Rapport de la Mission Inter Cluster au territoire de Punia ... · Sous Total 2016 240 1200...

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Novembre 2016 Participants : Organisations Humanitaires : ACOPAPEM, ADRA, AFEDEM, ALDI, ASOV, CARITAS/Kasongo, CARITAS/Kindu, CHRISTIAN- AID, GRAPEDECO, HEAL AFRICA, HWCA, LIZADEEL, MOVICO, RHA, RGPU, OCHA, UWAKI, VERT Rapport de la Mission Inter Cluster au Secteur des BabiraBakwame en Territoire de Punia 2016

Transcript of Rapport de la Mission Inter Cluster au territoire de Punia ... · Sous Total 2016 240 1200...

Novembre2016

Participants :

Organisations Humanitaires : ACOPAPEM, ADRA, AFEDEM, ALDI, ASOV, CARITAS/Kasongo, CARITAS/Kindu, CHRISTIAN-AID, GRAPEDECO, HEAL AFRICA, HWCA, LIZADEEL, MOVICO, RHA, RGPU, OCHA, UWAKI, VERT

RapportdelaMissionInterClusterauSecteurdesBabira‐BakwameenTerritoiredePunia2016

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RAPPORT DE LA MISSION INTER CLUSTER A PUNIA Du 08 au 19 Novembre 2016

Résumé 46.000 personnes environs sont sans assistance humanitaires au Secteur des Babira-Bakwame en Territoire de Punia à cause de l’inaccessibilité. Ces personnes réparties comme suit : 7700 déplacés internes ; 19500 retournés des 18 derniers mois et 19215 autochtones, vivent dans une zone classifiée depuis 2013 jusqu’à ce jour en phase 4 d’urgence alimentaire par les analyse IPCs, avec un taux de mortalité infantile de 5/10.000/jr et une couverture vaccinale VAR de 49 % (BCZ-Punia) et ont une vulnérabilité extrême dans tous les secteurs. 88 % des ménages enquêtés ont une consommation alimentaire soit pauvre, soit limite et au moins 1 enfant de 0 à 5 ans sur 2 souffre de la malnutrition. Dans la communauté, environ 2 à 3 enfants meurent chaque semaine du paludisme associé à la malnutrition et environ 2 adultes meurent chaque mois de carence alimentaire. Toutes les structures sanitaires sur l’axe n’ont reçu qu’un seul approvisionnement insuffisant en médicament en juin pour toute cette année. Les chaînes de froid sont défectueuses dans toutes les structures, altérant ainsi la qualité des vaccins administrés aux enfants. La quasi-totalité des points d’eau n’est pas aménagée sur l’axe parcouru par la mission, où 52 % d’enfants dans les ménages enquêtés ont souffert de la diarrhée dans les deux semaines précédant l’évaluation. Aucun ménage enquêté ne dispose des latrines hygiéniques. En moyenne, 60 % d’enfants d’âge scolaire vivant dans des ménages enquêtés travaillent dans des carrières minières et ne fréquentent pas les écoles. Faute de voie d’accès pour le transfert des bourreaux vers Punia, la PNC reçoit environ 2 cas de violence sexuelle chaque semaine qu’elle retourne vers la communauté pour des règlements à l’amiable après avoir perçu des amendes transactionnelles. Le désenclavement de cette zone, par la réouverture de la route Punia-Kasese (125 km) est une priorité et une extrême nécessité qui pourra permettre à d'autres partenaires d'y intervenir urgemment dans tous les autres secteurs pour sauver des vies. 1. Contexte Environ 46.000 personnes (déplacées et retournées des 18 derniers mois et autochtones) sont sans assistance suite aux problèmes d’accès physique dans le Secteur des Babira-Bakwame à l’Est du Territoire de Punia. Ces personnes vivent dans une vulnérabilité extrême dans tous les secteurs. Au moins 3 enfants de 0 à 5 ans sur 10 souffrent de la malnutrition aiguë sévère. La zone est classifiée depuis 2013 jusqu’à ce jour en phase 4 d’urgence alimentaire (IPCs, 2013-2016)1, avec un taux de mortalité infantile de 5/10.000/jr2 et une couverture vaccinale VAR de 49 % (BCZ-Punia). Le délabrement avancé de 125 km de route entre Punia et Kasese empêche les acteurs 1 Analyses IPC  validées à: Goma‐2013, Bukavu‐2014, Kinshasa‐2015, Lubumbashi‐2016 2 MSF/B, Rapport d’intervention PUC IDPs, AS Kasese, ZS Punia, Maniema, Novembre 2014

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humanitaires basés à Punia d’accéder au Secteur des Babira-Bakwame pour y mener des interventions. Ce manque d’assistance doublée de la présence des PDIs et des retournés récents ont accru la vulnérabilité des autochtones dans cette zone où le rapport entre ces derniers et les populations en mouvement est de un contre deux. 2. Zones couvertes

La présente mission inter cluster d’évaluation multisectorielle a couvert l’Axe Punia – Saulia – Kachokolo – Kasese. Sur l’Axe Kasese – Kabongola – Matumba – Punia par où la mission est retournée, elle n’a évalué que l’aspect logistique, car cet axe avait été évalué deux semaines plutôt par les ONG PIN et RHA.

3. Déroulement de la mission

1) Situation sécuritaire (Sources : Administrateur du Territoire, PNC & FARDC)

Selon les autorités locales, la situation sécuritaire dans la partie Est du Territoire de Punia est préoccupante suite à des incursions sporadiques des Mayi Mayi Raïa Mutomboki à partir de ses territoires voisins. La vaste forêt inhabitée de Nkumwa limitrophe entre le Secteur des Babira-Bakwame et les territoires voisins de Shabunda et Walikale servirait de cachette ou d’arrière base à ces Mayi Mayi. Le 29 octobre 2016, une faction de ces Mayi Mayi a fait incursion dans les carrières

minières de Mugongo et de Mukumwa au village de Milama (50 km E de Kasese) où ils ont procédé au pillage des biens des populations ;

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Le 1er novembre, d’autres éléments Mayi Mayi ont lancé une attaque contre les villages de Kimbuliki, Munu, Nyankombia situés entre 36 et 39 km à l’est de Kasese, où ils ont procédé au pillage après avoir enlevé le chef du village de Kimbuliki ainsi 10 civils.

Ces incursions ont provoqué le déplacement de toutes les populations de ces villages (1.200 personnes) vers les localités de Kibeleketa, Mungamba, Nduma et Kasese. On note la présence des postes de police et des FARDC à Kasese et Kibeleketa, tandis que les localités de Munu, Kimbuliki, Nyakombia et Ngomo situées au-delà de Kibeleketa en sont dépourvues.

2) Accès logistique

On accède à Kasese (Chef-lieu du Secteur des Babira-Bakwame) à partir de Punia par deux axes impraticable longs chacun de 125 km. Punia – Saulia – Katchokolo – Kasese : Cet axe bâti sur un sol argileux, serpente dans une forêt dense avec d’innombrables

têtes d’érosion qui rétrécissent dangereusement la chaussée. On y compte 55 ponts en mauvais état, 48 dalots et 12 marrais de 250 à 300 m chacun. Cet axe est difficilement réparable.

Punia – Matumba – Kabongola – Kasese : Bâti sur un sol argilo-sablonneux, cet axe compte 32 ponts en mauvais états et 67

dalots. Il est plus facile à réhabiliter par rapport au premier axe.

L’inaccessibilité du Secteur Babira-Bakwame suite à l’état très défectueux de deux axes précités est la principale cause de la grave détérioration de la situation humanitaire d’environ 48.000 personnes vivant dans ledit secteur. Ce manque de voie d’accès anéantie quasiment les capacités des services étatiques (administration publique, police, armée et autres services techniques de l’Etat) et des services sociaux de base (santé et éducation). Il est aussi à l’origine entre autres, de l’aggravation de la situation générale de protection, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition.

3) Mouvement des populations

Selon les statistiques des aires de santé, la population totale du Secteur des Babira-Bakwame est d’environ 46.415 personnes répartie comme suit : 7.700 personnes déplacées internes ; 19.500 retournés des 18 derniers mois et 19.215 autochtones

i. Personnes déplacées

La mission a noté la présence de 7.700 personnes déplacées dans la zone évaluée. Elles se sont déplacées en deux périodes : Nouveaux déplacés de 2016 : 1.200. Ces personnes ont fui les incursions des éléments

Mayi Mayi du 29 octobre et du 1er novembre 2016 à Milama, Munu, Nyankombia,

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Kimbuliki et Ngomo. Ces personnes ont fui vers les localités de Kibeleketa, Nduma, Mungamba et Kasese.

Déplacés de 2015 : 6.500. Ces personnes déplacées internes avaient fui, entre août et octobre 2015, les différents affrontements entre les Mayi Mayi Raïa Mutomboki et les FARDC dans la forêt de Nkumwa à l’est de Punia. Elles étaient au départ environ 26.000, mais 19.500 d’entre elles ont pu regagner entre janvier et juin 2016 leur villages d’origines.

cause &Période de

déplacement Zone de provenance Localité

d’accueil Personnes Déplacées Ménages Personnes

Incursion MM RM le 29/10/2016 &

1er/11/2016

Milama, Munu, Nyankombia,

Kimbuliki, Ngomo

Kibeleketa 84 420Nduma 54 270Mungamba 72 360Kasese 30 150

Sous Total 2016 240 1200

Affrontement FARDC – MM RM / Forêt de Nkumwa en Août –

Octobre 2015

Villages situés aux coffins de la forêt de

Nkumwa

Kasese 419 2095Kabongola 220 1100Ngoli 145 725Bilo 91 455Kandeke 100 500Mbako 84 420

Kitamuna

Tubile 79 395Batiagele 85 425Kapayo 48 240Saulia 29 145

Sous Total 2015 1300 6500Total 1540 7700

ii. Personnes retournées La mission a constaté que la zone évaluée est une zone de retour. Le retour de la population dans ce Secteur qui avait été complètement déserté en 2013 est favorisé par les facteurs suivants : Le retour progressif du calme par la présence dissuasive des FARDC et de la PNC ; La libération par mesure d’amnistie du Président en décembre 2015 du Chef de Secteur

arrêté en 2013 suite à des allégations de complicité avec les Mayi Mayi Raïa Mutomboki ; La restauration progressive de l’autorité de l’Etat par le rétablissement des autorités

coutumières, administratives et de différents services publics Commencé en décembre 2015, ce mouvement de retour s’est intensifié entre janvier et juin 2016. Les personnes retournées récemment, dépourvues des articles ménagers essentiels, occupent leurs anciennes parcelles et s’activent à la reconstruction de leurs cases. Leur condition de vie est déplorable à tout point de vue.

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Aire de Santé

Localité Population autochtone

Personnes Déplacés

Retournés Janv-Juin

2016 Total

Kasese Kasese 3280 2245 3640

10930 Mungamba 455 360 950

Kibeleketa Kibeleketa 1695 420 2110

6615 Nduma 725 270 1395

Oku

Ngoli 185 725 315

4315 Bilo 265 455 390 Kandeke 375 500 285 Mbako 140 420 260

Tubile Tubile 655 395 620

4890 Kapayo 460 240 415 Batiagele 850 425 830

Kabongola Kabongola 2470 1100 2690 6260 Matumba Matumba 3560 0 2015 5575 Kamukingi Kamukingi 1390 0 2045 3435 Saulia Saulia 2710 145 1540 4395

Total 19215 7700 19500 46415

4) Situation d’urgence alimentaire, de la malnutrition aiguë et de la morbidité a) Sécurité alimentaire

L’enquête sur la sécurité alimentaire dans 120 ménages répartis dans 5 villages et 3 focus groupes organisés à Punia, Oku et Kasese, ont permis à l’équipe d’évaluation de constaté ce qui suit : SCA : 88 % des ménages enquêtés ont une consommation alimentaire soit pauvre, soit

limite

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Fréquent recours aux stratégies rétrogrades de survie

Ce SCA est dû à plusieurs facteurs notamment : • Très faible disponibilité des aliments suite : A la faible production des ménages : au premier semestre 2016, le Territoire de Punia a

produit 11478 Tonnes de vivres pour une population de 299 208 habitants, ce qui représente 42 % de besoins alimentaires du Territoire.

Alors que l’accès est difficile pour le ravitaillement à partir de territoires voisins, surtout dans le secteur des Bibira-Bakwame totalement enclavé.

Ce qui entraine la hausse de prix des principales denrées alimentaires à Kasese comme le démontre le graphique ci-dessous :

• Très faible accès aux aliments suite au faible pouvoir d’achat des ménages qui gagnent

une moyenne de 5000 Fc par semaine dans les activités minières ; • CSI : 77 % des ménages s’adonnent aux activités minières plutôt qu’à l’agriculture qui

est laissée principalement aux femmes dont la superficie moyenne emblavée par an ne dépasse pas 20 ares.

• Absence des semences améliorées (de bonne qualité) ; • La recrudescence des épizooties qui déciment, depuis une année, les cheptels des

caprins et surtout de porcins dans la zone évaluée.

b) Nutrition

a. Structures de santé visitées

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Deux structures sanitaires sur les quatre que compte l’axe évalué ont été visitées. Il s’agit des Centre de Santé de Tubilé et de Kasese. • L’AS Tubile est située à 62 km du bureau central de la zone de santé de Punia. Elle a

une population de 4890 habitants et couvre deux postes de santé. • L’AS Kasese est située à 125 km de son bureau central et dispose de deux postes de

santé pour une population totale de 10930 habitants. • Personnel : Dans les deux structures sanitaires visitées, on note une faible présence de

personnel de santé, suite aux mauvaises conditions de travail (pas de motivation, CS moins équipé, approvisionnement en médicament insuffisant et irrégulier). Sur le plan nutritionnel, il n’existe pas aucun nutritionniste, ni infirmier ou relais communautaires formé en PCIMA.

• Fonctionnement : Les activités curatives sont organisées comme d’habitude, mais souffrent de longues périodes de rupture de stock de médicaments. Les volets promotionnel et préventif sont aussi organisés, mais il y a une rupture de stock de fiches CPN et CPS aux centres de santé . Quelques cas de malnutrition ont été mis en évidence passivement en octobre 2016 .

b. Méthodologie utilisée

• L’outil de collecte de données est celui de Pronanut. • Dans le village Tubile : la méthodologie utilisée consistait à numéroter les maisons se trouvant le long de

route. Un tirage au sort a été fait entre le chiffre pair et impair (2, 3). Le chiffre impair étant choisi, ainsi, les ménages se trouvant dans les maisons ayant

les chiffres impairs ont été visitées. Vu la taille du village, 22 enfants de 0- 59 mois ont été mesuré (périmètre brachial et

recherche des œdèmes). • Dans l’agglomération de Kasese : Sur les trois quartiers de Kasese, celui de Mungamba a été choisi après un tirage au

sort. La technique de l’échantillonnage consistait à compter trois maisons et visiter la

troisième maison, ainsi de suite. A l’issu de cet exercice, 30 enfant ont été enquêté.

• L’échantillon total a été constitué de 52 enfants (22 enfants à Tubile et 30 à Kasese).

c. Nombre des cas admis dans les structures visitées au cours du dernier mois (octobre 2016)

Tableau … : Enfants malnutris détectés a la consultation curative en octobre 2016

MAS MAM TOTAL M F M F M F

CSR KASESE 8 6 5 11 13 17 CS TUBILE 6 9 3 5 9 14

TOTAL 14 15 8 16 22 31

29 24 53

‐ Les pathologies dominantes sont ; Paludisme, diarrhée, verminose et les IRA.

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‐ Les prestataires de santé des structures visitées n’ont pas encore bénéficié une formation sur la PCIMA.

d. Nombre des cas dépistés dans la communauté lors des screening

• Pour avoir une image de la situation nutritionnelle dans les deux aires de santé, une

évaluation nutritionnelle rapide a été organisée dans le village de Tubile et le quartier Mungamba de Kasese.

Tableau … : Résultats de l’évaluation rapide des enfants de 0- 59mois mesurés dans la communauté.

Aires de santé Œdèmes PB < 110mm PB≤ 125mm PB> 125mm Kasese 2 1 2 1 0 7 9 8 Tubile 0 1 1 1 5 6 3 5

TOTAL 2 2 3 2 5 13 12 13

4 5 18 25 Résultat moyen 9/52 soit 17,3% de MAS 18/52 soit 34,6% de MAM

• Au moins 1 enfants sur 2 touché par la malnutrition : Au vu de ce résultat, il convient

d’interpréter que la prévalence de la malnutrition est au-delà de seuil à Kasese ; 9 enfants sur les 52 enfants mesurés souffrent de la malnutrition de la sévère soit 17,3 % et 18 enfants sur les 52 enfants mesurés souffrent de la malnutrition modéré soit 34,6%. Donc au total 51,9 % des enfants sont touchés par la malnutrition sur l’axe évalué.

• Dans les ménages visités, il n’ y a pas de disponibilité des aliments pouvant couvrir les besoins de ménages pendant une semaine.

• Les ménages mangent une seule fois par jour une quantité insuffisante de repas.

e. Nombre des décès communautaires dus à la malnutrition signalés dans les villages enquêtés durant les trois derniers mois

• 2 à 3 enfants meurent chaque semaine du paludisme associé à la malnutrition • Environ 2 adultes meurent chaque mois de carence alimentaire

f. Recommandation

• Appuyer la prise en charge de malnutris par l’approche PCIMA dans les aires de santé

en intégrant les autres secteurs tels que Wash, Santé et Sécurité Alimentaire pour résoudre le problème dans sa globalité.

c) Santé

• La zone de santé de Punia regorge environ 96.998 habitants répartis dans 18 Aires de

santé dont 8 situées dans le seul Secteur Babira-Bakwame (Kasese, Kibeleketa, Oku, Tubile, Kabongola, Kamukingi, Matumba et Saulya). Cet axe est le plus peuplé de la zone de santé et représente environ 48 % de la population totale (soit 46415 hab.).

• Cinq pathologies dominent les aires de santé sur l’axe Punia-Kasese : le paludisme, les IRA, les Diarrhées simples, la Malnutrition et les infections sexuellement transmissibles.

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• Les violences sexuelles sont récurrentes dans la zone minée par les carrières minières et la majorité de cas sont arrangés à l’amiable et subissent l’influence des us et coutumes rétrogrades du milieu. Pour les trois derniers mois, 19 dossiers de viol ont été répertoriés au bureau du commissariat de la Police à Kasese, 5 ont consulté le CSR pour les soins appropriés dont deux enfants de 2 ans et de 6 ans violés par un seul majeur d’environ 56 ans mis au cachot de la PNC Kasese. Les mariages précoces sont également d’actualité dans la zone, plus de 71 % des femmes enregistrées pour la consultation pré natale (CPN) ont l’âge de moins de 18 ans et la moins âgée a 13 ans. Les structures sanitaires sont éloignées de certaines grandes agglomérations sur l’axe et les accouchements non assistés sont observés même en pleine forêt avec de risque assez élevé de décès maternel et néonatal. Il faut aussi noter que les kits PEP ne sont pas disponibles dans les structures médicales. Par ailleurs, 4 cas de VIH ont été testés positifs dont deux à Kasese et deux à Kibeleketa, deux structures de prise en charge qui connaissent une rupture d’ARV depuis plusieurs mois.

• La mortalité reste causée par le paludisme dans un terrain affaibli par la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans dont le taux de décès infantile est estimé à environ 5/10000hab/jr. Ceci s’explique par manque de médicaments essentiels et autres intrants dans les structures de prise en charge pourtant appuyées par le projet ASSP-CARITAS dont la dernière livraison remonte au mois de Juin 2016 (soit près de 5 mois de rupture d’approvisionnement).

• Les couvertures vaccinales en VAR et en DTC3 dans la ZS de Punia demeurent les plus faibles de la Province du Maniema, soit respectivement de 89 % et de 91 %. Les structures sur l’axe Punia-Kasese sont moins appuyées en intrants PEV (en dépit de la disponibilité de réfrigérateurs) et présente les CV les plus faibles de la ZS, soit environ 45% en VAR et de 41% en DTC3 pour l’ensemble de l’axe Babira-Bakwame. Ceci se justifie par l’accès difficile d’approvisionnement en intrants, manque des accessoires de réfrigérateurs et de rupture de plus d’un mois d’approvisionnement en pétrole.

5) Situation de perte d’accès aux biens et services fondamentaux

a) Accès aux articles ménagers essentiels

L’enquête réalisée auprès de ménages retournés et déplacés présente une vulnérabilité élevée pour les articles ménagers essentiels. Le score moyen est de 4,0. Cela signifie qu’il existe donc un besoin réel en articles ménagers essentiels. Les ménages enquêtés affirment avoir vendu les peu d’articles ménagers essentiels qu’ils avaient pour les soins de santé, pour l’achat de vivres, pour payer les frais d’études des enfants et autres besoins. L’infirmier titulaire affirme avoir détenus des biens (radios, casseroles…) pour les ménages qui n’avaient pas l’argent pour payer les frais de soins de santé. Le calcul du score AME/NFIs prend en compte la taille du ménage, le nombre d’enfants, ainsi que le nombre de bidons, casseroles, seaux, couchages (nattes, matelas), moustiquaires, couvertures et draps et habits enfant disponibles.

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Tableau de score NFI par groupe de richesse

Recommandation L’organisation des foires aux AME accompagné de distribution de bidon pour le stockage de l’eau, les moustiquaires imprégnées d’insecticide et les KHI donneront aux ménages déplacés et retournés l’accès aux AME. Abris

Groupe de population Score NFI

Le tiers le plus pauvre 4,3La moyenne 4,0Le tiers le plus riche 3,5

Coefficient de Gini ,2

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Sur l’axe Punia-Kasese et à Kasese, 100% des ménages retournés présents dans la zone vivent dans leurs abris qui sont en mauvais état tandis que les déplacés vivent dans des familles d’accueil.

Répartition des ménages selon le statut d’occupation d’abri

Répartition de ménages selon le nombre de personnes par pièce à coucher

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Répartition des ménages en fonction de la superficie des abris en mètre carré/personne

Recommandation Etant donné que les ménages utilisent les mâtereaux locaux, la distribution des matériels de renforcement d’abris (bâches, clous, cadenas…) serait une solution palliative a cette situation.

b) Accès à l’eau, hygiène et assainissement

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• Quasi-totalité des points d’eau sont non aménagés sur l’axe parcouru par la mission. • 56 % des ménages enquêtés parcourent plus de 1500 mètres pour atteindre les points

d’eau le plus proche. • Problème protection lié à l’accès à l’eau : 36 % des ménages enquêtés signalent de

longues files d’attente et des fréquentes querelles lors des puisages matinaux ou vespérales.

• Dans 100 % des ménages enquêtés, la capacité maximale de stockage de l’eau est de 20 litres, les obligeant à se rendre plusieurs fois par jours à la source pour s’approvisionner en eau.

• Dans les ménages enquêtés, 51,4 % des enfants (91/177) ont souffert de la diarrhée dans les deux semaines précédant l’évaluation ?

• Le CS Tubile s’approvisionne en eau dans la rivière Kachokolo. Il n’a ni fosse à déchets, ni à placenta, ni latrine, ni douche, ni incinérateur. Le CSR Kasese a comme source d’approvisionnement en eau, une source non aménagée et l’eau de pluie. Grâce aux interventions de l’ONG Merlin en 2013, le CS de Kasese a bénéficié d’une fosse à déchets, à aiguille, placenta et d’un incinérateur.

• 52 % des ménages enquêtés ne disposent pas des latrines et ni des douches hygiéniques. 48 % disposent des latrines et douches non hygiéniques.

• Accès au savon : 84 % des ménages n’utilisent pas du savon ou de la cendre pour les lavages des mains. La quasi-totalité des ménages ignorent les 5 moments clés de lavage des mains. Ils ne se lavent les mains que pour manger.

c) Accès à l’éducation Sur l’axe visité, la situation de l’éducation se résume comme suit :

• Inscription tardive des enfants en première année primaire : A cause des longues distances séparant les écoles (5 à 10 km), les parents se résolvent à envoyer tardivement à 8 ou 9 ans, les enfants en première primaire

• Faible fréquentation scolaire : En moyenne, 60 % d’enfants d’âge scolaire vivant dans des ménages enquêtés travaillent dans des carrières minières et ne fréquentent pas les écoles

• Accès difficile à l’école aux enfants déplacés et retournés par manque des moyens pour payer les différents frais scolaires.

• Délabrement très avancé des infrastructures scolaires sur tout l’axe.

6) Situation d’atteinte aux droits à la vie, à la dignité, à l’intégrité de la personne

La population dans le secteur de Babira-Bakwame, ne vie en grande partie que de l’exploitation artisanale de minerais. L’activité champêtre reste une activité minoritaire. La population en mouvement (7.700 PDI et 19.500 Retournés), qui représente plus de la moitié des 46.415 habitants, n’a pas été assistée depuis leur arrivée. L’enclavement et l’éloignement de la zone, a accentué cette vulnérabilité. a) Atteinte à l’intégrité physique et à la dignité de la personne Dans la zone évaluée, des abus et violence sur la population ont été signalés. Au cours de la période précédant cette évaluation, le Monitoring de protection avait identifié et rapporté de multiples tracasseries des services publics : 55 arrestations arbitraires, 33 cas de personnes victimes d’extorsion et de paiement taxes illégales. Les personnes rencontrées affirment que

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ces actent sont du fait des policiers et des militaires et agents de DGRMA, qui n’inspirent plus confiance à la population quant à leur sécurité et protection. b) Discrimination/conflits lié à l’accès à la terre

Le secteur Babira-Bakwame est une zone riche en minerais. Les conflits liés à la terre et au foncier sont surtout dus à la présence ou à la découverte de minerais dans les propriétés ou concessions. La population interrogée a fait état de conflits entre familles et ou communautés, réunies en coopérative, pour le contrôle de minerais. Les propriétaires individuels sont régulièrement expropriés dans ce contexte. En outres, il a été signalé que des interférences des politiques et des soupçons de corruptions au sein du tribunal de Punia, sont à la base de l’amplification des tensions. c) Violences sexuelles et celles basée sur le genre

A l’instar des autres localités de la province, le secteur Babira-Bakwam connait des hausses régulières de commission de violences sexuelle principalement sur des femmes et des filles. 108 cas de violences sexuelles ont été identifiés dans la zone depuis trois mois, y compris pendant la mission. La prise en charge médicale est très limitées, et conditionnée à l’achat des médicaments par les survivants, qui dans cette zone, ont très peu de moyens financiers. L’enclavement et l’absence de transport ont contribué à la limitation de l’approvisionnement des centres de santé en médicaments. En outres, faute de voie d’accès pour le transfert des auteurs vers le tribunal de Punia, les présumés auteurs sont relâchés par la police et référés a la communauté pour des règlements à l’amiable. Cette impunité des auteurs encourage ainsi d’autres violences. d) La Protection de l’enfant

A l’issue des différentes rencontres et visites des sites, il est ressorti que l’exploitation des enfants dans les sites miniers reste récurrente. Près de 60 % d’enfants d’âge scolaire vivant dans les familles visitées, travaillent dans des carrières minières et ne fréquentent pas les écoles. 156 enfants dont 75 filles ont été identifiés travaillant dans les carrés miniers. Au cours de l’évaluation, 97 enfants non accompagnés PDI ont été identifiés dans des familles de PDI visitées. Les pratiques coutumières telles que le mariage des enfants ont été mentionné lors de la mission. 176 cas de grossesse précoce ont été identifiés par l’Infirmier Titulaire, sur la période précédant l’évaluation. Ces filles, âgées de 12 à 16 ans seraient sujettes à de multiples stigmatisations, devenant encore plus vulnérables. Dans le secteur Babira-Bakwam, couvert par cette évaluation, en termes de capacités locales, des mécanismes de résolution des conflits et autres différends existent, incluant le comité de la chefferie du secteur, le comité des jeunes etc., mais ces structures serraient manipulées par des acteurs politiques et autres concessionnaires, rendant leurs actions inefficaces Les services de sécurité (PNC, FARDC), établis pour la sécurité des personnes et des biens, ne disposent pas de moyens matériels et humains pour protéger les populations contre les abus.

e) Recommandations ‐ Renforcer le monitoring de protection

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‐ Mettre en place et soutenir les systèmes communautaires d’identification et référencement des personnes à besoins spécifiques.

‐ renforcer les capacités communautaires en matière de prévention et gestion des conflits ‐ Restaurer le dialogue inter communautaire par des actions de promotion de la

paix/cohabitation pacifique inclusive (impliquant les communautés des personnes déplacées et retournées).

‐ Apporter un appui à la prise en charge transitoire des enfants exploités dans les sites et carrés miniers

‐ Apporter un appui à la réunification des Enfants Non Accompagnés déplacés, vivant dans des familles d’accueil.

‐ Renforcer la prévention des violences sexuelle et la prise en charge des survivants

Appel urgent …

Compte tenu de la situation humanitaire précaire et préoccupante de différentes catégories des personnes (déplacés, retournés des 18 derniers mois et autochtones) inaccessibles du Secteur des Babira-Bakwame en Territoire de Punia, les membres de la mission en appel au CPIA du Maniema à développer une stratégie permettant de désenclaver urgemment ce secteur par la réhabilitation sommaire de la route et des ouvrages afin de rendre possible toute autre intervention humanitaire en faveur des populations vulnérables dudit secteur.