RAPPORT DE STAGE EN ENTREPRISE Moyenne ou grande...
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RAPPORT DE STAGE EN ENTREPRISE
Moyenne ou grande entreprise productrice de
biens ou de services
Stage de Guillaume MERCIER effectué à Metz dans 3 rédactions,
du 25 février au 2 mars2013
Par manque de temps, je n’ai pu remplir qu’une seule fois le questionnaire et une seule fois
également la fiche métier. Toutes les illustrations du rapport ont été prises par moi avec mon
appareil photo, il n’y a aucune photo de presse, ni d’Internet. Toute personne apparaissant
sur des illustrations de ce rapport a donné son accord.
Collège Alphonse Daudet, Draveil, classe de 3ème
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Sommaire
I°. Présentation d’un des 3 lieux de stage : le Républicain Lorrain ....................... 3
L’histoire de l’entreprise ................................................................................. 3
L’entreprise aujourd’hui .................................................................................. 3
Le fonctionnement de l’entreprise .................................................................. 4
L’entreprise et son personnel .......................................................................... 6
II°. Mon carnet de bord quotidien ........................................................................... 7
Au Républicain Lorrain :
La fabrication de l’information dans la rédaction d’un journal imprimé ...... 7
Le suivi de trois journalistes en situation de reportage ................................... 10
La mise en page du journal par les secrétaires de rédaction ........................... 16
A France 3 Lorraine :
La préparation d’un JT à France 3 Lorraine ................................................... 18
Le suivi de deux équipes en tournage ............................................................. 20
Après le tournage, le montage ......................................................................... 26
A France bleu Lorraine Nord :
Le travail dans une station de radio................................................................. 33
La fabrication d’un reportage radio................................................................. 35
L’organisation d’une tranche matinale d’information .................................... 38
III°. Fiche métier : reporter à France 3 Lorraine ..................................................... 43
IV. Impressions personnelles .................................................................................. 45
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1ERE PARTIE PRESENTATION D’UN DES 3 LIEUX DE STAGE :
LE REPUBLICAIN LORRAIN
NOM ET ADRESSE DE L'ENTREPRISE Que signifie votre sigle ?
Le Républicain Lorrain, 24 Rue Serpenoise, à Metz. Le sigle « rl » est
l’abréviation de « Républicain Lorrain »
I° L’HISTOIRE DE L’ENTREPRISE
1. Quelle est la date de sa création ?
Créée le 19 juin 1919
2. Quel est le nom de son fondateur ?
Victor Demange
3. Quelles sont les raisons de sa création ?
Satisfaire un besoin d’information locale et être pro-français, au moment où la
France a récupéré l’Alsace-Moselle
4. Pourquoi ce lieu a-t-il été choisi ? Superficie des locaux
La superficie est d’environ 120m2. Ce lieu a été choisi car il est en centre-ville,
très visible, dans une rue commerçante.
5. Quel était son effectif de départ ?
On ne connaît pas bien son effectif à sa création.
6. Décrire les principales étapes de son évolution.
A sa création, le journal paraissait en Allemand. A partir de 1936, le journal est
rédigé entièrement en Français. En 1940, Victor Demange ordonne l’arrêt de la
publication, car il était conscient du danger lié à la montée du nazisme. En
février 1945, le journal reparaît. En 1958, Marguerite Puhl-Demange, la fille du
fondateur, reprend le journal. La rue en face de la rédaction porte d’ailleurs le
nom de cette femme. La direction sera reprise par le mari de Mme Puhl-
Demange et son fils. Finalement, en 2006, Le Républicain Lorrain est racheté
entièrement par le Crédit Mutuel Centre-Est Europe.
II° L'ENTREPRISE AUJOURD'HUI
1. Quel est le statut de l'entreprise ?
C’est une société commerciale
2. Quelle est sa forme juridique ?
4
Société anonyme à conseil d’administration
3. Qui dirige l'entreprise ?
Mr Pierre Wicker
4. Quelle est son activité principale ? Y a-t-il des activités secondaires ?
Son activité est le journalisme écrit. Il n’y a pas d’activité secondaire.
5. Décrire les produits commercialisés par l'entreprise.
Les produits commercialisés sont des journaux qui comportent entre 30 et 34
pages, avec une grande partie d’information locale (entre 7 et 10 pages) et
régionale (3 pages). Ces journaux ont un format de 56x40 cm.
6. Quels sont ses fournisseurs ?
-Qu’est-ce que l’entreprise achète ? A qui ? Pour quoi faire ?
L’entreprise n’a pas de fournisseurs à l’exception des composants entrant dans
la fabrication du papier et de l’imprimerie.
7. Quels sont ses clients ?
Ses clients sont essentiellement des habitants des villes de la région Lorraine
pour le format papier et un public plus élargi avec le site en ligne.
8. Qui sont ses principaux concurrents ?
Pour ce qui concerne la presse écrite, Le Républicain Lorrain n’a pas de
concurrents directs. Le seul produit de presse local que l’on pourrait considérer
comme un « concurrent » est La semaine. Mais comme son nom l’indique, La
semaine est un hebdomadaire, alors que Le Républicain Lorrain parait chaque
jour.
III° LE FONCTIONNEMENT DE L'ENTREPRISE
1. Présenter l'organisation interne de l'entreprise (services, organigramme ...).
Il y a dans l’entreprise (pour la rédaction), un rédacteur en chef, puis des chefs
de service (par rubriques) ou des chefs d’agence (par zones géographiques) qui
encadrent des rédacteurs et des photographes. Au-dessus, il y a le directeur de
l’entreprise qui est le directeur éditorial.
2. Comment se fait la mise au point des produits ?
C’est le fruit d’un travail collectif entre journalistes, suite à des discussions et
une répartition des sujets, lors de la conférence de rédaction quotidienne, chaque
matin. Mais la mise en page peut être changée au dernier moment, il peut y
avoir des rajouts ou des disparitions de certains sujets. Jusqu’à l’heure du
« bouclage », un journal doit en effet savoir être réactif, s’adapter à l’actualité,
aux événements inattendus.
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3. Comment l'entreprise choisit-elle ses fournisseurs ?
L’entreprise n’a pas de fournisseurs
4. Décrire les étapes de la fabrication du produit (schéma de production).
Après la conférence de rédaction, où l’on choisit les sujets qui vont être traités,
les journalistes partent sur le terrain faire leur reportage en prenant des notes. Ils
rédigent ensuite leur article.L’article est alors envoyé aux Secrétaires de
rédaction, qui le relisent et le corrigent si besoin et qui maquettent l’ensemble
des articles, illustrations et encarts publicitaires pour faire tenir le tout dans des
pages préformatées.Pour finir, le journal est envoyé à l’imprimerie pour être
imprimé, avant d’être distribué dans des kiosques et des librairies, qui le
vendront aux clients.
5. Quel est le temps nécessaire pour fabriquer un produit ?
Il faut une journée entière, entre la conférence de rédaction et l’impression.
6. Quel mode de production est utilisé (à la commande, en série, en continu) ?
En série : un nouveau journal est imprimé chaque jour.
7. Quelles machines sont utilisées pour la fabrication du produit (donner des
précisions sur l'automatisation, la robotisation) ?
Des imprimeries rotatives
8. Comment les équipements sont-ils entretenus ? La maintenance nécessite-t-
elle l'intervention d'un personnel extérieur ?
Je ne peux pas répondre en détails aux questions 6, 7 et 8, ayant été à la
rédaction et non pas à l’imprimerie.
9. Comment se fait l'étude du marché ? Qui s'en occupe ?
Le service commercial possède des chiffres très précis de diffusion et de vente
des journaux, tant en kiosque chaque jour, que pour les abonnés. Si des
varaiations importantes de ventes sont constatées à l’occasion de telle « une » ou
de tel événement, les responsables du marketing le disent au rédacteur en chef
afin qu’il enregistre que tel sujet marche bien auprès des lecteurs.
10. Comment fait-on connaître le produit sur le marché ? Qui s'en occupe ?
Grâce à la publicité et au sponsoring (le journal est partenaire de multiples
manifestations et événements locaux).
11. Une politique de publicité est-elle menée ? Où ? Comment ?
Bien sûr.
12. Comment sont fixés les prix ? Donner des exemples de prix.
Le prix est fixe. Il est de 0,90€ en semaine, 1,10€ le mercredi quand il y a le
supplément TV Hebdo et il coûte 0.95 € le dimanche.
13. Comment les produits sont-ils livrés aux clients ?
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Les journaux peuvent être déposés dans des kiosques (32% de la vente), être
envoyé par la poste (5% de la vente) ou être livré à domicile (cette partie
représente 63% de la vente).
IV° L’ENTREPRISE ET SON PERSONNEL
1. Quel est l'effectif salarié actuel ?
Aujourd’hui, les différentes éditions du Républicain Lorrain et le siège de
Woippy emploient 582 salariés.
2. Quelle est l'évolution de l'effectif depuis 10 ans ?
Elle est en légère baisse
3. Quelle est la répartition des effectifs (hommes, femmes, handicapés,
travailleurs étrangers ; par âges; par métiers (quelles sont les professions
existantes ?)) ?
Il y a à peu près autant d’hommes que de femmes. En plus de tous les personnels
administratifs, Il y a quatre principales professions : rédacteurs, photoreporters
et secrétaires de rédaction, les imprimeurs.
4. Quels sont les principaux métiers représentés par l’entreprise ?
Il y a un métier principal : journaliste.
5. La flexibilité du travail est-elle pratiquée (recours au travail intérimaire, CDD,
travail à temps partiel, travail à temps partagé) ?
Oui, il y a quelques CDD
6. Quelle est la politique de recrutement ?
Ayant été à la locale de Metz, les journalistes de là-bas n’ont pas été en mesure
de me donner cette information.
7. Quelle est la durée du temps de travail ? Quels sont les horaires ?
Les journalistes n’ont pas d’horaires fixes même si officiellement ils sont sous le
régime des 35h par semaine.
8. L'entreprise a-t-elle mis en place une politique sociale ? Si oui, la décrire.
Non, il n’y en a pas
9. Quelle est la place des syndicats dans l’entreprise? (taux de syndicalisation,
répartition entre les différentes centrales syndicales.
Il y a une forte syndicalisation, ce qui est une tradition dans la presse écrite. Les
syndicats sont : SNJ-FO, SNE CFDT, CGC, SNCTLC, FILPAC CGT et CFDT
10. Y a-t-il un comité d'entreprise ? Que fait-il ?
Oui, il propose des activités aux salariés
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2EME PARTIE. MON CARNET DE BORD QUOTIDIEN
Durant cette semaine de stage d’observation, j’ai pu observer la fabrication de
l’information dans trois médias différents, trois médias locaux, que sont le
Républicain Lorrain, France 3 Lorraine, bureau de Metz ou France Bleu
Lorraine Nord. Je vais donc présenter par ordre chronologique, ma vie durant
ces six jours, ayant passé deux jours dans chacune des rédactions.
La fabrication de l’information dans la rédaction d’un journal imprimé
J’ai passé les deux premiers jours à la locale de Metz du Républicain Lorrain, le
siège se trouvant à Woippy, une commune limitrophe. Les locaux sont petits et
peu de personnes y travaillent.
Les bureaux de la rédaction du Républicain Lorrain
Dès que les journalistes arrivent à la rédaction, ils lisent leur propre journal, dont
des exemplaires sont mis à leur disposition, afin de bien connaître leur propre
produit et d’être parfaitement au courant de toute l’actualité locale. Le journal a
aussi des correspondants permanents un peu partout en France et dans le monde
L’équipe met assez peu de temps à être au complet, et une fois cela fait, la
conférence de rédaction peut débuter. A noter que tous les journalistes ne
participent pas à cette réunion matinale. Lors de la conférence de rédaction,
organisée sans une salle un peu à l’écart des bureaux, les journalistes se servent
d’une feuille sur laquelle sont tapés les sujets programmés pour le journal du
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lendemain, l’horaire prévu pour chacun de ces sujets, et le nom de l’équipe
reporter-photographe qui devra couvrir de chaque sujet.
La feuille des sujets, utilisée pendant la conférence de rédaction
Cette feuille est utilisée pendant la réunion par le rédacteur en chef pour faire la
liste des sujets. Chacun, quand arrive son sujet, présente de manière un peu plus
détaillée ce sur quoi il va travailler, ainsi que la manière dont il va travailler.
L’objet principal de la discussion est de déterminer ce que les journalistes
appellent l’angle du sujet, c’est-à-dire la façon de le traiter et le regard que l’on
va porter dessus L’ambiance est détendue mais néanmoins studieuse. D’ailleurs,
la discussion autour d’un sujet déborde parfois un peu et ne concerne plus
seulement l’article, mais aussi les ouï-dire et souvenirs de chacun en rapport
avec ce sujet.
Dans certains cas, les articles peuvent être très courts, ce sont de simples
« billets ». Cela arrive quand le sujet n’a pas une grande importance ou que l’on
n’a pas beaucoup d’informations. Chacun prend des notes. Une fois que tous les
sujets ont été cités, le rédacteur en chef, qui « préside la séance » puisqu’il a lu
tous les sujets, les met dans l’ordre pour définir ce qui sera dit en Une, en tête
d’une page, etc. Il peut également demander aux reporters s’ils ont déjà des
pistes à suivre pour le reste de la semaine, notamment pour ceux qui font des
« séries » d’articles.
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Les journalistes lors de la conférence de rédaction
Il y a différentes rubriques comme : actualité locale (qui est en fait un ensemble
de pages à part appelé « cahier »), faits divers, culture, etc. Chaque journaliste
ne travaille que dans une rubrique. Une fois la réunion terminée, chacun se met à
travailler. La plupart vont à leur ordinateur, d’autres se préparent à partir en
reportage. Quand le travail commence, la bonne ambiance qui règne au sein du
groupe se ressent : on parle de sa vie, de la pluie (ou plutôt de la neige ce jour-
là) et du beau temps, tout en travaillant. Chacun rédige ses articles à son
rythme. La durée de rédaction varie en fonction de la longueur du sujet. Les
sources sont parfois revérifiées pendant la rédaction de l’article.
Les journées sont sensiblement les mêmes. Il peut néanmoins y avoir des
évènements particuliers. Le lundi 25 Février, par exemple, un lecteur a appelé la
rédaction pour signaler une erreur. Il s’agissait d’un horaire de cérémonie qui
était faux dans la rubrique nécrologique. Aussitôt, la personne qui a décroché est
allée vérifier l’erreur dans le journal, avant d’appeler quelqu’un d’autre pour
avoir le renseignement et de vérifier sur son ordinateur. Elle a ensuite rappelé la
personne en question, et l’histoire a encore eu beaucoup de mal à se finir. Mais
lorsqu’une information dans un journal est fausse, la réaction doit être
immédiate, car certaines erreurs peuvent être graves.
Cette personne a pour rôle de gérer les « planning » et les absences, et de
répondre au téléphone. Mais pour ce qui est du téléphone, chacun s’en occupe
un peu, il y a un poste à chaque bureau.
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Les journalistes ont des parcours divers et variés : beaucoup d’entre eux sortent
d’une école de journalisme, mais certains ont fait un IEP. Il n’y a pas vraiment
de « parcours-type » pour devenir journaliste, dès lors que l’on est titulaire d’au
moins une licence, même si une école de journalisme commence à devenir un
moyen plus fréquent d’entrer dans le métier pour les jeunes générations.
Le suivi de trois journalistes en situation de reportage
Dans l’après-midi, j’ai suivi un journaliste au palais de justice. Celui-ci,
Frédéric, est chargé des rubriques « justice » et « faits divers ». Ce jour-là, il n’y
avait à la séance que des comparutions immédiates : des jugements faits
quelques jours après la garde à vue de l’accusé.
Nous avons assisté à deux affaires : la première concernait un homme
toxicomane qui avait été pris en flagrant délit de vol d’autoradio dans une
voiture. Ce qui est incroyable, c’est qu’il a agi juste devant le commissariat de
police ! Le but était de savoir s’il devait rester en détention jusqu’à son audience
un mois plus tard. L’accusé était absent car il avait refusé de venir au tribunal.
Cela a donc été réglé très vite, la réponse a été « oui ».
La deuxième affaire a mis beaucoup plus de temps à se résoudre : un homme
était accusé de violences conjugales et de détention d’armes à feu. Lors d’une
très longue audience, la femme est venue expliquée le climat de « terreur » que
son mari paranoïaque faisait régner et les menaces qu’elle subissait avec leur
fille. Mais le prévenu et son avocat ont contesté les faits et leur gravité. Après
une toute aussi longue délibération, l’homme a été déclaré coupable et a reçu un
certain nombre de peines.
Frédéric a considéré que l’affaire des violences conjugales ne vaut pas plus de
2000 signes, car elle n’est pas très intéressante, assez ordinaire. Quant au vol
d’autoradio, il le considère totalement inintéressant, mais va écrire quelque
chose quand même, puisqu’un vol devant le commissariat, ce n’est pas banal ! Il
a également précisé qu’une affaire insolite comme celle-ci pouvait être relatée
de manière originale.
Après cela, nous sommes rentrés à la rédaction, qui est très calme. Seuls d’assez
nombreux appels, qu’ils soient pour avoir des renseignements ou pour se
plaindre d’une chose quelconque, rompent le silence.
En fin d’après-midi, cinq personnes sont venues à la rédaction pour faire publier
dans le journal la photographie et le nom d’un de leur proche décédé. Ce type
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d’annonces peut bouleverser l’organisation du journal, puisqu’elles arrivent un
peu « au dernier moment ». Dans ces cas-là, le rédacteur en chef a tout pouvoir
et il peut changer l’organisation et faire écrire un article au dernier moment.
C’est alors au rédac chef, si la cérémonie est imminente et que l’information doit
impérativement passer dans le numéro du lendemain, de changer le plan du
journal pour y intégrer l’information reçue. Si l’information n’est pas urgente,
elle sera traitée le lendemain de son annonce et paraîtra donc dans le numéro du
surlendemain.
Le plan est flexible, puisque s’il s’est produit un évènement important dans la
nuit, ou qu’un journaliste a un empêchement imprévu, celui-ci est revu et corrigé
à la conférence de rédaction du lendemain matin. Au fait, quels sujets sont
traités à la conférence de rédaction ?
Ce mardi 26 Février 2013, il était question de très nombreux sujets, plus
nombreux que la veille. Parmi eux, on traitait de la cour d’appel, des travaux
dans la ville de Metz, du compte-rendu d’un conseil municipal dans la commune
de Vigy, ou encore de la mise en place des « QR codes » sur les vitrines du
quartier. Autant de sujets qui ne passionneront sûrement pas un grand nombre de
Français, voire qui leur paraîtront inintéressants. C’est compréhensible, mais
c’est justement le principe de la presse locale, comme Le Républicain Lorrain :
informer les gens sur ce qui se passe dans leur ville, leur département, leur
région. Pour cela, il faut privilégier l’information de proximité par rapport à
l’information nationale et internationale.
Le reportage auquel j’ai assisté le mardi, avec un photoreporter, Karim,
démontre bien cela. Il s’agissait de photographier une artiste-peintre, Betty
Wittwe, qui était interviewée, pour une raison que j’ignore, par une journaliste
d’une autre agence que celle de Metz. Cette artiste de Montigny-lès-Metz, ville
dont je reparlerai plus tard, est lorraine et elle expose ses tableaux dans la
région, et plus loin. Elle a même exposé à l’étranger, notamment à New-York et
est demandée en interview par quelques journaux et magazines, comme ELLE.
Quand nous sommes arrivés, l’artiste nous a reçus, en compagnie d’une reporter
de l’agence en question. Elle, Frédéric et tous les journalistes prennent des
notes très rapides dans un cahier de brouillon pendant les reportages. Comme
me disait Karim en plaisantant, j’ai déjà une qualité de journaliste : mes notes
sont illisibles ! Plus sérieusement, il m’expliquait que souvent les journalistes
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écrivent mal pour que les personnes interviewées ne puissent pas relire et donc
qu’elles ne puissent pas revenir sur leurs paroles ou corriger quelque chose elles-
mêmes ou demander à ce qu’une chose ou une autre soit changée.
Pour en revenir à l’artiste, elle expliquait qu’elle n’a pas d’inspiration
particulière, car pour elle, tout est prétexte à la peinture. Elle travaille
uniquement à l’acrylique. Cette artiste, qui vit depuis toute petite avec la
peinture, peut peindre toute la journée, et ne s’arrêter que lorsque ses yeux sont
fatigués. Elle a fait plusieurs séries de tableaux. L’une d’entre elles est une série
de paysages provençaux traditionnels qui rappelle des tableaux de Van Gogh.
Une autre de ses séries, représentée sur la photo, est un ensemble de femmes en
mouvement. On s’aperçoit clairement ici que la couleur est son fil conducteur.
Le mouvement est aussi très important pour elle. Le format de cette série est
d’environ 195x120.
Betty Wittwe dans son atelier, chez elle, devant un de ses tableaux
Pour en revenir à la dimension journalistique, il faut d’abord préciser qu’en
presse écrite (comme en télévision pour filmer des images), des contraintes sont
imposées par les rédactions pour prendre des photos. Le photoreporter est par
exemple obligé de prendre un très grand nombre de photos pour être sûr d’en
avoir une presque parfaite. Il doit aussi prendre des photos sous différents
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angles. Mais il a tout de même une marge de manœuvre personnelle. Il peut
prendre des photos comme bon lui semble, à sa manière. Car si le métier est le
même pour tous, la manière de travailler peut différer.
Karim, avec qui je suis parti ce matin-là, travaille de la manière suivante : quand
il part en reportage, il a déjà en tête la photo qu’il veut prendre. Pour prendre en
photo des personnes, comme cette peintre, il les « mitraille » quand ils parlent
pour éviter d’avoir une grimace forcée. Karim, lui aime prendre les gens quand
ils sont naturels, sans les faire poser. Il prend aussi des photos sans cesse
pendant cinq minutes, de sorte que la personne l’oublie. Ici, comme Betty
Wittwe discutait avec la reporter qui lui posait des questions, elle a fini par
oublier les photos. Le temps qu’elle oublie complètement, Karim en a profité
pour régler les lumières comme il le voulait.
Ces réglages sont très importants. Pour faire une bonne photo, il faut réfléchir,
jongler entre ce que l’œil humain voit et pas l’appareil et ce que peut capter
l’appareil mais pas l’œil. Après, avec l’expérience, faire des réglages devient
automatique.
Les photos sont aussi forcément différentes en fonction de leur sujet. Quand il y
a une certaine émotion dans l’image, le lecteur doit la ressentir. Le photographe
doit aussi ressentir cette émotion. Il peut être acteur ou spectateur de l’image
qu’il prend. Quoi qu’il en soit, le rôle du photoreporter reste le même : en plus
d’illustrer une information, il doit apporter au lecteur une vision par l’image à
laquelle celui-ci n’aurait pas forcément pensé. Cela est valable pour les sujets
inconnus du lecteur comme pour les sujets qu’il connaît bien.
La photo doit aussi accrocher l’œil. En effet, les trois éléments qui doivent
attirer l’œil du lecteur, et qui doivent lui donner envie de lire la suite sont : le
titre, le chapeau introductif, et l’image. Si ces trois parties choses ne sont pas
attirantes, le lecteur n’aura pas envie de lire le corps de l’article.
Pour donner envie au lecteur de continuer à lire, on peut aussi faire des
« papiers d’angle ». Les « papiers d’angles » sont des petits articles qui
entourent un grand article et qui complètent le regard porté sur le sujet. Cela
évite au lecteur de décrocher. Nous reparlerons de ce défi de l’attention pour la
télévision.
Karim me parlait également d’un tout autre sujet journalistique, qui ne concerne
pas que la presse écrite, mais qui peut servir dans la vie de tous les jours. Il me
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disait que quand on écrit un texte, il faut toujours le faire relire par quelqu’un de
la rédaction, pour la simple et bonne raison que quand on écrit, on est tellement
concentré qu’on ne voit pas certaines erreurs. La relecture est aussi importante
car l’article doit être clair pour le lecteur. Les rédacteurs ont parfois tendance à
oublier cela.
Le mardi après-midi, je suis parti avec Christine (une reporter) et Gilles
(un photographe) à l’ENIM (Ecole Nationale d’Ingénieurs de Metz), où
chaque année depuis maintenant quatre ans, les étudiants de 5eme année qui ont
pris l’option « Conception Mécanique Assistée par Ordinateur » fabriquent une
voiture qui est pompeusement appelée « Formule 1 ». Dans une grande salle, les
étudiants travaillent à leurs ordinateurs avec des schémas complexes.
Le schéma du « Projet Dragonblast », présenté par un des responsables.
L’histoire de ce projet est due, en quelque sorte, au hasard. En 2010, un étudiant
s’est renseigné sur les concours existants, et il est tombé sur la « Formula
Student », et l’école y participe depuis cette année-là.
Mais le hasard fait bien les choses, car ce concours est assez prestigieux. En
effet, sont inscrites à ce concours des universités du monde entier.
Les responsables du projet de l’ENIM nous expliquaient qu’ils ont eu une
semaine de cours sur le campus se trouvant sur le circuit automobile de Spa-
Francorchamps, en Belgique. Par la suite, ils réalisent leur projet, en un an : cinq
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mois de conception, et le reste de l’année est consacré à la réalisation. L’équipe
de conception est composée de 14 élèves, mais ils ne sont plus que 10 à la
réalisation, car quatre d’entre eux passent des concours à la fin de l’année.
Une fois la voiture finie, il y a deux courses, sur de véritables circuits de
Formule 1 : une à Silverstone (Grand Prix de Grande-Bretagne) début Juillet, et
une à Hockenheim (Grand Prix d’Allemagne) fin Juillet.
Hockenheim est considérée comme l’une des plus prestigieuses courses du
monde. C’est pourquoi, pour participer à cette seconde épreuve, les écoles
doivent répondre à un questionnaire apparemment très difficile. Des trois écoles
françaises engagées, seule l’ENIM a réussi à répondre à temps au questionnaire.
Les autres sont sur une liste d’attente.
Le transport de la voiture se fera dans un camion de 20 m3. Pour financer cet
important projet, l’école a fourni 30 000 euros à l’équipe.
Voiture présentée l’année dernière au concours par l’ENIM. Extrait d’une brochure de l’ENIM
portant sur le projet de cette année.
Cet objet rectangulaire ci-dessous (que j’ai tenu à bout de bras, ce qui était
fatigant) est le flash. Il peut être utilisé en étant fixé à l’appareil photo, ou
séparément.
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Le dessus et l’avant du flash Le dessous du flash
Lorsque le flash est fixé sur l’appareil, l’éclair qu’il produit est droit. Lorsqu’il
est tenu, l’éclair est latéral. Lorsque l’éclair est latéral, cela crée des ombres, des
reflets, et d’après Gilles, c’est plus joli comme ça. Là encore, la façon de
prendre les photos est personnelle, puisque Karim fixait le flash à son appareil.
La mise en page du journal par les secrétaires de rédaction
Durant ces deux jours, j’ai aussi pu observer et comprendre la mise en page du
journal, avec les secrétaires de rédaction (que l’on abrège couramment en
« SR »). Cela commence avec ce que l’on appelle un « chemin de fer ». Il s’agit
de la liste des pages du journal et de leurs sujets. Le Républicain Lorrain de
Metz est toujours organisé de la manière suivante :
-Une première partie concerne Metz et ses quartiers. Tous les mercredis, il y a
une page spectacle, tous les mardis et les vendredis, il y a une page « sports ».
-Une deuxième partie concerne le secteur de l’édition de Metz, soit une centaine
de communes.
Ce « chemin de fer » est réalisé le soir. La place nécessaire est évaluée, sachant
que des publicités sont imposées au journal. Ces publicités font partie des
revenus du journal. Le matin, quand arrive la conférence de rédaction, le
volume de chaque article est déjà défini (il se compte en « signes »). Lorsqu’un
journaliste rédige son article, il sait combien de signes son papier doit faire.
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L’ordre des pages est défini en fonction de la proximité entre Metz et les
communes couvertes : les communes limitrophes et les plus proches sont dans
les premières pages, les plus lointaines sont dans les dernières pages.
Page de « Une » d’un numéro du Républicain Lorrain
En football, on appellerait Le Républicain Lorrain une équipe « semi-
professionnelle ». Effectivement, les pages de Metz et de ses quartiers sont
couvertes par des journalistes professionnels, alors que les pages des petites
communes sont écrites par des correspondants amateurs. Les SR sont même
parfois obligés de réécrire presque entièrement un article de correspondant !
Mais ces correspondants fournissent néanmoins une grande partie des articles du
journal.
Les secrétaires de rédaction sont des journalistes chargés de relire les articles et
de les corriger, ou de les mettre en forme, pour qu’ils soient non seulement
lisibles, mais aussi agréables à lire. Lorsque tous les articles arrivent à la
rédaction, les SR se partagent le travail : l’un est chargé de relire et corriger tous
les articles de Metz, un autre est chargé des environs.
Au début, les pages sont vierges. Elles se remplissent au fur et à mesure, et leur
organisation se fait en fonction de l’urgence et de l’importance de chaque
information. Le SR doit aussi faire ressortir (en l’encadrant en gris par exemple
et en ajoutant des intertitres), la partie de l’article qui est importante et qui doit
être retenue.
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Aujourd’hui, tout ce travail de mise en page se fait par informatique. Mais il y a
encore une quinzaine d’années, on travaillait à la main. On traçait, sur une
feuille de papier vierge, des cadres, qui correspondait à la taille de chaque
article. Ces mesures se faisaient grâce à des lignomètres.
Un lignomètre
Pour généraliser, les SR peuvent agir aussi bien sur le fond que sur la forme des
articles. Ils doivent être très attentifs car ils sont les derniers relecteurs.
La préparation d’un JT à France 3 Lorraine
Le mercredi et le jeudi, j’étais à la rédaction de France 3 Lorraine, bureau de
Metz. Là aussi il y a une conférence de rédaction, mais un peu différente de
celle du Républicain Lorrain. Ici, il n’y a qu’une personne qui prend des notes.
Ces notes, faites à la main, sont les sujets, leur durée, et l’équipe qui les couvre.
Il y a vraiment très peu de personnes ici, et la rédaction est très petite, car ce
n’est là aussi qu’une antenne. La plus grosse part de France 3 Lorraine, avec les
studios et la régie, se trouve à Nancy.
Pour se donner des idées de sujets, des quotidiens nationaux et locaux (les
différentes éditions du Républicain Lorrain, L’Equipe, Le Monde, Aujourd’hui
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en France, L’Est Républicain) sont éparpillés sur une table et les sujets sont
sélectionnés dans ces journaux.
La table de conférence de rédaction, avec dessus les journaux utilisés
A l’agence de Metz, on ne traite que des informations qui concernent le
département de la Moselle. Ensuite, chacun travaille à son ordinateur pour
trouver des infos sur les sujets prévus et s’assurer s’il peut le traiter et comment.
Un sujet a par exemple été enlevé, après qu’un journaliste a trouvé sur Internet
que l’école de musique baroque où il devait y avoir un reportage n’ouvrait que
l’après-midi. Le reportage a finalement été fait le lendemain. Les reportages se
font souvent le matin, l’après-midi étant plutôt consacrée au montage.
A l’occasion de l’observation de la météo locale, j’ai appris qu’elle était faite à
Nancy, au siège, avant d’être envoyée ici, à Metz, où est réalisée la bobine
finale. L’inverse peut également se produire si l’on souhaite envoyer des
documents ou des reportages au siège. Les documents envoyés peuvent être lus
sur le même lecteur que les cassettes des caméras. Voilà comment une même
chaîne peut avoir plusieurs « bureaux » locaux et échanger des reportages sans
problème.
Quand je suis arrivé le matin du 28 février, sur l’écran dont je me demandais
l’utilisation, était diffusée la conférence de rédaction de Nancy. Je dois avouer
que je n’ai pas bien compris l’intérêt de la chose, puisque personne ne semblait
s’y intéresser.
La matinée a commencé par être très calme, un journaliste a demandé à d’autres
s’ils avaient vu ou entendu quelque chose qui pourrait être utile, sans grand
20
succès. Mais une fois que des sujets ont été lancés, c’était parti. On a parlé de
reportages sur : les radars embarqués sur les voitures banalisées de police (testés
en Moselle), le boulanger qui distribue le courrier dans un village, le FC Metz
qui déconseillait à ses supporters de se déplacer à Epinal, l’académie baroque
qui serait ce jour-là ouverte, et une grève syndicale.
Mais il y a encore eu des problèmes, cette fois avec le FC Metz. Il était question
de tensions entre les deux clubs lorrains du championnat de National, et un
journaliste voulait avoir affaire à un groupe de supporters qu’il n’a pas réussi à
joindre. Ces contacts sont très importants car ce sont eux qui donnent certaines
informations aux journalistes ainsi que l’autorisation ou non de parler d’un sujet
qui les concerne. Le reporter a dit : « pas d’images, pas de reportage », le
problème avec Epinal n’a donc pas été retenu. Le FC Metz a quand même été
retenu, ainsi que les radars et la grève. C’est sur ce dernier sujet que j’ai suivi un
binôme, ce jour là.
Suivi de deux équipes en tournage
Je suis parti en reportage avec Manu à la caméra et Grégory au commentaire. Ce
duo est le duo comique de la rédaction, mais j’ai pu remarquer que même si des
journalistes plaisantent beaucoup à la rédaction (entre autres sur le fait que j’aie
pris beaucoup de notes selon eux), ils sont toujours sérieux pendant les
reportages.
Le reportage concernait Dynamic Land, un centre d’attractions temporaire
installé dans le parc des expositions de Metz pendant les vacances.
Dynamic Land, dans le Parc des expositions de Metz
21
Pendant le reportage, le caméraman doit filmer beaucoup, pour avoir le choix
des images au montage.
Cameraman en tournage
Il y a aussi des interviews de personnes : une responsable du parc, qui expliquait
que l’attraction a eu beaucoup de succès l’année dernière, et qu’elle a donc été
reconduite cette année. Elle nous disait que cette année, le succès était toujours
là, surtout parce que le parc a ouvert pendant les vacances scolaires.
Les interviews concernent aussi les impressions des enfants sur leurs, ainsi que
l’avis de leurs parents. Le micro ressemble à un énorme plumeau gris. Cette
protection est indispensable pour isoler le son de l’interview des bruits parasites
qui l’entourent, surtout quand, comme ici, le lieu est très bruyant, avec des
enfants qui crient et rient.
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Le micro de journaliste
Parfois, les images sont prises au
cœur de l’action !
Les images sont filmées au plus près...
La façon de filmer est différente en fonction de la hauteur de la scène à filmer.
Les principales images ici étaient celles des enfants dans les attractions. Dans
les attractions les plus hautes, le caméraman montait son trépied et il a même
parfois pris sa caméra sur l’épaule, comme ci-dessus. Après avoir eu des
images serrées, Manu est allé sur la mezzanine pour faire un plan d’ensemble
du parc, comme ceci.
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Vue d’ensemble du parc, prise en hauteur
Il faut de la force pour exercer ce métier. En effet, la caméra est lourde et
encombrante. Et il vaut mieux ne pas la faire tomber, car ce petit bijou
technologique coûte environ 30 000 euros.
Une caméra de télévision
Puis, il y a eu le commentaire de conclusion du reportage. Grégory se fait
filmer en train de passer au milieu des enfants en commentant le lieu, les
mains croisées. Cela paraît presque caricatural, mais c’est pourtant réalisé
comme cela. Pour ces séquences où le reporter apparaît, que l’on appelle des
24
« plateaux », il faut souvent refaire plusieurs prises, jusqu’à ce que l’une
d’elles soit parfaite.
Au total, quatre plateaux ont été tournés à ce moment : un qui présente le lieu
et introduit le journal (Grégory présente le journal local de Metz), un qui entre
un peu dans les détails, un qui clôt le journal, et un dernier qui n’a rien à voir,
qui concerne le reportage d’une autre équipe.
Ce dernier plateau a été tourné dans Dynamic Land, à l’endroit d’où a été pris
le plan d’ensemble, pour ne pas donner l’impression d’être toujours dans le
parc. Il y a à la télévision (et à la radio aussi) de petites astuces comme celle-
ci pour faire passer une chose pour une autre. Pour ce « plateau », il n’y a eu
besoin que de deux prises. La première était mauvaise car j’apparaissais un
petit peu dans le champ de la caméra. Le lendemain, j’ai appris qu’il faut
toujours se mettre derrière la caméra pour ne pas apparaître à l’image.
Le jeudi, j’ai suivi une équipe en tournage pour couvrir une grève
d’employés d’un supermarché. A cette occasion, le caméraman, François,
m’a donné énormément d’informations, il a été le seul à m’expliquer autant.
Il a commencé par comparer l’image et l’écriture, en disant que tout comme il
y a des règles d’orthographe à respecter, il y a des règles pour l’image. Mais il
a ajouté que la différence, c’est que l’écriture a 3000 ans, alors que l’image
mobile en a 70 !
Les règles de l’image dépendent du spectateur. Trois sont essentielles. Tout
d’abord, la durée des images : une image ne doit pas faire plus de 5 ou 6
secondes, car c’est la période d’attention de l’œil. On n’y pense jamais, mais
le test est facilement réalisable : vous verrez que vous êtes incapable de
regarder un point fixe pendant plus de 6 secondes, qu’après vous allez tourner
la tête ou bouger les yeux. C’est cette contrainte qui oblige le JRI (journaliste
reporter-images), pour un reportage d’une minute et quinze secondes, à filmer
une dizaine d’images de cinq secondes chacune, ainsi que deux interviews de
15 secondes. François dit d’ailleurs avoir un chronomètre dans la tête.
La deuxième règle concerne les angles. L’œil a un angle très faible, ce qui
impose une contrainte supplémentaire pour filmer.
La dernière contrainte est la fixité de l’image. C’est pour éviter les
tremblements que les cameramen utilisent un trépied ou qu’ils portent leur
25
outil sur une épaule stable. La force physique est d’ailleurs une des qualités
nécessaires pour être JRI.
Les images doivent être précises. François n’a pas cessé de me répéter qu’un
reportage doit être fait en fonction d’un public qui sert d’exemple. Ce public,
c’est l’adolescent de 17 ans, qui regarde la télé chez lui et qui n’a absolument
rien à faire des informations et dont il faut capter l’attention. Il faut, pour un
JRI, que cet adolescent comprenne tout de suite de quoi parle le reportage, en
voyant les images et en entendant le commentaire. Il y a une autre « règle » en
journalisme télévisuel : « une image, une info ». C’est pour cela que les
plans sont importants, car ils permettent de capter une information ou une
autre.
François est revenu sur l’œil : son mouvement est rapide mais doux. L’image
doit être pareille, elle doit bouger rapidement, mais en toute légèreté. Nous
avons aussi parlé de de l’expérience : pour n’importe quel métier, considère
le JRI, il faut de la pratique tous les jours pendant cinq ans pour acquérir
l’expérience nécessaire.
Il a également commenté rapidement la tenue vestimentaire à porter pendant
un reportage : il faut être bien couvert, avec un gros manteau, une écharpe et
un bonnet, et enfiler de préférence des bottes en caoutchouc. Cela paraît
étrange, mais un JRI doit parfois rester des heures dans le froid, sous la neige
ou la pluie, avec les pieds dans la boue, à attendre que son sujet arrive. C’est
un peu frustrant, je pense, quand on sait que l’on attend comme cela pour
avoir 20 secondes d’image au final.
J’en viens au sujet du reportage. Des salariés des entrepôts d’un magasin Lidl
faisaient quelques heures de grève pour réclamer des augmentations de
salaires de 3 ou 4 %, de meilleures conditions de travail, et du respect de la
part de leurs supérieurs. Nous avons d’ailleurs un peu attendu ici, car quand
nous nous sommes « installés », il n’y avait que quatre salariés, ce qui ne
présente pas grand intérêt. Les images doivent être précises, il ne faut pas
filmer tout et n’importe quoi pendant des heures. C’est d’ailleurs pareil pour
le métier de journaliste en général : il faut être précis, méthodique, ne pas
parler pour ne rien dire, et le caméraman doit avoir une précision au
millimètre près dans ses images.
26
Les employés grévistes des entrepôts Lidl (CGT)
Il y a eu une interview d’employé gréviste qui a duré 3-4 minutes. Il aurait
encore une fois fallu en prendre 15 secondes, si l’employé n’avait pas été
mauvais et que les journalistes n’avaient pas réclamé l’interview d’un autre
employé, car le premier n’a pas été « retenu ». Car il est possible, dans ces
cas-là d’interviewer plusieurs personnes et de prendre la meilleure prestation.
L’après-midi, j’ai assisté au montage du reportage portant sur la fameuse
école de musique baroque. Le monteur a estimé qu’il en aurait pour une heure
à tout faire car il considérait qu’il faut respecter un minimum la musique et sa
logique, comme les phrases musicales.
Après le tournage, le montage
L’après-midi, c’est le moment du montage. C’est une étape très importante,
car c’est à ce moment que les images prises « en vrac » par le cameraman
vont être sélectionnées et mises dans un certain ordre pour obtenir un
reportage fini.
Dans un premier temps, le monteur et le reporter regardent ensemble toutes
les images qui ont été filmées par le cameraman (il y en a souvent entre 15 et
20 minutes). Puis le monteur cale les images en fonction de ce qu’a choisi le
reporter (il note les minutes utiles sur une feuille).
C’est là que commence une partie très technique. Tout ce travail s’effectue
par ordinateur. Le monteur travaille avec trois écrans. Sur celui de gauche, se
trouvent les images entières, telles qu’elles ont été filmées. Sur celui du
milieu et celui de droite, il y a les durées, les bandes, etc. La bande du
27
reportage commence sur l’écran du milieu et se prolonge sur celui de droite.
Le monteur peut passer une image d’un écran à un autre. Il doit tout gérer : les
images, les durées et les sons.
C’est grâce à ces écrans qu’il peut revenir en arrière et accélérer les images
ou les ralentir. C’est aussi sur ces écrans que se crée le reportage, en
sélectionnant des morceaux et en les intégrant à une sorte de « bande » qui
défile. Le montage est une sorte de grand « coupé-collé ». C’est aussi le
travail du monteur, lorsque cela est nécessaire, de régler les contrastes.
Le montage. A droite, le monteur et à gauche, le reporter
Au montage aussi, on utilise des « astuces ». Des images sont par exemple
montrées en marche arrière, même si ce n’est pas très recommandé.
Quand on travaille avec un ordinateur, il faut obligatoirement un clavier.
Celui utilisé au montage est très spécifique. Je ne rentrerai pas dans les détails
(qui sont d’ailleurs assez complexes), mais pour faire simple, chaque touche
correspond à une fonction. C’est le monteur qui insère les bandeaux que l’on
voit en bas de l’écran comme « reportage : X et Y », la catégorie du reportage,
ou encore le sigle « France 3 ». Par contre, c’est le reporter qui tape, sur un
autre ordinateur, les noms des personnes interviewées qui apparaîtront à
l’écran.
28
Le clavier utilisé au montage
Les noms des personnes qui doivent apparaître sont inscrits ici
Il n’y a pas vraiment de « règle » à suivre pour monter des images. Mais il
vaut quand même mieux respecter certains principes :
- les images doivent être coordonnées le plus possible avec ce que disent le
reporter et les intervenants en « voix-off ». L’une des difficultés du montage
est justement de raccourcir les paroles d’un intervenant, pour ne retenir que le
principal, mais « sans dénaturer son propos », pour citer le monteur.
- les interviews doivent, au contraire, être en contrepoint avec ce que dit le
reporter, pour apporter un avis différent.
29
- parfois, le reporter doit commenter l’image, surtout si son interprétation
n’est pas évidente. Et dans certains cas, il doit apporter autre chose que ce que
dit l’image, surtout si l’image suffit à bien faire passer des informations, car
celles-ci sont très visuelles.
Pour qu’un reportage soit « parfait », il faudrait que le téléspectateur
apprenne quelque chose en regardant le reportage sans avoir le son, qu’il
apprenne autre chose en écoutant le reportage sans avoir les images, et que le
son et l’image réunis lui apporte une troisième forme d’information. C’est ce
que pense le monteur.
Pendant le montage, le reporter écrit lui-même le texte qu’il va lire. Il le
corrige, le relit plusieurs fois, c’est comme un exercice de théâtre. Ce papier
doit être clair et rapide, car le reportage dure au total une minute et trente
secondes, maximum. J’expliquerai plus bas pourquoi.
Une fois que le reporter est sûr de lui et de son texte, il s’enferme dans une
cabine, avec un casque sur les oreilles, dans lequel il entend les sons du
reportage. Il a devant lui un écran avec le reportage monté, un micro, et il lit
son texte, que le monteur intègre à la bande. Une fois cela terminé, le monteur
et le reporter regardent le produit fini. Il faut une bonne heure de montage
pour avoir un reportage d’une minute et trente secondes.
Au montage auquel j’ai assisté le lendemain, il y a eu plus de prises car le
journaliste a un peu hésité, et sur la première prise, le monteur l’a interrompu,
croyant qu’il y avait un problème technique. Mais d’ordinaire, une seule prise
suffit.
30
La cabine d’enregistrement. La rondelle devant le micro sert à éviter les bruits parasites
Tous les outils utilisés au montage
Ces deux jours à France 3 ont vraiment été la meilleure partie de mon
stage. C’est là que j’ai le plus appris et que l’ambiance était la meilleure.
J’ai même chantonné, étant étonnamment joyeux en quittant la rédaction à la
fin du deuxième jour.
31
Journal radio du matin et reportages à France bleu
Pour finir mon stage, le vendredi 1er mars et le samedi ont été consacrés à la
radio. Là j’ai été confronté à une situation inédite, puisqu’en fait les
journalistes partagent les locaux et l’antenne avec des animateurs et que
l’information est mélangée au reste des programmes destinés à un public
régional. Dans les brochures disponibles à la rédaction et qui concernent la
station, il est bien écrit que la proximité, aussi bien géographique qu’affective
avec les auditeurs, fait partie des valeurs de France Bleu.
Un micro de France bleu
France Bleu est une radio à la fois locale et nationale : la station existe partout
en France, avec une fréquence nationale, mais la plupart des radios ne sont
pas les mêmes selon les régions. En Alsace, il existe même une fréquence qui
diffuse ses programmes en alsacien ! C’est la même chose pour France 3, sauf
que les choses sont inversées : France 3 est une chaîne nationale avec des
décrochages régionaux, alors que France Bleu est d’abord une radio locale,
avec ensuite une station nationale et quelques programmes partagés au même
moment dans tout l’hexagone. France Bleu Lorraine essaie d’être proche de
ses auditeurs. En effet, dans beaucoup des noms d’émissions, les mots « on »
et « ensemble » sont associés. Par exemple, le titre de la matinale est : « On se
réveille ensemble ».
J’ai pu m’apercevoir que les jeux proposés à la radio ont énormément de
succès : il ne faut que quelques secondes après que ceux-ci ont été lancés pour
32
que les appels affluent à la rédaction. La secrétaire qui décroche doit
enregistrer leur réponse, leur nom et numéro de téléphone (ces deux
informations apparaissent au moment de l’appel), et elle leur dit qu’elle les
rappellera s’ils ont gagné. Les appels sont tellement nombreux que la
personne en charge de cela a une formulation qu’elle répète sans arrêt.
Lorsque les auditeurs appellent, c’est aussi pour donner une information
qu’ils ont et qui concerne la majeure partie du temps le trafic routier.
Quelquefois, la rédaction fait appel à leur participation via les émissions,
quelquefois, ces auditeurs appellent d’eux-mêmes.
Peu de temps après mon arrivée, le rédacteur en chef, Cyril Destraque m’a fait
visiter les locaux. Il y a trois services ici : le service technique, qui s’occupe
du fonctionnement de la station, du matériel (micro, etc.) ; la rédaction, pour
rédiger les articles, et l’animation, où sont faites les émissions. On trouve à
l’accueil des personnes qui sont chargées de répondre au téléphone,
d’accueillir les auditeurs qui viendraient, ou encore de sélectionner et de
mettre à l’antenne les personnes tirées au sort pour les jeux. Ici, tout est
informatisé, comme le montage du son.
Pour la partie rédaction, il y a un studio d’enregistrement et un studio
spécifique pour les cas où il faudrait enregistrer une conversation au
téléphone, ou encore diffuser un extrait de son de télévision. Parmi les
studios, on trouve aussi un studio de production. C’est dans cette pièce que
sont fabriquées les bandes-annonces, les jingles diffusés. Ici, comme à la
télévision, il y a un travail de mixage, effectué dans des cabines spéciales,
avec un logiciel adapté. Quand le montage est terminé, la bande est mise dans
une machine et est prête à être diffusée. Tout ce qui était au départ enregistré
sur des supports physiques, des CDs, notamment les musiques, est
maintenant numérisé et reste dans un ordinateur.
Une pièce est dédiée à l’entretien du matériel. S’il y a des travaux de plus
grande envergure à faire, c’est géré ailleurs. Cyril Destraque disait, je cite,
qu’ici on ne fait que « l’entretien-vidange de la voiture » et que ça se passait
ailleurs pour les « moteurs ». C’est dans cette pièce que travaille la personne
qui est un peu « l’homme à tout faire » de la rédaction. En effet, c’est lui qui
est en lien avec les partenaires de la station, qui fait ou fait faire les petits
travaux (comme les changements d’ampoules). Il y a un chef d’équipe
technique.
33
Le travail dans une station de radio
Chaque animateur a une tranche d’émission comprise entre 1 et 3 heures.
Celui qui est de service prépare bien sa tranche à l’avance, car pendant une
émission, un animateur doit tout gérer. A la fin de l’annonce des titres, il faut
parler rapidement de la météo. Le but est de tenir en haleine l’auditeur, lui
donner envie de continuer à écouter. Les émissions sont diffusées dans la
rédaction, et pendant que les journalistes travaillent, ils entendent leur radio.
Les articles peuvent s’écrire à partir de dépêches AFP reçues à la rédaction.
Les journalistes travaillent dans une grande salle. Dans cette salle se trouve un
tableau blanc sur lequel sont écrits les sujets de la semaine, ainsi que les
invités, lorsqu’il y en a, et le type de d’éléments que l’on devra trouver dans
le reportage. Ici, comme à France 3, on se sert de journaux (et de leurs sites
Internet) pour récolter des informations.
Les bureaux de la rédaction
34
Le tableau des sujets
Comme dans tous les médias, la journée commence par une conférence de
rédaction. Elle est par contre beaucoup plus longue qu’au Républicain
Lorrain ou à France 3, car en plus de présenter les sujets, on y fait le bilan de
la matinale du jour. Ce vendredi, même si je n’ai pas tout bien compris, il y a
visiblement eu une erreur de faite concernant la diffusion d’un sujet.
Parmi les sujets, il y avait ce jour-là un accident à la centrale électrique de
Cattenom, des ouvriers étaient tombés de leur nacelle, faisant deux morts et
un blessé grave. Mais la société n’a pas envoyé les informations à la presse
assez tôt pour qu’elles puissent être diffusées le jour même. A ce sujet, il y a
eu un invité qui a parlé par téléphone pendant 6 minutes et 30 secondes. Là, le
rédacteur en chef, Cyril Destracque, a tenu un propos qui m’a immédiatement
fait penser à François, de France 3 : les interviews ne doivent pas lasser les
auditeurs.
C’est à cette conférence du 1er Mars qu’a été planifié un reportage pour le 23
Mars. Il faut dire que l’évènement est assez particulier : des employés d’une
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ligne de chemin de fer dont la fermeture est prévue ont demandé aux autorités
l’autorisation de manifester en faisant rouler un wagon !
Certains des sujets proposés pour le jour même n’ont pas été retenus, mais
voici ceux qui ont été choisis : Cattenom, sujet pour lequel il a été demandé à
un reporter d’aller voir le procureur, des syndicats, ou une autre source, la
chronique info, le FC Metz, Dynamic Land (ces deux-là ont été choisis pour
le samedi), un gala de catch à Montigny-lès-Metz, et une affaire de poubelles
dans cette même ville. Une fois les sujets exposés, on passe aussi à la
distribution : qui fait quoi. C’est d’ailleurs sur affaire de poubelles que je suis
parti en reportage en fin de matinée et en début d’après-midi.
La fabrication d’un reportage radio
C’est une histoire assez folle. Mais pour la raconter, il faut d’abord préciser
que Montigny est en quelque sorte le « Neuilly de Metz ». Dans cette
commune a été réalisé le test d’un système de ramassage des ordures qui sera
ensuite destiné à toute l’agglomération de Metz-Métropole. Les poubelles
traditionnelles sont remplacées par des conteneurs. Le problème est que cela
satisfait très peu de monde, et un dentiste de la ville a même fait signer une
pétition contre ces conteneurs !
Les conteneurs de la voie publique de Montigny-lès-Metz
Ce reportage s’est fait en plusieurs étapes. La journaliste avec qui j’étais a
d’abord cherché à interviewer, pendant une petite demi-heure, des gens dans
la rue sur ce sujet. Nous avons eu très peu de chance, car beaucoup des
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passants que nous avons croisés n’étaient pas de la ville, et une commerçante
avait un avis très intéressant mais a refusé de parler au micro. Puis nous
sommes allés voir le dentiste qui était à l’origine de la pétition, le Docteur
Vigneron. Il nous a expliqué qu’il trouvait inadmissible que les conteneurs
soient laissés toute la semaine sur la voie publique (la collecte n’a lieu qu’une
fois par semaine, contre trois fois par semaine auparavant). Il était aussi
furieux de l’emplacement de ces conteneurs : ils ont remplacé les places de
parking (20 à 25% des places ont été supprimées). Pour finir, il a peur que ces
conteneurs servent de « dépotoir », ce que craignait aussi une dame interrogée
dans la rue car cela commençait déjà. Le Dr Vigneron disait ne pas être
contre les conteneurs, mais pour lui, ils devaient être ramassés tous les jours.
Il nous a montré sa pétition pour faire disparaître les déchets de la rue, qui
comptait déjà 300 signatures une semaine après son lancement.
La pétition contre les conteneurs de Montigny
Après avoir discuté avec le dentiste et seulement après, la journaliste peut
enregistrer une interview, sous forme de questions-réponses. Cette
conversation préalable, sans micro, est nécessaire pour « décanter » les
paroles de l’intervenant et essayer de ne retenir que le principal. L’objectif
sera donc pour la journaliste de lui faire redire à peu près la même chose mais
en abordant exactement les aspects identifiés comme pertinents. Cela sert
pour le montage : puisqu’on ne garde que 40 secondes de son, il est plus facile
de trier dans 3-4 minutes d’enregistrement que dans 15 minutes.
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L’après-midi, nous avons eu une entrevue avec Bernard Eckstein, l’adjoint au
maire chargé, entre autres, de l’environnement et de la propreté. Il défend
évidemment le projet. C’est ce que cherchait France Bleu : avoir deux avis
opposés. Cet adjoint au maire nous exposait des arguments pour la
« conteneurisation » :
- 85% des communes de France utilisent ce système, pour éviter la pollution
et la prolifération des rats, c’est ce qui aurait poussé Metz-Métropole à faire
ce choix.
- Une enquête a été faite auprès des habitants de la commune pour savoir s’ils
peuvent stocker leurs déchets.
- Des « points de regroupement » ont été créés à proximité des pavillons qui
ne peuvent pas avoir de conteneurs devant chez eux.
- L’hygiène est améliorée, de même que les conditions de santé des
« ripeurs », les éboueurs qui chargent les poubelles dans le camion. Les
conteneurs doivent leur permettre de n’avoir rien à soulever, et par
conséquent, d’améliorer leurs conditions de travail, et leur santé.
- Un ramassage par semaine n’est pas insuffisant selon lui, et l’affaire est
rentable, puisque s’il y a moins de collectes, il y a moins d’effectifs
nécessaires. L’opération coûte assez cher. Les « points de regroupement »
sont ramassés en même temps que les autres déchets.
- Des « ambassadeurs du tri » sont chargés de repérer les gens qui continuent
à sortir leurs poubelles, des photos de la rue sont prises avant et après la
collecte. Toute personne qui sort ses déchets dans la rue écope d’une amende
de 35€ après avoir été prévenus une première fois.
Mr Eckstein a tout de même reconnu que des erreurs ont été commises,
notamment pendant l’enquête qui permettait de connaitre les besoins de
chaque famille en nombre de conteneurs, et que « le grand handicap », je cite,
« est cette histoire de places de parking ».
Il a aussi lancé une pique au dentiste pendant l’entretien, en disant que celui-
ci ferait mieux de se taire. Tous les deux se seraient fortement disputés
lorsque Mr Eckstein est venu voir la pétition, et le Dr Vigneron aurait même
pris la salle d’attente à témoin ! Le principe est le même tout le temps : une
discussion à blanc avant d’enregistrer quoi que ce soit.
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Interview de Mr Eckstein
Il y a une chose que j’ai trouvée très étonnante et inattendue à la radio :
absolument tout ce qu’on entend est écrit, pensé. C’est la même chose pour
les interviews que pour les sujets. Lorsqu’un journaliste annonce un titre, ou
même lorsqu’il commente un sujet, il lit mot pour mot un papier qu’il a
rédigé !
Un autre point étrange, et que j’ai trouvé presque malhonnête, c’est le fait
que certaines interviews sont enregistrées parfois plusieurs jours avant leur
diffusion, mais lorsqu’on les diffuse, on les fait passer pour du direct !
L’organisation d’une tranche matinale d’information
J’ai assisté à la matinale, c’est-à-dire l’émission en direct du matin, qui dure
deux heures, entre 7 heures et 9 heures. C’est surtout là que j’ai pu voir le
fonctionnement du direct et du studio de diffusion. Il y a deux types
d’information : les sujets pour lesquels il y a un reportage, et les brèves, qui
ne sont que des informations lancées par le présentateur, sans plus de
précisions.
Pour bien présenter son émission, l’animateur doit travailler avec un
technicien. Celui-ci est installé devant une sorte d’ordinateur géant, avec une
39
multitude de boutons (encore plus que le clavier du monteur de France 3) et il
se sert de cet outil pour gérer les sons.
Le technicien devant son « bureau »
C’est lui qui, entre autres, diffuse les jingles (des indicatifs musicaux de
quelques secondes) et les interviews enregistrées. Il s’occupe également de la
fermeture et de l’ouverture des micros. Une lumière rouge indique que le
micro est ouvert, et qu’à partir de là, le moindre chuchotement peut être perçu
par les auditeurs.
Un micro ouvert
40
Parmi le matériel spécifique à ce lieu, se trouve un boîtier avec des boutons,
dont l’un sert à se brancher sur la fréquence de Paris. L’animateur doit
appuyer sur ce bouton pour entendre l’émission parisienne dans une oreille,
car à un moment, toutes les stations régionales doivent avoir le même journal.
A ce moment, Paris laisse une fenêtre de dix secondes à chaque locale pour
qu’elle diffuse sa propre météo. Le « timing » doit être parfait des deux côtés.
Le boitier pour se brancher sur la fréquence de Paris
Le dernier matériel très particulier est un écran, relié au standard, sur lequel
apparaissent les noms des auditeurs selectionnés après un jeu, ou les
informations (trafic ou autres) données par les auditeurs, ainsi que le nom de
la personne en question. Il y a aussi le nombre d’appels en direct, après une
annonce. Et j’ai vu que 30 secondes après la fin de l’annonce d’un jeu pour
gagner des places de spectacle, il y avait déjà quatre appels !
41
C’est à la matinale qu’il y a le plus d’informations nationales et
internationales, même si l’info trafic occupe une grande part de l’émission. Le
reste du temps, c’est l’information locale qui est à l’honneur. En assistant à
cette émission, j’ai trouvé agréable d’être au cœur de la diffusion de
l’information, d’être dans les conditions du direct. L’émission est réglée à la
seconde près, tous les sujets et leur durée sont prédéfinis sur des feuilles et
doivent être respectés. Il y a au mur une horloge avec l’heure à la seconde,
pour permettre d’avoir le bon « timing ».
L’horloge du studio
Il n’y a quand même pas une quantité infinie de sujets, c’est pourquoi les
mêmes thèmes reviennent en boucle pendant deux heures (entrecoupés par de
la musique, des jeux et des publicités), mais ils sont à chaque fois annoncés
différemment.
La préparation d’un sujet se fait en plusieurs étapes : d’abord un journaliste
écrit son texte, en commençant par le lancement, et en poursuivant avec le
corps du reportage, puis le papier de lancement est envoyé au présentateur,
qui peut tourner le papier un peu à sa manière, avant de le lire à l’antenne.
42
Grégory, animateur radio, en plein travail dans le studio
Après l’émission (qui finit par être lassante), j’ai pu enregistrer un texte que
j’ai écrit moi-même, au sujet des poubelles de Montigny. C’est difficile, car il
faut tout dire en moins d’une minute. J’ai écrit un papier qui m’a paru bon.
Mais quand je l’ai lu devant le micro, c’était tout simplement horrible. Je me
suis alors souvenu de ce que m’avait dit la reporter avec qui j’étais à
Montigny : pour écrire un papier de radio, il faut le rédiger de la même
manière que la façon dont on parle, puisqu’il est destiné à être écouté. J’ai
aussi eu un autre « choc » : quand on parle dans un micro, avec un casque sur
les oreilles, on entend sa vraie voix, celle que les gens extérieurs entendent
lorsque l’on parle.
La radio paraît être une chose facile, mais j’ai dû réécrire et enregistrer plus
d’une dizaine de fois mon texte, avant d’en avoir une version à peu près
correcte.
Conclusion : rapide comparaison des trois processus de fabrication de
l’information
Quand on est dans les coulisses des médias, comme ici, on voit la fabrication
du produit médiatique. Les techniques ne sont bien sûr pas les mêmes, car les
besoins ne sont pas identiques : la radio n’a pas besoin d’image, et le journal
n’a pas besoin de son. Mais ces médias ont une chose en commun : le JT que
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l’on voit, le journal que l’on achète, ces choses ne partent de rien, et c’est le
travail coordonné des journalistes et d’autres personnes (comme les
Secrétaires de rédaction ou les monteurs), qui permet d’obtenir le produit fini,
que l’on connaît.
3EME PARTIE. FICHE METIER :
REPORTER A FRANCE 3 LORRAINE
Activités :
Quelles sont vos activités ?
Journalisme audiovisuel
Quels outils ou machines utilisez-vous ? Quelles matières premières ? Quelle
est la part d’initiative dans votre métier ?
On utilise surtout des caméras et des ordinateurs. Pas de matières premières. Il
n’y a dans ce métier presque que de l’initiative.
Conditions de travail :
Où travaillez-vous ? En extérieur, en intérieur ? Êtes-vous sédentaire ou
travaillez-vous sur des sites différents ?
On travaille sur des sites différents. Il y a une partie du travail faite en
intérieur, à la rédaction, et une autre partie faite en extérieur, pendant les
reportages.
Travaillez-vous en équipe ou seul ?
Le travail se fait par groupes de trois personnes : le reporter, le cameraman, et
le monteur
Avez-vous un supérieur hiérarchique ? Avez-vous beaucoup de collaborateurs
?
Oui, il y a un supérieur hiérarchique (le rédacteur en chef). J’ai assez peu de
collaborateurs, et nous ne travaillons pas vraiment ensemble.
Quels sont vos horaires ? Avez-vous des astreintes ? Faites-vous les 3x8 ?
Les journalistes n’ont pas d’horaires fixes. Leur temps de travail dépend de la
longueur du sujet qu’ils ont à traiter.
Avez-vous toujours exercé de cette façon ? Si oui, connaissez-vous d’autres
modes d’exercice ?
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Oui, j’ai toujours exercé comme cela, car il n’y a pas d’autres manières de
faire.
Si non, pourquoi avez-vous changé ? Et quels sont les avantages et les
inconvénients des autres modes d’exercice ?
Qualités :
Quelles sont les qualités requises pour ce travail ?
Dans ce métier, il faut être patient, avoir un esprit de synthèse, et surtout, il
faut savoir écouter les gens pour mieux restituer leurs paroles.
Des qualités physiques (force, adresse, résistance …) sont-elles nécessaires ?
De la force est nécessaire, uniquement pour les cameramen, qui doivent porter
leur outil qui est très lourd.
Des facultés de communication sont-elles utiles ?
Il vaudrait mieux...
Y a-t-il des compétences ou connaissances particulières nécessaires ?
Il faut avoir et entretenir une bonne culture générale.
Débouchés :
Les débouchés sont-ils nombreux ?
Non
Carrières :
Quelles sont les perspectives de promotion ?
On peut passer rédacteur en chef adjoint, puis rédacteur en chef, mais c’est
rare.
Formation :
Quels sont les diplômes qui préparent à ce métier ? Quelles sont les
possibilités de formation continue ?
Il faut mieux avoir le diplôme d’une école de journalisme mais ce n’est pas
encore obligatoire. Pas de formation continue.
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4EME PARTIE. IMPRESSIONS PERSONNELLES
1° Le choix du stage est-il en rapport avec ton projet personnel ?
Oui, ce stage est totalement en rapport avec mon projet personnel, même si le
métier de journaliste me tente moins qu’il y a encore un an ou deux.
2°Qu’as-tu appris qui serait utile pour ton projet d’orientation ?
J’ai appris des choses différentes dans mes trois lieux de stage :
- Au Républicain Lorrain, j’ai pu voir les étapes de fabrication d’un journal, et
j’ai pu me rendre compte que pour qu’un article paraisse, il faut plus qu’un
reporter et un photographe. J’ai aussi pu voir que pour un même poste, la
façon de travailler (types de prises de notes, photographies) est différente.
Enfin, j’ai appris comment les photoreporters prennent leurs photos.
- A France 3 Metz, j’ai surtout vu la création d’un journal télévisé. J’ai appris
comment on passe de dizaines d’images filmées sans vraiment de liens à un
produit fini, avec un commentaire par-dessus. J’ai aussi vu une partie
technique du métier de journaliste.
- Enfin, à France Bleu Lorraine Nord, j’ai vu comment se passe une matinale
du samedi matin, et j’ai vu là aussi une petite partie technique. J’ai également
découvert, avec beaucoup d’étonnement, qu’à la radio, presque tout ce
qu’entend l’auditeur est en fait écrit.
Dans les trois rédactions, j’ai pu entendre tout un vocabulaire lié au langage
de journaliste, et spécifique à chacun des trois médias. Je n’avais même pas
connaissance de l’existence de ces mots qui désignent le processus de
fabrication de l’information.
Avoir fait ces trois stages me permet de me faire une idée sur les trois facettes
du métier de journaliste, pour pouvoir, si c’était ce que je voulais faire, en
choisir un des trois. Je sais maintenant que je n’hésite plus qu’entre la
télévision et la presse écrite.