selon lequel les plus pauvres ont non seulement accs moins deau et moins deau salubre, mais paient galement plusieurs des plus forts tributs du monde : Les personnes vivant dans les bidonvilles

    de Djakarta en Indonsie, de Manille, aux Philippines, et de Nairobi au Kenya paient leau lunit 5 10 fois plus cher que les personnes vivant dans les zones les plus nan-ties de leur propre ville et davantage en-core que les consommateurs londoniens ou new yorkais.

    Les mnages revenu lev utilisent beau-coup plus deau que les mnages pauvres. Dar es-Salaam en Tanzanie et Mumbai en Inde, la consommation deau par habitant est 15 fois plus leve dans les banlieues ri-ches qui possdent leau courante que dans les bidonvilles.

    La tarification inquitable de leau a des ef-fets prjudiciables sur la pauvret des mna-ges. 20 % de mnages les plus pauvres en El Salvador, en Jamaque et au Nicaragua d-pensent en moyenne plus de 10 % du revenu du mnage pour la consommation deau. Au Royaume-Uni, on considre un taux de 3 % comme un indicateur de pauvret.

    Pronostic sur la ralisation des Objectifs du Millnaire pour le DveloppementLes Objectifs du Millnaire pour le Dveloppe-ment ne sont pas le premier ensemble dobjec-tifs ambitieux adopts par les gouvernements. Durant une dcennie, le programme Eau et assainissement pour tous sest inscrit dans le contexte de lensemble impressionnant dobjec-tifs adopts lors de confrences de haut niveau dans les annes 1970 et 1980. Les rsultats nont pas t la mesure des promesses. En sera-t-il autrement cette fois ?

    Dans lensemble, le monde est en voie de ra-lisation de lobjectif relatif leau notamment en raison des normes progrs accomplis en Chine et en Inde alors que seules deux rgions sont en bonne voie en ce qui concerne lassainis-sement (lAsie de lEst et lAmrique latine). Le tableau gnral masque de grandes variations au niveau national et rgional. Si la tendance actuelle se confirme, lAfri-

    que subsaharienne atteindra lobjectif rela-tif leau en 2040 et lobjectif relatif las-sainissement en 2076. En ce qui concerne lassainissement, l Asie du Sud accuse un retard de 4 annes et, en matire deau, les tats arabes ont accumul un retard de 27 ans.

    Si lon effectue un calcul pays par pays, lob-jectif relatif leau ne sera pas atteint pour 234 millions dhommes issus de 55 pays hors course.

    Lobjectif relatif lassainissement ne sera pas atteint pour 430 millions dhommes issus de 74 pays hors course.

    Pour que l Afrique subsaharienne se re-mette sur la bonne voie, le nombre de rac-cordements aux rseaux de distribution deau devra passer de 10 millions par an pour la dcennie passe 23 millions par an pour la dcennie venir. En Asie du Sud, il est indispensable daccrotre l accs aux rseaux dassainissement pour passer de 25 millions de personnes par an 43 millions par an.Les Objectifs du Millnaire pour le Dve-

    loppement devraient tre considrs comme un seuil minimum atteindre et non comme un plafond. Mme si ces objectifs sont ra-liss, le dficit mondial sera toujours im-mense. Si l on observe l volution gnrale actuelle, le plus proccupant est de consta-ter que le monde est en voie d aboutir sous le seuil fix par les engagements pris dans le cadre des Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement.

    Prs de deux personnes

    sur trois prives daccs

    leau salubre et plus de

    660 millions dhommes

    dpourvus de moyens

    dassainissement

    survivent avec moins

    de 2 USD par jour

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    Combler le foss entre les tendances actuelles et les objectifs atteindreModifier cette image nest pas seulement la meilleure chose faire, cest galement la plus sense. Cest la meilleure chose faire car leau et lassainissement sont des droits de lHomme l-mentaires et aucun gouvernement ne devrait tre prt fermer les yeux sur le niveau actuel de violation des droits de lHomme ou sur la perte de potentiel humain qui en rsulte. Cest la chose la plus sense faire car laccs leau et lassainis-sement permet aux hommes de sortir de la pau-vret par leurs propres moyens et contribue la prosprit nationale.

    Il est difficile de quantifier les bnfices po-tentiels pour le dveloppement humain du pro-grs accompli en matire deau et dassainisse-ment, mais les statistiques les plus fiables laissent entendre que les bnfices dpassent de loin les cots. Si lon opte pour une technologie durable et bon march, les cots supplmentaires ncessaires la ralisation de lObjectif du Millnaire pour le Dveloppement reprsentent prs de 10 milliards USD par an. Combler le foss entre les tendances actuelles et les buts atteindre dans le cadre de lObjectif du Millnaire pour le Dveloppement en matire deau et dassainissement se traduirait par les bnfices suivants : Une diminution des dcs denfants en 2015

    (moins 203 000) et plus d1 million de vies denfants sauves au cours de la prochaine dcennie.

    Un gain de 272 millions de jours de scola-rit rsultant de la rduction des seuls cas de diarrhe.

    Un bnfice conomique total denviron 38 milliards USD par an. Les bnfices engendrs en Afrique subsaharienne (environ 15 mil-liards USD) reprsenteraient 60 % des aides octroyes cette rgion en 2003. Les bnfices enregistrs en Asie du Sud slveraient prs de 6 milliards USD. Le monde peut-il se permettre dassumer le

    cot dun dveloppement acclr en matire dap-provisionnement en eau et en moyens dassainisse-ment ? Il faut plutt se poser la question suivante : le monde peut-il se permettre de ne pas effectuer ces investissements ?

    La facture dun montant de 10 milliards USD pour la ralisation de lObjectif du Millnaire pour le Dveloppement peut sembler exorbitante, mais elle doit tre replace dans son contexte. Ce chiffre reprsente moins de cinq jours de dpenses militaires mondiales et moins de la moiti des d-penses annuelles en eau minrale des pays riches. Cest un prix modique payer pour un investisse-ment qui peut sauver des millions de jeunes vies,

    librer le potentiel ducatif gch, dlivrer les po-pulations des maladies qui ruinent leur sant et gnrer un rendement conomique qui relancera la prosprit.

    Les quatre piliers du succsSi les confrences internationales de haut niveau, de par leurs dclarations encourageantes et leurs objectifs audacieux, pouvaient faire apparatre leau salubre et les dispositifs dassainissement de base, la crise mondiale serait rsolue depuis longtemps. Depuis le milieu des annes 1990, lon a assist une prolifration des confrences internationales sur le thme de leau saccompa-gnant dune multiplication des partenariats in-ternationaux de haut niveau. ce jour, il existe 23 agences des Nations Unies en charge de leau et de lassainissement.

    Autant de confrences et tant dactivit pour si peu de progrs. Si l on se remmore la dcennie passe, il est difficile dchapper la conclusion selon laquelle l eau et l assainisse-ment ont souffert dun excs de paroles et dun manque daction. Au cours de la dcennie venir, il sera ncessaire de mettre en uvre une campagne internationale concerte et fonde sur les stratgies nationales, mais associe un plan daction l chelle mondiale. Il nexiste pas de formule toute faite en ce qui concerne les rformes, mais le succs repose sur quatre piliers essentiels. Faire de l eau un droit de l Homme et le

    vouloir. Tous les gouvernements devraient aller au-del de la formulation de principes constitutionnels vagues pour entriner le droit de lHomme leau dans la lgislation habilitante. Pour quil ait une relle signifi-cation, ce droit de lHomme doit saccom-pagner de la reconnaissance du droit un approvisionnement en eau sr, accessible et abordable. Le droit appropri pourra varier en fonction des circonstances propres aux pays et aux mnages, mais il devra au mini-mum satisfaire un objectif dau moins 20 litres deau salubre par jour et par citoyen, fournis gratuitement aux personnes trop pauvres pour en acquitter le prix. Il serait judicieux dtablir des repres clairs afin de progresser vers la ralisation de lobjectif fix, tout en rendant les gouvernements lo-caux et nationaux ainsi que les fournisseurs deau responsables de cette progression. Alors que les fournisseurs privs ont un rle jouer dans lapprovisionnement en eau, il est du devoir des gouvernements dlargir ce droit de lHomme leau.

    Au cours de la dcennie

    venir, il sera ncessaire

    de mettre en uvre une

    campagne internationale

    concerte et fonde sur

    les stratgies nationales,

    mais associe un plan

    daction lchelle mondiale

  • 8 9RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 20068 9RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006RAPPORT MONDIAL SUR LE D VELOPPEMENT HUMAIN 2006

    Mettre au point des stratgies nationales en matire deau et dassainissement. Afin dacclrer le progrs dans le domaine de l eau et de l assainissement, tous les gou-vernements devraient prparer des plans nationaux assortis dobjectifs ambitieux et soutenus par des systmes de financement et des stratgies claires pour vaincre les ingalits. Leau, et plus encore l assainis-sement, sont les parents pauvres des pro-grammes de rduction de la pauvret. Ils souffrent de sous-financement chronique, les dpenses publiques dans ce domaine tant rgulirement infrieures 0,5 % du PIB. Les investissements dans l eau et l assainissement permettant de sauver des vies sont drisoires au regard des dpenses militaires. En thiopie, le budget militaire reprsente 10 fois le budget allou l eau et l assainissement et 47 fois au Pakistan. Les gouvernements devraient ambitionner de consacrer un minimum de 1 % de leur PIB aux dpenses en eau et en assainisse-ment. La lutte contre les ingalits exigera de prendre des engagements dans le cadre de stratgies de financement en ce com-pris les transferts fiscaux, subventions croi-ses et autres mesures en vue de mettre la disposition des pauvres une eau et des moyens dassainissement prix abordable. Les stratgies nationales devraient prvoir des modles suivre pour favoriser l quit, tels que : Les Objectifs du Millnaire pour le D-

    veloppement. Adjoindre lobjectif 2015 consistant diminuer de moiti la popu-lation prive daccs leau et lassainis-sement, des politiques visant rduire de moiti le foss en matire de couverture entre les riches et les pauvres.

    Les Documents de stratgie pour la r-duction de la pauvret. Faire de leau et de lassainissement une priorit absolue assortie de cibles et dobjectifs clairs, en y associant des mesures de financement moyen terme.

    Les fournisseurs deau. Sassurer que les services aux collectivits, publics ou pri-vs, ainsi que les organismes municipaux intgrent des modles clairs en termes dquit, en y associant des sanctions en cas de non-respect.

    Soutenir les plans nationaux travers l aide internationale. Pour la plupart des pays les plus pauvres, l aide au dveloppement est cruciale. Le progrs en matire deau et dassainissement ncessite des investis-

    sements initiaux importants et de longs dlais de remboursement. Les contraintes qui psent sur les revenus des gouverne-ments limitent la capacit de financement de la plupart des pays les plus pauvres, tan-dis que le potentiel de recouvrement des cots est restreint par les niveaux levs de pauvret. La plupart des donateurs recon-naissent l importance de l eau et de l assai-nissement. Nanmoins, en chiffres rels, l aide au dveloppement a chut au cours de la dcennie passe et peu de donateurs considrent ce secteur comme prioritaire : moi