Rapport de stage de l’immersion en communauté 2009

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1 Rapport de stage de l’immersion en communauté 2009 Les jeunes et l’alcool Raphaël André, David Lawi, Sébastien Liecthi et Filipe Martins Tuteur : le Professeur Emmanuel Kabengele Mpinga

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Rapport de stage de l’immersion en communauté 2009

Les j eunes e t l ’a l coo l

RaphaëlAndré,DavidLawi,SébastienLiecthietFilipeMartins

Tuteur:leProfesseurEmmanuelKabengeleMpinga

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RESUME

Le rapport de la jeunesse actuelle avec l’alcool a subi une évolutionnotoiredurant les deux dernières décennies. Depuis la fin des années 80, un phénomèned’alcoolisation desmoins de 18 ans est indéniable. Les données épidémiologiquesnous rendent comptede l’ampleurde cedernier; de1986à2002 la fréquencedeconsommation des boissons alcoolisées a doublé chez les 15­16 ans en Suisse. Le«binge drinking» aussi connu sous le nom de «biture express» est un mode deconsommationémergeantapparucesdernièresannées.Pratiquéparcertainsjeunesdans le but d’atteindre l’ivresse le plus rapidement possible, il est devenu unproblèmedesantépublicdepremierordre.Entre2004et2008lenombredecomaséthyliquesaétémultipliéparquatreetlerisquededépendanceàl’âgeadultesembleaccru.Les institutsdepréventionsemobilisentdavantagedepuisquelquesannées,notammentenmatièred’informationetdesensibilisation.Cerapportfaitunétatdelasituationactuelle,ens’efforçantd’apporterdesélémentsderéponseauxdifférentsaspectsdecetteproblématique.

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SOMMAIRE

Remerciements p.4

Hypothèsederecherche,matérielsetméthodes p.5

Chapitre 1 Introduction p.6

Chapitre 2 Epidémiologie p.7

Chapitre 3 Lescausesetinfluencesdu«bingedrinking» p.14

Lesreprésentations

Unenvironnementfavorable

Unaccèsfacile

Unparcourstypique

Chapitre 4 Leseffetsdel’alcoolsurl’organisme p.17

Commentl’éthanolagitsurnotreorganisme?

Quelssontlesrisquesd’uneintoxicationàl’alcool?

Apartirdesrisquesd’uneconsommationd’alcoolaulongterme,quelsprésagespourlanouvellegénérationdes15à18ans?

Chapitre 5 Lapriseencharged’uneintoxicationaiguë p.21

Commentagirfaceàuneintoxicationaiguëd’unindividu?

Quelsuivienvisageablepourcesjeunes?

Chapitre 6 L’alcoolenSuisse:untourd’horizon p.22

Chapitre 7 L’alcooletsaprévention:undomainequibouge! p.24

Conclusion p.26

Bibliographie p.27

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REMERCIEMENTS

L’élaboration de ce projet d’immersion communautaire n’aurait pas été possiblesans la participation des différents intervenants à qui nous sommes allés poser desquestions. Nous remercions doncMonsieur Umberto Lopes, éducateur de rue, que noussommesallésvoirenpremierlieuetquinousapermitdebienciblerlesmultiplesfacettesdes problèmes d’alcool chez les jeunes; ainsi que les deux membres de l’associationAlcooliquesAnonymespourleursincéritéenverslesconséquencesparfoistrèsdifficilesdela dépendance à l’alcool. Nous tenons aussi à remercier la doctoresseMontserratDuran,chef de clinique aux urgences pédiatriques des Hôpitaux universitaires de Genève, pournousavoirfaitpartdesescompétencesdansledomainemédical.UngrandremerciementauxjeunesadolescentsducollègeClaparèdequinousontpermitderéaliserdessondagesintéressants,unreportageetunemiseenabîmedanslajeunessed’aujourd’hui.

Nous tenonsàaffirmernotregratitudeenversMonsieur leConseillerd’EtatUngerquiaprislapeinedenousrecevoiretdediscuteravecnousdelapolitiqued’aujourd’hui,concernantlesjeunesetl’alcool.

Nous adressons nos remerciements tous particuliers à Madame Fehlmann‐Rielle,secrétaire générale de la FEGPA, ainsi qu’àMonsieur Graf, directeur de l’ISPA, pour leursympathie et leurs informations précieuses concernant les données épidémiologiquesgenevoisesetsuisses.

Enfin,noustenonsàremercier toute l’équipedesorganisateursde l’IMCpour leurdévouement au sein du projet communautaire, notamment le Professeur PhilippeChastonay.

On ne pouvait conclure cette page de remerciements, sans remercierchaleureusementnotretuteurdévoué,leProfesseurEmmanuelKabengeleMpingaquinousaapportétoutsonsoutienettoutessesconnaissancespourmeneràbienceprojet.

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HYPOTHESE DE RECHERCHE, MATERIELS ET METHODES

Notreprojetcommunautaireapourbutd’élucider lesoriginesdu«bingedrinking»,d’analyser lesmoyens qu’on les jeunes d’y aboutir, de faire un état de lieu de la situationactuelleetenfin,desepenchersurlapréventionmisenplaceparlesdifférentsacteursdelasanté.

Pour mener à bien cette étude, nous nous sommes servis des tests audits quipermettentd’obtenirdesstatistiquesàproposde laconsommationd’alcool.Lesrésultatsont ensuite été entrés dans un tableau Excel afin d’élaborer des graphiques analytiques.Nousavonsaussiutilisétoutaulongdenotreétude,unecaméravidéoaveclaquelleunfilmauraétéréalisécomportantlesdifférentsintervenantsinterrogés.

Un support informatique fut nécessaire pour monter la présentation et faire lerapport.Egalement,internetnousapermitderechercherlalittératurenécessaireainsiquelescoordonnéesdesreprésentantsdelasantéenSuisseetdesinstitutsquis’occupentdesproblèmesd’alcool.

Notre méthode d’élaboration du projet fut relativement simple. Nous nousréunissions avec notre tuteur une fois par semaine pour qu’il puisse voir l’avancée destravauxetnousdonnerdesconseils.Legroupeseretrouvaitaussichezl’undenouspourtravailler séparément sur les différents points de l’étude et se préparer sur les futuresinterviews.

Noussommestoujoursrestésencontactetavonstravaillémaindanslamainjusqu’àl’échéanceduprojet.

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1) INTRODUCTION

Disponible légalement, l’alcool est une des rares substances psychotropessocialementacceptées.Consomméeautantdansdescadresculturels,familiauxquesociaux,elle n’en reste pasmoins une source de dangers potentiels en cas d’abus. En Suisse, lesdonnéesépidémiologiquesmontrentquelafréquencedeconsommationdesjeunesde15‐16ansadoubléeenquinzeans.

Les jeunes sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes de l’alcool. Laprécocitédesaconsommationentraineraituneaugmentationdurisquededépendancesurle long terme. Par ailleurs, grâce aux nouvelles avancées en neuro‐imagerie, on a puconstater que la consommation d’alcool dès le plus jeune âge pouvait interférer avec ledéveloppement normal du cerveau de l’adolescent. Des troubles cognitivo‐comportementauxontainsiétéobservés,notammentencequiconcernelamémorisationet lesaspects relationnels.Les jeunesconsommateursabusifs sonteneffetplusenclinsàavoir des conflits familiaux, des attitudes violentes et des actes irréfléchis comme lesrapportssexuelsnonprotégésetl’abusdesdrogues.

Lerapportdelajeunesseavecl’alcoolestuneproblématiquecomplexeàlaquelleilfautapporterunfaisceauderéponsesàdifférentsniveaux. Aujourd’hui,boireestdevenuun concept et la «biture express» est devenue une réelle mode, basée sur uneconsommationrapideetviolentedontlebutultimeestladéfonce.

AGenève, la FEGPA (Fédération genevoise pour la prévention de l’alcoolisme) estune entité chargée d’élaborer des stratégies préventives, afin d’informer les jeunes ainsique leur entourage des attitudes à adopter et des risques de la consommation excessived’alcool. Elle est subventionnée par l’Etat et constitue un des fers de lance desmesurespubliquesdepréventiondel’alcoolisme.

L’essence d’un tel phénomène n’a pas encore été élucidée, et des articlescommencentenfinàêtrepubliésdanslesrevuesmédicales,afindetrouveréventuellementdessolutionsauproblème.

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2) EPIDEMIOLOGIE

«EnSuisse,prèsde300'000personnessontdépendantesdel'alcool.

Entre450'000et900'000individusviventavecunepersonnemaladedel'alcool.

Parmicesproches,50'000à100'000sontdesenfants.»(ISPA).

Depuisunpeuplusdedixans,nousobservonsenSuisseetdans lerestede l’Europeune importante augmentation de la consommation d’alcool chez les adolescents. Denombreusesétudesnationaleset internationalesmettentenévidencequedurantcesquinzedernières années non seulement l’âge et le sexe des jeunes consommateurs d’alcool ontchangémaiségalementleurmodeetleurfréquencedeconsommationd’alcool.

L’étudeHBSC(HeathBehaviourinSchool‐agedchildren)menéeparl’institutsuissedeprévention de l’alcoolisme et autre toxicomanie (ISPA) montre qu’en quinze ans laconsommationhebdomadaired’alcoolchezlesjeunesenSuisseàpratiquementdoublée. En1986, 24,3%desgarçonset10,5%des fillesde15à16ansdéclaraientboirede l’alcoolaumoinsunefoisparsemaineeten2002,respectivement40.5%et25,8%.

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Cette même étude rapporte qu’en 2002, 23% des adolescents âgés de quinze ans, filles etgarcons confondus, déclarent avoir été ivres au moins deux fois dans leur vie et que l’âgemoyendeleurpremièreconsommationd’alcool(plusd’unegorgée)estde13.1ans

pourlesgarconsetde13.4anschezlesfilles.

Entre 2002 et 2006, une légère diminution dans la fréquence de consommationd’alcool chez les jeunes en Suisse a été constatée. Cependant, si leur consommationhebdomadaire a diminué, leur mode de consommation a radicalement changé. En effet, lenombre d’hospitalisations pour alcoolisation aiguë et coma éthylique aux urgencespédiatriquesdeGenèveapresquequadrupléentre2004et2008.

Une des raisons potentielles de cette forte augmentation des ivresses aiguës est lephénomènedu«bingedrinking»quel’onappellecommunémentenfrancais«alcool­défonce»ou «biture express». Il s’agit d’un nouveau mode de consommation très en vogue chez lesjeunesquiconsisteàingererunegrandequantitéd’alcooldansuncourtlapsdetemps,danslebutd’êtreivreleplusrapidementpossible.5verrespourlesgarconset4pourlesfillesdansunepériodededeuxheuresestladéfinitionofficielleproposéeparleNIAA(NationalInstituteofAlcoholAbuseandAlcoholisme).

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Uneétudenousrévèlequ’en2007enSuisseplusde40%desgarconset30%desfillesentre15 et 16 ans, dans les trente jours qui précédaient l’enquête, se sont adonnés au bingedrinking.

EncequiconcernelesstatistiquesquenousavonseffectuéssurunecinquantainedejeunesducollègeClaparèdedontl’âgemoyenestde16ans,onpeutconstaterquecertainsrésultatscorroborentaveclesstatistiquescitéesci‐dessus.

1) Agedelapremièreivresse:

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2) Fréquencedeconsommationd’alcool:

3)Combiendeverrescontenantdel'alcoolconsommez‐vousunjourtypiqueoùvousbuvez?

4) Avec quelle fréquence buvez‐vous six verres ou davantage lors d'une occasionparticulière?

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En conclusion, lesdonnées récoltéespermettentdemettre enévidence le fait quemêmesurunéchantillonnettementplus restreint, ici en l’occurrence50 collégiensd’un collègeGenèvois,nousarrivonsàdesrésultatssimilairesàceuxdesétudescitéeplustôtquiellessesont faitessur lesadolescentsde toute laSuisse.Autrementditmêmeen interrogeantseulement50collégiens,ilsnousaétéaisédeconstaterqu’unegrandeproportiond’entreeuxboitbeaucoupettrèssouvent.

Quenousdisent lesstatistiques lorsquenousessayonsd’analyser lescauseset lesfacteursderisquespossiblesquiontmenéàune telleaugmentationde laconsommationd’alcoolchezlesmineurs?

Premièrement on voit une corrélation évidente entre l’augmentation de laconsommationd’alcooldesjeunesetl’emergencesurlemarchédepuis1996d’unnouveautype d’alcool: les alcopops, des boissons très sucrées à base d’alcool fort qui attirenténormémentlesadolescents,surtoutlesfilles.L’importanteteneurensucredecesboissonspermetdemasquer legoutde l’alcool fort, souventdisuasifpour les jeunes.Accompagnéd’un design et d’un marketing très moderne, ces boissons séduisent une tranche desadolescentsquinebuvaientpasouseulementtrèspeu.En2002,17,3%desgarconsentre15et16ansdéclaraientboirentunalcopopsaumoinsunefoisparsemaine.

Cependantdepuis l’introductionen2004d’un împotspécialsur lesalcopops lapartdesjeunesquidisaientconsommeraumoinsunefoisparsemainedesalcopopss’estréduitchezlesgarçonsde17.3%en2002à9.7%en2006,celledesfillesdescendaitde17.0%en2002à9.8%en2006.

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Uneautrecausepotentielleàmettreenrelationavec l’augmentationde laconsommationd’alcool chez les moins de dix huit ans en Suisse est la simplicité d’accès à l’alcool. LesstatistiquesdeL’ISPAmontrentqueplusde90%desmineursquiontachetédel’alcoolonttrouvé cela “facile” voir “très facile”. Une autre statstique démontre qu’environ unadolescentsurdixa lapossibilitéd’accéderàde l’alcoolauseindudomicile familialsansque sesparents enaient connaissance. L’achatd’alcooldansun commercene représentepasunobstacleconséquentauxyeuxdesmineurs. Les raisons personelles qui motivent l’acte de boire de l’alcool en grande quantitédoivent également être analysées pour mieux cerner la raison de cette consommationd’alcoolchezlesadolescents.L’étudeHBSCnouspermetdeclasserlesmotivationsdecesjeunes en différents groupes. Il y a tout d’abord les raisons d’ordre sociale, les plusfréquentes,parexemple: «pourmieuxapprécierune fête»ou«parcequec'estplusdrôlelorsque l’on est avec les autres”. Il y a également le groupe des sensations: «parce quej’aime la sensation que cela procure», environ 30% d’entre eux répondent simplementqu’ils boivent de l’alcool dans le but d’être saoul, ils recherchent seulement l’effet dedésinhibitiondel’alcooletnonsongoût.Enrevanchelesadolescentsquiadmettentboirede l’alcool pour des raisons comme «pour oublier mes problèmes» ou «parce que celam’aidelorsquejemesensdépriméounerveux»sontbienmoinsnombreux.

Les principaux facteurs de risques qui poussent les jeunes à boire sontmultidimensionnels. Ils sont à la fois biologiques (l’influence de l’hérédité ou encore dutempérament),àlafoispsychologiques(mésestimedesoi,mauvaisegestiondustress)etàla fois environnementaux (normes sociales permissives envers l’alcool, pauvreté, abusphysique).Ilestdifficiledequantifierl’influenceexactedesfacteursderisquesbiologiquesetpsychologiquessurlaconsommationd’alcooldesjeunes,enrevancheencequiconcerneles facteursderisquesenvironnementauxplusieursétudesontpumettreenévidence lesinfluencesquepeutavoirlemilieusocialsurlaconsommationdesjeunes.

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Des études sur l’influence du milieu familial montrent qu’entre 26 et 41% desenfantsdeparentsalcooliquesleserontégalement.Ilyaégalementunecorrélationentremauvais traitement parental comme des abus physiques avec l’abus de boisson chez lesadolescents.

Encontrepartie,l’étudedeSimons‐MortonetChenmontrequel’investissementdesparentsdanslaviedel’enfantpeutavoiruneffetprotecteursursaconsommationd’alcool,soitenagissantdirectementsursaconsommation,soitenlimitant lenombredesesamisconsommateurs.

Des statistiques de d’autres études qui étaient ciblées sur l’influence des pairs,montrentquelesfillessontplussensiblesàl’effetdegroupequelesgarçons,ellessontparconséquent très influençables quant à leur consommation d’alcool. Une autre statistiqueintéressantemontrequ’unbonindicateurpoursavoirsiunadolescentboitoufumeestdesavoirsises5amislesplusprochesfumentouboivent.

Endéfinitive,toutescesstatistiquesnouspermettentdenousfaireuneidéedutauxdeconsommationd’alcoolchezlesadolescentsoud’avoirdesélémentsderéponsesencequiconcernelesinfluences,lesfacteursderisqueoulesraisonspersonnellesquimotiventlesjeunesàboire.Malheureusement,ellesnenousdonnentquedesélémentsderéponsesetnonpasuneréponseconcrèteauxquestionsquenousnousposonssurl’origined’untelphénomène et sur lameilleuremanière de le prévenir. Ces statistiques nous permettentsurtout de mettre en lumière le fait que le problème de l’alcool et des jeunes est unproblèmedesantépubliquecomplexecarilestmultifactoriel,lesinfluencesetlescausesdecette augmentationde consommationd’alcool en seulementquinze ans sontmultiples etpropreàchaqueadolescent.Enfindecompte,aucunerecettemiraclen’existepourstoppercephénomène,cequirendcompliquélapréventiondeceproblèmedesantépublique.

C’est pourquoi la prévention de l’alcool chez jeunes par le département del’économie et de la santé (DES) axe principalement ses campagnes de prévention autourd’unestatistiquesimple:«pluslapremièreprised’alcoolestprécocepluslesrisquessontélevés de développer une dépendance à l’alcool à la vie adulte ». LeDES a donc commechevaldebatailleàsanouvellecampagne,decentrerseseffortspourretarderlapremièreconsommationd’alcooldesadolescents.

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3) LES CAUSES ET INFLUENCES DU « BINGE DRINKING »

Tout comme dans le reste de l’Europe, on observe depuis quelques décennies enSuisseuneaugmentationdelaconsommationglobaled’alcoolchezlesjeunes.Malgréunelégèrediminutiondepuis2002,unnouveauphénomèneprenddel’essoretfaitdeplusenplusd’adepteschezlesplusjeunes.Onparledebitureexpresstraduitedel’anglais«bingedrinking».

Les effets de cette pratique ont, depuis environ 2004, rempli les couloirs desurgencesdejeunespatientssouffrantd’intoxicationsaiguësàl’alcool.

Cenouveaumodedeconsommationn’estpasfacileàanalyseretnetrouvepassesraisonsdansuneuniqueorigine.Afindecomprendrecetteproblématique, ilnous faudraprendreencompteunensemblede facteurs toutaussicomplexequeceuxquiont faitdenotresociétécequ’elleestaujourd’hui.

Il serait intéressant d’approcher ce problème à trois niveaux. Tout d’abord, cesreprésentationsdanslesmentalitésetlesconsciences,puisdansl’environnementquotidiendanslequelnousvivonsetfinalementenimmersionaveclesjeunes.

Lesreprésentations

Lesmodesonttoujoursunpasd’avancesurlesmentalités.Eneffet, lesdangersdel’alcool dans l’esprit commun se trouvent plutôt dans la chronicité que dans laconsommationaiguë.Lacirrhoseestréservéeà«l’alcolo»dubarPMU.C’estpourquoi labitureduweekends’est facilement intégréedansnosmœurs.Auneexceptionprèspeut‐être,celuidel’alcooletduvolant.Danscedomaine‐là,lescampagneschocsdepréventionréussissent à marquer les consciences, du moins celles des jeunes que nous avonsrencontré. Malgré tout, les accidents de la route restent encore la principale cause demortalitéchezles15‐25ans.

Voilà un point sur lequel la prévention devrait se recentrer et se concentrer. Lesjeunesne sont pas au clair avec les risques sur le court terme, qu’ils pensent naïvementmaîtriser. Cela dit, l’Etat, de même que la prévention, ne sont pas les seuls fautifs.L’entourageetlesparentslesontaussi.Lesadultessonttrèstolérantsparrapportàcettenouvelletendancequileursemblenaturelleàcetâge.Seulleursenfantsdansleurchambrelabouteilleàmoitiépleinedanslamainpourrait leschoquer.Laplupartd’entreeuxn’enmesurent pas les dangers. Ces derniers ne sont inquiétés que par l’image du «poivrot»accoudé au bar. De plus, dans notre société où il faut toujours travailler davantage, lesparentsmanquentdetempspourl’éducationdeleursenfants.Unesociétédanslaquelleilestparfoisdifficiledes'intégrercommelesoulignaitunéducateursocial.Lesjeunesissusde parents immigrés non‐intégrés se retrouvent souvent livrés à eux‐mêmes dans unecultureétrangèrequipeutéchapperaucontrôlefamilial.

Dansnotreculture,l’alcooln’estmêmepasreprésentatifd’undangerpourlasantéet pour cause, deux verres de vin rouge par jour sont même recommandés par noscardiologues pour les effets bénéfiques apportés au système cardiovasculaire, d’où ledécalage.Celan’a‐t‐ilpasfinalementunemauvaiseinfluencesurnotreinconscient?Careneffet,onoublievitequecettesubstancecrééedesaddictions.

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Lesadolescentsne saventplusoùendonnerde la tête, tirailléspardesmessagesobsolètesetcontradictoires.

Unenvironnementfavorable

Pour des jeunes enmanque de repères, l’environnement dans lequel ils évoluentressembleàune«jungle».Lesmessagesqu’ilsreçoiventviennentdetoutesparts.Certainsl’ontbiencompris.La jeunesseseretrouvedeplusenplustôt indépendantemaisa‐t‐ellelesépaulessuffisammentsolidespourrésisteràtoutescessollicitations?

A la question: pourquoi les jeunes se comportent‐ils de cette façon? Certainsspécialistes répondent; parce que nous vivons dans une société de plus en plusindividualistequiperdsesritesdepassage.C’estpourquoicertains jeunesquisesententconsciemmentou inconsciemmentabandonnés se les invententeux‐mêmes.Lapremièrecuitepourraitenêtreun.

Aunâgeauquellajeunesseestparticulièrementsensibleetinfluençable,ilestfaciled’enprofiter.Lesgrandesmarquesdespiritueuxl’ontbiencompris.Malgréunelégislationrelativement stricte, ces entreprises réussissent à détourner les lois et à centrer leurcampagne publicitaire sur les jeunes. Ils ymélangent de jeunes gens beaux et sexy, uneambiance festive et bien évidemment leur produit au premier plan. Pour preuve, ladernièrepublicitétéléviséed’unecélèbremarquedebièrebaséeàFribourg.Onyvoittroismisssuissesenboîtedenuitfairel’apologied’unebièresansalcool.

Les magazines destinés aux adolescents sont remplis d’images dans lesquellestrônent toutes sortes de bouteilles d’alcool. Tous les médias sont envahit et toutparticulièrementlepréférédes15‐25ans,internet,oùlespublicitésinterditessurlepetitécranvoyagentsanscontrôledeboîtesmailenboîtesmailàlavitesseduhautdébit.Lefaitle plus marquant de ce virage dans leur stratégie marketing a été l’introduction desalcopopssurlemarché.Cesdernièresboissonsalcooliséessontsurchargéesdesucreafindemasquer le goût de la vodka oudu rhum. Leur vente a étémultipliée par vingt entre2001et2002.Maisleurprixétanttropélevé,lesjeunessesontrabattussurlesalcoolsfortsqu’ilsmélangentdésormaiseux‐mêmesavecuneboissonquidonnedesailes

Unaccèsfacile

Maiscomment font‐ilspourseprocurerde l’alcool?Eneffet, laventeest interditeaux mineurs. Là encore, on trouve des incohérences. La bière, le vin et le cidre sontproscritsauxmoinsde16anstandisquelesalcoolsfortslesontaumoinsde18ans.Unenouvelle loi a été votée pour protéger les jeunes, cette dernière dicte l’interdiction de lavented’alcoolaprès21heures.Malgrétout,iln’ajamaisétéaussifaciledes’enprocureràn’importequelâgeetàn’importequelleheure.

Un nouveau genre d’épicerie a vu le jour depuis quelques années et poussentdésormaiscommedeschampignons.Cesontdansdeslieuxcommeceux‐làquelesmineursréussissentàsefournirpourautantqu’ilscachentleursachatsdansunsacafindenepasattirerl’attentiondesautorités.Règlerait‐onleproblèmeencontrôlantmieuxcesquelqueséchoppes? Rien n’est moins sûr, l’interdiction ne fait que déplacer l’obstacle. En effet,désormais certainsparticuliers semettentmêmeà la venteenallantdirectement sur leslieuxderencontredesmineurs,commeparexemplelesparcs,prisésdesadolescents.

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Unparcourstypique

Ilexistedifférentsgroupesdeconsommateurs.Lepremierestceluiquiconsommede l’alcoolquedansde très raresoccasions.Lesecondestceluidesamateursquiaimentdéguster un bon repas accompagné d’un verre de vin. Le troisième est celui qui nousintéresse. Il comprend les buveurs du weekend pour qui la fête rime avec ivresse. Ledernierestcelui«deboirepourboire».Chezlesmineurslalimiteentrecesdeuxderniersgroupespeutêtrefloue.

Lepremierverreprécédentlapremièrecuiteseboitsouventauseindesongrouped’amiqui s’est réuni autourd’unebouteille. Lepremierobjectif de cette soiréepeut êtreconsidérécommeleritueldepassagediscutéplushaut.Cesontcespremièrescuitesquisetrouvent être les plus dangereuses, celles qui permettront de poser leurs limites deconsommation mais qui parfois se terminent aux urgences. D'autres exemples sontinquiétants.Commeonpeut ledécouvrirsur internet,certains internautesse lancentdesdéfisenfilmantleursexploits.Ils'agitdeboire«culsec»desbouteillesd’alcoolfort.

Lamoyenned’âgedesvictimesseprésentantauxurgencespouruneintoxicationàl’alcool ou autrement dit en coma éthylique est de 15 ans. De plus, la répartition entregarçonsetfillesestrelativementhomogène.Malgrétout,danslaplupartdescaslescomassont des «accidents» et servent de leçons à ceux qui s’en sortent. Une fois ses limitestrouvées,lebutdessoiréeschangepourlamajoritédecesjeunes.L’objectifestdorénavantd’atteindrel’ivresseleplusrapidementpossiblepourungrandsnombrederaisons:fairelafête sans inhibition, aborder les filles avec moins d’appréhension, se libérer des soucisquotidiens,serelaxeretbiend’autresencore...

Comprendrelesoriginesetlesraisonsd’unphénomènen’équivautpasàlejustifiermais sert à tenter de le maîtriser. Les causes les plus probables sont le manque decommunicationentregénérations,ladémissionparentale,l’hypocrisieetlamauvaisefoidecertaines entreprises, ainsi qu’une jeunesse en manque de repères. La meilleure dessolutionsseraitdecomblerces lacunes.Unepréventionomniprésenteetune informationrenforcéeparaissentêtrelavoieàsuivre.

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4) LES EFFETS DE L’ALCOOL SUR L’ORGANISME

Lorsquel’onparledeseffetsdel’alcool,ilseraitplusàmêmedefaireréférenceauxeffetsdel’éthanolsurnotreorganisme.

L’éthanolest lecomposéactifde toutesubstance«alcoolisée»ets’est luique l’ondosedans lesangpourdépister le tauxd’alcoolisationd’un individu.Cedosages’effectuegénéralementengrammepardécilitre(g/dL).Atitred’exemple,unverredevincomporte0,02g/dLd’éthanol.

Commentl’éthanolagitsurnotreorganisme?

L’éthanolestundépresseurdusystèmenerveuxcentral(SNC)quiadenombreusescapacités d’interaction avec lesmessagers chimiques. Lesmécanismes d’action sont tropcomplexes pour être cités précisément, cependant ce que nous pouvons dire c’est quel’éthanol potentialise les effets du GABAa tout en diminuant ceux du NMDA, mais aégalement des effets positifs sur les système opioïde, cannabinoïde, dopaminergique etenfin sérotoninergique. On comprend ainsi l’exacerbation des sentiments de puissance,«d’étatsecond»,dedésinhibitionetparfoisd’hallucinationchezl’individualcoolisé.

L’absorptionde l’éthanolpar l’organismen’estpas lamêmepartout.Ellese faitenpetite quantité à travers les muqueuses de la bouche et de l’œsophage, en moyennequantité auniveaude l’estomacetdu côlon, et enfin, engrandequantité auniveaude lapartieproximalede l’intestin grêle. Celle‐ci est augmentéeparune faible contenance enprotéines,carbohydratesetgraisses,ainsiqueparunerapidevidangegastrique.

Aprèsabsorptiond’ethanoldansnotreorganisme,il iraengrandemajoritédanslefoieoùilseramétaboliséenacétaldéhyde.Seulement2à10%iradirectementdansl’urine,lespoumonsetlesvoiesdelasudationafind’êtreimmédiatementexcrété.

Quelssontlesrisquesd’uneintoxicationàl’alcool?

Aujourd’hui,onconsidèrequ’uneconsommationsupérieureà2verresd’alcoolparjouraugmentelesrisquesdedéfaillanceorganique.Endessous,onconnaît lesvertuesdel’alcool sur le système cardiovasculaire, comme la diminution de risque d’athéroscléroseparaugmentationduHDL‐cholestérol(lipoprotéinesdehautedensité)etdesmodificationsdes facteurs de coagulation. D’un point de vue législatif, l’intoxication légale varie entre0,05et0,08g/dLdanslesang.

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Cettemesurereflètesimplementlesdifférentseffetsdel’alcoolenfonctiondeladose.Voicici‐dessousleseffetsdose‐dependants:

• 0,02(1verredevin):diminutiondel’inhibition

• 0,08:diminutiondesfonctionscognitivesetmotrices

• 0,2:pertedelacoordinationmotrice,irritabilité,diminutiondujugement

• 0,3:comaléger,diminutiondessignesvitaux

• 0,4:risquededécès

Pouressayerd’êtreplusprécis,onpeutdistinguerlesrisquesphysiquesetlesrisquespsychosociaux.

Risquesphysiques

‐ Hypoglycémie(dansles6à36heuresquisuiventl’intoxication)

‐ Hypothermie

‐ Convulsions

‐ Coma

‐ Pancréatite

‐ Traumatismescrâniens

‐ Mort

Risquespsychosociaux

‐ Vols

‐ Bagarres

‐ Problèmesaveclapoliceetlajustice

‐ Conflitsfamiliauxetamicaux

‐ Difficultésscolaires

‐ Agressionssexuelles

‐ Accidentsdelaroute

‐ Relationssexuellesnonprotégées

Les risques d’une intoxication à l’alcool ne sont pas illusoires, puisque selon leschiffres données par l’ISPA(institut suisse de prévention de l’alcoolisme), une sur sixquerelles avec son partenaire est causée par l’alcool et une personne sur douze affirmeavoireuunaccidentàcausedel’alcool,chezles15à24ans.

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Apartirdesrisquesd’uneconsommationd’alcoolaulongterme,quelsprésagespourlanouvellegénérationdes15à18ans?

Lesméfaits de l’alcool au long cours sur le corps humain sont dores et déjà bienconnus. Ce qui reste difficile à évaluer c’est la conséquence future d’une consommationprécoced’alcool,dèsl’âgede12ans.

Enplusdesproblèmesquetoutlemondeconnaîtcommelescéphalées,lesnauséesetlesvomissements,l’alcoolconsomméfréquemmentetenexcèsentrainedestroublesdusommeil,unediminutiondutempsdeREM(RapidEyeMovement)etdusommeilprofond.Une baisse de la capacité érectile malgré l’augmentation du désir sexuel est aussiobservable. Les troubles anxieux peuvent aussi être attribués à la consommationquotidienned’alcoolmêmesisouventonpensequel’anxiétéestàl’originedelaboisson.Ilest évident que tout cela n’est pas très clair et qu’il s’agit dès lors d’un engrenage oùl’individun’apaslaforcepsychiquedes’ensortir.

Les autres complications d’une consommation récurrente d’alcool sont moinsfréquenteschezlejeune,maistoutesaussiimportantesetnonnégligeables.L’œsophagiteetles gastrites hémorragiques peuvent être rencontrés chez les individus de tout âge. Lapancréatiteestunecomplicationconnueetprobablementl’unedesplusgraveavec25caspar an en Suisse à cause de l’alcool. Egalement, 15 % des alcooliques développent unehépatiteouunecirrhosedufoie.Enfin,ilaétédémontréquel’alcoolaugmentaitlesrisquesdecanceravecletemps.Onciteratoutd’abord,uneaugmentationdurisquedecancerdusein par un facteur 1,4 avec 1,5 verres/jour; une augmentation du risque de cancer del’œsophageparunfacteur1,5avec4verres/jour.

D’autrescomplicationsexistent,maisrestentrarescommelesatrophiescérébralesavecdéficitvitaminique(exempledusyndromedeKorsakoffparundéficitenthiamine)oubien encore les troubles gynécologiques chez la femme comme une aménorrhée, uneatrophiedesovairesouencoreuneabsencedecorpsjauneavecunestérilité.

Un dernier point touchant les problèmes liés à l’alcool est le développement depathologiesneurologiques.Ilestditqu’environ5à15%desalcooliquesdéveloppentdesneuropathies périphériques, polynévrites et tremblements. La question qui se poseaujourd’huiconcernelesjeunesquisemettentàboiretrèstôtdel’alcool.Eneffet,onpensequeplusl’âgedelapremièreconsommationestprécoceetpluslesrisquesdetomberdansl’alcoolisme et d’avoir des complications augmentent. Les raisons ne sont pas encoreconnuesaujourd’hui,cependantcequel’onpeutdirec’estqu’auparavantonpensaitqueledéveloppementduSNCétaitterminéàl’adolescence.Désormais,grâceàlaneuro‐imagerie,onapuconstaterquecelle‐ciétaitunepériodeimportantedanslamaturationcérébraleetcognitive. L’abus d’alcool durant cette période charnière pourrait donc entrainer desdéficitscognitifsetdemémorisationparlasuite.

Une hypothèse serait alors envisageable: en admettant que les troublescomportementauxetdejugementpourraiententrainerunmanquedesubjectivitéàl’égardl’alcool et une diminution de l’appréciation des risques, cela conduirait ainsi à uneconsommation moins contrôlée. Cette hypothèse a commencé à être démontrée par unarticlepubliéle26mai2009surpubmeddansPsychopharmacologyparLoeberSetDukaT. Cet article concluant sur le fait que l’alcool diminuerait l’esprit de vigilance face auxconséquencesnéfastesetainsicontribueraitpeut‐êtreaucomportementrisquéetaubingedrinking.

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Pour l’instant, les étudesmontrent les chiffres cliniques des hospitalisations et larecherche ne nous a pas encore dévoilée tous les méfaits de l’alcool à partir d’uneconsommationquiseveutdeplusenplusjeune.Cequel’onpeutcraindreaujourd’hui,c’estunerecrudescencedunombredepathologiesliéesàl’alcoolchezdesindividusdeplusenplusjeunesdanslesprochainesdécenniesquisuivent.

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5) LA PRISE EN CHARGE D’UNE INTOXICATION AIGÜE

Commenousl’avonsvu,lesrisquesencouruspeuventêtregravesenfonctiondelaquantitéd’alcoolingérée,del’âgedelapersonneetdelapriseconcomitantededroguesoudesmédicaments.Nousallonsénoncerbrièvementlesgrandsprincipesdepriseencharged’uneintoxicationaiguëàl’alcool.

Commentagirfaceàuneintoxicationaiguëd’unindividu?

Dansunpremiertemps,larelèvedessignesvitauxestprimordiale.

Il faut sinécessaireprendreenchargeunedépressionrespiratoire ‐ provoquéepardesbenzodiazépinesoubarbituriques–ouunearythmiecardiaque,ouencoreuntroubledelapression artérielle. Dans un second temps, une analyse des urines et/ou du sang estnécessaire pour vérifier l’abus de substances complémentaires.Dans un troisième temps,resterattentifà l’hypoglycémie,auxproblèmeshépatiquespossiblesetàuneacidocétosediabétiqueestimportantpouréviterl’aggravationdel’étatdupatient.

Silapersonneestcoopérante,lalaisserdansunenvironnementcalmesereposer.

Si la personne est très agitée voire proche du coma, il faut l’hospitaliser, la calmer parl’injectionoulapriseperosdebenzodiazépines(1‐2mgdeLorazépam)toutenseméfiantdes effets dépresseurs respiratoires et lui poser une voie d’abord veineuse pour laréhydrateravecdusérumphysiologiqueetduglucosepourluttercontrel’hypoglycémie.

Quelsuivienvisageablepourcesjeunes?

L’écoutedupédiatreoud’unpsychiatredoitêtrepossiblepources jeunes.N’étantpasgénéralementaumêmestadededépendancequelesgrandsalcooliquesquisuiventdesthérapiesdegroupe,commelesalcooliquesanonymesparexemple,l’informationdoitêtreapporté délicatement et individuellement. Le but majeur étant de limiter la premièreconsommation excessive et non l’arrêt de boire. L’existenced’associationspour aider lesparentsàmieuxgérerlesproblèmesd’alcooldeleursenfants,commemon‐ado.ch,sembleaussiêtreuntrèsbonmoyenpourlimiterlesrisquesd’unedépendanceaccruedel’enfantetapporteruneinformationefficace.

Auplannational,ilfautréglementerlespublicitéssurl’alcool,etilfaudraitencadrerlessoiréessponsoriséesparlesgroupesdedistributiond’alcoolquifavorisel’alcoolismeaiguchezlesjeunes…

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6) L’ALCOOL EN SUISSE : UN TOUR D’HORIZON

La législation suisse en matière d’alcool est répartie en deux domaines decompétence.D’unepartceluidelaconfédérationquirégitvialedroitfédérallecadredelaventeetdelapromotiondesboissonsalcooliséesdansnotresociété.Etd’autrepartceluides cantons qui via différentes dispositions légales s’occupent de l’application du droitfédéral,ainsiquede lacréationd’autres loisrégissantplusprécisément laconsommationd’alcool.

Pourcequiatraitàlavented’alcoolsfortschezlesjeunesdemoinsde18ans,elleest interdite par la «loi fédérale sur l’alcool». Cette loi n’ayant pas subi demodificationdepuis 1932, était jusqu’en 2005, la seule mesure légale au niveau fédéral limitant auxmineurs l’accès à certains alcools. L’ordonnance sur les denrées alimentaires datant denovembre 2005 vint définir plus en profondeur ce cadre, en interdisant la vente den’importequelleboissonalcooliséeàunadolescentdemoinsde16ans.Cettedispositionaégalement proscrit toute publicité pour l’alcool visant les jeunes. On constatemalheureusement que certaines marques contournent ce problème, par la promotionpublicitairedeboissonsnonalcoolisées,afind’attirerla jeunesseversunpanelpluslargedeproduitseuxalcoolisés.

En nous intéressant à ce qui se passe chez les pays voisins, il est possible deremarquerquelapolitiquesuisseconcernantlesrestrictionsdevented’alcoolauxmineursesttrèsprochedecelledel’Allemagne.LaFrancequantàellevientdepuisle10mars2009d’adopterparunevotationàl’assembléenationalel’interdictiontotaledelavented’alcoolauxmoinsde18.LeRoyaume‐Uniquienplusdelamêmeprohibition,vaencoreplusloinen pénalisant l’achat d’alcool par des mineurs. Cette approche fait de la politiquebritanniqueunedesplus stricts et répressivede l’unioneuropéenneenmatièred’alcool.Malgrétout,lesjeunesbritanniquesfontpartiedesplusgrosconsommateursenEurope.

LaConfédérationadonc la responsabilitéde réglementer le commercede l’alcool.Elle perçoit au passage une taxe sur certaines boissons telles que les bières et lesspiritueux.Cesrecettes fiscalesàhauteurd’environundemi‐milliardde francsparannéesont un revenu non négligeable pour l’état. Ce dernier en tant que chef d’orchestre del’économienationalecedoitdetenircomptedesintérêtsenjeu,c’est‐à‐direàlafoisdelarichessegénéréeparcesecteur,ainsiquedescoûtssociauxconséquencedel’abusd’alcool.Dans cette optique, il faut prendre conscience que les gains allant de la production à lavente d’alcool en Suisse s’élèvent à plus de dixmilliards de francs par année. Les coûtssociauxsontquantàeuxdel’ordredesixmilliardsetdemidefrancs.Lapolitiquedoitdoncse tenir garant d’un équilibre entre intérêts économiques, sociaux et la protection d’unpeupleàl’égarddesméfaitsdel’abusdecettesubstance.

Les politiques et législations cantonales en matière d’alcool sont loin d’êtreuniformes. En effet, beaucoup de disparités sont à relever. Divers restrictionssupplémentairesquantauxcadres légauxdevente,distributionetpromotiondeboissonsalcooliques peuvent être prisent au niveau cantonal. Dans ce contexte, Genève, Bâle etNeuchâtelontétélestroisseulsàadopterunerestrictiontemporellepourlavented’alcool.

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L’interdiction de vente après 21h qui vise à limiter l’accès à l’alcool aux jeunes n’adémontréqu’uneefficacitélimitée.Surleterrain,ilestpossibledeconstaterquelaloiestloin d’être respectée par tous les commerçants. Cette dernière ne possédant pas dediscriminationconcernant l’âgeduconsommateurn’aidepasà sapopularité.Demanièreglobale, l’interdiction de vente aux mineurs et après une certaine heure souffre d’unmanquedesensibilisationetd’uncertainsentimentd’impunitédelapartdesvendeurs.

Des mesures cantonales telles que l’obligation aux établissements de vente, bars,cafésouautres,d’offrirdesboissonssansalcoolàunprixplusbasquelesmoinschèreenpossédant, sont envigueurdans lamajoritédes cantons.Au contrairede lamajoritédescantonssuissealémaniquesetduValais,Genèveestdotéd’unepolitiquedelimitationnetet prononcéede la publicité liée à l’alcool. Berne et Zurichpoussent leur réglementationencoreplusloinenprohibantladistributiongratuited’alcoolauxmineurspardescitoyensadultes.Cecin’estqu’unsurvolrapidedesdifférentesparticularitéslégislativescantonales,ellesnesontpasstatiquesetévoluentavecletemps.Certainscantonsprévoientdecopierlesmesuresprisespard’autres.

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7) L’ALCOOL ET SA PREVENTION: UN DOMAINE QUI BOUGE !

L’augmentation préoccupante de la consommation d’alcool parmi les jeunes estdevenueunsujetd’inquiétudenational.Auntelpoint,quelaCommissionfédéralepourlesproblèmes liés à l’alcool (CFAL)qui est une entité extraparlementaire ayant pourbut decerner les déterminants de cette problématique, a en l’an 2000 proposé le premier plannationalalcool(PNA).

LePNA2008futadoptépar laConfédérationcommeunprojetétablisur4années(2008‐2012) aux objectifs bien définis. L’un d’eux étant la diminution significative (del’ordrede10%)d’ici2012desconsommationsàrisqueetdesintoxicationsaigueschezlesjeunesde15à25ans.Cettevolontéd’organiserunepolitiquecohérenteetclaireauniveaunationalaétéperçuecommeunenécessitéauvudesrécentesdonnéeépidémiologique.Ceplandevraitaussipermettreuneanalyseéconomiquepluscomplètedusecteurdel’alcool.

Al’heureactuelle,c’est‐à‐direauPrintemps2009leplansesitueàlatransitionentreles phases de planification et de démarrage. On a pu récemment remarquer que lathématiquedel’alcooletlajeunesses’estfaitdeplusenplusprésentedansl’actualité.Lesinitiatives étatiques, préventives et communales se multiplient, sans doutes dus à cechangementdephases.

Laphasedeplanificationavaitdifférentsobjectifs listés.L’und’euxétant larécolteactivededonnéesparlesréseauxexistants,notammentdanslecasdeGenèveparlaFEGPAet la FASe. Les données récoltées devront servir à obtenir une vision plus éclairée duphénomène d’alcoolisation de la jeunesse, ainsi qu’à l’amélioration des pratiquespréventives.

Laprotectiondelajeunesseétantl’objectifpremierdecettephasededémarrage.Ondevranoterdanslesprochainsmois,enaccordaveccettedernière,uneaugmentationnotabledescontrôles policiers dans les établissements servant de l’alcool en vue d’améliorerl’exécution et le respect du droit en vigueur. Une évaluation par cantons sera égalemententreprise,sansdouteafind’encouragerunecompétitionpositive.

LePNAavuauxniveauxcantonauxdifférentsplanssecréer.En2007,Genèves’estdotéd’unplancantonalayantcommelignedirectricederetarderaumaximuml’âgedelapremière consommation d’alcool. Pour se faire, cette initiative devramettre à profit lesacteursdeterrain,telqueleséducateurshorsmursdansuneapprochepluspréventiveetcentrée sur les dangers de l’alcool, ainsi que les bénévoles dans cettemême optique. Ceprojet implique également une intensification des stands de prévention dans lesévénementsfestifs.CePCAviseàunecollaborationplusefficacedesdifférentspartenaires.

En 2000, l’office fédéral de la santé publique (OFSP) a lancé la campagne «cadébouchesurquoi»dontlaparticipationdescommunesestcentrale.Lescommunesquiyadhèrent sont motivées à promouvoir un certain idéal concernant la consommationd’alcool. Elles partagent leurs expériences en matière d’approche de la jeunesse et depréventiontoutenessayantdemettreenavantlaresponsabilitéindividuelle.Ilnefautpasoublierqu’ellessontlespremièresàfairefaceauxconséquencesnéfastesdel’abusd’alcool,ellessupportentlescoûtsengendrésparlevandalismeetlaviolencequiendécoulent.Elles

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concentrent leurs efforts dans l’apprentissage des commerçants afin de les sensibiliser àcette problématique de santé. Pour ce faire, elles utilisent des arguments stimulants telsque l’imagede l’établissementdans lacommunauté.Ellescherchentégalementàacquérirun soutien public dans ce combat de préservation de la jeunesse. Par ce soutien, ellesespèrentàlongtermepouvoirdiffuserlesidéesdecettecampagnejusquedanslesfoyersdescitoyens.Ils’agitlàbiensûrd’unetâches’inscrivantdansladuréeetd’unidéaldifficileàatteindre.Cettecampagnenevisepasausectarismevis‐à‐visdel’alcool,maisàinstaureruneplateformededialogueefficaceaveclajeunesse.

Depuissondébutdanslesannées2000,cettecampagnen’apasréussiàendiguerlephénomène.Elleestsurtoutconnuepoursesaffichesmontrantdesjeunesenmilieufestifavecdessloganscourtsquiinterpellentl’attentiondespassants.Devantcetétatdefait,onestendroitdeseposerlaquestiondesonefficacitéréelle.Cettecampagnenesouffre‐t‐ellepaspourlemomentd’unmanquedesuivipopulairedansladiffusiondesonmessage?

LaFEGPAestuneentité subventionnéepar ledépartementde l’économieetde lasantégenevois(DES).Elleestcommesonnoml’indique,enpremièrelignedansledomainedelapréventiondel’alcoolisme.Elleestàl’échellegenevoiseleferdelancedelapolitiquenationale.Ellesertdesoutienauxcommunesentantquefournisseurd’informationsvisantà optimiser et coordonner leurs efforts en termes de prévention. La sensibilisation desmineursvis‐à‐visdesdangersdel’alcooldevantsefairedemanièreprédominanteaucœurdu cercle familial, la FEGPA a mis en place une cellule d’information en ligne. Le sitewww.mon‐ado.ch permet d’informer les parents de manière éclairée, ainsi que depromouvoircertainesattitudesàadopteretleslimitesàimposer.Ellechercheégalementàinformer les médecins de premier recours sur la prise en charge des ados ayant desconsommations d’alcool à risque. Ces derniers tendant, souvent par manqued’éclaircissementssurlesujet,àdévaloriserleproblème.

La FEGPA est très présente sur le terrain et cherche à s’imposer demanière plussystématique dans le plus grand nombre d’événements sportifs et festifs par le biaisd’arcadesetdestandsd’information.Cesarcadessontunbonmoyend’approcherlepublic.Ellesproposentplusieursmoyensludiquedesensibilisation,telquedeséthylotestsoudessimulateursd’alcoolémie(lunettesspécialesreproduisantunevisionenétatd’ébriété).Ellevise àmultiplier les interventions de prévention enmilieu scolaire. Elle a également cesderniers temps démarché les communes afin d’aider à mettre en place une politiqueconcertée.Lanécessitéd’uneréglementationconcrèteetcohérenteest indéniabledanslecontexteactuel.Cecipassepardesrèglesplusstrictesencequiconcerneladistributionetlaventedeboissonsalcoolisées,durantdesévénementsfestifssepassantsurlesterritoirescommunaux respectifs. Et aussi par la mise en place d’un protocole de gestion desproblèmes liés à l’abusd’alcool, lorsde cesmêmesmanifestations.A l’heure actuelle, lescommunes qui sont déjà sur le chemin de cette adaptation sont: Carouge, Bernex,Confignon,MeyrinetleGrand‐Saconnex.

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CONCLUSION

L’effet demode et l’engrenage au sein d’un groupe d’amis sont probablement lesraisons les plus valables du binge drinking. La mise sur le marché de boissons softsauxquellesontrajoutedel’alcool,permetauxjeunesdeconsommerdesalcoolsfortsplusfacilementqu’auparavantetainsienplusgrandequantité.Lafacilitéd’accèsauxboissonsalcooliséessembleencoreaujourd’huiundesproblèmesmajeursdenotresociétéauquels’intéressetoutparticulièrementnospoliticiens,maisilsembleraitquelesmoyensd’actionne suffisentpas encore.Desmeilleures campagnesdepréventionauprèsdesplus jeunesdevraient sansdoutedevenir lapierreangulairede lapréventioncontre l’alcooldans lesannéesàvenir,maisilestresteencoreunlongcheminavantquelespartenairessociauxetpolitiques se mettent d’accord sur les méthodes préventives. Sur le plan médical, lesconséquencesdecephénomènenesontpasnégligeablesetl’appelàuneinformationplusdétaillée des risques d’intoxications aigües, ainsi qu’à une sensibilisation plus efficacedevrait commencer à se faire entendre rapidement. Essayer de retarder la premièreconsommation d’alcool chez le jeune représente sans doute aujourd’hui, l’option la plusintéressante...

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