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Témoignages JOURNAL FONDÉ LE 5 MAI 1944 PAR LE DOCTEUR RAYMOND VERGÈS JEUDI 9 FÉVRIER 2017 WWW.TEMOIGNAGES.RE N° 18627 - 72EME ANNÉE Rapport d’Orientation politique du 9e Congrès du PCR —1— «Il faut tout changer» Le 5 février dernier, le PCR tenait son 9e Congrès. Après l'hommage à Paul Vergès présenté par Ary Yée Chong Tchi Kan, puis le message d'Elie Hoa- rau, président du PCR, aux congressistes, Yvan Dejean a présenté le Rap- port d'orientation politique qui a ensuite été adopté à l'unanimité. Voici la première partie de ce rapport. Chers – es amis (es) invités es, Mesdames et Messieurs de la presse, Chers es camarades Congres sistes, Après le mot de bienvenue qui a été prononcé ce matin par la section de SainteSuzanne,…à mon tour je vou drais vous saluer toutes et tous pour votre présence à notre 9e Congrès. Permettezmoi de saluer tout parti culièrement nos frères du Groupe Réfugiés Chagos,… Rosemond Sami nadin et Sylvestre Marin ainsi que notre camarade JeanLouis Le Moing,… responsable des outremer au Parti Communiste Français. Chers camarades et frères de com bats, bienvenue, ici, chez vous ! A travers vous et au nom du Parti Communiste Réunionnais je veux saluer vos deux grands peuples en lutte pour un avenir meilleur… et transmettre à vos leaders respectifs Olivier Bancoult et Pierre Laurent nos chaleureuses salutations com Yvan Dejean lors de la présentation du rapport politique au 9e Congrès du PCR.

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TémoignagesJOURNAL FONDÉ LE 5 MAI 1944 PAR LE DOCTEUR RAYMOND VERGÈS

JEUDI 9 FÉVRIER 2017 WWW.TEMOIGNAGES.RE

N° 18627 - 72EME ANNÉE

Rapport d’Orientation politique du 9e Congrès du PCR —1—

«Il faut tout changer»

Le 5 février dernier, le PCR tenait son 9e Congrès. Après l'hommage à PaulVergès présenté par Ary Yée Chong Tchi Kan, puis le message d'Elie Hoa-rau, président du PCR, aux congressistes, Yvan Dejean a présenté le Rap-port d'orientation politique qui a ensuite été adopté à l'unanimité. Voici lapremière partie de ce rapport.

Chers – es amis (es) invités ­ es,Mesdames et Messieurs de lapresse,Chers – es camarades Congres­sistes,Après le mot de bienvenue qui a étéprononcé ce matin par la section deSainte­Suzanne,…à mon tour je vou­drais vous saluer toutes et tous

pour votre présence à notre 9eCongrès.Permettez­moi de saluer tout parti­culièrement nos frères du GroupeRéfugiés Chagos,… Rosemond Sami­nadin et Sylvestre Marin ainsi quenotre camarade Jean­Louis LeMoing,… responsable des outre­merau Parti Communiste Français.

Chers camarades et frères de com­bats, bienvenue, ici, chez vous !A travers vous et au nom du PartiCommuniste Réunionnais je veuxsaluer vos deux grands peuples enlutte pour un avenir meilleur… ettransmettre à vos leaders respectifsOlivier Bancoult et Pierre Laurentnos chaleureuses salutations com­

Yvan Dejean lors de la présentation du rapport politique au 9e Congrès du PCR.

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munistes.A cet instant je n’oublie pas nonplus que d’autres Partis Com­munistes frères dans le monde ontmanifesté leur solidarité au peupleréunionnais et souhaiter plein suc­cès à notre 9e Congrès.Au cours de nos travaux nous au­rons l’occasion d’y revenir.

Reconnaissanceà Paul Vergès

Camarades,Cela fait déjà plusieurs mois quenous avions projeté de tenir notreCongrès au cours de cette année2017…Cette décision avait été prise avecPaul Vergès. Paul Vergès, dontl’œuvre et les idées ont à toutjamais marqué l’histoire de chacuneet chacun d’entre nous avec dessouvenirs impérissables… marquésurtout l’Histoire de La Réunion etmême au­delà de notre île.C’est en ce sens qu’en toutes cir­constances nous devons lui témoi­gner notre reconnaissance et notregratitude pour ces luttes inces­santes qui ont fait émerger unpeuple… avec son pays, sonhistoire, sa langue et sa culture.En d’autres termes Paul Vergès nousa donné la possibilité de nous défi­nir nous­même et de répondre à laquestion de savoir qui noussommes ?Avec lui, nous affirmons : Noussommes Réunionnais !Et en tant que peuple réunionnaisnous aspirons à la dignité et à la res­ponsabilité de la direction de notrepays. Et cela nous ne l’envisageonspas seul. Bien au contraire.Nous l’envisageons dans le cadred’un rassemblement qui vise cetidéal, qui vise le progrès et qui apour objectif d’en finir avec la situa­tion néo ­ coloniale dans notre pays.C’est en ce sens que nous sommesles héritiers du 20 décembre 1848,c’est en ce sens que nous sommesles héritiers du 19 mars 1946 et c’esten ce sens que nous serons lesdignes héritiers des combats dePaul Vergès.

«À la croiséedes chemins»

Mesdames, Messieurs,Chers – es amis – es,Vous aurez bien compris pourquoiles communistes tiennent leurCongrès, aujourd’hui, 5 février 2017.Vous avez bien compris que la situa­tion l’exige parce qu’en définitivenous sommes à la croisée des che­mins.Ou bien La Réunion et sa populationfoncent tête baissée tout droit dansle mur et à grande vitesse avec lesdégâts que nous pouvons imagi­ner…ou bien nous redressons lepays et nous pourrons regarderl’avenir avec confiance.Ici, je voudrais dire qu’il n’y a pasde sauveur suprême, sinon lepeuple lui­même… ici je voudraisdire aux militants – es communistesque dans cette immense tâche deredressement du pays nous avonsnotre place parce que nous sommesarmés d’une idéologie qui ne nousfait craindre ni la contradiction, niles coups bas et encore moins letravail à accomplir.Et du travail les militants ­ es en ontabattu pour préparer ce Congrès !D’ores et déjà un grand merci àtoutes et tous pour votre implica­tion. Car il faut souligner avec forcele succès de notre congrès…Prévu pour 300 délégués, nous ensommes aujourd’hui à 496. Bravo àtoutes et à tous pour cet excellenttravail.Mais le plus important encore c’estque nos échanges, nos débats quise sont tenus aux quatre coins del’île ont fait surgir une conclusionunanime.Cette conclusion est simple et ellese définit en quatre mots : Il fauttout changer !

« Pourquoi faut-iltout changer ? »

C’est la situation concrète et réellede La Réunion d’aujourd’hui qui lecommande.Je prends à témoin l’opinionréunionnaise… je prends à témoinles dizaines de milliers de victimesqui malgré les promesses d’un len­demain meilleur… ne voient tou­jours pas leur situation s’améliorer.

Cette situation réelle elle s’illustrepar des chiffres qui sont particuliè­rement inquiétants et traduisent unmalaise social persistant

Ces chiffres, nous les connaissons :

­ Le chômage… qui non seulementne baisse pas mais qui est plus lour­dement subi par les jeunes et lesfemmes. 135 000 demandeurs d’em­plois (Catégorie A) – 180 000 toutescatégories confondues.­ Un manque de logement massif…et des milliers d’autres insalubres.30 000 familles sont à la recherched’une case et… des centainesd’autres qui vivent dans des loge­ments à réhabiliter d’urgence.­ Une pauvreté qui frappe près de lamoitié de notre population c’est àdire une personne sur deux sur les850 000 habitants que compte LaRéunion.

­ Un coût de la vie trop élevé pourles familles aux revenus modestesqui, faute de ne pouvoir achetermoins cher des produits de nécessi­tés courants, se font racketter àcoup de grande campagne de publi­cité pour consommer toujoursplus… et les poussant jusqu’àmême s’endetter pour ne plus aprèssavoir ou mettre la tête.

­ Des discriminations et des inégali­tés de toutes natures pourrissent lavie de milliers de Réunionnais : …illettrisme… précarité du travail…salaires indécents, des travailleurscommunaux qui après des annéesde bons et loyaux services ne sonttoujours pas titularisés… des ac­teurs économiques qui voient se di­lapider sous leurs yeux le capitalréunionnais… des jeunes entrepre­neurs qui n’osent pas embaucher enraison d’un système fiscal inadapté.

Enfin, ce malaise social se résumemalheureusement par une étude del’Association Prévention Suicide quicomptabilise « 1 suicide tous les 3jours et 1 tentative de suicidetoutes les 3 heures à La Réunion »… Et cela sans compter les prob­lèmes sociétaux qui handicapent oubrisent des vies.

(à suivre)

9E CONGRÈS TÉMOIGNAGES DU JEUDI 9 FÉVRIER 2017

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Fondé le 5 mai 1944 par le Dr Raymond Vergés71e annéeDirecteurs de publication :1944-1947 : Roger Bourdageau ; 1947 - 1957 : RaymondVergés ; 1957 - 1964 : Paul Vergés ; 1964 - 1974 : BrunyPayet ; 1974 - 1977 : Jean Simon MounoussanyAmourdom ; 1977 - 1991 : Jacques Sarpédon ;1991- 2008 : Jean-Marcel Courteaud2008 - 2015 : Jean-Max Hoarau2015 : Ginette Sinapin

6 rue du général Émile RollandB.P. 1016 97828 Le Port CEDEXRédactionTÉL. : 0262 55 21 21 - FAX: 0262 55 21 29E-mail : [email protected] web : www.temoignages.reAdministrationTÉL. : 0262 55 21 21 - FAX: 0262 55 21 23E-mail Avis, Abonnement :[email protected] Publicité : [email protected]

Témoignages

POLITIQUETÉMOIGNAGES DU JEUDI 9 FÉVRIER 2017

I l est indéniable que le PCR dispose d'uneexpérience exceptionnelle, qui n'a rien àvoir avec des associations qui éclosentcomme des champignons à la saison des

élections que l'on qualifie pompeusement de“partis politiques”. Le PCR est un parti del'Histoire, il a fait entrer La Réunion et le peupleréunionnais dans l'Histoire des peuples. C'est unparti responsable de ses analyses et de sesactes. Nous l'avons vu encore dimanche dernier.Exemple : le PCR soutient le combat difficile quemènent les Chagossiens contre la Grande­Bre­tagne. Pourquoi les autres sont­ils silencieux ? Ilsn'ont pas de valeurs morales ? Mieux, la France,qui préside la COI, ne dit pas un mot sur cecrime contre l'humanité.

Dans le régime néo­colonial actuel, le PCR estcombattu par des partis parisiens qui utilisentleurs puissances matérielles et institutionnelles,en particulier à travers leurs filiales réunion­naises. On retrouve en politique le même sché­ma que celui des monopoles économiques etcommerciaux qui écrasent les entreprisesréunionnaises. Les médias imposent cette idéo­logie dominante à l'ensemble de la société. LePCR se bat seul contre tout ce système qui laissepeu de marge de manoeuvre à l'épanouissementdu peuple réunionnais.

Relisons le communiqué de l'ONERC paru lorsdu décès de Paul Vergès. “Pionnier dans la mobi­lisation politique pour faire de la lutte contre ledérèglement climatique une priorité nationale, lesénateur Paul Vergès créa dès 2001 l’Observa­toire National pour les Effets du RéchauffementClima­

tique (ONERC). Il est également à l’origine de lastratégie nationale d’adaptation au changementclimatique puis de son plan de mise en œuvre. Ila présidé activement le Conseil d’Orientation del’ONERC pendant 15 ans et interagi étroitementavec mes équipes jusqu’à ses derniers jours. Leslecteurs de la lettre trimestrielle aux élus « Le cli­mat change, Agissons » et du rapport annuel del’ONERC sur le changement climatique regrette­ront les éditoriaux du sénateur dans lesquels ilexprimait si bien ses convictions dans la luttecontre le dérèglement climatique.”

Cet homme qui est “à l'origine de la stratégie na­tionale d'adaptation au changement climatiquepuis de son plan de mise en oeuvre” n'a pas eu 2minutes dans les médias réunionnais pour expli­quer les enjeux de la COP21, en décembre 2015.Chaque Réunionnais comprend que cet acharne­ment à maintenir le peuple dans l'ignorance estun acte antidémocratique, voire criminel ; c'estsurtout l'illustration qu'une classe sociale do­mine sans partage. L'objectif est de préserver lerégime néo­colonial et les profiteurs. De 1958 à1986, (28 ans) Paul Vergès et le PCR étaient pri­vés d'une tribune parlementaire et ils étaientinterdit d'antenne. Pire, en 1981, le Parti Socia­liste a empêché Paul Vergès de devenir Députéen faisant élire Jean Fontaine, le premier Députéqui s'est inscrit au Front National !

Chaque Réunionnais comprend qu'il est com­muniste dès lors qu'il prend conscience du rôleet de la place du PCR dans la défense de ses in­térêts d'être Réunionnais.

Ary Yée Chong Tchi Kan

Edito

Comment chaque Réunionnaiscomprend-il qu'il est communiste ?

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In kozman pou la rout

« La rishès in fam sé son zanfan ! »Mi koné sa in provèrb La Rényon, é mi pans dann péi déor nana kozman konmsa. Pou konprann la pa difisilmé i fo ni domann anou pou kosa. Pars in zanfan sé in bonpé sakrifis : in fanm i sakrifyé souvan dé foi son vid’fam. I sakrifyé galman son konfor. Parl pi lo traka zanfan i done z’ot momon : pti zanfan pti traka, granzanfan gran traka. Alor pou kosa i di in n’afèr konmsa ? Dabor mi pans, d’apré sak mi koné, in zanfan sa idonn in bonpé l’amour, si ou i donn ali osi an konsékans. In z’anfan i kass la solitid é la solitid, si i fo in pé, ian fo pa tro. Arzout èk sa kan in fanm nana zanfan, èl lé touzour an parmi épi souvan dé foi nan in shène lasolidarité rant toulmoun in mèm famiy sans larj... Noré sirma d’ot z’afèr pou dir mé i fo mi arète tèrla é moinlé sir bann léktèr i doi kontinyé la réflèksyon. Donk, pou mon par, mi arès tèr­la é ni artrouv pli d’vansipétadyé.

SOCIAL TÉMOIGNAGES DU JEUDI 9 FÉVRIER 2017

L’INSEE et l’Observatoire des prixet des revenus ont présenté lerésultat d’une étude sur le loge-ment des Réunionnais les pluspauvres. Dans notre île, près de lamoitié de la population vit en des-sous du seuil de pauvreté. Pources centaines de milliers d’aban-donnés, le logement est une autresource d’exclusion. À la pauvretés’ajoute en effet la surpopulation,l’habitat insalubre et des chargesbien trop élevées.

5 euros par jour par personne,c’est ce qui reste pour vivre àdes personnes seules une fois

qu’elles ont payé leur loyer. Ces 5euros apparaissent bien peu,compte tenu d’un coût de la vie plusélevé qu’en France. C’est un desprincipaux résultats de l’enquêtepubliée hier par l’INSEE et l’Obser­vatoire des prix et des revenus, etprésentée à la Préfecture.L’étude constate tout d’abord desressources plus faibles qu’enFrance. En moyenne, une fois payéetoutes les charges pour le logement,il reste en moyenne 460 euros parpersonne pour vivre. Si ce solde estplus important qu’en France, il estfortement impacté par la vie chère.L’étude rappelle que l’alimentationest le premier poste de dépense, etqu’à La Réunion, le prix de la nourri­ture est 28 % plus élevé qu’enFrance.Le reste à vivre plonge à 5 euros parjour pour les personnes seules quiont de faibles ressources, et quin’ont pas accès au logement socialfaute d’offre suffisante. Les dé­penses de logement de ces Réunion­nais « s’élèvent à 320 euros par mois

en moyenne, soit la moitié de leursrevenus. De plus, les personnesseules perc oivent moins d’alloca­tions d’aide au logement que dansle parc social (160 euros par moiscontre 210 euros par mois). »

Logements insalubres

Elle note aussi que si 40 % des fa­milles pauvres sont propriétaires deleur logement, mais ils n’ont pas lesmoyens de l’entretenir. Ils viventaussi dans des logements plus pe­tits qu’en France. 18 % des famillespauvres propriétaires sont ainsi tou­chées par le surpeuplement, celamonte jusqu’à 27 % quand ces fa­milles ont un prêt immobilier à rem­bourser.« Les propriétaires non accédantsvivent plus souvent à La Réuniondans des logements dégradés. Lamoitié d’entre eux occupe des loge­ments comportant des signes d’hu­midité apparents sur les murs »,souligne l’étude.Un autre aspect de l’étude est lemanque de logements sociaux. 25 %des familles pauvres sont locataires.Les allocations logementpermettent de couvrir 75 % descharges, ce qui permet aux pauvresde pouvoir assurer le paiement duloyer d’un logement social. Il reste430 euros par personne pour vivreen moyenne.La situation est plus dramatiquepour les familles qui ont droit à unlogement social mais en sont ex­clues, faute de place. Elles sontcontraintes de se loger dans le sec­teur libre, où la liberté est celle du

propriétaire pour fixer le montantdu loyer. Les allocations logementsont les mêmes que dans le parc so­cial, alors que le montant des loyersest plus élevé. « De fait, leur reste àvivre, de 320 euros par mois et parUC, est inférieur de 110 euros à ce­lui des ménages pauvres résidantdans le parc locatif social. En effet,les allocations logement couvrentune part moins élevée de leurs dé­penses de logement (41 % contre56 %). », précise l’étude de l’INSEEet de l’Observatoire des prix et desrevenus.

Conséquence d’unsystème à bout de

souffle

Lors de son 9e Congrès dimanchedernier à Sainte­Suzanne, le Particommuniste réunionnais avait sou­ligné que la lutte contre la pauvretéest une priorité. Conséquence d’unsystème à bout de souffle, près dela moitié de la population vit endessous du seuil de pauvreté.L’étude présentée hier soulignequ’au manque de ressource et à lavie chère s’ajoute le mal­logement.70 ans après l’abolition du statutcolonial, La Réunion reste traverséepar d’importantes inégalités. Unproblème qui ne peut être réglé quepar des mesures adaptées, nécessi­tant un nouveau cadre pour lequelle PCR appelle les Réunionnais à serassembler.

M.M.

La crise s’aggrave

Mal-logement : peine supplémentaireinfligée aux pauvres

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- 5C’EN EST TROPE !TÉMOIGNAGES DU JEUDI 9 FÉVRIER 2017

Message in the bottle« La Convergence des consciences »,le livre de Pierre Rabhi, m’a fait pen­ser à une histoire de Robinson. Per­du sur une île déserte depuis desannées, Robinson aperçoit une bou­teille à la mer qui flotte, qui dérive.

A u comble de l’excitation, ilpart la pêcher, revient sur laberge, s’assoit sur le sable,

débouche le flacon, déplie leparchemin et le lit. Il décide alorsd’y répondre. Il écrit ceci :« Figure­toi que quand je me suis ré­veillé ce matin, j’ai trouvé la mertoute brillante. J’ai cru à un mirageou à un effet de lumière, mais en yprêtant plus attention, je me suisrendu compte que l’océan était rem­pli de bouteilles : oui, des milliers etdes milliers de bouteilles à la mer,comme la tienne, qui flottaient ets’entrechoquaient, toutes luisantesau soleil levant – et ça faisait un telchant, une symphonie cristallineque j’ai cru que c’était les anges duparadis qui m’envoyaient leur mes­sage.Je me suis dit après qu’il allait mefalloir pas moins d’un mois entier,pour lire tout ce courrier. Dieu, vou­lait­il me punir ?Cependant, une chose bizarre : c’estque toutes ces lettres sont signéesd’un même nom : le tien… Or, à bieny réfléchir, moi aussi, je m’appelle‘Robinson’… Étonnant, n’est­cepas ? Et je me dis qu’il est possibleque les messages à l’aide que j’ai en­voyés, il y a quelques années, pous­sés par le courant, aient fait le tourdu monde et me reviennent. Enfin,qui sait ? Alors dans le doute, jet’écris quand même pour te dire queje ne peux rien faire pour toi. Dé­brouille­toi. Mais n’oublie pas,quand même, de me tenir au cou­rant.Allez, bon courage. Signé : Ro­binson. Île sans nom, date incon­nue. »Ainsi de ce livre flottant dansl’océan de ce monde…Monde flottant, société liquide, leciel est un vertige.Anxiogène, mais avec le sens de laformule, de la lucidité, au milieu deremarques superfétatoires (pour lesbretelles/contre la ceinture), Rabhisemble, à s’en tenir au retour del’adjectif « satanique », croire plus àdiable qu’à Dieu. Réfractaire à toutedérision (cf. article « Caricatures »)et plus encore à toute autodérision,l’auteur en oublie que l’homme im­mémorialement a peur des forêts,qu’il a choisi la savane, et qu’il seméfie des lieux humides. Mais c’estun appel à l’action que nous lanceRabhi, et que nous retenons, fort

utile en ces temps de renoncement.Florilège :. « Les Trente Glorieuses de Fou­rastié ont pu laisser croire quel’Occident, ses lumières et sa ma­chine économique tournaient àplein régime et triomphaient défini­tivement. En fait, c’était le tiers­monde qui dopait le système parses ressources avec la complicité deces salopards – il n’y a pas d’autreterme – que sont les satrapes lo­caux qui confisquent à leurspropres peuples les biens quipermettraient de promouvoir leurpopulation » (Nouveau paradigme).. « Le lion dévore l’antilope, mais ilne thésaurise pas, ne crée pas debanque d’antilopes. La quête éper­due de sécurité qui naît de laconscience éphémère de la vie estun sujet d’angoisse que, depuis deslunes, on essaie d’exorciser de millemanières. »

. « On ne sait plus comment pousseune carotte, mais chacun sait qui agagné le dernier match de footballou quelle est la dernière applicationpour Smartphone. Il y a dans cetteperpétuelle quête de divertissementquelque chose d’hypnotique et desoporifique, voire de crétinisant ».. « Si l’on commençait par expliqueraux enfants qu’ils sont des frères etdes sœurs et qu’ils doivent s’entrai­der plutôt que d’entrer dans unecompétition stérile, si on leur ensei­gnait la beauté de la matière plutôtque de les formater pour en fairedes prédateurs et des consomma­teurs, si on leur inculquait le res­pect et l’intelligence de leur propre

corps – j’aime à rappeler qu’il n’y apas un bouton marche/arrêt sur le­quel j’appuie et que ma physiologiefonctionne sans mon approbation –on pourrait commencer à poser lesprémisses d’un radical changementde fond ».. « Je ne comprends pas qu’un BillGates, grand actionnaire deMonsanto, qui prétend faire acte degénérosité envers le monde pauvreen ait fait l’un des fers de lance deses interventions en Afrique souscouvert de lutte contre la faim.Alors que 75 % du patrimoine se­mencier de l’humanité a disparu, ondevrait s’escrimer à le sauvegardercoûte que coûte puisque c’est unbien collectif. Présumés salvateurs,les OGM sont en réalité un vecteurde dépendance au profit dequelques­uns » (OGM liberticides).. « L’édification de la cité se résumesouvent à n’être qu’un aménage­ment d’une anomalie collective. Lesarchitectes ont déployé des trésorsd’imagination pour optimiserl’espace urbain et concentrer lemaximum d’individus dans un mini­mum de place. Les mots parlentd’ailleurs d’eux­mêmes puisqu’onévoque de plus en plus la notion d’‘agglomérations’. C’est tout dire.Des gens de toutes provenancesconvergent en un même lieu où secrée de l’anonymat et s’agglo­mèrent. Cette convergence est néeau XIXe siècle de l’industrie qui aasséché les campagnes en monopo­lisant l’énergie humaine pourextraire le charbon et travailler à lachaîne afin de faire décoller l’idéo­logie techniciste. Je n’ai jamais puregarder un immeuble sans y voirun casier où l’on rangeait des êtreshumains pour qu’ils soient à proxi­mité de leur travail, pour, précisé­ment ‘aller au charbon’ ou auturbin » (Urbanisme et aggloméra­tions).. « L’équité comme vertu morale esttotalement évacuée de l’économie.Les plus avides – sous la caution decette loi du profit présentéepresque comme une doctrine mo­rale – ont le champ libre pour spo­lier toujours plus les plus démunis »(Croissance et disparités ».. « Il faut impérativement célébrer lacréativité de la société civile. L’en­courager par tous les moyens carelle est plurielle et qu’elle estl’espoir de demain » (Créativité ci­toyenne).Une créativité spoliée par les Vani­teux et les Intrigants « à l’espritsouple et tenace ».

Jean-Baptiste Kiya

La Convergence des consciences dePierre Rabhi, aux éditions Le Passeur.

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Pandan s’tan-la, kabri i manzsalad

L’èr moin l’apré ékri, la plui i donn pou krazé é konm shak foi mi poz amoinkéstyon. Kèl késtyon ? Lé pa konpliké pou doviné. Apré la plui nana solèy é kansolèy i komans ni sava kriyé nou la. Ni sava di dolo i mank. Koman ni sa fé, é si éla, étsétéri étsétéra. In foi an plis ni sa romarké nou lé bien mal ékipé dsi lakéstyonn lo.

Arienk dsi lo toi mon kaz mi pans la fin tonm plis dolo k’i fodré amoin pou in bonkoup de tan : kisoi pou boir, kisoi pou mon l’ijyène, kisoi ankor pou lav linj, fé lavésèl, fé la toilète. Mèm lav mon loto épi aroz mon zardin. Si dann mon ka lékonmsa, in bonpé l’androi la Rényon i doizète konmsa. Nout parti, k’i vienn féson kongré, la fine di si nou l’avé fé bann basin épi bann rézèrvoir in pé dannshak réjyon l’avé dé koi soulaj anou pou in bon bout lo tan.

Nou la fine signal tout lé z’ot problèm konm in bann tiyo k’i zète dolo firamézirké li koul, konm dolo dévèrsé dann lo por Sint­Roz, konm bann éstasyond’épirasyon k’i nétoiye dolo épi k’i zète sa dan la mèr konmsi rien n’été. Moinl’antandi dir i fodré in plan global pou d’lo mé na lontan k’in n’afèr konmsa lénésésèr pa solman pou fé bate la lang mé pou règ lo problèm konm k’i fo­inproblèm pou in milyon d’moun.

Mé pa vré domin sé in n’ot zour é sak té irzan yèr, sar fine obliyé domin é dominsé galman in n’ot zour. Pandan s’tan­la, konm kréol i di, kabri i manz salad.

Justin

OtéKRÉOL TÉMOIGNAGES DU JEUDI 9 FÉVRIER 2017